CHAPITRE 17 : LE SERMON SUR LA MONTAGNE

 

A une époque très proche de celle de l'ordination des Douze, Jésus fit un discours remarquable qui, à cause du lieu où il fut donné, a pris le nom de sermon sur la montagne. Matthieu présente un récit étendu qui remplit trois chapitres du premier Evangile; Luc en donne un résumé plus bref[1].

 

Les différences de détail qui apparaissent dans les deux textes sont d'importance mineure[2]. C'est au sermon lui-même que nous pouvons consacrer notre attention avec profit. Luc introduit dans différentes parties de ses écrits un grand nombre des préceptes précieux donnés dans le cadre du sermon rapporté comme un discours ininterrompu dans l'Evangile écrit par Matthieu. Dans notre étude actuelle, nous nous laisserons guider principalement par le récit de Matthieu. Certaines portions de ce vaste discours s'adressaient expressément aux disciples, qui avaient été ou seraient appelés à l'apostolat et devraient en conséquence renoncer à tous leurs intérêts du monde pour l’œuvre du ministère; d'autres parties étaient et sont d'application générale. Jésus était monté sur le flanc de la montagne, probablement pour échapper aux foules qui le pressaient dans ou près des villes[3]. Les disciples s'assemblèrent autour de lui, et c'est là qu'il s'assit et les instruisit[4].

 

LES BÉATITUDES[5]

 

Les premières phrases sont riches en bénédictions, et la première partie du discours est consacrée à une explication de ce qui constitue la véritable béatitude; en outre, la leçon est rendue simple et dépourvue d'ambiguïté par des applications déterminées, chacun des êtres bénis étant assuré d'une récompense en ce sens qu'il bénéficierait d'une situation directement opposée à celle dont il avait souffert. Les bénédictions que le Seigneur fait ressortir en cette occasion ont été désignées dans la littérature ultérieure comme les béatitudes. Les pauvres en esprit doivent être rendus riches comme héritiers légaux du royaume des cieux; celui qui pleure sera consolé car il verra le but divin de sa souffrance et retrouvera les êtres aimés dont il a été privé; les humbles, qui se laissent spolier plutôt que de mettre leur âme en danger dans les querelles, hériteront la terre; ceux qui ont faim et soif de vérité seront nourris d'une grande abondance; ceux qui font preuve de miséricorde seront jugés avec miséricorde; ceux qui ont le cœur pur seront admis dans la présence même de Dieu; les pacifiques, qui essaient de se préserver, eux et leurs semblables, des luttes, seront comptés parmi les enfants de Dieu; ceux qui souffrent la persécution pour l'amour de la justice hériteront les richesses du royaume éternel. Le Seigneur parla directement aux disciples, disant: «Heureux serez-vous, lorsque l'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on répandra sur vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.[6]» Il est évident que les bénédictions indiquées et le bonheur qui y est contenu ne doivent être réalisés dans leur plénitude qu'au-delà du tombeau, bien que la joie que donne la conscience de mener une vie juste apporte, déjà ici-bas, une belle récompense. Un élément important de cet exposé splendide de l'état vraiment béni est la distinction qu'il implique entre le plaisir et le bonheur[7]. Le simple plaisir est tout au mieux passager; le bonheur est durable, car dans le souvenir de celui-ci réside une joie renouvelée. Le bonheur suprême n'est pas une réalisation terrestre; la «plénitude de joie» promise réside au-delà de la mort et de la résurrection[8]. Tant que l'homme se trouve dans cet état mortel, il a besoin de certaines des choses du monde; il doit avoir de la nourriture et des vêtements et de quoi s'abriter; et outre ces besoins essentiels, il peut désirer en justice les facilités de l'instruction, les avantages du progrès et les choses qui conduisent au raffinement et à la culture; cependant tous ceux-ci ne sont que des moyens vers une fin, et non le but pour atteindre celui pour lequel l'homme a été rendu mortel.

 

Les béatitudes se rapportent aux devoirs de la vie mortelle, qui doivent préparer à une existence plus grande, encore future. Dans le royaume des cieux, nommé deux fois dans cette partie du discours du Seigneur, on trouve la vraie richesse et un bonheur certain. Le royaume des cieux constitue tout le sujet de ce merveilleux sermon; les moyens de parvenir au royaume et aux gloires qui appartiennent à ceux qui en sont les citoyens éternels sont les divisions principales de ce traité.

 

DIGNITÉ ET RESPONSABILITÉ DANS LE MINISTÈRE

 

Le Maître continua ensuite à instruire d'une manière particulièrement directe ceux sur qui reposerait la responsabilité du ministère, en qualité de représentants envoyés par lui. «C'est vous qui êtes le sel de la terre», dit-il. Le sel est le grand conservateur; c'est comme tel qu'on l'utilise depuis des temps très reculés. La loi mosaïque prescrivait qu'il était essentiel d'ajouter le sel à toute offrande de chair[9]. Longtemps avant l'époque du Christ, le fait d'employer du sel était symbole de fidélité, d'hospitalité et d'alliance[10]. Pour être utile, le sel devait être pur; pour avoir une vertu salvatrice en tant que sel, il fallait que ce fût du vrai sel et non le produit d'une altération chimique ou d'un mélange terreux, qui lui ferait perdre sa salinité ou sa «saveur»[11] et, produit sans valeur, il ne serait bon qu'à être jeté. C'est contre pareil changement de foi, contre pareil mélange de sophismes, de prétendues philosophies et d'hérésies de ce temps-là que les disciples étaient spécialement prévenus. Puis, changeant de comparaison, Jésus les compara à la lumière du monde et leur imposa le devoir de tenir leur lumière devant le peuple, d'une manière aussi visible qu'une ville qui est bâtie sur une colline, pour qu'on la voie de toutes parts, une ville que l'on ne peut cacher. A quoi servirait une lumière allumée, si on la cachait en dessous d'une boîte? «Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos oeuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux.»

 

Afin qu'ils ne commissent aucune erreur quant aux rapports devant exister entre la loi ancienne et l'évangile du royaume qu'il exposait, Jésus leur assura qu'il n'était pas venu détruire la loi ni rendre nuls les enseignements et les prédictions des prophètes, mais les accomplir et établir ce que les événements des siècles passés n'avaient fait que préparer. On peut dire que l'évangile ne détruisit la loi mosaïque que dans la mesure où la semence est détruite dans la croissance de la nouvelle plante, que dans la mesure où le bourgeon est détruit par le jaillissement des fleurs riches, pleines et odorantes, dans la mesure où la tendre enfance et la jeunesse passent pour toujours lorsque la maturité des années se développe. Il ne se perdrait ni un iota, ni un trait de lettre de la loi. On ne pourrait concevoir d'analogie plus efficace que cette dernière; l'iota ou yod et le trait de lettre étaient de petits signes de l'écriture hébraïque; pour le but qui nous occupe nous pouvons les considérer comme équivalents du point d'un «i» ou du trait que l'on trace en travers d'un «t»; notre mot français «iota», signifiant une très petite chose, est apparenté au premier. Pas même le moindre commandement ne pouvait être enfreint sans punition; mais les disciples furent exhortés à faire attention à ne pas garder les commandements à la manière des scribes et des Pharisiens, dont l'observance était extérieure et cérémonielle, dépourvue des éléments essentiels de la dévotion sincère; car ils étaient assurés que par une méthode aussi peu sincère, ils ne pourraient entrer «dans le royaume des cieux».

 

LA LOI REMPLACÉE PAR L'ÉVANGILE[12]

 

La partie suivante du sermon traite de la supériorité de l'Evangile du Christ sur la loi de Moïse et compare les exigences des deux dans des cas particuliers. Tandis que la loi interdisait le meurtre mais prévoyait un châtiment juste pour le crime, le Christ enseigna que se livrer à la colère, qui pouvait amener à la violence ou même au meurtre, était en soi un péché. User méchamment d'une épithète offensante comme «Raca» rendait le sujet passible de punition en vertu du décret du sanhédrin, et appeler un autre insensé mettait le sujet en danger «du feu de la géhenne». Ces termes répréhensibles étaient considérés à l'époque comme particulièrement violents et exprimaient par conséquent une intention haineuse. La main du meurtrier est poussée par la haine de son cœur. La loi prévoyait un châtiment de l'acte, l'Evangile réprimandait la passion mauvaise à son stade primaire. Soulignant ce principe, le Maître montra que la haine ne devait pas être expiée par un sacrifice matériel; et que si, en venant faire une offrande à l'autel, on se souvenait qu'on avait quelque chose contre son frère, on devait d'abord aller trouver ce frère et se réconcilier avec lui, même si cela entraînait une interruption du cérémoniel, incident qui était particulièrement grave selon les prêtres. Les différends et les querelles devaient être réglés sans délai.

 

La loi interdisait le terrible péché d'adultère; le Christ dit que le péché commençait dans le regard convoiteur, la pensée sensuelle; et il ajouta qu'il valait mieux devenir aveugle que regarder avec un oeil mauvais, qu'il valait mieux perdre une main que de commettre une iniquité avec elle. A propos de la question du divorce, dans laquelle existait un grand relâchement à l'époque, Jésus déclara qu'à part l'infraction extrêmement grave que constituait l'infidélité aux vœux du mariage, nul ne pouvait divorcer de sa femme sans devenir offenseur lui-même, en ce sens qu'en se remariant, alors qu'elle n'était encore qu'une épouse injustement divorcée, elle serait coupable de péché de même que l'homme avec qui elle se marierait ainsi.

 

On avait interdit anciennement de jurer ou de faire serment sauf lorsqu'on faisait alliance solennelle devant le Seigneur; mais dans la dispensation de l'Evangile, le Seigneur interdit aux hommes de jurer; et la laideur des jurons non motivés fut exposée. C'était et c'est un péché grave que de jurer par le ciel, qui est la demeure de Dieu, ou par la terre, qui est sa création et qu'il appela son marchepied, ou par Jérusalem, qui était considérée par ceux qui juraient comme la ville du grand Roi, ou par sa propre tête, qui fait partie du corps que Dieu a créé. Il recommanda la modération dans les paroles, la décision et la simplicité, à l'exclusion des mots inutiles, de la grossièreté et des jurons.

 

Autrefois, on tolérait le principe des représailles, en vertu duquel quelqu'un qui avait subi une offense pouvait exiger ou infliger un châtiment de même nature que l'offense. C'est ainsi qu'on réclamait un oeil pour un oeil, une dent pour une dent, une vie pour une vie". Le Christ, lui, enseigna que les hommes devaient souffrir plutôt que faire le mal, jusqu'à se soumettre sans résistance à certaines situations. Ces illustrations puissantes - que si l'on était frappé sur une joue, il fallait tendre l'autre à celui qui frappait, que si un homme prenait la tunique d'un autre en vertu de la loi, le perdant devait permettre qu'on lui prenne également son manteau, que si l'on obligeait quelqu'un à porter le fardeau d'un autre pendant un mille, il devrait être disposé à en faire deux, que l'on devait être prêt à donner ou à prêter quand on y était invité - ne doivent pas être comprises comme si elles commandaient de se soumettre servilement à des exigences injustes, ni comme une suppression du principe de la protection de soi. Ces instructions s'adressaient surtout aux apôtres, qui seraient officiellement consacrés à l’œuvre du royaume à l'exclusion de tous autres intérêts. Dans leur ministère, il vaudrait mieux pour eux souffrir, subir des pertes matérielles ou être maltraités personnellement par des oppresseurs corrompus que perdre de leur efficacité et empêcher l’œuvre par la résistance et les querelles. C'est à des gens comme ceux-là que les béatitudes s'appliquaient tout particulièrement: heureux ceux qui sont doux, ceux qui procurent la paix et ceux qui sont persécutés à cause de la justice.

 

Il avait été dit autrefois: «Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi[13]»; mais maintenant le Seigneur enseignait: «Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent], et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent.» C'était une doctrine nouvelle. Jamais encore il n'avait été commandé à Israël d'aimer ses ennemis. Il n'y avait aucune place pour l'amitié à l'égard des ennemis dans le code mosaïque: en effet, le peuple avait appris à considérer les ennemis d'Israël comme les ennemis de Dieu; et maintenant Jésus exigeait que l'on fit preuve de tolérance, de miséricorde et même d'amour pour ceux-là! Il compléta son exigence par une explication: grâce au moyen qu'il indiquait, les hommes peuvent devenir enfants de Dieu, semblables à leur Père céleste dans la mesure de leur obéissance; car le Père est bon, longanime et tolérant, faisant briller son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoyant la pluie satisfaire les besoins des justes et des injustes[14]. En outre, en quoi excelle l'homme qui ne donne que lorsqu'il reçoit, ne reconnaît que ceux qui le saluent avec respect, n'aime que lorsqu'il est aimé? Même les péagers[15] en faisaient autant. Il était attendu beaucoup plus des disciples du Christ. L’exhortation qui conclut cette partie du discours constitue un résumé efficace et complet de tout ce qui avait précédé: «Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait[16]

 

LA SINCÈRITÉ D'INTENTION[17]

 

A propos des aumônes, le Maître prévint contre l'ostentation et les démonstrations hypocrites, et les dénonça implicitement. Donner aux nécessiteux est digne d'éloge; mais donner dans le but de gagner l'éloge des hommes c'est de l'hypocrisie pure. Jeter des aumônes à un mendiant, verser des offrandes dans les caisses du trésor du temple, pour être vu des hommes[18], et les démonstrations similaires d'une générosité affectée, étaient à la mode dans certaines classes à l'époque du Christ; le même esprit se manifeste aujourd'hui. Il y en a maintenant qui font sonner la trompette, parfois dans les colonnes de la presse ou par d'autres moyens de publicité, pour attirer l'attention sur ce qu'ils donnent, afin de recevoir la gloire des hommes: pour gagner de la faveur politique, pour augmenter leur volume d'affaires ou leur influence, pour obtenir ce qui, dans leur esprit, vaut plus que ce dont ils se séparent. D'une manière tranchante et logique, le Maître démontra que pareils donateurs ont leur récompense. Ils auront reçu ce qu'ils demandent; qu'est-ce que de tels hommes peuvent demander de plus, à quoi peuvent-ils logiquement s'attendre encore? «Mais», dit le Seigneur, «quand tu fais l'aumône, que ta (main) gauche ne sache pas ce que fait ta (main) droite, afin que ton aumône se fasse en secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.»

 

Dans le même esprit le Prédicateur dénonça les prières hypocrites: dire des prières au lieu de prier. Il y en avait beaucoup qui recherchaient les lieux publics dans les synagogues et même aux coins des rues, afin d'être vus et entendus des hommes tandis qu'ils disaient leurs prières. Ils obtenaient la publicité qu'ils recherchaient; que pouvaient-ils demander de plus? «En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.» Celui qui veut vraiment prier - prier, autant que possible, comme le Christ priait, prier en communion réelle avec Dieu, à qui la prière s'adresse - recherchera la solitude, l'isolement, la retraite; s'il en a l'occasion, il se retirera dans sa chambre, en fermera la porte, afin que nul ne puisse entrer; là il pourra prier, en effet, si l'esprit de prière est dans son cœur; et c'est ce procédé-là que le Seigneur recommandait. Les suppliques verbeuses, composées surtout de répétitions comme celles des païens, pensant que leurs idoles seront heureuses de tant de paroles, étaient interdites.

 

Il est bon de savoir que la prière ne se compose pas de mots, de mots qui peuvent ne pas exprimer ce que l'on veut dire, de mots qui recouvrent souvent des inconséquences, de mots qui peuvent ne pas avoir de source plus profonde que les organes physiques de la parole, de mots qui peuvent être dits pour impressionner des oreilles mortelles. Les muets peuvent parler, et ce avec l'éloquence qui règne dans les cieux. La prière se compose de battements de cœur et des aspirations justes de l'âme, des suppliques basées sur la conscience du besoin, de la contrition et du désir pur. Si un homme n'a jamais réellement prié, il est séparé de l'ordre du divin dans la nature humaine, étranger dans la famille des enfants de Dieu. La prière sert à élever celui qui prie. Sans nos prières, Dieu serait Dieu, mais nous, sans la prière, nous ne pouvons être admis dans le royaume de Dieu. C'est pourquoi le Christ enseigna: «Votre père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.»

 

Puis il donna à ceux qui cherchaient la sagesse à ses pieds une prière modèle, disant: «Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié.» Ici, nous reconnaissons les rapports qui existent entre notre Père céleste et nous, et tout en respectant son grand et noble nom, nous profitons de l'avantage inestimable de nous approcher de lui, moins en pensant à sa gloire infinie, en tant que Créateur de tout ce qui est, Etre suprême planant au-dessus de toute création, qu'en nous rendant compte avec amour qu'il est Père et que nous sommes ses enfants. C'est l'écriture biblique la plus ancienne qui donne des instructions, la permission ou l'autorité de parler directement à Dieu comme à «Notre Père». C'est ici qu'est exprimée la réconciliation que la famille humaine, éloignée par le péché, peut obtenir, grâce aux moyens fournis par le Fils bien-aimé. Cette instruction démontre d'une manière également claire la fraternité entre le Christ et l'humanité. Comme il pria, de même nous prions le Père, nous comme frères, et le Christ comme notre frère aîné.

 

«Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.» Le royaume de Dieu doit être un royaume d'ordre, dans lequel la tolérance et la reconnaissance des droits individuels régneront. Celui qui prie réellement pour que ce règne vienne s'efforcera de hâter sa venue en vivant conformément à la loi de Dieu. Il s'efforcera de rester en harmonie avec l'ordre du royaume, de soumettre la chair à l'esprit, l'égoïsme à l'altruisme et d'apprendre à aimer les choses que Dieu aime. Rendre la volonté de Dieu suprême sur la terre, comme elle l'est au ciel, c'est s'allier avec Dieu dans les affaires de la vie. Il y en a beaucoup qui professent croire que Dieu étant omnipotent, tout ce qui est, est conformément à sa volonté. Pareille supposition n'est pas scripturaire, est déraisonnable et fausse[19]. La méchanceté n'est pas conforme à sa volonté; le mensonge, l'hypocrisie, le vice et le crime ne sont pas les dons de Dieu à l'homme. Ces monstruosités qui se sont développées comme des malformations hideuses dans la nature et la vie humaines seront abolies par sa volonté, et cette fin bénie viendra lorsque, de leur propre choix, sans abandonner ni supprimer leur libre arbitre, les hommes feront la volonté de Dieu.

 

«Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.» La nourriture est indispensable à la vie. Nous devons la demander quand nous en avons besoin. Notre Père sait ce dont nous avons besoin avant que nous le demandions, cela est vrai, mais en demandant nous le reconnaissons comme étant le Donateur, et cette demande nous incite à être humbles, reconnaissants, contrits et confiants. Bien que le soleil brille et que la pluie tombe également sur les justes et les injustes, celui qui est juste est reconnaissant de ces bénédictions; l'impie reçoit les bienfaits comme quelque chose de naturel, d'une âme qui est incapable d'avoir de la reconnaissance. La capacité d'être reconnaissant est une bénédiction, et nous devrions être plus reconnaissants de la posséder. On nous enseigne à prier jour après jour pour la nourriture dont nous avons besoin, non pour obtenir une grande quantité à mettre de côté pour l'avenir lointain. Israël dans le désert recevait quotidiennement de la manne[20] et cela lui rappelait qu'il dépendait de Celui qui donnait. L’homme qui a beaucoup a plus de facilité à oublier sa dépendance que celui qui est dans le besoin et qui doit demander jour après jour.

 

«Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés[21].» Celui qui peut ainsi prier avec une pleine intention et un but sans mélange mérite le pardon. Dans cette condition requise de la supplication personnelle, il nous est enseigné de n'attendre que ce que nous méritons. Les égoïstes et les pécheurs se réjouiraient d'être exemptés de leurs dettes légales, mais être égoïste et pécheur serait exiger le dernier sou de ceux qui sont endettés[22]. Le pardon est une perle trop précieuse pour qu'on la jette aux pieds de ceux qui ne pardonnent pas[23]; et, sans la sincérité qui jaillit d'un cœur contrit, nul ne peut demander en justice la miséricorde. Si d'autres doivent quelque chose, que ce soit en argent ou en biens, ou en vertu d'une infraction à nos droits, la manière dont nous agissons envers eux sera prise en compte dans le jugement de nos propres offenses.

 

«Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais délivre-nous du Malin». La première partie de cette demande a provoqué des commentaires et des questions. Nous ne devons pas entendre par là que Dieu induirait jamais un homme en tentation, si ce n'est peut-être comme une permission sage, pour le mettre à l'épreuve, lui donnant par là l'occasion de vaincre et d'acquérir ainsi la force spirituelle, qui est le seul avancement véritable dans le progrès éternel de l'homme. Le seul but pour lequel des corps ont été donnés pour les esprits préexistants du genre humain et pour les avancer à l'état mortel était: «Nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera[24].» Le plan de la mortalité entraînait la certitude de la tentation. L'intention de la supplication semble être que nous soyons préservés de toute tentation située au-delà de nos faibles capacités de résistance; que nous ne soyons pas abandonnés à la tentation sans le soutien divin qui sera une mesure de protection aussi complète que le permettra le choix que nous ferons.

 

Comme il est donc illogique d'aller, comme beaucoup le font, en des lieux où les tentations auxquelles ils sont le plus sensibles sont les plus fortes; pour l'homme affligé d'une passion pour la boisson forte, de prier ainsi et puis de se rendre au bistrot; pour l'homme dont les désirs sont voluptueux, d'exprimer pareille prière et puis d'aller là où la volupté est attisée; pour l'homme malhonnête, de dire la prière, puis de se placer où il sait qu'il aura l'occasion de voler! Pareilles âmes peuvent-elles ne pas être hypocrites lorsqu'elles demandent à Dieu de les délivrer des maux qu'elles ont recherchés? La tentation se mettra sur notre chemin sans que nous la recherchions, et le mal se présentera même lorsque nous avons le plus grand désir de faire le bien; c'est pour être délivrés de cela que nous pouvons prier en nous attendant à bon droit et avec assurance à être exaucés.

 

«Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen! » Ici nous reconnaissons la suprématie de l'Etre que nous avons appelé au commencement le Père. Il est le Tout-Puissant, en qui et par la volonté de qui nous avons la vie, le mouvement et l'être[25]. Se prétendre indépendant de Dieu est à la fois un sacrilège et un blasphème; le reconnaître est un devoir filial et une confession juste de sa majesté et de sa domination. Le Notre Père se termine par un «Amen» solennel, placé comme sceau sur le document de la supplique, attestant sa sincérité et l'expression véritable de l'âme du suppliant; réunissant en un mot le sens de tout ce qui a été prononcé ou pensé. Le sens littéral d'Amen est Ainsi soit-il.

 

Après le sujet de la prière, le Maître aborda celui du jeûne et souligna la vérité importante que pour servir à quelque chose le jeûne doit être une affaire entre l'homme et son Dieu, et non entre l'homme et ses semblables. Il était d'usage courant, à l'époque du Maître, de voir des hommes afficher leur abstinence pour faire voir à tout le monde leur prétendue piété[26]. Afin d'apparaître hagards et faibles, ces hypocrites se défiguraient le visage, sortaient non coiffés et lançaient des regards tristes. Le Seigneur dit de ceux-là aussi: «En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.» Les croyants furent exhortés à jeûner en secret, sans démonstration extérieure, et à jeûner en Dieu, qui pouvait voir dans le secret et entendrait leur sacrifice et leur prière.

 

LES TRÉSORS DE LA TERRE ET DU CIEL[27]

 

Le caractère transitoire de la richesse matérielle fut mis ensuite en contraste avec la richesse durable de l'éternité. Il y en avait et il y en a beaucoup dont l'effort principal dans la vie vise à amasser les trésors de la terre, dont la simple possession entraîne des responsabilités, des soucis et des ennuis. Certaines espèces de richesses comme la soie et le velours, le satin et les fourrures, sont mises en danger par les ravages de la teigne, certaines l'argent, le cuivre et l'acier - sont détruites par la corrosion et la rouille - en outre, il n'est pas rare que celles-ci deviennent le butin des voleurs. Infiniment plus précieux sont les trésors d'une vie bien vécue, la richesse de bonnes actions, dont il est tenu compte dans le ciel, où la richesse des œuvres de justice est à l'abri de la teigne, de la rouille et des voleurs. Puis vint la leçon pénétrante: «Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.»

 

Elle montre que la lumière spirituelle est plus grande qu'aucun luminaire physique. A quoi sert la lumière la plus brillante à l'homme qui est aveugle? C'est l’œil physique qui discerne la lumière de la bougie, de la lampe ou du soleil; et l’œil spirituel voit par la lumière spirituelle; si donc l’œil spirituel de l'homme est en bon état, c'est-à-dire pur et non terni par le péché, il est rempli de la lumière qui lui montrera le chemin vers Dieu; tandis que si l’œil de son âme est mauvais, il sera comme un oeil rempli de ténèbres. Le résumé exprime un avertissement solennel: «Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres!» Ceux à qui le Maître s'adressait avaient reçu la lumière de Dieu; le degré de foi qu'ils avaient déjà professé en était la preuve. S'ils devaient se détourner de la grande entreprise dans laquelle ils s'étaient embarqués, la lumière serait perdue et les ténèbres qui s'ensuivraient seraient plus denses que celles dont ils avaient été libérés[28]. Il ne devait y avoir aucune indécision chez les disciples. Aucun d'entre eux ne pouvait servir deux maîtres, celui qui professait faire cela serait un serviteur infidèle pour l'un ou pour l'autre. Ensuite vint une autre généralisation profonde: «Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon[29]

 

Il leur fut dit de se fier au Père pour leurs besoins, ne se souciant ni de nourriture ni de boisson, ni de vêtements, ni même de la vie elle-même, car tout cela serait donné par des moyens supérieurs à leurs pouvoirs de contrôle. Avec la sagesse d'un Maître entre les maîtres, le Seigneur fit appel à leur cœur et à leur intelligence en citant les leçons de la nature dans un langage d'une éloquence si simple et pourtant si puissante que l'amplifier ou le condenser ne ferait que le ternir:

 

«Regardez les oiseaux du ciel: Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Observez comment croissent les lis des champs: Ils ne travaillent, ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. »

 

Il réprimanda la faiblesse de la foi en rappelant que le Père, qui se souciait même de l'herbe des champs, qui pousse un jour et est rassemblée le lendemain pour être brûlée, ne manquerait pas de se souvenir des siens. C'est pourquoi le Maître ajouta: «Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus.»

 

NOUVELLE CONDAMNATION DE L’HYPOCRISIE[30]

 

Les hommes ont tendance à juger leurs semblables et à faire leur éloge ou leur critique sans considérer suffisamment les faits ou les circonstances. Le Maître exprima sa désapprobation des jugements tendancieux ou non fondés. «Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés», exhorta-t-il; c'est selon la manière dont on a jugé les autres que l'on sera jugé soi-même. L'homme qui est toujours prêt à corriger les erreurs de son frère, à enlever la paille de l’œil de son prochain, afin que ce prochain voie les choses comme l'ami intéressé et importun voudrait qu'il les voie, fut dénoncé comme hypocrite. Qu'était la poussière dans la vision de son prochain en comparaison de la poutre de son propre oeil? Les siècles qui se sont écoulés entre le temps du Christ et notre propre époque nous ont-ils rendus moins ardents à guérir la mauvaise vue de ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se ranger à notre point de vue et voir les choses comme nous les voyons?

 

Ces disciples, dont certains allaient bientôt agir avec l'autorité du saint apostolat, furent mis en garde contre la dissémination inconsidérée et aveugle des vérités et des préceptes sacrés qui leur étaient confiés. Ils auraient pour devoir de discerner l'esprit de ceux qu'ils essayaient d'instruire et de leur donner avec sagesse. Les paroles du Maître furent fortes: «Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds et ne se retournent pour vous déchirer[31]. »

 

PROMESSE ET ASSURANCE NOUVELLE[32]

 

Il leur fit ensuite la belle promesse que leurs supplications seraient entendues et exaucées. Ils devaient demander, et ils recevraient; ils devaient frapper, et la porte s'ouvrirait. Leur Père céleste n'aurait certainement pas moins de considération qu'un père humain; et quel est le père qui, si son fils lui demandait du pain, lui répondrait en lui donnant une pierre ou qui lui donnerait un serpent s'il demandait un poisson? Il n'en serait que d'autant plus certain que Dieu accorderait de bonnes choses à ceux qui demandaient selon leurs besoins, avec foi. «Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, aussi, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes. »

 

La voie droite et étroite que l'homme peut suivre dans la sainteté fut comparée avec la voie large qui mène à la perdition. Il fallait éviter les faux prophètes, tels qu'il y en avait parmi le peuple, qui, dans leurs prétentions, étaient comparables à des brebis mais étaient en réalité des loups dévorants. Ceux-ci, ils les reconnaîtraient à leurs oeuvres et aux résultats de celles-ci, tout comme on jugera qu'un arbre est bon ou mauvais selon son fruit. Les épines ne produisent pas de raisin, et les chardons ne peuvent porter de figues. De même, il est tout aussi impossible à un bon arbre de produire du mauvais fruit qu'à un arbre inutile et pourri de porter du bon fruit.

 

La religion, c'est plus que confesser et professer du bout des lèvres. Jésus affirma que le jour du jugement beaucoup prétendraient être ses disciples, disant: «Seigneur, Seigneur! N'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons chassé des démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles? Alors je leur déclarerai: Je ne vous ai jamais connus retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.» Ce n'est qu'en faisant la volonté du Père que l'on peut obtenir la grâce salvatrice du Fils. Vouloir parler et agir au nom du Seigneur sans en avoir reçu l'autorité que seul le Seigneur peut donner, c'est ajouter le sacrilège à l'hypocrisie. Même les miracles qui seront accomplis ne prouveront pas les prétentions de ceux qui professent administrer les ordonnances de l'Evangile, s'ils n'ont pas l'autorité de la Sainte Prêtrise[33].

 

ENTENDRE ET FAIRE[34]

 

Le sermon sur la montagne a traversé toutes les années qui se sont écoulées depuis qu'il a été prononcé sans qu'aucun autre ait pu rivaliser avec lui. Aucun mortel n'a jamais prêché de discours de ce genre depuis ce temps-là. L’esprit du discours est du début à la fin celui de la sincérité et de l'action, par opposition aux professions vides et à la négligence. Dans les dernières phrases, le Seigneur montra l'inutilité de se borner à entendre, par comparaison avec l'efficacité de l'action. L’homme qui entend et agit est comme le constructeur sage qui posa les fondations de sa maison sur du roc; et en dépit de la pluie, des torrents et des vents, la maison résista. Celui qui entend et n'obéit pas est comparé à l'insensé qui construisit sa maison sur le sable; et lorsque la pluie est tombée ou que les vents ont soufflé ou que les torrents sont venus, voici, elle est tombée, et sa ruine a été grande.

 

Pareils enseignements étonnèrent le peuple. Le Prédicateur n'avait cité pour ses enseignements originaux aucune autorité autre que la sienne. Son discours ne présentait aucun cortège de précédents rabbiniques; la loi était remplacée par l'évangile: «Car il les enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité et non pas comme leurs scribes.»

 

NOTES DU CHAPITRE 17

 

1. Epoque et lieu du sermon sur la montagne : Matthieu cite très rapidement le discours, le plaçant même avant d'indiquer son appel de la maison du péage - appel qui précéda certainement l'ordination du groupe des Douze - et avant de raconter un grand nombre de paroles et d'actions du Seigneur déjà examinées dans ces pages. Luc place son sommaire partiel du sermon après l'ordination des apôtres. Matthieu nous dit que Jésus était monté sur la montagne et qu'il était assis tandis qu'il parlait; le récit de Luc fait penser que Jésus et les Douze descendirent tout d'abord des hauteurs de la montagne dans une plaine, où la foule les rencontra, et que Jésus leur prêcha debout. Les critiques qui s'amusent de petits détails, négligeant souvent des choses plus importantes, ont essayé de tirer le plus grand parti de ces divergences apparentes. N'est-il pas probable que Jésus parla en détail à ses disciples qui étaient alors présents, sur le flanc de la montagne, et parmi lesquels il avait choisi les Douze, et qu'après avoir terminé le discours qu'il leur avait fait, il descendit avec eux dans la plaine où une multitude s'était assemblée, et qu'il lui répéta certaines parties de ce qu'il avait déjà dit? L’abondance relative du récit de Matthieu peut être due au fait que, étant l'un des Douze, il assista au premier discours plus étendu.

 

2. Le plaisir et le bonheur : «Le temps présent est une période de recherche du plaisir, et les hommes perdent le sens dans la folle course aux sensations qui ne font qu'exciter et décevoir. A notre époque de contrefaçon, de déformation et d'imitation viles, le démon est plus occupé qu'il ne l'a jamais été au cours de l'histoire humaine à fabriquer des plaisirs, tant vieux que nouveaux; et ceux-ci, il les met en vente d'une manière extrêmement attrayante, portant faussement l'étiquette: Bonheur. Il n'a pas son égal dans cet art destructeur d'âmes; il a des siècles d'expérience et de pratique, et par son habileté, il contrôle le marché. Il a appris les ficelles du métier et sait comment attirer l’œil et éveiller le désir de ses clients. Il emballe sa marchandise dans des paquets aux couleurs vives, fermés par des fils de clinquant et des pompons; et les foules affluent aux comptoirs de ses magasins, se bousculant et s'écrasant mutuellement dans leur frénésie d'achat.

 

«Suivez l'un des acheteurs tandis qu'il s'en va avec une satisfaction méchante, son paquet criard sous le bras, et regardez-le l'ouvrir. Que trouve-t-il à l'intérieur de l'emballage doré? Il s'était attendu à un bonheur parfumé, mais il ne découvre qu'une forme inférieure de plaisir dont la puanteur est écœurante.

 

«Le bonheur comprend tout ce qui est réellement désirable et de valeur réelle dans le plaisir et beaucoup d'autres choses en plus. Le bonheur est de l'or véritable, le plaisir n'est que de l'airain doré, qui se corrode dans la main et se transforme bientôt en vert-de-gris empoisonné. Le bonheur est comme le diamant véritable qui, brut ou poli, brille de son lustre inimitable; le plaisir est comme l'imitation en toc qui ne brille que lorsqu'on l'embellit artificiellement. Le bonheur est comme le rubis, rouge comme le sang du cœur, dur et durable; le plaisir comme du verre de couleur, fragile, cassant et de beauté passagère.

 

«Le bonheur, c'est la nourriture véritable, saine, nutritive et douce; elle édifie le corps et apporte de l'énergie pour l'action, physique, mentale et spirituelle; le plaisir n'est qu'un stimulant trompeur qui, comme les spiritueux, fait croire qu'on est fort alors qu'en réalité on est affaibli, fait imaginer qu'on est en bonne santé alors qu'on est en fait frappé d'une maladie mortelle.

 

«Le bonheur ne laisse pas de mauvais arrière-goût, il n'est suivi d'aucune réaction déprimante; il ne demande aucun repentir, n'apporte aucun regret, n'implique aucun remords; le plaisir rend trop souvent le repentir, la contrition et la souffrance nécessaires; et, si on s'y livre à l'extrême, il apporte la dégradation et la destruction.

 

«Le vrai bonheur se revit constamment en mémoire, toujours avec un renouveau du bien originel; un moment de plaisir impie peut laisser un aiguillon barbelé qui, comme une épine dans la chair, est une source éternellement présente d'angoisse.

 

«Le bonheur n'est pas apparenté à la légèreté ni à la gaieté frivole. Il jaillit des sources profondes de l'âme, et il n'est pas rare qu'il s'accompagne de larmes. N'avez-vous jamais été heureux au point d'en pleurer? Moi si.» (Tiré d'un article de l'auteur, Improvement Era, vol. 17, numero 2, pp. 172, 173).

 

3. Le sel de la terre : Le Commentary on the Holy Bible, de Dummelow, sur Matthieu 5:13, dit: «En Palestine, le sel, étant recueilli dans un état impur, subit souvent des changements chimiques qui détruisent sa saveur tandis que son aspect subsiste.» Nous pourrons peut-être suggérer une interprétation raisonnable de l'expression «Si le sel perd sa saveur» en disant que le sel mêlé à des impuretés insolubles peut être dissous par l'humidité, ne laissant le résidu insoluble que légèrement salé. La leçon de l'illustration du Seigneur est que le sel gâté est incapable de conserver. Le passage correspondant dans le sermon que Jésus fit aux Néphites après sa résurrection dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis: Je vous donne d'être le sel de la terre; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la terre sera-t-elle salée? Le sel désormais ne serait plus bon à rien qu'à être jeté et foulé aux pieds des hommes» (3 Né 12:13).

 

4. Allusion aux péagers : Observez que Matthieu, qui avait été péager, rapporte franchement cette allusion (5:46,47) faite à la classe méprisée, à laquelle il appartenait. Luc écrit «pécheurs» au lieu de «péagers» (6:32-34). Naturellement, si les récits des deux auteurs font allusion à des discours séparés (voir note 1 ci-dessus), ils peuvent avoir raison tous les deux. Mais nous trouvons que Matthieu se donne à lui-même le nom de péager lorsqu'il fait la liste des apôtres (10:3) et que les autres évangélistes omettent avec tact ce titre peu enviable (Mc 3:18, Lc 6:15).

 

5. La perfection relative : On ne peut interpréter raisonnablement l'exhortation que notre Seigneur fit aux hommes de devenir parfaits comme le Père est parfait (Mt 5:48) que comme sous-entendant la possibilité de pareilles réalisations. Il est cependant clair que l'homme ne peut devenir parfait dans la mortalité dans le sens dans lequel Dieu est parfait en tant qu'Etre suprêmement glorifié. Il est cependant possible à l'homme d'être parfait dans sa sphère dans un sens analogue à celui dans lequel les intelligences supérieures sont parfaites dans leurs sphères respectives; cependant la perfection relative de celles qui sont plus bas est infiniment inférieure à celle de ceux qui sont plus haut. Un universitaire de première ou de deuxième année peut être parfait en tant qu'étudiant de première ou de deuxième année; il peut avoir 100% d'efficacité et de réalisations; cependant les honneurs de l'étudiant de troisième ou de quatrième années sont au-delà de sa portée, et le diplôme de licence est éloigné pour lui mais constitue une possibilité certaine, s'il reste fidèle et dévoué jusqu'à la fin.

  



[1] Mt chap. 5,6,7; Lc 6:20-49 (voir aussi la version du sermon prononcé par Jésus-Christ après sa résurrection, aux Néphites du continent américain: LM, 3 Né, chap. 12,13,14. Voir aussi chapitre 39 infra).

[2] Note 1, fin du chapitre.

[3] Mt 4:23-25; lire ces versets avec 5:1; voir aussi Lc 6:17-19.

[4] Note 1, fin du chapitre.

[5] Mt 5:3-12; cf. Lc 6:20-26 et LM, 3 Né 12:1-12.

[6] Mt 5:11, 12; cf. Lc 6:26; LM, 3 Né 12:11,12.

[7] Note 2, fin du chapitre.

[8] D&A 93:33.

[9] Lv 2:13; cf. Esd 6:9; Ez 43:24.

[10] Notez l'expression «alliance du sel» [version du roi Jacques - N.d.T.] désignant l'alliance entre Jéhovah et Israël, Lv 2:13, Nb 18:19; cf. 2 Ch 13:5.

[11] Note 3, fin du chapitre.

[12] Mt 5:21-48, Lc 6:27-36; cf. LM, 3 Né 12:21-48.

[13] Cf. Lv 19:18; Dt 23:6 et Ps 41:10.

[14] Comparer avec la leçon donnée dans la parabole de l'ivraie, Mt 13:24-30.

[15] Note 4, fin du chapitre; voir aussi pages 212 et 221.

[16] Note 5, fin du chapitre.

[17] Mt 6:1-18; cf. Lc 11:2-4; LM, 3 Né 13:1-18.

[18] Examiner l'incident du don du riche et de l'obole de la veuve, Mc 12:41-44; Lc 21:1-4.

[19] Page 19.

[20] Ex 16:16-21.

[21] Version anglaise: «Pardonne-nous nos dettes, comme nous pardonnons nos débiteurs». N.d.T.

[22] Notez la leçon de la parabole du serviteur impitoyable, Mt 18:23-25.

[23] Cf. Mt 7:6.

[24] PGP, Abr 3:25; voir pages 14, 15, supra.

[25] Ac 17:28.

[26] Comparer avec l'exemple donné à propos de la parabole du Pharisien et du péager, Lc 18:10-14.

[27] Mt 6:19-34; cf. Lc 12:24-34,16:13,18:22; LM, 3 Né 13:19-34.

[28] Lc 11:34-36.

[29] Cf. Ga 1:10; 1 Tm 6:17; Jc 4:4; 1 Jn 2:15.

[30] Mt 7:1-5; Luc 6:37,38,41,42; cf. LM, 3 Né 14:1-5.

[31] Mt 7:6; cf. LM, 3 Né 14:6.

[32] Mt 7:7-23; Lc 6:43-44,46, 11:9-13, 13:24-30; cf. LM, 3 Né 14:7-23.

[33] Articles de Foi, pp. 222-233, 281-283.

[34] Mt 7:24-29; Lc 6:46-49; cf. LM, 3 Né 14:24-27.

 

 

 

l Accueil l Écritures l Livres l Magazines l Études l Médias l Art l