CHAPITRE
38 : LE MINISTERE APOSTOLIQUE ORDINATION
DE MATTHIAS À L’APOSTOLAT[1] Après
avoir été témoins de l'ascension du Seigneur sur le mont des Oliviers,
les onze apôtres retournèrent à Jérusalem remplis de joie et inondés
de l'esprit d'adoration. Dans le temple et dans une chambre haute, qui était
le lieu ordinaire de leurs réunions, ils continuèrent à prier et à
supplier, souvent en compagnie d'autres disciples, y compris Marie, mère
du Seigneur, certains de ses fils et le petit groupe de femmes fidèles
qui avaient servi Jésus en Galilée et l'avaient suivi de là à Jérusalem
et au Calvaire[2]. Les disciples, dont la plupart avaient été
dispersés par les événements tragiques de cette dernière Pâque
fatale, s'étaient réunis, avec une foi renouvelée et fortifiée, autour
du grand fait de la résurrection du Seigneur. Le Christ était devenu «Ies
prémices de ceux qui sont décédés», «Ie premier-né d'entre
les morts», et «le premier-né» du genre humain à passer de la
mort à l'immortalité[3]. Ils savaient que le tombeau n'avait pas
seulement été obligé de rendre le corps de leur Seigneur mais que s'était
ouverte une voie par laquelle les entraves de la mort pourraient être détachées
de toutes les âmes. Immédiatement après la résurrection du Seigneur Jésus,
un grand nombre de justes qui avaient dormi au tombeau avaient été
ressuscités et étaient apparus à Jérusalem, se révélant à un grand
nombre de personnes[4]. L’universalité de la résurrection des morts
devait bientôt devenir un trait dominant de l'enseignement apostolique. Le
premier acte officiel entrepris par les apôtres fut de remplir la vacance
occasionnée au sein du conseil des Douze par l'apostasie et le suicide de
Judas Iscariot. Entre le moment de l'ascension du Christ et la fête de la
Pentecôte, alors que les Onze et d'autres disciples, cent vingt en tout
environ, étaient ensemble, «tous d'un commun accord persévéraient dans
la prière», et Pierre souleva le problème devant l'Eglise assemblée,
faisant remarquer que la chute de Judas avait été prévue[5], et citant la prière du psalmiste: «Que sa
demeure devienne déserte, et que personne ne l'habite! Et: Qu'un autre
prenne sa charge[6]!» Pierre affirma qu'il était nécessaire de
compléter le collège des apôtres; et voici l'énumération qu'il fit
des qualités essentielles que devait posséder celui qui serait ordonné
au Saint Apostolat: «Ainsi, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le
temps que le Seigneur Jésus allait et venait avec nous, depuis le baptême
de Jean, jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il faut
qu'il y en ait un qui soit avec nous témoin de sa résurrection.» Deux
disciples fidèles furent nommés par les Onze, Joseph appelé Barsabbas
et Matthias. Avec ferveur l'assemblée
supplia le Seigneur de lui montrer si l'un ou l'autre de ces hommes, et
dans l'affirmative lequel, devait être choisi à cette fonction élevée;
ensuite, «ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut
associé aux onze apôtres». D'un
bout à l'autre, cette démarche est profondément significative et
instructive. Les Onze se rendaient pleinement compte que c'était sur
eux que reposait la responsabilité et que c'était en eux que résidait
l'autorité d'organiser et de développer l'Eglise du Christ, que le
conseil ou collège des apôtres était limité à douze personnes et que
le nouvel apôtre, comme eux-mêmes, devait être compétent pour témoigner
d'une manière particulière et personnelle du ministère terrestre, de la
mort et de la résurrection du Seigneur Jésus. Le choix de Matthias se
fit dans une assemblée générale de l'Eglise primitive; et bien que les
nominations fussent faites par les apôtres, il semble être sous-entendu
que toutes les personnes présentes aient eu voix à l'installation. Le
principe de l'administration par l'autorité avec le consentement commun
des membres dont un exemple si frappant est donné dans l'élection de
Matthias, fut suivi quelques semaines plus tard par le choix de «sept
hommes, de qui l'on rende un bon témoignage, remplis de l'Esprit et de
sagesse», qui, ayant été soutenus par le vote de l'Eglise, furent mis
à part pour un ministère particulier par l'imposition des mains des apôtres[7]. LA RÉCEPTION DU SAINT-ESPRIT[8] Au
moment de la Pentecôte, qui tombait le cinquantième jour après la Pâque[9],
et par conséquent, dans ce cas particulier, neuf jours environ après
l'ascension du Christ, les apôtres étaient tous ensemble dans le même
lieu occupés à leurs dévotions ordinaires et s'attendaient, comme cela
leur avait été ordonné, à recevoir une investiture personnelle de
puissance d'en haut[10]. Le baptême promis de feu et
du Saint-Esprit leur échut ce jour-là. «Tout à coup il
vint du ciel un bruit comme celui d'un souffle violent qui remplit toute
la maison où ils étaient assis. Des langues qui semblaient de feu qui se
séparaient les unes des autres leur apparurent; elles se posèrent sur
chacun d'eux. Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se mirent à
parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.» Le
bruit du ciel «comme celui d'un souffle violent» fut entendu
au-dehors, et une multitude se rassembla autour de l'endroit. La
manifestation visible des «langues qui semblaient de feu», dont chacun
des Douze fut investi, fut perçue par ceux qui se trouvaient à l'intérieur
de la maison, mais apparemment pas par les multitudes qui s'attroupaient.
Les apôtres parlèrent à la multitude, et un grand miracle s'opéra,
dans lequel «chacun les entendait parler dans sa propre langue»; car les
apôtres, maintenant abondammement dotés, parlaient en plusieurs langues,
selon que le Saint-Esprit, qui les avait investis, leur donnait de
s'exprimer. Il y avait là des gens de nombreux pays et de nombreuses
nations, qui parlaient différentes langues. Avec étonnement certains
d'entre eux dirent: «Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas
tous Galiléens? Comment les entendons-nous chacun dans notre propre
langue maternelle?» Si un grand nombre de personnes furent frappées par
les talents surnaturels des frères, d'autres dirent sur un ton moqueur
qu'ils étaient ivres. Cet exemple d'incitation satanique à parler sans réflexion
illustre spécialement le manque de logique et la sottise étourdie. Les boissons
fortes ne donnent de sagesse à personne; elles font perdre le sens et
rendent ridicules. Pierre,
président des Douze, se leva alors et proclama en son nom et en celui de
ses frères: «Vous Juifs, et vous tous qui séjournez à Jérusalem,
sachez ceci et prêtez l'oreille à mes paroles! Ces gens ne sont pas
ivres comme vous le supposez, car c'est la troisième heure du jour.» Il
était de coutume chez les Juifs, en particulier lors des jours de fête,
de s'abstenir de nourriture et de boisson jusqu'après le service du matin
à la synagogue, qui se tenait vers la troisième heure, soit neuf heures
du matin. L’apôtre cita les prophéties anciennes contenant la promesse
de Jéhovah qu'il déverserait son Esprit sur toute chair, de sorte que
s'accompliraient des prodiges, semblables à ceux dont les spectateurs étaient
témoins[11]. Ensuite Pierre témoigna hardiment de Jésus de
Nazareth, disant qu'il était «cet homme approuvé de Dieu devant vous
par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au
milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes»; et leur rappelant
avec une gravité accusatrice le crime terrible auquel ils avaient dans
une certaine mesure participé, il poursuivit: «Cet homme, livré selon
le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez fait
mourir en le clouant (à la croix) par la main des impies. Dieu l'a
ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu'il n'était
pas possible qu'il soit retenu par elle.» Citant l'exclamation inspirée
du psalmiste, qui avait chanté en vers joyeux l'âme qui ne resterait pas
en enfer et la chair qui ne verrait pas la corruption, il montra comment
ces Ecritures s'appliquaient au Christ et affirma sans peur: «Ce Jésus,
Dieu l'a ressuscité; nous en sommes tous témoins. Elevé par la droite
de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint qui avait été promis, et il
l'a répandu, comme vous le voyez et l'entendez.» Avec une ferveur
croissante, ne craignant ni la dérision ni la violence, et enfonçant
dans le cœur de ses auditeurs fascinés la conscience terrible de leur
culpabilité, Pierre proclama d'une voix de tonnerre: «Que toute la
maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et
Christ ce Jésus que vous avez crucifié.» Il était impossible de résister à la puissance du
Saint-Esprit; il apportait la conviction à toutes les âmes sincères.
Ceux qui entendirent eurent le cœur vivement touché et, pleins de
contrition, crièrent aux apôtres: «Frères, que ferons-nous?»
Maintenant qu'ils étaient prêts à recevoir le message du salut, il leur
fut donné sans réserve. «Repentez-vous, répondit Pierre, et que
chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon
de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la
promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au
loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.» Le peuple répondit au témoignage, à l'exhortation
et à l'avertissement des apôtres par une profession de foi et de
repentir. Leur joie était comparable à celle des esprits en prison, à
qui le Christ désincarné avait apporté la parole autorisée de la rédemption
et du salut. Ceux qui se repentirent et confessèrent leur foi au Christ
en cette Pentecôte mémorable furent reçus, au nombre de trois mille
environ, dans l'Eglise par le baptême. Leur conversion était sincère et
n'était pas l'effet d'un enthousiasme passager, ils étaient littéralement
nés de nouveau par le baptême en un renouveau de vie, comme le prouve le
fait qu'ils endurèrent dans la foi: «ils persévéraient dans
l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la
fraction du pain et dans les prières». Ces premiers convertis étaient
si pieux, l'Eglise était si bénie par le déversement du
Saint-Esprit, en ce temps-là, que les membres donnèrent
volontairement leurs biens personnels et eurent tout en commun. Pour eux
la foi au Seigneur Jésus-Christ avait une plus grande valeur que les
richesses de la terre[12]. Parmi eux, il n'y avait rien
que l'on appelât «le mien» ou «le tien», mais tout leur appartenait
dans le Seigneur[13]. Des signes et des miracles
suivirent les apôtres, «et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise
ceux qui étaient sauvés». Le don du Saint-Esprit avait changé les apôtres.
Clarifiées à leurs yeux par l'Esprit de Vérité, les Ecritures
constituaient un document préparatoire aux événements dont ils étaient
les témoins spéciaux et ordonnés. Pierre qui, quelques semaines
auparavant encore, avait manqué de courage devant une servante, parlait
maintenant ouvertement, ne craignant personne. Voyant un jour un mendiant
paralytique devant la Belle Porte qui conduisait dans la cour du temple,
il prit l'affligé par la main, disant: «Je ne possède ni argent, ni or;
mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de
Nazareth: lève-toi et marche[14],
L'homme fut guéri et bondit de joie en sentant ses forces nouvelles; puis
il entra au temple avec Pierre et Jean, louant Dieu à haute voix. Une
foule étonnée, qui finit par atteindre cinq mille hommes, s'assembla
autour des apôtres au portique de Salomon; Pierre, voyant leur étonnement,
profita de l'occasion pour leur prêcher Jésus le Crucifié. Il attribua
tous les mérites du miracle au Christ, que les Juifs avaient livré pour
être mis à mort, et déclara avec une accusation sans détours: «Le
Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié
son serviteur Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate qui
avait jugé bon de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et
le juste, et vous avez demandé comme une faveur qu'on vous remette un
meurtrier. Vous avez fait mourir le prince de la vie, que Dieu a ressuscité
d'entre les morts; nous en sommes témoins.» Reconnaissant miséricordieusement
l'ignorance dans laquelle ils se trouvaient lorsqu'ils péchèrent, il les
exhorta à expier et à faire pénitence, s'écriant: «Repentez-vous
donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés,
afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur,
et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, le Christ Jésus. C'est
lui que le ciel doit recevoir jusqu'aux temps du rétablissement de tout
ce dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes d'autrefois.»
Il ne les encourageait pas à croire que leurs péchés pouvaient être
annulés par des professions de foi verbeuses; la possibilité leur était
accordée de se repentir pendant un temps déterminé, s'ils voulaient
croire. Tandis que Pierre et Jean témoignaient de la sorte,
les prêtres et le commandant du temple, avec les Sadducéens au pouvoir,
tombèrent sur eux vers le soir et les mirent en prison en attendant la décision
des juges le jour suivant[15].
Le lendemain on les fit comparaître devant Anne, Caïphe et d'autres
dirigeants, qui leur demandèrent par quelle autorité ou au nom de qui
ils avaient guéri le paralytique. Pierre, poussé par la puissance du
Saint-Esprit, répondit: «Sachez-le bien, vous tous, ainsi
que tout le peuple d'Israël! C'est par le nom de Jésus-Christ de
Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts,
c'est par lui que cet homme se présente en bonne santé devant vous.
C'est lui: la pierre rejetée par vous, les bâtisseurs, et devenue la
principale, celle de l'angle. Le salut ne se trouve en aucun autre; car il
n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel
nous devions être sauvés[16].» La hiérarchie apprit à sa consternation que l'œuvre
qu'elle avait essayé de détruire en crucifiant Jésus-Christ se répandait
maintenant comme elle ne l'avait jamais fait avant. En désespoir de
cause, «ils leur défendirent absolument de parler et d'enseigner au nom
de Jésus». Mais Pierre et Jean répondirent hardiment: «Est-il
juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu? A vous d'en juger,
car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu.»
Cette réponse, un saint défi, les gouverneurs ecclésiastiques n'osèrent
pas le relever; ils durent se contenter de proférer des menaces. L'Eglise grandissait avec une rapidité surprenante;
des multitudes d'hommes et de femmes qui croyaient au Seigneur
augmentaient toujours plus». Le don de guérison se manifesta si
abondamment par le ministère des apôtres que le peuple s'attroupa autour
d'eux comme il l'avait fait autrefois autour du Christ, apportant ses
malades et ceux qui étaient possédés d'esprits malins; et tous furent
guéris. Si grande était la foi des croyants qu'ils posaient leurs affligés
sur des lits dans les rues, «afin que, lors du passage de Pierre, son
ombre au moins puisse couvrir l'un d'eux»[17]. Le souverain sacrificateur et ses associés sadducéens
orgueilleux firent de nouveau arrêter et jeter les apôtres dans la
prison commune. Mais cette nuit-là l'ange du Seigneur ouvrit les
portes du cachot et fit sortir les prisonniers, leur disant d'aller au
temple et de continuer à proclamer leur témoignage du Christ. C'est ce
que les apôtres firent, et c'était à cela qu'ils étaient occupés
lorsque le sanhédrin s'assembla pour les faire passer en jugement. Les
huissiers qui furent envoyés amener les prisonniers à la salle du
tribunal revinrent, en disant: «Nous avons trouvé la prison
soigneusement fermée, et les gardiens à leur poste devant les portes,
mais après avoir ouvert, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur.»
Tandis que les juges restaient figés, consternés et impuissants, on vint
leur apporter la nouvelle que les hommes qu'ils cherchaient se trouvaient
à ce moment-là occupés à prêcher dans les cours. Le commandant
et sa garde arrêtèrent les apôtres une troisième fois et les firent
entrer, mais sans violence, car ils craignaient le peuple. Le souverain
sacrificateur accusa les prisonniers par une question et une affirmation:
«Nous vous avions formellement défendu d'enseigner en ce nom-là.
Et voici que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et que
vous voudriez faire retomber sur nous le sang de cet homme!» Cependant
ces mêmes dirigeants avaient, tout récemment encore, pris la tête de la
foule pour prononcer la terrible imprécation: «Que son sang (retombe)
sur nous et sur nos enfants[18]!» Pierre et les autres apôtres, que n'intimidait pas
l'auguste présence et que n'effrayaient pas les paroles ou les actions
menaçantes, répondirent par l'accusation directe que ceux qui étaient là
pour juger étaient les assassins du Fils de Dieu. Réfléchissez bien à
cette affirmation solennelle: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux
hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué en
le pendant au bois. Dieu l'a élevé par sa droite comme Prince et
Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés.
Nous sommes témoins de ces choses, de même que le Saint-Esprit que
Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.» Fermant, barrant, verrouillant leur cœur contre le
témoignage des gens du Seigneur, les principaux sacrificateurs, les
scribes et les anciens du peuple se consultèrent sur la manière de
mettre ces hommes à mort. Il y eut au moins une exception honorable parmi
les conseillers enclins au meurtre. Gamaliel, Pharisien et célèbre
docteur de la loi, maître de Saul de Tarse connu plus tard grâce à sa
conversion, ses œuvres et son autorité divine sous le nom de Paul l'apôtre[19],
se leva dans le conseil, et ayant ordonné qu'on éloignât les apôtres
de la salle, mit ses collègues en garde contre l'injustice qu'ils avaient
à l'esprit. Il cita le cas d'hommes qui avaient prétendu à tort avoir
été envoyés de Dieu, dont chacun avait eu à se repentir lorsque ses
plans séditieux échouèrent totalement et d'une manière tout à fait
ignominieuse; de même ces hommes finiraient mal si l'œuvre qu'ils
professaient s'avérait être des hommes; mais, ajouta ce docteur désintéressé
et savant, si cette entreprise «vient de Dieu, vous ne pourrez pas les détruire.
Prenez garde de peur de vous trouver en guerre contre Dieu»[20]. Le conseil de Gamaliel
l'emporta sur le moment, et il en résulta que la vie des apôtres fut épargnée;
mais le sanhédrin, enfreignant la justice et les usages, fit battre les
prisonniers. Puis les frères furent renvoyés avec ordre renouvelé de ne
pas parler au nom de Jésus. Ils s'en allèrent, joyeux d'avoir été
considérés dignes de souffrir des coups et de l'humiliation pour défendre
le nom du Seigneur; et quotidiennement, tant au temple qu'en allant de
maison en maison, ils enseignèrent et prêchèrent vaillamment Jésus le
Christ. Les convertis à l'Eglise ne se limitèrent pas aux laïcs; un
grand nombre de prêtres augmentèrent le nombre des disciples, qui se
multiplièrent rapidement à Jérusalem[21]. ÉTIENNE LE MARTYR - IL VOIT LE SEIGNEUR[22] Le premier des «sept hommes, de qui l'on rende un
bon témoignage» qui furent mis à part sous les mains des apôtres pour
administrer les biens communs de l'Eglise était Etienne, homme
remarquable par sa foi et ses bonnes œuvres, par lequel le Seigneur
accomplit de nombreux miracles. Il était zélé dans le service, hardi
dans la doctrine et impavide en qualité de ministre du Christ. Certains
des Juifs étrangers, qui entretenaient une synagogue à Jérusalem, engagèrent
Etienne dans une discussion et, incapables de «résister à la sagesse et
à l'Esprit par lequel il parlait», conspirèrent pour le faire accuser
d'hérésie et de blasphème. Il fut amené devant le sanhédrin sur
l'accusation d'hommes subornés pour témoigner contre lui; ceux-ci
affirmèrent qu'ils l'avaient «entendu proférer des paroles blasphématoires
contre Moïse et contre Dieu». Les accusateurs parjures témoignèrent en
outre qu'il avait parlé à plusieurs reprises et en termes blasphématoires
contre le temple et la loi, et avait même déclaré que Jésus de
Nazareth détruirait un jour le temple et changerait les cérémonies mosaïques.
L'accusation était absolument fausse dans l'esprit et dans les faits,
bien que peut-être partiellement vraie dans un certain sens dans sa
forme; en effet, à en juger par ce qui nous est rapporté sur la
personnalité et les œuvres d'Etienne, c'était un prédicateur zélé de
la parole, désireux d'en faire une religion mondiale qui mettrait fin à
l'esprit de caste, lequel voulait attribuer un caractère sacré à Jérusalem
en sa qualité de ville sainte et au temple maintenant profané en tant
que lieu de résidence terrestre de Jéhovah; en outre il semble s'être
rendu compte que la loi de Moïse avait été accomplie lors de la mission
du Messie. Lorsque les sanhédristes fixèrent les regards sur
lui, son visage illuminé leur apparut «comme celui d'un ange». En réponse
à l'accusation, il fit un discours qui, lorsqu'on en fait l'analyse
critique, semble avoir été improvisé; néanmoins il est d'une logique
et d'une puissance d'argumentation frappantes. Cependant un assaut
meurtrier y mit brusquement fin[23]. En un résumé efficace
Etienne retraça l'histoire du peuple de l'alliance depuis l'époque
d’Abraham, montrant que les patriarches puis, tour à tour, Moïse et
les prophètes, avaient vécu et œuvré pour préparer progressivement
aux événements dont étaient témoins ceux qui étaient présents. Il
fit remarquer que Moïse avait prédit la venue d'un prophète, qui n'était
nul autre que Jéhovah que leurs pères avaient adoré dans le désert,
devant le tabernacle, et plus tard dans le temple; mais,
affirma-t-il, «Ie Très-Haut n'habite pas dans ce qui
est fait par la main de l'homme», dont le plus splendide ne pouvait être
que petit pour celui qui a déclaré: «Le ciel est mon trône, et la
terre mon marchepied[24].» On voit clairement que le
discours d'Etienne n'était pas une apologie et était loin d'être un
plaidoyer en sa faveur; c'était une proclamation de la parole et des
desseins de Dieu par un serviteur dévoué qui n'avait aucune considération
pour les conséquences dont il pourrait souffrir personnellement. Il accusa puissamment ses juges
comme suit: «(Hommes) au cou raide, incirconcis de cœur et d'oreilles!
vous vous opposez toujours au Saint-Esprit, vous comme vos pères.
Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont
mis à mort ceux qui annonçaient à l'avance la venue du juste, dont vous
êtes devenus maintenant les meurtriers après l'avoir livré.» Rendus
fous furieux par cette accusation directe, les sanhédristes «grinçaient
des dents contre lui». Il savait qu'ils étaient assoiffés de son sang;
mais galvanisé par le Saint-Esprit, il fixa les yeux au ciel, et
s'exclama, en extase: «Voici: je vois les cieux ouverts et le Fils de
l'homme debout à la droite de Dieu[25].» C'est le premier
passage du Nouveau Testament qui rapporte une manifestation du Christ à
des yeux mortels, par vision ou autrement, après son ascension. Les
gouverneurs ecclésiastiques poussèrent de grands cris et se bouchèrent
les oreilles devant ce qu'ils avaient décidé de considérer comme des
paroles blasphématoires; se jetant d'un commun accord sur le prisonnier,
ils le traînèrent en hâte en dehors des murs de la ville et le lapidèrent.
Fidèle à son Maître, il pria: «Seigneur Jésus reçois mon esprit!
Puis, il se mit à genoux et s'écria d'une voix forte: Seigneur, ne les
charge pas de ce péché! Et, après avoir dit cela,
il s'endormit.» C'est
ainsi que mourut le premier martyr du témoignage du Christ ressuscité.
Il fut tué par une foule hostile comprenant les principaux
sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple. Qu'est-ce que
cela pouvait bien leur faire qu'aucune sentence n'eût été prononcée
contre lui, qu'ils fussent occupés à agir d'une manière qui défiait
avec impudence la loi romaine? Des hommes pieux portèrent le corps mutilé
à son lieu d'ensevelissement, et tous les disciples se lamentèrent
profondément. La persécution augmenta, et les membres de l'Eglise furent
dispersés en de nombreux pays où ils prêchèrent l'Evangile et gagnèrent
un grand nombre de personnes au Seigneur. Le sang d'Etienne le martyr se révéla
être un ferment puissant d'où sortit une grande moisson d'âmes[26]. LE CHRIST SE MANIFESTE À SAUL DE TARSE APPELÉ PLUS
TARD PAUL L'APÔTRE Parmi les controversistes qui, lorsqu'ils avaient été
mis en déroute lors de la discussion, avaient conspiré contre Etienne et
avaient provoqué sa mort, il y avait des Juifs de Cilicie[27].
Parmi eux se trouvait un jeune homme du nom de Saul, natif de la ville
cilicienne de Tarse. Cet homme était un savant capable, un polémiste
puissant, défenseur ardent de ce qu'il considérait être la justice et
assaillant vigoureux de ce qui, pour lui, était mal. Quoique né à
Tarse, il avait été amené à Jérusalem dans sa tendre jeunesse, et en
grandissant, y était devenu un Pharisien strict et un défenseur farouche
du judaïsme. Il étudiait la loi sous l'égide de Gamaliel, l'un des maîtres
les plus éminents de l'époque[28],
et il avait la confiance du souverain sacrificateur[29].
Son père, ou peut-être l'un de ses ancêtres, avait acquis la citoyenneté
romaine et Saul avait hérité, par sa naissance, de cette distinction.
Saul était un adversaire violent des apôtres et de l'Eglise; il avait
pris part à la mort d'Etienne en y consentant ouvertement et en gardant
personnellement les vêtements des faux témoins tandis qu'ils lapidaient
le martyr. Il fit des hécatombes dans l'Eglise en entrant dans
des maisons privées et en sortant de force des hommes et des femmes soupçonnés
de croire au Christ, et en les faisant jeter en prison[30]. La persécution dans laquelle il
joua un rôle aussi important provoqua la dispersion des disciples dans
toute la Judée, la Samarie et d'autres pays; cependant les apôtres
demeurèrent et poursuivirent leur ministère à Jérusalem[31].
Non content d'agir localement contre l'Eglise, «Saul, qui respirait
encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit
chez le souverain sacrificateur et lui demanda des lettres pour les
synagogues de Damas, afin que, s'il y trouvait quelques‑uns, hommes
ou femmes, qui suivent cette Voie, il les amène liés à JérusaIem»[32]. Comme Saul et sa suite approchaient de Damas, ils
furent arrêtés par un événement d'une majesté terrifiante[33].
En plein midi, apparut soudain une lumière dépassant de loin l'éclat du
soleil. La compagnie tout entière fut enveloppée de cette splendeur éblouissante
et tomba terrorisée sur le sol. Au milieu de cette gloire surnaturelle,
un son se fit entendre, que seul Saul comprit comme une voix articulée;
il entendit et comprit la question réprobatrice posée en hébreu: «Saul,
Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Tremblant, il demanda: «Qui
es-tu, Seigneur?» La réponse pénétra jusqu'au plus profond du cœur
de Saul: «Moi, je suis Jésus que tu persécutes»; le Seigneur
poursuivit, comme s'il avait de la considération et de la sympathie pour
la situation du persécuteur et la renonciation qui serait requise de lui:
«Il te serait dur de regimber contre les aiguillons[34].» L’énormité de son hostilité
et de son inimitié contre le Seigneur et son peuple lui remplit l'âme de
terreur, et il demanda, tremblant et contrit: «Seigneur, que
veux-tu que je fasse?» La réponse fut: «Lève-toi, entre
dans la ville, et l'on te dira ce que tu dois faire.» L’éclat de la
lumière céleste avait aveuglé Saul. Ses compagnons le conduisirent à
Damas où, dans la maison de Judas, dans la rue qu'on appelle la Droite,
il resta pendant trois jours dans les ténèbres, période au cours de
laquelle il ne mangea ni ne but. Dans cette ville vivait un disciple fidèle appelé
Ananias, à qui le Seigneur parla, lui ordonnant de rendre visite à Saul
et de le bénir afin qu'il fût guéri de sa cécité. Ananias fut étonné
de cet ordre et se risqua à rappeler au Seigneur que Saul était un persécuteur
notoire des saints et était venu à ce moment-là à Damas pour arrêter
et jeter tous les croyants aux fers. Mais le Seigneur répondit: «Va, car
cet homme est pour moi un instrument de choix, afin de porter mon nom
devant les nations et les rois, et devant les fils d'Israël; et je lui
montrerai combien il faudra qu'il souffre pour mon nom.» Ananias alla
trouver Saul, posa les mains sur le malade repentant, disant: «Saul, mon
frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu
venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli
d'Esprit Saint.» L'obstruction physique à la vision fut enlevée; des
particules ressemblant à des écailles tombèrent des yeux de Saul, et il
recouvra la vue. Sans retard ni hésitation, il se fit baptiser. Après
avoir mangé et repris des forces, il rencontra les disciples de Damas et
se mit immédiatement en devoir de prêcher dans les synagogues, déclarant
que Jésus était le Fils de Dieu[35]. Lorsque Saul retourna à Jérusalem, les disciples
doutèrent de sa sincérité, car ils l'avaient connu comme leur persécuteur
acharné; mais Barnabas, un disciple de confiance, l'amena aux apôtres,
parla de sa conversion miraculeuse et témoigna des services vaillants
qu'il avait rendus en prêchant la parole de Dieu. Il fut accueilli et
ordonné plus tard par les apôtres[36].
Son nom hébreu, Saul, fut plus tard remplacé par le latin Paulus, ou
selon notre manière de prononcer, Paul[37].
Etant donné que sa mission était de porter l'Evangile aux Gentils,
l'utilisation de son nom romain peut avoir été avantageux, surtout du
fait qu'étant citoyen romain, il pouvait se réclamer des droits et des
exemptions qui s'attachaient à cette citoyenneté[38]. Nous n'avons nullement l'intention actuellement de
suivre, pas même dans les grands traits, les travaux de
l'homme ainsi appelé péremptoirement et miraculeusement au ministère;
le seul sujet que nous voulons examiner en ce moment, ce sont les
manifestations que le Christ en personne lui accorda. Tandis qu'il se
trouvait à Jérusalem, Paul eut la bénédiction de recevoir une
manifestation visible du Seigneur Jésus, qui s'accompagna de la réception
d'ordres précis. Voici ce que dit son propre témoignage: «Comme je
priais dans le temple, je fus ravi en extase et je vis le Seigneur qui me
disait: Hâte-toi, et sors promptement de Jérusalem, parce qu'ils
ne recevront pas ton témoignage sur moi.» Expliquant pourquoi il était
rejeté par le peuple, Paul confessa son passé mauvais, disant: «Seigneur,
ils savent eux-mêmes que j'allais de synagogue en synagogue pour faire
emprisonner et battre ceux qui croient en toi, et lorsqu'on répandit le
sang d'Etienne, ton témoin, j'étais moi-même présent, je les
approuvais et je gardais les vêtements de ceux qui le faisaient mourir.»
A cela le Seigneur répondit: «Va, car je t'enverrai au loin vers les païens[39].» Une fois encore,
tandis que Paul était prisonnier dans la forteresse romaine, le Seigneur
se tint près de lui pendant la nuit et dit: «Prends courage; car, de même
que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, il faut aussi que tu
rendes témoignage à Rome[40].» Le témoignage personnel de Paul qu'il avait vu le
Christ ressuscité est explicite et net. A son énumération de certaines
des apparitions du Seigneur ressuscité il associe son propre témoignage,
s'adressant de la manière suivante aux saints de Corinthe: «Je vous ai
transmis, avant tout, ce que j'avais aussi reçu: Christ est mort pour nos
péchés, selon les Ecritures; il a été enseveli, il est ressuscité le
troisième jour, selon les Ecritures, et il a été vu par Céphas, puis
par les douze. Ensuite, il a été vu par plus de cinq cents frères à la
fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques‑uns sont
décédés. Ensuite, il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres.
Après eux tous, il s'est fait voir à moi, comme à l'avorton; car je
suis, moi, le moindre des apôtres, je ne mérite pas d'être appelé apôtre,
parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu[41].» FIN DU
MINISTÈRE APOSTOLIQUE - LA RÉVÉLATION DE JEAN
La période du ministère apostolique se
poursuivit jusque vers la fin du premier siècle de notre ère, soit
soixante à soixante-dix ans environ après l'ascension du Seigneur.
Au cours de cette période, l'Eglise connut la prospérité mais aussi les
vicissitudes. Tout d'abord le groupe organisé grandit en nombre et en
influence d'une manière qui est considérée comme phénoménale sinon
miraculeuse[42]. Les apôtres et les nombreux autres ministres
qui œuvraient sous leur direction dans des postes d'autorité graduée
travaillèrent si efficacement à répandre la parole de Dieu que Paul, écrivant
une trentaine d'années après l'ascension, affirma que l'Evangile avait déjà
été porté à toutes les nations ou, pour employer ses termes, «prêché
à toute créature sous le ciel». Par l'entremise du Saint-Esprit, le Christ continua à diriger les
affaires de son Eglise sur terre; et ses représentants mortels, les apôtres,
voyagèrent et enseignèrent, guérirent les affligés, réprimandèrent
les mauvais esprits et rendirent les morts à une vie nouvelle[43]. Nous n'avons connaissance d'aucune apparition
directe ou personnelle du Christ à des mortels entre les manifestations
à Paul et la révélation à Jean sur l'île de Patmos. La tradition
confirme le sous-entendu de Jean qu'il y avait été exilé «à
cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus»[44].
Il affirme que ce qu'il écrivait, et que l'on appelle maintenant
l'Apocalypse, est la «révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a
donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et
qu'il a fait connaître par l'envoi de son ange à son serviteur Jean»[45].
L'apôtre décrit d'une manière frappante le Christ glorifié tel qu'il
le vit; et il rapporta les paroles du Christ comme suit: «Sois sans
crainte! Moi je suis le premier et le dernier, le vivant. J'étais mort,
et me voici vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la
mort et du séjour des morts[46].»
Jean reçut le commandement d'écrire à chacune des sept Eglises ou
branches de l'Eglise du Christ qui existaient alors en Asie, leur
administrant des reproches, des exhortations et des encouragements suivant
que l'exigeait la situation de chacune d'elles. Le ministère final de
Jean marqua la fin de l'administration apostolique dans l'Eglise
primitive. Les autres apôtres avaient trouvé le repos, la plupart y étant
entrés par les portes du martyre, et bien qu'il eût le privilège de
demeurer dans la chair jusqu'à l'avènement du Seigneur en gloire[47],
il ne devait pas continuer son service comme ministre officiel, connu de
l'Eglise et accepté par elle. Alors même que beaucoup des apôtres
vivaient et œuvraient, la semence de l'apostasie avait pris racine dans
l'Eglise et avait grandi, produisant une surabondance de tant par les
prophètes de l'Ancien Testament[48] que par le Seigneur Jésus[49]. Les apôtres prédirent
clairement, eux aussi, la croissance de l'apostasie qui, dans les progrès
qu'elle faisait à leur époque, ne leur était que trop tristement
manifeste[50]. Il semble que les
manifestations personnelles du Seigneur Jésus aux mortels aient cessé
avec la disparition des apôtres d'autrefois et ne se soient plus manifestées
qu'à l'aube de la dispensation de la plénitude des temps. NOTES DU CHAPITRE 38 1. L’autorité présidente et le consentement commun : «Un autre
exemple d'action officielle pour choisir et mettre à part des hommes à
des offices spéciaux dans l'Eglise apparut peu après l'ordination de
Matthias. Il apparaît qu'un trait de l'organisation de l'Eglise dans les
premiers jours des apôtres fut une mise en commun des choses matérielles,
la distribution se faisant selon les besoins. A mesure que les membres
devenaient plus nombreux, on trouva irréalisable que les apôtres
consacrent l'attention et le temps nécessaires à ces sujets temporels;
ils firent donc appel aux membres pour qu'ils choisissent sept hommes honnêtes
que les apôtres chargeraient de s'occuper spécialement de ces affaires.
Ces hommes furent mis à part par la prière et par l'imposition des
mains. L’exemple est instructif en ceci qu'il montre que les apôtres
ont compris qu'ils possédaient l'autorité de diriger dans les affaires
de l'Eglise, et qu'ils observaient très fidèlement le principe du
consentement commun dans l'administration de leur office élevé. Ils exerçaient
leur pouvoir sacerdotal dans un esprit d'amour et en prenant dûment en
considération les droits des gens sur lesquels ils présidaient de par
leur position» (L’auteur, La
Grande apostasie, 1:19). 2. La Pentecôte : Ce nom signifie «cinquantième»
et était appliqué à la fête juive que l'on célébrait cinquante jours
après le second jour des pains sans levain, ou le jour de la Pâque. On l'appelle également la «fête des semaines» (Ex 34:22, Dt 16:10),
parce que selon le style hébreu, elle tombait sept semaines, ou une
semaine de semaines après la Pâque; ainsi que «la fête de la moisson»
(Ex 23:16) et «le jour des prémices» (Nb 28:26). La Pentecôte était l'une des
grandes fêtes d'Israël, et son observance était obligatoire. Des sacrifices spéciaux étaient prévus pour ce jour-là, ainsi
qu'une offrande appropriée à la saison de la moisson, se composant de
deux pains avec du levain faits avec le blé nouveau; ceux-ci devaient être
agités devant l'autel puis donnés aux prêtres (Lv 23:15-20). Du
fait des événements sans précédent qui caractérisèrent la première
Pentecôte après l'ascension de notre Seigneur, le nom est devenu courant
dans la littérature chrétienne pour exprimer tout grand éveil spirituel
ou manifestation extraordinaire de la grâce divine. 3. Tout en commun : Aucun récit de la
situation des débuts du ministère apostolique n'exprime d'une manière
plus frappante l'unité et la dévotion des membres de l'Eglise à l'époque
que le fait que les membres avaient créé un système de possession en
commun des biens (Ac 2:44, 46, 4:32-37, 6:1-4). L’un des résultats
de cette communauté d'intérêts dans les affaires temporelles fut une
unité marquée dans les affaires spirituelles; ils n'étaient «qu'un cœur
et qu'une âme». Ne manquant de rien, ils vivaient dans la satisfaction
et la piété. Plus de trente siècles auparavant le peuple d'Enoch avait
bénéficié d'une unité semblable, et ses réalisations dans
l'excellence spirituelle avaient été si efficaces que «le Seigneur vint
demeurer avec son peuple... Et le Seigneur appela son peuple Sion, parce
qu'ils étaient d'un seul cœur et d'un seul esprit, et qu'ils demeuraient
dans la justice; et il n'y avait pas de pauvres parmi eux» (PGP, Moïse
7:16-18). Les disciples néphites grandirent en sainteté, car «toutes
choses étaient en commun parmi eux et ils pratiquaient tous la justice
les uns envers les autres» (LM, 3 Né 26:19, voir aussi 4 Né
1:2-3). Un système d'unité dans les affaires matérielles a été
révélé à l'Eglise dans la dispensation actuelle (D&A 82:17,18,
51:10-13, 18, 104:70-77), et le peuple pourra parvenir aux bénédictions
que ce système offre lorsqu'il apprendra à remplacer les soucis égoïstes
par l'altruisme et les avantages individuels par le dévouement au bien-être
général (voir Les Articles de Foi, pp. 532-536). 4. La conversion de Saul : Le changement soudain de cœur qui fit d'un persécuteur ardent des
saints un disciple véritable constitue un miracle pour l'esprit moyen.
Saul de Tarse était un étudiant et un observateur pieux de la loi, un
Pharisien strict. Rien ne nous permet de croire qu'il ait jamais rencontré
ou vu Jésus pendant que le Seigneur vivait dans la chair; et son contact
avec le mouvement chrétien semble avoir été provoqué par la discussion
avec Etienne. Pour déterminer ce qu'il
appelait le bien et le mal, le jeune enthousiaste se laissait trop guider
par l'esprit et trop peu par le cœur. Son érudition, qui aurait dû être sa servante, était au contraire sa
maîtresse. C'était un esprit directeur dans la persécution cruelle des
premiers convertis du christianisme; et cependant nul ne peut douter qu'il
ait cru rendre ainsi service à Jéhovah (comparez avec Jn 16:2). Son énergie
extraordinaire et ses capacités superbes étaient mal dirigées. Aussitôt
qu'il se rendit compte de son erreur, il fit volte-face, sans réfléchir
aux risques, au prix ou à la certitude de la persécution et à la
possibilité du martyre. Son repentir fut aussi sincère que l'avait été
son zèle à persécuter. Pendant tout son ministère, il fut torturé par
le passé (Ac 22:4,19, 20, 1 Co 15:9, 2 Co 12:7, Ga 1:13); cependant il
trouva un certain soulagement dans sa conscience d'avoir agi de bonne foi
(Ac 26:9-11). Il lui était «dur de regimber contre les aiguillons»
de la tradition, de la formation et de l'éducation; cependant il n'hésita
pas. Il était un instrument choisi pour l’œuvre du Seigneur (Ac 9:15); et il
répondit promptement à la volonté du Maître. Toutes les erreurs que Saul de Tarse avait
commises dans son zèle juvénile, Paul l'apôtre donna tout ce qu'il
avait - son temps, ses talents et sa vie - pour les expier. Il fut par excellence l'apôtre du Seigneur auprès
des Gentils; et cette ouverture des portes à d'autres que les Juifs était
le sujet même de la dispute qu'il avait eue avec Etienne. Conformément
au dessein divin et fatidique, Paul fut appelé à accomplir l’œuvre
qu'il avait contribué à freiner en martyrisant Etienne. Sur les ordres
du Seigneur, Paul était prêt à prêcher le Christ aux Gentils; ce n'est
que par miracle que l'esprit de caste juif de Pierre et de l'Eglise en général
put être vaincu (Ac 10 et 11:1-18). 5. Croissance rapide de l'Eglise primitive : Eusèbe, qui écrivit au début
du quatrième siècle, parlant de la première décennie qui suivit
l'ascension du Seigneur, dit: «Ainsi donc, sous une influence et une coopération
célestes, la doctrine du Sauveur, comme les rayons du soleil, irradia
rapidement le monde entier. Maintenant, conformément à la prophétie
divine, la voix de ces évangélistes et apôtres inspirés s'était fait
entendre sur toute la terre et leurs paroles jusqu'aux extrémités du
monde. Dans toutes les villes et les villages, comme sur le sol d'une
grange remplie, des églises apparaissaient et se multipliaient rapidement
et se remplissaient de membres de toutes les nations. Ceux qui, à la
suite des erreurs dont ils avaient hérité de leurs ancêtres, avaient été
enchaînés par l'antique maladie de la superstition idolâtre, étaient
maintenant libérés par la puissance du Christ, par les enseignements et
les miracles de ses messagers» (Eusèbe, Hist. Ecclés., Livre 1, ch. 3). 6. Patmos : Petite île de la région
icarienne de la mer Egée. Le Dr John Sterret écrit
à son sujet dans le Standard Bible
Dictionary: «Ile volcanique des Sporades, maintenant presque dépourvue
d'arbres. Elle se
caractérise par une côte déchiquetée et est dotée d'un bon port. Les Romains en
firent un lieu d'exil pour les criminels de classe inférieure. Jean,
auteur de «l'Apocalypse», y fut banni par Domitien en 94 ap. J.-C.
Selon la tradition, il y fut condamné aux travaux forcés pendant
dix-huit mois. 7. Le Saint‑Esprit donné : En réponse à une
question sur le point de savoir si les apôtres reçurent le
Saint-Esprit à la Pentecôte ou avant, la Première Présidence de
l'Eglise publia une déclaration, le 5 février 1916 (voir le Deseret News de cette date), déclaration
dont nous tirons les extraits suivants: «La réponse à cette question dépend
de ce que l'on veut dire par «recevoir» le Saint-Esprit. Si l'on
pense à la promesse faite par Jésus à ses apôtres au sujet de
l'investiture ou du don du Saint-Esprit par la présence et le
ministère du «personnage d'Esprit» que la révélation appelle le
Saint-Esprit (D&A 130:22), alors la réponse est que ce n'est
que le jour de la Pentecôte que la promesse s'accomplit. Mais l'essence
divine appelée Esprit de Dieu, ou Esprit Saint, ou Saint-Esprit,
par laquelle Dieu créa ou organisa toutes choses, et par laquelle les
prophètes écrivaient et parlaient, fut conférée dans les temps anciens
et inspira les apôtres dans leur ministère longtemps avant le jour de la
Pentecôte... Nous lisons que Jésus, après sa résurrection, souffla sur
ses disciples et dit: «Recevez l'Esprit Saint.» Nous lisons aussi qu'il
dit: «Et [voici]: j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis, mais
vous, restez dans la ville (Jérusalem), jusqu'à ce que vous soyez revêtus
de la puissance d'en haut» (Jn 20:22; Lc 24:49). Nous lisons encore: «Car
le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était
pas encore glorifié» (Jn 7:39 selon la version du roi Jacques - N.d.T.). Ainsi la promesse fut donnée, mais l'accomplissement vint plus
tard, de sorte que le Saint-Esprit que Jésus envoya du Père ne
vint en personne que le jour de la Pentecôte, et les langues de feu étaient
le signe de sa venue.»
[1] Ac
1:15-26. [2] Lc 24:52,
53, Ac 1:12-14. [3] 1 Co
15:20; Ap 1:5; Co 1:18. [4] Mt 27:52, 53. [5] Ac 1:16; cf.
Ps 41:9; voir aussi Jn 13:18. [6] Ac 1:20; cf. Ps 109:8. [7] Ac
6:1-6. Note 1, fin du chapitre. [8] Ac 2:1-41. Note 7, fin
du chapitre. [9] Note 2, fin
du chapitre. [10] Lc 24:49, Ac 1:4, 5, 8. [11] JI 2:28,
29; cf. Za 12:10. [12] Note 3, fin
du chapitre. [13] Ac 2:44-46,
4:32-37, 6:1-4. [14] Ac 3:6; lire tout le chapitre. [15] Ac 4:1-22. [16] Ac
4:8-12; cf. Ps 118:22, Es 28:16, Mt 21:42. [17] Actes 5:12-17. [18] Mt 27:25; cf. 23:35; voir pages
686 et 697 supra. [19] Ac 22:3. [20] Ac 5:33-40. [21] Ac 6:7. [22] Ac 6:8-15 et 7. [23] Ac 7:1-53. [24] Es 66:1,2;
voir aussi Mt 5:34, 35, 23:32. [25] Ac 7:56. Notez cette application
exceptionnelle du titre, Fils de l'homme, au Christ par quelqu'un
d'autre que lui‑même. Voir page 155 supra. [26] Ac 8:4,
11:19. [27] Ac 6:9. [28] Ac 22:3; cf. 5:34; page 762 supra. [29] A cause de la situation sociale de
Saul et de ses capacités reconnues, beaucoup croient qu'il était
membre du sanhédrin; cependant les Ecritures ne justifient pas
formellement cette supposition. [30] Ac 7:58, 8:1-3. [31] Ac 8:1. [32] Ac 9:1, 2. [33] Trois versions de cette
manifestation et de ses résultats immédiats apparaissent dans les
Actes (9:3-29, 22:6-16 et 26:12-18): la première
est le récit de l'historien, tandis que les autres sont données
comme rapport des propres paroles de Saul. [34] Note 4, fin du chapitre. [35] Note 4, fin du chapitre. [36] Ac
9:26-28, 13:2, 3. [37] Ac 13:9. [38] Ac 16:37-40, 22:25-28,
23:27, 25:11, 26:32, 28:19. [39] Ac 22:17-21. [40] Ac 23:11. [41] 1 Co
15:3-9. [42] Note 5, fin
du chapitre. [43] Ac 9:36-43. [44] Ap 1:9; voir note 6, fin du
chapitre. [45] Ap 1:1; lire
tout le chapitre. [46] Ap 1:10-20. [47] Page 746 supra. [48] Es 24:1-6, Am 8:11,12. [49] Mt 24:4, 5,10-13, 23-26. [50] Ac 20:17-31, en particulier 29,
30, 1 Tm 4:1-3, 2 Tm 4:1-4, 2 Th 2:3, 4, 7, 8, 2 P
2:1-3, lire tout le chapitre et observer qu'il s'applique à l'état
du monde actuel; Jude 3, 4, 17-19, Ap 13:4, 6-9, 14:6, 7. Voir
La Grande apostasie, chapitre 2.
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