LIBRE ARBITRE OU
PREDESTINATION?
par John A. Tvedtnes
© FAIR
Un sujet de désaccord entre
chrétiens est le point de savoir si nous, humains, avons le libre arbitre et par
conséquent une certaine participation à notre salut ou si Dieu a prédestiné
notre sort final. L'argument n'est pas neuf et était aussi connu dans le judaïsme ancien
ainsi que dans l'Islam médiéval. Ce qui complique le problème, cest le fait que
certaines Écritures et d'autres textes anciens semblent dire que Dieu nous a donné le
libre arbitre, alors que d'autres ont été compris comme preuves en faveur de la
prédestination [1].
Augustin (354-430 apr. J.-C.),
évêque d'Hippone, en Afrique du Nord, a été le théologien catholique le plus
important de son époque. Sur la base de sa lecture de la Bible et en réponse à divers
enseignements hérétiques, il a élaboré certains des enseignements de base du
christianisme occidental. Sa conclusion est que, suite à la chute d'Adam, l'homme est
totalement dépravé et ne peut rien faire pour se sauver. À cause de cette dépravation,
il est même incapable davoir la foi en Dieu et, par conséquent, une volonté
libre. Cela signifie que Dieu seul peut sauver un humain, ce qu'il fait en donnant
arbitrairement la foi à lun tout en la refusant à l'autre. Cela a amené Augustin
à croire que Dieu a prédestiné, avant la création du monde, qui serait sauvé et qui
serait damné. Puisque le destin de l'homme a été prédéterminé, rien de ce quil
fait ne peut changer les choses. Les élus, prédestinés au salut, ne peuvent pas
déchoir de la grâce, alors que ceux qui sont prédestinés à la damnation ne peuvent
pas être sauvés même sils accomplissent des actes de justice. En conséquence, le
salut ne sobtient que par la grâce, don gratuit de Dieu [2].
Bien que Luther et d'autres
réformateurs aient enseigné la prédestination, cest Jean Calvin qui a été son
principal avocat au cours de la Réforme protestante [3]. Beaucoup de ceux qui adhèrent
au mouvement évangélique protestant d'aujourd'hui sappuient fortement sur Calvin,
bien que tous les chrétiens évangéliques ne croient pas à la prédestination. La
croyance calviniste repose sur cinq piliers : dépravation totale, élection
inconditionnelle, expiation limitée, grâce irrésistible et persévérance des saints.
(Ndlr : pour les Anglo-Saxons, elle est exprimée par lacronyme TULIP, où chaque
lettre représente un principe : Total depravity, Unconditional election, Limited
atonement, Irresistible grace, and Perseverance of the saints.)
Nous allons commencer par
examiner ce que ces notions impliquent.
Dépravation totale
Ce terme suggère que « le
péché originel » d'Adam et Ève a entaché lhumanité à tel point que nous
serions perdus pour toujours sans lexpiation de Jésus-Christ. Les saints des
derniers jours sont d'accord avec ce concept. Le prophète Abinadi déclare dans le Livre
de Mormon :
« Car ils sont charnels et
diaboliques, et le diable a pouvoir sur eux; oui, ce vieux serpent qui séduisit nos
premiers parents, ce qui fut la cause de leur chute; ce qui fut la cause pour laquelle
toute l'humanité devint charnelle, sensuelle, diabolique, discernant le mal du bien,
s'assujettissant au diable. Ainsi toute l'humanité fut perdue; et voici, elle aurait
été perdue à jamais, si Dieu n'avait pas racheté son peuple de son état perdu et
déchu. Mais souvenez-vous que celui qui persiste dans sa nature charnelle et continue
dans les voies du péché et de la rébellion contre Dieu reste dans son état déchu, et
le diable a tout pouvoir sur lui. C'est pourquoi il est comme si aucune rédemption
n'avait été faite, étant ennemi de Dieu; et le diable, lui aussi, est ennemi de Dieu.
Et maintenant, si le Christ n'était pas venu dans le monde (parlant des choses à venir
comme si elles étaient déjà venues), il n'aurait pu y avoir de rédemption » (Mosiah
16:3-6 ; voir aussi le D&A 20:20-21)
Amulek répète ce concept,
ajoutant que le repentir est nécessaire si lon veut se qualifier pour le salut par
le Christ :
« C'est pourquoi, comme l'âme
ne pouvait jamais mourir, et que la chute avait amené sur toute l'humanité une mort
spirituelle aussi bien qu'une mort temporelle, c'est-à-dire qu'elle était retranchée de
la présence du Seigneur, il était nécessaire que l'humanité fût rachetée de cette
mort spirituelle. C'est pourquoi, comme elle était devenue charnelle, sensuelle et
diabolique par nature, cet état probatoire devint pour elle un état pour se préparer;
il devint un état préparatoire. Et maintenant, souviens-toi, mon fils, s'il n'y avait
pas le plan de la rédemption (si on le mettait de côté), dès que les hommes seraient
morts, leur âme aurait été misérable, étant retranchée de la présence du Seigneur.
Et maintenant, il n'y avait aucun moyen de racheter les hommes de cet état déchu que
l'homme s'était attiré à cause de sa désobéissance; c'est pourquoi, selon la justice,
le plan de la rédemption ne pouvait pas être réalisé, si ce n'est à condition que les
hommes se repentent dans cet état probatoire, oui, cet état préparatoire; car sans
cette condition, la miséricorde ne pouvait prendre effet, sous peine de détruire
l'uvre de la justice. Or, l'uvre de la justice ne pouvait être détruite; si
oui, Dieu cesserait d'être Dieu. Et ainsi, nous voyons que toute l'humanité était
déchue, et qu'elle était sous l'emprise de la justice; oui, la justice de Dieu, qui la
condamnait à jamais à être retranchée de sa présence. Et maintenant, le plan de la
miséricorde ne pouvait être réalisé que si une expiation était faite; c'est pourquoi
Dieu lui-même expie les péchés du monde, pour réaliser le plan de la miséricorde,
pour apaiser les exigences de la justice, afin que Dieu soit un Dieu parfait et juste, et
aussi un Dieu miséricordieux. » (Alma 42:9-15 ; voir aussi Moïse 5:13-15)
Le frère de Jared a prié : « Ô Seigneur, tu as dit que nous devons être environnés
par les flots. Or, voici, ô Seigneur, ne sois pas en colère contre ton serviteur à
cause de sa faiblesse devant toi; car nous savons que tu es saint et que tu demeures dans
les cieux, et que nous sommes indignes devant toi; à cause de la chute, notre nature est
devenue continuellement mauvaise » (Éther 3:2). Jacob enseigne que, sans
lexpiation du Christ, « nous serions devenus des démons, anges d'un démon, pour
être exclus de la présence de notre Dieu » (2 Néphi 9:9 ; voir aussi v. 16), mais,
comme Amulek, il souligne l'importance du repentir dans le processus menant au salut : «
Ô mes frères, écoutez mes paroles, donnez l'essor aux facultés de votre âme,
secouez-vous afin de vous éveiller du sommeil de la mort, et dégagez-vous des
souffrances de l'enfer afin de ne pas devenir des anges du diable, pour être précipités
dans l'étang de feu et de soufre qui est la seconde mort » (Jacob 3:11). L'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours enseigne « que les hommes seront punis pour
leurs propres péchés, et non pour la transgression d'Adam » (2e article de foi), mais
seulement parce que « grâce au sacrifice expiatoire du Christ, tout le genre humain peut
être sauvé en obéissant aux lois et aux ordonnances de l'Évangile » (3e article de
foi). Ces lois et ces ordonnances sont définies au 4e article de foi : « Nous croyons
que les premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont: premièrement la foi au
Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par
immersion pour la rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le
don du Saint-Esprit. »
La seule exception à ce
scénario, ce sont les enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge de responsabilité et
ceux dont les capacités mentales les rendent semblables à des enfants. Le roi Benjamin
dit :
« Et même s'il était
possible aux petits enfants de pécher, ils ne pourraient pas être sauvés; mais je vous
dis qu'ils sont bénis; car voici, comme ils tombent en Adam, ou de par leur nature, de
même le sang du Christ expie leurs péchés. Et de plus, je vous dis qu'il n'y aura aucun
autre nom donné, ni aucune autre voie ni moyen par lesquels le salut puisse parvenir aux
enfants des hommes, si ce n'est dans et par le nom du Christ, le Seigneur Omnipotent. Car
voici, il juge, et son jugement est juste; et le tout petit enfant qui meurt dans sa prime
enfance ne périt pas; mais les hommes boivent de la damnation pour leur âme s'ils ne
s'humilient, et ne deviennent comme des petits enfants, et ne croient que le salut a
été, et est, et sera, dans et par le sang expiatoire du Christ, le Seigneur Omnipotent.
Car l'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour
toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de l'Esprit-Saint, et ne
se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un saint par l'expiation du Christ, le
Seigneur, et ne devienne semblable à un enfant, soumis, doux, humble, patient, plein
d'amour, disposé à se soumettre à tout ce que le Seigneur juge bon de lui infliger,
tout comme un enfant se soumet à son père » (Mosiah 3:16-19 ; voir aussi Moroni 8:8-13)
Nous apprenons ici quen acceptant l'expiation du Christ et en nous soumettant à
lui, nous pouvons tous devenir comme des enfants et être ainsi exemptés de culpabilité
grâce au sang du Christ. Le Sauveur ressuscité a dit aux Néphites rassemblés dans la
ville dAbondance : « Et je vous le dis encore, vous devez vous repentir, et être
baptisés en mon nom, et devenir semblables à un petit enfant, ou vous ne pouvez en
aucune façon hériter le royaume de Dieu » (3 Néphi 11:38) [4].
Élection
inconditionnelle
Calvin croyait que Dieu
élisait certaines personnes pour le salut et en choisissait d'autres pour la damnation,
non sur la base de caractéristiques innées de l'individu, mais selon sa volonté divine.
Si lon pousse le raisonnement jusquau bout, cela signifie que celui que Dieu
décide de sauver le sera, que ce soit quelquun de bon ou de mauvais, alors que
celui qui est destiné à la damnation sera damné même sil est juste.
C'est ici que les saints des
derniers jours et, en fait, la plupart des chrétiens sécartent de
Calvin. Le concept de la prédestination laisse entendre que Dieu est capricieux, sauvant
ou damnant les gens à volonté sans souci de leur état juste ou pécheur. Cela fait de
Pierre un menteur quand il déclare : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point
acception de personnes, mais quen toute nation celui qui le craint et qui pratique
la justice lui est agréable » (Actes 10:34-35), une notion enseignée ultérieurement
par Paul (Romains 2:11 ; Éphésiens 6:9). En effet, Paul écrit « que vous recevrez du
Seigneur lhéritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. Car celui qui agit
injustement recevra selon son injustice, et il ny a point dacception de
personnes » (Colossiens 3:24-25). La notion de prédestination contredit aussi
l'enseignement biblique que « celui qui persévérera jusquà la fin sera sauvé »
(Matthieu 10:22 ; 24:13 ; Marc 13:13).
Le salut est pleinement
accessible à chacun mais nest donné quà ceux qui croient, comme le suggère
l'enseignement final de Jésus aux apôtres : « Allez par tout le monde, et prêchez la
bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé,
mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16:15-16). On relèvera aussi ce que
Paul dit dans 1 Corinthiens 1:21-24 : « Car puisque le monde, avec sa sagesse, na
point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la
folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la
sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les
païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs
que Grecs. »
Expiation limitée
Selon Calvin, le Christ est
mort seulement pour les élus. Cela ne veut pas dire qu'il est mort pour les justes, car
comme la Bible (et le Livre de Mormon) lenseigne, tous sont pécheurs. Une des
citations utilisées pour étayer la notion de l'expiation limitée est Jean 10:11, 15,
où Jésus observe qu'il mourrait pour « les brebis ». Une autre est Matthieu 26:28, où
il dit que son sang « est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés »,
suggérant que l'expiation ne sappliquait pas à tout le monde, seulement à «
plusieurs ». De même, Ésaïe a prophétisé que le Christ porterait les péchés de «
beaucoup dhommes » mais pas de tous (Ésaïe 53:12).
Le Livre de Mormon utilise
aussi ce terme, disant à propos des Lamanites que beaucoup d'entre eux seront sauvés,
car le Seigneur sera miséricordieux envers tous ceux qui invoquent son nom » (Alma 9:17
; cf. D&A 100:17). Mormon explique les conditions du salut comme suit :
« C'est pourquoi, bénis sont ceux qui se repentent et écoutent la voix du Seigneur,
leur Dieu; car ce sont ceux-là qui seront sauvés. Et puisse Dieu accorder, dans sa
grande plénitude, que les hommes soient amenés au repentir et aux bonnes uvres,
afin qu'il leur soit rendu grâce pour grâce, selon leurs uvres. Et je voudrais que
tous les hommes soient sauvés. Mais nous lisons qu'au grand et dernier jour, il y en aura
qui seront chassés, oui, qui seront rejetés de la présence du Seigneur; oui, qui seront
condamnés à un état de misère sans fin, accomplissant les paroles qui disent: Ceux qui
ont fait le bien auront la vie éternelle, et ceux qui ont fait le mal auront la damnation
éternelle » (Hélaman 12:23-26).
D'autres passages cités à
l'appui de la notion d'expiation limitée sont Jean 17:9 (où Jésus prie pour ceux qui
lui ont été donnés, pas pour le monde entier) et Actes 20:28 (le Christ sest
acquis l'Église, pas le monde entier). L'interprétation restrictive donnée à de tels
passages est contredite par d'autres écritures du Nouveau Testament. Pierre écrit que
Dieu « ne [veut] pas quaucun périsse, mais
que tous arrivent à la
repentance » (2 Pierre 3:9). Paul écrit que « notre Sauveur
veut que tous les
hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée
2:3-4). Comme Alma 9:17 (cité ci-dessus), ceci implique que le salut est accessible à
tous, bien que tous ne profitent pas de l'expiation du Christ. Paul écrit aussi que « la
grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous
enseigne à renoncer à limpiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le
siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété » (Tite 2:11-12).
Jean-Baptiste appelle le Christ
« l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29), tandis que l'apôtre
Jean écrit que « Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non
seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2:2) [5]. Jean
écrit aussi : « Car Dieu a tant aimé le monde quil a donné son Fils unique, afin
que quiconque croit en lui ne périsse point, mais quil ait la vie éternelle. Dieu,
en effet, na pas envoyé son Fils dans le monde pour quil juge le monde, mais
pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jean 3:16-17). L'apôtre Paul dit aux
Corinthiens : « Car lamour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si
un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et quil est mort pour tous, afin
que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et
ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5:14-15). Au verset 18, il fait observer que les
chrétiens sont réconciliés avec Dieu par le Christ, tandis quau verset 20, il
avertit : « Soyez réconciliés avec Dieu », ce qui montre bien que nous devons faire
quelque chose pour profiter de cette réconciliation. Dans une épître précédente aux
saints corinthiens, Paul note qu'un aspect de l'expiation du Christ assure la
résurrection à tous les hommes :
« Car, puisque la mort est
venue par un homme, cest aussi par un homme quest venue la résurrection des
morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun
en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son
avènement. Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et
Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance » (1
Corinthiens 15:21-24).
Les saints des derniers jours
croient que l'expiation du Christ a vaincu la mort temporelle (physique) pour tous les
hommes, assurant ainsi la résurrection de tous, mais qu'il ne sauve de la mort
spirituelle que les enfants en bas âge et les adultes qui choisissent de le suivre
(D&A 29:41-50). Cette vision des choses englobe les enseignements du Nouveau Testament
sur le salut pour tous ou pour le petit nombre et elle correspond à l'enseignement de
Jésus sur la résurrection universelle :
« Ne vous étonnez pas de
cela; car lheure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa
voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux
qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5:28-29). Vu sous un autre
angle, nous apprenons par D&A 76 que tous sauf les fils de perdition seront affectés
à lun des trois degrés de gloire (D&A 76:43-44), de sorte quils sont
tous sont sauvés du diable.
Dans le Livre de
Mormon, Amulek explique que le Christ
« viendra au monde pour
racheter son peuple; et il prendra sur lui les transgressions de ceux qui croient en son
nom; et ce sont ceux-là qui auront la vie éternelle, et le salut ne vient à personne
d'autre. C'est pourquoi les méchants restent comme si aucune rédemption n'avait été
faite, si ce n'est que les liens de la mort seront détachés; car voici, le jour vient
où tous ressusciteront des morts, et se tiendront devant Dieu, et seront jugés selon
leurs uvres. Or, il y a une mort qui est appelée mort temporelle; et la mort du
Christ détachera les liens de cette mort temporelle, de sorte que tous ressusciteront de
cette mort temporelle. L'esprit et le corps seront de nouveau réunis sous leur forme
parfaite; membres et jointures seront rendus à leur forme propre, comme nous sommes
maintenant, en ce moment; et nous serons amenés à nous tenir devant Dieu, connaissant
comme nous connaissons maintenant, et ayant le souvenir vif de toute notre culpabilité »
(Alma 11:40-43).
Grâce irrésistible
Pour Calvin, quand Dieu appelle
ses élus au salut, ils sont incapables de résister à son don gratuit. « L'appel
externe » est lancé à toute l'humanité, mais « l'appel interne » du Saint-Esprit est
réservé à ceux qui sont choisis pour être sauvés et est irrésistible. Parmi les
passages cités à l'appui de ce concept il y a Jean 6:28-29 : « Ils lui dirent: Que
devons-nous faire, pour faire les uvres de Dieu? Jésus leur répondit:
Luvre de Dieu, cest que vous croyiez en celui quil a envoyé. »
Les calvinistes voient dans ces paroles de Jésus la preuve que la foi au Christ est un
don fait aux élus. Mais ce que le Christ répond en réalité à la question « Que
devons-nous faire ? », cest que nous devons croire en Dieu et que cest cela
que Dieu attend de nous. Le message nest pas que les élus peuvent tout simplement
poursuivre leurs activités pécheresses et sattendre à ce que Dieu les fasse
croire en son Fils.
Certains citent Philippiens
2:13 (« car cest Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon
plaisir ») comme preuve de ce que les hommes n'ont pas de volonté libre. Or, ce dernier
passage doit être lu dans le contexte des versets qui le précèdent, qui disent que le
désir de Dieu est
« quau nom de Jésus
tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue
confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Ainsi, mes
bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et
tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je
suis absent » (Philippiens 2:10-12).
Cest sans doute dans
Romains 9:16-24 que lon trouve le passage le plus fort à l'appui du concept de la
grâce irrésistible :
« Ainsi donc, cela ne dépend
ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car
lÉcriture dit à Pharaon: Je tai suscité à dessein pour montrer en toi ma
puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait
miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras: Pourquoi blâme-t-il
encore? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté? Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour
contester avec Dieu? Le vase dargile dira-t-il à celui qui la formé:
Pourquoi mas-tu fait ainsi? Le potier nest-il pas maître de largile,
pour faire avec la même masse un vase dhonneur et un vase dun usage vil? Et
que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a
supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et
sil a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de
miséricorde quil a davance préparés pour la gloire? Ainsi nous a-t-il
appelés, non seulement dentre les Juifs, mais encore dentre les païens. »
On retrouve aussi ce concept
dans Ésaïe 7:20 et 10:15, où le roi d'Assyrie est, nous dit-on, un instrument entre les
mains du Seigneur pour punir Israël de sa méchanceté. Les saints des derniers jours
voient ici une indication que Dieu profite des actions même des méchants (comme dans le
cas de Samson) pour punir ceux qui font le mal, mais cela ne veut pas dire qu'ils n'ont
pas leur volonté propre. Si Dieu se trouve derrière tous nos actes, pourquoi nous
châtierait-il pour les péchés que nous commettons ?
Les saints des derniers jours
ne croient pas que la grâce soit irrésistible. D&A 20:32-34 déclare : « Mais il
est possible que l'homme déchoie de la grâce et se détourne du Dieu vivant. C'est
pourquoi, que l'Église prenne garde et prie toujours de peur de tomber en tentation. Oui,
et que même ceux qui sont sanctifiés prennent garde aussi. » Ceci est soutenu par
l'apôtre Paul, qui avertit ses frères chrétiens : « Recommande-leur de faire du bien,
dêtre riches en bonnes uvres, davoir de la libéralité, de la
générosité, et de samasser ainsi pour lavenir un trésor placé sur un
fondement solide, afin de saisir la vie véritable » (1 Timothée 6:18-19).
Persévérance des
saints
Selon le raisonnement de
Calvin, les élus du Christ ne peuvent pas perdre leur salut. Puisque le Père a élu, que
le Fils a racheté et que le Saint-Esprit a appliqué le salut, ceux qui sont ainsi
sauvés sont éternellement en sécurité dans le Christ. Certains des versets cités pour
étayer ce point de vue sont :
Jean
10:27-28, où Jésus dit que ses brebis « ne périront jamais ». Cependant, il définit
ses brebis comme étant ceux qui le suivent, ce qui veut dire que ceux qui ne le suivent
pas n'ont pas la même promesse. L'humanité est donc libre dagir.
Jean
6:47, où Jésus dit : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle. » La vraie question
ici est comment lire le mot « croit ». Désigne-t-il tous ceux qui professent une
croyance en Christ ou ceux qui démontrent cette croyance par leurs actes ? Le Sauveur a
dit à ses disciples : « Si vous maimez, gardez mes commandements » (Jean 14:15 ;
voir aussi le v. 23). Il l'a aussi reformulé comme ceci : « Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour » (Jean 15:10). L'apôtre Jean, qui a
conservé ces paroles du Christ, écrit aussi : « Car lamour de Dieu consiste à
garder ses commandements » (1 Jean 5:3). De même, Jacques écrit que « la foi sans les
uvres est morte » (Jacques 2:20 ; voir aussi le v. 17). Paul écrit : « Je vous
rappelle, frères, lÉvangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans
lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel
que je vous lai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain. Je vous ai enseigné
avant tout, comme je lavais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés,
selon les Écritures (1 Corinthiens 15:1-3). Jude est du même avis et écrit : « Pour
vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le
Saint-Esprit, maintenez-vous dans lamour de Dieu, en attendant la miséricorde de
notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle » (Judas 1:20-21).
Romains 8:1, qui déclare : « Il ny a donc maintenant aucune condamnation pour ceux
qui sont en Jésus-Christ », ce qui, dans lesprit des calvinistes, signifie
quils sont déjà sauvés. Cette interprétation ignore le fait que le verset ajoute
: « qui marchons, non selon la chair, mais selon lesprit », ce qui veut dire que
seuls ceux qui suivent les chuchotements de l'Esprit seront participants au salut complet,
c.-à-d. quils seront sauvés de la mort spirituelle, qui est la séparation totale
davec Dieu.
1
Corinthiens 10:13, qui enseigne que Dieu « ne permettra pas que vous soyez tentés au
delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen den sortir,
afin que vous puissiez la supporter. » Ceci est incontestablement vrai, mais il faut
aussi tenir compte du contexte du passage. Le verset 12 dit : « Ainsi donc, que celui qui
croit être debout prenne garde de tomber! » ce qui implique que l'on peut effectivement
déchoir de la grâce. Au verset 14, Paul écrit : « Cest pourquoi, mes
bien-aimés, fuyez lidolâtrie. » Ceci montre bien quune action est
nécessaire de notre part. Paul écrit aux Galates que les chrétiens qui pratiquaient la
circoncision étaient « déchus de la grâce » (Galates 5:4). La croyance des saints des
derniers jours est résumée dans D&A 20:32-34 : « Mais il est possible que l'homme
déchoie de la grâce et se détourne du Dieu vivant. C'est pourquoi, que l'Église prenne
garde et prie toujours de peur de tomber en tentation. Oui, et que même ceux qui sont
sanctifiés prennent garde aussi [6]. »
Philippiens 1:6, qui déclare que Dieu « a commencé en vous cette bonne uvre [et]
la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ ». Ce n'est pas une affirmation
doctrinale ; ce que Paul écrit, cest que lui, Paul, en est « persuadé ».
Cest son avis quil donne, avis basé sur la façon dont les gens mènent leur
vie. Aux versets 10-11, il avertit : « pour le discernement des choses les meilleures,
afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de
justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. »
Dans plusieurs passages du
Nouveau Testament, le Christ parle de ceux que le Père lui a donnés (Matthieu 11:27 ;
Jean 6:37-39, 44-45, 65 ; 10:26-29 ; 17:2, 11-12, 24 ; voir aussi 3 Néphi 15:24 ; D&A
27:14 ; 50:41-42 ; 84:63). Ces passages semblent, à première vue, parler de
prédestination, mais est-ce bien le cas ? Dans Jean 10:29, le Christ dit que le Père lui
a donné ses brebis, mais deux versets plus haut, il dit : « Mes brebis entendent ma
voix; je les connais, et elles me suivent » (Jean 10:27), ce qui implique une volonté
libre.
Jésus avait dit précédemment
: « Celui qui vient à moi naura jamais faim, et celui qui croit en moi naura
jamais soif. Mais, je vous lai dit, vous mavez vu, et vous ne croyez point.
Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui
vient à moi » (Jean 6:35-37). Venir et croire, cest encore une fois une affaire de
volonté libre, malgré le fait que le Père le donne. Je pense que quand le Christ dit
que « nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père » (Jean
6:65), il fait allusion au fait que seuls ceux qui reçoivent de Dieu le témoignage du
Christ vont vraiment à lui. Je crois en outre que c'est ce que Paul a à l'esprit quand
il écrit que « nul ne peut dire: Jésus est le Seigneur! si ce nest par le
Saint-Esprit » (1 Corinthiens 12:3).
Le fait que le Père donne des
gens au Christ ne veut pas dire qu'ils sont prédestinés au salut, seulement que le Père
les a confiés au Christ. Si cela impliquait la prédestination, il faudrait aussi
remarquer que le Christ lui-même déclare qu'un de ceux qui lui ont été donnés par le
Père a été perdu : « Père saint, garde en ton nom ceux que tu mas donnés, afin
quils soient un comme nous. Lorsque jétais avec eux dans le monde, je les
gardais en ton nom. Jai gardé ceux que tu mas donnés, et aucun deux ne
sest perdu, sinon le fils de perdition » (Jean 17:11-12) [7]. Jésus déclare que
« la volonté de celui qui ma envoyé, cest que je ne perde rien de tout ce
quil ma donné, mais que je le ressuscite au dernier jour » (Jean 6:39), et
pourtant il a perdu Judas. Ceci démontre que la volonté du Père n'implique pas la
prédestination, mais seulement ce qu'il veut de nous.
On pourrait objecter que Judas
Iscariote était prédestiné à son sort, mais cest un cercle vicieux : pourquoi
alors le Père l'a-t-il donné au Christ ? Le cas de Judas montre bien que le fait
dêtre donné au Christ nimplique pas une prédestination au salut. On dira
que les mots « afin que l'Écriture fût accomplie » à la fin du verset 12 indiquent
que Judas était prédestiné à tomber, mais nous devons de nouveau lire le passage dans
le contexte et noter quelle Écriture prédit cet événement. Je pense que l'Écriture
qui doit saccomplir, cest que le Christ va être jugé et mis à mort (par
exemple, Ésaïe 53). Cela se serait fait dune autre façon si Judas navait
pas décidé de le trahir.
Vocation et élection
L'apôtre Pierre écrit : «
Cest pourquoi, frères, appliquez-vous dautant plus à affermir votre vocation
et votre élection; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. Cest ainsi, en
effet, que lentrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ vous sera pleinement accordée » (2 Pierre 1:10-11). Lidée de devoir
« sappliquer » à affermir sa vocation et son élection implique que si le salut
nest possible que par l'expiation du Christ, il dépend aussi de nos propres
actions. Dans les versets qui précèdent cette déclaration, Pierre explique ce
quil entend par « sappliquer » :
« à cause de cela même,
faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la
science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la
piété lamour fraternel, à lamour fraternel la charité. Car si ces choses
sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles
pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ » (2 Pierre 1:5-8)
Le concept de la vocation et de
lélection avancé par Pierre semble se fonder sur la déclaration du Christ que «
il y a beaucoup dappelés, mais peu délus » (Matthieu 22:14 ; cf. Matthieu
20:16 ; D&A 95:5 ; 121:34) [8]. En effet, le mot grec rendu par « vocation » dans
lépître de Pierre dérive du même mot utilisé par le Christ dans le récit de
Matthieu et signifie « inviter ». Ainsi, la déclaration de Matthieu 22 est précédée
dune parabole comparant « le royaume des cieux » au banquet d'un roi auquel des
gens ont été invités. Les riches se trouvent des excuses pour ne pas venir et tuent les
messagers du roi. Cest pourquoi le roi envoie ses serviteurs chercher les pauvres et
d'autres pour assister à la fête. Un homme, incorrectement habillé, est expulsé et
envoyé « dans les ténèbres du dehors » (Matthieu 22:2-13). La parabole précise bien
que tous sont invités dans le royaume, mais que certains rejettent l'invitation, alors
que d'autres lacceptent. Mais même parmi le dernier groupe, il y en a un quil
faut jeter dehors. La parabole montre clairement que le salut dépend de ce que lon
va au Christ, le roi, ce qui signifie quil faut passer à laction une fois
quon est invité. Il faut aussi se rendre correctement « habillé » au banquet
spirituel. Le fait que lon puisse être expulsé de l'état béni rendu possible par
l'expiation du Christ ressort de Hébreux 6:4-6 :
« Car il est impossible que
ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part
au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à
venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance,
puisquils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et lexposent à
lignominie. »
En commentant
lexhortation de Pierre à affermir sa vocation et son élection, le prophète Joseph
Smith a dit :
« Il y a un très grand secret
ici et des clefs pour ouvrir le sujet à notre intelligence. Bien que lapôtre les
exhorte à joindre à leur foi, la vertu, la connaissance, la tempérance, etc.,
néanmoins il les exhorte à assurer leur vocation et leur élection. Et bien quils
eussent entendu du ciel une voix audible rendre témoignage que Jésus était le Fils de
Dieu [2 Pierre 1:17-18], néanmoins, dit-il, nous avons une parole prophétique plus
certaine à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille
dans un lieu obs¬cur [2 Pierre 1:19]. Or en quoi pouvaient-ils avoir une parole
prophétique plus certaine que den¬tendre la voix de Dieu dire: Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, etc. Et maintenant le secret et la grande clef. Bien quils
entendissent la voix de Dieu et sussent que Jésus était le Fils de Dieu, cela ne
prouverait absolument pas que leur vocation et leur élection étaient assurées,
quils avaient une part avec le Christ et étaient ses cohéritiers. Il leur fallait
alors cette parole prophétique plus certaine quils étaient scellés dans les cieux
et avaient la promesse de la vie éternelle dans le royaume de Dieu » (History of the
Church 5:388).
Joseph ajoute que « La parole
prophétique plus certaine signifie le fait quun homme sait quil est scellé
à la vie éternelle par révélation et par lesprit de prophétie, par le pouvoir
de la Sainte Prêtrise » (History of the Church 5:392). Il a aussi déclaré : « Nous
navons de droit dans notre pacte éternel en ce qui concerne les choses
éternel¬les, si nos actions, nos contrats et toutes les choses ne tendent à cela. Mais
après tout ceci, il faut que vous affermissiez votre vocation et votre élection
Première clef: la connaissance et le pouvoir du salut. Deuxième clef: affermissez
vo¬tre vocation et votre élection. Troisième clef: cest une chose dêtre
sur la montagne et dentendre la voix qui vient de la gloire magnifique, etc. et une
autre dentendre la voix vous déclarer à vous: tu as une part et une portion dans
ce royaume » (History of the Church 5:403)
.
Prédestination ou préordination ?
Tandis que certains chrétiens
utilisent le terme « prédestination » pour parler de ce que Dieu a prévu pour les
mortels, les saints des derniers jours préfèrent le terme « préordination. » Ce
dernier terme présuppose l'existence prémortelle de notre esprit en la présence du
Père, qui a choisi ou préordonné une partie de ces esprits pour être ses dirigeants
sur la terre (Abraham 3:21-28), le principal dentre eux étant son Fils divin et
bien-aimé, connu plus tard sous le nom de Jésus-Christ [9]. Citer les preuves de cette
existence prémortelle ne relève pas de cet article ; je me contenterai donc de faire
remarquer que si beaucoup dentre les anciens auteurs chrétiens croyaient que les
âmes des hommes commençaient à exister au moment de la naissance, d'autres ont
enseigné que notre esprit a vécu avec Dieu dans un royaume prémortel. On trouve aussi
cette notion dans des textes juifs anciens.
Il est instructif de jeter un
coup dil sur certains des pères de lÉglise postérieurs au Nouveau
Testament. Par exemple, Justin Martyr (mort en 164 apr. J.-C.) écrit que Dieu « sait
davance que certains doivent être sauvés par le repentir, certains même qui ne
sont peut-être pas encore nés » (Première Apologie 28) [10]. La prescience divine,
comme la préordination d'esprits prémortels, n'implique pas forcément la
prédestination. En effet, Justin croyait au libre arbitre de l'homme :
« Mais de peur que certains ne
supposent, daprès ce qui a été dit par nous, que nous disons que ce qui arrive se
produit par une nécessité fatale, parce que cest prédit comme connu à l'avance,
nous expliquons ceci aussi. Nous avons appris par les prophètes et nous le tenons pour
vrai, que les punitions, les châtiments et les récompenses sont donnés selon les
actions de chaque homme. Puisque s'il nen est pas ainsi, mais que tout est produit
par le destin, nous navons aucun pouvoir sur quoi que ce soit. Car si le sort veut
que cet homme, par exemple, soit bon, et que cet autre soit mauvais, le premier na
aucun mérite et le second nest pas à blâmer. Et encore, si le genre humain
na pas le pouvoir d'éviter le mal et de choisir le bien en toute liberté, il
nest pas responsable de ses actes, quelle que soit leur nature. Mais cest en
choisissant librement qu'il marche droit et trébuche, comme nous le démontrons. Nous
voyons le même homme faire une transition vers des choses opposées. Maintenant, s'il
avait été voulu par le destin qu'il devait être soit bon soit mauvais, il naurait
jamais été capable des deux opposés, ni de tant de transitions. Mais certains
nauraient même pas pu être bons et d'autres mauvais, puisque nous faisons ainsi du
destin la cause du mal et le montrons comme agissant en opposition à lui-même ; ou ce
qui a été déjà dit semblerait être vrai, que ni la vertu ni le vice ne sont rien,
mais que les choses ne sont considérées comme bonnes ou mauvaises que par opinion ; ce
qui, comme la vraie parole le montre, est la plus grandes impiété et la plus grande
méchanceté. Mais ceci, nous laffirmons, est le destin inévitable que ceux qui
choisissent le bien ont de dignes récompenses et ceux qui choisissent l'opposé ont la
récompense quils méritent. Car cest contrairement aux autres êtres, comme
les arbres et les quadrupèdes, qui ne peuvent pas agir selon leur choix, que Dieu a fait
l'homme : car il ne serait pas digne de récompense ou déloge sil ne
choisissait pas de lui-même le bien, mais avait été créé à cette fin ; ni, s'il
était mauvais, il ne serait digne de châtiment, n'étant pas mauvais en soi, mais
nétant capable dêtre rien dautre que comme il a été fait. Et le
saint Esprit de prophétie nous a enseigné ceci, nous disant par Moïse que Dieu a parlé
ainsi à l'homme créé le premier : ' Vois, je mets aujourdhui devant toi le bien
et le mal : choisis le bien [11]. Et encore, par l'autre prophète, Ésaïe, que la
déclaration suivante a été faite comme si elle venait de Dieu, le Père et le Seigneur
de tous : Lavez-vous, purifiez-vous; chassez le mal de votre âme ; Apprenez à faire le
bien ; Faites droit à lorphelin, Défendez la veuve. Venez et plaidons! dit
lÉternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la
neige; Sils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. Si vous
avez de la bonne volonté et si vous êtes dociles, Vous mangerez les meilleures
productions du pays; Mais si vous résistez et si vous êtes rebelles, Vous serez
dévorés par le glaive, Car la bouche de lÉternel a parlé [12]
De sorte que
quand nous nous disons que des événements futurs sont prédits, nous ne le disons pas
comme sils survenaient par une nécessité fatale ; mais Dieu sachant davance
tout ce que feront tous les hommes, et ayant décrété que les actions futures des hommes
seront toutes récompensées selon leur valeur respective, il prédit par l'Esprit de
prophétie qu'il accordera les récompenses correspondant au mérite des actes posés »
(Première Apologie, pp. 43-44) [13].
Jean Cassien (vers 360-435 apr.
J.-C.), exprimé la même idée, disant que :
« Bien que la fin de chaque
homme Lui soit connue davance avant sa naissance, néanmoins il ordonne en quelque
sorte tout par un plan et une méthode pour tous, et en tenant compte de la disposition de
l'homme de telle sorte qu'Il décide de tout non par le simple exercice de son pouvoir ni
selon la connaissance ineffable que sa Prescience possède, mais selon les actions
actuelles des hommes, et rejette ou attire à Lui chacun, et, chaque jour accorde ou
retient sa grâce. Et quil en est ainsi, c'est ce que nous montre aussi l'élection
de Saül dont la prescience de Dieu ne pouvait certainement pas ignorer la fin misérable,
et pourtant cest lui quil a choisi parmi les milliers d'Israël et il la
oint roi, récompensant les mérites alors existants de sa vie, et ne tenant pas compte du
péché de sa chute future, de sorte qu'après qu'il soit devenu réprouvé, Dieu se
plaint presque en termes humains et, avec des sentiments d'homme, comme sil se
repentait de son choix, en disant : « Je me repens davoir établi Saül pour roi,
car il se détourne de moi et il nobserve point mes paroles » et encore : « Samuel
pleurait sur Saül, parce que lÉternel se repentait davoir établi Saül roi
dIsraël. » (Deuxième Conférence de l'abbé Joseph, p. 25) [14].
Eusèbe, évêque de Césarée,
dans Préparation de lÉvangile 6.1, insère une longue étude des coutumes
particulières que lon trouve parmi divers peuples, afin de démontrer que ce sont
les coutumes et non le destin qui déterminent ces actes. Ce qui est particulièrement
important, cest la façon dont les gens meurent dans diverses civilisations, surtout
les personnes âgées, qui sont parfois livrées aux chiens ou aux oiseaux et, dans
certains cas, sacrifiées. Dans 6.11, il cite avec approbation Origène, qui décrit
l'astrologie telle que pratiquée dans divers pays et observe que
« la conséquence pour ceux
qui entretiennent ces doctrines est qu'elles détruisent totalement notre liberté, et
donc aussi les louanges et les reproches et les actes louables ou d'autre part blâmables.
« Mais si c'est le cas, cela met fin au jugement proclamé de Dieu et aux menaces de
châtiment contre les pécheurs ; mais aussi, d'autre part, aux bénédictions et aux
béatitudes promises à ceux qui se sont consacrés à une vie meilleure : car aucune de
ces choses naura plus de bonne raison de se produire.
« En outre si quelquun veut bien réfléchir aux conséquences quauront pour
lui les points de doctrine auxquels il croit, (il verra que) sa foi est vaine et que
lavènement du Christ est inutile, ainsi que tout ce quont apporté la loi et
les prophètes, et les efforts des apôtres pour établir les Églises de Dieu par
lintermédiaire du Christ [15]. »
Calvin reconnaissait que parmi
les premiers Pères de l'Église, « Ambroise, Origène et Jérôme étaient d'avis que
Dieu distribue sa grâce parmi les hommes selon l'utilisation qu'il prévoit que chacun en
fera. On peut ajouter quAugustin a, lui aussi, entretenu cette opinion pendant un
certain temps ; mais après avoir fait de plus grands progrès dans la connaissance des
Écritures, non seulement il l'a désavouée comme manifestement fausse, mais la
réfutée avec force [16]. » Du point de vue des saints des derniers jours, Augustin a
introduit plus de fausse doctrine dans le christianisme que n'importe qui avant son temps,
et le concept de la prédestination est aussi fallacieux que les autres notions de ce
genre qu'il a écrites. Nous affirmons que la Bible est une source plus fiable de saine
doctrine et nous reviendrons plus tard sur le sujet dans cet article.
Noms écrits dans le
ciel
Les Écritures nous informent
qu'il y a, dans les cieux, un « livre de souvenir » ou « livre de vie » dans lequel
sont écrits les noms des justes (Malachie 3:16-18 ; Apocalypse 13:8 ; 17:8) [17]. Le
Christ a dit que les noms des soixante-dix disciples qu'il avait choisis « sont écrits
dans les cieux » (Luc 10:20). Certains pourraient prendre des passages tels que ceux-ci
comme une preuve de prédestination, mais cet argument ne tient pas quand on lit que le
Seigneur efface les noms des méchants du livre céleste (Deutéronome 9:14 ; 29:19-20 ;
Psaumes 69:28 ; 2 Rois 14:27 ; Apocalypse 3:5 ; Alma 5:57-58) [18]. Les Écritures sont
claires : si quelquun dont le nom est écrit dans le livre de vie tombe dans le
péché, le Seigneur enlève le nom de cette personne du livre. Il n'y a donc pas de
prédétermination pour la vie éternelle ; Dieu accorde ce don à tous ses enfants, mais
il les enlève de la liste quand ils pèchent.
Quand les Israélites pèchent
avec le veau d'or, Moïse supplie le Seigneur : « Pardonne maintenant leur péché!
Sinon, efface-moi de ton livre que tu as écrit. LÉternel dit à Moïse: Cest
celui qui a péché contre moi que jeffacerai de mon livre » (Exode 32:32-33).
À propos de la supplique de
Moïse, Jean Cassien (vers 360-435 apr. J.-C.) écrit que « Judas [Iscariote]
s'est
pendu afin de ne pas se convertir et se repentir après que son nom a été effacé [19]
et mériter d'être de nouveau écrit parmi les justes dans les cieux. Nous ne devons donc
pas douter qu'au moment où il a été choisi par le Christ et a obtenu une place dans
l'apostolat, le nom de Judas était écrit dans le livre des vivants et qu'il a entendu
comme les autres les mots : Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont
soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux [Luc
10:20]. Mais
il a été corrompu par le fléau de la convoitise et a fait rayer son
nom de cette liste céleste [20]. »
Étude de passages du
Nouveau Testament
On se sert dun certain
nombre de passages de la Bible pour étayer le concept de la prédestination. Nous allons
les étudier chacun pour voir comment il faut les lire dans leur contexte pour montrer
quon peut les utiliser pour soutenir la notion de préordination plutôt que celle
de prédestination.
Jean 1:12-13
« Mais à tous ceux qui
lont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la
volonté de lhomme, mais de Dieu. »
Tous les chrétiens, y compris
les saints des derniers jours, reconnaissent que le salut nest possible que par le
Christ, qui a déclaré être venu pour faire la volonté de son Père (Jean 5:30). Sans
lexpiation du Christ, aucune de nos bonnes uvres ne serait suffisante pour
nous sauver. C'est donc la volonté de Dieu qui assure le salut mais, comme le fait
remarquer le verset 12, nous devons d'abord croire dans le nom du Christ et accepter ce
don [21].
Jean 15:16
« Ce nest pas vous qui
mavez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous
alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous
demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. »
Calvin cite ceci parmi ses
arguments en faveur de la prédestination, disant que le Christ « non seulement exclut
les mérites passés, mais déclare qu'ils n'avaient rien en eux-mêmes qui justifierait
quils soient choisis si ce nest dans la mesure où sa miséricorde le
prévoyait [22]. » Mais pour les saints des derniers jours, ceci ne concerne que les
douze apôtres, que le Christ a choisis pour être ses dirigeants [23]. Comme le Sauveur
ajoute : « Je vous ai choisis du milieu du monde » (verset 19), le choix en question a
été fait dans la condition mortelle. Ce concept est apparenté à Hébreux 5:4, qui
décrit des appels à la prêtrise en disant : « Nul ne sattribue cette dignité,
sil nest appelé de Dieu, comme le fut Aaron » (Voir aussi le 5e article de
foi).
Actes 2:23
« Cet homme, livré selon le
dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous lavez crucifié, vous
lavez fait mourir par la main des impies. »
Il est intéressant que ce
passage fasse du Christ l'objet de la prescience de Dieu. De nombreux passages, la plupart
du temps dans l'Évangile de Jean, nous apprennent que le Sauveur a accepté la volonté
du Père à son sujet. (C'est particulièrement vrai de sa souffrance et de sa mort, comme
nous le lisons dans Luc 22:42.) Nous aussi, nous pouvons prendre la décision
dobéir à Dieu, bien que, dans la condition mortelle, nous ne puissions en aucun
cas être aussi parfaits que le Christ.
Actes 2:39
« Car la promesse est pour
vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le
Seigneur notre Dieu les appellera. »
Lu de manière isolée, ce
verset semble dire que Dieu appelle des gens au salut. En effet, ceci se produit quand on
affermit sa vocation et son élection, comme cela a été traité plus haut. Mais on doit
lire ce verset dans le contexte des deux versets précédents, Actes 2:37-38 :
« Après avoir entendu ce
discours, ils eurent le cur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres
apôtres: Hommes frères, que ferons-nous? Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun
de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous
recevrez le don du Saint-Esprit. ».
Les auditeurs de Pierre lui
demandent ce qu'ils doivent « faire » et Pierre leur dit : « repentez-vous, et soyez
baptisés ». Sils sont déjà sélectionnés pour le salut, pourquoi devraient-ils
encore « faire » quelque chose ?
Actes 2:47
« Et le Seigneur ajoutait
chaque jour à lÉglise ceux qui étaient sauvés. »
L'utilisation malheureuse de
l'expression « étaient sauvés » est synonyme de prédestination pour certains
lecteurs, mais ceci n'est pas ce que le texte grec dit, qui signifie « ceux qui étaient
en train dêtre sauvés ». Ainsi donc les gens étaient en train dêtre
sauvés en entrant dans lÉglise. Il faut lire ce verset en même temps que le
verset 41 du même chapitre, qui déclare que « ceux qui acceptèrent sa parole furent
baptisés; et, en ce jour-là, le nombre des disciples saugmenta denviron
trois mille âmes. » Le fait que Dieu, au verset 47, les « ajoutait », veut-il dire
qu'il les avait prédestinés au salut ? Le texte ne le dit pas, mais il ressort bien des
versets 37 à 41 que Pierre exhorte les auditeurs rassemblés à se repentir et à être
baptisés et que ceux qui le font sont ajoutés à l'Église. Ils sont sauvés parce que
Dieu leur a pardonné quand leurs péchés ont été symboliquement lavés dans les eaux
du baptême.
Actes 13:48
« Les païens se
réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui
étaient destinés à la vie éternelle crurent. »
Dans sa révision de la Bible,
Joseph Smith reformule la dernière partie comme suit : « Tous ceux qui croyaient furent
ordonnés pour la vie éternelle », ce qui cadre mieux avec lidée de libre choix.
Le contexte du passage milite aussi contre lidée de prédestination. Les versets
46-47 décrivent comment Paul et Barnabas apportent la parole de Dieu aux Juifs
dAntioche de Pisidie, qui la rejettent volontairement et deviennent de ce fait «
indignes de la vie éternelle », ce qui amène les apôtres à « se tourner vers les
païens » avec leur message de salut. Il est ironique que dans toute la Bible, le peuple
élu de Dieu soit les Israélites, alors qu'ici les Israélites sont considérés comme
indignes et sont remplacés par les païens. Si Dieu prédestine des personnes à la vie
éternelle ou à la damnation, pourquoi n'a-t-il pas fait en sorte que ces païens
croyants naissent Israélites ? Si tout est déterminé à l'avance, pourquoi Dieu
change-t-il de tactique à ce stade-là ? [24]
Actes 17:26
« [Dieu] a fait que tous les
hommes, sortis dun seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant
déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure. »
La déclaration de Paul est
basée sur Deutéronome 32:8, où nous lisons que « le Très-Haut donna un héritage aux
nations
[et] fixa les limites des peuples [25] ». En soi, ce passage semble dire
que Dieu a décidé des frontières des nations. De nombreux documents historiques nous
apprennent que cette détermination n'était pas éternelle de nature, parce que certaines
sont tombées tandis que d'autres sont apparues tant dans lAntiquité quà
lépoque moderne. En fait, Deutéronome 19:8-9 prévoit lextension des
frontières d'Israël.
Romains 8:28-30
« Nous savons, du reste, que
toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon
son dessein. Car ceux quil a connus davance, il les a aussi prédestinés à
être semblables à limage de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre
plusieurs frères. Et ceux quil a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux
quil a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux quil a justifiés, il les
a aussi glorifiés. »
Les saints des derniers jours
verraient ici une allusion au fait que nous avons accepté le Christ comme notre Sauveur
lors du conseil prémortel. Le terme grec rendu par « prédestiner » signifie «
désigner, déterminer, prévoir ». Bien que la plupart des Bibles anglaises le rendent
par « prédestinés », d'autres utilisent des termes tels que « préordonnés », «
désignés davance », « ordonnés davance » ou « élus ». Il nest
pas question de prédestination dans ce passage comme le montrent les versets qui le
précèdent immédiatement (26-27), où nous lisons que « lEsprit lui-même
intercède » et par le verset 34, qui dit que « Christ
intercède pour nous ». Si
on est déjà choisi pour le salut ou pour la damnation, en quoi une intercession
serait-elle nécessaire ?
Pour ce qui est de « ceux qui
sont appelés », il faut noter ce que le Christ dit à propos de ceux qui
nacceptent pas la convocation du roi : « Il y a beaucoup dappelés, mais peu
délus » (Matthieu 22:14). Cela veut dire que, pour être élu, il faut répondre
à lappel. Paul avertit les Thessaloniciens « de marcher dune manière digne
de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire » (1 Thessaloniciens 2:12). Bien
qu'ils aient déjà été appelés, ils doivent faire quelque chose pour être « dignes
de Dieu ».
Romains 9:10-12
« Et, de plus, il en fut ainsi
de Rébecca, qui conçut du seul Isaac notre père; car, quoique les enfants ne fussent
pas encore nés et quils neussent fait ni bien ni mal, afin que le
dessein délection de Dieu subsistât, sans dépendre des uvres, et par la
seule volonté de celui qui appelle, il fut dit à Rébecca: Laîné sera
assujetti au plus jeune; selon quil est écrit: Jai aimé Jacob Et jai
haï Ésaü. »
Le mot grec rendu par «
élection » au verset 11 signifie « choix ». Ce que nous avons ici, cest
simplement le choix de Dieu de conférer le droit daînesse à Jacob plutôt
quà Ésaü. Ceux qui croient en la prédestination généralisent à partir d'un
cas spécifique, alors que d'autres y verraient un exemple de plus de ce que les êtres
humains ont eu une existence prémortelle au cours de laquelle certains ont été
préordonnés à certaines tâches sur la terre. De plus, le verset 13 cite Malachie 1:2-3
(« jai aimé Jacob, et jai eu de la haine pour Ésaü »), écrit bien des
siècles après le temps d'Ésaü, qui ne prouve donc pas que Dieu ait « haï » Ésaü
avant sa naissance.
Romains 9:15-18
«Car il dit à Moïse: Je
ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et jaurai compassion de qui
jai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui
court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car lÉcriture dit à Pharaon: Je
tai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit
publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui
il veut. »
Le verset 15 cite Exode 33:19 :
« Je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde. »
Finalement, c'est Dieu qui jugera chacun de nous. Sans la miséricorde rendue possible par
l'expiation du Christ, aucune quantité de bonnes actions ne peut nous apporter la
miséricorde. Seul le Seigneur peut connaître notre cur et juger selon ses normes,
pas les nôtres. Ceci ne signifie pas qu'il prédestine les uns au salut et les autres à
la damnation.
Bien que le verset 17 parle du
pharaon de l'exode (citant Exode 9:16), il pourrait tout aussi facilement s'appliquer aux
rois d'Assyrie et de Babylone par lesquels, selon Ésaïe, le Seigneur punirait Israël.
Concernant le roi dAssyrie, le Seigneur dit à Ésaïe : « Je lai lâché
contre une nation impie, Je lai fait marcher contre le peuple de mon courroux, Pour
quil se livre au pillage et fasse du butin, Pour quil le foule aux pieds comme
la boue des rues. Mais il nen juge pas ainsi, Et ce nest pas là la pensée de
son cur; Il ne songe quà détruire, Quà exterminer les nations en
foule » (Ésaïe 10:6-7). Notez le commencement du verset 7, où le Seigneur dit : «
Mais il nen juge pas ainsi, Et ce nest pas là la pensée de son cur. »
Ceci et ce qui suit nous montrent que le roi assyrien agissait à sa guise mais que le
Seigneur tirait profit de ses actions pour punir Israël. Si le Seigneur navait pas
voulu quIsraël soit puni pour ses péchés, il aurait pu le protéger contre les
Assyriens, et, de fait, il va finalement passer à laction en envoyant un ange
attaquer le camp assyrien tandis qu'il assiège Jérusalem (2 Rois 19:35-36 ; Ésaïe
37:36-37).
Romains 9:20-23
« Ô homme, toi plutôt, qui
es-tu pour contester avec Dieu? Le vase dargile dira-t-il à celui qui la
formé: Pourquoi mas-tu fait ainsi? Le potier nest-il pas maître de
largile, pour faire avec la même masse un vase dhonneur et un vase dun
usage vil? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa
puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la
perdition, et sil a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases
de miséricorde quil a davance préparés pour la gloire? »
Le verset 22 semble à
première vue être une preuve en faveur de la prédestination, mais il ne dit pas que
c'est Dieu qui les a « formés pour la perdition ». Nous dirions que c'étaient leurs
propres péchés qui réclamaient leur destruction. Quant au verset 23, les mots «
davance préparés » nimpliquent pas une détermination faite dès le départ
; ils pourraient se rapporter à n'importe quel moment avant que Dieu ne passe à
laction. Au verset 24, Paul dit que ce sont les chrétiens que Dieu a appelés
dentre les Juifs et d'autres. Ce que Paul veut montrer, ce n'est pas la
prédestination, mais lacceptation de l'appel après que le peuple originel élu
(les Juifs) a rejeté le Christ.
Le premier théologien
chrétien, Origène (185-253 apr. J.-C.), écrit comme commentaire de ce passage :
« On dira peut-être que,
comme le potier fait, avec la même masse, un vase dhonneur et un vase dun
usage vil [Romains 9:18-21], de même Dieu crée certains hommes pour la perdition et
d'autres pour le salut ; et que par conséquent il n'est pas dans notre pouvoir d'être
sauvés ou de périr ; raisonnement selon lequel il semble que nous ne possédions pas de
liberté daction. Nous devons répondre à ceux qui sont de cette opinion par la
question : Est-il possible que l'apôtre se contredise ? Et si lon ne peut pas
imaginer ceci de la part d'un apôtre, comment, selon eux, aura-t-il lair juste
quand il fait des reproches à ceux qui se sont engagés dans la fornication à Corinthe
ou à ceux qui ont péché et ne se sont pas repentis de limpudicité, de la
fornication et de limpureté qu'ils avaient commises ? En outre, comment peut-il
féliciter chaleureusement ceux qui ont agi correctement, comme la maison d'Onésiphore,
en disant : Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison
dOnésiphore, car il ma souvent consolé, et il na pas eu honte de mes
chaînes; au contraire, lorsquil est venu à Rome, il ma cherché avec
beaucoup dempressement, et il ma trouvé. Que le Seigneur lui donne
dobtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là. Tu sais mieux que personne
combien de services il ma rendus à Éphèse [2 Timothée 1:16-18] Or il n'est
pas compatible avec la gravité apostolique de blâmer qui est digne de blâme, c.-à-d.,
celui qui a péché et de déborder déloges pour celui qui mérite des louanges
pour ses bonnes uvres ; et de plus, comme si personne navait le pouvoir de
faire quoi que ce soit de bien ou de mal, de dire que c'était laction du Créateur
qui faisait que chacun agissait vertueusement ou méchamment, étant donné quil
fait un vase dhonneur et un autre dusage vil. Et comment peut-il ajouter cette
déclaration : « Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin
que chacun reçoive selon le bien ou le mal quil aura fait, étant dans son corps »
[2 Corinthiens 5:10] ? Car quelle récompense pour avoir fait le bien conférera-t-on à
celui qui ne pouvait pas commettre le mal, le Créateur layant formé dans cette
intention même ? Ou quelle punition méritée va-t-on infliger à celui qui na pas
été capable de faire le bien en conséquence de l'acte créateur de son Fabricant ? En
outre, comment ceci ne s'oppose-t-il pas à cette autre déclaration ailleurs, selon
laquelle dans une grande maison, il ny a pas seulement des vases dor et
dargent, mais il y en a aussi de bois et de terre; les uns sont des vases
dhonneur, et les autres sont dun usage vil. Si donc quelquun se conserve
pur, en sabstenant de ces choses, il sera un vase dhonneur, sanctifié, utile
à son maître, propre à toute bonne uvre [2 Timothée 2:20-21] En
conséquence, celui qui se purifie, devient un vase dhonneur, alors que celui qui a
dédaigné de se purifier de son impureté devient un vase dun usage vil.
Daprès de telles déclarations, à mon avis, la cause de nos actions ne peut en
aucun cas être attribuée au Créateur. Car Dieu le Créateur fait un certain vase
dhonneur et d'autres vases dun usage vil ; mais le vase qui s'est lavé de
toute impureté, Il en fait un vase dhonneur, tandis que celui qui s'est sali par la
souillure du vice, Il en fait un vase dun usage vil. La conclusion de ceci est donc
celle-ci, que la cause des actes de chacun est préexistante ; et puis, Dieu fait de
chacun, selon ses mérites, un vase d'honneur ou dun usage vil. Cest pourquoi,
chaque vase personnellement a fourni hors de lui-même à son Créateur les causes et les
occasions de faire de lui un vase d'honneur ou un vase dun usage vil. Et si
l'affirmation semble correcte, comme elle lest certainement, et en accord avec toute
piété, quil est dû à des causes antérieures que chaque vase soit préparé par
Dieu pour lhonneur ou lusage vil, il ne semble pas absurde que, en discutant
de causes plus lointaines dans le même ordre et selon la même méthode, nous arrivions
à la même conclusion concernant la nature des âmes, et (croyions) que c'est là la
raison pour laquelle Jacob a été aimé avant de venir au monde et Ésaü haï, alors
qu'il était encore dans le sein de sa mère. » (De Principiis 3.1.20) [26]
Romains 11:2-6
« Dieu na point rejeté
son peuple, quil a connu davance. Ne savez-vous pas ce que lÉcriture
rapporte dÉlie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël: Seigneur,
ils ont tué tes prophètes, ils ont renversé tes autels; je suis resté moi seul, et ils
cherchent à môter la vie? Mais quelle réponse Dieu lui fait-il? Je me suis
réservé sept mille hommes, qui nont point fléchi le genou devant Baal. De même
aussi dans le temps présent il y a un reste, selon lélection de la grâce. Or, si
cest par grâce, ce nest plus par les uvres; autrement la grâce
nest plus une grâce. Et si cest par les uvres, ce nest plus une
grâce; autrement luvre nest plus une uvre. »
Dieu nous a connus
davance dans le monde prémortel. La grâce par laquelle nous sommes sauvés vient
de Dieu et sans cette grâce nous pourrions accomplir autant duvres que nous
voulons, elles ne pourraient pas nous sauver. Ici, comme dans d'autres passages, Paul
oppose la grâce qui est rendue possible par l'expiation du Christ aux uvres de la
loi de Moïse, comme je le montre dans mon article « Salvation by Grace Alone ? »
1 Corinthiens 1:8-9
« Il vous affermira aussi
jusquà la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur
Jésus-Christ. Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils,
Jésus-Christ notre Seigneur. »
Bien que certains puissent voir
dans ce passage lidée que Dieu a fixé notre destin éternel à l'avance, les
saints des derniers jours considèrent que ce passage décrit ce qui est appelé «
affermir sa vocation et son élection », comme mentionné plus haut. Tous ceux qui ont
entendu le message de l'Évangile ont été appelés au Christ et beaucoup ont entendu cet
appel, mais tout le monde na pas encore été choisi pour hériter le royaume
céleste. Notez que l'Écriture utilise le futur (« affermira ») plutôt que le passé,
ce qui implique que notre place dans le plan éternel n'a pas encore été fixée.
1 Corinthiens 1:21-29
« Car puisque le monde, avec
sa sagesse, na point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver
les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les
Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les
Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui
sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et
la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Considérez, frères, que parmi vous
qui avez été appelés il ny a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de
puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour
confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes;
et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles quon méprise, celles qui ne
sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie
devant Dieu. »
Selon le point de vue auquel on
se place, ce passage peut être lu de diverses manières. Pour ceux qui reconnaissent la
prédestination de Dieu, il voudrait dire que Dieu choisit principalement les pauvres, les
faibles et les gens sans instruction pour être sauvés. D'autres pourraient dire que Dieu
rend délibérément pauvres, faibles ou sans instruction ceux qui sont destinés au
salut. Les saints des derniers jours croient cependant que ceux qui sont humbles sont plus
ouverts pour recevoir le message de l'Évangile. En uvrant chez les Zoramites, Alma
et ses compagnons missionnaires saperçoivent que les pauvres sont plus réceptifs
à leur message parce qu'ils sont dédaignés par les riches et par conséquent ont été
rendus humbles par eux.
« Je vous le dis, il est bon
que vous soyez chassés de vos synagogues, afin que vous soyez humbles et que vous
appreniez la sagesse; car il est nécessaire que vous appreniez la sagesse; car c'est
parce que vous êtes chassés, que vous êtes méprisés par vos frères, à cause de
votre extrême pauvreté, que vous êtes amenés à l'humilité de cur; car vous
êtes nécessairement amenés à être humbles. Et maintenant, parce que vous êtes
forcés d'être humbles, bénis êtes-vous; car parfois, s'il est forcé d'être humble,
l'homme cherche le repentir; et maintenant, assurément, quiconque se repent trouve
miséricorde; et celui qui trouve miséricorde et persévère jusqu'à la fin, celui-là
sera sauvé. Et maintenant, comme je vous l'ai dit, parce que vous avez été forcés
d'être humbles, vous êtes bénis; ne pensez-vous pas que ceux qui s'humilient vraiment
à cause de la parole sont encore plus bénis? Oui, celui qui s'humilie vraiment, et se
repent de ses péchés, et persévère jusqu'à la fin, celui-là sera béni oui,
beaucoup plus béni que ceux qui sont forcés d'être humbles à cause de leur extrême
pauvreté. C'est pourquoi, bénis sont ceux qui s'humilient sans être forcés d'être
humbles; ou plutôt, en d'autres termes, béni est celui qui croit en la parole de Dieu et
est baptisé sans obstination de cur, oui, sans être amené à connaître la
parole, ou même forcé de connaître, avant de croire » (Alma 32:12-16).
Le roi Benjamin a déclaré que
« l'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour
toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de l'Esprit-Saint, et ne
se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un saint par l'expiation du Christ, le
Seigneur, et ne devienne semblable à un enfant, soumis, doux, humble, patient, plein
d'amour, disposé à se soumettre à tout ce que le Seigneur juge bon de lui infliger,
tout comme un enfant se soumet à son père » (Mosiah 3:19). Le Sauveur lui-même a
enseigné : « Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne
devenez comme les petits enfants, vous nentrerez pas dans le royaume des cieux.
Cest pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand
dans le royaume des cieux » (Matthieu 18:3-4). Bien qu'il n'y ait pas de salut sans
lexpiation du Christ, seul celui qui « se rendra humble » peut « entrer dans
royaume des cieux ». Il n'y a aucune allusion à la prédestination dans 1 Corinthiens 1.
1 Corinthiens 2:6-9
« Cependant, cest une
sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui nest pas de ce siècle,
ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis; nous prêchons la sagesse de Dieu,
mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire,
sagesse quaucun des chefs de ce siècle na connue, car, sils
leussent connue, ils nauraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Mais,
comme il est écrit, ce sont des choses que lil na point vues, que
loreille na point entendues, et qui ne sont point montées au cur de
lhomme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui laiment. »
Le mot « parfaits » peut
inciter certains à penser que Dieu a ainsi fait ceux qui sont destinés à la vie
éternelle, mais le passage ne dit pas comment ils sont devenus « parfaits. » Ailleurs,
l'apôtre Paul écrit que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils
sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en
Jésus-Christ » (Romains 3:23-24). Il est clair que la perfection ne peut sobtenir
que par l'expiation du Christ, mais d'autres passages de la Bible nous apprennent que nous
devons faire preuve de foi, nous repentir de nos péchés, être baptisés et recevoir le
Saint-Esprit pour recevoir toutes les bénédictions de cette expiation. (
) Le jeune
homme riche qui avait gardé tous les commandements demande au Sauveur : « Que me
manque-t-il encore ? » À quoi le Christ répond : « Si tu veux être parfait, va, vends
ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis
viens, et suis-moi » (Matthieu 19:20-21). Ceci nous apprend que le Seigneur attend de
nous que nous fassions quelque chose pour être rendus parfaits.
Le vrai but de
lexplication de Paul dans 1 Corinthiens 2 est que Dieu a fixé avant le monde des
récompenses pour « ceux qui laiment », pas quil a arbitrairement décidé
à l'avance qui de nous recevrait ces récompenses. Dieu veut que nous soyons tous
récompensés de cette façon, mais il ne laccorde quà ceux qui sont «
transformés par le renouvellement de lintelligence » (Romains 12:2).
1 Corinthiens 2:7 n'est pas la
seule épître de Paul à faire remarquer que Dieu a ordonné le salut « avant le monde
». Dans 2 Timothée 1:9, il écrit que le Seigneur « nous a sauvés, et nous a adressé
une sainte vocation, non à cause de nos uvres, mais selon son propre dessein, et
selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels »
tandis que dans Tite 1:2 il parle de « espoir de la vie éternelle, que Dieu, qui ne peut
pas se trouver, a promis avant que le monde ait commencé ». Certains lecteurs pourraient
voir dans de tels passages des preuves de prédestination, mais les saints des derniers
jours les voient dans le contexte du conseil prémortel au cours duquel le plan du salut
nous a été présenté à tous avant que nous ne venions sur la terre. Ainsi, dans
D&A 121:32, nous lisons : « selon ce qui a été décrété au sein du conseil du
Dieu éternel de tous les autres dieux avant que ce monde fût, qui serait réservé pour
l'achèvement et la fin de celui-ci, lorsque tous les hommes entreront en sa présence
éternelle et dans son repos immortel. » De même, nous lisons : « oui, ces choses qui
étaient dès le commencement, avant que le monde fût, qui furent établies par le Père,
par l'intermédiaire de son Fils unique, qui était dès le commencement dans le sein du
Père » (D&A 76:13).
2 Corinthiens 5:5
« Et celui qui nous a formés
pour cela, cest Dieu, qui nous a donné les arrhes de lEsprit. »
Ce passage doit être lu dans
le sens des « arrhes de l'Esprit » que l'on reçoit après le baptême. Il n'y a aucune
idée de prédestination ici.
Éphésiens 1:3-5, 9,
11
« Béni soit Dieu, le Père de
notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions
spirituelles dans les lieux célestes en Christ! En lui Dieu nous a élus avant la
fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous
ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants dadoption par Jésus-Christ,
selon le bon plaisir de sa volonté
nous faisant connaître le mystère de sa
volonté, selon le bienveillant dessein quil avait formé en lui-même
En lui
nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de
celui qui opère toutes choses daprès le conseil de sa volonté. »
Les saints des derniers jours
interprètent ceci comme voulant dire que nous avons accepté le plan du salut dans notre
existence prémortelle « avant la fondation du monde ». C'est ce que signifient « les
lieux célestes » où nous avons accepté le Christ comme notre Rédempteur. Nous qui
avons suivi le Sauveur dans notre état prémortel, nous avons été choisis par Dieu pour
venir sur la terre selon son plan, alors que ceux qui ont rejeté le Christ et ont suivi
le diable étaient expulsés et privés du droit d'obtenir un corps physique.
Éphésiens 1:13-14
« En lui vous aussi, après
avoir entendu la parole de la vérité, lÉvangile de votre salut, en lui vous avez
cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage
de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu sest acquis, à la louange
de sa gloire. »
Ici, encore, nous avons le «
gage » (acompte) que nous avons vu dans 2 Corinthiens 5:5, doublé du Saint-Esprit par
lequel les promesses sont assurées. Mais ceci n'implique pas la prédestination.
1 Thessaloniciens 1:4
« Nous savons, frères
bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus. »
Le terme grec rendu par «
élus » signifie « choisis ». Le passage n'implique pas que le choix a été fait avant
notre naissance dans la condition mortelle. En effet, Paul écrivait à des gens qui
étaient entre-temps devenus chrétiens, connus pour « luvre de votre foi, le
travail de votre charité, et la fermeté de votre espérance en notre Seigneur
Jésus-Christ » (verset 3) et qui étaient « un modèle pour tous les croyants de la
Macédoine et de lAchaïe » (verset 7).
1 Thessaloniciens 4:7
« Car Dieu ne nous a pas
appelés à limpureté, mais à la sanctification. »
Comme ailleurs, nous apprenons
que Dieu appelle les hommes, mais le passage ne veut pas dire que cet appel est
arbitraire. En effet, dans les versets précédant celui qui est cité ici, Paul rappelle
à ses lecteurs les « préceptes [que] nous vous avons donnés de la part du Seigneur
Jésus » et les met en garde contre la promiscuité sexuelle en disant : « Ce que Dieu
veut, cest votre sanctification; cest que vous vous absteniez de
limpudicité » (verset 3). La volonté de Dieu est donc que nous soyons
sanctifiés, mais cela ne se peut si nous n'abandonnons pas le péché.
1 Thessaloniciens 5:9
« Car Dieu ne nous a pas
destinés à la colère, mais à lacquisition du salut par notre Seigneur
Jésus-Christ. »
La lecture superficielle que
font de ce passage ceux qui prétendent que Dieu a déjà décidé de notre destin n'est
pas justifiée quand on lit le passage dans le contexte. Écrivant à ceux qui avaient
déjà fait les premières démarches vers le salut en croyant au Christ et en devenant
membres de son troupeau, Paul avertit : « Ne dormons donc point comme les autres, mais
veillons et soyons sobres » (verset 6), « ayant revêtu la cuirasse de la foi et de la
charité, et ayant pour casque lespérance du salut » (verset 8). Le verset 9 dit
tout simplement que Dieu veut que nous soyons sauvés par le Christ et ne subissions pas
le châtiment. Cest ce quon retrouve aussi dans les paroles du Seigneur au
prophète Ézéchiel : « Rejetez loin de vous toutes les transgressions par lesquelles
vous avez péché; faites-vous un cur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi
mourriez-vous, maison dIsraël? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt,
dit le Seigneur, lÉternel. Convertissez-vous donc, et vivez » (Ézéchiel
18:31-32). De même, l'apôtre Jacques écrit : « Mes frères, si quelquun parmi
vous sest égaré loin de la vérité, et quun autre ly ramène,
quil sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il sétait
égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés » (Jacques
5:19-20).
1 Thessaloniciens
5:23-24
« Que le Dieu de paix vous
sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, lesprit, lâme et
le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de lavènement de notre Seigneur
Jésus-Christ! Celui qui vous a appelés est fidèle, et cest lui qui le fera. »
Nous notons encore une fois que
le Seigneur appelle les humains et que la vie éternelle du corps et de l'esprit dépend
de l'expiation du Christ. Un défenseur de la prédestination lirait dans les mots « qui
le fera » lidée que Dieu, en fait, garde les chrétiens irréprochables, mais ce
n'est pas ce que le texte dit. Paul écrit que c'est ce pour quoi il prie, pas que c'est
un absolu. Si Dieu a déjà choisi qui sera sauvé et qui sera damné, les prières ne
pourraient avoir aucun effet sur le résultat.
2 Thessaloniciens
1:11-12
« Cest pourquoi aussi
nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous juge dignes de la
vocation, et quil accomplisse par sa puissance tous les desseins bienveillants de sa
bonté, et luvre de votre foi, pour que le nom de notre Seigneur Jésus soit
glorifié en vous, et que vous soyez glorifiés en lui, selon la grâce de notre Dieu et
du Seigneur Jésus-Christ. »
Comme pour le passage précédent de sa première épître aux Thessaloniciens, Paul note
de nouveau que les frères priaient pour les chrétiens pour que Dieu les considère comme
dignes de sa « vocation ». Ils avaient été appelé au Christ, mais n'avaient pas
encore été élus.
2 Thessaloniciens
2:11-15
« Aussi Dieu leur envoie une
puissance dégarement, pour quils croient au mensonge, afin que tous ceux qui
nont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à linjustice, soient
condamnés. Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre
continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour
le salut, par la sanctification de lEsprit et par la foi en la vérité. Cest
à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous possédiez la gloire de
notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les
instructions que vous avez reçues, soit par notre parole, soit par notre lettre. »
Quelquun qui croit à la
prédestination verrait dans les mots « dès le commencement » lidée que tous
ceux qui sont destinés au salut ont été choisis au moment appelé le « commencement »
dans Genèse 1:1, c.-à-d., la création du monde. Mais Paul écrit que ceux «
choisis
pour le salut » lont été « par la sanctification de l'Esprit et
par la foi en la vérité », c.-à-d., quils avaient cru et avaient reçu l'Esprit.
Ceux-là avaient été « appelés
par notre Évangile ». Le terme « Évangile »
signifie « bonne nouvelle » et « notre Évangile » doit désigner la bonne nouvelle
prêchée par Paul et ses compagnons. Par conséquent, « le commencement » fait allusion
au moment où ces convertis au Christ ont reçu le message que Paul leur a apporté.
Ailleurs, Paul écrit : « Car
quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Comment donc invoqueront-ils celui en
qui ils nont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils nont pas
entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, sil ny a personne qui
prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, sils ne sont pas envoyés? »
(Romains 10:13-15). Ce quil dit, cest que le salut dépend de ce que lon
entend le message de l'Évangile et de ce quon l'accepte. En fait, cela fait écho
aux paroles de Jésus aux apôtres juste avant son ascension : « Puis il leur dit: Allez
par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira
et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc
16:15-16). Il ny a ici aucune mention de prédestination de certains au salut et
d'autres à la damnation.
2 Timothée 1:9-10
« Qui nous a sauvés, et nous
a adressé une sainte vocation, non à cause de nos uvres, mais selon son propre
dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps
éternels, et qui a été manifestée maintenant par lapparition de notre Sauveur
Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et limmortalité
par lÉvangile. »
Ce passage nous informe que
Dieu a exercé sa grâce envers nous dans le monde prémortel, quand le Christ sest
vu confier la responsabilité de réaliser l'Expiation. Notre Sauveur « a détruit la
mort » pour toute l'humanité, assurant ainsi la résurrection de tous ceux qui étaient
nés dans la condition mortelle. C'est ce salut-là qui nexige aucune « uvre
» de notre part, car les justes comme les méchants ressusciteront (Jean 5:29). « Et
comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens
15:22). Le salut par la résurrection surmonte la mort physique qui est entrée dans le
monde par la chute d'Adam et Ève. Nos premiers parents ont aussi subi une mort
spirituelle, étant retranchés de la présence de Dieu. Le Christ a vaincu cette mort
aussi, mais seulement pour ceux qui se soumettent volontairement à ses conditions pour le
salut spirituel qui nous ramène en la présence de Dieu (voir D&A 29:40-49 ; 2 Néphi
9:10-13 ; Alma 12:16 ; 42:2-16).
2 Timothée 2:19
« Néanmoins, le solide
fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau: Le Seigneur
connaît ceux qui lui appartiennent; et: Quiconque prononce le nom du Seigneur, quil
séloigne de liniquité. »
Bien que certains adeptes de la
prédestination puissent ne pas voir ici une preuve en faveur de leur point de vue, Calvin
cite ce passage à l'appui de cette idée. Il se comprend plus aisément comme voulant
dire que Dieu sait quels membres de son Église sefforcent vraiment de faire sa
volonté.
Tite 3:4-7
« Mais, lorsque la bonté de
Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés,
non à cause des uvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa
miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit,
quil a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que,
justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle.
»
Sil est vrai quil
écrit que nous sommes justifiés par la grâce divine, Paul relève aussi la nécessité
du baptême deau et « du Saint-Esprit ». Dans toutes les Écritures, le Seigneur
souligne que nous serons jugés par nos uvres, mais l'expiation du Christ n'est pas
venue « à cause des uvres de la justice que nous aurions faites, mais [à cause
de] sa miséricorde ». En effet, le Christ a souffert et est mort pour nous parce que
nous étions pécheurs, pas parce que nous avons gagné le salut par de bonnes
uvres. Dieu savait davance que nous tomberions dans le péché ; il a donc
assuré l'Expiation pour nous permettre de reconnaître le don de la miséricorde et de
nous détourner de la méchanceté. En conséquence, le fait dêtre sauvés par la
grâce du Christ ne signifie pas que nous sommes prédestinés au salut ou à la
damnation, seulement que le don de l'Expiation, comme moyen de délivrance, a été
accordé pour tous ceux qui veulent sen saisir.
1 Pierre 1:2
« Et qui sont élus selon la
prescience de Dieu le Père, par la sanctification de lEsprit, afin quils
deviennent obéissants, et quils participent à laspersion du sang de
Jésus-Christ: que la grâce et la paix vous soient multipliées! »
Les saints des derniers jours
reconnaissent la prescience de Dieu, mais ne voient pas dans ce passage une preuve de
prédestination dans le sens qu'il élimine le libre choix. Alma parle des grands prêtres
dautrefois qui « étaient appelés et préparés dès la fondation du monde, selon
la prescience de Dieu, à cause de leur foi extrême et de leurs bonnes uvres; ils
étaient laissés libres, dès le départ, de choisir le bien ou le mal; et ayant alors
choisi le bien et exerçant une foi extrêmement grande, ils sont appelés d'un saint
appel, oui, de ce saint appel qui fut préparé avec, et selon, une rédemption
préparatoire pour de telles personnes » (Alma 13:3 ; voir aussi le verset 7). Nous
croyons donc que, quand nous étions esprits dans un monde prémortel, nous avons été
autorisés à choisir entre le plan de Dieu et celui de Satan et que parmi ceux qui ont
accepté le plan que le Christ les sauverait et les ramènerait au Père, Dieu a choisi
les dirigeants qui mettraient en application son plan dans la condition mortelle.
L'apôtre Pierre écrit à
propos du Christ quil a été « prédestiné avant la fondation du monde, et
manifesté à la fin des temps, à cause de vous » (1 Pierre 1:20). Le terme grec rendu
par « prédestiné » signifie » connu davance ». Puisque tous les chrétiens
reconnaissent que le Christ a eu une existence prémortelle véritable, ne devrions-nous
pas pouvoir supposer que la prescience que Dieu a des mortels implique aussi qu'ils ont
existé avant de venir sur terre ?
1 Pierre 2:6-8
« Car il est dit dans
lÉcriture: Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse; Et
celui qui croit en elle ne sera point confus. Lhonneur est donc pour vous, qui
croyez. Mais, pour les incrédules, La pierre quont rejetée ceux qui bâtissaient
Est devenue la principale de langle. Et une pierre dachoppement Et un rocher
de scandale; ils sy heurtent pour navoir pas cru à la parole, et cest
à cela quils sont destinés. »
Les adeptes de la
prédestination considèrent les mots à la fin du verset 8 (« cest à cela
quils sont destinés ») comme une preuve en faveur de leur thèse. La TJS omet ces
mots et retouche ces versets. Mais la vraie question est de savoir si ce passage signifie
que Dieu a placé des gens dans un état de désobéissance ou s'ils sont mis sous la
pierre pour être écrasés à cause de leur désobéissance. Je présume que personne
nirait croire que Dieu est la cause du mal ; cest donc la deuxième
proposition qui serait correcte.
Apocalypse 13:8
« Et tous les habitants de la
terre ladoreront, ceux dont le nom na pas été écrit dès la fondation du
monde dans le livre de vie de lagneau qui a été immolé. »
Ce passage parle de ceux «
dont le nom na pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de
lagneau qui a été immolé ». La fondation du monde, cest le moment où le
Christ a été choisi comme sacrifice, pas celui où les noms ont été inscrits (ou, dans
ce cas-ci, non inscrits) dans le livre. Apocalypse 3:5 montre que des noms peuvent être
effacés du livre de vie, ce qui réfute clairement l'idée de prédestination au salut ou
à la damnation.
Apocalypse 17:8
« La bête que tu as vue
était, et elle nest plus. Elle doit monter de labîme, et aller à la
perdition. Et les habitants de la terre, ceux dont le nom na pas été écrit dès
la fondation du monde dans le livre de vie, sétonneront en voyant la bête, parce
quelle était, et quelle nest plus, et quelle reparaîtra. »
À première vue, ceci semble
vouloir dire que ceux qui sont prédestinés au salut ont leur nom inscrit « dès la
fondation du monde dans le livre de vie ». Mais dans le même livre de lApocalypse,
le Christ dit à Jean : « Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs; je
neffacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père
et devant ses anges » (Apocalypse 3:5). Puisque notre nom peut être effacé du livre de
vie, il est clair que nous ne sommes pas prédestinés au salut ou à la damnation. Comme
nous le relevons plus haut dans la section intitulée « Noms écrits dans le ciel »,
d'autres passages de Bible affirment aussi que des noms peuvent être effacés du livre de
vie pour cause de péché.
Jugés par leurs
uvres
La Bible enseigne clairement
que Dieu nous jugera selon nos uvres. L'apôtre Jean écrit : « Et je vis les
morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent
ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent
jugés selon leurs uvres, daprès ce qui était écrit dans ces livres. La mer
rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts
qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses uvres » (Apocalypse 20:12-13 ;
cf. Daniel 7:10).
Jésus a expliqué le principe
du salut à Nicodème en disant : « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le
royaume de Dieu
si un homme ne naît d eau et dEsprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jean 3:3, 5). Il ajoute :
« Et comme Moïse éleva le
serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de lhomme soit élevé, afin
que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde
quil a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point,
mais quil ait la vie éternelle. Dieu, en effet, na pas envoyé son Fils dans
le monde pour quil juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui
qui croit en lui nest point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé,
parce quil na pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et ce jugement cest
que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à
la lumière, parce que leurs uvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal
hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses uvres ne soient
dévoilées; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses
uvres soient manifestées, parce quelles sont faites en Dieu ». (Jean
3:14-21)
Il ressort bien de ce qui
précède que, en plus du baptême deau et d'Esprit, la foi au Christ et les bonnes
actions sont nécessaires pour le salut. D'ailleurs, le passage note aussi que Dieu « a
aimé le monde » pas simplement certaines personnes dans le monde, et qu'il a envoyé le
Christ « pour que le monde soit sauvé par lui ». Le fait que Dieu ait envisagé la
possibilité que son Fils puisse sauver le monde entier exclut le concept de
prédestination, puisque tous auraient loccasion d'entendre la parole et d'agir en
conséquence.
Repentir et baptême
Puisque nous devons être
jugés selon nos uvres, il est logique que nous puissions être jugés plus durement
si nous commettons plus de péchés et être bénis davantage en nous en repentant. Ceci
est illustré par la parabole des serviteurs dans Luc 12:42-48, où nous apprenons que «
on demandera beaucoup à qui lon a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui
à qui lon a beaucoup confié ». Le serviteur qui est fidèle à son maître
absent, celui-ci « létablira sur tous ses biens », tandis que le serviteur
infidèle « sera battu dun grand nombre de coups » « Mais celui qui, ne
layant pas connue, a fait des choses dignes de châtiment, sera battu de peu de
coups. »
Le principe du repentir est
essentiel au salut. Ceci est clairement illustré dans les paroles du Seigneur à
Ézéchiel, dans lesquelles il charge le prophète d'avertir le méchant de se repentir
pour quil puisse être sauvé. Le pécheur repentant sera sauvé, tandis que le
juste qui se tourne vers le péché sera châtié. En outre, le prophète lui-même sera
récompensé ou puni selon quil sefforce ou non de tourner le pécheur vers
Dieu (Ézéchiel 3:18-21 ; 18:21-24 ; 33:11-16). Exode 34:6-7 décrit le Seigneur comme «
miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui
conserve son amour jusquà mille générations, qui pardonne liniquité, la
rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit
liniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusquà
la troisième et à la quatrième génération! » Ce qui veut dire quil ne sauve
pas ceux qui ne se repentent pas.
Le principe qui sous-tend la
responsabilité de prêcher la parole est expliqué dans ce que le Seigneur dit à Joseph
Smith : « Voici, je vous envoie témoigner et avertir le peuple, et il convient que
quiconque a été averti avertisse son prochain » (D&A 88:81). L'apôtre Paul
explique ainsi le principe : « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils nont pas cru? Et comment croiront-ils
en celui dont ils nont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler,
sil ny a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs,
sils ne sont pas envoyés? selon quil est écrit: Quils sont beaux Les
pieds de ceux qui annoncent la paix, De ceux qui annoncent de bonnes nouvelles! »
(Romains 10:13-15). Dans 1 Thessaloniciens 2:16, il explique que les judaïsants « nous
empêch[e]nt de parler aux païens pour quils soient sauvés ». Il est clair que
pour avoir le salut il faut entendre le message de l'Évangile et obéir à ses
ordonnances.
Le Sauveur lui-même avait ce
principe à l'esprit pendant son exhortation finale aux apôtres, quand il dit : « Allez
par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira
et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc
16:15-16). Cest ce commandement que Pierre suit quand, le jour de Pentecôte, il
répond à la question de son auditoire au sujet de ce qu'il doit faire. Il déclare : «
Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon
de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2:38). Ce passage (avec
Hébreux 6:1-2) cite les quatre choses nécessaires au salut, comme expliqué dans les 3e
et 4e articles de foi :
« Nous croyons que, grâce au
sacrifice expiatoire du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux
lois et aux ordonnances de l'Évangile. Nous croyons que les premiers principes et
ordonnances de l'Évangile sont: premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ,
deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la rémission des
péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. »
Notez que le 3e article de foi
ne dit pas que « tout le genre humain sera sauvé », seulement quil « peut être
sauvé ». Comme dans le passage dActes 2, le baptême est présenté comme étant
« pour la rémission des péchés ». Le terme « foi » n'est pas utilisé dans Actes
2:38, mais le fait qu'on est « baptisé au nom du Jésus-Christ » implique que, sans la
foi au Christ, le baptême est sans effet. D'autres passages du Nouveau Testament qui
disent que le repentir et le baptême sont nécessaires pour la rémission des péchés
sont Marc 1:4 et Luc 3:3 ; 24:47 ; Actes 2:38.
« Et voici, je vous dis que si
vous faites cela, vous vous réjouirez toujours, et serez remplis de l'amour de Dieu, et
conserverez toujours le pardon de vos péchés; et vous progresserez dans la connaissance
de la gloire de celui qui vous a créés, ou dans la connaissance de ce qui est juste et
vrai » (Mosiah 4:12).
Réflexions en guise de
conclusion
La base de la notion de
prédestination est que Dieu a désigné certains d'entre nous pour le salut et d'autres
pour la damnation. Ce concept est réfuté dans la parabole de Jésus (Matthieu 13:37-39)
où le « semeur » (le Seigneur) sème le blé (les justes), tandis que son « ennemi »
(le diable) sème livraie (les méchants). Dieu n'a pas placé la méchanceté dans
le monde ; cela, c'était le fait de Satan. La parabole du semeur dit que cest « le
malin » qui a introduit le péché dans le monde (Matthieu 13:19).
Ce que ces passages impliquent
pour ceux qui croient en la prédestination, cest que Dieu aurait aussi prédestiné
les uvres mauvaises du diable, faisant de Dieu la source du mal [27] ! Pour ceux
qui, comme les saints des derniers jours, croient au libre choix de l'humanité,
cest le diable qui a fait usage de son libre arbitre pour rejeter Dieu et pour
devenir mauvais et qui continue d'essayer d'influencer les autres pour quils fassent
comme lui.
Le Livre de Mormon nous exhorte
à « conserver[] toujours le pardon de [n]os péchés » (Mosiah 4:12 ; Alma 4:14). Nous
le faisons en nous repentant continuellement des péchés et en renouvelant
lalliance du baptême en prenant la Sainte-Cène en mémoire de l'expiation du
Christ. Néphi fait allusion à ce concept dans son traitement de la nécessité du
baptême comme accès au chemin étroit et resserré qui mène à la présence de Dieu (2
Néphi 31:17-18). Il écrit :
« Et maintenant, mes frères
bien-aimés, je vous demande si tout est fait lorsque vous êtes entrés dans ce sentier
étroit et resserré? Voici, je vous dis que non; car vous n'êtes arrivés jusque là que
par la parole du Christ, avec une foi ferme en lui, vous reposant entièrement sur les
mérites de celui qui est puissant à sauver. C'est pourquoi, vous devez marcher
résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance d'une pureté parfaite et
l'amour de Dieu et de tous les hommes; c'est pourquoi, si vous marchez résolument, vous
faisant un festin de la parole du Christ, et persévérez jusqu'à la fin, voici, ainsi
dit le Père: Vous aurez la vie éternelle » (2 Néphi 31:19-20).
Le Sauveur a enseigné que nous
ne pouvons pas entrer dans le royaume de Dieu sans être baptisés d'eau et d'Esprit (Jean
3:3-7). Pierre écrit que ceux qui « purifi[ent leur âme] en obéissant à la vérité
» sont « régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence
incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1:22-23). Le
Seigneur a dit à Alma, « Ne t'étonne pas de ce que toute l'humanité, oui, les hommes
et les femmes, toutes les nations, tribus, langues et peuples doivent naître de nouveau;
oui, naître de Dieu, changer de leur état charnel et déchu à un état de justice,
étant rachetés par Dieu, devenant ses fils et ses filles; et ainsi, ils deviennent de
nouvelles créatures; et s'ils ne font pas cela, ils ne peuvent en aucune façon hériter
le royaume de Dieu » (Mosiah 27:25-26). Alma a plus tard enseigné « que vous devez vous
repentir et naître de nouveau, car l'Esprit dit que si vous ne naissez pas de nouveau,
vous ne pouvez hériter le royaume des cieux; c'est pourquoi, venez et soyez baptisés au
repentir, afin d'être lavés de vos péchés, afin d'avoir foi en l'Agneau de Dieu, qui
ôte les péchés du monde, qui est puissant à sauver et à purifier de toute injustice
» (Alma 7:14 ; voir aussi Alma 5:14).
Notes
[1] En rapport avec cette
étude, il y a le débat sur la grâce/la foi par opposition aux uvres. Voir mon
article « Salvation by Grace Alone ? » affiché sur
http://www.fairlds.org/Misc/Is_There_Salvation_by_Grâce_Alone.html.
[2] Tous les chrétiens qui croient en la prédestination nacceptent pas toutes les
thèses d'Augustin.
[3] Voir LInstitution de la religion chrétienne de Calvin 3.21. On trouvera une
comparaison des idées de Martin Luther et de Joseph Smith, dans Dillenberger, John, «
Grace and Works in Martin Luther and Joseph Smith », dans Reflections on Mormonism:
Judaeo-Christian Parallels, dir. de publ. Truman G. Madsen, Provo, BYU Religious Studies
Center, 1978.
[4] On trouvera des commentaires au chapitre 41 ("Becoming as Little Children")
dans John A. Tvedtnes, The Most Correct Book: Insights from a Book of Mormon Scholar,
Bountiful, UT, Cornerstone/Horizon, 1999, pp. 278-281.
[5] Le texte grec dit en réalité « pour le monde entier (cosmos) », mais les
traducteurs ont ajouté les mots « ceux du ».
[6] La dernière exhortation du Christ à ses apôtres, prononcée au jardin de
Gethsémané, avant son arrestation, a été : « Veillez et priez, afin que vous ne
tombiez pas dans la tentation (Matthieu 26:41). Ce commandement est répété dans
d'autres passages de la Bible, du Livre de Mormon et des Doctrine et Alliances. Voir le
traitement au chapitre 28 ("Watch and Pray") de mon livre The Most Correct Book.
[7] Allusion évidente à Judas Iscariote.
[8] Apocalypse 17:14 dit que ceux qui participeront avec le Christ à la guerre finale
contre le mal sont « les appelés, les élus et les fidèles ». Le terme « fidèles »
indique que quelque chose était attendu deux et qu'ils n'ont pas été
arbitrairement choisis pour le salut. Ceci nous rappelle que Néphi a écrit que « les
tendres miséricordes du Seigneur sont sur tous ceux qu'il a choisis à cause de leur foi,
pour les rendre puissants au point même d'avoir le pouvoir de délivrance » (1 Néphi
1:20). D'autres passages du Livre de Mormon indiquent que le Christ a choisi ses disciples
à cause de leur foi en lui (3 Néphi 19:20, 28).
[9] Lun des principaux passages bibliques utilisés pour soutenir l'idée de
l'existence prémortelle de l'homme en la présence de Dieu est Jérémie 1:4-5 : « La
parole de lÉternel me fut adressée, en ces mots: Avant que je teusse formé
dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein,
je tavais consacré, je tavais établi prophète des nations. »
[10] Alexander Roberts et James Donaldson, dir. de publ., Ante-Nicene Fathers 1:172.
[11] Citant Deutéronome 30:15, 19. Un certain nombre de pseudépigraphes anciens disent
que Dieu a dit la même chose à Adam.
[12] Citant Ésaïe 1:16, etc.
[13] Alexander Roberts et James Donaldson, dir. de publ., Ante-Nicene Fathers 1:177.
[14] Philip Schaff et Henry Wace, dir. de publ., Nicene and Post-Nicene Fathers, Second
Series, réimpression, Peabody, MA, Hendrickson, 1994, 11:471-472.
[15] E.H. Gifford, traducteur, Eusebii Pamphili Evangelicae Praeparationis, Oxford, 1903,
3:281.
[16] LInstitution de la religion chrétienne 3.22.8.
[17] Voir aussi TJS Ésaïe 34:16 ; Alma 5:58 ; 3 Néphi 24:16-18 ; D&A 76:68. On
trouve le même genre de déclarations au sujet des registres conservés sur terre :
Mosiah 26:36 ; Alma 1:24 ; D&A 85:5, 11-12 (allusion à Esdras 2:61-63).
[18] Cf. Psaume 109:13. Pour leffacement des noms des registres de lÉglise,
voir Alma 6:3 ; Moroni 6:7 ; D&A 20:83.
[19] Allusion à Ésaïe 6:10, qui est cité dans Matthieu 13:15 ; Jean 12:40 ; Actes
28:27 ; 2 Néphi 16:10 ; 3 Néphi 9:13 ; D&A 112:13.
[20] Philip Schaff et Henry Wace, dir. de publ., Nicene and Post-Nicene Fathers, 11:472.
[21] Le point de vue de lÉglise apparaît dans D&A 88:33 : « Car à quoi
sert-il à un homme qu'un don lui soit accordé s'il ne reçoit pas le don? Voici, il ne
se réjouit pas de ce qui lui est donné, ni ne se réjouit de celui qui fait le don. »
[22] LInstitution de la religion chrétienne 3.22.3.
[23] Certains saints des derniers jours, citant Joseph Smith, croient que tous les
détenteurs de la prêtrise ont été préordonnés à la prêtrise dans le monde
prémortel. Le passage concerné, dans History of the Church 6:364, dit : « Quiconque est
appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but
même dans le grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que cest
dans ce Grand Conseil que jai été ordonné à cet office même. » J'interprète
les mots « un ministère auprès des habitants du monde » comme désignant ceux qui
détiennent les clefs pour le monde entier, ce qui signifierait que le prophète Joseph
navait que les apôtres à lesprit, bien que cela puisse ne s'appliquer
quaux présidents de l'Église ou aux dirigeants de dispensations. Voir aussi
Abraham 3:23. Pour la préordination de Joseph Smith, voir aussi D&A 127:2 et History
of the Church 5:143.
[24] Je suis conscient du fait que les pensées et les voies de Dieu sont infiniment plus
grandes que les nôtres (Ésaïe 55:8-9), mais puisque ce sont les théologiens et pas
Dieu qui ont conçu la fausse notion de la prédestination, leur point de vue doit pouvoir
être soumis à la raison.
[25] Il y a un problème de traduction dans ce passage, mais il n'affecte pas ce qui est
dit ici.
[26] Alexander Roberts et James Donaldson, dir. de publ., Ante-Nicene Fathers
(réimpression Peabody, MA: Hendrickson, 1994), 9:324-325.
[27] Je ne doute pas que certains pourraient raisonner ceci autrement que moi.
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