Sauvé par la foi[1]

Marcel Kahne

Une brochure intitulée 'La seule porte' affirme que : « Tous ceux qui reconnaissent que la punition du péché a été acquittée par la mort de Jésus-Christ sur la croix, ceux-là reçoivent la vie éternelle SIMPLEMENT PAR LA FOI (...). La Bible parle de ceux qui ne sont nés qu’une fois, ‘sans Dieu, sans Christ et sans espérance’ et ceci sera leur état pour toute l’éternité s’ils n’acceptent pas Christ comme leur Sauveur. Nombreux sont ceux qui ne le savent pas[2] et qui mettent leur confiance dans leurs efforts personnels pour mériter la faveur divine et l’entrée dans le ciel (...) Le Livre de Job nous enseigne cette grande leçon que l’homme n’a aucun mérite en lui-même. Par contre, aux yeux de Dieu, tous les mérites sont réunis en son Fils, Jésus-Christ, et nous y avons accès par la croix. »

Ainsi est formulée la doctrine fondamentale du protestantisme, la justification par la foi SANS les œuvres.

Certains passages de la Bible semblent effectivement porter ce message, comme Éphésiens 2:8-9 : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » Et Actes 2:47 : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés ». Enfin, 1 Corinthiens 1:18 : « Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. »

Il y en a cependant d’autres passages d'Écritures dans lesquels apparaît clairement la nécessité des œuvres. Compte tenu de l’importance de leur nombre, on ne peut pas ne pas en tenir compte.

1. Enseignements de Jésus :

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5:16).

« C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis [le sermon sur la montagne] et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc » (Matthieu 7:24).

« Et voici, un homme s’approcha, et dit à Jésus : Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? Il lui répondit : (...) Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements (...) Va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel » (Matthieu  19:16-17, 21).

 « On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié » (Luc 12:48).

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime » (Jean 14:21).

« Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7:21 ; voir aussi Luc 6:46, 8:21, 11:28, Jean 15:14).

Quelle est la volonté du Père ? Que devons-nous faire pour entrer dans le royaume des cieux ? Matthieu 25:31-46, qui est une évocation du jugement dernier par le Sauveur lui-même, répond d’une manière on ne peut plus claire à cette question. On y voit Jésus séparer les brebis (les justes) des boucs (les méchants). Aux premières, il dit : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » Aux autres, il dit : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. » Quel est le critère de sélection ? « J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi (...) Toutes les fois que vous avez fait l’une de ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. »

« Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres » (Matthieu 16:27)

« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu » (Jean 3:21).

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes (...) » (Jean 14:12).

« Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de fruit » (Jean 15:2).

2. Enseignements des apôtres :

« Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? (...) Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres. (...) Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile ? Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ? Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite. (...) Vous le voyez l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement. (...) Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les œuvres est morte» (Jacques 2:14, 17-26)[3].

« Dieu (...) rendra à chacun selon ses œuvres : réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité » (Romains 2:6-7)[4].

« Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Éphésiens 2:10).

« Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps » (2 Corinthiens 5:10).

« Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes oeuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable » (1 Timothée 6:18-19).

« Cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu s’appliquent à pratiquer de bonnes oeuvres. Voilà ce qui est bon et utile aux hommes » (Tite 3:8).

« Si nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous l’avons connu. Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui » (1 Jean 2:3-4).

« Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent » (Apocalypse 14:13).

« Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, d’après ce qui était écrit dans les livres » (Apocalypse 20:12).

À l’idée du salut sans les œuvres vient s’ajouter, pour certaines dénominations, la notion que l’on est sauvé d’emblée, et il est vrai qu’un certain nombre de passages, comme Actes 2:47 et 1 Corinthiens 1:18, cités plus haut, vont dans ce sens. Mais, une fois encore, on ne peut pas ne pas tenir compte des autres passages d’Écriture qui vont en sens contraire :

1. Enseignements de Jésus :

« Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » (Matthieu 10:22 ; voir aussi 16:27, 24:13, Marc 13:13, Jacques 1:25, Apocalypse 2:10 et d’autres).

2. Enseignements des Apôtres :

Paul :

 « (...) travaillez à votre salut avec crainte et tremblement » (Philippiens 2:12).

« Car c’est en espérance que nous avons été sauvés » (Romains 8:23).

«Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais (...) Je cours vers le but, pour remporter le prix» (Philippiens 3:12, 14).

«J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée (...) » (2 Timothée 4:7-8).

Pierre :

«Si le juste se sauve avec peine, que deviendront l’impie et le pécheur?» (1 Pierre 4:18).

Jean :

«Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie» (Apocalypse 2:10).

Que faut-il conclure de tout cela? Est-on sauvé d’emblée ou seulement à la fin? La foi seule sauve-t-elle ou faut-il aussi les œuvres, ou bien les œuvres sont-elles inutiles? L’Écriture se contredit-elle? Certainement pas. Comme la théorie de la justification par la foi seule se base sur les écrits de Paul, il est nécessaire de mieux le comprendre, afin d’y voir plus clair. Lorsqu’il présente sa défense devant le roi Agrippa, il dit : «(...) J’ai vécu pharisien, selon la secte la plus rigide de notre religion» (Actes 26:5). Au peuple de Jérusalem il précise : «(...)  j’ai été (...) instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères» (Actes 22:3). Paul appartenait à ce groupe dont le Christ disait : «Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes» (Matthieu 23:4), faisant allusion par là aux 613 prescriptions (248 obligations et 365 interdictions) mises en place par les docteurs de la loi depuis le temps d’Esdras, pour dresser «une haie autour de la loi» et légiférer à propos de toutes les situations possibles pour qu’on ne la transgresse pas. Le salut n’était donc accessible qu’à ceux qui avaient «étudié» (Jean 7:15). Et encore. Comment pouvait-on être jamais sûr de n’avoir pas oublié l’une ou l’autre de ces innombrables prescriptions?

Sa rencontre avec le Christ change tout cela pour Paul. Il apprend que le Christ a expié pour tous les hommes sur la croix. Il apprend qu’il n’a plus besoin d’être parfait ici-bas (ce qui est impossible) pour être sauvé. Il apprend que par la foi au Christ («Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi», Jean 14:6), le repentir et la conversion, il peut obtenir le pardon («Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés», Actes 3:19). Il se sent tout à coup délivré, et c’est cette délivrance-là qu’il va proclamer aux Juifs de Rome, de Corinthe, de Galatie, d’Éphèse, de Philippes, de Colosses et de Thessalonique. Eux aussi ont besoin de savoir que les observances de la loi de Moïse sont périmées.

Quand on a bien compris d’où Paul sort, on se rend compte que ce n’est pas la foi et les bonnes œuvres qu’il oppose, mais la foi et «la loi des œuvres» (Romains 3:27) ou «les œuvres de la loi [de Moïse revue et augmentée par les docteurs]» : «Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi sans les œuvres de la loi» (Romains 3:28). «Ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ (...) Afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi» (Galates 2:16 ; 3:2, 5, 10). Ce dernier verset est particulièrement éloquent : «Tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique.» Comme mentionné plus haut : la loi condamne, puisque personne ne peut la mettre totalement en pratique.

C’est quand on a compris que Paul donne des sens différents au mot «œuvres» (tantôt «prescriptions de la loi de Moïse», tantôt « bonnes œuvres[5] ») qu’on se rend compte qu’il n’y a pas d’incompatibilité dans des passages en apparence aussi contradictoires en eux-mêmes qu’Éphésiens 2:8-10 : «Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.» Il est bien évident que dans la première proposition, l’ex-pharisien qu’était Paul fait allusion aux œuvres/prescriptions de la loi, qui étaient un tel sujet de gloire pour ses anciens collègues, comme dans la parabole du pharisien et du publicain, dans laquelle le premier se vante : «O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes (...) je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus (...) » (Luc 18:11-12). Dans la deuxième proposition, les «bonnes œuvres» sont celles auxquelles le Christ fait allusion dans Matthieu 25:31-46, sans lesquelles on ne peut être sauvé.

Une autre contradiction apparente qui s’éclaircit quand on tient compte de ce qui précède est celle qui oppose Romains 4:2-11 et Jacques 2:21-24.

Romains 4:2-5, 9-11. «Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Car que dit l’Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé non comme une grâce, mais comme une chose due; et à celui qui ne fait point d’œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice (...) Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. Comment donc lui fut-elle imputée? Était-ce après, ou avant sa circoncision? Il n’était pas encore circoncis, il était incirconcis.»

Jacques 2:21-24 : «Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel? Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite. Ainsi s’accomplit ce que dit l’Écriture : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice ; et il fut appelé ami de Dieu. Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement.»

Dans Romains, quand il parle d’œuvres, Paul pense à la circoncision. Dans Jacques, les œuvres sont l’expression naturelle de la foi. Ce n’est pas parce qu’il était circoncis qu’Abraham fut béni, mais parce qu’il avait la foi. Et qu’est-ce qui prouve qu’il avait la foi? Le fait qu’il était disposé à accomplir n’importe quelle œuvre commandée par le Seigneur.

Pour certaines dénominations donc, nous sommes sauvés d’entrée de jeu, sans rien devoir faire d’autre qu’avoir foi en Jésus. Dans ce qui précède, nous avons vu ce que la Bible en dit : on ne peut pas se dire sauvé tant qu’on n’a pas fait ses preuves, et s’il est vrai que la foi en Jésus-Christ est indispensable, elle est indissociable de l’action chrétienne, qui en est l’expression.

Tout ceci suscite une question : Comment les protestants, par exemple, ne comprennent-ils pas cette évidence ? Peut-être parce qu’à l’origine, le protestantisme a réagi contre une situation semblable à celle de Paul. L’Église catholique de l’époque proposait, elle aussi, une espèce de salut par des observances. Elle enseignait que Jésus et les saints en avaient fait plus qu’il n’en fallait pour entrer au paradis. Il existait donc un excédent de mérites qui pouvait être distribué à ceux qui n’arrivaient pas tout à fait à atteindre le paradis. Ce trésor était géré par l’Église catholique comme une espèce de caisse de compensation permettant à ceux qui voulaient en profiter d’obtenir des indulgences, c’est‑à‑dire une réduction de peine au Purgatoire. Autant de Pater et d’Avé, autant de jours en moins. Un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, autant de jours en moins. Un don généreux à l’Église, autant de jours en moins. A l’époque de la Réforme, l’Église étant en mal d’argent, un moine appelé Tetzel était chargé de la vente d’indulgences contre espèces sonnantes et trébuchantes. La doctrine protestante s’est en partie construite en réaction à cette pratique, ce qui explique que les mots « loi », « œuvres », « mérites » déclenchent chez les protestants des réactions épidermiques. C’est aussi ce qui explique pourquoi ils reviennent toujours avec l’idée que Jésus a tous les mérites et que l’homme n’en a pas et n’a pas besoin d’en avoir.

En fait, quand on se positionne par opposition à autre chose, la vérité – et le bon sens – sont souvent mis à mal. Or la vérité c’est ceci : le Sauveur ayant pris sur lui les péchés des hommes, ayant expié à leur place, devient le maître du salut. Il y a une chose qu’il donne à tous les hommes gratuitement et sans qu’ils n’aient rien à faire : la résurrection. « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15:22). Mais pour ce qui est de la qualité de vie que nous mènerons dans l’éternité, il dicte ses conditions. C’est lui, la seule porte : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jean 10:9). Peut-on « entrer » sans rien faire ? Sûrement pas : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! Et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6:46). Et qu’est-ce que le Sauveur nous dit de faire ? « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13:34-35). Et que doit-on faire pour avoir de l’amour les uns pour les autres ? Il faut appliquer la Règle d’or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu 7:12). Et l’on en revient au cahier des charges présenté par le Christ dans Matthieu 25:31-46 avec cette mise en garde : pour être sous la condamnation, il n’y a pas besoin de faire le mal ; il suffit de ne pas faire le bien.

C’est, en fin de compte, dans le Livre de Mormon que nous trouvons la formule parfaite du salut : « Nous savons que c’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25:23). Après tout, si, comme le disent les protestants, l’homme n’a aucun mérite et que c’est le Christ qui les a tous, l'homme ne peut même pas revendiquer le fait d'avoir la foi. C’est la grâce et la grâce seule qui sauve. Et qu’est-ce que la grâce ? C’est le fait que le Christ fait pour nous tout ce que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes. Il nous ressuscite, nous purifie devant Dieu et nous permet de rentrer en sa présence. Comme le dit également la Bible :

« Mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés » (Actes 15:11).

« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi » (Ephésiens 2:8).  

A nous de montrer, par nos oeuvres, que nous sommes reconnaissants au Seigneur de ce qu’il a fait pour nous.

 

 

 


[1] Les citations d’Écriture sont empruntées à la version Segond de 1910.

[2] On peut regretter que l’auteur de la brochure n’ait pas jugé utile de préciser comment il concilie l’infinie justice et l’infinie bonté de Dieu avec le sort de l’immense majorité des hommes qui, pour des raisons diverses, « ne le savent pas », « qui ne sont nés qu’une fois, ‘sans Dieu, sans Christ et sans espérance’ » et dont ce  « sera [l’]état pour toute l’éternité » parce que l’occasion ne leur a pas été donnée d’entendre de leur vivant le message protestant et qu’il ne leur a donc pas été possible d’accepter « Christ comme leur Sauveur ».

[3] Des passages comme ceux de Jacques, en contradiction flagrante avec la doctrine de la foi sans les oeuvres, ne peuvent qu’être une source de problèmes pour des confessions qui proclament par ailleurs l’inerrance des Ecritures. Martin Luther ne cachait d’ailleurs pas son irritation devant l’épître de Jacques, qu’il considérait comme « eine recht stroherne Epistel » (une épître tout à fait insipide), parce qu'il ne lui trouvait « aucune qualité évangélique » (« D. Martin Luthers Werke », Weimar, Böhlaus, 1906, vol. 6, p. 10). Il était encore plus contrarié par le sermon sur la montagne, dont il disait : « Das heißt ein Meisterstück des Teufels » (c'est un chef d'oeuvre du diable) parce que, selon lui, « le diable déforme et pervertit (verdrehet und verkehret) si magistralement la véritable intention du Christ par l'intermédiaire de son apôtre [Matthieu], surtout au chapitre 5 » (vol. 32, p. 300).

[4] Comparer avec ce que dit la brochure La seule porte : « Nombreux sont ceux qui (...) mettent leur confiance dans leurs efforts personnels pour mériter la faveur divine et l’entrée dans le ciel (...) Le Livre de Job nous enseigne cette grande leçon que l’homme n’a aucun mérite en lui-même. »  Un autre passage qui contredit la brochure est 2 Pierre 1:10-11.

[5] Quelques autres passages où il est clair que l’homme doit accomplir des « œuvres bonnes » c’est-à-dire pratiquer les vertus chrétiennes : Romains 2:13, 16 ; Galates 4:6 ; Colossiens 1:10 ; 1 Thessaloniciens 1:3 ; 1 Timothée 2:9-10 ; 5:10 ; 2 Timothée 2:21, 3:17 ; Tite 2:14, 3:1, 8, 14 ; Hébreux 10:24, 13:20-21; Jacques 1:22 ; 1 Pierre 1:17, 2:9, 12 ; 1 Jean 5:2 ; Apocalypse 2:2, 10, 19, 23, 26, 3:1, 8, 15, 14:13, 19:8, 20:12-13, 21:7, 22:12.