CHAPITRE 23 : LE JOUR DU SABBAT
Comme il y a eu de grandes divergences d'opinion parmi les chrétiens sur
le point de savoir s'ils devaient sanctifier le septième jour de la
semaine (samedi), le sabbat des Juifs, ou le premier jour de la semaine
(dimanche), le jour où le Christ est sorti du tombeau, celui que les
Saintes Écritures appellent le jour du Seigneur, il semblait désirable
qu'au rétablissement de son Église en notre dispensation, le Seigneur se
prononçât sur ce sujet. Il l'a fait dans une révélation au prophète Joseph
Smith, donnée le 7 août 1831 en Sion, comté de Jackson, dans le Missouri,
dont nous citons ce qui suit :
Et afin que tu puisses te préserver plus complètement des souillures du
monde, tu iras en mon saint jour à la maison de prière et tu y offriras
tes sacrements ;
Car en vérité, c'est ce jour qui t'a été désigné pour que tu te reposes de
tes labeurs et pour que tu présentes tes dévotions au Très-Haut.
Néanmoins, tu offriras tes vœux en justice tous les jours et en tout
temps.
Mais souviens-toi qu'en ce jour, le jour du Seigneur, tu offriras tes
oblations et tes sacrements au Très-Haut, confessant tes péchés à tes
frères et devant le Seigneur (D.&A. 59 :9-12).
Nous apprenons par cette révélation que le Seigneur appelle le «jour du
Seigneur» «mon saint jour». Encore une fois, c'est par la révélation du
Seigneur à son prophète de notre dispensation que cette vérité est
affirmée, plutôt que par l'étude des Écritures anciennes ou de l'histoire.
Cependant, consultons les anciennes Écritures pour constater que cette
révélation donnée par le Seigneur lors du rétablissement de son Église sur
terre en notre dispensation n'est aucunement en conflit avec les
instructions ou les révélations données par le Seigneur par
l'intermédiaire de ses prophètes de jadis.
Histoire du jour du sabbat
Retraçons brièvement l'histoire du jour du sabbat :
Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite ; et il se
reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite.
Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se
reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant (Gen. 2 :2, 3).
Ce récit dit clairement : «Dieu bénit le septième jour et le sanctifia,
parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en
la faisant. »
Mais l'étude des Écritures semble montrer que le premier commandement
jamais donné par un prophète pour faire observer ce jour comme un jour de
culte fut donné par Moïse environ 2 500 ans après la création. Dans le
Deutéronome, nous apprenons pourquoi Dieu donna à ce moment-là ce
commandement aux enfants d'Israël.
L'Éternel, notre Dieu, a traité avec nous une alliance à Horeb.
Ce n'est point avec nos pères que l'Éternel a traité cette alliance ;
c'est avec nous, qui sommes ici aujourd'hui, tous vivants ... Observe le
jour du repos, pour le sanctifier, comme l'Éternel, ton Dieu, te l'a
ordonné ...
Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Égypte, et que
l'Éternel, ton Dieu, t'en a fait sortir à main forte et à bras étendu :
c'est pourquoi l'Éternel, ton Dieu, t'a ordonné d'observer le jour du
repos (Deut. 5 :2, 3, 12, 15).
Il ressort de cette Écriture que ceci était une nouvelle alliance que le
Seigneur concluait avec Israël à Horeb ; qu'il n'avait pas conclu cette
alliance avec leurs pères ; qu'il avait conclu cette alliance afin qu'ils
se souviennent qu'ils avaient été esclaves au pays d'Égypte et que c'était
le Seigneur leur Dieu qui les en avait fait sortir « à main forte et à
bras étendu», et par conséquent leur commandait d'observer le jour du
sabbat.
Ce commandement d'observer le jour du sabbat fut incorporé dans la loi de
Moïse, de même que furent adoptés l'année sabbatique et le sabbat de la
quarante-neuvième et de la cinquantième années.
Parlant de la loi de Moïse, l'apôtre Paul affirma :
Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin
que nous fussions justifiés par la foi (Gal. 3 :24).
Si donc la loi de Moïse était le pédagogue qui devait nous amener au
Christ, il semble raisonnable de supposer qu'après la venue du Christ, il
n'y aurait plus besoin de ce pédagogue.
Le sabbat d'Israël cessera
Lorsque nous comprenons que la loi de Moïse, y compris ses sabbats, était
un pédagogue pour nous amener au Christ, nous sommes mieux à même de
comprendre pourquoi le Seigneur permit à son prophète Osée de déclarer
qu'il ferait cesser les sabbats d'Israël :
Je ferai cesser toute sa joie, ses fêtes, ses nouvelles lunes, ses sabbats
et toutes ses solennités (Osée 2 :13).
Est-il possible d'accepter les Écritures comme étant la parole de Dieu et
de mettre en question l'accomplissement de cette prophétie d'Osée, à
savoir que le Seigneur ferait vraiment cesser les sabbats d'Israël?
Lorsque cette Prophétie d'Osée fut accomplie, la voie fut manifestement
ouverte pour l'adoption d'un nouveau sabbat.
Un nouveau sabbat : le jour du Seigneur
Le Sauveur savait qu'un changement devait intervenir dans le sabbat :
Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour
le sabbat, De sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat (Marc
2 :27, 28).
Jésus n'est pas venu pour abolir la loi, mais pour l'accomplir. Donc en
lui le sabbat juif fut accompli, comme le reste de la loi de Moïse, qui
était « le pédagogue qui devait nous conduire à Christ». Dès lors, quand
le Christ vint, il devint également le Seigneur du sabbat. Lui-même
déclara qu'il était venu accomplir la loi :
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je
suis venu non pour abolir, mais pour accomplir (Matt. 5 :17).
Puisque Jésus est venu accomplir la loi, pourquoi d'aucuns voudraient-ils
la conserver? Pourquoi ne préfèrent-ils pas accepter ce que Jésus a
apporté pour remplacer la loi, et qui comprend le nouveau sabbat, le
premier jour de la semaine ou jour du Seigneur (dimanche), le jour où
Jésus sortit du tombeau? «Le jour du Seigneur» est celui qu'il a désigné à
ses saints en cette dispensation pour l'adorer (voir D.&A. 59 :12).
Tandis qu'il était exilé sur l'île de Patmos « à cause de la parole de
Dieu et du témoignage de Jésus», Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur,
écrivit :
Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une
voix forte comme le son d'une trompette (Apoc. 1 : 10).
Pourquoi ce jour serait-il appelé «le jour du Seigneur» si ce n'était pas
un jour sacré? Rappelez-vous : «Le Fils de l'homme est maître même du
sabbat» (Marc 2 :28).
L'apôtre Paul se rendait compte que les saints seraient critiqués pour
avoir changé le jour du sabbat, comme ils l'étaient pour d'autres
pratiques contre lesquelles les Juifs s'élevaient :
Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet
d'une fête, d'une nouvelle lune ou des sabbats (Col. 2 :16).
Cet avertissement de l'apôtre Paul eût été sans objet si les saints
avaient rendu leur culte le jour du sabbat juif, car les Juifs n'auraient
alors eu aucune raison de les juger sur ce point.
Les saints rendaient leur culte le premier jour de la semaine
On ne nous dit nulle part que les saints aient observé le sabbat juif
comme jour de culte après la résurrection du Sauveur. Cependant, les
apôtres se joignaient le jour du sabbat aux Juifs dans leurs synagogues
pour leur enseigner l'Évangile (voir Actes 13 :13, 14 ; 17 :1, 2).
Mais il y a par contre nombre de documents qui nous montrent à suffisance
que les saints se réunissaient souvent pour le culte le premier jour de la
semaine (dimanche), le jour du Seigneur, c'est-à-dire le jour où Jésus
était sorti du tombeau :
Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu
où se trouvaient les disciples étaient fermées, à cause de la crainte
qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux et leur
dit : La paix soit avec vous! (Jean 20 :19).
Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la
maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant
fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous!
(Jean 20 :26).
Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain.
Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretenait avec les disciples, et
il prolongea son discours jusqu'à minuit (Actes 20 :7).
Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez, vous
aussi, comme je J'ai ordonné aux Églises de la Galatie.
Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui
ce qu'il pourra, selon sa prospérité, afin qu'on n'attende pas mon arrivée
pour recueillir les dons (1 Cor. 16 :1, 2).
L'Écriture que voici est particulièrement significative puisque le jour de
la Pentecôte était le jour suivant le sabbat juif :
Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous dans le même lieu.
Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et
il remplit toute la maison où ils étaient assis.
Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées
les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux.
Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en
d'autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s'exprimer (Actes 2
:1-4, voir aussi Lév. 23 :15, 16).
Quelle autre explication logique peut-on donner au fait que les saints se
réunissaient pour le culte le premier jour de la semaine, dimanche, le
jour du Seigneur, le jour où le Sauveur est sorti du tombeau au lieu du
samedi, le sabbat juif, sinon que c'est le Seigneur qui a fait cesser les
sabbats juifs, comme l'avait déclaré le prophète Osée? Jésus a institué un
nouveau sabbat, le jour du Seigneur, devenant ainsi «maître même du
sabbat».
La Bible grecque désigne le premier jour de la semaine comme sabbat
Notre conclusion est encore renforcée par le fait que le premier jour de
la semaine (dimanche) est appelé huit fois sabbat dans la Bible grecque
originale. Par conséquent si la Bible avait été traduite correctement, on
aurait' évité beaucoup de confusion en ce domaine. Pourquoi le premier
jour de la semaine (dimanche) serait-il appelé sabbat dans la Bible si ce
n'était pas un sabbat? Et comment est-il devenu un sabbat, si ce n'est de
la manière que nous avons expliquée?
Après le sabbat, à l'aube du premier jour de la semaine ... (Matt. 28 :1.
En grec, «sabbat» au lieu de «premier jour de la semaine»).
Ce texte peut prêter à confusion parce qu'il parle de deux sabbats. Il
faut admettre que le sabbat chrétien (premier jour de la semaine) suit
immédiatement le sabbat juif (septième jour de la semaine). D'où
l'allusion à deux sabbats.
Le premier jour de la semaine ... (Marc 16 :2. En grec «sabbat» au lieu de
«premier jour de la semaine).
Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine ... (Marc
16 :9. En grec «sabbat» au lieu de «premier jour de la semaine»).
Le premier jour de la semaine ... (Luc 24 : 1. En grec «sabbat» au lieu de
«premier jour de la semaine»).
Le premier jour de la semaine ... (Jean 20 : 1. En grec «sabbat» au lieu
de «premier jour de la semaine»).
Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine ... (Jean 20 :19.
En grec «sabbat» au lieu de «premier jour de la semaine»).
Le premier jour de la semaine, ... (Actes 20 :7. En grec «sabbat» au lieu
de «premier jour de la semaine»).
Que chacun de vous, le premier jour de la semaine ... (1 Cor. 16 :2. En
grec «sabbat» ou «premier jour de la semaine»).
De ce qui précède, il doit ressortir clairement que les écrivains du
Nouveau Testament savaient parfaitement que le premier jour de la semaine
(dimanche) était un jour de sabbat et que c'était le jour où les saints se
réunissaient pour le culte.
Les premiers chrétiens rendaient leur culte le premier jour de la
semaine
Les premiers historiens ont déclaré que le premier jour de la semaine, le
jour où le Seigneur était sorti du tombeau, était sanctifié par les
chrétiens, que c'était leur jour de culte. Ceci, joint aux preuves que
nous avons déjà fournies, réfute la thèse de ceux qui prétendent que ce
changement du samedi au dimanche aurait été institué par l'empereur romain
Constantin :
. . . Il est vrai, en effet, que la vie de Constantin n'était guère
conforme aux préceptes du christianisme ; il est vrai aussi qu'il resta
catéchumène (chrétien non-baptisé) toute sa vie, et qu'il ne devint
véritablement membre de l'Église, par son baptême à Nicomédie, que
quelques jours avant sa mort.
Note 25 : ... Constantin, longtemps avant cette époque (324 après J.-C.)
s'était déclaré chrétien et était reconnu comme tel par les Églises, c'est
un fait certain. Il est certain aussi que pendant longtemps il avait
accompli les actes religieux d'un chrétien non-baptisé, c'est-à-dire d'un
catéchumène ; car il assistait au culte public, jeûnait, priait, observait
le sabbat chrétien et les anniversaires des martyrs, et veillait les
vigiles de Pâques, etc (Mosheim's Church History, Livre 2, Siècle 4, Ire
partie, chap. 1 :8).
... Les chrétiens de ce siècle manifestaient leur piété en se réunissant
pour adorer Dieu et pour leur propre progression, le premier jour de la
semaine, le jour où le Christ avait repris vie ; car ce jour avait été
consacré au culte religieux par les apôtres eux-mêmes, et on l'observait
généralement, à l'exemple de l'Église de Jérusalem : nous en possédons des
témoignages indiscutables (Mosheim's Church History, Livre 1, Siècle 1, 2e
partie, chap. 4 :4).
Ceux qui ont été élevés dans l'ancien ordre des choses en sont arrivés à
posséder une nouvelle espérance, n'observant plus le sabbat (juif, ou
septième jour) mais vivant dans l'observance du jour du Seigneur (premier
jour) ce jour où nous avons pris vie par lui et par sa mort (Ignace
d'Antioche, Épître aux Magnésiens, 101, après J.-C. chap. 9).
Un jour, le premier jour de la semaine, nous nous réunissions tous
ensemble (Barderaven, 130 après J.-C.).
... Et le jour que l'on appelle dimanche, il y a une assemblée dans le
même lieu de tous ceux qui vivent dans les villes ou dans les régions
rurales ; et on lit les récits des apôtres ou les écrits des prophètes
tant que nous en avons le temps ... C'est le dimanche que nous tenons tous
notre assemblée commune, parce que c'est le premier jour où Dieu, quand il
changea les ténèbres et la matière, façonna le monde ; et Jésus-Christ,
notre Sauveur, s'est levé d'entre les morts ce même jour (Justin Martyr,
Apologies, 1 :67, 140 après J.-C.).
En accomplissement du précepte contenu dans l'Évangile, il observe le jour
du Seigneur (Clément d'Alexandrie, Livre 7, chap. 12 ; 193 après J.-C.).
Nous ne sommes en accord avec les Juifs ni dans leurs observances
particulières relatives à la nourriture, ni dans leurs jours sacrés
(Apologies, sec. 2 ; 200 après J.-C.). Nous avons l'habitude d'observer
certains jours, comme par exemple, le jour du Seigneur (Origène, Livre 3,
chap. 23 ; 201 après J.-C.).
Mais pourquoi, demandez-vous, nous réunissons-nous le jour du Seigneur
pour célébrer nos solennités? Parce que c'était comme cela que les apôtres
le faisaient aussi (De Fuga XIV : 11, 141 ; 200 après J.-C.).
On verra donc, que le Seigneur, dans ses révélations au prophète Joseph
Smith, par lesquelles il commandait à ses saints de notre dispensation
d'observer le jour du Seigneur (le dimanche), le premier jour de la
semaine, comme jour de culte, ne faisait que confirmer et approuver la
pratique des saints de l'Église primitive, comme en témoignent
suffisamment les Saintes Écritures et les premiers historiens de l'Église.
S'ils avaient commis une erreur en délaissant le septième jour (le samedi,
le sabbat juif), en faveur du jour du Seigneur (dimanche, le premier jour
de la semaine), le Seigneur l'aurait sûrement fait remarquer, car en
rétablissant l'Évangile, il n'hésita pas à corriger les erreurs commises
au cours des siècles par des soi-disant chefs de l'Église.
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