CHAPITRE 10 : RESULTATS
DE L'APOSTASIE, SES CONSEQUENCES
1. La situation d'apostasie complète et de corruption extrême de l'Eglise
de Rome proclamée par son histoire jusqu'à la fin du quinzième siècle[1]
allait nécessairement de pair avec l'absence de toute sainteté et de tout
pouvoir spirituel, quelles qu'aient pu être les prétentions arrogantes de
l'Eglise quant à l'autorité dans les affaires spirituelles. Les révoltes
contre l'Eglise, tant sous forme de révolte contre sa tyrannie que de
protestation contre ses hérésies, ne manquèrent pas. La plus importante de
ces agitations hostiles à l'Eglise se souleva en relation avec l'éveil de
l'activité intellectuelle dans la deuxième moitié du quatorzième siècle.
La période allant du dixième siècle jusqu'au moment de l'éveil a été
appelée par la suite l'âge des ténèbres, caractérisé par sa stagnation
dans le progrès des arts utiles et des sciences aussi bien que dans celui
des beaux-arts et des lettres, et par un état général de manque
d'instruction et d'ignorance des masses.
2. L'ignorance est un sol fertile pour la mauvaise herbe spirituelle et le
gouvernement despotique ; les erreurs doctrinales de l'Eglise pendant
cette période de ténèbres furent favorisées par l'ignorance des temps. Le
changement connu dans l'histoire comme « la renaissance culturelle » fut
accompagné de la lutte pour se libérer de la tyrannie de l’Eglise.
3. L'une des premières révoltes contre le despotisme temporel et spirituel
de l'Eglise des papes fut celle des Albigeois, en France, au cours du
treizième siècle. Cette révolte a été écrasée par l'autocratie papale avec
beaucoup de cruauté et d'effusion de sang. L'autre révolte méritant
mention fut celle de John Wyclif au quatorzième siècle. Wyclif était
professeur à l'université d'Oxford. Il attaqua courageusement le pouvoir
toujours croissant et abusif des moines et dénonça la corruption de
l'Eglise et la prédominance des erreurs doctrinales. Il mit
particulièrement l'accent sur son opposition aux restrictions de la
papauté concernant la lecture des Ecritures par le peuple, et il donna au
monde une version anglaise de la sainte Bible traduite de la Vulgate.
Malgré les persécutions et la condamnation, il mourut d'une mort
naturelle. Mais des années après, l'Eglise voulut absolument se venger et
ses os furent donc exhumés, incinérés, et les cendres furent éparpillées
aux vents.
4. Sur le continent européen, l'agitation contre l'Eglise fut entretenue
par Jean Huss et par Jérôme de Prague, qui s'attirèrent tous deux le
martyre en récompense de leur juste zèle. On cite leur exemple pour
montrer que bien que l'Eglise fut apostate au plus haut point, des hommes
étaient prêts à sacrifier leur vie pour ce qu'ils jugeaient être la cause
de la vérité.
5. Les conditions du début du seizième siècle ont été résumées de manière
concise par un historien moderne : « Avant le début du seizième siècle, il
y avait eu relativement peu de gens, bien qu'il y en ait eu comme les
Albigeois dans le sud de la France, les partisans de Wyclif en Angleterre
et ceux de Huss en Bohême, qui nièrent l'autorité suprême et infaillible
de l'évêque de Rome pour tout ce qui touchait à la religion. Parlant très
généralement, il serait correct de dire qu'à la fin du quinzième siècle,
toutes les nations de l'Europe occidentale professaient leur foi à
l'Eglise catholique romaine ou latine, et prêtaient allégeance au siège
épiscopal[2]. »
LA REFORME
6. La révolte suivante contre l'Eglise du page qui vaut la peine d'être
notée eut lieu au seizième siècle et prit de telles proportions qu'on la
désigna sous le nom de Réforme. Le mouvement commença en Allemagne vers
1517, quand Martin Luther, moine de l'ordre des Augustins et professeur à
l'université de Wittenberg, s'opposa publiquement à Tetzel et le dénonça
comme agent éhonté des indulgences de la papauté. Luther était convaincu
en son âme et conscience que tout le système de peines et d'indulgences de
l'Eglise était contraire aux Ecritures, à la raison et au droit. En accord
avec la coutume académique de l'époque pour entrer en discussion et en
débat sur des points litigieux, Luther écrivit ses célèbres
quatre-vingt-quinze thèses contre la pratique qui consistait à accorder
des indulgences, et un exemplaire de ces thèses fut affiché par lui sur la
porte de l'Eglise de Wittenberg, invitant tous les érudits à la critique.
La nouvelle se répandit et on discuta des thèses dans les milieux
culturels européens. Luther attaqua ensuite d'autres pratiques et
doctrines de l'Eglise romaine, et le pape Léon X promulgua une « bulle »
ou décret papal contre lui, demandant une abjuration inconditionnelle sous
peine d'excommunication de l'Eglise. Luther brûla publiquement le document
du pape et déclara ainsi ouvertement sa révolte. La sentence
d'excommunication fut prononcée.
7. Nous ne pouvons pas suivre ici en détails les agissements de ce
réformateur audacieux. Qu'il suffise de dire qu'il ne resta pas longtemps
seul à lutter. Parmi ses partisans efficaces se trouvait Philippe
Mélanchton, professeur à Wittenberg. Luther fut appelé à comparaître
devant un conseil ou « diète » à Worms, en 1521. Il s'y déclara
ouvertement pour la liberté individuelle de conscience. Ses paroles sont
empreintes d'inspiration : « Je ne puis soumettre ma foi ni au pape ni au
conseil parce qu'il est clair comme le jour qu'ils se sont fréquemment
trompés et contredits réciproquement. A moins que je ne sois donc
convaincu par le témoignage des Ecritures ou par le raisonnement le plus
clair, à moins que je ne sois persuadé au moyen des passages que j'ai
cités et à moins qu'ils ne lient ainsi ma conscience par la parole de
Dieu, je ne puis ni ne veux me rétracter, car il est dangereux pour un
chrétien de parler contre sa conscience. Me voici ! Je ne puis faire
autrement. Que Dieu m'aide ! Amen ! »
8. La controverse religieuse se répandit dans toute l'Europe. Lors de la
deuxième diète à Spire (1529), un édit fut promulgué contre les
réformateurs ; les représentants des sept principautés allemandes et
d'autres délégués y opposèrent une protestation solennelle à la suite de
quoi les réformateurs furent dorénavant appelés protestants. Jean,
électeur de Saxe, soutint Luther dans son opposition à l'autorité papale
et entreprit l'établissement d'une Eglise indépendante, dont la
constitution et le plan étaient préparés sur son instance par Luther et
Mélanchton. Luther mourut en 1546, mais l’œuvre de révolution, sinon en
vérité de réforme, se poursuivit. Les protestants se divisèrent cependant
bientôt entre eux et éclatèrent en de nombreuses sectes rivales.
9. En Suisse, Ulrich Zwingli mena le mouvement vers la réforme. Il fut
accusé d'hérésie, et quand on le fit passer en jugement, il se défendit à
partir de l'autorité de la Bible contre l'édit papal et l'emporta pour
cette fois. La lutte était dure et, en 1531, les catholiques et les
protestants de la région se livrèrent à une bataille réelle au cours de
laquelle Zwingli fut tué et son corps sauvagement mutilé.
10. Jean Calvin fit ensuite son apparition comme dirigeant des
réformateurs suisses bien qu'il s'opposât à de nombreuses doctrines de
Zwingli. Il exerça une grande influence en tant qu'instructeur et il est
connu comme extrémiste quant à la doctrine. Il invoqua et défendit avec
véhémence le principe de prédestination absolue, niant ainsi le libre
arbitre de l'homme. En France, en Suède, au Danemark et en Hollande, des
dirigeants apparurent et les protestants acquirent de la force dans leur
opposition à l'Eglise romaine, bien que les diverses factions fussent
opposées les unes aux autres sur maints points de doctrine.
11. Un effet de cette révolte protestante fut l'éveil partiel de l'Eglise
romaine au besoin d'une réforme intérieure, et une nouvelle déclaration
des principes catholiques fut tentée. Le mouvement s'accomplit grandement
grâce au célèbre concile de Trente (1545-1563), assemblée qui désavoua au
nom de l'Eglise les demandes extrêmes faites pour les « indulgences » et
nia sa responsabilité à propos de beaucoup des abus dont l'Eglise avait
été accusée. Mais en rapport avec la réforme tentée vint une demande
d'obéissance plus implicite aux exigences de l'Eglise.
12. Vers la fin du quinzième siècle, sous le règne de Ferdinand et
d'Isabelle, la cour de l'Inquisition, alors connue sous le nom de
Saint-Office, avait été établie en Espagne. Le premier objectif de ce
tribunal secret était la détection et la répression de l'hérésie. Myers
dit de cette institution infâme qui fonctionnait en Espagne : « Le
Saint-Office, comme on appelait le tribunal, devint ainsi l'instrument de
la cruauté la plus incroyable. Des milliers de personnes furent brûlées au
pilori et des dizaines de milliers furent condamnées à endurer des peines
guère moins terribles. La reine Isabelle, qui donna son consentement à
l'établissement du tribunal sur ses terres, fut sans doute poussée à le
faire par le zèle religieux le plus pur et crut sincèrement qu'en
supprimant l'hérésie, elle s'acquittait d'un simple devoir et rendait
service à Dieu. « Par amour pour le Christ et pour sa mère, la Vierge »,
disait-elle, « j'ai causé beaucoup de misère. J'ai dépeuplé des villes et
des régions, des provinces et des royaumes[3] ». »
13. Or, au seizième siècle, en rapport avec la tentative de réforme des
doctrines du catholicisme, la terrible Inquisition « connut un regain de
vigueur et d'activité et on traitait l'hérésie avec beaucoup de dureté ».
Considérez ce qui suit comme un éclaircissement sur les conditions de
cette époque : « A ce point, à propos des persécutions de l'Inquisition,
nous ne manquerons pas de rappeler qu'au seizième siècle un refus de se
conformer au culte établi était considéré, tant par les protestants que
par les catholiques, comme un cas de trahison envers la société et était
traité comme tel. Ainsi nous trouvons que Calvin, à Genève, consentit à ce
que Servet (1553) fut brûlé vif parce qu'il publia des idées que les
calvinistes jugeaient hérétiques ; et en Angleterre, nous voyons les
protestants anglicans persécutant avec une cruauté, une amertume et une
obstination extrêmes non seulement les catholiques, mais aussi tous les
protestants qui refusaient de se conformer à l'Eglise établie[4]. »
14. Que dira-t-on d'une Eglise qui recherche la propagation de sa foi par
de telles méthodes? Le feu et l'épée sont-ils les armes avec lesquelles la
vérité livre ses batailles? La torture et la mort sont-ils les arguments
de l'Evangile? Si terribles qu'aient pu être les persécutions auxquelles
l'Eglise primitive fut livrée par ses ennemis païens, les persécutions
infligées par l'Eglise apostate sont beaucoup plus terribles. Se peut-il
qu'une telle Eglise soit l'Eglise du Christ?
15. Dans les révoltes que nous avons notées contre l'Eglise de Rome,
notamment dans la Réforme, le zèle des réformateurs aboutit à beaucoup
d'idées fausses dans les doctrines qu'ils soutenaient. Luther lui-même
proclama la doctrine de prédestination absolue et de justification par la
foi seule, niant ainsi la croyance au libre arbitre accordé par Dieu et
affaiblissant ainsi l'importance de l'effort personnel[5]. Calvin et
d'autres ne furent pas moins extrémistes. Cependant, leur ministère
contribua à l'éveil de la conscience individuelle et contribua à apporter
une mesure de liberté religieuse dont le monde avait longtemps été
privé[6].
ESSOR DE L'EGLISE ANGLICANE
16. Au temps de la révolte de Martin Luther contre l'Eglise de Rome, Henri
VIII régnait en Angleterre. De même que tous les autres pays de l'Europe
occidentale, la Grande-Bretagne fut profondément agitée par le mouvement
de réforme. Le roi défendit ouvertement l'Eglise catholique et publia un
livre qui s'opposait aux affirmations de Luther. Cela plut tellement au
pape Léon X qu'il conféra au roi Henri le titre distinctif de « défenseur
de la foi ». Cela se passa vers 1522, et depuis cette époque jusqu'à nos
jours, les souverains britanniques portent fièrement ce titre.
17. En l'espace de quelques années après son accession à ce titre de
distinction, nous trouvons le roi Henri parmi les ennemis les plus
implacables de l’Eglise catholique. Le changement survint ainsi Henri
désirait divorcer d'avec sa femme, la reine Catherine, ce qui lui
permettrait de se marier avec Ann Boleyn. Le pape hésita pour accorder le
divorce, Henri s'impatienta et, passant outre l'autorité du pape, épousa
secrètement Ann Boleyn. Le pape excommunia alors le roi. Le Parlement
anglais, sur les pas du roi, vota le célèbre Acte de suprématie en 1534.
Ce statut mit fin d'une manière absolue à toute allégeance à l'autorité
papale et proclama le roi comme chef suprême de l'Eglise en
Grande-Bretagne. C'est ainsi que naquit l'Eglise anglicane, sans prêter
attention ni prétendre à l'autorité divine et sans même un semblant de
succession sacerdotale.
18. Il y eut d'abord peu d'innovation dans la doctrine ou dans le rituel
de l'Eglise nouvellement formée. Elle vit le jour à l'occasion d'une
révolte. On adopta ensuite une forme de foi et un plan d'organisation qui
donnaient à l'Eglise anglicane quelques traits distinctifs. Pendant les
règnes d'Edouard VI, de la reine Marie et de la reine Elisabeth, les
persécutions entre les catholiques et les protestants furent nombreuses et
violentes. Plusieurs sectes non conformistes virent le Jour, parmi
lesquelles les puritains et les séparatistes. Elles furent tellement
persécutées que beaucoup de leurs membres s'enfuirent en Hollande en exil.
C'est du sein de ce groupe que sortit la fameuse colonie des pères
pèlerins qui firent sur le Mayflower la traversée qui les mena sur les
rivages du continent alors nouvellement découvert, et qui s'établirent en
Amérique.
19. L'étudiant consciencieux ne peut manquer de voir dans la progression
de la grande apostasie et dans ses résultats l'existence d'un pouvoir
supérieur, allant vers un bien ultérieur quoique ses voies soient
impénétrables. Les persécutions navrantes infligées aux saints dans les
premiers siècles de notre ère, l'angoisse, la torture, l'effusion de sang
subies pour défendre le témoignage du Christ, l'essor d'une Eglise
apostate, obnubilant l'intelligence et menant les âmes des hommes
captives, toutes ces scènes terribles étaient connues d'avance par le
Seigneur. Bien que nous ne puissions ni dire ni croire que ces signes de
dépravation et de blasphème humains fussent en accord avec la volonté
divine, il est certain que Dieu voulut accorder le libre arbitre à
l'homme, ce qui permit à certains de remporter la couronne du martyre et à
d'autres de remplir la mesure de leur iniquité jusqu'à déborder.
20. La permission divine n'est pas moins évidente dans les révoltes et
dans les réformes qui se développèrent en opposition à l'influence de
l'Eglise apostate qui allait en empirant. Wyclif et Huss, Luther et
Mélanchton, Zwingli et Calvin, Henri VIII dans son arrogante prétention à
l'autorité sacerdotale, John Knox en Ecosse, Roger Williams en Amérique,
tous et une foule d'autres construisaient mieux qu'ils ne le pensaient en
ceci que leurs efforts posaient en partie les fondations de la liberté
religieuse et de la liberté de conscience, et ceci en préparation du
rétablissement de l'Evangile comme cela avait été divinement prédit.
21. Du seizième siècle jusqu'à maintenant, les sectes qui prétendent être
fondées sur les principes du christianisme se sont multipliées. Elles
doivent maintenant se chiffrer par centaines. De tous les côtés on a
entendu l'appel : « Par ici, voici le Christ », ou « par là! » Des Eglises
sont nommées d'après leur lieu d'origine comme l'Eglise anglicane ;
d'autres sectes sont désignées en l'honneur de leurs célèbres promoteurs
comme les luthériens, les calvinistes, les wesleyens ; d'autres sont
connues d'après certaines particularités de foi ou de doctrine, comme les
méthodistes, les presbytériens et les baptistes ; mais jusqu'au début du
dix-neuvième siècle, il n'y eut aucune Eglise qui prétendit au nom ou au
titre d'Eglise du Christ. La seule Eglise existant alors qui osait
prétendre à l'autorité par succession était l'Eglise catholique ; comme
nous l'avons montré, elle était totalement dépourvue de la prêtrise ou
représentation divine.
22. Si l'« Eglise mère » n'a ni autorité divine ni pouvoir spirituel,
comment ses enfants peuvent-ils hériter d'elle le droit d'officier dans
les choses de Dieu? Qui ose affirmer l'absurdité que l'homme peut tirer de
lui-même une prêtrise que Dieu honorera et respectera? C'est vrai que les
hommes ont le droit et la possibilité de créer parmi eux des sociétés, des
associations, des sectes et des Eglises s'ils choisissent de désigner
ainsi leurs organisations religieuses et qu'ils le font ; c'est vrai qu'il
leur est permis de formuler des lois, de prescrire des règles et d'édifier
des plans élaborés d'organisation et de gouvernement et que toutes ces
lois, règles et plans d'administration sont obligatoires pour ceux qui
deviennent volontairement membres ; si l'on accorde tous ces pouvoirs et
ces droits, d'où de telles créations humaines peuvent-elles tirer
l'autorité de la sainte prêtrise, sans laquelle il ne peut y avoir aucune
Eglise du Christ? Si le pouvoir et l'autorité sont, selon toute
possibilité, d'origine humaine, il n'y a jamais eu sur terre une Eglise du
Christ, et les prétendues ordonnances de salut de l'Evangile n'ont jamais
été autre chose que des formes vides.
23. Notre analyse de la grande apostasie présentée dans ce traité ne fait
pas appel à une étude détaillée ou critique de l'Eglise catholique romaine
telle qu'elle existe à l'heure actuelle ni de n'importe laquelle des
nombreuses dénominations protestantes qui ont vu le jour en tant
qu'enfants dissidents de la prétendue « Eglise mère ». L'apostasie fut
totale, en ce qui concerne la perte réelle de la prêtrise et la cessation
du pouvoir spirituel dans l'Eglise longtemps avant la révolte du seizième
siècle, connue dans l'histoire comme la Réforme. Il est instructif
d'observer, cependant, que la faiblesse des sectes protestantes sous le
rapport de toute prétention à un appel et une autorité d'origine divine
est reconnue par ces Eglises elles-mêmes. L'Eglise anglicane qui, comme
nous l'avons montré, prit naissance dans la révolte contre l'Eglise
catholique romaine et son pape, ne peut prétendre d'une manière fondée à
l'autorité divine dans ses ordres sacerdotaux à moins qu'en fait elle ose
affirmer l'absurdité que les rois et les parlements peuvent créer et
prendre sur eux l'autorité céleste en promulguant des statuts terrestres.
24. L'Eglise catholique romaine est au moins logique dans sa prétention
qu'une ligne de succession dans la prêtrise a été maintenue depuis
l'époque apostolique jusqu'à l'heure actuelle, bien que cela soit tout à
fait insoutenable à la lumière d'une interprétation rationnelle de
l'histoire. Mais le fait demeure que l'Eglise catholique est la seule
organisation qui ose prétendre posséder la sainte prêtrise par succession
ininterrompue depuis les apôtres de notre Seigneur. L'Eglise anglicane, la
première parmi les sectes protestantes, et toutes les autres Eglises
dissidentes sont de leur propre aveu et par le fait de leur origine des
institutions créées par l'homme sans un semblant de prétention aux
pouvoirs et à l'autorité de la sainte prêtrise.
25. Aussi tard que 1896, la question de la validité des ordres sacerdotaux
dans l'Eglise anglicane fut officiellement et ouvertement commentée et
considérée, tant en Angleterre qu'à Rome. Lord Halifax, président de
l'Union épiscopale anglaise tint conférence avec les autorités du Vatican
pour s'assurer de la possibilité de rapprocher l'Eglise catholique romaine
et l'Eglise anglicane. Cela impliquait pour le pape et l'Eglise de Rome la
question de reconnaître les ordres sacerdotaux de l'Eglise anglicane. Le
mouvement fut soutenu dans l'intérêt de l'unité et de la paix par le
premier ministre anglais, M. Gladstone. Le pape Léon XIII décréta
finalement refuser de reconnaître à tout niveau l'autorité des ordres
anglicans et déclara expressément toutes les prétentions à l’autorité
sacerdotale par l'Eglise anglicane comme totalement sans valeur.
26. Il est certain que l'Eglise de Rome ne pouvait pas agir autrement pour
rester logique quand elle affirme posséder exclusivement la prêtrise par
succession. Il est certain que l'Eglise anglicane n'aurait pas cherché de
reconnaissance officielle de son statut sacerdotal auprès de l'Eglise de
Rome si elle pouvait prétendre indépendamment au pouvoir et à l'autorité
de la prêtrise. L'Eglise catholique romaine déclare que toutes les
dénominations protestantes sont soit des organisations apostates, soit des
institutions de création humaine qui n'ont jamais eu ne serait-ce qu'un
rapport lointain avec l'Eglise qui prétend à la succession dans la
prêtrise. En bref, l'« Eglise mère » apostate proclame agressivement la
perfidie de sa descendance.
L'APOSTASIE RECONNUE
27. Le fait de la grande apostasie est admis. Beaucoup de théologiens qui
professent croire au christianisme ont déclaré le fait. Nous lisons ainsi
: « Il ne faut pas nous attendre à voir l'Eglise du Christ existant dans
sa perfection sur terre. On ne peut la trouver parfaite dans le
rassemblement des fragments du christianisme et encore moins dans
n'importe lequel de ces fragments[7]. »
28. John Wesley, qui vécut de 1703 à 1791 et qui figure en tête des
fondateurs du méthodisme, fait le commentaire suivant sur l'apostasie de
l'Eglise chrétienne témoignée par le déclin prématuré du pouvoir spirituel
et la cessation des dons et des grâces de l'Esprit de Dieu dans l'Eglise :
« Il ne semble pas que ces dons extraordinaires du Saint-Esprit[8] fussent
communs dans l'Eglise pendant plus de deux ou trois siècles. Nous
entendons rarement parler d'eux après la période fatale où l'empereur
Constantin s'appela chrétien et, partant de l'idée vaine de promouvoir la
cause chrétienne, combla de richesse, de pouvoir et d'honneur les
chrétiens en général et le clergé en particulier. A partir de cette
époque, ils cessèrent presque totalement et l'on en trouva très peu de
manifestations. La cause n'en était pas, comme on l'a supposé, que les
occasions manquaient parce que le monde entier était devenu chrétien.
C'est une méprisable erreur ; il n'y en avait pas un vingtième
d'officiellement chrétien. La véritable raison en était que l'amour de
beaucoup, de presque tous prétendument chrétiens*, s'était refroidi. Les
chrétiens n'avaient pas plus l'Esprit du Christ que les autres païens. Le
Fils de l'Homme, quand il vint examiner son Eglise, pouvait à peine
trouver la foi sur terre. Ce fut la cause réelle pour laquelle les dons
extraordinaires du Saint-Esprit ne se trouvaient plus dans l'Eglise
chrétienne, parce que les chrétiens étaient de nouveau devenus païens et
qu'il ne restait que la forme morte[9]. »
29. L'Eglise anglicane déclare officiellement sa dégénérescence et sa
perte d'autorité divine en ces mots : « Les laïcs et le clergé, les
érudits et les ignorants, tous les âges, sectes et degrés se sont noyés
dans l'idolâtrie abominable que Dieu hait et que l'homme trouve odieuse
depuis huit cents ans et plus[10]. » Le « Livre des homélies » dans lequel
on trouve cette déclaration de l'Eglise anglicane date du milieu du
seizième siècle. D'après cette déclaration officielle, le monde de la
religion était donc dans l'apostasie la plus complète depuis huit cents
ans avant l'établissement de l'Eglise anglicane. Le fait d'une apostasie
universelle fut largement proclamé, car les homélies dont la citation
précédente est tirée furent « choisies pour être lues dans les églises » à
titre de sermons et dans des conditions précises.
30. La grande apostasie fut divinement prédite, son accomplissement est
attesté tant par les écrits sacrés que séculiers.
31. Le saint des derniers jours fidèle trouvera une preuve concluante de
l'apostasie universelle et du besoin absolu de rétablir la prêtrise des
cieux dans la réponse divine à la question d'un prophète enfant, Joseph
Smith, qui demandait laquelle de toutes les sectes rivales était la vraie
: « Il me fut répondu de ne me joindre à aucune, car elles étaient toutes
dans l'erreur; et le personnage qui me parlait dit que tous leurs credos
étaient une abomination à ses yeux; que ces docteurs étaient tous
corrompus; qu'ils s'approchent de moi des lèvres, mais leur cœur est loin
de moi; ils enseignent pour doctrines des commandements d'hommes, ayant
une forme de piété, mais ils en nient la puissance[11]! »
LES CONSEQUENCES
32. Les conséquences de la grande apostasie sont le rétablissement de
l'Evangile qui marqua l'ouverture de la dispensation de la plénitude des
temps. Cet événement faisant date eut lieu au début du dix-neuvième
siècle, quand le Père et le Fils se manifestèrent à l'homme et quand la
sainte prêtrise avec tous ses pouvoirs et son autorité fut de nouveau
apportée sur terre.
33. L'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours proclame au
monde ce rétablissement glorieux, ainsi que l'accomplissement de l’œuvre
de Dieu de par les siècles passés et la préparation finale pour la seconde
venue de Jésus, le Christ. L'Eglise affirme qu'après la longue nuit de
ténèbres spirituelles, la lumière des cieux nous est de nouveau parvenue;
et que l'Eglise du Christ est établie avec autorité. L'Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est la seule à déclarer que la
sainte prêtrise opère sur la terre, non comme héritage par continuation
terrestre depuis l'âge apostolique, mais comme dotation d'une nouvelle
dispensation, apportée sur terre par ministère céleste. Dans ce
rétablissement, divinement prédit et divinement accompli, s'est vérifiée
une vision du Révélateur:
«Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Evangile
éternel, pour l'annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à
toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. il disait d'une voix forte:
Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l'heure de son jugement est
venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les
sources d'eaux[12]. »
* * * * * * *
[1] Voir note 1 à la fin du chapitre.
[2] Myers, General History, p. 520.
[3] Myers, General History, p. .500.
[4] Myers, General History, p. 527.
[5] Voir Articles de Foi, chapitre 5, du même auteur.
[6] Voir note 2 à la fin du chapitre.
[7] Dictionary of the Bible, de Smith.
[8] Voir 1 Corinthiens, chapitre 12.
[9] John Wesley's Works, vol. VII, 89 :26-27. Voir note 3 à la fin du
chapitre.
[10] Church of England, “Homily on Perils of Idolatry”,p.3.
[11] Perle de Grand Prix, Joseph Smith 2:19.
[12] Apocalypse 14:67. Pour le traitement du rétablissement de
l'Evangile, voir Articles de Foi du même auteur, chapitre 11. Voir notes 4
et 5 à la fin du chapitre.
NOTES
1. Témoignage catholique de la corruption de l’Eglise. «L'étudiant
judicieux de l'histoire de l'Eglise observera que j'ai toujours tenté de
tirer mes preuves des sources les plus irrécusables. Par exemple: pour
prouver l'état corrompu du clergé et les pratiques abominables du siège
épiscopal, je présenterai le témoignage de George de Saxe, partisan
fervent du pape que les catholiques romains reconnaissent toujours parmi
les défenseurs les plus sincères et les plus actifs de leur religion. Or,
comme pour eux les assertions de Luther et des autres réformateurs ne vont
que dans des exagérations, des malentendus ou des idées tout bonnement
fausses, qu'ils écoutent au moins ce duc, cet ami et cet avocat fidèle
qui, généralement, en matière de religion, s'opposa à un de ses proches,
l'électeur de Saxe et qui approuva aussi entièrement la condamnation de
Luther à Worms. Ce George de Saxe montra à la diète douze sujets de
doléances qui demandaient force réforme. En voici brièvement deux: 1) Les
indulgences qui devraient être obtenues par la prière, les jeûnes, la
bienveillance à l'égard de notre voisin et d'autres bonnes oeuvres se
vendent pour de l'argent. Leur valeur est vantée au-delà de toute décence.
Le seul objet est de gagner beaucoup d'argent. D'où les prédicateurs qui
doivent présenter la vérité et qui n'enseignent aux hommes rien d'autre
que des mensonges et des fraudes. Non seulement on supporte qu'ils
poursuivent ainsi, mais ils sont bien payés pour leurs harangues
frauduleuses. La raison est que plus ils peuvent convaincre leurs
auditeurs, plus ils font entrer d'argent dans leur coffre. Des flots de
procédés scandaleux découlent de cette fontaine viciée. Les représentants
des évêques sont également attentifs à rassembler de l'argent. Ils
contrarient les pauvres par leurs censures des grands crimes comme la
prostitution, l'adultère et le blasphème, mais ils épargnent les riches.
Le clergé commet exactement les mêmes crimes et personne ne le censure.
Les fautes qui devraient être expiées par les prières et les jeûnes sont
réparées par de l'argent afin que les représentants puissent payer de
grosses sommes à leurs évêques respectifs et conserver pour eux une partie
du gain. Quand on châtie un mulet, ce n'est pas fait de manière à ce qu'il
arrête de commettre la même faute à l'avenir, mais plutôt pour que le
délinquant sache qu'il peut vite refaire la même chose, pourvu qu'il soit
prêt à payer. C'est pour cela que tous les sacrements sont vendus pour de
l'argent, et quand ce n'est pas le cas, ils sont absolument négligés. 2)
Un autre sujet particulier de doléances présenté par ce duc zélé est
exprimé de la sorte : la conduite scandaleuse du clergé est une source
féconde de destruction pour les pauvres âmes. Il doit y avoir une réforme
universelle ; et cela ne peut pas se faire mieux que par un concile
général. Notre souhait le plus fervent est donc que l'on adopte une telle
mesure » (Milner, Church History, Cent. XVI, chap. 6, note de bas de
page).
2. Extrêmes découlant de la Réforme. « Quels étaient les reproches que ses
ennemis faisaient toujours à la Réforme? Lesquels de ses résultats lui
jette-t-on à la face, pour ainsi dire, sans réponse possible. Les deux
reproches principaux sont, premièrement, la multiplicité des sectes et la
licence de pensée, la destruction de toute autorité spirituelle et
l'entière dissolution de la société religieuse ; deuxièmement, la tyrannie
et la persécution. « Vous provoquez la licence », a-t-on dit aux
réformateurs. « Vous la produisez ; et, en étant la cause, vous voulez la
limiter et la réprimer. Et comment la réprimez-vous? Par les moyens les
plus cruels et les plus violentes. Vous vous arrogez aussi le droit de
punir l'hérésie et cela en vertu d'une autorité illégitime » » -Guizot.
« Le dogme sectaire de la justification par la foi seule a exercé une
mauvaise influence. L'idée sur laquelle cette doctrine pernicieuse fut
fondée, fut d'abord associée avec celle d'une prédestination absolue, par
laquelle l'homme était prédestiné à la destruction, ou à un salut
immérité. Ainsi Luther enseigna ce qui suit : « L'excellente, infaillible
et seule préparation pour la grâce est l'élection et la prédestination
éternelle de Dieu. » « Depuis la chute de l'homme, le libre arbitre n'est
qu'une parole en l'air. » « Un homme qui s'imagine arriver à la grâce en
faisant tout ce dont il est capable, ajoute péché sur péché, et est
doublement coupable. » « L'homme qui accomplit beaucoup d’œuvres n'est pas
justifié, mais celui qui, sans oeuvres, a beaucoup de foi au Christ. »
(Pour ces doctrines et beaucoup d'autres de la prétendue « Réforme », voir
History of the Reformation, par D'Aubigné, volume 1, pp. 82, 83, 119,
122). Dans Church History, par Milner (vol. 4, p. 514) nous lisons : « Le
point que le réformateur (Luther) avait le plus à cœur dans tous ses
ouvrages, dans toutes ses contestations, dans tous ses dangers, était la
justification par la foi seule. Mélanchton rapporte la doctrine de Luther
dans ces mots : « La justification de l'homme devant Dieu procède de la
foi seule. Cette foi entre dans le cœur de l'homme par la grâce de Dieu
seule » ; et plus loin : « Comme toutes choses qui ont lieu, ont
nécessairement lieu selon la prédestination divine, il n'y a rien qui
ressemble à la liberté dans nos volontés. » (D'Aubigné, vol. 3, p. 340.)
Il est vrai que Luther dénonça et rejeta véhémentement la responsabilité
des excès que ces enseignements soulevèrent, mais il n'en proclama pas
moins cette doctrine avec vigueur. Notez ces paroles : « Moi, le Docteur
Martin Luther, indigne héraut de l'Evangile de notre Seigneur
Jésus-Christ, confesse cet article que la foi seule, sans les oeuvres,
justifie devant Dieu ; et je déclare qu'il restera à jamais, en dépit de
l'empereur des Romains, de l'empereur des Turcs, de l'empereur des Perses
- en dépit du pape et de tous les cardinaux, avec les évêques, les
prêtres, les moines et les nonnes - en dépit des rois, des princes, des
nobles, et en dépit du monde entier et des démons eux-mêmes ; et que,
s'ils s'efforcent de combattre cette vérité, ils attireront les feux de
l'enfer sur leur tête. Ceci est le vrai et saint Evangile et ma
déclaration à moi, Docteur Luther, selon les enseignements du Saint-Esprit
» » (voir Articles de Foi du même auteur, chapitre 5, note 2).
3. Conceptions diverses à propos de la continuité ou du déclin des dons
spirituels. Les auteurs protestants insistent sur le fait que le temps des
miracles a pris fin avec le quatrième ou le cinquième siècle et qu'après
cela, il ne faut pas chercher les dons extraordinaires du Saint-Esprit. A
l'opposé, les écrivains catholiques soulignent que le pouvoir d'accomplir
des miracles s'est toujours perpétué dans l'Eglise ; cependant, les
manifestations spirituelles qu'ils décrivent après le quatrième et le
cinquième siècles ont le goût de l'invention de la part des prêtres et de
crédulité enfantine de la part des gens ; ou alors, ce que l'on prétend
miraculeux est loin du pouvoir et de la dignité des manifestations
spirituelles que l'Eglise primitive avait l'habitude de rencontrer. Les
vertus et les prodiges prêtés aux ossements et autres reliques des martyrs
et des saints sont puérils en comparaison avec les guérisons réalisées par
onction d'huile et imposition des mains, avec le fait de parler en
langues, d'interpréter, de prophétiser, avec le don de révélation, et
celui de chasser les démons au nom de Jésus-Christ ; pour ne pas parler
des dons de la foi, de la sagesse, de la connaissance, du discernement des
esprits, etc., communs dans l'Eglise aux jours des apôtres (1 Corinthiens
12, 8-10). Et il n'y a rien dans les Ecritures ou dans la raison qui
pousserait à croire qu'ils dussent être interrompus. Cependant, les
chrétiens modernes prétendent, expliquant ainsi l'absence de ces pouvoirs
spirituels parmi eux, que les dons extraordinaires du Saint Esprit
n'avaient pour but que d'accompagner la proclamation de l'Evangile au
cours des premiers siècles, jusqu'à ce que l'Eglise fût capable de faire
son chemin toute seule sans eux, et qu'ils devaient être abandonnés. Il
suffit de remarquer à ce propos que ce sont de pures et simples
suppositions et que ce n'est appuyé par aucune Ecriture ni par la raison ;
cela prouve que les hommes avaient alors tellement changé la religion de
Jésus-Christ qu'elle devint une forme de piété sans en avoir la puissance
» (B.H. Roberts, Outlines of Ecclesiastical History, Part. II, section V,
6-8).
4. Commentaire sur la vision du rétablissement par le Révélateur. Il est
instructif de sonder l'interprétation donnée par les étudiants de la Bible
à la prophétie de Jean le Révélateur qui prédit la venue de l'ange, ayant
un Evangile éternel ». Le docteur Clarke offre les réflexions suivantes
sur le passage : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel,
ayant un Evangile éternel : que cet ange signifie plus qu'une dispensation
particulière de la providence et de la grâce, par lesquelles l'Evangile
sera envoyé rapidement dans le monde entier ; ou qu'il signifie n'importe
quel messager spécial, ordre de prédicateurs, de gens, ou société de
chrétiens dont l'objet avoué est d'envoyer l'Evangile du royaume dans
toute la terre, nous ne le savons pas. Mais la vision semble vraiment
descriptive d'une institution récente qui s'appelle « The British and
Foreign Bible Society », dont l'objet est d'imprimer et de diffuser les
Ecritures de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament dans tout le monde
habité et dans toutes les langues parlées à la surface de la terre »
(Clarke, « Bible Commentary », Apocalypse 14 :6). Il faut féliciter le
commentateur érudit qui reconnaît franchement l'incertitude quant à
l'interprétation précise de cette Ecriture, et qui d'une manière
provisoire et manquant d'assurance, propose éventuellement de l'appliquer
à la large diffusion de la Sainte Bible par les efforts d'une société très
respectable et très influente. Il faut noter que le docteur Clarke écrivit
ce fameux commentaire sur la Bible peu de temps avant le rétablissement
réel de l'Evangile par ministère d'ange qui résulta en l'établissement de
l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Sa recherche de
l'accomplissement était nécessairement peu satisfaisante et en vérité
vouée à l'échec dans la mesure où l'accomplissement n'avait pas encore eu
lieu. Le travail louable de la Bible Society était une préparation de
l'accomplissement de la prophétie importante, mais ce n'en était pas
l'accomplissement lui-même.
5. Rétablissement de l’Eglise. eAu cours des dix premiers siècles qui
suivirent immédiatement le ministère du Christ, l'autorité de la Sainte
Prêtrise fut perdue parmi les hommes, et aucun pouvoir humain ne pouvait
la rétablir. Mais le Seigneur, dans sa miséricorde, pourvut au
rétablissement de son Eglise dans les derniers jours, et pour la dernière
fois. Et les prophètes d'autrefois prédirent cette ère de réapparition de
la lumière et célébrèrent son avènement en chants joyeux » (voir Daniel 2
:44-45 ; 7 :27 ; Matthieu 24 :14 ; Apocalypse 14 :69). Ce rétablissement
fut effectué par le Seigneur, par l'intermédiaire du prophète Joseph Smith
qui, avec Oliver Cowdery, reçut, en 1829, la Prêtrise d'Aaron des mains de
Jean-Baptiste ; et, plus tard, la Prêtrise de Melchisédek, sous les mains
des apôtres des premiers jours, Pierre, Jacques et Jean. Grâce à
l'autorité ainsi conférée, l'Eglise a été organisée à nouveau, dans son
intégralité d'autrefois, et les hommes se réjouissent une fois de plus de
ce précieux privilège de recevoir les conseils de Dieu. Les saints des
derniers jours affirment posséder l'organisation de la véritable Eglise,
semblable dans tous les points essentiels, à l'organisation établie par
Jésus-Christ parmi les Juifs. Ce peuple des derniers jours déclare détenir
la Prêtrise du Tout-Puissant, le pouvoir d'agir au nom de Dieu, pouvoir
qui commande le respect à la fois sur la terre et dans les cieux »
(Articles de Foi, du même auteur, chapitre 11, page 251).
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