CHAPITRE 20 : LE MOMENT DES COMPTES

 

«… préparer les Saints pour l'heure du jugement qui doit venir. Afin que leur âme échappe à la colère de Dieu, à la désolation de l'abomination qui attend les méchants, tant dans ce monde que dans le monde à venir...» (D&A 88:84-85)

 

Il y a deux choses très importantes dont nous pouvons être absolument certains: qu'il n'est pas vain de servir le Seigneur et que le jour du jugement viendra pour tous, justes et injustes. Le moment des comptes est aussi certain que le passage du temps et l'arrivée de l'éternité. Tous ceux qui vivent se tiendront un jour devant la barre de Dieu pour être jugés selon leurs œuvres. Leur affectation finale sera la récompense et le châtiment qu'ils auront mérité selon le genre de vie qu'ils auront menée sur la terre.

 

La prospérité des méchants est temporaire

 

C'est sur cette assurance que nous devons baser notre foi et édifier notre vie; que les méchants fassent ce qu'ils veulent. Il y a quelque temps, une sœur m'a dit: «Comment se fait-il que ceux qui en font le moins pour l'édification du royaume semblent être le plus prospères? Nous conduisons une Ford, nos voisins conduisent une Cadillac. Nous respectons le sabbat et assistons à nos réunions, ils jouent au golf, vont à la chasse et à la pêche et jouent. Nous nous abstenons de ce qui est interdit, ils mangent, boivent, se réjouissent et ne se limitent pas. Nous payons beaucoup pour la dîme et les autres offrandes pour l'Eglise; ils ont tous leurs gros revenus à dépenser pour eux-mêmes. Nous sommes liés à notre maison avec tous nos petits enfants qui sont souvent malades; ils sont totalement libres pour la vie de société, pour dîner et danser. Nous portons du coton et de la laine, et je porte le même manteau pendant trois saisons; eux portent de la soie et des vêtements coûteux, et elle porte un manteau de vison. Nous devons tirer sur nos maigres revenus qui semblent ne jamais suffire pour nos besoins, alors que leur richesse semble inépuisable et peut leur fournir tout le luxe qu'on peut avoir. Et cependant le Seigneur promet des bénédictions aux fidèles! Il me semble que cela ne paie pas de vivre selon l'Évangile, que les orgueilleux et les violateurs d'alliances sont ceux qui sont prospères.»

 

Je répondis à cette sœur: «Je me souviens que Job dans sa grande détresse a parlé comme vous.»

 

«Job prit la parole et dit: Pourquoi les méchants vivent-ils? Pourquoi les voit-on vieillir et accroître leur force? Leur postérité s'affermit avec eux et en leur présence, leurs rejetons prospèrent sous leurs yeux. Dans leurs maisons règne la paix, sans mélange de crainte; la verge de Dieu ne vient pas les frapper. Leurs taureaux sont vigoureux et féconds, leurs génisses conçoivent et n'avortent point. Ils laissent courir leurs enfants comme des brebis et les enfants prennent leurs ébats. Ils passent leurs jours dans le bonheur, et ils descendent en un instant au séjour des morts. Ils disent pourtant à Dieu: Retire-toi de nous; Nous ne voulons pas connaître tes voies. Qu'est-ce que le Tout-Puissant, pour que nous le servions? Que gagnerons-nous à lui adresser nos prières?» (Job 21:1,7-11,13-15).

 

Le prophète Jérémie a posé une question du même genre:

 

«Tu es trop juste, Eternel, pour que je conteste avec toi; Je veux néanmoins t'adresser la parole sur tes jugements. Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère? Pourquoi tous les perfides vivent-ils en paix? Jusqu'à quand le pays sera-t-il dans le deuil, et l'herbe de tous les champs sera-t-elle desséchée? A cause de la méchanceté des habitants...» (Jérémie 12:1,4).

 

Malachie, lui aussi, fait dire au Seigneur:

 

«Vos paroles sont rudes contre moi, dit l'Eternel. Et vous dites: Qu'avons-nous dit contre toi? Vous avez dit: C'est en vain que l'on sert Dieu; Qu'avons-nous gagné à observer ses préceptes; Et à marcher avec tristesse à cause de l'Eternel des armées? Maintenant nous estimons heureux les hautains; Oui, les méchants prospèrent; Oui, ils tentent Dieu, et ils échappent!» (Malachie 3:13-15)

 

Le jugement viendra inévitablement

 

Le Seigneur a répondu dans la parabole de l'ivraie à ceux qui se soucient de ce problème - et il y en a beaucoup:

 

«... Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D'où vient donc qu'il y ait de l'ivraie? Il leur répondit : C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l'arracher? Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier» (Matt. 13:24-30).

 

L'interprétation de la parabole donnée par le Seigneur lui-même montre bien qu'on ne fait pas les comptes tous les jours, mais plutôt au moment de la récolte, le jour du jugement. Malachie écrit encore à ce sujet:

 

«Alors ceux qui craignent l'Eternel se parlèrent l'un à l'autre; l'Eternel fut attentif et il écouta; et un livre de souvenir fut écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Eternel et qui honorent son nom. Ils seront à moi, dit l'Eternel des armées, ils m'appartiendront, au jour que je prépare; j'aurai compassion d'eux, comme un homme a compassion de son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas» (Malachie 3:16-18).

 

Nous trouvons dans les écrits de ce même prophète:

 

«Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume. Le jour qui vient les embrasera, dit l'Eternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon nom se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes; vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d'une étable» (Malachie 4:1-2).

 

Je dis à cette sœur malheureuse: «Vous avez beaucoup de bénédictions aujourd'hui. Pour beaucoup de récompenses, il n'est pas nécessaire d'attendre le jour du jugement. Vous avez tous vos beaux enfants. Quelle merveilleuse récompense pour ces prétendus sacrifices! Vous avez la grande bénédiction d'être mère. Avec vos limitations, une grande paix peut remplir votre âme. Ce sont là des bénédictions, et il y en a beaucoup d'autres, dont vous jouissez et que l'on ne peut acheter avec toute la richesse de votre voisin.» Je lui rappelai alors la parabole du filet de l'Evangile qui dit ceci:

 

«Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce. Quand il est rempli, les pécheurs le tirent; et, après s'être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d'avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Matt. 13:47-50).

 

Les gens qui se soucient de la prospérité des méchants sont parfois incapables de voir leurs propres faiblesses et cependant grandissent considérablement les erreurs des autres. Si d'autres hommes commettent des erreurs ou enfreignent délibérément les lois et les commandements, nous pouvons être certains qu'ils payeront ‘jusqu'au dernier quadrant’. Ils n'échapperont pas à la colère de Dieu et ils payeront le plein prix de leur folie. Il y aura un Dieu sage et juste qui jugera tous les hommes. Il peut y avoir un retard dans le jugement. Les méchants peuvent prospérer pendant un certain temps, les rebelles peuvent sembler profiter de leurs transgressions, mais le temps vient où, à la barre de la justice, tous les hommes seront jugés, «chacun... selon ses œuvres» (Apoc. 20:13). Personne ne s'en tirera sans rien. Ce jour-là, personne n'échappera au châtiment de ses actes, nul ne perdra les bénédictions qu'il a gagnées. Encore une fois, la parabole des brebis et des boucs nous donne l'assurance qu'il y aura une justice totale (voit Matthieu 25:31-46).

 

Les bénédictions de la vie actuelle que nous vaut l'obéissance

 

A certains moments, quand nous sommes enclins à penser qu'il est vain de servir le Seigneur, nous devrions ranimer notre foi, croire aux grandes promesses de Dieu et obéir... et attendre avec patience. Le Seigneur accomplira toutes les belles promesses qu'il nous a faites. Paul dit:

 

«Ce sont des choses que l’œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment» (1 Cor. 2:9).

 

Même pour la vie présente, de grandes bénédictions sont promises à ceux qui obéissent. Prenez par exemple la promesse faite au payeur de dîme:

 

«Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Eternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous, je menacerai celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, dit l'Eternel des armées. Toutes les nations vous diront heureux...» (Malachie 3:10-12).

 

D'abondantes récompenses sont offertes aux fidèles. Il y aura des bénédictions qui dépassent notre entendement. La terre produira en abondance et la paix règnera. Bien entendu les orgueilleux, les infidèles, les riches cupides ne pourront jamais jouir de la douce saveur des récompenses du jeûne et des offrandes aux pauvres:

 

Alors (si tu vis ces commandements), ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l'Eternel t'accompagnera. Alors tu appelleras, et l'Eternel répondra; tu crieras, et il dira: Me voici... ta lumière se lèvera sur l'obscurité, et tes ténèbres seront comme le midi. L'Eternel sera toujours ton guide, et il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres; tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas» (Esaïe 58:8-11).

 

Que pourrait-on demander de plus? La compagnie du Seigneur, la lumière et la connaissance, la santé et la vigueur, la direction constante du Seigneur comme une source éternelle qui ne tarit jamais! Que pourrait-on désirer de plus? Et dans notre Ecriture moderne, il y a encore d'autres grandes promesses pour les fidèles qui cherchent à servir le Seigneur:

 

«Et ils trouveront de la sagesse et de grands trésors de connaissance, oui, des trésors cachés; et ils courront et ne se fatigueront point, et ils marcheront et ne faibliront point. Et moi, le Seigneur, je leur fais la promesse que l'ange destructeur passera à côté d'eux, comme il l'a fait pour les enfants d'Israël, et ne les frappera point. Amen.» (D&A 89:19-21).

 

Les grandes promesses de l'éternité

 

Aussi grandes que soient les bénédictions qui suivent la justice dans la condition mortelle, elles ne sont rien à côté de celles qui nous attendent dans le monde à venir. Bien entendu, il est requis des fidèles qu'ils renoncent à certaines des choses de ce monde quand ils recherchent celles du monde éternel. On considère souvent ceci comme un sacrifice, pourtant ceux qui arrivent finalement au sommet ne le verront certainement plus ainsi à ce moment-là. Ecoutez les paroles du Sauveur à propos des résultats du sacrifice sincère pour le royaume:

 

«Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle» (Matt.19:29).

 

Celui qui se réjouit de tout le luxe du monde actuel, aux dépens de la spiritualité, ne vit que pour l'instant. Son jour c'est maintenant. Il se verra interdire les récompenses de la vie supérieure qu'il a rejetée.

 

Dans l'impressionnante parabole du fils prodigue, le Seigneur nous a donné une leçon remarquable. Ce dépensier ne vivait que pour le jour même. Il passait sa vie dans la débauche. Il méprisait les commandements de Dieu. Son héritage pouvait se dépenser et il le dépensa. Il ne devait plus jamais en jouir, car il était irrévocablement parti. Quels que fussent ses larmes, ses regrets ou son remords, cela ne pouvait le ramener. Son père lui pardonna, dîna avec lui, le vêtit et l'embrassa, mais il ne pouvait rendre au fils indigne ce qu il avait dissipé. Mais l'autre frère, qui avait été fidèle, loyal, juste et constant, conserva son héritage, et le père le rassura: «Tout ce que j'ai est à toi.»

 

Cette parabole du Fils Prodigue mérite que nous l'examinions de plus près. On la trouve dans Luc 15:11-32.

 

«Il dit encore: Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Etant rentré en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit  Ton frère est de retour, et parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père: Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras. Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi; mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.»

 

Ainsi résolu, le fils se mit en route pour rentrer chez lui, et son père, le voyant revenir, alla à sa rencontre, l'accueillit par un baiser, une étreinte, une compassion et un pardon sincères. Le fils reconnut qu'il avait été prodigue:

 

«Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.»

 

Il ne demanda pas à être admis comme domestique comme il avait envisagé de le faire, peut-être parce que, suite à un accueil aussi chaleureux, il espérait sans doute être totalement réhabilité; car le père, joyeux, mit sur lui le meilleur manteau, lui mit un anneau au doigt et des souliers aux pieds et tua le veau gras pour célébrer ce grand événement, exprimant sa joie en ces termes:

 

«Parce que mon fils que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.»

 

Le fils aîné, en revenant des travaux des champs, fut irrité de l'étalage de luxueuses festivités pour le frère qui avait gaspillé son bien avec les prostituées et il se plaignit à son père qui insistait pour qu'il participât au banquet:

 

«... voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis.»

 

A cela, le père aurait pu dire quelque chose de ce genre: «Mon garçon, c'est ton bien, en entier. Tout est à toi. Ton frère a gaspillé sa part. Tu as tout. Il n'a rien d'autre qu'un emploi, notre pardon et notre amour. Nous pouvons nous permettre de bien le recevoir. Nous ne lui donnerons pas ton domaine et nous ne pouvons pas non plus lui rendre tout ce qu'il a stupidement gaspillé.» Mais il dit:

 

«Ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé...» Et il dit: «Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi.»

 

Cette déclaration du père n'est-elle pas significative? Cela ne signifie-t-il pas la vie éternelle?

 

Quand j'étais enfant, à l'Ecole du Dimanche, mon instructrice attira mon attention sur le caractère méprisable de la colère et des plaintes du fils aîné, tout en immortalisant le prodigue adultère qui était censé avoir exprimé du repentir. Mais qu'aucun lecteur ne compare les rouspétances et la mauvaise humeur avec les péchés dégradants de l'immoralité et de la fréquentation de prostituées dans la débauche. Jean a dit: «II y a un péché qui mène à la mort» et les transgressions du fils cadet pouvaient approcher cet état terrifiant s'il ne se repentait pas et ne se détournait pas de ses voies mauvaises. Frère Talmage fait ce commentaire sur les péchés des deux frères:

 

«Nous n'avons pas le droit d'exalter la vertu de repentir du prodigue au-dessus des services fidèles et pénibles de son frère qui était resté au foyer, fidèle aux devoirs exigés de lui. Le fils dévoué était l'héritier; le père ne minimisait pas sa valeur ni ne niait ses mérites. Le déplaisir qu'il manifesta à cause de la joie qu'avait provoquée le retour de son frère débauché, était une preuve de manque de libéralisme et d'étroitesse d'esprit; mais des deux frères, c'était l'aîné qui était le plus fidèle, quels qu'aient pu être ses défauts mineurs... Il ne s'y trouve pas un seul mot qui approuve ou excuse le péché du prodigue; celui-ci, le père ne pouvait le considérer avec le moindre degré d'indulgence; mais Dieu et la maison du ciel se réjouissent du repentir et de la contrition d'âme de ce pécheur... Rien ne justifie la déduction qu'un pécheur repentant sera préféré à une âme juste qui a résisté au péché; Si telle était la voie de Dieu, alors le Christ, l'Homme pur par excellence, serait surpassé dans l'estime du Père par des transgresseurs régénérés. Aussi formellement scandaleux que soit le péché, le pécheur est cependant précieux aux yeux du Père, parce qu'il lui est possible de se repentir et de revenir à la justice. La perte d'une âme est une perte très réelle et très grande pour Dieu. Il en est peiné et affligé, car sa volonté est qu'il n'en périsse pas une seule.[1]»

 

Cette parabole superbe contient beaucoup de leçons relatives au sujet de ce livre. Elle enseigne l'importance de rester pur et sans tache et de conserver la vertu et la justice; elle enseigne les lourds châtiments de la transgression. Elle met l'accent sur le principe du repentir comme moyen d'obtenir le pardon et de se reprendre. Elle enseigne l'horreur de l'orgueil, de la jalousie, de la maussaderie, du manque de compréhension et de la colère et elle souligne les bénédictions merveilleuses et finales qui sont accessibles à ceux qui sont dignes, même s'ils manifestent des faiblesses mineures.

 

Le fils prodigue avait certainement toutes les possibilités de jouir en permanence d'une propriété pleine et précieuse avec le confort, la joie, l'entente et la paix qui y étaient attachés. Il avait la sécurité. Tout lui était accessible jusqu'au moment où il quitta le chemin et dissipa sa fortune, haïssant son droit de naissance. Il avait exigé de son père «... la part de bien qui devait lui revenir». Il emmena «tout» dans un pays lointain et là, pressé par les exigences d'un monde charnel, gaspilla son bien dans une vie de débauche. Il dépensa «tout» son bien et fut réduit à la pénurie et à la faim.

 

Il reconnut plutôt qu'il ne confessa la violation de ses alliances. Et quelle différence entre reconnaître et confesser! Il reconnut son indignité mais ne parla absolument pas de passer de l'injustice à la pureté en réformant sa vie. «Rentré en lui-même» semble être davantage une prise de conscience de sa misère physique, des affres de la faim et de l'absence d'emploi qu'un vrai repentir. Est-il fait allusion à des objectifs nouveaux, à une vie transformée, à des idéaux et des attitudes propres à l'élever? Il parlait du pain du four plutôt que du «pain de vie», de l'eau du puits plutôt que de «l'eau vive». Il ne parla pas de remplir une couronne de joyaux d'accomplissements justes, mais tenait beaucoup à remplir un estomac qui s'était contracté par la famine.

 

Le fait que le fils aîné était toujours avec son père est significatif. Si cette parabole rappelle le voyage de la vie, nous nous souvenons que pour les fidèles qui vivent les commandements, il y a la grande promesse de voir le Seigneur et de toujours être avec lui dans l'exaltation. Par ailleurs, le fils cadet ne pouvait pas espérer davantage que le salut comme serviteur, étant donné qu'il avait «méprisé son droit de naissance» et dissipa «tout» son héritage, ne laissant rien à développer et accumuler de nouveau en vue d'un héritage éternel. Il l'avait vendu pour un plat de lentilles comme l'avait fait Esaü, un autre prodigue.

 

Il avait vendu quelque chose qu'il ne pouvait retrouver. Il avait échangé l'héritage sans prix, d'une grande valeur durable, pour la satisfaction temporelle du désir physique, l'avenir pour le présent, l'éternité pour le temps, les bénédictions spirituelles pour la nourriture physique. Bien que regrettant son échange imprudent, il était maintenant si tard, «éternellement trop tard». Apparemment ni ses efforts, ni ses larmes ne pouvaient lui rendre ses bénédictions perdues. Ainsi donc Dieu pardonnera au pécheur repentant qui pèche contre la loi divine, mais ce pardon ne peut jamais rendre les pertes qu'il a subies pendant le temps où il péchait.

 

Mais beaucoup de torts peuvent être réparés si le repentir est sincère. Joseph F. Smith a détaillé cette pensée comme suit:

 

«Quand nous commettons un péché, il est nécessaire de nous en repentir et de réparer dans la mesure où nous le pouvons. Quand nous ne pouvons réparer le mal que nous avons fait, alors nous devons demander que la grâce et la miséricorde de Dieu nous purifient de cette iniquité. Les hommes ne peuvent pardonner leurs propres péchés, ils ne peuvent se purifier des conséquences de leurs péchés. Les hommes peuvent cesser de pécher, ils peuvent faire le bien à l'avenir, et, dans cette mesure, leurs actes sont acceptables devant le Seigneur et dignes d'être retenus. Mais qui va réparer les torts qu'ils se sont faits à eux-mêmes et à d'autres et qu'il leur semble impossible de réparer eux-mêmes? Par l'expiation de Jésus-Christ, les péchés de ceux qui se repentent seront lavés; fussent-ils écarlates, ils seront rendus blancs comme la laine. C'est la promesse qui vous est faite. Nous qui n'avons pas payé notre dîme dans le passé, et avons par conséquent vis-à-vis du Seigneur des obligations que nous ne sommes pas en mesure de satisfaire, le Seigneur ne l'exige plus de nous, mais nous pardonnera pour le passé, si nous observons honnêtement sa loi à l'avenir. C'est généreux et bon, et j'en suis reconnaissant[2]

 

Quand on prend conscience de l'immensité, de la richesse, de la gloire de ce «tout» que le Seigneur promet de conférer à ses fidèles, cela vaut tout ce que cela coûte de patience, de foi, de sacrifices, de sueur et de larmes. Les bénédictions de l'éternité envisagées dans ce «tout» apportent aux hommes l'immortalité et la vie éternelle, la progression éternelle, la direction éternelle, l'accroissement, la perfection éternelle et avec tout cela, la divinisation.

 

La barre du jugement

 

Les Ecritures attestent amplement que l'homme doit affronter le jour des comptes et se tenir devant la barre du jugement pour recevoir les récompenses de la droiture ou les châtiments du péché. Ce jour là l'homme ne pourra pas cacher sa méchanceté, car ses actes l'accuseront comme Alma le prédit:

 

«Et maintenant, mes frères, je vous le demande, comment vous sentirez-vous si vous vous tenez devant la barre de Dieu, les vêtements tachés de sang et de toutes sortes d'impureté? Que témoigneront ces choses contre vous?»

 

Après avoir décrit la rédemption de l'homme par le Sauveur, Jésus-Christ, une «rédemption d'un sommeil sans fin; duquel sommeil tous les hommes seront éveillés par la puissance de Dieu, quand la trompette sonnera...», Moroni dit à ses auditeurs:

 

«Et alors vient le jugement du Très-Saint sur eux; et c'est alors que vient le temps ou celui qui est impur restera impur, que celui qui est juste restera juste; celui qui est heureux restera heureux et celui qui est malheureux restera malheureux» (Mormon 9:14).

 

La barre du jugement de Dieu est mentionnée dans le tout dernier verset du Livre de Mormon où Moroni, prêt à clore les annales de son peuple, écrit:

 

«Et maintenant, je vous dis à tous adieu. Je vais bientôt me reposer dans le paradis de Dieu, jusqu'à ce que mon esprit et mon corps soient réunis de nouveau, et que je sois ramené triomphant dans les airs, pour vous rencontrer devant la barre agréable du grand Jéhovah, le Juge éternel des vivants et des morts. Amen» (Moroni 10:34).

 

Faisant un plaidoyer pour le repentir afin d'éviter l'horreur du châtiment qui doit être déversé sur les méchants, au jour du jugement, Jacob dit:

 

«Ne savez-vous pas que si vous faites ces choses, le pouvoir de la rédemption et de la résurrection qui est dans le Christ vous amènera devant la barre de Dieu couverts de honte et d'une culpabilité terrible? O alors, repentez-vous, mes frères bien-aimés, entrez par la porte étroite, et suivez le chemin resserré jusqu'à ce que vous obteniez la vie éternelle. O soyez sages; que puis-je dire de plus? Enfin, je vous dis adieu jusqu'au moment où je vous verrai devant la barre agréable de Dieu, à cette barre où les méchants sont frappés d'une crainte et d'un effroi terrible» (Jacob 6:9,11-13).

 

Et qui seront les juges qui entendront si équitablement nos cas? Des centaines d'années avant que le Christ ne vienne sur terre, Néphi vit en vision «... les cieux s'ouvrir, et l'Agneau de Dieu descendre du ciel... le Saint-Esprit descendit sur douze autres hommes; et ils furent ordonnés de Dieu et choisis» (1 Néphi 12:6, 7).

 

L'ange dit alors à Néphi:

 

«Voici les douze disciples de l'Agneau, qui sont choisis pour enseigner ta postérité. Et ces douze ministres que tu vois jugeront ta postérité... (1 Néphi 12: 8,10).

 

L'ange dit aussi:

 

«Tu te rappelles les douze apôtres de l'Agneau? (C'est-à-dire ceux qui avaient été appelés en Palestine.) Voici, ce sont eux qui jugeront les douze tribus d'Israël; c'est pourquoi les douze ministres de ta postérité seront jugés par eux. Car vous êtes de la maison d'Israël» (1 Néphi 12:9).

 

Ceci se rattache à la réponse que le Sauveur adressa à Pierre qui demandait:

 

«Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi; qu’en sera-t-il pour nous?» (Matt. 19:27).

 

La réponse du Rédempteur fût précise:

 

«... je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël» (Matt. 19:28).

 

Repentez-vous ici-bas

 

J'ai déjà parlé de l'importance de cette vie dans l'application du repentir, mais je vais la souligner ici à propos du jugement final. On ne peut reporter le repentir à l'autre vie, au monde des esprits, et s'y préparer convenablement pour le jour du jugement pendant que l'on fait pour nous l’œuvre par procuration pour les morts sur la terre. Il faut se souvenir que l’œuvre par procuration pour les morts est pour ceux qui n'ont pas pu accomplir l’œuvre pour eux-mêmes. Les hommes et les femmes qui vivent ici-bas et qui ont entendu ici l'Evangile ont eu leur temps, leurs soixante-dix ans pour mettre leur vie en accord, pour accomplir les ordonnances, se repentir et parfaire leur vie.

 

Le peuple du temps de Noé entendit le message de l'Evangile prêché par les prophètes de Dieu. Ces gens menèrent une vie profane. Ils mangeaient, buvaient et se réjouissaient. Ils mariaient leurs fils et leurs filles, ce qui signifie des foyers brisés, des divorces et une vie profane. Ils ignoraient les nombreux témoignages des prédicateurs de justice. Puis ils moururent noyés. Pour eux, la moisson était venue. La fin de leurs ‘jours’ était venue et la ‘nuit’ allait être ténébreuse et longue. Ils attendaient ce qui devait leur paraître une période interminable; et finalement le Sauveur vint et par son programme missionnaire leur enseigna de nouveau l'Evangile, leur donnant une chance de se repentir. Mais reçurent-ils les bénédictions de la fidélité terrestre? Relisez ceci dans les Doctrine et Alliances en ce qui concerne les habitants du monde terrestre:

 

«Et aussi ceux qui sont les esprits des hommes gardés en prison, que le Fils visita et à qui il prêcha l'évangile, afin qu'ils puissent être jugés selon les hommes dans la chair; Qui n'ont pas accepté le témoignage de Jésus dans la chair, mais qui l'ont accepté ensuite» (D&A 76:73,74).

 

Devaient-ils jamais recevoir le royaume céleste? Ils avaient eu leur chance, ils avaient gaspillé le temps de leur épreuve, ils avaient ignoré les témoignages des serviteurs de Dieu, ils avaient suivi le monde et mené une vie profane. Peut-être que beaucoup d'entre eux avaient pris l'attitude qui consiste à dire «Je ne suis pas du genre religieux.» «Je n'aime pas aller aux réunions.» «Je suis trop occupé; je n'ai pas le temps.» «J'ai d'autres choses plus intéressantes à faire.»

 

Encore une fois, indubitablement, beaucoup de ces gens dans cette prison d'esprit, comme leurs frères de cette génération, avaient dû être de braves gens en ce sens que ce n'étaient pas des criminels. Ils durent être des «hommes honorables de la terre». Peut-être que beaucoup d'entre eux étaient honnêtes, de bons voisins, de bons citoyens qui ne commirent pas de délits graves, mais n'étaient pas vaillants. Les Ecritures ne disent-elles pas clairement qu'ils ont perdu leur occasion d'obtenir l'exaltation? N'est-il pas clair qu'il était éternellement trop tard pour eux quand ils furent noyés, qu'ils avaient gaspillé leur temps?

 

Les gens vraiment corrompus ne jouiront pas du royaume terrestre car ils n'obtiendront que le téleste. Et le terrestre ne sera pas non plus donné à ceux qui sont vaillants, fidèles, à ceux qui se sont rendus parfaits, car ils iront dans le royaume céleste préparé pour ceux qui vivent selon les lois célestes. Mais dans le terrestre iront ceux qui ne sont pas à la hauteur pour entrer dans le céleste. Parlant d'une catégorie de gens du terrestre, le Seigneur dit:

 

«Ce sont ceux qui ne sont pas vaillants dans le témoignage de Jésus, c'est pourquoi ils n'obtiennent pas la couronne du royaume de notre Dieu» (D&A 76:79).

 

Le Saint des Derniers Jours qui n'est pas ‘vaillant’ se trouvera là-bas.

 

Il est vrai, qu'il vaut toujours la peine de se repentir. Mais le repentir dans le monde des esprits ne peut compenser ce qui pouvait et aurait dû être fait sur la terre.

 

Le jugement sur les nations

 

Tout comme les bénédictions pour les justes sont promises pour cette vie, de même des jugements pour les méchants ont été promis et ceci est vrai pour les nations aussi bien que pour les individus. Notre monde est en bouleversement. Ses maux ont souvent été diagnostiqués, et des maladies complexes cataloguées. Mais tous les remèdes appliqués ont été inefficaces, l'infection s'est installée et les souffrances du malade s'intensifient.

 

Dans une situation ancienne assez comparable à la nôtre, il y eut une grande destruction, et quand le silence vint, ceux qui étaient épargnés se lamentèrent:

 

«Oh, si nous nous étions repentis avant ce grand et terrible jour, alors nos frères auraient été épargnés... (et) nos mères, nos belles-filles et nos enfants... n'auraient pas été ensevelis...» (3 Néphi 8:24,25).

 

Aujourd'hui, nous sommes à une autre époque, il est vrai, mais l'histoire se répète. Les hommes «ont été frappés de génération en génération pour leur iniquité; et (aucun d'eux), n'a jamais été (détruit), que cela ne lui ait été annoncé par les prophètes du Seigneur» (2 Néphi 25:9). Et les prophètes modernes donnent l'avertissement fréquent et constant que les hommes sont en train d'être détruits par leurs propres actes.

 

Le sort de l'Amérique

 

L'Amérique est un pays grand et merveilleux. Elle est «préférable à toutes les autres terres». Elle a un passé tragique et sanglant, mais pourrait avoir un avenir glorieux et paisible si ses habitants apprenaient réellement à servir leur Dieu. Elle a été consacrée comme terre de promission pour les habitants de l'Amérique, à qui Dieu a donné cette promesse conditionnelle:

 

«Ce sera un pays de liberté pour son peuple. Il ne sera jamais emmené en captivité. Il n'y aura personne pour le molester. C'est un pays de promesses. Il ne connaîtra pas l'esclavage. Il sera libéré de toutes les nations sous le ciel. Aucun ennemi n'entrera dans ce pays. Il n'y aura pas de roi dans le pays. Ce pays sera fortifié contre toutes les autres nations. Celui qui lutte contre Sion périra.»

 

Le Seigneur a fait ces promesses. Mais aussi généreuses qu'elles puissent être, aussi désirables qu'elles soient, elles ne peuvent se produire que «Si elle (la nation) veut bien servir le Dieu du pays, qui est Jésus-Christ».

 

Jésus-Christ notre Seigneur n'a aucune obligation de nous servir si ce n'est dans la mesure où nous nous repentons. Nous l'avons ignoré, nous n'avons pas cru en lui et nous ne l'avons pas suivi. Nous avons changé les lois et enfreint l'alliance éternelle. Nous sommes à sa merci qui ne nous sera accordée que si nous nous repentons. Mais dans quelle mesure nous sommes-nous repentis? Un autre prophète a dit:

 

«Nous appelons le mal bien et le bien mal.» A force de justifications, nous nous sommes amenés à penser que «nous ne sommes pas si mal». Nous voyons le mal chez nos ennemis, mais nous n'en voyons pas chez nous. Sommes-nous pleinement mûrs? La pourriture de l'âge et l'affaissement se sont-ils installés? Allons-nous changer?

 

Apparemment nous préférons faire les choses à la manière du démon qu'à la manière du Seigneur. Il semble, par exemple, que nous préférions payer les impôts jusqu'à devenir esclaves plutôt que de payer notre dîme, construire des abris, des missiles et des bombes plutôt que de nous mettre à genoux avec notre famille en prière solennelle soir et matin devant notre Dieu qui nous protégerait.

 

Il semble que plutôt que jeûner et prier, nous préférons nous gorger aux tables de banquet et boire des cocktails. Au lieu de nous discipliner, nous cédons aux impulsions physiques et aux désirs charnels. Au lieu d'investir pour édifier notre corps et embellir notre âme, nous payons des milliards de dollars pour acheter de l'alcool, du tabac et d'autres substances qui détruisent le corps et abêtissent l'âme.

 

Trop nombreuses sont nos femmes et nos mères qui préfèrent le luxe supplémentaire provenant de deux revenus aux satisfactions de voir les enfants grandir dans la crainte et l'amour de Dieu. Nous faisons du golf, du bateau, de la chasse et de la pêche et nous regardons les sports plutôt que de célébrer le sabbat. La morale intégrale ne se trouve ni parmi le peuple, ni parmi les dirigeants de l'Etat. Les intérêts personnels et les arrière-pensées bloquent le chemin. L'autojustification est toujours là pour nous dire que nous avons raison de nous lancer dans cette déviation, et parce que nous ne sommes pas assez pervertis pour être enfermés dans un pénitencier, nous nous disons que nous ne sommes pas indignes. Les masses du peuple ressemblent peut-être beaucoup à ceux qui ont échappé à la destruction de ce continent dans les temps anciens. Le Seigneur leur dit:

 

«O vous tous qui avez été épargnés parce que vous étiez plus justes qu'eux (ceux qui avaient perdu la vie), ne voulez-vous pas maintenant revenir à moi, vous repentir de vos péchés et vous convertir, pour que je vous guérisse?» (3 Néphi 9:13).

 

«L'expérience est une dure école» disait Benjamin Franklin, «mais les insensés ne veulent s'instruire dans aucune autre.» C'est ainsi que notre nation persiste dans son impiété. Pendant que les rideaux de fer tombent et s'épaississent, nous mangeons, nous buvons et nous nous réjouissons. Pendant que les armées se constituent, marchent et s'entraînent et que des officiers enseignent aux hommes à tuer, nous continuons à boire et à festoyer comme d'ordinaire. Pendant que l'on fait sauter et que l'on essaie des bombes, et que les retombées s'instillent sur le monde déjà malade, nous demeurons dans l'idolâtrie et l'adultère.

 

Tandis que les couloirs sont menacés et que les concessions sont faites, nous vivons dans la débauche, nous divorçons et nous nous marions cycliquement, comme les saisons. Tandis que les dirigeants se querellent et que les rédacteurs écrivent, que les autorités analysent et font des pronostics, nous enfreignons toutes les lois du catalogue de Dieu. Pendant que les ennemis s'infiltrent dans notre nation pour nous saper, nous intimider et nous ramollir, nous persistons dans notre philosophie destructrice: «Cela ne peut pas arriver ici.»

 

Si seulement nous voulions croire les prophètes! Car ils ont averti que si les habitants de ce pays sont jamais emmenés en captivité et rendus esclaves, «ce sera à cause de leurs iniquités; car si l'iniquité abonde, le pays sera maudit...» (2 Néphi 1:7). Notre pays est un pays que le Seigneur a préservé «... pour un peuple juste…» (Ether 2:7).

 

«Et maintenant, nous pouvons voir les décrets de Dieu touchant ce pays; que c'est une terre de promission; et que toute nation qui la possédera servira Dieu; sinon, elle sera balayée, quand la plénitude de sa colère tombera sur elle. Et la plénitude de sa colère tombe sur elle, quand elle a mûri dans l'iniquité» (Ether 2:9).

 

Dieu, le vrai protecteur

 

Ah! Si les hommes voulaient écouter! Pourquoi faut-il qu'il y ait de la cécité spirituelle au jour des perspectives scientifiques et technologiques les plus éclatantes? Pourquoi faut-il que les hommes se reposent sur les fortifications et les armements physiques, alors que le Dieu du ciel aspire à les bénir? Un seul geste de sa main toute puissante pourrait rendre impuissantes toutes les nations opposantes et sauver un monde même en agonie. Et pourtant les hommes évitent Dieu et mettent leur confiance dans les armes de guerre, dans le «bras de la chair».

 

Tout ceci continue malgré les leçons de l'histoire. La grande muraille de Chine, avec ses deux mille cinq cents kilomètres de murs impénétrables, ses huit mètres de haut imprenables, ses tours de garde innombrables, fut mise en brèche par la traîtrise de l'homme. La ligne Maginot en France, dont les forts étaient considérés comme si puissants et si imprenables, fut contournée comme si elle n'était pas là.

 

Les murailles de Babylone étaient trop hautes pour être escaladées, trop épaisses pour être renversées, trop fortes pour s'effondrer, mais pas trop profondes pour être minées quand l'élément humain céda. Quand les protecteurs dorment et que les dirigeants sont hors d'état d'agir à cause des ripailles, de l'ivresse et de l'immoralité, l'ennemi envahisseur peut détourner un cours d'eau de son lit et entrer par un lit de rivière.

 

Les murs immenses sur les hautes collines de Jérusalem détournèrent pendant un certain temps les flèches et les lances des ennemis, les catapultes et les tisons enflammés des armées assiégeantes. Mais même alors la méchanceté ne diminua pas; les hommes n'apprirent pas les leçons. La faim escalada les murs, la soif renversa les portes, l'immoralité, l'idolâtrie, l'impiété, le cannibalisme même se déchaînèrent jusqu'à ce que vînt la destruction.

 

Nous tournerons-nous jamais entièrement vers Dieu? La peur enveloppe le monde qui pourrait être à l'aise et en paix. En Dieu est la protection, la paix, la sécurité. Il a dit «je combattrai pour vous». Mais il ne s'engage qu'à condition que nous soyons fidèles. Il promit aux enfants d'Israël:

 

«Je vous donnerai la pluie en sa saison. La terre donnera de son surplus et les arbres leurs fruit. Les greniers et les granges seront bondés au moment des semailles et de la moisson. Vous mangerez votre pain en abondance. Vous demeurerez en sécurité dans votre pays et personne ne vous fera peur. L'épée ne traversera pas non plus votre pays. Cinq d'entre vous en pourchasseront cent et cent d'entre vous en mettront dix mille en fuite.»

 

Etant donné les promesses que Dieu a faites concernant l'Amérique, qui peut douter qu'il soit disposé à faire pour nous ce qu'il a fait autrefois pour Israël? Inversement, ne devons-nous pas nous attendre aux mêmes châtiments si nous ne le servons pas? Ceux-ci ont jadis été cités à Israël:

 

La terre sera stérile (peut-être radioactive ou frappée par la sécheresse).

Les arbres seront sans fruits et les champs sans verdure.

Il y aura du rationnement, la nourriture sera rare et la faim sera aiguë.

Aucune circulation n'encombrera les grandes routes désolées.

La famine traversera brutalement vos portes, l'ogre du cannibalisme vous dépouillera de vos enfants et ce qui vous reste de vertu se désintègrera.

Il y aura une peste incontrôlable.

Vos corps morts seront empilés sur les choses matérialistes que vous avez tant essayé d'accumuler et de sauver.

Je ne vous protégerai pas contre vos ennemis.

Ceux qui vous haïssent règneront sur vous.

Les cœurs seront faibles, ‘le bruit d'une feuille agitée’ vous mettra en fuite, et vous fuirez quand personne ne vous poursuivra.

Votre puissance - votre suprématie - votre orgueil d'être supérieur - seront brisés.

Votre ciel sera comme le fer et votre terre comme l'airain. Le ciel n'entendra pas vos supplications et la terre ne produira pas sa récolte.

Vous dépenserez en vain vos forces pour labourer, semer et cultiver.

Vos villes seront saccagées, vos églises en ruines.

Vos ennemis seront étonnés de l'aridité, de la stérilité, de la désolation du pays qu'on leur avait dit être si excellent, si beau, si fécond. Alors le pays jouira de ses sabbats sous la force.

Vous n'aurez pas le pouvoir de résister à vos ennemis.

Votre peuple sera dispersé parmi les nations comme esclaves et domestiques.

Vous payerez le tribut, et l'esclavage et des entraves vous lieront.

 

Quelle sinistre prédiction! Et pourtant «tels sont les statuts, les ordonnances et les lois, que l'Eternel établit entre lui et les enfants d'Israël, sur la montagne du Sinaï, par Moïse» (Lévitique 26:46). Les Israélites ne firent pas attention à l'avertissement. Ils ignorèrent les prophètes. Ils subirent l'accomplissement de chaque terrible prophétie.

 

Nous, les gens du vingtième siècle, avons-nous des raisons de croire que nous pouvons être exemptés des mêmes conséquences tragiques du péché et de la débauche, si nous ignorons les mêmes lois divines?

 

La perspective est sinistre, mais la tragédie imminente peut être écartée. Les nations, comme les individus, doivent «se repentir ou souffrir». Il n'y a qu'un seul remède à l'état maladif de la terre. Ce remède infaillible est simplement la justice, l'obéissance, la piété, l'honneur, l'intégrité. Rien d'autre ne suffira.

 

Le temps des comptes pour tous

 

Un jour de comptes va s'abattre sur la nation impie. Il y a de même pour chaque individu, juste ou injuste, un temps de jugement, un temps pour rendre compte de son épreuve mortelle quand cette phase de l'existence éternelle sera terminée. A ce moment-là, les livres seront enfin clos, toutes les dettes devront être payées.

 

Nous avons heureusement du temps pour payer nos dettes avant que n'arrive ce jour terrible du jugement. En nous repentant maintenant, dans cette vie, et en menant dorénavant une vie de justice, nous pouvons apparaître purs et sains devant Dieu. Si nous le faisons, pour nous comme pour Moroni, le lieu du jugement sera «la barre agréable du grand Jéhovah» (Moroni 10:34). Elle ne sera pas terrifiante pour nous comme pour ceux qui ne se seront pas repentis. Et nous entendrons alors les paroles douces et aimantes de félicitations et d'accueil:

 

«Venez, vous les bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde» (Matt. 25:34).

 


 


[1] Talmage, Jésus le Christ, pp. 562-563.

[2] Conference Report, octobre 1899, p. 42.

 

 

 

l Accueil l Écritures l Livres l Magazines l Études l Médias l Art l