Les passages du Livre de Mormon où il est question de « trésors glissants » qui se dérobent quand on veut mettre la main dessus ne sont pas le reflet des chasses aux trésors du XIXe siècle, mais ont leur racine dans le monde antique.

« TRESORS GLISSANTS » DANS LE LIVRE DE MORMON: UNE NOTION ORIGINAIRE DU MONDE ANTIQUE

Basé sur des recherches de Kevin L. Barney
Insights, n° 135, juin 2000, p. 2
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Quand il appelle les Néphites à se repentir, Samuel le Lamanite leur lance cet avertissement : « Le temps vient où il maudit vos richesses, de sorte qu'elles vous glissent entre les doigts, de sorte que vous ne pouvez les tenir; et aux jours de votre pauvreté, vous ne pouvez les retenir. » (Hélaman 13:31). Ce jour-là, les Néphites se lamenteraient ainsi : « Nous avons caché nos trésors et ils nous ont glissé entre les doigts, à cause de la malédiction du pays. Oh! si nous nous étions repentis le jour où la parole de Dieu nous est parvenue; car voici, le pays est maudit, et tout nous glisse entre les doigts, et nous ne pouvons plus rien tenir » (versets 35-36).

Plus de trois siècles plus tard, Mormon écrivait que, en accomplissement de la prophétie de Samuel, les brigands de Gadianton « infestaient le pays, de sorte que ses habitants commencèrent à cacher leurs trésors dans la terre; et ils leur glissèrent entre les doigts, parce que le Seigneur avait maudit le pays, de sorte qu'ils ne pouvaient ni les conserver, ni les retenir » (Mormon 1:18).

Certains détracteurs ont prétendu que ces passages exprimaient des croyances qui avaient cours du temps de Joseph Smith. Selon l’une de ces croyances, des démons gardiens déplaçaient les trésors enterrés dans d’autres endroits quand on faisait des fouilles pour les trouver. Comme l’idée générale des trésors glissants apparaît dans le Livre de Mormon, les détracteurs y voient une preuve de ce que le livre est, comme ils le supposent, un produit du XIXe siècle. Or, il est prouvé que le concept des trésors glissants a existé dans le Proche-Orient antique de l’époque de Léhi.

Un exemple vient des Instructions d’Amenemope, un texte égyptien dont la date se situe entre le XIe et le XIIIe siècle av. J.-C., texte dont beaucoup croient qu’il est la source d’une partie du livre biblique des Proverbes. Proverbes 23:4-5 présente un parallèle étroit avec le chapitre 7 d’Amenemope. Comparez le début de chaque passage :

« Ne te tourmente pas pour t’enrichir, N’y applique pas ton intelligence. » (Proverbes)

« Ne fais pas d’efforts pour chercher un excès quand tes besoins te suffisent. » (Amenemope)

Comparez aussi la fin de chaque passage :

« Veux-tu poursuivre du regard ce qui va disparaître? Car la richesse se fait des ailes, Et comme l’aigle, elle prend son vol vers les cieux. »

« Elles [les richesses] se sont fait des ailes comme les oies et se sont envolées vers les cieux. » (Amenemope)

Chose plus significative encore, la partie centrale du passage d’Amenemope n’a pas de parallèle dans les Proverbes, mais son thème ressemble aux passages sur les « trésors glissants » du Livre de Mormon : « Si des richesses te sont apportées par le brigandage, elles ne passeront pas la nuit avec toi ; à l’aube elles ne sont pas dans ta maison : on peut voir leur place, mais pas elles. La terre a ouvert sa bouche… pour les engloutir et les faire couler dans le monde d’en bas. (Ou) elles se sont fait une grande brèche à leur taille et sont enfoncées dans le monde d’en bas. »

C’est plus qu’une coïncidence – et pourtant on ne s’en étonnera pas – que le concept des trésors qui glissent et disparaissent se retrouve à la fois dans un texte égyptien connu des Israélites et dans le Livre de Mormon, un document qui a ses racines culturelles, linguistiques et littéraires dans le Proche-Orient ancien.