L’univers a-t-il été créé par Dieu ou est-il le
fruit du hasard ? Le professeur Daniel C. Peterson de BYU s’est amusé à
mettre sur son site http://www.patheos.com/blogs/danpeterson/2017 ces
quelques citations de scientifiques qui devraient, pensons-nous, vous
intéresser, car elles montrent qu’à tous les niveaux notre univers est
caractérisé par une série de réglages très fins dont son existence (et la
nôtre) dépendent dans chaque cas. Alors, si pas Dieu, qui ou quoi ?
L’univers: hasard ou auteur
intelligent?
Voici un passage d’Amir D. Aczel, Why
Science Does Not Disprove God (New York, Willam Morrow, 2014), p. 2-3 :
Auteur scientifique spécialisé dans les mathématiques, la physique et
la cosmologie, je me suis émerveillé un nombre incalculable de fois à
propos de ce qui, pour moi, est l’un des plus grands mystères de tous :
comment, au sein de la « soupe de particules » extrêmement chaude et dense
qui a constitué notre univers une fraction de seconde après le Big Bang,
les quarks se sont soudain regroupés par trois : deux « up » et un « down
» pour former des protons et deux « down » et un « up » pour former des
neutrons. Comment est-il possible, me suis-je demandé, que la charge de
ces quarks se soit justement avérée être exactement de deux-tiers pour un
« up » et d’un tiers pour un « down », sans qu’il y ait la plus infime
erreur, de sorte que le proton corresponde miraculeusement à la charge
opposée de l’électron (-1) et que la charge du neutron soit exactement
zéro : juste ce qui est nécessaire pour former des atomes et des molécules
? Comment un événement aussi incroyablement improbable a-t-il pu se
produire sans qu’un acte créateur délibéré soit posé ? Et en outre,
comment se fait-il que les masses des particules élémentaires ont entre
elles les rapports parfaitement précis nécessaires pour que notre monde
d’atomes et de molécules puisse tout simplement exister ? Comment les
forces de la nature — la gravité, l’électromagnétisme et les forces
nucléaires faibles et fortes, agissant à l’intérieur des noyaux, ainsi que
la mystérieuse « énergie sombre » qui imprègne l’espace — reçoivent-elles
juste les forces qu’il faut pour maintenir un univers qui a la stabilité
requise et ne s’effondre pas sur lui-même ni n’explose avant que la vie
ait eu une chance d’évoluer ? Il est difficile d’imaginer que tout ceci se
passe juste par hasard. »
Comparez avec cet article, de
l’astrophysicien anglo-australien Dr Paul Davies, AM (membre de l’ordre de
l’Australie), qui est actuellement professeur à la Arizona State
University :
« Les scientifiques sont en train de prendre
graduellement conscience d’une vérité dérangeante : l’univers ressemble
étrangement à un montage. Cela concerne les lois mêmes de la nature.
Depuis quarante ans, les physiciens et les cosmologistes accumulent
discrètement des exemples de « coïncidences » et de caractéristiques
particulières bien commodes dans les lois sous-jacentes de l’univers qui
semblent nécessaires pour qu’existe la vie et donc les êtres conscients.
Changez-en une et les conséquences seraient fatales. Fred Hoyle, le
célèbre cosmologiste, a dit un jour que c’était comme si « une super
intelligence avait bidouillé la physique ». « Pour voir le problème,
imaginez que vous jouez à Dieu avec le cosmos. Vous avez devant vous un
instrument concepteur qui vous permet de bricoler avec les bases de la
physique. Tournez ce bouton-ci et vous rendez tous les électrons un peu
plus légers, tournez celui-là et vous rendez la gravité un peu plus forte
et ainsi de suite. Imaginez que vous deviez régler une trentaine de
boutons pour décrire entièrement le monde qui nous entoure. Ce qui est
crucial, c’est que certains de ces boutons métaphoriques doivent être
réglés avec la plus grande précision, sinon l’univers serait stérile. «
Exemple : les neutrons sont un chouia plus lourds que les protons. Si
c’était l’inverse, les atomes ne pourraient pas exister parce que tous les
protons de l’univers se seraient décomposés en neutrons peu de temps après
le big bang. Pas de protons, pas de noyaux atomiques, pas d’atomes. Pas
d’atomes, pas de chimie, pas de vie. Comme pour la soupe de Bébé ours dans
l’histoire de Boucle d’or, l’univers semble être juste ce qu’il faut pour
la vie. »
Je suis récemment tombé sur ce résumé des quatre éléments
de l’argument en faveur du réglage fin. Cela se trouve dans le texte
imprimé de la conférence 2009 Gifford Lectures d’Alister McGrath, donnée à
l’Université d’Aberdeen, en Ecosse :
« 1. Si la constante de
couplage forte était légèrement moindre, l’hydrogène serait le seul
élément de l’univers. Étant donné que l’évolution de la vie comme nous la
connaissons dépend fondamentalement des propriétés chimiques du carbone,
cette vie n’aurait pas pu naître sans que de l’hydrogène soit converti en
carbone par fusion. En revanche, si la constante de couplage forte était
légèrement plus grande (ne serait-ce que de 2 %), l’hydrogène serait
converti en hélium, de sorte qu’aucune étoile de longue durée de vie
n’aurait été formée. Étant donné que ces étoiles sont considérées comme
essentielles à l’apparition de la vie, pareille conversion aurait eu pour
résultat que la vie que nous connaissons ne serait pas apparue. « 2. Si
la constante faible fine était légèrement moindre, aucun hydrogène ne se
serait formé au début de l’histoire de l’univers. Par conséquent, aucune
étoile n’aurait été formée. En revanche, si elle était légèrement plus
grande, les supernovæ n’auraient pas pu éjecter les éléments plus lourds
nécessaires à la vie. Dans les deux cas, la vie telle que nous la
connaissons n’aurait pas pu apparaître. « 3. Si la constante de
structure fine électromagnétique était légèrement plus grande, les étoiles
ne seraient pas assez chaudes pour chauffer les planètes à une température
suffisante pour maintenir la vie sous la forme que nous lui connaissons.
Si elle était moindre, les étoiles se consumeraient trop rapidement pour
permettre à la vie d’évoluer sur ces planètes. « 4. Si la constante de
structure fine gravitationnelle était légèrement moindre, les étoiles et
les planètes n’auraient pas pu se former, en raison des contraintes
gravitationnelles nécessaires pour que la matière qui les constitue puisse
fusionner. Si elle était plus forte, les étoiles ainsi formées se
consumeraient trop rapidement pour permettre l’évolution de la vie.
(Alister E. McGrath, A Fine-Tuned Universe: The Quest for God in Science
and Theology, Louisville, KY, Westminster John Knox Press, 2009, p.
92-93.)
Quelques passages de Geraint F. Lewis A Fortunate Universe:
Life in a Finely Tuned Cosmos, Cambridge, Cambridge University Press,
2016:
« La science est confrontée à une question apparemment simple
dont la réponse doit changer complètement la façon dont nous pensons le
monde physique. Et cette question est : Pourquoi l’univers est-il comme il
doit l’être pour la formation d’êtres complexes et intelligents? . . .
Pourquoi, dans l’océan presque infini des possibilités, notre univers
est-il né avec les conditions qui permettent à la vie d’apparaître ? »
(pp. 1 et 2) « La vie, ne serait-ce qu’une ‘simple’ cellule, est d’une
complexité incroyable. Chaque cellule de votre corps, par exemple, possède
des machines moléculaires pour se déplacer, pour marquer et transporter
des molécules, pour traiter de la nourriture, pour se défense contre les
envahisseurs, pour produire et réparer de l’ADN, pour produire des
protéines et recevoir et traiter les signaux de l’extérieur. En plus de
tout cela, cette machine tout entière peut se déchirer en deux et produire
une copie fonctionnelle complète en vingt minutes environ. Un ordinateur
moderne, ce n’est pas mal, mais il ne peut pas faire cela. » (p. 11–12)
« La complexité de ces interactions est stupéfiante. Chaque cellule de
votre corps, par exemple, possède son propre système postal. Bien qu’elle
ait moins d’un dixième de millimètre de diamètre, la cellule ne peut pas
se permettre de perdre la trace des ressources qu'elle a recueillies dans
son environnement. Ainsi, lorsqu’une molécule doit être envoyée d’un bout
de la cellule à l’autre, elle est estampillée avec une adresse, chargée
sur un camion, transportée sur une grande route, son adresse est vérifiée
et ensuite elle et déchargée et mise au travail. Ce sont des machines
moléculaires qui font tout cela. Le plus impressionnant dans tout cela,
c’est que la cellule peut se reproduire, fabriquant une réplique complète
et fonctionnelle en une vingtaine de minutes. » « Le génome est
constitué d’ADN, et c’est vraiment — c’est une très bonne métaphore — un
manuel d’instructions.

« Supposons que vous deviez deviner, en partant de l’idée que vous ne
connaissez pas la réponse, combien de ces lettres du manuel d’instructions
il faudrait pour spécifier les propriétés biologiques d’un être humain ?
Quel nombre devineriez-vous ? Il ne peut pas être infini. Vous devez avoir
cette information à l’intérieur de chaque cellule de votre corps. Chaque
fois que la cellule se divise, il faut qu’elle copie tout ; ainsi, vous ne
voudriez pas qu’elle soit plus grande qu’il ne faut, en tout cas, pas de
beaucoup. « La réponse est environ trois milliards. Trois milliards,
c’est beaucoup. Difficile d’imaginer que c’est ce que vous avez à
l’intérieur de chaque cellule de votre corps. Si nous décidions en ce
moment même de lire le génome humain, nous pourrions le faire. Je vais
commencer ici et vous pouvez commencer à lire A, C, G, T, T, G, C, T et
ainsi de suite, et quand vous êtes fatigué, vous pouvez passer à la
personne suivante et nous allons continuer jusqu’à ce que nous ayons fini.
« Cela ne vous dérangerait pas n’est-ce pas ? Ce serait mémorable.
Sauf que vous risquez de ne pas y survivre, parce qu’en nous y attelant
pendant sept jours par semaine, vingt-quatre heures par jour, cela nous
prendrait trente et un ans avant d’en avoir fini. Vous avez cette
information à l’intérieur de chaque cellule de votre corps, ce qui est
inimaginable et vous l’avez reçu de vos parents. » Extrait d’Eric
Metaxas, éd., Life, God, and Other Small Topics: Conversations from
Socrates in the City, New York, Plume/Penguin, 2011, p. 304-305.
Dans un colloque conjoint à Tübingen entre théologiens et physiciens en
1994, mon collègue physicien Amand Fässler a présenté le problème
mathématiquement. Comment le petit surplus de matière par rapport à
l’antimatière a-t-il au juste été « calculé », comment l’infime surplus de
protons par rapport aux antiprotons (1 + 10-9 = 1.000000001) a-t-il été «
calculé », surplus sans lequel il n’y aurait pas d’univers constitué de
rayonnement et de matière ni la proportion étrange de 25 % d’hélium
primordial et de 75 % d’hydrogène, et par conséquent pas non plus de
formation de galaxies, d’étoiles et de planètes assez stables pour
permettre la vie dans cet univers ?
Les manuels d’astrophysique ne
donnent aucune réponse à la question fondamentale de l’origine des
principes cosmiques d’ordre ; c’est compréhensible. Ce qui l’est moins,
c’est que normalement ils ne font même pas allusion à ces questions
fondamentales. Les manuels commencent, si vous voulez, par le deuxième
jour de la création, soit par la première centième de seconde après le Big
Bang. Hans Küng, The Beginning of All Things: Science and Religion,
Grand Rapids et Cambridge, Eerdmans, 2005, p. 58-60.
Quelques
passages de Chris Impey, professeur émérite d’université et chef adjoint
du département d’astronomie de l’Université d’Arizona, tirés de How It
Began: A Time-Traveler’s Guide to the Universe, New York et Londres, W. W.
Norton and Company, 2012
« C’est une sombre histoire de famille.
Gaia naît en temps voulu et apparaît en criant dans la nuit. Luna, sa sœur
jumelle, naît légèrement plus tard après avoir été privée de nutriments
dans l’utérus. Luna est un avorton, petite et fragile. Elle est active un
certain temps, mais ensuite elle se dissipe. Gaia ne peut supporter de
perdre sa sœur. Elle la garde donc près d’elle même après que son corps
soit devenu sans vie et que sa peau soit grêlée par le temps. Bien décidée
à éviter le sort de sa sœur, Gaia s’accroche à la vie. Devenue femme, elle
ne cesse de se refaire dans un effort frénétique pour se raccrocher à sa
jeunesse. Par un effet pervers, la proximité de sa jumelle morte assure sa
stabilité et l’empêche de devenir complètement déjantée. » (p. 14)
Vous aurez sans doute deviné que ceci décrit les rapports entre la terre
(Gaia) et sa lune (Luna). Impey se met alors en devoir de raconter
l’histoire scientifique généralement admise de l’origine de la lune comme
étant le produit de la matière éjectée de la terre encore jeune et en
fusion après une collision oblique avec un rocher de la taille de Mars qui
passait par là.
« Une rencontre fortuite il y a 4,5 milliards
d’années a fortement contribué à rendre la terre hospitalière à une vie
complexe. Les marées [dues à l’attraction de la lune – ndt] créent une
zone de transition idéale où les créatures peuvent expérimenter les
adaptations nécessaires pour passer de la mer [où la vie est censée être
née – ndt] à la terre ferme. La lune stabilise l’axe d’inclinaison de la
terre. Privée d’une lune aussi grande, l’inclinaison de l’axe de Mars
oscille entre zéro et soixante degrés. Le résultat est que la terre a des
variations climatiques moins extrêmes. Quand elle était plus proche de la
terre, la lune a contribué à générer la croûte tectonique dont la vie
avait besoin pour s’établir. « Il est hasardeux de pousser ces
arguments trop loin, mais cet impact survenu à cette époque lointaine a
saupoudré le manteau terrestre de métaux, sans lesquels les humains
n’auraient sans doute pas pu dépasser le stade des flèches de silex et des
roues de pierre. Nous avons déjà vu que les cycles lunaires ont poussé les
hommes à se poser des questions sur les régularités dans la nature. La
lune a joué un rôle déterminant dans la prise de conscience par les Grecs
de l’Antiquité du fait que la terre était une sphère, dans le concept de
Galilée de la « pluralité des mondes » et dans le premier test de la
théorie d’Einstein sur la gravitation. « L’histoire de la création de
la lune incite à se poser la question : Et si ? Avec une trajectoire
légèrement différente, cet astre, qui ressemble à Mars, serait passé à
côté de la terre sans causer le moindre dégât. Soumise à des extrêmes
climatiques plus violents, la planète ne serait sans doute jamais devenue
hospitalière pour le ‘singe nu’ qui ne peut survivre que dans une plage
étroite de températures. Et si la collision avait été plus directe, la
terre aurait probablement été anéantie plutôt qu’agrandie. Cela donne à
réfléchir que de se dire que notre existence dépend d’un coup de chance
dans le chaos du système solaire primitif. » (p. 16-17)
Et voici
une autre fonction scientifiquement utile de la lune :
L’éclipse
quasi-parfaite du soleil par la lune ne se produit que parce qu’il se fait
que le soleil, qui est quatre cents fois plus grand, est aussi quatre
cents fois plus loin. Les créatures dans les systèmes solaires lointains
sont probablement privés de ce spectacle. (p. 12)
Un passage de
Surprised by Meaning: Science, Faith, and How We Make Sense of Things,
Louisville, Westminster John Knox Press, 2011, par le théologien Alister
McGrath, qui est titulaire de doctorats d’Oxford en théologie et en
histoire, titres qu’il a remportés après avoir d’abord obtenu à Oxford un
doctorat en biophysique moléculaire :
« Pourtant, ce ne sont pas
simplement les origines de l’univers qui semblent donner des preuves de
réglages fins. On peut constater l’apparition des mêmes mécanismes au
niveau biologique. Il est généralement admis que les systèmes vivants ont
besoin de deux composants fondamentaux : (1) un système automatique de
maintien du métabolisme et (2) un système génétique capable de transmettre
des informations biologiques. Ces deux composants se révèlent absolument
dépendants des propriétés de certains éléments chimiques, lesquels
auraient pu être très différents. « Ces dernières années, un nouveau
champ de recherches est apparu, qui explore le rôle remarquable joué par
les ions métalliques dans le développement de la vie. On emploie parfois
le terme « chimie bioinorganique » pour désigner l’exploration de
l’importance biologique remarquable des petites traces d’ions métalliques
dans les processus essentiels tels que la photosynthèse et le transport de
l’oxygène. L’exploration de ce domaine a été lancée dans les années 1950
par R. J. P. Williams à l’université d’Oxford ; depuis lors, il est devenu
un domaine de premier plan pour la recherche scientifique. Si les
propriétés chimiques des éléments étaient légèrement différentes, bon
nombre des réactions chimiques principales dont dépend la vie ne
pourraient pas avoir lieu. La conversion de la lumière en énergie chimique
lors de la photosynthèse et la « fixation » de l’azote atmosphérique par
les plantes pour produire les nutriments essentiels sont quelques exemples
de processus chimiques essentiels dont dépend la vie. Si les propriétés
fondamentales des éléments de l’univers étaient différentes, ces réactions
ne seraient peut-être pas en mesure de se produire et la vie, telle que
nous la connaissons, n’aurait pas pu apparaître. « En outre, il est
clair que la capacité d’encoder des informations revêt une importance
décisive pour l’évolution en général et l’évolutivité en particulier. Et
cela c’est quelque chose qui dépend absolument de la chimie organique du
carbone, qui permet la formation de chaînes longues et stables. Aucun
autre élément ne possède cette propriété ; sans elle, les molécules
complexes essentielles à la vie telles que l’ARN (acide ribonucléique) et
l’ADN (acide désoxyribonucléique) seraient impossibles, de même que les
processus réplicatifs qu’elles gèrent. La capacité qu’a l’évolution de
s’auto-régler finement dépend donc en fin de compte de propriétés
chimiques fondamentales dont on peut démontrer qu’elles représentent un
cas de réglage fin solide et fructueux. (p. 68-69)
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