CHAPITRE 5 : LA FOI ET LA REPENTANCE
ARTICLE 4. - Nous croyons que les premiers principes et ordonnances de
l'évangile sont: 1) La foi au Seigneur Jésus-Christ; 2) La repentance...
LA FOI
La nature de la foi. - Le sens prédominant dans lequel le terme foi est
employé dans toutes les Ecritures est celui d'une confiance et d'une
fidélité totales envers l'être, les buts et les paroles de Dieu. Une telle
confiance ' si elle est implicite, enlève tout doute à l'égard de ce que
Dieu accomplit ou promet, même si ces choses ne sont pas apparentes aux
sens ordinaires des mortels ni explicables par eux. De là cette définition
de la foi donnée par Paul: e Or la foi est une ferme assurance des choses
qu'on ne voit pas ». [1] Il est clair qu'un tel sentiment de confiance
peut varier en degré selon les personnes. En effet, la foi peut se
manifester depuis la première phase qui n'est guère plus qu'une faible
croyance, à peine exempte d'hésitation et de crainte, jusqu'à la force de
la confiance inébranlable, qui défie le doute et les sophismes.
Croyance, foi et connaissance. - Les termes foi et croyance sont parfois
considérés comme synonymes ; néanmoins, chacun d'eux a un sens bien
spécial dans notre langue, quoique l'on n'ait fait, autrefois, que peu de
distinction entre eux ; c'est pourquoi les deux termes sont employés
interchangeablement dans beaucoup de passages scripturaux. La croyance,
dans un de ses sens reconnus, peut consister en un simple assentiment
intellectuel, tandis que la foi implique le genre de confiance et de
conviction qui poussent à l'action. La croyance est un assentiment mental
à la véracité ou à la réalité d'une chose, cependant elle exclut, dans ce
type d'assentiment, l'élément moral de responsabilité qui est inclus dans
la foi. La croyance est, dans un sens, passive, un accord ou une
acceptation seulement. La foi est active et positive, comprenant
l'assurance et la confiance qui mènent aux oeuvres. La foi au Christ est
la croyance en lui combinée à une confiance totale en lui. On rie peut pas
avoir la foi sans la croyance ; cependant on peut croire et malgré tout
manquer de foi. La foi est une croyance vivifiée, animée, vivante.
Il existe certainement une grande différence de degré entre les deux, même
si l'on n'admet pas une distinction essentielle en espèce. Comme nous
allons maintenant le démontrer, la foi en la Divinité est essentielle au
salut ; c'est, en vérité, un pouvoir sauveur qui mène celui qui le possède
dans les sentiers de la sainteté, tandis que la simple croyance en
l'existence et aux attributs de la Divinité ne possède pas ce même
pouvoir. Notez les paroles de Jacques, [2] dans son épître générale aux
saints où il réprimande ses frères pour certaines professions creuses. En
substance, il dit: Vous vous complaisez avec orgueil à proclamer votre
croyance en Dieu, vous vous vantez de ce que vous vous distinguez des
idolâtres et des païens parce que vous acceptez un seul Dieu ; vous faites
bien de le proclamer et de le croire ; mais, souvenez-vous-en, d'autres
font de même ; même les démons croient ; et si fermement qu'ils tremblent
à la pensée du sort que leur croyance leur fait voir clairement. Satan et
ses disciples croient au Christ ; et leur croyance se monte à une
connaissance de ce qu'il est, de ce qui constitue son rôle passé, présent
et futur dans le plan divin de l'existence et du salut des hommes.
Rappelez-vous le cas de l'homme possédé par des mauvais esprits, dans le
pays des Gadaréniens, homme si cruellement tourmenté qu'il était la
terreur de tous ceux qui l'approchaient. On ne pouvait ni le dompter ni le
lier ; les gens avaient peur de s'approcher de lui. Cependant, lorsqu'il
vit le Christ il courut l'adorer, et l'esprit pervers qui était en lui
implora la miséricorde de ce Juste, l'appelant « Jésus, Fils du Dieu
Très-Haut ».[3] Une autre fois, dans la synagogue de Jérusalem, un esprit
impur implora Jésus de ne pas employer son pouvoir, lui disant, dans son
angoisse: « Je sais qui tu es: le Saint de Dieu ». [4] Une autre fois,
Jésus était suivi d'une foule composée de gens d'Idumée, de Jérusalem, de
Tyr et de Sidon ; il y en avait beaucoup parmi eux qui étaient possédés de
mauvais esprits, et ceux-ci, lorsqu'ils virent le Christ, se mirent à
genoux devant lui, s'écriant: « Tu es le Fils de Dieu ».[5] Y eut-il
jamais croyant mortel qui confessa plus franchement sa connaissance de
Dieu et du Fils de Dieu que le firent ces serviteurs de Satan ? Satan
connaît Dieu et le Christ ; il se souvient peut-être du rang qu'il
occupait jadis lui-même en tant que Fils du Matin ;[6] cependant, avec
toute cette connaissance, il est toujours Satan. Ni la croyance, ni la
connaissance réelle, qui lui est supérieure, ne suffisent pour sauver ;
car aucune n'est la foi. Si la croyance est le fruit de l'esprit, la foi
est le fruit du cœur ; la croyance est fondée sur la raison, et la foi, en
grande partie, sur l'intuition.
Nous entendons souvent dire que la foi est une connaissance imparfaite ;
que la première disparaît lorsque la seconde prend sa place ; que
maintenant nous marchons par la foi, mais qu'un jour nous marcherons à la
lumière sure de la connaissance.
Dans un sens cela est vrai ; cependant il faut se rappeler que la
connaissance peut être aussi morte et improductive en bonnes oeuvres que
la croyance sans foi. Ces confessions des démons, que le Christ était le
Fils de Dieu, étaient basées sur la connaissance ; cependant cette grande
vérité qu'il connaissaient, ne changea pas leur mauvaise nature. Quelle
différence entre leur témoignage du Sauveur de celui de Pierre qui, à la
question du Maître: « Qui dites-vous que je suis ? » répliqua en se
servant pratiquement des mots employés par les esprits impurs, que nous
avons cités plus haut: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».[7] La
foi de Pierre avait déjà montré son pouvoir vivifiant ; elle l'avait fait
quitter beaucoup de ce qui lui avait été cher, suivre son Seigneur au
milieu des persécutions et des souffrances, et délaisser les attraits de
la mondanité avec ses fascinations pour la piété pleine de sacrifice que
sa foi rendait tellement désirable. La connaissance qu'il avait que Dieu
était le Père et que le Fils était le Rédempteur, n'était peut-être pas
plus grande que celle des esprits impurs ; mais, tandis que pour eux cette
connaissance ne faisait qu'ajouter à leur condamnation, pour lui elle
était un moyen de salut.
La simple possession de la connaissance ne donne aucune assurance qu'il en
résultera un bénéfice quelconque. On raconte qu'au cours d'une épidémie de
choléra dans une grande ville, un savant prouva, à sa propre satisfaction,
par des tests chimiques et microscopiques, que l'eau de distribution était
infectée, et que c'était elle qui répandait la contagion. Il proclama le
fait dans toute la ville et mit tout le monde en garde contre l'emploi
d'eau non bouillie. Beaucoup de gens, bien qu'incapables de comprendre ses
méthodes de recherche, et encore moins de répéter ses expériences
eux-mêmes, eurent foi en ses paroles d'avertissement, suivirent ses
instructions, et échappèrent à la mort, à laquelle succombèrent leurs
concitoyens insouciants et incrédules. Leur foi était une foi salvatrice.
Pour le savant lui-même, cette vérité, qui avait sauvé tant de vies était
une affaire de connaissance. Il avait réellement perçu, sous le
microscope, l'existence de germes mortels dans l'eau ; il avait prouvé
leur virulence ; il savait de quoi il parlait. Néanmoins, dans un moment
d'oubli, il but de l'eau qui n'avait pas été stérilisée ; il mourut peu
après, victime de l'épidémie. Sa connaissance ne le sauva pas, aussi
convaincante qu'elle fût, cependant d'autres, qui ne s'appuyaient que sur
leur confiance ou leur foi en la vérité qu'il avait déclarée, échappèrent
à la destruction qui les menaçait. Il avait la connaissance, mais était-il
sage ? La connaissance est à la sagesse ce que la croyance est à la foi,
l'une un principe abstrait, l’autre une application vivante. Ce n'est pas
la possession seulement, mais bien le bon emploi de la connaissance qui
constitue la sagesse.
La fondation de la foi. - Fondamentalement, et dans le sens théologique,
nous considérons la foi comme une confiance vivante et inspirante en Dieu
et le fait d'accepter sa volonté comme notre loi et sa parole comme guide
de notre vie. La foi en Dieu est possible seulement lorsque nous apprenons
qu'il existe et en outre qu'il est un Etre dont la personnalité et les
attributs sont dignes.
C'est sur une telle connaissance de l'existence de Dieu, de la dignité de
sa nature et de la perfection de ses attributs, que se fonde la foi de
l'homme en l'Etre suprême. La foi en Dieu ne peut exister en l'absence de
toute connaissance à son sujet. Cependant, même les païens enténébrés
jouissent de certains fruits de la foi, car ils ont au moins la conviction
innée qui provient de l'intuition naturelle de l'homme qu'il existe un
pouvoir suprême. Dans chaque âme humaine, même dans celle du sauvage, se
trouve une base pour la foi, quelque réduite et imparfaite que les
ténèbres de l'hérédité ou du péché volontaire l'aient rendue. La foi du
païen peut être faible et imparfaite, car ses capacités de reconnaître les
preuves sur lesquelles repose la croyance en Dieu peuvent être bien
limitées. Bien que les premiers élans de foi vers Dieu puissent être
l'effet d'une intuition naturelle, le développement ultérieur de cette foi
sera, en grande partie, le résultat d'un examen et d'une recherche de la
vérité, effectués avec impartialité et dans l'esprit de prière.
La vraie foi jaillira de preuves dignes de confiance correctement
interprétées ; les faux raisonnements ne peuvent engendrer qu'une foi
déformée et mal placée. Nos conclusions au sujet de toute question
examinée seront influencées, dans une grande mesure, par le nombre et la
crédibilité des témoins, ou par le poids des preuves lorsque nous nous
livrons nous-mêmes à l'enquête. Aussi improbable qu'une déclaration puisse
nous paraître, si des témoins, en qui nous avons confiance, en affirment
la véracité, nous sommes enclins à l'admettre comme vraie, du moins
provisoirement. Si de nombreux témoins dignes de foi apportent leur
témoignage, et si, de plus, des preuves collatérales apparaissent, nous
pouvons considérer le fait déclaré comme prouvé. Néanmoins, nous serons
toujours incapables d'affirmer la véracité du fait en question par
expérience personnelle jusqu'à ce que nous ayons vu de nos propres yeux et
entendu de nos propres oreilles, jusqu'à ce que, en fait, chacun de nous
soit devenu un témoin digne de foi par son observation personnelle.
Illustrons: Relativement peu de citoyens de ce pays (les Etats-Unis, N. d.
T.) ont visité le siège du gouvernement. Les masses ne connaissent rien du
Capitole, ni de la Maison Blanche, ni des immeubles d'importance et
d'intérêt national, de par leur observation personnelle. Très peu de gens
ont rencontré personnellement le Président des Etats-Unis, qui y réside.
Comment tous ceux qui n'ont rien vu de tout cela connaissent-ils la ville
de Washington, le Capitole et le Président ? Par le témoignage des autres.
Ils peuvent avoir, parmi leurs connaissances, des gens qui se sont rendus
à Washington et dont ils acceptent les déclarations comme vraies. Ils ont
certainement écouté ou lu les descriptions de ceux qui y sont allés
eux-mêmes. Alors ils apprennent que des lois y sont créées et que des
décrets sont émis du siège de la nation. Leurs études à l'école, les
cartes géographiques et les livres qu'ils ont employés et beaucoup
d'autres incidents ajoutent aux preuves, qui deviennent bientôt décisives.
Leurs déductions se multiplient, et se développent en une conviction
positive. Ils acquièrent la foi en l'existence d'un centre de gouvernement
national et le respect envers les lois qui en émanent.
Prenons une autre illustration: Les astronomes nous disent que la terre
appartient, avec certaines étoiles, à un certain ordre ; qu'elle est l'une
d'une famille de planètes qui tournent autour du soleil en orbites
concentriques ; et que quelques-unes de ces planètes ont de nombreuses
fois la dimension de notre globe. Nous pouvons ne pas être versés dans les
méthodes de calcul et d'observation de l'astronomie et nous pouvons, par
conséquent, être incapables de vérifier, par nos propres moyens, la
véracité de ces déclarations. Mais nous trouvons une telle masse de
preuves, résultats des témoignages concordants de ceux dont les
connaissances et les talents scientifiques nous inspirent confiance, que
nous acceptons leurs conclusions comme prouvées.
De même, au sujet de l'existence, de l'autorité et des attributs de Dieu,
les témoignages d'un grand nombre d'hommes saints dans les temps anciens
et modernes de prophètes dont la crédibilité est établie par
l'accomplissement de leurs prédictions - nous sont parvenus, déclarant à
l'unisson ces vérités solennelles, et la nature fournit, de toutes parts,
un témoignage concordant. Rejeter une telle évidence sans la réfuter,
c'est, ignorer les méthodes les plus approuvées d'examen et de recherche
connues de l'homme. Le développement de la foi à partir de l'évidence est
illustrée par ce qui se passa lors d'une certaine fête de Pentecôte, au
cours de laquelle des milliers de Juifs, imbus de l'opinion préconçue que
Jésus était un imposteur, entendirent le témoignage des apôtres et furent
témoins des signes qui accompagnèrent ce témoignage. Trois mille d'entre
eux furent convaincus de la vérité et devinrent disciples du Fils de Dieu,
leur préjugé faisant place à la croyance, et la croyance se transformant
en foi, avec les oeuvres qui l'accompagnent. [8] La fondation de la foi en
Dieu est donc une croyance sincère en lui ou une connaissance de sa
personne, croyance ou connaissance reposant sur les preuves et le
témoignage.
La Foi est un principe de pouvoir. - Au sens large, la foi - l'assurance
de choses que nous espérons et la démonstration de choses que nos sens ne
peuvent discerner - est le principe moteur qui pousse les hommes aux
résolutions et aux actes. Sans l'exercice de la foi, nous ne ferions aucun
effort dont les résultats seraient futurs ; sans la foi qu'il récoltera en
automne, l'homme ne planterait pas au printemps ; il n'essayerait pas non
plus de bâtir s'il n'avait pas confiance qu'il terminerait le bâtiment et
jouirait de son usage, si l'étudiant n'avait pas la foi qu'il lui serait
possible de poursuivre ses études avec succès, il ne suivrait pas ses
cours. La foi devient ainsi pour nous la fondation de l'espérance, d'où
jaillissent nos aspirations, nos ambitions, et notre confiance en
l'avenir. Enlevez la foi. de l'homme en la possibilité de tout succès
désiré et vous le privez de ce qui le pousse à l'effort. Il n'étendrait
pas la main pour saisir s'il ne croyait pas. en la possibilité de se
procurer la chose vers laquelle il tend la main. Ce principe devient donc
la force motrice qui détermine les hommes à lutter pour exceller, et à
supporter souvent des vicissitudes et des souffrances pour parvenir à leur
but. La foi est le secret de l'ambition, l'âme de l'héroïsme, le pouvoir
moteur de l'effort.
L'exercice de la foi est agréable à Dieu, et c'est par cela que l'on peut
obtenir son interposition. C'est par la foi que les Israélites, au cours
de leur exode d'Egypte, suivirent leur chef sur le lit de la mer Rouge ;
et par l'action protectrice de Dieu que cette foi attirait, ils furent
sauvés, tandis que les Egyptiens rencontraient la destruction en essayant
de les suivre.[9] Avec une confiance pleine et entière dans les
instructions et les promesses de Dieu, Josué et ses intrépides soldats
mirent le siège devant Jéricho ; et les murs de cette ville pécheresse
tombèrent devant la foi des assiégeants, sans l'usage de béliers ou
d'autres engins de guerre.[10] Par le même pouvoir, Josué reçut l'aide des
luminaires du ciel tandis qu'il travaillait à sa victoire contre les
Amorites.[11] Paul nous cite également[12] les exemples de Gidéon,[13] de
Barak,[14] de Samson, [15] de Jephthé, [16] de David, [17] de Samuel, [18]
et des prophètes « qui, par la foi, vainquirent des royaumes, exercèrent
la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions,
éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l'épée;
guérirent de leurs maladies ». C'est par la foi qu'Alma et Amulek furent
délivrés de leur captivité lorsque les murs de leur prison
s'écroulèrent[19] C'est par la foi que Néphi et Léhi,[20] fils d'Hélaman,
furent protégés de leurs ennemis lamanites par le feu, au milieu duquel
ils furent préservés sans la moindre brûlure ; et un plus grand miracle
encore s'accomplit dans le cœur de leurs persécuteurs, car ceux-ci
reçurent la lumière et se repentirent. Sous l'action de la foi, les vagues
mêmes de la mer peuvent être domptées; [21] les arbres sont soumis à la
voix de celui qui commande par la foi ;[22] les montagnes peuvent être
déplacées pour l'accomplissement de buts justes ; [23] les malades peuvent
être guéris ;[24] les mauvais esprits chassés ;[25] et les morts ramenés à
la vie. [26] Tout s'accomplit par la foi. [27]
On peut objecter que la foi, en elle-même, n'est pas une source de pouvoir
; que son effet est dû à l'intervention extérieure de l'aide divine, à
laquelle la foi fait simplement appel. Et le sceptique peut ajouter qu'un
Dieu omniscient, bon et aimant, agirait indépendamment et donnerait sans
attendre l'appel de la foi et de la prière. On trouve une réponse
suffisante dans les preuves abondantes fournies par les Ecritures, que le
Tout-Puissant agit en conformité avec la loi, et qu'il est contraire à sa
nature d'agir arbitrairement et avec caprice. De quelque manière que les
lois des cieux aient été formulées, l'application de leurs mesures
bienfaisantes à l'humanité dépend de la foi et de l'obéissance des
mortels.
Considérez la défaite d'Israël par les hommes d'Aï ; une loi de justice
avait été violée, et des choses qui étaient maudites avaient été
introduites dans le camp du peuple de l'alliance. Cette transgression
interposa de la résistance au courant de l'aide divine et le pouvoir ne
fut rendu au peuple que quand il se fut sanctifié. [28] De plus, le Christ
était influencé et, dans une certaine mesure, contrôlé dans ses miracles
parmi les hommes par la foi ou le manque de foi du peuple. Cette
bénédiction bien connue: « Ta foi t'a guéri », par laquelle il annonçait
l'intervention salutaire, est une preuve de ce fait. Nous apprenons aussi
qu'à une certaine occasion, dans son propre pays, il ne put pas accomplir
d’œuvre puissante, en étant empêché par l'incrédulité du peuple. [29]
Une condition d'une foi efficace. - Une condition essentielle à l'exercice
d'une foi vivante, croissante et fortifiante en la Divinité est la
conscience que possède l'homme qu'au moins il s'efforce de vivre
conformément aux lois de Dieu, telles qu'il les a apprises. Le fait de
savoir qu'il pèche volontairement et gratuitement contre la vérité le
privera de la sincérité dans la prière et la foi et l'éloignera de son
Père. Il doit sentir que la direction générale de sa vie est acceptable,
et que, compte tenu des faiblesses humaines et de la fragilité des
mortels, il jouit, dans une certaine mesure, de l'approbation du Seigneur
; sinon il lui est impossible de supplier le trône de grâce avec
confiance. La conscience de l'effort sincère vers la sainteté est une
puissance en elle-même qui fortifie celui qui la possède au milieu des
sacrifices et des persécutions, et qui le soutient dans toutes ses bonnes
oeuvres. C'est cette assurance que la communion était assurée entre Dieu
et eux qui permit aux saints d'autrefois de persévérer comme ils le
firent, bien que leurs souffrances fussent extrêmes. Nous lisons, à leur
sujet, que certains « furent livrés aux tourments, et n'acceptèrent point
de délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection ; d'autres
subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; ils furent
lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l'épée, ils allèrent ça
et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout,
persécutés, maltraités - eux dont le monde n'était pas digne - errant dans
les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la
terre ».[30] Aujourd'hui comme autrefois, les saints ont été soutenus dans
toutes leurs souffrances par la connaissance sûre qu'ils étaient approuvés
de Dieu ; et la foi des justes a toujours grandi à cause du fait qu'ils
étaient conscients de la sincérité et de la dévotion de leurs efforts.
La foi, essentielle au salut. - Etant donné que le salut ne peut s'obtenir
que par la médiation et l'expiation du Christ, et que cela ne s'applique
au péché individuel que dans la mesure où il y a obéissance aux lois de la
justice, il s'ensuit que la foi en Jésus-Christ est essentielle au salut.
Mais personne ne peut vraiment croire en Jésus-Christ et, en même temps,
douter de l'existence, ou du Père, ou du Saint-Esprit ; c'est pourquoi, la
foi en la Divinité tout entière est essentielle au salut. Paul déclare que
sans la foi il est impossible d'être agréable à Dieu « car il faut que
celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe et qu'il est le
rémunérateur de ceux qui le cherchent » [31] Les Ecritures abondent en
assurances que ceux qui font preuve de foi envers Dieu et qui se
conforment aux exigences que cette foi rend claires, seront sauvés. Les
paroles du Christ à ce sujet sont définitives: « Celui qui croira et sera
baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » [32] Et
encore: « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle celui qui ne croit
pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui
».[33] Après sa mort, ses apôtres enseignèrent des doctrines similaires
tous les jours de leur ministère.[34] Un résultat naturel de la foi
implicite en la Divinité sera la confiance croissante dans les Ecritures
qui contiennent la parole de Dieu et dans les paroles et les oeuvres de
ses serviteurs autorisés qui sont ses oracles vivants.
La Foi, un don de Dieu. - Bien qu'étant à la portée de tous ceux qui
s'efforcent diligemment de l'acquérir, la foi est néanmoins un don
divin.[35]Comme il convient à une perle si précieuse, elle n'est donnée
qu'à ceux qui montrent, par leur sincérité, qu'ils en sont dignes et qui
promettent de se conformer à ses inspirations. Bien que la foi soit
appelée principe de l'évangile du Christ, bien qu'elle soit, en réalité,
le fondement de la vie religieuse, cependant même la foi est précédée par
la sincérité des intentions et par l'humilité de l'âme, grâce auxquelles
la parole de Dieu peut faire impression sur le cœur.[36] Aucune coercition
n'est employée pour amener les hommes à la connaissance de Dieu ;
cependant, aussitôt que nous ouvrons notre cœur à l'influence de la
droiture, la foi qui mène à la vie éternelle nous est donnée par notre
Père.
La Foi et les Oeuvres. - La foi dans un sens passif, ou la simple
croyance, dans le sens plus superficiel du terme, est inefficace comme
moyen de salut. Cette vérité fut exposée clairement par le Christ et ses
apôtres et il se peut que la vigueur avec laquelle elle fut déclarée
indique qu'une doctrine extrêmement pernicieuse naquit très tôt celle de
la justification par la croyance seule. Le Sauveur enseigna que les
oeuvres étaient essentielles à la validité de la profession de la foi et à
son efficacité. Notez bien ses paroles: « Ceux qui me disent: Seigneur!
Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là
seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ».[37]
Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et
celui qui m'aime, sera aimé de mon Père ; je l'aimerai, et je me ferai
connaître à lui ».[38] L'exposé suivant, de Jacques, est particulièrement
explicite: « Mes frères, que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi,
s'il n'a pas les oeuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une
sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l'un
d'entre vous leur dise: Allez en paix ! Chauffez-vous et vous rassasiez,
et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi
cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi: si elle n'a pas les oeuvres,
elle est morte en elle-même. Mais quelqu'un dira: Toi, tu as la foi et moi
j'ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres et moi je te
montrerai ma foi par mes oeuvres ».[39] Et on peut ajouter à cela les
paroles de Jean: « Si nous gardons ses commandements, par là nous savons
que nous l'avons connu. Celui qui dit: Je l'ai connu, et qui ne garde pas
ses commandements est un menteur, et la vérité n'est point en lui. Mais
celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu est véritablement parfait en
lui: par là nous savons que nous sommes en lui ».[40]
On peut ajouter à ces enseignements beaucoup de paroles inspirées
extraites des Ecritures néphites[41] et des révélations modernes,[42]
affirmant toutes la nécessité des oeuvres, et niant l'efficacité
salvatrice de la croyance passive. Cependant en dépit de la clarté de la
parole de Dieu, les hommes ont érigé en dogme l'idée que le salut peut
s'obtenir par la foi seule, et qu'une profession de foi verbale ouvre les
portes du ciel au pécheur.[43] Les Ecritures citées et le sens, de la
justice inhérent à l'homme suffisent à réfuter ces fausses assertions.
[44]
LA REPENTANCE
La nature de la repentance. - Le terme repentance est employé dans les
Ecritures dans plusieurs sens différents, mais, étant donné qu'il
représente le devoir requis de tous ceux qui veulent obtenir le pardon de
leurs transgressions, il indique un chagrin pieux pour le péché commis,
qui produit une réforme de la vie[45] et comprend: 1) la conviction de la
culpabilité ; 2) le désir de se libérer des conséquences désastreuses du
péché ; et 3) la détermination sincère de délaisser le péché et de faire
le bien. La repentance est la conséquence de la contrition de l'âme, qui
jaillit d'un sens profond d'humilité, et celle-ci, à son tour, provient de
l'exercice d'une foi durable en Dieu. C'est pourquoi la repentance occupe,
à juste raison, le rang de deuxième principe de l'évangile, suivant
immédiatement la foi à laquelle elle est étroitement associée. Aussitôt
que quelqu'un reconnaît l'existence et le pouvoir de Dieu, il éprouve du
respect pour les lois divines et est convaincu de sa propre indignité. Son
désir de plaire au Père qu'il a si longtemps ignoré, le poussera à
délaisser le péché. Et cette impulsion se fortifiera du désir naturel et
louable du pécheur de faire réparation, si possible, et d'écarter ainsi,
les résultats désastreux de ses égarements. Avec le zèle inspiré par sa
conviction toute fraîche, il aspirera à l'occasion de prouver par ses
bonnes oeuvres, la sincérité de sa nouvelle foi ; et il considérera la
rémission de ses péchés comme la plus désirable des bénédictions. Il
apprendra alors que ce don de miséricorde n'est accordé qu'à certaines
conditions déterminées. [46] Dans le premier pas vers l'état béni du
pardon, le pécheur confesse ses péchés ; dans le deuxième, il pardonne à
ceux qui ont péché contre lui ; et dans le troisième, il montre qu'il
accepte le sacrifice expiatoire du Christ, en se conformant aux
commandements divins.
1. La confession des péchés est essentielle, car sans elle, la repentance
est incomplète. Jean nous dit: « Si nous disons que nous n'avons pas de
péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est point en nous. Si
nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les
pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité ». [47] Nous lisons
aussi: « Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, mais celui
qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde ». [48] Et aux saints de
cette dispensation, le Seigneur a dit: « En vérité, je vous dis que moi,
le Seigneur, je pardonne les péchés de ceux qui les confessent devant moi,
et en demandent le pardon, et qui n'ont pas commis de péché entraînant la
mort ».[49] Et ces paroles du Seigneur montrent bien que cet acte de
confession est inclus dans la repentance: « Et c'est ainsi que vous pouvez
savoir si un homme se repent de ses péchés - voici, il les confessera et
les délaissera ». [50]
2. Le pécheur doit être prêt à pardonner aux autres, s'il espère obtenir
le pardon. La repentance d'un homme n'est que superficielle si son cœur
n'est pas adouci au point de tolérer les faiblesses de ses semblables. En
enseignant à ceux qui l'écoutaient comment prier, le Sauveur leur
recommanda de demander au Père: « Pardonne-nous nos offenses, comme nous
aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».[51] Il ne leur donna
aucune assurance de pardon, si, dans leur cœur, ils ne se pardonnaient pas
les uns aux autres: « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre
Père Céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux
hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses ».[52] Le
pardon de l'homme, pour être acceptable aux yeux du Seigneur, doit être
sans limites. Répondant à la question de Pierre: « Seigneur, combien de
fois pardonnerai-je à mon frère lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce
jusqu'à sept fois ? » Jésus lui dit: « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois,
mais jusqu'à septante fois sept fois ». Une autre fois, voici comment il
enseigna ses disciples: « Si ton frère a péché, reprends-le ; et, s'il se
repent, pardonne-lui. Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour,
et que, sept fois il revienne à toi, disant : «Je me repens - tu lui
pardonneras ». [53]
Illustrant davantage l'intention divine de mesurer les hommes avec la
mesure dont ils se servent pour leurs semblables, [54] le Sauveur raconta
la parabole du roi à qui l'un de ses sujets devait une forte somme
d'argent, dix mille talents ; mais lorsque son débiteur s'humilia devant
lui et implora sa miséricorde, le cœur compatissant du roi fut ému et il
remit la dette à son serviteur. Mais ce même serviteur, sortant de la
présence du roi, rencontra l'un de ses compagnons qui lui devait une
petite somme et, oubliant la miséricorde qui lui avait été faite si
récemment, il saisit son compagnon et le fit jeter en prison jusqu'à ce
qu'il eût payé sa dette. Alors le roi, ayant appris cela, fit appeler le
méchant serviteur, et, le dénonçant pour son manque de gratitude et de
considération, il le livra au bourreau. [55] Le Seigneur n'a pas promis
d'écouter les, demandes ni d'accepter les offrandes de celui dont le cœur
est rempli d'amertume envers autrui: « Va d'abord te réconcilier avec ton
frère ; puis, viens présenter ton offrande».[56] Dans sa parole révélée
aux saints de cette époque, le Seigneur a insisté particulièrement sur
cette condition nécessaire: « C'est pourquoi je vous dis que vous devez
vous pardonner les uns aux autres ; car celui qui ne pardonne pas à son
frère ses offenses est condamné devant le Seigneur ; car c’est en lui que
reste le plus grand péché » ; [57] et pour enlever tout doute quant aux
personnes à qui il convient que les hommes pardonnent, il est ajouté: «
Moi, le Seigneur, je pardonnerai à qui je veux pardonner, mais de vous il
est requis de pardonner à tous les hommes ».
3. La confiance dans le sacrifice expiatoire du Christ constitue la
troisième condition essentielle pour obtenir la rémission des péchés. Le
nom de Jésus-Christ est le seul nom sous les cieux par lequel les hommes
peuvent être sauvés[58] et il nous est enseigné d'offrir nos prières au
Père au nom du Fils. Adam reçut cette instruction de la bouche d'un
ange,[59] et le Sauveur, en personne, adressa la même recommandation aux
Néphites.[60] Mais personne ne peut véritablement faire profession de foi
au Christ et refuser d'obéir à ses commandements ; c'est pourquoi
l'obéissance est essentielle à la rémission des péchés, et le pécheur
vraiment repentant cherchera avec empressement à apprendre ce qui est
requis de lui.
La repentance, pour mériter son nom, doit comprendre quelque chose de plus
que le simple fait de reconnaître ses erreurs ; elle ne consiste pas en
lamentations, ni en confessions verbeuses, mais dans l'aveu, fait du fond
du cœur, de la culpabilité, aveu qui entraîne l'horreur du péché et la
résolution bien déterminée de réparer les erreurs du passé et de faire
mieux à l'avenir. Si pareille conviction est sincère, elle se caractérise
par cette « tristesse selon Dieu » qui, selon Paul, « produit une
repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du
monde produit la mort ».[61] L'apôtre Orson Pratt a dit très sagement: «
Il ne servirait à rien à un pécheur de confesser ses péchés à Dieu s'il
n'était pas déterminé à y renoncer ; il ne lui serait d'aucun profit de
regretter le mal commis s'il n'avait pas l'intention de ne plus faire le
mal ; ce serait folie de confesser devant Dieu le tort causé à ses
semblables si on n'est pas déterminé à faire tout ce qu'on peut pour
réparer. La repentance n'est donc pas seulement une confession des péchés,
faite d'un cœur affligé et contrit, mais la détermination ferme et bien
arrêtée de s'abstenir de toutes les voies du mal ».
La repentance est essentielle au salut. - Cette preuve de sincérité, ce
commencement d'une vie meilleure, est exigé de tout candidat au salut.
Pour recevoir la miséricorde divine, la repentance est aussi indispensable
que la foi et doit être à la mesure des péchés commis. Où pouvons-nous
trouver un mortel sans péché ? C'est avec raison que le sage d'autrefois a
déclaré: « Non, il n'y a sur la terre point d'homme juste qui fasse le
bien et qui ne pèche jamais».[62] Qui donc n'a pas besoin de pardon, ou
qui est exempt des exigences de la repentance ? Dieu a promis le pardon à
ceux qui se repentent vraiment ; c'est ceux-là qui jouissent des bénéfices
du salut individuel, grâce à l'expiation du Christ. Esaïe exhorte ainsi à
la repentance, promettant avec assurance le pardon: « Cherchez l'Eternel
pendant qu'il se trouve, invoquez-le tandis qu'il est près ; que le
méchant abandonne sa voie et l'homme d'iniquité ses pensées ; qu'il
retourne à l'Eternel qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse
pas de pardonner ». [63]
La charge de tous les prédicateurs inspirés à tous les âges a été
d'appeler à la repentance. C'est dans ce sens que se fit entendre la voix
de Jean criant dans le désert: « Repentez-vous car le royaume des cieux
est proche ». [64]
Et le Sauveur suivit avec « Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle
>,[65] et « Si vous ne vous repentez, vous périrez tous ».[66] C'est ainsi
aussi que les apôtres d'autrefois proclamèrent que Dieu « annonce
maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir
».[67] Et, dans la dispensation actuelle, nous avons entendu cette parole:
« Et nous savons que tous les hommes doivent se repentir, croire au nom de
Jésus-Christ, adorer le Père en son nom et persévérer avec foi en son nom,
jusqu'à la fin, sinon ils ne pourront pas être sauvés dans le royaume de
Dieu » [68]
La repentance est un don de Dieu. - La repentance est un moyen de pardon ;
c'est donc un des grands dons de Dieu à l'homme. On ne la reçoit pas en la
demandant avec insouciance ; on ne la trouve pas le long du chemin ;
néanmoins elle est donnée avec une libéralité sans bornes à ceux qui ont
montré par leurs oeuvres qu'ils sont dignes de la recevoir. [69] En
d'autres termes, tous ceux qui se préparent à la repentance seront
conduits par l'influence adoucissante et mortifiante du Saint-Esprit à la
véritable possession de ce grand don. Lorsque Pierre fut accusé par ses
frères d'avoir violé la loi parce qu'il s'était associé à des Gentils, il
raconta à ses auditeurs les manifestations divines qu'il avait reçues si
récemment ; ils crurent et déclarèrent: « Dieu a donc accordé la
repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie ».[70] Paul
également, écrivant aux Romains, enseigne que la repentance vient par la
bonté de Dieu. [71]
La repentance n'est pas toujours possible. - Le don de repentance est
accordé aux hommes qui s'humilient devant le Seigneur ; c'est le
témoignage de l'Esprit à leur cœur. S'ils n'écoutent point « la voix >,
elle les quittera, car l'Esprit de Dieu ne luttera pas toujours avec
l'homme.[72] Plus le péché est volontaire, plus la repentance devient
difficile ; c'est par l'humilité et la contrition du cœur que les pécheurs
peuvent accroître leur foi en Dieu et obtenir ainsi de lui le don de
repentance. A mesure que l'on remet à plus tard le moment de la
repentance, la capacité de se repentir devient plus faible ; négliger les
occasions dans les choses saintes engendre l'incapacité. En donnant des
commandements à Joseph Smith, dans les premiers jours de l'Eglise
actuelle, le Seigneur dit: « Car moi, le Seigneur, je ne puis considérer
le péché avec le moindre degré d'indulgence ; néanmoins, celui qui se
repent et obéit aux commandements du Seigneur sera pardonné ; et à celui
qui ne se repent pas on ôtera même la lumière qu'il a reçue car mon Esprit
ne luttera pas toujours avec l'homme, dit le Seigneur des armées ». [73]
La repentance ici-bas et dans l'au-delà. - Alma, prophète néphite,
décrivit cette existence terrestre comme un état de probation accordé à
l'homme pour qu'il se repente ;[74] cependant les Ecritures nous
apprennent que la repentance peut s'obtenir à certaines conditions,
au-delà du voile de la mortalité. Entre le moment de sa mort et celui de
sa résurrection, le Christ « alla prêcher aux esprits en prison qui,
autrefois, avaient été, incrédules, lorsque la patience de Dieu se
prolongeait aux jours de Noé » ;[75] le Fils visita ces esprits et leur
prêcha l'évangile, « afin qu'ils pussent être jugés selon les hommes dans
la chair ; qui n'ont pas accepté le témoignage de Jésus dans la chair,
mais qui l'ont accepté ensuite ». [76]
Aucune âme n'est justifiée lorsqu'elle remet à plus tard ses efforts vers
la repentance à cause de cette assurance de longanimité et de miséricorde.
Nous ne connaissons pas entièrement les conditions dans lesquelles la
repentance pourra s'obtenir dans l'au-delà ; mais supposer que l'âme qui a
rejeté volontairement l'occasion de se repentir dans cette vie-ci pourra
facilement se repentir dans l'au-delà, est contraire à la raison. Différer
le jour de notre repentance c'est nous mettre délibérément au pouvoir de
l'adversaire. C'est ce qu'Amulek enseigna à la multitude et ce à quoi il
l'exhorta autrefois: « Car voici, cette vie est le moment où les hommes
doivent se préparer à rencontrer Dieu... pour cette raison, je vous
supplie de ne pas différer le jour de votre repentance jusqu'à la fin...
Vous ne pourrez pas dire quand vous en arriverez à cette crise terrible:
je veux me repentir, je veux retourner à mon Dieu. Non, vous ne pourrez
pas le dire: car ce même esprit qui possède votre corps au moment où vous
quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps
dans le monde éternel. Car voici, si vous avez différé le jour de votre
repentance, même jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à
l'esprit du diable et il vous scelle à lui comme siens ». [77]
* * * * * * *
[1] Héb. 11 :1.
[2] Voir Jaq. 2 :19 ; note 1, à la fin du chapitre.
[3] Marc 5: 1-18 ; aussi Matt. 8 . 28-34.
[4] Marc 1: 24.
[5] Marc 3: 8-11 voir Jesus the Christ, pp. 181, 310-312.
[6] Voir D&A 76 :25-27.
[7] Matt. 16: 15, 16 ; voir aussi Marc 8: 29 ; Luc 9: 20.
[8] Voir Actes, chap. 2.
[9] Voir Ex. 14: 22-29 ; Héb. 11: 29.
[10] Voir Jos. 6: 20 ; Héb. 11: 30.
[11] Voir Jos. 10 12.
[12] Voir Héb. 11 :32-34.
[13] Voir Juges 6: 11.
[14] Voir Juges 4: 6.
[15] Voir Juges 13: 24.
[16] Voir Juges 11: 1 ; 12 :7.
[17] Voir 1 Sam. 16:1, 13; 17:45.
[18] Voir 1 Sam. 1:20; 12:20.
[19] Voir Alma 14: 26-29 voir aussi Ether 12: 13.
[20] Voir Hélaman 5: 20-52 voir aussi Ether 12 14.
[21] Voir Matt. 8: 23-27 ; voir aussi Marc 4 36-41 Luc 8: 22-25 ; Matt.
14: 24-32 ; Marc 6: 47-51 Jean 6: 16-21.
[22]Voir Matt. 21: 17-22 ; voir aussi Marc 11: 12-14, 20-24 ; Luc 17: 6 ;
Jacob 4 6.
[23] Voir Matt. 17: 20 ; 21: 21 voir aussi Marc 11 23, 24 ; Ether 12 30
Jacob 4: 6.
[24] Voir Luc 13 : 11-13 ; 14: 2-4 ; 17 : 11-19 ; 22: 50, 51 voir aussi
Matt. 8 : 2, 3, 5-13, 14, 15, 16, etc.
[25] Voir Matt. 8: 28-32 17: 18 ; voir aussi Marc 1: 23-26, etc.
[26] Voir Luc 7 11-16 voir aussi Jean 11: 43-45 ; 1 Rois 17: 17-24 ; 3
Néphi 7: 19 ; 19 4 ; 26 15.
[27] Voir Matt. 17: 20 ; voir aussi Marc 9:23; Eph. 6:16; 1 Jean 5:4; D&A
35:8-11, etc.
[28] Voir Jos., chaps. 7, 8.
[29] Voir Matt. 13 :58 ; Marc 6: 5, 6.
[30] Héb. 11: 35-38.
[31] Héb. 11: 6.
[32] Marc 16: 16.
[33] Jean 3:36; voir aussi Jean 3 :15; 4:42 ; 5:24; 11 :25; Gal. 2-20; 1
Néphi 10:6, 17; 2 Néphi 25: 25 ; 26 8 ; Enos 1: 8 ; Mosiah 3: 17 ; Hélaman
5: 9 ; 3 Néphi 27: 19 ; D&A 45 :8.
[34] Voir Actes 2: 38 ; 10 * 42 ; 16: 31 ; Rom. 10: 9 ; Héb. 3:19; 11:6; 1
Pi. 1:9; 1 Jean 3:23; 5:14.
[35] Voir Matt. 16 :17 ; Jean 6: 44, 65 ; Eph. 2: 8 ; 1 Cor. 12: 9 ; Rom.
12: 3 ; Moroni 10: 11.
[36] Voir Rom. 10: 17.
[37] Matt. 7: 21.
[38] Jean 14: 21.
[39] Jaq. 2: 14-18.
[40] 1 Jean 2 :3-5.
[41] Voir 1 Néphi 15: 33 ; 2 Néphi 29: 11 ; Mosiah 5 :15 ; Alma 7 27 ; 9:
28 ; 37: 32-34 ; 41: 3-5.
[42] Voir D&A en entier.
[43] Voir notes 2 et 3, à la fin du chapitre ; aussi Vitality of
Mormonism, du même auteur, l'article « Knowing and Doing », p. 282.
[44] Voir Vitality of Mormonism, l'article « Obedience is Heaven's First
Law », p. 75.
[45] Voir Alma 36:6-21.
[46] Voir note 4, à la fin du chapitre.
[47] Jean 1: 8, 9 ; voir aussi Ps. 32: 5 ; 38: 18 ; Mosiah 26: 29, 30.
[48] Prov. 28 :13.
[49] D&A 64: 7.
[50] D&A 58: 43.
[51] Matt. 6: 12 voir aussi Luc 11: 4.
[52] Matt. 6: 14, 15 ; 3 Néphi 13 14, 15.
[53] Matt. 18: 22, 23 ; Luc 17 3, 4.
[54] Voir Matt. 7: 2 ; Marc 4: 24 Luc 6: 38.
[55] Voir Matt. 18 23-35 voir Jesus the Christ, pp. 392-395.
[56] Matt. 5: 23, 24 ; 3 Néphi 12 23, 24.
[57] D&A 64: 9, 10. f
[58] Voir P. de G. P., Moïse 6: 52.
[59] Voir P. de G. P., Moïse 5: 6-8.
[60] Voir 3 Néphi 27: 5-7.
[61] 2 Cor. 7: 10.
[62] Ecc. 7: 20 ; voir aussi Rom. 3: 10 ; 1 Jean 1: 8.
[63] Es. 55: 6, 7 ; voir aussi 2 Néphi 9: 24 ; Alma 5: 31-36, 49-56 ; 9:
12 ; D&A 1: 32, 33 ; 19: 4 ; 20: 29 ; 29: 44 ; 133: 16.
[64] Matt. 3: 2.
[65] Marc 1: 15.
[66] Luc 13: 3.
[67] Actes 17: 30.
[68] D&A 20: 29.
[69] Voir Matt. 3: 7, 8 ; Actes 26: 20.
[70] Actes 11: 18.
[71] Voir Rom. 2: 4 ; 2 Tim. 2: 25.
[72] Voir Gen. 6: 3 ; D&A 1: 33.
[73] D&A 1: 31-33 ; voir aussi Alma 45 :16; note 5, à la fin du chapitre.
[74] Alma 12:24; 34:32; 42:4.
[75] 1 Pi. 3 :19, 20.
[76] D&A 76: 73, 74 ; 1 Pi. 4: 6; voir Jesus the Christ, chap. 36.
[77] Alma 34 :32-35.
NOTES DU CHAPITRE 5
1. Emploi du terme foi. - « Dans le Nouveau Testament, le mot grec pistis
a été traduit « foi » 235 fois, et « croyance » une fois (2 Thess. 2: 13)
(texte anglais), mais il n'y a aucune raison apparente pour ne pas l'avoir
traduit «, foi » dans ce texte aussi. Nous n'avons aucun verbe (anglais)
pour foi, mais nous employons « croire » qui, par dérivation, signifie
vivre selon (Systematic Theology, par le Dr. Charles Hodge, vol. 3, pp.
42, 43). Dans notre langue, « croire » admet certainement des degrés
d'assurance depuis la plus légère perception de la vérité ou de l'erreur,
jusqu'à l'assurance la plus complète. Mais ce. n'est pas la façon dont il
est employé dans la Bible par les auteurs originaux. Dans leur
vocabulaire, la « croyance » est une pleine assurance et « croire » est
vivre en conséquence. Le mot grec est pisteuô, duquel nous avons pistis.
Il se rencontre au moins 211 fois et chaque fois il signifie avoir foi. Il
y a, cependant, un autre mot, peithomai, qui a été traduit « croire » dans
les Actes 17: 4 ; 27: 11 ; et 28: 24. Cela signifie « être persuadé » sans
avoir positivement accepté la « foi » (pistis). En cinq endroits pisteuô
(« croire ») pourrait bien être traduit par « être ferme ».
Mais le mot « foi » (pistis) a fréquemment une autre signification dans le
Nouveau Testament que « confiance », ou « assurance ». Il veut dire «
credo » ou plutôt l'évangile du Christ, par contraste avec la loi de Moïse
- la nouvelle dispensation qui prit la place de l'ancienne. (Voir Actes 6:
7 ; 13: 8 ; 14: 22, 27 ; Rom. 1:5; 3:27; 10:8; Gal. 1:23; 2:16, 20; 3:2,
5; Eph. 2: 8 ; 1 Tim. 1: 2 ; 4: 1 et beaucoup d'autres passages.) Dans
tous ceux-ci « foi » est presque synonyme d' « évangile ». Il est
fréquemment employé dans ce sens en anglais. De la confusion et des
discussions inutiles se sont élevées du fait que ce sens évident, quoique
secondaire, de « foi » n'a pas reçu l'attention qu'il fallait dans l'étude
des Ecritures. » - D'une note à l'auteur par l'Ancien J. M. Sjodahl.
2. Le dogme sectaire de la justification par la foi seule a exercé une
mauvaise influence. L'idée sur laquelle cette doctrine pernicieuse fut
fondée, fut d'abord associée avec celle d'une prédestination absolue, par
laquelle l'homme était prédestiné à la destruction, ou à un salut
immérité. Ainsi Luther enseigna ce qui suit: «L'excellente, infaillible et
seule préparation pour la grâce est l'élection et la prédestination
éternelle de Dieu. » « Depuis la chute de l'homme, le libre arbitre n'est
qu'une parole en l'air » . « Un homme qui s'imagine arriver à la grâce en
faisant tout ce dont il est capable, ajoute péché sur péché, et est
doublement coupable. » « L'homme qui accomplit beaucoup d’œuvres n'est pas
justifié, mais celui qui, sans oeuvres, a beaucoup de foi au Christ. »
(Pour ces doctrines et beaucoup d'autres de la soi-disant « Réforme »,
voir l'Histoire de la Réforme, par D'Aubigné, Volume 1, pp. 82, 83, 119,
122). Dans l'Histoire de l'Eglise, par Miller (Vol. 4, p. 514) nous
lisons: « Le point que le réformateur [Luther] avait le plus à cœur dans
tous ses ouvrages, dans toutes ses contestations, dans tous ses dangers,
était la justification par la foi seule. » Mélanchton rapporte la doctrine
de Luther dans ces mots: « La justification de l'homme devant Dieu procède
de la foi seule. Cette foi entre dans le cœur de l'homme par la grâce de
Dieu seule » ; et plus loin « Comme toutes choses qui ont lieu, ont
nécessairement lieu selon la prédestination divine, il n'y a rien qui
ressemble à la liberté dans nos volontés. » (D'Aubigné, Vol. 3, p. 340.)
Il est vrai que Luther dénonça et rejeta véhémentement la responsabilité
des excès que ces enseignements soulevèrent, mais il n'en proclama pas
moins cette doctrine avec vigueur. Notez ces paroles: « Moi, Docteur
Martin Luther, indigne héraut de l'évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ, confesse cet article que la foi seule, sans les oeuvres,
justifie devant Dieu ; et je déclare qu'il restera à jamais, en dépit de
l'Empereur des Romains, de l'Empereur des Turcs, de l'Empereur des Perses
- en dépit du pape et de tous les cardinaux, avec les évêques, les
prêtres, les moines et les nonnes - en dépit des rois, des princes, des
nobles, et en dépit du monde entier et des démons ; et que, s'ils
s'efforcent de combattre cette vérité, ils attireront les feux de l'enfer
sur leur tête. Ceci est le vrai et saint évangile et ma déclaration à moi,
Docteur Luther, selon les enseignements du Saint-Esprit. » (D'Aubigné,
Vol. 1, p. 70.) Il faut se souvenir, cependant, que Luther, et même les
champions les plus déterminés de la doctrine de la justification par la
foi, affirmèrent la nécessité de la sanctification aussi bien que de la
justification. Fletcher, End of Religious Controversy, p. 90, illustre
l'extrême vicieux auquel cette doctrine perverse conduisit en accusant un
de ses adhérents d'avoir dit: « Même l'adultère et le meurtre ne nuisent
pas aux enfants élus, mais travaillent plutôt pour leur bien. Dieu ne voit
pas de péché chez les croyants ; quel que soit le péché qu'ils
commettent... C'est l'erreur la plus pernicieuse, chez les instructeurs,
que de distinguer le péché selon le fait et non selon la personne. Quoique
je blâme ceux qui disent: Péchons pour que la grâce puisse abonder,
cependant l'adultère, l'inceste et le meurtre me rendront, après tout,
plus saint sur terre et plus heureux dans les cieux. »
Un sommaire de la controverse médiévale concernant les moyens de la grâce,
comprenant les doctrines de Luther et d'autres, est présenté dans les «
Outlines of Ecclesiastical History », par Roberts, troisième partie,
deuxième section, auquel nous renvoyons le chercheur. Les citations
données plus haut y sont incorporées.
3. La foi inclut les oeuvres. - En isolant certains passages de l'Ecriture
et en les considérant comme s'ils étaient complets en eux-mêmes, certains
lecteurs ont prétendu qu'il y avait de l'inconséquence sinon de la
contradiction. Paul a été représenté à tort comme un avocat de la foi sans
les oeuvres, et Jacques a été cité en opposition à lui. Comparez Rom. 4:
25 ; 9: 11 ; Gal. 2: 16; 2 Tim. 1: 9 ; Tite 3: 5, avec Jaq. 1: 22, 23 ; 2:
14-26. Paul spécifie que les formes et les cérémonies extérieures de la
loi de Moïse, qui avaient été supplantées par les exigences supérieures de
l'évangile, sont des oeuvres non-essentielles. Jacques dit que l'effort
positif et les actions effectives sont les oeuvres qui résultent de la
vraie foi en Dieu et en ses exigences. Mais, après tout, les différences
apparentes résident dans les mots et non dans l'esprit ou dans le fait. La
note suivante par l'Ancien J. M. Sjodahl, du Bureau de l'Historien de
l'Eglise, est instructive et à propos: « Si nous comprenons pleinement la
signification dans laquelle les auteurs des Ecritures emploient le mot «
foi », nous verrons qu'il n'y a pas de différence de sens entre la vraie
foi et les oeuvres de la foi. Dans la Bible, les deux termes signifient la
même chose. Jacques ne contredit pas Paul. Car « croire » c'est vivre
selon les lois de l'évangile. Les verbes credere et vivere sont synonymes,
puisque la foi sans les oeuvres est morte. C'est l'enseignement de
Jacques, et Paul n'enseigne certainement pas le salut au moyen de la foi
morte. »
4. Le pardon n'est pas toujours immédiat. A cause de l'importance des
péchés commis, la repentance n'est pas toujours suivie du pardon et de la
restauration. Par exemple, lorsque Pierre prêchait aux Juifs qui avaient
tué Jésus et pris son sang sur eux et sur leurs enfants, il ne dit pas:
Repentez-vous et soyez baptisés pour la rémission de vos péchés; mais: «
Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient
effacés, quand les temps de rafraîchissement viendront de la présence du
Seigneur ; et [quand] il enverra Jésus-Christ qui vous a été prêché avant:
que le ciel doit recevoir jusqu'au temps de la restitution de toutes
choses. » (Actes 3: 19-2 1.) C'est-à-dire: Repentez-vous maintenant et
croyez en Jésus-Christ afin que vous puissiez être pardonnés quand celui
que vous avez tué reviendra au jour de la restitution de toutes choses et
vous prescrira les conditions dans lesquelles vous pourrez être sauvés. »
* - Compendium, p. 28.
* Traduit de la version anglaise, employée par l'auteur. La version Segond
donne un texte différent qui ne permet pas le commentaire ci-dessus: «
Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient
effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du
Seigneur, et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que
le ciel doit recevoir jusqu'aux temps du rétablissement de toutes choses.
» (N. d. T.)
5. Le péché et le pécheur. - « Car moi, le Seigneur, je ne puis voir le
péché avec le moindre degré d'indulgence; néanmoins, celui qui se repent
et garde les commandements du Seigneur sera pardonné. » (D&A 1: 31-32 ;
voyez aussi Alma 45: 16.) Dans ce puissant épigramme, une distinction
claire est faite entre le péché et le pécheur. Beaucoup éprouvent de la
difficulté à séparer l'un de l'autre, à comprendre le péché comme une
conception abstraite séparée de la culpabilité, personnelle. Peut-il y
avoir vol sans voleur, falsification sans falsificateur, meurtre sans
meurtrier ?
Les hommes peuvent être des menteurs, des voleurs ou des meurtriers en
puissance, mais, manquant de l'occasion de devenir criminels en fait ou
réprimant leurs impulsions mauvaises par des considérations de politique
ou d'avantage personnel, ils peuvent garder des signes extérieurs de
probité. Le loup rapace qui revêt une toison de brebis n'emploie pas un
camouflage moderne. Mais dans toutes tes dissimulations, le but mauvais
existe ; et le but, la pensée, ou le désir mauvais est, en lui-même,
essentiellement un péché; et un tel cas, par conséquent, ne représente
aucun phénomène de culpabilité abstraite, mais une offense réelle et
individuelle ; car celui qui pense le mal est un pécheur.
Qui de nous peut regarder la tuberculose, la petite vérole ou la grippe
insidieuse et mortelle avec d'autres sentiments que la répugnance et la
crainte ? Cependant nous traitons la personne affligée avec effort pour
lui rendre la santé, nous ne la haïssons pas parce qu'elle est devenue
malade ; mais au contraire, nous avons d'autant plus de sollicitude pour
elle. Les inspecteurs d'hygiène et le corps médical ne regardent pas la
maladie avec compromis, tolérance ou indulgence. Ils sont les adversaires
méthodiques de la maladie physique, quel qu'en soit le déguisement, et
leurs meilleurs moyens pour faire la guerre à la maladie, c'est de soigner
chaque affligé tout en prenant toutes les mesures possibles pour protéger
ceux qui sont sains contre l'infection.
Les germes de la maladie existent, qu'ils trouvent à se loger dans le
corps humain ou non ; et, par analogie, nous pouvons dire que l'esprit ou
la tentation du vol, de l'adultère ou du meurtre, est vivant, de même que
la contagion définie du mal, quoique les hommes puissent être ou ne pas
être réellement vaincus par lui. Or, dans le cas de l'affliction physique,
un traitement défini est employé ; et l'obéissance à des conditions
prescrites est de rigueur, aussi longtemps que le patient s'y soumettra.
Avec une ironie fine et intentionnée, le Guérisseur Divin répondit à la
science casuistique de certains scribes et pharisiens qui se croyaient
eux-mêmes justes, par la déclaration: « Ce ne sont pas ceux qui se portent
bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu
appeler des justes, mais des pécheurs. » (Marc 2: 17.)
Mais comme les Ecritures l'affirment abondamment, et comme l'expérience le
démontre, il n'est aucun de nous qui soit entièrement libre du péché ; au
contraire, chacun a besoin des soins guérisseurs du Grand Docteur. « Le
péché est la transgression de la loi » (1 Jean 3: 4). En outre: « Il n'y a
point de juste, pas même un seul » (Rom. 3: 10) ; et encore: « Si nous
disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et
la vérité n'est point en nous. » (1 Jean 1: 8.)
Le traitement pour les mortels infectés du péché est celui prescrit dans
l'évangile de Jésus-Christ, et, par l'obéissance à cet évangile, les
ravages de la contagion qui détruit l'âme peuvent être arrêtés et une
immunité relative contre les attaques ultérieures peut être assurée en
développant les pouvoirs de résistance. La prescription est simple ; les
moyens sont facilement accessibles ; ils sont les mêmes aujourd'hui qu'ils
étaient aux jours anciens et qu'ils resteront tant qu'il y aura du péché
dans le monde. Ces moyens sont l'obéissance aux ordonnances de l'évangile.
Faites ces choses, en continuant à mener une vie juste, et, aussi infecte
que puisse jamais être l'atmosphère méphitique du péché autour de vous,
vous serez préservés pour atteindre la vie éternelle, qui, de tous les
dons de Dieu à l'homme, est le plus grand. - D'un article par l'auteur
intitulé « Sin and the Sinner », Série C-10.
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