Tous les indices fournis par le Livre de Mormon tendent à démontrer que
l’action du livre se situe en Mésoamérique (le sud du Mexique et le nord
du Guatemala). Mais alors, comment expliquer les paroles attribuées à
Joseph Smith situant certains événements en Amérique du Nord ? Une réponse
possible.
La Mésoamérique comme
théâtre principal et l’Amérique du Nord comme arrière-pays dans la
géographie du Livre de Mormon
Mark Alan Wright
Résumé : Les meilleures indications dont
nous disposons pour le Livre de Mormon continuent d’aller dans le sens
d’un modèle limité à la Mésoamérique. Cependant, Alma 63 nous apprend
l’existence d’une migration massive vers le nord au milieu du premier
siècle avant Jésus-Christ. Ma thèse est que ces émigrants partis vers le
nord se sont dispersés au fil des siècles et ont fondé des colonies qui
étaient géographiquement distantes du territoire néphite principal, bien
au-delà de la portée du texte du Livre de Mormon. J’introduis l’Hypothèse
de l’Arrière-pays et j’affirme qu’elle peut harmoniser les indices en
faveur d’une localisation méso-américaine pour le Livre de Mormon avec ce
que Joseph Smith a dit concernant les traces d’une culture néphite et
lamanite en Amérique du Nord. J’aurai recours à des indices archéologiques
et anthropologiques pour démontrer qu’il y a effectivement eu des
migrations et une influence culturelle qui se sont propagées, à l’époque
précolombienne, de la Mésoamérique vers l’Amérique du Nord.
Il y a
maintenant plusieurs années que j’essaie d’éviter le sujet de la
géographie du Livre de Mormon, car c’est une entreprise compliquée et
souvent conflictuelle. L’Église n’a, bien entendu, aucune position
officielle en ce qui concerne l’endroit où le Livre de Mormon se situe.
Cela n’a pas empêché d’âpres débats concernant sa géographie pendant la
majeure partie du siècle dernier. Actuellement, l’affrontement le plus
hargneux est entre les partisans d’une localisation en Mésoamérique et
ceux qui croient que les États-Unis sont le véritable emplacement. Malgré
ce que peut suggérer mon titre quelque peu agressif, cet article est en
fait une tentative de synthétiser certains aspects de ces deux modèles et
de construire, dans la mesure du possible, un pont entre les deux camps.
Ma thèse de base est la suivante : les principaux lieux et événements
détaillés dans le texte du Livre de Mormon ont eu lieu en Mésoamérique,
mais beaucoup de Néphites et de Lamanites ont émigré et implanté des
colonies loin au nord du théâtre principal des événements et sont donc
tout simplement hors de la portée du texte. Je ne suis certainement pas le
premier à avancer cet argument ou à relever l’importance de cette
émigration vers le nord ; mais les innombrables conversations que j’ai
eues au cours des dernières années sur la géographie du Livre de Mormon
m’ont prouvé que beaucoup de gens ne connaissent pas les faits. Je
reconnais que je ne fais pas grand-chose de plus que reconditionner des
recherches antérieures et leur donner un nom accrocheur — ce qui m’amène à
l’Hypothèse de l’Arrière-pays [1].
Le terme arrière-pays est
utilisé pour désigner des régions qui sont éloignées des zones urbaines.
Elles se situent à la périphérie d’une population urbaine. Les migrations
à grande échelle du centre vers la périphérie et au-delà ne sont pas rares
en raison de la pression démographique ou d’autres causes. En Mésoamérique
précolombienne, par exemple, les cités-États organisaient souvent des
émigrations pour installer des garnisons militaires ou des comptoirs
commerciaux à la périphérie de leur domaine [2]. S’il y a des gens qui
devraient comprendre la fonction des migrations, c’est bien nous, les
saints des derniers jours, étant donné que notre histoire et notre
identité sont en grande partie définies par des mouvements depuis Kirtland
jusqu’au Missouri, à Nauvoo et l’exode vers l’Ouest. Dès que les Saints
ont été établis dans la vallée du lac Salé, des colonies ont commencé à
surgir dans l’arrière-pays : le sud de l’Utah, l’Idaho, le Wyoming, le
Nevada, la Californie, jusqu’au Canada et même aussi loin au sud que
Chihuahua, au Mexique [3].
Dans le Livre de Mormon, les
émigrations massives sont dues aux empiètements incessants des Lamanites
venant du sud, qui repoussent continuellement les populations néphites
vers le nord, en commençant par la fuite de Mosiah 1er de la ville de
Néphi vers Zarahemla (Omni 1:12–15) et culminant des siècles plus tard à
la colline de Cumorah (et nous reviendrons sur la question de Cumorah un
peu plus tard).
L’un des premiers à souligner l’importance de
l’émigration vers le nord dans le Livre de Mormon est John E. Page, qui
avait été l’un des douze apôtres sous Joseph Smith [4]. En 1848, il note :
« Tous ceux qui connaissent bien le Livre de Mormon sont probablement au
courant du fait que l’intégralité de l’histoire des ancêtres des Indiens
d’Amérique, appelés les Néphites, les Lamanites et les Zoramites, se
limite entièrement à l’Amérique Centrale jusqu’à la page 394 [5]. »
John Page fait ici allusion aux migrations vers le nord dont il est
question dans Alma 63 survenues au cours des trente-septième et
trente-huitième années du règne des juges, vers 55 av. J.-C. Alma 63:4
nous informe que « cinq mille quatre cents hommes, avec leurs épouses et
leurs enfants, [partirent] du pays de Zarahemla pour aller dans le pays
qui était situé du côté du nord ». Cela fait cinq mille quatre cents
hommes, plus leurs femmes, plus leurs enfants. Même si chaque couple n’a
qu’un ou deux enfants, la migration devait être composée de 16 000 à 22
000 individus.
La même année, Hagoth construit et lance deux
navires depuis la mer de l’ouest, « et ils prirent la direction du nord »
(Alma 63:5–6). Soit dit en passant, Hagoth n’est sur aucun des deux
premiers navires et, l’année suivante, il construit d’autres navires, et,
à ce moment-là, « le premier navire revint aussi, et beaucoup d’autres
personnes y entrèrent ; et ils prirent aussi beaucoup de provisions et
partirent de nouveau vers le pays qui est situé du côté du nord » (Alma
63:7) [6]. « On n’entendit plus jamais parler » de ce troisième navire et
un autre navire encore, qui appareilla la même année, subit le même sort.
Nous lisons aussi que la 38e année « il y eut beaucoup de gens qui
allèrent dans le pays situé du côté du nord » en plus des groupes
mentionnés précédemment (Alma 63:8–9). Ce que cela veut dire, c’est
qu’Alma 63 décrit une ère de déplacement et d’émigration vers le nord à un
moment donné de la moitié du premier siècle avant Jésus-Christ, en dehors
du théâtre principal des événements néphites et donc en dehors de la
portée de l’histoire néphite. Ma thèse est que ces émigrants néphites ont
poursuivi l’expansion vers le nord au cours des siècles, souvent en raison
de la pression lamanite venant du sud. Au cours de cette expansion, les
Néphites et les Lamanites ont fondé des implantations, ou des colonies, ou
des avant-postes, appelez-les comme vous voulez. Je crois que tout ce que
Joseph Smith ou ses contemporains ont dit concernant les Néphites ou les
Lamanites en Amérique du Nord peut être expliqué par l’Hypothèse de
l’Arrière-pays.
Pour être clair, je ne plaide pas pour un retour à
un modèle « hémisphérique » de la géographie du Livre de Mormon. Les
modèles hémisphériques prennent des villes bien déterminées et nommées
dans le Livre de Mormon et les dispersent à tout vent dans toute
l’Amérique du Nord et du Sud. Je suis un partisan convaincu d’une
géographie plus limitée et je crois que tous les indices dont nous
disposons situent carrément le récit de base du Livre de Mormon en
Mésoamérique. Maintenant, pour ce qui est de savoir quelle géographie
mésoaméricaine précise est correcte — le modèle Grijalva ou le modèle
Usumacinta — franchement, cela m’est égal. L’ensemble des éléments dont
nous disposons a toujours été en faveur et sera toujours en faveur d’un
cadre mésoaméricain, à tel point que le seul fait de l’évoquer ici me fait
l’effet d’enfoncer une porte ouverte. Ce que je veux dire, c’est qu’il y
avait probablement d’innombrables implantations néphites et lamanites
réparties sur tout le continent, y compris le territoire actuel des
États-Unis, dont l’histoire n’est pas contenue dans le Livre de Mormon.
Elles sont tout bonnement externes au texte. Elles n’en sont pas moins
néphites ou lamanites pour autant ; cela signifie simplement que leur
histoire n’est pas rapportée dans ce livre.
Les prophètes de Jacob
à Moroni ont émis le regret de ne pas pouvoir inclure ne serait-ce que la
centième partie de leurs activités, ce qui signifie que nous devons
travailler avec moins d’un pour cent de l’histoire néphite [7]. Les
auteurs néphites ne peuvent, de leur propre aveu, donner qu’un abrégé des
événements qui se sont produits dans leur zone centrale ou, au mieux, dans
leur sphère d’interaction assez limitée. Quant à ceux qui sont allés vers
le nord au milieu du premier siècle avant Jésus-Christ, ils ont fait
partie des 99 % des événements qui n’ont pas fait « la une » : loin des
yeux, loin du cœur.
Je crois que nous nous rendons un mauvais
service quand nous jouons au tout ou rien quand il s’agit de questions de
géographie dans le Livre de Mormon. Et j’ai bien peur que nous jouions
souvent au jeu dangereux de «l’Autorité générale a dit ». « Ah oui ? Eh
bien, figurez-vous que la président Untel a dit cela ! » Et nous voilà
partis à opposer les paroles d’un des premiers saints à celles d’un autre,
lancés dans une poursuite sur l’échiquier en essayant de nous bloquer
mutuellement sans jamais être vraiment capables de mettre l’autre échec et
mat.
Pour les saints du temps de Joseph, tout indice, quel qu’il
ait été, d’où qu’il provienne sur le continent était considéré comme
preuve du Livre de Mormon. Dans un seul paragraphe d’un éditorial du
numéro du 15 juillet 1842 du Times and Seasons, le rédacteur se réjouit à
la fois des indices nord-américains glanés dans American Antiquities de
Josiah Priest et des indices mésoaméricains mis en avant par John Lloyd
Stephens et Frederick Catherwood dans Incidents of Travel in Central
America, Chiapas, and Yucatan. Après avoir cité longuement Josiah Priest,
l’éditorial dit :
« Si les hommes, dans leurs recherches sur
l’histoire de ce pays, en remarquant les tumulus, les fortifications, les
statues, l’architecture, le matériel de guerre, l’élevage et les ornements
en argent, en airain, etc. — devaient examiner le Livre de Mormon, leurs
conjectures disparaîtraient et leurs opinions seraient modifiées ;
l’incertitude et le doute seraient changés en certitude et en faits et ils
constateraient que ces choses qui les intriguent tant sont des faits
historiques révélés dans ce livre. Ils verraient que leurs conjectures
étaient plus que réalisées — qu’un peuple grand et puissant avait habité
ce continent — que les arts, les sciences et la religion avaient régné
dans une très grande mesure et qu’il y avait des villes aussi grandes et
aussi puissantes sur ce continent que sur le continent asiatique. Ni
Babylone, ni Ninive, ni aucune des ruines du Levant n’aurait pu se targuer
d’avoir des sculptures plus parfaites, des conceptions architecturales
meilleures et des ruines plus impérissables que ce que l’on trouve sur ce
continent. Les recherches de Stephens et de Catherwood en Amérique
Centrale en témoignent abondamment. Les ruines impressionnantes, les
sculptures élégantes et la magnificence des ruines du Guatamala [sic] et
d’autres villes, corroborent cette affirmation et montrent qu’un peuple
grand et puissant — des hommes d’un grand esprit, d’une claire
intelligence, d’un génie brillant et ayant une vision de grande ampleur
ont habité ce continent. Leurs ruines parlent de leur grandeur ; le Livre
de Mormen [sic] expose leur histoire. — ED » [italiques ajoutés]
Cet éditorial montre clairement que les premiers saints acceptaient tous
les éléments de preuve pour le Livre de Mormon, quand bien même cela
viendrait de l’autre bout du continent. Alors, comment pouvons-nous
avancer que le théâtre principal de l’action du Livre de Mormon est en
Mésoamérique et reléguer l’Amérique du Nord à la périphérie ? Jetons un
coup d’œil sur les citations de Joseph Smith qui sont généralement
utilisées par les tenants de la théorie de l’Amérique du Nord comme
théâtre principal et voyons si elles peuvent être casées dans l’Hypothèse
de l’Arrière-pays.
Commençons par Zelph. La version de l’histoire
de Zelph utilisée par les tenants de l’Amérique du Nord utilise la History
of the Church comme source, ce qui pose un problème parce que cet ouvrage
n’est que l’assemblage d’un certain nombre de récits divers [8]. Il existe
six sources primaires écrites par des hommes qui étaient présents et
aucune n’est de Joseph lui-même. Pour ceux qui ne connaissent pas
l’histoire, la voici en gros : pendant qu’ils participaient à la marche du
Camp de Sion en juin 1834, certains hommes creusèrent dans un grand
tumulus et trouvèrent un squelette à une cinquantaine de centimètres sous
la surface. Soit Joseph était là quand cela se passa ou ils l’y amenèrent
plus tard — peut-être même le lendemain — et il proclama que le squelette
était celui d’un guerrier lamanite, un juste, nommé Zelph, qui avait servi
sous les ordres d’un chef ou d’un roi nommé Onandagus, qui était connu de
la mer de l’est jusqu’aux montagnes Rocheuses. Zelph avait été tué au
combat comme en témoignait la pointe de flèche trouvée dans sa cage
thoracique ; mais on ne sait pas au juste qui combattait contre qui. Cela
a pu être Néphite contre Lamanite ou Lamanite contre Lamanite ; les récits
sont contradictoires sur ce détail ainsi que sur beaucoup d’autres. Un
détail important sur lequel la History of the Church se trompe, c’est
quand elle dit que Onandagus était connu de la colline Cumorah jusqu’aux
montagnes Rocheuses. Aucune des sources primaires ne dit que Joseph ait
affirmé une chose pareille [9].
Bien que Joseph lui-même ne
mentionne jamais Zelph dans l’un de ses journaux ou de ses lettres, il a
écrit ou, plus précisément, dicté le lendemain une lettre à Emma. Elle a
été en fait écrite par James Mulholland et ensuite signée par Joseph [10].
Dans la lettre, il mentionne la satisfaction qu’il a ressentie pendant
qu’il marchait « dans les plaines des Néphites, à raconter
occasionnellement l’histoire du Livre de Mormon, errant parmi les tumulus
de ce peuple jadis bien-aimé du Seigneur, à ramasser leurs crânes et leurs
os comme preuve de son authenticité divine » [11]. Pour les tenants de la
théorie du théâtre principal en Amérique du Nord, c’est concluant. Joseph
dit clairement qu’on est en territoire néphite. D’autre part, les tenants
de la Mésoamérique se disent que Joseph ne faisait peut-être que
simplement faire une supposition ou donner son opinion plutôt que déclarer
qu’il avait reçu cette information par la révélation.
Je pense que
l’Hypothèse de l’Arrière-pays peut proposer un cadre mésoaméricain pour le
Livre de Mormon tout en acceptant que les déclarations de Joseph étaient
un fruit de la révélation. Comment cela ? Les personnes et les détails
géographiques qui sont nommés dans ces récits sont introuvables dans le
texte du Livre de Mormon. Ils sont externes à son histoire. Il n’y a aucun
Zelph, aucun Onandagus qui soit nommé dans le Livre de Mormon. Comme
l’apôtre Widtsoe l’a suggéré : « Zelph datait probablement d’une période
postérieure quand les Néphites et les Lamanites avaient été quelque peu
dispersés et s’étaient répandus dans le pays [12]. »
De même, les
« plaines des Néphites » ne sont jamais mentionnées dans le Livre de
Mormon. Certes, il y a des « plaines » mentionnées entre les villes
d’Abondance et de Mulek dans Alma 52:20 et il est question des « plaines
de Néphihah » dans Alma 62:18, mais le terme général de « plaines des
Néphites » est absent du Livre de Mormon. Parce qu’il y a plusieurs
plaines qui sont attestées dans le texte, l’expression générale « plaines
des Néphites » est trop vague pour être d’une quelconque utilité pour une
localisation précise. Même parmi les Jarédites, il est question des «
plaines de Heshlon » (Éther 13:28) et des « plaines d’Agosh » (Éther
14:15), mais, et c’est significatif, jamais seulement « les plaines des
Jarédites ». Les mentions de plaines dans le texte du Livre de Mormon se
rattachent toujours à une ville ben déterminée. Ce n’est pas le cas de
celles de la lettre de Joseph à Emma.
L’autel à
Adam-ondi-Ahman
Quelques années après l’incident de Zelph,
Joseph a mené un certain nombre d’expéditions jusqu’au Comté de Daviess,
au Missouri, pour examiner les emplacements possibles où installer les
Saints [13]. Le 19 mai 1838, George W. Robinson, qui remplissait à
l’époque les fonctions de greffier général de l’Église et de secrétaire de
la Première Présidence, notait dans le Scriptory Book :
« Le
lendemain matin, nous avons démonté nos tentes et traversé la Grand River
à l’embouchure du Honey Creek à un endroit appelé Nelsons Ferry...
Ensuite, nous avons remonté la rivière la plupart du temps dans les bois
sur une quinzaine de kilomètres jusqu’à ce que nous arrivions chez le
Colonel Lyman Wight, qui vit au pied de Tower Hill, un nom décerné par le
Président Smith du fait de la présence de restes d’un vieil autel et tour
néphitique où nous avons campé pendant le sabbat [14]. »
Le récit
donné dans la History of the Church appelle cela par erreur un autel «
néphite ». Le document source cité ici précise que Joseph Smith ne
l’appelle pas un autel « néphite » mais plutôt un autel « néphitique ».
Quelle est la différence ? Ici nous ne pouvons que faire une supposition.
Même si l’on trouve deux fois le terme « lamanitique » dans le Livre de
Mormon (les deux fois en parlant de serviteurs royaux parmi les Lamanites)
[15] le terme « néphitique » n’apparaît jamais. En fait, autant que je
sache, cet autel est la seule chose jamais décrite comme étant «
néphitique ». En ce qui concerne la description que Joseph fait de
l’autel, certains ont suggéré que le prophète était simplement en train de
faire une supposition plutôt que d’imputer son origine à la révélation,
s’appuyant sur la propre déclaration de Joseph qu’ « un prophète n’est
prophète que lorsqu’il agit comme tel » [16]. Mais, et s’il agissait «
comme tel » en l’occurrence ? Et si c’était une révélation ? Cela
exige-t-il que Tower Hill, au Missouri, soit l’emplacement d’une ville
connue du Livre de Mormon ? Non, pas du tout. Joseph ne relie l’autel à
aucune ville néphite nommée [17] ; il la généralise simplement comme étant
néphitique. Selon mon hypothèse, cet autel néphitique aurait été construit
par les émigrants néphites d’Alma 63 — ou, plus probablement, par leurs
descendants de plusieurs générations plus tard. La déclaration de Joseph
peut donc être considérée comme étant le fruit d’une révélation sans
exclure un cadre mésoaméricain pour le Livre de Mormon ou exiger un cadre
nord-américain.
Cumorah
Tournons maintenant
notre attention vers la question de Cumorah. S’il y a un site bien précis
du Livre de Mormon que l’on connaît avec certitude, c’est bien la colline
de Cumorah, pas vrai ? Nous savons que Moroni a enterré jadis les plaques
à Cumorah et que Joseph Smith les y a déterrées. Mais est-ce bien le cas ?
Pour être clair, Moroni n’a jamais dit qu’il a enterré les plaques dans la
colline de Cumorah et il n’y a aucun document de première main qui dit que
Joseph Smith ait jamais appelé Cumorah la colline située dans l’état de
New York. En fait, une lecture attentive de Mormon 6:6 montre que toutes
les annales néphites ont été enterrées à Cumorah sauf l’abrégé qui allait
devenir le Livre de Mormon. Mormon explique : « Et il arriva que
lorsque nous eûmes rassemblé tout notre peuple en un seul au pays de
Cumorah, voici, moi, Mormon, je commençai à être vieux; et sachant que ce
serait la dernière lutte de mon peuple, et ayant reçu du Seigneur le
commandement de ne pas laisser les annales, qui avaient été transmises par
nos pères, qui étaient sacrées, tomber entre les mains des Lamanites (car
les Lamanites les détruiraient), je fis alors ces annales-ci à partir des
plaques de Néphi et cachai dans la colline de Cumorah toutes les annales
qui m’avaient été confiées par la main du Seigneur, sauf ces quelques
plaques que je donnai à mon fils Moroni. »
Quelques années plus
tôt, quand les Néphites étaient repoussés vers le nord vers Cumorah dans
leurs batailles sans fin avec les Lamanites, Moroni nous apprend : « Et
alors, moi, Mormon, voyant que les Lamanites étaient sur le point de
détruire le pays, j’allai à la colline de Shim et pris toutes les annales
qu’Ammaron avait cachées pour le Seigneur » (Mormon 4:23). En fait,
c’était contraire aux instructions d’Ammaron. Quand Mormon avait tout
juste dix ans, Ammaron lui avait dit :
« Je voudrais qu’aux
environs de ta vingt-quatrième année, tu te souviennes des choses que tu
as observées concernant ce peuple; et lorsque tu auras cet âge-là, va au
pays d’Antum, à une colline qui sera appelée Shim; et là j’ai déposé pour
le Seigneur toutes les inscriptions sacrées concernant ce peuple. Et
voici, tu prendras les plaques de Néphi pour toi, et les autres, tu les
laisseras dans le lieu où elles sont; et tu graveras sur les plaques de
Néphi toutes les choses que tu as observées concernant ce peuple » (Mormon
1:3-4)
Pourquoi Mormon a-t-il décidé de prendre toutes les annales
plutôt que simplement les plaques de Néphi, comme cela lui avait été
commandé ? C’est parce que le pays était envahi par les Lamanites et que,
les plaques étant déposées dans la colline de Shim, il craignait qu’elles
ne tombent dans les mains des Lamanites et ne soient détruites.
Dans Mormon 8, Moroni déplore la destruction de son peuple à Cumorah et ne
parle que vaguement de son plan de « cacher les annales dans la terre »
(v. 4), un commentaire qu’il fait plus de vingt ans avant de les enterrer
réellement. Dans Moroni 1, écrit plusieurs années plus tard, il affirme :
« J’erre partout où je peux pour la sécurité de ma vie » (v. 3). En
d’autres termes, il est depuis longtemps loin de Cumorah. Il fait aussi la
remarque intéressante que les Lamanites continuent de mettre à mort les
Néphites qui ne renient pas le Christ, en précisant que tous les Néphites
n’ont pas été détruits lors de la bataille « finale ». Comme l’explique
Hugh Nibley, « détruire, c’est ruiner la structure, pas annihiler les
parties [18]. » Par analogie, les Juifs ont été "détruits de génération en
génération » (2 Néphi 25:9), ce qui ne serait pas logique si détruire
signifiait annihiler totalement.
Où étaient donc ces Néphites
restants que les Lamanites mettaient à mort ? Ils devaient se trouver au
nord de Cumorah, car nous lisons dans Mormon 8:2 « qu’après la grande et
terrible bataille de Cumorah, voici, les Néphites qui s’étaient échappés
dans la région située du côté du sud furent traqués par les Lamanites,
jusqu’à ce qu’ils fussent tous détruits » (je souligne). Cela veut dire
que les seuls Néphites qui restaient étaient ceux qui étaient dans les
colonies vers le nord dans l’arrière-pays qui avaient été créées par les
émigrants plusieurs siècles plus tôt.
La nouvelle Jérusalem
/ « Ce pays »
Le Seigneur a révélé, par l’intermédiaire de
Joseph Smith, le prophète, que la nouvelle Jérusalem sera construite dans
le comté de Jackson, Missouri (D & A 84:1-4) et le Livre de Mormon dit
explicitement qu’elle doit être édifiée dans « ce pays » (3 Néphi 20:22 ;
Éther 13:4-6). Les partisans de la théorie de l’Amérique du Nord
comprennent ceci comme voulant dire que le théâtre principal des
événements du Livre de Mormon devait se trouver en Amérique du Nord. Or,
Matthew Roper a compilé littéralement des dizaines de déclarations de
Joseph Smith et de ses contemporains qui montrent de manière tout à fait
claire que les expressions « ce pays » et « ce continent » sont utilisées
pour désigner tout le continent américain [19]. La citation déjà traitée
du numéro du 15 juillet 1842 du Times and Seasons parle de « ce comté » et
de « ce continent », en avançant tant les preuves mésoaméricaines que
nord-américaines. Mais qu’en est-il des « prophéties » et des « promesses
» concernant la puissante nation gentile ? Cela ne peut assurément
désigner que les États-Unis d’Amérique ? Les déclarations des
contemporains de Joseph Smith montrent clairement qu’ils croyaient que la
totalité de l’Amérique était la terre promise. Par exemple, Brigham Young
enseignait en août 1852 : « Le pays de Joseph est le pays de Sion ; et il
faut l’Amérique du Nord et du Sud pour faire le pays de Joseph [20]. »
George J. Adams, un croyant fervent au Livre de Mormon, écrivait en 1844 :
« Nous en venons maintenant à poser la question de savoir où la
postérité de Joseph est allée ? Si elle s’était installée dans une partie
quelconque de ce qu’on appelle techniquement le vieux monde, l’histoire ne
nous en aurait-elle pas informés ? Il n’y a pas d’autre endroit que
l’Amérique du Nord et du Sud où elle aurait pu aller, si l’ancien monde ne
nous en apporte aucune trace. Le Continent de l’Amérique est le seul
endroit où les prophéties concernant Joseph et sa postérité ont pu être
accomplies [21].
Dans un autre exemple encore, nous avons un débat
écrit entre deux missionnaires appelés Wharton et Appleby et un critique
nommé Amos Wickersham en 1843. Frère Appleby déclare : « [Wickersham] dit
: ‘il y avait des ruines qui existaient en Amérique Centrale’, (les
terres, dit-il, appartenaient à Éphraïm, etc. mais je soutiens que c’est
l’Amérique du Nord et du Sud qui constitue la terre promise pour les
branches de Joseph) [22]. »
Les premiers saints comprenaient que
c’était le continent tout entier de l’Amérique du Nord et du Sud et pas
seulement les États-Unis qui était la terre promise. L’affirmation que
seuls les États-Unis sont la terre promise est en fait une idée assez
moderne. Je crains que nous souffrions souvent de présentisme,
c’est-à-dire que nous nous en tenons inconsidérément à notre façon
actuelle de voir les choses et en particulier notre tendance à interpréter
les événements passés avec nos yeux et nos conceptions d’hommes modernes.
Les États-Unis d’aujourd’hui ne sont pas ce qu’ils étaient du temps de
Joseph Smith. Lorsque le Livre de Mormon a paru en 1830, il n’y avait que
vingt-quatre états. Est-ce que cela signifie que les vingt-six états
ajoutés depuis débordent du cadre des prophéties et des promesses ?
Notamment, lorsque les saints, en 1846, se sont dirigés vers l’ouest vers
la vallée du grand lac Salé, celle-ci et tout le territoire au sud de
l’Oregon et à l’ouest de la ligne continentale de partage des eaux jusqu’à
la côte du Pacifique faisaient encore partie du Mexique ; le temps qu’ils
arrivent en 1847, la guerre du Mexique avait intégré tout cela dans les
États-Unis. Cependant, le territoire de l’Utah n’est devenu un état qu’en
1896 ; les saints ont-ils été exclus des prophéties et des promesses
pendant près de 50 ans ? Et qui peut dire si les États-Unis ne vont pas
annexer le reste du Mexique ou même le Canada à un moment donné, dans
notre quête pour éradiquer ces reliques jumelles de la barbarie que sont
le football et le hockey sur glace qui détournent nos enfants des sports
divinement inspirés que sont le basket-ball et le baseball ? Plaisanterie
à part, les frontières changent avec le temps, mais pas les promesses de
Dieu. Les prophéties et les promesses faites dans le Livre de Mormon à
ceux qui habitent la terre promise s’étendent à tous ceux qui se repentent
et vont à lui, quel que soit l’endroit où ils habitent.
Des
preuves de l’émigration ? À quel point les émigrants étaient-ils justes ?
Une question à laquelle on ne peut peut-être pas répondre,
mais qu’il faut considérer, c’est ce qui concerne la fidélité des
émigrants qui ont s’en vont dans Alma 63. Les guerres lamanites viennent
tout juste de prendre fin et « à cause de la durée extrêmement longue de
la guerre entre les Néphites et les Lamanites, beaucoup s’étaient endurcis
» (Alma 62:41). Ces gens avaient fini par se lasser de l’interminable
conflit avec les Lamanites et ils cherchaient probablement à mettre de la
distance entre eux et l’ennemi — plus elle serait grande mieux cela
vaudrait. Leur moment était bien choisi ; la paix allait être de courte
durée, quelques années tout au plus. Peu après leur départ, des Néphites
dissidents se joignirent aux Lamanites et une nouvelle grande bataille
s’ensuivit en territoire néphite (Alma 63:14-15).
Pourquoi la
question de leur fidélité a-t-elle de l’importance ? Lorsque nous
cherchons des traces de colonies néphites, nous devons nous demander si
elles avaient pratiqué la religion néphite officielle ou si elles avaient
été entièrement acculturées dans les pratiques et les croyances
amérindiennes [22]. Alma 63 ne dit nulle part si elles ont emporté des
annales ou si elles étaient dirigées par des personnes justes. Je pense
qu’il est plausible, si pas probable, que leur identité mésoaméricaine a
pensé plus lourd que leur affiliation néphite. Soit dit en passant, mon
opinion personnelle est que les Néphites ont vécu parmi l’ensemble de la
population, mais ne se sont pas identifiés à elle, tout comme les saints
des derniers jours de par le monde sont complètement ancrés dans leur
culture tout en conservant l’identité de leur sous-culture comme membres
de l’Église. Par analogie, supposons que nous prenions un groupe de
mormons non pratiquants — des gens qui ont été élevés dans l’Église, mais
que cela n’intéresse pas d’être pratiquants — et que nous les déposions en
plein milieu de la Chine. Seraient-ils perçus comme une colonie américaine
ou comme une colonie de mormons ? S’ils n’apportaient aucune écriture,
aucune littérature de l’Église et étaient complètement coupés du gros des
saints, tout vestige de l’identité mormone serait probablement
complètement perdue en une ou deux générations. Il peut donc en avoir été
ainsi avec ces Néphites qui se sont installés dans le nord. D’autre part,
ils ont pu se retrouver comme ceux des colonies mormones du Mexique, qui
sont restés fidèles, bien que vivant dans l’arrière-pays à quinze cents
kilomètres du gros de l’Église.
Ceci est une digression, mais elle
est pertinente dans cette étude : quand j’étais étudiant de premier cycle
à UCLA, j’ai passé un été dans les Colonies mormones à faire une étude
linguistique anthropologique du bilinguisme dans les Colonies mormones
pour mon mémoire. Je suis toujours surpris par le nombre de membres de
l’Église qui n’ont jamais entendu parler des Colonies. Elles ont fait un
peu parler d’elles au cours de la campagne électorale de 2012, étant donné
que l’héritage de Mitt Romney remonte jusqu’à elles, mais elles restent
encore relativement inconnues. Cela pourrait peut-être nous permettre de
faire une analogie. Si les Colonies mormones du Mexique sont si peu
connues parmi les membres de l’Église moderne qui vivent à l’ère de
l’information, il semble tout à fait plausible — et, je pense, très
probable — que la majorité des Néphites qui ont vécu après le temps du
Christ ne savaient pour ainsi dire rien du sort de ceux qui étaient allés
vers le nord un siècle ou plus auparavant.
Indications
d’une interaction entre la Mésoamérique et l’Amérique du Nord [24]
Avec l’Hypothèse de l’Arrière-pays, la question se pose
naturellement de savoir s’il existe ou non des indications qu’il y a eu
des mouvements entre la Mésoamérique et l’Amérique du Nord. Il y en a eu.
Il y a des indications que l’influence culturelle mésoaméricaine s’est
répandue, principalement vers le nord, déjà bien avant que les Néphites ne
posent le pied dans le Nouveau Monde et que cela a continué pendant toute
la période postclassique, ce qui signifie que la voie était ouverte bien
longtemps avant que l’ère du Livre de Mormon ne débute et a continué à
être utilisée longtemps après que Moroni a caché les annales.
Les
indications d’un mouvement vers le nord montrent qu’il a été progressif,
rayonnant lentement au fil des générations. Quels types d’éléments de
preuve y a-t-il ? Les indices génétiques, linguistiques, botaniques,
idéologiques et archéologiques sont tous là.
Commençons par les
indices génétiques. En 2003, on a fait une étude comparant l’ADN des
indiens Hopewell d’Ohio avec celui de cinquante populations autochtones
d’Amérique du Nord et d’Amérique Centrale, étude qui a mis en évidence des
marqueurs provenant d’Amérique Centrale et même d’Amérique du Sud [25].
Cela démontre, bien entendu, que l’interaction entre les deux régions
comportait plus que de simples échanges de marchandises et d’idées. Pour
que les marqueurs génétiques soient si répandus, il fallait qu’il y ait un
nombre important de procréations, plus que ce qui aurait pu découler du
passage occasionnel du marchand mésoaméricain en ville.
Les données
linguistiques compilées par Brian Stubbs montrent que les langues
uto-aztèques se sont propagées du Mexique jusqu’en Amérique du Nord,
essentiellement dans le Sud-Ouest américain [26]. Comme mentionné
précédemment, l’influence en direction du nord a souvent été progressive,
ce qui signifie que nous voyons clairement l’influence venue du centre du
Mexique remonter vers le nord du Mexique et puis celle du nord du Mexique
passer dans le Sud-Ouest américain, puis se répandre du Sud-Ouest
américain vers le nord, et ainsi de suite. Il y a un filtrage ou une
dilution des traits culturels, mais ils sont néanmoins traçables. Par
exemple, Robert L. Hall, un savant non mormon, a récemment publié dans The
Oxford Handbook of North American Archaeology — une source très fiable —
que selu, le mot cherokee désignant le maïs, est probablement apparenté à
la racine nahuatl désignant le maïs, xilo - [27].
Pour ce qui est
des indices botaniques, un exemple bref mais qui en dit long suffira. La
principale denrée alimentaire des Mésoaméricains était le maïs. Comme le
notent en 2009 les chercheurs non mormons Bruce Smith et Richard Yarnell
dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le maïs
domestiqué de Mésoamérique avait déjà atteint l’Amérique du Nord dès 200
av. J.-C. environ [28].
D’un point de vue idéologique et culturel,
il y a un certain nombre de points communs fascinants que Robert L. Hall
souligne dans son chapitre du Oxford Handbook intitulé « Quelques points
communs reliant l’Amérique du Nord et la Mésoamérique » [29]. Il relève
l’importance du bain de sueur, qui est diversement associé à la naissance,
au renouveau et à la purification spirituelle et que l’on trouve depuis le
sud du Guatemala jusque de l’autre côté de l’Amérique du Nord, depuis
l’Alaska jusqu’à Terre-Neuve. Un autre point commun culturel est
l’importance des sports de compétition, et plus précisément du jeu de
balle. Bien que le jeu proprement dit ait varié d’une culture à l’autre,
elles avaient en commun la notion générale de sport d’équipe joué avec une
balle. Il y a aussi de nombreux points communs dans le domaine de leurs
rites de deuil et de leurs rituels de sacrifice. Par exemple, un rite
particulier chez les Aztèques et les tribus des grandes plaines voulait
que les guerriers soient attachés à une pierre ou à une perche et
combattent des ennemis en n’utilisant qu’une palette de bois. Le guerrier
entravé n’avait aucune chance de gagner : c’était un rite sacrificiel. Un
autre rituel sacrificiel en commun, c’était le sacrifice d’échafaudage
dans laquelle la victime était attachée debout, les bras et les jambes
écartés, et on la tuait ensuite à coups de flèches.
Il faudra se
contenter de ces quelques exemples. Quelque chose que ceux qui ne sont pas
archéologues ne peuvent pas comprendre, c’est qu’il y a désespérément peu
de communication entre les mésoaméricanistes et les archéologues
nord-américains. Dans un article de 2008 dans American Antiquitiy, une des
revues de haut niveau dans notre domaine, les auteurs déplorent : « Les
archéologues dans le sud-est des États-Unis et au Mexique communiquent
rarement entre eux. On tente rarement de faire des comparaisons de base
sur des données de sites de colonisation, de subsistance ou d’autres
systèmes culturels d’une région à l’autre, même autour du Golfe où ce
devrait être facile [30]. » Le fait est qu’il y a beaucoup de choses que
nous ne connaissons toujours pas.
En conclusion, j’aimerais
réaffirmer que j’espère avec cet article pouvoir concilier les
déclarations faites par le Prophète Joseph Smith concernant les Néphites
et les Lamanites avec ce que les meilleurs indices archéologiques nous
disent des lieux probables où se situe le Livre de Mormon. J’ai tenté de
démontrer que l’Hypothèse de l’Arrière-pays peut expliquer les
déclarations inspirées de Joseph tout en gardant le récit de base du Livre
de Mormon en Mésoamérique. Les indices fournis par le Livre de Mormon et
par l’archéologie scientifique montre le mouvement des idées et des
peuples depuis la Mésoamérique vers l’Amérique du Nord. Mais, je le
répète, l’Église n’a aucune position officielle sur ces questions. Nous,
les membres de l’Église, nous devrions discuter avec courtoisie lorsque
nous traitons de ces questions. Nous ne devons pas laisser les questions
de savoir où se situe le Livre de Mormon dominer le message réel du livre
: que Jésus est le Christ et que les prophéties et les promesses sont
offertes à tous ceux qui vont à lui.
Notes
[1] Voir, par exemple, John L. Sorenson, “Mesoamericans in
Pre-Columbian North America,” dans Reexploring the Book of Mormon, dir. de
publ. John W. Welch, Salt Lake City, Deseret Book Company et FARMS, 1992,
p. 218–220; Tyler Livingston, The Book of Mormon and Mesoamerican Travels
“Northward,” tiré du site du forum archéologique du Livre de Mormon,
http://www.bmaf.org/articles/mesoamerican_travels_northward__livingston
(visité le 25 août 2014). [2] Susan Toby Evans et David L. Webster,
dir. de publ., Archaeology of Ancient Mexico and Central America: An
Encyclopedia, 1e éd., Londres, Routledge, 2013, p. 368. [3] Richard L.
Jensen, “Colonization”, dans Encyclopedia of Mormonism: The History,
Doctrine, and Procedure of The Church of Jesus Christ of Latter-day
Saints, dir. de publ. Daniel H. Ludlow, 4 vols., New York, Macmillan,
1992, 1:290–294. [4] Pour que tout soit bien clair, il convient de
remarquer que John E. Page fut excommunié le 26 juin 1846 pour apostasie
pour avoir soutenu James Strang comme successeur légitime de Joseph Smith.
Son excommunication n’avait absolument rien à voir avec ses idées
concernant la géographie du Livre de Mormon. [5] John E. Page,
“Collateral Testimony of the Truth and Divinity of the Book of Mormon. —
No. 3,” The Gospel Herald, 3/90 (14 September 1848), p. 123. [6] Bien
que cela soit courant dans un folklore mormon remontant à la mission de
George Q. Cannon à Hawaï (1851–1854), rien ne confirme la croyance que
Hagoth lui-même ou les bateaux qu’il a envoyés auraient abouti en
Polynésie. [7] Voir Jacob 3:13; Hélaman 3:14; 3 Néphi 5:8; 3 Néphi
26:6; Éther 15:33. [8] Kenneth W. Godfrey, “What Is the Significance of
Zelph in the Study of Book of Mormon Geography?” Journal of Book of Mormon
Studies 8/2 (1999), p. 74–75. [9] Godfrey, “What Is the Significance of
Zelph?” p. 70–79. Le seul récit qui parle de la célébrité d’Onandagus date
de 1893, près de soixante ans après l’événement et ne peut donc pas être
considéré comme une source primaire. [10] Voir “Source Note” pour
Joseph Smith à Emma Smith, 4 juin 1834, sur le site The Joseph Smith
Papers, sur
http://josephsmithpapers.org/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834?p=#!/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834&p=1
(visité le 25 aoûtr 2014). [11] Joseph Smith à Emma Smith, 4 juin 1834,
sur le site The Joseph Smith Papers, en commençant à
http://josephsmithpapers.org/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834?p=#!/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834&p=2
(visité le 25 août 2014). [12] John A. Widtsoe, “Evidences and
Reconciliations: Is Book of Mormon Geography Known?” Improvement Era 7/53,
juillet 1950, p. 547. [13] Alexander L. Baugh, “Joseph Smith in
Northern Missouri, 1838,” dans Joseph Smith, the Prophet and Seer, dir. de
publ. Richard Neitzel Holzapfel et Kent P. Jackson, Provo, UT, Religious
Studies Center, Brigham Young University; Salt Lake City: Deseret Book,
2010, p. 303–307. [14] George W. Robinson, note dans son journal à la
date du 18 mai 1838, transcript en ligne sur le site The Joseph Smith
Papers,
http://josephsmithpapers.org/paperSummary/journal-march-september-1838?p=29
(visité le 5 septembre 2014). [15 Voir Alma 17:26; Alma 19:16 dans
l’original anglais. Cette forme spéciale n’a pas été reprise dans la
version française (NdT) [16] History of the Church, 5:265. [17] Les
seuls autels qui soient jamais mentionnés de manière explicite parmi les
Néphites sont dans la ville de Sidom en rapport avec leurs sanctuaires
(Alma 15:17). [18] Hugh W. Nibley, Lehi in the Desert; The World of the
Jaredites; There Were Jaredites, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS,
1988, p. 239. [19] Matthew Roper, “Joseph Smith and the Question of
Book of Mormon Geography” (exposé, conférence annuelle de FAIR, 5 août
2010); transcrit en ligne sur
http://www.fairmormon.org/wp-content/uploads/2011/11/2010-Matthew-Roper.pdf
(visité le 5 septembre 2014). [20] Brigham Young, dans Journal of
Discourses, 6:296 (15 août 1852). [21] G. J. Adams, A Lecture on the
Authenticity & Scriptural Character of the Book of Mormon, Boston, J. E.
Farwell, 1844, p. 17. [22] W. I. Appleby, Mormonism Consistent! Truth
Vindicated, and Falsehood Exposed and Refuted: Being a Reply to A. H.
Wickersham, Wilmington, DE, Porter & Nafe, 1843, p. 17. [23] Voir Mark
Alan Wright et Brant A. Gardner, “The Cultural Context of Nephite
Apostasy,” Interpreter: A Journal of Mormon Scripture, 1 (2012), p. 25–55;
en ligne sur
http://www.mormoninterpreter.com/the-cultural-context-of-nephite-apostasy/
(visité le 5 septembre 2014). [24] Cette partie emprunte fortement à
Livingston, “The Book of Mormon and Mesoamerican Travels ‘Northward,’”
cité dans la n. 1. On trouvera dans l’article un traitement plus complet
de toutes les pistes de preuve et les sources à l’appui qui ne sont
qu’effleurées ici. [25] Lisa A. Mills, “Mitochondrial DNA Analysis of
the Ohio Hopewell of the Hopewell Mound Group”, these de doctorat, Ohio
State University, 2003, p. 90–91. [26] Brian Stubbs. 2004. “A Few
Hundred Hints of Egyptian and Two Dialects of Hebrew (or Northwest
Semitic) in Uto-Aztecan.” Manuscrit non publié de 142 pages en la
possession de l’auteur. [27] Robert L. Hall, “Some Commonalities
Linking North America and Mesoamerica,” dans The Oxford Handbook of North
American Archaeology, dir. de publ. Timothy R. Pauketat, New York, Oxford
University Press, 2012, p. 61. [28] Bruce D. Smith et Richard A.
Yarnell, “Initial Formation of an Indigenous Crop Complex in Eastern North
America at 3800 BP,” Proceedings of the National Academy of Sciences
106/16 (2009), p. 6561. [29] Hall, “Some Commonalities,” p. 52–63.
[30] Nancy Marie White et Richard A. Weinstein, “The Mexican Connection
and the Far West of the U.S. Southeast,” American Antiquity 73/2 (2008),
p. 230.
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