ERREURS DE COMPREHENSION DU LIVRE DE MORMON
par John A. Tvedtnes
© Meridian, 27 février 2008

Les idées fausses concernant le texte du Livre de Mormon abondent, aussi bien chez les saints des derniers jours que chez les autres.

Hagoth

J’ai constaté que la plupart des saints des derniers jours croient que Hagoth, « homme extrêmement habile » a navigué jusqu’au « pays qui était situé du côté du nord » et plus tard jusqu’en Polynésie (habituellement considérée comme étant Hawaï) dans des bateaux qu'il avait construits, mais le Livre de Mormon n’autorise pas cette idée. Il suffit de lire soigneusement Alma 63:5-78 pour se rendre compte que, s’il est vrai que Hagoth a construit des bateaux, il n’est dit nulle part qu'il les a commandés. Ce n’est donc pas parce qu’il s’intéressait à d’autres pays qu’il a construit des bateaux, mais parce qu'il était habile dans ce qu'il faisait.

Compas

Un des objets bien travaillés mentionnés dans le Livre de Mormon est la »boule ronde d'une exécution habile » qui a guidé le groupe de Léhi pendant son voyage (1 Néphi 16:10). Dans Alma 37:38, elle est appelée »boule, ou directeur... Liahona, ce qui est, par interprétation, un compas ». Certains détracteurs ont objecté que le »compas » que possédait le groupe de Léhi est une impossibilité, puisque le compas magnétique n'a existé que longtemps après cette époque.
Notre compas magnétique tire son nom du fait qu'il mesure l'horizon circulaire et les 360 degrés qu'il comporte, d’où l’idée de rondeur. De même, le compas que les dessinateurs et les menuisiers utilisent pour tracer des cercles (cf. Ésaïe 44:13) se rattache au même principe. Donc quand Néphi appelle le Liahona »compas » (1 Néphi 18:12, 21 ; 2 Néphi 5:12), c’est sa forme ronde qu’il décrit, pas des caractéristiques magnétiques. Aucune des deux »aiguilles » à l'intérieur de la boule n’indiquait le nord ; l’une montrait la direction que le groupe devait prendre, tandis que sur l'autre apparaissaient des directives écrites par le Seigneur ; les deux fonctionnaient selon la foi du groupe (1 Néphi 16:10, 26-30 ; Alma 37:38-44).

Écrits

Pour une raison quelconque, les lecteurs du Livre de Mormon ont l'impression que les Néphites devaient écrire tous leurs documents sur des plaques métalliques. On sait, bien entendu, maintenant que ces documents métalliques étaient largement répandus dans l'Antiquité, mais on n’y écrivait que les choses les plus importantes [1].
Mormon écrit : »Il y a beaucoup de livres et beaucoup d'annales de toute espèce, et ils ont été tenus principalement par les Néphites », mais il note également que son abrégé contient moins du centième de ce qui a été écrit (Hélaman 3:13-15). Les seuls documents en métal mentionnés dans le Livre de Mormon sont les plaques d'airain de Laban, les deux jeux de plaques faits par Néphi, premier du nom, les 24 plaques d'or d'Éther et l'abrégé des grandes plaques de Néphi que Mormon a fait et dont Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon. La plupart des documents néphites ont été probablement écrits sur des supports périssables, comme ailleurs dans le monde. Nous ne devons donc pas compter trouver des documents métalliques partout en Amérique [2].
Une des idées fausses les plus courantes au sujet du Livre de Mormon est basée sur 3 Néphi 23:7-13. Beaucoup de lecteurs déduisent de ce passage que Néphi a oublié d'enregistrer la prophétie de Samuel disant que beaucoup de saints se lèveraient et apparaîtraient à d'autres après la résurrection du Christ.
Quand on lit attentivement le texte on voit que ce n'est pas la prophétie de Samuel (Hélaman 14:25) qui n'avait pas été enregistrée, mais son accomplissement. Notez la formulation de 3 Néphi 23:11 : »Et Jésus leur dit: Comment se fait-il que vous n'ayez pas écrit cela, que beaucoup de saints sont ressuscités, et sont apparus à un grand nombre, et les ont servis ? » Rien ne dit ici que la prophétie elle-même n'avait pas été enregistrée, seulement son accomplissement. Néphi va donc ajouter le récit de son accomplissement (3 Néphi 23:12).
Pour ce qui est de la raison pour laquelle on l'avait omis, je pense que c'est à cause de la confusion du moment causée par la vaste destruction qui avait eu lieu au moment de la crucifixion, couplée aux trois jours de ténèbres qui ont précédé la résurrection.

Des esprits différents

Un des passages les plus souvent cités et pourtant mal compris du Livre de Mormon se trouve dans Alma 34:32-34, où Amulek dit à son auditoire que »cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu; oui, voici, le jour de cette vie est le jour où les hommes doivent accomplir leurs œuvres… je vous supplie donc de ne pas différer le jour de votre repentir jusqu'à la fin; car après ce jour de vie, qui nous est donné pour nous préparer pour l'éternité, voici, si nous ne faisons pas meilleur usage de notre temps pendant que nous sommes dans cette vie, alors vient la nuit de ténèbres où aucun travail ne peut être accompli. Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse: Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel. »
Certains lecteurs croient que le »même esprit » désigne l’esprit même d'une personne, mais quand on lit attentivement le verset suivant, on voit ce qu' Amulek a vraiment voulu dire. Parlant à ces gens qui avaient déjà été membres de l'Église, il dit :
»Car voici, si vous avez différé le jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle comme siens; c'est pourquoi, l'Esprit du Seigneur s'est retiré de vous et n'a pas de place en vous, et le diable a tout pouvoir sur vous; et c'est là l'état final des méchants » (Alma 34:35)
Il est clair que le »même esprit » qui possède la personne mauvaise et continuera à la posséder dans l'au-delà est le diable, pas l'esprit de l'individu. Ceux qui font la volonté du diable et refusent de se repentir tomberont sous son pouvoir dans ce monde et dans le monde à venir [3]. Le roi Benjamin avait déjà fait la même réflexion à ce sujet pendant son sermon au temple (Mosiah 2:36-39).

Blessures au combat

Les saints des derniers jours, aussi bien que les détracteurs, ont mal interprété Alma 57:25 comme voulant dire que les 2.060 guerriers adolescents de Hélaman avaient tous »reçu de nombreuses blessures », mais »il n'y eut pas une seule âme d’entre eux qui périt ». Les détracteurs font observer qu’il est impossible que sur plus de deux mille blessés aucun ne soit mort, tandis que les croyants font valoir que c'était, après tout, un événement miraculeux.
Or quand on lit bien le verset on constate que ce n’est que 200 sur les 2.060 qui avaient été blessés et s’étaient évanouis et que c’étaient ces 200 qui avaient les »nombreuses blessures », mais aucun d’eux ne périt. »Et il arriva qu'il y en eut deux cents, sur mes deux mille soixante, qui s'étaient évanouis à cause de la perte de sang; néanmoins, selon la bonté de Dieu, et à notre grand étonnement, et aussi à la joie de toute notre armée, il n'y eut pas une seule âme d'entre eux qui périt; oui, il n'y eut pas non plus une seule âme parmi eux qui n'eût pas reçu de nombreuses blessures. » (Alma 57:25).
Une situation semblable est décrite dans Alma 49:23-24, où nous lisons qu'aucun Néphite ne meurt au combat, bien que cinquante aient été blessés et que »beaucoup [de ces blessures] étaient très graves. »

Armes et armures

En plus de la protection divine, les Néphites étaient protégés par leur armure. Le terme »armure » évoque, pour l’esprit moderne, une protection métallique, mais ce n'est pas comme cela que l'armure des Néphites (et plus tard des Lamanites) est décrite. Dans Alma 43:19-21, nous lisons :
»Et lorsque les armées des Lamanites virent que le peuple de Néphi, ou que Moroni avait préparé son peuple avec des plastrons de cuirasse, et avec des boucliers pour le bras, et aussi des boucliers pour se défendre la tête, et ils étaient aussi habillés de vêtements épais — or, l'armée de Zérahemnah n'était pourvue d'aucune de ces choses… ils étaient nus, à l'exception d'une peau dont ils se ceignaient les reins; oui, tous étaient nus, sauf les Zoramites et les Amalékites; mais ils n'étaient pas armés de plastrons de cuirasse, ni de boucliers: c'est pourquoi, ils eurent extrêmement peur des armées des Néphites à cause de leurs armes, en dépit du fait que leur nombre était tellement plus grand que celui des Néphites. »
Notez également la description de l'armure de Moroni dans Alma 46:13 : »Et il attacha son casque, et son plastron de cuirasse, et ses boucliers, et se ceignit de ses armes. » Aux versets 21-22, nous lisons que »le peuple accourut, ceint de ses armes, déchirant ses vêtements » et »jet[a ses] vêtements aux pieds de Moroni ». S’il avait porté le genre d’ »armure » serrante que nous avons l’habitude de voir les anciens Romains porter dans les films, on se demande comment il aurait pu déchirer ses vêtements et les jeter par terre. [Ndlr : Les terme »armure » ne figure pas dans la version française du Livre de Mormon pour éviter l’association trompeuse avec l’armure des chevaliers du Moyen-âge qui doit venir spontanément à l’esprit du lecteur. Le texte français utilise plutôt »armes » dans le sens d’armes défensives. On retrouve le même procédé dans Éphésiens 6:13, KJV armour », Segond »armes ».]
L'armure des Néphites consistait principalement en des »vêtements épais » auxquels ils fixaient des plastrons et des boucliers pour les bras. [Ndlr : Le texte anglais parle de »head shields » (ou de »head-plates » comme dans Alma 43:38, 44 ; 49:24 ; Hélaman 1:14), que l’on peut traduire en français par boucliers pour la tête ou plaques pour la tête, mais, contrairement à la traduction française, l’original anglais ne parle pas de casques.] En effet, l'armure des peuples postérieurs de la Mésoamérique que les conquérants espagnols ont combattu correspond à la description donnée ici. Ils portaient du coton piqué, avec des planchettes de bois fixées à la poitrine, aux bras, aux jambes et à la tête. Il est probable que les Néphites utilisaient, eux aussi, des morceaux de bois comme éléments de leur »armure ».
Il y a eu des erreurs de compréhension semblables concernant les armes néphites, en particulier les épées. Il n’ y a quasiment aucune preuve de l’existence d’épées métalliques en Mésoamérique dans l'Antiquité [4]. Pourtant beaucoup de lecteurs du Livre de Mormon croient que les épées devaient être métalliques. L'idée est probablement basée sur 2 Néphi 5:14 où nous lisons que Néphi »pri[t] l'épée de Laban et, d'après son modèle, [fit] beaucoup d'épées ». Nous savons que l'épée de Laban, que Néphi avait apportée de Jérusalem, était en métal (1 Néphi 4:9), mais cela ne veut pas forcément dire que les copies faites par Néphi étaient également en métal. Dans 2 Néphi 5:16, nous lisons :
»Et moi, Néphi, je construisis un temple; et je le construisis à la manière du temple de Salomon, sauf qu'il n'était pas construit d'autant de choses précieuses; car on ne les trouvait pas dans le pays, c'est pourquoi il ne pouvait pas être construit comme le temple de Salomon. Mais le genre de construction était semblable au temple de Salomon; et l'exécution en était extrêmement fine. »
De même, les épées que Néphi a faites ont pu l’avoir été sur le modèle de l'épée de Laban tout en étant faites d’autres matériaux. Nous savons qu’il y avait en Mésoamérique des épées de bois effilées (dont certaines étaient courbées pour faire des »cimeterres » comme les appelle le Livre de Mormon) et des épées de bois serties de lames d'obsidienne qui sont très coupantes. Plusieurs savants ont écrit sur la signification des épées dans le Livre de Mormon [5].

Questions de population

Les détracteurs ont souvent relevé qu'il aurait été impossible au petit groupe de Léhi de se multiplier pour donner les »millions » de gens décrits dans le Livre de Mormon. En réponse, certains ont avancé (à juste titre à mon avis) que les Néphites — et particulièrement les Lamanites — se sont mêlés aux indigènes qui étaient déjà dans le Nouveau Monde [6].
Dans le Livre de Mormon, le mot »millions » apparaît seulement dans Éther 15:2, où nous lisons que deux millions de Jarédites avaient péri au combat. Il n'est jamais utilisé quand il s’agit des descendants de Léhi. En effet, les plus grandes armées alignées par les Néphites et les Lamanites avant la bataille finale à Cumorah comptaient 42, 44 et 50 mille hommes (Mormon 2:9, 25), à un moment où le nombre total des descendants de Léhi devait être à son maximum (mille ans après son arrivée dans le Nouveau Monde).
Même dans la grande bataille où la plupart des Néphites ont été détruits par les Lamanites, le nombre total des Néphites était d’environ 230 000, ce qui comprenait probablement les femmes et les enfants (Mormon 6:10 -15) [7].
Certains détracteurs ont reproché au Livre de Mormon de ne pas mentionner d’Asiatiques ou d'autres dans le Nouveau Monde quand les Jarédites sont arrivés, puisque »le Seigneur leur commanda d'entrer dans le désert, oui, dans cette contrée où il n'y avait jamais eu d'homme » (Éther 2:5). Quand on lit le passage dans le contexte, on constate qu'il ne se rapporte pas au Nouveau Monde, mais au désert du Vieux Monde dans lequel les Jarédites vont voyager avant de construire leurs barques et traverser les eaux jusqu’à leur nouvelle patrie. Ce genre de lecture bâclée du texte est très courant, notamment chez ceux qui, en désespoir de cause, font feu de tout bois pour essayer de réfuter le Livre de Mormon.

Animaux dans le Livre de Mormon

Il y a également eu des suppositions injustifiées au sujet des animaux que les Jarédites ont transportés avec eux. Le Livre de Mormon signale que les Jarédites ont emporté des abeilles de leur patrie en Mésopotamie (Éther 2:3), mais il ne dit nulle part qu'ils les ont emportées dans le Nouveau Monde. Ce qu’il dit, c’est qu’ils les ont transportées pendant leurs pérégrinations dans le Vieux Monde. Ils ont passé »de nombreuses années… dans le désert » (Éther 3:3) et ont vécu quatre ans au bord de la mer avant de construire des barques pour traverser l'océan (voir Éther 2:13-14). Étant donné que ces barques étaient des structures fermées, il aurait été imprudent d'emporter des insectes qui piquent. D'ailleurs, pendant les 344 jours de traversée de l’océan, les abeilles n'auraient pas eu accès aux fleurs qui les nourrissent (voir Éther 6:11).
Les détracteurs ont fait remarquer que les espèces de poissons et d'oiseaux dans les Vieux et Nouveau Mondes sont tout à fait différentes, malgré le fait que le Livre de Mormon dit que les Jarédites ont emporté ces animaux avec eux. Éther 2:2 dit que »ils préparèrent aussi un récipient dans lequel ils emportèrent les poissons des eaux », mais c'était au moment où ils ont quitté leur patrie et voyageaient par voie de terre. Au moment où ils se préparent à traverser l'océan, ils introduisent dans leurs barques des »troupeaux de gros et de petit bétail, et tout ce qu'ils allaient emporter comme bêtes, ou animaux, ou oiseaux » (Éther 6:4), mais ni les poissons ni les abeilles ne sont mentionnés.
Pendant leurs années de voyage par voie de terre, avant de s'embarquer sur l'océan, les Jarédites »posèrent aussi des pièges et prirent des oiseaux du ciel » (Éther 2:2), mais sans doute simplement pour avoir de la nourriture pendant le voyage. Bien qu'ils aient confectionné des réceptacles pour transporter les poissons, le texte ne mentionne jamais de cages pour les oiseaux, ce qui peut vouloir dire qu'ils consommaient ces oiseaux quand ils les attrapaient. Les oiseaux et les autres animaux emportés dans les barques jarédites (Éther 6:4) ont pu avoir été pris à bord comme nourriture pendant le long voyage océanique. Nous ne savons pas s’il y en a qui ont survécu jusqu’à l’arrivée dans le Nouveau Monde.
Le Livre de Mormon ne prétend pas que les espèces animales américaines descendent des animaux importés par les Jarédites ou qui que ce soit d’autre, et nous devons veiller à ne pas faire dire au texte ce qu’il ne dit pas. D'ailleurs, il est possible que si les Jarédites ont vraiment introduit des animaux domestiqués dans le Nouveau Monde, ils ont pu disparaître quand la nation jarédite a pris fin [8].

Lumière céleste

Certains ont critiqué le Livre de Mormon parce que »le Seigneur dit au frère de Jared: Que veux-tu que je fasse pour que vous ayez de la lumière dans vos bateaux? Car voici, vous ne pouvez pas avoir de fenêtres, car elles voleraient en éclats » (Éther 2:23). On dit que le verre a été accidentellement découvert par les marins phéniciens vers 800 av. J.-C., et qu’il n’existait pas de fenêtres de verre anciennement. Ce genre de raisonnement montre encore une fois que les lecteurs essayent souvent d'imposer des idées modernes aux textes antiques.
On trouve souvent le terme »fenêtre » dans la Bible, mais il ne s’agit pas de vitres. C'était une ouverture dans le mur. Même les châteaux médiévaux avaient des fenêtres ouvertes sans verre et parfois sans volets. Si le passage d'Éther dit que les fenêtres »voleraient en éclats » parce qu'elles étaient en verre, ce serait un anachronisme. Mais je crois que l'antécédent »elles » est »vos bateaux » c.-à-d. que les bateaux voleraient en éclats si l’on pratiquait des fenêtres dans les flancs. [Ndlr : la traduction française ne permet pas cette interprétation puisque le pronom »elles » est féminin. Par contre, le »they » du texte anglais qui n’a pas de genre peut se rapporter aux bateaux aussi bien qu’aux fenêtres. Si la théorie de Tvedtnes est exacte, la traduction française est erronée.]
Tout trou pratiqué dans la coque affaiblirait la structure, et puisque le Seigneur avait dit au frère de Jared que »les vagues montagneuses se jetteront sur vous » (Éther 2:24), ils leur faudrait des barques plutôt solides. Il y avait, il est vrai, des trous pour faire entrer l'air que l’on bouchait quand l'eau entrait (Éther 2:20), mais Noé avait, lui aussi, une fenêtre à son arche qu'il n’a ouverte que quand les quarante jours de pluie ont cessé (Genèse 8:6) [9].

Erreurs textuelles

Certaines erreurs de compréhension ont été causées par des erreurs dans le texte du Livre de Mormon. On en trouve un bon exemple dans Alma 43:13-14 :
»… les Néphites furent forcés de résister seuls aux Lamanites, qui étaient un composé de Laman et de Lémuel, et des fils d'Ismaël, et de tous ceux qui étaient entrés en dissidence avec les Néphites, qui étaient Amalékites et Zoramites, et les descendants des prêtres de Noé. Or, ces descendants étaient presque aussi nombreux que les Néphites; et ainsi, les Néphites furent obligés de combattre leurs frères jusqu'à l'effusion du sang. »
La formulation de ce passage laisse entendre que ce sont les »descendants des prêtres de Noé » qui »étaient presque aussi nombreux que les Néphites ». Étant donné que ces prêtres n’avaient capturé que 24 femmes lamanites pour les prendre pour épouses (Mosiah 20:1-5), il est peu probable qu'ils aient pu être devenus presque aussi nombreux que les Néphites. Je me suis demandé si Alma 43:14 ne devait peut-être pas dire »dissidents » plutôt que »descendants ».
Vérification faite dans le texte du manuscrit de l'imprimeur du Livre de Mormon, qui a servi à la composition de l'édition de 1830, il s’avère qu’il concorde avec les éditions imprimées. Mais le manuscrit original, d’où le manuscrit de l'imprimeur a été copié, dit »de[se]nte[r]s » ce qui prouve que le passage devrait dire que c'était le nombre total des dissidents qui était presque aussi grand que les Néphites, pas les »descendants » des prêtres de Noé. L'erreur a été commise lors de la rédaction du manuscrit de l'imprimeur, quand le mot dans l'original a été mal copié [10].
Les erreurs de lecture les plus courantes consistent à attribuer à Néphi des discours de Léhi ou de Jacob simplement parce qu'ils se trouvent dans 1 ou 2 Néphi. De même, on attribue à Alma des déclarations faites dans Alma 34, malgré le fait que ce chapitre est un discours de son collègue, Amulek. Nous devons également nous rappeler que les chapitres 8-9 de Mormon sont les paroles de Moroni et que les chapitres 7-8 de Moroni sont des paroles de Mormon. En d'autres termes, il ne faut pas toujours se fier au nom du livre contenant le texte, mais au texte lui-même.
Ce ne sont là que quelques exemples des genres d’erreurs de compréhension qui peuvent se produire lors de lectures superficielles du Livre de Mormon. Ils démontrent la nécessité de 1) relire continuellement le livre en y consacrant quotidiennement du temps ; 2) méditer le texte pour découvrir de nouvelles idées ; et 3) prier pour mieux comprendre l’importance spirituelle de ses enseignements. Ce sont des choses que les prophètes modernes nous recommandent de faire depuis longtemps.

NOTES

[1] H. Curtis Wright, “Metallic Documents of Antiquity,” Brigham Young University Studies 10/1 (été 1970); “Metal Documents in Stone Boxes”, tome 1 de John M. Lundquist et Stephen R. Ricks, dir. de publ., By Study and Also by Faith, Salt Lake City, Deseret et FARMS, 1990; William J. Hamblin, “Metal Plates and the Book of Mormon”, FARMS Update No. 95, Insights, juillet 1994, p. 2 ; reproduit dans John W. Welch et Melvin J.Thorne, dir. de publ., Pressing Forward With the Book of Mormon, Provo, FARMS, 1999.
[2] On a signalé quelques découvertes de ce genre, mais il y a des problèmes de provenance qui m’obligent à réserver mon jugement jusqu'à ce que tous les éléments soient connus.
[3] On trouvera un traitement détaillé dans John A. Tvedtnes et Matthew Roper, “Do Not Procrastinate the Day of Your Repentance”, Insights 20/10, octobre 2000.
[4] J’ai eu l’attention attirée sur quelques exemples d’épées en métal au cours de ces dernières années, mais je suis préoccupé par leur provenance et par conséquent j’hésite à les citer comme preuves à l’appui du Livre de Mormon.
[5] William J. Hamblin et A. Brent Merrill, “Swords in the Book of Mormon”, dans Stephen D. Ricks et William J. Hamblin, dir. de publ., Warfare in the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret et FARMS, 1990, pp. 338-347; Matthew Roper, “Eyewitness Descriptions of Mesoamerican Swords”, Journal of Book of Mormon Studies 5/1, printemps 1996, pp. 150-158; Roper, “Swords and ‘Cimeters’ in the Book of Mormon”, Journal of Book of Mormon Studies 8/1, 1999, pp. 34-43.
[6] John L. Sorenson, “When Lehi’s Party Arrived in the Land, Did They Find Others There?” Journal of Book of Mormon Studies 1/1, 1992; Matthew Roper, “Nephi’s Neighbors: Book of Mormon Peoples and Pre-Columbian Populations”, Journal of Book of Mormon Studies 15/2, 2003.
[7] Mormon énumère les »hommes » qui avaient été tués. Le masculin pluriel hébreu est utilisé pour désigner les groupes mixtes et, dans le cas d’ »hommes », est souvent traduit par »peuple » dans la Bible. Nous n’avons malheureusement aucune idée du nombre de Lamanites qu’il y avait du temps de Mormon, mais nous savons qu’il y avait parmi eux des dissidents néphites. Quant à savoir combien parmi les descendants proprement dits de Léhi (par opposition à ceux qui se sont joints à eux) participaient est une autre question, encore plus difficile.
[8] Le livre d’Éther parle d’une destruction massive des animaux jarédites à une époque de famine (Éther 9:31-34). Chose caractéristique, en temps de guerre (antique et moderne), beaucoup d’animaux meurent et certaines espèces ou troupeaux disparaissent tout à fait.
[9] Dans ce passage, c’est le terme hébreu normal pour »fenêtre ». Le mot ainsi rendu dans Genèse 6:16 est un terme différent qui signifie »source de lumière » interprété dans les textes anciens et médiévaux comme désignant une pierre brillante comme celles que les Jarédites ont mises aux extrémités de chacune de leurs barques pour leur donner de la lumière. Voir le traitement dans John A. Tvedtnes, “Glowing Stones in Ancient and Medieval Lore”, Journal of Book of Mormon Studies 6/2, automne 1997, également affiché sur le site de la Seer Stone Society sur http://seerstone.blogspot.com/2006/01/glowing-stones-in-ancient-and-medieval.html. Une version révisée a été publiée dans un appendice de Tvedtnes, The Book of Mormon and Other Hidden Books: Out of Darkness Unto Light, Provo, FARMS, 2000, également affiché sur le site du Neal A. Maxwell Institute for Religious Scholarship de BYU sur http://maxwellinstitute.byu.edu/publications
[10] La source utilisée pour cette information est Royal Skousen, dir. de publ., The Original Manuscript of the Book of Mormon: Typographical Facsimile of the Extant Text, et The Printer’s Manuscript of the Book of Mormon: Typographical Facsimile of the Entire Text in Two Parts, tous deux publiés en 2001 par FARMS à Provo, UT