Le témoignage de Bruce R. McConkie concernant la révélation de 1978 sur la prêtrise
par Dennis B. Horne, 31 mai 2018

Extrait de I Know He lives: How 13 Special Witnesses Came to Know Jesus Christ (Je sais qu’il vit : Comment 13 témoins spéciaux ont connu Jésus-Christ), par Dennis B. Horne (Tiré du chapitre sur le témoignage spécial de Jésus par l’apôtre McConkie).

Le 1er juin 1978, frère McConkie connut, avec ses frères de la Première Présidence et dix des Douze, l’expérience la plus spirituelle de sa vie, en tous cas jusqu’alors [1]. Elle se produisit dans la maison du Seigneur au moment où le président Spencer W. Kimball reçut la révélation accordant les bénédictions de la prêtrise et du temple à tous les hommes dignes quelle que fût leur race (voir D&A, Déclaration officielle 2). Le 28 juin 1978, frère McConkie relata l’événement aux membres de sa famille pendant des vacances à Nauvoo et lors d’une visite à un parent de la famille Kimball. Un membre de la famille présent à l’événement prit des notes au cours du récit de frère McConkie et reproduisit plus tard ce qu’il avait dit :

« Quand nous fûmes tous assis... Bruce commença à nous parler de certains des événements et des détails de cette révélation... Une chose qu’il nous recommanda de ne pas faire fut d’en faire plus que ce que c’était, même si je ne peux pas m’imaginer quelque chose de plus formidable dans cette vie... Chez le président Kimball, les préliminaires de cette [révélation] commencèrent au moins deux ans [avant sa réception]. Il y avait eu beaucoup, beaucoup de discussions, de retours sur le sujet lors de leurs réunions de collège dans le temple. Il y avait eu beaucoup de jeûnes et il y avait eu beaucoup de prières au Seigneur, le suppliant de résoudre ce problème. Pendant les trois ou quatre derniers mois, il y avait eu de longues discussions au cours des réunions de collège concernant l’extension de toutes les bénédictions de l’Évangile à tous les peuples de la terre.

« Maintenant les différents membres du collège furent invités à s’exprimer brièvement, ce qu’ils firent.... Le Prophète avait dit au collège que c’était un problème avec lequel il s’était débattu pendant de nombreuses heures et qu’il avait passé énormément de temps dans les salles d’étage du temple à lutter [dans la prière] avec le Seigneur. Il n’avait pas reçu de révélation, mais il en voulait une...

« Ce jeudi-là (c’était le 1er juin), le président Kimball demanda aux membres du Collège [des Douze] de rester ; Il dit qu’il avait des choses dont il voulait discuter davantage. Tous les membres du Collège étaient là sauf [deux].

« Le président Kimball commença en disant qu’il y avait une question dont il avait été discuté à plusieurs reprises et dont il voudrait reparler. Il dit : « Nous aimerions obtenir une réponse. Je voudrais obtenir une révélation d’une façon ou d’une autre. Si les choses doivent rester comme elles sont, je défendrai cela au prix de ma vie. Mais si le Seigneur estime que le moment est venu de donner les bénédictions de la prêtrise à tous les hommes dignes, je veux cette révélation. » Il demanda alors une autre prière… dans laquelle il demanda au Seigneur de leur donner une réponse… Bruce dit : Avec son humilité coutumière, le président Kimball demanda aux frères s’ils ne voyaient pas d’inconvénient à ce qu’il soit leur porte-parole, autrement dit, s’il pouvait être celui qui allait prononcer la prière. Et il dit avant la prière : « Y a-t-il des questions que l’un d’entre vous voudrait poser ? » C’était une réunion informelle et lors d’une réunion informelle, les frères n’ont pas besoin de respecter l’ancienneté.

« Bruce leva la main et, pendant dix minutes, il commenta sur des points qui étaient connus du Prophète — qu’il avait écrits dans le mémorandum qu’il lui avait envoyé —, mais qui n’étaient pas nécessairement connus des autres membres du Collège. Frère Packer prit ensuite la parole et il n’y eut aucune nouvelle extension de la discussion ; il n’y eut pas de répétitions d’idées. Ensuite, les frères commencèrent à s’exprimer librement et il y eut une discussion et un éclaircissement d’idées. Il y eut ensuite le cercle de prière et la prière faite par le prophète, dit frère McConkie, c’était les paroles du Seigneur et elle fut faite par l’Esprit. Il pria pendant peut-être cinq ou dix minutes et il demanda au Seigneur une réponse, de révéler aux frères, d’une manière simple, ce qu’il voulait.

« Bruce dit qu’il s’était souvent demandé ce que Paul avait voulu dire dans Actes [2:3] par « des langues de feu séparées les unes des autres » — c’étaient les mots utilisés par Paul parce qu’il n’avait pas d’autres mots pour le décrire. Mais, dit-il, depuis cette expérience dans le temple, au cours de laquelle le Seigneur révéla aux dix membres du Collège des douze apôtres et à la Première Présidence sa volonté concernant le fait d’accorder la prêtrise à tous les hommes dignes, il avait maintenant compris ce que voulait dire Paul, parce qu’il l’avait vécu. Mais même après l’avoir vécu, il ne pouvait pas trouver les mots pour dire ce qui s’était passé si ce n’est pour dire qu’il avait maintenant compris ce que Paul voulait dire quand il avait parlé de ‘langues, semblables à des langues de feu [qui] se posèrent sur chacun d’eux’, et il dit que ce fut le cas pour chacun des membres présents...

« Quelqu'un demanda à Bruce : ‘Était-ce comme le phénomène de Pentecôte dans l’Église rétablie, lorsque certains avaient vu des anges, certains en avaient vu d’autres et ainsi de suite ?’ Il dit : ‘C’était comme ça.’ On essaya de lui faire dire qui était présent. Il prit grand soin de dire que c’était comme ce jour-là et ne voulut pas entrer dans les détails.

« Bruce dit que ce fut l’expérience la plus spirituelle qu’il eût jamais eue, et que, si on se remémore son discours de conférence lorsqu’il fut appelé comme apôtre, il avait dit qu’il avait parlé avec le Seigneur avant son appel, qu’il avait eu une communication directe avec le Seigneur et que le Seigneur lui avait fait savoir qu’il était approuvé, et ce qui était en réserve pour lui. Et pourtant, malgré tout cela, dit-il, ceci fut la plus belle expérience spirituelle qu’il eût jamais eue [2]. »

Le président Kimball entendit parler de la réunion informelle de la famille McConkie et peu de temps après, il demanda à frère McConkie de lui faire un compte rendu écrit de ce qu’il avait alors dit à sa famille. Frère McConkie répondit en rédigeant un mémorandum officiel pour le prophète, daté du 30 juin. Ce compte rendu confirme la substance du récit ci-dessus fait à la famille et ajoute des détails supplémentaires :

« Ces dernières années, les conseillers dans la Première Présidence et tous les membres du Conseil des Douze ont remarqué à quel point le président Spencer W. Kimball tenait à apprendre la volonté de Dieu à propos de la question de savoir s’il fallait conférer la sainte prêtrise aux hommes dignes de toute race et de toute couleur. Ces derniers mois, l’un ou l’autre aspect de ce sujet a fait l’objet de discussions informelles dans diverses réunions régulières de la Première Présidence et des Douze...

« À deux reprises ces derniers mois, le président Kimball a invité les membres des Douze de lui écrire, s’ils le voulaient bien, des mémorandums exprimant leur point de vue personnel ainsi que toute explication doctrinale sur le point de savoir s’il serait approprié de donner la prêtrise aux membres dignes de toute race et couleur. Certains des frères répondirent à cette invitation et envoyèrent des documents au Président...

« Le jeudi 1er juin 1978, les Douze se réunirent comme d’habitude à huit heures du matin. Tous les Frères entrèrent à neuf heures et la réunion normale avec les témoignages eut lieu. Il y avait une quinzaine de frères invités à parler et à témoigner... La réunion de ce jour semblait avoir un ton spirituel particulièrement élevé. Tous les frères qui s’exprimèrent le firent avec foi et témoignage et l’Esprit du Seigneur était présent en grande abondance.

« À la fin de la prière... le président Kimball prit l’initiative inhabituelle d’inviter les membres de la Présidence et les Douze à rester dans la salle... puis il excusa les autres Frères. Ces premiers jeudis, tous des frères viennent toujours à la réunion en jeûnant. À cette occasion du 1er juin, le président Kimball dit aux Douze qu’il aimerait qu’ils continuent pendant le reste de la journée à jeûner avec la Présidence et que le déjeuner normal à la fin de la réunion avait été annulé. Il informa alors les membres de la Présidence et les Douze que, ces derniers mois, il avait réfléchi intensément, dans la prière, et de manière approfondie à la question de l’octroi de la prêtrise aux noirs et qu’il éprouvait le besoin de l’aide divine. Il dit que ces dernières semaines, il avait passé plusieurs heures seul dans la salle d’étage du temple à implorer le Seigneur de le conseiller et de le diriger. Il dit qu’il espérait que le Seigneur donnerait une révélation dans un sens ou dans l’autre et résoudrait la question. Il précisa que s’il était de la volonté du Seigneur que nous poursuivions la politique actuelle de refuser la prêtrise aux descendants de Caïn, il était prêt à soutenir cette décision et à la défendre avec toutes ses conséquences jusqu'à la mort. Il dit cependant que si le Seigneur était disposé à ce que la prêtrise leur soit conférée, il espérait en recevoir une confirmation claire pour qu’il n’y ait aucun doute dans l’esprit de quiconque.

« Il s’ensuivit une période de deux heures d’une discussion complète, approfondie et ouverte. Le président Kimball commença par demander l’opinion et le sentiment des membres des Douze. Les Frères répondirent librement et sans hésitation. Personne ne montra la moindre réticence à exposer son point de vue. Chacun s’exprima. Les conseillers dans la Première Présidence posèrent des questions à différents Frères qui exprimaient leurs idées ; il y fut répondu à la satisfaction manifeste de tous. Il régnait un sentiment, un esprit d’unité merveilleux dans cette réunion. Tout ce que tous ces Frères dirent allait dans le sens que ce serait une chose saine et bénéfique si le Seigneur se sentait enclin à approuver l’octroi des bénédictions de la prêtrise et du temple aux hommes dignes de toutes les races et couleurs. Il n’y eut aucune contestation d’aucune sorte. Un esprit fort et contraignant d’unité régnait dans la réunion. C’était comme si tous les Frères s’unissaient de fait aux prières que le président Kimball avait récemment faites dans la même salle sur ce sujet extrêmement important.

« Une fois le sujet traité à fond par tous les intéressés, le président Kimball nous proposa de passer à la prière.... Il dit que si les frères n’y voyaient pas d’inconvénient, il serait leur porte-parole. Il supplia alors le Seigneur avec beaucoup de ferveur et de foi. Tous les frères le rejoignirent dans sa prière tandis qu’il la faisait à l’autel. Il demanda qu’une révélation fût donnée qui manifeste la volonté du Seigneur à ce sujet afin que le problème puisse être résolu. C’était une de ces occasions où celui qui était le porte-parole dans la prière priait par la puissance de l’Esprit et était guidé dans les mots à utiliser et les phrases à prononcer. L’esprit d’unité qui avait régné dès l’abord à la réunion avec tous les frères, puis s’était manifesté d’une manière encore plus forte lorsque la Présidence et les Douze s’étaient réunis seuls, continua d’augmenter dans le cœur de toutes les personnes présentes.

« La révélation se produisit pendant que le président Kimball priait. Quand il cessa de prier, il y eut une grande effusion d’un Esprit de Pentecôte comme aucun de ceux qui étaient là n’en avait jamais connu de telle. Il n’y a pas de mots pour décrire ce qui se passa ensuite. C’était quelque chose qui ne pouvait être ressenti que dans le cœur des bénéficiaires et qui ne peut être compris que par la puissance de l’Esprit.

« Quand l’Esprit du Seigneur tomba sur certaines assemblées néphites, elles furent incapables de formuler par écrit ce qui s’était passé et déclarèrent que l’effusion de l’Esprit ne pouvait être comprise que par la puissance de l’Esprit. Il est écrit que le jour de la Pentecôte dans l’ancien monde des langues de feu avaient reposé sur les personnes. On pense que c’est là une tentative de trouver des termes susceptibles de décrire la puissance et l’impact irrésistibles du Saint-Esprit sur le cœur des gens. Quelque chose de semblable au jour de la Pentecôte eut lieu en cette occasion dans la salle d’étage du temple. Tous les frères surent et ressentirent immédiatement dans leur âme ce qu’était la réponse à la supplication incessante du président Kimball. Tous surent d’un même accord ce qu’étaient l’intention et le but du Seigneur en ce qui concerne la prêtrise. Rien n’aurait pu être présenté plus clairement et avec autant de force. Certains des Frères pleuraient. Tous étaient graves et quelque peu secoués. Lorsque le président Kimball se leva, plusieurs des Frères, tour à tour, l’étreignirent et chacun des frères sut qu’il avait reçu une réponse et que la voix du Seigneur s’était fait entendre. Tous savaient ce qu’il restait à faire. C’est alors qu’ils se retirèrent... Les Frères étaient tous sans voix et graves.

« Par la suite, le président Kimball et chacun de ses conseillers ainsi que le président Benson, traduisant les sentiments de tous ceux qui avaient été présents, dirent que, jamais dans leur expérience dans l’Église, ils n’avaient ressenti ou vécu quelque chose de comparable à ce qui s’était produit en ce premier jour de juin 1978, dans la salle d’étage du Temple de Salt Lake City... [3] »

L’intention claire du message ou de la signification de la révélation donnée au président Kimball fut exprimée par écrit et communiquée aux autres Autorités générales une semaine plus tard et approuvée par elles et puis fut rapidement annoncée au monde. Elle fut officiellement soutenue par le corps de l’Église à la Conférence générale d’octobre 1978 et devint la Déclaration officielle 2 dans les Doctrine et Alliances. Le 1er juin 2018 marquait le quarantième anniversaire de la réception de la révélation.

Notes

[1] À l’appui de cette affirmation, Bruce McConkie écrit : « Les jours qui suivirent la réception de la nouvelle révélation, les présidents Kimball et Ezra Taft Benson — les plus anciens et les plus spirituellement expérimentés d’entre nous — dirent tous deux, exprimant nos sentiments à tous, qu’aucun d’eux n’avait jamais rien connu d’une telle grandeur et d’une telle puissance spirituelles que ce qui s’était répandu ce jour-là sur la Présidence et les Douze dans la salle d’étage de la maison du Seigneur » (Mark L. McConkie, Doctrines of the Restoration: Sermons & Writings of Bruce R. McConkie,Salt Lake City, Bookcraft, 1989, p. 161-162).
[2] « Discours de Bill Jordan Pope » [beau-frère de frère McConkie], prononcé peu de temps après la révélation de 1978, Archives de l’Église, Salt Lake City.
[3] Bruce R. McConkie, mémorandum adressé le 30 juin 1978 au président Spencer W. Kimball intitulé, « Réception de la révélation accordant la prêtrise aux hommes dignes de toutes les races et couleurs », p. 1-7 ; copie en la possession de l’auteur. Frère McConkie est cité autre part comme ayant dit : « Il est écrit que le jour de la Pentecôte dans l’ancien monde, des langues de feu séparées les unes des autres s’étaient posées sur les personnes présentes. On essayait ainsi de trouver les mots pour dire ce qu’il est impossible d’exprimer directement. Il n’y a pas de mots pour décrire la sensation, mais en même temps, le Saint-Esprit descendit simultanément sur les Douze et les trois membres de la Première Présidence et ils surent que Dieu avait manifesté sa volonté.... J’avais eu précédemment quelques expériences spirituelles remarquables, en particulier dans le cadre de mon appel comme apôtre, mais rien de cette ampleur. »