La Vérité sort des sables d’Égypte

Par Warren Aston ·
Meridian, 23 mars 2015


Les prophètes-auteurs du livre de Moïse, de l’Ancien Testament et du Coran ont fait des prédictions semblables pour notre époque : la vérité sortirait de terre [1]. En plus de la venue de messagers célestes d’en haut pour annoncer, révéler et conférer, les derniers jours allaient également voir la Vérité sortir de la poussière du passé. Et, bien sûr, avant même le rétablissement de l’Église, les plaques qui nous ont donné le Livre de Mormon – la clef de voûte de notre religion – sont littéralement sorties de leur cachette dans la terre. Plus tard, les tombes poussiéreuses d’Égypte allaient nous donner le livre d’Abraham.

Depuis lors un grand nombre d’autres vérités, révélatrices et confirmatoires, ont aussi paru pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. La liste est maintenant fort longue. Les manuscrits de la mer Morte, les textes de Nag Hammadi, les autels de Nahom et une multitude d’autres écrits et inscriptions ont fait surface, confirmant l’existence de diverses personnes, lieux et événements.

Ensemble, ils ont construit une magnifique mosaïque qui fait la lumière sur le passé et confirme également le caractère littéral de nos écritures. Mais il y manque encore quelques pièces.

Nous savons, par exemple, que d’autres documents néphites et les annales d’autres tribus et peuples doivent encore paraître. Et je suis sûr que l’histoire de la place du Livre de Mormon dans le Vieux Monde n’est pas encore terminée. Mais il y aura aussi des surprises, des choses que nous n’avons pas prévues. Dans cet article, je vous présente une autre vérité qui est apparue au grand jour – l’une des plus étonnantes – car les sables du désert de l’Égypte ancienne ont livré un autre de leurs secrets.

En 1981, une équipe d’archéologues de BYU a commencé des fouilles sur un site à Fayoum, au sud du Caire. Ils ont travaillé sur une petite pyramide, la pyramide de Seila, puis sur un grand cimetière adjacent couvrant quelque 125 hectares. Tandis que certaines des sépultures étaient dans des tombes taillées dans le calcaire, beaucoup d’entre elles – par milliers – se sont révélées être dans des puits verticaux, contenant généralement plusieurs sépultures. On en a fouillé à ce jour plus d’un millier.
Les fouilles ont, bien entendu, donné une foule de renseignements sur la vie dans cette partie de l’Égypte il y a plus ou moins deux millénaires. Le climat sec conserve remarquablement bien, notamment les textiles dont les corps ont été enveloppés lors des obsèques.

La première constatation intéressante que l’on a faite a été que les sépultures étaient soigneusement orientées dans le sens est-ouest. Les sépultures plus anciennes avaient été disposées conformément aux croyances égyptiennes traditionnelles selon lesquelles les morts allaient se lever et marcher vers l’ouest. On les avait donc enterrés la tête à l’est et les pieds tournés dans le sens de la marche, l’ouest. Mais quand on a ouvert les sépultures datant de la seconde moitié du premier siècle de notre ère, cette pratique avait été inversée dans presque tous les cas. Les corps étaient maintenant tournés vers l’est.

Pour modifier d’une manière aussi frappante une pratique culturelle importante, surtout quand il est question d’un sujet aussi conservateur que l’inhumation, il faut une raison. On a immédiatement envisagé la possibilité qu’il s’agissait de sépultures chrétiennes. D’une part, le changement de direction datait du milieu du premier siècle après J.-C, époque à laquelle nous savons que le christianisme a pénétré en Égypte. Il n’était pas possible de déterminer si c’étaient là des membres de l’Église primitive qui s’installaient en Égypte ou qui y avaient été convertis, mais l’enterrement vers l’est, dans la direction d’où l’on s’attendait à ce que le Sauveur vienne, était, dès le début, une pratique chrétienne. Cette probabilité a commencé à se renforcer lorsque l’on s’est mis à trouver dans certaines des sépultures le symbole chrétien de la croix.

On a également constaté que les sépultures orientées vers l’est étaient différentes à d’autres égards. Les archéologues ont commencé à trouver des tasses et d’autres récipients enterrés avec les corps, donnant à penser qu’une sorte de rituel sacramentel avait pu avoir lieu au bord de la tombe, reliant symboliquement le défunt aux vivants. On n’en avait pas trouvé avec les sépultures plus anciennes.

Et puis, quelque chose d’autre est apparu. La qualité des textiles employés s’était nettement améliorée dans ces sépultures plus récentes. Le tissu utilisé était neuf, n’avait jamais été porté et était d’une bien meilleure qualité que celui des sépultures antérieures. Les vêtements étaient plus élaborés et plus complexes. L’une des sépultures avait, chose incroyable, vingt-six couches de vêtements dont une partie était tissée avec des motifs de différentes couleurs. De toute évidence, la famille et les amis de ces défunts plus récents attachaient une grande importance et se donnaient beaucoup de peine pour veiller à ce que leurs proches soient enterrés correctement vêtus. Mais ce n’était pas tout.

Un certain nombre de corps étaient habillés d’une manière particulière. Tout d’abord, ils portaient sur la peau un vêtement en laine, et je cite ici l’article paru en 1993 dans BYU Studies, « suffisamment bien conservé pour nous permettre de remarquer que de petites rosettes avaient été brodées au-dessus de chaque sein et une sur la jambe droite près du genou, mais il n’y avait pas de rosette correspondante sur la jambe gauche. Dans le bas de l’abdomen, le tissu comportait aussi une fente ourlée d’environ quinze centimètres de long [2]. » En outre, le vêtement extérieur se composait de bandelettes de lin « enroulées autour de la moitié supérieure du corps [et] rassemblées en un nœud complexe. Ce nœud se trouve sur l’épaule gauche sur deux des robes et sur l’épaule droite des huit robes restantes. Le symbole du nœud sacré est courant en Égypte et ailleurs et peut indiquer une autorité sacerdotale [3]. »

      

De toute évidence, cette incursion intime, très sacrée dans ce monde lointain nous rappelle qu’il y a encore beaucoup à apprendre sur l’Église primitive fondée par le Christ et son fonctionnement. La première déduction qu’on peut en tirer est qu’au moins certains des premiers membres, loin de Jérusalem, avaient accès à toutes les ordonnances et aux alliances qui leur étaient associées. C’est un rappel tangible que les principes auxquels il est fait allusion dans les écrits des apôtres Pierre et Jean, le bien-aimé, en particulier, allaient au-delà de simples enseignements et de la théorie, mais trouvaient une application pratique parmi les premiers saints.

Il reste encore beaucoup à apprendre sur ces sépultures et sur la vie de ces gens [4], mais cela renforce le principe que le Temple et ses ordonnances sont le fil sacré qui unit toutes les dispensations, du début à la fin.

Cela se produit aussi à un moment où la mission du Prophète Joseph Smith est attaquée comme jamais auparavant. Pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un cœur pour comprendre, ce qui est sorti de terre dans ce cimetière égyptien antique témoigne de manière frappante que ce que Joseph Smith nous a donné est vraiment le rétablissement des aspects antiques de la vérité éternelle.

Nous n’aurons vraiment aucune excuse.

Notes

[1] Voir, par exemple, Moïse 7:62 : « Je ferai descendre la justice des cieux, et je ferai monter la vérité de la terre, pour rendre témoignage de mon Fils unique » et Psaumes 85.11 : « La fidélité germe de la terre, Et la justice regarde du haut des cieux. »
[2] C. Wilfred Griggs et autres, « Evidences of a Christian Population in the Egyptian Fayum and Genetic and Textile Studies of the Akhmim Noble Mummies », BYU Studies , vol. 33. n° 2 (1993), p. 226. On peut le consulter en noir et blanc uniquement à : https://journals.lib.byu.edu/spc/index.php/BYUStudies/article/viewFile/6106/5756 On trouvera à la page 227une photo du vêtement décrit.
[3] Id. p. 225-226. On trouvera une photographie illustrative à la page 272.
[4] On trouvera une mise à jour sur la datation générale des sépultures dans R. Paul Evans, etc., « Rethinking burial dates at a Graeco-Roman Cemetery: Fag el-Gamous, Fayoum, Egypt », Journal of Archaeological Science: Reports 2 (February, 2015), p. 209–214, accessible à http://DX.doi.org/10.1016/j.jasrep.2015.02.004