Pourquoi ce symbole apparaît 10 000 fois dans le Temple de San Diego
Ernest Lehenbauer –
LDS Living
L’érudit Ernest Lehenbauer explore un symbole courant et cependant encore
peu connu dans les temples des saints des derniers jours.

Le « sceau antique de Melchisédek » est souvent représenté comme une
étoile à huit branches composée de deux carrés placés à 45 degrés et
superposés (ou entrelacés). C’est un symbole tellement significatif que le
président Hinckley l’a fait ajouter au temple de Salt Lake City et, depuis
lors, on le trouve dans de nombreux autres temples. On peut aussi trouver
des étoiles différentes à huit branches partout dans le centre de
conférences. Mais en quoi, peut-on se demander, est-ce un symbole du
Christ et quand cette information est-elle apparue à l’époque moderne ? La
réponse commence par le design du temple de San Diego.

L’histoire moderne
Quand l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a acheté un
terrain pittoresque pour le temple de San Diego à La Jolla, en Californie,
elle s’est également assuré les services d’une firme d’architectes locaux,
en grande partie non membres, pour concevoir et construire le temple. La
directive de l’Église était de prendre le temple de Boise (Idaho) pour
modèle. Toutefois, après avoir inspecté la parcelle désignée, les
architectes ont eu grand peur que le design du temple de Boise n’aille pas
avec le terrain, que ce soit fonctionnellement ou esthétiquement. Ils ont
demandé aux dirigeants de l’Église de leur laisser la liberté de créer un
design mieux adapté à la région.
Le siège de l’Église a cédé et on croit que c’est Gordon B. Hinckley ;
futur président de l’Église, qui a relayé la réponse en disant en gros :
« Tous les temples ne doivent pas se ressembler. » Des trois architectes
en chef, deux étaient catholiques et un était membre de l’Église.
C’était leur chance de créer un
édifice unique qui serait toujours dans les mémoires ! Imaginez la
pression que Bill Lewis, le membre de l’équipe qui faisait partie de
l’Église, a dû ressentir pour participer à la conception d’un édifice
complètement nouveau et inspirant qui plairait au Seigneur. Il a jeûné et
prié bien des fois pour que son équipe et lui puissent faire exactement
cela. Il semblerait qu’un matin, ils se sont sentis inspirés à travailler
avec le carré. Ils ont élaboré un plan de niveau avec deux cases
rattachées aux coins pour former une sorte de huit fait de carrés.

À la jonction des deux grandes cases, ou carrés sur pointes, ils en ont
ajouté de plus petites superposées, orientées à quarante-cinq degrés l’une
par rapport à l’autre pour former une sorte d’atrium octogonal et ont mis
du verre autour. L’ange Moroni de bronze se trouvait au sommet de la
flèche orientale mais, vu d’en haut, l’atrium central devenait le point de
tension qui maintenait ensemble les deux carrés primaires.

Ils ont construit un modèle sur un dessus de table, ont appliqué une
légère torsion, puis l’ont montré aux dirigeants de l’Église, qui l’ont
aimé. Les concepteurs ont donc continué à utiliser les carrés comme motif
dans le travail de détail, prenant les cases et les basculant de 45
degrés, en utilisant les carrés décalés dans les vitraux, les inscrivant
dans des portes en verre et les utilisant dans les parterres de fleurs.
Plus ils l’employaient, mieux cela fonctionnait. Ils ont même mis les
carrés décalés dans la clôture en fer forgé blanc qui entoure les espaces
verts.
Finalement, le motif à huit branches a été utilisé plus de dix mille fois
sur et dans le temple de San Diego.

Pierre angulaire

Façade du temple

Verre du hall d’entrée

Flèche du temple

Sol d’entrée

Plafond d’entrée

Allée d’entrée

Jardin d’entrée

Détail de la clôture
« Mais qu’en est-il du motif des carrés superposés ? Est-ce symbolique ? »
ont demandé à David B. Haight les médias visitant le temple avant la
consécration. « Probablement juste un détail architectural », a-t-il
répondu. Et c’est la réponse qui a été donnée pendant des années aux
visiteurs du temple.
Le hasard a voulu que Stan Smith, ami de Lewis, qui était un représentant
au cours du projet du temple, ait pris de nombreuses photos du symbole
utilisé pour ce temple. Il s’est dit que cela pourrait être quelque chose
de plus qu’un simple détail.
Il est allé à Salt Lake City, où il a visité le bureau de l’historien de
l’Église. On l’a renvoyé à Hugh Nibley, professeur émérite d’histoire
ancienne à l’Université Brigham Young. Nibley était un érudit légendaire
en histoire ancienne et un auteur prolifique sur les thèmes mormons.
Lorsqu’il lui montra le symbole, Nibley répondit quelque chose du genre :
« Ah oui, c’est le sceau du roi Melchisédek. »
Smith rapporta ce qu’il avait découvert à Lewis, lequel fut obligé de
faire tout le chemin jusqu’en Utah et de parler lui-même avec Nibley pour
se le faire confirmer. Parce que le président Hinckley s’était tellement
intéressé au design du temple, Lewis lui écrivit une lettre faisant état
de la découverte. Le président Hinckley ne tarda pas à demander que l’on
ajoute aussi le motif au temple de Salt Lake City.

Le sceau tel qu’on le voit au temple de Salt Lake City (entrée et hall
d’accueil)
Après sa retraite, Lewis remplit les fonctions de scelleur au temple de
San Diego qu’il avait conçu et donna des centaines de veillées sur son
expérience comme architecte du temple. C’est lors d’une de ces veillées
que j’ai appris comment l’étoile à huit branches avait été intégrée dans
le design d’un temple aussi remarquable, et j’ai été captivé. J’ai été
encore plus intrigué quand j’ai entendu le nom tel que mentionné par Hugh
Nibley : Melchisédek n’est pas un nom qu’on donne ou qu’on utilise à la
légère ! Peu de temps après,
il y a eu le 11 septembre et j’ai commencé à travailler avec contrat pour
le ministère de la défense pour aider dans le conflit du Moyen-Orient.
J’ai commencé à remarquer le symbole tout d’abord en Irak, puis au Koweït
et en Afghanistan. Même lorsque je voyageais à travers l’Europe et dans
des endroits d’Amérique du Sud, le symbole apparaissait encore et encore.
J’ai commencé à penser que le sceau était peut-être un symbole universel
qui se retrouvait dans les formes supérieures de culte et aussi à travers
le temps, les cultures et les civilisations. En me rappelant la veillée du
temple de San Diego quelques années plus tôt, j’ai décidé qu’il était
temps d’étudier le symbole pour de bon. Voici quatre façons dont il
oriente vers Jésus-Christ.
1. L’utilisation ancienne du symbole oriente vers le Christ
« Pour parler couramment la langue de l’Esprit, il faut parler couramment
la langue du symbolisme. »
Joseph Fielding McConkie, Gospel Symbolism, 1985
Revenons-en tout d’abord à Hugh Nibley. Non seulement il a identifié le
symbole dans la conversation, mais il l’a inclus dans son livre, Temple
and Cosmos:

Mosaïque de Ravenne (Italie) : Source Internet de l’image
Ci-dessus : Tiré
de Temple and Cosmos, de Hugh
Nibley
On remarquera quelques symbolismes du temple très intéressants et
familiers dans cette mosaïque créée dans les premiers temps de
l’apostasie. On voit des voiles, la main de Dieu passant de derrière le
voile et Melchisédek, représentant le Christ, qui officie à l’autel. Le
sceau de Melchisédek est dans un endroit saint traditionnel, défini par
les quatre croix crochetées à angles droits. Les croix crochetées en L
symbolisent le bras levé à angle droit ou, en d’autres termes, symbolisent
l’alliance.
L’autel est un symbole de l’Expiation du Christ, et le sceau se trouve sur
la nappe de l’autel. Les temples sont le lieu de l’autel, il n’est donc
pas surprenant de voir le sceau associé aussi bien aux temples qu’aux
ordonnances salvatrices comme la Sainte-Cène, puisqu’elles reflètent aussi
l’Expiation.
On trouve souvent le sceau en lien avec d’autres thèmes et lieux sacrés
similaires. Dans la religion mormone, on trouve le symbole sur et dans de
nombreux temples à ‘endroit de l’entrée, symbolisant l’accession au ciel
par le Christ. Dans la tradition catholique, on trouve souvent le symbole
dans les cathédrales et les églises. Dans les vitraux, par exemple, la
lumière qui les traverse symbolise la lumière qui vient du Christ. Notez
que l’on trouve souvent le symbole bien connu de l’éternité — le cercle
—en lien avec l’étoile. (Voir photo ci-dessous).

Vitrail d’église catholique, Quito, Équateur

Mosaïque de Ravenne (Italie) : Source Internet de l’image
On trouve souvent le symbole dans la ville sainte de Jérusalem. Elle est
bien connue des Juifs et des musulmans. Regardez l’image suivante.

Photo Bruce et Kenneth Zuckerman, West Semitic Research/With the Ancient
Biblical Manuscript Center/Courtesy Russian National Library.
C’est la page de couverture du livre d’Écriture juif le plus ancien connu,
le Codex de Léningrad, daté en interne de 1008 apr. J.-C. On peut y voir
l’étoile à six branches désormais bien connue, et à l’extérieur, c’est
aussi l’étoile à huit branches. Dans la tradition hébraïque, cette
dernière est appelée Magen Melchisédek ou bouclier de Melchisédek.
De même, sur la photo suivante, on peut voir une mosaïque provenant d’une
église chrétienne à Khirbet, près de Jérusalem. Le symbole a eu, pendant
des centaines d’années, une grande signification dans la culture
judéo-chrétienne et est connu comme indiquant le renouveau ou la
renaissance. Étant donné que le nom de Melchisédek est souvent associé à
ce symbole, nous allons jeter un coup d’œil au nom lui-même.

Dans une église chrétienne historique de Khirbet, Israël.
Photo William Hamblin « de Jérusalem »
2. Le nom du symbole oriente vers le Christ
Il est intéressant de noter que l’on peut faire remonter le symbolisme du
sceau de Melchisédek jusqu’à l’époque approximative de Melchisédek. Il n’y
a cependant aucune preuve, qu'il ait été directement associé à Melchisédek
lui-même. Bien que le symbole représentant une étoile à huit branches soit
connu sous plusieurs noms dans d’autres cultures ou religions, dont
beaucoup ne reconnaissent pas le Christ, l’utilisation de Melchisédek en
lien avec le symbole est particulièrement fréquente dans la tradition
judéo-chrétienne.
Alors qu’en est-il du surnom du symbole ? Ironie des choses, bien que le
roi Melchisédek soit une personnalité antique connue, on en connaît en
fait très peu sur lui. Et en effet, dans ce cas, c’est en réalité son nom
et ce qu’il représente qui est important pour le symbole. « Melchisédek »
vient de l’hébreu Malki Tzedik, qui signifie « mon roi (est) justice. »
Melchisédek est également connu sous le nom « Prince de Salem, » de
nouveau de l’hébreu signifiant Prince de la paix. Le nom Melchisédek est
donc une préfiguration du Christ. Cette tradition hébraïque visait
vraisemblablement à éviter la mention trop fréquente du nom du Seigneur —
une fonction qui vaut aussi aujourd’hui.
Par conséquent, l’utilisation du nom de Melchisédek dans les textes des
traditions hébraïque et chrétienne indique presque toujours le Christ, pas
l’homme Melchisédek. Par exemple, la prêtrise de Melchisédek n’est pas la
prêtrise de l’ancien roi, mais en réalité celle du Christ. Par conséquent,
le sceau de Melchisédek peut être interprété comme étant le sceau du
Christ.
3. La forme du symbole oriente vers le Christ
Examinons maintenant la forme en étoile du symbole. Est-ce que cela
oriente aussi vers le Christ ? Effectivement. Val Brinkerhof, auteur,
professeur et chercheur, fait remarquer que Jésus est l’étoile du matin.
(voir Apocalypse 22:16). L’étoile du matin, le soleil, est la plus grande
étoile qui se lève le matin, chassant les autres étoiles. Comme le Fils de
Dieu, notre soleil est la source de toute lumière et de toute vie.
En outre, les cultures anciennes associaient les étoiles aux dieux.
Lorsque la plus grande de toutes les étoiles parut, les mages et les
bergers la suivirent jusqu’au Christ. Chaque mois de décembre, les
chrétiens mettent l’étoile au sommet de l’arbre de Noël parce que c’est un
symbole qui oriente vers le Christ, tout comme l’étoile d’antan. La forme
en étoile du sceau de Melchisédek peut aussi être un symbole du Christ.

Cette version bien connue de l’étoile à huit branches est souvent appelée
« l’étoile de Bethléhem »
4. Le chiffre associé au symbole oriente vers le Christ
Une autre manière puissante d’orienter vers le Christ est le nombre huit
de branches de l’étoile. Dans les Écritures, le chiffre huit indique
toujours un nouveau départ, une purification ou l’Expiation. On le trouve
en rapport avec les temples, les ordonnances ou d’autres thèmes sacrés.
Pour illustrer cela, il est tout d’abord utile de comprendre que le
symbolisme de huit est directement lié à la symbolique de sept. Dans la
Genèse, nous lisons :
« Ainsi furent achevés les cieux et la terre... Dieu acheva au septième
jour son œuvre, qu’il avait faite » (Genèse 2:1–2).
Sept, dans la tradition hébraïque, signifie donc fini, entier ou complet.
Qu’advient-il alors du huitième jour ? Le huitième jour devient le premier
jour d’une nouvelle période. En d’autres termes, pas le début, mais un
nouveau départ. En explorant quelques écritures, nous voyons que ce
nouveau départ représente la purification, l’Expiation du Christ.
Par exemple, les animaux destinés aux sacrifices restaient sept jours avec
leur mère, puis étaient immolés le huitième jour. Ces animaux
symbolisaient le Christ en tant que sacrifice éternel. De même, les
prêtres d’Aaron sous Moïse devaient se purifier sept jours, et le huitième
jour, ils pouvaient entrer, purifiés, dans le tabernacle, et faire un
sacrifice expiatoire.
Nous apprenons dans Ézéchiel que « le huitième jour et à l’avenir les
sacrificateurs offriront sur l’autel vos holocaustes et vos sacrifices
d’actions de grâces. Et je vous serai favorable, dit le Seigneur,
l’Éternel. » (Ézéchiel 43:26–27).

Église Saint-Joseph au Missouri : la forme octogonale
traditionnelle des fonts rappelle
l’Expiation
Photo par Inside/Out Architecture
Le baptême est associé dans le monde chrétien à l’octogone, qui symbolise
aussi l’Expiation. Le chiffre huit rappelle aussi l’occasion où le
Seigneur « baptisa » la terre en l’inondant et où huit âmes furent sauvées
dans l’arche. L’association de huit avec le baptême est encore renforcée
dans le Livre de Mormon :
Après avoir
erré huit ans dans le désert, Léhi et ses fils traversèrent l’océan
(symbolique du baptême) depuis le vieux pays pécheur de Jérusalem vers un
nouveau commencement vierge dans la terre promise. De même, Jared et son
groupe de Jarédites, furent symboliquement « baptisés » en traversant
l’océan dans huit barques, littéralement submergés dans l’eau, laissant un
peuple déchu et navigant vers un commencement nouveau et pur dans la terre
promise. Confirmant ce motif dans la révélation moderne, les Doctrine et
Alliances déclarent qu’une âme peut être baptisée à l’âge de huit
ans. (Voir 1 Né 17:4,
Éther 3:1, D&A 68:27)
Dans le Nouveau Testament, nous apprenons qu’après l’Expiation, le sabbat
passa du septième au huitième jour ou, en d’autres termes, le premier jour
de la semaine, qui était un dimanche. Les disciples se réunirent alors le
huitième jour, chaque semaine, pour prendre la Sainte-Cène.
Conclusion
Ce sceau antique peut être un puissant symbole pour orienter notre esprit
et notre cœur vers le Christ, son Expiation et les ordonnances connexes de
l’Évangile. Et vraiment, à quel meilleur but un symbole pourrait-il
servir ? Puissions-nous recevoir le message de ce symbole et de tous les
symboles inspirants, qu’ils nous aident à nous souvenir du Christ et de
son Expiation et que par lui nous puissions toujours être renouvelés et
recommencer.
« Et
voici, toutes choses ont leur image et toutes choses sont créées et faites
pour rendre témoignage de moi, les choses temporelles comme les choses
spirituelles, les choses qui sont dans les cieux en haut et les choses qui
sont sur la terre, les choses qui sont dans la terre et les choses qui
sont sous la terre, tant au-dessus qu'en dessous: tout rend témoignage de
moi »
(Moïse 6:63).
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