« NOUS AVONS PECHE CONTRE VOUS »
Un évangélique éminent parle au Tabernacle mormon et dit que les évangéliques ont répandu des mensonges sur les croyances des saints des derniers jours.

par Richard Mouw
traduit de lds.org, Newsroom

[Commentaire introductif de Newsroom:] Pour la première fois en 105 ans, des non-mormons ont parlé en chaire au Tabernacle mormon à Salt Lake City, le 14 novembre [2004]. L'événement, auquel on a donné le nom de « Soirée de l'amitié », était organisé par Standing Together, un réseau de 100 églises évangéliques qui essaient d'améliorer les relations avec les membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. L'animosité historique remontant à la fondation de l'Église s'est intensifiée ces dernières années entre les deux groupes, en particulier dans les années 90, quand des dirigeants évangéliques très en vue ont dit que les mormons ne sont pas des chrétiens et que la Southern Baptist Convention a tenu l'une de ses réunions annuelles à Salt Lake City, partiellement dans le but de convertir les mormons au protestantisme évangélique.

Dans ce que le Deseret News a qualifié de « commentaires d'une franchise remarquable », Richard J. Mouw, président du Fuller Theological Seminary et chroniqueur de Beliefnet a fait des excuses aux mormons pour la tendance des évangéliques à déformer la vérité au sujet des croyances des saints des derniers jours. « Il faut que je le dise carrément. Nous, les évangéliques, nous avons péché contre vous », a dit Mouw. Le discours a fait le tour des groupes évangéliques et mormons étonnés et généralement contents. Nous reproduisons son discours ci-dessous.

Il m'est difficile de trouver les mots qui conviennent pour dire combien je suis ému d'être ici ce soir. Nous voici, protestants évangéliques et membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, rassemblés dans ce Tabernacle de Salt Lake City, pour une manifestation baptisée « Soirée de l'amitié ».

Je ne suis pas mélodramatique quand je dis que c'est sûrement une occasion historique. Il y a, bien entendu, depuis longtemps, de l'amitié entre certains évangéliques et certains saints des derniers jours. Mais elle n'a pas été captée par l'écran radar public. Les relations publiques entre nos deux communautés ont été décidément hostiles, c'est le moins qu'on puisse en dire. Dès le début, quand Joseph Smith a organisé son église en 1830, mes ancêtres évangéliques ont lancé des accusations furieuses et des dénonciations véhémentes contre la communauté mormone – une pratique qui continue, aujourd'hui encore, dans certains milieux évangéliques. Et je pense que l'on est en droit de dire que certains mormons ont occasionnellement rendu la pareille. Il n'a pas été facile, pour nos deux communautés, de tisser des liens d’amitié entre elles.

Mais, ces derniers temps, les choses ont commencé à changer. Évangéliques et mormons ont travaillé ensemble sur des thèmes importants de moralité publique. Ici en Utah, le ministère Standing Together a été disposé à prendre des risques considérables en s'opposant aux attaques évangéliques les plus agressives et les plus perturbatrices contre l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Et les dialogues du pasteur Greg Johnson avec le professeur Bob Millet devant des salles bien remplies ont beaucoup contribué à façonner un nouvel esprit d'échanges francs mais amicaux sur des sujets importants de la foi. Et maintenant, ce soir, nous jouissons de l'aimable hospitalité des dirigeants de l'Église, qui nous ont réservé à tous un bon accueil dans ce lieu de réunions, qui a joué – et continue à jouer – un rôle tellement important dans la vie de la communauté mormone.

En ce qui me concerne, je suis, depuis une demi-douzaine d'années, membre d'un petit groupe d'érudits évangéliques qui se livrent à des discussions prolongées, à huis clos, sur des sujets spirituels et théologiques, avec un petit groupe de nos homologues saints des derniers jours. Nous n'avons pas eu peur de discuter énergiquement entre nous, mais nos débats se sont déroulés dans le désir sincère de nous comprendre véritablement les uns les autres. Ce faisant, nous avons créé des liens profonds d'amitié.

Je sais que j'ai beaucoup appris dans ce dialogue permanent et je suis maintenant convaincu que nous, les évangéliques, nous avons souvent sérieusement déformé les croyances et les pratiques de la communauté mormone. En effet, il faut que je le dise carrément aux saints des derniers jours qui sont ici ce soir : nous avons péché contre vous. Le Dieu des Écritures dit clairement que c'est une chose terrible que de porter un faux témoignage contre son prochain et nous avons été coupables de cette sorte de transgression dans ce que nous avons dit à votre sujet. Nous vous avons dit ce que vous croyez sans faire d'abord l'effort sincère de vous demander ce que vous croyez.

Nous avons fortement insisté sur la nécessité de défendre fermement devant vous les convictions chrétiennes traditionnelles, citant régulièrement le commandement de l'apôtre Pierre que nous devons défendre devant des gens comme vous l'espérance qui est en nous – mais nous n'avons pas pris soin de respecter la recommandation que ce même apôtre fait à cette occasion, quand il nous dit que nous devons toujours présenter nos arguments « avec douceur et respect » à ceux avec qui nous parlons. Il nous est, en effet, même arrivé, à l'occasion, de vous diaboliser, en inventant des théories de conspiration sur ce que la communauté des saints des derniers jours essaie « en réalité » d'accomplir dans le monde. Et même dans le meilleur des cas, nous avons – et c'est vrai pour nos deux communautés – mené un dialogue de sourds, en présentant des versions simplistes et déformées de ce que l'autre groupe croit.

Ces dernières années, je me suis fait quelques amis mormons merveilleux. Ils m'ont aidé à voir en quoi j'ai souvent mal interprété la pensée mormone. Bien entendu, à la suite de ces conversations, je suis également resté convaincu qu'il y a des points de désaccord très réels entre nous – et que certains de ces points revêtent une importance éternelle. Mais nous pouvons maintenant discuter de ces sujets en amis. Et ce soir, beaucoup d’autres de nos amis se sont réunis en cet endroit pour une « Soirée de l’amitié » très publique et à grande échelle. » Dieu en soit loué !

Dans juste un mois et demi, nous allons accueillir l'an 2005, qui marque le 200e anniversaire de la naissance de Joseph Smith. Au cours de cette année, les occasions seront nombreuses de prêter une attention particulière à la vie et aux enseignements de Joseph, et j'espère que beaucoup, dans la communauté évangélique, participeront à ces événements. Mais ce soir, nous ne sommes pas ici pour parler de Joseph Smith, mais de Celui dont nous allons de nouveau célébrer la naissance juste avant que le bicentenaire de la naissance de Joseph fasse son entrée. C'est Celui dont nous chantons la naissance – en des termes, devrais-je ajouter, que beaucoup parmi nous adorent entendre chanter par ce grand chœur qui chante ces paroles dans ce Tabernacle : « Les espoirs et les craintes de toutes les années se retrouvent en toi ce soir. »

Quelle chose merveilleuse que de pouvoir nous réunir pour parler du Seigneur Jésus et de ce qu’il est et de ce qu'il a fait pour nous ! Il y a ici beaucoup de choses à traiter. Je trouve personnellement un grand encouragement dans les paroles que Joseph Smith a prononcées à l'occasion de la fondation de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours en avril 1830 : « Nous savons, a dit Joseph, que tous les hommes doivent se repentir et croire au nom de Jésus-Christ, et adorer le Père en son nom, et persévérer dans la foi en son nom jusqu’à la fin, sinon ils ne peuvent pas être sauvés dans le royaume de Dieu. » Puis il a ajouté : « Et nous savons que la justification par la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est juste et vraie et nous savons également que la sanctification par la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est juste et vraie, pour tous ceux qui aiment et servent Dieu de tout leur pouvoir, de tout leur esprit et de toutes leurs forces. »

C’est dans cet esprit que je vous salue ce soir – comme quelqu’un qui veut, plus que toute autre chose, aimer et servir Dieu de tout son pouvoir, de tout son esprit et de toutes ses forces, dans le pouvoir rendu accessible par la grâce stupéfiante qui a envoyé le Seigneur Jésus dans la crèche de Bethléhem, et au jardin de Gethsémané, et à la croix du Calvaire, où il a versé son sang pour payer la dette de notre péché – une dette que nous ne pourrions jamais payer tout seuls.

C'est dans cet esprit que Ravi Zacharias va nous parler ce soir – l’esprit de dévotion à Celui dont le nom est au-dessus de tous les noms, Celui qui seul est puissant à sauver et devant lequel un jour tout genou fléchira et toute langue confessera qu'il est Seigneur à la gloire du Père. Puisse cette merveilleuse « Soirée de l'amitié » nous orienter tous vers ce jour splendide ! Merci et que Dieu vous bénisse !