CHAPITRE 9 : L'EGLISE SE DEVELOPPE
De 1901 à 1970, quatre prophètes, Joseph F. Smith, Heber
J. Grant, George Albert Smith et David O. McKay, présidèrent une Église
grandissante. Ces présidents virent les moyens de transport évoluer de
la voiture à cheval à la fusée spatiale. Les saints durent subir deux
guerres mondiales et une dépression à l'échelle planétaire. Pendant
cette période, neuf temples furent construits. En 1901, il y avait
environ trois cent mille membres dans cinquante pieux, et en 1970, l'Église
comptait plus de deux millions huit cent mille membres réunis dans cinq
cents pieux dans le monde entier.
Joseph F. Smith
Le jeune Joseph quitta avec sa famille le Missouri pour
s'installer à Nauvoo, où se produisit un événement qu'il se rappela
pendant tout le reste de sa vie: le meurtre de son père et de son oncle
à la prison de Carthage. Il n'oublia jamais la dernière occasion qu'il
eut de voir son père lorsque, à cheval, en route pour Carthage, il prit
son enfant dans ses bras, l'embrassa et le redéposa à terre. Il n'oublia
pas non plus le moment de terreur où il entendit un voisin frapper à la
fenêtre la nuit pour dire à sa mère que Hyrum avait été tué. La vue
de son père et de son oncle couchés dans leur cercueil, dans la Mansion
House de Nauvoo, ne se dissipa jamais de sa mémoire.
Le jeune Joseph devint un homme quasiment du jour au
lendemain. Lorsque Mary Fielding Smith et sa famille se joignirent à
l'exode de Nauvoo, Joseph, sept ans, était le conducteur d'un de ses
chariots. Il avait treize ans quand sa mère mourut, le laissant orphelin,
et il n'avait pas encore seize ans qu'il partait en mission aux îles
Sandwich (appelées plus tard îles Hawaï). Dans les trois mois qui
suivirent son arrivée à Honolulu, il parlait couramment la langue des
indigènes, don de l'Esprit qui lui avait été conféré par Parley P
Pratt et Orson Hyde, des Douze, qui le mirent à part. A vingt et un ans,
il partit faire une deuxième mission, cette fois de trois ans dans les îles
Britanniques.
Il n'avait que 28 ans quand Brigham Young se sentit poussé
à l'ordonner apôtre. Au cours des années qui suivirent, il fut
conseiller de quatre présidents de l'Eglise. A la mort de Lorenzo Snow,
en octobre 1901, Joseph F. Smith devint le sixième président de
l'Eglise. Il était reconnu pour sa capacité d'exposer et de défendre
les vérités de l'Evangile. Ses sermons et ses écrits furent compilés
en un volume intitulé Doctrine de l'Evangile, qui est devenu un des
textes doctrinaux les plus importants de l'Eglise.
Dans les premières décennies du vingtième siècle,
l'Eglise progressa, à plusieurs égards, de manière marquante. Comme
l'accent continuait à être mis sur la dîme et que les saints y réagissaient
fidèlement, l'Eglise fut en mesure de payer toutes ses dettes. Il
s'ensuivit une période de prospérité qui permit à l'Eglise de
construire des temples, des églises et des centres d'accueil pour
visiteurs et d'acheter des sites historiques de son passé. Elle
construisit aussi le bâtiment administratif à Salt Lake City, qui est
toujours son siège.
Le président Smith se rendait compte qu'il fallait qu'il
y ait des temples dans le monde entier. Lors d'une conférence qui eut
lieu en 1906 à Berne, il étendit la main et déclara: «Le temps viendra
où ce pays sera parsemé de temples où vous pourrez aller racheter vos
morts.[1]»
Le premier temple de l'Eglise en Europe, le temple de Suisse, fut consacré
presque un siècle et demi plus tard dans un faubourg de la ville où le
président Smith avait fait sa prophétie. Le président Smith consacra,
en 1913, le terrain d'un temple à Cardston (Alberta, Canada) et en 1915,
celui d'un temple à Hawaï.
A partir du début des années 1900, les dirigeants de
l'Eglise encouragèrent les saints à rester chez eux plutôt qu'à se
rassembler en Utah. En 1911, Joseph F. Smith et ses conseillers dans la
Première Présidence publièrent la déclaration suivante: «Il est désirable
que notre peuple reste dans ses pays d'origine et crée des assemblées de
caractère permanent pour aider au prosélytisme[2].»
Six semaines avant son décès, le président Smith reçut
une importante révélation sur la rédemption des morts. Il eut la vision
du ministère du Sauveur dans le monde des esprits et apprit que les
saints fidèles ont l'occasion de continuer à enseigner l'Evangile dans
le monde des esprits. Cette révélation fut ajoutée en 1976 à la Perle
de Grand Prix et fut transférée en 1979 dans les Doctrine et Alliances
dont elle devint la section 138.
Dans sa jeunesse et pendant toute sa vie, Heber manifesta
une opiniâtreté extraordinaire à atteindre ses buts. Fils unique, élevé
par une mère veuve, il était un peu protégé des activités des autres
garçons de son âge. Lorsqu'il voulut devenir membre de l'équipe de base-ball,
on se moqua de lui à cause de sa maladresse et de son manque d'aptitude,
et on ne l'accepta pas dans l'équipe. Au lieu de se décourager, il passa
de nombreuses heures à s'entraîner sans cesse à lancer une balle et
devint finalement membre d'une autre équipe qui remporta plusieurs
championnats locaux.
Dans son enfance, il voulut devenir comptable, lorsqu'il
apprit que cela lui rapporterait plus que son travail de cireur de
chaussures. En ce temps-là, pour être comptable, il fallait savoir bien
écrire, mais son écriture était si mauvaise que deux de ses amis
disaient qu'elle ressemblait à des pattes de mouche. Une fois de plus, il
ne se laissa pas décourager mais consacra des heures à améliorer son écriture.
Sa belle écriture devint célèbre, et il finit par enseigner la
calligraphie dans une université, et on faisait souvent appel à lui pour
écrire des documents importants. Il fut un bel exemple pour les
nombreuses personnes qui furent témoins de son opiniâtreté à faire du
mieux qu'il pouvait pour servir le Seigneur et ses semblables.
Au cours des années 1930, les saints, comme beaucoup
d'autres de par le monde, durent affronter le chômage et la pauvreté
pendant la grande Dépression. En 1936, suite à une révélation du
Seigneur, le président Grant organisa le programme d'entraide de l'Eglise
pour aider les nécessiteux et permettre à tous les membres de devenir
autonomes. La Première Présidence dit à propos de ce programme: «Notre
but fondamental était de mettre sur pied, dans la mesure du possible, un
système selon lequel la malédiction de l'oisiveté serait éliminée,
les maux du chômage abolis, et l'indépendance, l'industrie, l'économie
et le respect de soi rétablis parmi notre peuple. Le but de l'Eglise est
d'aider les gens à se tirer d'affaire. Le travail doit retrouver sa place
de principe directeur de la vie des membres de l'Eglise[4].»
J. Reuben Clark, fils, qui fut pendant vingt-huit ans
conseiller dans la Première Présidence, a souligné: «Le véritable
objectif à long terme du plan d'entraide est de fortifier les membres de
l'Eglise, les donateurs aussi bien que les bénéficiaires, en faisant
ressortir tout ce qu'il y a de plus beau tout au fond d'eux-mêmes et en
faisant fleurir et parvenir à maturité les richesses latentes de
l'esprit[5].»
Un comité général d'entraide fut créé en 1936 pour
superviser les efforts d'entraide de l'Eglise. Harold B. Lee, président
du pieu de Pioneer, fut nommé administrateur du comité. Plus tard, on créa
les magasins de Deseret Industries pour aider les chômeurs et les
handicapés, et on lança des entreprises agricoles et industrielles pour
aider les nécessiteux. Le programme d'entraide continue aujourd'hui à être
une bénédiction pour des milliers de personnes, aussi bien les membres
de l'Eglise nécessiteux que d'autres personnes de par le monde, qui sont
dans la détresse[6].
L'œuvre missionnaire se poursuivit à un rythme accéléré.
Le président Grant participa à une conversion tout à fait
extraordinaire. Vincenzo di Francesca, ecclésiastique italien, se rendait
à son église à New York quand il vit un livre sans couverture sur une
poubelle remplie de cendre. Il prit le livre, en tourna les pages et vit
pour la première fois les noms Néphi, Mosiah, Alma et Moroni. Il se
sentit poussé à lire le livre en dépit du fait qu'il n'en connaissait
ni le nom ni l'origine et de prier pour savoir s'il disait vrai. Il dit
que lorsqu'il le fit, «une sensation de bonheur, comme s'il avait trouvé
quelque chose de précieux et d'extraordinaire, réconforta mon âme et
lui laissa une joie que la langue des hommes n'a pas de mots pour décrire».
Il se mit à enseigner les principes du livre aux membres de son Église.
Ses supérieurs le réprimandèrent pour cela et lui commandèrent même
de brûler le livre, ce qu'il refusa de faire.
Il retourna plus tard en Italie, où il apprit, en 1930,
que le livre avait été publié par l'Eglise de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours. Il écrivit une lettre à l'Eglise en Utah, qui fut
transmise au président Grant. Celui-ci lui envoya un exemplaire du Livre
de Mormon en italien et transmit son nom au président de la mission européenne.
Les difficultés du temps de guerre empêchèrent Vincenzo, pendant de
nombreuses années, d'être baptisé, mais il put finalement devenir
membre de l'Eglise le 18 janvier 1951. Il fut la première personne à être
baptisée en Sicile. Cinq ans plus tard, il recevait sa dotation dans le
temple de Suisse[7].
Le 6 mai 1922, le président Grant inaugura la première
station radio de l'Eglise. Deux ans plus tard, la station commença à émettre
les sessions de la conférence générale, ce qui permit à un nombre
beaucoup plus grand de membres de l'Eglise d'entendre les messages des
Autorités générales. Peu de temps après, en juillet 1929, le chœur du
Tabernacle inaugurait le programme Music and the Spoken Word [La parole
sur les ondes], une émission hebdomadaire de musique édifiante assortie
de la lecture d'un message. Ce programme est encore diffusé
hebdomadairement à ce jour.
Le président mourut le 14 mai 1945. Seule la durée du
ministère de Brigham Young dépasse les vingt-sept années qu'il passa
comme président de l'Eglise.
George Albert Smith
Le respect des commandements de Dieu et des conseils des
dirigeants de l'Eglise est, depuis des générations, le genre de droiture
qui a caractérisé la famille du président Smith. Il reçut le nom de
son grand-père paternel, George A. Smith, cousin du prophète Joseph et
conseiller du président Young. John Henry Smith, père de George Albert,
fut dans la Première Présidence sous Joseph F. Smith. A l'âge de trente-trois
ans, George Albert Smith fut appelé au Collège des Douze. De 1903 à
1910, John Henry et George Albert furent ensemble au Collège des Douze,
et ce fut la seule fois dans notre dispensation qu'un père et son fils
furent ensemble membres de ce collège.
Les quarante-deux années que George Albert Smith passa au
Collège des Douze furent remplies d'un service plein de noblesse en dépit
de périodes de mauvaise santé. Il eut les yeux brûlés par le soleil
pendant qu'il faisait des relevés topographiques pour le chemin de fer
dans le sud de l'Utah et en dépit d’une intervention chirurgicale, il
resta presque aveugle. Les exigences et la pression croissante de son
travail affaiblirent son corps frêle, et en 1909, il souffrit d'épuisement.
Le médecin lui imposa un repos total qui eut un effet néfaste sur sa
confiance en soi et suscita des sentiments d'incapacité qui aggravèrent
sa tension.
Au cours de cette période difficile, George eut un songe
dans lequel il vit une belle forêt près d'un grand lac. Après avoir
marché un peu dans la forêt, il vit venir vers lui un homme qu'il
reconnut: c'était George A. Smith, son grand-père bien-aimé. George se
précipita, mais en approchant, son grand-père s'arrêta et dit:
J'aimerais savoir ce que tu as fait de mon nom.» Toute la vie de George défila
dans son esprit, et il répondit humblement: «Je n'ai rien fait de ton
nom dont tu doives être honteux.» Ce songe redonna du courage et de l'énergie
à George et il fut bientôt en mesure de reprendre le travail. Plus tard,
il décrivit souvent cette expérience comme le grand tournant de sa vie[9].
Pendant le ministère de George Albert Smith, qui dura de
1945 à 1951, le nombre de membres de l'Eglise atteignit le million; le
temple d'Idaho Falls (Idaho) fut consacré et l'œuvre missionnaire reprit
après la Deuxième Guerre mondiale.
En outre, des efforts furent organisés pour soulager les
saints européens qui s'étaient retrouvés dans la détresse à la suite
de la guerre. Les membres de l'Eglise des Etats-Unis furent invités à
fournir des vêtements et d'autres denrées nécessaires. Le président
Smith rencontra Harry S. Truman, président des Etats-Unis, pour recevoir
l'approbation d'envoyer en Europe la nourriture, les vêtements et la
literie réunis. Le président Smith décrit la rencontre comme suit:
Le
président Truman dit:
«
Pourquoi diable voulez-vous envoyer cela là-bas? Leur argent ne vaut
rien.» Je dis: « Nous ne voulons pas leur argent.» Il me regarda et demanda: «Vous
ne voulez pas dire que vous allez le leur donner?» Je dis: « Bien sûr que nous allons le leur donner. Ils sont nos frères et sœurs et sont dans la détresse. Dieu nous a donné en bénédiction de l'excédent, et nous serons heureux de l'envoyer si nous pouvons avoir la coopération du gouvernement.» Il
dit: « Vous êtes sur la bonne voie, et il ajouta: Nous serons heureux de
vous aider de toutes les manières que nous pourrons[10].»
Pendant
que les dons étaient triés et empaquetés en Utah pour leur expédition
outremer, le président Smith alla inspecter les préparatifs. Il fondit
en larmes quand il vit la grande quantité de produits qui avaient été
si généreusement offerts. Au bout de quelques minutes, il enleva son
pardessus neuf et dit: «Envoyez cela.» Plusieurs personnes, qui se
tenaient près de lui, lui dirent qu'il avait besoin de son pardessus par
ce jour froid d'hiver, mais il insista pour qu'on l'envoie[11].
Ezra
Taft Benson, du Conseil des Douze, fut chargé de rouvrir les missions
d'Europe, de veiller à la distribution de l'entraide et de pourvoir aux
besoins spirituels des saints. Une de ses toutes premières visites fut à
une conférence des saints à Karlsruhe, ville allemande sur le Rhin. Il
dit de cette expérience:
«Nous
finîmes par trouver le lieu de réunion, un bâtiment partiellement
bombardé situé à l'intérieur d'un pâté d'immeubles. Les saints étaient
en réunion depuis environ deux heures, en train de nous attendre, espérant
que nous viendrions, parce qu'ils avaient appris que nous serions peut-être
là pour la conférence. Et c'est alors que, pour la première fois de ma
vie, je vie un auditoire presque entier en larmes tandis que nous allions
jusqu'à l'estrade, et qu'ils se rendaient compte qu'enfin, après six ou
sept longues années, les représentants de Sion, comme ces gens nous
appelèrent, étaient finalement revenus auprès d'eux... En contemplant
les visages pâles et maigres que levaient vers moi ces saints, dont
beaucoup étaient habillés de haillons, et dont certains étaient pieds
nus, je pus voir la lumière de la foi dans leurs yeux, tandis qu'ils témoignaient
de la divinité de la grande oeuvre des derniers jours et exprimaient leur
reconnaissance pour les bénédictions du Seigneur[12].»
Une
des nombreuses responsabilités de frère Benson fut la supervision de la
distribution de cent vingt-sept wagons de chemin de fer de nourriture, de
vêtements, de literie et de médicaments dans toute l'Europe. Des années
plus tard, lorsque le président Monson consacra une église à Zwickau
(Allemagne), un frère âgé s'avança, les larmes aux yeux, et demanda
qu'on le rappelât au bon souvenir du président Benson. Il dit: «Dites-lui
qu'il m'a sauvé la vie et celle de nombre de mes frères et sœurs de mon
pays natal, grâce à la nourriture et aux vêtements qu'il nous a apportés
de la part des membres de l'Eglise d'Amérique[13].»
Les
saints hollandais eurent l'occasion de rendre des services véritablement
chrétiens aux saints affamés d'Allemagne. Ils avaient beaucoup souffert
pendant la guerre et avaient été aidés par l'entraide venue de membres
de l'Eglise des Etats-Unis. Au printemps 1947, on leur demanda d'organiser
leurs propres projets d'entraide, ce qu'ils firent avec enthousiasme. Ils
plantèrent essentiellement des pommes de terre et espéraient une récolte
importante.
Pendant
ce temps-là, Walter Stover, président de la mission d'Allemagne de
l'Est, se rendit en Hollande, et parla, les larmes aux yeux, de la faim et
de la désolation que connaissaient les membres de l'Eglise d'Allemagne.
Cornelius Zappey, président de la mission hollandaise, demanda à ses
membres s'ils étaient disposés à fournir leurs pommes de terre aux
Allemands, qui avaient été leurs ennemis pendant la guerre. Les membres
acceptèrent et commencèrent à regarder avec un intérêt accru leurs
cultures de pommes de terre pousser. La récolte dépassa toutes les espérances,
et les saints hollandais purent envoyer soixante-quinze tonnes de pommes
de terre à leurs frères et sœurs d'Allemagne. Un an plus tard, les
saints hollandais envoyaient quatre-vingt-dix tonnes de pommes de terre et
neuf tonnes de harengs aux saints d'Allemagne[14].
Le
déversement d'amour chrétien manifesté par ces saints était typique de
celui de George Albert Smith, de qui rayonnait d'une manière
extraordinaire l'amour du Christ. Il dit: «Je peux vous dire, mes frères
et sœurs, que les gens les plus heureux de ce monde sont ceux qui aiment
leur prochain comme eux-mêmes et manifestent leur appréciation pour les
bénédictions que Dieu leur donne par la conduite qu'ils ont dans la vie[15].»
David O. McKay
Le
président McKay avait été bien préparé pour diriger l'Eglise. A l'âge
de huit ans, il assuma les responsabilités d'homme de la maison lorsque
son père fut appelé en mission dans les îles Britanniques. Deux de ses
sœurs aînées venaient de décéder, sa mère attendait un bébé et son
père estimait que les responsabilités de la ferme étaient trop grandes
pour les laisser à la mère de David. Dans ces circonstances, frère
McKay dit à sa femme: «Il m'est évidemment impossible de partir.» Sœur
McKay le regarda et dit: «C'est évident que tu dois l'accepter; ne te
fais pas de souci pour moi. David et moi nous nous débrouillerons très
bien![16]» La foi et le dévouement de
ses parents suscitèrent chez le jeune David le désir de servir le
Seigneur pendant toute sa vie. Il fut appelé au Conseil des Douze en
1906, à l'âge de trente-deux ans, et fit partie de ce conseil et de la
Première Présidence (comme conseiller des présidents Heber J. Grant et
George Albert Smith), quarante-cinq ans avant de devenir président de
l'Eglise.
Il
entreprit une série de longs voyages au cours desquels il rendit visite
aux membres d’une Église devenue mondiale. Il rendit visite aux saints
de Grande-Bretagne et d'Europe, d'Afrique du Sud, d'Amérique latine, du
Pacifique sud et d'ailleurs. Pendant qu'il était en Europe, il prit les
dispositions préliminaires pour la construction de temples à Londres et
en Suisse. Avant la fin de sa présidence, il avait visité quasiment le
monde entier, bénissant et inspirant les membres de l'Eglise.
Il
donna un élan nouveau à l'œuvre missionnaire en exhortant tous les
membres à s'engager à amener au moins une personne dans l'Eglise chaque
année. Il devint célèbre pour son exhortation répétée: «Chaque
membre un missionnaire.»
En
1952, pour augmenter l'efficacité des missionnaires à plein temps, le
premier plan de prosélytisme officiel fut envoyé aux missionnaires du
monde entier. Il était intitulé Programme systématique pour enseigner
l'Evangile. Il se composait de sept leçons missionnaires qui mettaient
l'accent sur l'enseignement selon l'Esprit et enseignaient clairement la
nature de la Divinité, le plan de salut, l'apostasie et le rétablissement,
et l'importance du Livre de Mormon. Le nombre de personnes converties à
l'Eglise de par le monde augmenta de façon spectaculaire. En 1961, les
dirigeants de l'Eglise organisèrent le premier séminaire pour tous les
présidents de mission, à qui l'on enseigna à encourager les familles à
se lier avec leurs connaissances et leurs voisins et à faire ensuite
instruire ces personnes par les missionnaires chez eux. Un programme
d'enseignement des langues pour les missionnaires nouvellement appelés
fut créé en 1961, et plus tard on construisit un centre de formation
missionnaire.
Pendant
le ministère du président McKay, les jalons de la croissance de l'Eglise
en Asie furent posés par les membres de l'Eglise des forces armées. Un
jeune soldat d'American Fork (Utah), qui accomplissait son service en Corée
du Sud, remarqua que les soldats américains qui croisaient les civils coréens
obligeaient ceux-ci à quitter le chemin pendant que les soldats
passaient. Le jeune membre de l'Eglise, au contraire, s'écartait et
laissait les Coréens utiliser le chemin. Il fit également un effort pour
apprendre leurs noms et les saluait avec un sourire en les croisant. Un
jour, il entra au mess avec cinq de ses amis. Il y avait une très longue
file d'attente. Il attendit donc un certain temps à une table. Bientôt
un employé coréen parut avec un plateau-repas. Montrant l'unique galon
qu'il avait à la manche, le soldat dit: «Vous ne pouvez pas me servir.
Je suis simple soldat.» Le Coréen répondit: «Moi vous servir. Vous chrétien
numéro un[17].»
Les
missionnaires et les militaires enseignèrent l'Evangile en Corée avec
tant d'efficacité qu'en 1967 le Livre de Mormon fut traduit en coréen et
que des pieux et des paroisses ne tardèrent pas à parsemer le pays.
Les
missionnaires connurent aussi un grand succès au Japon. Après la Deuxième
Guerre mondiale, les membres de l’Eglise au Japon eurent pendant de
nombreuses années de rares contacts avec des représentants de
l’Eglise. Mais les militaires de l’Eglise stationnés au Japon après
la guerre aidèrent l’Eglise à se fortifier. En 1945, Tatsui Sato fut
impressionné par des militaires de l'Eglise qui refusaient de boire du thé
et leur posa des questions qui, l'année suivante, entraînèrent son baptême
et celui de plusieurs membres de sa famille. Elliot Richards baptisa
Tatsui, et Boyd K. Packer, militaire qui allait devenir plus tard membre
du Collège des Douze, baptisa sœur Sato. La maison des Sato devint
l'endroit où beaucoup de Japonais entendirent pour la première fois le
message de l'Evangile rétabli. Bientôt des missionnaires de l'Eglise,
qui avaient combattu les Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale,
ouvraient des villes japonaises à l'œuvre
missionnaire.
Si
la présence de l'Eglise aux Philippines peut également être attribuée
aux efforts de militaires américains et d'autres après la Deuxième
Guerre mondiale, la forte croissance de l'Eglise y commença en 1961. Une
jeune Philippine, qui n'était pas membre de l'Eglise, entendit parler du
Livre de Mormon et rencontra plusieurs saints des derniers jours. A la
suite de cela, elle se sentit poussée à s'adresser aux autorités du
gouvernement qu'elle connaissait pour demander que l'on donne aux
missionnaires de l'Eglise l'approbation de se rendre aux Philippines.
L'approbation fut donnée, et quelques mois plus tard Gordon B. Hinckley,
du Collège des Douze, reconsacrait le pays à l'œuvre missionnaire.
A
la suite de la progression spectaculaire de l'Eglise au cours des années
1950, le président McKay annonça le programme de coordination de la prêtrise.
Un comité présidé par Harold B. Lee, du Collège des Douze, fut chargé
de faire, en s'aidant de la prière, une étude approfondie de tous les
programmes de l'Eglise pour voir s'ils répondaient bien aux objectifs les
plus importants de l'Eglise. En 1961, avec l'approbation de la Première
Présidence, frère Lee annonça qu'une réglementation allait être mise
au point pour régir la planification, la rédaction et la création de la
documentation pour les cours de l'Eglise. Précédemment une grande partie
de ces documents avait été créée par les organisations auxiliaires de
l'Eglise. Cette nouvelle orientation allait éviter le chevauchement
superflu de programmes et de textes de leçons pour que l'Evangile puisse
être enseigné plus efficacement aux membres de tout âge et de toute
langue dans une Église mondiale.
L'Eglise apporta également d'autres changements pour coordonner plus efficacement tous les programmes et toutes les activités, notamment l'entraide, l'œuvre missionnaire et la généalogie, pour mieux accomplir la mission de l'Eglise. Au cours des années 1960, on remit l'accent sur l'enseignement au foyer, qui était pratiqué dans l'Eglise depuis le temps de Joseph Smith, pour veiller aux besoins spirituels et temporels de tous les membres de l'Eglise. On créa des bibliothèques de paroisse pour améliorer l'enseignement, et on mit également en place un programme de formation des instructeurs. En 1971, l'Eglise commença à publier trois magazines de langue anglaise sous la supervision des Autorités générales: le Friend pour les enfants, le New Era pour les jeunes et l'Ensign pour les adultes.
Vers
cette même époque, l'Eglise unifia ses magazines en langue étrangère,
qui avaient précédemment été publiés indépendamment par les diverses
missions. Il y a maintenant un seul magazine qui est traduit en de
nombreuses langues et envoyé aux membres de l'Eglise du monde entier.
Le
président McKay avait longtemps insisté sur le fait que le foyer et la
vie de famille étaient la source du bonheur et la défense la plus sûre
contre les épreuves et les tentations de la vie moderne. Il parlait
souvent de l'amour qu'il ressentait pour sa famille et du soutien
infaillible qu'il recevait de sa femme, Emma Rae. Pendant le ministère du
président McKay, l'accent fut fortement remis sur la pratique de tenir
une soirée familiale hebdomadaire pour permettre aux parents de
rapprocher d'eux leurs enfants et de leur enseigner les principes de
l'Evangile.
La
Société de Secours soutint le prophète en mettant l'accent sur
l'importance de fortifier les foyers et les familles. Depuis ses débuts
à Nauvoo, la Société de Secours avait grandi et comprenait maintenant,
de par le monde, des centaines de milliers de femmes qui avaient des bénédictions
dans leur vie et dans leur famille grâce à l'enseignement et à leurs fréquentations
au sein de la Société de Secours. De 1945 à 1974, la présidente générale
de la Société de Secours fut Belle S. Spafford, une dirigeante capable,
qui fut également honorée au niveau national lorsqu'elle fut, de 1968 à
1970, présidente du Conseil national des femmes des Etats-Unis.
[1] Cité dans Serge F. Ballif, dans Conference Report,
oct. 1920, 90. [2] James R. Clark, comp., Messages of
the First Presidency of The Church of Jesus Christ of Latter-day
Saints, 6 vol. (1965-75),
4:222. [3] «Editorial»,
Improvement Era, nov. 1936, 692. [4] Première Présidence
dans Conference Report, oct. 1936, 3. [5] J. Reuben
Clark Jr, réunion spéciale des présidents de pieu, 2 oct. 1936. [6] On trouvera de plus amples
informations dans Glen L. Rudd, Pure Religion: The Story of Church
Welfare Since 1930 (1995). [7] Vincenzo di Francesca, I Will
Not Burn the Book!, Ensign, janv. 1988, 18. [8] George Albert Smith, dans
Conference Report, avr. 1948,162 [9] George Albert Smith, Sharing the
Gospel with Others, sél. Preston Nibley, (1948), 110-12. [10] George Albert Smith, dans
Conference Report, oct. 1947, 5-6. [11] Voir Glen L. Rudd, Pure Religion,
248. [12] Ezra Taft Benson, dans Conference
Report, avr. 1947, 154. [13] Cité dans Gerry Avant, War
Divides, but the Gospel Unites, Church News, 19 août 1995, 5. [14] Pour de plus
amples informations, voir Glen L. Rudd, Pure Religion, 254-61. [15] George Albert Smith, dans
Conference Report, avr. 1949,10. [16] Cite dans Llewelyn R. McKay, Home
Memories of President David O. McKay (1956), 5-6. [17] George Durrant, No.
1 Christian, Improvement Era, nov. 1968, 82-84. |
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