Les Lunettes, la pierre, le chapeau et le livre : point de vue d’un croyant du vingt et unième siècle concernant la traduction du Livre de Mormon

Roger Nicholson

Interpreter: A Journal of Mormon Scripture 5 (2013), p. 121-190

 

Résumé : Cet essai vise à examiner la méthode de traduction du Livre de Mormon du point de vue d’un membre croyant ordinaire et non savant au vingt et unième siècle, compte tenu de ce qu’on apprend dans l’Église et de ce qu’on peut retirer des documents historiques qui sont aujourd’hui facilement accessibles. Que savons-nous ? Que devrions-nous savoir ? Comment un saint des derniers jours croyant peut-il concilier les récits apparemment contradictoires du processus de traduction ? L’examen des sources historiques devrait nous fournir une compréhension plus complète de la complexité qui existe dans les événements du début du Rétablissement. Ces récits proviennent tant de sources incroyantes que de sources croyantes et il faudra faire preuve d’un certain scepticisme dans le choix d’accepter comme établies certaines des interprétations proposées par certaines de ces sources. Toutefois, l’examen de ces sources permet de se faire une idée plus complète et les réponses à ces questions permettent d’avoir un regard instructif sur l’histoire de l’Église et l’évolution de l’histoire de la traduction. Cet essai se concentre principalement sur les méthodes et les instruments utilisés dans le processus de traduction et sur la façon dont un saint des derniers jours fidèle pourrait y voir une preuve supplémentaire de la véracité de l’Évangile rétabli.

Dans son livre The Birth of Mormonism(1916), John Quincy Adams fait cette description plutôt colorée de la méthode employée pour la traduction du Livre de Mormon.

« Le processus par lequel les plaques en ‘égyptien réformé’ a été traduit était simple quoique spécial. Tout a été fait avec les lunettes de l’urim et du thummim, mais quiconque d’autre que Joe s’avisait de les utiliser encourait une mort immédiate. Même quand il les mettait, la lumière devenait tellement éblouissante qu’il était obligé de regarder à travers son chapeau. En outre, lorsqu’il était ainsi occupé, aucune paire d’yeux profane ne pouvait les voir, le chapeau ou lui. Seul, derrière une couverture étendue sur toute la largeur de la pièce, Joe regardait dans son chapeau et lisait les mots mystiques [1]. »

N’importe quel saint sera immédiatement capable de faire la part entre les éléments familiers et les éléments biscornus de cette histoire. Nous voyons l’urim et le thummim et la couverture protégeant le traducteur des autres personnes qui se trouvaient dans la pièce, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de chapeau ?

Saint des derniers jours pratiquant, je ne me souviens pas d’un moment où je n’étais pas au courant de l’histoire de la traduction du Livre de Mormon. L’histoire que nous connaissons parfaitement pour l’avoir apprise à l’école du dimanche et au séminaire décrit Joseph utilisant l’urim et le thummim (les interprètes néphites) pour regarder les plaques d’or, séparé de son secrétaire par un rideau. Joseph a dicté le texte tout entier du Livre de Mormon à son secrétaire, reprenant le lendemain exactement à l’endroit où il s’était arrêté la veille et le texte a été écrit sans aucune ponctuation. Joseph ne demandait jamais qu’on lui relise le texte précédent quand la traduction recommençait le lendemain. La majeure partie de la traduction a été réalisée dans un délai de trois mois environ et le texte qui en a résulté est remarquablement conséquent non seulement avec lui-même, mais aussi avec la Bible. Les circonstances dans lesquelles la traduction et la production du Livre de Mormon ont été accomplies ne peuvent être considérées comme miraculeuses qu’aux yeux des membres croyants de l’Église.

Il y a néanmoins une autre histoire, que beaucoup ont appris à connaître ces dernières années. Les représentations modernes de la traduction comme celle montrée dans l’émission télévisée d’animation à succès South Park [2] montrent Joseph occupé à regarder une pierre au fond de son chapeau et à dicter à son secrétaire, sans l’utilisation d’un rideau. L’encyclopédie en ligne Wikipedia affiche une « représentation artistique du vingt-et-unième siècle de Joseph Smith occupé à traduire les plaques d’or en examinant une pierre de voyant dans son chapeau [3] ». Une recherche sur Google de « traduction du Livre de Mormon » ou « pierre de voyant Joseph Smith » fournit un grand nombre de ces images, beaucoup d’entre elles hébergées par des sites Web qui sont critiques vis-à-vis des prétentions de l’Église à détenir la vérité. C’est une méthode dont on ne m’a pas parlé au séminaire et il y a des récits anecdotiques de saints qui, quand on leur mentionne cette version des faits, nient purement et simplement que cette méthode ait jamais pu être employée, attribuant ces descriptions à des sources « anti-mormones ».

Les représentations de la traduction par les artistes ont également contribué à la confusion. Les saints des derniers jours connaissent très bien tout un éventail de représentations artistiques montrant Joseph et Oliver se livrant au processus de traduction. Certaines représentent Joseph et son secrétaire assis à une table avec un rideau au milieu. D’autres montrent Joseph et Oliver assis ensemble à une table, sans rideau en vue et les plaques bien visibles, alors que nous savons qu’Oliver n’avait pas été autorisé à voir les plaques avant de devenir l’un des trois témoins. Une chose que ces scènes ont en commun est qu’elles ne représentent pas l’urim et le thummim, en dépit du fait que nous savons qu’un instrument de traduction a été utilisé au cours du processus. Nous ne voyons pas de cristaux montés sur des « lunettes » ; nous ne voyons pas davantage le pectoral [4]. Nous ne voyons certainement jamais Joseph regardant au fond de son chapeau tout en dictant.

Le vingt et unième siècle nous a donné accès à une multitude de sources historiques qui n’étaient tout simplement pas accessibles au saint des derniers jours moyen dans les décennies précédentes. Maintenant, on doit se poser la question : laquelle de ces descriptions est correcte ? Dans notre recherche d’une réponse, nous commençons par un manuel moderne de l’Église, qui va nous donner notre premier indice. La description suivante du processus de traduction apparaît dans Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, manuel de l’étudiant de 2003 (ci-après dénommé le Manuel de l’étudiant).

« On ne sait pas grand-chose sur la manière proprement dite dont la traduction des annales eut lieu, essentiellement parce que ceux qui en savaient le plus sur la traduction, Joseph Smith et Oliver Cowdery, furent ceux qui en dirent le moins. De plus, Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith, qui aidèrent Joseph, ne laissèrent aucune description contemporaine. Les brefs récits, qu’ils rédigèrent beaucoup plus tard dans leur vie, étaient souvent contradictoires [5]. »

 

Il est tout à fait logique que ceux qui étaient directement impliqués dans la traduction ou l’ont observée soient ceux qui avaient les informations les plus exactes. Qu’est-ce que ces témoins ont donc dit qui semble avoir été contradictoire ? Y a-t-il eu d’autres témoins qui peuvent faire la lumière sur ces événements ? Qu’est-ce que les sources extérieures ont à dire sur le processus de traduction ? Comme le chercheur mormon Brant Gardner le résume : « Quels récits allons-nous croire ? Quelles histoires de la traduction pourrions-nous ou devrions-nous raconter ? Quels récits sont vrais ? Pour cette dernière question, je dirais qu’ils sont tous vrais. Autrement dit, ils sont vrais pour les gens qui les racontent [6]. »

 

Que disent Joseph et Oliver ?

L’endroit logique pour commencer, c’est avec le traducteur lui-même. Que dit Joseph Smith sur le processus de traduction du Livre de Mormon ? Il s’avère qu‘il dit très peu de choses sur la méthode de traduction utilisée pour produire le Livre de Mormon, si ce n‘est pour noter qu’elle a été réalisée « par le don et le pouvoir de Dieu ». Le Manuel de l’étudiant note que Joseph s’est délibérément abstenu de donner beaucoup de détails sur le processus.

Le prophète était peu disposé à donner des détails sur la traduction. Dans une conférence de l’Église qui eut lieu les 25 – 26 octobre 1831 à Orange, dans l’Ohio, Hyrum demanda que l’on fasse un récit de première main de la parution du Livre de Mormon. Mais le prophète dit : « Il n’était pas prévu de donner au monde entier tous les détails de la parution du Livre de Mormon. » En 1833, Joseph expliqua l’essentiel dans une lettre ouverte à la rédaction d’un journal, mais il donna peu de détails, déclarant que le Livre de Mormon avait été « trouvé par le ministère d’un saint ange et traduit en notre langue par le don et le pouvoir de Dieu ». Son explication cadre avec les Doctrine et Alliances, qui disent qu’il reçut, « grâce à la miséricorde de Dieu et par la puissance de Dieu, le pouvoir de traduire le Livre de Mormon » (D & A 1:29) et que le Seigneur « lui donna, par le moyen qui avait été préparé auparavant, le pouvoir d'en haut qui lui permit de traduire le Livre de Mormon » (D & A 20:8) [7].

 

Joseph disait systématiquement aux gens qui lui posaient la question qu’il avait traduit par le don et le pouvoir de Dieu. Il ne voulait pas focaliser l’attention sur la méthode, mais plutôt sur le résultat. Étant donné que Joseph n’a pas voulu fournir de détails, nous devons examiner ce que les autres témoins de la traduction ont dit pour nous faire une idée plus précise des méthodes employées.

 

Oliver Cowdery est le témoin suivant le plus proche de la traduction, puisqu’il a agi comme secrétaire pour la plus grande partie de celle-ci. Certaines des descriptions qu’il fait de la traduction concordent très bien avec l’histoire que nous connaissons déjà. Toutefois, ses commentaires méritent un examen plus détaillé. Nous y reviendrons plus tard de manière plus fouillée.

Qu’ont dit Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith?

Le Manuel de l’étudiant parle de « récits sommaires » faits beaucoup plus tard dans la vie » par Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith. Que contiennent ces récits tardifs ? Comment contredisent-ils ce que nous savons du processus de traduction ?

Il y a deux choses que ces trois descriptions ont en commun : (1) elles ont toutes été faites vers la fin de la vie de la personne et (2) elles décrivent toutes l’utilisation d’un instrument de traduction placé dans un chapeau. Ces histoires peuvent apparaître au départ comme incompatibles avec l’histoire que nous connaissons aujourd’hui, mais il y a une bonne raison à cela.

En 1879, vers la fin de sa vie, quelque 49 ans après la publication du Livre de Mormon, Emma Smith Bidamon fut interviewée par son fils Joseph Smith III. Emma décrit ce qu’elle se rappelle du processus de traduction. « Quand j’écrivais pour ton père, j’écrivais fréquemment jour après jour, souvent assise à la table près de lui qui était assis le visage enfoui dans son chapeau, avec la pierre à l’intérieur et dictant heure après heure sans rien entre nous [8]. »

Cette description soulève immédiatement quelques questions. Où se trouve l’urim et le thummim ? Où est le rideau ? Pourquoi Joseph utilise-t-il un chapeau ? Où se trouvent les plaques ? Il est très facile de voir que la description d’Emma semble contredire le récit que nous apprenons à l’école du dimanche.

Les descriptions du processus de traduction faites par David Whitmer ont également été faites vers la fin de sa vie, avec deux remarquables descriptions faites en 1885 et en 1887, plus de 55 ans après la publication du Livre de Mormon. Whitmer prétend que Joseph lui a décrit la méthode et il fournit certains détails qu’Emma ne donne pas.

« Il utilisait une pierre appelée ‘pierre de voyant’, les ‘Interprètes’ lui ayant été repris pour cause de transgression. Les ‘Interprètes’ lui furent repris à titre de châtiment pour avoir permis à Martin Harris d’emporter les 116 pages de Ms [manuscrit] du Livre de Mormon, mais il fut autorisé à continuer et à traduire à l’aide d’une « pierre de voyant » qu’il avait et qu’il plaçait dans un chapeau dans lequel il enfouissait son visage, nous déclarant, à moi et à d’autres, que le caractère original apparaissait sur un parchemin et, en-dessous, la traduction en anglais [9]. »

Remarquez que Whitmer mentionne les Interprètes— que nous connaissons sous le nom l’urim et le thummim — comme étant distincts de la « pierre de voyant ». Whitmer déclare que les Interprètes ont été enlevés à Joseph après la perte des 116 pages et ne lui ont pas été rendus. Il mentionne l’utilisation d’une pierre et d’un chapeau, tout comme Emma. Encore une fois, il n’est pas question de rideau.

On pourrait se demander à ce stade si ce récit n’est pas incompatible avec ce que l’Église a enseigné. Cependant, Russell M. Nelson a cité en 1992 le récit de David Whitmer de 1887 devant un groupe de nouveaux présidents de mission. Cette description se trouve dans l’Ensign de juillet 1993 et est sur le site officiel de l’Église, lds.org. Frère Nelson déclare :

« Les détails de cette méthode miraculeuse de traduction ne sont toujours pas complètement connus. Nous avons néanmoins un petit nombre de détails précieux. David Whitmer a écrit :

‘Joseph Smith mettait la pierre de voyant dans un chapeau et mettait le visage dans le chapeau, le tenant bien serré autour de son visage pour exclure la lumière ; et dans l’obscurité, la lumière spirituelle brillait. Un morceau de quelque chose qui ressemblait à un parchemin apparaissait et là-dessus apparaissait le texte. Un seul caractère apparaissait à la fois et l’interprétation en anglais se trouvait en-dessous. Frère Joseph lisait l’anglais à Oliver Cowdery, qui était son principal secrétaire, et quand c’était écrit et répété à frère Joseph pour voir si c’était correct, il disparaissait et un autre caractère apparaissait avec l’interprétation. C’est ainsi que le Livre de Mormon a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu et non par un pouvoir quelconque de l’homme.’ » (David Whitmer, An Address to All Believers in Christ, Richmond, Mo., n.p., 1887, p. 12.) [12]

Il est clair que frère Nelson est tout à fait conscient de l’existence de la pierre et du chapeau. Il s’avère que ce n’est pas la seule mention de ces objets dans les publications de l’Église. Une recherche sur le site lds.org de l’expression « pierre de voyant traduction » affiche la description suivante, tirée du numéro de septembre 1974 du magazine officiel de l’Église pour les enfants, le Friend : « Pour l’aider dans la traduction, Joseph a trouvé avec les plaques d’or ‘un curieux instrument que les anciens appelaient urim et thummim, qui se composait de deux pierres transparentes serties dans la monture d’un arc fixé sur un pectoral ». Joseph utilisait aussi pour traduire une pierre brune en forme d’œuf appelée pierre de voyant [11]. »

Il est évident que non seulement les descriptions d’Emma Smith et de David Whitmer sont différentes de celle du processus que nous connaissons, mais que l’Église a périodiquement fait mention de certaines de ces informations.

Ensuite, nous examinons ce que Martin Harris avait à dire. Martin était assez étroitement impliqué au début dans le processus de traduction, puisqu’il a agi comme secrétaire de Joseph pour les 116 premières pages du manuscrit. Comme le dit le Manuel de l’étudiant, vers la fin de sa vie, Martin Harris a également fourni une description du processus de traduction. Il a accordé en 1859 une interview à Joel Tiffany dans laquelle il décrit l’instrument de traduction que nous appelons communément l’urim et le thummim.

« Les deux pierres serties dans un arc d’argent avaient environ deux pouces [5 cm] de diamètre, étaient parfaitement rondes et avaient une épaisseur d’environ cinq huitièmes de pouce [1,6 cm] au centre, mais elles n’étaient pas si épaisses sur les bords où elles entraient dans l’arc. Elles étaient reliées par une barre d’argent ronde d’environ trois huitièmes de pouce [9 mm] de diamètre et d’une longueur d’environ quatre pouces [10 cm], ce qui, avec les deux pierres, faisait huit pouces [20 cm]. Les pierres étaient blanches, comme du marbre poli, avec quelques veines grises. Je n’ai jamais osé y regarder en les plaçant dans le chapeau, parce que Moïse a dit que ‘aucun homme ne pouvait voir Dieu et vivre’ et nous pouvions voir tout ce que nous souhaitions en regardant dedans ; et je ne pouvais pas chasser de mon esprit le désir de voir Dieu. D’ailleurs, il nous était commandé de ne laisser personne y regarder, sauf par le commandement de Dieu, de peur de ‘voir et périr’ [12] ».

Cette description est très intéressante, parce que Harris décrit que ce sont les interprètes néphites que l’on place dans le chapeau plutôt qu’une pierre. En fait, le récit de Martin où l’on place les interprètes néphites dans le chapeau semble même contredire le récit de David et d’Emma dans lequel Joseph utilise sa propre pierre de voyant. En outre, les trois récits ne semblent pas correspondre à l’histoire que nous connaissons dans laquelle Joseph se sert de l’urim et du thummim, assis derrière un rideau et regardant les plaques tout en dictant à Oliver Cowdery.

Les lunettes et le chapeau

Pour mieux comprendre comment le processus de traduction a été vu au moment où il s’est produit, nous pouvons examiner la façon dont les journaux contemporains le décrivaient. En 1829, le journal de New York Rochester Advertiser and Daily Telegraph fit un reportage sur la traduction du Livre de Mormon. L’article, on le comprend, prend un ton sceptique.

« Et après avoir pénétré la ‘terre notre mère’ sur une courte distance, on trouva la Bible [d’or] avec une énorme paire de lunettes ! Il lui avait toutefois été commandé de ne laisser aucun être mortel les examiner ‘sous peine de mort immédiate’, pas moins ! Elles furent donc soigneusement enveloppées et exclues du ‘regard vulgaire des pauvres méchants mortels !’ On disait que les feuilles de la bible étaient des plaques d’or d’environ 8 pouces [20 cm] de long, 6 [15 cm] de large et un huitième de pouce d’épaisseur [3 mm], sur lesquelles étaient gravés des caractères ou hiéroglyphes. En plaçant les lunettes dans un chapeau et en regardant dedans, Smith pouvait (c’est du moins ce qu’il a dit) interpréter ces caractères [13]. »

Ce récit semble compatible avec l’histoire de Martin Harris que les interprètes néphites étaient placés dans un chapeau. Notez également que les lunettes ne sont pas dénommées urim et thummim. Joseph a-t-il effectivement utilisé un chapeau avec les interprètes néphites ? On voit aussi que le souvenir de Martin en 1859 qu’il n’avait « jamais osé regarder dedans » parce que « personne ne pouvait voir Dieu et vivre » est amplifié par l’article de journal de 1829 qui en fait une « peine de mort immédiate ». Ce récit, ou un du même genre, est probablement à l’origine de l’histoire racontée par John Quincy Adams en 1916 parlant de la menace de « mort immédiate » qui frapperait quiconque d’autre que Joseph qui tenterait d’utiliser les interprètes.

Cette description du journal n’était pas une aberration. La même description fut répétée presque un mois plus tard dans une publication de New York appelée The Gem: A Semi-Monthly Literary and Miscellaneous Journal : « En plaçant les lunettes dans un chapeau et en regardant dedans, Smith interprète les caractères dans la langue anglaise [14]. »

Quatre mois plus tard, en février 1830, Martin Harris est cité dans le New York Telescope :

« Il s’est rendu sur place et a trouvé la bible, avec une énorme paire de lunettes [...] On dit qu’il a montré certains de ces caractères au professeur Samuel L. Mitchell, de cette ville, qui n’a pas pu les traduire. Martin Harris est revenu et a mis Joseph Smith au travail de les traduire : et, ‘en plaçant les lunettes dans un chapeau et en regardant dedans, Joseph Smith a dit qu’il pouvait interpréter ces caractères [15]’. »

En juin 1830, le Cincinnati Advertiser mentionne une « pierre blanche » et le chapeau.

« Un homme du nom de Joseph Smith, qui vit dans le haut du comté de Susquehanna, s’est occupé, les deux dernières années, nous dit-on, à consacrer, comme il le dit, par inspiration, une nouvelle bible. Il prétend que Dieu lui a confié une nouvelle bible qui avait toujours été cachée au monde. Smith mettait la figure dans un chapeau dans lequel il avait une pierre blanche et faisait semblant de lire dedans pendant que son coadjuteur transcrivait [16] ».

La mention de la « pierre blanche » correspond à la description des interprètes néphites faite par Harris. Tous ces articles de journaux correspondent tout à fait avec la description de 1859 de Martin Harris faite trente ans plus tard. Il s’avère, par conséquent, que Martin Harris a raconté systématiquement la même histoire.

Nous avons des indications que Martin Harris, tant au moment où la traduction eut lieu qu’à la fin de sa vie, percevait que Joseph utilisait les interprètes néphites ou « lunettes » avec un chapeau pour interpréter les caractères des plaques d’or. L’utilisation du chapeau dans le cadre de la traduction était clairement notée. La description de Martin coïncide avec la période où il a agi comme secrétaire, ce qui correspond à la traduction des 116 pages perdues du manuscrit. L’idée que l’urim et le thummim étaient placés dans un chapeau est tout à fait différente de l’image mentale que nous nous faisons de Joseph utilisant les lunettes comme une paire de lunettes pour visualiser les plaques. Il faut cependant se rappeler que Martin décrit les pierres des interprètes comme « blanches comme du marbre poli avec quelques veines grises ». Cela ne signifie pas nécessairement qu’elles étaient transparentes.

Les journaux continuèrent, pendant plusieurs années après la publication du Livre de Mormon, à parler de lunettes placées dans un chapeau. Le Daily Albany Argus du 15 octobre 1831, mentionne la nécessité de protéger les interprètes de la lumière ambiante. « Le prédicateur dit avoir découvert au même endroit deux pierres avec lesquelles il fut rendu capable, en les plaçant sur les yeux et en mettant sa tête dans un coin sombre, de déchiffrer les hiéroglyphes sur les plaques ! [17] » Le Morning Star, de Limerick, dans le Maine (7 mars 1833), dit que « un ange lui a donné une paire de lunettes qu’il a mise dans un chapeau et qu’il a ainsi lu et traduit, tandis qu’un des témoins l’écrivait tel qu’il le disait [18]. » Notez qu’en 1833 encore, ces articles ne mentionnent toujours pas l’expression « urim et thummim » et continuent d’appeler « pierres » ou « lunettes » les traducteurs néphites.

Le Protestant Sentinel, en 1834, soit ne connaissait pas, soit ne voulait pas utiliser l’expression urim et thummim pour désigner les lunettes. Il savait cependant que les lunettes étaient déposées dans le chapeau. L’histoire a évolué un peu au point que les plaques sont également dans le chapeau.

« En 1828, un certain Joseph Smith, un jeune homme illettré, incapable de lire son propre nom, de Palmyra, comté de Wayne, New York, a trouvé, paraît-il, plusieurs plaques d’or, ainsi qu’une paire de lunettes, des reliques d’une haute antiquité. Les lunettes étaient conçues pour aider la vision mentale dans des circonstances assez particulières. Il fallait les mettre et le visage devait être plongé dans un chapeau étroit. Cela fait, Smith pouvait interpréter les mystères sacrés des plaques, qui se trouvaient, suppose-t-on, au sommet du chapeau ! [19] »

L’expression « aider la vision mentale » mérite d’être relevée. Bien que nous ne sachions pas où l’auteur a eu cette idée, elle implique que les lunettes ne fonctionnaient pas nécessairement comme une paire de lunettes, mais plus comme une pierre de voyant.

Le New York Weekly Messenger, en 1835, cinq ans après la publication du Livre de Mormon, affirmait que les « plaques » et les « deux pierres plates et lisses » étaient placées dans un chapeau.

« Smith prétendait avoir trouvé des plaques d’or ou de laiton, comme les feuilles d’un livre, cachées dans une boîte dans la terre, où il avait été conduit par un ange en 1827, — que ce qui y était écrit était en ‘langue égyptienne réformée’ — qu’il a été inspiré d’interpréter l’écriture, ou ce qui était gravé, en mettant une plaque dans son chapeau, en mettant dans le chapeau deux pierres plates et lisses qu’il avait trouvées dans la boîte et en y mettant le visage — qu’il ne pouvait pas écrire, mais tandis qu’il traduisait, un certain Oliver Cowdery l’écrivait [20]. »

Bien que certaines variations amusantes soient introduites dans l’histoire par rapport à ce que nous savons actuellement, une chose que l’on retrouve dans tous les articles de journaux mentionnés jusqu’à présent est que tous parlent de l’utilisation des interprètes néphites (les lunettes) et du chapeau.

Même William, frère du prophète, racontait, 53 ans après la publication du Livre de Mormon, que Joseph plaçait l’urim et le thummim dans un chapeau.

« Il les a traduites au moyen de l’urim et du thummim (qu’il avait obtenus avec les plaques) et le pouvoir de Dieu. La manière dont cela se faisait consistait à regarder dans l’urim et le thummim, qui étaient placés dans un chapeau pour exclure la lumière (les plaques se trouvant tout près, recouvertes) et à lire la traduction, qui apparaissait dans la pierre par le pouvoir de Dieu [21]. »

Joseph Knight était un bon ami du Prophète Joseph. Son récit appelle l’urim et le thummim les lunettes. Chose significative, Knight mentionne également le chapeau.

« Maintenant la façon dont il a traduit consistait à mettre l’urim et le thummim dans son chapeau et à assombrir ses yeux, puis il prenait une phrase et elle apparaissait en lettres romaines lumineuses, puis il le disait au rédacteur et il l’écrivait. Alors cela disparaissait, la phrase suivante apparaissait et ainsi de suite. Mais si ce n’était pas orthographié correctement, cela ne disparaissait pas tant que ce n’était pas bon : nous voyons ainsi que c’était merveilleux. C’est comme cela que tout a été traduit [22]. »

Ces récits nous incitent à penser que Joseph plaçait les lunettes, que nous appelons l’urim et le thummim, dans un chapeau au cours du processus de traduction. Nous supposons habituellement que Joseph avait les plaques sur la table et les regardait à travers les lunettes.

Les lunettes en tant que l’urim et le thummim

Comme noté précédemment, aucun des articles de journaux de l’époque imprimés dans la période de 1830 à 1833 ne mentionne l’urim et le thummim. Au lieu de cela, ils parlent tous de lunettes ou d’une pierre blanche. Alors comment les lunettes trouvées par Joseph Smith en sont-elles venues à être appelées l’urim et le thummim ? L’une des toutes premières mentions connues des lunettes comme étant l’urim et le thummim a paru dans le journal mormon The Evening and Morning Star en janvier 1833, trois ans après la publication du Livre de Mormon. La formulation est intéressante, car il semble que ce soit l’une des toutes premières fois que l’expression urim et thummim est appliquée » aux instruments de traduction.

Le Livre de Mormon, en tant que révélation de Dieu, possède quelque avantage sur les écritures anciennes : il n’a pas été teinté par la sagesse de l’homme, avec ici et là un mot en italique pour pallier les faiblesses. Il a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu, par un homme sans instruction, grâce à l’aide d’une paire d’Interprètes, ou lunettes (connus peut-être dans les temps anciens sous le nom de théraphim ou d’urim et thummim) [23]. »

Notez l’utilisation du mot « peut-être ». Il ne semble pas que l’expression urim et thummim ait été généralement associée, à ce stade, aux interprètes.

L’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours a été jusqu’à préciser que l’expression urim et thummim n’est entrée dans l’usage qu’après 1833.

« Les preuves sont claires et positives que l’histoire de la traduction par l’urim et le thummim ne remonte pas plus haut que 1833, ou entre cette date et 1835 ; car on ne la trouve dans aucun document imprimé de l’Église du Christ avant la dernière partie de l’année 1833 ou l’année 1834. Le ‘Livre des Commandements’ à l’Église du Christ, publié en 1833 à Independence, Missouri, ne contient aucune allusion à l’urim et au thummim ; bien que l’expression ait été insérée dans certaines des révélations lors de leur réimpression en 1835 dans le ‘Livre des Doctrine et Alliances’ [24]. »

L’association de l’expression urim et thummim avec les lunettes semble donc être entrée en usage plusieurs années après la publication du Livre de Mormon. Elle n’a peut-être pas été effectivement utilisée au cours de la période de traduction elle-même. L’historien D. Michael Quinn estime toutefois qu’elle a pu être appliquée dès 1828. « C’était l’expression dans la ‘Manuscript History of the Church’ pour désigner l’objet par lequel les premières révélations ont été reçues jusqu’en 1830 et cette affirmation au sujet de l’urim et du thummim est apparue depuis 1921 jusqu’à nos jours dans les chapeaux de ces premières révélations dans les Doctrine et Alliances [25]. »

Cependant, Quinn note aussi que « il n’y n’avait aucune mention de l’urim et du thummim dans les chapeaux du Livre des Commandements (1833), ou dans les chapeaux des seules éditions des Doctrine and Covenants préparées du vivant de Smith (en 1835 et en 1844) [26]. »

En 1836, nous trouvons enfin une mention de l’urim et du thummim dans une publication non mormone. L’histoire a été imprimée dans l’Ohio Observer. Truman Coe résidait à Kirtland (Ohio), mais n’était pas membre de l’Église. Il semble répéter ce que Joseph Smith ou d’autres membres de l’Église de Kirtland lui ont dit et par conséquent emploie l’expression urim et thummim pour désigner les interprètes. Chose significative, Coe ne mentionne pas l’utilisation d’un chapeau. « La manière dont la traduction s’est faite était aussi merveilleuse que la découverte. En mettant son doigt sur l’un des caractères et en implorant l’aide divine, puis en regardant à travers l’urim et le thummim, il voyait le sens écrit clairement en anglais sur un écran placé devant lui [27]. »

Brant Gardner observe que Coe « n’a certainement pas accepté l’histoire telle quelle », mais qu’il « semble l’avoir racontée sans sarcasme ni distorsion ». Gardner fait également remarquer que l’histoire de Coe « fait un portrait de la traduction qui a perduré depuis au moins 1836 jusqu’à nos jours [28] ». En effet, le récit de Coe semble être très proche de l’histoire que nous utilisons aujourd’hui dans l’Église, s’accordant même avec certaines œuvres modernes montrant Joseph assis à une table, le doigt sur les plaques.

En 1840, nous trouvons un récit hostile qui emploie effectivement l’expression urim et thummim pour appeler les interprètes. Dans ce récit, les lunettes sont placées sur les yeux et il n’y a aucune mention de l’utilisation d’un chapeau.

« Il a déclaré qu’un ange avait été envoyé par Dieu pour lui faire connaître l’endroit où le livre était dissimulé — qu’il a cherché et l’a trouvé — que les mots étaient gravés sur des plaques d’or dans une langue que personne ne comprenait — et que deux grands bijoux qui ressemblaient à des diamants lui ont été donnés, qui, appliqués aux yeux, comme des lunettes, lui ont permis de connaître le sens et de traduire le Livre de Mormon en anglais. Ces bijoux étaient, a-t-il dit, l’urim et le thummim de l’Ancien Testament [29]. »

Une interview de William Smith, frère du prophète, faite en 1891, fournit une description de l’urim et du thummim et sa relation avec le pectoral. Au moment où William a fait sa description, l’expression urim et thummim avait été utilisée pendant de nombreuses années pour décrire les interprètes néphites. William dit que « un arc d’argent passait au-dessus d’une des pierres, en dessous de l’autre autour et au-dessus de l’autre et sous la première sous la forme d’un huit horizontal tout comme une paire de lunettes ». William dit également que les lunettes étaient « beaucoup trop grandes pour Joseph » et que Joseph « ne pouvait voir qu’à travers une à la fois en utilisant tantôt l’une, tantôt l’autre. En mettant sa tête dans un chapeau ou un objet sombre, il n’était pas nécessaire de fermer un œil tandis qu’il regardait dans la pierre avec l’autre. De cette façon, parfois quand ses yeux [se fatiguaient] il [les soulageait] de la tension [30]. »

William dit que Joseph « regardait à travers » les pierres « une à la fois », ce qui implique naturellement qu’il regardait les plaques à travers elles, mais le fait de placer sa « tête dans un chapeau ou un objet sombre » semble contredire l’idée que les plaques étaient situées de l’autre côté de la pierre. Parce que les interprètes néphites avaient la forme de « lunettes », nous supposons naturellement que Joseph était obligé de regarder directement les caractères sur les plaques à travers les interprètes.

Les lunettes et la pierre

Après avoir vu que les journaux contemporains concordent parfaitement avec la description faite par Martin Harris à la fin de sa vie que les lunettes étaient utilisées avec un chapeau au début du processus de traduction, qu’allons-nous faire des descriptions d’Emma Smith et de David Whitmer ? Elles décrivent l’utilisation d’une « pierre de voyant » et d’un chapeau. La pierre est rarement mentionnée dans les publications de l’Église, mais il y a plusieurs cas remarquables. Comme mentionné plus haut, The Friend parle de deux instruments de traduction, déclarant que « Joseph a trouvé avec les plaques d’or » un « urim et thummim composé de deux pierres transparentes serties dans la monture d’un arc fixé à un pectoral » et que « Joseph utilisait également pour traduire une pierre en forme d’œuf appelée pierre de voyant [31]. »

Nous avons ici une indication que Joseph a employé plus d’un instrument pendant le processus de traduction. On trouve une confirmation dans un article par Edward Stevenson imprimé en 1881 dans le Deseret News, dans lequel il fait dire à Martin Harris « que le prophète possédait une pierre de voyant qui le rendait capable de traduire aussi bien que par l’urim et le thummim et, pour des raisons pratiques, il a alors utilisé la pierre de voyant [32]. »

Nous voyons maintenant que Martin était au courant de l’existence et de la distinction entre deux instruments de traduction différents. En fait, l’Ensign de janvier 1988 nous apprend que Martin non seulement savait que Joseph utilisait à la fois les interprètes néphites et une pierre de voyant, mais qu’il a été jusqu’à échanger une fois la pierre de Joseph avec une pierre différente afin de tester la capacité de Joseph à traduire.

« Du 12 avril au 14 juin, Joseph traduisit tandis que Martin écrivait avec seulement un rideau entre eux. À l’occasion, ils faisaient une pause au cours de cette tâche ardue, allant parfois jusqu’à la rivière pour lancer des pierres. Un jour, Martin trouva une pierre qui ressemblait fort à la pierre de voyant que Joseph utilisait parfois à la place des interprètes et la substitua à l’insu du Prophète. Quand la traduction reprit, Joseph resta longtemps silencieux puis s’exclama: ‘Martin, que se passe-t-il, tout est aussi sombre que l’Égypte.’ Martin avoua alors qu’il souhaitait ‘faire taire les sots’ qui lui avaient dit que le prophète mémorisait les phrases et ne faisait que les lui répéter [33]. »

Martin voulait la preuve que Joseph était bien capable d’utiliser la pierre pour traduire. Comme, conformément au commandement du Seigneur, il n’osait pas regarder dans les lunettes, il ne pouvait que risquer de substituer une autre pierre à celle de Joseph. Emma Smith confirme également que Joseph passait de l’urim et du thummim à la pierre de voyant et vice versa. Elle dit : « La première chose que mon mari a traduite, il l’a traduite à l’aide de l’urim et du thummim, et c’est la partie perdue par Martin Harris, après il a utilisé une petite pierre, pas exactement noire, mais plutôt d’une couleur foncée [34]. »

Avec cette déclaration, Emma détermine le moment de la transition des interprètes néphites vers la pierre de voyant. Elle dit que cela s’est produit après la perte des 116 pages et la reprise de la traduction.

David Whitmer, qui n’a fait qu’observer la traduction après la perte des 116 pages, distingue aussi l’urim et le thummim (les lunettes) de la pierre de voyant.

« Avec la confirmation de David Whitmer et par son autorité, j’affirme maintenant qu’il ne dit pas que Joseph Smith a jamais traduit en sa présence à l’aide de l’urim et du thummim, mais au moyen d’une pierre opaque, de couleur sombre, appelée ‘pierre de voyant’, placée au fond d’un chapeau, dans lequel Joseph mettait le visage de façon à exclure la lumière extérieure. Puis, une lumière spirituelle brillait et du parchemin apparaissait devant Joseph, sur lequel il y avait une ligne de caractères des plaques et en-dessous, la traduction en anglais ; du moins, c’est ce que Joseph dit [35]. »

Une autre interview de Whitmer relève que tandis que Joseph n’était pas autorisé par le Seigneur de montrer l’urim et le thummim, il a pu montrer sa pierre de voyant à d’autres.

« Il est tout à fait certain que Joseph avait une autre pierre appelée pierre de voyant ou ‘peepstone’. Cette pierre était fréquemment montrée à différentes personnes et a aidé à apaiser leur terrible curiosité ; mais l’urim et le thummim jamais, sauf peut-être à Oliver Cowdery [...] L’idée de David Whitmer, père, était que la traduction avait été réalisée par la pierre de voyant, comme il l’appelait, pas par les interprètes, et la déclaration d’Emma Smith (Bidamon) concorde avec Whitmer tel que publié dans le Herald il y a quelques années. La seule différence entre les déclarations des témoins est celle qui concerne les détails de la traduction ; et, comme nous l’avons indiqué plus haut, David et Emma, et c’est dans la nature des choses, ne savaient pas exactement comment l’urim et le thummim étaient utilisés, car ils ne les avaient jamais vus. Le lecteur voudra bien se rappeler que personne n’était autorisé à voir que ce soit les plaques ou l’urim et le thummim, sauf si Dieu le commandait. Les huit témoins furent autorisés à voir les plaques et à les manipuler comme indiqué ci-dessus et personne d’autre [36]. »

En 1886, David Whitmer dit que Joseph s’était servi de sa propre pierre de voyant pour traduire tout notre texte actuel du Livre de Mormon. Dans cette interview, Whitmer dit que les lunettes ne furent jamais rendues après la perte des 116 pages et qu’une pierre de voyant fut présentée à Joseph Smith en vue de la poursuite de la traduction.

« Par la prière fervente et en s’humiliant d’autres façons encore, le prophète rentra cependant en grâce et reçut une étrange pierre ovale, de couleur chocolat, de la taille d’un œuf, seulement plus plate, qui, lui fut-il promis, aurait la même fonction que l’urim et le thummim perdu (ce dernier était une paire de pierres transparentes, sertie dans une monture en forme d’arc et ressemblant fort à une paire de lunettes). C’est à l’aide de cette pierre que tout le Livre de Mormon actuel a été traduit [37]. »

Il est cependant très probable que l’affirmation de Whitmer qu’une pierre a été présentée à Joseph n’est pas correcte, puisque Joseph possédait déjà au moins une pierre de voyant avant de recevoir les interprètes néphites. On pourrait supposer que l’ange a enlevé la pierre à Joseph en même temps que les plaques et les interprètes néphites et la lui a rendue après l’avoir consacrée aux fins de traduction. Il n’y a néanmoins aucune preuve pour confirmer que tel a été le cas autre que le fait que Joseph fut autorisé à utiliser la pierre à cette fin.

Non seulement Joseph possédait une pierre de voyant avant de recevoir les interprètes néphites, il en connaissait déjà très bien l’utilisation. Matthew B. Brown fait remarquer que « Joseph Smith aurait dit en 1826, alors qu’il comparaissait devant un tribunal, que lorsqu’il avait obtenu sa pierre de voyant personnelle, il l’avait placée dans son chapeau et découvert que le temps, les lieux et la distance étaient anéantis, que tous les obstacles intermédiaires étaient écartés et qu’il possédait un des attributs de la Divinité, un œil qui voit tout [38]. »

Brown ajoute que Brigham Young confirma ce point de vue : « Quand Joseph avait une révélation, il avait, pour ainsi dire, les yeux du Seigneur. Il voyait comme le Seigneur voit [39]. »

En fait, quand il reçut les interprètes néphites, Joseph les considéra comme une version plus puissante de la pierre qu’il possédait déjà. Joseph Knight dit que Joseph semblait être plus excité de recevoir les lunettes que les plaques d’or elles-mêmes. Lorsque Joseph fut revenu d’être allé récupérer les plaques, dit Joseph Knight :

« Après le petit déjeuner, Joseph m’appela dans l’autre chambre et il mit le pied sur le lit et appuya la tête sur sa main et dit: ‘Eh bien, je suis très déçu.’ ‘Dommage, dis-je.’ ‘Eh bien, dit-il, je suis très déçu. C’est dix fois mieux que ce à quoi je m’attendais.’ Il poursuivit alors en disant la longueur, la largeur et l’épaisseur des plaques, et, dit-il, elles semblent être en or. Mais il semblait penser plus aux lunettes ou à l’urim et thummim qu’aux plaques, car, dit-il, ‘je peux voir n’importe quoi. Elles sont merveilleuses. Maintenant elles sont écrites en caractères et je les veux traduites [40].’ »

L’idée que les interprètes néphites étaient une version plus puissante de la pierre de voyant de Joseph est intéressante, puisqu’elle implique qu’il y avait quelque chose de spécial dans les pierres elles-mêmes. Il est cependant plus probable qu’il s’agissait de la perception de Joseph que les pierres étaient supérieures parce qu’elles avaient été consacrées par Dieu dans le but de voir des choses.

Cependant, Joseph Fielding Smith, apôtre du XXe siècle et historien de l’Église, accepte l’idée que les interprètes néphites étaient supérieurs à une « pierre de voyant » ordinaire. Réagissant aux récits selon lesquels Joseph peut avoir utilisé sa propre pierre de voyant pendant la traduction du Livre de Mormon, frère Smith dit catégoriquement qu’il ne croyait pas que ce soit vrai, étant donné que la pierre était inférieure aux interprètes néphites. Dans les Doctrines du Salut, publiées en 1956, Smith dit qu’il considère ces récits comme de « l’ouï-dire » .

« Certains auteurs ont dit que le prophète Joseph Smith utilisait une partie du temps une pierre de voyant quand il traduisait les annales, et les renseignements que nous avons tendent à montrer qu’il avait en sa possession une pierre de ce genre ; néanmoins, il n’existe pas de déclaration authentique dans l’histoire de l’Église disant que l’on ait utilisé pareille pierre dans cette traduction. Cette information n’est que de l’ouï-dire et personnellement je ne crois pas que cette pierre ait été utilisée à cette fin. La raison pour laquelle j’affirme ceci se trouve dans ce que le Seigneur dit au frère de Jared dans Éther 3:22 – 24. Ces pierres, l’urim et le thummim, qui furent données au frère de Jared, furent conservées dans le but même de traduire les annales, tant des Jarédites que des Néphites. En outre, Moroni fit bien comprendre au prophète que ces pierres avaient été données dans ce but. Il ne semble guère raisonnable que, dans ces circonstances, le prophète leur ait substitué quelque chose de manifestement inférieur. Il se peut qu’il en ait été ainsi, mais il est facile de faire circuler une histoire de ce genre, attendu que le prophète possédait effectivement une pierre de voyant qu’il a pu utiliser dans d’autres buts [41]. »

Nous avons maintenant montré qu’il y a plusieurs récits de témoins et de sources de l’Église qui confirment que Joseph est passé des lunettes ou interprètes néphites à une pierre de voyant au cours du processus de traduction du Livre de Mormon. La question suivante est : pourquoi Joseph a-t-il changé d’instruments de traduction ? Était-ce simplement parce que c’était plus pratique, comme le disait Martin Harris ?

Une explication possible est que la taille des interprètes a pu être un obstacle à leur utilisation. William Smith dit des interprètes néphites qu’ils étaient « beaucoup trop grands pour Joseph et il ne pouvait voir que par une à la fois, utilisant tantôt l’une, tantôt l’autre [42]. » Charles Anthon, qui avait forcément obtenu ses informations de Martin Harris, donne des détails supplémentaires quand il écrit que « ces lunettes étaient tellement grandes que si l’on tentait de regarder avec elles, les deux yeux devaient être tournés vers l’un des verres seulement, les lunettes en question étant absolument trop grandes pour la largeur du visage humain [43]. »

John Corrill, en 1839, confirme que Joseph avait rendu l’urim et le thummim à l’ange avant de publier le Livre de Mormon, notant que « après l’achèvement de la traduction, les plaques et les pierres de l’urim et du thummim ont été reprises et dissimulées par l’ange dans un but sage et la traduction a été publiée au monde au cours de l’hiver 1829-1830 [44]. »

Une autre explication possible est que les interprètes néphites n’ont jamais été rendus à Joseph et qu’il a dû continuer la traduction à l’aide de sa propre pierre de voyant. David Whitmer semble indiquer cela comme une possibilité lorsqu’il affirme que l’urim et le thummim ont été pris à Joseph et qu’une pierre de voyant lui a été « présentée ».

Sur la base de ces récits, il semble que Joseph ait commencé le processus de traduction en utilisant les interprètes néphites et qu’à un certain moment il a pu les utiliser avec un chapeau. Après la perte des 116 pages, il a pu être passé à sa propre pierre de voyant ou a continué à utiliser les « lunettes » néphites, encore une fois avec le chapeau. En fait, étant donné les mentions répétées de l’utilisation du chapeau pendant la traduction, il n’est pas possible de savoir avec certitude si Joseph utilisait les interprètes néphites ou la pierre de voyant dans le chapeau pendant ce laps de temps. Une chose semble certaine sur la base des récits de témoins — pendant la période de la traduction après la perte des 116 pages, Joseph état assis bien en vue, sans rideau, dictant à son secrétaire tout en regardant dans son chapeau.

Les lunettes et la pierre en tant qu’urim et thummim

À un moment donné, plusieurs années après la publication du Livre de Mormon, on commença à appeler tant les interprètes néphites (les lunettes) que la pierre de voyant l’urim et le thummim. Lorsqu’elle fut introduite en 1833, l’expression urim et thummim ne désignait pas uniquement l’instrument que Joseph avait obtenu avec les plaques, mais aussi sa propre pierre de voyant qu’il possédait avant la traduction du Livre de Mormon. En 1907, B.H. Roberts associe clairement l’expression aussi bien à la pierre qu’aux interprètes néphites.

« La pierre de voyant mentionnée ici était une pierre de couleur chocolat, un peu en forme d’œuf, que le prophète avait trouvée en creusant un puits en compagnie de son frère Hyrum. Elle possédait les qualités de l’urim et du thummim puisque, grâce à elle, comme décrit plus haut, ainsi que grâce aux « Interprètes » trouvés avec les annales néphites, Joseph a pu traduire les caractères gravés sur les plaques [45]. »

Dans le vocabulaire ordinaire de l’Église, l’expression urim et thummim est toujours supposée désigner les interprètes néphites que Joseph a récupérés avec les plaques. Seuls ceux qui connaissent bien les sources se rendent compte qu’il y avait plus d’un instrument de traduction. L’expression urim et thummim désigne tout instrument servant à la traduction ou à la réception de la révélation.

L’Ensign de janvier 2013 précise que Joseph a utilisé plusieurs instruments de révélation et qu’ils ont tous ont été classés sous le nom d’urim et thummim.

« Ceux qui croyaient que les révélations de Joseph Smith contenaient la voix du Seigneur qui s’adressait à eux acceptaient aussi la façon miraculeuse dont les révélations étaient données. Certaines des toutes premières révélations du Prophète Joseph furent données par le même moyen par lequel il traduisit le Livre de Mormon à partir des plaques d’or. Dans la boîte de pierre contenant les plaques d’or, Joseph trouva ce que les prophètes du Livre de Mormon appelaient ‘interprètes’ ou ‘pierre qui brillera dans les ténèbres de manière à apporter la lumière’ (Alma 37:23-24). Il décrit l’instrument comme étant des ‘lunettes’ et le désigne à l’aide d’une expression de l’Ancien Testament, urim et thummim (voir Exode 28:30 ).

 

« Il appliquait aussi parfois l’expression à d’autres pierres qu’il possédait, appelées ‘pierres de voyant’ parce qu’elles l’aidaient à recevoir des révélations en tant que voyant. Le prophète reçut certaines des premières révélations à l’aide de ces pierres de voyant [46]. »

L’idée qu’il pourrait y avoir plus d’un urim et thummim n’est pas exceptionnelle : il nous suffit de jeter un coup d’œil à la Bible. L’urim et le thummim mentionné dans la Bible n’est pas le même instrument que celui utilisé par les Néphites ou par Joseph Smith. Toutefois, les passages bibliques qui parlent de l’urim et du thummim associent bel et bien l’instrument à un pectoral. Exode 28: 30 affirme : « Tu joindras au pectoral du jugement l’urim et le thummim, et ils seront sur le cœur d’Aaron, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel. Ainsi, Aaron portera constamment sur son cœur le jugement des enfants d’Israël, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel. Lévitique 8:8 dit : « Il lui mit le pectoral, et il joignit au pectoral l’urim et le thummim. » Le site officiel de l’Église, lds.org, nous apprend que l’urim et le thummim était « un ancien instrument ou outil établi par Dieu et utilisé par Joseph Smith pour aider à la traduction du Livre de Mormon. Dieu a fourni un urim et thummim à ses prophètes dans les temps anciens (voir Exode 28:30 ; 1 Samuel 28:6 p. ; Esdras 2:63).

L’urim et le thummim n’est pas un instrument unique : Dieu n’a pas fourni l’urim et le thummim, mais plutôt un urim et thummim. Il peut y avoir plus d’un instrument appelé « urim et thummim ».

L’urim et thummim biblique était également utilisé pour recevoir la révélation et comme le dit 1 Samuel 28:6 , « Saül consulta l’Éternel ; et l’Éternel ne lui répondit point, ni par des songes, ni par l’urim, ni par les prophètes. »

Joseph Smith n’a-t-il pas parlé de l’urim et du thummim ?

Au cours de la dernière partie de sa vie, Joseph Smith appela clairement urim et thummim les instruments utilisés pour la traduction. Il dit en 1838 dans l’Elders Journal : « Je les ai obtenues et l’urim et le thummim avec elles à l’aide duquel j’ai traduit les plaques et c’est ainsi que le Livre de Mormon est arrivé [47]. »

Un exemple mieux connu est la lettre à Wentworth, imprimée dans le numéro du 1er mars 1842 du Times and Seasons. Joseph écrit : « Avec les annales, je découvris un curieux instrument, que les anciens appelaient « urim et thummim », qui se composait de deux pierres transparentes serties dans la monture d’un arc fixé à un pectoral. Par l’intermédiaire de l’urim et du thummim j’ai traduit les annales par le don et le pouvoir de Dieu [48]. »

Cependant, Joseph a-t-il utilisé, au cours de la période pendant laquelle il traduisait le Livre de Mormon, l’expression urim et thummim pour désigner les instruments de traduction ? Selon Enseignements des présidents de l’Église : Joseph Smith, Joseph Smith aurait dit : « L’ange était réjoui quand il m’a rendu l’urim et le thummim [49]. » Il apparaît au premier abord dans cette citation que Joseph utilise l’expression urim et thummim pour désigner les lunettes néphites au moment où il traduisait. Toutefois, quand on examine la note de bas de page de cette citation, on voit que ce texte provient de l’histoire manuscrite de la vie du prophète faite en 1845 par Lucy Mack Smith, qui a été écrite bien après l’introduction dans l’usage courant de l’expression l’urim et le thummim. En outre, quand on examine le texte original du manuscrit de 1845 de Lucy, on remarque quelques modifications intéressantes. À l’origine, Lucy a partiellement écrit le texte à la troisième personne.

« J’ai alors continué, Joseph, ‘mes supplications à Dieu sans arrêt que sa miséricorde puisse à nouveau s’exercer envers moi et le 22 septembre, j’ai eu la joie et la satisfaction de recevoir à nouveau les annales en ma possession et j’ai commencé à traduire et Emma écrit pour moi maintenant, mais l’ange a dit que si je reçois à nouveau les plaques, le Seigneur enverra quelqu’un pour écrire pour moi et j’espère bien qu’il en sera ainsi’ — il dit également que l’ange semblait réjoui quand il lui a rendu les plaques et a déclaré qu’il était satisfait de sa fidélité et de son humilité aussi que le Seigneur était satisfait de lui et qu’il l’aimait pour sa pénitence et sa diligence dans la prière, en quoi il avait si bien accompli son devoir au point de recevoir les annales et il a pu reprendre le travail de traduction [50]. »

Après les ratures et les remplacements de mots, le texte complet se lit comme s’il avait été écrit par Joseph lui-même, toutes les mentions de « plaques » et d’ « annales » maintenant remplacées par « l’urim et le thummim ».

« J’ai continué, dit Joseph, sans arrêt mes supplications à Dieu pour que sa miséricorde s’exerce à nouveau envers moi et le 22 septembre, j’ai eu la joie et la satisfaction de recevoir à nouveau l’urim et le thummim en ma possession et j’ai commencé à traduire et Emma écrit pour moi maintenant, mais l’ange dit que le Seigneur enverrait quelqu’un pour écrire pour moi et je suis sûr qu’il en sera ainsi –il a également dit qu’il se réjouissait quand il m’a rendu l’urim et le thummim et que Dieu était satisfait de ma fidélité et de mon humilité et m’aimait pour ma pénitence et ma diligence dans la prière, en quoi j’avais si bien rempli mon devoir que j’avais l’urim et le thummim et que je pouvais reprendre le travail de traduction [51]. »

Étant donné que c’est Lucy qui a initialement écrit le texte de la déclaration de Joseph, nous avons établi que cette mention de l’urim et du thummim est une citation tardive de seconde main. L’utilisation de l’expression pour désigner les instruments de traduction n’est pas surprenante, mais son utilisation pour remplacer la mention des plaques est inhabituelle. Au moment où l’histoire de Lucy a été publiée en 1853, il n’y n’avait aucune indication que ces mentions « urim et thummim » désignaient à l’origine les plaques, et maintenant, il apparaissait que Joseph Smith lui-même avait dit ces paroles.

« Après que l’ange m’eut quitté, dit-il, je continuai sans arrêt mes supplications à Dieu, et le vingt-deux septembre, j’eus la joie et la satisfaction de recevoir à nouveau l’urim et le thummim, avec lequel j’ai recommencé à traduire, et Emma écrit pour moi, mais l’ange a dit que le Seigneur m’enverrait un secrétaire, et j’espère bien que sa promesse sera confirmée. L’ange semblait satisfait de moi quand il m’a rendu l’urim et le thummim, et il m’a dit que le Seigneur m’aimait pour ma fidélité et mon humilité [52]. »

C’était une pratique courante au XIXe siècle de réécrire les récits historiques à la troisième personne comme des récits à la première personne. Tel fut également le cas de la History of the Church.

Oliver Cowdery et l’urim et le thummim

Oliver Cowdery, comme secrétaire de Joseph durant la période de traduction qui a produit le texte du Livre de Mormon dont nous disposons aujourd’hui, est sans doute le meilleur témoin de la méthode utilisée. Certains des récits d’Oliver concernant le processus de traduction parlent de l’urim et du thummim et des interprètes néphites. Par exemple, en 1834, W.W. Phelps écrivit une lettre à Oliver Cowdery notant que la traduction se fit « grâce à l’aide de ‘l’urim et du thummim’ les ‘Interprètes néphites’ ou les Lunettes divines » [53]. Oliver écrivit un article dans le Latter Day Saint’s Messenger and Advocate dans lequel il décrivait le processus de traduction :

« Ce furent là des jours inoubliables! Cela éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter le son d'une voix parlant sous l'inspiration du ciel. Jour après jour, je continuai, sans interruption, à écrire l'histoire, ou annales, appelée ‹Livre de Mormon›, telle qu'elle tombait de ses lèvres, tandis qu'il traduisait à l'aide de l'urim et du thummim, ou, comme les Néphites les auraient appelés, les ‘Interprètes’ [54]. »

 

Le Messenger and Advocate était un journal de l’Église et son public était principalement des membres de l’Église. Il est clair qu’en 1834, urim et thummim était le nom accepté au sein de l’Église pour les instruments utilisés au cours de la traduction. Il n’y a aucune distinction entre les interprètes néphites et la pierre de voyant.

Après avoir quitté l’Église, Oliver continua à s’en tenir à son témoignage du Livre de Mormon, bien que ne croyant plus que Joseph Smith était inspiré pour diriger l’Église. Il y a une citation célèbre attribuée à Oliver Cowdery qui circule sur l’Internet, qui est utilisée comme preuve qu’Oliver était devenu sceptique quant à son rôle dans la traduction du Livre de Mormon et qu’il mentionnait expressément l’utilisation de la pierre de voyant comme étant l’urim et le thummim. Oliver est censé avoir dit ce qui suit en 1839 :

« J’ai parfois eu des périodes de scepticisme au cours desquelles je me demandais sérieusement si nous avions, le Prophète et moi, notre bon sens quand il traduisait des plaques par « l’urim et le thummim », alors que les plaques n’étaient pas du tout en vue.

« Mais je croyais à la fois au Voyant et à la « pierre de voyant » et ce que le Premier Ancien annonçait comme révélation de Dieu, je l’acceptais comme tel et je le mettais sur papier avec un esprit heureux et un cœur joyeux et une plume rapide, car je croyais qu’il était l’honneur et la vérité mêmes, un jeune homme qui aurait préféré mourir plutôt que mentir [55]. »

On sait que le document contenant ces citations est un faux historique, bien qu’il ait été accepté comme authentique pendant de nombreuses années après sa parution en 1906. Il consiste principalement de bouts de phrases rédigés par Oliver Cowdery, qui avaient été extraits de plusieurs numéros de 1834 et 1835 du Latter Day Saints’ Messenger and Advocate et ensuite placés dans un contexte différent. Il utilise également une reformulation de notions traitées dans l’ouvrage publié en 1887 par David Whitmer, An Address to All Believers in Christ [56]. Richard Lloyd Anderson explique l’origine de ce faux dans l’Ensign d’avril 1987.

« En 1906, l’évangélique R. B. Neal, un chef de file de l’Association anti-mormone américaine, publia à grand bruit un document dont il ne pouvait prouver l’authenticité. Le Révérend Neal affirmait que la publication était une réimpression d’un document de 1839 expliquant l’apostasie d’Oliver Cowdery : Defence in a Rehearsal of My Grounds for Separating Myself from the Latter Day Saints. « Il n’y a pas de document plus important qui ait été mis à jour depuis que je suis engagé dans ce combat », affirmait R. B. Neal. Avec une telle conviction, on pouvait être sûr que le Révérend Neal allait fournir la preuve de l’existence de l’original. Mais tout ce que nous avons, c’est sa première édition de 1906, qui est silencieuse sur la question de savoir pourquoi personne n’avait jamais entendu parler du document jusqu’à un demi-siècle après la mort d’Oliver Cowdery [57]. »

Il est une autre affaire impliquant Oliver Cowdery qu’il nous faut prendre en compte. Nous savons qu’à un moment donné au cours du processus de traduction Oliver Cowdery a souhaité traduire. Sa tentative et son incapacité de le faire ont fourni une des leçons de choses les plus connues de l’Église. La plupart des membres de l’Église connaissent probablement bien la leçon proposée dans Doctrine et Alliances 9:7-9 :

« Voici, tu n'as pas compris ; tu as pensé que je te le donnerais, alors que ton seul souci était de me le demander. Mais voici, je te dis que tu dois l'étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si c'est juste, et si c'est juste, je ferai en sorte que ton sein brûle au-dedans de toi ; c'est ainsi que tu sentiras que c'est juste. Mais si ce n'est pas juste, tu ne sentiras rien de la sorte, mais tu auras un engourdissement de pensée qui te fera oublier ce qui est faux ; c'est pourquoi, tu ne peux écrire ce qui est sacré que si cela t'est donné de moi. »

 

La leçon donnée est très puissante et définit, pour les saints des derniers jours, la manière dont on peut recevoir la révélation personnelle. Richard G. Scott a traité de cette question lors de la conférence générale d’avril 2007.

« Certaines mauvaises interprétations au sujet de la prière peuvent être évitées si nous prenons conscience que les Écritures définissent les principes sur lesquels repose une prière efficace, mais qu’ils ne garantissent pas le momentla réponse sera donnée. En fait, notre Père répondra de l’une des trois manières suivantes : Premièrement, vous pouvez ressentir la paix, le réconfort, et l’assurance, vous confirmant que votre décision est bonne. Ou, deuxièmement, vous pouvez avoir des sentiments incertains, un engourdissement de pensée, qui vous indique alors que c’est le mauvais choix. Ou, troisièmement – et c’est le plus dur – vous pouvez ne ressentir aucune réponse [58]. »

L’échec de la tentative d’Oliver de traduire a fourni cette précieuse leçon à des générations à venir. Toutefois, si l’on considère le processus de traduction lui-même, nous arrive-t-il jamais de nous demander quelle méthode Oliver aurait employée dans sa tentative de traduire ? Nous savons qu’Oliver n’était pas autorisé à voir les plaques ou les interprètes néphites avant de devenir l’un des trois témoins. Pourtant, nous supposons généralement que le processus de traduction nécessitait l’utilisation des interprètes néphites et de voir les plaques. Il y a là une contradiction : l’histoire de la tentative de traduire d’Oliver ne correspond pas à l’image habituelle montrant Joseph et Oliver assis à une table séparés par un rideau.

Alors comment Oliver a-t-il tenté de traduire les plaques au cours de la période où il n’était pas encore un des témoins ? Quel instrument de traduction Oliver utilisait-il ? Bien que la tentative de traduction d’Oliver ne rentre pas dans le scénario dans lequel les interprètes néphites sont employés, elle correspond parfaitement à l’utilisation de la pierre et du chapeau, où Oliver et Joseph sont assis bien en vue l’un de l’autre et les plaques couvertes.

Richard Lloyd Anderson, dans un article paru dans l’Ensign de septembre 1977, relève cette incohérence concernant Oliver et les plaques.

« Oliver Cowdery dit : ‘J’ai manipulé les plaques d’or de mes mains.’ Pourtant, un autre témoin, David Whitmer, insiste sur le fait qu’il n’avait jamais manipulé les plaques, Il avait seulement regardé l’ange dans la vision exposer les plaques et les autres objets sacrés. Puisque Whitmer et Cowdery étaient ensemble lors de cette vision impressionnante, on doit en déduire que Cowdery n’a pas manipulé les plaques à ce moment-là. Il y a donc une distinction qui apparaît entre le secrétaire clé et son beau-frère témoin : à un moment donné du processus de traduction, Oliver Cowdery a manifestement manipulé les plaques [59]. »

La conclusion d’Anderson est que « Oliver Cowdery pourrait bien avoir manipulé les plaques lors de sa tentative de traduction [60]. » Ceci est basé sur l’hypothèse habituelle que l’utilisation des interprètes néphites, en tant que lunettes, nécessitait que le traducteur visualise directement les plaques à travers eux. Anderson suppose que le processus comportait « l’acte physique de placer les instruments de traduction directement au-dessus des plaques ». Il cite également un récit de seconde main dont il déclare qu’il « dit explicitement que le traducteur plaçait l’urim et le thummim au-dessus des caractères des plaques, bien qu’il faille en juger avec beaucoup de prudence ». Le récit provient d’un membre de l’Église, Samuel W. Richards. Richards est allé chez Oliver Cowdery et décrit la visite comme suit :

« Il [Oliver Cowdery] décrivit Joseph assis à une table avec les plaques devant lui, les traduisant à l’aide de l’urim et du thummim, tandis que lui était assis à côté de lui à écrire chaque mot tel que Joseph le prononçait. Pour ce faire, il tenait les ‘traducteurs’ au-dessus des hiéroglyphes, la traduction apparaissant distinctement sur l’instrument, qui avait été touché par le doigt de Dieu et dédié et consacré dans le but exprès de traduire les langues [61]. »

Anderson nuance le récit en notant que « il est douteux que Samuel Richards ait pu citer Oliver avec précision en 1907, cinquante-neuf ans après leur visite intime. En fait, dans la suite de sa déclaration, il décrit Oliver Cowdery comme réussissant lui-même à traduire, apprenant ainsi comment Joseph Smith effectuait ce travail. Mais la révélation contemporaine à Oliver Cowdery dit le contraire (D & A 9), ce qui signifie que personne d’autre que Joseph Smith ne connaissait personnellement le moyen exact employé pour la traduction [62]. »

Ce récit impliquerait également qu’Oliver avait effectivement vu l’instrument de traduction néphite et les plaques avant d’agir comme l’un des trois témoins. Cependant, il semble plus raisonnable qu’Oliver ait tenté de traduire sans devoir voir les plaques, bien qu’il aurait pu « manipuler » les plaques tandis qu’elles étaient couvertes.

Oliver a-t-il tenté de traduire à l’aide de la pierre de voyant de Joseph ? C’est une possibilité. Une autre possibilité est qu’Oliver possédait son propre instrument révélateur et ait tenté de l’utiliser pour traduire. Il y a une allusion à cela dans le texte original de la section 8 des Doctrine et Alliances, qui traite du « don » d’Oliver [63]. Ceci est éclairci sur le site officiel de l’histoire de l’Église, history.lds.org. Dans l’article « Don d’Oliver Cowdery », par Jeffrey G. Cannon, nous apprenons qu’Oliver possédait une baguette de sourcier qu’il utilisait pour recevoir des révélations.

Oliver Cowdery vivait dans une culture baignée des idées, de la langue et des pratiques bibliques. La mention de Moïse dans la révélation a vraisemblablement trouvé un écho chez lui. L’histoire de Moïse et de son frère Aaron dans l’Ancien Testament comprenait plusieurs cas d’utilisation de baguettes (verges) pour manifester la volonté de Dieu (voir Ex. 7:9 – 12 ; No. 17:8 ). Beaucoup de chrétiens du vivant de Joseph Smith et d’Oliver Cowdery croyaient de même aux baguettes de sourcier comme instruments de révélation. Cowdery était de ceux qui y croyaient et utilisaient une baguette de sourcier [64].

Comme il avait déjà utilisé sa baguette de sourcier par le passé pour recevoir des révélations, il n’est pas déraisonnable de supposer qu’Oliver a pu tenter d’utiliser son propre instrument de révélation lors de sa tentative de traduire. Cela remplirait la condition qu’il ne regarde pas les plaques ou les interprètes néphites avant de devenir l’un des trois témoins.

Mentions de l’urim et du thummim dans les Doctrine et Alliances

Il y a un certain nombre de mentions de l’urim et du thummim dans les Doctrine et Alliances. Pourrait-on utiliser l’une d’elles pour déterminer quand l’expression est entrée dans l’usage ? Les Doctrine et Alliances mentionnent un certain nombre de révélations reçues par Joseph Smith par l’intermédiaire de l’urim et du thummim. D & A 130, qui contient de nombreuses mentions, fut reçue en 1843, bien après que l’expression soit devenue d’usage courant. Les sections 10 et 17, reçues durant la période où la traduction était en cours, présentent un intérêt plus grand.

Doctrine et Alliances 10 fut reçue à l’été de 1828. Quand on lit le verset 1, il apparaît de prime abord que l’expression urim et thummim était utilisée au moment où la révélation fut reçue.

« Voici, je te dis que parce que tu as abandonné entre les mains d'un méchant homme ces écrits que tu avais reçu le pouvoir de traduire au moyen de l'urim et du thummim, tu les as perdus. »

 

Cependant, l’expression urim et thummim a été ajoutée en 1835, lorsque la révélation a été incluse dans la première édition des Doctrine et Alliances. La même révélation dans le Livre des Commandements de 1833 ne parle pas de l’instrument utilisé pour la traduction. « Voici, je te dis que parce que tu as abandonné entre les mains d'un méchant homme tant d’écrits que tu avais le pouvoir de traduire, tu les as perdus. »

 

D & A 17, reçue en juin 1829 « par l’intermédiaire de l’urim et du thummim », retient davantage l’attention. Le verset 1 informe les trois témoins : « Vous verrez les plaques et également le pectoral, l'épée de Laban, l'urim et le thummim qui furent donnés sur la montagne au frère de Jared, lorsqu'il parla au Seigneur face à face, et les directeurs miraculeux qui furent donnés à Léhi tandis qu'il se trouvait dans le désert au bord de la mer Rouge. »

 

Non seulement les instruments de traduction sont un sujet clé de la révélation, mais l’expression urim et thummim est directement associée aux interprètes néphites « p. qui furent donnés au frère de Jared ». Le texte original de la section 17 ne faisait pas partie du Livre des Commandements et a été initialement imprimé en tant que la section 42 dans l’édition de 1835 des Doctrine et Alliances [65]. On peut trouver le texte original de cette révélation dans « Revelation, June 1829 – E [D & C 17], » Joseph Smith Papers.

« Voici, je vous dis que vous devez avoir confiance en ma parole, et si vous le faites d'un cœur pleinement résolu, vous verrez les plaques et également le pectoral, l'épée de Laban, l'urim et le thummim qui furent donnés sur la montagne au frère de Jared, lorsqu'il parla au Seigneur face à face, et les directeurs miraculeux qui furent donnés à Léhi tandis qu'il se trouvait dans le désert au bord de la mer Rouge.[66]. »

 

L’introduction historique de cette section dans les JSP dit que « Revelation Book 2 contient la plus ancienne copie existante de cette révélation. Sans date, elle fut apparemment copiée quelque temps après le 25 novembre 1834 par le secrétaire Frederick G. Williams. Il n’existe pas de copie plus ancienne. Les Doctrine et Alliances de 1835 et les récits plus tardifs donnent la date comme étant juin 1829. » Si la date à laquelle cette révélation a été mise sur papier était en 1829, cela permettrait d’établir que l’expression urim et thummim était associée aux interprètes néphites pendant la période où la traduction était en cours. Malheureusement, la version écrite de cette révélation ne peut pas être datée plus tôt que 1834.

La pierre et le chapeau

Avant l’apparition de l’ange Moroni, Joseph possédait plusieurs pierres qu’il utilisait pour localiser des objets, l’usage le plus connu étant la localisation d’objets perdus ou de trésors enterrés. À l’époque, ce n’était pas une activité aussi insolite qu’on pourrait le croire vu de notre point de vue moderne. En 1825, le Wayne Sentinel de Palmyra signalait qu’on avait trouvé un trésor enfoui « grâce à une pierre minérale (qui devient transparente lorsqu’on la met dans un chapeau et que la lumière est exclue par le visage de celui qui regarde dedans) [67]. » En ce qui concerne la famille Smith et la recherche de trésors, l’érudit mormon Richard Bushman fait remarquer :

« Donc une fois qu’on généralise ce processus de telle sorte que Joseph Smith n’est pas une version particulièrement bizarre de la recherche de trésors, mais que c’était quelque chose de couramment pratiqué, tout d’un coup ce n’était plus une ternissure sur sa réputation ou sur celle de sa famille. Ce n‘était pas plus scandaleux que, disons, jouer au poker de nos jours. Un peu discrédité et légèrement répréhensible moralement mais pas vraiment mal ; et quand il s’est avéré que toutes sortes de chasseurs de trésors étaient aussi de sérieux chrétiens, pourquoi pas les Smith aussi ? Donc au lieu d’être un sujet de perplexité ou une contradiction, c’était juste un aspect de la culture familiale des Smith et il n’y avait pas vraiment de quoi s’inquiéter [68]. »

Il est logique que le Seigneur ait choisi d’aborder quelqu’un qui serait prêt à accepter l’idée que l’on peut « voir » à l’aide d’une pierre. Joseph croyait déjà que la pierre pouvait être utilisée pour « voir » des choses et le passage de l’utilisation de la pierre pour recevoir des informations à un moyen de recevoir la révélation de Dieu devait être tout simple. N’oublions pas que pour Joseph, les lunettes qu’il avait reçues de Moroni étaient simplement une version plus puissante de la pierre qu’il possédait déjà.

Dallin H. Oaks a traité de la culture de la recherche de trésors de l’époque, notant que : « elle était pratiquée par des hommes intègres et religieux tels que Josiah Stowel[l] », qui employa Joseph Smith « à quatorze dollars par mois, en partie à cause de la pauvreté écrasante de la famille Smith [69] ».

Le Manuel de l’étudiant de l’Église nous dit que « Joseph et ses frères s’engageaient à la journée pour tous les travaux qu’on voulait leur donner. La chasse au trésor était à l’époque la grande mode aux États-Unis. En octobre 1825, Josiah Stowell, de South Bainbridge (New York), fermier, propriétaire d’une scierie et diacre dans l’Église presbytérienne, vint trouver Joseph pour lui demander de l’aider dans une entreprise de ce genre [70]. » Lucy Mack Smith, mère du prophète, note que « après avoir travaillé sans succès un mois environ pour le vieux monsieur, Joseph le persuada de cesser ses recherches [71]. » En mars de l’année suivante, plusieurs des membres de la famille de Stowell estimèrent que Joseph avait escroqué Stowell et engagèrent des poursuites contre lui. Joseph fut cité à comparaître devant un juge et accusé de « glasslooking » [divination en regardant dans du verre] . En fait, l’Ensign de juin 1994 relève le procès et l’acquittement de Joseph pour « glasslooking » comme l’un des « faits saillants de la vie du Prophète ».

Faits saillants de la vie du prophète 20 mars 1826 : jugé et acquitté relativement à l’accusation fantaisiste d’être un « semeur de troubles », South Bainbridge, comté de Chenango, New York. La loi newyorkaise définissait un semeur de troubles comme étant, entre autres choses, un vagabond ou un chercheur de « biens perdus ». Le Prophète avait été accusé des deux : le premier chef d’accusation était faux et n’avait été porté que pour créer des problèmes ; le deuxième chef d’accusation portait sur l’utilisation faite par Joseph d’une pierre de voyant pour voir des choses que les autres ne voyaient pas à l’œil nu. Ceux qui lancèrent ces accusations craignaient apparemment que Joseph ne dépouille son employeur, Josiah Stowell, d’une somme d’argent. Dans son témoignage, M. Stowell dit clairement qu’il n’en était rien et qu’il faisait confiance à Joseph Smith [72].

Brant Gardner clarifie le rôle joué par Joseph et sa pierre au sein de la communauté de Palmyra :

« Le jeune Joseph Smith faisait partie d’une sous-communauté spécialisée ayant des liens avec ces pratiques très anciennes et très respectées, bien qu’au début des années 1800, elles n’étaient plus respectées que par une frange marginalisée de la société. Il faisait usage d’un talent parallèle à celui d’autres personnes dans des collectivités similaires. Même à Palmyra, il n’était pas unique. Pour le dire dans les termes de D. Michael Quinn : ‘Avant que le Livre de Mormon ne projette le jeune Smith sous les feux de la rampe, le voyant le plus notable de Palmyra était Sally Chase, qui se servait d’une pierre de couleur verdâtre. William Stafford avait également une pierre de voyant et Joshua Stafford avait une ‘peepstone’ qui ressemblait à du marbre blanc et avait un trou à travers le centre.’ Richard Bushman y ajoute Chauncy Hart et un anonyme du comté de Susquehanna, qui, tous deux, avaient des pierres avec lesquelles ils trouvaient des objets perdus [73]. »

L’Ensign d’août 1987 rapporte que Brigham Young dit que Joseph obtint sa première pierre de voyant « en creusant ‘15 pieds sous terre’ après l’avoir vue tout d’abord dans une autre pierre de voyant [74]. » Cela se produisit alors que Joseph creusait un puits en compagnie de Willard Chase, qui était lui-même un chercheur de trésors. Dans son compte rendu personnel de l’événement, Chase note : « Après avoir creusé une vingtaine de pieds sous la surface du sol, nous avons découvert une pierre d’un aspect singulier qui a excité ma curiosité. Je l’ai apportée au sommet du puits et tandis que nous l’examinions, Joseph l’a mise dans son chapeau et puis son visage dans le haut de son chapeau [75]. » Joseph finit par garder la pierre et c’est sans doute elle qu’il a utilisée lors de la traduction. Dans sa déclaration, faite plusieurs années après la publication du Livre de Mormon, Chase affirme être le propriétaire légitime de la pierre, prétendant l’avoir seulement prêtée à Joseph.

Avant de recevoir les plaques, Joseph utilisa la pierre pour « voir » des choses comme voyant. En 1835, Oliver Cowdery décrivit comment l’ange Moroni révéla l’emplacement des plaques d’or à Joseph Smith, affirmant que « la vision de son esprit étant ouverte en même temps, il lui fut permis de le voir de manière critique et connaissant déjà l’endroit, il put suivre la direction de la vision, par la suite, selon la voix de l’ange et obtenir le livre [76] ». Au moment de la visite de Moroni, Joseph connaissait bien l’utilisation de la pierre de voyant pour « voir » des choses. Il n’est pas déraisonnable de supposer que Joseph regarda dans sa pierre pour avoir la vision de la colline où les plaques étaient cachées après avoir reçu les instructions de Moroni concernant leur emplacement. Un de ces récits qui vient à l’appui de cette idée a été fait en 1833 par Henry Harris, où il dit : « J’ai eu une conversation avec [Joseph] et je lui ai demandé où il les avait trouvées [les plaques] et comment il avait appris où elles étaient. Il a dit qu’il avait eu une révélation de Dieu qui lui avait dit qu’elles étaient déposées dans une certaine colline et qu’il avait regardé dans sa pierre et qu’il les avait vues là où elles étaient déposées [77]. »

Joseph Knight raconte également que Joseph utilisa la pierre pour identifier sa future épouse Emma comme étant la personne qui devait l’accompagner pour récupérer les plaques, notant que Joseph « regarda dans son verre et découvrit que c’était Emma Hale, fille du vieux M. Hale de Pennsylvanie, une fille qu’il avait déjà vue [78]. »

Les lunettes, la pierre et le rideau

L’image de Joseph traduisant à l’aide de la pierre et du chapeau ne correspond pas à l’image que nous avons habituellement à l’esprit de Joseph regardant les plaques à travers une paire de « lunettes », assis derrière un rideau. Cependant, l’utilisation de la pierre et du chapeau donne un avantage distinct pour ce qui est de renforcer l’affirmation que Joseph a reçu le texte du Livre de Mormon par révélation. L’absence de rideau pendant la dernière partie de la traduction, au cours de laquelle l’ensemble du texte du Livre de Mormon que nous avons maintenant a été produit, affaiblit considérablement l’argument des critiques que Joseph a dicté le Livre de Mormon en plagiant un certain nombre d’autres ouvrages. Au lieu d’être caché par un rideau ou une couverture, qui aurait pu cacher un certain nombre de documents de référence, Joseph était assis bien en vue, dictant le texte du Livre de Mormon à Oliver tout en regardant l’interprète placé dans son chapeau. Maintenant, au lieu de « Joseph le plagiaire » ceux qui souhaitent donner une explication alternative de la traduction doivent avoir recours à « Joseph le plagiaire qui a une mémoire photographique ». Ceci a une valeur particulière en ce qui concerne les passages bibliques contenus dans le Livre de Mormon, qui reproduisent la structure textuelle de la King James Version. Joseph n’a jamais été vu occupé à consulter une Bible tandis qu’il dictait le texte du Livre de Mormon. On doit soit supposer qu’il a consulté une Bible hors de la vue des autres et mémorisé le texte, soit accepter l’affirmation que le texte lui a été révélé tandis qu’il le dictait.

Cela dit, il est amplement prouvé qu’un rideau ou un drap quelconque fut utilisé au début de la période de la traduction. Un numéro de 1831 du Palmyra Reflector cite Martin Harris dans ce sens. Selon le Reflector, « Harris déclare que, lorsqu’il servait de secrétaire et écrivait la traduction sous la dictée de Smith, il craignait tellement la réprobation divine, qu’un écran (drap) était suspendu entre le prophète et lui [79]. » Cela correspondrait au début de la période de traduction au cours de laquelle Harris agissait en tant que secrétaire, avant la perte des 116 pages de manuscrit.

L’utilisation du rideau pour cacher le traducteur du secrétaire est certainement logique si les instruments de traduction employés sont les interprètes néphites. Dans son livre Mormonism Unvailed (1834), le critique Eber D. Howe note que Harris mentionne l’utilisation d’un « écran ».

« [Martin Harris] affirme avoir écrit une grande partie du livre sous la dictée de Smith et qu’à un moment donné la présence du Seigneur était si grande qu’un écran fut accroché entre le prophète et lui ; à d’autres moments, le Prophète était assis dans une autre pièce ou à l’étage, tandis que le Seigneur lui communiquait le contenu des plaques. Il ne prétend pas avoir jamais vu les merveilleuses plaques si ce n’est une fois, bien que Smith et lui aient été occupés depuis des mois à déchiffrer leur contenu [80]. »

L’affirmation que Harris dit n’avoir vu les plaques « qu’une seule fois » correspond tout à fait à l’étape de la traduction au cours de laquelle un rideau a été employé. Harris ne les a vues qu’une fois lorsqu’il est devenu l’un des trois témoins. Il est évident qu’au cours de l’étape initiale du processus de traduction, les objets sacrés devaient être cachés à la vue des autres. Charles Anthon, dont la seule connaissance du processus lui a été relayée lors d’une visite par Martin Harris, dit :

« Ce jeune homme était placé derrière un rideau, dans la mansarde d’une ferme, et, étant ainsi dissimulé à la vue, chaussait occasionnellement les lunettes, ou plutôt regardait à travers l’un des verres, déchiffrait les caractères du livre et, en ayant mis un certain nombre sur papier, en remit des copies de derrière le rideau à ceux qui se tenaient à l’extérieur. Pas un mot, cependant, pour dire que les plaques avaient été déchiffrées ‘par le don de Dieu’ : Tout, de cette façon, était réalisé par la grande paire de lunettes [81]. »

John A. Clark, dans un chapitre d’un livre écrit en 1834 critiquant le mormonisme, associe également l’utilisation du rideau à la période pendant laquelle Harris a agi comme secrétaire.

« La façon dont Smith faisait ses transcriptions et ses traductions pour Harris était la suivante : Bien qu’étant dans la même chambre, un rideau ou drap épis était suspendu entre eux, et Smith, caché derrière la couverture, faisait semblant de regarder à travers ses lunettes, ou pierres transparentes, et écrivait ou répétait ce qu’il voyait, ce qui, répété à haute voix, était écrit par Harris, qui était assis de l’autre côté du drap suspendu [82]. »

La mention de « transcriptions » par Clark serait logique s’il y avait utilisation d’un rideau, puisqu’on sait que Joseph a copié des caractères qui se trouvaient sur les plaques et qu’il devait avoir besoin de les soustraire aux regards à ce moment-là.

Un autre récit hostile, publié dix ans plus tard en 1844, note que « le ‘prophète’, comme on l’appelle maintenant, a, bien entendu, pris soin qu’aucun d’eux, ni personne d’autre, ne voie les plaques, la partie de la pièce qu’il occupait ayant été cloisonnée par une couverture par apport à l’endroit où eux se trouvaient [83]. »

Pomeroy Tucker, un ami de Martin Harris, qui considéra plus tard avec scepticisme la participation de Harris au mormonisme, prétend que Joseph dictait « derrière une couverture faisant écran pendue à travers un coin sombre d’une pièce de son domicile, car à cette époque la révélation originale, limitant au Prophète le droit de voir les plaques sacrées, n’avait pas encore été modifiée, et la vision avec l’instrument utilisé était même trop brillante pour ses propres yeux spiritualisés dans la lumière [84] ! » Comme Tucker n’a jamais observé le processus de traduction, il est probable qu’il avait entendu cette histoire de Martin Harris lui-même.

Jusqu’à présent, tous les récits décrivant l’utilisation d’un rideau semblent provenir de Martin Harris. Toutefois, lors d’une interview pour le Chicago Tribune en 1885, David Whitmer, l’un des témoins du Livre de Mormon, mentionne également l’utilisation d’un rideau, bien que ce récit particulier contienne certaines inexactitudes évidentes.

« [Joseph] Smith [fils] dit aussi avoir reçu le commandement de commencer immédiatement la traduction de l’ouvrage en présence de trois témoins. Conformément à ce commandement, Smith, Cowdery et Whitmer se rendirent chez ce dernier, accompagnés de la femme de Smith et apportant les précieuses plaques et lunettes. La maison de Whitmer, père, était une structure primitive et mal conçue, mais elle fut jugée être l’endroit le plus sûr pour mener à bien la mission sacrée en raison des menaces qui avaient été proférées contre Smith par ses voisins vénaux. Pour assurer le caractère privé de l’entreprise, une couverture, servant d’écran, fut pendue à travers la pièce de séjour pour abriter les traducteurs et les plaques du regard de tous ceux qui pouvaient rendre visite tandis que le travail était en cours. Cela, dit M. Whitmer, était la seule utilisation de la couverture et ce n’était pas dans le but de dissimuler les plaques ou le traducteur aux yeux du secrétaire. En fait, Smith ne fut à aucun moment caché à ses collaborateurs et la traduction eut lieu en présence non seulement des personnes mentionnées, mais de toute la famille Whitmer et de plusieurs des membres de la famille Smith en plus [85]. »

Il y a des éléments de ce récit qui montrent que l’intervieweur a mélangé divers aspects du processus de traduction. Par exemple, Joseph n’était pas tenu de faire la traduction en présence de trois témoins — c’est manifestation une allusion aux Trois Témoins. Toutefois, il est intéressant de noter que l’intervieweur déclare que Whitmer s’est donné la peine de préciser que la couverture ne servait qu’à protéger le processus de traduction des gens de passage. Cela peut indiquer que le rideau utilisé chez Whitmer l’a été autrement que pendant que Martin Harris agissait comme secrétaire. Whitmer décrit ensuite le processus de traduction.

« Chaque fois avant de reprendre le travail, toutes les personnes présentes se mettaient à genoux pour prier et demander la bénédiction divine sur le travail. Après la prière, Smith s’asseyait d’un côté de la table et les secrétaires, tour à tour quand ils étaient fatigués, s’asseyaient de l’autre. Les personnes présentes et qui ne participaient pas activement au travail s’asseyaient autour de la pièce et puis le travail commençait. Après avoir fixé les lunettes magiques à ses yeux, Smith prenait les plaques et traduisait les caractères un à la fois [86]. »

Dans ce cas-ci, Whitmer semble dire que les interprètes néphites étaient utilisés bien en vue des autres personnes. Puisque Whitmer n’aurait pas été autorisé à voir les lunettes ou les plaques avant d’être l’un des Trois Témoins, ce récit ne correspond pas aux autres récits, même à ceux venant de Whitmer lui-même. Il est possible que Whitmer ait décrit les deux aspects de la traduction au début à l’aide des lunettes et de la couverture aussi bien que la situation qui se produisit plus tard où Joseph plaçait l’instrument de traduction dans son chapeau et dictait bien à la vue des autres. L’intervieweur n’a peut-être pas fait la distinction entre les différents éléments présents au cours de différentes périodes de la traduction et peut avoir simplement fusionné ces différents éléments dans le récit unique qui a été créé.

Au moment où la traduction a repris après la perte des 116 pages, la méthode de traduction semble avoir beaucoup changé. Même si une couverture a été utilisée chez Whitmer pendant une période de temps quelconque, elle semble avoir disparu rapidement. La traduction du texte tout entier du Livre de Mormon que nous avons aujourd’hui a eu lieu principalement chez David Whitmer. Non seulement il ne semble pas évident qu’un rideau ait été utilisé, mais son existence est même niée. Elizabeth Ann Whitmer Cowdery, sœur de David Whitmer, dit :

« J’affirme joyeusement avoir bien connu la façon dont Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon. Il en a traduit la plus grande partie chez mon père. Et j’ai souvent été présente et je les ai vus et entendus traduire et écrire des heures d’affilée. Joseph n’a jamais eu de rideau tiré entre lui et son secrétaire alors qu’il traduisait. Il plaçait le directeur dans son chapeau et mettait ensuite son [visage dans son] chapeau de manière à exclure la lumière et puis [lisait] à son secrétaire les mots tels qu’ils lui apparaissaient [87]. »

Elizabeth affirme que la traduction chez Whitmer a été faite en utilisant l’instrument de traduction dans le chapeau, éliminant ainsi le besoin d’un rideau pour protéger les interprètes néphites et les plaques des regards. Même le récit anormal censé provenir de David Whitmer concernant l’utilisation d’un rideau à son domicile comprend l’affirmation que la traduction a eu lieu bien en vue, là où tout le monde pouvait l’observer. Le simple fait qu’Elizabeth ait pu ressentir le besoin de faire une telle déclaration implique fortement qu’il y avait toujours une histoire en circulation parmi les saints des derniers jours qu’un rideau était utilisé dans le processus de traduction. En 1887, David Whitmer, qui, deux ans plus tôt, lors de l’interview de 1885 pour le Chicago Tribune, avait fait état de l’utilisation des interprètes néphites et du rideau, décrivait maintenant, lui aussi, la méthode de traduction à l’aide de la pierre et du chapeau.

« Je vais maintenant vous faire une description de la façon dont le Livre de Mormon a été traduit. Joseph Smith plaçait la pierre de voyant dans un chapeau et mettait le visage dans le chapeau, le serrant autour de son visage pour exclure la lumière ; et dans l’obscurité, la lumière spirituelle brillait. Un morceau de quelque chose qui ressemblait à du parchemin apparaissait et là-dessus apparaissait l’écriture. Un seul caractère apparaissait à la fois et en-dessous se trouvait l’interprétation en anglais. Frère Joseph lisait l’anglais à Oliver Cowdery, qui était son principal secrétaire, et quand c’était écrit et répété à frère Joseph pour voir si c’était correct, cela disparaissait et un autre caractère apparaissait avec l’interprétation. C’est ainsi que le Livre de Mormon a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu et non par un quelconque pouvoir de l’homme [88]. »

Quel Instrument Joseph a-t-il utilisé pour traduire le Livre de Mormon ?

En 1886, David Whitmer dit que Joseph a utilisé sa propre pierre de voyant pour traduire tout notre texte actuel du Livre de Mormon. Dans cette interview, Whitmer dit que les lunettes n’ont été jamais rendues après la perte des 116 pages et qu’une pierre de voyant a été mise à la disposition de Joseph Smith pour poursuivre la traduction. Cependant, il n’y a aucun moyen de confirmer que c’était effectivement le cas.

Qu’est-il finalement advenu de la pierre de voyant de Joseph ? Selon David Whitmer : « Après la fin de la traduction du Livre de Mormon au début du printemps 1830 avant le 6 avril, Joseph a donné la pierre à Oliver Cowdery et m’a dit, à moi comme aux autres, qu’il en avait fini avec elle, et il ne l’a plus utilisée [89]. » La pierre a fini par arriver en Utah. À un moment donné, elle était présente lors de la consécration du Temple de Manti. Wilford Woodruff a écrit à propos de cet événement dans son journal intime : « Avant de partir, j’ai consacré sur l’autel la pierre de voyant que Joseph Smith avait trouvée par la révélation une trentaine de pieds sous terre et qu’il a portée toute sa vie [90]. » En 1956, Joseph Fielding Smith a fait le commentaire que « il a été dit que l’urim et le thummim était sur l’autel dans le Temple de Manti lorsque ce bâtiment a été consacré. Cependant, l’urim et le thummim ainsi mentionné était la pierre de voyant qui était en la possession de Joseph Smith, le prophète, dans les premiers temps. Cette pierre de voyant est actuellement en la possession de l’Église [91]. »  Cela signifie que l’instrument au moyen duquel le Livre de Mormon a pu être totalement ou partiellement traduit est actuellement encore en la possession de l’Église, par opposition à l’urim et thummim (les interprètes néphites) « original », qui a été rendu à l’ange Moroni à un moment donné, pendant ou après la traduction.

Les mentions de la pierre utilisée au cours de la traduction du Livre de Mormon ne se limitent pas au XIXe siècle. Nous avons déjà vu une mention de la pierre dans le Friend de septembre 1974 et la mention par Russell M. Nelson de la description de la pierre et du chapeau par David Whitmer dans l’Ensign de juillet 1993. Ce ne sont pas les seuls cas. Neal A. Maxwell cite Martin Harris dans l’Ensign de janvier 1997, notant que « Martin Harris a dit à propos de la pierre de voyant : ‘Des phrases apparaissaient et le Prophète les lisait et Martin les écrivait [92].’ » En 1988, frère Maxwell parle aussi du « chapeau protégeant de la lumière qui aurait été utilisé par Joseph Smith pendant une partie de la traduction du Livre de Mormon [93] ». Dans l’Ensign de janvier 1988, Kenneth Godfrey, directeur interrégional du département d’éducation de l’Église, mentionne que « la traduction impliquait une vue, un pouvoir, une transcription des caractères, l’urim et le thummim ou une pierre de voyant, l’étude et la prière [94]. » Richard Lloyd Anderson, professeur à l’université Brigham Young, cite, dans l’Ensign de septembre 1977 la déclaration de David Whitmer selon laquelle « Joseph Smith plaçait la pierre de voyant dans un chapeau et mettait le visage dans le chapeau en le serrant contre son visage pour exclure la lumière [95]. »

Dallin H. Oaks a précisé que « il faut reconnaître que des outils tels que l’urim et le thummim, le Liahona, les pierres de voyant et d’autres objets ont été utilisés de façon appropriée dans les temps bibliques, le Livre de Mormon et les temps modernes par ceux qui ont le don et l’autorité d’obtenir la révélation de Dieu dans le cadre de leur utilisation [96]. »

Les membres du début de l’Église savaient que Joseph recevait la révélation par l’intermédiaire de l’urim et du thummim, qui aurait pu être soit les interprètes néphites, soit la pierre de voyant. Doctrine et Alliances 28 affirme que « Hiram Page, un membre de l'Église, avait une certaine pierre, et il prétendait recevoir, grâce à elle, des révélations concernant l'édification de Sion et l'ordre de l'Église. Plusieurs membres avaient été trompés par ces prétentions, et même Oliver Cowdery en subit la mauvaise influence [97]. » Le fait qu’Oliver « en subit la mauvaise influence » indique clairement qu’Oliver était tout à fait conscient que l’urim et le thummim ne se limitait pas à un seul instrument. Pour régler cette situation il a fallu que le Seigneur précise que, « nul ne sera désigné pour recevoir des commandements et des révélations dans cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils, car il les reçoit tout comme Moïse » (D & A 28 :2). La pierre de Page fut détruite et les révélations qu’il avait reçues par elle furent désavouées. Le problème n’était pas le fait que Hiram Page utilisait une pierre autre que l’urim et le thummim de Joseph pour recevoir la révélation, mais plutôt le fait qu’il n’était pas autorisé à recevoir la révélation en faveur de l’Église.

 

La pierre et le chapeau sont relégués dans les recoins de l’histoire

Nous savons déjà que Joseph Smith était réticent à décrire en détail le processus de traduction. Stephen Ricks, professeur à l’université Brigham Young, estime que « la réticence de Joseph était probablement justifiée et était peut-être due à l’intérêt excessif que certains des premiers saints avaient manifesté pour la pierre de voyant ou aux réactions négatives et parfois agressives qu’il avait rencontrées lorsqu’il avait raconté certaines de ses expériences sacrées [98]. » Ainsi, Joseph ne disait jamais quel instrument de traduction il utilisait, que ce soit pour traduire le Livre de Mormon ou pour recevoir la révélation. Joseph disait simplement qu’il avait reçu ses premières révélations par le biais de « l’urim et thummim ».

Durant les années 1930, le Dr Francis Kirkham s’est efforcé de « recueillir et évaluer tous les articles de journaux qu’il a pu localiser concernant le Livre de Mormon [99]. » Il s’est procuré un bon nombre de ces articles dans des collections de journaux situées dans la région de New York et qui ont récemment été rendues accessibles dans une base de données en ligne hébergée par le Neal A. Maxwell Institute for Religious Scholarship [100].

Comme nous l’avons vu, beaucoup de ces articles de journaux mentionnent l’utilisation de lunettes ou d’une pierre ainsi que d’un chapeau, correspondant à ce que disent en dernier lieu Martin Harris et David Whitmer. Kirkham, dans le numéro d’octobre 1939 de l’Improvement Era, cite les récits de la pierre et du chapeau faits par Martin Harris et David Whitmer. Mais Kirkham, n’acceptait pas les récits de témoins oculaires de ce que Joseph utilisait bien une pierre de voyant dans la traduction du Livre de Mormon, concluant que « les déclarations de ces deux hommes s’expliquent par l’empressement de la vieillesse à faire appel à une mémoire défaillante et incertaine pour les détails d’événements qui restaient encore réels et objectifs pour eux [101]. » Dans son livre de 1951, A New Witness For Christ in America, Kirkham pense que « il n’était peut-être pas opportun pour le prophète d’essayer d’expliquer la méthode employée pour la traduction étant donné que ses auditeurs seraient incapables de comprendre. Il leur semblait suffisant, à ce moment-là, de savoir que la traduction avait été faite par le don et le pouvoir de Dieu [102]. » Kirkham poursuit en disant : « Au bout de quarante ans, David Whitmer et Martin Harris ont tenté de donner la méthode employée dans la traduction. Il est évident que le prophète ne la leur avait pas donnée [103]. » Malgré le fait que les éléments de l’histoire de Harris et de Whitmer concordaient, Kirkham a tout simplement refusé d’accepter l’idée que les comptes rendus pouvaient avoir quelque chose de vrai.

En 1956, Joseph Fielding Smith était au courant de l’existence de la pierre de voyant, mais ne croyait pas que Joseph l’avait véritablement utilisée au cours de la traduction du Livre de Mormon.

« Il ne fut pas utilisé de pierre de voyant dans la traduction du Livre de Mormon. On nous enseigne, depuis l’époque du prophète, que l’urim et le thummim furent rendus, avec les plaques, à l’ange. Et il n’est écrit nulle part que le prophète avait l’urim et le thummim après l’organisation de l’Église. Les textes qui disent que des traductions ont été faites par l’urim et le thummim après cette date sont manifestement dans l’erreur [104]. »

Comme Kirkham, Joseph Fielding Smith refusait tout simplement d’accepter que les récits qui affirmaient que Joseph utilisait sa pierre de voyant aux fins de traduction avaient une quelconque validité. Selon lui, ces récits étaient tout simplement erronés.

Au cours du XXe siècle, l’histoire selon laquelle Joseph aurait traduit derrière un rideau tout en employant les interprètes néphites comme urim et thummim est restée fermement établie et généralement incontestée parmi la population de l’Église. Toutefois, les érudits mormons ont continué à étudier les récits dans lesquels Joseph apparaissait comme utilisant la pierre de voyant. Ces documents n’allaient jamais parvenir jusqu’au programme général des cours de l’Église ni parvenir à la connaissance de l’ensemble des membres Église. Si vous étiez un spécialiste, vous saviez que Joseph avait utilisé une pierre de voyant. Si vous étiez un membre ordinaire de l’Église, vous saviez que Joseph avait utilisé les interprètes néphites. Le traitement de l’utilisation de « pierres de voyant » ou la pratique de la « recherche de trésors » restaient essentiellement du domaine des érudits mormons. Durant le mandat de Leonard J. Arrington, historien de l’Église de 1972 à 1982, quelques tentatives ont été faites pour rendre certains éléments de l’histoire mormone plus accessibles au membre moyen. Un livre publié durant cette période, The Story of the Latter-day Saints (1976), par James B. Allen et Glen M. Leonard, relevait franchement l’acquisition par Joseph de sa pierre de voyant et son utilisation dans la traduction du Livre de Mormon.

« Vers 1822, avant la première visite de l’ange Moroni, Joseph creusait un puits avec Willard Chase, non loin de la maison des Smith quand il découvrit une pierre lisse, de couleur foncée, de la taille d’un œuf, qu’il appela une pierre de voyant. Il l’utilisa par la suite dans la traduction du Livre de Mormon et aussi pour recevoir certaines révélations [105]. »

Ces sujets commencèrent à attirer considérablement l’attention de la population de l’Église dans les années 1980 à la suite d’un événement très inhabituel et très tragique : la révélation des faux de Mark Hofmann. Tout à coup, les journaux se mirent à parler de salamandres et de gardiens de trésors à propos de certains des événements fondateurs de l’Église.

Mark Hofmann était un membre de l’Église qui commença à pratiquer l’acquisition et la vente de documents historiques au début des années 1980. Il semblait avoir un don pour l’acquisition de documents manquants évoqués par d’autres documents liés à l’histoire de l’Église. Il prétendit, par exemple, avoir localisé une bénédiction dans laquelle Joseph Smith III se voyait soi-disant promettre qu’il serait le prochain prophète de l’Église. Il produisit également ce qu’il prétendait être la transcription Anthon, qui correspondait à une description du document fourni par Charles Anthon lui-même. Le document le plus célèbre de sa collection de faux fut la lettre à la salamandre, prétendument écrite par Martin Harris. Les documents de Hofmann étaient si bien conçus qu’ils trompèrent plusieurs experts dans le domaine et ils furent tous considérés un certain temps comme authentiques. Au cours de cette période, une nouvelle vague d’ouvrages historiques mormons furent produits, qui tenaient compte des aspects « magiques » mis en avant dans la lettre à la salamandre. Un effort fut également fait pour réconcilier et intégrer les nouvelles informations aux récits existants [106].

Certains des documents de Hofmann furent créés sur la base de récits de témoins oculaires concernant la recherche de trésors et ne faisaient, dans une certaine mesure, qu’amplifier des notions déjà connues des historiens. Une fois les faux démasqués, il devint nécessaire de réexaminer ce qui avait été écrit à l’appui des documents maintenant discrédités [107]. Si les faux de Hofmann furent abandonnés, les récits historiques légitimes sous-jacents, qui avaient été à l’origine de leur création, commencèrent à devenir plus connus parmi la population de l’Église. La participation de Joseph dans sa jeunesse à la recherche de trésors au-delà de ce qui avait longtemps été documenté dans les publications de l’Église au sujet de ses efforts avec Josiah Stowell, devint mieux connue. Dallin Oaks a souligné que cela ne diminue en rien la valeur de Joseph comme prophète du Rétablissement.

« Certaines sources proches de Joseph Smith affirment que dans sa jeunesse, au cours de son immaturité spirituelle avant de se voir confier les plaques du Livre de Mormon, il utilisait parfois une pierre en cherchant des trésors. Qu’il en ait été ainsi ou non, il faut se rappeler qu’aucun prophète n’est à l’abri des faiblesses humaines, surtout avant qu’il soit appelé à consacrer sa vie à l’œuvre du Seigneur. Ligne sur ligne, le jeune Joseph Smith élargit sa foi et sa compréhension et ses dons spirituels mûrirent jusqu’à ce qu’il se retrouve, puissant et imposant, comme prophète du Rétablissement [108]. »

Le processus de traduction a été spirituel, pas mécanique

La traduction du Livre de Mormon a été un processus spirituel, pas mécanique. L’interaction du voyant avec la pierre de voyant est fascinante d’un point de vue historique, mais ce n’est pas l’aspect le plus important du processus. Il faut garder à l’esprit que Joseph a choisi de souligner que l’aspect le plus important de la traduction est qu’elle a été accomplie par le don et le pouvoir de Dieu. Les moyens précis par lesquels Dieu a atteint ce but sont principalement d’intérêt historique et ne sont pas nécessaires pour édifier la foi. Joseph reçut au départ la révélation par l’intermédiaire de l’urim et du thummim (les lunettes ou la pierre), mais il finit par apprendre qu’il n’avait pas besoin d’une aide physique pour agir en tant que prophète et voyant. Une des leçons importantes données à Joseph au cours de ce processus est que l’utilisation de ces instruments demandait de la foi et de l’humilité pour connaître la volonté du Seigneur. David Whitmer décrit cela.

« À certains moments, quand il tentait de traduire, frère Joseph regardait dans le chapeau dans lequel était placée la pierre et constatait qu’il était spirituellement aveugle et ne pouvait pas traduire. Il nous disait que son esprit s’attardait trop sur les choses terrestres et diverses causes le rendaient incapable de continuer la traduction. Quand il était dans cet état, il sortait pour prier et quand il était devenu suffisamment humble devant Dieu, il pouvait aller de l’avant avec la traduction. Cela nous montre à quel point le Seigneur est strict et comment il exige que le cœur de l’homme soit absolument juste à ses yeux, avant de lui accorder la révélation [109]. »

Joseph finit par se rendre compte que sa capacité à communiquer avec le Seigneur n’était pas subordonnée à un objet sacré, mais qu’elle était plutôt fonction de sa foi et de son humilité. Il dépassa spirituellement le besoin d’utiliser les interprètes néphites ou la pierre de voyant, montrant ainsi le processus par lequel toute personne a la promesse de recevoir la révélation personnelle. Les objets utilisés pour le guider vers cette prise de conscience finirent par perdre toute importance au vu de la grande leçon qu’il en avait tirée.

Le processus de traduction vu dans la perspective du vingt et unième siècle

Il est malgré tout souhaitable de concilier les différents récits de la traduction pour comprendre comment certains ont vu divers aspects du processus comme contradictoires. De mon point de vue de croyant, l’histoire de la traduction du Livre de Mormon et les efforts faits par après pour en souligner ou en minimiser les divers éléments semblent avoir suivi le chemin suivant :

Joseph Smith reçoit les plaques et les interprètes néphites de l’ange Moroni.

Il commence le processus de traduction à l’aide des interprètes néphites avec Martin Harris comme secrétaire. Un rideau sépare le traducteur du secrétaire, protégeant ainsi les plaques et les interprètes néphites des regards.

Il peut placer les interprètes néphites dans un chapeau pour les protéger de la lumière conformément à la méthode qu’il utilisait lors de l’utilisation de sa propre pierre de voyant.

Il peut, à certains moments, passer à l’emploi de sa propre pierre de voyant en la mettant dans le chapeau. C’est lors d’une telle occasion que Martin va échanger les pierres, ce qu’il n’aurait jamais osé faire si Joseph avait utilisé l’instrument néphite.

Une fois les 116 pages de manuscrit terminées puis perdues, l’ange Moroni reprend les plaques et les interprètes néphites.

Après un temps de repentir suffisant, les plaques sont rendues à Joseph ainsi que les interprètes néphites.

Joseph se met à traduire en utilisant soit les interprètes néphites, soit sa pierre de voyant, qu’il a pu placer dans le chapeau. Les témoins n’auraient pas nécessairement été en mesure de déterminer quel instrument il utilisait, bien que l’échange des pierres par Martin Harris pour tester Joseph indique que la pierre a été utilisée à un moment donné. Ce processus de traduction a lieu bien en vue de ceux qui entourent Joseph, y compris son secrétaire, Oliver Cowdery. Il n’y a pas de rideau au cours de cette période de la traduction.

Le processus de traduction à l’aide de la pierre et du chapeau a été observé directement par Martin Harris, Oliver Cowdery, David Whitmer et Emma Smith, qui ont fait part de leurs observations aux intervieweurs bien des années plus tard, vers la fin de leur vie.

Trois ans déjà après la publication du Livre de Mormon, l’expression urim et thummim est appliquée aussi bien aux interprètes néphites qu’à la pierre de voyant. Dans l’esprit des premiers saints, ils sont essentiellement le même instrument utilisé aux mêmes fins.

Par après, on ne verra plus dans l’expression urim et thummim que la représentation des interprètes néphites et l’utilisation de la pierre de voyant et du chapeau sera reléguée dans le passé. On ensevelira de même dans les recoins de l’histoire l’absence de nécessité d’utiliser un rideau pour protéger le traducteur du secrétaire. Le processus de traduction va être représenté dans la littérature et les œuvres artistiques de l’Église sous sa toute première forme : les interprètes néphites et les plaques protégés du secrétaire par un rideau.

Durant une grande partie du XXe siècle, les bruits selon lesquels la pierre et le chapeau ont été utilisés au cours de la traduction seront écartés avec scepticisme.

Suite en partie aux faux de Mark Hofmann, de nouvelles publications porteront à l’attention du public des documents ayant trait à l’utilisation de la pierre et du chapeau.

Avec l’arrivée de l’Internet, de nombreux documents concernant le processus de traduction vont devenir facilement accessibles à l’ensemble des membres de l’Église, mettant de nouveau en lumière l’utilisation de la pierre et du chapeau. Ces objets vont être mentionnés dans les médias populaires. La présence de cette information va donner l’impression que l’histoire que nous connaissons dans l’Église est contredite par celle fournie par des témoins comme Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith.

L’Église a lancé des efforts pour rendre facilement accessibles des documents anciens tels que les Joseph Smith Papers, étayant ces premiers témoignages.

Les contradictions apparentes entre les récits de la traduction ne sont pas réellement des contradictions du tout et sont principalement le résultat de ce que l’on a minimisé, voire nié à divers moments au cours du dernier siècle et demi, certains éléments du processus de traduction. L’utilisation des interprètes néphites en tant qu’urim et thummim, l’utilisation de la pierre de voyant en tant qu’urim et thummim et l’utilisation du chapeau avec les deux instruments, aussi bien que l’apparition et la disparition du rideau, tout cela s’insère dans le scénario de la traduction à diverses étapes du processus.

Conclusion

Le membre moyen a maintenant accès à une information abondante concernant le processus de traduction du Livre de Mormon. L’Internet a permis que des centaines de documents soient mis à la disposition de toute personne intéressée à les voir plutôt que d’être réservés aux érudits qui prennent le temps d’accéder aux archives. Le projet Joseph Smith Papers est une aubaine pour les historiens et les chercheurs qui souhaitent voir et examiner les documents originaux liés au Rétablissement. Un nouveau résultat important de cet effort est le site d’Histoire de l’Église, history.lds.org, qui héberge Revelations in context [110]. Sur ce site, l’Église fournit des détails sans précédent concernant la production et l’évolution des révélations reçues par Joseph Smith, le prophète.

Pour ce qui est des détails précis liés à la traduction, le livre de Brant A. Gardner The Gift and the Power : Translating the Book of Mormon (2011) donne une analyse détaillée du processus.

L’utilisation de la pierre de voyant ne doit pas surprendre ou inquiéter particulièrement le saint des derniers jours qui accepte que Joseph a reçu un jeu de pierres sacrées qui avaient été consacrées dans le but de recevoir la révélation et la traduction. Après tout, quelle différence y a-t-il au juste entre utiliser une pierre de voyant plutôt qu’une autre ? On peut supposer que Joseph a continué d’utiliser les interprètes néphites, puisqu’ils étaient l’instrument expressément consacré à des fins de traduction. Toutefois, il est tout à fait raisonnable de supposer que Dieu pouvait aussi consacrer n’importe quel autre instrument qu’il désirait voir servir à cette fin.

Il découle clairement des récits contemporains que l’objet placé dans le chapeau pouvait être soit les lunettes, soit la pierre de voyant. L’une et l’autre étaient classées par les premiers saints comme étant « l’urim et le thummim ». On peut donc dire que, quel qu’ait été l’instrument que Joseph a utilisé à un moment quelconque, il a effectivement traduit le Livre de Mormon tout entier à l’aide de l’urim et du thummim.

Le problème principal qui semble préoccuper certains, c’est l’idée que Joseph a traduit ouvertement, sous les yeux d’autres personnes, en plaçant l’instrument de traduction dans un chapeau et en dictant le texte sans regarder directement les plaques. Pourquoi le Seigneur permettait-il à Joseph de modifier la méthode utilisée pour traduire ? L’édition de 1830 du Livre de Mormon contient plus de 580 pages qui ont été dictées sans répétition à raison de sept à onze pages et demie par jour [111]. C’est un exploit, quelle que soit la méthode précise utilisée au cours de la traduction. Une conclusion raisonnable, c’est qu’en permettant à Joseph de dicter le texte entier du Livre de Mormon sous les yeux de témoins sans que le processus soit caché en aucune façon, cela renforce de manière significative la position que Joseph recevait effectivement la révélation plutôt que de consulter d’autres textes.

Enfin, et les plaques elles-mêmes ? Si Joseph n’était pas réellement obligé de les regarder directement lors de la traduction, alors quel était leur but ? N’oublions pas que l’urim et le thummim était un instrument révélateur. Cela signifie que, plutôt que de « traduire » les plaques au sens traditionnel du terme, Joseph recevait la révélation qui inspirait chez lui la compréhension de ce qui était écrit là. Il exprimait ensuite ces concepts pendant la dictée à l’aide de sa propre langue [112]. Le Livre de Mormon constitue donc la révélation la plus grande et la plus longue de Joseph. Les plaques avaient cependant une raison d’être importante. Les trois témoins et les huit témoins ont confirmé que les annales néphites ont réellement existé et en ont témoigné au monde, même après que certains d’entre eux ont quitté l’Église. Le témoignage des témoins a résisté à toutes les tentatives de les discréditer. Le fait que les plaques ont réellement existé et que Joseph a dû faire de gros efforts pour les récupérer et les protéger a contribué à former la personnalité du Prophète pendant ces premières années cruciales. Et l’existence d’un jeu de plaques bien réelles a prouvé de manière limpide que le récit de Joseph était une histoire vraie : un peuple antique véritable avait appris ce qui concerne le Christ et avait bel et bien vu le Seigneur ressuscité. La révélation de Joseph n’était pas du roman, ni une invention pieuse.

L’examen de la méthode employée lors de la traduction à la lumière de l’information aujourd’hui disponible ne devrait pas servir de base pour la foi, pas plus qu’il ne devrait contribuer à la destruction de la foi. C’est tout simplement de l’histoire et fournit en tant que tel une compréhension plus riche et plus approfondie de ce qui s’est réellement passé en plus de combler certaines des lacunes qu’on retrouve dans l’histoire que nous connaissons. Neal A. Maxwell donne quelques conseils judicieux contre la tentation de se focaliser trop sur la mécanique plutôt que sur les résultats de la traduction.

« Nous regardons aujourd’hui au-delà de la marque, par exemple, si nous sommes plus intéressés par les dimensions physiques de la croix que par ce que Jésus y a accompli ou quand nous négligeons les mots d’Alma sur la foi parce que nous sommes trop fascinés par le chapeau protecteur contre la lumière que Joseph Smith est censé avoir utilisé pendant une partie de la traduction du Livre de Mormon. Négliger la substance tout en se focalisant sur le processus est une autre façon de regarder au-delà de la marque [113]. »

1.     John Quincy Adams, The Birth of Mormonism, Boston : Gorham Press, 1916, 36.

2.     South Park Season 7, Episode 12, “All About Mormons” diffuse à l’origine nle 19 novembre 2003. http ://www.southparkstudios.com/full-episodes/s07e12-all-about-mormons.

3.     Article dans Wikipedia “Seer Stone (Latter Day Saints).” http ://en.wikipedia.org/wiki/Seer_stone_(Latter_Day_Saints).

4.     Par exemple, l’illustré Book of Mormon Stories (1978) montre Joseph et un secrétaire séparés par un rideau. Joseph regarde directement les plaques sans utiliser d’instrument de traduction. Le Book of Mormon Reader (1985) et Book of Mormon Stories (1997) remplacent tos les deux cette scène par une où Joseph et son secrétaire sont assis à une table, bien en vue, avec les plaques clairement visibles. L’artiste ne fait pas la moindre tentative de représenter l’urim et le thummim. Il n’existe qu’une seule image que l’on puisse trouver sur l’Internet qui représente Joseph Smith aidé du pectoral et des lunettes, qui est censée provenir d’une édition « des années 1970 » du Book of Mormon Reader. Un recueil d’images représentant les différentes façons dont le processus de traduction a été dépeint peut être consulté sur le blog de Blair Hodges, “The ‘Stone-In-Hat’ Translation Method in Art», affiché le 27 octobre 2009. http ://www.lifeongoldplates.com/2009/10/stone-in-hat-translation-method-in-art.html.

5.     Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, manuel de l’étudiant, Salt Lake City : Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, 2e éd. 2002, p. 58.

6.     Brant A. Gardner, The Gift and the Power : Translating the Book of Mormon, Draper, UT , Greg Kofford Books, 2011, p. 8.

7.     Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, p. 58.

8.     “Emma Smith Bidamon Interview with Joseph Smith III, February 1879”, dans Early Mormon Documents, dirt. de publ.. Dan Vogel, Salt Lake City, Signature Books, 1996, 1 :541.

9.     David Whitmer, cité par Zenas H. Gurley, dans Richard van Wagoner et Steven Walker, “Joseph Smith : ‘The Gift of Seeing’», Dialogue 15/2, Summer 1982, p. 54.

10.  Russell M. Nelson, “A Treasured Testament», Ensign, juillet 1993. http ://www.lds.org/ensign/1993/07/a-treasured-testament.

11.  “A Peaceful Heart», Friend, septembre 1974, p. 7. http ://www.lds.org/friend/1974/09/a-peaceful-heart.

12.  “Martin Harris Interview with Joel Tiffany, 1859», dans Early Mormon Documents, 2:305.

13.  “Golden Bible», Rochester Advertiser and Daily Telegraph, New York, 31 août 1829. Réimprimé de Palmyra Freeman, 11 août 1829. http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/176.

14.  “Golden Bible», The Gem : A Semi-Monthly Literary and Miscellaneous Journal, Rochester, New York : 5 septembre 1829, p. 70. http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/161.

15.  C. C. Blatchley, “Caution Against the Golden Bible”, New-York Telescope 6/38, 20 février 1830, p. 150. http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/4211.

16.  Cincinnati Advertiser and Ohio Phoenix, 2 juin 1830. Réimprimé du Wayne County Inquirer, Pennsylvania, ca. mai 1830. http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/201.

17.  Daily Albany Argus VI/1866, 15 oct. 1831. http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/NY/miscNYSe.htm#040931.

18.  Morning Star VII/45, 7 mars 1833. http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/NE/miscMe01.htm#030733.

19.  “Mormonism”, Protestant Sentinel, Schenectady, New York) n.s. 5/1, 4 juin 1834), p. 4–5. Réimprimé de New England Review, ca. mai 1834.

20.  “Mormonism”, New York Weekly Messenger and Young Men’s Advocate, 29 avril 1835. Réimprimé de The Pioneer, Rock Springs, IL, mars 1835.

21.  “William Smith, On Mormonism, 1883”, dans Early Mormon Documents, 1:497.

22.  “Joseph Knight Sr., Reminiscence, Circa 1835–1847” dans Early Mormon Documents, p. 4, 17–18. Une chose intéressante ici est l’utilisation que fait Joseph Knight de l’expression urim et thummim pour décrire les « lunettes ». La question est de savoir si le récit de Knight a été écrit en 1827 ou s’il l’a été après 1833, quand l’expression urim et thummim était d’usage courant. Selon Dean Jessee, le récit de Knight est « non daté et non signé », les mots « 22 sept 1827 » ayant été « insérés par Thomas Bullock, greffier de l’Église de 1843 à 1847 ». Le récit de Knight ne peut donc pas servir à établir avec certitude que l’expression urim et thummim a été appliquée aux interprètes néphites, les lunettes) en 1827. Voir Dean Jessee, « Joseph Knight’s Recollection of Early Mormon History », BYU Studies 17/1, 1976, p. 2.

23.  W. W. Phelps, The Evening and The Morning Star, 1/8, janvier 1833, p. 57.

24.  The True Latter Day Saints’ Herald, 26/22, 15 novembre 1879.

25.  D. Michael Quinn, Early Mormonism and the Magic World View, Revised and Enlarged, Salt Lake City, Signature Books, 1998, p. 174–75.

26.  Quinn, Early Mormonism and the Magic World View, 175.

27.  “Truman Coe Account, 1836», in Early Mormon Documents, 1 :47. Imprimé à l’origine dans le Ohio Observer, Hudson, Ohio, 11 août 1836.

28.  Gardner, The Gift and the Power, p. 7.

29.  A Letter to Those Who Have Attended Mormonite Preaching, Londres, J. B. Bateman, 1840, p. 1–4.

30.  “William Smith interview by J. W. Peterson and W. S. Pender, 1890”, dans Early Mormon Documents, 1:508.

31.  “A Peaceful Heart”; Friend, septembre 1974, p. 7. http ://www.lds.org/friend/1974/09/a-peaceful-heart.

32.  Deseret News, 28 décembre 1881.

33.  Kenneth W. Godfrey, “A New Prophet and a New Scripture : The Coming Forth of the Book of Mormon», Ensign, janvier 1988. http ://www.lds.org/ensign/1988/01/a-new-prophet-and-a-new-scripture-the-coming-forth-of-the-book-of-mormon.

34.  “Emma Smith Bidamon to Emma Pilgrim, 27 March 1870” dans Early Mormon Documents, 1:532.

35.  The True Latter Day Saints’ Herald 26/22, 15 novembre 1879. http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/IL/sain1872.htm#111579.

36.  Zenas H. Gurley, citant “Dr. Robinson», Source : Zenas H. Gurley, “The Book of Mormon», Autumn Leaves 5, 1892, p. 451-454, situé dans le Book of Abraham Project. http ://www.boap.org/LDS/Early-Saints/BOM-Witn.html.

37.  “Mormon Relics», The Sunday Inter-Ocean, Vol. 15, No. 207, Chicago, Illinois, 17 Oct. 1886. Aussi Saints’ Herald 33, 13 novembre 1886, p. 706, cité dans Van Wagoner et Walker, “The Gift of Seeing”, p. 53–54.

38.  Matthew B. Brown, Plates of Gold, American Fork, Utah, Covenant Communications, 2003, p. 167.

39.  Brown, Plates of Gold, 167.

40.  “Joseph Knight Sr., Reminiscence, Circa 1835-1847», dans Early Mormon Documents, 4:15.

41.  Smith, Doctrines du salut, 3:225–226.

42.  “William Smith interview by J. W. Peterson and W. S. Pender, 1890”, dans Early Mormon Documents, 1:508.

43.  “Charles Anthon to E. D. Howe, 17 February 1834”, dans Early Mormon Documents, 4:378.

44.  John Corrill, A Brief History of the Church of Christ of Latter Day Saints, 1839, p. 12. http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/fullbrowser/collection/BOMP/id/4577/rv/compoundobject/cpd/4592.

45.  B. H. Roberts, Defense of the Faith and the Saints, Salt Lake City, Deseret News, 1907, p. 1:257.

46.  Gerrit Dirkmaat, “Great and Marvelous Are the Revelations of God”, Ensign, janvier 2013, p. 45–46. http ://www.lds.org/ensign/2013/01/great-and-marvelous-are-the-revelations-of-god.

47.  Elder’s Journal, juillet 1838, 1:43.

48.  “Church History”, Times and Seasons, 1er mars 1842. Également dans “The Wentworth Letter” By Joseph Smith Jr., 1805–44, Ensign, juillet 2002. https ://www.lds.org/ensign/2002/07/the-wentworth-letter.

49.  Enseignements des Présidents de l’Église: Joseph Smith, 2007, p. 71. Cité par Lucy Mack Smith, “The History of Lucy Smith, Mother of the Prophet” 1844–1845, livre 7, p. 11, Archives de l’Église.

50.  “Lucy Smith History, 1845”, dans Early Mormon Documents, 1 :370–71.

51.  “Lucy Smith History, 1845”.

52.  “Lucy Smith History, 1845”, p. 370–371.

53.  W. W. Phelps, “Letter No. 4”, Latter Day Saints’ Messenger and Advocate 1/5, févr. 1835, p. 65. http ://en.fairmormon.org/Messenger_and_Advocate/1/5.

54.  Oliver Cowdery, Latter Day Saint’s Messenger and Advocate 1/14. Italiques dans l’original. http ://en.fairmormon.org/Messenger_and_Advocate/1/1.

55.  Oliver Cowdery, Defence in a rehearsal of my grounds for separating myself from the Latter Day Saints,, 1839, p. 5. Ce document est un faux. http ://books.google.com/books?id=imVVAAAAYAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false.

56.  Les bouts de phrase de Cowdery furent extraits du Messenger and Advocate 1/1 ; 2/1 ; 1/ 5 ; 1/7 and 1/10 . Le texte de Whitmer fut tiré de An Address to All Believers in Christ, 27, 31, 35, 42, 45, 61, 62 et 95.

57.  Richard Lloyd Anderson, “I Have a Question», Ensign, avril 1987. https ://www.lds.org/ensign/1987/04/i-have-a-question.

58.  Richard G. Scott, “Using the Supernal Gift of Prayer”, Ensign, mai 2007. http ://www.lds.org/ensign/2007/05/using-the-supernal-gift-of-prayer.

59.  Richard Lloyd Anderson, “‘By the Gift and Power of God’”, Ensign, septembre 1977, p. 79. http ://www.lds.org/ensign/1977/09/by-the-gift-and-power-of-god.

60.  Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.

61.  Déclaration personnelle de S. W. Richards, 25 mai 1907, à la Harold B. Lee Library, BYU, Special Collections, cité dans Anderson, “By the Gift and Power”, 79.

62.  Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.

63.  C’était une pratique courante pour Joseph de corriger et de superviser les autres dans la correction du libellé des révélations. L’Église a récemment publié le texte original de la révélation comprenant la section 8 des D&A, dans laquelle le Seigneur dit à Oliver : « Souviens-toi que c’est ton don, maintenant ce n’est pas tout car tu as un autre don qui est celui de travailler avec le rameau Voici il t’a dit des choses Voici, il n’y a pas d’autre pouvoir que Dieu qui peut faire que cette chose de la Nature agisse entre tes mains. » Révélation, avril 1829 – B [D & C 8], dans Robin Scott Jensen, Robert J. Woodford et Stephen C. Harper, dir. de pub., Manuscript Revelation Books, vol. 1 de la série révélations et traductions de The Joseph Smith Papers, dir. de publ. Dean C. Jessee, Ronald K. Esplin et Richard Lyman Bushman, Salt Lake City, Church Historian’s Press, 2009, p. 17. Les bouts de phrase qui se trouvent dans le Revelation Book « travailler avec le rameau » et « chose de la Nature agisse entre tes mains » ont tout d’abord été réécrits par Sidney Rigdon et par la suite par Joseph Smith, Oliver Cowdery et Frederick G. Williams pour inclusion dans le Livre des Commandements » pour leur faire dire « travailler avec le bâton » et « que ce bâton de la nature agisse entre tes mains ». Cette formulation a amené certaines personnes à supposer qu’Oliver possédait son propre instrument révélateur et qu’il l’a utilisé lors de sa tentative de traduire. En prévision de la publication de cette révélation dans l’édition de 1835 des Doctrine et Alliances, ces formules ont été finalement réécrites pour leur faire dire « [don] d’Aaron » et « que ce don d’Aaron soit avec toi ».

64.  Jeffery G. Cannon, “Oliver Cowdery’s Gift», Revelations in Context, The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 15 décembre 2012. https ://history.lds.org/article/doctrine-and-covenants-oliver-cowdery.

65.  Doctrine and Covenants, 1835. P. 171. Joseph Smith Papers, Church Historian’s Press. http ://josephsmithpapers.org/paperSummary/doctrine-and-covenants-1835#179.

66.  Revelation, juin 1829-E [D&C 17], sur le site Joseph Smith Papers. http ://josephsmithpapers.org/paperSummary/revelation-june-1829%e2%80%93e-dc-17.

67.  “Wonderful Discovery”, Wayne Sentinel, Palmyra, New York, 27 décembre 1825.

68.  Richard L. Bushman, “Joseph Smith Miscellany”, Mesa, Arizona, FAIR, 2005 FAIR Conference. http ://www.fairlds.org/fair-conferences/2005-fair-conference/2005-a-joseph-smith-miscellany.

69.  Dallin H. Oaks, “Recent Events Involving Church History and Forged Documents”, Ensign, octobre 1987, p. 63. Le nom “Stowel” est parfois écrit “Stowell” ou “Stoal”. http ://www.lds.org/ensign/1987/10/recent-events-involving-church-history-and-forged-documents.

70.  Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, Manuel de l’étudiant, p. 42.

71.  Lucy Mack Smith, dans Scott Facer Proctor et Maurine Jensen Proctor, The Revised and Enhanced History of Joseph Smith by His Mother, Salt Lake City, Bookcraft, p. 124. Également cité dans  “Lucy Smith History, 1845», dans Early Mormon Documents, 1:310. Le passage de Lucy concernant le travail exécuté par Joseph pour Stowell (orthographié “Stoal” dans son manuscrit) n’apparaît que dans la version de 1853 et n’apparaît pas dans le manuscrit original de 1845.

72.  “Highlights in the Prophet’s Life”, Ensign, juin 1994, p. 24.

73.  Brant A. Gardner, “Joseph the Seer—or Why Did He Translate With a Rock in His Hat?” presentation à la Conférence de FAIR de 2009. Gardner renvoie à [9] D. Michael Quinn, Early Mormonism and the Magic World View, Salt Lake City, Signature Books, 1987, p. 38 et [10] Richard L. Bushman, Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1984, p. 70. http ://www.fairlds.org/fair-conferences/2009-fair-conference/2009-joseph-the-seer-or-why-did-he-translate-with-a-rock-in-his-hat.

74.  Journal de Wilford Woodruff, 11 septembre 1859, cité dans Richard Lloyd Anderson, “The Alvin Smith Story : Fact and Fiction», Ensign, août 1987. http ://www.lds.org/ensign/1987/08/the-alvin-smith-story-fact-and-fiction.

75.  “Willard Chase Statement, Circa 11 décembre 1833”, dans Early Mormon Documents, 2:65–66. Publié dans Eber Dudley Howe, Mormonism Unvailed, Painesville, OH, Telegraph Press, 1834, p. 240-248. Chase affirme : « Smith a dit que c’était lui qui avait sorti la pierre du puits, mais c’est faux. Il n’y avait personne d’autre dans le puits que moi. Le lendemain matin, il est venu me trouver et m’a demandé de lui donner la pierre, prétendant qu’il voyait dedans, mais je lui ai dit que je ne souhaitais pas m’en séparer parce que c’était une curiosité, mais que je voulais bien la lui prêter. »

76.  Oliver Cowdery, Latter Day Saints’ Messenger and Advocate 1/5, février 1835, p. 80. []

77.  Henry Harris, declaration dans Howe, Mormonism Unvailed, p. 252.

78.  Dean Jessee, “Joseph Knight’s Recollection of Early Mormon History”, BYU Studies 17/1, 1976, p. 2.

79.  Palmyra Reflector, 1829–1831, “Gold Bible, No. 6, 19 mars 1831, dans Early Mormon Documents, 2:248.

80.  Howe, Mormonism Unvailed, p. 14.

81.  “Charles Anthon to E. D. Howe, 17 February 1834”, dans Early Mormon Documents, 4:379.

82.  John A. Clark, “Gleanings by the Way”, Philadelphia, 1842, p. 230. Accessible dans Google Books : http ://books.google.com/books/about/Gleanings_by_the_way.html?id=Q-sQAAAAIAAJ.

83.  Robert Baird, Religion in the United States of America, Glasgow, Blackie and Son, 1844, p. 647–649.

84.  Pomeroy Tucker, Origin, Rise, and Progress of Mormonism, New York, D. Appleton and Co., 1867, p. 36. Accessible dans Google Books : http ://books.google.com/books/about/Origin_rise_and_progress_of_Mormonism.html?id=1SPym5-HSN4C.

85.  “David Whitmer Interview with Chicago Tribune, 15 December 1885”, dans Early Mormon Documents, 5:153. Également réimprimé dans le Deseret News, 6 janvier 1886.

86.  “David Whitmer Interview with Chicago Tribune”, dans Early Mormon Documents, 5:153–154.

87.  Elizabeth Ann Whitmer Cowdery, “Elizabeth Ann Whitmer Cowdery Affidavit, 15 February 1870”, dans Early Mormon Documents, 5:260.

88.  David Whitmer, An Address to All Believers in Christ, 1887, p. 12.

89.  Whitmer, An Address, p. 32. L’affirmation de Joseph Smith qu’il n’avait plus besoin de la pierre de voyant pour recevoir la révélation fut un des facteurs qui furent à l’origine de la désillusion que Whitmer finit par éprouver à son égard.

90.  Journal de Wilford Woodruff, 18 mai 1888, cité dans Richard O. Cowan, Temples to Dot the Earth, Springville, UT, Cedar Fort, 1997.

91.  Joseph Fielding Smith, Doctrines du Salut, Salt Lake City, Bookcraft, 1956, 3:225.

92.  Neal A. Maxwell, “‘By the Gift and Power of God’”, Ensign, janvier 1997, p. 36. http ://www.lds.org/ensign/1997/01/by-the-gift-and-power-of-god. []

93.  Neal A. Maxwell, Not My Will, But Thine, Salt Lake City, Bookcraft, 1988, p. 26.

94.  Kenneth W. Godfrey, “A New Prophet and a New Scripture : The Coming Forth of the Book of Mormon”, Ensign, janvier 1988. http ://www.lds.org/ensign/1988/01/a-new-prophet-and-a-new-scripture-the-coming-forth-of-the-book-of-mormon.

95.  Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.

96.  Dallin H. Oaks, “Recent Events Involving Church History and Forged Documents”, Ensign, octobre 1987, p. 63. http ://www.lds.org/ensign/1987/10/recent-events-involving-church-history-and-forged-documents.

97.  Introduction de Doctrine et Alliances 28.

98.  Stephen D. Ricks, Joseph Smith’s Translation of the Book of Mormon, Provo, UT, Maxwell Institute, n.d. http ://maxwellinstitute.byu.edu/publications/transcripts/?id=10

99.  Keith W. Perkins, “Francis W. Kirkham : A ‘New Witness’ for the Book of Mormon”, Ensign, juillet 1984. https ://www.lds.org/ensign/1984/07/francis-w-kirkham-a-new-witness-for-the-book-of-mormon.

100.   Cet effort de la part du Maxwell Institute a été dénommé le « Kirkham Project ». Voir “Early Book of Mormon Writings Now Online”, Insights 30:2, Provo, UT, Maxwell Institute”, qui note que « Matthew Roper, chercheur Neal A. Maxwell Institute for Religious Scholarship et directeur du projet, a collectionné cette littérature pendant plus de dix ans. La collection s’appuie sur les premiers efforts de Francis W. Kirkham, un éducateur pour l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Selon Roper, durant les années 1930, Kirkham a commencé à collectionner les rares journaux relatifs aux débuts de l’histoire des saints des derniers jours. Après lui, d’autres historiens et chercheurs ont découvert beaucoup de documents supplémentaires, qui sont inclus dans cette nouvelle collection. »

101.   Francis W. Kirkham, “The Manner of Translating the Book of Mormon”, Improvement Era, octobre 1939, p. 632.

102.   Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America, Independence, MO, Press of Zion’s Printing and Publishing Co., 1951, p. 194.

103.   Kirkham, A New Witness, p. 196.

104.   Smith, Doctrines du Salut, 3:225. Italiques dans l’original.

105.   James. B. Allen et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints, 2e édition revue et augmentée, Salt Lake City, Deseret Book, 1992, p. 40–41.

106.   La liste des faux de Hofmann connus liés à l’histoire de l’Église a paru dans “Fraudulent Documents from Forger Mark Hofmann Noted”, Ensign, octobre 1987.

107.   Richard Lloyd Anderson, “The Alvin Smith Story : Fact and Fiction”, Ensign, août 1987. Anderson dit que “les tentatives de repositionner les fondations de l’Église sur la base de documents liés à Mark Hofmann sont maintenant obsolètes, car il a plaidé coupable devant le tribunal de vente de faux documents. Par conséquent, les histoires révisées basées sur ces documents doivent maintenant être révisées elles-mêmes. »

108.   Oaks, “Recent Events.” []

109.   Whitmer, An Address to All Believers, p. 30.

110.   Revelations in Context. https ://history.lds.org/series/doctrine-and-covenants-revelations-in-context?lang=eng#/date/10/1.

111.   John W. Welch et Tim Rathbone, “How Long Did It Take to Translate the Book of Mormon?”, , UT, Maxwell Institute. http ://maxwellinstitute.byu.edu/publications/books/?bookid=71&chapid=767.

112.   Il y a diverses écoles de pensée parmi les spécialistes du Livre de Mormon au sujet de la question de savoir si le texte du Livre de Mormon représente une « traduction libre » par opposition à une traduction « contrôlée » de la signification des caractères des plaques. Étant donné que je ne suis pas un érudit, il n’est pas de mon intention de tirer des conclusions au sujet de cet aspect de la traduction. J’affirme simplement qu’une certaine forme de révélation s’est produite.

113.   Maxwell, Not My Will, p. 26.