L’EVEQUE, MON AMI
 

De tous les appels qui existent dans l’Eglise, celui d’évêque, de berger par excellence du troupeau local, est sans conteste le plus lourd et celui qui prend le plus de temps. Sa responsabilité principale est la Prêtrise d’Aaron, mais il est aussi le grand prêtre président de la paroisse et tout ce qui concerne le fonctionnement de celle-ci passe par lui.

 

Une liste des choses dont il doit se préoccuper peut nous aider à nous faire une idée de tout ce dont il doit s’inquiéter :

 

La Prêtrise d’Aaron (les jeunes gens)

La Prêtrise de Melchisédek

Les organisations auxiliaires (Primaire, Jeunes Filles, Société de Secours, Ecole du Dimanche)

L’enseignement

L’entretien des locaux

La gestion des finances (dîme et jeûne)

Les trois grands axes de la mission de l’Eglise, c’est-à-dire le perfectionnement des saints, la proclamation de l’Evangile et l’œuvre pour les morts

La formation des dirigeants

La préparation des jeunes qui désirent partir en mission

Les entretiens annuels avec les jeunes gens et les jeunes filles

Les entretiens annuels pour le règlement de la dîme

Les entretiens, tous les deux ans, pour la recommandation à l’usage du temple

Les entretiens avec les membres de la paroisse qui ont besoin de se confier à lui

Les entretiens réguliers avec les personnes qui ont un plan de repentance à suivre

Les différends qui peuvent se produire parmi les nombreuses personnes qui travaillent ensemble à la vie de la paroisse

Les visites chez certains membres

 

La liste pourrait être allongée.

 

Pour s’acquitter de ses tâches, il n’est pas seul, heureusement. Il y a, pour l’aider :

Deux conseillers

Un greffier administratif

Un greffier financier

Un secrétaire exécutif

Un président du collège des anciens

Un chef de groupe des grands prêtres

Des présidences d’organisations auxiliaires

 

Il peut donc déléguer certains domaines de son intendance à ces personnes. Mais cela signifie aussi qu’il a une réunion hebdomadaire avec sa présidence et une réunion mensuelle avec le conseil de branche, qui est constitué de la plupart des personnes mentionnées plus haut. En outre, le président du collège des anciens, le chef de groupe des grands prêtres et la présidente de la Société de Secours tiennent régulièrement des consultations avec lui pour leur travail. A cela il faut ajouter les réunions de formation mensuelles avec la présidence du pieu et les autres évêques du pieu et les réunions spéciales avec les membres de la présidence du pieu et du grand conseil qui rendent visite à la paroisse.

 

L’évêque n’est pas un professionnel. Ce n’est pas son métier. Ce n’est pas ce qu’il fait à plein temps. C’est quelqu’un qui doit gagner sa vie, qui a une femme et des enfants qui ont également droit à son attention et à son temps et, comme tout un chacun, un besoin de se ressourcer et de se retrouver.

Pourquoi tous ces détails un peu arides sur le travail de l’évêque, que nous connaissons déjà ? Parce que, étant humains, nous avons tendance à utiliser l’évêque comme solution de facilité pour résoudre des situations qui peuvent se régler autrement. Ce faisant nous alourdissons le fardeau que lui imposent déjà les responsabilités qui lui incombent. Le Christ nous a donné la Règle d’Or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu 7:12). Si nous étions évêques, ne voudrions-nous pas qu’on nous facilite la tâche au maximum ? Sans aucun doute. Alors que pouvons-nous faire pour ne pas alourdir sans nécessité la tâche de l’évêque ?

 

Les relations entre les cieux et Joseph Smith nous fournissent un principe de base sur lequel nous pouvons modeler toutes nos relations avec les autres, et notamment avec l’évêque. Il s’agit de la façon dont Joseph Smith et Oliver Cowdery ont été baptisés. Pendant qu’ils traduisaient le Livre de Mormon, ils sont tombés sur un passage parlant du baptême. Ils ont réfléchi à la question et, ne trouvant pas la réponse, ils ont décidé de consulter le Seigneur. Remarquez : ils ont tout d’abord essayé de se débrouiller eux-mêmes. Ils sont allés prier au bord de la Susquehanna, ce qui était la seconde étape logique. En réponse à leur prière, Jean-Baptiste ressuscité leur est apparu. Ce qui s’est passé ensuite est capital. Jean-Baptiste ne les a pas baptisés – cela, ils pouvaient le faire eux-mêmes. Il a fait la seule chose qu’ils ne pouvaient pas faire eux-mêmes : il leur a conféré la Prêtrise d’Aaron. Ayant cette autorité, ils se sont baptisés mutuellement, après quoi, ils se sont reconféré mutuellement la Prêtrise d’Aaron pour replacer les choses dans leur ordre propre.

 

La leçon est claire : nous ne devons avoir recours à autrui (que ce soit l’évêque ou n’importe qui d’autre) que quand nous avons fait nous-mêmes tout ce que nous pouvions. Agir autrement, ce serait devenir des assistés (matériels, émotionnels ou spirituels). Le programme appelé « l’état de préparation personnelle et familiale » nous invite de même à parvenir à un état d’autonomie aussi complet que possible. Et c’est aussi la raison pour laquelle, selon l’aphorisme célèbre : si tu donnes un poisson à un homme, tu le nourriras un jour ; si tu lui apprends à pêcher, tu le nourriras toute sa vie.

 

Si nous appliquons ce principe dans nos relations avec notre évêque, nous allons lui éviter de consacrer un temps précieux à des choses inutiles, ce qui le soulagera et lui permettra d’être plus efficace dans les choses essentielles qu’il doit faire.

 

Il y a une autre leçon qui ressort des apparitions célestes à Joseph Smith. Le Père et le Fils lui sont apparus pour introduire le Rétablissement. Mais ce ne sont pas eux qui lui ont remis les plaques du Livre de Mormon, ni eux qui lui ont conféré la Prêtrise d’Aaron et la Prêtrise de Melchisédek, mais Moroni, Jean-Baptiste et Pierre, Jacques et Jean, qui étaient mandatés pour ce travail particulier. De même, lorsque nous avons besoin de quelque chose que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes (après avoir essayé), nous devrions nous demander quelle est la personne, en dehors de l’évêque, qui est la plus habilitée à traiter notre affaire.

 

Prenons une bêtise comme premier exemple. Vous avez besoin d’un numéro de téléphone. Votre première ressource est chez vous : consultez l’annuaire. A défaut, il y a les renseignements. Peut-être cela se trouve-t-il dans le bulletin de la paroisse. Si cela ne suffit pas, pensez que l’évêque n’est pas le seul à avoir les coordonnées des membres. Il y a aussi le greffier. Adressez-vous plutôt à lui.

 

Avez-vous un souci personnel ou familial ? Essayez d’abord de le résoudre. A défaut, discutez-en avec vos instructeurs au foyer. Ils sont là pour cela et ils vous orienteront peut-être vers le président du collège des anciens ou le chef de groupe des grands prêtres ou vers la présidente de la Société de Secours.

 

Avez-vous un souci qui concerne une organisation auxiliaire ? Adressez-vous au responsable de l’auxiliaire. Par exemple : votre enfant s’intègre mal à la Primaire ? Voyez la présidente de la Primaire ; à défaut, voyez le conseiller dans l’épiscopat qui a la Primaire dans ses attributions. .

 

Avez-vous un problème de nature confidentielle que vous n’arrivez pas à résoudre par vous-même ? Adressez-vous à l’évêque uniquement. C’est alors que vous apprécierez le fait que son temps n’est pas encombré par des demandes d’autres membres qui pourraient s’arranger autrement et qu’il peut vous accorder rapidement son attention.

 

Lorsqu’un officier est appelé dans l’Eglise, et c’est vrai aussi pour l’évêque, il ne peut entrer en fonctions qu’après le vote de soutien de l’assemblée. C’est le principe du consentement commun. Lorsque vous soutenez l’évêque ou un autre officier, vous faites deux choses :

 

(1) Vous marquez votre accord avec le choix qui a été fait et la dignité de la personne appelée.

(2) Vous vous engagez à soutenir l’officier appelé, ce qui veut dire l’aider, vous mettre à sa disposition, lui accorder votre confiance, prier pour lui et – ce qui n’est peut-être pas toujours si spontané que cela – le remercier pour ce qu’il fait (de préférence avant sa relève).

 

Ceci mérite un petit développement.

 

En tant que grand prêtre président de la paroisse, l’évêque est appelé à prendre des décisions et à faire des choix pour la bonne marche des choses. Il est important de lui faire confiance, vous souvenant qu’il est désintéressé, qu’il cherche à faire ce qu’il y a de mieux et qu’il a été investi de l’autorité et du droit à l’inspiration pour remplir son appel. Ce qu’il décide peut ne pas être ce que vous auriez préféré. Que faire dans ce cas ?

 

Faites-lui confiance. Après tout, il ne va demander à personne de faire le mal.

Dites-vous qu’il a certainement accès à des informations dont vous ne disposez pas et qui justifient ses choix.

Dites-vous que même si vous pensez voir juste, c’est peut-être vous qui êtes dans l’erreur.

Reconnaissez-lui le droit de se tromper. Vous vous réclameriez certainement de ce droit si c’était vous qu’on appelait à sa place.

Gardez vos opinions pour vous. N’en parlez même pas à votre famille.

Si votre point de vue vous paraît tellement vital, parlez-en à l’intéressé et à lui seul et laissez-le ensuite décider en fonction des éléments que vous lui avez apportés.

N’en veuillez pas à l’évêque s’il n’assiste pas à telle activité que vous avez organisée. Relisez la liste de ses charges. S’il n’est pas là, c’est qu’il ne le peut pas.

 

En tout état de cause, priez pour lui, comme pour les autres officiers de la paroisse et surtout pensez de temps à autre à lui dire merci. Cela lui mettra du baume au coeur.

 

Enfin, mettez l’Evangile en pratique. Nous avons tous des offices, ce qui fait qu’il y a entre nous une interaction. Quand des personnalités différentes travaillent ensemble, elles ont fatalement des points de vue différents et des façons différentes de voir les choses. Il est humain, dans de telles situations, que des différends apparaissent occasionnellement avec risque de conflits. On peut alors soit en faire un champ de bataille soit un tremplin pour progresser. Le simple fait d’avoir de l’éducation peut être décisif. En outre, c’est le moment de nous souvenir de deux passages clefs du Nouveau Testament :

 

« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! » (Matthieu 5:9).

 

« … Si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n'est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil, elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal, elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité;  elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout » (1 Corinthiens 13:3-7).

 

On peut se trouver dans une situation de conflit sans l’avoir vue venir. Dans ce cas, il suffit de l’écraser dans l’œuf. S’excuser, s’expliquer, s’écouter, rester calme, mesurer ses paroles. L’efficacité d’un conflit est inversement proportionnelle au temps qu’il consomme. Réglez vos différends entre vous comme des chrétiens que vous êtes. Ne soumettez pas vos différends à l’arbitrage de l’évêque : cela a deux désavantages : (1) c’est un aveu d’incapacité de pratiquer l’Evangile de votre part, (2) c’est le mettre dans la position inconfortable de devoir trancher entre vous, et de s’attirer le ressentiment de l’une ou de l’autre partie ou des deux.

 

Si nous voulons aider efficacement notre évêque et le soutenir comme il en a besoin, la Règle d’Or reste la meilleure de toutes les formules : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu 7:12).

 

EN CONCLUSION


A NE PAS FAIRE :

1. Ne pas s’attendre à ce que nos dirigeants soient parfaits : chacun d’entre nous, dans nos efforts pour devenir des saints des derniers jours commet des erreurs.
2. Ne pas être des assistés : bien que l’Eglise soit là pour nous aider et nous soutenir, ses diverses organisations ne peuvent nous satisfaire dans tous nos besoins.
3. Ne pas juger et critiquer les autres : des commentaires désinvoltes, des sentiments négatifs, un manque de tact, non seulement peuvent blesser les autres, mais volent également des heures nombreuses et précieuses ainsi que l’énergie à nos dirigeants de paroisse.
4. Ne pas murmurer. Aucun d’entre nous n’aimerait être identifié à Laman et Lémuel et cependant ne sommes-nous pas de temps en temps coupables d’émettre à notre conjoint, à nos amis ou à qui veut bien les entendre, des remarques désobligeantes envers nos dirigeants.
5. Ne pas demander une entrevue à l’Evêque pour des problèmes sans avoir pensé à une solution possible.
6. Ne pas appeler l’Evêque pour des informations qu’on pourrait obtenir autre part : il existe un journal de paroisse qui nous informe sur les activités et l’annuaire téléphonique nous permet de trouver le numéro de téléphone de nos frères et sœurs.
7. Ne pas s’attendre à ce que l’Evêque soit à toutes les réunions ou à tous les événements. Si l’Evêque n’est pas là, cela ne signifie pas qu’il ne s’intéresse pas à vous ou qu’il ne vous soutient pas dans votre appel. S’il n’est pas là, c’est qu’il a une bonne raison.

A FAIRE :

1. Considérer les priorités de l’Evêque : il a lui aussi une famille.
2. Répondre franchement lors des entrevues : ne jouez pas aux devinettes, soyez honnêtes. L’Evêque prend soigneusement en considération votre opinion, puis il prie pour avoir de l’inspiration quant aux décisions à prendre.
3. Suivre la voie hiérarchique : lorsque vous avez des problèmes, la première personne qui doit vous aider à les résoudre, c’est d’abord vous-même, ensuite vient votre famille, puis vos visiteurs au foyer, après, la présidence de Collège ou de Société de Secours, et enfin, si vous avez toujours besoin de conseil ou d’assistance, n’hésitez pas à joindre votre Evêque.
4. Se souvenir que l’Evêque est un être humain. Il peut se tromper, être fatigué, oublier quelque chose ou, tout simplement, être maladroit dans ses propos. Chaque Evêque a ses forces et ses faiblesses. Laissons-lui toujours le bénéfice du doute.
5. Montrer de la reconnaissance. Soyez positifs. Un mot gentil fait toujours plaisir. Il est nécessaire de parfois se rappeler que nos dirigeants ne sont pas rémunérés pour ce qu’ils font dans l’Eglise.
6. Prier pour l’Evêque, ses conseillers, les dirigeants d’auxiliaires et les familles de la paroisse.
7. Aimez-vous les uns les autres. Par la tolérance, l’amour et le pardon, la paroisse devient une grande famille dont le père est l’Evêque.