CHAPITRE 2 : L'APOSTASIE
PREDITE
1. Dans la suite de notre présente enquête, nous tenons pour acquis les
faits démontrés concernant l'établissement de l'Eglise du Christ sous
l'administration personnelle du Sauveur, et la croissance rapide de
l'Eglise dans les premiers temps du ministère apostolique.
2. Voici maintenant une question de la plus haute importance : l'Eglise du
Christ, telle qu'elle avait été établie avec autorité, a-t-elle conservé
une existence organisée sur la terre depuis la période des apôtres jusqu'à
nos jours ? D'autres questions découlent de la première. Si l'Eglise a
continué sous forme d'organisation terrestre, où réside la preuve ou
l'évidence de la succession légitime dans l'autorité de la prêtrise; et
laquelle, parmi la multitude de sectes ou d'Eglises rivales de notre
époque, est la détentrice réelle de la sainte prêtrise confiée à l'origine
à l'Eglise par le Christ, son fondateur?
3. De plus, les dons et grâces spirituels par lesquels l'Eglise des
premiers temps se caractérisait et se distinguait se sont-ils manifestés
sur terre au cours des siècles qui se sont écoulés depuis le midi des
temps; et dans ce cas, dans laquelle des nombreuses Eglises de ces temps
modernes trouvons-nous ces signes qui accompagnent ceux qui ont cru[1]?
4. Nous affirmons qu'à la fin de l'âge dit apostolique l'Eglise glissa
progressivement dans une condition d'apostasie par laquelle la succession
dans la prêtrise fut rompue; et que l'Eglise, en tant qu'organisation
terrestre, fonctionnant sous la direction divine et ayant l'autorité
d'officier dans les ordonnances spirituelles, cessa d'exister.
5. Si donc l'on doit trouver l'Eglise du Christ sur terre de nos jours, il
faut qu'elle ait été rétablie par l'autorité divine; et la sainte prêtrise
doit avoir été rétablie au monde qui l'avait perdue par l'apostasie de
l’Eglise primitive[2].
6. Nous affirmons que la grande apostasie fut prédite par le Sauveur
lui-même pendant qu'il vivait comme Homme parmi les hommes, et par ses
prophètes inspirés avant comme après la période de son épreuve terrestre.
Et de plus, nous affirmons qu'une interprétation rationnelle de l'histoire
démontre le fait de cette grande apostasie générale.
7. Avant de considérer en détail les prédictions particulières auxquelles
il est fait allusion, et la preuve de leur accomplissement redouté, nous
pouvons nous arrêter avec profit à certaines considérations générales.
8. Quant à la prescience de Dieu, qu'il ne soit pas dit que cette
omniscience divine est en soi une cause déterminante qui amène
inévitablement le déroulement des événements. Un père mortel qui connaît
les faiblesses et les défauts de son fils peut, en raison de cette
connaissance, voir à l'avance avec tristesse les calamités et les
souffrances qui attendent son enfant égaré. Il peut prévoir, dans la vie
future de ce fils, la perte de bénédictions qu'il aurait pu gagner, la
perte de son état, de son respect de soi, de sa réputation et de son
honneur; même les recoins sombres de la cellule d'un criminel et les
ténèbres de la tombe d'un ivrogne peuvent apparaître en visions
attristantes à l'âme aimante de ce père; néanmoins, convaincu par
expérience de l'impossibilité d'amener ce fils à se réformer, il prévoit
les conséquences redoutées et ne puise que chagrin et angoisse dans sa
connaissance. Peut-on dire que la prescience du père est la cause de la
vie pécheresse du fils? Le fils par hasard a atteint l'âge adulte; il est
maître de sa destinée; il dispose librement de lui-même. Le père est
impuissant à contrôler par la force ou à diriger par une discipline
arbitraire; et, tandis qu'il serait heureux de faire n'importe quel effort
ou sacrifice pour sauver son fils du destin qui l'attend, il craint ce qui
semble être une terrible certitude. Mais certainement, ce père
attentionné, adonné à la prière et aimant ne contribue pas à l'égarement
de son fils par sa connaissance. Tenir un autre raisonnement consisterait
à dire qu'un père négligent, qui ne prend pas la peine d'étudier la nature
et le caractère de son fils, qui ferme les yeux sur ses tendances
pécheresses et qui reste d'une indifférence négligente quant à l'avenir
probable, aura, par son manque de cœur même, un effet bienfaisant sur son
enfant, parce que son manque de prévision ne peut pas intervenir comme
élément concourant à la négligence.
9. Notre Père céleste est pleinement conscient de la nature et des
dispositions de chacun de ses enfants, conscience acquise à la suite d'une
longue observation et expérience dans l'éternité passée de notre première
enfance; conscience devant laquelle celle que des parents terrestres
acquièrent par l'expérience mortelle, est infiniment petite. En raison de
cette connaissance supérieure, Dieu lit dans l'avenir de chacun de ses
enfants, des hommes au niveau individuel ou au niveau collectif en tant
que communautés et nations; il sait ce que chacun fera dans des conditions
données et voit la fin dès le début. Sa prescience est basée sur
l'intelligence et sur la raison: il voit l'avenir comme un état qui
arrivera naturellement et sûrement; non pas comme un état qui doit arriver
parce qu'il en a arbitrairement décidé ainsi.
10. Mais on pourrait objecter que, dans l'exemple illustré ci-dessus -
celui du père terrestre et du fils égaré - le père n'a pas le pouvoir de
changer la voie pécheresse par laquelle son fils court vers l'infamie et
la destruction; tandis que le Père Omnipotent peut sauver s'il le veut. En
réponse à cela, il faut dire que le Père des âmes a doté ses enfants de
l'héritage divin du libre arbitre; il ne veut pas exercer et n'exerce pas
de contrôle sur eux par la force arbitraire; il ne pousse aucun homme dans
le sens du péché; il ne contraint aucun à la justice. L'homme a reçu la
liberté d'agir pour lui-même; et, associé à cette indépendance, est le
fait de la responsabilité stricte et l'assurance de la responsabilité
individuelle. Dans le jugement que nous subirons, toutes les conditions et
circonstances de notre vie seront prises en considération. Les tendances
innées dues à l'hérédité, l'effet de l'environnement, faste ou néfaste,
les enseignements sains de la jeunesse ou l'absence d'une bonne
instruction, ces éléments et tous les éléments contribuants doivent être
pris en considération pour rendre un verdict juste quant à la culpabilité
ou à l'innocence de l'âme. Néanmoins, la sagesse divine explique
clairement le résultat, étant donné les conditions affectant la nature et
les dispositions connues des hommes; alors que chacun est libre de choisir
le bien ou le mal dans les limites des nombreuses conditions qui existent
et qui influent(c).
11. Un autre sujet qui
mérite réflexion dans ce domaine est le suivant: le fait de la grande
apostasie - ce rejet virtuel et cette destruction de l'Eglise établie par
Jésus-Christ doit-il être considéré comme un échec dans le plan du
Seigneur? Est-ce un cas de défaite où Satan l'a emporté sur le Christ?
Voyez ce qui suit. Quel mortel a déjà évalué le principe par lequel
l'Omniscience assure le succès ou l'échec? Qui ose affirmer que ce que
l'homme salue comme un triomphe ou déplore comme une défaite sera tenu
pour tel quand il sera jugé selon le critère des principes éternels?
12. L'histoire du monde abonde en exemples de triomphe temporaire du mal,
d'avortement apparent de la justice, d'anéantissement temporaire des plans
divins, de l'opposition aux objectifs de Dieu et de l'ajournement de leur
accomplissement.
13. Les Ecritures parlent de l'alliance du Seigneur avec Israël. Il a
déclaré à Abraham, Isaac et Jacob que leur descendance serait un peuple
élu spécialement à son service parmi les nations. C'est dans cette lignée
que devait naître le Sauveur de l'humanité; toutes les nations de la terre
devaient être bénies dans la postérité dAbraham. Des bénédictions qui
dépassent ce que le coeur de l'homme peut concevoir, ce que son esprit
peut comprendre furent promises à condition de se soumettre loyalement à
celui qui se proclamait leur Dieu et leur Roi. De plus, le Seigneur prédit
la calamité et la souffrance, l'affliction individuelle et la disgrâce
nationale si Israël s'écartait du service de Jéhovah et cédait aux
séductions de ses voisins païens qui ne connaissaient pas Dieu.
Pensez-vous que le Seigneur ignorait la voie que son peuple choisirait?
N'avait-il pas pu prévoir qu'Israël suivrait la voie du mal, perdant les
bénédictions et moissonnant le chagrin? Les plans de Jéhovah n'ont pas échoué bien que la
réalisation des bénédictions si abondamment promises ait longtemps été
repoussée. La promesse d'un rétablissement des faveurs fut aussi énergique
que la prédiction de calamités en cas de péché. La dispersion d'Israël
déjà réalisée devait être suivie par le rassemblement d'Israël qui se
déroule actuellement[4].
14. Qu'aurait été le verdict du monde concernant le succès ou l'échec de
la mission du Christ si un vote avait eu lieu lors de la crucifixion du
Christ? Il semblait que ses ennemis eussent triomphé; celui qui se
proclamait le Messie, le Fils de Dieu, la résurrection et la vie, sur qui
la mort ne pouvait prévaloir, avait souffert le sort des malfaiteurs et
son corps était enseveli. Mais le verdict des siècles, qui est le verdict
des éternités à venir, loue cet «échec» comme le plus grand triomphe des
temps, la victoire des victoires.
15. Il en est de même avec l'Eglise. Pendant un temps, les pouvoirs
maléfiques ont triomphé et l'esprit d'apostasie à régné. Mais au-delà des
ténèbres de la nuit spirituelle l'aube glorieuse du rétablissement
apparaissait dans k vision prophétique et, tant la nuit avec ses horreurs
que le jour du réveil avec sa splendeur, furent prévus et prédits.
16. Dans notre étude des prédictions de l'apostasie qu figurent dans les
Ecritures et de leur réalisation attesté par l'histoire postérieure, nous
reconnaîtrons deux phase distinctes dans la progression de l'apostasie
comme suit :
- L'apostasie de ceux qui s'éloignèrent de l'Eglise.
- L'apostasie de l'Eglise elle-même.
17. Dans la première phase nous traiterons de la perte de la vérité et des
personnes qui se séparèrent de l'Eglise, tantôt en petit nombre, tantôt en
nombre important. Ces conditions peuvent difficilement être considérées
autrement qu'étant naturelles et inévitables. L'histoire ne donne aucun
exemple d'une entreprise ayant rallié des multitudes enthousiastes, dont
beaucoup ne se soient pas séparés. Si ces cas d'abandon individuel
n'étaient pas nombreux au point de témoigner de l'opération de quelque
cause vitale de désaffection, il ne serait pas nécessaire de recourir à
l'autorité de la prédiction divine et de la prophétie inspirée pour
expliquer ce processus. Nous trouvons cependant que l'apostasie de
l'Eglise primitive fut répandue et générale et que les causes qui y
menèrent eurent une signification capitale.
18. Dans la seconde phase déjà mentionnée, nous sommes devant des
conditions bien plus importantes que celles qui accompagnent l'abandon
individuel de l'Eglise; car nous découvrons alors l'Eglise abaissée au
niveau avilissant d'une institution humaine, avec des plans d'organisation
et un mode de fonctionnement étrangers à la constitution de l'original,
dépourvue de la prêtrise ou autorité d'officier dans les ordonnances
spirituelles, et dénuée des dons et des grâces avec lesquelles le Sauveur
avait doté son Eglise au temps de son établissement. En bref, nous
trouvons que l'Eglise elle-même est apostate; qu'elle se targue de son
pouvoir temporel, qu'elle édicte ses propres lois, qu'elle enseigne ses
propres dogmes, ne préservant que l'apparence de la piété, mais reniant ce
qui en fait la puissance[5].
PREDICTIONS SPECIFIQUES DE L'APOSTASIE
19. Le Seigneur a prévu le grand abandon général des principes de justice
et savait depuis le début que les hommes établiraient leurs propres formes
de culte, proclamant à tort qu'elles sont d'autorité divine. Par la bouche
de ses prophètes choisis, il a prédit à plusieurs reprises l'événement
inévitable[6].
20. Parmi les prophéties antérieures à la naissance du Christ, on peut
remarquer les suivantes. Esaïe eut la vision de la condition de la terre à
l'âge des ténèbres spirituelles, une période au cours de laquelle toutes
les classes participeraient à un état d'injustice générale, époque à
laquelle le monde de l'humanité serait dans une condition d'impuissance et
de désespoir presque total. Il dépeint la terre en deuil et se languissant
de désolation et explique ainsi la triste condition : «Le pays était
profané par ses habitants; car ils transgressaient les lois, violaient les
ordonnances, ils rompaient l'alliance éternelle[7]. »
21. On peut penser que cette référence renvoie à une violation de la loi
de Moïse sous laquelle vivait l'ancien Israël. N'oublions pas, cependant,
que la loi mosaïque n'est nulle part appelée une alliance éternelle.
L'alliance entre le Seigneur et Abraham était antérieure de quatre cent
trente ans à la loi, et comme Paul[8] l'a montré dans son épître aux
Galates qu'il traitait comme dépourvus de sens parce qu'ils confondaient
la loi de Moïse et l'Evangile du Christ, la loi ne pouvait pas annuler
l'alliance antérieure dont l'accomplissement ne pouvait arriver que par le
Christ. La «loi», l'apôtre inspiré entend par là les statuts mosaïques,
n'était qu'une préparation à la «foi », expression définissant clairement
l'Evangile révélé par le Christ. «Avant que la foi vînt», dit Paul, «nous
étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être
révélée. Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à
Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue,
nous ne sommes plus sous ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par
la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous
avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni
esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un
en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité
d’Abraham, héritiers selon la promesse[9]. »
22. Il est évident d'après le contenu de tout le chapitre que bien que
l'Evangile fut prêché à Abraham et qu'une alliance fut faite avec lui à
propos de la venue du Messie dans sa postérité, l'Evangile n'est pas resté
avec Israël, et cela à cause de la transgression[10]; mais à sa place, on
institua la loi mosaïque comme mesure disciplinaire de caractère
temporaire, destinée à être remplacée par l'Evangile du Christ et
assurément par une alliance éternelle. D'autre part, le sang du Christ
versé pour l'accomplissement du sacrifice expiatoire, est appelé
distinctement «le sang d'une alliance éternelle[11].
23. Il est alors évident que la prophétie fatidique d'Esaïe liée à la
rupture de l'alliance éternelle ne pouvait pas faire allusion à un
éloignement de la loi mosaïque, mais devait renvoyer à une condition
future d'apostasie, qui suivrait l'établissement de l'alliance éternelle.
De plus, une partie de la grande prédiction faisant allusion à ceux qui
seraient consumés et à la malédiction dévorant tout le pays[12] attend
encore son accomplissement complet.
24. Une autre prédiction qui s'applique à la période où l'on ne trouverait
pas d'Eglise du Christ et où il y aurait donc des lamentations et des
souffrances est celle d'Amos : «Voici, les jours viennent, dit le
Seigneur, l'Eternel, où j'enverrai la famine dans le pays, non pas la
disette du pain et la soif de l'eau, mais la faim et la soif d'entendre
les paroles de l'Eternel. Ils seront alors errants d'une mer à l'autre, du
septentrion à l'orient, ils iront çà et là pour chercher la parole de
l'Eternel, et ils ne la trouveront pas[13].»
25. Le Christ instruisit ses disciples en termes directs et décisifs à
propos de l'apostasie alors imminente. En réponse à certaines questions
concernant les signes annonçant sa seconde venue, il dit : «Prenez garde
que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant
: C'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens[14].»
Puis il parla de guerres et de désordres politiques imminents et ajouta :
«Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les
uns les autres. Plusieurs faux prophètes s'élèveront, et ils séduiront
beaucoup de gens. Et parce que l'iniquité se sera accrue, la charité du
plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu'à la fin
sera sauvé[15]. »
26. Poursuivant la description des conditions qui accompagneront
l'apostasie croissante, le Christ déclara à ses disciples : « Alors on
vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir; et vous serez hais
de toutes les nations, à cause de mon nom[16].» Et encore : «Si quelqu'un
vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car
il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands
prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même
les élus. Voici, je vous l'ai annoncé d'avance. Si donc on vous dit :
Voici, il est dans le désert, n'y allez pas; voici, il est dans les
chambres, ne le croyez pas[17]. »
27. Après le départ du Christ de la terre, ses apôtres continuèrent à
avertir les gens des ténèbres à venir. Dans ce discours mémorable adressé
aux anciens d'Ephèse, quand, comme il le leur a dit, ils le voyaient pour
la dernière fois, Paul rappela à son auditoire les instructions qu'il lui
avait données auparavant, puis les chargea de cet avertissement solennel :
«Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels
qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il s'élèvera du milieu de vous
des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les
disciples après eux[18]. »
28. Non seulement les étrangers capteraient-ils la confiance des saints
visant le gain égoïste - des loups s'introduiraient et n'épargneraient pas
le troupeau - mais des schismes et des divisions seraient imminents; et
ces dissensions viendraient par l'intermédiaire de certains qui étaient
alors présents; les hommes aspireraient à commander et établiraient leur
propre doctrine, détournant ainsi les disciples de l'Eglise et les
attirant à eux.
29. Le même apôtre avertit Timothée de l'apostasie prochaine et fait
allusion à certains des enseignements erronés qui seraient inculqués à des
gens égarés, enseignements qu’il appelle «doctrines de démons». Il exhorte
Timothée à rappeler ces choses aux frères, comme il convient à tin bon
ministre du Christ, «nourri des paroles de la foi et de la bonne
doctrine». Remarquez cette prédiction inspirée : « Mais l'Esprit dit
expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la
foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de
démons, pair l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la
flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier,
et de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés pour qu'ils soient pris avec
actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la
vérité[19]. »
30. Dans une seconde épître à Timothée, son enfant bien-aimé, travaillant
avec la prémonition que son martyre était proche, Paul incite à prêcher
l'Evangile avec zèle et énergie; car les ombres de l'apostasie
s'amoncelaient autour de l'Eglise. Son exhortation est pathétique par son
sérieux : «Je t'en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit
juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et de son
royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non,
reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. Car il
viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine;
mais, ayant la démangeaison d'entendre Lies choses agréables, ils se
donneront une foule de docteurs selOn leurs propres désirs, détourneront
l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables[20]. »
31. S'adressant aux Thessaloniciens, Paul les met en garde contre l'erreur
fortement soutenue par certains que le jour de la seconde venue du Christ
était proche. Il apparaît que l'on usait de tromperie et que l'on
soupçonnait même la contrefaçon, car l'apôtre instruit les gens de ne pas
être trompés «soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu'on dirait
venir de nous». L'exhortation est énergique : « Pour ce qui concerne
l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous
vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre
bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque
inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu'on dirait
venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne
vous séduise d'aucune manière; car il faut que l'apostasie soit arrivée
auparavant, et que l'on ait vu paraître l'homme du péché, le fils de la
perdition, l'adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle
Dieu ou de ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, se
proclamant lui-même Dieu[21].» Nous verrons à quel point l'accomplissement
de cette prophétie a été littéral par les prétentions blasphématoires de
l'Eglise apostate, des siècles après.
32. L'apôtre Pierre prophétisa si clairement que personne ne peut manquer
de comprendre ce qui concerne les hérésies qui seraient prêchées comme
doctrine au temps de l'apostasie; et il rappelle aux gens qu'il y eut de
faux docteurs par le passé tout comme il y en aurait à l'avenir : « Il y a
eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de
faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant
le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine.
Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité
sera calomniée à cause d'eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au
moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la
condamnation, et dont la ruine ne sommeille point[22]. »
33. Jude, le frère de Jacques, dans son épître générale adressée aux
saints, leur rappelle les mises en garde précédentes : «Mais vous,
bien-aimés, souvenez-vous des choses annoncées d'avance par les apôtres de
notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient qu'au dernier temps il y
aurait des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies[23].»
34. Jean, que l'on appelle le Révélateur, eut une vision de la condition
du monde dans les jours alors à venir. Décrivant l'esprit d'injustice
comme une bête hideuse et son auteur, Satan, comme le dragon, il dit : «Et
ils adorèrent le dragon, parce qu'il avait donné l'autorité à la bête; et
ils adorèrent la bête, en disant : Qui est semblable à la bête, et qui
peut combattre contre elle? ... Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des
blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et
ceux qui habitent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre aux
saints, et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu,
tout peuple, toute langue et toute nation. Et tous les habitants de la
terre l'adoreront, ceux dont le nom n'a pas été écrit dés la fondation du
monde dans le livre de vie de l'agneau qui a été immolé. Si quelqu'un a
des oreilles, qu'il entende! [24]»
35. Remarquez une autre prophétie basée sur la vision de Jean le
Révélateur. Faisant encore allusion aux circonstances dans les derniers
jours, il déclare : «Je vis un autre ange qui volait par le milieu du
ciel, ayant un Evangile éternel, pour l'annoncer aux habitants de la
terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple. Il
disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l'heure
de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la
terre, et la mer, et les sources d'eaux[25].»
36. Bien qu'il soit vrai que la dernière Ecriture citée ne prédise pas
spécifiquement une apostasie, la destruction de l'Eglise est traitée comme
un événement déjà accompli. Le Révélateur voyait au-delà de cette période
de démantèlement et vit le jour plus brillant du rétablissement de
l'Eglise par le ministère d'un ange. Il n'est pas logique de penser que
l'Evangile devait être apporté sur terre par un messager céleste si cet
Evangile subsistait encore sur terre. Il n'est également pas raisonnable
de dire qu'un rétablissement de l'Eglise du Christ serait nécessaire ou
possible si l'Eglise avait continué avec une succession légitime de la
prêtrise et du pouvoir. Si l'Evangile devait de nouveau être 'apporté des
cieux, l'Evangile devait avoir été retiré de la terre. Ainsi la prophétie
d'un rétablissement est la preuve d'une apostasie générale et complète.
PREDICTION DE L'APOSTASIE SUR LE CONTINENT AMERICAIN
37. Dans le chapitre précédent, on a montré que l'Eglise du Christ fut
établie par le Seigneur ressuscité parmi les Néphites sur le continent
américain. Il fut prédit que les puissances du mal auraient la permission
de prévaloir dans l'ouest comme dans l'est. Considérez les paroles
fatidiques que le prophète Alma adressa à son fils Hélaman : « Voici, je
vois d'après l'esprit de révélation qui est en moi, que ce peuple même,
les Néphites, tombera dans l'incrédulité, quatre cents ans après que
Jésus-Christ se sera manifesté à lui. Oui, et alors il verra des guerres,
des pestes, oui, des famines, de grandes effusions de sang, même jusqu'à
l'extinction du peuple de Néphi - Oui, et cela parce qu'il tombera dans
l'incrédulité, dans les oeuvres de ténèbres, dans la lasciveté, et dans
toutes sortes d'iniquités; oui je te le dis, parce qu'il pèchera contre
tant de lumière et tant de connaissance, oui, je te le dis, à partir de ce
jour, la quatrième génération ne passera pas entièrement que cette grande
iniquité n'arrive[26].»
38. Une prophétie antérieure liée à la dégradation de ceux qui ont survécu
dans la descendance de Léhi fut exprimée par Néphi en résultat d'une
révélation qui lui fut communiquée par visitation angélique. Il décrivit
ainsi sa vision de l'avenir : «Je regardai et je vis que la postérité de
mes frères combattait contre ma postérité, selon la parole de l'ange; et
je vis, qu'à cause de l'orgueil de ma postérité, et des tentations du
diable, la postérité de mes frères l'emporta sur le peuple de ma
postérité. Et je regardai, et vis que le peuple de la postérité de mes
frères avait vaincu ma postérité; et il se répandit en multitudes sur la
surface du pays. Et je le vis rassemblé en grandes foules; et je vis des
guerres et j'entendis des bruits de guerres parmi eux et je vis beaucoup
de générations passer dans les guerres et les bruits de guerres. Et l'ange
me dit : Voici, ceux-ci tomberont dans l'incrédulité. Et je vis que
lorsqu'ils furent tombés dans l'incrédulité, ils devinrent un peuple de
couleur sombre, dégoûtant et sale, paresseux, et rempli de toutes sortes
d'abominations[27]. » L'état de dégradation dans lequel se trouvent les
Indiens de l'Amérique du Nord, descendants d'un père-prophète, est un
accomplissement frappant de cette déclaration prophétique.
39. Les Ecritures citées suffisent à montrer qu'une vaste apostasie de
l'Eglise a été vue d'avance; que la corruption de l’Eglise elle-même fut
également connue d'avance; et que, à l'ouest comme à l'est, une apostasie
générale était prédite.
* * * * * * *
[1] Voir Marc 16 :17.
[2] Voir note 1 h la fin du chapitre.
[4] Voir Articles de Foi, du même auteur, chapitres 17 et 18.
[5] Voir 2 Timothée 3 :1-6.
[6] Voir note 3 à la fin du chapitre.
[7] Esaïe 24 :5; lire les versets 1 'a 6 compris.
[8] Galates 3 :17; lire le chapitre entier.
[9] Versets 23-29.
[10] Verset 19.
[11] Hébreux 13 :20.
[12] Voir Esaïe 24 :6.
[13] Amos 8 :11-12.
[14] Matthieu 24 :4-5.
[15] Versets 10-13. Voir note 4 à la fin du chapitre.
[16] Verset 9.
[17] Versets 23-26.
[18] Actes 20 :29-30; lire les versets 17 à 31 compris.
[19] 1 Timothée 4 :1-3. Voir note 5 à la fin du chapitre.
[20] 2 Timothée4 :1-4
[21] 2 Thessaloniciens 2 :3-4.
[22] 2 Pierre 2 :1-3. Lire le chapitre entier et noter la description des
conditions du monde actuel.
[23] Jude 17,18.
[24] Apocalypse 13.4, 6-9.
[25] Apocalypse 14 :6-7.
[26] Alma 45 :10-12.
[27] 1 Néphi 12 :19-23. Pour d'autres prédictions du déclin spirituel sur
le continent américain, voir 2 Néphi 27 :1; lire aussi 2 Néphi 27 : 1;
lire aussi 2 Néphi 26 :19-22 et le chapitre 29.
NOTES
1. L’Eglise, primitive et rétablie. L'Eglise de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours déclare par son nom qu'elle se distingue de l'Eglise
primitive telle qu'elle fut établie par le Christ et ses premiers apôtres.
La désignation essentielle de l'Eglise rétablie est Eglise de
Jésus-Christ; son nom autorisé est Eglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours, le groupe final de mots étant ajouté pour faire la
distinction entre l'Eglise établie dans la dispensation présente et
l'Eglise organisée par le Sauveur pendant son ministère terrestre. Cette
distinction apparaît dans l'un de nos Articles de Foi : «Nous (I'Eglise
contemporaine) croyons à la même organisation qui existait dans l'Eglise
primitive, savoir : apôtres, prophètes, pasteurs, instructeurs,
évangélistes, etc. »
2. Le libre arbitre de l'homme. Les enseignements de l'Eglise rétablie
concernant la liberté individuelle d'action sont résumés ainsi : «I'Eglise
enseigne, comme doctrine strictement scripturale, que l'homme a hérité,
parmi les droits inaliénables qui lui ont été conférés par son Père divin,
de la liberté de choisir le bien ou le mal dans cette vie, d'obéir ou de
désobéir aux commandements du Seigneur, selon son désir. Ce droit ne peut
être gardé avec un soin plus jaloux qu'il ne l'est par Dieu lui-même; car,
dans tous ses rapports avec l'homme, il a laissé la créature mortelle
libre de choisir et d'agir, sans contrainte et sans restriction, à part
l'influence de ses conseils et de ses instructions paternelles. Il a
donné, il est vrai, des commandements et établi des statuts, avec promesse
de bénédictions en cas d'obéissance et de châtiments en cas d'infraction;
mais dans le choix qu'ils font de ceux-ci, les hommes sont parfaitement
libres de toute entrave. A cet égard, l'homme n'est pas moins libre que ne
le sont les anges, sauf lorsqu'il s'est empêtré dans les liens du péché et
a ainsi perdu l'exercice de sa volonté et sa force d'âme. L'individu est
aussi pleinement capable de violer les lois de la santé, les exigences de
la nature et les commandements de Dieu, tant en matière temporelle que
spirituelle, que de s'y conformer. Dans le premier cas, il s'attire les
châtiments qui découlent de la transgression de la loi; et dans le second
cas, il hérite des bénédictions spéciales et du surcroît de liberté qui
récompensent une vie de soumission aux lois. L'obéissance à la loi est
l'habitude de l'homme libre; le transgresseur craint la loi, car il attire
sur lui la dépossession et la restriction, non pas à cause de la loi, qui
l'aurait protégé dans sa liberté, mais à cause de son antagonisme à la
loi.
L'attribut prédominant de la justice, reconnu comme faisant partie de la
nature divine, interdit la pensée que l'homme puisse recevoir des
promesses de récompense pour ses bonnes actions et des menaces de
châtiment pour ses mauvaises actions, sans posséder le pouvoir d'agir
d'une manière indépendante. Il n'entre pas plus dans le plan de Dieu de
forcer les hommes à faire le bien, que de permettre aux puissances du mal
d'obliger ses enfants à pécher. A l'époque de l'Eden, le premier homme vit
placer devant lui des commandements et des lois avec l'explication des
châtiments qui suivraient la violation de ces lois. En toute justice,
aucune loi n'aurait pu lui être donnée s'il n'avait été libre d'agir de
son propre chef. «Néanmoins, tu peux choisir par toi-même, car cela t'est
donné; mais souviens-toi que je le défends», dit le Seigneur Dieu à Adam.
Au sujet de ses rapports avec le premier patriarche du genre humain, Dieu
a déclaré à cette époque-ci : «Voici, je lui accordai d'agir à sa guise»
(du même auteur, Articles de Foi, chapitre 3, pp. 71-72).
3. Le témoignage de la prophétie concernant l'apostasie. «Qu'est-ce que la
prophétie, sinon l'histoire inversée? Rien. La prophétie est un récit des
choses avant qu'elles n'aient lieu. L’histoire en est un récit après leur
déroulement; et des deux, la prophétie est plus digne de confiance quant à
son exactitude que l'histoire : pour la simple raison qu'elle trouve sa
source dans l'inspiration infaillible de Dieu tout-puissant; tandis que
l'histoire, sauf dans le cas d'historiens inspirés, est teintée par
l'opinion ou la partialité de l'écrivain, dépend quant à son exactitude du
point de vue qu'il a sur l'événement et est susceptible d'être entachée de
mille manières par les influences qui l'entourent : considérations de
parti, intérêt national ou préjugés, influence supposée sur les conditions
présentes et projets à venir, tout cela peut interférer avec l'histoire;
mais la prophétie est libre de telles influences. Les historiens agissent
de leur propre initiative ou sont nommés par des hommes; mais les
prophètes sont choisis par Dieu. Choisis par . sagesse divine et illuminés
par cet Esprit qui montre les choses qui sont à venir, les prophètes
reçoivent la révélation d'autant de choses de l'avenir que Dieu veut que
les hommes sachent, et les écrivains inspirés l'enregistrent pour éclairer
ou pour avertir l'humanité sans l'aspect tendancieux ou la déformation si
susceptible de gâter l’œuvre de l'historien. C'est ainsi que Moïse
enregistra ce que serait l'histoire d'Israël s'il obéissait à Dieu; et ce
qu'elle serait s'il désobéissait à Dieu. Israël désobéit et les historiens
ont épuisé leur talent à tenter de commenter sa désobéissance et sa
souffrance; mais les histoires ne présentent aucune comparaison avec la
prophétie en vivacité et en exactitude. Il en est ainsi avec la prophétie
de Daniel à propos de la montée et de la succession des grands pouvoirs
politiques qui domineraient la terre, et du triomphe final du royaume de
Dieu. Il en est de même avec presque toutes les prophéties» (B. H.
Roberts, A New Witness forGod, pp. 113-114).
4. Prédiction de l'apostasie par le Christ. La prophétie puissante,
exprimée en termes d'une grande vivacité, que notre Seigneur a donnée en
réponse aux questions de ses disciples, a suscité diverses opinions et des
commentaires variés, surtout en ce qui concerne l'époque à la quelle la
prédiction fait allusion. Comme on peut le lire dans le vingt quatrième
chapitre de Matthieu, un signe important du déroulement d'événements qui
précédera la seconde venue du Christ fut présenté comme suit : «Cette
bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir
de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin» (verset 14). Il
est dit par beaucoup que la «fin» à laquelle il est fait allusion dans le
passage cité n'est pas nécessairement la fin de la dernière dispensation,
non pas ce que l'on appelle communément la fin du monde, mais la clôture
de la dispensation de l'Evangile alors en cours; et, pour appuyer cette
interprétation, on soutient qu'après la déclaration citée, le Christ
continue à Prédire les calamités qui attendaient alors Jérusalem. Que
durant cette période couverte par le ministère terrestre des apôtres,
l'Evangile fut prêché dans toutes les nations civilisées du monde oriental
est une évidence d'après les Ecritures comme d'après les écrits profanes
célèbres en relation avec cette période. Paul parle de l'Evangile et dit
qu'il a été prêché à toute créature sous le ciel (voir Colossiens 1-6, 23;
comparer avec Romains 10 :18; voir aussi la note 3 après le chapitre 1 de
ce livre).
Dans la version de Joseph Smith du vingt-quatrième chapitre de Matthieu,
le paragraphe lié à la prédication de l'Evangile dans le monde entier
comme l'un des signes donnés par Jésus-Christ, est transposé de manière à
s'appliquer plus directement à la dispensation moderne ou dernière
dispensation (voir Perle de Grand Prix- Ecrits de Joseph Smith, 1).
L'Ecriture concernée est d'application directe aux conditions
caractéristiques des temps présents, la période actuellement en cours et
précédant immédiatement la seconde venue du Christ. Ce fait, cependant,
n'annule pas nécessairement son application à la période antérieure
également. L'histoire se réPète en de nombreuses occasions dans cette
dispensation, celle de la «Plénitude des temps»; en vérité, son
appellation même exprime un résumé ou un condensé des choses passées et
cela implique le retour de conditions antérieures et le rétablissement des
lois. La prédication de l'évangélisation mondiale n'est pas le seul cas de
prophétie générale qui ait plus qu'un seul horizon limité
d'accomplissement. Dans la période apostolique, l'Evangile fut porté à
toutes les nations connues des ministres du Seigneur; une oeuvre semblable
est en cours actuellement, sur une échelle qui dépasse de beaucoup celle
du passé, car le monde, mesuré selon sa population humaine, est beaucoup
plus grand que par le passé.
5. Ecritures liées à l'apostasie. Le fait que ces prédictions soient
interprétées d'une manière analogue par les théologiens des autres Eglises
montre bien que l'application des Ecritures citées dans le texte pour
prouver l'apostasie prédite n'est pas particulière à l’Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Ainsi, dans son «Bible
Commentary», le docteur Adam Clarke annote l'exhortation de Paul à
Timothée de la manière ci-dessous. Remarquez d'abord le passage«Mais
l'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns
abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des
doctrines de démons, par l'hypocrisie de faux docteurs», etc. Le docteur
Clarke dit :
«Dans les derniers temps : Cela ne signifie pas expressément les ultimes
périodes du monde; mais toute période faisant suite à celles dans
lesquelles l'Eglise vivait alors. »
«Abandonneront la foi» : Ils abandonneront la foi, c'est-à-dire le
christianisme, renonçant au système entier en fait en faisant entrer des
doctrines qui annulent les vérités essentielles; ou en niant et en
dénonçant les doctrines qui sont essentielles au christianisme comme
système de salut. Un homme peut détenir toutes les vérités du
christianisme et cependant les priver de leur effet en soutenant d'autres
doctrines qui neutralisent leur influence; ou il peut apostasier en niant
certaines doctrines essentielles bien qu'il n'apporte rien d'hétérodoxe. »
«Par l'hypocrisie de faux docteurs» - les personnes qui prétendent non
seulement à l'inspiration divine, mais aussi à des degrés extraordinaires
de sainteté, d'abnégation, de mortification, etc., afin de donner crédit
aux mensonges et aux fausses doctrines qu'elles enseignent. Des multitudes
de mensonges prirent forme à propos des miracles accomplis au moyen des
reliques de saints décédés, comme on les a appelés. »
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