CHAPITRE 16 : LE CHOIX
DES DOUZE LEUR APPEL ET LEUR ORDINATION[1] La nuit précédant le matin où les douze apôtres
furent appelés et ordonnés, le Seigneur la passa dans une retraite
solitaire; il «passa toute la nuit dans la prière à Dieu»[2]. Puis, le jour venu, et
tandis que beaucoup de gens s'assemblaient pour en apprendre davantage sur
le nouvel et magnifique Evangile du royaume, il demanda à certaines
personnes qui, jusqu'alors, l'avaient accompagné avec dévouement comme
disciples, de s'approcher, et, parmi eux, il en choisit douze qu'il
ordonna et nomma apôtres[3]. Avant cette époque, aucun
n'avait reçu d'autorité ou de charge qui le distinguait des autres; ils
avaient été comptés avec les disciples en général, bien que, comme
nous l'avons vu, sept d'entre eux eussent reçu un appel préliminaire et
y eussent promptement répondu en abandonnant entièrement ou
partiellement leurs affaires pour suivre le Maître. C'étaient André,
Jean, Simon, Pierre, Philippe, Nathanaël, Jacques et Lévi Matthieu. Mais
avant ce jour important, aucun des Douze n'avait été ordonné ou mis à
part pour son office sacré. Les trois évangélistes qui rapportent
l'organisation des Douze placent Simon Pierre en tête et Judas Iscariot
en dernier dans la catégorie; ils s'accordent également sur la place
relative de certains d'entre eux mais non de tous les autres. En suivant
l'ordre donné par Marc, et ceci est peut-être le plus pratique puisque
les trois premiers qu'il nomme sont ceux qui devinrent plus tard les plus
importants, nous avons la liste suivante: Simon Pierre, Jacques (fils de Zébédée),
Jean (frère du dernier cité), André (frère de Simon Pierre), Philippe,
Barthélemy (ou Nathanaël), Matthieu, Thomas, Jacques (fils d'Alphée),
Jude (également appelé Lebbée ou Thaddée), Simon (qui se distingue par
son surnom de Zélote, appelé aussi le Cananite) et Judas Iscariot. ÉTUDE SÉPARÉE DES DOUZE Simon, le premier apôtre cité, est connu plus
communément sous le nom de Pierre - le nom que lui donna le Seigneur lors
de leur première rencontre, et qu'il confirma plus tard[4]. Il était fils de Jona,
ou Jonas, et était pêcheur de métier. Son frère André et lui étaient
associés avec Jacques et Jean, fils de Zébédée; et selon toute
apparence, leur affaire de pêche était prospère, car ils possédaient
leurs bateaux et employaient d'autres hommes[5].
Pierre habita d'abord dans la petite ville de pêche de Bethsaïda[6],
sur la rive occidentale du lac de Galilée; mais vers l'époque où il
rencontra Jésus pour la première fois, ou peu après, il alla
s'installer avec d'autres membres de sa famille à Capernaüm, où il
semble être devenu propriétaire indépendant[7]. Simon Pierre était marié
avant son appel au ministère. Matériellement parlant, il était aisé;
et lorsqu'il dit un jour qu'il avait tout quitté pour suivre Jésus, le
Seigneur ne nia pas que le sacrifice que Pierre avait fait de ses biens
matériels fût aussi grand qu'il l'avait laissé entendre. Rien ne permet
de penser qu'il était illettré ou ignorant. Jean et lui, il est vrai,
furent appelés «des hommes du peuple sans instruction»[8]
par le conseil des dirigeants, mais quand ils disaient cela, ils voulaient
dire par là qu'ils n'avaient pas été formés dans les écoles des
rabbis; et il convient de remarquer que les membres de ce même conseil
furent étonnés de la sagesse et de l'autorité manifestées par les
douze apôtres qu'ils professaient mépriser. Par tempérament, Pierre était impulsif et sévère
et, jusqu'à ce qu'il eût été formé par de dures expériences,
manquait de fermeté. Il avait beaucoup de faiblesses humaines, et
cependant en dépit d'elles toutes, il surmonta finalement les tentations
de Satan et les faiblesses de la chair et servit son Seigneur comme chef désigné
et reconnu des Douze. Les Ecritures ne parlent pas du moment ni du lieu de
sa mort; mais la manière dont il mourrait fut préfigurée par le
Seigneur ressuscité[9] et fut prévue en partie par
Pierre lui-même[10]. La tradition, qui trouve son
origine dans les écrits des premiers historiens chrétiens autres que les
apôtres, déclare que Pierre trouva la mort par crucifixion comme martyr
au cours de la persécution qui se produisit sous le règne de Néron,
probablement entre 64 et 68 après J.-C. Origène déclare que l'apôtre
fut crucifié la tête en bas. Pierre, avec Jacques et Jean, ses
compagnons dans la présidence des Douze, apparut, ressuscité, dans la
dispensation actuelle, lorsqu'il rétablit sur la terre la Prêtrise de
Melchisédek, y compris le Saint Apostolat, qui avaient été enlevés à
cause de l'apostasie et de l'incrédulité des hommes[11]. Jacques et Jean, frères de naissance, associés
dans les affaires comme pêcheurs, frères dans le ministère, furent
partenaires avec Pierre dans l'appel apostolique. Le Seigneur conféra à
tous deux un titre commun - Boanergès ou fils du tonnerre[12] - pensant peut-être au zèle
qu'ils montrèrent à son service, lequel dut en effet être freiné à
certains moments, comme lorsqu'ils auraient voulu appeler le feu du ciel
pour détruire les villageois samaritains qui avaient refusé leur
hospitalité au Maître[13]. Leur mère et eux aspiraient
aux honneurs les plus hauts du Royaume, et ils demandèrent à recevoir
tous deux une place, l'un à la droite et l'autre à la gauche du Christ
dans sa gloire. Cette ambition fut doucement réprimandée par le
Seigneur, et cette demande offensa les autres apôtres[14].
Avec Pierre, ces deux frères furent témoins de beaucoup des événements
les plus importants de la vie de Jésus; c'est ainsi qu'ils furent tous
les trois les seuls apôtres admis à être témoins de la résurrection
de la fille de Jairus[15]; ils furent les seuls membres
des Douze qui assistèrent à la transfiguration du Christ[16];
ils étaient les plus proches du Seigneur pendant son agonie mortelle à
Gethsémané[17]; et, comme nous l'avons déjà
dit, ils participèrent dans nos temps modernes au rétablissement du
Saint Apostolat avec toute son ancienne autorité et son pouvoir de bénir[18]. Jacques est désigné
communément dans la littérature théologique comme Jacques 1er,
pour le distinguer de l'autre apôtre qui porte le même nom. Jacques, le
fils de Zébédée, était le premier des apôtres qui trouva la mort
violente du martyr; il fut décapité sur ordre du roi Hérode Agrippas[19].
Jean avait été disciple du Baptiste et avait prouvé sa confiance dans
le témoignage que ce dernier rendit de Jésus en se détournant
promptement du précurseur pour suivre le Seigneur[20].
Il devint un serviteur dévoué et se qualifia à plusieurs reprises le
disciple «que Jésus aimait» [21]. A la dernière Cène, Jean était assis à côté
de Jésus, reposant la tête sur la poitrine du Maître[22];
et le lendemain, tandis qu'il se tenait en dessous de la croix, il reçut
du Christ mourant la mission de prendre soin de la mère du Seigneur[23];
et il répondit promptement à cette invitation en emmenant Marie en
larmes chez lui. Il fut le premier à reconnaître le Seigneur ressuscité
sur les rives de Galilée, et les lèvres immortelles encouragèrent son
espoir que sa vie se poursuivrait afin qu'il pût servir parmi les hommes
jusqu'à ce que le Christ vienne dans sa gloire[24].
La révélation à l'époque moderne a attesté que cet espoir fut réalisé[25]. André, fils de Jona et frère de Simon Pierre,
est mentionné moins fréquemment que les trois apôtres déjà examinés.
Il avait été l'un des disciples du Baptiste, et, avec Jean, le fils de Zébédée,
il quitta le Baptiste pour s'instruire auprès de Jésus; et ayant appris,
il partit à la recherche de Pierre, lui affirma solennellement que le
Messie avait été trouvé et amena son frère aux pieds du Sauveur[26].
Il partagea avec Pierre l'honneur d'être appelé par le Seigneur au bord
de la mer et la promesse «je vous ferai pêcheurs d'hommes»[27].
Nous lisons qu'à une occasion André était présent avec Pierre, Jacques
et Jean dans un entretien privé avec le Seigneur[28];
et il est cité lors de la première multiplication des pains[29]
et avec Philippe lorsqu'une entrevue fut arrangée entre certains Grecs
questionneurs et Jésus[30]. Il est cité avec d'autres
au moment de l'ascension de notre Seigneur[31].
La tradition est pleine d'histoires au sujet de cet homme, mais nous
n'avons aucun document authentique sur l'étendue de son ministère, la
durée de sa vie ni les circonstances de sa mort. Philippe a peut-être été le premier à
recevoir l'appel péremptoire «Suis-moi» des lèvres de Jésus, et nous
le voyons témoigner immédiatement que Jésus était le Messie tant
attendu. Il habitait Bethsaïda, la ville de Pierre, d'André, de Jacques
et de Jean. On dit que Jésus le trouva[32]
tandis que les autres premiers disciples semblent être venus séparément,
d'eux-mêmes, au Christ. Il est mentionné brièvement lors de la première
multiplication des pains, moment où Jésus lui demanda: «Où achèterons-nous
des pains pour que ces gens aient à manger?» Cela fut fait pour le
mettre à l'épreuve, car Jésus savait ce que l'on ferait. Philippe basa
sa réponse sur le peu d'argent dont ils disposaient et montra qu'il ne
s'attendait nullement à une intervention miraculeuse[33].
C'est à lui que les Grecs s'adressèrent lorsqu'ils cherchèrent à
rencontrer Jésus comme nous l'avons remarqué en parlant d'André. Il fut
réprimandé avec douceur pour son manque de compréhension lorsqu'il
demanda à Jésus de leur montrer le Père, à lui et aux autres: «il y a
si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe[34]!»
Les Ecritures parlent au passage de sa présence parmi les Onze après la
résurrection, mais, à part cela, elles ne disent rien d'autres à son
sujet. Barthélemy n'est appelé de ce nom dans les
Ecritures que lors de son ordination à l'apostolat, et comme l'un des
Onze après l'ascension. Le nom veut dire fils de Tolmai. Il est cependant
à peu près certain qu'il est l'homme qui est appelé Nathanaël dans
l'Evangile de Jean, celui que le Christ appela «un Israélite dans lequel
il n'y a point de fraude»[35]. Il est de nouveau cité
parmi ceux qui allèrent pêcher avec Pierre après la résurrection du
Christ[36]. Il demeurait à Cana en
Galilée. Les raisons pour lesquelles on pense que Barthélemy et Nathanaël
étaient la même personne sont les suivantes: Barthélemy est cité comme
apôtre dans chacun des trois évangiles synoptiques, et Nathanaël n'est
pas cité. Nathanaël est deux fois dans l'évangile de Jean, et Barthélemy
ne l'est pas du tout; Barthélemy et Philippe, ou Nathanaël et Philippe,
sont cités ensemble. Matthieu ou Lévi, fils d'Alphée, était l'un
des sept qui reçurent un appel à suivre le Christ avant l'ordination des
Douze. C'est lui qui donna une fête qui valut à Jésus et aux disciples
d'être violemment critiqués par les Pharisiens pour y avoir assisté[37],
ceux-ci trouvant qu'il n'était pas convenable qu'il mangeât avec des péagers
et des gens de mauvaise vie. Matthieu était péager; c'est ainsi qu'il se
désigne dans l'Evangile qu'il écrivit[38];
mais les autres évangélistes n'en parlent pas lorsqu'ils le comptent
parmi les Douze. Son nom hébreu, Lévi, est considéré par beaucoup
comme une indication de son lignage sacerdotal. Nous n'avons aucun récit
détaillé de son ministère; bien qu'il soit l'auteur du premier
Evangile, il s'abstient de se mentionner en dehors de l'occasion où il
fut appelé et ordonné. Des écrivains autres que scripturaires disent
qu'il fut l'un des apôtres les plus actifs après la mort du Christ et
qu'il œuvra dans des pays éloignés de Palestine. Thomas, également appelé Didyme, équivalent
grec de son nom hébreu, qui veut dire «un jumeau», est mentionné comme
témoin de la résurrection de Lazare. Son dévouement à Jésus se révèle
dans son désir d'accompagner le Seigneur à Béthanie, bien qu'il fût
presque certain d'être persécuté dans cette région. Thomas dit aux
autres apôtres: «Allons, nous aussi, afin de mourir avec lui[39].»
Même à une période aussi avancée de son expérience que la nuit précédant
la crucifixion, Thomas n'avait pu comprendre la nécessité imminente du
sacrifice du Sauveur; et lorsque Jésus parla de s'en aller et de laisser
les autres suivre, Thomas demanda comment ils connaîtraient le chemin. Il
fut réprimandé de son manque de compréhension. Il était absent lorsque
le Christ ressuscité apparut aux disciples assemblés le soir du jour de
sa résurrection; et lorsqu'il fut informé par les autres qu'ils avaient
vu le Seigneur, il exprima ses doutes avec force et déclara qu'il ne
croirait que s'il pouvait voir et sentir par lui-même les blessures du
corps crucifié. Huit jours plus tard, le Seigneur rendit de nouveau
visite aux apôtres alors que, comme lors de la première occasion, ils étaient
enfermés; et le Seigneur dit à Thomas: «Avance ici ton doigt, regarde
mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté.» Alors
Thomas, ne doutant plus, mais l'âme remplie d'amour et de respect,
s'exclama: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Le Seigneur lui dit: «Parce que
tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru[40]!»
Aucun autre passage du Nouveau Testament ne parle de Thomas, si ce n'est
de sa présence avec ses compagnons après l'ascension. Jacques, fils d'Alphée, n'est mentionné dans
les évangiles que lors de son ordination à l'apostolat; et une seule
fois encore par le Nouveau Testament sous le nom «fils d'Alphée»[41].
Dans les récits autres que scripturaires, on l'appelle parfois Jacques II
pour éviter de le confondre avec Jacques, le fils de Zébédée. Il est
reconnu que l'on ne sait pas si Jacques, le fils d'Alphée, est le Jacques
ou l'un des Jacques dont on parle dans les Actes et dans les épîtres[42].
Et il existe un grand nombre de textes de controverse à ce sujet[43]. Jude est appelé Lebbée Thaddée par Matthieu,
Thaddée par Marc et Jude, fils de Jacques par Luc. La seule autre
allusion directe à cet apôtre est faite par Jean et se situe au moment
du dernier long entretien entre Jésus et les apôtres, quand ce Jude, «non
pas l'Iscariot», demanda comment ou pourquoi Jésus se manifesterait aux
serviteurs qu'il avait choisis et non au monde en général. La question
de cet homme montre qu'il ne comprenait pas pleinement le caractère
vraiment distinctif de l'apostolat. Simon le zélote, ainsi nommé dans les Actes[44],
et nommé Simon appelé le zélote dans l'Evangile de Luc, est qualifié
tant par Matthieu que par Marc de cananite. La dernière désignation
n'avait rien à voir avec la ville de Cana ni avec le pays de Canaan, elle
n'a aucune signification géographique; c'est l'équivalent syro-chaldéen
du mot grec que l'on rend dans le texte français par «zélote». C'est
pourquoi les deux mots ont le même sens fondamental et se rapportent
chacun aux zélotes, secte ou faction juive connue pour son zèle à
entretenir le rituel mosaïque. Il ne fait aucun doute que Simon avait
appris la modération et la tolérance des enseignements du Christ; sinon
il n'aurait guère convenu au ministère apostolique. Convenablement dirigée,
son ardeur zélée peut s'être transformée en un trait de caractère très
utile. Cet apôtre n'est cité nulle part dans les Ecritures séparément
de ses compagnons. Judas Iscariot est le seul judéen cité parmi
les Douze; tous les autres étaient Galiléens. On croit généralement
qu'il avait habité Kérioth, petite ville dans le sud de la Judée, mais
à quelques kilomètres à l'ouest de la mer Morte, bien que nous n'ayons
aucune autorité directe pour cette tradition, pas plus que pour la
signification de son surnom. De même, nous ne savons rien de sa lignée,
si ce n'est que le nom de son père était Simon[45].
Il fut trésorier ou agent du groupe apostolique, recevant et déboursant
les offrandes qui étaient faites par des disciples et des amis, et
achetant ce dont on avait besoin[46]. Jean atteste qu'il
s'acquittait de cette fonction sans scrupules et avec malhonnêteté. Sa
nature cupide et plaintive se révéla lorsqu'il murmura contre ce qu'il
appelait le gaspillage d'un parfum coûteux, quand Marie oignit le
Seigneur, quelques jours seulement avant la crucifixion; il suggéra
hypocritement que le précieux parfum aurait pu être vendu et le bénéfice
donné aux pauvres[47]. Le pire acte de perfidie de
la carrière d'Iscariot fut qu'il trahit délibérément son Maître et le
livra à la mort; et cela, cette créature infâme le fit pour de l'argent
et accomplit le méfait avec un baiser. Il mit fin à sa vie coupable par
un suicide révoltant, et son esprit s'en alla au destin terrible réservé
aux fils de perdition[48]. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DES DOUZE L'examen des caractéristiques et des qualités
de ce groupe de douze hommes révèle quelques faits intéressants. Avant
d'être choisis comme apôtres, ils étaient tous devenus disciples
intimes du Seigneur; ils croyaient en lui; plusieurs d'entre eux, et peut-être
tous, avaient confessé ouvertement qu'il était le Fils de Dieu, et
cependant il est douteux qu'aucun d'eux ait compris pleinement le sens réel
de l'œuvre du Sauveur. A en juger par les remarques ultérieures que
beaucoup d'entre eux firent et les instructions et les réprimandes qu'ils
s'attirèrent de la part du Maître, il est évident que l'attente commune
chez les Juifs d'un Messie qui régnerait en splendeur comme roi terrestre
après avoir soumis toutes les autres nations, avait une place même dans
le cœur de ces élus. Après une longue expérience, le souci de Pierre
était encore: «Voici que nous avons tout quitté et que nous t'avons
suivi, qu'en sera-t-il pour nous[49]?»
Ils étaient comme des enfants qui devaient être formés et instruits;
mais ils étaient pour la plupart des élèves dociles, à l'âme réceptive
et remplie du désir sincère de servir. Pour Jésus, ils étaient ses
petits, ses enfants, ses serviteurs et ses amis, selon leurs mérites[50].
Ils étaient tous du commun, ce n'étaient ni des rabbis, ni des savants,
ni des fonctionnaires sacerdotaux. C'est de leur nature intime et non de
leurs réalisations extérieures que le Seigneur tint compte avant tout
dans son choix. Le Maître les choisit; ils ne se choisirent pas eux-mêmes;
c'est par lui qu'ils furent ordonnés[51], et en conséquence ils
pouvaient s'en remettre d'autant plus implicitement à sa direction et à
son soutien. Beaucoup leur fut donné, beaucoup fut requis d'eux. A une
noire exception près, ils devinrent tous des lumières brillantes dans le
royaume de Dieu et confirmèrent le choix du Maître. Il reconnut en
chacun les caractéristiques de capacités qu'ils avaient cultivées dans
le monde lointain des esprits[52]. DISCIPLES ET APOTRES La qualité de disciple est quelque chose de général;
quiconque suit un homme ou est dévoué à un principe peut être appelé
disciple. Le Saint Apostolat est un office et un appel qui appartient à
la Prêtrise Supérieure ou de Melchisédek, à la fois exalté et déterminé,
comprenant comme fonction distinctive celle d'être témoin personnel et
spécial de la divinité de Jésus-Christ, Rédempteur et Sauveur unique
de l'humanité[53].
L’apostolat est un don individuel, et comme tel n'est conféré que par
l'ordination. Le fait que les Douze constituaient un conseil ou «collège»
ayant l'autorité dans l'Eglise établie par Jésus-Christ, est révélé
par leur administration après la résurrection et l'ascension du
Seigneur. Leur premier acte officiel fut de remplir la vacance produite
dans leur organisation par l'apostasie et la mort de Judas Iscariot. A
propos de cette procédure, l'apôtre président, Pierre, exposa les
qualités essentielles de celui qui serait choisi et ordonné, qui
impliquaient une connaissance telle de Jésus, de sa vie, de sa mort et de
sa résurrection qu'elle unirait le nouvel apôtre aux Onze comme témoin
spécial de l’œuvre du Seigneur[54]. L’ordination des douze apôtres marqua
l'inauguration d'une période avancée dans le ministère terrestre de Jésus,
période caractérisée par l'organisation d'un groupe d'hommes investis
de l'autorité de la sainte prêtrise, sur qui reposeraient, particulièrement
après le départ du Seigneur, le devoir et la responsabilité de
continuer l’œuvre qu'il avait commencée et d'édifier l'Eglise établie
par lui. Le mot «apôtre» est la forme francisée du
grec apostolos, signifiant littéralement «quelqu'un qui est envoyé»,
et indiquant un envoyé ou un messager officiel, qui parle et agit par
l'autorité de quelqu'un de supérieur à lui. C'est dans ce sens que Paul
appliqua plus tard le titre au Christ comme quelqu'un de spécialement
envoyé et commissionné par le Père[55]. Le but du Seigneur, en choisissant et en
ordonnant les Douze, est énoncé comme suit par Marc: «Il en établit
douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir
de chasser les démons[56].»
Pendant un certain temps après leur ordination, les apôtres demeurèrent
avec Jésus, étant spécialement formés et instruits par lui pour l’œuvre
qu'ils avaient alors à accomplir; après quoi ils furent officiellement
chargés de prêcher et d'administrer avec l'autorité de leur prêtrise
et envoyés le faire, comme nous allons le voir plus loin[57]. NOTES DU CHAPITRE 16 1. Jude Lebbée Thaddée : Ce Jude (pas l'Iscariot) est appelé Jude fils de Jacques
dans la version Segond de Lc 6:16 et d'Ac 1:13. Le texte originel dit «Jude
de Jacques». Nous ne savons pas de quel Jacques il s'agit, ni si ce Jude
était le fils, le frère ou quelque autre parent du Jacques inconnu. 2. La signification de «apôtre» : «Le titre «apôtre» est également un titre
d'une signification et d'une sainteté particulières; il a été donné
de Dieu et n'appartient qu'à ceux qui ont été appelés et ordonnés
comme «témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier, différant
ainsi des autres officiers de l'Eglise dans les devoirs de leur appel»
(D&A 107:23). Par dérivation, le mot «apôtre» est l'équivalent
français du grec «apostolos» indiquant un messager, un ambassadeur ou
littéralement «quelqu'un qui est envoyé». Il signifie que celui qui
est appelé ainsi à bon droit parle et agit, non de lui-même, mais comme
représentant d'une puissance supérieure qui lui a donné sa mission; et
dans ce sens le titre est celui d'un serviteur plutôt que d'un supérieur.
Cependant, même le Christ est appelé apôtre quand il est question de
son ministère dans la chair (Hé 3: 1), et cette appellation est justifiée
par sa déclaration répétée qu'il vint sur la terre non pour faire sa
volonté mais celle de son Père par qui il fut envoyé. «Bien que, comme on le voit, un apôtre soit
essentiellement un envoyé ou un ambassadeur, son autorité est grande,
comme l'est aussi la responsabilité qui y est associée, car il parle au
nom d'une puissance plus grande que la sienne: le nom de celui dont il est
le témoin spécial. Lorsque l'un des Douze est envoyé exercer son ministère
dans un pieu, une mission ou une autre division de l'Eglise, ou travailler
dans les régions où l'Eglise n'a pas été organisée, il agit comme
représentant de la Première Présidence et a le droit d'utiliser son
autorité pour faire tout ce qui est requis pour l'avancement de l’œuvre
de Dieu. Il a le devoir de prêcher l'Evangile, d'en administrer les
ordonnances et de mettre en ordre les affaires de l'Eglise partout où il
est envoyé. Si grande est la sainteté de cet appel spécial que le titre
«apôtre» ne doit pas être utilisé à la légère ni servir comme
forme commune ou ordinaire de titre quand on l'applique aux hommes vivants
appelés à cet office. Le Collège ou Conseil des douze apôtres, tel
qu'il existe dans l'Eglise d'aujourd'hui devrait plutôt être appelé le
«Collège des Douze», le «Conseil des Douze», ou simplement les «Douze»,
plutôt que les «douze apôtres», sauf lorsque des occasions particulières
justifient l'emploi du terme plus sacré. Nous recommandons que le titre
«apôtre» ne soit pas appliqué comme préfixe au nom d'un membre du
Conseil des Douze; mais que l'on s'adresse à lui ou que l'on parle de lui
en lui appliquant le titre de «Frère untel», et quand c'est nécessaire
ou désirable, comme quand on annonce sa présence dans une assemblée
publique, on peut ajouter l'explication: «Frère untel, membre du Conseil
des Douze» (tiré de «The Honor and Dignity of Priesthood», par
l'auteur, Improvement Era, vol. 17, numéro 5, pp. 409-410). 3. «D'Alphée», ou «Fils d'Alphée» : Dans tous les passages bibliques qui spécifient «Jacques,
fils d'Alphée» (Mt 10:3; Mc 3:18; Lc 6:15; Ac 1: 13) le mot fils a été
ajouté par les traducteurs, et c'est pourquoi, dans la version anglaise,
on l'imprime en italique. L’expression grecque dit «Jacques d'Alphée».
Il ne faut pas souligner ce fait pour soutenir l'idée que le Jacques dont
il est parlé n'était pas le fils d'Alphée, car le mot fils a été
ajouté de même dans la traduction d'autres passages, dans lesquels des
italiques sont utilisés pour indiquer les mots ajoutés, par exemple: «Jacques,
fils de Zébédée« (Mt 10:2, voir Mc 3:17). Lisez à ce propos la note
ci-dessus.
[1] Mt 10: 1-4,
Mc 3:13-19; Le 6:12-16. [2] Lc 6:12. [3] Lc 3:13; cf.
Jn 15:16; voir aussi Ac 1:22. [4] Jn 1:42; cf. Mt 16:18. [5] Mc 1: 16-20; Lc 5: 10. [6] Jn 1:44, 12:21. [7] Mt 8:14; Mc 1:29; Lc 4:38. [8] Ac 4:13. [9]
Jn 21:18,19. [10] 2 P 1:14. [11] D&A 27:12. Page
824 infra. [12] Mc 3:17. [13] Lc 9:54. Voir
aussi Mc 9:38, un exemple du zèle impulsif de Jean. [14]
Mc 10:35-41; cf. Mt 20:20-24. [15] Mc 5:37; Lc 8:51. [16] Mt 17:1,2; Lc
9:28,29. [17] Mt 26:36,37. [18] D&A 27:12
(page 824 infra). [19] Ac 12:1,2. [20] Jn 1:35-40;
voir page 153. [21] Jn 13:23,
19:26, 20:2. [22] Jn 13:23,25. [23] Jn 19:25-27. [24] Jn 21:7,
21-23. [25] D&A
section 7; cf. LM, 3 Né 28:1-12. [26] Jn 1:35-40. [27] Mt 4:18,19. [28] Mc 13:3. [29] Jn 6:8. [30] Jn 12:20-22. [31] Ac 1:13. [32] Jn 1:43-45. [33] Jn 6:5-7. [34] Jn 14:8,9. [35] Jn 1: 14-51 (voir page 154). [36] Jn 21:2,3. [37] Page 213. [38] Mt 10:3. [39] Jn 11:16. [40] Jn 20:24-29. Page 741 infra. [41] Ac 1:13. Note
3, fin du chapitre. [42] Ac 12:17,
15:13-21, 21:18, 1 Co 15:7, Ga 1:19, 2:9,12 et l'épître de Jacques. [43] Pour ce qui
est des Jacques cités dans le Nouveau Testament, les spécialistes de
la Bible sont en désaccord, le problème étant de savoir s'il s'agit
de deux ou de trois personnes. Ceux qui prétendent qu'il y avait
trois hommes de ce nom les distinguent comme suit: (1) Jacques, fils
de Zébédée et frère de Jean, l'apôtre; toutes les références
scripturaires à son sujet sont explicites; (2) Jacques, fils d'Alphée,
et (3) Jacques, frère du Seigneur (Mt 13-55, Mc 6:3, Ga 1:19). Si
nous acceptons cette classification, la référence donnée deux notes
plus haut s'applique à Jacques, frère du Seigneur. Les «Auxiliaires»
de la Bible d'Oxford et de la Bible Bagster traitent Jacques, fils
d'Alphée, et Jacques, frère du Seigneur, comme une seule personne,
prenant l'expression «fils de» seulement au sens général (voir
page 307). L’appellation de Bagster est: «Jacques II : fils
d'Alphée, frère ou cousin de Jésus» (voir note 3, fin du
chapitre). La Nave «Student's Bible» déclare (page 1327) que le
point de savoir si Jacques, frère du Seigneur, «est identique à
Jacques, fils d'Alphée, est l'une des questions les plus difficiles
de l'histoire biographique des Evangiles». Fausset (dans sa «Cyclopedia
Critical and Expository») soutient qu'il ne s'agit que d'un seul
Jacques, et d'autres autorités reconnues les traitent tous deux comme
ne formant qu'une seule personne. Le lecteur trouvera dans des
ouvrages spéciaux des études détaillées du sujet. [44] Note 1, fin
du chapitre. [45]
Ac 1:13; cf. Lc 6:15. [46]
Jn 6:71, 12:4, 13:26. [47]
Jn 12:6, 13:29. [48] Jn 12:1-7; cf. Mt 26:6-13; Mc
14:3-9. [49] Mt 27:5; cf.
Ac 1:18; voir aussi Jn 17:12; D&A 76:31-48, 132:27. [50] Mt 19:27. [51] Mt 10: 42; Jn 21:5, 13:16; cf.
verset 13, 15:14,15. [52] Jn 15:16. [53] Pages 8 et
18. [54]
D&A 18:27-33, 20:38-44, 107:1-9,23,24,39. [55]
Ac 1:15-26. [56] Hé 3:1; voir note 2, fin du chapitre. [57] Mc 3:14,15.
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