CHAPITRE
37 : RÉSURRECTION ET ASCENSION LE
CHRIST RESSUSCITÉ Samedi, le sabbat juif, était passé, et la nuit précédant
l'aube du dimanche le plus mémorable de l'histoire était presque terminée,
tandis que les soldats romains montaient la garde devant le sépulcre sacré
où gisait le corps du Seigneur Jésus. Tandis qu'il faisait encore noir,
la terre commença à trembler; un ange du Seigneur descendit en gloire,
roula la pierre massive de devant l'entrée du tombeau et s'assit dessus.
Son aspect était aussi brillant que l'éclair et son vêtement était
blanc comme la neige fraîche. Les soldats, paralysés de peur, tombèrent
comme morts sur le sol. Lorsqu'ils se furent partiellement ressaisis de
leur effroi, ils s'enfuirent terrorisés. Même la rigueur de la
discipline romaine, qui décrétait l'exécution sommaire de tout soldat désertant
son poste, ne put les arrêter. En outre, il ne leur restait plus rien à
garder; le sceau de l'autorité avait été brisé, le sépulcre était
ouvert et vide[1]. Dès
les premières lueurs de l'aube, la dévouée Marie‑Madeleine et
d'autres femmes fidèles se mirent en route pour la tombe, apportant des
épices et des onguents qu'elles avaient préparés pour achever d'oindre
le corps de Jésus. Certaines d'entre elles avaient assisté à
l'ensevelissement et se rendaient compte de la nécessité dans laquelle
Joseph et Nicodème s'étaient trouvés d'envelopper hâtivement le corps
d'épices et de le mettre au tombeau, juste avant le commencement du
sabbat; et maintenant ces adoratrices venaient au petit matin servir leur
Seigneur avec amour en oignant et en embaumant d'une manière plus
approfondie l'extérieur du corps. C'est en cours de route et tandis qu'elles
conversaient tristement qu'elles pensèrent, apparemment pour la première
fois, à la difficulté d'entrer au tombeau. «Qui nous roulera la pierre
de l'entrée du tombeau?» se demandèrent-elles les unes aux
autres. De toute évidence, elles ne savaient rien du sceau ni de la
garde. Au tombeau, elles virent l'ange et eurent peur; mais il leur dit:
«Pour vous, n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le
crucifié. Il n'est pas ici; en effet il est ressuscité, comme il l'avait
dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché, et allez promptement
dire à ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Il vous précède
en Galilée; c'est là que vous le verrez. Voici: je vous l'ai dit.» Les femmes, quoique ayant reçu la faveur d'une
visitation et d'une assurance angéliques, quittèrent le lieu étonnées
et effrayées. Il semble que Marie-Madeleine ait été la première
à apporter aux disciples la nouvelle que le tombeau était vide. Elle
avait été incapable de comprendre le sens joyeux de la proclamation de
l'ange: «Il est ressuscité, comme il l'avait dit»; dans son amour et sa
douleur, elle ne se souvenait que des mots: «Il n'est pas ici», dont la
vérité lui avait été si formellement confirmée par le regard qu'elle
avait hâtivement jeté à la tombe ouverte et sans occupant. «Elle
courut trouver Simon Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait, et leur
dit: On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a
mis.» Pierre,
et «l'autre disciple» qui était certainement Jean, se mirent hâtivement
en route, courant ensemble vers le sépulcre. Jean dépassa son compagnon
et, en arrivant au tombeau, se pencha pour regarder à l'intérieur et
entrevit ainsi le linceul posé sur le sol; mais Pierre, hardi et impétueux,
se précipita dans le sépulcre, et le jeune apôtre le suivit. Ils virent
tous deux le vêtement funéraire et, gisant à part, la serviette qui
avait été placée autour de la tête du cadavre. Jean affirme franchement
qu'ayant vu cela il crut, et explique en son nom et en celui des autres apôtres:
«Car ils n'avaient pas encore compris l'Ecriture, selon laquelle Jésus
devait ressusciter d'entre les morts[2].» Madeleine, frappée par le chagrin, était retournée
à la suite des apôtres au jardin où le Seigneur avait été enseveli.
Il semble que dans son cœur accablé de douleur la pensée que le
Seigneur avait pu reprendre vie n'ait pas trouvé place; elle savait
seulement que le corps de son Maître bien-aimé avait disparu.
Tandis que Pierre et Jean se trouvaient à l'intérieur du sépulcre, elle
s'était tenue au-dehors, en pleurs. Lorsque les hommes furent
partis, elle se pencha et regarda dans la caverne creusée dans le roc.
Elle y vit deux personnages, des anges en blanc, «assis à la place où
avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux
pieds». Ils lui demandèrent avec tendresse: «Femme, pourquoi
pleures-tu?» Pour toute réponse elle ne put qu'exprimer de nouveau
le chagrin qui l'accablait: «Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne
sais où on l'a mis.» L'absence du corps, qu'elle pensait être tout ce
qui restait sur terre de celui qu'elle aimait si profondément,
constituait un deuil personnel. Il y a énormément de pathétique et
d'affection dans ces mots: «On a enlevé mon Seigneur.» Se détournant du tombeau qui, quoiqu'à ce
moment-là illuminé par la présence des anges, était pour elle
vide et désolé, elle s'avisa de la présence toute proche d'un autre
personnage. Elle entendit sa question sympathisante: «Femme, pourquoi
pleures-tu? Qui cherches-tu?» Levant à peine son visage
baigné de larmes pour regarder celui qui la questionnait, et pensant
vaguement qu'il était le jardinier et qu'il savait peut-être ce
qu'on avait fait du corps de son Seigneur, elle s'exclama: «Seigneur, si
c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le
prendrai.» Elle savait que Jésus avait été enterré dans une tombe
empruntée; et si le corps avait été dépossédé de ce lieu de repos,
elle était prête à lui en donner un autre. «Dis-moi où tu l'as
mis», supplia-t-elle. C'était
à Jésus, son Seigneur bien-aimé, qu'elle parlait, bien qu'elle ne
le sût pas. Un mot des lèvres vivantes
du Seigneur transforma sa douleur profonde en une joie pleine d'extase. «Jésus
lui dit: Marie!» La voix, le ton, l'accent plein de tendresse qu'elle
avait entendus et aimés dans le passé la firent sortir des profondeurs
du désespoir dans lesquelles elle était plongée. Elle se retourna et vit le Seigneur. Dans un transport de joie,
elle tendit les bras pour l'étreindre, ne prononçant que le mot plein
d'affection et d'adoration: «Rabbouni», signifiant mon Maître
bien-aimé. Jésus arrêta cette manifestation impulsive d'amour
respectueux, en disant: «Ne me touche pas[3];
car je ne suis pas encore monté vers mon Père», et ajoutant: «Mais va
vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père,
vers mon Dieu, et votre Dieu[4].» C'est à une femme, à Marie-Madeleine, qu'était
fait l'honneur d'être le premier mortel à voir une âme ressuscitée, et
cette âme était le Seigneur Jésus[5].
Ensuite le Seigneur ressuscité se manifesta à d'autres femmes favorisées,
entre autres Marie, mère de Jude, à Jeanne, et à Salomé, mère des apôtres
Jacques et Jean. Celles-ci et les autres femmes qui les
accompagnaient étaient effrayées de la présence de l'ange au tombeau et
s'étaient éloignées avec une crainte mêlée de joie. Elles n'étaient
pas là lorsque Pierre et Jean entrèrent dans le caveau, ni plus tard
lorsque le Seigneur se fit connaître à Marie-Madeleine. Il se peut
qu'elles y soient retournées plus tard, car certaines d'entre elles
semblent être entrées dans le sépulcre et avoir vu que le corps du
Seigneur n'y était pas. Tandis qu'elles étaient là, pleines de
perplexité et d'étonnement, elles s'aperçurent soudain de la présence
de deux hommes en habits resplendissants; elles «baissèrent le visage
vers la terre», mais les anges leur dirent: «Pourquoi
cherchez-vous le vivant parmi les morts? Il n'est pas ici, mais il
est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé,
lorsqu'il était encore en Galilée et qu'il disait: «Il faut que le Fils
de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié
et qu'il ressuscite le troisième jour. Et elles se souvinrent des paroles
de Jésus[6].» Tandis qu'elles
retournaient à la ville pour remettre le message aux disciples, «Jésus
vint à leur rencontre et dit: je vous salue. Elles s'approchèrent pour
saisir ses pieds et elles l'adorèrent. Alors Jésus leur dit: Soyez sans
crainte; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée: C'est là
qu'ils me verront[7].» On peut se demander pourquoi Jésus avait
interdit à Marie-Madeleine de le toucher pour permettre ensuite si
rapidement à d'autres femmes de lui tenir les pieds tandis qu'elles se
prosternaient devant lui pour l'adorer. Nous pouvons supposer que
l'attitude émotionnelle de Marie avait été provoquée plus par un
sentiment d'affection personnelle quoique sacrée que par l'impulsion
d'une adoration pieuse comme celle dont faisaient preuve les autres
femmes. Bien que le Christ ressuscité manifestât la même considération
amicale et intime qu'il avait montrée dans son état mortel envers ceux
dont il avait partagé étroitement la compagnie, il ne faisait plus
partie d'eux dans le sens littéral du terme. Il y avait chez lui une
dignité divine qui interdisait toute familiarité intime de la part de
qui que ce fût. Le Christ avait dit à Marie-Madeleine: «Ne me
touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père.» Si la deuxième
proposition fut ajoutée pour expliquer la première, nous devons en déduire
qu'il ne devait être permis à aucune main humaine de toucher le corps
ressuscité et immortalisé du Seigneur tant qu'il ne s'était pas présenté
au Père. Il semble raisonnable et probable qu'entre la tentative
impulsive de Marie de toucher le Seigneur et l'action des autres femmes
qui le tinrent par les pieds tout en se prosternant devant lui avec un
respect adorateur, le Christ monta vers le Père, et revint plus tard sur
terre poursuivre son ministère dans son état ressuscité. Marie-Madeleine et les autres femmes racontèrent
aux disciples l'histoire merveilleuse de leurs expériences respectives,
mais les frères ne purent ajouter foi à leurs paroles; «ces paroles
leur apparurent comme une niaiserie et ils ne crurent pas ces femmes»[8].
Après tout ce que le Christ avait enseigné concernant sa résurrection
des morts le troisième jour[9], les apôtres étaient
incapables d'accepter la réalité de l'événement; dans leur esprit, la
résurrection était un événement mystérieux et lointain et non une
possibilité actuelle. Il n'y avait ni précédent ni analogie pour
appuyer les histoires que ces femmes racontaient - d'un mort qui
serait revenu à la vie, ayant un corps de chair et d'os que l'on pouvait
voir et toucher - à part les cas du jeune homme de Naïn, de la
fille de Jaïrus et du bien-aimé Lazare de Béthanie; mais ils
voyaient les différences essentielles qui existaient entre ces cas de
restitution à un renouveau de vie mortelle et la nouvelle de la résurrection
de Jésus. La douleur et le sentiment de perte irréparable qui avaient
caractérisé le sabbat de la veille étaient remplacés, en ce premier
jour de la semaine, par une perplexité profonde et des doutes en conflit.
Mais alors que les apôtres hésitaient à croire que le Christ fût réellement
ressuscité, les femmes moins sceptiques, plus confiantes, savaient, car
elles l'avaient vu et avaient entendu sa voix, et certaines d'entre elles
lui avaient touché les pieds. UNE CONSPIRATION DU MENSONGE DE LA PART DES
CHEFS RELIGIEUX[10] Lorsque les gardes romains se furent
suffisamment remis de leur effroi pour quitter précipitamment le tombeau,
ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs sous les ordres
desquels Pilate les avaient placés[11] et racontèrent les événements surnaturels
dont ils avaient été témoins. Les principaux sacrificateurs étaient des Sadducéens,
secte ou parti dont un trait caractéristique était qu'ils niaient qu'il
pût y avoir une résurrection. On convoqua une session du sanhédrin et on
examina le rapport troublant des gardes. Conservant le même esprit dans
lequel ils avaient essayé de tuer Lazare dans le dessein d'étouffer
l'intérêt populaire pour le miracle de sa résurrection, ces chefs
trompeurs conspirèrent maintenant pour discréditer la vérité de la résurrection
du Christ en corrompant les soldats pour qu'ils mentissent. Ils leur
ordonnèrent de dire: «Ses disciples sont venus de nuit le dérober,
pendant que nous dormions»; et pour ce mensonge, ils leur offrirent de
grosses sommes d'argent. Les soldats acceptèrent le
pot-de-vin tentant et firent ce qui leur était commandé;
cette attitude leur semblait, en effet, être le meilleur moyen de sortir
d'une situation critique. Si on prouvait qu'ils étaient
coupables d'avoir dormi à leur poste, ils seraient condamnés à une mort
immédiate[12]; mais les Juifs les
encouragèrent par la promesse: «Si le gouverneur l'apprend, nous userons
de persuasion et nous vous tirerons d'ennui.» Il faut se souvenir que les
soldats avaient été mis à la disposition des principaux sacrificateurs,
et il est par conséquent probable qu'ils n'étaient pas obligés de
rapporter les détails de leurs faits et gestes aux autorités romaines. L'historien
ajoute qu'à la date où il écrivait, l'histoire fausse que le corps du
Christ avait été volé de la tombe par les disciples était courante
parmi les Juifs. Il est clair que cette histoire mensongère est
absolument intenable. Si tous les soldats avaient été endormis -
événement extrêmement improbable, étant donné que pareille négligence
était un crime capital - comment leur aurait-il été
possible de savoir que quelqu'un s'était approché du tombeau? Et plus
particulièrement, comment pouvaient-ils prouver leur déclaration,
même si elle était vraie, que le corps avait été volé et que c'était
les disciples qui étaient les pilleurs de tombes[13]? Ce récit mensonger
avait été inventé par les principaux sacrificateurs et les anciens du
peuple. Cependant le cercle ecclésiastique tout entier n'était pas
impliqué. Certains d'entre eux, qui avaient peut-être compté
parmi les disciples secrets de Jésus avant sa mort, ne craignirent pas de
s'allier ouvertement à l'Eglise lorsque, grâce aux preuves de la résurrection
du Seigneur, ils furent complètement convertis. Nous lisons que peu de
mois après seulement, «une grande foule de sacrificateurs obéissait à
la foi»[14]. LE CHRIST MARCHE ET PARLE
AVEC DEUX DES DISCIPLES[15] Au cours de l'après-midi de ce même
dimanche, deux disciples, qui ne faisaient pas partie des apôtres, quittèrent
le petit groupe de croyants de Jérusalem et se mirent en route pour Emmaüs,
village situé à douze ou treize kilomètres de la ville. Il ne pouvait y
avoir qu'un seul sujet de conversation entre eux, et en ce jour-là,
ils conversaient tout en marchant, citant des incidents de la vie du
Seigneur, s'étendant tout particulièrement sur sa mort qui avait si
tristement détruit leur espoir d'un règne messianique et s'étonnant
profondément du témoignage incompréhensible des femmes concernant sa réapparition
sous la forme d'une âme vivante. Tandis qu'ils marchaient, absorbés dans
une conversation triste et profonde, un autre voyageur se joignit à eux;
c'était le Seigneur Jésus, «mais leurs yeux étaient empêchés de le
reconnaître». Avec un intérêt courtois, il demanda: «Quels sont ces
propos que vous échangez en marchant? Et ils s'arrêtèrent, l'air
attristé.» L’un des disciples, nommé Cléopas, répondit avec une
surprise teintée de commisération pour l'ignorance apparente de l'étranger:
«Es-tu le seul qui séjourne à Jérusalem et ne sache pas ce qui
s'y est produit ces jours-ci?» Voulant obtenir des hommes un énoncé
complet de l'affaire qui les agitait si évidemment, le Christ, qui
n'avait pas été reconnu, demanda: «Quoi?» Ils ne pouvaient que répondre.
«Ce qui s'est produit au sujet de Jésus de Nazareth», expliquèrent-ils,
«qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et
devant tout le peuple, et comment nos principaux sacrificateurs et nos
chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié.» Avec
tristesse ils continuèrent à lui raconter comment ils avaient espéré
que Jésus maintenant crucifié se serait révélé être le Messie envoyé
pour racheter Israël; mais hélas! Il y avait trois jours qu'il avait été
mis à mort. Puis,
malgré leur perplexité, leur visage s'éclaira et ils parlèrent de
certaines femmes de leur groupe qui les avaient étonnés ce matin-là
en disant qu'elles s'étaient rendues au sépulcre au petit matin et
avaient découvert que le corps du Seigneur n'y était pas; des anges leur
étaient apparus et leur avaient annoncés qu'il était vivant». En
outre, d'autres que les femmes étaient allés au tombeau et avaient
constaté que le corps était absent mais n'avaient pas vu le Seigneur. Alors Jésus, réprimandant doucement ses
compagnons de voyage, les traitant d'hommes sans intelligence et lents de
cœur, parce qu'ils hésitaient à accepter ce que les prophètes avaient
dit, demanda d'une manière impressionnante: «Le Christ ne devait-il pas
souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire?» Commençant par les prédictions
inspirées de Moïse, il leur expliqua les Ecritures, s'attachant à
toutes les paroles prophétiques relatives à la mission du Sauveur. Ayant
continué la route avec les deux hommes jusqu'à leur destination, Jésus
«parut vouloir aller plus loin», mais ils l'exhortèrent à demeurer
avec eux, car le jour était déjà avancé. Il accepta leur invitation
hospitalière; il entra même dans la maison et s'assit avec eux à table,
dès que leur simple repas fut préparé. Etant l'invité d'honneur, il «prit
le pain, dit la bénédiction; puis il le rompit et le leur donna».
Peut-être y eut-il quelque chose dans la ferveur de la bénédiction
ou dans la manière de rompre et de distribuer le pain qui raviva le
souvenir des jours passés, ou peut-être aperçurent-ils les
mains percées; mais quelle qu'ait pu en être la cause immédiate, ils
regardèrent intensément leur invité, «leurs yeux s'ouvrirent et ils le
reconnurent; mais il disparut de devant eux». Pleins d'un étonnement
joyeux, ils se levèrent de table, surpris de ne pas l'avoir reconnu plus
tôt. L'un dit à l'autre: «Notre cœur ne brûlait-il pas
au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les
Ecritures?» Sur-le-champ ils revinrent sur leurs pas et se hâtèrent
de rentrer à Jérusalem pour confirmer par leur témoignage ce que les frères
avaient été auparavant lents à croire. LE SEIGNEUR RESSUSCITÉ
APPARAÎT AUX DISCIPLES À JÉRUSALEM ET MANGE EN LEUR PRÉSENCE[16] Lorsque Cléopas et son compagnon parvinrent à Jérusalem
cette nuit-là, ils trouvèrent les apôtres et les autres croyants
dévots assemblés en conversation solennelle et pieuse derrière des
portes fermées. On avait pris la précaution de faire tout en secret à
cause de la «crainte qu'ils avaient des Juifs». Même les apôtres
avaient été dispersés par l'arrestation, le procès et le meurtre
judiciaire de leur Maître; cependant les disciples et eux s'étaient de
nouveau réunis à la nouvelle de sa résurrection, noyau d'une armée qui
allait bientôt balayer le monde. A leur retour, les deux disciples furent
reçus par la joyeuse nouvelle: «Le Seigneur est réellement ressuscité,
et il est apparu à Simon.» C'est la seule allusion des évangélistes à
l'apparition personnelle que le Christ accorda ce jour-là à Simon
Pierre. L'entrevue entre le Seigneur et son apôtre jadis renégat mais
maintenant repentant dut être pénible. La pénitence pleine de remords
que Pierre avait manifestée pour son reniement du Christ dans le palais
du souverain sacrificateur était profonde et pitoyable; peut-être
doutait-il que le Maître pût jamais l'appeler encore son
serviteur; mais le message du tombeau que les femmes apportèrent dans
lequel le Seigneur envoyait ses salutations aux apôtres qu'il désignait
pour la première fois comme ses frères[17],
titre honorable et affectueux dont Pierre n'avait pas été exclu, avait dû
faire naître de l'espoir en lui; en outre, dans la mission dont ils
avaient chargé les femmes, les anges avaient mis Pierre en avant en le
citant tout particulièrement[18].
Le Seigneur alla trouver Pierre repentant pour lui apporter, nous n'en
doutons pas, le pardon et le rassurer avec amour. L'apôtre lui-même
conserve un silence respectueux au sujet de cette visite. Toutefois Paul
en parle lorsqu'il cite les preuves incontestables de la résurrection du
Seigneur[19]. Après le témoignage réjoui des croyants
assemblés, Cléopas et son compagnon de voyage racontèrent qu'ils
avaient voyagé en compagnie du Seigneur sur la route d'Emmaüs et parlèrent
de ce qu'il leur avait enseigné et de la manière dont il s'était révélé
à eux lorsqu'il rompit le pain. Tandis que le petit groupe conversait, «lui-même
se présenta au milieu d'eux et leur dit: Que la paix soit avec vous!»
Ils furent terrifiés, pensant avec une crainte superstitieuse qu'un
esprit s'était introduit parmi eux. Mais le Seigneur les rassura, disant:
«Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi ces raisonnements s'élèvent-ils
dans vos cœurs? Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi; touchez-moi
et voyez; un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai.»
Puis il leur montra les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté.
«Dans leur joie, ils ne croyaient pas encore», ce qui veut dire qu'ils
pensaient que la réalité, dont ils étaient tous témoins, était trop
belle, trop merveilleuse pour être vraie. Pour leur assurer encore
davantage qu'il n'était pas une ombre ni un être immatériel d'une
substance intangible, mais une personne vivante avec des organes corporels
internes aussi bien qu'externes, il demanda: «Avez-vous ici quelque
chose à manger?» Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et
d'autres aliments[20], qu'il prit et mangea devant
eux. Ces preuves indubitables de la matérialité de leur
visiteur calma et ramena à la raison les disciples; maintenant qu'ils s'étaient
repris et étaient réceptifs, le Seigneur leur rappela que tout ce qui
lui était arrivé était conforme à ce qu'il leur avait dit tandis qu'il
vivait parmi eux. En sa présence divine, leur compréhension fut vivifiée
et augmentée, et ils comprirent les Ecritures comme jamais auparavant - la loi de Moïse, les livres des prophètes et les psaumes
-
en ce qui le concernait. Il attesta aussi pleinement qu'il l'avait prédit
et affirmé précédemment, que sa mort maintenant accomplie, était nécessaire.
Puis il leur dit: «Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il
ressusciterait d'entre les morts le troisième jour et que la repentance
en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les
nations à commencer par Jérusalem. Vous en êtes témoins.» Alors les disciples se réjouirent. Comme il était
sur le point de s'en aller, le Seigneur leur donna sa bénédiction,
disant: «Que la paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi
aussi, je vous envoie.» Ce détail montre directement que les apôtres étaient
envoyés par l'autorité. «Après ces paroles, il souffla sur eux et leur
dit: Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés,
ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur
seront retenus.[21]» THOMAS
L'INCRÉDULE[22] Lorsque le Seigneur Jésus apparut au milieu des
disciples le soir du dimanche de la résurrection, l'un des apôtres,
Thomas, était absent. Il fut informé de ce dont les autres avaient été
témoins mais ne fut pas convaincu; même leur témoignage solennel: «Nous
avons vu le Seigneur», ne put éveiller le moindre écho de foi en son cœur.
Dans son scepticisme il s'exclama: «Si je ne vois dans ses mains la
marque des clous, si je ne mets mon doigt à la place des clous, et si je
ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.» Notre
jugement doit être tempéré de prudence et de charité dans toute
conclusion que nous pourrions tirer quant à l'attitude incrédule de cet
homme. Il ne pouvait guère douter du fait bien prouvé que le sépulcre
était vide, ni de la sincérité de Marie-Madeleine et des autres femmes
à propos de la présence d'anges et de l'apparition du Seigneur, ni du témoignage
de Pierre, ni de celui du groupe assemblé; mais il se peut qu'il ait
considéré les manifestations qui lui étaient rapportées comme une série
de visions subjectives; peut-être a-t-il considéré
l'absence du corps du Seigneur comme un résultat de la résurrection
surnaturelle du Christ suivie d'un départ corporel et final de la terre.
C'était en ce qui concernait la manifestation corporelle du Seigneur
ressuscité, l'exhibition des blessures provoquées par la crucifixion,
l'invitation à toucher et à sentir le corps ressuscité de chair et d'os
que Thomas soulevait des objections. Sa conception de la résurrection n'était
pas définie au point de lui permettre d'accepter littéralement le témoignage
de ses frères et sœurs qui avaient vu, entendu et touché. Une semaine plus tard, car c'est ainsi qu'il
faut comprendre le terme juif «huit jours après», par conséquent le
dimanche suivant, jour de la semaine que l'on appela plus tard dans
l'Eglise le «jour du Seigneur» et qu'elle observa comme jour du sabbat
au lieu du samedi, sabbat mosaïque[23]
les disciples étaient de nouveau assemblés et Thomas se trouvait avec
eux. La réunion se tenait derrière des portes fermées et probablement
gardées, car il y avait risque d'immixtion des policiers juifs. «Jésus
vint, les portes étant fermées, et debout au milieu d'eux, il leur dit:
Que la paix soit avec vous! Puis il dit à Thomas: Avance ici ton doigt,
regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté;
et ne sois pas incrédule, mais crois!» L'esprit sceptique de Thomas fut instantanément libéré,
son cœur rempli de doute fut purifié, et la conviction de la vérité
glorieuse envahit son âme. Avec un respect empreint de contrition, il se
prosterna devant son Sauveur en s'exclamant en des termes qui
reconnaissaient avec adoration la Divinité du Christ: «Mon Seigneur et
mon Dieu!» Son adoration fut acceptée, et le Sauveur dit: «Parce que tu
m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et ont cru!» PRÈS DE LA MER DE TIBÉRIADE[24] L’ange
du tombeau et le Christ ressuscité lui‑même avaient chacun fait
savoir aux apôtres qu'ils devaient aller en Galilée, où le Seigneur les
rencontrerait comme il l'avait dit avant sa mort[25].
Ils retardèrent leur départ jusqu'après la semaine qui suivit la résurrection,
et une fois de retour dans leur province natale, ils attendirent la suite
des événements. L’après-midi d'une de ces journées d'attente,
Pierre dit à six des apôtres: «Je vais pêcher»; et les autres répondirent:
«Nous allons, nous aussi, avec toi.» Ils embarquèrent sans retard dans
un bateau de pêche. Ils travaillèrent toute la nuit, mais, après chaque
lancer, ils remontèrent le filet vide à bord. Comme le matin approchait,
ils se dirigèrent vers la rive, déçus et découragés. Dans
les premières lueurs de l'aube, ils furent interpellés du rivage par
quelqu'un qui demandait: «Enfants, n'avez-vous rien à manger[26]?»
Ils répondirent: «Non.» C'était Jésus qui posait la question, mais
aucun de ceux qui étaient dans le bateau ne le reconnut. Il s'adressa de
nouveau à eux, disant: «Jetez le filet du côté droit de la barque, et
vous trouverez. Ils le jetèrent donc; et ils n'étaient plus capables de
le retirer, à cause de la grande quantité de poissons.» Ils firent
comme il leur était demandé et le résultat, surprenant, leur parut
miraculeux; cela dut éveiller en eux le souvenir de cette autre pêche
remarquable où leur adresse de pêcheurs avait été dépassée; et au
minimum trois témoins de l'autre miracle se trouvaient maintenant dans le
bateau[27]. Jean, dont le discernement était rapide, dit à
Pierre: «C'est le Seigneur!» et Pierre, impulsif comme toujours, noua hâtivement
son vêtement de pêcheur autour de lui et se jeta dans la mer, pour
parvenir plus rapidement à terre et se prosterner aux pieds de son Maître.
Les autres quittèrent le bateau et entrèrent dans une petite barque
qu'ils ramenèrent jusqu'au rivage, traînant le filet lourdement chargé.
A terre, ils virent un feu sur lequel cuisaient des poissons et, à côté,
des pains. Jésus leur dit d'amener quelques-uns des poissons qu'ils
venaient de prendre. Le fidèle Pierre obéit en se précipitant dans
l'eau peu profonde et en tirant le filet sur la terre ferme. Après avoir
compté, on s'aperçut que la prise se composait de cent
cinquante-trois grands poissons, et le narrateur prend soin de noter
que «quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas». Alors Jésus dit: «Venez mangez»; étant l'hôte
du repas, il rompit et distribua le pain et les poissons. On ne nous dit
pas qu'il mangea avec ses invités. Chacun savait que c'était le Seigneur
qui servait avec tant d'hospitalité; cependant, en cette occasion, comme
en toutes les autres occasions où il apparut dans son état ressuscité,
il y avait chez lui quelque chose d'impressionnant et d'intimidant. Ils
auraient aimé le questionner mais ne l'osaient point. Jean nous dit que
c'était «Ia troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples,
depuis qu'il était ressuscité d'entre les morts»; nous devons
comprendre par là que c'était la troisième fois que le Christ se
manifestait aux apôtres assemblés au complet ou en partie; en effet, si
l'on compte également l'apparition à Marie-Madeleine, aux autres
femmes, à Pierre et aux disciples sur le chemin de campagne, c'était la
septième apparition du Seigneur ressuscité qui nous soit rapportée. Lorsque le repas fut terminé, «Jésus dit à Simon
Pierre: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que (ne le font)
ceux-ci?» Cette question, si tendrement qu'elle ait été posée,
dut percer le cœur de Pierre, puisqu'elle suscitait le souvenir de sa
protestation hardie mais indigne de confiance: «Quand tu serais pour tous
une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi»[28],
après laquelleil avait nié avoir jamais connu cet homme[29].
A la question du Seigneur, Pierre répondit humblement: «Oui, Seigneur,
tu sais que je t'aime.» Jésus lui dit: «Prends soin de mes agneaux!»
La question fut répétée, et Pierre répliqua en employant des termes
identiques, à quoi le Seigneur répondit: «Sois le berger de mes brebis.»
Une troisième fois Jésus demanda: «Simon, fils de Jonas,
m'aimes-tu?» Pierre fut peiné et attristé de cette répétition,
pensant peut-être que le Seigneur n'avait pas confiance en lui;
mais de même qu'il avait renié trois fois, de même il avait maintenant
l'occasion de faire une triple confession. A la question répétée trois
fois, Pierre répondit: «Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je
t'aime. Jésus lui dit: Prends soin de mes brebis.» Le commandement «Prends soin de mes brebis»
l'assurait que le Seigneur avait confiance en lui et qu'il était réellement
le président des apôtres. Il s'était formellement déclaré prêt à
suivre son Maître jusqu'en prison et dans la mort. Maintenant, le
Seigneur qui était mort, lui dit: «En vérité, en vérité, je te le
dis, quand tu étais plus jeune, tu attachais toi-même ton vêtement
et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes
mains, et un autre te l'attachera et te mènera où tu ne voudras pas.»
Jean nous informe que le Seigneur parlait ainsi de la mort par laquelle
Pierre prendrait sa place parmi les martyrs; l'analogie indique la
crucifixion, et l'histoire traditionnelle affirme sans aucune
contradiction que ce fut la mort par laquelle Pierre scella son témoignage
du Christ. Le
Seigneur dit alors à Pierre: «Suis‑moi.» Ce commandement avait un
sens à la fois immédiat et futur. L'homme suivit Jésus sur la rive
tandis qu'il s'éloignait des autres; dans quelques années, Pierre
suivrait son Seigneur sur la croix. Il ne fait aucun doute que
Pierre comprit l'allusion à son martyre, comme le montrent ses écrits,
des années plus tard[30]. Tandis que le Christ et
Pierre marchaient ensemble, ce dernier, regardant derrière lui, vit que
Jean suivait, et demanda: «Et celui-ci, Seigneur, que lui
arrivera-t-il? «Pierre voulait avoir un aperçu du sort de
son compagnon: Jean allait-il mourir, lui aussi, pour la foi? Le Seigneur répliqua: «Si je veux
qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi,
suis-moi.» C'était un avertissement à Pierre qu'il devait
s'occuper de son propre devoir et suivre le maître où que la route le
conduisît. Pour ce qui le concernait personnellement, Jean
ajoute: «Là-dessus le bruit se répandit parmi les frères que ce
disciple ne mourrait pas. Pourtant, Jésus ne lui avait pas dit qu'il ne
mourrait pas, mais: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne,
que t'importe?» Les révélations ultérieures attestent que Jean
continue à vivre dans son corps et demeurera dans la chair jusqu'à l'avènement
encore futur du Seigneur[31]. De concert avec Pierre et
Jacques, ses compagnons martyrisés et ressuscités, le «disciple que Jésus
aimait» a rétabli le Saint Apostolat en cette dispensation, qui est la
dispensation de la plénitude des temps. AUTRES
MANIFESTATIONS DU SEIGNEUR RESSUSCITÉ EN GALILÉE[32] Jésus
avait désigné une montagne de Galilée sur laquelle il rencontrerait les
apôtres; c'est là que les Onze se rendirent. Lorsqu'ils le virent à
l'endroit fixé, ils l'adorèrent. Le document ajoute «mais
quelques-uns eurent des doutes», ce qui peut sous-entendre qu'il y
avait là d'autres personnes que les apôtres, parmi lesquelles s'en
trouvaient quelques-unes qui n'étaient pas convaincues que le
Christ ressuscité avait vraiment un corps. Il se peut que ce soit de cette occasion que Paul a parlé un quart de siècle
plus tard, au sujet de laquelle il affirme que le Christ «a été vu par
plus de cinq cents frères à la fois», dont certains étaient morts,
mais dont la majorité étaient encore en vie à l'époque où Paul écrivait,
témoins vivants de son témoignage[33]. Aux personnes qui étaient assemblées sur la
montagne, Jésus déclara: «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et
sur la terre.» C'était rien moins que l'affirmation de sa Divinité
absolue. Son autorité était suprême, et ceux qui étaient chargés de
mission par lui devaient agir en son nom et en vertu d'un pouvoir que nul
ne pouvait donner ou enlever. LA
COMMISSION FINALE ET L'ASCENSION Pendant les quarante jours qui suivirent sa résurrection,
le Seigneur se manifesta aux apôtres à intervalles, dans certains cas à
des personnes isolées, dans d'autres à tous à la fois[34],
et les instruisit «de ce qui concerne le royaume de Dieu»[35].
Le récit ne précise pas toujours le moment et le lieu des événements;
mais il n'y a aucune possibilité de douter de l'importance des
enseignements que le Seigneur donna pendant cette période. Une grande
partie des choses qu'il dit et fit n'est pas écrite[36],
mais celles qui sont écrites, assure Jean à ses lecteurs «l’ont été
afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en
croyant, vous ayez la vie en son nom»[37]. Comme le moment de son ascension approchait, le
Seigneur dit aux apôtres: «Allez dans le monde entier et prêchez la
bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé
sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les signes
qui accompagneront ceux qui auront cru: En mon nom, ils chasseront les démons;
ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s'ils
boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils
imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris[38].»
En contraste avec leur mission précédente, dans laquelle ils étaient
envoyés uniquement «vers les brebis perdues de la maison d'Israël[39]»,
ils devaient maintenant aller vers le Juif et le Gentil, l'esclave et
l'homme libre, l'humanité en général, quels que fussent la nation, le
pays ou la langue. Le salut par la foi au Seigneur Jésus-Christ
suivie du repentir et du baptême devait être offert librement à tous;
dorénavant quiconque rejetterait l'offre tomberait sous la condamnation.
Il promit que des signes et des miracles «accompagneront ceux qui auront
cru», confirmant ainsi leur foi en la puissance divine, mais rien ne leur
permit de croire que ces manifestations devaient précéder la foi pour
appâter le chercheur de miracles crédule. Assurant de nouveau aux apôtres que la promesse
du Père se réaliserait par la venue du Saint-Esprit, le Seigneur
leur ordonna de rester à Jérusalem, où ils étaient maintenant retournés
de Galilée, jusqu'à ce qu'ils fussent «revêtus de la puissance d'en
haut»[40]; et il ajouta: «Car Jean a
baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés
d'Esprit-Saint[41].» Dans
cette entrevue solennelle, probablement alors que le Sauveur ressuscité
conduisait les Onze mortels de la ville vers leur vieil endroit favori sur
le mont des Oliviers, les frères, encore imbus de leur conception que le
royaume de Dieu devait être l'établissement d'un pouvoir et d'une
domination terrestres, lui demandèrent: «Seigneur, est-ce en ce
temps que tu rétabliras le royaume pour IsraëI?» Jésus répondit: «Ce
n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a
fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, celle du
Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités de la
terre[42].»
Leur devoir fut défini et souligné de la manière suivante: «Allez,
faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout
ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours,
jusqu'à la fin du monde[43].» Lorsque le Christ et les disciples furent allés
«jusque vers Béthanie», le Seigneur leva les mains et les bénit; et
tandis qu'il parlait encore, il s'éleva du milieu d'eux, et ils le regardèrent
tandis qu'il montait jusqu'à ce qu'une nuée le dérobât à leur vue.
Tandis que les apôtres avaient les regards fixés vers le ciel, deux
personnages vêtus de blanc apparurent à leur côté; ils s'adressèrent
aux Onze, disant: «Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à
regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de
vous, reviendra de la même manière dont vous l'avez vu aller au ciel[44].» Pleins d'adoration et animés d'une grande joie,
les apôtres retournèrent à Jérusalem pour y attendre la venue du
Consolateur. L'ascension du Seigneur était chose accomplie; son départ
avait été aussi réellement le départ littéral d'un être matériel
que sa résurrection avait été le retour véritable de son esprit dans
son corps de chair, jusqu'alors mort. Le monde avait reçu et a encore la
promesse merveilleuse que Jésus le Christ, l'être qui s'éleva du mont
des Oliviers dans son corps immortalisé de chair et d'os reviendra,
descendant des cieux dans une forme et une substance matérielles
semblables. NOTES
DU CHAPITRE 37 1. Le moment précis et la
manière exacte dont le Christ sortit du tombeau sont inconnus: Notre Seigneur
prédit nettement sa résurrection d'entre les morts le troisième jour
(Mt 16:21, 17:23, 20:19, Mc 9:31, 10:34, Le 9:22, 13:32, 18:33), et les
anges au tombeau (Lc 24:7) et le Seigneur ressuscité en personne (Lc
24:46) confirmèrent l'accomplissement des prophéties; en outre, des apôtres
témoignèrent dans ce sens au cours d'années ultérieures (Ac 10:40, 1
Co 15:4). Il ne faut
pas déduire que le troisième jour spécifié veut dire la fin de trois
jours complets. Les Juifs commençaient à
calculer les heures quotidiennes au coucher du soleil; par conséquent
l'heure précédant le coucher du soleil et l'heure suivante appartenaient
à des jours différents. Le Christ mourut et fut enterré le vendredi après-midi.
Son corps demeura au tombeau, mort, pendant une partie du vendredi
(premier jour), tout le samedi, ou selon notre manière de diviser les
jours, du vendredi au coucher du soleil au samedi au coucher du soleil
(deuxième jour), et une partie du dimanche (troisième jour). Nous ne
savons pas à quelle heure entre le samedi au coucher du soleil et
dimanche à l'aube il ressuscita. Le fait qu'un tremblement de terre se produisit
et que l'ange du Seigneur descendit et roula la pierre de devant l'entrée
du tombeau à l'aube du dimanche - c'est en effet ce que nous
pouvons déduire de Matthieu 28:1, 2 - ne prouve pas que le Christ n'était
pas déjà ressuscité. La grande pierre fut déplacée et l'intérieur du
sépulcre exposé au regard, de sorte que ceux qui viendraient pourraient
voir par eux-mêmes que le corps du Seigneur n'était plus là; il
n'était pas nécessaire d'ouvrir l'entrée pour permettre au Christ
ressuscité de sortir. Dans son état immortalisé, il apparaissait et
disparaissait de pièces fermées. Un corps ressuscité, bien que d'une
substance tangible et possédant tous les organes du tabernacle mortel,
n'est pas lié à la terre par la gravitation ni ne peut être freiné
dans ses mouvements par des barrières matérielles. Pour nous qui ne
pouvons concevoir le mouvement que dans les sens imposés par les trois
dimensions de l'espace, le fait qu'un solide, tel qu'un corps vivant de
chair et d'os, puisse traverser les murs de pierre est nécessairement
incompréhensible. Cependant, il est prouvé, non seulement par l'exemple
du Christ ressuscité mais par les mouvements d'autres personnages
ressuscités, que les êtres ressuscités se déplacent en vertu de lois
qui permettent pareil passage et qui sont naturelles pour eux. C'est ainsi
qu'en septembre 1823, Moroni, le prophète néphite qui était mort vers
400 après J.-C., apparut à trois reprises en une seule nuit, à
Joseph Smith dans sa chambre, allant et venant sans être gêné par les
murs ni le toit (voir PGP, Joseph Smith 2:43 ainsi que Les Articles de foi, pp. 13, 14).
Moroni était un homme ressuscité comme en témoigne son état corporel,
lequel se manifesta lorsqu'il manipula les plaques métalliques sur
lesquelles était inscrit le document que nous appelons le Livre de
Mormon. De même les êtres ressuscités peuvent se rendre visibles et
invisibles aux yeux des mortels. 2. Tentatives de discréditer la résurrection par le
mensonge: Nous avons suffisamment traité dans le texte l'affirmation absurde que le
Christ n'était pas ressuscité mais que son corps avait été volé du
tombeau par les disciples. Le mensonge constitue sa propre réfutation. Les
incrédules d'une époque ultérieure, reconnaissant l'absurdité évidente
de cette tentative grossière de déformer les faits, n'ont pas hésité
à proposer d'autres hypothèses, dont chacune est intenable, cela a été
prouvé d'une manière concluante. Ainsi la théorie basée
sur la supposition invraisemblable que le Christ n'était pas mort
lorsqu'on le descendit de la croix mais se trouvait dans un état de coma
ou de syncope et qu'on le ranima plus tard, se réfute d'elle-même
lorsqu'on l'examine à la lumière des faits dont nous disposons. Le coup de lance du soldat romain
aurait été fatal, même si la mort ne s'était pas déjà produite. Le corps fut descendu, manipulé, enveloppé d'un linceul et enseveli par
des membres du sanhédrin juif, dont on ne peut concevoir qu'ils aient pu
participer à l'ensevelissement d'un homme vivant; et pour ce qui est de
la possibilité que Jésus ait pu être ranimé plus tard, Edersheim (vol.
2, p. 626) tranche la question comme suit: «Pour ne pas parler des
nombreuses absurdités que cette théorie entraîne, en réalité elle
transfère - si nous acquittons les disciples de toute complicité - l'imposture sur le Christ lui-même.» Une personne crucifiée,
descendue de croix avant sa mort et ranimée ultérieurement, aurait été
incapable de marcher les pieds percés et mutilés le jour de son retour
à la vie, comme Jésus le fit sur la route d'Emmaüs. Une autre théorie qui a eu son
temps est que ceux qui affirmèrent avoir vu le Christ ressuscité furent
trompés sans le savoir, ayant été victimes de visions subjectives mais
irréelles provoquées par leur état d'excitation et d'imagination. L’indépendance et l'individualité marquées des
diverses apparitions du Seigneur qui sont parvenues jusqu'à nous réfutent
la théorie de la vision. Les illusions visuelles subjectives du genre de
celles que propose cette hypothèse présupposent un état d'attente de la
part de ceux qui pensent qu'ils voient; mais tous les incidents relatifs
aux manifestations de Jésus après sa résurrection étaient directement
opposés à l'attente de ceux qui furent les témoins de son état
ressuscité. Nous
citons ces théories fausses et intenables concernant la résurrection de
notre Seigneur comme exemples des nombreuses tentatives manquées pour
nier par le raisonnement le plus grand miracle et le fait le plus
merveilleux de l'histoire. Nous avons des preuves plus concluantes pour
attester la résurrection de Jésus-Christ que nous n'en avons pour
les événements historiques en général que nous acceptons. Et cependant, le
témoignage de la résurrection de notre Seigneur n'est pas basé sur des
pages écrites. Celui qui cherche avec sincérité et foi recevra une
conviction personnelle qui lui permettra de confesser pieusement comme
l'apôtre éclairé d'autrefois: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant.» Jésus, qui est dieu le Fils, n'est pas mort. «Je sais que mon
Rédempteur est vivant» (Job 19:25). 3. Apparitions du Christ signalées entre sa résurrection
et son ascension: 1.
A Marie-Madeleine, près du sépulcre (Mc 16:9, 10; Jn 20:14). 2. A d'autres femmes, quelque part entre le sépulcre
et Jérusalem (Mt 28:9). 3.
A deux disciples sur la route d'Emmaüs (Mc 16:12, Lc 24:13). 4.
A Pierre, à ou près de Jérusalem (Lc 24:34, 1 Co 15:5). 5.
A dix des apôtres et à d'autres à Jérusalem (Lc 24:36, Jn 20:19). 6.
Aux onze apôtres à Jérusalem (Mc 16:14, Jn 20:26). 7.
Aux apôtres à la mer de Tibériade, en Galilée (Jn 21). 8.
Aux onze apôtres sur une montagne de Galilée (Mt 28:16). 9. A cinq cents frères à la fois (1 Co 15:6);
endroit non précisé mais probablement en Galilée. 10. A Jacques (1 Co 15:7). Notez que les évangélistes
ne parlent pas de cette manifestation. 11. Aux onze apôtres au moment de l'ascension, au
mont des Oliviers, près de Béthanie (Mc 16:19, Lc 24:50, 51). Nous
examinerons plus tard les occasions où le Seigneur se manifesta aux
hommes après l'ascension.
[1] Mt 28:1-4; voir aussi verset
11. [2] Jn 20:1-10. [3] Version révisée: «Ne te saisis
pas de moi» (marge). [4] Jn
20:11-17. [5] Mc 16:9. [6] Lc 24:3-8. [7] Mt 28:9-10. [8] Lc
24:9-11; cf. Mc 16:9-13. [9] Note 1, fin du chapitre. [10] Mt 28:11-15. [11] Mt 27:65, 66, page 716 supra. [12] Cf. Ac 12:19. [13] Note 2, fin du chapitre. [14] Ac 6:7;
cf. Mc 16:12. [15] Lc
24:13-32; cf. Mc 16:12. [16] Lc 24:33-48, Jn
20:19-23. [17] Mt 28: 10, Jn 20:17. [18] Mc 16:7. [19] 1 Co 15:5. [20] Les mots «et un rayon de miel»
(Lc 24:42) sont omis dans la version révisée anglaise; beaucoup
d'autorités les déclarent être une interpolation dans l'original. [21] Jn 20:21-23. [22] Jn
20:24-29; cf. Mc 16:14. [23] Ap 1: 10;
cf. Ac 20:7, 1 Co 16:2. [24] Jn
21:1-23. [25] Mt 28:10,
Mc 16:7; cf. Mt 26:32, Mc 14:28. [26] Le terme «enfants» dans une
interpellation équivaut à nos formules modernes «messieurs», ou «mes
amis». C'était un terme tout à fait courant. [27] Lc 5:4-10 et page 217 supra. [28] Mt 26:33, Mc 14:29; cf. Lc 22:33,
Jn 13:37; p. 646 supra. [29] Mt 26:70,
72, 74 et page 677 supra. [30] 2 P 1:14 [31] D&A 7; cf. LM, 3 Né
28:1-12. [32] Mt 28:16-18. [33] 1 Co 15:6. [34] Note 3, fin du chapitre. [35] Ac 1:3. [36] Jn 20:30; cf. 21:25 en se
souvenant que le dernier passage peut avoir trait à des événements
tant antérieurs que postérieurs à la mort du Seigneur. [37] Jn 20:31. [38] Mc 16:15-18. [39] Mt 10:5, 6. [40] Lc 24:49. [41] Ac 1:5; voir aussi Lc 24:49 et cf.
Jn 14:16, 17, 26, 15:26, 16:7, 13. [42] Ac 1:7, 8;
cf. Mt 24:36, Mc 13:32. [43] Mt 28:19, 20. [44] Ac 1:19-11; voir aussi Lc
24:50, 51.
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