CHAPITRE 23 : LA SOUMISSION À L'AUTORITÉ
SÉCULIÈRE
ARTICLE 12. - Nous croyons que nous devons nous soumettre aux rois, aux
présidents, aux gouverneurs et aux magistrats; obéir aux lois, les honorer
et les soutenir.
Introduction. - Il n'est que raisonnable d'attendre d'un peuple qui
professe l'évangile de Jésus-Christ et se proclame membre de la seule
Eglise acceptée et divinement autorisée, qu'il pratique les vertus que ses
préceptes inculquent. Il est vrai que c'est en vain que nous cherchons la
perfection même chez ceux qui prétendent, au plus juste titre, vivre
religieusement; mais nous avons le droit de nous attendre à trouver dans
leur credo bon nombre de règles concernant le genre de conduite le plus
approuvé, et, dans leur vie, un effort sérieux et sincère vers la
réalisation pratique de leur profession de foi. La religion, pour être
utile et digne d'être acceptée, doit exercer une influence saine sur la
vie individuelle et les affaires temporelles de ses adeptes. Parmi bon
nombre d'autres vertus, l'Eglise, dans ses enseignements, devrait porter
l'accent sur le devoir de vivre dans le respect des lois; et les gens
devraient montrer l'effet de tels préceptes dans leur probité en tant que
citoyens de la nation et de la communauté dont ils font partie.
L'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours proclame bien haut
ses croyances et ses préceptes concernant le devoir de ses membres envers
les lois du pays, et soutient cette position, en vertu de révélations
expresses, dans les temps anciens comme dans les temps actuels. De plus,
les membres de cette Eglise ont l'assurance que, le jour où la véritable
histoire des débuts et des progrès de leur corps religieux constitué sera
pleinement connue, la loyauté de l'Eglise et le dévouement patriotique de
ses membres seront reconnus et loués par le monde en général, comme ils le
sont maintenant par les quelques investigateurs sans préjugés qui ont
étudié d'un cœur honnête, l'histoire de cette organisation remarquable.
L'obéissance à l'autorité imposée par les Ecritures. - Au cours de
l'époque patriarcale, lorsque le chef de famille possédait virtuellement
le pouvoir de juge et de roi sur sa maison, l'autorité du chef et les
droits de la famille étaient respectés. Considérez le cas d'Agar, femme «
plurale » d'Abraham et servante de Sara. La jalousie et l'antipathie
s'étaient élevées entre Agar et sa maîtresse, qui était la première femme
du patriarche. Abraham écouta les doléances de Sara, et, reconnaissant
l'autorité de celle-ci sur Agar, qui, bien qu'étant sa femme, était
toujours la servante de Sara, dit: « Voici, ta servante est en ton
pouvoir; agis à son égard comme tu le trouveras bon ». Alors, lorsque la
maîtresse traita durement sa servante, Agar s'enfuit dans le désert, c'est
là qu'elle reçut la visite d'un ange du Seigneur, qui s'adressa à elle en
ces termes: « Agar, servante d'e Saraï, d'où viens-tu, et où vas-tu ? Elle
répondit: Je fuis loin de Saraï, ma maîtresse. L'ange de l'Eternel lui
dit: Retourne vers ta maîtresse, humilie-toi sous sa main ». [1] Observez
que le messager céleste reconnut l'autorité de la maîtresse sur la
servante, en dépit du fait que cette dernière avait reçu le rang d'épouse
dans la famille.
La soumission filiale d'Isaac à la volonté de son père, même jusqu'au
point d'être prêt à donner sa vie [2] sur l'autel du sacrifice, est une
preuve du caractère sacré attribué à l'autorité du chef de la famille. Il
pourrait sembler, comme on l'a déjà prétendu, que ce que le Seigneur
exigea d'Abraham pour éprouver sa foi, le sacrifice de la vie de son fils,
était une violation de la loi et, par conséquent, contraire à tout bon
gouvernement. Cette objection est de peu de valeur étant donné que le chef
patriarcal jouissait d'une autorité absolue sur les membres de sa famille,
même le pouvoir de vie et de mort. [3]
Aux jours de l'exode, alors que le peuple d'Israël était gouverné par une
théocratie, le Seigneur donna divers commandements et lois pour le
gouvernement de la nation, parmi lesquels nous lisons: « Tu ne maudiras
point Dieu et tu ne maudiras point le prince de ton peuple ».[4] Des juges
furent nommés sous la direction divine. Moïse, répétant les commandements
du Seigneur, donna les instructions suivantes au peuple: « Tu établiras
des juges et des magistrats dans toutes les villes que l'Eternel, ton
Dieu, te donne, selon tes tribus; et ils jugeront le peuple avec justice
». [5] Il est significatif que les juges étaient tellement honorés qu'ils
étaient appelés dieux, ce à quoi Jésus fit allusion alors qu'on menaçait
de le lapider parce qu'il avait déclaré qu'il était le Fils de Dieu.
Lorsque le peuple fut lassé de l'administration directe de Dieu et réclama
un roi à cor et à cri, Jéhovah céda à leur désir et conféra l'autorité au
nouveau chef par une onction sacrée. [6] David, bien qu'il eût été oint
comme successeur du roi Saül, reconnut la sainteté de la personne royale,
et s'adressa d'amers reproches parce que, une fois, il avait découpé un
lambeau du manteau du monarque. Saül, à cette époque, essayait de faire
mourir David, et celui-ci n'avait d'autre intention que de montrer qu'il
n'en voulait pas à la vie de son royal ennemi; cependant nous lisons:« Le
cœur lui battit, parce qu'il avait coupé le pan du manteau de Saül. Et il
dit à ses gens: Que l'Eternel me garde de commettre contre mon Seigneur,
l'oint de l'Eternel, une action telle que de porter ma main sur lui ! car
il est l'oint de l'Eternel ». [7]
Notez, en outre, les adjurations scripturales suivantes, qui se trouvent
dans l'Ancien Testament: « Mon fils, crains l'Eternel et le roi ! » [8] «
Je te dis, observe les ordres du roi, et cela à cause du serment fait à
Dieu. » [9] « Ne maudis pas le roi, même dans ta pensée. » [10]
Exemples montrés par le Christ et ses apôtres. L’œuvre de notre Sauveur
sur la terre fut marquée, d'un bout à l'autre, par le fait qu'il reconnut
les pouvoirs existant dans le pays, tant juifs que romains, bien que le
gouvernement romain eût été établi à la suite d'une conquête cruelle et
fût exercé injustement. Lorsque le percepteur d'impôts réclama le tribut
imposé par la hiérarchie, le Christ, bien que n'admettant pas la justice
de cette exigence, ordonna que la taxe fût payée, et fournit l'argent de
façon miraculeuse. Il demanda à Pierre: « Que t'en semble, Simon? Les rois
de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs ou des impôts ? de leurs
fils, ou des étrangers ? Il lui dit: Des étrangers. Et Jésus lui répondit:
Les fils en sont donc exempts. Mais, pour ne pas les scandaliser, va à la
mer, jette l'hameçon, et tire le premier poisson qui viendra ouvre-lui la
bouche et tu trouveras un statère. Prends-le et donne-le leur pour moi et
pour toi ». [11]
A l'instigation de certains méchants Pharisiens, un complot fut tramé dans
l'intention de faire passer le Christ pour un offenseur vis-à-vis des
pouvoirs régnants. Ils essayèrent de l'attraper en lui posant cette
question subtile: « Dis-nous ce qu'il t'en semble: est-il permis ou non de
payer le tribut à César ? » Sa réponse fut une approbation sans équivoque
de la soumission aux lois: « Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie
le tribut », dit-il. Et ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda: «
De qui sont cette effigie et cette inscription ? » « De César », lui
répondirent-ils. Alors, il leur dit: « Rendez donc à César ce qui est à
César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». [12]
Au cours des circonstances tragiques de son procès et de sa condamnation,
le Christ conserva une attitude soumise, même envers les principaux
sacrificateurs et le conseil qui complotaient sa mort. Ces officiers,
quoique indignes de leur pouvoir sacerdotal, avaient néanmoins l'autorité
et possédaient une certaine mesure de juridiction sur les affaires
séculières comme sur les affaires ecclésiastiques. Quand il se tint devant
Caïphe, chargé d'insultes et accusé par de faux témoins, il garda un
silence plein de dignité. A la question du grand-prêtre, « Ne réponds-tu
rien ? » et « Qu'est-ce que ces hommes déposent contre toi ? » il ne
daigna pas répondre. Alors le souverain sacrificateur ajouta: « Je
t'adjure par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Fils de Dieu ». A
cette adjuration solennelle, prononcée avec l'autorité officielle, le
Seigneur fit une réponse immédiate, reconnaissant ainsi l'office du
souverain sacrificateur, aussi indigne que fût l'homme qui l'occupait.
[13]
Paul, lorsqu'il était prisonnier, traduit devant le tribunal
ecclésiastique, fit preuve d'une marque de respect analogue envers
l'office du souverain sacrificateur. Ses remarques déplurent au souverain
sacrificateur, qui ordonna immédiatement à ceux qui se trouvaient près de
Paul de le frapper sur la bouche. [14] Cela mit l'apôtre en colère, et il
s'écria: « Dieu te frappera, muraille blanchie Tu es assis pour me juger
selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu'on me frappe ! Ceux qui
étaient près de lui dirent: « Tu insultes le souverain sacrificateur de
Dieu !» Et Paul dit: « Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain
sacrificateur; car il est écrit: Tu ne parleras pas mal du chef de ton
peuple ». [15]
Enseignements des apôtres. - Paul, écrivant à Tite, qui avait été laissé à
la tête de l'Eglise parmi les Crétois, l'avertit des faiblesses de son
troupeau, et l'invita à lui enseigner à respecter l'ordre et la loi: «
Rappelle-leur d'être soumis aux autorités, d'obéir, d'être prêts à toute
bonne oeuvre ». [16] A un autre endroit, Paul insiste sur les devoirs des
saints envers l'autorité civile, cette autorité étant ordonnée de Dieu. Il
démontre la nécessité d'un gouvernement séculier, et le besoin d'officiers
revêtus d'autorité, dont le pouvoir est à craindre de ceux qui font le mal
seulement. Il appelle les autorités civiles serviteurs de Dieu; et
justifie la taxation par l'Etat, en exhortant les saints à ne pas faillir
à leurs devoirs.
Voici les paroles qu'il adressa à l'Eglise de Rome: « Que toute personne
soit soumise aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui
ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de
Dieu. C'est pourquoi, celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre
que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur
eux-mêmes. Ce n'est pas pour une bonne action, c'est pour une mauvaise,
que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l'autorité ?
Fais le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de
Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n'est pas en
vain qu'il porte l'épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance
et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d'être soumis, non
seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience.
C'est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont
des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à
tous ce qui leur est dû; l'impôt à qui vous devez l'impôt, le tribut à qui
vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à
qui vous devez l'honneur ». [17]
Dans une lettre à Timothée, Paul enseigne que dans les prières des saints,
les rois et toutes les autorités devraient être mentionnés, ajoutant que
cela est agréable aux yeux du Seigneur: « J'exhorte donc avant toutes
choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions
de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont
élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille,
en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre
Sauveur ». [18]
Nous trouvons une exposition détaillée du devoir de se soumettre
volontairement à l'autorité, dans les épîtres aux Ephésiens et aux
Colossiens, avec des illustrations pratiques se rapportant à la vie
sociale et domestique. Il y est enseigné aux femmes de se soumettre à
leurs maris: « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le
chef de l'Eglise ». Mais ce devoir dans la famille est réciproque, et
c'est pourquoi les maris reçoivent des instructions sur la façon dont
l'autorité doit être exercée. Les enfants doivent obéir à leurs parents;
cependant les parents sont mis en garde contre le danger de provoquer ou
d'offenser injustement, de quelque manière que ce soit leurs petits
enfants. Il est dit aux serviteurs de servir leurs maîtres avec zèle et
empressement, reconnaissant en toutes choses l'autorité supérieure; et les
maîtres sont instruits de leurs devoirs envers leurs serviteurs, recevant
le conseil d'éviter de les menacer et de les traiter durement, leur
rappelant qu'eux aussi auront à répondre de leurs actes devant un Maître
plus grand qu'eux-mêmes.» [19]
Pierre ne soulignait pas moins, dans son enseignement, que l'on doit
considérer le pouvoir civil comme saint; [20] voici comment il exhorta les
saints: « Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie
parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme
envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de
bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien, vous
réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés, étant libres, sans
faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme
des serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde aimez les frères, craignez
Dieu; honorez le roi ». [21]
De même que Paul, il appliqua ces règles relatives à la soumission à
l'autorité, aux conditions de la vie domestique. Les serviteurs doivent
être obéissants, même si leurs maîtres sont durs et sévères: « Car c'est
une grâce que de supporter des afflictions par motif de conscience envers
Dieu, quand on souffre injustement. En effet, quelle gloire y a-t-il à
supporter de mauvais traitements pour avoir commis des fautes ? Mais si
vous supportez la souffrance, lorsque vous faites ce qui est bien, c'est
une grâce devant Dieu ». [22] Les épouses aussi, même si leurs maris ne
sont pas de leur foi, ne doivent pas se glorifier et défier l'autorité,
mais doivent se montrer soumises et compter sur des moyens plus doux et
plus efficaces pour influencer ceux dont elles portent le nom. [23] Il
confirme le jugement qui condamnera ceux qui font le mal, et spécifie
comme sujets propres à la condamnation: « Ceux surtout qui vont après la
chair dans un désir d'impureté et qui méprisent l'autorité. Audacieux et
arrogants, ils ne craignent pas d'injurier les gloires ». [24]
Sans doute, il existait d'excellentes raisons pour justifier ces conseils
explicites et souvent répétés, par lesquels les apôtres d'autrefois
essayaient de guider et de fortifier l'Eglise contre l'esprit de révolte.
Les saints se réjouissaient dans leur témoignage de la vérité qui avait
trouvé place en leur cœur - cette vérité qui devait les affranchir - et il
aurait été facile pour eux de considérer les autres hommes comme
inférieurs à eux, et de se rebeller contre toute autorité humaine à cause
de leur fidélité à un pouvoir supérieur.
Il y avait le danger constant que leur zèle ne les entraînât à commettre
des actes d'indiscrétion, et à fournir ainsi une excuse, sinon une raison,
aux attaques des persécuteurs, qui les auraient accusés de violer la loi
et de fomenter des séditions. Même une soumission à contrecœur aux
autorités civiles aurait été, pour le moins, peu sage, étant donné le peu
de faveur avec laquelle les membres de l’Eglise étaient considérés à cette
époque par leurs contemporains païens. C'est pourquoi les chefs inspirés
de l'Eglise firent entendre des conseils opportuns d'humilité et de
soumission.
Mais il y avait alors, comme il y a toujours eu, des raisons plus
puissantes que celles qui reposent sur des motifs politiques réclamant la
soumission à l'autorité constituée. Ce n~est pas moins là la loi de Dieu
que la loi de l'homme. Les gouvernements sont essentiels à l'existence de
l'homme; ils sont reconnus et même donnés par le Seigneur; et son peuple
est tenu de les soutenir.
Les enseignements du Livre de Mormon concernant le devoir du peuple envers
les lois du pays abondent dans tout le volume. Cependant, étant donné que
l'autorité ecclésiastique et l'autorité civile ne faisaient souvent
qu'une, le roi ou le premier juge étant généralement aussi le
grand-prêtre, il y a relativement peu d'exhortations à la fidélité à
l'autorité civile distincte de celle de la Prêtrise. Depuis le temps de
Néphi, fils de Léhi, jusqu'à la mort de Mosiah, ce qui équivaut à une
période de près de cinq cents ans, les Néphites furent gouvernés par une
succession de rois; pendant le reste de leur histoire, telle qu'elle est
rapportée, pendant plus de cinq cents ans, ils furent gouvernés par des
juges de leur propre choix. Sous chacune de ces formes de gouvernement,
les lois séculières furent strictement appliquées, le pouvoir de l'Etat
suppléé et renforcé par celui de l'Eglise. Le respect témoigné envers les
lois est illustré par le jugement qu'Alma rendit contre Néhor, assassin et
fomenteur de sédition et d'intrigues de prêtre. « C'est pourquoi tu es
condamné à mourir, dit le juge, suivant la loi qui nous a été donnée par
Mosiah, notre dernier roi; et elle a été reconnue par ce peuple; c'est
pourquoi ce peuple doit respecter la loi. » [25]
La révélation des derniers jours requiert des Saints de la dispensation
actuelle une stricte fidélité aux lois civiles. Dans une communication
datée du 1er août 1831, le Seigneur dit à l'Eglise: « Que personne
n'enfreigne les lois du pays, car celui qui observe les lois de Dieu ne
doit pas enfreindre les lois du pays. C'est pourquoi soumettez-vous aux
pouvoirs qui existent, jusqu'à ce que règne celui dont c'est le droit de
régner, et qui met tous ses ennemis sous ses pieds ». [26] Deux ans plus
tard, le 6 août 1833, la voix du Seigneur se fit entendre encore à ce
sujet, disant: « Et maintenant, en vérité, je vous dis ceci au sujet des
lois du pays: Il est de ma volonté que mon peuple veille à observer tous
les commandements que je lui donne. Et cette loi du pays, qui est
constitutionnelle, et qui soutient le principe de la liberté en
garantissant des droits et privilèges, appartient à toute l'humanité et se
justifie devant moi. C'est pourquoi, moi, le Seigneur, je vous justifie,
vous et vos frères de mon Eglise, lorsque vous favorisez cette loi qui est
la loi constitutionnelle du pays ». [27]
Cette question a été maintes fois posée à l'Eglise et à ses membres
individuellement: En cas de conflit entre les commandements issus de la
parole révélée de Dieu et ceux imposés par la loi séculière, à laquelle de
ces autorités les membres de l'Eglise seraient-ils tenus d'obéir ? Pour
répondre à cela, nous pouvons appliquer les paroles du Christ: le devoir
du peuple est de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu. Jusqu'à présent, le royaume des cieux, en tant que puissance
terrestre, avec un Roi régnant et exerçant, directement et
personnellement, le pouvoir dans les choses temporelles, n'a pas encore
été établi sur cette terre. Les branches de l'Eglise, comme telles, et les
membres qui les composent, sont soumis aux gouvernements respectifs des
divers royaumes où ces organisations de l'Eglise existent. En ces jours de
liberté, et de lumières relatives, il y a peu de raisons de s'attendre à
une ingérence directe quelconque dans les droits du culte privé et de la
dévotion individuelle. Dans toutes les nations civilisées, le peuple a
reçu le droit de prier, et ce droit est assuré par ce qui peut être appelé
à juste titre une loi commune de l'humanité. Aucune âme sincère n'est
empêchée de communier avec son Dieu; et, grâce à cette voie de
communication toujours ouverte, on peut avoir recours à la puissance qui
contrôle les nations pour obtenir un allégement des lois trop lourdes à
porter et le redressement des torts.
En attendant la décision suprême de la Providence en faveur de la liberté
religieuse, il est du devoir des saints de se soumettre aux lois de leur
pays. Néanmoins, ils doivent employer toute méthode convenable, en tant
que citoyens ou sujets de leurs gouvernements respectifs, pour s'assurer,
à eux et à tous les hommes, l'avantage de la liberté du culte. Il ne leur
est pas demandé de subir, sans protester, l'oppression de persécuteurs
sans loi, ou par l'application de lois injustes; mais leurs protestations
doivent se faire légalement et dans l'ordre. Les saints ont prouvé, par la
pratique, qu'ils sont partisans de cette doctrine qu'il est préférable de
subir le mal que de le commettre en s'opposant, par des moyens purement
humains, à l'autorité injuste. Et si, en se soumettant ainsi aux lois du
pays, dans le cas où ces lois sont injustes et opposées à la liberté de
nomme, le peuple se trouve dans l'impossibilité d'accomplir l’œuvre
réclamée de lui par Dieu, il ne sera pas tenu responsable de n'avoir pas
observé la loi supérieure. La parole du Seigneur a bien défini la position
et le devoir du peuple dans une telle éventualité: « En vérité, en vérité,
je vous dis que lorsque je donne le commandement à n'importe lesquels des
fils des hommes de faire une oeuvre en mon nom, et que ces fils des hommes
mettent toutes leurs forces et tout ce qu'ils ont à accomplir cette
oeuvre, et ne cessent d'être diligents, si leurs ennemis les assaillent et
les empêchent d'accomplir cette oeuvre, voici, il me convient de ne plus
requérir cette oeuvre des mains de ces fils des hommes mais d'accepter
leurs offrandes; et quant à l'iniquité et à la transgression de mes
saintes lois et de mes saints commandements, je m'en vengerai sur la tête
de ceux qui ont empêché mon oeuvre, jusqu'à la troisième et la quatrième
génération, aussi longtemps qu'ils ne se repentent pas et me haïssent, dit
le Seigneur Dieu ». [28]
Une illustration d'une telle suspension de la loi divine se trouve dans
l'action de l'Eglise en matière de mariage plural. Cette pratique fut
établie à la suite d'une révélation directe, [29] et un grand nombre de
ceux qui s'y conformèrent sentirent qu'il leur était divinement commandé
de le faire. Pendant près de dix ans, à partir de la date à laquelle le
mariage plural avait été introduit en Utah comme pratique religieuse,
aucune loi ne fut passée pour s'opposer à cette pratique. Cependant, à
partir de 1862, des statuts fédéraux furent élaborés, qui déclarèrent
cette pratique illégale et prévoyant des châtiments. L'Eglise protesta,
déclarant que ces décrets étaient anticonstitutionnels, et, par
conséquent, nuls et non avenus, étant donné qu'ils constituaient une
violation de cette disposition de la Constitution nationale qui
interdisait au Gouvernement de créer des lois relatives à l'établissement
d'une religion ou en interdisant le libre exercice. [30] De nombreux
appels furent introduits devant la Cour suprême, et, finalement, un arrêt
fut rendu proclamant les lois en question constitutionnelles et, par
conséquent, obligatoires. L’Eglise, par l'intermédiaire de son Président,
mit alors fin à la pratique du mariage plural, et annonça son action au
monde, plaçant ainsi solennellement la responsabilité de ce changement sur
la nation dont les lois avaient forcé la renonciation. Cette action fut
approuvée et confirmée par le vote officiel de l'Eglise réunie en
conférence[31]
Enseignements de l'Eglise. - Il n’est peut-être pas possible de présenter
ici un meilleur sommaire des enseignements de l’Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours concernant sa position vis-à-vis des pouvoirs
civils et le respect dû aux lois du pays, que la déclaration officielle,
publiée par le Prophète Joseph Smith, qui a été incorporée dans les
Doctrine et Alliances - l'un des ouvrages canoniques de l'Eglise, adopté
par le vote de l'Eglise comme l'un des guides reconnus, en foi, en
doctrine, et en pratique. [32] Voici ce qu'elle dit:
DÉCLARATION DE FOI RELATIVE AUX GOUVERNEMENTS ET AUX LOIS EN GÉNÉRAL
1. Nous croyons que les gouvernements ont été institués par Dieu pour le
bien de l'homme; et qu'il tient les hommes pour responsables de leurs
actes à l'égard de ces gouvernements, tant au point de vue de la création
que de l'administration des lois pour le bien et la sécurité de la
société.
2. Nous croyons qu'aucun gouvernement ne peut vivre en paix, à moins que
ne soient arrêtées et ne demeurent inviolées des lois telles qu'elles
garantissent à chaque individu la liberté de conscience, le droit de
propriété et la protection de la vie.
3. Nous croyons que tout gouvernement requiert nécessairement des
officiers civils et des magistrats pour faire exécuter ses lois, et que
des hommes susceptibles d'administrer les lois en toute justice et en
toute équité, doivent être recherchés et soutenus par la voix du peuple,
dans une république, ou par la volonté du souverain.
4. Nous croyons que la religion a été instituée par Dieu, et que les
hommes sont responsables devant lui, et devant lui seul, de l'exercice de
leur religion, à moins que leurs opinions religieuses ne les portent à
empiéter sur les droits et les libertés d'autrui; mais nous ne croyons pas
que les lois humaines ont le droit d'intervenir en prescrivant des règles
de culte pour enchaîner la conscience des hommes, ni de dicter des formes
de dévotion publique ou privée; nous croyons que les magistrats civils
doivent réprimer le crime, mais ne jamais contrôler la conscience; punir
le délit mais ne jamais supprimer la liberté de l'âme.
5. Nous croyons que tous les hommes sont tenus de soutenir et de défendre
les gouvernements respectifs des pays où ils résident aussi longtemps
qu'ils sont protégés dans leurs droits inhérents et inaliénables par les
lois de ces gouvernements; et que la sédition et la rébellion sont
indignes de tout citoyen ainsi protégé, et doivent être punies en
conséquence; et que tous les gouvernements ont le droit de décréter les
lois qui, selon leur jugement, sont les mieux conçues pour assurer le bien
public tout en tenant sacrée la liberté de conscience.
6. Nous croyons que chaque homme doit être honoré dans sa position, les
souverains et les magistrats comme tels, ceux-ci étant chargés de protéger
les innocents et de punir les coupables; et que tous les hommes sont tenus
de s'incliner devant les lois et de les respecter, car sans elles la paix
et l'harmonie seraient remplacées par l'anarchie et la terreur, les lois
humaines ayant été instituées dans le but exprès de régler nos intérêts
individuels et nationaux, d'homme à homme, tandis que les lois divines ont
été données du ciel pour régler les affaires spirituelles, la foi et le
culte, dont l'homme est responsable devant son Créateur.
7. Nous croyons que les souverains, les états et les gouvernements ont le
droit et le devoir de décréter des lois pour la protection de tous les
citoyens dans le libre exercice de leurs croyances religieuses; mais nous
ne croyons pas qu'ils aient, en toute justice, le droit de priver les
citoyens de ce privilège ou de proscrire ceux-ci pour leurs opinions,
aussi longtemps que les lois sont respectées et que ces opinions
religieuses ne justifient pas la sédition ou la conspiration.
8. Nous croyons que la perpétration d'un crime doit être punie selon la
nature de l'offense; que le meurtre, la trahison, le vol, le larcin, les
attentats à la paix publique, sous quelque forme que ce soit, doivent être
punis, d'après leur gravité et leur tendance à favoriser le mal parmi les
hommes, par les lois du gouvernement du pays oÙ l'offense a été commise;
et, dans l'intérêt de la paix et de la tranquillité publiques, tous les
hommes doivent s'employer activement et utiliser leurs capacités pour
assurer la punition de ceux qui ont violé des lois justes.
9. Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler l'influence religieuse
aux gouvernements civils, car c'est ainsi qu'une société religieuse est
favorisée alors qu'une autre est proscrite dans ses privilèges spirituels
et que les droits individuels de citoyens de ses membres leur sont déniés.
10. Nous croyons que toutes les sociétés religieuses ont le droit de juger
et de châtier leurs membres pour leur mauvaise conduite, selon les règles
et les statuts des dites sociétés, pourvu que de telles mesures ne
s'étendent qu'à leurs droits de membres et à l'honorabilité de leur rang.
Mais nous ne croyons pas qu'une société religieuse ait le droit de juger
des hommes quant au droit de possession ou de vie, ou de s'emparer des
biens qu'ils possèdent en ce monde, ou de les mettre en danger de mort ou
de mutilation corporelle, ou de leur infliger un châtiment corporel
quelconque. Elles ne peuvent que les excommunier de leur sein ou leur
enlever leurs privilèges de membres.
11. Nous croyons que les hommes doivent faire appel aux lois civiles pour
le redressement de tous leurs torts et griefs, des dommages infligés à
leur personne ou des atteintes à leur propriété ou à leur réputation,
lorsqu'il y a des lois pour les protéger contre cela. Mais nous croyons
que tous les hommes sont justifiés en se défendant, eux, leurs amis, leurs
biens et le gouvernement, contre les violences et empiètements
illégalement perpétrés par quiconque, lorsqu'il y a urgence et qu'on ne
peut faire appel immédiatement aux lois pour obtenir protection.
12. Nous croyons avoir le droit de prêcher l'évangile aux nations de la
terre, et d’avertir les justes afin qu'ils puissent échapper à la
corruption du monde; mais nous ne croyons pas avoir le droit d'intervenir
dans la question des esclaves, d'évangéliser ou de baptiser ceux-ci contre
la volonté de leurs maîtres, ni d'exercer sur eux la moindre influence
afin de créer le mécontentement au sujet de leur situation dans cette vie,
en mettant ainsi des vies en danger. Nous croyons que de telles
interventions sont illégales, injustes, et dangereuses pour la paix de
tout gouvernement qui permet que des êtres humains soient tenus en
esclavage.
* * * * * * *
[1] Gen. 16: 1-9; voir Jesus the Christ, p. 397, note 6.
[2] Voir Gen. 22: 1-10.
[3] Voir Genèse 38: 24.
[4] Exode 22: 28. La version du Roi Jacques, que l'auteur emploie, dans le
texte anglais de ce livre, rend le mot « Dieu », de la version française
par « dieux » et une note marginale fait remarquer que certains
traducteurs le rendent par « juges » - D'où la remarque de la dernière
phrase de ce paragraphe. (N. d. T.)
[5] Deut. 16: 18; voir aussi 1: 16; 1 Chron. 23: 4; 26: 29; voir en outre
Ps. 82: 1, 6; Jean 10 . 34-36; et Jesus the Christ, pp. 489, 501.
[6] Voir 1 Sam. 8:6, 7, 22; 9:15, 16; 10:1.
[7] 1 Sam. 24: 5, 6, 10; voir aussi 26: 9-12, 16.
[8] Prov. 24: 21.
[9] Ecc. 8: 2 .
[10] Ecc. 10: 20; voir note 3, à la fin du chapitre.
[11] Matt. 17: 24-27. Il se peut que le paiement réclamé dans ce cas ait
été la taxe du temple ou « argent de l'expiation »; voir Jesus the Christ,
p. 382.
[12] Matt. 22: 15-21; Voir aussi Marc 12: 13-17; Luc 20: 20-25.
[13] Matt. 26: 57-64; Marc 14: 55-62; voir Jesus the Christ, p. 625.
[14] Note 1, à la fin du chapitre.
[15] Actes 23: 1-5.
[16] Ti. 3: 1.
[17] Rom. 13:1-7.
[18] 1 Tim. 2:1-3.
[19] Voir Eph. 5:22, 23; 6:1-9; Col. 5:18-22; 4: 1.
[20] Voir note 2, à la fin du chapitre.
[21] 1 Pi. 2: 13-17.
[22] 1 Pi. 2:19, 20.
[23] Voir 1 Pi. 3: 1-7.
[24] 2 Pi. 2: 10.
[25] Alma 1: 14.
[26] D&A 58:21, 22.
[27] D&A 98:4-6.
[28] D&A 124: 49, 50; voir note 3, à la fin du chapitre.
[29] Voir D&A 132.
[30] Voir article 1 des Amendements à la Constitution des Etats-Unis.
[31] Voir note 5, à la fin du chapitre.
[32] Voir D&A, sec. 134.
NOTES DU CHAPITRE 23
1. Insultes à Paul et au Christ. - Voir Actes 23: 1-5. « A peine l'apôtre
avait-il prononcé la première phrase de sa défense que, avec un mépris
honteux de la loi, Ananias ordonna aux officiers de la cour de le frapper
sur la bouche. Irrité par une insulte aussi flagrante, un outrage si
immérité, le tempérament naturellement colérique de Paul alluma en lui
cette colère soudaine qui devrait être maîtrisée, mais qui peut
difficilement manquer dans un caractère véritablement noble. Aucun
caractère ne peut être parfait, qui ne chérit pas en lui-même, quoique
parfaitement généreux et clément, une profonde indignation contre le mal
intolérable. Souffrant cruellement sous le coup, il s'exclama: « Dieu te
frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et
tu violes la loi en ordonnant qu'on me frappe. » Le langage a été
considéré comme inconvenant par sa violence et a été défavorablement
comparé à l'humilité du Christ devant le tribunal de ses ennemis. [Voir
Jean 18 -.19-23.1 « Où, demande Jérôme, est cette patience du Sauveur qui
- comme un agneau conduit à la boucherie, n'ouvre pas la bouche - demande
si doucement à celui qui le frappe: « Si j'ai mal parlé, fais voir ce que
j'ai dit de mal, et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » Nous ne
diminuons pas l'apôtre mais proclamons la gloire de Dieu, qui, souffrant
dans la chair, domine le mal et la fragilité de la chair. »
Et cependant nous n'avons pas besoin de rappeler au lecteur que ce n'est
pas seulement une ou deux fois que le Christ lâcha les rênes à la juste
colère et flétrit l'hypocrisie et l'insolence par l'éclat d'une sainte
colère. Les spectateurs semblent avoir été alarmés par la hardiesse de la
réponse de saint Paul, car ils lui dire: « Tu insultes » le souverain
sacrificateur de Dieu ! » La colère de l'apôtre s'était dépensée dans
cette explosion et, immédiatement, il s'excusa avec une urbanité exquise
et un grand empire sur lui-même: « Je ne savais pas, frères, dit-il, que
ce fût le souverain sacrificateur » ajoutant que, l'eût-il su, il ne lui
aurait pas adressé le nom injurieux de « muraille blanchie », car il
révérait et agissait d'après les règles des Ecritures: « Tu ne parleras
pas mal du chef de ton peuple ». » Farrar, The Life and Work of St. Paul,
pp. 539-540.
2. Enseignements de Pierre concernant la soumission à la loi. - Un devoir
spécial des c chrétiens en ces jours-là était le respect dû, dans toute
affaire légale, au gouvernement civil... il y a des occasions - et nul ne
le savait mieux qu'un apôtre qui avait posé lui-même un exemple de
désobéissance splendide aux commandements non autorisés [Actes 4: 18, 31;
5: 28-32; 40: 42], où « nous devons obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ».
Mais ces occasions sont exceptionnelles à la règle commune de la vie.
Normalement, et dans l'ensemble, la loi humain va de pair avec l'ordre
divin et quelle que soit la personne qui l'administre, elle a un juste
droit au respect et à l'obéissance. C'était une leçon dont les chrétiens
de l'époque avaient tellement besoin qu'elle est enseignée aussi fortement
par saint Jean et par saint Pierre que par saint Paul lui-même. Plus que
jamais, on en avait besoin, à une époque où les dangereuses révoltes
gagnaient de la force en Judée; où les cœurs des Juifs dans le monde
brûlaient d'une haine farouche contre les abominations d'une tyrannie
idolâtre; où les chrétiens étaient accusés de « bouleverser le monde »
[Actes 17: 6]; où un pauvre esclave chrétien, conduit au martyre ou mis à
la torture, pouvait facilement adoucir la tension de son âme en éclatant
en dénonciations apocalyptiques d'une condamnation soudaine contre les
crimes de la Babylone mystique; où les païens, dans leur mépris intolérant
pouvaient interpréter à dessein une prophétie au sujet de la conflagration
finale comme si c'était une menace révolutionnaire et incendiaire; et où
les chrétiens à Rome, à cause de ceci, souffraient déjà l'agonie de la
persécution néronienne. La soumission était donc, à cette époque, un
devoir primordial de tous ceux qui souhaitaient l'emporter sur les païens
et sauver l'Eglise de l'écrasement par quelque explosion d'indignation,
qui aurait été considérée, même par les païens raisonnables et tolérants,
comme une nécessité politique... « Soyez soumis, dit l'apôtre, à cause du
Seigneur, à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme
souverain [le mot « roi » était le terme généralement employé pour
désigner l'empereur dans les provinces], soit aux gouverneurs comme
envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et approuver les gens de bien.
Car c'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien vous réduisiez au
silence les hommes ignorants et insensés, étant libres, sans faire de la
liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des
serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde, aimez les frères; craignez
Dieu; honorez le roi ».
[Voir 1 Pi. 2: 13-17] - Farrar, Early Days of Christianity, pp.89-90.
3. Obéissance aux lois séculières. - « La religion est essentiellement une
question de vie quotidienne. Elle concerne autant l'ajustement de
l'individu aux circonstances matérielles qui l'environnent que la croyance
abstraite dans les choses spirituelles. La religion d'un homme doit être
une démonstration concrète de ses conceptions concernant Dieu et les buts
divins à son égard et à l'égard de ses semblables. Toute autre chose
moindre que cela est dépourvue à la fois de la forme et de la puissance de
la piété.
Le Maître associait l'amour de Dieu avec l'amour du prochain et il est sûr
que l'amour comprend le devoir, et le devoir signifie l'effort et
l'action. (Voir Matt. 22: 35-40.) Une très grande partie de l'enseignement
qui se donne dans l'école de la mortalité est le résultat de notre contact
avec nos semblables et l'observation juste du devoir dans la vie de
communauté. Nous ne sommes pas ici pour vivre en reclus ni à l'écart du
service public, mais pour vivre dans un état d'aide mutuelle et de
coopération effective.
C'est une nécessité fondamentale que des lois soient établies parmi les
hommes. pour le gouvernement général; et l'obéissance a la loi est le
devoir évident de chaque membre d'une société organisée, la violation de
la loi n'est donc pas seulement une offense séculière, mais une
transgression des principes de la vraie religion. Ce monde serait un monde
plus heureux si les hommes apportaient plus de religion dans leurs
préoccupations journalières - dans les affaires, la politique et la
science du gouvernement. Remarquez que je dis religion et non Eglise. Dans
les conditions actuelles, il est impérieux que l'Etat et l'Eglise restent
séparés; et cette séparation doit être maintenue jusqu'à l'inauguration du
règne personnel du Christ.
La citoyenneté loyale est à la fois une caractéristique et une preuve de
la religion d'un homme; et quant aux devoirs obligatoires du citoyen, la
voix du peuple, exprimée par les voies établies de gouvernement, doit les
déterminer. » -L'auteur, dans Vitality of « Mormonism », p. 186.
4. Cessation du mariage plural. - L'acte officiel qui termine la pratique
du mariage plural parmi les Saints des Derniers Jours fut l’adoption par
l'Eglise assemblée en conférence d'un manifeste proclamé par le Président
de l'Eglise. Le langage du document illustre le caractère du peuple et de
l'Eglise, comme il est montré par l'article suivant: « Attendu que des
lois ont été passées par le Congrès, interdisant les mariages pluraux,
lois qui ont été déclarées constitutionnelles par la Cour suprême, je [le
Président Wilford Woodruff ] déclare, par la présente, mon intention de me
soumettre à ces lois et d'user de mon influence des membres de l'Eglise,
dont je suis le Président, pour qu'il fassent de même. » Au cours d'un
sermon qui suivit immédiatement la proclamation du manifeste, le Président
Woodruff dit, concernant la décision prise: « J'ai fait mon devoir, et la
nation dont nous faisons partie doit être responsable pour ce qui a été
fait concernant ce principe. » (C'est-à-dire le mariage plural). Voir D&A,
« Déclaration Officielle » à la fin du livre.
5. Un exemple frappant de soumission à l'autorité séculière. - « Les
gouvernements sont institués par Dieu quelquefois par son interposition
directe, quelquefois par sa permission. Lorsque les Juifs eurent été menés
en captivité par Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Seigneur commanda par
le prophète Jérémie (27: 4-8) que le peuple rendit obéissance à son
conquérant, qu'il appela son serviteur; car, en vérité, le Seigneur
s'était servi du roi païen pour châtier les enfants apostats et infidèles
de l'alliance. L'obéissance ainsi enjointe comprenait le paiement des
taxes et s'étendait jusqu'à la soumission complète. » - Voir Jesus the
Christ, p. 564, note 2.
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