UNE
FETE DES TABERNACLES NEPHITE
Par John A. Tvedtnes
© FARMS
Néphi et
d’autres auteurs du Livre de Mormon insistent sur le fait qu’ils gardaient
« les ordonnances, et les lois, et les commandements du Seigneur, selon la
loi de Moïse » (2 Né 5:10), une loi qui les avaient accompagnés jusqu’au
Nouveau Monde sur les plaques d’airain (2 Né 5:10). Mais à part les
allusions à des sacrifices et aux dix commandements, il y a peu de détails
explicites concernant le respect du code mosaïque chez les Néphites [1].
On s’attendrait, par exemple, à ce qu’il soit question quelque part des
fêtes, qui jouent un rôle important dans les observances religieuses de
l’Israël antique, mais à cet égard le Livre de Mormon est généralement
silencieux. Toutefois, le livre donne des détails sur plusieurs assemblées
néphites importantes, dont une des plus remarquables est le couronnement
de Mosiah II par son père, Benjamin (Mosiah 1-6) [2]. Il y a quelques
années, le professeur Hugh Nibley a attiré l’attention sur la ressemblance
entre ce récit du Livre de Mormon et les anciens rites de couronnement du
Proche-Orient [3]. Il a souligné que ces rites avaient lieu lors de la
fête du nouvel an, lorsque le peuple devait faire alliance d’obéir au roi.
Le présent article examine plus en profondeur le contexte de fête du
discours du roi Benjamin, tout particulièrement à la lumière de la fête
des tabernacles.
Le
système des fêtes sabbatiques
Dans son
calendrier sacré, le nouvel an israélite commençait au printemps avec le
mois d’abib (fin mars/début avril). Au cours de ce mois avait lieu
la fête de la pâque et la fête des pains sans levain et elles comportaient
de « saintes convocations » (Lévitique 23:5-8). En Terre sainte, ces fêtes
célébraient la moisson précoce suivant la saison des pluies, ainsi que
l’exode d’Égypte [4]. C’étaient des fêtes où s’exprimaient une joie
profonde et des actions de grâces.
La plupart
des fêtes suivantes de l’année sacrée suivaient alors de manière
sabbatique [5]. Chaque septième jour était un sabbat ou jour de repos,
commémorant la création et peut-être aussi l’exode d’Égypte [6]. À partir
de la récolte des prémices à la pâque, les Israélites comptaient un «
sabbat de semaines » jusqu’au cinquantième jour, appelé chavouot
(fête des semaines ou Pentecôte) [7].
Le mois le
plus sacré était le septième, appelé ethanim (1 Rois 8:2, fin
septembre/début octobre). Le premier jour du mois, appelé aujourd’hui
roch hachana (commencement de l’année) [8] était marqué par le son des
trompettes. Le dixième jour, yom kippour (jour des expiations), la
plus sacrée de toutes les fêtes, était consacré au jeûne, au repentir, à
la prière et aux sacrifices [9]. Finalement, les sept jours allant du
quinzième au vingt-deuxième jour du septième mois constituaient la fête
des moissons, ou soukkot (huttes, tentes ou tabernacles) [109]. À
ce moment-là, les Israélites étaient censés construire des logements
temporaires primitifs appelés soukkot (singulier soukka) ou
huttes pour que « vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des
tentes les enfants d’Israël, après les avoir fait sortir du pays d’Égypte
» (Lévitique 23:43).
Outre ces
fêtes annuelles, chaque septième année était une année sabbatique au cours
de laquelle les activités agricoles étaient interdites [11]. À la fin de
cette année sabbatique, la cinquantième année, ou jubilé, était une année
de renouveau. Les esclaves hébreux étaient libérés et les terres étaient
rendues aux familles qui en étaient les propriétaires originels [12].
L’année sabbatique et le jubilé étaient tous deux proclamés au cours du
septième mois plutôt qu’au cours du premier, puisque le septième mois
commence un nouveau cycle agricole avec les premières pluies qui se
produisent environ un mois après la fête des tabernacles. (En effet, le
but originel de la fête était probablement de prier pour avoir la pluie,
Deutéronome 28:12).
Soukkot
La fête des
tabernacles (soukkot), comme la fête des pains sans levain/la
pâque, commençait et se terminait par un jour de repos, comprenant « une
sainte convocation » et « une assemblée solennelle ». Le huitième jour,
avec son assemblée spéciale, n’était pas compté à l’origine avec les sept
et ne nécessitait pas une soukka. Pendant les huit jours de la
fête, les Israélites se réunissaient et chaque famille construisait une
lutte ou tabernacle, une coutume qui est encore respectée dans les champs
moissonnés du Moyen-Orient, où les familles passent plusieurs jours dans
les champs plutôt que de faire quotidiennement la navette jusqu’au
village. Beaucoup de sacrifices spéciaux étaient également prévus (Nombres
29:12-38).
Selon la
tradition juive, le premier soukkot fut célébré au pied du mont
Sinaï, six mois après l’exode d’Égypte. Le dernier jour de la fête a pris
le nom de Simhat Tora (joie de la Tora), en commémoration de la
révélation du Pentateuque ou Loi au Sinaï. Aujourd’hui le cycle annuel de
lecture de la Tora prend fin à Simhat Tora. Cette pratique de lire
chaque semaine de l’année des parties désignées de la Loi remonte
traditionnellement à l’époque d’Esdras, le scribe, qui renouvela la
célébration de soukkot après la captivité babylonienne.
Dans un
certain sens, soukkot symbolise la création du monde. De même que
Dieu avait fait une alliance avec Adam, renouvelée avec Noé après le
déluge [13], de même il a fait alliance avec Israël au Sinaï. Les sept
éléments de ce premier soukkot, que l’on trouve dans Exode 24,
réapparaissent dans d’autres contextes importants:
1. Moïse
récite les commandements de Dieu, qu’il écrit dans un livre.
2. Tout le
peuple répond d’une seule voix et dit : « Nous ferons selon toutes les
paroles que l’Éternel a dites [14]. »
3. Un autel
est bâti et douze pierres sont dressées en signe de l’alliance [15].
4. Viennent
ensuite des holocaustes et des sacrifices de communion.
5. Moïse lit
le livre de l’alliance au peuple.
6. Le peuple
répète l’alliance qu’il a faite d’obéir.
7. Le sang
de l’alliance est aspergé sur le peuple pour sceller l’accord.
Une
quarantaine d’années plus tard, au moment où les Israélites se préparaient
à entrer au pays de Canaan, Moïse écrivit la Loi et commanda qu’elle soit
lue, à la fin de chaque période de sept années au cours de la fête des
tabernacles, à tout Israël et à tous ceux qui se trouvaient dans ses
portes (Deutéronome 31:9-13).
Cette
assemblée de Soukkot de la septième année était essentiellement le
renouvellement de la loi donnée au Sinaï. C’était aussi la réédition du «
couronnement » de Yahvé comme au roi de l’univers avec le peuple faisant
alliance de lui obéir [16]. Par après, ce fut le roi qui se tint à la
place de Dieu pour recevoir l’hommage du peuple et on lisait diverses
parties de la Loi dans la cour du temple [17]. La Michna décrit ce rite :
« À quoi
ressemblait le Paragraphe du roi ? Après la fin du premier jour de la fête
des tabernacles, la huitième année, après le passage de la septième année,
[18] ils lui préparaient dans la cour du temple une plate-forme de bois
sur laquelle il s’asseyait, car il était écrit : Au bout de sept années,
au moment fixé... [19] Le ministre de la synagogue prenait un rouleau de
la Loi et le remettait au chef de la synagogue et le chef de la synagogue
le donnait au préfet, et le préfet le donnait au grand prêtre, et le grand
prêtre le donnait au roi, et le roi le recevait debout et le lisait assis.
Le roi Agrippa le reçut debout et le lut debout et pour cela les Sages le
louèrent. Et lorsqu’il parvint à Tu ne pourras pas te donner un étranger
qui ne soit pas ton frère [20], ses yeux se remplirent de larmes ; mais
ils lui crièrent : ‘Tu es notre frère ! Tu es notre frère ! Tu es notre
frère !’ Il lut depuis le commencement du Deutéronome jusqu’à Écoute
[Israël]; et les paragraphes Écoute [Israël]... et si vous obéissez...
[Deutéronome 11:13-22] et Tu lèveras la dîme... [Deutéronome 14:22-28] et
Lorsque tu auras achevé de lever toute la dîme... [Deutéronome 26:12-15]
et le Paragraphe du roi, et les bénédictions et les malédictions
[Deutéronome 27:15-26] jusqu’à la fin. Le roi les bénit des mêmes
bénédictions avec lesquelles le grand prêtre les bénit, sauf qu’il
prononce la bénédiction pour les Fêtes au lieu des bénédictions pour le
pardon des péchés [21]. »
Le choix des
passages du Deutéronome pour la liturgie de la fête est délibéré. Le
Deutéronome est une répétition de la Loi. Il a le débit et l’éloquence
d’un discours cérémoniel et comme tel convient pour être récité par le roi
pendant la fête. Le roi lisait tout d’abord Deutéronome 1:1-6:10. Les
principaux éléments de ce passage sont :
1. Le rappel
des relations de Dieu avec Israël (Deutéronome 1:6-3:29).
2. La
lecture d’extraits de la Loi (4:1-9, 15-25; 5:6-21).
3.
L’exhortation à enseigner la Loi aux générations futures (4:9).
4. Le rappel
de l’alliance et de l’assemblée au Sinaï (4:1-13; 5:1-5, 22-31).
5. L’appel au ciel et à la
terre pour témoigner de la proclamation de malédictions en cas de
désobéissance (4:26-39).
6. La
promesse de prospérité et de longue vie en cas d’obéissance à la loi
(4:40; 5:32-6:3).
7. La
conclusion ou chemac, qui enseigne qu’il faut aimer et
honorer Dieu, qu’il faut enseigner la Loi aux enfants et que Dieu
récompensera l’obéissance par la prospérité (6:4-11).
Dans les
versets suivants, qui ne sont pas inclus dans le texte rituel selon la
Michna, il est encore question de serments (6:13), d’obéissance (6:17), de
la promesse de l’aide divine contre les ennemis d’Israël (6:17-18), de
l’exode (6:20-22) et de la promesse de la vie grâce à l’obéissance
(6:24-25).
Puis le roi
lisait le onzième chapitre du Deutéronome, qui commence par une transition
dans laquelle Israël est exhorté à aimer Dieu et à lui obéir et qui ne
s’adresse qu’aux adultes [22]. Ensuite, le texte commande d’aimer et de
servir Dieu, après quoi Dieu enverra la pluie et la prospérité. La Loi
doit être enseignée aux enfants et, à cette fin, doit être mise par écrit.
Dieu donnera une longue vie à ceux qui font alliance et, par l’obéissance,
ils battront leurs ennemis. Finalement, le roi met devant eux une
bénédiction et une malédiction qui seront activées lors du renouvellement
de l’alliance. Deutéronome 27:15-26, que le roi cite aussi, donne des
instructions pour faire contracter l’alliance. Les passages restants
(Deutéronome 14:22-29 ; 26:12) traitent de la dîme levée la troisième et
la septième années. À la fin de son discours, le roi bénissait le peuple
comme Moïse avait béni à l’origine chacune des tribus avant l’ordination
de Josué (Deutéronome 33).
Il est
possible que le discours d’adieu de Moïse et l’ordination de Josué pour
être son successeur se soient produits simultanément lors de la fête des
tabernacles. En effet, ce « couronnement sacerdotal » [23] ressemble
quelque peu aux cérémonies de couronnement ultérieures en Israël. Il
commence lorsque Dieu annonce à Moïse que Josué va lui succéder (Nombres
27:15-18). Josué est ensuite amené devant le grand prêtre et l’assemblée
pour approbation (27:19, 21-22). Moïse lui donne ses ordres et l’ordonne
(27:18-20, 23). Les autres détails manquent, mais le cadre comporte les
sacrifices en général, la pâque, la Pentecôte (Deutéronome 28), les
sacrifices du septième mois (Deutéronome 29) et finalement les vœux et les
serments faits devant Dieu pendant le mois sacré.
Un
soukkot de jubilé
De la
célébration de la fête des tabernacles pendant les années sabbatiques et
de jubilé, nous pouvons dégager les éléments suivants :
1. Le peuple
est assemblé, la plupart du temps au lieu du culte (« devant Dieu »), où
il est parfois divisé en deux groupes. Les étrangers peuvent également
être présents. À la fin de la fête, l’assemblée est renvoyée
officiellement et invitée à rentrer chez elle.
2. Le
dirigeant (le roi, lorsque cela s’applique) fait un discours où il lit des
extraits de la Loi de Moïse et, citant les bénédictions et les
malédictions qui s’y trouvent, exhorte le peuple à aimer, craindre et
servir Dieu, rappelle les relations de Dieu avec les pères (en faisant
particulièrement allusion à l’exode d’Égypte), désigne Dieu comme Créateur
et source de tout ce que nous avons, invite le peuple à aider les
nécessiteux [24], lit (lorsque cela s’indique) le « Paragraphe du roi »,
bénit le peuple et ajoute les autres points qu’il juge nécessaires.
3. Dieu fait
alliance avec son peuple que s’il obéit à ses commandements, il lui
donnera la prospérité dans le pays, assurera sa longévité, vaincra ses
ennemis par l’intermédiaire du roi, qui est également commandant en chef,
et enverra la pluie [25].
4. Le peuple
fait alliance avec Dieu de le servir et d’obéir à sa loi. Il devient
également témoin de l’alliance, qui est mise par écrit, parfois avec la
Loi ou le discours du souverain. Une pierre est dressée comme symbole de
l’alliance.
5. On
construit un autel et on y fait des sacrifices et des holocaustes.
6. La joie
du peuple s’exprime sous forme de louanges à Dieu, de musique et parfois
de danse [26]. Plusieurs des Psaumes étaient particulièrement utilisés à
cette occasion.
7. On
sonnait de la trompette, un élément habituel de la cérémonie du septième
mois [27].
8. La
cérémonie du couronnement souligne le fait que Dieu est le véritable roi
d’Israël, que c’est Dieu qui choisit le roi terrestre, son vice-roi, par
l’intermédiaire d’un prophète [28], avec l’approbation du roi précédent et
du peuple (qui utilise la formule « God save the king » dans la KJV,
[« Vive le roi », dans Segond]). Le roi est alors oint et reçoit sa
charge.
9. Il y a
parfois d’autres éléments, comme un repas en commun. En outre, il y a les
éléments déjà traités plus haut : la présence de tentes ou de huttes et la
construction d’une plate-forme de bois.
À l’aide de
ces caractéristiques, nous pouvons essayer d’identifier deux assemblées
bibliques comme étant des célébrations de la fête des tabernacles.
La première
fête vient du règne du roi David. Avant même que l’emplacement du temple
lui ait été révélé, David avait amené l’arche de l’alliance à Jérusalem,
dans ce qui a pu être le renouvellement du règne à soukkot. Sa
première tentative fut un échec et l’arche fut laissée aux soins des
villageois non loin de la ville sainte (2 Samuel 6:1-11). À la deuxième
tentative, David et les Israélites amenèrent l’arche à Jérusalem avec une
grande joie, des chants, des danses, des cris et le son des trompettes.
Ils firent des sacrifices en chemin et des sacrifices d’actions de grâces
et des holocaustes à Jérusalem. David bénit ensuite le peuple et distribua
de la nourriture pour la fête (2 Samuel 6:12-20 ; 1 Chroniques 15:25-29 ;
16:1-3, 43).
Le caractère
divin de la royauté de David est mentionné de manière explicite, ce qui
implique que ceci a pu être une cérémonie de renouvellement (2 Samuel
6:21). Dans son discours à l’assemblée, David cite un certain nombre de
Psaumes traitant de l’alliance de Dieu, à quoi le peuple répond par Amen
et des louanges (1 Chroniques 16:7-36) [29]. Une fois que le peuple est
reparti chez lui, le Seigneur commande à David de construire un temple (1
Chroniques 16:43; 17).
Le deuxième
exemple, qui est peut-être la célébration la plus remarquable de
soukkot se produit au moment de la consécration du temple de Salomon
(1 Rois 8; 2 Chroniques 5-7). Salomon rassemble le peuple devant le temple
qui vient d’être achevé avec l’arche et y offre des sacrifices et des
holocaustes. Les festivités s’accompagnent de musique et du son des
trompettes (2 Chroniques 5:12-13). Salomon commence et termine son
discours par une bénédiction sur l’assemblée. Dans sa prière, il insiste
sur le fait que son père David et lui-même ont tous deux été choisis par
l’Éternel et parle d’obéissance à la loi, de pardon des péchés et de
salut.
Il n’est pas
fait explicitement mention d’une alliance et la loi n’est pas écrite en
témoignage, apparemment parce que les deux tables de la loi se trouvent
dans l’arche (1 Rois 8:9 ; 2 Chroniques 5:10). Salomon demande à Dieu de
défendre Israël contre ses ennemis et d’envoyer la pluie (1 Rois 8:33-36,
44-48; 2 Chroniques 6:34-39), peut-être symbolisée par la nuée [30]. Il
avait fallu à Salomon sept années, et c’est significatif, pour construire
son temple, et sa consécration eut lieu pendant sept ou quatorze jours,
avec une assemblée solennelle le huitième (1 Rois 6:37-38; 8:65-66 ; 2
Chroniques 7:8-9) [31]. Le vingt-troisième jour, le peuple est renvoyé à
ses tentes (1 Rois 8:66; 2 Chroniques 7:10). Peu de temps après le
Seigneur apparaît en songe à Salomon et lui commande de garder les
commandements de peur que des malédictions et la sécheresse ne se
produisent (1 Rois 9:2-9; 2 Chroniques 7:12-20).
Soukkot à
Zarahemla
Il y a de
nombreux parallèles avec la fête biblique de soukkot dans le récit
de l’assemblée du roi Benjamin rapporté dans Mosiah 1:1-6:6. Benjamin dit
à Mosiah que la conférence qui doit être convoquée « le lendemain » [32]
proclamera qu’il est « roi et gouverneur de ce peuple » (1:10-11) ;
cependant, dans le texte proprement dit du discours de Benjamin,
l’enseignement religieux l’emporte de loin sur la cérémonie du
couronnement et quatre versets seulement sont consacrés à la succession et
à la consécration de Mosiah (2:29-31; 6:3) [33].
Comme dans
le cas de Soukkot, les Néphites se rassemblent « au temple » [34],
ce qui indique la sainteté de l’événement. Ils font des sacrifices « selon
la loi de Moïse » (Il est significatif que cette loi prescrit davantage de
sacrifices pour Soukkot que pour n’importe laquelle des autres
fêtes.)
En outre,
l’assemblée néphite est aussi à mettre en parallèle avec l’assemblée
convoquée par Esdras après le retour de Babylone (Néhémie 8-10) pour y
pour commémorer la reconstruction du temple et le renouvellement de
l’engagement des Juifs vis-à-vis de la loi de Moïse. À cette fin, ils
sanctifient le septième mois [35] ; le premier jour, Esdras commence à
lire la Loi à l’assemblée (Néhémie 8:1-3, 5). Le lendemain, « ils
trouvèrent écrit dans la loi que l’Éternel avait prescrite par Moïse, que
les enfants d’Israël devaient habiter sous des tentes pendant la fête du
septième mois » (Néhémie 8:13-14). Par conséquent, ils construisirent les
huttes et observèrent aussi la fête de Soukkot.
Le peuple de
Benjamin semble, lui aussi, renouveler la célébration de Soukkot.
Le temple de Zarahemla était encore relativement neuf. Benjamin, qui avait
étudié les Écritures avec une insistance renouvelée sur le langage a pu
estimer, comme Esdras, que c’était la première célébration correcte de la
fête que l’on organisait depuis un certain temps dans la culture néphite.
Les Néphites « dressèrent leurs tentes autour du temple, chaque homme
ayant la porte de sa tente tournée vers le temple, afin de pouvoir rester
dans leurs tentes et entendre les paroles que le roi Benjamin leur dirait
[36]. » Ces « huttes » représentaient les habitations temporaires
utilisées par les Israélites après leur départ d’Égypte et la pratique de
dresser la tente « la porte tournée vers le temple » a son précédent dans
le camp d’Israël (Exode 33:8-10) [37].
De même que
Benjamin parle du haut d’une tour, le roi parle, pendant Soukkot,
du haut d’une chaire en bois, et Esdras se tient sur une estrade de bois
érigée dans ce but [38]. Benjamin et Esdras appellent Dieu le Créateur,
exhortent leur peuple à obéir aux commandements de Dieu, mentionnent la
loi de Moïse et s’adressent à ceux qui « comprennent » (Mosiah 2:20-22,
33, 36-41; 3:14; 5:14-15; 6:2; Néhémie 8:1-3, 5-9, 13, 18; 9:3.) [39].
Le peuple de
Benjamin réagit à ses paroles et à l’esprit de l’événement en tombant par
terre, en se repentant et en demandant que l’Expiation lui soit appliquée
(Mosiah 4:1-2), comme tous les Israélites étaient censés le faire le jour
des expiations au cours du septième mois. Il se dit ensuite disposé « à
conclure avec notre Dieu l’alliance de faire sa volonté et d’être
obéissants à ses commandements dans tout ce qu’il nous commandera » (Mosiah
5:5-6). Le roi Benjamin prend leurs noms tout comme il met par écrit le
texte de son discours (Mosiah 6:1).
Les Juifs de
Jérusalem, émus de la même façon par les paroles d’Esdras, se réunissent
en jeûnant, vêtus de sacs et couverts de poussière (Néhémie 9:1). Les
activités de la journée consistent à écouter « le livre de la loi de
l’Éternel », confesser leurs péchés et se prosterner devant leur Dieu »
(Néhémie 9:3). Ils promettent « avec serment… d’observer et de mettre en
pratique tous les commandements de l’Éternel », tombent par terre, leur
nom est enregistré avec l’alliance et « nos chefs, nos Lévites et nos
sacrificateurs y apposèrent leur sceau » (Néhémie 10:29, 8:6, 9:38).
Certains détails de la fête du septième mois chez Esdras peuvent différer
de ce qui se trouve dans les annales néphites. L’assemblée à Jérusalem
prend aussi un repas, des étrangers sont présents et l’événement a
manifestement lieu lors de l’année sabbatique (Néhémie 8:10, 12; 9:2,
10:31).
La liturgie
juive de Soukkot s’inspire essentiellement du Deutéronome et des Psaumes.
Ces passages contiennent un certain nombre de parallèles avec le discours
prononcé par le roi Benjamin. Un des principaux passages lus par le roi
israélite lors de la fête de l’automne était le « Paragraphe du roi », une
partie du code mosaïque relative aux devoirs du roi :
« Lorsque
tu seras entré dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu
le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux
mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m'entourent, -
« tu mettras sur toi un roi que choisira l'Éternel, ton Dieu, tu
prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner
un étranger, qui ne soit pas ton frère.
« Mais qu'il n'ait pas un grand nombre de chevaux; et qu'il ne
ramène pas le peuple en Égypte pour avoir beaucoup de chevaux; car
l'Éternel vous a dit: Vous ne retournerez plus par ce chemin-là.
« Qu'il n'ait pas un grand nombre de femmes, afin que son cœur ne
se détourne point; et qu'il ne fasse pas de grands amas d'argent et
d'or.
« Quand il s'assiéra sur le trône de son royaume, il écrira pour lui, dans
un livre, une copie de cette loi, qu'il prendra auprès des
sacrificateurs, les Lévites.
« Il devra l'avoir avec lui et y lire tous les jours de sa vie,
afin qu'il apprenne à craindre l'Éternel, son Dieu, à observer et à
mettre en pratique toutes les paroles de cette loi et toutes ces
ordonnances;
« afin que son cœur ne s'élève point au-dessus de ses frères, et
qu'il ne se détourne de ces commandements ni à droite ni à gauche;
afin qu'il prolonge ses jours dans son royaume, lui et ses enfants, au
milieu d'Israël » (Deutéronome 17 :14-20).
Il y a au
moins une demi-douzaine d’idées mises en italiques qui sont fondamentales
dans le discours de Benjamin. Le Deutéronome exige qu’un « de tes frères »
devienne roi. Lorsqu’il s’adresse à son auditoire néphite, Benjamin
utilise l’expression « mes frères » (Mosiah 2:9; 4:4). Il fait aussi écho
au Deutéronome quand il souligne le fait qu’il a été « choisi par ce
peuple, et consacré par mon père, et [le] Seigneur a permis que je sois
gouverneur et roi de ce peuple » (Mosiah 2:11). Il attribue en outre à
Dieu le choix de son successeur, Mosiah (Mosiah 2:30).
Le
Deutéronome met en garde contre l’abus de pouvoir. Benjamin insiste sur le
fait qu’il n’a pas essayé d’obtenir « ni or, ni argent, ni aucune sorte de
richesse » et qu’il n’a pas non plus rendu son peuple esclave [40].
Le
Deutéronome exige que « son cœur ne s’élève point au-dessus de ses frères
» (17:20). Benjamin dit : « Je ne vous ai pas commandé de monter ici pour
que vous me craigniez, pour que vous pensiez que, de moi-même, je suis
plus qu’un homme mortel. Mais je suis semblable à vous » (Mosiah 2:10-11).
Deutéronome
17:18-19 spécifie que le roi doit conserver auprès de lui une copie de la
loi afin de toujours se souvenir des commandements de Dieu. De même,
Benjamin avait été gardien des plaques d’airain de Laban qui contenaient
la loi de Moïse ; il les transmit à Mosiah (Mosiah 1:2-7). L’importance de
la loi, selon le Deutéronome, est que le roi, en la suivant avec
exactitude, « prolonge ses jours dans le royaume ». Le thème du
Deutéronome est que l’obéissance à la loi de Dieu apporte la prospérité au
pays et une longue vie. C’est aussi un point principal du discours de
Benjamin, dont le résumé de ce principe semble être directement inspiré du
Deutéronome (Mosiah 2:22; Deutéronome 6:2). Un autre thème que l’on trouve
dans les deux textes et qui est associé à Soukkot est l’exhortation
à aider les nécessiteux [41].
Les Psaumes
les plus importants utilisés dans la liturgie de Soukkot sont 113 à
118 inclus, qui sont appelés le Hallel (louange) et qui sont
également récités à chaque nouvelle lune. Le contenu de ces Psaumes
ressemble aux passages du Deutéronome cités plus haut.
Psaume 113 :
Loue le Seigneur, qui aide les nécessiteux.
Psaume 114 :
Décrit l’exode et les rapports de Dieu avec les pères.
Psaume 115 :
Loue le Seigneur comme étant le Créateur qui apporte les bénédictions et
l’accroissement.
Psaume 116 :
Supplie : « Sauve mon âme » et recommande de faire des vœux au Seigneur
ainsi que des sacrifices dans sa maison.
Psaume 117 :
Loue le Seigneur pour sa miséricorde.
Psaume 118 :
Commande de faire confiance à Dieu, pas à l’homme. Dieu vaincra les
ennemis d’Israël et enverra la prospérité. Les autres sujets sont le
salut, le sacrifice et les réjouissances.
Lorsqu’on
lisait le verset 25 du Psaume 118, les Juifs agitaient les branches de
palmier qu’ils tenaient [42]. C’est le verset qui dit : « O Éternel,
accorde le salut ! O Éternel, donne la prospérité ! » Il est parallèle non
seulement à ce que dit le roi Benjamin concernant la prospérité, mais
aussi à la réaction de son auditoire : « Et elle s’écria d’une seule voix,
disant : Oh ! Sois miséricordieux, et applique le sang expiatoire du
Christ » (Mosiah 4:2).
Benjamin
et le jubilé
Les
parallèles entre certaines sections du discours de Benjamin et Lévitique
25-26 suggèrent la possibilité que le couronnement de Mosiah se produisit
pendant une année de jubilé [43]. Il y a plusieurs parallèles entre les
passages du Lévitique et de Mosiah :
|
Lévitique |
Mosiah |
Rendre
les possessions |
25:10 |
4:28 |
Ne
pas s’opprimer les uns les autres |
25:14,
17 |
4:13 |
Rendre
ce qui est dû |
25:15-16,
50 |
4:13,28 |
Obéir
et prospérer |
25:18-19 |
2:22 |
Aider
les pauvres |
25:35 |
4:16,
26 |
Éviter
l’usure et faire la charité |
25:36 |
4:21 |
Avoir
en bénédiction la paix dans le pays |
26:6 |
2:31 |
Recevoir
l’alliance de Dieu |
26:9 |
5:6 |
Recevoir
la demeure du Seigneur |
26:11 |
2:37 |
Recevoir
la présence du Seigneur |
26:12 |
2:36 |
Être
maudits en cas de désobéissance |
26:14-16,
18 |
2:38 |
Être
punis s’ils « vont à l’encontre... » |
26:21,
27 |
2:36 |
Nous avons
systématiquement constaté que Soukkot et le jubilé vont de pair.
Cela expliquerait la pertinence du discours de Benjamin dans le Livre de
Mormon si ce n’était pas seulement une cérémonie de couronnement tenue au
moment d’une fête des tabernacles, mais si elle tombait aussi une année de
jubilé. Certains passages de Lévitique 25-26 sont semblables aux passages
du Deutéronome déjà considérés, par exemple, la promesse que Dieu enverra
la pluie à Israël s’il est obéissant, vaincra ses ennemis et établira la
paix. Cependant, la concentration des allusions au jubilé indiquées plus
haut peut être une indication que Benjamin consacra Mosiah roi pendant une
année de jubilé. En tout cas, le fait que Mosiah commande à son peuple «
de cultiver la terre » après la cérémonie (Mosiah 6:7) pourrait
représenter la conclusion d’une année sabbatique, si pas un jubilé.
Conclusion
Cette étude
de n’est pas censée être concluante. Elle suggère plutôt l’un des nombreux
parallèles possibles indiquant une origine de la culture du Livre de
Mormon dans le Vieux Monde. Bien qu’il ait été au moins partiellement
répondu à quelques questions ici, il y en a encore beaucoup qui se posent.
Comment les Néphites se sont-il adaptés à un nouveau climat pour célébrer
une fête d’avant la pluie ? (Il n’est pas question de pluie dans le
discours de Benjamin, bien qu’il parle de prospérité.) Tous les éléments
de l’assemblée néphite étaient-ils basés sur les équivalents israélites ou
certains d’entre eux découlent-ils d’autres civilisations du Moyen-Orient,
comme le suggère Nibley ? Y avait-il une liturgie néphite de Soukkot
? Les plaques d’airain de Laban contenaient-elles tous les psaumes ?
Pouvons-nous utiliser le texte du Livre de Mormon pour dater le début de
la liturgie juive de Soukkot de la période du second temple ? Bien
que ces questions et d’autres encore doivent rester sans réponse, nous
pouvons maintenant répondre à la question qui a été à l’origine de cette
étude : Jusqu’à quel point les Néphites respectaient-ils les rites de la
Loi de Moïse ? Les éléments que nous avons avancés confirment à coup sûr
les paroles de Néphi : « Et nous nous appliquâmes à garder en tout les
ordonnances, et les lois, et les commandements du Seigneur, selon la loi
de Moïse » (2 Néphi 5:10).
NOTES
[1] On
trouvera des exemples de références à la loi de Moïse dans 1 Né 5:9; 7:22;
Mos 2:3; 13:12-24; Al 34:13-14; 3 é 9:17-20; 15:2-10. À titre d’exemple,
les allusions au jour du sabbat se trouvent dans Jm v. 5; Mos 13:16-19;
18:23.
[2] On
trouve d’autres assemblées néphites dont certaines étaient peut-être de la
même nature, dans 2 Né 6-10; Jm 1:7 et suiv. Mos 7:17; 22:1 et suiv. ;
25:1 et suiv.; Al 2:1-10; 20:9-12; 3 Né 3:13-14; 4:4. Le discours de Jacob
au temple au pays de Néphi est intéressant (Jcb 1:17; 2:11). Il parle
contre la multiplicité des épouses et contre la volonté d’accumuler les
richesses (1:15-16; 2:12, 18-19, 23-30) et contre le péché sexuel en
général (3:12). Il commande aux riches d’aider les pauvres (2:13, 19). Il
ajoute des commentaires sur l’expiation du Christ (ch. 4). Tous ces points
ressemblent au discours du roi Benjamin, jusqu’au désir de débarrasser ses
vêtements du sang coupable (Jcb 1:19; 2:2; Mos 2:28 et voir aussi 2 Né
9:44; Al 5:21-22, 24, 27; Mrm 9:35; Ét 12:38).
[3] Hugh
Nibley, An Approach to the Book of Mormon, 2e éd., Salt Lake City,
Deseret Book Co., 1964, pp. 256-270, et Since Cumorah, Salt Lake
City, Deseret Book Co., 1970, pp. 79-283. Voir aussi « The Arrow, the
Hunter and the State » Western Political Quarterly 2, 1949, pp.
328-344 et « The Hierocentric State », Western Political Quarterly
4, 1951, pp. 226-253.
[4] Ex
12-13. Joseph Smith, le prophète, a rattaché le 6 avril à la naissance et
à la mort du Christ, à la pâque, à la création et au rétablissement de
l’Église (History of the Church, 1:33). Le 1er abib est le
jour où Noé vit que la surface de la terre était sèche (Ge 8:13) et où
Moïse dressa le tabernacle. Il y a un symbolisme évident à commencer
l’année avec l’équinoxe de printemps lorsque la terre est de nouveau
verdoyante.
[5]
L’exception notable était la nouvelle lune, qui marquait le commencement
d’un nouveau mois. (No 10:10; Ps 81:3).
[6] Ge
2:2-3; Ex 16:26-30; 20:1-11; 31:13-17; 34:21; 35:2-3; Lé 23:3; De 5:14. À
propos des périodes de sept jours, noter aussi les rites de purification
pour ce qui touchait des cadavres (No 19:11-20; 31:19, 24), les naziréens
(No 6:9) et les lépreux (Lé 13:5-51; 14:9) ainsi que pour les plaies (Lé
14:39).
[7] Ex.
34:22; Lé 23:15-21; De 16:9-10. Selon la tradition juive, la loi fut
donnée au Sinaï à chavouot; voir A. Chill, The Mitzvot,
Jérusalem, Keter Books, 1974, p. 281.
[8] Lé
23:23-25; No 29:1-6. Traditionnellement la création d’Adam ; voir Chill,
Mitzvot, p. 285.
[9] Lé
16:29-34; 23:26-32; No 29:7-11. La tradition fait de ce jour
l’anniversaire du repentir d’Adam, de la circoncision d’Abraham et de la
deuxième descente de Moïse de la montagne avec les nouvelles tables de la
Loi ; voir Chill, Mitzvot, p. 288.
[10] Ex
23:16; Lé 23:3-43; No 29:12-39; De 5:13-15; Éz 45:25.
[11] Ex
23:10-11 (notez le sabbat hebdomadaire, 23:12); Lé 25:1-7, 18-22;
26:34-35; 2 Chr 26:21. De 15:1-8 décrit la suppression des dettes des
Hébreux, la libération des esclaves hébreux et l’aide accordée aux
nécessiteux.
[12] Le mot
jubilé vient de l’hébreu yobel, « corne de bélier », annoncé par le
son des trompettes au moment du yom kippour (Lé 25:9). Voir d’une manière
générale Ex 21:2; De 5:1-18.
[13] L’arche
atterrit au sommet de l’Ararat le dix-septième jour du septième mois,
pendant Soukkot (Ge 8:4). Notez l’alliance dans Ge 8:20-9, 17,
contenant les éléments de Soukkot et des holocaustes et la promesse
des semailles et de la moisson en plus d’une alliance de paix. Nibley a
précédemment laissé entendre (Approach, p. 270) que les grandes
fêtes d’automne, représentant le renouvellement de la terre, étaient
peut-être modelées sur le Conseil des cieux réuni pour planifier la
création de la terre.
[14]
Nibley, Approach, pp. 263, 265.
[15] L’autel
hébraïque (mizbea, le lieu de l’abattage ou du sacrifice) était
utilisé pour cuire et brûler la viande des sacrifices. Le mot est
également utilisé pour l’autel des encens qui est de même une offrande à
Dieu. Le mot généralement traduit par pilier dans la KJV [pierre
dans la Segond] est l’hébreu masseba (littéralement, quelque chose
qui est érigé). Il est toujours construit comme signe d’une alliance (Ge
28:10-22; 31:44-45) et par conséquent pourrait être qualifié d’autel de
l’alliance.
[16] P.
ex., H. L. Jansen, « The Consecration in the Eighth Chapter of Testamentum
Levi » dans The Sacred Kingship, Contributions to the Central
Theme of the VIIIth International Congress for the History of Religions,
Rome, avril 1955, Leiden, E. J. Brill, 1959, pp. 361-362.
[17] Voir
Nibley, Approach, pp. 261-263.
Bien que
Soukkot ait été la fête royale principale, notez aussi l’alliance
royale du troisième mois dans 2 Ch 15:10-15 (voir aussi Mos 6:2). Notez
aussi les pâques célébrées par Ézéchias (2 Ch 30) et Josias (2 R 23:21-23;
2 Ch 35 ). La Michna nous apprend que le roi était à la tête de la
procession des prémices (De 26) au cours de laquelle on jouait de la flûte
comme à Soukkot. Voir Bikk. 3:4.
[18] À
l’époque du roi Agrippa (mort en 44 apr. J.-C., le septième mois était
considéré comme le premier, comme aujourd’hui.
[19] De
31:10-12 .
[20] De
17:15. Les ancêtres d’Agrippa étaient Iduméens (Édomites), descendants
d’Ésaü. Il était juif de religion, mais citoyen romain.
[21] Sotah
7:8.
[22] Voir
aussi Mos 2:34, 40; 3:21; 6:2.
[23] La
véritable onction consiste à être à la fois roi et prêtre de
Dieu. Dans la Bible, le roi et le grand prêtre étaient tous deux appelés
Messie (hébreu machiah, « oint »). Voir aussi Jansen, « Consecration
», pp. 356-365, il compare l’onction, les ablutions, l’investiture et
l’ordination sacerdotale de Lévi à l’intronisation de Dieu en tant que
roi. Il parle à la fois du nouveau nom (Mos 1:11-12; 5:7-13; D&A 130:11;
33:18; Ap 2:1, 3:12) et signale les passages du Testament de Lévi 5:31-33
en rapport avec le Soukkot et les rites de couronnement de
bibliques ; ces versets disent : « Et ses fils lui répondirent en disant
de : Devant le Seigneur nous marcherons selon sa loi. Et leur père leur
dit : le Seigneur est témoin et ses anges sont témoins et vous êtes
témoins et je suis témoin concernant la parole de votre bouche. Et ses
fils lui dirent : Nous sommes témoins. »
[24] Basé
sur De 6:14. le produit des récoltes de l’année sabbatique était donné aux
pauvres (Ex 23:11 ; Lé 25:6).
[25] Pour
symboliser cela, chaque jour de la fête, un prêtre apportait de l’eau de
la source de Guihon et la versait dans un bassin sur l’autel, en y
mélangeant du vin.
(Shek. 6:30;
Sukk 4:, 9; Zeb. 6:2; Midd. 2:6).
[26] À
propos des flûtes utilisées au moment de Soukkot, voir Sukk. 5:1.
Les danses devant le tabernacle à Silo ( Juges 21:19-23) sont apparemment
pour Soukkot.
[27]
Rappelle probablement « le son de la trompette » qui annonce l’apparition
de Dieu sur le mont Sinaï (Ex 19:18-20). Des trompettes annoncent
également chaque nouvelle lune (No 10:10, Ps 81:3) et étaient utilisées
pour réunir l’assemblée dans le désert (No 10:7-8).
[28] Voir le
passage où Dieu rejette Saül comme roi. Voir aussi 2 Ch 24:20-21; Mos
2:18-19.
[29] 1 Ch
16:7-36. Les psaumes cités par David étaient 105:1-15, qui parle de
l’alliance de Dieu et de ses relations avec le peuple, 96:1-13 (96:13 est
la même chose que 1 Ch 16:33), qui dit que le Seigneur va juger la terre
(Mos 3:10 et Ps 106:47-48, qui ressemble au Ps 118, qui fit plus tard
partie de la liturgie de Soukkot.) En réalité, un certain nombre de
Psaumes ont pu former une partie de la liturgie primitive de Soukkot
:
Le Ps 24
déclare : « à l’Éternel de la terre [le pays] » ; comparer avec la
restitution de la terre lors du jubilé (Lé 25:23). Étant donné que des
alliances font partie des fêtes du septième mois, il y a une bénédiction
spéciale sur ceux qui ne jurent pas pour tromper. Dieu, qui est « puissant
au combat », défendra son peuple contre ses ennemis. C’est lui, le vrai
roi.
Le Ps 68
rappelle l’alliance originelle au Sinaï avec une exhortation à aider les
orphelins et les veuves) voir Lé 25 et Mos 2) et la promesse de Dieu
d’envoyer la pluie et d’accorder le triomphe sur les ennemis. Dieu est de
nouveau qualifié de roi. Une autre idée que l’on trouve également dans le
discours de Benjamin est celle d’être sauvé de la mort.
Le Ps 78
commence par une exhortation à prêter l’oreille à la loi de Dieu (voir Mos
2:5). Il rappelle le témoignage et la loi au Sinaï, le caractère rebelle
des pères et le fait qu’Israël demeurait dans des tentes quand le pays fut
divisé. Dieu promet de vaincre les ennemis d’Israël, Jérusalem est
désignée comme étant le sanctuaire de Dieu et David comme étant son roi.
[30] 1 R
8:10-12; 2 Chr 5:13. Voir aussi la nuée au Sinaï (Ex 24:16-18) et pendant
les errances dans le désert (Ex 13:21-22; 40:34-38), ainsi que la nuée sur
la montagne de la transfiguration (Mt 17:1-6). À cette occasion, Moïse,
qui institua Soukkot, était présent ainsi qu’Élie, qui avait
pouvoir sur la pluie et sur les autres éléments ; chose significative, les
trois apôtres souhaitaient dresser des tentes.
[31] Notez
la présence des tentes (1 R 8:10, 66) et des étrangers (1 R 8:41-43; 2 Chr
6:32-33) ainsi que de la tribune d’airain (kiyyor nehochet) sur
laquelle se tenait Salomon (2 Ch 6:13).
[32] On se
demande comment le roi Benjamin a pu rassembler tout son peuple « le
lendemain ». Bien qu’il soit possible que les Néphites aient vécut dans
une zone tellement restreinte que l’on pouvait envoyer les messages un
jour et que l’on pouvait tenir une assemblée le jour suivant, il est plus
vraisemblable que l’assemblée était prévue au calendrier annuel et que le
peuple envisageait déjà de se rendre à Zarahemla, de l’endroit où il
était, pour participer à la fête des tabernacles. La « proclamation »
n’implique pas forcément que c’était un événement non prévu. Dans l’Israël
ancien, le roi publiait également une proclamation pour la pâque alors que
c’était une fête fixe (2 Ch 30:1-6; Ex 32:5).
[33] Le fait
que la Michna qualifie Soukkot de fête royale et la nature des
assemblées d’Israël en général confirment la nature profondément
religieuse des rites du couronnement en Israël.
[34] Mos
1:5-7.
[35] Esdras
appelle ceci la première observance correcte de la fête depuis Josué (Né
8:17). En réalité, le premier groupe de Juifs revenus de Babylone avait
célébré Soukkot en construisant un autel et en offrant des
holocaustes (Esdras 3:1-6), mais les ennemis empêchèrent la reconstruction
du temple. En 520 av. J.-C., encouragés par les prophéties d’Aggée et de
Zacharie, les Juifs reprirent les travaux sur le temple (Esdras 4:24-5:1).
Une des prophéties et d’Aggée fut faite à Soukkot (Ag 2:1-9),
manifestement en souvenir du temple de Salomon. Une grande partie de la
prophétie de Zacharie traite du rétablissement futur de la monarchie au
moment de Soukkot. Ce sont là, en fait, des prophéties
messianiques, dont certaines furent accomplies par Jésus et dont d’autres
s’accompliront quand il reviendra à Jérusalem, assis sur un âne (9:9), le
sang de l’alliance (9:11), le son de la trompette (9:14) et le vin nouveau
(9:15-16). Dans Zacharie 9:16, nous lisons « en ce jour-là » l’Éternel
sauvera. Il est question de nuées et de pluie (10:1) et une menace de
frapper les chevaux (9:10; 12:4; 14:15) qui rappelle le « Paragraphe du
roi ». Il est aussi question des tentes de Juda (12:7; 14:15). Comme à
Soukkot, chaque famille est séparée (12:12-14). Une nouvelle source,
qui accompagnera les pluies, doit jaillir du temple (13:1; 14:8). Une
alliance sera faite avec le peuple de l’Éternel (13:9) et Jérusalem sera
alors coupée en deux par l’ennemi (14:2) : une allusion aux deux groupes
de personnes à Soukkot ? Voir Mos 25:1-4. Mais le Seigneur vaincra
les ennemis d’Israël (14:). Au moment critique, il apparaîtra pour régner
comme roi sur la terre (14:9, 16-17). La fête des tabernacles sera
célébrée (14:16, 19) en même temps que des sacrifices (14:20-21). Ceux qui
ne viennent pas célébrer la fête et faire alliance avec Dieu ne recevront
pas les pluies promises (14:17).
Jésus hésita
à assister à Soukkot parce qu’à Jérusalem (Jean 7:1-15, 37-44) le
temps de sa venue en gloire n’était pas encore arrivé (7:6). Sa première
venue eut lieu au moment de la pâque (voir note 5) et sa seconde aura lieu
à Soukkot. Les « eaux vives » (7:37-38) font peut-être allusion à
l’eau déversée sur l’autel de lors de la fête.
[36] Mos
2:6. Chaque tente contenait une seule famille. Israël dressait aussi la
tente par famille dans le désert (No 2:34). Il demeurait dans des tentes
au moment où il fit alliance avec Dieu au Sinaï (De 5:27-31).
[37] Le mot
hébreu ‘hl, « tente », a une plage sémantique qui comprend l’idée
de « lieu de résidence » (Ge 9:27, 1 R 8:66; Job 8:22; Ps 84:10; Jé 10:20,
30:18; voir Jn 1:14).
[38] Hébreu
migdal, généralement traduit par tour. Voir la « tribune
d’airain » de Salomon (note 31) et « l’estrade » (macaleh, « montée
») dans Néhémie 9:4.
[39] Moïse
excluait aussi les enfants (De 11:2).
[40] Lorsque
Israël convainquit Samuel de oindre le premier roi, le Seigneur l’avertit
que le roi utiliserait ses fonctions pour ravir au peuple ses enfants, ses
richesses et ses biens (1 S 8:4-22). C’est ce que firent Salomon et les
rois successifs. Ici Benjamin appelle le peuple à être témoin du fait
qu’il a une conscience claire (Mos 2:15, 19, 27), comme Samuel et Josué.
[41] De
10:18-19 ; Mos 4:16, 19. Jusqu’ici nous n’avons cité que les passages lus
par le roi à Soukkot. Mais voir aussi De 14:29 ; 26:12-13.
[42]
Sukkah 3:9: 4:5.
[43] Voir
John W. Welch, « Benjamin’s Speech (Mos 2:9-5:15): A Textual Analysis with
Commentary », 1er janvier 1973, pp. 52-53.
Il est
parfois difficile de faire la distinction entre l’année sabbatique et
l’année du jubilé. Les deux étaient marquées par la remise des dettes (De
15:1-3; Lé 25:34-37) et par l’interdiction des activités agricoles (Lé
25:2-8, 11-12, 20-22). Ce n’est qu’au jubilé que les terres étaient
rendues à leurs propriétaires originels (Lé 25:8-10, 13-16, 23-34;
27:17-24; No 26:4). Une procédure difficile pour la libération des
esclaves hébreux est donnée. Opposez Ex 21:1-11 à De 15:1, 12-18 et à Lé
25:39-54.
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