CHAPITRE 6 : LE BAPTÊME

ARTICLE 4. - Nous croyons que les premiers principes et ordonnances de l'évangile sont: ... (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés...

Nature du Baptême. Dans la théologie de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le baptême d'eau occupe le rang de troisième principe et de première ordonnance essentielle de l'évangile. Le baptême est la porte par laquelle on entre dans le troupeau du Christ, le portail de l'Eglise, le rite établi de naturalisation dans le royaume de Dieu. Le candidat à l'admission dans l'Eglise, ayant acquis et professant la foi en notre Seigneur Jésus-Christ et s'étant sincèrement repenti de ses péchés, est invité, comme il convient, à donner des preuves de cette sanctification spirituelle au moyen d'une ordonnance extérieure, prescrite par l'autorité comme signe ou symbole de sa nouvelle profession de foi. L'ordonnance initiatrice est le baptême d'eau, qui doit être suivi du baptême supérieur du Saint-Esprit; et, en résultat de cet acte d'obéissance, la rémission des péchés est accordée.

Bien simples sont les moyens ainsi décrétés pour être admis dans le troupeau; ils sont à la portée des plus pauvres et des plus faibles, comme aussi des riches et des puissants. Quel symbole pourrait-on trouver, pour mieux exprimer la purification des péchés, que le baptême d'eau ? Le baptême est le signe de l'alliance convenue entre le pécheur repentant et son Dieu, par laquelle le premier s'engage à s'efforcer d'observer les commandements divins.

A ce propos, Alma, le prophète, exhorta et instruisit le peuple de Gidéon de cette manière: « Oui, je vous le dis, venez et ne craignez point, délaissez tout péché, qui vous obsède aisément et vous entraîne à la destruction; oui, venez montrer à votre Dieu que vous êtes disposés à vous repentir de vos péchés, et à faire alliance avec lui de garder ses commandements et de le lui témoigner, aujourd'hui, en entrant dans les eaux du baptême ». [1]

Le pécheur devenu humble, convaincu de sa transgression par la foi et la repentance, accueillera avec la plus grande joie tout moyen de se purifier de ses souillures maintenant si repoussantes à ses yeux. Toutes les personnes qui se trouvent dans une condition semblable, s'écrieront comme la multitude touchée le jour de la Pentecôte: « Que ferons-nous ? » Et c'est à elles que s'adresse la réponse du Saint-Esprit, par l'intermédiaire des Ecritures ou de la bouche des serviteurs élus du Seigneur: « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour la rémission des péchés ». [2] Etant l'une des conséquences de la contrition de l'âme, le baptême a été appelé, à juste titre, les premiers fruits de la repentance. [3]

L'établissement du Baptême date de l'époque de l'histoire la plus reculée du genre humain. Lorsque le Seigneur se manifesta à Adam après l'expulsion de celui-ci du Jardin d'Eden, il promit au patriarche du genre humain: « Si tu veux te tourner vers moi, écouter ma voix, croire, te repentir de toutes tes transgressions et être baptisé, même dans l'eau, au nom de mon Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité, lequel est Jésus-Christ, le seul nom qui sera donné sous les cieux par lequel le salut viendra aux enfants des hommes, tu recevras le don du Saint-Esprit, et tu demanderas toutes choses en son nom et tout ce que tu demanderas te sera donné... Et il arriva que, lorsque le Seigneur eut parlé avec Adam, notre père, Adam invoqua le Seigneur, fut enlevé par l'Esprit du Seigneur, fut emporté dans l'eau, immergé sous l'eau et sorti de l'eau. C'est ainsi qu'il fut baptisé, l'Esprit de Dieu descendit sur lui, et c'est ainsi qu'il naquit de l'Esprit et fut vivifié dans l'homme intérieur ». [4] Enoch prêcha la doctrine de la repentance et du baptême, baptisant ceux qui croyaient et se repentaient. Et tous ceux qui acceptèrent ces enseignements et se soumirent aux conditions requises par l'évangile furent sanctifiés aux yeux de Dieu.

Le but spécial du Baptême est d'accorder l'admission dans l'Eglise du Christ en même temps que là rémission des péchés. Quel besoin avons-nous d'autres paroles pour prouver la valeur de cette ordonnance divinement instituée ? Quel don plus grand pourrait-on offrir au genre humain que le moyen sûr d'obtenir le pardon des transgressions ? La justice interdit qu'un pardon universel et sans condition soit accordé pour les péchés commis, si ce n'est par l'obéissance à la loi décrétée; mais un moyen simple et efficace est prévu par lequel le pécheur repentant peut faire alliance avec Dieu, en scellant cette alliance du sceau qui est reconnu valable dans les cieux, et par laquelle il s'engage à se soumettre aux lois de Dieu. Il se place ainsi à la portée de la Miséricorde, sous l'infLucnce protectrice de laquelle il peut gagner la vie éternelle.

Les preuves bibliques, que le baptême est le moyen choisi pour assurer à l'homme la rémission des péchés, sont nombreuses. Jean-Baptiste fut le prédicateur spécial de cette doctrine et l'administrateur autorisé de l'ordonnance, aux jours qui précédèrent immédiatement le ministère du Sauveur dans la chair; et la voix de ce prêtre du désert émut Jérusalem et fit écho dans toute la Judée, proclamant la rémission des péchés comme fruits d'un baptême acceptable. [5]

Saul de Tarse, persécuteur zélé des disciples du Christ, alors qu'il se rendait à Damas dans l'intention d'exercer encore son zèle mal dirigé, reçut une manifestation spéciale du pouvoir de Dieu et fut converti avec des signes et des prodiges. Il entendit la voix du Christ et y répondit, et devint ainsi témoin spécial de son Seigneur. Cependant, même cette manifestation extraordinaire de la faveur divine était insuffisante. Aveuglé par la gloire qui lui avait été manifestée, humble et fervent, convaincu du fait qu'il avait persécuté son Rédempteur, il s'écria dans l'angoisse de son âme: « Seigneur, que-veux-tu que je fasse ? » Il reçut l'ordre de se rendre à Damas où il en apprendrait davantage sur la volonté du Seigneur à son égard. C'est avec joie qu'il reçut le messager du Seigneur, le dévôt-Ananias, qui lui imposa les mains de sorte qu'il recouvra la vue, et lui enseigna ensuite que le baptême était le moyen d'obtenir le pardon. [6]

Saul, connu maintenant sous le nom de Paul, devenu prédicateur de justice et apôtre du Seigneur Jésus-Christ, enseigna aux autres ce même grand principe du salut, que c'est par le baptême d'eau que vient la régénération du pécheur.[7] Avec une grande puissance de langage et le concours de manifestations spéciales du pouvoir divin, Pierre déclara cette même doctrine à la multitude repentante. Ecrasée de remords au récit de ce qu'elle avait fait au Fils de Dieu, elle s'écria: « Hommes, frères, que ferons-nous ? » La réponse vint promptement, revêtue de l'autorité apostolique: « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour la rémission des péchés ». [8]

Les Prophètes du Livre de Mormon rendirent le même témoignage au troupeau occidental du Christ. C’ était là le sens des paroles qu'adressa Néphi, fils de Léhi, à ses frères: « Car la porte par laquelle vous devez entrer, c'est le repentir et le baptême d'eau; et alors vient la rémission de vos péchés par le feu et par le Saint-Esprit ». [9] Alma enseigna la même chose au peuple de Gidéon, comme nous l'avons déjà mentionné. [10] Néphi, petit-fils d'Hélaman, précédant immédiatement l'avènement du Christ sur la terre, se rendit parmi son peuple, baptisant du baptême de repentance, et, de son ministère, s'ensuivit « une grande rémission des péchés ». [11] Néphi ordonna des hommes pour l'aider dans le ministère, « afin que tous ceux qui viendraient à eux fussent baptisés d'eau, et cela en gage et en témoignage devant Dieu et au peuple, qu'ils s'étaient repentis et avaient reçu la rémission de leurs péchés ». [12] Mormon ajoute son témoignage en sa qualité de représentant du Christ, exhortant le peuple à délaisser ses péchés et à se faire baptiser pour en obtenir la rémission. [13]

La Révélation des derniers jours, concernant le baptême et son objet, montre que le Seigneur attribue la même importance à cette ordonnance de nos jours qu'autrefois; qu'il ne peut y avoir de doute quant à l'application de cette doctrine à l'Eglise dans la dispensation actuelle, que le principe a été énoncé et la loi décrétée de nouveau pour notre gouverne. Les anciens de l'Eglise sont chargés de prêcher que la rémission des péchés peut être obtenue grâce au baptême effectué par l'autorité. [14]

Candidats prêts au Baptême. - Etant donné que le premier objet du baptême est l'admission dans l'Eglise avec la rémission des péchés, et que ceci ne se produit que quand on a foi en Dieu et qu'on se repent devant lui, il s'ensuit naturellement que le baptême ne peut, en toute justice, être requis que de ceux qui sont à même de faire preuve de foi et d'une repentance active. [15] Dans une révélation concernant le gouvernement de l'Eglise, donnée par l'entremise de Joseph le Prophète en avril 1830, le Seigneur mentionne explicitement les conditions dans lesquelles les candidats peuvent être admis dans l'Eglise par le baptême: « Tous ceux qui s'humilient devant Dieu, désirent être baptisés. se présentent le cœur brisé et l'esprit contrit, témoignent devant l'Eglise qu'ils se sont sincèrement repentis de tous leurs péchés et sont disposés à prendre sur eux le nom de Jésus, étant déterminés à le servir jusqu'à la fin, et montrent vraiment par leurs oeuvres qu'ils ont reçu une portion de l'Esprit du Christ pour la rémission de leurs péchés, ceux-là seront reçus par le baptême dans son Eglise. [16]

Ces conditions excluent tous ceux qui ne sont pas arrivés à l'âge de discernement et de responsabilité; et, par commandement direct, le Seigneur a interdit à l'Eglise de recevoir quiconque n'a pas atteint cet âge. [17] Par révélation, le Seigneur a désigné l'âge de huit ans comme celui auquel il convient de baptiser les enfants dans l'Eglise; et il est requis des parents qu'ils préparent leurs enfants aux ordonnances de l'Eglise en leur enseignant les doctrines de la foi, de la repentance, du baptême et de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. Le fait de négliger ce devoir est considéré, par le Seigneur, comme un péché qui retombe sur la tête des parents.[18]

Le Baptême des tout petits enfants. - Les Saints des Derniers Jours s'opposent à la pratique du baptême des tout petits enfants, qu'ils croient être, en réalité, un sacrilège. Aucun de ceux qui ont foi en la parole de Dieu ne peut considérer un petit enfant comme méchant d'une manière coupable; un être aussi innocent n'a pas besoin d'être initié dans le troupeau, car il ne s'en est jamais égaré; il n'a pas besoin de rémission des péchés parce qu'il n'a commis aucun péché. Et s'il meurt avant d'avoir été contaminé par les péchés de la terre, il sera reçu, sans baptême, dans le paradis de Dieu. Cependant, il existe beaucoup de docteurs soi-disant chrétiens qui enseignent que puisque tous les enfants sont nés dans un monde méchant, ils sont eux-mêmes méchants, et doivent être purifiés par les eaux du baptême pour être acceptables aux yeux de Dieu. Une telle doctrine est haïssable. L’enfant, que le Seigneur désigna comme exemple à suivre par ceux mêmes qui avaient reçu l'apostolat sacré,[19] symbole choisi par le Seigneur pour représenter le royaume des cieux, cet esprit favorisé dont l'ange se trouve à jamais en présence du Père, rapportant fidèlement tout ce que l'on fait à la petite âme qui est sous sa garde,[20] ce petit enfant, va-t-il être rejeté et précipité dans les tourments parce que ses tuteurs terrestres ont négligé de le faire baptiser ? Enseigner une doctrine aussi fausse est un péché.

L'histoire du Baptême des tout petits enfants est instructive en ce qu'elle jette de la lumière sur l'origine de cette pratique erronée. Il est certain que le baptême des tout petits enfants, ou pédobaptême (grec pais, paidos, enfant, et baptismos, baptême) comme on l'appelle dans le langage de la théologie, ne fut enseigné ni par le Sauveur ni par ses apôtres. Certains citent l'incident au cours duquel le Seigneur bénit les petits enfants et réprimanda ceux qui voulaient empêcher les petits d'aller à lui, [21] comme preuve en faveur du baptême des petits enfants; mais comme il a été dit sagement dans cette remarque concise, « Déduire de cette action du Christ bénissant les enfants qu'ils doivent être baptisés ne prouve rien tant, que l'on manque d'un meilleur argument; car la conclusion la plus probable es celle-ci: le Christ bénit les petits enfants puis les renvoya, mais il ne les baptisa pas; donc les petits enfants ne doivent pas être baptisés ». [22]


Il n'existe pas d'écrit authentique rapportant que le baptême des tout petits enfants ait été pratiqué au cours des deux premiers siècles après Jésus-Christ et la coutume ne devint probablement pas générale avant le cinquième siècle; cependant depuis ce dernier moment jusqu'à la Réforme, il fut accepté par l'Eglise prédominante, l'Eglise catholique romaine. Mais même au cours de cette période de ténèbres, de nombreux théologiens élevèrent la voix contre ce rite impie. [23] Au cours de la première partie du seizième siècle, une secte assez nombreuse, la secte des anabaptistes (du grec ana, de nouveau, et baptizein, baptiser) acquit de l'importance en Allemagne; elle se distinguait par son opposition au baptême des tout petits enfants, et tirait son nom du fait qu'il était exigé de tous les membres qui avaient été baptisés en bas âge qu'ils fussent baptisés de nouveau. Les baptistes, en général, sont unis dans leur croyance qui s'oppose au baptême des enfants irresponsables, mais là s'arrête leur ressemblance avec les anabaptistes.

Certains baptiseurs de petits enfants ont essayé de prouver qu'il y aurait une analogie entre le baptême et la circoncision, mais sans aucune garantie scripturale. La circoncision devint le signe d'une alliance entre Dieu et Abraham, [24] symbole qui, pour les descendants d'Abraham, indiquait qu'ils étaient libres de l'idolâtrie des temps, et qu'ils étaient acceptés par Dieu. On ne trouve nulle part que la circoncision était le moyen d'obtenir la rémission des péchés. Ce rite était applicable aux mâles seulement; le baptême est administré aux deux sexes. La circoncision devait être accomplie le huitième jour après la naissance, même si cela coïncidait avec le jour du Sabbat. [25] Au troisième siècle, un concile d'évêques se tint sous la présidence de Cyprien, évêque de Carthage, au cours duquel il fut gravement décidé qu'il était dangereux de remettre le baptême jusqu'au huitième jour après la naissance, et que, par conséquent, cela ne devait pas être permis.

Le Baptême des tout petits enfants est interdit dans le Livre de Mormon; nous en déduisons qu'il s'était élevé une dispute à ce sujet parmi les Néphites. Mormon, ayant reçu une révélation spéciale du Seigneur en la matière, écrivit une épître à ce sujet à son fils Moroni, dans laquelle il dénonce la pratique du baptême des petits enfants et déclare que quiconque suppose que les petits enfants ont besoin du baptême est dans le fiel de l'amertume et dans les liens de l'iniquité, niant les miséricordes du Christ, et tenant pour nuls son expiation et le pouvoir de sa rédemption. [26]

Le Baptême essentiel au salut. - Les démonstrations qui concernent le but du baptême s'appliquent avec une force égale à la proposition que le baptême est nécessaire au salut; car, étant donné que la rémission des péchés constitue un but spécial du baptême, et qu'aucune âme ne peut être sauvée dans le royaume de Dieu avec des péchés non pardonnés, il est clair que le baptême est essentiel au salut. Le salut est promis à l'homme à condition qu'il obéisse aux lois et aux ordonnances de l'évangile; et, comme les Ecritures le prouvent de façon concluante, le baptême est l'un des commandements les plus importants. Le baptême, étant commandé par Dieu, doit être essentiel à l'accomplissement du but pour lequel il est institué, car Dieu n'agit pas avec des formalités qui ne sont pas nécessaires. Le baptême est requis de tous ceux qui ont atteint l'âge de responsabilité aucun n'en est exempt.

Même le Christ, homme sans péché au milieu d'un monde pécheur, fut baptisé « pour accomplir tout ce qui est juste », [27] tel étant le but que le Sauveur déclara au prêtre hésitant, qui, aussi zélé qu'il fût pour accomplir sa grande » mission, reculait cependant quand il lui fut, demandé de baptiser quelqu'un qu'il considérait être sans péché. Des siècles avant ce grand événement, Néphi, prophétisant au milieu du peuple sur le continent occidental, prédit le baptême du Sauveur, et expliqua comment toute justice serait ainsi accomplie: [28] « Et maintenant, si l'Agneau de Dieu qui est saint, a besoin d'être baptisé d'eau pour accomplir toute justice, oh, alors combien plus nous, qui ne sommes pas saints, n'avons-nous pas besoin d'être baptisés ? »

Pendant son ministère dans la chair, le Sauveur enseigna que le baptême est essentiel au salut. Un certain notable juif, Nicodème, vint trouver le Christ pendant la nuit et témoigna de sa confiance dans le ministère de Jésus, qu'il appela « un docteur venu de Dieu ». Voyant sa foi, Jésus lui enseigna une des lois principales des cieux, disant: « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Une question de Nicodème provoqua cette déclaration supplémentaire: « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». [29] Il est pratiquement indiscutable que la naissance d'eau mentionnée ici comme essentielle à l'entrée dans le royaume est le baptême. Nous apprenons ensuite au sujet de l'attitude du Christ envers le baptême qu'il requit cette ordonnance de ceux qui voulaient devenir ses disciples. [30] Lorsqu'il apparut, ressuscité, à ses onze apôtres, pour leur faire ses adieux et leur donner ses instructions finales, il leur donna cet ordre: « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». [31] Et, à propos des résultats du baptême, il leur déclara: « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné ».[32]

Aussi clair que paraisse l'esprit de ces instructions et de ces promesses, il y en a néanmoins beaucoup qui, bien que professant enseigner la doctrine du Rédempteur, éludent la signification de ses préceptes, et supposent, parce qu'il a dit « Celui qui ne croira pas sera condamné », au lieu de « Celui qui ne sera pas baptisé sera condamné », que le baptême après tout n'est pas une partie essentielle du plan de salut, mais simplement une convenance ou une simple commodité dans le plan de salut. C'est se moquer de la foi que de professer croire au Christ et de refuser en même temps de se conformer à ses commandements. Croire en la parole de Dieu et ne pas l'observer c'est accroître notre culpabilité, car c'est ajouter l'hypocrisie aux autres péchés. Il est certain que le châtiment entier prévu pour l'incroyance volontaire sera le lot du soi-disant croyant qui refuse d'obéir aux principes mêmes dans lesquels il se vante d'avoir foi. En outre, comment peut-on qualifier la sincérité de quelqu'un qui refuse d'obéir aux commandements divins si des châtiments ne sont pas prévus en cas de désobéissance ? La repentance d'une telle personne peut-elle être sincère, si elle se soumet seulement par crainte du châtiment ? Cependant, lorsque le Seigneur proclame ce principe pour le gouvernement des saints dans la dispensation actuelle, ses paroles sont plus précises: « Et celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé sera damné ».[33]

Cette même doctrine de la nécessité du baptême fut prêchée par les disciples du Christ, particulièrement par ceux qui lui furent intimement associés dans le ministère. Jean

Baptiste témoigna qu'il avait été chargé de baptiser d'eau; [34] et, concernant ceux qui acceptèrent les enseignements de Jean, le Sauveur affirma que, bien qu'ils fussent publicains, ils avaient justifié Dieu, tandis que les pharisiens et les docteurs de la loi qui avaient refusé le baptême « ont rendu nul à leur égard le dessein de Dieu » [35] abandonnant ainsi comme nous devons le conclure, leurs droits au salut. Comme nous l'avons déjà montré, Pierre, le chef des apôtres, n'avait qu'une seule réponse à donner à la multitude anxieuse de connaître ce qui était essentiel au salut : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé ».'

L'humble obéissance du Christ à la volonté de son Père en se soumettant au baptême malgré qu'il fût sans péché, proclame au monde, avec plus d'éloquence que les paroles que personne n'est exempté de ce commandement, et que le baptême est vraiment une condition du salut. C'est pourquoi, nulle preuve de faveur divine, nulle dispensation de dons célestes, ne dispense l'homme de l'obéissance à cette loi-ci ni aux autres lois et ordonnances de l'évangile. Saul de Tarse, bien qu'il lui fût permis d'entendre la voix du Rédempteur, ne put entrer dans l'Eglise du Christ que par la porte du baptême d'eau et du Saint-Esprit. [37] Dans la suite, il prêcha le baptême, déclarant que par cette ordonnance « nous revêtons le Christ », devenant les enfants de Dieu. Corneille, le centurion, fut reconnu de Dieu à cause de ses prières et de ses aumônes, et il reçut la visite d'un ange qui lui donna l'ordre d'envoyer chercher Pierre, lequel lui dirait ce qu'il devrait faire. L'apôtre ayant été spécialement préparé par le Seigneur pour cette mission, entra dans la maison du Gentil repentant, bien que cela constituât une violation des coutumes des Juifs, et prêcha Jésus-Christ à Corneille et à sa famille. Alors même que Pierre était en train de parler, le Saint-Esprit tomba sur ses auditeurs de sorte qu'ils rendirent témoignage, par le don des langues et glorifièrent Dieu.[38] Cependant la dispensation de dons aussi grands ne les exempta aucunement de la soumission à la loi du baptême; et Pierre leur commanda d'être baptisés au nom du Seigneur.

Les ministres du Christ sur le continent américain ne furent pas moins formels lorsqu'ils proclamèrent la doctrine du baptême. Léhi[39] et son fils Néphi, [40] témoignèrent tous deux du baptême du Sauveur qui devait suivre, et de la nécessité absolue du baptême d'eau et du Saint-Esprit pour tous ceux qui cherchent le salut. Néphi compara avec force la repentance et le baptême d'eau et d'Esprit à la porte qui mène à la bergerie du Christ. [41] Alma prêcha que le baptême était indispensable au salut, exhortant le peuple à témoigner au Seigneur, en se conformant à ce principe, qu'il contractait l'alliance d'observer ses commandements. Alma le jeune, fils du premier, prêcha que le baptême était un moyen d'obtenir le salut, et consacra des prêtres pour baptiser. [42]

Au cours du dernier siècle qui précéda la naissance du Christ, l’œuvre de Dieu parmi les Lamanites fut commencée par la prédication de la foi, de la repentance et du baptême. Nous trouvons Ammon prêchant cette doctrine au roi Lamoni et à son peuple.[43] Hélaman prêcha le baptême; [44] et, au cours de son ministère, moins d'un demi-siècle avant la naissance du Christ, nous lisons que des dizaines de milliers de personnes s'unirent à l'Eglise par le baptême. C'est ce que prêchèrent également les fils d'Hélaman, [45] et son petits-fils Néphi. [46] Ces baptêmes étaient administrés au nom du Messie qui devait venir, mais lorsqu'il vint visiter son troupeau occidental, il ordonna qu'il fût baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; et il conféra à douze hommes l'autorité nécessaire pour administrer cette ordonnance, [47] promettant le salut à tous ceux qui se conformeraient à sa loi, et à ceux-là seuls.

Les preuves abondent que le Seigneur considérait le baptême comme la condition essentielle pour devenir membre de son Eglise. C'est pourquoi, lorsqu'il institua le sacrement du pain et du vin parmi les Néphites, il donna l'ordre à ses disciples de l'administrer seulement à ceux qui avaient été baptisés correctement. [48] De plus, nous apprenons que ceux qui furent baptisés comme Jésus l'avait ordonné furent appelés « L'Eglise du Christ ». [49] Fidèle à la promesse du Seigneur, le Saint-Esprit descendit sur ceux qui avaient été baptisés par l'autorité qu'il avait ordonnée, ajoutant ainsi au baptême d'eau, le baptême supérieur du Saint-Esprit; [50] et beaucoup d'entre eux reçurent des manifestations spéciales de l'approbation divine, voyant et entendant des choses indicibles, qu'il n'était pas permis d'écrire. La foi du peuple se montra dans de bonnes oeuvres, [51] dans les prières et le jeûne, [52] en réponse auxquels le Seigneur réapparut, se manifestant cette fois-ci aux disciples qu'il avait appelés au ministère. Il leur réitéra les promesses qu'il avait faites auparavant au sujet de tous ceux qui étaient baptisés de son baptême; et il ajouta à cela que, s'ils persévéraient jusqu'à la fin, ils seraient considérés comme innocents au jour du jugement. [53] C'est alors qu'il répéta le commandement par l'obéissance auquel le salut est promis: « Repentez vous tous, bouts de la terre, et venez à moi, et soyez baptisés en mon nom pour que vous soyez sanctifiés par la réception du Saint-Esprit, afin d'être sans tache devant moi au dernier jour ». [54]

Près de quatre siècles plus tard, cette même proclamation fut entendue de la bouche de Mormon. [55] Ensuite Moroni, son fils, le survivant solitaire d'un peuple autrefois puissant, pleurant la destruction de sa nation, laisse ce qu'il supposait être alors son témoignage d'adieu concernant la véracité de cette doctrine; [56] mais ayant été épargné contrairement à son attente, il revient de nouveau sur ce thème sacré, se rendant compte de la valeur incalculable de cette doctrine pour tous ceux qui liraient ces pages. Et, dans ce qui pourrait être considéré comme ses dernières paroles, il témoigne que le baptême d'eau et d'Esprit est le moyen vers le salut[57]

Ce principe fondamental, proclamé autrefois, reste inaltéré aujourd'hui; il est la vérité et ne change pas. Les anciens de l'Eglise des derniers jours ont reçu leur charge à peu près dans les mêmes termes que ceux qui furent employés pour investir les apôtres d'autrefois: « Allez dans le monde, prêchez l'évangile à toute créature, agissant avec l'autorité que je vous ai donnée, baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Et celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas sera damné ». [58] Ecoutez ensuite la parole du Seigneur à travers Joseph le Prophète aux anciens de l'Eglise: « C'est pourquoi ce que j'ai dit à mes apôtres, je vous le dis de nouveau: Toute âme qui croira à vos paroles, et sera baptisée d'eau pour la rémission des péchés, recevra le Saint-Esprit ». Mais « En vérité, en vérité je vous le dis, ceux qui ne croiront pas à vos paroles, et qui ne seront pas baptisés d'eau en mon nom pour la rémission de leurs péchés, afin de recevoir le Saint-Esprit, seront damnés et ne viendront pas dans le royaume de mon Père, là où mon Père et moi sommes ». [59] Dociles à ce commandement, les anciens de cette Eglise ont proclamé sans cesse l'évangile parmi les nations, prêchant que la foi, la repentance, et le baptême d'eau et du Saint-Esprit sont essentiels au salut.

Nous avons examiné les doctrines au sujet du baptême courantes parmi les Juifs, les Néphites, et l'Eglise de Jésus-Christ à cette époque, et nous avons trouvé que les principes enseignés sont toujours les mêmes. En réalité, nous sommes remontés plus loin, jusqu'à l'histoire la plus reculée du genre humain, et nous avons appris qu'il fut annoncé que le baptême était un principe sauveur grâce auquel Adam reçut la promesse du pardon et du salut. Nul n'a de raison d'espérer le salut si ce n'est en se conformant à la loi de Dieu, dont le baptême est une partie essentielle.
 

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[1] Alma 7: 15.
[2] Voir Actes 2: 37, 38
[3] Voir Moroni 8:25.
[4] P. de G. P., Moïse 6: 52-65.
[5] Voir Marc 1 4; Luc 3: 3.
[6] Voir Actes 22: 1-16.
[7] Voir Ti. 3: 5.
[8] Actes 2: 36-38 voir aussi 1 Pi. 3:21.
[9] 2 Néphi 31: 17 lire jusqu'à la fin du chapitre.
[10] Voir Alma 7:14, 15.
[11] 3 Néphi 1: 23.
[12] 3 Néphi 7: 24-26.
[13] Voir 3 Néphi 30. 2.
[14] Voir D&A 19: 31; 55 2; 68: 27; 76: 51, 52; 84: 27, 74.
[15] Voir note 1, à la fin du chapitre.
[16] D&A 20: 37.
[17] Voir D&A 20: 71.
[18] Voir D&A 68: 25-27.
[19] Voir Matt. 18: 1-6.
[20] Voir Matt. 18: 10.
[21] Matt. 19:13; Marc 10:13; Luc 18:15.
[22] On attribue cette remarque à Jeremy Taylor, évêque anglais, qui mourut en 1667, mais, que ce soit à tort ou à raison, l'auteur ne peut le dire. Quel qu'en soit l'auteur tel qu'il est exprimé ci-dessus l'argument est juste.
[23] Voir note 2, à la fin du chapitre.
[24] Voir Gen 17: 1-14.
[25] Voir Jean 7: 22, 23.
[26] Voir Moroni, chap. 8; lire l'épître tout entière.
[27] Voir Matt. 3: 15.
[28] Voir 2 Néphi 31: 5-8.
[29] Jean 3: 1-5.
[29] Jean 3: 1-5.
[30] Jean. 4:1, 2.
[31] Matt. 28: 19.
[32] Marc 16: 16.
[33] D&A 112: 29.
[34] Voir Jean 1: 33.
[35] Luc 7:30.
[36] Actes 2:38; voir aussi 1 Pi. 3: 21.
[37] Voir Actes 9: 1-18; 22:1-16.
[38] Voir Actes 10: 30-48.
[39] Voir 1 Néphi 10: 7-10.
[40] Voir 2 Néphi 31:4-14.
[41] Voir 2 Néphi 31: 17.
[42] Voir Mosiah 18: 8-17; Alma 5: 61, 62; 9: 27.
[43] Voir Alma 19:35.
[44] Voir Alma 62: 45.
[45] Voir Hélaman 5:14-19.
[46] Voir 3 Néphi 1: 23.
[47] Voir 3 Néphi 11: 22-25 ;12: 1, 2.
[48] Voir 3 Néphi 18: 5, 11, 28-30.
[49] Voir 3 Néphi 26: 21.
[50] 3 Néphi 26: 17, 18; 28 :18; 4 Néphi 1.
[51] Voir 3 Néphi 26 :19,20.
[52] Voir 3 Néphi 27 :1, 2.
[53] Voir 3 Néphi 27: 16.
[54] Voir 3 Néphi 27:20.
[55] Voir Mormon 7: 8-10.
[56] Voir Mormon 9: 22, 23.
[57] Voir Moroni 6: 1-4.
[58] D&A 68: 8, 9.
[59] D&A 84:64, 74; voir aussi 112:28, 29.

NOTES DU CHAPITRE 6

1. La préparation au baptême. - La doctrine que le baptême, pour être acceptable, doit être précédé d'une préparation efficace, fut enseignée et comprise d'une manière générale du temps du Christ ainsi que dans la période qu'on appelle apostolique et l'époque qui suivit immédiatement. Mais cette croyance dégénéra graduellement, et on en vint à considérer le baptême comme une forme extérieure, dont l'application dépendait peu ou presque pas, de l'appréciation ou de la conception qu'avait le candidat de son but; comme il est dit dans le texte, le Seigneur a annoncé de nouveau la doctrine dans la dispensation actuelle. Nous donnons ici quelques évidences concernant la première croyance:

« Dans les premiers âges du christianisme, les hommes et les femmes étaient baptisés sur une profession de foi au Seigneur JésusChrist. » - Chanoine Farrar.

« Mais comme le Christ leur enjoint (Marc 16: 15-16) d'enseigner avant de baptiser, et désire que seuls des croyants soient admis au baptême, il apparaîtrait que le baptême n'est pas administré correctement à moins d'être précédé par la foi... A l'époque apostolique, on ne trouve pas une seule personne qui ait été admise au baptême sans une profession de foi et de repentance préalables. » - Calvin.

« Vous n'êtes pas d'abord baptisés pour recevoir ensuite la foi et avoir le désir; mais lorsque vous êtes baptisés, vous faites connaître votre volonté à l'instructeur, vous faites une confession complète de votre foi et de votre propre bouche. » - (Arnobius (rhétoricien qui écrivit au cours de la dernière partie du troisième siècle).

« Dans l’Eglise primitive, l’instruction précédait le baptême, selon l’ordre de Jésus-Christ : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisants… », etc. » -Saurin (protestant français 1677-1730).

« Dans les deux premiers siècles, on n’était capable de se déclarer croyant ; à cause de ces mots : « Celui qui croira et sera baptisé ». » - Salmasius (auteur français 1588-1653)

2. Notes historiques sur le baptême des petits enfants. « Le baptême des petits enfants dans les deux premiers siècles après Jésus-Christ était totalement inconnu. La coutume du baptême des petits enfants ne commença pas avant le troisième siècle après la naissance du Christ. Dans les premiers siècles, il n'en apparaît aucune trace; et il fut introduit sans le commandement du Christ. » - Curcellaeus.

« Il est certain que le Christ n'ordonna pas le baptême des petits enfants... Nous ne pouvons pas prouver que les apôtres ordonnèrent le baptême des petits enfants. Des passages mentionnant le baptême de toute une famille (comme dans les Actes 16: 33; 1 Cor. 1: 16) nous ne pouvons pas tirer une telle conclusion, car il reste encore à savoir s'il y avait, dans cette famille, des enfants d'un âge où ils n'étaient pas capables de recevoir le christianisme intelligemment; car tel est le seul point sur lequel l'argument repose... Comme le baptême était intimement uni à une initiation consciente dans la communion chrétienne, la foi et le baptême étaient toujours liés l'un à l'autre; et ainsi, il est extrêmement probable que le baptême ait seulement été administré dans les deux cas où les deux se rencontraient et que la pratique du baptême des petits enfants ait été inconnue à cette période (apostolique)... Que, jusqu'à la période tardive d'Irénée (au moins pas avant) aucune trace de baptême de petits enfants n'apparaît; et le fait qu'il ne fut reconnu pour la première fois comme tradition apostolique, qu'au cours du troisième siècle, est une preuve plutôt contre que pour l'admission de son origine apostolique. » -Jean Neander (théologien allemand, qui vécut dans la première moitié de ce siècle).

« Par conséquent, qu'ils viennent lorsqu'il sont en âge - lorsqu'ils peuvent comprendre - lorsqu'on leur a enseigné où ils doivent venir. Qu'ils deviennent chrétiens lorsqu'ils peuvent connaître Christ - Tertullien (un des «pères chrétiens» latins, qui vécut (le 150 à 220 ap. J-C.). L'opposition presque violente de Tertullien a la pratique du pédobaptême est citée par Neander comme « une preuve qu'alors elle n'était pas habituellement considérée comme une ordonnance apostolique, car, en ce cas, il ne se serait pas aventuré à parler si fortement contre elle. »

Martin Luther, qui écrivit au commencement du seizième siècle, déclara: « On ne peut pas prouver par les Ecritures sacrées que le baptême des enfants fut institué par le Christ, ou commença avec les premiers chrétiens après les apôtres ».

« Par tekna, l'apôtre entend, non pas les petits enfants, mais la postérité, signification dans laquelle le mot apparaît en de nombreux endroits du Nouveau Testament (voyez entre autres Jean 8: 39) d'où il apparaît que l'argument qui est communément tiré de ce passage, en faveur du baptême des petits enfants, n'a aucune force et ne sert à rien. » - Limborch (natif de Hollande et théologien réputé vécut de 1633 à 1712).
 

 

 

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