CHAPITRE 24 : UNE RELIGION PRATIQUE
ARTICLE 13. Nous croyons que nous devons être honnêtes, fidèles, chastes,
bienveillants et vertueux, et que nous devons faire du bien à tous les
hommes, en effet, nous pouvons dire que nous suivons l'exhortation de
Paul: Nous croyons tout, nous espérons tout, nous avons enduré beaucoup de
choses et nous espérons être capables d'endurer toutes choses. Nous
aspirons à tout ce qui est vertueux, aimable, de bonne réputation ou digne
de louanges.
La religion de la vie journalière. - Dans cet article de leur foi, les
Saints des Derniers Jours déclarent accepter une religion pratique; une
religion qui consistera non seulement en professions en matière
spirituelle, et en croyances concernant les conditions de l'au-delà, la
doctrine du péché originel, et la réalité d'un ciel et d'un enfer futurs,
mais aussi, et plus particulièrement, en devoirs actuels et quotidiens,
dont le respect de soi-même, l'amour du prochain et la dévotion à Dieu
sont les principes directeurs. La religion sans moralité, les professions
de piété sans charité, les affiliations religieuses sans responsabilité
adéquate quant à la conduite individuelle dans la vie quotidienne ne sont
qu'airain qui résonne et que cymbales qui retentissent - un bruit sans
musique, des paroles sans esprit de prière. « La religion pure et sans
tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les
veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.
» [1] Les intentions honnêtes, l'intégrité de l'âme, la pureté
individuelle, la liberté de conscience, le désir de faire du bien à tous
les hommes, même à nos ennemis, la bienveillance pure - ce sont là
quelques-uns des fruits, par lesquels on peut reconnaître la religion du
Christ, et qui excèdent, en importance et en valeur, la promulgation de
dogmes et l'énonciation de théories. Cependant une connaissance des choses
au-dessus du temporel, des doctrines relatives aux questions spirituelles,
fondée sur la révélation et non pas sur le sable des frêles hypothèses de
l'homme, est également caractéristique de la véritable Eglise.
L'universalité de notre foi doit séduire toute personne qui examine
sérieusement les principes enseignés par l'Eglise, et plus encore
l'observateur objectif des résultats qui se manifestent dans la vie
typique des Saints des Derniers Jours. Dans le sein de l'Eglise il y a
place pour toute vérité, pour tout ce qui est digne de louange, vertueux,
aimable et de bonne réputation. La libéralité dont l'Eglise fait preuve
envers les autres confessions religieuses, la conviction avec laquelle
elle enseigne que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu'il
jugera tous les hommes selon leurs actions, l'amplitude et la profondeur
de ses préceptes concernant l'immortalité, et les degrés de gloire
éternelle qui attendent tous ceux dont le cœur est honnête parmi toutes
nations, toutes familles, toutes églises, parmi les civilisés et les
païens, les éduqués et les ignorants, tout cela a déjà été exposé. Nous
avons vu, en outre, que les croyances de ce peuple le conduisent plus
loin, même au-delà des limites des connaissances révélées jusqu'ici, et
lui enseignent à attendre, avec une confiance inébranlable, de nouvelles
révélations, des vérités à ajouter, des gloires plus grandes que celles
qui sont déjà révélées, des éternités de puissance, de domination et de
progrès, au-delà de ce que l'esprit de l'homme peut concevoir et son âme
contenir. Nous croyons en un Dieu qui est lui-même un Dieu de progrès,
dont la majesté est l'intelligence dont la perfection consiste en
avancement éternel. [2], un Etre qui a atteint son état exalté en suivant
une voie qu'il est permis à ses enfants de suivre maintenant, et dont la
gloire est leur héritage. En dépit de l'opposition des sectes, en face des
accusations directes de blasphème, l'Eglise proclame cette vérité
éternelle: « Ce que l'homme est, Dieu le fut autrefois; ce que Dieu est,
l'homme peut le devenir ». Devant un tel avenir, l'homme ne peut qu'ouvrir
son cœur au flot de la révélation passée, présente et future. Et, en
vérité, nous devrions pouvoir dire de chaque enfant éclairé de Dieu, qu'il
« croit tout, supporte tout, espère tout, endure tout ». [3] La profession
de foi incorporée dans cet article suggère de nombreux points relatifs à
l'organisation, aux préceptes et aux pratiques de l'Eglise. Parmi ceux-ci
les suivants peuvent retenir l'attention.
La bienveillance. - La bienveillance repose sur l'amour de nos semblables;
elle embrasse, bien qu'elle la dépasse de loin, la charité, dans le sens
ordinaire dans lequel ce dernier mot est employé. Le Christ la plaça
immédiatement après l’amour pour Dieu. Un jour, certains Pharisiens
vinrent trouver le Christ, pour le tenter dans des questions de doctrine
dans l'espoir de le prendre au piège et faire ainsi de lui un
transgresseur de la loi. Leur porte parole était un docteur de la loi.
Notez bien sa question et la réponse du Maître: « Maître, quel est le plus
grand commandement de la loi ? [4] Jésus lui répondit: Tu aimeras le
Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta
pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second
qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux
commandements dépendent toute la loi et les prophètes ». Les deux
commandements mentionnés ici comme premier et second sont si étroitement
liés qu'ils n'en forment virtuellement qu'un, et c'est « tu aimeras ».
Celui qui obéit à l'un de ces commandements obéit aux deux, car, sans
aimer nos semblables, il nous est impossible d'être agréables à Dieu.
C'est pourquoi Jean, l'Apôtre de l'Amour, écrivit -. « Bien-aimés '
aimons-nous les uns les autres; car l'amour est de Dieu, et quiconque aime
est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu,
car Dieu est amour... Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son
frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit,
comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons de lui ce
commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ». [5]
Mais la plus grande et la plus sublime peut-être des déclarations
apostoliques concernant l'amour qui sauve, se trouve dans l'épître de Paul
aux saints de Corinthe. [6] Dans notre version française courante de la
Bible, la vertu que l'apôtre déclare être supérieure à tous les dons
miraculeux, et qui continuera après que tout aura passé, est appelée
charité; mais le mot originel signifiait amour; et Paul avait à l'esprit
quelque chose de plus que le simple fait de donner des aumônes, puisqu'il
dit: « Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des
pauvres ... si je n'ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien ». Un
homme peut parler la langue des anges, posséder le don de prophétie, qui
est le plus grand de tous les dons ordinaires, avoir toute la connaissance
et comprendre tous les mystères, avoir assez de foi pour déplacer les
montagnes donner tout ce qu'il a, y compris sa vie - sans l'amour il n'est
rien. La charité, ou aumône, bien qu'associée au plus sincère des motifs
et dénuée de tout désir de louange ou d'espoir de retour, n'est qu'une
faible manifestation de l'amour qui doit nous rendre notre prochain aussi
cher que notre personne même, de cet amour qui est patient, qui n'envie
pas les autres, qui ne se vante pas, qui ne connaît pas l'orgueil, qui
domine l'égoïsme, qui se réjouit dans la vérité. Lorsque « ce qui est
parfait » sera venu, les dons, accordés jusqu'alors partiellement, seront
supplantés. « La perfection absorbera alors l'imperfection; il n'y aura
plus de pouvoir de guérison, car il n'y aura plus de maladie; les langues
et les interprétations cesseront alors car une seule langue pure sera
parlée, il n'y aura plus besoin du pouvoir de chasser les démons et de
neutraliser les poisons mortels, car, dans le ciel, les circonstances le
rendront inutile. Mais la charité, qui est l'amour pur de Dieu, ne cesse
jamais; elle siégera sur un trône, au milieu de la multitude glorifiée,
revêtue de toute la gloire et de toute la splendeur de son ciel natal. »
[7] Si l'homme veut obtenir la vie éternelle, il ne peut pas se permettre
de négliger son devoir d'aimer ses semblables, car « l'amour est
l'accomplissement de la loi ». [8]
Oeuvres bienfaisantes de l'Eglise. - L'Eglise actuelle peut faire montré
d'une oeuvre de bienfaisance prodigieuse, déjà accomplie et toujours en
cours. On peut voir l'un des monuments les plus glorieux de son oeuvre
dans l’œuvre missionnaire qui a toujours été un trait caractéristique de
ses activités. Poussée par nul autre motif qu'un amour pur envers
l'humanité et le désir d'accomplir les commandements de Dieu concernant
l'humanité, l'Eglise envoie, chaque année, des centaines de missionnaires
proclamer l'évangile de vie éternelle au monde, et ce, sans salaire. Des
multitudes de ces serviteurs dévoués ont subi des mauvais traitements et
des outrages de ceux à qui ils essayaient de faire du bien, et pas mal
d'entre eux ont donné leur vie, apposant ainsi le sceau du martyre à leur
témoignage et leur oeuvre.
La charité qui se manifeste par les dons matériels n'est pas négligée dans
l'Eglise; en vérité, il est enseigné que cette forme de bienfaisance est
le devoir sacré de chaque Saint des Derniers Jours. Bien que chacun soit
exhorté à donner individuellement de ce qu'il possède aux nécessiteux, un
système de bienfaisance bien efficace et ordonné, a été établi dans
l'Eglise. Quelques caractéristiques de ce système sont dignes de notre
considération spéciale.
Les offrandes volontaires. - Une des caractéristiques de l'Eglise et du
peuple de Dieu a toujours été de prendre soin des pauvres, s'il en existe
parmi eux. Pour servir ce but, et aussi pour favoriser un esprit de
libéralité, de bonté et de bienfaisance, des dons et offrandes volontaires
ont été requis de ceux qui professent vivre selon la loi de Dieu.
Aujourd'hui, dans l'Eglise, un plan systématique de distribution aux
pauvres est en opération. C'est ainsi que, dans presque chaque branche ou
paroisse, fonctionne une organisation de femmes appelée la Société de
Secours. Son but, du moins partiel, est de recueillir parmi la Société, et
les membres de l'Eglise en général, des contributions en argent et en
nature, en particulier les nécessités de la vie, et de les distribuer aux
membres dignes nécessiteux sous la direction des officiers locaux de la
Prêtrise. Mais la Société de Secours visite aussi, de façon systématique,
les maisons des affligés, prenant soin des malades, apportant la
consolation aux éprouvés, et essayant, de toutes les façons possibles, de
soulager la détresse. Les bonnes oeuvres de cette organisation ont gagné
l'admiration de nombreuses personnes qui professent n'avoir aucun rapport
avec l'Eglise. Ses méthodes ont été imitées par d'autres associations de
bienfaisance, et la société occupe un rang national aux Etats-Unis.
Les offrandes de jeûne représentent un système encore plus général de
donation. L'Eglise enseigne que la prière continuelle et le jeûne
périodique sont des moyens de parvenir à cette humilité qui attire la
faveur divine; et un jour de jeûne mensuel a été désigné pour être observé
dans tout, l'Eglise; il a lieu le premier dimanche de chaque mois. Il est
requis des Saints qu'ils manifestent la sincérité de leur jeûne en faisant
ce jour-là une offrande à l'intention des Pauvres; et, de commun accord,
cette offrande doit être au moins égale au prix des repas omis au cours du
jeûne de la famille. Ces offrandes peuvent être faites en argent, en
nourriture ou en autres marchandises utilisables; elles sont reçues par
l'épiscopat et distribuées par la même autorité aux pauvres de la paroisse
ou de la branche qui en sont dignes. Des jeûnes spéciaux sont décrétés par
les autorités présidentes, quand l'occasion le demande, comme aux époques
de maladie répandue, en temps de guerre ou en d'autres situations
critiques qui justifient ces époques de supplication. De cette façon, et
de beaucoup d'autres encore, les Saints des Derniers Jours donnent de leur
subsistance aux nécessiteux; car ils se rendent compte que les nécessiteux
parmi eux peuvent être « les pauvres du Seigneur »; et que, indépendamment
de la dignité de la personne qui reçoit, le besoin et la détresse doivent
être soulagés. Le peuple croit que l'harmonie de ses prières sera changée
en discorde si les cris des pauvres accompagnent ses supplications au
trône de Grâce.
La dîme. - L'Eglise actuelle suit la doctrine du payement de la dîme,
semblable, en toutes ses dispositions générales, à celle qui fut enseignée
et pratiquée autrefois. Avant de considérer la pratique autorisée actuelle
en la matière, il peut être instructif d'étudier l'ancienne pratique du
paiement de la dîme. Au sens étroit, la dîme est un dixième, et cette
proportion des biens individuels semble avoir été considérée autrefois
comme revenant au Seigneur. [9] L'institution de la dîme précède même la
dispensation mosaïque, car nous trouvons que les patriarches Abraham et
Jacob payèrent la dîme. Abraham, revenant d'une bataille victorieuse,
rencontra Melchisédek, roi de Salem, et « sacrificateur du Dieu Très-Haut
», et reconnaissant son autorité sacerdotale, « lui donna la dîme de tout
», [10] Jacob, de son plein gré, fit le vœu de donner au Seigneur un
dixième de tout ce qu'il posséderait. [11]
Les statuts mosaïques étaient explicites en requérant la dîme: « Toute
dîme de la terre, soit des récoltes de la terre, soit du fruit des arbres,
appartient à l'Eternel; c'est une chose consacrée à l'Eternel... Toute
dîme de gros et de menu bétail, de tout ce qui passe sous la houlette,
sera une dîme consacrée à l'Eternel ». [12] La dîme devait être payée
comme elle se présentait, sans chercher ce qui était bon ou ce qui était
mauvais. Cependant, dans certaines conditions, un homme pouvait racheter
la dîme en payant sa valeur d'une autre façon, mais dans ce cas, il devait
ajouter un cinquième de la dîme. Le dixième de tous les biens en Israël
devait être payé aux Lévites, comme héritage accordé en signe de
reconnaissance pour leurs services; et les Lévites, à leur tour, devaient
payer la dîme de ce qu'ils recevaient, et cette dîme de la dîme revenait
aux prêtres. [13] Une seconde dîme était réclamée d'Israël, qui servait
pour les fêtes fixes; et une troisième dîme, payable tous les trois ans,
était consacrée à la nourriture et au logement des nécessiteux, des
veuves, des orphelins et des Lévites. [14]
Il est évident que, bien qu'aucun châtiment spécial ne soit rapporté pour
la négligence de la loi de la dîme, l'observation correcte de cette loi
était considérée comme un devoir sacré. Au cours de la réforme opérée par
Ezéchias, le peuple manifesta sa repentance en payant immédiatement la
dîme; [15] et il donna si libéralement qu'un surplus considérable fut
accumulé, ce que voyant, Ezéchias demanda quelle était la source d'une
telle abondance. Alors le souverain sacrificateur Azaria, de la maison de
Tsadok, lui répondit: « Depuis qu'on a commencé d'apporter les offrandes
dans la maison de l'Eternel, nous avons mangé, nous nous sommes rassasiés,
et nous en avons beaucoup laissé, car l'Eternel a béni son peuple; et
voici la grande quantité qu'il y a de reste ». Néhémie veilla à régler la
façon de payer la dîme, [16] et Amos [17] et Malachie, [18] réprimandèrent
tous deux le peuple parce que celui-ci avait négligé ce devoir. Par la
bouche du dernier prophète cité, le Seigneur accusa le peuple de l'avoir
trompé; mais il lui promit des bénédictions au-delà de ses capacités d'en
recevoir, s'il retournait à sa fidélité: « Un homme trompe-t-il Dieu ? Car
vous me trompez, et vous dites: En quoi t'avons-nous trompé ? Dans les
dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction et vous me
trompez, la nation tout entière. Apportez à la maison du trésor toutes les
dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la
sorte à l'épreuve, dit l'Eternel des armées et vous verrez si je n'ouvre
pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la
bénédiction en abondance ». [19] En visitant les Néphites, après sa
résurrection, le Sauveur leur parla de ces paroles de Malachie, et leur
répéta les mots du prophète juif. [20] Les Pharisiens, à l'époque du
ministère du Christ, se montraient particulièrement scrupuleux dans le
paiement de la dîme, au point de négliger « les choses plus importantes de
la loi », et pour ce manque de logique, ils se firent réprimander par le
Maître. [21]
Dans la dispensation actuelle, la loi de la dîme a reçu une place de
grande importance, et des bénédictions parti- 1, culières ont été promises
à ceux qui l'observent fidèlement. Ce jour a été appelé par le Seigneur «
un jour de sacrifice, et un jour où la dîme est levée sur mon peuple; car
celui qui est dîmé ne sera pas brûlé ». [22] Dans une révélation donnée
par l'intermédiaire du prophète Joseph Smith, le 8 juillet 1838, le
Seigneur a montré explicitement ce qu'il requérait du peuple à ce sujet.
[23]
La consécration et l'intendance. - La loi de la dîme observée aujourd'hui
par l'Eglise, n'est, après tout, qu'une loi inférieure, donnée par le
Seigneur aux hommes à cause de leur faiblesse, de leur égoïsme, de leur
envie et de leur cupidité, défauts qui empêchèrent les saints d'accepter
les principes supérieurs selon lesquels le Seigneur désirait qu'ils
vécussent. Des exigences bien nettes concernant le paiement de la dîme
furent révélées en 1838; mais, sept ans auparavant, la voix du Seigneur
s'était fait entendre au sujet de la consécration [24] de tous les biens,
du temps et des talents de chaque individu au service de Dieu, pour être
employés selon les besoins. Cela non plus n'est pas nouveau; la loi de
consécration est donnée comme un rétablissement dans la dispensation
actuelle; elle avait été reconnue et observée avec profit autrefois. [25]
Même au cours de la période apostolique, la doctrine de la consécration
des biens et de la propriété en commun était ancienne, car trente-quatre
siècles avant cette époque, le même principe avait été pratiqué par le
patriarche Enoch et son peuple, et avec un tel succès que « le Seigneur
vint demeurer avec son peuple... Et le Seigneur appela son peuple Sion,
parce qu'ils étaient d'un seul cœur et d'un seul esprit et qu'ils
demeuraient dans la justice; et il n'y avait pas de pauvres parmi eux ».
[26] Dans chacun des cas cités - celui du peuple d'Enoch et celui des
saints au début de l'ère chrétienne - nous voyons qu'ils étaient unis en
pensées et que les gens qui vivaient selon cet ordre social en tiraient
une grande puissance; ils étaient « d'un seul cœur et d'un seul esprit ».
Grâce à la force spirituelle ainsi acquise, les apôtres furent à même
d'accomplir de nombreuses oeuvres puissantes, [27] et quant à Enoch et son
peuple, nous lisons que le Seigneur les prit dans son sein.
Le peuple dont le Livre de Mormon nous donne l'histoire parvint aussi à
l’état béni d'égalité avec tous les résultats qui en découlent. Les
disciples que le Christ avait personnellement commissionnés, enseignèrent
avec pouvoir, « et
toutes choses étaient en commun parmi eux, et ils pratiquaient tous la
justice les uns envers les autres ». [28] Plus loin nous lisons qu'il y
eut conversion générale du peuple, qui parvint ainsi à un état idéal de
paix: « il n'y avait ni querelles ni disputes parmi eux.. Et ils avaient
tout en commun; c'est pourquoi il n'y avait ni riches ni pauvres, ni
esclave ni libres, mais ils étaient tous affranchis et bénéficiaires du
don céleste ». [29] Ils étaient tellement bénis que le prophète dit à leur
sujet: « Assurément, il ne pouvait exister de peuple plus heureux parmi
tous les peuples qui avaient été créés par la main de Dieu ». [30] Mais
après environ deux siècles de cette condition bénie, le peuple s'abandonna
à l'orgueil; certains cédèrent à la passion des vêtements luxueux; ils
refusèrent désormais d'avoir tout en commun, et, immédiatement, un grand
nombre de classes surgirent; des sectes dissidentes furent établies; et
alors commença une désintégration rapide qui aboutit à l'extinction de la
nation néphite. [31]
L'intendance dans l'Eglise. - Un système d'unité dans les affaires
temporelles a été révélé à l'Eglise à cette époque; dans le langage
courant on l'appelle l'Ordre d'Enoch [32] ou l'Ordre Uni, [33] et il est
fondé sur la loi de la consécration. Comme il a déjà été dit, au cours des
premières années de l'Eglise des derniers jours, les membres montrèrent
qu'ils étaient incapables de se conformer à cette loi dans sa plénitude
et, par conséquent, la loi inférieure de la dîme fut donnée. Mais les
Saints attendent, avec confiance, le jour où ils ne consacreront pas
seulement la dîme de leurs biens, mais tout ce qu'ils ont et tout ce
qu'ils sont au service de leur Dieu, ce jour où les hommes ne parleront
plus du « mien » et du « tien », mais où toutes choses appartiendront au
Seigneur et à eux.
Dans cette attente, ils n'encouragent aucun vague rêve de communisme,
susceptible de faire disparaître la responsabilité individuelle et de
donner à l'oisif une excuse d'espérer vivre aux dépens du travailleur;
mais, avec calme, ils ont foi que dans l'ordre social promis, digne de
l'approbation de Dieu, chaque homme sera un intendant, jouissant de la
liberté totale de faire ce qu'il veut avec les talents commis à ses soins,
mais sachant, avec certitude, que des comptes de son intendance seront
requis de lui. Tel que le plan de cette organisation future a été révélé,
il prévoit que la personne qui entre dans cet ordre consacrera au Seigneur
tout ce qu'elle possède, que ce soit peu ou beaucoup, donnant à l'Eglise
le titre de sa propriété, scellée d'une alliance qui ne peut pas être
brisée. [34] La personne ayant ainsi donné tout ce qu'elle possède reçoit
une partie de la propriété de l'Eglise qu'elle est chargée de gérer, selon
ses capacités.
Les différents genres d'occupation existeront toujours; il y aura des
manœuvres, dont les aptitudes les adaptent mieux aux ouvrages non
spécialisés; et des gérants qui ont montré leurs capacités de conduire et
de diriger; il y en aura qui peuvent servir au mieux la cause de Dieu avec
la plume et d'autres avec la charrue; il y aura des ingénieurs et des
mécaniciens, des artisans et des artistes, des fermiers et des savants,
des instituteurs, des professeurs et des écrivains - chacun travaillant,
autant que possible, dans le domaine de son choix, mais chacun étant
requis de travailler, et de travailler là où ' il pourra rendre les plus
grands services, de la meilleure façon. Sa gérance lui sera assurée par un
titre écrit, et aussi longtemps qu'il sera fidèle à ses devoirs, nul ne
pourra la lui enlever. [35] Chacun pourra user des fruits de son labeur
selon ses besoins, pour assurer sa subsistance et celle de sa famille; le
surplus doit être remis à l'Eglise pour ses oeuvres publiques et générales
et pour aider ceux dont l'incapacité se justifie. [36] Pour illustrer
davantage les usages auxquels le surplus doit être consacré, nous lisons
ceci: « Tous enfants ont droit au soutien de leurs parents jusqu'à leur
majorité. Et après cela, ils ont droit au soutien de l’Eglise, ou, en
d'autres termes, au bénéfice du magasin du Seigneur, si leurs parents ne
sont pas à même de leur donner un héritage. Et le magasin sera entretenu
par les consécrations de l'Eglise; et il sera pourvu aux besoins des
veuves, des orphelins, aussi bien que des pauvres. » [37] Tout intendant
ou gérant fidèle, réclamant un capital supplémentaire pour le
développement de son entreprise, a le droit d'introduire sa demande auprès
des préposés aux fonds généraux, ceux-ci étant à leur tour responsables de
leur gérance, qui constitue leur intendance. [38]
Des droits égaux seront assurés à tous. Le Seigneur a dit: « Et vous devez
être égaux, ou, en d'autres termes, vous devez avoir des droits égaux sur
les propriétés, afin de pouvoir bien gérer ce qui vous a été confié,
chacun selon ses désirs et ses besoins, dans la mesure où ses besoins sont
justes - et tout cela pour le bénéfice de l'Eglise du Dieu vivant, afin
que chacun fasse fructifier son talent, afin que chacun acquière d'autres
talents, oui, même cent fois plus, à placer dans le magasin du Seigneur,
pour devenir la propriété commune de l'Eglise entière ».[39]
Pleine liberté d'action est assurée à chaque individu celui qui ne se
montre pas fidèle sera traité selon les règles prescrites par la
discipline de l'Eglise. Les différents pieux ou autres divisions
administratives de l'Eglise jouiront d'un pouvoir autonome correspondant,
chacune exerçant une juridiction indépendante sur ses propres magasins et
ses affaires administratives, [40] toutes ces unités administratives étant
soumises aux Autorités Générales de l'Eglise. Seul l'oisif souffrirait
dans un ordre tel que celui que nous venons d'esquisser. L'édit du
Tout-Puissant a été décrété contre lui; « Tu ne seras pas paresseux, car
le paresseux ne mangera pas le pain et ne portera pas les vêtements du
travailleur. » [41] « Le paresseux n'aura pas de place dans l'Eglise, à
moins qu'il ne se repente et ne s'amende. » [42] « Et les habitants de
Sion se souviendront aussi de leurs labeurs, en toute fidélité, dans la
mesure où ils sont appelés à l’œuvre; car le paresseux sera tenu en
mémoire devant le Seigneur. » [43]
L'ordre social des saints. - Devant les troubles sociaux qui règnent, et
l'indignation contre les systèmes existants, par lesquels la répartition
des richesses devient de plus en plus inégale - les riches s'enrichissent
de la pauvreté croissante des pauvres, la main de l'oppression pesant de
plus en plus lourdement, sur les masses, le mécontentement contre les
gouvernements qui en résulte et les feux à moitié étouffés de l'anarchie
que l'on peut discerner chez presque toutes les nations - ne trouvons-nous
pas du réconfort dans la promesse d'un plan meilleur, d'un plan qui, sans
l'emploi de la force ou de la violence, essaye d'établir une égalité
stable, d'aider les -humbles et les pauvres, [44] et de donner à chaque
homme l'occasion de vivre et de travailler dans la sphère à laquelle il
est adapté ? La vérité affranchira les hommes de la tyrannie des richesses
mal employées, comme de toute autre forme d'oppression. Pour jouir d'une
telle liberté, l'humanité doit vaincre l'égoïsme, qui est l'un des ennemis
les plus puissants de la piété.
L'Eglise enseigne la nécessité d'une organisation sociale juste, en
harmonie avec les lois du pays; le caractère sacré de l'institution et de
l'alliance du mariage, essentiel à la stabilité de la société;
l'accomplissement de la loi divine concernant la perpétuation de la
famille humaine; et l'importance d'une pureté personnelle stricte.
Le mariage. - Les enseignements des Ecritures concernant la nécessité du
mariage sont nombreux et explicites. « Le Seigneur Dieu dit: Il n'est pas
bon que l'homme soit seul »; [45] cette déclaration générale fut faite au
sujet d'Adam immédiatement après son établissement en Eden. Eve lui fut
donnée, et l'homme reconnut la nécessité d'une association permanente des
sexes dans le mariage, et dit: « C'est pourquoi l'homme quittera son père
et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair
». [46] En tant que contre-partie de la Divinité, aucun des sexes n'est
complet en lui-même. On nous dit expressément que Dieu est le Père des
esprits,[47] et pour bien saisir le sens littéral de cette vérité
solennelle, nous devons savoir qu'il existe une mère des esprits. [48]
Nous lisons au sujet de la création des hommes: « Dieu créa l'homme à son
image; il créa l'homme à l'image de Dieu: il créa l'homme et la femme ».
[49]
Le but de cette double création est indiqué dans le verset suivant du
récit sacré . « Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds,
multipliez, remplissez la terre ». [50] Un tel commandement aurait été nul
et non avenu s'il avait été adressé uniquement à l'un ou à l'autre des
sexes; et sans la faculté de perpétuer son espèce, la gloire et la majesté
de l'homme n'auraient pas de sens; car les oeuvres d'un individu
quelconque dans cette vie mortelle représentent bien peu de chose, en
vérité.
Aussi grandioses que puissent paraître les exploits d'un homme qui est
vraiment grand, le point culminant de sa glorieuse carrière consiste à
laisser une postérité pour continuer son oeuvre et rehausser les triomphes
de l'ancêtre. Et si cela est vrai des mortels en ce qui concerne les
choses de cette terre, combien plus grand est le pouvoir de la
multiplication éternelle, lorsqu'on la considère à la lumière de la vérité
révélée sur la progression infini dans l'état futur. En vérité, l’apôtre
était sage lorsqu'il dit: « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est
point sans l'homme ni l'homme sans la femme ». [51]
Les Saints des Derniers Jours acceptent la doctrine que le mariage est
honorable, [52] et qu'il est requis de tous ceux ne sont pas empêchés, par
une incapacité physique ou autre, d'assumer les responsabilités sacrées de
l'état conjugal. Ils considèrent que chaque homme digne possède, de
naissance, le devoir et le privilège de devenir chef de famille et père
d'une postérité qui, par la grâce de Dieu, peut ne jamais s'éteindre; et
le droit de chaque femme digne d'être épouse et mère dans la famille
humaine est tout aussi grand. En dépit du caractère simple, raisonnable et
naturel de ces enseignements, de faux docteurs se sont élevés parmi les
hommes, proclamant cette doctrine pernicieuse que l'état de mariage n'est
qu'une nécessité de la chair, héritée par l'homme, conséquence de sa
dégradation, et que le célibat est la marque d'un état élevé, plus
acceptable aux yeux de Dieu. Voici ce que le Seigneur a dit de nos jours,
au sujet de tels hommes: « En vérité, je vous dis que quiconque interdit
le mariage n'est pas ordonné de Dieu, car le mariage est un commandement
de Dieu à l'homme... afin que la terre puisse répondre au but de sa
création; et qu'elle soit remplie de sa mesure d'hommes, selon leur
création avant que le monde ne fût fait ». [53]
Le mariage céleste. - Le mariage tel qu'il est considéré par les Saints
des Derniers Jours est honoré par Dieu et est destiné à être une relation
éternelle des sexes. Ce peuple ne le considère pas simplement comme un
contrat temporel valide sur terre autant que dure la vie mortelle des
parties intéressées, mais comme une alliance solennelle qui se prolonge
au-delà du tombeau. Dans l'ordonnance complète du mariage, l'homme et la
femme sont placés sous une alliance de fidélité mutuelle, non pas «
jusqu'à ce que la mort vous sépare », mais « pour le temps et pour toute
éternité ». Un contrat d'une portée aussi grande que celui-ci, s'étendant
non seulement à travers le temps tout entier mais aussi dans le domaine de
l'au-delà, requiert, pour être validé, une autorité supérieure à celle de
la terre; et. nous trouvons cette autorité dans la Sainte Prêtrise, qui,
venant de Dieu, est éternelle. Tout pouvoir moindre que celui-ci, bien que
valide dans cette vie, est nul quant à la condition de l'âme humaine
au-delà du tombeau.
Le Seigneur a dit: « Tous contrats, alliances, liens, obligations,
serments, vœux, actes, unions, associations ou promesses qui ne se font
pas et qui ne sont pas scellés par le Saint-Esprit de promesse, de la main
de celui qui est oint, à la fois pour le temps et pour toute l'éternité,
de la façon la plus sacrée, par révélation et par commandement, par
l'intermédiaire de celui que j'ai oint et que j'ai choisi sur terre pour
détenir ce pouvoir…n'ont aucune validité, vertu ou force dans et après la
résurrection des morts; car tous les contrats qui ne sont pas faits de la
sorte prennent fin quand les hommes sont morts ». [54]
Quant à l'application du principe de l'autorité terrestre pour les choses
de cette terre, et de l'autorité éternelle pour les choses au-delà du
tombeau, au contrat sacré du mariage, la révélation ajoute ceci: « C'est
pourquoi, si un homme épouse une femme en ce monde, mais ne l'épouse pas
par moi ni par ma parole, et fait alliance avec elle aussi longtemps qu'il
est dans le monde et elle avec lui, leur alliance et mariage ne sont pas
valides lorsqu'ils sont morts et hors du monde; ils ne sont donc liés par
aucune loi lorsqu'ils sont hors du monde. C'est pourquoi, lorsqu'ils sont
hors du monde, ils ne peuvent se marier ni être donnés en mariage, mais
ils deviennent des anges dans les cieux; lesquels anges sont des
serviteurs au service de ceux qui sont dignes d'un poids de gloire
beaucoup plus grand, extrême et éternel. Car ces anges ne se sont pas
conformés à ma loi; c'est pourquoi ils ne peuvent s'accroître, mais
restent séparés et célibataires, sans exaltation, dans leur état sauvé, à
toute éternité; et, par conséquent, ils ne sont pas dieux, mais anges de
Dieu, pour toujours et à jamais ». [55]
Ce système de mariage sacré, comprenant des alliances portant sur cette
vie et sur toute éternité, porte le nom distinctif de Mariage Céleste -
l'ordre de mariage qui existe dans les mondes célestes. L'ordonnance du
mariage céleste est permise seulement à ces membres de l'Eglise qui sont
jugés dignes de participer aux bénédictions spéciales de la Maison du
Seigneur; car cette ordonnance, avec d'autres ordonnances valables
éternellement, doit être administrée dans les Temples élevés et dédiés à
ces services sacrés. [56]
Les enfants qui sont nés de parents ainsi mariés sont héritiers naturels
de la Prêtrise; on les appelle « enfants de l'alliance ». Point n'est
besoin de rite d'adoption ou de scellement pour leur assurer une place
dans la postérité de la promesse. Mais l'Eglise sanctionne les mariages
pour cette vie seulement, et y appose le sceau de la Prêtrise, parmi ceux
qui ne sont pas admis dans les Temples du Seigneur, ou qui,
volontairement, préfèrent l'ordre temporel inférieur du mariage. Aucune
personne vivante ne peut être mariée selon les ordonnances de l'Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à moins de s'être conformée à
tout ce qui est requis par les lois séculières afférentes au mariage.
L'association illégale des sexes a été rangée par le Seigneur parmi les
péchés les plus haïssables; et l'Eglise, de nos jours, considère la pureté
individuelle dans les relations sexuelles comme une condition
indispensable à la qualité de membre de l'Eglise. Les enseignements du
prophète néphite Alma, au sujet de l'énormité des offenses à la vertu et à
la chasteté, sont acceptés par les Saints des Derniers Jours sans aucune
modification. Leur conclusion est que « ces choses sont une abomination
aux yeux du Seigneur; oui, le plus abominable des péchés, après celui de
verser le sang innocent, ou celui de nier le Saint-Esprit ». [57] Le
commandement « Tu ne commettras point d'adultère », écrit jadis par le
doigt du Seigneur, au milieu des tonnerres et des éclairs du Sinaï, a été
renouvelé comme injonction explicite dans ces derniers jours; et la peine
d'excommunication a été prévue pour celui qui commet l'offense. [58] De
plus, le Seigneur considère toute approche au péché sexuel incompatible à
la profession de foi de ceux qui ont reçu le Saint-Esprit, car il a
déclaré que « celui qui regarde une femme pour la convoiter, ou commet
l'adultère dans son cœur, n'aura pas l'Esprit, mais reniera la foi ». [59]
La sainteté du corps. - L'Eglise enseigne que chacun doit considérer son
corps comme « le temple de Dieu », [60] et, comme tel, maintenir sa pureté
et sa sainteté. Il lui est enseigné que l'Esprit du Seigneur ne demeure
pas dans les tabernacles impurs, et que, par conséquent, il est requis de
lui qu'il vive conformément aux lois de santé, qui constituent une partie
de la loi de Dieu. A l'usage spécial de ses saints, [61] le Seigneur a
révélé ce qui suit:
1. Parole de sagesse au profit du conseil des grands-prêtres assemblés à
Kirtland, et de l'Eglise, et aussi des saints en Sion
2. Pour être envoyée avec salutations; non par commandement ou par
contrainte, mais par révélation et parole de sagesse, montrant l'ordre et
la volonté de Dieu dans le salut temporel de tous les saints dans les
derniers jours
3. Donnée comme principe et accompagnée d'une promesse, adaptée à la
capacité des faibles et des plus faibles de tous les saints, qui sont ou
peuvent être appelés saints.
4. Voici, en vérité, ainsi vous dit le Seigneur: En conséquence des
mauvais desseins qui existent et existeront aux derniers jours dans le
cœur de ceux qui conspirent, je vous ai avertis et je vous préviens en
vous donnant cette parole de sagesse par révélation.
5. Lorsque l'un d'entre vous boit du vin ou des boissons fortes, voici, ce
n'est pas bien ni agréable aux yeux de votre Père, excepté lorsque vous
vous assemblez pour offrir vos sacrements devant lui.
6. Et voici, ce devrait être du vin, oui, du vin pur des grappes de la
vigne, fabriqué par vous-mêmes.
7. De plus, les boissons fortes ne sont pas pour le ventre, mais pour vous
laver le corps.
8. De plus, le tabac n'est ni pour le corps, ni pour le ventre, et n'est
pas bon pour l'homme, mais c'est une herbe pour les contusions et le
bétail malade, et dont il ne faut user qu'avec sagesse et savoir-faire.
9. De plus, les boissons brûlantes ne sont ni pour le corps, ni pour le
ventre,
10. Et, de plus, en vérité, je vous le dis: toutes les herbes salutaires
ont été créées par Dieu pour la constitution, la nature et l'usage de
l'homme
11. Chaque herbe en sa saison, et chaque fruit en sa saison; et ceux-ci
doivent être utilisés avec prudence et actions de grâces.
12. Oui, et moi, le Seigneur, j'ai aussi destiné la chair des bêtes et des
oiseaux de l'air à l'usage de l'homme, avec actions de grâces; toutefois,
il faut en user avec économie.
13. Et il m'est agréable que l'on n'en fasse usage qu'en hiver, ou par
grand froid ou en temps de famine.
14. Tout grain est destiné à l'usage de l'homme et des bêtes, pour être le
soutien de la vie, non seulement pour l'homme mais pour les bêtes des
champs, les oiseaux du ciel, et tous les animaux sauvages qui courent ou
rampent sur la terre.
15. Et Dieu a créé ces derniers pour l’usage de l’homme, seulement en
temps de famine et de faim excessive.
16. Tout grain est bon pour la nourriture de l’homme, de même que le fruit
de la vigne, et tout ce qui donne des fruits soit dans le sol, soit
au-dessus du sol
17. Néanmoins, le blé est pour l'homme, et le mais pour le bœuf, l'avoine
pour le cheval, le seigle pour la volaille et les pourceaux, et pour
toutes les bêtes des champs, et l'orge pour tous les animaux domestiques,
et pour faire des boissons douces, de même que d'autres grains.
18. Et tous les saints qui se souviennent de mes paroles pour les mettre
en pratique, marchant dans l'obéissance aux commandements, recevront la
santé en leur nombril et de la moelle en leurs os;
19. Et ils trouveront la sagesse et de grands trésors de connaissance,
oui, des trésors cachés
20. Et ils courront et ne se fatigueront point, et ils marcheront et ne
faibliront point.
21. Et moi, le Seigneur, je leur fais la promesse que l'ange destructeur
passera à côté d'eux, comme il l'a fait pour les enfants d'Israël, et ne
les frappera point. Amen. [62]
Le jour du sabbat. [63] - L'Eglise accepte le dimanche comme le Sabbat
chrétien et proclame la sainteté de ce jour. Nous admettons sans
discussion que, sous la loi de Moïse, le septième jour de la semaine, le
samedi, était désigné et observé comme étant le jour saint, et que ce
changement du samedi au dimanche eut lieu sous l'administration
apostolique qui suivit le ministère personnel de Jésus-Christ. La réalité
du Sabbat hebdomadaire qui doit être observé comme un jour de dévotion
spéciale et particulière au service du Seigneur, est plus importante que
la question de ce jour-ci plutôt que celui-la de la semaine.
Le Sabbat fut figuré d'avance, sinon spécifié de façon définie, dans le
récit de la création, où nous lisons, après le rapport des six jours ou
périodes d'efforts créateurs: « Dieu bénit le septième jour, et il le
sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il
avait créée en la faisant ». [64]
Au cours des premières étapes de l'exode, les Israélites reçurent le
commandement de ramasser une portion double de manne le sixième jour, car
le septième jour était consacré au repos; cela fut confirmé par le fait
que le Seigneur n'envoya pas de manne le jour du Sabbat. [65] Il n'y a pas
de preuve que l'observance du jour du Sabbat par Israël à cette époque
était une innovation; et il est raisonnable de considérer cette remise en
vigueur dans la nouvelle dispensation plutôt comme reconnaissance d'un
ordre déjà établi auparavant. Plus tard, lorsque le Décalogue fut codifié
et promulgué du haut du Sinaï, la loi du Sabbat fut exposée de façon
particulièrement explicite, et il fut dit que le repos du Seigneur en
était la fondation: « Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Tu
travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour
est le jour du repos de l'Eternel ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni
toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton
bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Eternel
a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il
s'est reposé le septième jour: c'est pourquoi l'Eternel a béni le jour de
repos et l'a sanctifié ». [66] Cette sanctification du Sabbat comme jour
de repos du labeur et de dévotion particulière devint une caractéristique
nationale des Israélites, qui les distingua des nations païennes; et ce à
juste titre, car il fut spécifié que l’observance de ce jour saint serait
le signe de l'alliance entre Jéhovah et son peuple. [67]
Au cours de l'histoire israélite, des prophètes successifs avertirent et
réprimandèrent le peuple parce qu'il avait négligé ou profané le jour du
Sabbat. Néhémie attribua l'affliction de la nation à la perte de la
protection divine par la violation du Sabbat; [68] et par la bouche
d'Ezéchiel, le Seigneur réaffirma que le jour du Sabbat signifiait le
signe de son alliance avec Israël et adressa des reproches sévères à ceux
qui n'observaient pas ce jour sacré. [69] Pour la branche détachée
d'Israël, qui comme le Livre de Mormon l'affirme, fut transplantée sur le
sol américain, l'observance du jour du Sabbat était un commandement non
moins impératif. [70]
Longtemps avant la naissance du Christ, le but original du Sabbat et
l'esprit de ses services avaient été généralement perdus de vue parmi les
Juifs; et les règles rabbiniques avaient introduit de nombreux détails
techniques, qui faisaient de ce jour un jour désagréable et sévère. Cette
condition fut dénoncée avec force par notre Seigneur en réponse aux
nombreuses critiques dont il était l'objet à cause des guérisons et autres
bonnes oeuvres qu'il accomplissait le jour du Sabbat. « Le Sabbat a été
fait pour l'homme et non l'homme pour le Sabbat », déclara-t-il, et il
ajouta cette affirmation profonde: « Le Fils de l'homme est maître même du
Sabbat ». [71]
Le Christ vint, non pas pour abolir la loi de Moïse, mais pour
l'accomplir; et, par lui, la loi fut remplacée par l'évangile. Le Sauveur
se leva du tombeau le premier jour de la semaine; et ce dimanche-là, ainsi
que le suivant, fut rendu à jamais mémorable par la visitation corporelle
du Seigneur ressuscité aux apôtres et à d'autres qui étaient assemblés.
Pour ceux qui croyaient dans le Sauveur crucifié et ressuscité, le
dimanche devint le jour du Seigneur, [72] et, dans la suite, prit la place
du samedi comme Sabbat hebdomadaire dans les Eglises chrétiennes.
L'Eglise de Jésus-Christ enseigne que le dimanche est le jour reconnu pour
observer le Sabbat, se basant sur une révélation directe qui spécifie
comme tel le Jour du Seigneur. Dans cette nouvelle dispensation et, en
vérité, la dernière - la Dispensation de la Plénitude des Temps - la loi
du Sabbat a été réaffirmée à l'Eglise. Il faut noter que la révélation,
dont un extrait figure ci-après fut donnée à l'Eglise un dimanche - le 7
août 1831:
« Et afin que tu puisses te préserver plus complètement des souillures du
monde, tu iras à la maison de prière en mon saint jour et tu y offriras
tes sacrements; car, en vérité, c'est un jour qui t'a été désigné pour que
tu te reposes de tes labeurs, et pour que tu présentes tes dévotions au
Très-Haut; néanmoins tu offriras tes vœux en justice, tous les jours et en
tout temps; mais souviens-toi qu'en ce jour, le jour du Seigneur, tu
offriras tes oblations et tes sacrements au Très-Haut, confessant tes
péchés à tes frères et devant le Seigneur. Et en ce jour-là tu ne feras
rien d'autre que préparer ta nourriture en toute simplicité de cœur afin
que ton jeûne soit parfait, ou, en d'autres termes, que ta joie soit
complète ». [73]
Nous croyons qu'un jour hebdomadaire de repos n'est pas moins nécessaire
au bien-être physique de l'homme qu'à son développement spirituel; mais,
fondamentalement et essentiellement, nous considérons le jour du Sabbat
comme d'origine divine, et sa sanctification un commandement de celui qui
était, qui est, et qui sera toujours Seigneur du Sabbat.
* * * * * * *
[1] Jaq. 1: 27.
[2] « La gloire de Dieu, c'est l'intelligence », voir D&A 93: 36.
[3] 1Cor. 13: 7.
[4] Matt. 22: 36-40; voir aussi Luc 10: 25-27.
[5] 1 Jean 4: 7, 8, 20, 21.
[6] Voir 1 Cor. chap. 13; voir aussi Alma 34: 28, 29; Mosiah 4: 16-24;
aussi notes 1 et 2, à la fin du chapitre.
[7] Orson Pratt, Divine Authenticity of the Book of Mormon 1: 15, 16
[8] Rom. 13 . 10; voir aussi Gal. 5: 14; 1 Pi. 4: 8.
[9] Voir The Law of the Tithe du même auteur, Deseret News, 31 janvier
1914 republié sous forme de brochure par l'Episcopat Président, Salt Lake
City; aussi une version ultérieure intitulée The Lord's Tenth.
[10] Voir Gen. 14: 18-20; Héb. 7: 1-3, 5 et Alma 13: 13-16
[11] Voir Gen. 28 22.
[12] Lév. 27:30-34.
[13] Voir Nom. 18: 21-28.
[14] Voir Deut. 12: 5-17; 14: 22, 23.
[15] Voir 2 Chron. 31 5, 6.
[16] Voir Néh. 10: 37; 12:44.
[17] Voir Am. 4: 4.
[18] Voir Mal. 3:7-10.
[19] Mal. 3: 7-10; voir aussi 3 Néphi 24: 7-12.
[20] Voir 3 Néphi 24. 7-10.
[21] Voir Matt. 23: 23; Luc 11: 42; voir Jesus the Christ, p. 556.
[22] D&A 64: 23, 24; voir aussi 85: 3.
[23] D&A, sec. 119; voir aussi note 3, à la fin du chapitre.
[24] Voir D&A 42: 71.
[25] Voir Actes 4: 32, 34, 35; voir aussi 2: 44-46.
[26] P. de G. P., Moïse 7:16-18.
[27] Voir Actes 2: 43
[28] 3 Néphi 26:19.
[29] 4 Néphi 2, 3.
[30] 4 Néphi 16.
[31] Voir 4 Néphi 24, etc.; voir Jesus the Christ, page 741.
[32] Voir D&A, sec. 78.
[33] Voir D&A 104: 48.
[34] Voir D&A 42: 30.
[35] Voir D&A 51: 4, 5.
[36] Voir D&A 42: 32-35.
[37] D&A 83:4-6.
[38] Voir D&A 104. 70-77.
[39] D&A 82:17,18.
[40] Voir D&A 51: 10-13, 18.
[41] D&A 42: 4; voir aussi 60: 13; 75:3.
[42] D&A 75: 29.
[43] D&A 68:30; voir aussi 88: 124.
[44] Voir D&A 42: 39.
[45] Gen. 2: 18.
[46] Gen. 2: 24.
[47] Voir Nom. 22; voir aussi Héb. 12: 9.
[48] Voir note 11, à la fin du chapitre 2, « Le Père et le Fils », dernier
paragraphe, et note 4, à la fin du chapitre.
[49] Gen. 1:27; 5:2.
[50] Gen. 1: 28; 1, 7; Lév. 26: 9.
[51] 1 Cor. 11: 11.
[52] Voir Héb. 13: 4.
[53] D&A 49:15-17.
[54] D&A 132: 7
[55] D&A 132:15-17; Voir The House of the Lord, p. 101.
[56] Voir D&A 124: 30-40.
[57] Alma 39:5.
[58] Voir D&A 42:24, 80-83; 63:16, 17.
[59] D&A 63: 16; aussi 42; 23; Matt. 5: 28.
[60] 1 Cor. 3: 16; voir aussi 6: 19; 2 Cor. 6: 16; D&A 93: 35.
[61] D&A, sec. 89.
[62] Voir Ex. 12: 33.
[63] Ce sujet est traité dans Vitality of « Mormonism » de l'auteur, pp.
330-333; Voir aussi Jesus the Christ, chap. 15 et 690. Voir en outre une
brochure, The Lord's Day, par Elder Brigham H. Roberts, du Premier Conseil
des Soixante-dix, Salt Lake City.
[64] Gen. 2: 3.
[65] Voir Ex. 16: 23-30.
[66] Ex. 20: 8-11.
[67] Voir Ex. 31: 13.
[68] Voir Néh. 13: 15-22.
[69] Voir Ez. 20: 12-24.
[70] Voir Jarom 5; voir aussi Mosiah 13: 16-19; 18: 23.
[71] Marc 2: 27, 28.
[72] Voir Apo. 1: 10.
[73] D&A 59:9-13
NOTES DU CHAPITRE 24
1. L'amour, accomplissement de la loi. - « Pierre dit: « Avant tout, ayez
les uns pour les autres une ardente charité » [amour], [1 Pi. 4: 8]; Avant
tout. Et Jean va plus loin: « Dieu est amour » [1 Jean 4: 8]. Et vous vous
rappellerez la remarque profonde que Paul fait autre part: « L'amour est
donc l'accomplissement de la loi. » [Rom. 13: 10; Gal. 5: 15.] Avez-vous
jamais réfléchi à ce qu'il voulait dire par là ? En ce temps-là, les
hommes cherchaient leur entrée aux cieux, en gardant les dix commandements
et les cent et dix autres commandements qu'ils en avaient tirés. Le Christ
dit: je vais vous montrer un chemin plus simple. Si vous faites une chose
vous ferez ces cent et dix choses sans jamais y penser. Si vous aimez,
vous accomplirez inconsciemment toute la loi... Prenez n'importe quel
commandement. « Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. » Si
quelqu'un aime Dieu, il est évident qu'il sera inutile de lui dire cela.
Donc, l'amour accomplira nécessairement cette loi. « Tu ne prendras pas le
nom de l'Eternel ton Dieu en vain. » Si un homme aime Dieu, songera-t-il
jamais à prendre son nom en vain ? « Souviens-toi du jour du repos pour le
sanctifier. » Celui qui aime Dieu ne sera-t-il pas heureux d'avoir un jour
sur sept à dédier, d'une manière plus exclusive, à l'objet de son
affection? L'amour respecterait toutes ces lois qui concernent Dieu. Et
s'il aime l'homme, vous ne penserez jamais à lui dire: honore ton père et
ta mère. Il ne pourrait jamais faire autrement. Il serait absurde de lui
dire de ne pas tuer. Vous ne feriez que l'insulter si vous lui suggériez
qu'il ne doit pas voler; comment pourrait-il voler ceux qu'il aime ? Il
serait superflu de le prier de ne pas rendre de faux témoignage contre son
prochain. S'il l'aimait ce serait la dernière chose qu'il ferait. Et vous
ne penseriez jamais à l'exhorter à ne pas convoiter ce que possède son
voisin. Il aimerait plutôt que ce soit son voisin qui ait, que lui. De
cette façon, « l'amour est l'accomplissement de la loi ». » - Drummond,
The Greatest Thing in the World.
2. La charité et l'amour. - « Suivant l'étymologie et l'usage originel, la
bienfaisance est l'action de bien faire, là bienveillance, désirer ou
vouloir le bien des autres, mais bienveillance en est venu à inclure
bienfaisance et à la remplacer... la charité qui signifiait originellement
l'amour le plus pur pour Dieu et pour l'homme (comme dans 1 Cor. chap.
13), est maintenant presque universellement appliqué à une forme de don
d'aumônes et est beaucoup plus limité dans sa signification que
bienveillance. » - Standard Dictionary.
Charité signifie « au sens propre: amour, et par conséquent, actes de
bonté. Le mot n'apparaît jamais dans l’Ancien Testament; dans le Nouveau
Testament, il est toujours, avec une exception, synonyme d'amour, et dans
chaque cas, l'amour de l'homme envers son semblable et envers ce qui est
bon. (Voir surtout 1 Cor. chap. 13.) Les agapes, dans Jude 12, sont des «
fêtes de l’amour », qui furent courantes dans les premières années de
l’Eglise et consistaient en une simple réunion fraternelle pour le culte
et un repas collectif également simple. » - Cassell’s Bible Dictionary.
3. La dîme du Seigneur. - Aujourd'hui, comme autrefois, la dîme est au
Seigneur et pour cette raison est sainte. Les fonds de la dîme ou les
biens de tout genre payés comme dîme ne doivent pas être administrés par
des mains inautorisées. Les prêtres de l'ancien Israël étaient chargés de
ce devoir sacré; et dans la dispensation actuelle le même ordre prévaut.
La responsabilité du maniement des dîmes repose aujourd'hui sur les
évêques, et eux, en officiant ainsi, agissent en leur qualité d'officiers
présidents de la Prêtrise d'Aaron. En outre, aujourd'hui comme dans
l'ancien temps, les dîmes doivent être payées aux endroits désignés et aux
receveurs dûment ordonnés et commissionnés. Aujourd'hui, l'Evêque de
l'Eglise qui porte le nom d'Evêque Président, est aidé par un grand nombre
d'évêques de paroisse, et c'est à ceux-ci, représentants ou assistants de
l'Evêque Président, que la dîme doit être payée et doit être transmise,
par eux, au bureau de l'Evêque Président. L'ordre de l'Eglise, tel qu'il
est constitué à présent, prévoit que les différents évêques peuvent
convertir en argent la dîme payée en nature, et en donner le produit à
l'Evêque Président.
C'est un fait intéressant que, pendant les années récentes,
particulièrement au cours des vingt dernières années, des essais ont été
faits par beaucoup de sectes et de dénominations pour faire revivre cette
ancienne pratique de la dîme. Les églises organisent chez leurs membres
des sociétés ou des clubs de «dîmeurs» qui s'engagent volontairement à
payer à leurs églises respectives un dixième de leurs revenus individuels.
Parmi quelques-unes de ces sociétés, il est permis aux dîmeurs d'indiquer
le but auquel leurs contributions seront appliquées. La grande difficulté
que nos amis sectaires affrontent en rétablissant cette pratique de la
dîme dans leurs nombreuses sectes est - et ils s'en rendent compte en
partie qu'ils n'ont parmi eux ni prêtres ni Lévites autorisés pour
recevoir la dîme et l'administrer strictement en accord avec le
commandement divin. L'autorité de la Sainte Prêtrise est essentielle pour
régler le système de la dîme du Seigneur. La dîme, c'est le système de
revenus du Seigneur, et il l'exige du peuple, non parce qu'il manque d'or
ou d'argent, mais parce que le peuple a besoin de la payer.
La dîme doit être un sacrifice volontaire et libre, non exigé par le
pouvoir séculier, ni imposé par l'infliction d'amendes ou d'autres
pénalités matérielles. Bien que dans un sens, l'obligation soit assumée
par l'individu lui-même, c'est néanmoins une obligation qui doit être
observée de tout cœur par celui qui professe tenir un rang honorable dans
Eglise et se conformer à la parole révélée pour le développement spirituel
de ses membres.
Il est essentiel que les hommes apprennent à donner. Si cette éducation
n'était pas prévue, le programme de l'école de la vie mortelle serait
gravement défectueux. La sagesse humaine n'a pas pu imaginer un moyen plus
équitable de contribuer individuellement aux besoins de la communauté que
le plan si simple de la dîme. Chacun doit donner un montant proportionné à
ses revenus et donner ainsi régulièrement et systématiquement. L'esprit du
don rend la dîme sainte; et c'est par des moyens ainsi sanctifiés que les
activités matérielles de l'Eglise sont gérées. Des bénédictions
particulières et de choix sont placées à la portée de tous. Dans l’œuvre
du Seigneur, l'obole de la veuve est aussi acceptable que la pièce d'or du
millionnaire.
Les Saints des Derniers Jours croient que le système de la dîme a été
divinement établi pour être observé par eux; et ils s'estiment bénis en ce
qu'il leur est permis de prendre part à l'avancement des buts de Dieu.
Dans ce système les personnes ont prospéré individuellement et en tant que
corps organisé. C'est le revenu, simple et efficace, de l'Eglise, et son
fonctionnement a été un succès depuis le moment de son établissement.
Parmi nous, elle obvie à la nécessité de faire des collectes dans les
assemblées religieuses et rend possible la promulgation du message de
l'Eglise par la parole imprimée et parlée, la construction et l'entretien
de Temples pour le bénéfice des vivants et des morts, et toute une gamme
de services rendus à l'humanité et trop nombreux pour être mentionnés. Il
y a une distinction importante entre les dîmes et les autres offrandes.
Quoique l'observance de la loi de la dîme doive être volontaire et de
plein gré, le paiement de la dîme est néanmoins requis, exigé en fait par
le Seigneur, de ceux qui, par leur libre volonté, sont devenus ses enfants
de l'alliance, par le baptême.
Une grande erreur, trop commune, c'est que nous considérons le paiement
des dîmes comme l'offrande d'un don au Seigneur. Ceci n'exprime pas toute
la vérité. Des offrandes libres sont prévues que tout homme peut décider
de donner; et s'il offre d'un cœur pur et sincère et est lui-même un
donateur approuvé, son don sera accepté et lui sera imputé à justice; mais
cela n'est pas la dîme; la dîme est plutôt une dette qu'un don.
Comme je vois la chose, c'est comme s'il y avait eu un contrat entre le
Seigneur et moi et que, réellement, il m'aurait dit - « Vous avez besoin
de beaucoup de choses dans ce monde - de la nourriture, des vêtements,
d'un toit pour votre famille et pour vous-même, des conforts communs de la
vie et de toutes choses qui sont propices au raffinement, au développement
et au bonheur légitime. Vous désirez des biens matériels pour venir en
aide à vos semblables, et par là gagner de plus grandes bénédictions pour
vous-mêmes et les vôtres. Eh bien, vous aurez les moyens d'acquérir ces
choses; mais rappelez-vous qu'elles sont miennes, et je requiers de vous
le paiement d'un loyer de ce que je vous donne dans vos mains. Néanmoins,
votre vie ne sera pas une vie d'accroissement uniforme en biens et
possessions; vous aurez vos pertes, aussi bien que vos gains; vous aurez
vos périodes d'ennuis aussi bien que vos temps de paix. Certaines années
seront pour vous des années d'abondance et d'autres seront des années de
disette. Et maintenant, au lieu de faire comme les propriétaires mortels
font - ils exigent que vous contractiez avec eux de payer à l'avance,
quelles que puissent être votre fortune ou vos espérances, - vous ne me
paierez pas à l'avance, mais lorsque vous aurez reçu; et vous me paierez
en rapport avec ce que vous aurez reçu. S'il se fait qu'une année vos
rentrées soient abondantes, alors vous serez en état de me payer un peu
plus; et s'il se fait que l'année suivante soit une année de détresse et
que vos rentrées ne soient pas ce qu'elles étaient, alors vous me payerez
moins; et s'il arrive que vous soyez réduits à la plus grande pénurie, de
sorte que vous n'ayez aucun revenu, vous ne me payerez rien. »
Avez-vous jamais trouvé un propriétaire de cette terre qui veuille bien
conclure ce genre de contrat avec vous ? Quand je considère toute la
libéralité, et la considération que mon Seigneur a eue pour moi, je sens
en mon cœur, que je pourrais à peine lever la face vers son ciel là-haut,
si j'essayais de le tromper sur ce juste loyer.
Considérez en outre comment, par cette libéralité, il a permis que même le
plus humble puisse recevoir abondamment des bénédictions de sa maison. La
richesse du ciel n'est pas réservée aux riches de la terre; même le plus
pauvre peut être un détenteur de fonds dans la grande corporation de notre
Dieu, organisée pour l'exécution de ses buts, en répandant l'évangile, en
construisant des Temples et d'autres maisons de culte à son nom et en
faisant du bien à toute l'humanité...
Après tout, le grand but principal de l'établissement de la loi de la dîme
est le développement de l'âme de celui qui paie la dîme, plutôt que la
création de revenus. Cette dernière est un but d'importance capitale, car
étant donné que l'argent est nécessaire à la poursuite de l’œuvre de
l'Eglise, le Seigneur exige de l'argent qui soit sanctifié par la foi du
donateur; mais des bénédictions inestimables, évaluées en monnaie du
royaume, sont assurées à celui qui se conforme strictement à la loi de la
dîme parce que le Seigneur l'a commandé ainsi. - De The Lord's Tenth, par
l'auteur, publié par l'Episcopat Président, à Salt Lake City, 1923.
4. Rapports entre l'homme et Dieu. - « Le « mormonisme » proclame un
rapport réel et littéral de parent à enfant entre le Créateur et l'homme -
non pas au sens figuré dans lequel la machine peut être appelée l'enfant
de son constructeur; non la relation d'une chose manufacturée envers son
fabricant, mais la relation entre père et rejeton. Bref, il a la hardiesse
de déclarer que l'esprit de l'homme étant le rejeton de la divinité et le
corps de l'homme, bien que composé d'éléments terrestres, étant à l'image
et à la ressemblance même de Dieu, l'homme, même dans sa condition
dégradée ou déchue actuelle, possède cependant, même si ce n'est qu'à
l'état latent, des traits, des tendances et des pouvoirs hérités, qui
parlent de sa descendance plus que royale, et ceux-ci peuvent être
développés jusqu'à le rendre, alors même qu'il est mortel, dans une
certaine mesure, semblable à Dieu.
Mais le « mormonisme » est plus hardi encore. Il affirme qu'en accord avec
la loi inviolable de la nature organique - selon laquelle une espèce
produit la même espèce et la multiplication des nombres et la perpétuation
des espèces sont conformes à la condition « chacun selon son espèce » -
l'enfant peut devenir tel que ses parents étaient, et que dans sa
condition mortelle, l'homme est un Dieu en embryon. Aussi loin que cela
puisse être dans l'avenir, quel que soit le nombre d'âges qui puissent
s'écouler, quelque longue que soit l'éternité qui peut passer avant qu'un
individu, actuellement être mortel, puisse atteindre le rang et la
sainteté de la Divinité, l'homme porte cependant en son âme les
possibilités d'y parvenir; de même que la chenille rampante ou la
chrysalide cadavéreuse, détient la possibilité latente, non, la certitude
même, à moins qu'elle ne soit détruite à un stade antérieur, de devenir
l'insecte ailé dans toute la gloire de sa maturité.
Le « mormonisme » proclame que toute la nature, aussi bien sur la terre
que dans les cieux, fonctionne selon un plan d'avancement; que le Père
Eternel même est un Etre progressif; que sa perfection, si complète
qu’elle ne peut être comprise par l’homme, possède cette qualité
essentielle de la perfection véritable- la capacité de croître
éternellement. Que, pour cette raison, dans un lointain avenir, au-delà de
l’horizon des éternités peut-être, l’homme peut atteindre la stature d’un
Dieu. Cependant, cela ne signifie pas qu’il sera alors l’égal de la
Divinité que nous adorons, ni qu’il rattrapera jamais ces intelligences
qui le dépassent déjà en avancement ; car certifier une telle chose serait
prétendre qu’il n’y a aucune progression en dehors d’un certain état
d’accomplissement, et que l’avancement est une caractéristique d’une
organisation moindre et d’un but inférieur seulement. Nous croyons qu’il y
avait plus que la résonance de l'airain ou le retentissement de cymbales
verbeuses dans la fervente exhortation du Christ à ses disciples: « Soyez
donc parfaits comme votre Père céleste est parfait ». » - The Philosophy
of «Mormonism», pp. 108-110; l'auteur dans The Story and Philosophy of «
Mormonism » Salt Lake City, 1920.
|