Les vêtements sacrés ne sont pas quelque chose de propre aux saints des derniers jours. Ils ont une longue histoire. L’examen des documents anciens révèle des ressemblances et des liens remarquables avec les pratiques du temple.

 

VETEMENTS SACRES : UN ASPECT UNIQUE DE L’ANTIQUITE CHRETIENNE

 

Blake Ostler

© BYU Studies 22, n° 1, 1981

 

Les textes anciens tels que les manuscrits de la mer Morte, les codex de Nag Hammadi, les pseudépigraphes [écrits attribués à un auteur fictif, Ndt], la littérature rabbinique et la littérature chrétienne primitive ont beaucoup à dire au sujet de l’importance rituelle des vêtements sacrés. Le symbolisme de l’habillement avec des vêtements sacrés, du fait de mettre un vêtement dans un contexte rituel, implique un plan de salut qui reconnaît la nécessité de certaines conditions pour obtenir certaines bénédictions.

 

Le terme exact  pour désigner le fait de se revêtir d’un vêtement sacré est [le vieux français] « endouement » [équivalent de l’anglais « endowment » utilisé pour désigner la dotation – Ndt]. Le mot vêtement représente, en fait, des ordonnances que l’on trouve dans des textes anciens. Le mot grec « ènduma », qui signifie « vêtement » ou « ènduomaï », « revêtir », était utilisé pour représenter les ordonnances de la Sainte-Cène, du baptême et du scellement dans les Reconnaissances clémentines, un ouvrage chrétien (ébionite) ancien extrêmement important [1]. Le latin induere, signifiant « revêtir » et inducere, « diriger ou initier » sont les racines du mot anglais endowment. Tous ces mots évoquent les ordonnances du temple [2].

 

La dotation, l’ensemble des ordonnances accompagnant l’habillage avec des vêtements sacrés, que l’on trouve dans les textes judéo-chrétiens anciens, fournit un cadre pour une interprétation symbolique. La doctrine de la préexistence, par exemple, apparaît souvent dans les manuscrits de la mer Morte, les pseudépigraphes et les textes de Nag Hammadi [3]. L’âme doit faire le voyage vers la terre pour faire ses preuves, cela faisant partie du plan de Dieu établi avant la fondation du monde [4]. Pour que l’âme retourne en la présence de Dieu, certaines ordonnances sont nécessaires. Parmi elles il y a le baptême, les ablutions, les onctions, les vêtements spéciaux et les signes comme sceaux et mots de passe pour passer devant les anges qui gardent la porte menant au royaume de Dieu [5]. Dans certains récits, on doit être marié dans le saint des saints du temple pour obtenir le plus haut des trois degrés de gloire [6]. Ainsi donc, la pluralité des cieux fait partie des doctrines anciennes les plus universelles, avec des gloires spéciales représentées par la lune, les étoiles et le soleil [7]. Ceux qui ne pouvaient pas recevoir toutes les ordonnances nécessaires concernant la gnôsis, la connaissance, requises dans cette vie, pouvaient les recevoir au-delà de la tombe [8]. Le récit de la descente aux enfers du Christ ou de son voyage dans le monde d’esprit après sa mort pour prêcher l’Évangile est un autre point de doctrine commun à beaucoup de manuscrits [9]. Le Christ ne va cependant pas auprès des méchants ; il va vers ses anciens prophètes pour organiser une ecclésia, après quoi ils reçoivent tous le sphragis ou sceau qui représente le baptême pour les morts, et ils montent ensemble jusqu’au ciel en tant qu’êtres ressuscités [10]. La prédication dans le monde d’esprit est laissée aux apôtres, qui administrent également un baptême par procuration pour les morts [11]. Bien que certains de ces points de doctrine soient propres au christianisme gnostique ou à certaines sectes juives des environs du premier siècle de notre ère, le cadre salvateur que présupposent ces textes se retrouve dans les deux.

 

L’idée du vêtement est tout à fait chez elle dans tout le monde antique, toujours dans le contexte des ordonnances d’initiation en rapport avec la dotation. Le vêtement est ordinairement mentionné en relation avec d’autres ordonnances, particulièrement avec l’onction. Dans l’Énoch slavon, par exemple, le Seigneur dit à Michel : « Va, fais sortir Énoch de ses vêtements terrestres et oins-le de mon doux onguent et mets-le dans les vêtements de ma gloire [12]. » Le Testament de Lévi, un ouvrage qui a des liens étroits avec les manuscrits de la mer Morte, nous dit que, dans un rêve, Lévi

 

« vi[t] sept hommes vêtus de blanc ; qui [lui] disaient : ‘Lève-toi, mets la robe de la prêtrise, la couronne de la justice, le pectoral de l’intelligence, le vêtement de la vérité, la cuirasse de la foi, le turban de la tête et l’Éphod de la prophétie.’ Ensuite chacun d’eux apporta un objet, le mit sur moi et me dit : ‘Dorénavant, deviens prêtre du Seigneur, toi et ta postérité pour toujours.’ Et le premier homme m’oignit d’huile sainte et me donna un bâton de jugement. Le deuxième me lava avec de l’eau pure, me nourrit de pain et de vin saint et me revêtit d’une robe glorieuse. Le troisième me revêtit d’un vêtement de lin comme un Éphod. Le quatrième me ceignit d’une ceinture semblable à de la pourpre [13]. » 

 

Le tableau que nous présente le Testament de Lévi rappelle l’investiture du roi et des grands prêtres au temple à l’occasion des rites du Nouvel An, rites qui nous font remonter aux documents les plus anciens de l’histoire [14]. L’onction n’était pas toujours l’onction simple de la tête, mais désigne souvent une onction plus complète des diverses parties du corps. Cyrille de Jérusalem, qui lança un retour aux ordonnances du temple, retour spécieux et éphémère, il faut bien le dire, disait aux néophytes nouvellement initiés du quatrième siècle :

 

« Vous avez reçu la première onction sur votre front pour vous délivrer de la honte du premier homme pour avoir transgressé la Loi, et pour que vous puissiez réfléchir à la gloire du Christ, la seconde sur les oreilles, afin que vous entendiez et compreniez correctement les mystères divins… La troisième [onction] sur les narines, pour qu’en recevant ainsi les saintes ordonnances vous disiez : ‘Nous sommes la bonne odeur du Christ pour les sauvés de Dieu.’ Après cela, vous avez été oints sur la poitrine et revêtus d’un pectoral de justice [15]. » 

 

Cyrille mentionne une onction « des cinq sens », c.-à-d., des yeux, des oreilles, du nez, de la bouche et du front, tandis que Théodore de Mopsueste parle d’une onction du corps entier qui est « le signe que vous serez revêtus d’un vêtement d’immortalité [16]. » Cette ordonnance d’onction a certaines affinités avec la cérémonie égyptienne de l’Ouverture de la Bouche [17].

 

La réception du vêtement devint une ordonnance en soi étroitement liée aux ablutions du baptême [18]. Comme le baptême, le fait de mettre un nouveau vêtement représentait l’abandon du vieil homme et le fait de se revêtir du « Christ » et mettre sur soi un corps ressuscité après une mort symbolique. Les Odes de Salomon, qui sont un document chrétien primitif ou juif tardif, abondent en symbolisme de baptême et rattachent le vêtement au rituel du baptême : « Je me suis dépouillé du péché et l’ai jeté loin de moi, et le Seigneur m’a renouvelé dans son vêtement » (Ode 11.9-10). « Je me suis dépouillé des ténèbres et me suis revêtu de lumière » (Ode 21.2). « Je me suis revêtu d’incorruptibilité par Son Nom, je me suis dépouillé de la corruption par sa grâce » (Ode 15.6).  » Et j’ai été revêtu de la couverture de ton esprit et tu m’as ôté mon vêtement de peau » (Ode 25.8). Ambroise de Milan dit : « Vous avez reçu des vêtements blancs comme preuve de ce que vous avez été de nouveau vêtus du voile chaste de l’innocence… après avoir été rhabillés de ces vêtements par le bain de la régénération [19]. » Théodore de Mopsueste ajoute :

 

« Quand vous avancez vers le saint baptême, vous enlevez vos vêtements. Adam est né au commencement sans aucune raison d’avoir honte, mais après avoir transgressé les commandements et être devenu mortel, il eut besoin d’un vêtement. De même que vous avez reçu le don du saint baptême pour naître de nouveau à la grâce par Lui et devenir immortel comme figure, il est requis de vous que vous ôtiez vos vêtements, signe de la condition mortelle et preuve de la sentence qui soumet l’homme à la nécessité du vêtement… mais en sortant de l’eau, vous vous recouvrirez d’un vêtement brillant. C’est le signe du monde radieux et glorieux… Quand vous ressusciterez, vous vous recouvrirez d’immortalité et d’incorruptibilité ; ce vêtement… vous sera alors nécessaire [20]. »

 

Dans la Pistis Sophia, un texte gnostique de grande importance, le vêtement est marqué du Nom sacré et de cinq mystères [21]. Selon les thèses gnostiques, on revêt symboliquement le Christ en recevant le baptême et le vêtement [22].

 

Le vêtement antique était orné d’autres marques que le Nom. E. Goodenough, dans son étude du symbolisme juif, a découvert que dans l’art chrétien le vêtement et la robe portaient des signes à angles droits, le gamma ou équerre, ou simplement une barre droite avec des fourches. Il en a conclu que les marques avaient une importance religieuse ou une force symbolique [23]. Il convient de noter que le vêtement ancien portait les mêmes marques que le voile du temple à Jérusalem. Dans le Testament de Lévi, par exemple, le voile est l’ènduma de l’ange ou le temple personnifié [24]. Beaucoup de textes anciens confondent le vêtement avec le voile du temple, comme le Traité des Mystères d’Ambroise de Milan, le Livre hébreu d’Énoch où « vêtement » et « voile » sont employés l’un pour l’autre [25]. Énoch est vêtu du voile dans le Livre hébreu d’Énoch :

 

« Le Saint… m’a fait un trône semblable au trône de gloire. Et il m’a recouvert d’un rideau [voile] de splendeur et d’une beauté, d’une grâce et d’une miséricorde resplendissantes, semblables au rideau [voile] du trône de gloire ; et dessus étaient fixées toutes sortes de lumières dans l’univers [26]. »

 

Selon Hugo Odeberg, qui a traduit l’Énoch hébreu, les marques du voile étaient « les secrets de la création et du maintien du monde… en bref, les secrets divins les plus intimes [27]. «  Le but des marques sur le vêtement et le voile était d’initier le bénéficiaire aux secrets divins de l’univers. Énoch reçut aussi un vêtement qui portait les marques de secrets divins : « Le Saint… m’a fait un vêtement de gloire sur lequel étaient fixées toutes sortes de lumières et il m’en a revêtu. Et il m’a fait une robe d’honneur sur laquelle étaient fixées toutes sortes de beauté [28]. »

 

Chaque étape du progrès dans l’initiation était marquée par un changement de vêtement ou de robes et ainsi le symbolisme du vêtement impliquait une gloire accrue, le passage d’une existence à l’autre. Dans le Dialogue du Sauveur, Judas et Matthieu demandent au Christ : « Nous voudrions savoir de quel genre de vêtements nous serons vêtus quand nous sortirons de la corruption de ce monde. » Le Seigneur répond : « Puisque vous êtes des fils de la vérité, ce n’est pas de ces vêtements temporaires que vous vous vêtirez [29]. » Dans l’Évangile de Philippe, le Seigneur ajoute que « il est nécessaire de se lever dans la chair puisque tout existe en elle. Dans ce monde, ceux qui mettent des vêtements sont meilleurs que les vêtements. Dans le royaume des cieux, les vêtements sont meilleurs que ceux qui les mettent [30]. »

 

Le vêtement représentait aussi la pureté préexistante de l’initié, et comme tel, il représentait les bénédictions conservées au ciel vers lesquelles l’âme retourne. Dans La Perle, ce document chrétien primitif essentiel, l’âme est élevée dans son palais de gloire préexistant, mais elle doit laisser cette gloire derrière elle pour séjourner sur la terre pendant une période d’épreuve. En quittant le palais préexistant, dit le poète, « ils m’ont ôté le vêtement de lumière qu’ils avaient fait pour moi avec amour, ils m’ont aussi ôté ma robe pourpre, faite exactement à ma mesure [31]. » Hoffman, le spécialiste distingué, fait la réflexion que ‘le vêtement représente la gloire préexistante du candidat tandis que la robe est la prêtrise qui y est ajoutée plus tard [32]. »  Pour retourner au royaume de Dieu, représenté dans le poème par le palais de gloire, l’âme doit être vêtue du vêtement. La Perle continue :

 

« Et je vis le vêtement fait comme pour moi. … Et m’en parai… et je me revêtis entièrement de ma robe royale, excellant en beauté. Et quand je l’eus mise, je fus élevé jusqu’au lieu de paix [salutation] et d’hommage et j’inclinai la tête et adorai l’éclat du Père qui me l’avait envoyée, car j’avais accompli ses commandements, et lui de même ce qu’il avait promis, et aux portes de son palais, qui était depuis le commencement, je me mêlai à [ses nobles], et Il se réjouit à mon sujet me reçut auprès de Lui dans son palais [33]. »

 

A. F. J. Klijn dit que l’idée de la préexistence vient du judaïsme, où l’idée de la robe céleste « peut être tirée de la description d’Adam et Ève au paradis [34]. » Naturellement, il fait allusion à la tradition selon laquelle la nature d’Adam était comme une lumière éclatante avant la chute, tout comme le vêtement est un vêtement de lumière, mais après la Chute Adam perdit sa gloire préexistante [35]. J. Rendel Harris fait observer que les Odes de Salomon contiennent également les idées « de l’âme préexistante qui doit quitter le ciel pour la terre et de la création non déchue de Dieu, dont l’environnement est transformé d’un habit de lumière en un habit de peau. » Le « vêtement de peaux » devint « le vêtement de lumière » probablement parce que l’hébreu רוע תונתכ(vêtement de peaux) ressemble tellement à רוא תונתכ, signifiant « vêtement de lumière » [36]. Néanmoins, l’Apocryphe de Jacques nous dit que quand l’esprit retournera à son trésor céleste, il deviendra « comme vous étiez d’abord, vous étant vêtu, vous devenez le premier à vous dépouiller et vous deviendrez comme vous étiez avant d’enlever le vêtement [37]. »

 

Le vêtement représente aussi le trésor conservé au ciel qui attend le retour de l’âme et, dans ce contexte, la gloire du corps ressuscité [38]. Un écrit chrétien ancien appelé l’Ascension d’Ésaïe, dit : « Les saints viendront avec le Seigneur avec leurs vêtements qui sont maintenant conservés au septième ciel, avec le Seigneur viendront ceux dont l’esprit est vêtu [39]. » Le Livre d’Énoch abonde en allusions aux vêtements. À propos de la résurrection, le Livre d’Énoch dit : « Et les justes et les élus se seront levés de terre et auront cessé d’avoir le visage abattu. Et ils seront vêtus de vêtements de gloire, et ils seront les vêtements de vie venant du Seigneur des Esprits [40]. » Le Manuel de Discipline, trouvé parmi les manuscrits de la mer Morte, contient un concept très semblable à celui du Livre d’Énoch :

 

« Et pour ce qui est de la visitation de tous ceux qui marchent dans cet esprit [de vérité] ce sera de la guérison, une grande paix dans une longue vie, et de la fécondité, ainsi que toutes les bénédictions éternelles et la joie éternelle dans une vie sans fin, une couronne de gloire et un vêtement de majesté dans une lumière éternelle [41]. »

 

De toute évidence, les membres de la communauté de Qumran croyaient que les justes devenaient prêtres et rois en compagnie d’une descendance ou de familles éternelles. E. Goodenough dit que « les Esséniens donnaient une robe blanche de sainteté à chaque nouveau membre pour marquer son entrée dans l’ordre, c’est-à-dire, à son initiation, et à partir de ce moment-là, il s’habillait toujours de blanc [42]. » Le trône et la couronne sont souvent mentionnés en rapport avec des vêtements parce que les rites que cela comporte sont à proprement parler un type de couronnement où chaque initié est oint et béni pour devenir « prêtre et roi du Dieu Très-Haut [43]. » La notion de la réception d’un vêtement lors de la résurrection se trouve dans le Livre de Mormon. « L'esprit et le corps sont rendus l'un à l'autre… et les justes auront la connaissance parfaite de leur bonheur et de leur justice, étant revêtus de pureté, oui, du manteau de la justice [44]. »

 

L’idée du vêtement est effectivement très ancienne. Les textes anciens la placent dans le contexte du conseil pré-terrestre où Dieu le Père commanda à toutes les créatures de reconnaître la gloire d’Adam parce qu’il avait été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Adam fut mis sur un trône et on lui donna une couronne de gloire et un sceptre. Satan refusa de reconnaître Adam en disant : « C’est lui qui devrait m’adorer ! J’existais avant qu’il n’existe [45]. Satan prétendait être le premier-né et pour cette arrogance Dieu commanda aux anges du conseil dans les cieux « de lui retirer les écrits des mains, de lui enlever ses vêtements et son armure royaux et de le précipiter sur la terre [46]. » Quand Adam pécha, il perdit, lui aussi, son vêtement de lumière, mais Dieu consola Adam en disant : « Par ma miséricorde, je ne t’ai pas transformé en ténèbres, mais j’ai fait pour toi ton corps de chair, sur lequel j’ai étendu cette peau pour ta protection [47]. » L’un des buts principaux de l’habillement est de protéger contre les éléments, mais ce vêtement représentait l’armure protégeant contre Satan [48]. Dans la Paraphrase de Sem, « après son séjour sur terre, Sem reçut des honneurs de ses vêtements étonnants, qui lui assurèrent protection et gloire [49]. »

 

La saga du vêtement volé est une indication de l’importance attribuée au vêtement dans la pensée antique. À son départ du jardin, Adam reçut un vêtement de peaux d’animaux qui représentait sa condition mortelle mais était aussi un rappel de sa gloire préexistante [50]. Satan, voulant récupérer sa gloire préexistante, essaya continuellement de tromper les autres en apparaissant comme un ange de lumière. Ainsi, tandis qu’Adam priait un jour le ciel pour avoir davantage de lumière et de connaissance, Satan apparut comme un ange de lumière pour que « Adam pense que c’était une lumière céleste et que les armées de Satan étaient des anges [51]. » Dans l’Apocalypse d’Adam, le Dieu mauvais apparaît à Adam, prétendant être le seul Dieu, le Dieu qui a créé Adam lui-même [52]. Dans le récit postérieur, quand Satan apparaît, Adam prie : « Ô Seigneur, y a-t-il un autre Dieu que toi dans le monde ? [53] » À sa demande, trois anges apparaissent afin de lui enseigner le saint baptême [54]. Les anges chassent Satan en disant à Adam : « Adam, ne crains pas ! C’est Satan et son armée. Il veut te tromper comme il t’a trompé au commencement. La première fois, il était caché dans le serpent, cette fois il s’est transformé en ange de lumière [55]. » Les messagers disent encore à Adam : « Adam, il voulait t’enlever ce vêtement terrestre de peau de mouton pour le détruire et ne pas te laisser t’en couvrir [56]. » Dans le Manuel de Discipline, l’instructeur ריכשמ raconte l’histoire de la Création et de la Chute pour apprendre aux nouveaux initiés à distinguer entre l’esprit mauvais des ténèbres et le bon esprit de la lumière par « leurs différents signes de symboles qui les différencient [57]. »

 

L’histoire du vêtement volé est répétée bien des fois dans la littérature ancienne. Selon Ginzberg, le vêtement d’Adam fut donné à Énoch [58]. D’Énoch le vêtement passa à Metuschélah puis à Noé. Cham vola le vêtement de Noé tandis que celui-ci dormait. À son réveil, Noé bénit ses deux fils, mais maudit Cham pour avoir volé le vêtement [59]. Abraham eut, lui aussi, affaire à des voleurs de vêtements. Dans l’Apocalypse d’Abraham, quand Satan apparaît à Abraham, Dieu dit à l’ange Jaoel : « Va, Jaoel, fortifie-le. » Jaoel salue Abraham : « Je t’ai été envoyé pour te fortifier et te bénir au nom de Dieu. » Abraham veut savoir ce que Satan fait là. « Qu’est-ce que ceci, mon Seigneur ? » Et l’ange répond : « C’est l’impiété, c’est Azazel ! » Et l’ange dit à ce dernier : « Éloigne-toi de cet homme ! » L’ange chasse Satan en disant : « Le vêtement qui était autrefois le tien dans le ciel a été mis de côté pour [Abraham] [60]. » Selon les Rabbins, Abraham reçut la prêtrise selon l’ordre d’Adam et, avec elle, « un vêtement de peau que Dieu avait donné à Adam ». Cette même peau avait été transmise comme étant la « robe du grand prêtre » directement de Seth à Metuschélah, de Noé à Japhet et à Sem, et d’eux à Abraham [61].

 

Dans la Pistis Sophia, le vêtement glorieux du Christ est donné aux douze apôtres, dont il est dit qu’ils étaient préexistants. Sur le vêtement que le Christ reçoit de son Père est écrit le nom des mystères. Le contexte est évidemment celui où le Christ donne les mystères du royaume à ses disciples juste avant son ascension au ciel [62]. Après avoir enseigné tous les mystères nécessaires, le Christ met son vêtement et « s’éleva là-haut vers la porte du firmament… Les portes fondirent et s’ouvrirent simultanément devant lui. Quand les archontes [les princes, Ndt], les puissances et les anges virent la lumière du vêtement, ils furent accablés. Ils virent mon vêtement brillant et resplendissant que j’avais mis, ils virent le mystère sur lequel leur nom était écrit et ils furent très troublés [63]. » Le vêtement est ici le moyen de passer devant les anges postés pour bloquer le chemin menant à la porte du ciel.

 

La nécessité de porter des vêtements royaux pour franchir les portes et entrer dans la présence de Dieu est un autre concept très ancien. Hugo Odeberg définit le vêtement de gloire comme étant :

 

« la substance de lumière dans laquelle les habitants du ciel apparaissent ; la « gloire » est lumière, splendeur, probablement conçue comme étant un reflet, un écoulement de la gloire divine, la splendeur de la Shekina [la présence divine, Ndt]. Revêtir « le vêtement de gloire » est une condition nécessaire pour entrer dans les cieux les plus élevés, la demeure de lumière de Dieu. Par conséquent, le vêtement est également une marque de la nature sainte et céleste de celui qui le porte [64]. »

 

En Égypte, le changement de robe était depuis longtemps un concept très important. Par exemple, dans les très vieux Textes des Pyramides, le vêtement était donné à ceux qui entraient en la présence des dieux : « Ô, N., prends ton vêtement de lumière. prends le voile sur toi !… afin qu’il acquière le respect parmi les dieux [65]. » Dans le mythe sumérien d’Inanna, la déesse est parée de sept ordonnances. Elle couvre son corps du « pala », le vêtement de la royauté. Elle descend ensuite jusqu’à la porte des enfers, où elle affronte l’échange habituel de questions-réponses avec le gardien de la porte. « Qui es-tu ?… Pourquoi es-tu venue ? » Le gardien de la porte l’interroge sur chacune de ses sept ordonnances séparément. Inanna entre dans les enfers pour être jugée et pour être ensuite enfermée pendant trois jours et trois nuits. Après avoir reçu « la nourriture de vie et l’eau de vie », elle est aspergée d’eau et monte des enfers, d’une manière qui rappelle les premiers récits chrétiens de la descente du Christ aux enfers et de son ascension ultérieure [66].

 

Dans le Livre des Morts égyptien, qui est beaucoup plus tardif, le vêtement est une protection contre le mal [67]. La rubrique qui accompagne le chapitre 125 dit que « ce chapitre est dit par le défunt quand il est purifié, et est revêtu de vêtements de lin et chaussé de sandales blanches, et ses yeux sont oints d’antimoine et son corps est oint d’huile. » Le candidat annonce : « Je suis pur ! Mon sein est purifié par des libations, mon postérieur a été plongé dans le lac de la vérité… Je me suis lavé. » L’initié est alors présenté à la porte : « Avance ! » Nous assistons de nouveau à l’échange de questions et de réponses, les gardiens de la porte demandant : « Qui es-tu ? » Ils me disent : « Quel est ton nom ? » La réponse est un nom de code. Les gardiens de la porte répondent : « Nous ne te laisserons entrer que si tu nous dis nos noms. » Quand l’initié annonce les noms des sept portes, ils répondent : « Tu nous connais, passe donc devant nous. » À la septième et dernière porte l’ordonnance est un peu plus complexe. Le gardien de la porte annonce : « Tu seras annoncé [au dieu de la porte]. » On demande à l’initié : « Dans quel but es-tu venu ? » À ceci il répond : « Je suis venu et j’ai voyagé jusqu’ici afin que mon nom soit annoncé au dieu ! » Le guide-psychopompe [guide du mort, Ndt.] demande : « Dans quel état es-tu ? » « Je suis purifié des défauts mauvais et complètement libre des malédictions. » Thoth répond : « Ton nom sera donc annoncé au dieu. » Le portier demande : « Qu’est-ce que c‘est ? » L’initié répond : « C’est Osiris [le grand dieu égyptien]. » Thoth dit : « C’est exact. Avance maintenant [68]. »

 

Les textes anciens montrent d’une manière parfaitement claire que le candidat doit être correctement vêtu et posséder la gnosis, ou le nom de Dieu, pour franchir la dernière barrière vers la présence de Dieu. Dans beaucoup de documents, le prophète traverse sept cieux et doit recevoir un vêtement de gloire pour entrer dans le ciel le plus haut où Dieu demeure. Le vêtement devient de plus en plus lumineux à mesure que le prophète traverse chaque ciel successif. Le prophète doit également posséder l’identification ou le signe approprié pour entrer dans chaque ciel [69]. Dans l’Apocalypse de Paul par exemple, Paul traverse sept cieux et arrive à la porte gardée par « les principautés et les autorités ». L’esprit, son guide, dit à Paul : « Donne-lui le signe que tu as et il t’ouvrira. Et je lui donnai le signe » et le septième ciel s’ouvrit [70]. Le Pasteur d’Hermas, un document quasi-canonique, est une bonne illustration de la nécessité du vêtement et du nom :

 

« Nul n’entrera dans le royaume des cieux s’il ne prend sur lui le nom du « fils de Dieu »… La porte est le Fils de Dieu, qui est la seule manière d’aller à Dieu… Nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu à moins que ces [vierges] le vêtent de leur vêtement. Il ne te sert à rien de prendre le nom du « Fils de Dieu » si tu ne reçois pas le vêtement… C’est en vain que l’on porte son nom si l’on n’est pas doté de ses pouvoirs [71]. »

 

Dans les Odes de Salomon, le Christ est également représenté comme étant la porte du royaume des cieux.  «  Il m’a donné le chemin de ses préceptes et j’ai ouvert les portes qui étaient fermées… Rien ne m’a semblé fermé : parce que je suis la porte de tout » (Ode 17.8, 10). Puisque le Christ est la porte, la scène à la porte est souvent une scène d’union intime avec le Christ, comme dans l’Apocryphe de Jacques. Une fois que l’esprit est de nouveau vêtu de son vêtement, le Christ dit à l’apôtre :

 

« Voici, je te révélerai tout, mon bien-aimé. Sache que tu te lèves tel que je suis. Voici, je te révélerai Celui qui est caché. Tends maintenant la main. Saisis-moi… Ceux qui souhaitent entrer et cherchent à marcher selon la voie qui est devant la porte ouvrent la porte par ton intermédiaire [72]. »

 

Le Livre de Mormon parle aussi du chemin étroit devant la porte et identifie le Saint d’Israël au gardien de la porte.

 

« … Le chemin pour l'homme est étroit, mais il va en ligne droite devant lui, et le gardien de la porte est le Saint d'Israël, et il n'y emploie aucun serviteur, et il n'y a aucun autre chemin que par la porte, car on ne peut le tromper, car Seigneur Dieu est son nom [73]. »

 

La doctrine que le Nom de Dieu est le mot clef se retrouve dans toute l’histoire de la religion révélée. Ainsi, si la Pistis Sophia proclame : « Tu es la clef, ô Sauveur, qui ouvre la porte de toutes choses et ferme la porte de tout [74] », l’auteur ne fait que citer Ésaïe 22 : « Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ta ceinture… Je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David : Quand il ouvrira, nul ne fermera; quand il fermera, nul n'ouvrira. Je l'enfoncerai comme un clou dans un lieu sûr [75]. » Cela rappelle immédiatement la Pistis Sophia, où l’on communique de la connaissance à Dieu par certains mots de passe et signes :

 

« Et ils examineront l’âme pour y trouver leurs signes, ainsi que leurs sceaux et leurs baptêmes et leurs onctions [chrisma] et la vierge de lumière scellera cette âme et l’aide [paraleptès] baptisera cette âme et lui donnera une onction spirituelle. Alors l’aide envoie l’âme au glorieux Sabaoth, le Bon, [le Dieu gnostique] qui est à la porte de la vie, qui est appelé Père et qui donne ses sceaux à l’âme. À la porte l’âme crie : « Père ! » et l’âme donne ses sceaux et les réponses, avec le sceau de chaque degré [taxis] dans la main droite, et l’âme communique la connaissance avec la main droite de chaque ordre [topos] avec des cantiques de gloire… Et Melchisédek scellera cette âme et la mènera au trésor de lumière [qui est à l’intérieur du voile] [76]. »

 

Le sceau est ici un signe d’identification. Les Odes de Salomon nous disent que « le sceau de Dieu est connu, et ta création le connaît et les anges célestes le possèdent, et les archanges élus en sont revêtus [77]. » Dans 2 Jeu, le Christ dit aux apôtres : « Ceci est le nom : zôxaézôz. Prononcez-le une fois, en tenant dans votre main le sceau. Alors les gardiens de la porte et le voile se retireront et vous pourrez atteindre l’endroit de leur Père, qui vous donnera son nom et son sceau, et alors vous passerez la porte pour entrer dans son trésor [78]. » Il y a un point important qui est souligné dans 2 Jeu, et en fait par plusieurs des textes qui traitent de ces ordonnances sacrées : Le nom et les ordonnances requièrent le plus grand secret [79].

 

CONCLUSION

 

Les documents cités provenant de partout au Proche-Orient et allant de 2000 av. J.-C. à  400 apr. J.-C., racontent tous une histoire chargée de sens pour les saints des derniers jours. L’histoire est une unité organique que l’on peut faire remonter jusqu’aux rites les plus anciens connus de l’homme, des rites qui se regroupent tous autour de l’idée du temple. La signification symbolique ancienne du vêtement lui-même esquisse une histoire assez familière : (1) le vêtement antique représentait la gloire préexistante qui avait été mise de côté tandis que (2) nous mettions un autre vêtement qui représentait notre condition mortelle à la suite de la Chute ; (3) le vêtement antique était non seulement un rappel mais également une protection contre le Malin pendant notre séjour dans ce monde désolé ; (4) il représentait aussi la gloire du corps ressuscité et (5) une robe supplémentaire représentait la justice supplémentaire acquise pour entrer dans le royaume de Dieu et pour passer devant les anges placés là ; (6) quand on mettait le vêtement, on prenait aussi sur soi un nom pour franchir la porte, le nom de Jésus-Christ, avec qui l’unité finale devenait possible grâce à ces ordonnances anciennes.

 

NOTES

 

1. Homélies clémentines 8.22-23, dans J. P. Migne, Patrologiae cursus completus : series Graecae, 161 volumes, Paris, J. P. Migne, 1857-1868, 2:239-240 [dorénavant abrégé en PG] ; cd. Reconnaissances clémentines 4.36 [Migne, PG 1. 1331 ; et Constitutions apostoliques 8.6 [Migne, PG 1.1073].

2. Voir Oxford English Dictionary sous la rubrique « clothe » et « endowment ». Cf. Hugh Nibley, The Message of the Joseph Smith Papyri, Salt Lake City, Deseret Book, 1976, p. 281.

3. Notez les deux exemples suivants de la notion de préexistence dans les manuscrits de la mer Morte : « Avant que les choses n’existent, il en détermina le plan » (Manuel de Discipline [lQS] 3.15-17, tel que cité dans Theodore H. Gaster, trad. et dir. de publ., The Dead Sea Scriptures, Garden City, N.Y., Doubleday, 1976, p. 48 ; et « Par la sagesse de ta connaissance tu as fixé leur destin avant qu’ils ne se mettent à exister » (Cantiques d’actions de grâces [IQH], dans Herbert G. May, « Cosmological Reference in Qumran and the Old Testament », Journal of Biblical Literature 82, 1963, p. 32n. On trouvera des passages semblables dans les Pseudépigraphes: voir 2 Énoch 23. 4-5: "Toutes les âmes de l’humanité, quel que soit le nombre d’entre elles qui naissent et les lieux préparés pour elles de toute éternité, car toutes les âmes sont préparées de toute éternité avant la fondation du monde » (tel que traduit en anglais dans R. H. Charles, The Apocrypha and the Pseudepigrapha of the Old Testament, 2 vols., Londres, Oxford, 1913, 2:444, et Le Testament de Naphtali 2. 2-4). La demeure des âmes préexistantes est, selon 2 Baruc 23. 5, la promptuaria animarum. La préexistence de Moïse est indiquée dans  l’Assomption de Moïse 1. 13-14. Abraham vit le “conseil [divin] du monde... [au cours duquel] ce que j’avais décidé d’être avait déjà été prévu d’avance dans cette [image] et elle se tenait devant moi avant d’avoir été créée." Il vit aussi « ceux que moi, Dieu, j’ai désignés pour qu’ils naissent  de toi et soient appelés Mon Peuple –»  (cité dans G. H. Box, trad. et dir. de publ., L’Apocalypse d’Abraham, Londres, SPCK, 1919, pp. 68--69. On trouve l’idée dans les manuscrits de la mer Morte via les Esséniens, selon Marc Philonenko dans Les Interpolations chrétiennes des Testaments des Douze Patriarches, Paris, Presses Universitaires de France, 1960, p. 39. On trouvera des références dans la littérature rabbinique dans Tenchuma Pikkude 3; Chagiga 12b; Bereshit Rabbah 100.8; 3 Énoch 43.3; et Sagesse 8. 19-20. Pour les exemples dans la littérature gnostique, voir l’Évangile de Thomas, Logia 49 ("Bienheureux les solitaires et les élus, car vous trouverez le royaume. C’est de là que vous êtes venus et c’est là que vous retournerez."); Logia 84 ("Quand vous voyez vos images [eikôn] qui ont commencé à exister avant vous, qui ne meurent ni ne sont manifestées, combien supporterez-vous alors !") ; et L’Évangile de Vérité 18, tous documents que l’on trouve dans Mario Erbetta, Gli Apocrifi del Nuovo Testamento, Turin, Marietti Editori, 1976, pp. 271, 278 et 526.

4. Angelo Rappoport, Myth and Legend of Ancient Israel, 8 vols., Londres, Gresheim Pub. Co, 1928, 8:21; Ben Sirach 16.26-29; 1 Énoch 23. 11; Apocryphe d’Abraham, dans Box, Apocalypse d’Abraham, p. 68; Odes de Salomon 7.7-10; et Évangile de Philippe 114. 7-20, dans R M. Wilson, trad. et dir. de publ., Évangile de Philippe, New York,  Harper & Row, 1962, p.125.

5. Steven E. Robinson, “The Apocalypse of Adam”, BYU Studies 17, Hiver 1977, pp. 132-133. On trouvera une liste complète de sceaux et de mots de passe dans Erbetta, Gli Apocrifi, pp. 318 et suiv. et dans E. Testa, Il Simbolismo dei Gudeo-Cristiani, Jérusalem, n.p., 1962, pp.115 et suiv.

6. Eric Segelberg, "The Coptic Gnostic Gospel according to Philip and Its Sacramental System”, Numen 7, 1960, pp. 198-199; "The Holy of Holy Ones Is the Bridal Chamber" (Évangile de Philippe 117. 24-25). "La femme est unie à son mari dans la chamber nuptiale. Mais ceux qui se sont unis dans la chambre nuptiale ne seront plus séparés" (Évangile de Philippe 118. 17-29). Cf. Évangile de Philippe 4-8 et 124.6 et suiv.

7. Charles, Pseudepigrapha, pp. 530 et suiv. Cf. 3 Baruc, Ascension d’Ésaïe, Chagigah 12, 1 Énoch, 2 Énoch, Testament d’Abraham, Apocalypse d’Abraham et Testament de Lévi. Voir aussi K. Kohler, "The Apocalypse of Abraham and Its Kindred”, Jewish Quarterly Review, 1895, p. 597, qui affirme que les exégètes ne comprennent pas les paroles de l’apôtre Paul dans 1 Corinthiens 15:40 et suiv., où Paul parle de « sômata épourania » par opposition à « sômata épigueia » et qui dit : « Autre est « la doxa » du soleil, autre « la doxa » de la lune, et autre « la doxa » des étoiles… L’apôtre fait allusion aux différentes classes de justes au paradis, différant selon les degrés de lumière." L’origine du symbolisme du soleil, de la lune et des étoiles est commune au Ardai Viraf et à d’autres sources zoroastriennes. Les premiers chrétiens mettaient l’accent sur trois cieux. (Voir DeJonge, The Testament of the XIl Patriarchs, Assen, Pays-Bas, n.p., 1953, p. 46; et A. T. Lincoln, "Paul the Visionary”, New Testament Studies 2, 1979, pp. 212-218.

8. Ceux qui n’ont pas connu les ordonnances seront placés avec un autre, toujours dans le corps, qui accomplira les ordonnances pour eux. Voir Apocryphe de Jean 2. 1 dans James Robinson, the Nag Hammadi Library, New York,  Harper & Row, 1977, pp. 113-114; Pistis Sophia 98. 43-93; 108. et suiv.; 128 1et suiv.; et 147. 39 et suiv. dans Erbetta, Gli Apocrifi, pp. 468, 479, 494-495 et 514; et 2 Jeu 42, dans Erbetta, Gli Apocrifi, p. 336.

9. Évangile de Pierre 10. 41-42; Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone Judeo 82. 4; Irénée, Predicatione Apost. 78; Adversus Haereses 4. 22; 3. 20. 4; Odes de Salomon 17; 22. 1-12; 42. 11-20; Ascension d’Ésaïe 9.13-18; 4.21-22; 11. 19; 10.8-16; et Pasteur d’Hermas, Similitudes 9. 4-6, 16. 1-7. Cf. Jean Daniélou, Dictionnaire de la Bible, Supplément, Tome 6, Paris, n.p., n.d., pp. 680 et suiv.; et W. Bieder, Die Vorstellung von der Höllenfahrt Jesu Christi, Zurich, n.p., 1949,p. 179. Voir aussi Apocryphe de Jean CJ 3 et 4; Épître des Apôtres 26- 27; Testament de Lévi 4. 1; et Actes de Thomas 10.

10. L’ ”ecclesia” est indiquée dans Erbetta, Gli Apocrifi, p. 658; Odes de Salomon 42. 17; et Cazelles, « Descente du Christ aux Enfers », dans le Dictionnaire de la Bible, Paris, n.p., 1960, cols. 395-430. Le baptême pour les morts est indiqué dans Ode 42 18; Pasteur d’Hermas, Similitudes 9; Apocryphe de Jean, in Robinson, Nag Hammadi Library, p. 116; Jean Daniélou, The Doctrine of Jewish Christianity, Londres, Darton, Longman et Todd, 1958 , p .248; et Épître des Apôtres 27, dans Erbetta, Gli Apocrifi, p. 658. Dans l’Apocryphe de Jean, le sceau (sphragis) est sur les cinq sens, rappelant l’onction.

11. Pasteur d’Hermas, Similitude 9, 16 (dans Migne, PG 2. 995): « Eux donc, étant morts, furent néanmoins scellés du sceau du Fils de Dieu et entrèrent ainsi dans le royaume de Dieu… Le sceau, c’est l’eau du baptême… Ces apôtres et instructeurs, qui prêchèrent au nom du Fils de Dieu, mourant après avoir reçu sa foi et sa puissance, prêchèrent à ceux qui étaient morts précédemment et ils leur donnèrent ce sceau. Ils descendirent donc dans l’eau avec eux et en ressortirent. Mais ceux-ci descendirent tandis qu’ils étaient vivants et ressortirent vivants tandis que ceux qui étaient morts précédemment descendirent morts mais ressortirent vivants." (Cf. Évangile de Nicodème 15-20 et Clément d’Alexandrie, Stromata 2, 4.)

12. 2 Énoch 22. 8.

13. Testament de Lévi 8. 14-22.

14. H. Ludin Jansen, "The Consecration of Testamentum Levi”, dans E. J. Brill, dir. de publ., La Regalita Sacra, Leiden, Pays-Bas, E. J. Brill, 1955, pp. 356-365. Voir aussi George Widengren, « Royal Ideology and the Testament of the Twelve Patriarchs », dans P. F. Bruce, dir. de publ., Essays in Honor of S. H. Hooke – The Fulfilment, Edinburgh, T. T. Clarke, 1963, pp. 202-212.

15. A. Hamman, L'Initiation Chrétienne, Paris, Bernard Grasset Éditeur, 1963, pp. 46-47, aussi dans Migne, PG 33. 1092. L’onction est étudiée en détail par Leonel L. Mitchell dans Baptismal Anointing, Notre Dame, Indiana, University of Notre Dame Press, 1966.

16. Hamman, L'Initiation Chrétienne, p. 126.

17. Nibley, Joseph Smith Papyri, pp. 106 et suiv. Selon les Reconnaissances clémentines, tous les prophètes doivent être oints (voir A. C. Coxe, Ante-Nicene Fathers 8.90).

18. Daniélou, Jewish Christianity, p. 327.

19. Hamman, «Traité des Mystères», dans L'Initiation Chrétienne, p. 74.

20. Id., p. 125. Cf. Catechesis Mystagogica, dans Migne, PG 33. 1080-1081.

21. Erbetta, Gli Apocrifi, pp. 400-401; Pistis Sophia 8-10.

22. Gilles Quispel, « Qumran, John and Jewisb Christianity », dans James H. Charlesworth et Raymond E. Brown, dir. de publ., John and Qumran, Londres, Geoffrey Chapman Publisber, 1972, pp. 152-154. Cf. J. MacDonald, dir. de publ., Memar Marqah, Berlin, n.p., 1963, pp. 4, 32, 80, 139, 158 et 194.

23. Erwin R. Goodenough, Jewish Symbols the Greco-Roman Period 13 vols., New York,  Pantheon Books 1953, 9:164.

24. Marinus DeJonge, The Testament of the XII Patriarchs, p. 124. Voir aussi M. Philonenko, Les Interpolations chrétiennes, p. 18: "Le temple est ici considéré comme une personne, et le voile du Temple comme le vêtement du Sanctuaire personnifié. « to ènduma tou naou ».

25. Nibley, Joseph Smith Papyri, p. 246.

26. Hugo Odeberg, 3 Énoch ; ou The Hebrew Book of Énoch, 1928; réimpression, New York,  Ktav Publications, 1973, p. 32. Les mots entre crochets sont ajoutés par l’auteur comme autre traduction possible du mot.

27. ld., p. 28.

28. ld., p. 32.

29. Dialogue du Sauveur 143, dans Robinson, Nag Hammadi Library, p. 235: "Le Seigneur dit : '...Vous vous revêtirez de la lumière et vous entrerez dans la chambre nuptiale.’ Judas dit: ‘Comment nos vêtements nous seront-ils apportés?’ Le Seigneur dit: ‘Certains vous les apporteront et d’autres les recevront car ils sont [ceux qui vous apportent] vos vêtements Qui peut atteindre ce lieu qui est la récompense ? Mais ils donnèrent les vêtements de vie à l’homme, car il connaît le chemin qu’il suivra.’ »

30. Évangile de Philippe 57, dans Robinson, Nag Hammadi Library, p. 135.

31. Albertus F. J. Klijn, Les Actes de Thomas, Leiden, E. J. Brill, 1962, pp. 120-125, lignes 9-10.

32. G. Hoffman, Zeitschrift der Neutestamentlischen Wissenschaft 4, 1903, pp. 278-283.

33. Klijn, Actes de Thomas, lignes 98-102.

34. ld., p. 278.

35. Louis Ginzberg, The Legends of the Jews 7 vols., Philadelphie, Jewish Publishing Society, 1909-1938, 1:79, 135,139 et 5:103.

36. J. Rendel Harris, Odes and Psalms of Solomon, Cambridge: University Press, 1909, pp. 67-68.

37. Apocryphe de Jacques, dans Robinson, Nag Hammadi Library, p. 253.

38. R. H. Charles, The Ascension of lsaiah, Oxford, Oxford University Press, 1913, p. 34. Cf. 4 Esdras 2. 39, 45; et Pasteur d’Hermas, Similitudes 8. 2.

39. Ascension of Isaiah 4. 6. Cf. 8.26, 9. 13 et 9. 24-25.

40. 1 Énoch 62.14-16, dans R. H. Charles, The Book of Enoch, Londres, SPCK, 1917, p.83.

41. Geza Vermes, trad. et dir. de publ., The Dead Sea Scrolls in English, Baltimore, Md., Penguin Books, 1962, p. 76.

42. Goodenough, Jewish Symbols, 9;168-69.

43. Ascension of lsaiah 7. 22 explique que chacun de ceux qui reçoivent le vêtement reçoit aussi une couronne et un trône. “Car ton trône a été place au-dessus des cieux et de leurs anges et tes vêtements et ta couronne que tu verras." De nouveau, dans 8. 14: "Quand, par la volonté de Dieu, tu auras quitté ton corps et seras monté ici, tu recevras le vêtement que tu vois et tu verras de même d’autres vêtements qui sont comptés et [y] sont tenus en réserve et alors tu deviendras égal aux anges du septième ciel." Finalement, dans 9. 12-13: "Comment se fait-il qu’ils ont reçu les vêtements, mais n’ont pas les trônes et les couronnes? Et il me dit : ‘Ils ne reçoivent les couronnes et les trônes de gloire que quand le Bien-aimé descendra sous la forme sous laquelle vous le verrez descendre." (Voir aussi Testament de Lévi 8. 5-9; Pasteur d’Hermas, Similitudes 8. ii, 1-4; Odes de Salomon 11-2 et IQS 4. 7-8).

44. 2 Néphi 9:13-14.

45. Rappoport, Myth and Legend in Ancient Israel 8:165; Discours sur l’Abbaton dans Erbetta, "L'investitura di Abbaton", 1:475; Vita Adae et Evae dans Charles, Pseudepigrapha, 2:137; and Genesis Rabba 8.

46. Discours sur l’Abbaton, p. 476. Voir aussi Vita Adae et Evae 15.1-16.1; Genesis Rabba 8 dans Ginzberg, Legends of the ]ews, 1:165. Le vrai problème se posait à propos du plan de création de l’homme. Dans Genesis Rabba, Dieu tient conseil avec le conseil céleste à propos de son plan de création. Ils se divisent en deux camps et ceux qui s’opposent au plan de Dieu de créer l’homme sont chassés. Dans le Discours sur l’Abbaton, quand Dieu parle de son plan au conseil des cieux, ils hésitent. Pour cette raison, le corps d’Adam reste là pendant quarante jours sans esprit de vie. C’est à ce moment-là que le Christ intercède : « Père, donne-lui l’esprit, je serai son avocat. » Là-dessus, le Père dit : « Si je lui donne l’esprit, mon Fils Bien-aimé, tu seras contraint de descendre dans le monde et de subir de grandes souffrances pour lui pour le racheter et le ramener à son état originel. » Le Fils répond alors: “Donne-lui l’esprit ; je serai son avocat, je descendrai vers le monde pour accomplir ta volonté" (Erbetta, Gli Apocrifi, 1:475, ma traduction).

47. Le Combat d’Adam et Ève 13.1-7, 27. 12-14, dans J. P. Migne, Encyclopédie Théologique : Dictionnaire des Apocryphes, 2 vols., Paris, Barrière, 1856, 1:302 et 307. Cf. Rappoport, Myth and Legend in Ancient IsraeI 8:165.

48. Wayne Meeks, The Prophet-King, (New Testament Supplement Studies, une série de deux livres), pp. 276-77. Cf. Goodenough, Jewish Symbols 9:143-144.

49. Robinson, Nag Hammadi Library, p.312: "Je mets mon vêtement, qui est le vêtement de la lumière de la Majesté que je suis."

50. Goodenough, Jewish Symbols, p. 169; Genèse 3:21; Combat d’ Adam et Ève 23.7, 50.5-6 et 51.3-7.

51. Combat d’Adam et Ève 27. 2-410; cf. 60. 1-3, dans Migne, Dictionnaire des Apocryphes 1.177: 'Satan arriva à la caverne vêtu d’un vêtement de lumière et ceint d’une ceinture brillante… Il se transforma pour tromper Adam."

52. Apocalypse d’Adam 4, dans Erbetta, Gli Apocrifi, p. 208. Cf. Robinson, Nag Hammadi Library, p. 135.

53. Combat d’Adam et Ève 24. 10, dans Migne, Dictionnaire des Apocryphes 1. 305.

54. Apocalypse d’Adam 3-5, dans Erbetta, Gli Apocrifi p. 135.

55. Combat d’Adam et Ève 27. 12, dans Migne, Dictionnaire des Apocryphes 1. 307.

56. Id., 51. 8, dans Migne, Dictionnaire des Apocryphes 1. 319.

57. Alfred Robert C. Leaney, The Rule of Qumran and its Meaning, Londres, S.C.M. Press, 1966, pp. 143, 145 et 147.

58. Ginzberg, Legends of the Jews, 1:79, 135 et 139.

59. Hugh Nibley, The World of the ]aredites, Salt Lake City, Deseret Book, 1952, p.162. [Ndlr: Voir aussi sur Idumea]

60. Box, Apocalypse d’Abraham pp. 45-53: « Azazel avait donc perdu son vêtement d’immortalité et était devenu mortel, tandis qu’Abraham l’obtenait. »

61. Robert Graves et Raphael Patai, Hebrew Myths, Garden City, N. Y., Doubleday, 1963, pp. 70 et 78.

62. Pistis Sophia 1. 1 et 8. 1-2, dans Erbetta, Gli Apocrifi, p. 396.

63. Id., 11.1-10, dans Erbetta, Gli Apocrifi, p.402.

64. Odeberg, Hebrew Book of Enoch. p. 32.

65. Goodenough, Jewish Symbols, 9:143-44.

66. Pritchard, Ancient Near Eastern Texts, Princeton, N.J., Princeton University Press, 1955, pp. 53-55.

67. E. A. W. Budge, The Book of the Dead, New York,  n.p., 1913, p. 586.

68. Id., pp. 589 et suiv.

69. Goodenough, Jewish Symbols, 9:145. Cf. Ascension d’Ésaïe 7. 25; 1 Énoch; 2 Énoch; 3 Énoch; Testament de Lévi; Apocalypse d’Abraham; Ascension de Moïse; Jubilés; Testament d’Abraham; et 4 Esdras.

70. Apocalypse de Paul 23, dans Robinson, Nag Hammadi Library, p. 241.

71. Pasteur d’Hermas, Similitude 9. 113,117, 121-122.

72. The Second Apocryphon of James 55 et 57, dans Robinson, Nag Hammadi Library, pp. 252-53. On trouve une ordonnance semblable dans Odes 37.1-3, 42. 14, et dans La Perle, lignes 98-101.

73. 2 Néphi 9:41.

74. Erbetta, Gli Apocrifi, p.492.

75. Ésaïe 22:21-23.

76. Traduction de l’auteur à partir de Erbetta, Gli Aprocrifi, p. 484. Pour une autre traduction, voir Cari Schmidt, dir. de publ., Pistis Sophia, Leiden, E. J. Brill, 1978, p. 291: Et la vierge de la Lumière et les sept autres Vierges de la lumière examinent toutes cette âme et elles trouvent toutes leurs signes en elle et leurs sceaux et leurs baptêmes et leurs onctions. Et la vierge de la Lumière scelle cette âme. Et les Paralemptai [c-à-d. les assistants] de la lumière baptisent cette âme et lui donnent l’onction spirituelle. Et chacune des vierges de la lumière la scelle de ses sceaux. Et aussi, les paralemptaï de la lumière la remettent entre les mains du Grand Sabaoth, le Bon, qui est au-dessus de la porte de la vie à l’endroit de ce qui est juste, qui est appelé Père. Et cette âme lui donne la gloire de ses cantiques de louanges et ses sceaux et ses défenses. Et Sabaoth, le Grand et le Bon, la scelle de ses sceaux et l’âme donne sa connaissance et la gloire des chants de louanges et les sceaux de tout l’endroit de ce qui est juste. Ils la scellent tous de leurs sceaux et Melchisédek, le grand paralemptes de la lumière qui est à l’endroit de ce qui est juste, scelle l’âme. Et les paralemptores de Melchisédek scellent cette âme et l’emmènent au trésor de la Lumière… le lieu d’héritage.

77. Odes de Salomon 4. 8.

78. Traduction de l’auteur à partir de Erbetta, Gli Apocrifi p. 351. On trouvera une traduction différente de 2 Jeu 33 dans Cari Schmidt, dir. de publ., et Violet MacDermot, trad., The Books of Jeu and the Untitled Text in the Bruce Codex, Leiden, E. J Brill, 1978), p. 83: "Quand vous arrivez à cet endroit, scellez-vous de ce sceau : Voici son nom : [zaieôhaz] tandis que le chiffre… est dans votre main. En outre, dites trois fois ce nom [aaiôeôaz] et les gardiens et le voile sont retires jusqu’à ce que vous alliez dans le lieu de leur Père et qu’il vous donne (son sceau et son nom) et que vous franchissiez (la porte qui conduit à son trésor). Voici où se trouve ce trésor."

79. Erbetta, Gli Apocrifi p. 334: "Voici, je vous ai dit le nom que je vous ai promis dès le début de vous révéler pour que les lieux du trésor se retirent et que vous puissiez vous rendre à l’endroit du vrai Dieu… Je vous l’ai donc dit, préservez-le et cachez-le, ne le répétez pas… Maintenant je vous ai dit le nom que vous m’avez demandé de vous dire, cachez-le dans votre cœur." (Cf. Testament de Lévi 3. 30 et  Apocalypse de Jean 31.)