CHAPITRE 18 : COMME AYANT AUTORITÉ Le récit que Matthieu fait du merveilleux
discours que nous appelons le sermon sur la montagne prend fin par une
phrase puissante dans laquelle il décrit l'effet des paroles du Maître
sur le peuple: «Car il les enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité
et non pas comme leurs scribes[1].»
Une caractéristique frappante du ministère du Christ était l'absence
totale de toute tentative de fonder ses paroles ou ses actes sur une
autorisation humaine quelconque; l'autorité qu'il professait avoir était
celle du Père qui l'avait envoyé. Ses discours, qu'ils fussent donnés
à des multitudes ou prononcés d'une manière relativement intime pour
quelques-uns, étaient dépourvus des citations travaillées dans
lesquelles les docteurs de l'époque se complaisaient. Son «je vous le
dis» péremptoire prenait la place de l'appel à l'autorité et
surpassait tout déploiement possible de précédents sous forme de
commandements ou de déductions. En cela ses paroles différaient
essentiellement des formules érudites des scribes, des Pharisiens et des
rabbis. Pendant tout son ministère, il manifesta une puissance et une
autorité inhérentes sur la matière et les forces de la nature, sur les
hommes et les démons, sur la vie et la mort. Il est maintenant de notre
intention d'examiner un certain nombre de cas dans lesquels la puissance
du Seigneur se manifesta en diverses œuvres puissantes. GUÉRISON DU SERVITEUR DU
CENTURION[2] Du mont des béatitudes, Jésus retourna à
Capernaüm. Il importe peu de savoir si ce fut directement ou par un
chemin plus long marqué par d'autres oeuvres puissantes et miséricordieuses.
Il y avait à l'époque une garnison romaine dans la ville. Un officier,
centurion [centenier dans la version Segond N.d.T.] ou capitaine de cent
hommes, y était stationné. A la maison de cet officier était attaché
un serviteur pour lequel il avait beaucoup d'estime et qui était malade,
«sur le point de mourir». Le centurion avait la foi que le Christ
pouvait guérir son serviteur et invoqua l'intercession des anciens Juifs
pour demander au Maître la bénédiction désirée. Ces anciens implorèrent
Jésus avec la plus grande ferveur et firent valoir la valeur de l'homme
qui, bien que Gentil, aimait le peuple d'Israël et, de ses richesses,
avait construit une synagogue pour eux dans la ville. Jésus alla avec les
anciens, mais le centurion, ayant probablement appris l'approche de la
petite compagnie, envoya en hâte d'autres envoyés dire qu'il ne se
considérait pas digne de faire entrer Jésus chez lui, sentiment
d'indignité qui lui avait interdit d'oser faire sa requête en personne[3].
«Mais», disait la supplique, «dis un mot, et mon serviteur sera guéri.»
Nous pouvons comparer la conception que cet homme avait de la puissance du
Christ à celle du noble de la même ville, qui avait demandé à Jésus
de se hâter en personne aux côtés de son fils mourant[4]. Le centurion semble avoir raisonné de la manière
suivante: il était lui-même un homme d'autorité, bien que sous la
direction d'officiers supérieurs. A ses subordonnés il donnait des
ordres auxquels ceux-ci obéissaient. Il n'estimait pas nécessaire
d'assister personnellement à l'exécution de ses ordres. Il était
certain que quelqu'un qui avait un pouvoir tel que celui que Jésus possédait
pouvait commander et être obéi. En outre, il se peut que l'homme ait
entendu parler de la guérison merveilleuse du fils mourant du noble, que
le Seigneur accomplit en prononçant la parole guérisseuse alors qu'il se
trouvait à des kilomètres du lit du patient. Nous ne pouvons douter que
la confiance et la foi du centurion aient été sincères puisque Jésus
les loua expressément. L’homme affligé fut guéri. On nous dit que Jésus
admira[5]
la manifestation de foi du centurion et dit, se tournant vers les gens qui
le suivaient: «Je vous le dis, même en Israël je n'ai pas trouvé une
aussi grande foi.» Cette réflexion peut avoir provoqué l'étonnement de
certains auditeurs; les Juifs n'avaient pas l'habitude d'entendre exalter
ainsi la foi d'un Gentil car, selon le traditionalisme du temps, un
Gentil, même converti ardent au judaïsme, était considéré comme
essentiellement inférieur, même au plus indigne du peuple choisi. Le
commentaire de notre Seigneur montrait clairement que les Gentils seraient
préférés dans le royaume de Dieu, s'ils excellaient en dignité. En
prenant le récit de Matthieu, nous trouvons cet enseignement supplémentaire
introduit comme d'habitude par «Je vous le dis» - Que «plusieurs
viendront de l'Orient et de l'Occident, et se mettront à table avec
Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du
royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des
pleurs et des grincements de dents[6].» Cette leçon, qu'Israël ne peut parvenir à la
suprématie qu'en excellant en justice est, comme nous le verrons, répétée
et soulignée dans les enseignements du Seigneur. RÉSURRECTION D'UN JEUNE HOMME
DE NAÏN[7] Le lendemain du miracle que nous venons
d'examiner, Jésus se rendit dans la petite ville de Naïn et, comme
d'habitude, beaucoup de personnes l'accompagnèrent. Ce jour-là se
produisit ce qui, dans l'estimation des hommes, fut un miracle plus grand
que tous ceux qu'il avait accomplis auparavant. Il en avait déjà guéri
beaucoup, parfois d'un mot prononcé en présence des affligés, et aussi
alors qu'il était loin du bénéficiaire de sa puissance bienfaitrice;
des maladies corporelles avaient été vaincues et des démons avaient été
réprimandés sur son ordre; mais, bien que des malades qui étaient près
de mourir eussent été sauvés de la tombe, nous n'avons pas de récit
plus ancien où notre Seigneur ait commandé à la mort terrible, elle-même,
de rendre quelqu'un qu'elle avait emporté[8].
Comme Jésus et ses disciples approchaient de la ville, un cortège funèbre
d'un grand nombre de personnes vint à sa rencontre; on transportait au
tombeau le fils unique d'une veuve; le corps était porté, selon la
coutume du temps, sur une bière ouverte. Notre Seigneur contempla avec
compassion la mère endeuillée, maintenant privée d'époux et de fils;
et ressentant en lui-même[9] la douleur de sa souffrance,
il dit d'un ton doux: «Ne pleure pas!» Il toucha le brancard sur lequel
le mort était étendu, et les porteurs s'arrêtèrent. Puis parlant au
cadavre, il dit: «Jeune homme, je te le dis, lève-toi!» Et le mort
entendit la voix de celui qui est le Seigneur de tous[10],
et se leva immédiatement et parla. Gracieusement Jésus remit le jeune
homme à sa mère. Nous lisons sans étonnement que la crainte envahit
tous ceux qui étaient là et qu'ils glorifièrent Dieu, attestant qu'un
grand prophète se trouvait parmi eux et que Dieu avait visité son
peuple. La nouvelle de ce miracle parcourut tout le pays et parvint même
aux oreilles de Jean-Baptiste, qui se trouvait dans la prison d'Hérode.
L’effet que fit sur Jean la nouvelle de ce miracle et d'autres miracles
puissants du Christ réclame maintenant notre attention. LE MESSAGE DE JEAN-BAPTISTE A JESUS Avant même le retour de Jésus en Galilée après
son baptême, et les quarante jours de solitude dans le désert,
Jean-Baptiste avait été emprisonné sur ordre d'Hérode Antipas, tétrarque
de Galilée et de Pérée[11].
Au cours des mois suivants, pendant lesquels notre Seigneur prêcha
activement l'Evangile, enseignant le sens véritable du Royaume, réprouvant
le péché, guérissant les affligés, réprimandant les esprits mauvais
et ressuscitant même les morts, son précurseur, le pieux et courageux
Jean, était prisonnier dans les cachots de Machaerus, l'une des plus
puissantes citadelles d'Hérode[12]. Le tétrarque avait un certain respect pour
Jean, ayant constaté que c'était un saint homme; et Hérode avait fait
beaucoup de choses sur le conseil direct du Baptiste ou à cause de
l'influence de l'enseignement général de ce dernier. En fait, Hérode
avait écouté Jean avec plaisir et ne l'avait emprisonné qu'en cédant
à contre-cœur aux importunités d'Hérodiade, qu'Hérode avait déclarée
être sa femme sous couvert d'un mariage illégal. Hérodiade avait été
et était encore légalement la femme de Philippe, frère d'Hérode, dont
elle n'avait jamais été légalement divorcée; son prétendu mariage
avec Hérode Antipas était à la fois adultère et incestueux en vertu de
la loi juive. Le Baptiste avait dénoncé hardiment cette union pécheresse;
il avait dit à Hérode: «Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton
frère.» Bien qu'Hérode ait pu ignorer cette sévère réprimande, ou
ait pu du moins permettre de la laisser passer sans châtiment, Hérodiade
ne voulut pas être indulgente. C'est elle, et non le tétrarque, qui haïssait
Jean le plus; elle «avait du ressentiment contre» Jean et réussit à
amener Hérode à faire saisir et incarcérer le Baptiste, ce qui était
une étape dans la consommation de son plan vengeur de le faire mettre à
mort[13].
En outre, Hérode craignait que le peuple ne se révoltât au cas où Jean
serait tué sur son ordre[14]. Au cours de son long
emprisonnement, Jean avait beaucoup entendu parler de la prédication et
de l’œuvre merveilleuse du Christ; ces choses avaient dû lui être
rapportées par certains de ses disciples et de ses amis qui avaient la
permission de lui rendre visite[15].
Il fut, en particulier, informé de la résurrection miraculeuse du jeune
homme à Naïn[16]; et il chargea sur le champ
deux de ses disciples de porter un message dans lequel il demandait à
interroger Jésus[17]. Ceux-ci allèrent trouver le
Christ et lui expliquèrent le but de leur visite comme suit: «Es-tu
celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?» Les messagers
trouvèrent Jésus occupé à des oeuvres bienveillantes; et au lieu de répondre
immédiatement en paroles, il continua sa tâche, soulageant à cette même
heure un plus grand nombre de personnes qui étaient affligées de cécité
ou d'infirmités, ou qui étaient troublées par des esprits mauvais.
Puis, se tournant vers les deux personnes qui avaient communiqué la
question du Baptiste, Jésus dit: «Allez rapporter à Jean ce que vous
avez vu et entendu: les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent,
la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne
serai pas une occasion de chute!» La question des disciples de Jean reçut la réponse
d'actes merveilleux de bienveillance et de miséricorde. Lorsque la réponse
fut rapportée à Jean, le prophète emprisonné ne pouvait guère manquer
de se rappeler les prédictions d'Esaïe, qui disaient que c'était par
ces signes de miracles et de bénédictions mêmes que le Messie serait
connu[18]; et le reproche dut être
convaincant et accusateur lorsqu'il se rappela les citations qu'il avait
faites lui-même des prophéties d'Esaïe, lorsqu'il avait proclamé avec
une éloquence ardente et flétrissante l'accomplissement de cette prédiction
ancienne dans sa propre mission et dans celle du personnage tout-puissant
dont il avait rendu personnellement témoignage[19]. La dernière phrase de la réponse de notre
Seigneur à Jean était l'apogée de ce qui avait précédé, et une réprimande
supplémentaire quoique douce du manque de compréhension que le Baptiste
montrait pour la mission du Messie. «Heureux celui pour qui je ne serai
pas une occasion de chute», dit le Seigneur. Le manque de compréhension
est le prélude de la chute. Mesurée selon le critère de la conception
alors courante de ce que le Messie serait, l’œuvre du Christ dut apparaître
à beaucoup comme un échec; et ceux qui cherchaient quelque manifestation
soudaine de sa puissance dans la conquête des oppresseurs d'Israël et le
rétablissement de la maison de David en splendeur profane,
s'impatientaient, puis devinrent sceptiques; ensuite ils y trouvèrent une
occasion de chute et menacèrent de se rebeller ouvertement contre leur
Seigneur. Le Christ a été une occasion de chute pour un grand nombre de
personnes qui, n'étant pas en harmonie avec ses paroles et ses oeuvres, y
ont trouvé une occasion de chute[20]. La situation de Jean doit être considérée
avec justice par tous ceux qui prennent sur eux de juger le but qu'il
poursuivait en faisant demander au Christ: «Es-tu celui qui doit venir?»
Jean comprenait parfaitement que son oeuvre était un travail de préparation;
il en avait témoigné et avait ouvertement rendu témoignage que Jésus
était celui pour lequel il avait été envoyé préparer la voie. Avec le
commencement du ministère du Christ, l'influence de Jean avait diminué,
et pendant de nombreux mois il avait été enfermé dans une cellule, s'énervant
dans son inactivité, aspirant sans aucun doute à la liberté, et aux
sauterelles et au miel sauvage du désert. Jésus croissait tandis qu'il
diminuait en popularité, en influence et en possibilités; et il avait
affirmé que cette situation était inévitable[21]. Mais, laissé en prison, peut-être souffrant de
dépression, s'est-il laissé à se demander si ce personnage
tout-puissant l'avait oublié. Il savait que si Jésus en donnait le
commandement, la prison de Machaerus ne pourrait plus le retenir; néanmoins
Jésus semblait l'avoir abandonné à son sort, qui n'impliquait pas
seulement l'emprisonnement mais d'autres indignités, et la torture
physique[22]. Peut-être a-t-il été
dans les intentions de Jean d'attirer l'attention du Christ sur sa
situation pitoyable; et à cet égard son message était plutôt un rappel
qu'une simple question basée sur un doute réel. En effet, nous avons de
bonnes raisons de conclure que le but de Jean en envoyant des disciples
interroger le Christ était en partie, et peut-être en grande partie, de
confirmer chez ces disciples une foi durable au Christ. La commission dont
ils étaient chargés les mit en contact direct avec le Seigneur, dont ils
ne pouvaient manquer de comprendre la suprématie. Ils furent témoins
personnels de sa puissance et de son autorité. Le commentaire de notre Seigneur sur le message
de Jean indiquait que le Baptiste n'avait pas pleinement compris ce que le
royaume spirituel de Dieu contenait. Lorsque les envoyés furent partis, Jésus
s'adressa au peuple qui avait été témoin de l'entretien. Il ne voulait
pas qu'il sous-estimât l'importance du service du Baptiste[23].
Il lui rappela le temps de la popularité de Jean, où certaines des
personnes alors présentes et des multitudes d'autres étaient allées
dans le désert écouter les exhortations sévères du prophète, et où
elles avaient vu qu'il n'était pas un roseau agité par le vent mais un
chêne ferme et inflexible. Elles n'étaient pas allées voir un homme
habillé à la mode; ceux qui portaient des vêtements doux devaient être
recherchés à la cour du roi, et non dans le désert, ni dans le cachot où
Jean se trouvait maintenant. Elles avaient trouvé en Jean un prophète,
oui, plus qu'un prophète: «Je vous le dis, affirma le Seigneur, parmi
ceux qui sont nés de femmes, il n'y en a pas de plus grand que Jean.
Cependant, le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui[24].»
Quel témoignage plus fort de l'intégrité du Baptiste nous faut-il?
D'autres prophètes avaient parlé de la venue du Messie, mais Jean
l'avait vu, l'avait baptisé et avait été pour Jésus ce qu'un page est
pour son maître. Néanmoins depuis le jour où Jean prêcha jusqu'à l'époque
à laquelle le Christ parlait alors, le royaume des cieux avait été
rejeté avec violence, et ce alors que tous les prophètes et même la loi
fondamentale avaient parlé de sa venue, et bien que Jean et le Christ
eussent été abondamment prédits. A propos de Jean, le Seigneur continua: «Et, si
vous voulez l'admettre, c'est lui qui est l'Elie qui devait venir. Que
celui qui a des oreilles, entende[25].»
Il est important de savoir que le terme Elie, appliqué ici par Jésus au
Baptiste, est un titre plutôt qu'un nom personnel, et qu'il n'a rien à
voir avec Elie, l'ancien prophète que l'on appelait le Tichbite[26].
Beaucoup de ceux qui entendirent l'éloge du Baptiste par le Seigneur se réjouirent,
car ils avaient accepté Jean et s'étaient détournés de lui pour aller
à Jésus, passant du plus petit au plus grand, du prêtre au grand prêtre,
du héros au roi. Mais des Pharisiens et des docteurs étaient présents,
ceux de la classe que Jean avait dénoncée avec tant de véhémence comme
une génération de vipères, et ceux qui avaient rejeté l'avis de Dieu
en refusant d'écouter l'appel du Baptiste au repentir[27]. A ce moment-là, le Maître eut recours à une
analogie pour exprimer clairement ce qu'il voulait dire. Il compara la génération
incrédule et insatisfaite à des enfants inconstants qui jouent et se
disputent. Certains voulaient jouer à la cérémonie de mariage, mais
pendant qu'ils jouaient de la flûte, les autres ne voulaient pas danser.
Ensuite, ils jouèrent à la procession funèbre et essayèrent le rôle
des pleureuses, mais les autres ne voulaient pas pleurer comme les règles
du jeu le demandaient. Toujours critiques, toujours sceptiques, médisants
et diffamateurs de nature, durs d'oreille et de cœur, ils grognaient.
Jean-Baptiste était venu parmi eux comme les prophètes ermites
d'autrefois, aussi strict que le plus strict des naziréens, refusant de
manger avec les festoyeurs ou de boire avec les bons convives, et ils
avaient dit: «Il a un démon.» Maintenant venait le Fils de l'homme,
sans austérité, sans manières d'ermite, mangeant et buvant comme le
ferait un homme normal, invité dans les maisons des gens, participant aux
festivités d'un mariage, se mêlant aussi bien aux péagers qu'aux
Pharisiens - et ils se plaignaient de nouveau disant: «C'est un homme qui
fait bonne chère et un buveur de vin, un ami des péagers et des pécheurs!»
Le Maître expliqua que ce manque de logique, ce méchant galvaudage de
choses extrêmement sacrées, cette opposition décidée à la vérité
seraient certainement révélés dans leur vraie lumière, et que
l'inutilité d'une érudition vantarde apparaîtrait. «Mais, dit-il, la
sagesse a été justifiée par tous ses enfants.» Laissant les reproches aux individus incrédules,
il se tourna vers les communautés insensibles et réprimanda les villes
dans lesquelles il avait accompli tant d’œuvres puissantes et où les
gens ne se repentaient pas: «Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi,
Bethsaïda! Car, si les miracles faits au milieu de vous avaient été
faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties
avec le sac et la cendre. C'est pourquoi je vous le dis: au jour du
jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous. Et
toi, Carpernaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel? (Non), tu seras abaissée
jusqu'au séjour des morts, car, si les miracles faits au milieu de toi
avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui.
C'est pourquoi je vous le dis: Au jour du jugement, le pays de Sodome sera
traité moins rigoureusement que toi[28].» Apparemment découragé par l'incrédulité du
peuple, Jésus rechercha de la force en priant[29]. Avec l'éloquence de l'âme
que l'on recherche en vain ailleurs que dans la communion chargée
d'angoisse du Christ avec son Père, il exprima avec respect sa
reconnaissance de ce que Dieu avait donné un témoignage de la vérité
aux humbles et aux simples plutôt qu'aux savants et aux grands; bien que
les hommes ne le comprissent point, le Père le connaissait pour ce qu'il
était réellement. Se tournant de nouveau vers le peuple, il l'exhorta
encore à l'accepter, lui et son Evangile, et son invitation est l'un des
épanchements les plus grandioses d'émotion spirituelle connus de
l'homme: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je
vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes
instructions, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du
repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger[30].»
Il les invitait à passer du travail pénible à un service agréable; des
fardeaux presque insupportables des exactions ecclésiastiques et du
formalisme traditionnel, à la liberté du culte vraiment spirituel, de
l'esclavage à la liberté, mais ils ne le voulaient point. L’évangile
qu'il leur offrait était l'incarnation de la liberté, mais pas de la
licence; il imposait l'obéissance et la soumission; mais même si on
pouvait comparer cela à un joug, qu'était son fardeau en comparaison du
fardeau sous lequel ils gémissaient? MORT DE JEAN-BAPTISTE Revenant à Jean-Baptiste dans la solitude de
son cachot, nous n'avons aucun renseignement quant à la manière dont il
reçut et comprit la réponse à sa question que lui rapportèrent ses
messagers. Sa captivité était destinée à prendre bientôt fin, mais
pas par une mise en liberté terrestre. La haine qu'Hérodiade éprouvait
pour lui augmenta. L’occasion de mettre à exécution les complots démoniaques
qu'elle ourdissait contre sa vie se présenta bientôt[31].
Le roi célébrait son anniversaire par une grande fête, à laquelle ses
seigneurs, ses hauts capitaines et les principaux fonctionnaires de Galilée
étaient invités. Pour honorer l'événement, Salomé, fille d'Hérodiade,
mais non d'Hérode, entra et dansa devant le groupe. Hérode et ses invités
en furent tellement enchantés que le roi invita la jeune fille à
demander ce qu'elle voulait et jura qu'il le lui donnerait, même si c'était
la moitié de son royaume. Elle se retira pour consulter sa mère sur ce
qu'elle devait demander, et, sur les instructions de celle-ci, revint avec
cette terrible demande: «Je veux que tu me donnes tout de suite, sur un
plat, la tête de Jean-Baptiste.» Le roi fut stupéfait; son étonnement
fut suivi de chagrin et de regret; néanmoins, il craignait l'humiliation
qui s'ensuivrait s'il enfreignait le serment qu'il avait fait en présence
de sa cour; et ainsi, appelant un bourreau, il donna immédiatement
l'ordre fatal; et Jean fut décapité sur-le-champ dans le cachot. Le
bourreau revint, portant un plat sur lequel était posé le trophée
atroce de la vengeance de la reine dépravée. Le cadeau sanglant fut donné
à Salomé, qui le porta avec un triomphe inhumain à sa mère. Des
disciples de Jean vinrent, se firent remettre le corps, le déposèrent
dans un tombeau et allèrent porter la nouvelle de sa mort à Jésus. Hérode
fut profondément troublé du meurtre qu'il avait ordonné; et lorsque les
prodiges accomplis par Jésus lui furent rapportés plus tard, il eut peur
et dit: «Jean-Baptiste est ressuscité d'entre les morts et c'est pour
cela qu'il a le pouvoir de faire des miracles.» A ceux qui n'étaient pas
d'accord avec lui, le roi terrifié répliquait: «Ce Jean que j'ai fait décapiter,
c'est lui qui est ressuscité[32].» Ainsi prit fin la vie du prophète-prêtre, précurseur
immédiat du Christ; ainsi fut réduite au silence la voix mortelle de
celui qui avait crié si puissamment dans le désert: «Préparez le
chemin du Seigneur.» Après de nombreux siècles, sa voix s'est de
nouveau fait entendre, voix d'un personnage racheté et ressuscité; et sa
main s'est de nouveau fait sentir en cette dispensation de rétablissement
et de plénitude. En mai 1829, un personnage ressuscité apparut à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery, s'annonçant comme étant Jean, que l'on
appelait autrefois le Baptiste, posa les mains sur les deux jeunes gens,
et leur conféra la Prêtrise d'Aaron, qui comprend l'autorité de prêcher
et d'administrer l'évangile de repentir et le baptême par immersion pour
la rémission des péchés[33]. DANS LA MAISON DE SIMON LE PHARISIEN «Un des Pharisiens pria Jésus de manger avec
lui. Jésus entra dans la maison du Pharisien et se mit à table[34].» D'après la place que prend cet incident dans le
récit des événements fait par Luc, il semble qu'il a pu se produire le
jour où il reçut la visite des messagers de Jean. Jésus accepta
l'invitation du Pharisien, comme il avait accepté les invitations
d'autres personnes, y compris même des péagers, et ceux que les rabbis
appelaient les gens de mauvaise vie. Sa réception chez Simon semble avoir
manqué quelque peu de chaleur, d'hospitalité et de respect. Le récit
fait penser que l'hôte avait une attitude de condescendance. Il était de
coutume à l'époque de traiter un hôte distingué avec une attention
marquée, de le recevoir par un baiser d'accueil, de lui donner de l'eau
pour laver la poussière de ses pieds et de l'huile pour oindre les
cheveux et la barbe. Toutes ces attentions courtoises furent omises par
Simon. Jésus prit sa place, probablement sur l'un des divans ou sofas sur
lesquels il était habituel d'être partiellement assis, partiellement
incliné tandis qu'on mangeait[35].
Cette position plaçait les pieds de la personne à l'extérieur de la
table. Outre ces faits relatifs aux usages de l'époque, il faut se
souvenir que les demeures de ce temps-là n'étaient pas protégées
contre les intrusions par les dispositions que nous avons maintenant. En
Palestine, il n'était pas extraordinaire de voir des visiteurs et même
des étrangers, cependant à l'ordinaire des hommes, entrer dans une
maison au moment du repas, regarder ce qui s'y passait et même parler aux
hôtes, tout cela sans y être invités. Parmi ceux qui entrèrent dans la maison de
Simon, tandis que le repas était en cours, il y avait une femme; et la présence
d'une femme, bien que quelque peu inhabituelle, n'était pas à
strictement parler un manque de convenance sociale et ne pouvait guère être
interdite en pareille occasion. Mais cette femme faisait partie de la
classe déchue, c'était une femme qui n'avait pas été vertueuse et qui
devait supporter, comme châtiment de ses péchés, le mépris extérieur
et la mise en quarantaine virtuelle de la part de ceux qui professaient
lui être moralement supérieurs. Elle s'approcha de Jésus par derrière
et se prosterna pour lui baiser les pieds en signe d'humilité de sa part
et d'hommage respectueux à son égard. Peut-être était-elle l'une des
personnes qui entendirent ses paroles pleines de grâce, peut-être
prononcées ce jour-là: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et
chargés, et je vous donnerai du repos.» Quelle qu'ait été sa raison de
venir, elle était certainement arrivée dans un état d'esprit repentant
et profondément contrit. Tandis qu'elle se penchait sur les pieds de Jésus,
ses larmes tombèrent sur eux. Oubliant apparemment tout ce qui
l'entourait et les yeux désapprobateurs qui observaient ses mouvements,
elle sortit ses tresses et essuya de ses cheveux les pieds du Seigneur.
Et, ouvrant un vase d'albâtre contenant un parfum, elle les oignit, comme
un esclave pourrait le faire pour son maître. Jésus laissa gracieusement
faire la femme sans la réprimander et sans l'interrompre dans son humble
service inspiré par la contrition et l'amour respectueux. Simon avait observé toute la scène; d'une façon
ou d'une autre, il connaissait la classe à laquelle cette femme
appartenait; et bien que ne parlant pas à haute voix, il se dit: «Si cet
homme était prophète, il saurait qui est la femme qui le touche et ce
qu'elle est: une pécheresse.» Jésus lut dans les pensées de l'homme et
dit: «Simon, j'ai quelque chose à te dire», à quoi le Pharisien répondit:
«Maître, parle.» Jésus poursuivit: «Un créancier avait deux débiteurs;
l'un devait cinq cents deniers et l'autre cinquante. Comme ils n'avaient
pas de quoi payer, il leur fit grâce de leur dette à tous les deux.
Lequel l'aimera le plus?» Une seule réponse pouvait être
raisonnablement donnée, et Simon la donna bien que, apparemment avec une
certaine hésitation ou réserve. Il craignait peut-être de se
compromettre. «Celui, je suppose», risqua-t-il, «auquel il a fait grâce
de la plus grosse somme.» Jésus dit: «Tu as bien jugé», et il
poursuivit: «Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne
m'as pas donné d'eau pour mes pieds; mais elle, elle a mouillé mes pieds
de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de
baiser, mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a pas cessé de me
baiser les pieds. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête; mais elle,
elle a répandu du parfum sur mes pieds.» Le Pharisien ne pouvait manquer de noter un
rappel si direct de ce qu'il avait omis les rites ordinaires de respect
envers un invité spécialement convié. La leçon de l'histoire avait
trouvé son application en lui, tout comme la parabole de Nathan avait tiré
du roi David une réponse qui le condamnait lui-même[36]. «C'est pourquoi,
poursuivit Jésus, je te le dis, ses nombreux péchés sont pardonnés,
puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l'on pardonne peu aime
peu.» Puis il dit à la femme les paroles qui lui donnaient le
soulagement auquel elle aspirait: «Tes péchés sont pardonnés.» Simon
et les autres personnes qui étaient à table murmurèrent en eux-mêmes:
«Qui est celui-ci, qui pardonne même les péchés.» Comprenant leur
protestation muette, le Christ s'adressa de nouveau à la femme, disant:
«Ta foi t'a sauvée, va en paix.» La dernière partie du récit rappelle une autre
occasion où le Christ accorda la rémission des péchés, et où, à
cause de l'opposition qui existait dans l'esprit de certains auditeurs,
opposition qui, pour être muette n'en était pas moins réelle, il avait
ajouté à sa parole péremptoire une autre déclaration[37]. Le nom de la femme qui vint ainsi trouver le
Christ et dont le repentir était si sincère qu'il apporta à son âme
reconnaissante et contrite l'assurance de la rémission n'est pas rapporté.
Rien ne prouve qu'elle figure dans un autre incident rapporté par les
Ecritures. Certains écrivains prétendent qu'elle est la Marie de Béthanie
qui, peu avant que le Christ ne fût trahi, oignit la tête de Jésus de
parfums[38]. Mais la supposition qu'il
s'agit là d'une seule et même personne n'est pas du tout fondée[39] et constitue une critique
injustifiable de la vie passée de Marie, sœur dévouée et aimante de
Marthe et de Lazare. La tentative que d'autres font d'identifier cette pécheresse
repentante et pardonnée avec Marie-Madeleine est également fausse,
aucune période de la vie de celle-ci n'ayant été marquée par le péché
d'impureté, du moins s'il faut en croire les Ecritures. Le fait qu'il est
important de se garder de commettre des erreurs dans l'identité de ces
femmes fait estimer sage d'ajouter ce qui suit à l'étude ci-dessus. Dans le chapitre qui suit, celui où sont
rapportés les incidents que nous venons d'étudier, Luc[40]
déclare que Jésus traversa la région, visitant toutes les villes et
tous les villages, prêchant l'Evangile et annonçant la bonne nouvelle.
Les Douze l'accompagnaient ainsi que «quelques femmes qui avaient été
guéries d'esprits mauvais et de maladies: Marie, appelée Madeleine, de
qui étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d'Hérode,
Suzanne, et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs biens.» Les
Ecritures parlent encore de certaines de ces femmes honorables ou d'elles
toutes à propos de la mort, de l'ensevelissement et de la résurrection
de notre Seigneur, et il est particulièrement fait mention de
Marie-Madeleine[41]. Marie-Madeleine dont le
deuxième prénom est probablement dérivé de sa ville natale, Magdala,
avait été guérie, par une administration de Jésus, de maladies
physiques et mentales, ces dernières s'accompagnant de possession par des
esprits mauvais. On nous dit que le Christ avait chassé d'elle
sept démons[42], mais même une affliction
aussi terrible ne permet nullement d'affirmer que cette femme était sans
vertu ou sans chasteté. Marie-Madeleine devint l'une des amies les plus
intimes que le Christ avait parmi les femmes; la dévotion qu'elle avait
pour son guérisseur et celui qu'elle adorait comme le Christ était inébranlable;
elle se tint près de la croix tandis que les autres femmes restaient à
distance au moment de son agonie mortelle. Elle fut parmi les premières
au sépulcre de la résurrection et fut la première mortelle à
contempler et à reconnaître un Etre ressuscité: le Seigneur qu'elle
avait aimé de toute la ferveur d'une adoration spirituelle. Dire que
cette femme, élue d'entre les femmes pour mériter des honneurs aussi éminents,
était autrefois une créature déchue, l'âme flétrie par le feu d'une
volupté impie, c'est contribuer à la perpétuation d'une erreur pour
laquelle il n'y a aucune excuse. Néanmoins la fausse tradition, née
d'une théorie ancienne et injustifiable, selon laquelle cette femme noble
qui était tout particulièrement une amie du Seigneur, est la même qui,
reconnue pécheresse, lava et oignit les pieds du Sauveur dans la maison
de Simon le Pharisien et gagna la récompense du pardon par sa contrition,
a gardé avec tant de ténacité sa place dans l'esprit populaire au cours
des siècles, que le nom Madeleine est devenu le terme générique désignant
les femmes qui perdent leur vertu et se repentent par la suite. Nous
n'examinons pas si la miséricorde du Christ aurait pu être accordée à
la pécheresse que l'on fait à tort de Marie de Magdala; l'on ne peut pas
mesurer les limites ni sonder les profondeurs du pardon divin; mais s'il
était exact que cette Marie et la pécheresse repentante qui servit Jésus
assis à la table du Pharisien fussent une seule et même personne, nous
aurions reconnu que la réponse affirmative à cette question était
correcte, car cette femme qui avait été pécheresse était pardonnée.
Nous traitons ici du document scripturaire comme d'un document historique,
et rien de ce qui s'y trouve ne justifie l'accusation réellement répugnante,
bien que commune, que l'âme dévouée de Marie-Madeleine ne fût pas
chaste. L’AUTORITÉ DU CHRIST
ATTRIBUÉE À BEELZÉBUL[43] A l'époque du ministère terrestre de notre
Seigneur, la guérison des aveugles, des sourds ou des muets était considérée
comme l'une des réalisations les plus grandes qui fussent possibles à la
science médicale ou au traitement spirituel; et assujettir ou chasser les
démons était rangé parmi les prouesses impossibles à l'exorcisme
rabbinique. Lorsque le Seigneur montra son pouvoir de guérir et de rétablir,
même dans des cas considérés universellement comme incurables, cela eut
pour effet d'intensifier l'hostilité des classes sacerdotales; et
celles-ci, représentées par le parti pharisien, formulèrent la théorie
absolument illogique et ridicule que Jésus accomplissait ses miracles par
le pouvoir du prince des démons, avec qui il était ligué[44]. Tandis que le Seigneur faisait sa deuxième
tournée missionnaire de la Galilée, traversant «toutes les villes et
les villages, [enseignant] dans leurs synagogues, [prêchant] l'Evangile
du royaume et [guérissant] toute maladie et toute infirmité[45]», la théorie absurde
que le Christ était lui-même victime de possession démoniaque et qu'il
agissait par le pouvoir du démon fut avancée et amplifiée jusqu'à
devenir l'explication généralement acceptée parmi les Pharisiens et
ceux de leur espèce. Jésus s'était retiré pendant un certain temps des
centres populeux, où il était constamment observé par des émissaires
que les classes dirigeantes avaient envoyés de Jérusalem en Galilée,
car les Pharisiens conspiraient contre lui, cherchant une excuse et une
occasion pour lui ôter la vie; mais même dans les très petites villes
et les régions rurales, il était suivi et assiégé par de grandes
multitudes qu'il guérissait de leurs maux tant physiques que spirituels[46]. Il recommandait au peuple de s'abstenir de répandre
sa célébrité. Peut-être le faisait-il pour la bonne raison qu'à ce
stade de son oeuvre une rupture ouverte avec la hiérarchie juive aurait
été une sérieuse entrave; peut-être encore désirait-il laisser aux
dirigeants qui complotaient contre lui, le temps et l'occasion de laisser
fermenter leur violente inimitié et de remplir à ras bord les vases de
leur iniquité consciente. Dans les injonctions du Seigneur, demandant
qu'aucune publicité ne soit faite, Matthieu voit l'accomplissement de la
prophétie d'Esaïe, disant que le Messie élu ne ferait aucun effort, ni
ne crierait dans les rues pour attirer l'attention, ni n'utiliserait son
pouvoir pour briser le roseau cassé, ni pour éteindre le lumignon qui
fume; il n'échouerait ni ne serait découragé mais établirait
victorieusement la justice sur la terre pour les Gentils aussi bien, par déduction,
que pour Israël[47]. L’image du roseau cassé
et du lumignon qui fume exprime d'une manière frappante la tendresse avec
laquelle le Christ traitait la manifestation même la plus faible de foi
et de désir sincère d'apprendre la vérité, qu'elle fût manifestée
par un Juif ou par un Gentil. Peu après son retour de la tournée
missionnaire dont nous avons parlé, les Pharisiens trouvèrent une excuse
pour l'attaquer, lorsqu'il guérit un homme qui se trouvait sous
l'influence d'un démon, à la fois aveugle et muet. Cette combinaison
d'afflictions cruelles, affectant le corps et l'esprit, fut réprimandée,
et le démoniaque aveugle et muet fut soulagé de son triple fardeau[48].
Devant ce triomphe sur les puissances du mal, le peuple fut d'autant plus
étonné et dit: «N'est-ce pas là le Fils de David?» En d'autres
termes: celui-ci peut-il être quelqu'un d'autre que le Christ que nous
attendons depuis si longtemps? Le jugement populaire ainsi exprimé mit
les Pharisiens en colère, et ils dirent au peuple qui était presque en
adoration: «Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, prince
des démons.» Jésus releva cette accusation maligne et y répondit, non
pas avec colère mais dans les termes d'une raison calme et d'une logique
saine. Il posa les bases de sa défense en formulant la vérité évidente
qu'un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister mais doit subir
la destruction. Si leur théorie était fondée aussi peu que ce fût sur
la vérité, Satan serait occupé à s'opposer à Satan par l'intermédiaire
de Jésus. Puis, faisant allusion aux pratiques superstitieuses et aux
exorcismes de l'époque, par lesquels on obtenait certains des effets que
nous classons aujourd'hui parmi les guérisons mentales, il demanda: «Si
moi, je chasse les démons par Béelzébul, vos fils par qui les
chassent-ils? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.» Et pour
rendre la démonstration plus claire par contraste, il poursuivit: «Mais,
si c'est par l'Esprit de Dieu, que moi, je chasse les démons, le royaume
de Dieu est donc parvenu jusqu'à vous.» Qu'ils acceptassent l'une ou
l'autre de ces deux propositions, et il était certain que l'une des deux
était vraie, car le fait que Jésus chassait bien les démons était
connu dans tout le pays et reconnu par les termes mêmes de l'accusation
qui était maintenant portée contre lui, les Pharisiens accusateurs étaient
battus et condamnés. Mais l'illustration allait plus loin. Jésus
poursuivit: «Ou, comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison d'un
homme fort et piller ses biens sans avoir auparavant lié cet homme fort?
Alors seulement il pillera sa maison.» Le Christ avait attaqué le
bastion de Satan, avait chassé ses esprits mauvais du tabernacle humain
dont ils avaient pris possession sans aucun droit; comment le Christ
aurait-il pu faire cela, s'il n'avait tout d'abord soumis «l'homme fort»,
le maître des démons, Satan lui-même? Et cependant ces savants
ignorants osaient dire, face à une réfutation aussi évidente de leurs
propres théories, que les pouvoirs de Satan étaient soumis par un
pouvoir satanique. Il ne pouvait y avoir ni accord, ni trêve, ni
armistice entre les pouvoirs en conflit du Christ et de Satan. Proposant
à ses accusateurs de juger eux-mêmes, afin de décider chacun pour soi
du côté sur lequel ils s'alignaient, Jésus ajouta: «Celui qui n'est
pas avec moi est contre moi et celui qui n'assemble pas avec moi,
disperse.» Alors, la démonstration étant terminée, et
l'absurdité de la théorie de ses adversaires prouvée, le Christ dirigea
leurs pensées vers le péché horrible qui consiste à condamner le
pouvoir et l'autorité par lesquels Satan avait été vaincu. Il leur
avait prouvé, en se servant de leurs propres propositions, qu'ayant
soumis Satan, il était l'incarnation de l'Esprit de Dieu, et que c'était
par lui que le royaume de Dieu leur était apporté. Ils rejetaient
l'Esprit de Dieu et cherchaient à détruire le Christ par lequel cet
Esprit était manifesté. Quel blasphème pouvait être plus grand?
Parlant avec autorité, avec l'affirmation solennelle «Je vous dis», il
poursuivit: «Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes,
mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. Quiconque
parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné, mais quiconque
parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle,
ni dans le siècle à venir.» Qui d'entre les hommes peut formuler un
avertissement plus solennel et plus terrible contre le danger de commettre
ce terrible péché impardonnable[49]?
Jésus fut miséricordieux en assurant que les paroles prononcées contre
lui, Homme, pouvaient être pardonnées, mais que parler contre l'autorité
qu'il possédait, et en particulier attribuer ce pouvoir et cette autorité
à Satan, c'était pratiquement blasphémer contre le Saint-Esprit, péché
pour lequel il ne pouvait y avoir de pardon. Puis, en des termes plus
forts, qui se transformaient en une invective coupante, il leur dit d'être
logiques - s'ils admettaient que le résultat de ses oeuvres était bon,
comme l'était certainement l'expulsion des démons, et comparable à du
bon fruit - pourquoi ne reconnaissaient-ils pas que le pouvoir par lequel
pareil résultat était obtenu, en d'autres termes que l'arbre lui-même,
était bon? «Dites que l'arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites
que l'arbre est mauvais et que son fruit est mauvais, car on connaît
l'arbre à son fruit.» En des termes enflammés qui condamnaient
ouvertement, il poursuivit: «Races de vipères, comment pourriez-vous
dire de bonnes choses, mauvais comme vous l'êtes? Car c'est de
l'abondance du cœur que la bouche parle.» Les vérités qu'il avait
exprimées si clairement montraient nettement que les paroles accusatrices
sortaient de cœurs remplis de trésors mauvais. En outre, il leur montra
que leurs paroles n'étaient pas seulement méchantes mais également
insensées, creuses et vaines, et par conséquent doublement pécheresses.
Une autre déclaration péremptoire suivit: «Je vous le dis: au jour du
jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine, qu'ils auront
proférée.» LES CHERCHEURS DE MIRACLES[50] La leçon du Maître, bien que renforcée par
des illustrations et des analogies, par une application directe et par un
aveu péremptoire, tomba dans des oreilles qui étaient pratiquement
sourdes à la vérité spirituelle; elle ne trouva aucune place dans des cœurs
déjà remplis de mal. A la profonde sagesse et à l'enseignement sauveur
de la parole de Dieu qu'ils avaient entendues, ils répondirent par une
question désinvolte: «Maître, nous voudrions voir un signe de ta part.»
N'avaient-ils pas déjà vu des signes en abondance? Les aveugles et les
sourds, les muets et les infirmes, les paralysés et les hydropiques et
des gens affligés de toutes sortes de maladies n'avaient-ils pas été guéris
dans leurs maisons, dans leurs rues et dans leurs synagogues? Les démons
n'avaient-ils pas été chassés et leurs paroles perverses réduites au
silence par sa parole? Et les morts n'avaient-ils pas été ressuscités,
et tout cela par celui qu'ils importunaient pour qu'il leur donnât un
miracle? Ils voulaient faire accomplir un prodige étonnant pour
satisfaire la curiosité ou peut-être pour leur donner une autre excuse
d'agir contre lui: ils voulaient des miracles pour repaître leurs désirs[51]. Il n'est guère étonnant
qu'il soupirât «profondément en son esprit» lorsqu'on lui adressait
pareilles demandes[52]. Il répondit aux scribes et
aux Pharisiens qui avaient montré si peu d'attention à ses paroles: «Une
génération mauvaise et adultère[53]
recherche un signe; il ne lui sera donné d'autre signe que celui du prophète
Jonas.» Le signe du prophète Jonas fut que pendant
trois jours il avait été dans le ventre du poisson et que la liberté
lui avait été ensuite rendue; c'est ainsi que le Fils de l'Homme serait
emmuré dans la tombe, après quoi il ressusciterait. Ce serait le seul
signe qu'il leur donnerait, et c'est celui-là qui les condamnerait. Les
hommes de Ninive se dresseraient pour les juger, eux et leur génération,
car, aussi méchants qu'ils eussent été, ils s'étaient repentis lorsque
Jonas leur prêcha; et voici, il y avait parmi eux quelqu'un de plus grand
que Jonas[54]. La reine de Saba se
dresserait pour les juger, car elle avait fait un long voyage pour
profiter de la sagesse de Salomon; et voici, quelqu'un de plus grand que
Salomon se trouvait parmi eux[55]. Puis, revenant sur la question des esprits
impurs et mauvais, à propos desquels ils avaient répandu l'accusation
qu'il était l'un de ceux qui appartenaient au diable, il leur dit que
lorsqu'un démon est chassé, il essaie, après une période de solitude,
de rentrer dans la maison ou dans le corps dont il a été expulsé; et,
voyant que cette maison est en ordre, belle et pure depuis que sa
malpropre personne a été forcée de l'évacuer, il appelle d'autres
esprits plus méchants que lui, et ils prennent possession de l'homme, et
rendent son état pire qu'il n'était au commencement[56].
Cet exemple singulier décrit l'état de ceux qui ont reçu la vérité et
ont été, grâce à elle, libérés des influences impures de l'erreur et
du péché, de sorte qu'ils sont, en esprit et en corps, comme une maison
balayée, ornée et mise proprement en ordre mais qui renoncent par la
suite au bien, ouvrent leur âme aux démons du mensonge et de la
tromperie et deviennent plus corrompus qu'auparavant. «Il en sera de même,
dit le Seigneur, pour cette génération mauvaise.» Bien que la plupart des scribes et les
Pharisiens ne fussent pas convaincus, et peut-être même pas vraiment
impressionnés par ses enseignements, le Seigneur ne manquait pas entièrement
d'auditeurs qui l'appréciaient. Une femme du groupe éleva la voix,
invoquant des bénédictions sur la mère qui avait donné naissance à
pareil Fils, et sur les mamelles qui l'avaient allaité. Sans rejeter cet
éloge déférent qui s'appliquait tant à la mère qu'au Fils, Jésus répondit:
«Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent[57]!» LA MÈRE ET LES FRÈRES DU
CHRIST VIENNENT LE VOIR[58] Tandis que Jésus était engagé avec les
scribes et les Pharisiens, et un grand nombre d'autres personnes, peut-être
à la fin ou vers la fin des enseignements que nous venons d'examiner, on
lui fit passer la nouvelle que sa mère et ses frères étaient présents
et désiraient lui parler. C'était à cause de la foule qu'il leur avait
été impossible de parvenir à son côté. Se servant de cet événement
pour faire comprendre à tous que son œuvre avait priorité sur les
exigences de la famille et de la parenté, et expliquant par là qu'il ne
pouvait rencontrer sa famille à ce moment-là, il demanda: «Qui est ma mère,
et qui sont mes frères?» Répondant à sa propre question et exprimant
dans la réponse sa pensée profonde, il dit montrant ses disciples: «Voici
ma mère et mes frères. En effet, quiconque fait la volonté de mon Père
qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère.» Cet incident rappelle la réponse qu'il fit à
sa mère, lorsque Joseph et elle le découvrirent au temple après leurs
longues recherches angoissées: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne
saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père[59]?»
C'est de ces affaires qu'il s'occupait lorsque sa mère et ses frères
voulurent lui parler tandis qu'il était assis au milieu de la foule. Les
exigences supérieures de l’œuvre de son Père l'obligeaient à différer
toutes les questions secondaires. Rien ne justifie qu'on interprète ces
remarques comme une preuve de manque de respect, et encore moins de déloyauté
filiale et familiale. Il exigeait une dévotion semblable, du moins du même
genre, des apôtres qui étaient appelés à consacrer sans réserve leur
temps et leurs talents au ministère[60].
Le but dans lequel les parents de Jésus étaient venus le voir ne nous
est pas révélé; nous pouvons par conséquent en déduire qu'il n'avait
pas grande importance au-delà du cercle familial[61]. NOTES DU CHAPITRE 18 1. Les deux récits du miracle : Dans le commentaire sur la guérison miraculeuse du
serviteur du centurion donné dans le texte, nous avons suivi en grande
partie le récit plus détaillé de Luc. Dans le bref récit que Matthieu
fait de la demande de l'officier et de la réponse gracieuse du Seigneur,
nous voyons l'homme s'adresser en personne à Jésus; tandis que Luc dit
que c'étaient les anciens de la synagogue locale qui présentaient la
requête. Il n'y a pas ici de divergence réelle. Il était permis alors,
comme ce l'est aujourd'hui, de parler de quelqu'un qui fait faire quelque
chose comme s'il faisait cette chose lui-même. Il est correct de dire que
l'on avertit quelqu'un d'autre, alors qu'on envoie l'avertissement par un
tiers. Un homme peut dire qu'il s'est construit une maison, alors qu'en réalité
ce sont d'autres qui ont accompli le travail de construction à sa
demande. Un architecte peut dire à juste titre qu'il a construit un bâtiment
alors qu'en réalité il en a fait les plans et a dirigé d'autres
personnes qui ont, elles, élevé l'édifice. 2. Jésus s'étonna : Matthieu et Luc disent tous deux que Jésus s'étonna de
la foi montrée par le centurion, qui pria pour que son serviteur bien-aimé
fût guéri (Mt 8:10, Lc 7:9). Certains ont demandé comment le Christ,
qu'ils considèrent avoir été omniscient au cours de sa vie dans la
chair, a pu s'étonner de quoi que ce soit. Le sens du passage est évident:
lorsque la foi du centurion fut soumise à son attention, il réfléchit
et le contempla, probablement parce qu'il formait un contraste agréable
avec l'absence de foi qu'il rencontrait si généralement. D'une manière
similaire, bien qu'il se soit agi là de chagrin au lieu de joie, on dit
qu'il s'étonna de l'incrédulité du peuple (Mc 6:6). 3. Ordre des résurrections miraculeuses : Comme nous l'avons déclaré et répété dans le
texte, la chronologie des événements du ministère de notre Seigneur
tels que les rapportent les évangélistes est incertaine. Les livres écrits
à ce propos contiennent beaucoup de controverses et montrent que les
savants bibliques sont loin d'être d'accord. Trois cas de résurrection
miraculeuse sur un mot de Jésus nous sont rapportés: la résurrection du
fils de la veuve de Naïn, la résurrection de la fille de Jaïrus et la résurrection
de Lazare; et l'on n'est pas d'accord quant à la succession de deux
d'entre eux. Le fait qu'on a placé la résurrection de Lazare en dernière
position est naturellement basé sur une certitude. Le Dr Richard C.
Trench, dans ses savantes et très précieuses Notes on the Miracles of
our Lord, affirme nettement que la résurrection de la fille de Jaïrus
est la première des trois oeuvres de résurrection. Le Dr John Laidlaw,
dans The Miracles of our Lord, traite ce miracle, qui est le
premier de son espèce, sans affirmer s'il vient chronologiquement en
premier lieu; beaucoup d'autres écrivains en font le deuxième des trois.
La raison pour laquelle on a arrangé les trois miracles de ce groupe dans
l'ordre indiqué peut résider dans le désir de les présenter dans
l'ordre croissant de grandeur apparente: la résurrection de la jeune
fille étant un exemple dans lequel était rappelée à la vie une
personne qui venait de mourir («à peine décédée» suivant la
description que font certains, à tort, de son état), la résurrection du
jeune homme de Naïn étant le rétablissement de quelqu'un qui était sur
le chemin du tombeau, et la résurrection de Lazare un exemple du rappel
à la vie de quelqu'un qui avait séjourné quatre jours au sépulcre.
Nous ne pouvons concevoir logiquement que ces cas offraient des degrés de
difficulté plus ou moins grande à la puissance du Christ; dans chaque
cas la parole de son autorité suffit pour réunir l'esprit et le corps du
mort. Luc, le seul qui rapporte le miracle de Naïn, place cet événement
avant celui de la résurrection de la fille de Jaïrus et intercale un
grand nombre d'incidents entre les deux événements. La grande majorité
des preuves est en faveur de l'ordre que nous avons suivi dans ce livre
pour les trois miracles: 1) La résurrection du jeune homme de Naïn, 2)
celle de la jeune fille de Jaïrus et 3) celle de Lazare. 4. Tétrarque : Ce titre, par dérivation du terme et tel qu'il était utilisé
originellement, était appliqué au gouverneur d'un quart, ou d'une des
quatre divisions d'une région qui avait été précédemment un seul
pays. Il désigna plus tard tout gouverneur d'une partie d'un pays divisé,
quel que fût le nombre ou l'étendue des fractions. Hérode Antipas est
appelé explicitement le tétrarque dans Mt 14: 1, Lc 3:1, 19, 9:7, et Ac
13:1, et est appelé roi dans Mt 14:9, Mc 6:14, 22, 25, 26. 5. Machaerus : Selon l'historien Josèphe (Antiquités XVIII, 5:2), la prison dans
laquelle Jean-Baptiste fut enfermé par Hérode Antipas était la
puissante forteresse de Machaerus. 6. Le Christ, pierre d'achoppement pour beaucoup : La dernière partie du message que notre Seigneur
adressa au Baptiste emprisonné en réponse à la question de ce dernier,
était: «Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute!»
Il peut être bon d'observer en passant que quels qu'aient été le
reproche ou la réprimande impliqués par ces paroles, la leçon fut donnée
de la manière la plus douce et sous la forme la plus aisée à
comprendre. Comme Deems l'écrit: «Au lieu de dire ‘Malheur à celui
pour qui je serai une occasion de chute’, il exprima sa pensée d'une
manière plus douce ‘Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion
de chute.’ » Dans notre version anglaise de la Sainte Bible [qui rend
les paroles du Christ comme suit: «Béni celui qui n'est pas offensé en
moi» - N.d.T.] le mot «offensé» et les mots qui lui sont apparentés
sont utilisés en lieu et place de plusieurs expressions différentes que
l'on trouve dans le grec original. C'est ainsi que les infractions
ouvertes à la loi, le péché et la méchanceté en général sont appelés
offenses, et ceux qui s'en rendent coupables sont des offenseurs qui méritent
d'être châtiés. Dans d'autres cas, même les oeuvres de justice
constituent des causes d'offenses pour les méchants; mais il en est
ainsi, non pas parce que les bonnes œuvres étaient d'une manière
quelconque des offenses contre la loi ou la justice, mais parce que celui
qui enfreint la loi s'en offense. L’homme malhonnête condamné, s'il ne
se repent pas et a toujours l'esprit mauvais, s'offense et se fâche
contre la loi qui l'a fait comparaître: pour lui la loi est une cause
d'offense. Dans un sens très réel, Jésus-Christ est le plus grand
offenseur de l'histoire; car tous ceux qui rejettent son Evangile s'en
offensent. La nuit où il fut trahi, Jésus dit aux apôtres qu'ils
seraient offensés à cause de lui [«Je serai pour vous tous, cette nuit,
une occasion de chute», dans la version Segond N.d.T.] (Mt 26:31, voir
aussi verset 33). Le ministère personnel du Seigneur offensa non
seulement les Pharisiens et les adversaires ecclésiastiques, mais un
grand nombre de personnes qui avaient professé croire en lui (Jn 6:61,
comparez 16:1). Pierre dit de l'Evangile de Jésus-Christ que c'est «une
pierre d'achoppement et un rocher de scandale. Ils s'y achoppent en désobéissant
à la parole» (1 P 2:8, comparez les paroles de Paul, Rm 9:33). Béni en
effet est celui auprès de qui l'Evangile est le bienvenu et qui n'y
trouve aucune raison de s'offenser. 7. La grandeur de la mission du Baptiste : Jésus attesta comme suit la nature exaltée de la
mission de Jean-Baptiste: «En vérité je vous le dis, parmi ceux qui
sont nés de femmes, il ne s'en est pas levé de plus grand que
Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus
grand que lui» (Mt 11: 11, comparez Lc 7:28). Expliquant la première
partie de ce témoignage, le prophète Joseph Smith dit, lors d'un sermon
qu'il fit le 24 mai 1843 (Hist. of the Church, sous la date citée):
«Ce ne pouvait être à cause des miracles que Jean accomplit, car il
n'accomplit aucun miracle, mais c'était - premièrement, parce qu'il
avait reçu la mission divine de préparer la voie devant la face du
Seigneur. A qui fut confiée pareille mission avant ou après? A aucun
homme. Deuxièmement, il lui fut confié, et cela fut requis de lui, de
baptiser le Fils de l'Homme. Qui fit jamais chose pareille? Qui eut jamais
un privilège ou une gloire si grande? Qui conduisit jamais le Fils de
Dieu dans les eaux du baptême, voyant le Saint-Esprit descendre sur lui
sous le signe d'une colombe? Personne. Troisièmement, à l'époque, Jean
était le seul administrateur légal sur terre à détenir les clefs de
l'autorité. Les clefs, le royaume, l'autorité, la gloire avaient quitté
les juifs; et jean, fils de Zacharie, en vertu de la sainte onction et du
décret du ciel, détenait les clefs de l'autorité à cette époque.» La dernière partie de la déclaration de notre
Seigneur: «Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus
grand que lui» (Jean) a provoqué des interprétations et des
commentaires divers. Le vrai sens pourrait être que quelque éminente
qu'ait pu être la distinction de Jean parmi les prophètes, il n'avait
pas appris, à l'époque de l'incident que nous étudions, tout l'objet de
la mission du Messie, et cela il devrait sûrement l'apprendre avant de
pouvoir être admis dans le royaume des cieux; c'est pourquoi, le plus
petit de ceux qui, par la connaissance acquise et l'obéissance manifestée,
se seraient préparés à une place dans le royaume que Jésus enseignait,
était plus grand que ne l'était Jean-Baptiste à l'époque. Par
l'inspiration moderne nous apprenons qu'«il est impossible à un homme d'être
sauvé dans l'ignorance» (D&A 131:6) et que «la gloire de Dieu c'est
l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité»
(D&A 93:36). La question du Baptiste montrait qu'il manquait alors de
connaissance, était imparfaitement éclairé et incapable de comprendre
la vérité tout entière sur la mort à laquelle le Sauveur était destiné
et sa résurrection en tant que Rédempteur du monde. Mais nous ne devons
pas perdre de vue le fait que Jésus ne laissa aucunement entendre que
Jean resterait inférieur au plus petit dans le royaume des cieux. En acquérant
davantage de connaissance sur les vérités capitales du royaume et en s'y
soumettant, il avancerait certainement et deviendrait grand dans le
royaume des cieux comme il était grand parmi les prophètes de la terre. 8. Jean-Baptiste, l'Elie qui devait venir : Du temps du Christ le peuple était attaché à la
croyance traditionnelle que l'ancien prophète Elie devait revenir en
personne. Concernant cette tradition, le Commentary, de Dummelow,
dit, à propos de Matthieu 11:14: «On supposait que son activité
particulière [Elie] consisterait à régler les questions, les doutes et
les difficultés cérémonielles et rituelles et qu'il rendrait à Israël
1) le vase d'or de la manne, 2) le vase contenant l'huile pour les
onctions, 3) le vase contenant les eaux de la purification, 4) la verge
d’Aaron qui bourgeonna et porta des fruits.» Cette croyance ne se
basait sur aucune affirmation scripturaire. Que Jean devait aller devant
le Messie dans l'esprit et avec la puissance d'Elias, c'est ce que déclara
l'ange Gabriel dans son annonciation à Zacharie (Lc 1:17); et notre
Seigneur expliqua clairement que Jean était l'Elias prédit. «Elias»
est à la foi un nom et le titre d'un office. La révélation dans la
dispensation actuelle nous apprend qu'Elias et Elie sont des individus séparés,
dont chacun apparut en personne et remit à des prophètes modernes les
pouvoirs particuliers appartenant à leur office respectif (D&A
110:12,13). Nous apprenons que l'office d'Elias est celui du rétablissement
(D&A 27:6,7, 76: 100; 77:9,14). En date du 10 mars 1844, le témoignage
suivant du prophète Joseph Smith est rapporté (Hist. of the Church): «L’esprit d'Elias a pour but de préparer la
voie à une révélation plus grande de Dieu, c'est la Prêtrise d'Elias,
ou la Prêtrise à laquelle Aaron fut ordonné. Et lorsque Dieu envoie un
homme dans le monde pour préparer une oeuvre plus grande, détenant les
clefs du pouvoir d'Elias, c'est ce qui a été appelé la doctrine d'Elias
dès les premiers temps du monde. «La mission de Jean se limitait à prêcher et
à baptiser; mais ce qu'il faisait était légitime; lorsque Jésus-Christ
rencontrait les disciples de Jean, il les baptisait de feu et du
Saint-Esprit. «Nous trouvons les apôtres dotés d'une
puissance plus grande que Jean. Leur office se trouvait davantage dans
l'esprit et la puissance d'Elie que d'Elias. «Dans le cas de Philippe, lorsqu'il descendit
en Samarie, alors qu'il était sous l'esprit d'Elias, il baptisa les
hommes aussi bien que les femmes. Lorsque Pierre et Jean apprirent cette
nouvelle, ils descendirent tous deux et leur imposèrent les mains, et ils
reçurent le Saint-Esprit. Cela montre la distinction entre les deux
puissances. «Lorsque Paul rencontra certains disciples, il
demanda s'ils avaient reçu le Saint-Esprit? Ils dirent: Non. Qui vous a
baptisés alors? Nous fûmes baptisés du baptême de Jean. Non, vous
n'avez pas été baptisés du baptême de Jean, sinon vous auriez été
baptisés par Jean. C'est pourquoi Paul alla les baptiser, car il savait
ce qu'était la doctrine vraie, et il savait que Jean ne les avait pas
baptisés. Et il me semble étrange que des hommes qui ont lu les
Ecritures du Nouveau Testament en soient si éloignés. «Ce que je veux vous faire saisir est la différence
de puissance qui existe dans les différentes parties de la prêtrise, de
sorte que lorsqu'un homme viendra parmi vous en disant: ‘J'ai l'esprit
d'Elias’, vous sachiez s'il dit la vérité ou non; car si un homme
quelconque vient avec l'esprit et la puissance d'Elias, il ne dépassera
pas les limites qui lui sont fixées. «Jean ne dépassa pas les limites qui lui étaient
fixées mais accomplit fidèlement le rôle qui incombait à son office;
et toute partie du grand bâtiment doit être préparée convenablement et
placée à l'endroit qui convient; et il est nécessaire de savoir qui détient
les clefs de la puissance et qui ne les détient pas, sinon il est
vraisemblable que l'on nous trompera. «La personne qui détient les clefs d'Elias a
une oeuvre préparatoire. «Tel est l'Elias dont il est parlé dans les
derniers jours, et telle est la pierre sur laquelle beaucoup trébuchent,
pensant que ce temps était passé à l'époque de Jean et du Christ et ne
devait plus être. Mais l'esprit d'Elias m'a été révélé, et je sais
qu'il est vrai; c'est pourquoi je parle avec hardiesse, car je sais en vérité
que ma doctrine est vraie.» 9. A la table du Pharisien : L’expression «se mit à table» comme dans Lc 7:36 et
dans d'autres exemples est considérée par de bonnes autorités comme un
contresens; on devrait la rendre par «se coucha» ou «s'étendit» (voir
le Comp. Dict.
of the Bible, de Smith, article «Meals»). Nous ne mettons pas en doute le fait que la position
assise ait été la position des anciens Hébreux (Gn 27:19, Jude 19:6, 1
S 16:11, 20:5, 18, 24; 1 R 13:20); mais la coutume de s'étendre sur des
lits placés autour des tables semble remonter à une époque très antérieure
à Jésus (Am 3:12, 6:4). L’usage romain, qui consistait à arranger les
tables et les lits contigus sur trois côtés d'un carré, laissant le
quatrième côté ouvert pour laisser passer les domestiques qui servaient
les repas, était commun en Palestine. Les tables et les lits placés de
cette manière constituaient le triclinium. Parlant du cérémonial des
Pharisiens prescrivant que les articles utilisés pour le repas devaient
être lavés, Mc (7:4) spécifie des «tables» [dans la version anglaise
- N.d.T. ]; on considère ce terme comme un contresens, car l'expression
grecque indique des couches ou littéralement des lits (voir lecture
marginale, «beds» dans la Bible d'Oxford et d'autres). Une personne
couchée à table aurait les pieds dirigés vers l'extérieur. Il était
donc facile à la femme contrite de s'approcher de Jésus par derrière et
d'oindre ses pieds sans déranger les autres à table. 10. L’identité de la femme n'est pas donnée : Le fait d'essayer d'identifier la pécheresse
contrite qui oignit les pieds de Jésus dans la maison de Simon le
Pharisien avec Marie de Béthanie est fortement condamné par Farrar, de
la manière suivante (p. 228, note): «Ceux qui identifient cette fête de
la maison de Simon le Pharisien, en Galilée, avec la fête qui se déroula
beaucoup plus tard dans la maison de Simon le lépreux, à Béthanie, et
l'onction des pieds par une pécheresse de la ville, avec l'onction de la
tête par Marie, sœur de Marthe, adoptent des principes de critique
tellement osés et arbitraires que les accepter d'une manière générale
enlèverait aux Evangiles toute crédibilité et ne les rendrait guère
dignes d'être étudiés comme des récits authentiques. Pour ce qui est
des noms de Simon et de Judas, qui ont conduit à identifier tant de
personnes différentes et d'incidents différents, ils étaient au moins
aussi communs parmi les Juifs de l'époque que Dupont et Durand parmi
nous. Il y a cinq ou six Jude [ou Judas - N.d.T.] et neuf Simon dans le
Nouveau Testament, et deux Jude [ou Judas - N.d.T.] et deux Simon rien que
parmi les apôtres. Josèphe parle d'une dizaine de Jude et de vingt Simon
dans ses écrits, et il doit par conséquent y avoir eu des milliers
d'autres hommes qui portaient à l'époque l'un de ces deux noms.
L’incident (de l'onction avec du parfum) est tout à fait conforme aux
coutumes de l'époque et de ce pays, et il n'est pas du tout improbable
qu'il ait pu se répéter en des circonstances différentes (Ec 9:8, Ct
4:10, Am 6:6). La coutume existe encore.» Le savant chanoine est pleinement justifié dans
sa vigoureuse critique; néanmoins il confirme l'identification communément
acceptée de la femme mentionnée à propos du repas chez Simon le
Pharisien avec Marie-Madeleine, tout en admettant que la base de cette
identification supposée est «une tradition antique - régnant surtout
dans l'Eglise d'occident, et suivie par la traduction de notre version
anglaise» (p. 233). Comme le rapporte notre texte, nous ne possédons
absolument aucun élément digne de confiance laissant croire que
Marie-Madeleine ait jamais été souillée du péché dont la femme
repentante chez le Pharisien fut si gracieusement pardonnée par notre
Seigneur. 11. Le péché impardonnable : La nature du terrible péché contre le Saint-Esprit,
contre lequel le Seigneur avertit les accusateurs pharisaïques qui
cherchaient à attribuer sa puissance divine à Satan, est expliquée
d'une manière plus complète et ses résultats effroyables sont exposés
d'une manière plus explicite dans la révélation moderne. Le
Tout-Puissant a dit à leur sujet et au sujet de leur sort terrible: «Je
déclare qu'il aurait mieux valu pour eux qu'ils ne fussent jamais nés;
car ils sont des vases de colère, condamnés à subir la colère de Dieu
dans l'éternité avec le diable et ses anges; à propos desquels j'ai dit
qu'il n'y a pas de pardon dans ce monde ni dans le monde à venir... Ils
s'en iront au châtiment perpétuel, qui est le châtiment sans fin, qui
est le châtiment éternel, pour régner avec le diable et ses anges pour
l'éternité, là où leur ver ne meurt pas, là où le feu ne s'éteint
pas, ce qui est leur tourment - et nul n'en connaît la fin, ni le lieu,
ni leur tourment. Et cela n'a pas été révélé à l'homme, ne l'est pas
et ne le sera jamais, si ce n'est à ceux qui y sont condamnés. Néanmoins,
moi, le Seigneur, je le montre en vision à beaucoup, mais je la referme
immédiatement; c'est pourquoi, ils n'en comprennent pas la fin, la
largeur, la hauteur, la profondeur et la misère, ni personne, si ce n'est
ceux qui sont destinés à cette condamnation» (D&A 76:32-48; voir
aussi Hé 6:4-6; LM, Al 39:6.) 12. Une génération adultère cherchant des miracles : La réponse de notre Seigneur à ceux qui réclamaient
à grands cris un miracle, qu'«une génération mauvaise et adultère
recherche un signe» (Mt 12:39; voir aussi 16:4, Mc 8:38) ne pouvait être
interprétée par les Juifs que comme un reproche suprême. Ils savaient
tous que le terme descriptif «adultère» s'appliquait littéralement à
l'immoralité généralisée de l'époque. Adam Clarke, dans son
commentaire sur Mt 12:39, dit de cet aspect de notre sujet: «Leurs écrits
[des Juifs] prouvent formellement qu'à l'époque de notre Seigneur, ils
étaient d'une manière absolument littérale une race de gens adultères;
car à ce moment même, Rabbi Jachanan ben Zacchi abrogeait l'épreuve par
les eaux amères de la jalousie, parce que de cette manière on en
trouvait tant qui étaient coupables de ce genre de crime.» On trouvera
dans Nb 5:11-31 les renseignements sur l'épreuve des accusés par les
eaux amères. Bien que Jésus appelât adultère la génération dans
laquelle il vivait, il n'est écrit nulle part que les dirigeants juifs
qui, en demandant un miracle, avaient fourni l'occasion de cette
accusation, se soient aventurés à nier ou se soient efforcés de réfuter
cette accusation. Le péché d'adultère comptait parmi les péchés
capitaux (Dt 22:22-25). La sévérité de l'accusation appliquée par Jésus
fut cependant intensifiée par le fait que les Ecritures anciennes représentent
l'alliance entre Jéhovah et Israël comme un serment de mariage (Es
54:5-7, Jr 3:14,31:32; Os 2:19,20); de même que les Ecritures ultérieures
comparent l'Eglise à une épouse, et le Christ à l'époux (2 Co 11:2,
comparez Ap 21:2). Etre spirituellement adultère, ainsi que les rabbis
comprenaient les paroles des prophètes, c'était trahir l'alliance par
laquelle les nations juives prétendaient se distinguer comme adoratrices
de Jéhovah, et être entièrement apostat et réprouvé. Condamnés par
une pareille accusation, ces Pharisiens et ces scribes qui cherchaient des
miracles comprirent que Jésus les considérait comme pires que les païens
idolâtres. Les mots «adultère» et «idolâtrie» sont d'origine
apparentée, chacun exprimant l'acte d'infidélité et le fait de s'éloigner
pour suivre de faux objets d'affection ou de culte. 13. La mère et les frères de Jésus : Par la tentative de Marie et de quelques membres de
sa famille de converser avec Jésus lors de l'événement dont nous avons
parlé dans le texte, certains écrivains comprennent qu'elle voulait dire
que la mère et les fils étaient venus protester contre l'énergie et le
zèle avec lesquels Jésus accomplissait son œuvre. En fait, certains
sont allés jusqu'à dire que les membres de la famille qui venaient lui
rendre visite étaient venus pour le refréner et arrêter, s'ils le
pouvaient, la marée de l'intérêt, de la critique et des offenses
populaires qui montait autour de lui. Le récit scripturaire ne permet même
pas de suggérer la moindre conception de ce genre. L’objectif de
l'entretien demandé n'est pas donné. Comme nous le montrerons plus loin,
il est de fait que certains membres de la maison de Marie avaient été
incapables de comprendre la grande importance de l’œuvre que Jésus
poursuivait avec tant d'assiduité; et on nous dit que certains des
membres de sa famille se mirent un jour en route dans le but de mettre la
main sur lui et de faire cesser de force ses activités publiques, car
disaient-ils «il a perdu le sens» (Mc 3:21); en outre nous apprenons que
ses frères ne croyaient pas en lui (Jn 7:5). Cependant ces faits ne nous
autorisent guère à penser que le désir de Marie et de ses fils de
converser avec lui lors de l'événement dont nous avons parlé ait été
autre que pacifique. Et penser que Marie, sa mère, ait oublié les scènes
merveilleuses de l'annonciation angélique, la conception miraculeuse, les
événements célestes dont s'accompagna la naissance, la sagesse et la
puissance surhumaines qu'il montra dans sa jeunesse et son âge adulte, au
point de croire que son Fils divin était un enthousiaste déséquilibré
qu'elle devrait refréner, c'est prendre la responsabilité de commettre
une injustice envers la personne que l'ange Gabriel avait déclarée bénie
entre les femmes et hautement favorisée du Seigneur. La déclaration que les frères de Jésus ne
croyaient pas en lui à l'époque dont parle l'écrivain (Jn 7:5) ne
prouve pas que certains de ces mêmes frères ou même tous ne crurent pas
plus tard en leur Frère divin. Immédiatement après l'ascension du
Seigneur, Marie, mère de Jésus, et ses frères étaient occupés à
adorer et à supplier avec les Onze et d'autres disciples (Ac 1: 14). Le
fait attesté que le Christ était ressuscité convertit beaucoup de
personnes qui avaient jusqu'alors refusé de l'accepter comme le Fils de
Dieu. Paul rapporte une manifestation particulière du Christ ressuscité
à Jacques (1 Co 15:7), et le Jacques dont il est question ici peut avoir
été la même personne qui est appelée ailleurs «le frère du Seigneur»
(Ga 1:19; comparez Mt 13:55, Mc 6:3). Il semble que «les frères du
Seigneur» étaient occupés aux travaux du ministère à l'époque du
service actif de Paul (1 Co 9:5). On a jeté le doute sur les rapports
familiaux particuliers de notre Seigneur avec Jacques, Joseph, Simon, Jude
et les sœurs mentionnées par Mt (13:55, 56) et Mc (6:3); et on a inventé
plusieurs théories pour défendre des vues divergentes. C'est ainsi que
l'hypothèse orientale ou épiphanique prétend, en ne se basant sur rien
d'autre qu'une théorie, que les frères de Jésus étaient enfants de
Joseph de Nazareth et d'une autre femme, et non les enfants de Marie, mère
du Seigneur. La théorie du lévirat suppose que Joseph de Nazareth et
Clopas (ce dernier nom, il est intéressant de le noter, est considéré
comme l'équivalent d'Alphée, voir note au bas de la page 245) étaient
frères; et que, après la mort de Clopas ou Alphée, Joseph épousa la
veuve de son frère selon la loi du lévirat (page 592). L’hypothèse hiéronymique
est basée sur la croyance que les personnes appelées frères et sœurs
de Jésus étaient enfants de Clopas (Alphée) et Marie, sœur de la mère
du Seigneur, et par conséquent cousins de Jésus (voir Mt 27:56; Mc
15:40; Jn 19:25). Il est raisonnablement hors de doute que Jésus était
considéré par ceux qui connaissaient la famille de Joseph et de Marie
comme proche parent par le sang des autres fils et filles appartenant au ménage.
Si ces autres étaient enfants de Joseph et de Marie, ils étaient tous
cadets de Jésus, car il était indubitablement le premier-né de sa mère.
L’acceptation de cette parenté entre Jésus et ses «frères» et «sœurs»
cités par les synoptiques constitue ce que l'on appelle en théologie le
point de vue helvidien.
[1] Mt
7:29; cf. Lc 4:32, Jn 7:46. [2] Lc 7:11; cf. Mt 8:5-13. [3] Note 1, fin du chapitre. [4] Jn 4:46-53,
voir page 195. [5] Note 2, fin
du chapitre. [6] Mt 8:11,12; voir aussi Lc 13:28,29; cf. Ac 10:45. [7] Lc 7:11-17. [8] Note 3, fin
du chapitre. [9] Mt 8:17; cf.
Es 53:4. [10] Lc 20:36, 38; cf. Ac 10:42, 2 Tm
4:1; 1 P 4:5; Rm 14:9. [11] Mt 4:12; Mc 1:14; Lc 3:19,20; voir note 2, chap. 9,
page 130, et note 4, fin de ce chapitre. [12] Note 5, fin du chapitre. [13] Mc 6:17-20. [14] Mt 14:5. [15] Mt 11:2. Noter qu'une liberté semblable fut accordée
à Paul en prison, Ac 24:23. [16] Lc 7:18; Mt 11:2. [17] Mt 11: 2-6; Lc 7:18-23. [18] Es 35:5,6. [19] Mt 3:3; cf.
Es 40:3, Mt 3:7; cf. Es 59:5; Lc 3:6; cf. Es 52:10. [20] Mt 13:57, 24:10, 26:31; Mc 6:3, 14:27; jn 6:61.
Note 6, fin du chapitre. [21] Jn 3:30. [22] Noter que Jésus décrit les souffrances de Jean en
prison comme partiellement comparables à celles qu'il devrait endurer
lui-même, en ce qu'ils traitèrent Jean «comme ils l'ont voulu» (Mt
17:12; Mc 9:13). [23] Luc 7:24-30;
voir aussi Mt 11:7-14; comparer le témoignage que le Christ rendit de
Jean-Baptiste à Jérusalem, Jn 5:33-35. [24] Lc 7:28; voir note 7, fin du chapitre. [25]
Mt 11:12-15; cf. 17:12; Lc 1:17. [26] Note 8, fin du chapitre. [27] Mt 3:7; Lc 7:30. [28] Mt 11:20-24; cf. Lc 10:13-15. [29] Mt 11:25-27; cf. Lc 10:21,22. [30] Mt 11: 28-30. [31] Mc 6:21-29. [32] Mc 6:14-16. [33] Articles de
Foi, pp. 232-233 et le chapitre 41, infra. [34] Lc 7:36; voir
en outre versets 37-50. [35] Note 9, fin du chapitre. [36] 2 S 12:1-7. [37] Mt 9:2-6; Mc 2:5-7, page 210, supra. [38] Mt 26:6, 7; Mc 14:3; Jn 11:2. [39] Note 10, fin du chapitre. [40] Lc 8:1-3. [41] Mt 27:55,56,61; 28:1,5; Mc 15:40,47; 16:1,9; Lc
23:49,55; 24:10,22; Jn 19:25, 20:1,13,18. [42] Mc 16:9; Lc 8:2. [43] Mt 12:24,25;
cf. 9:33,34; voir aussi Mc 3:22-30; Lc 11: 14-26. [44] Mt 9:34. [45] Mt 9:35. [46] Mt 12:14-15. [47] Mt 12:17-20;
cf. Es 42:1. [48] Mt 12:22,23. [49] Note 11, fin
du chapitre. [50] Mt 12:38-45; cf. 16:1; Mc 8:11; Lc
11:16,29; Jn 2:18; 1 Co 1:22. [51]
D&A 46:9; cf. 63:7-12. [52] Marc 8:12. [53] Note 12, fin
du chapitre. [54] Jn chap. 1-4. [55]
1 R 10:1, 2 Ch 9:1; cf. Lc 11:31. [56] Mt 12:43-45; Lc 11:24-26. [57] Lc 11:27,28. [58] Mt 12:46-50; Mc 3:31-35; Lc 8:19-21. [59] Lc 2:49. Page 125, supra. [60]
Mt 10:37; cf. Lc 14:26. [61] Note 13, fin
du chapitre.
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