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Les Lunettes, la pierre, le chapeau et le livre : point de vue
d’un croyant du vingt et unième siècle concernant la traduction du Livre
de Mormon
Interpreter: A Journal of Mormon Scripture
5 (2013), p. 121-190
Résumé : Cet
essai vise à examiner la méthode de traduction du Livre de Mormon du point
de vue d’un membre croyant ordinaire et non savant au vingt et unième
siècle, compte tenu de ce qu’on apprend dans l’Église et de ce qu’on peut
retirer des documents historiques qui sont aujourd’hui facilement
accessibles. Que savons-nous ? Que devrions-nous savoir ? Comment un saint
des derniers jours croyant peut-il concilier les récits apparemment
contradictoires du processus de traduction ? L’examen des sources
historiques devrait nous fournir une compréhension plus complète de la
complexité qui existe dans les événements du début du Rétablissement. Ces
récits proviennent tant de sources incroyantes que de sources croyantes et
il faudra faire preuve d’un certain scepticisme dans le choix d’accepter
comme établies certaines des interprétations proposées par certaines de
ces sources. Toutefois, l’examen de ces sources permet de se faire une
idée plus complète et les réponses à ces questions permettent d’avoir un
regard instructif sur l’histoire de l’Église et l’évolution de l’histoire
de la traduction.
Cet essai se concentre principalement sur les méthodes et les instruments
utilisés dans le processus de traduction et sur la façon dont un saint des
derniers jours fidèle pourrait y voir une preuve supplémentaire de la
véracité de l’Évangile rétabli.
Dans son livre The Birth of Mormonism(1916), John Quincy Adams fait
cette description plutôt colorée de la méthode employée pour la traduction
du Livre de Mormon.
« Le processus par lequel les plaques en ‘égyptien réformé’ a été traduit
était simple quoique spécial. Tout a été fait avec les lunettes de l’urim
et du thummim, mais quiconque d’autre que Joe s’avisait de les utiliser
encourait une mort immédiate. Même quand il les mettait, la lumière
devenait tellement éblouissante qu’il était obligé de regarder à travers
son chapeau. En outre, lorsqu’il était ainsi occupé, aucune paire d’yeux
profane ne pouvait les voir, le chapeau ou lui. Seul, derrière une
couverture étendue sur toute la largeur de la pièce, Joe regardait dans
son chapeau et lisait les mots mystiques [1]. »
N’importe quel saint sera immédiatement capable de faire la part entre les
éléments familiers et les éléments biscornus de cette histoire. Nous
voyons l’urim et le thummim et la couverture protégeant le traducteur des
autres personnes qui se trouvaient dans la pièce, mais qu’est-ce que c’est
que cette histoire de chapeau ?
Saint des derniers jours pratiquant, je ne me souviens pas d’un moment où
je n’étais pas au courant de l’histoire de la traduction du Livre de
Mormon. L’histoire que nous connaissons parfaitement pour l’avoir apprise
à l’école du dimanche et au séminaire décrit Joseph utilisant l’urim et le
thummim (les interprètes néphites) pour regarder les plaques d’or, séparé
de son secrétaire par un rideau. Joseph a dicté le texte tout entier du
Livre de Mormon à son secrétaire, reprenant le lendemain exactement à
l’endroit où il s’était arrêté la veille et le texte a été écrit sans
aucune ponctuation. Joseph ne demandait jamais qu’on lui relise le texte
précédent quand la traduction recommençait le lendemain. La majeure partie
de la traduction a été réalisée dans un délai de trois mois environ et le
texte qui en a résulté est remarquablement conséquent non seulement avec
lui-même, mais aussi avec la Bible. Les circonstances dans lesquelles la
traduction et la production du Livre de Mormon ont été accomplies ne
peuvent être considérées comme miraculeuses qu’aux yeux des membres
croyants de l’Église.
Il y a néanmoins une autre histoire, que beaucoup ont appris à connaître
ces dernières années. Les représentations modernes de la traduction comme
celle montrée dans l’émission
télévisée
d’animation à succès
South Park
[2]
montrent Joseph occupé à regarder une pierre au fond de son chapeau et à
dicter à son secrétaire, sans l’utilisation d’un rideau. L’encyclopédie en
ligne Wikipedia affiche une « représentation artistique du vingt-et-unième
siècle de Joseph Smith occupé à traduire les plaques d’or en examinant une
pierre de voyant dans son chapeau [3] ». Une recherche sur Google
de « traduction du Livre de Mormon » ou « pierre de voyant Joseph
Smith » fournit un grand nombre de ces images, beaucoup d’entre elles
hébergées par des sites Web qui sont critiques vis-à-vis des prétentions
de l’Église à détenir la vérité. C’est une méthode dont on ne m’a pas
parlé au séminaire et il y a des récits anecdotiques de saints qui, quand
on leur mentionne cette version des faits, nient purement et simplement
que cette méthode ait jamais pu être employée, attribuant ces descriptions
à des sources « anti-mormones ».
Les représentations
de la traduction par les artistes ont également contribué à la confusion.
Les saints des derniers jours connaissent très bien tout un éventail de
représentations artistiques montrant Joseph et Oliver se livrant au
processus de traduction. Certaines représentent Joseph et son secrétaire
assis à une table avec un rideau au milieu. D’autres montrent Joseph et
Oliver assis ensemble à une table, sans rideau en vue et les plaques bien
visibles, alors que nous savons qu’Oliver n’avait pas été autorisé à voir
les plaques avant de devenir l’un des trois témoins. Une chose que ces
scènes ont en commun est qu’elles ne représentent pas l’urim et le
thummim, en dépit du fait que nous savons qu’un instrument de traduction a
été utilisé au cours du processus. Nous ne voyons pas de cristaux montés
sur des « lunettes » ; nous ne voyons pas davantage le pectoral [4].
Nous
ne voyons certainement jamais Joseph regardant au fond de son chapeau tout
en dictant.
Le vingt et unième siècle nous a donné accès à une multitude de sources
historiques qui n’étaient tout simplement pas accessibles au saint des
derniers jours moyen dans les décennies précédentes. Maintenant, on doit
se poser la question : laquelle de ces descriptions est correcte ? Dans
notre recherche d’une réponse, nous commençons par un manuel moderne de
l’Église, qui va nous donner notre premier indice. La description suivante
du processus de traduction apparaît dans
Histoire de l’Église
dans la plénitude des temps, manuel de l’étudiant de 2003
(ci-après dénommé le Manuel de l’étudiant).
« On ne sait pas grand-chose sur la manière proprement dite dont la
traduction des annales eut lieu, essentiellement parce que ceux qui en
savaient le plus sur la traduction, Joseph Smith et Oliver Cowdery, furent
ceux qui en dirent le moins. De plus, Martin Harris, David Whitmer et Emma
Smith, qui aidèrent Joseph, ne laissèrent aucune description
contemporaine. Les brefs récits, qu’ils rédigèrent beaucoup plus tard dans
leur vie, étaient souvent contradictoires
[5]. »
Il est tout à fait logique que ceux qui étaient directement impliqués dans
la traduction ou l’ont observée soient ceux qui avaient les informations
les plus exactes. Qu’est-ce que ces témoins ont donc dit qui semble avoir
été contradictoire ? Y a-t-il eu d’autres témoins qui peuvent faire la
lumière sur ces événements ? Qu’est-ce que les sources extérieures ont à
dire sur le processus de traduction ? Comme le chercheur mormon Brant
Gardner le résume : « Quels récits allons-nous croire ? Quelles histoires
de la traduction pourrions-nous ou devrions-nous raconter ? Quels récits
sont vrais ? Pour cette dernière question, je dirais qu’ils sont tous
vrais. Autrement dit, ils sont vrais pour les gens qui les racontent
[6]. »
Que disent Joseph et Oliver ?
L’endroit logique pour commencer, c’est avec le traducteur lui-même. Que
dit Joseph Smith sur le processus de traduction du Livre de Mormon ? Il
s’avère qu‘il dit très peu de choses sur la méthode de traduction utilisée
pour produire le Livre de Mormon, si ce n‘est pour noter qu’elle a été
réalisée « par le don et le pouvoir de Dieu ». Le Manuel de l’étudiant
note que Joseph s’est délibérément abstenu de donner beaucoup de
détails sur le processus.
Le prophète était peu disposé à donner des détails sur la traduction. Dans
une conférence de l’Église qui eut lieu les 25 – 26 octobre 1831 à Orange,
dans l’Ohio, Hyrum demanda que l’on fasse un récit de première main de la
parution du Livre de Mormon. Mais le prophète dit : « Il n’était pas prévu
de donner au monde entier tous les détails de la parution du Livre de
Mormon. » En 1833, Joseph expliqua l’essentiel dans une lettre ouverte à
la rédaction d’un journal, mais il donna peu de détails, déclarant que le
Livre de Mormon avait été « trouvé par le ministère d’un saint ange et
traduit en notre langue par le don et le pouvoir de Dieu ». Son
explication cadre avec les Doctrine et Alliances, qui disent qu’il reçut,
« grâce
à la miséricorde de Dieu et par la puissance de Dieu, le pouvoir de
traduire le Livre de Mormon »
(D
& A 1:29) et que le Seigneur « lui
donna, par le moyen qui avait été préparé auparavant, le pouvoir d'en haut
qui lui permit de traduire le Livre de Mormon »
(D & A 20:8) [7].
Joseph disait systématiquement aux gens qui lui posaient la question qu’il
avait traduit par le don et le pouvoir de Dieu. Il ne voulait pas
focaliser l’attention sur la méthode, mais plutôt sur le résultat. Étant
donné que Joseph n’a pas voulu fournir de détails, nous devons examiner ce
que les autres témoins de la traduction ont dit pour nous faire une idée
plus précise des méthodes employées.
Oliver Cowdery est le témoin suivant le plus proche de la traduction,
puisqu’il a agi comme secrétaire pour la plus grande partie de celle-ci.
Certaines des descriptions qu’il fait de la traduction concordent très
bien avec l’histoire que nous connaissons déjà. Toutefois, ses
commentaires méritent un examen plus détaillé. Nous y reviendrons plus
tard de manière plus fouillée.
Qu’ont dit Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith?
Le Manuel de l’étudiant parle de « récits sommaires » faits
beaucoup plus tard dans la vie » par Martin Harris, David Whitmer et Emma
Smith. Que contiennent ces récits tardifs ? Comment contredisent-ils ce
que nous savons du processus de traduction ?
Il y a deux choses que ces trois descriptions ont en commun : (1) elles
ont toutes été faites vers la fin de la vie de la personne et (2) elles
décrivent toutes l’utilisation d’un instrument de traduction placé dans un
chapeau. Ces histoires peuvent apparaître au départ comme incompatibles
avec l’histoire que nous connaissons aujourd’hui, mais il y a une bonne
raison à cela.
En 1879, vers la fin de sa vie, quelque 49 ans après la publication du
Livre de Mormon, Emma Smith Bidamon fut interviewée par son fils Joseph
Smith III. Emma décrit ce qu’elle se rappelle du processus de traduction.
« Quand j’écrivais pour ton père, j’écrivais fréquemment jour après jour,
souvent assise à la table
près de lui qui était assis le visage enfoui dans son chapeau, avec la
pierre à l’intérieur et dictant heure après heure sans rien entre nous
[8]. »
Cette description soulève immédiatement quelques questions. Où se trouve
l’urim et le thummim ? Où est le rideau ? Pourquoi Joseph utilise-t-il un
chapeau ? Où se trouvent les plaques ? Il est très facile de voir que la
description d’Emma semble contredire le récit que nous apprenons à l’école
du dimanche.
Les descriptions du processus de traduction faites par David Whitmer ont
également été faites vers la fin de sa vie, avec deux remarquables
descriptions faites en 1885 et en 1887, plus de 55 ans après la
publication du Livre de Mormon. Whitmer prétend que Joseph lui a décrit la
méthode et il fournit certains détails qu’Emma ne donne pas.
« Il utilisait une pierre appelée ‘pierre de voyant’, les ‘Interprètes’
lui ayant été repris pour cause de transgression. Les ‘Interprètes’ lui
furent repris à titre de châtiment pour avoir permis à Martin Harris
d’emporter les 116 pages de Ms [manuscrit] du Livre de Mormon, mais il fut
autorisé à continuer et à traduire à l’aide d’une « pierre de voyant »
qu’il avait et qu’il plaçait dans un chapeau dans lequel il enfouissait
son visage, nous déclarant, à moi et à d’autres, que le caractère original
apparaissait sur un parchemin et, en-dessous, la traduction en anglais
[9]. »
Remarquez que Whitmer mentionne les Interprètes— que nous
connaissons sous le nom l’urim et le thummim — comme étant distincts de la
« pierre de voyant ». Whitmer déclare que les Interprètes ont été enlevés
à Joseph après la perte des 116 pages et ne lui ont pas été rendus. Il
mentionne l’utilisation d’une pierre et d’un chapeau, tout comme Emma.
Encore une fois, il n’est pas question de rideau.
On pourrait se demander à ce stade si ce récit n’est pas incompatible avec
ce que l’Église a enseigné. Cependant, Russell M. Nelson a cité en 1992 le
récit de David Whitmer de 1887 devant un groupe de nouveaux présidents de
mission. Cette description se trouve dans l’Ensign de juillet 1993
et est sur le site officiel de l’Église, lds.org. Frère Nelson déclare :
« Les détails de cette méthode miraculeuse de traduction ne sont toujours
pas complètement connus. Nous avons néanmoins un petit nombre de détails
précieux. David Whitmer a écrit :
‘Joseph Smith mettait la pierre de voyant dans un chapeau et mettait le
visage dans le chapeau, le tenant bien serré autour de son visage pour
exclure la lumière ; et dans l’obscurité, la lumière spirituelle brillait.
Un morceau de quelque chose qui ressemblait à un parchemin apparaissait et
là-dessus apparaissait le texte. Un seul caractère apparaissait à la fois
et l’interprétation en anglais se trouvait en-dessous. Frère Joseph lisait
l’anglais à Oliver Cowdery, qui était son principal secrétaire, et quand
c’était écrit et répété à frère Joseph pour voir si c’était correct, il
disparaissait et un autre caractère apparaissait avec l’interprétation.
C’est ainsi que le Livre de Mormon a été traduit par le don et le pouvoir
de Dieu et non par un pouvoir quelconque de l’homme.’ »
(David Whitmer, An Address to All Believers in Christ, Richmond,
Mo., n.p., 1887, p. 12.)
[12]
Il est clair que frère Nelson est tout à fait conscient de l’existence de
la pierre et du chapeau. Il s’avère que ce n’est pas la seule mention de
ces objets dans les publications de l’Église. Une recherche sur le site
lds.org de l’expression « pierre de voyant traduction » affiche la
description suivante, tirée du numéro de septembre 1974 du magazine
officiel de l’Église pour les enfants, le
Friend : « Pour l’aider dans la
traduction, Joseph a trouvé avec les plaques d’or ‘un curieux instrument
que les anciens appelaient urim et thummim, qui se composait de deux
pierres transparentes serties dans la monture d’un arc fixé sur un
pectoral ». Joseph utilisait aussi pour traduire une pierre brune en forme
d’œuf appelée pierre de voyant [11]. »
Il est évident que non seulement les descriptions d’Emma Smith et de David
Whitmer sont différentes de celle du processus que nous connaissons, mais
que l’Église a périodiquement fait mention de certaines de ces
informations.
Ensuite, nous examinons ce que Martin Harris avait à dire. Martin était
assez étroitement impliqué au début dans le processus de traduction,
puisqu’il a agi comme secrétaire de Joseph pour les 116 premières pages du
manuscrit. Comme le dit le Manuel de l’étudiant, vers la fin de sa
vie, Martin Harris a également fourni une description du processus de
traduction. Il a accordé en 1859 une interview à Joel Tiffany dans
laquelle il décrit l’instrument de traduction que nous appelons
communément l’urim et le thummim.
« Les deux pierres serties dans un arc d’argent avaient environ deux
pouces [5 cm] de diamètre, étaient parfaitement rondes et avaient une
épaisseur d’environ cinq huitièmes de pouce [1,6 cm] au centre, mais elles
n’étaient pas si épaisses sur les bords où elles entraient dans l’arc.
Elles étaient reliées par une barre d’argent ronde d’environ trois
huitièmes de pouce [9 mm] de diamètre et d’une longueur d’environ quatre
pouces [10 cm], ce qui, avec les deux pierres, faisait huit pouces [20
cm]. Les pierres étaient blanches, comme du marbre poli, avec quelques
veines grises. Je n’ai jamais osé y regarder en les plaçant dans le
chapeau, parce que Moïse a dit que ‘aucun homme ne pouvait voir Dieu et
vivre’ et nous pouvions voir tout ce que nous souhaitions en regardant
dedans ; et je ne pouvais pas chasser de mon esprit le désir de voir Dieu.
D’ailleurs, il nous était commandé de ne laisser personne y regarder, sauf
par le commandement de Dieu, de peur de ‘voir et périr’ [12] ».
Cette description est très intéressante, parce que Harris décrit que ce
sont les interprètes néphites que l’on place dans le chapeau plutôt
qu’une pierre. En fait, le récit de Martin où l’on place les interprètes
néphites dans le chapeau semble même contredire le récit de David et
d’Emma dans lequel Joseph utilise sa propre pierre de voyant. En outre,
les trois récits ne semblent pas correspondre à l’histoire que nous
connaissons dans laquelle Joseph se sert de l’urim et du thummim, assis
derrière un rideau et regardant les plaques tout en dictant à Oliver
Cowdery.
Les lunettes et le chapeau
Pour mieux comprendre comment le processus de traduction a été vu au
moment où il s’est produit, nous pouvons examiner la façon dont les
journaux contemporains le décrivaient. En 1829, le journal de New York
Rochester Advertiser and Daily Telegraph
fit un reportage sur la traduction du Livre de Mormon. L’article, on le
comprend, prend un ton sceptique.
« Et après avoir pénétré la ‘terre notre mère’ sur une courte distance, on
trouva la Bible [d’or] avec une énorme paire de lunettes ! Il lui avait
toutefois été commandé de ne laisser aucun être mortel les examiner ‘sous
peine de mort immédiate’, pas moins ! Elles furent donc soigneusement
enveloppées et exclues du ‘regard vulgaire des pauvres méchants mortels !’
On disait que les feuilles de la bible étaient des plaques d’or d’environ
8 pouces [20 cm] de long, 6 [15 cm] de large et un huitième de pouce
d’épaisseur [3 mm], sur lesquelles étaient gravés des caractères ou
hiéroglyphes. En plaçant les lunettes dans un chapeau et en regardant
dedans, Smith pouvait (c’est du moins ce qu’il a dit) interpréter ces
caractères [13]. »
Ce récit semble compatible avec l’histoire de Martin Harris que les
interprètes néphites étaient placés dans un chapeau. Notez également que
les lunettes ne sont
pas dénommées urim et thummim. Joseph a-t-il effectivement utilisé un
chapeau avec les interprètes néphites ? On voit aussi que le souvenir de
Martin en 1859 qu’il n’avait « jamais osé regarder dedans » parce que
« personne ne pouvait voir Dieu et vivre » est amplifié par l’article de
journal de 1829 qui en fait une « peine de mort immédiate ». Ce récit, ou
un du même genre, est probablement à l’origine de l’histoire racontée par
John Quincy Adams en 1916 parlant de la menace de « mort immédiate » qui
frapperait quiconque d’autre que Joseph qui tenterait d’utiliser les
interprètes.
Cette description du journal n’était pas une aberration. La même
description fut répétée presque un mois plus tard dans une publication de
New York appelée
The Gem: A Semi-Monthly Literary and Miscellaneous Journal :
« En plaçant les lunettes dans un chapeau et en regardant dedans, Smith
interprète les caractères dans la langue anglaise [14]. »
Quatre mois plus tard, en février 1830, Martin Harris est cité dans le
New York Telescope :
« Il s’est rendu sur place et a trouvé la bible, avec une énorme paire de
lunettes [...] On dit qu’il a montré certains de ces caractères au
professeur Samuel L. Mitchell, de cette ville, qui n’a pas pu les
traduire. Martin Harris est revenu et a mis Joseph Smith au travail de les
traduire : et, ‘en plaçant les
lunettes dans un chapeau et en regardant dedans, Joseph Smith a dit qu’il
pouvait interpréter ces caractères [15]’. »
En juin 1830, le
Cincinnati Advertiser
mentionne une « pierre blanche » et le chapeau.
« Un homme du nom de Joseph Smith, qui vit dans le haut du comté de
Susquehanna, s’est occupé, les deux dernières années, nous dit-on, à
consacrer, comme il le dit, par inspiration, une nouvelle bible. Il
prétend que Dieu lui a confié une nouvelle bible qui avait toujours été
cachée au monde. Smith mettait la figure dans un chapeau dans lequel il
avait une pierre blanche et faisait semblant de lire dedans pendant que
son coadjuteur transcrivait [16] ».
La mention de la « pierre blanche » correspond à la description des
interprètes néphites faite par Harris. Tous ces articles de journaux
correspondent tout à fait avec la description de 1859 de Martin Harris
faite trente ans plus tard. Il s’avère, par conséquent, que Martin Harris
a raconté systématiquement la même histoire.
Nous avons des indications que Martin Harris, tant au moment où la
traduction eut lieu qu’à la fin de sa vie, percevait que Joseph utilisait
les interprètes néphites ou « lunettes » avec un chapeau pour interpréter
les caractères des plaques d’or. L’utilisation du chapeau dans le cadre de
la traduction était clairement notée. La description de Martin coïncide
avec la période où il a agi comme secrétaire, ce qui correspond à la
traduction des 116 pages perdues du manuscrit. L’idée que l’urim et le
thummim étaient placés dans un chapeau est tout à fait différente de
l’image mentale que nous nous faisons de Joseph utilisant les lunettes
comme une paire de lunettes pour visualiser les plaques. Il faut cependant
se rappeler que Martin décrit les pierres des interprètes comme « blanches
comme du marbre poli avec quelques veines grises ». Cela ne signifie pas
nécessairement qu’elles étaient transparentes.
Les journaux continuèrent, pendant plusieurs années après la publication
du Livre de Mormon, à parler de lunettes placées dans un chapeau. Le
Daily Albany Argus du 15 octobre 1831, mentionne la nécessité de
protéger les interprètes de la lumière ambiante. « Le prédicateur dit
avoir découvert au même endroit deux pierres avec lesquelles il fut rendu
capable, en les plaçant sur les yeux et en mettant sa tête dans un coin
sombre, de déchiffrer les hiéroglyphes sur les plaques ! [17] »
Le Morning Star, de Limerick, dans le Maine (7 mars 1833), dit que
« un ange lui a donné une paire de lunettes qu’il a mise dans un chapeau
et qu’il a ainsi lu et traduit, tandis qu’un des témoins l’écrivait tel
qu’il le disait [18]. » Notez qu’en 1833 encore, ces articles ne
mentionnent toujours pas l’expression « urim et thummim » et continuent
d’appeler « pierres » ou « lunettes » les traducteurs néphites.
Le Protestant Sentinel, en 1834, soit ne connaissait pas, soit ne
voulait pas utiliser l’expression urim et thummim pour désigner les
lunettes. Il savait cependant que les lunettes étaient déposées dans le
chapeau. L’histoire a évolué un peu au point que les plaques sont
également dans le chapeau.
« En 1828, un certain Joseph Smith, un jeune homme illettré, incapable de
lire son propre nom, de Palmyra, comté de Wayne, New York, a trouvé,
paraît-il, plusieurs plaques d’or, ainsi qu’une paire de lunettes, des
reliques d’une haute antiquité. Les lunettes étaient conçues pour aider la
vision mentale dans des circonstances assez particulières. Il fallait les
mettre et le visage devait être plongé dans un chapeau étroit. Cela fait,
Smith pouvait interpréter les mystères sacrés des plaques, qui se
trouvaient, suppose-t-on, au sommet du chapeau ! [19] »
L’expression « aider la vision mentale » mérite d’être relevée. Bien que
nous ne sachions pas où l’auteur a eu cette idée, elle implique que les
lunettes ne fonctionnaient pas nécessairement comme une paire de lunettes,
mais plus comme une pierre de voyant.
Le
New York Weekly Messenger,
en 1835, cinq ans après la publication du Livre de Mormon, affirmait que
les « plaques » et les « deux pierres plates et lisses » étaient placées
dans un chapeau.
« Smith prétendait avoir trouvé des plaques d’or ou de laiton, comme les
feuilles d’un livre, cachées dans une boîte dans la terre, où il avait été
conduit par un ange en 1827, — que ce qui y était écrit était en ‘langue
égyptienne réformée’ — qu’il a été inspiré d’interpréter l’écriture, ou ce
qui était gravé, en mettant une plaque dans son chapeau, en mettant dans
le chapeau deux pierres plates et lisses qu’il avait trouvées dans la
boîte et en y mettant le visage — qu’il ne pouvait pas écrire, mais tandis
qu’il traduisait, un certain Oliver Cowdery l’écrivait [20]. »
Bien que certaines variations amusantes soient introduites dans l’histoire
par rapport à ce que nous savons actuellement, une chose que l’on retrouve
dans tous les articles de journaux mentionnés jusqu’à présent est que tous
parlent de l’utilisation des interprètes néphites (les lunettes) et
du chapeau.
Même William, frère du prophète, racontait, 53 ans après la publication du
Livre de Mormon, que Joseph plaçait l’urim et le thummim dans un chapeau.
« Il les a traduites au moyen de l’urim et du thummim (qu’il avait obtenus
avec les plaques) et le pouvoir de Dieu. La manière dont cela se faisait
consistait à regarder dans l’urim et le thummim, qui étaient placés dans
un chapeau pour exclure la lumière (les plaques se trouvant tout près,
recouvertes) et à lire la traduction, qui apparaissait dans la pierre par
le pouvoir de Dieu [21]. »
Joseph Knight était un bon ami du Prophète Joseph. Son récit appelle
l’urim et le thummim les lunettes. Chose significative, Knight
mentionne également le chapeau.
« Maintenant la façon dont il a traduit consistait à mettre l’urim et le
thummim dans son chapeau et à assombrir ses yeux, puis il prenait une
phrase et elle apparaissait en lettres romaines lumineuses, puis il le
disait au rédacteur et il l’écrivait. Alors cela disparaissait, la phrase
suivante apparaissait et ainsi de suite. Mais si ce n’était pas
orthographié correctement, cela ne disparaissait pas tant que ce n’était
pas bon : nous voyons ainsi que c’était merveilleux. C’est comme cela que
tout a été traduit [22]. »
Ces récits nous incitent à penser que Joseph plaçait les lunettes,
que nous appelons l’urim et le thummim, dans un chapeau au cours du
processus de traduction. Nous supposons habituellement que Joseph avait
les plaques sur la table et les regardait à travers les lunettes.
Les lunettes en tant que l’urim et le thummim
Comme noté précédemment, aucun des articles de journaux de l’époque
imprimés dans la période de 1830 à 1833 ne mentionne l’urim et le thummim.
Au lieu de cela, ils parlent tous de lunettes ou d’une pierre
blanche. Alors comment les lunettes trouvées par Joseph Smith en
sont-elles venues à être appelées l’urim et le thummim ? L’une des toutes
premières mentions connues des lunettes comme étant l’urim et le thummim a
paru dans le journal mormon The Evening and Morning Star en janvier
1833, trois ans après la publication du Livre de Mormon. La formulation
est intéressante, car il semble que ce soit l’une des toutes premières
fois que l’expression urim et thummim est appliquée » aux
instruments de traduction.
Le Livre de Mormon, en tant que révélation de Dieu, possède quelque
avantage sur les écritures anciennes : il n’a pas été teinté par la
sagesse de l’homme, avec ici et là un mot en italique pour pallier les
faiblesses. Il a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu, par un
homme sans instruction, grâce à l’aide d’une paire d’Interprètes, ou
lunettes (connus peut-être dans les temps anciens sous le nom de théraphim
ou d’urim et thummim) [23]. »
Notez l’utilisation du mot « peut-être ». Il ne semble pas que
l’expression urim et thummim ait été généralement associée, à ce
stade, aux interprètes.
L’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours a été
jusqu’à préciser que l’expression urim et thummim n’est entrée dans
l’usage qu’après 1833.
« Les preuves sont claires et positives que l’histoire de la traduction
par l’urim et le thummim ne remonte pas plus haut que 1833, ou entre cette
date et 1835 ; car on ne la trouve dans aucun document imprimé de l’Église
du Christ avant la dernière partie de l’année 1833 ou l’année 1834. Le
‘Livre des Commandements’ à l’Église du Christ, publié en 1833 à
Independence, Missouri, ne contient aucune allusion à l’urim et au
thummim ; bien que l’expression ait été insérée dans certaines des
révélations lors de leur réimpression en 1835 dans le ‘Livre des Doctrine
et Alliances’ [24]. »
L’association de l’expression urim et thummim avec les lunettes
semble donc être entrée en usage plusieurs années après la publication du
Livre de Mormon. Elle n’a peut-être pas été effectivement utilisée au
cours de la période de traduction elle-même. L’historien D. Michael Quinn
estime toutefois qu’elle a pu être appliquée dès 1828. « C’était
l’expression dans la ‘Manuscript History of the Church’ pour désigner
l’objet par lequel les premières révélations ont été reçues jusqu’en 1830
et cette affirmation au sujet de l’urim et du thummim est apparue depuis
1921 jusqu’à nos jours dans les chapeaux de ces premières révélations dans
les Doctrine et Alliances [25]. »
Cependant, Quinn note aussi que « il n’y n’avait aucune mention de l’urim
et du thummim dans les chapeaux du Livre des Commandements (1833), ou dans
les chapeaux des seules éditions des Doctrine and Covenants
préparées du vivant de Smith (en 1835 et en 1844) [26]. »
En 1836, nous trouvons enfin une mention de l’urim et du thummim dans une
publication non mormone. L’histoire a été imprimée dans l’Ohio Observer.
Truman Coe résidait à Kirtland (Ohio), mais n’était pas membre de
l’Église. Il semble répéter ce que Joseph Smith ou d’autres membres de
l’Église de Kirtland lui ont dit et par conséquent emploie l’expression
urim et thummim pour désigner les interprètes. Chose significative,
Coe ne mentionne pas
l’utilisation d’un chapeau. « La manière dont la traduction s’est faite
était aussi merveilleuse que la découverte. En mettant son doigt sur l’un
des caractères et en implorant l’aide divine, puis en regardant à travers
l’urim et le thummim, il voyait le sens écrit clairement en anglais sur un
écran placé devant lui [27]. »
Brant Gardner observe que Coe « n’a certainement pas accepté l’histoire
telle quelle », mais qu’il « semble l’avoir racontée sans sarcasme ni
distorsion ». Gardner fait également remarquer que l’histoire de Coe
« fait un portrait de la traduction qui a perduré depuis au moins 1836
jusqu’à nos jours [28] ».
En effet, le récit de Coe semble être très proche de
l’histoire que nous utilisons aujourd’hui dans l’Église, s’accordant même
avec certaines œuvres modernes montrant Joseph assis à une table, le doigt
sur les plaques.
En 1840, nous trouvons un récit hostile qui emploie effectivement
l’expression urim et thummim pour appeler les interprètes. Dans ce
récit, les lunettes sont placées sur les yeux et il n’y a aucune mention
de l’utilisation d’un chapeau.
« Il a déclaré qu’un ange avait été envoyé par Dieu pour lui faire
connaître l’endroit où le livre était dissimulé — qu’il a cherché et l’a
trouvé — que les mots étaient gravés sur des plaques d’or dans une langue
que personne ne comprenait
— et que deux grands bijoux qui ressemblaient à des diamants lui ont été
donnés, qui, appliqués aux yeux, comme des lunettes, lui ont permis de
connaître le sens et de traduire le Livre de Mormon en anglais. Ces bijoux
étaient, a-t-il dit, l’urim et le thummim de l’Ancien Testament [29]. »
Une interview de William Smith, frère du prophète, faite en 1891, fournit
une description de l’urim et du thummim et sa relation avec le pectoral.
Au moment où William a fait sa description, l’expression urim et
thummim avait été utilisée pendant de nombreuses années pour décrire
les interprètes néphites. William dit que « un arc d’argent passait
au-dessus d’une des pierres, en dessous de l’autre autour et au-dessus de
l’autre et sous la première sous la forme d’un huit horizontal tout comme
une paire de lunettes ». William dit également que les lunettes étaient
« beaucoup trop grandes pour Joseph » et que Joseph « ne pouvait voir qu’à
travers une à la fois en utilisant tantôt l’une, tantôt l’autre. En
mettant sa tête dans un chapeau ou un objet sombre, il n’était pas
nécessaire de fermer un œil tandis qu’il regardait dans la pierre avec
l’autre. De cette façon, parfois quand ses yeux [se fatiguaient] il [les
soulageait] de la tension [30]. »
William dit que Joseph « regardait à travers » les pierres « une à la
fois », ce qui implique naturellement qu’il regardait
les plaques
à travers elles, mais
le fait de placer sa « tête dans un chapeau ou un objet sombre » semble
contredire l’idée que les plaques étaient situées de l’autre côté de la
pierre. Parce que les interprètes néphites avaient la forme de
« lunettes », nous supposons naturellement que Joseph était obligé de
regarder directement les caractères sur les plaques à travers les
interprètes.
Les lunettes et la pierre
Après avoir vu que les journaux contemporains concordent parfaitement avec
la description faite par Martin Harris à la fin de sa vie que les lunettes
étaient utilisées avec un chapeau au début du processus de traduction,
qu’allons-nous faire des descriptions d’Emma Smith et de David Whitmer ?
Elles décrivent l’utilisation d’une « pierre de voyant » et d’un chapeau.
La pierre est rarement mentionnée dans les publications de l’Église, mais
il y a plusieurs cas remarquables. Comme mentionné plus haut, The
Friend parle de deux instruments de traduction, déclarant que « Joseph
a trouvé avec les plaques d’or » un « urim et thummim composé de deux
pierres transparentes serties dans la monture d’un arc fixé à un
pectoral » et que « Joseph utilisait également pour traduire une pierre en
forme d’œuf appelée pierre de voyant [31]. »
Nous avons ici une indication que Joseph a employé plus d’un instrument
pendant le processus de traduction. On trouve une confirmation dans un
article par Edward Stevenson imprimé en 1881 dans le Deseret News,
dans lequel il fait dire à Martin Harris « que le prophète possédait une
pierre de voyant qui le rendait capable de traduire aussi bien que par
l’urim et le thummim et, pour des raisons pratiques, il a alors utilisé la
pierre de voyant [32]. »
Nous voyons maintenant que Martin était au courant de l’existence et de la
distinction entre deux instruments de traduction différents. En fait, l’Ensign
de janvier 1988 nous apprend que Martin non seulement savait que Joseph
utilisait à la fois les interprètes néphites et une pierre de voyant, mais
qu’il a été jusqu’à échanger une fois la pierre de Joseph avec une
pierre différente afin de tester la capacité de Joseph à traduire.
« Du 12 avril au 14 juin, Joseph traduisit tandis que Martin écrivait avec
seulement un rideau entre eux.
À l’occasion, ils faisaient une pause au cours de cette tâche ardue,
allant parfois jusqu’à la rivière pour lancer des pierres. Un jour, Martin
trouva une pierre qui ressemblait fort à la pierre de voyant que Joseph
utilisait parfois à la place des interprètes et la substitua à l’insu du
Prophète. Quand la traduction reprit, Joseph resta longtemps silencieux
puis s’exclama: ‘Martin, que se passe-t-il, tout est aussi sombre que
l’Égypte.’ Martin avoua alors qu’il souhaitait ‘faire taire les sots’ qui
lui avaient dit que le prophète mémorisait les phrases et ne faisait que
les lui répéter [33]. »
Martin voulait la preuve que Joseph était bien capable d’utiliser la
pierre pour traduire. Comme, conformément au commandement du Seigneur, il
n’osait pas regarder dans les lunettes, il ne pouvait que risquer de
substituer une autre pierre à celle de Joseph. Emma Smith confirme
également que Joseph passait de l’urim et du thummim à la pierre de voyant
et vice versa. Elle dit : « La première chose que mon mari a traduite, il
l’a traduite à l’aide de l’urim et du thummim, et c’est la partie perdue
par Martin Harris, après il a utilisé une petite pierre, pas exactement
noire, mais plutôt d’une couleur foncée [34]. »
Avec cette déclaration, Emma détermine le moment de la transition des
interprètes néphites vers la pierre de voyant. Elle dit que cela s’est
produit après la perte des 116 pages et la reprise de la traduction.
David Whitmer, qui n’a fait qu’observer la traduction après la perte des
116 pages, distingue aussi l’urim et le thummim (les lunettes) de la
pierre de voyant.
« Avec la confirmation de David Whitmer et par son autorité, j’affirme
maintenant qu’il ne dit pas que Joseph Smith a jamais traduit en sa
présence à l’aide de l’urim et du thummim, mais au moyen d’une pierre
opaque, de couleur sombre, appelée ‘pierre de voyant’, placée au fond d’un
chapeau, dans lequel Joseph mettait le visage de façon à exclure la
lumière extérieure. Puis, une lumière spirituelle brillait et du parchemin
apparaissait devant Joseph, sur lequel il y avait une ligne de caractères
des plaques et en-dessous, la traduction en anglais ; du moins, c’est ce
que Joseph dit [35]. »
Une autre interview de Whitmer relève que tandis que Joseph n’était pas
autorisé par le Seigneur de montrer l’urim et le thummim, il a pu montrer
sa pierre de voyant à d’autres.
« Il est tout à fait certain que Joseph avait une autre pierre appelée
pierre de voyant ou ‘peepstone’. Cette pierre était fréquemment montrée à
différentes personnes et a aidé à apaiser leur terrible curiosité ; mais
l’urim et le thummim jamais, sauf peut-être à Oliver Cowdery [...] L’idée
de David Whitmer, père, était que la traduction avait été réalisée par la
pierre de voyant, comme il l’appelait, pas par les interprètes, et la
déclaration d’Emma Smith (Bidamon) concorde avec Whitmer tel que publié
dans le Herald il y a quelques années. La seule différence entre les
déclarations des témoins est celle qui concerne les détails de la
traduction ; et, comme nous l’avons indiqué plus haut, David et Emma, et
c’est dans la nature des choses, ne savaient pas exactement comment l’urim
et le thummim étaient utilisés, car ils ne les avaient jamais vus. Le
lecteur voudra bien se rappeler que personne n’était autorisé à voir que
ce soit les plaques ou l’urim et le thummim, sauf si Dieu le commandait.
Les huit témoins furent autorisés à voir les plaques et à les manipuler
comme indiqué ci-dessus et personne d’autre [36]. »
En 1886, David Whitmer dit que Joseph s’était servi de sa propre pierre de
voyant pour traduire tout notre texte actuel du Livre de Mormon. Dans
cette interview, Whitmer dit que les lunettes ne furent jamais rendues
après la perte des 116 pages et qu’une pierre de voyant fut présentée
à Joseph Smith en vue de la poursuite de la traduction.
« Par la prière fervente et en s’humiliant d’autres façons encore, le
prophète rentra cependant en grâce et reçut une étrange pierre ovale, de
couleur chocolat, de la taille d’un œuf, seulement plus plate, qui, lui
fut-il promis, aurait la même fonction que l’urim et le thummim perdu (ce
dernier était une paire de pierres transparentes, sertie dans une monture
en forme d’arc et ressemblant fort à une paire de lunettes). C’est à
l’aide de cette pierre que tout le Livre de Mormon actuel a été traduit
[37]. »
Il est cependant très probable que l’affirmation de Whitmer qu’une pierre
a été présentée à Joseph n’est
pas correcte, puisque Joseph possédait déjà au moins une pierre de voyant
avant de recevoir les interprètes néphites. On pourrait supposer que
l’ange a enlevé la pierre à Joseph en même temps que les plaques et les
interprètes néphites et la lui a rendue après l’avoir consacrée aux fins
de traduction. Il n’y a néanmoins aucune preuve pour confirmer que tel a
été le cas autre que le fait que Joseph fut autorisé à utiliser la
pierre à cette fin.
Non
seulement Joseph possédait une pierre de voyant avant de recevoir les
interprètes néphites, il en connaissait déjà très bien l’utilisation.
Matthew B. Brown fait remarquer que « Joseph Smith aurait dit en 1826,
alors qu’il comparaissait devant un tribunal, que lorsqu’il avait obtenu
sa pierre de voyant personnelle, il l’avait placée dans son chapeau et
découvert que le temps, les lieux et la distance étaient anéantis, que
tous les obstacles intermédiaires étaient écartés et qu’il possédait un
des attributs de la Divinité, un œil qui voit tout [38]. »
Brown ajoute que Brigham Young confirma ce point de vue : « Quand Joseph
avait une révélation, il avait, pour ainsi dire, les yeux du Seigneur. Il
voyait comme le Seigneur voit [39]. »
En fait, quand il reçut les interprètes néphites, Joseph les considéra
comme une version plus puissante de la pierre qu’il possédait déjà. Joseph
Knight dit que Joseph semblait être plus excité de recevoir les
lunettes
que les plaques d’or elles-mêmes. Lorsque Joseph fut revenu d’être allé
récupérer les plaques, dit Joseph Knight :
« Après le petit déjeuner, Joseph m’appela dans l’autre chambre et il mit
le pied sur le lit et appuya la tête sur sa main et dit: ‘Eh bien, je suis
très déçu.’ ‘Dommage, dis-je.’ ‘Eh bien, dit-il, je suis très déçu. C’est
dix fois mieux que ce à quoi je m’attendais.’ Il poursuivit alors en
disant la longueur, la largeur et l’épaisseur des plaques, et, dit-il,
elles semblent être en or. Mais il semblait penser plus aux lunettes ou à
l’urim et thummim qu’aux plaques, car, dit-il, ‘je peux voir n’importe
quoi. Elles sont merveilleuses. Maintenant elles sont écrites en
caractères et je les veux traduites [40].’ »
L’idée que les interprètes néphites étaient une version plus puissante de
la pierre de voyant de Joseph est intéressante, puisqu’elle implique qu’il
y avait quelque chose de spécial dans les pierres elles-mêmes. Il est
cependant plus probable qu’il s’agissait de la perception de Joseph que
les pierres étaient supérieures parce qu’elles avaient été consacrées par
Dieu dans le but de voir des choses.
Cependant, Joseph Fielding Smith, apôtre du XXe siècle et historien de
l’Église, accepte l’idée que les interprètes néphites étaient supérieurs à
une « pierre de voyant » ordinaire. Réagissant aux récits selon lesquels
Joseph peut avoir utilisé sa propre pierre de voyant pendant la traduction
du Livre de Mormon, frère Smith dit catégoriquement qu’il ne croyait pas
que ce soit vrai, étant donné que la pierre était inférieure aux
interprètes néphites. Dans les Doctrines du Salut, publiées en
1956, Smith dit qu’il considère ces récits comme de « l’ouï-dire » .
« Certains
auteurs ont dit que le prophète Joseph Smith utilisait une partie du temps
une pierre de voyant quand il traduisait les annales, et les
renseignements que nous avons tendent à montrer qu’il avait en sa
possession une pierre de ce genre ; néanmoins, il n’existe pas de
déclaration authentique dans l’histoire de l’Église disant que l’on ait
utilisé pareille pierre dans cette traduction. Cette information n’est que
de l’ouï-dire et personnellement je ne crois pas que cette pierre ait été
utilisée à cette fin. La raison pour laquelle j’affirme ceci se trouve
dans ce que le Seigneur dit au frère de Jared dans Éther
3:22 – 24.
Ces pierres, l’urim et le thummim, qui furent données au frère de Jared,
furent conservées dans le
but même de traduire les annales, tant des Jarédites que des Néphites.
En outre, Moroni fit bien comprendre au prophète que ces pierres avaient
été données dans ce but. Il ne semble guère raisonnable que, dans ces
circonstances, le prophète leur ait substitué quelque chose de
manifestement inférieur. Il se peut qu’il en ait été ainsi, mais il
est facile de faire circuler une histoire de ce genre, attendu que le
prophète possédait effectivement une pierre de voyant qu’il a pu
utiliser dans d’autres buts [41]. »
Nous avons
maintenant montré qu’il y a plusieurs récits de témoins et de sources de
l’Église qui confirment que Joseph est passé des lunettes ou interprètes
néphites à une pierre de voyant au cours du processus de traduction du
Livre de Mormon. La question suivante est : pourquoi Joseph a-t-il changé
d’instruments de traduction ? Était-ce simplement parce que c’était plus
pratique, comme le disait Martin Harris ?
Une explication possible est que la taille des interprètes a pu être un
obstacle à leur utilisation. William Smith dit des interprètes néphites
qu’ils étaient « beaucoup trop grands pour Joseph et il ne pouvait voir
que par une à la fois, utilisant tantôt l’une, tantôt l’autre [42]. »
Charles Anthon, qui avait forcément obtenu ses informations de Martin
Harris, donne des détails supplémentaires quand il écrit que « ces
lunettes étaient tellement grandes que si l’on tentait de regarder avec
elles, les deux yeux devaient être tournés vers l’un des verres seulement,
les lunettes en question étant absolument trop grandes pour la largeur du
visage humain [43]. »
John Corrill, en 1839, confirme que Joseph avait rendu l’urim et le
thummim à l’ange avant de publier le Livre de Mormon, notant que « après
l’achèvement de la traduction, les plaques et les pierres de l’urim et du
thummim ont été reprises et dissimulées par l’ange dans un but sage et la
traduction a été publiée au monde au cours de l’hiver 1829-1830 [44]. »
Une autre explication possible est que les interprètes néphites n’ont
jamais été rendus à Joseph et qu’il a dû continuer la traduction à l’aide
de sa propre pierre de voyant. David Whitmer semble indiquer cela comme
une possibilité lorsqu’il affirme que l’urim et le thummim ont été pris à
Joseph et qu’une pierre de voyant lui a été « présentée ».
Sur la base de ces récits, il semble que Joseph ait commencé le processus
de traduction en utilisant les interprètes néphites et qu’à un certain
moment il a pu les utiliser avec un chapeau. Après la perte des 116 pages,
il a pu être passé à sa propre pierre de voyant ou a continué à utiliser
les « lunettes » néphites, encore une fois avec le chapeau. En fait, étant
donné les mentions répétées de l’utilisation du chapeau pendant la
traduction, il n’est pas possible de savoir avec certitude si Joseph
utilisait les interprètes néphites ou la pierre de voyant dans le chapeau
pendant ce laps de temps. Une chose semble certaine sur la base des récits
de témoins — pendant la période de la traduction après la perte des 116
pages, Joseph état assis bien en vue,
sans rideau, dictant à son secrétaire tout en regardant dans son chapeau.
Les lunettes et la pierre en tant qu’urim et thummim
À un moment donné, plusieurs années après la publication du Livre de
Mormon, on commença à appeler tant les interprètes néphites (les lunettes)
que la pierre de voyant l’urim
et le thummim. Lorsqu’elle fut introduite en 1833, l’expression
urim et thummim ne désignait pas uniquement l’instrument que Joseph
avait obtenu avec les plaques, mais aussi sa propre pierre de voyant qu’il
possédait avant la traduction du Livre de Mormon. En 1907, B.H. Roberts
associe clairement l’expression aussi bien à la pierre qu’aux interprètes
néphites.
« La pierre de voyant mentionnée ici était une pierre de couleur chocolat,
un peu en forme d’œuf, que le prophète avait trouvée en creusant un puits
en compagnie de son frère Hyrum. Elle possédait les qualités de l’urim et
du thummim puisque, grâce à elle, comme décrit plus haut, ainsi que grâce
aux « Interprètes » trouvés avec les annales néphites, Joseph a pu
traduire les caractères gravés sur les plaques [45]. »
Dans le vocabulaire ordinaire de l’Église, l’expression urim et thummim
est toujours supposée désigner les interprètes néphites que Joseph a
récupérés avec les plaques. Seuls ceux qui connaissent bien les sources se
rendent compte qu’il y avait plus d’un instrument de traduction.
L’expression urim et thummim désigne tout instrument servant à la
traduction ou à la réception de la révélation.
L’Ensign de janvier 2013 précise que Joseph a utilisé plusieurs
instruments de révélation et qu’ils ont tous ont été classés sous le nom
d’urim et thummim.
« Ceux qui croyaient que les révélations de Joseph Smith contenaient la
voix du Seigneur qui s’adressait à eux acceptaient aussi la façon
miraculeuse dont les révélations étaient données. Certaines des toutes
premières révélations du Prophète Joseph furent données par le même moyen
par lequel il traduisit le Livre de Mormon à partir des plaques d’or. Dans
la boîte de pierre contenant les plaques d’or, Joseph trouva ce que les
prophètes du Livre de Mormon appelaient ‘interprètes’ ou ‘pierre qui
brillera dans les ténèbres de manière à apporter la lumière’
(Alma
37:23-24).
Il décrit l’instrument comme étant des ‘lunettes’ et le désigne à l’aide
d’une expression de l’Ancien Testament, urim et thummim (voir
Exode 28:30
).
« Il
appliquait aussi parfois l’expression à d’autres pierres qu’il possédait,
appelées ‘pierres de voyant’ parce qu’elles l’aidaient à recevoir des
révélations en tant que voyant. Le prophète reçut certaines des premières
révélations à l’aide de ces pierres de voyant [46]. »
L’idée qu’il pourrait y avoir plus d’un urim et thummim n’est pas
exceptionnelle : il nous suffit de jeter un coup d’œil à la Bible. L’urim
et le thummim mentionné dans la Bible n’est pas le même instrument que
celui utilisé par les Néphites ou par Joseph Smith. Toutefois, les
passages bibliques qui parlent de l’urim et du thummim associent bel et
bien l’instrument à un pectoral.
Exode 28: 30
affirme : « Tu joindras au pectoral du jugement l’urim et le thummim, et
ils seront sur le cœur d’Aaron, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel.
Ainsi, Aaron portera constamment sur son cœur le jugement des enfants
d’Israël, lorsqu’il se présentera devant l’Éternel.
Lévitique 8:8 dit :
« Il lui mit le pectoral, et il joignit au pectoral l’urim et le
thummim. » Le site officiel de l’Église, lds.org, nous apprend que l’urim
et le thummim était « un ancien instrument ou outil établi par Dieu et
utilisé par Joseph Smith pour aider à la traduction du Livre de Mormon.
Dieu a fourni un urim et thummim à ses prophètes dans les temps anciens
(voir
Exode 28:30 ;
1 Samuel 28:6
p.
; Esdras 2:63).
L’urim et le thummim n’est pas un instrument unique : Dieu n’a pas fourni
l’urim et
le thummim, mais plutôt un
urim et thummim. Il peut y avoir plus d’un instrument appelé « urim et
thummim ».
L’urim et thummim biblique était également utilisé pour recevoir la
révélation et comme le dit 1 Samuel 28:6
, « Saül consulta l’Éternel ; et l’Éternel ne lui répondit point, ni par
des songes, ni par l’urim, ni par les prophètes. »
Joseph Smith n’a-t-il pas parlé de l’urim et du thummim ?
Au cours de la dernière partie de sa vie, Joseph Smith appela clairement
urim et thummim les instruments utilisés pour la traduction. Il dit en
1838 dans l’Elders
Journal : « Je les ai
obtenues et l’urim et le thummim avec elles à l’aide duquel j’ai traduit
les plaques et c’est ainsi que le Livre de Mormon est arrivé [47]. »
Un exemple mieux connu est la lettre à Wentworth, imprimée dans le numéro
du 1er mars 1842 du Times and Seasons. Joseph écrit :
« Avec les annales, je découvris un curieux instrument, que les anciens
appelaient « urim et thummim », qui se composait de deux pierres
transparentes serties dans la monture d’un arc fixé à un pectoral. Par
l’intermédiaire de l’urim et du thummim j’ai traduit les annales par le
don et le pouvoir de Dieu [48]. »
Cependant, Joseph a-t-il utilisé, au cours de la période pendant laquelle
il traduisait le Livre de Mormon,
l’expression urim et thummim pour désigner les
instruments de traduction ?
Selon Enseignements des présidents de l’Église : Joseph Smith,
Joseph Smith aurait dit : « L’ange était réjoui quand il m’a rendu l’urim
et le thummim [49]. » Il apparaît au premier abord dans cette citation que
Joseph utilise l’expression urim et thummim pour désigner les
lunettes néphites au moment où il traduisait. Toutefois, quand on examine
la note de bas de page de cette citation, on voit que ce texte provient de
l’histoire manuscrite de la vie du prophète faite en 1845 par Lucy Mack
Smith, qui a été écrite bien après l’introduction dans l’usage courant de
l’expression l’urim
et le thummim. En outre, quand on examine le texte original du
manuscrit de 1845 de Lucy, on remarque quelques modifications
intéressantes. À l’origine, Lucy a partiellement écrit le texte à la
troisième personne.
« J’ai alors continué, Joseph, ‘mes supplications à Dieu sans arrêt que sa
miséricorde puisse à nouveau s’exercer envers moi et le 22 septembre, j’ai
eu la joie et la satisfaction de recevoir à nouveau les annales en ma
possession et j’ai commencé à traduire et Emma écrit pour moi maintenant,
mais l’ange a dit que si je reçois à nouveau les plaques, le Seigneur
enverra quelqu’un pour écrire pour moi et j’espère bien qu’il en sera
ainsi’ — il dit également que l’ange semblait réjoui quand il lui a rendu
les plaques et a déclaré qu’il était satisfait de sa fidélité et de son
humilité aussi que le Seigneur était satisfait de lui et qu’il l’aimait
pour sa pénitence et sa diligence dans la prière, en quoi il avait si bien
accompli son devoir au point de recevoir les annales et il a pu reprendre
le travail de traduction [50]. »
Après les ratures et les remplacements de mots, le texte complet se lit
comme s’il avait été écrit par Joseph lui-même, toutes les mentions de «
plaques » et d’ « annales » maintenant remplacées par « l’urim et le
thummim ».
« J’ai continué, dit Joseph, sans arrêt mes supplications à Dieu pour que
sa miséricorde s’exerce à nouveau envers moi et le 22 septembre, j’ai eu
la joie et la satisfaction de recevoir à nouveau l’urim et le thummim en
ma possession et j’ai commencé à traduire et Emma écrit pour moi
maintenant, mais l’ange dit que le Seigneur enverrait quelqu’un pour
écrire pour moi et je suis sûr qu’il en sera ainsi –il a également dit
qu’il se réjouissait quand il m’a rendu l’urim et le thummim et que Dieu
était satisfait de ma fidélité et de mon humilité et m’aimait pour ma
pénitence et ma diligence dans la prière, en quoi j’avais si bien rempli
mon devoir que j’avais l’urim et le thummim et que je pouvais reprendre le
travail de traduction [51]. »
Étant donné que c’est Lucy qui a initialement écrit le texte de la
déclaration de Joseph, nous avons établi que cette mention de l’urim et du
thummim est une citation tardive de seconde main. L’utilisation de
l’expression pour désigner les instruments de traduction n’est pas
surprenante, mais son utilisation pour remplacer la mention des plaques
est inhabituelle. Au moment où l’histoire de Lucy a été publiée en 1853,
il n’y n’avait aucune indication que ces mentions « urim et thummim »
désignaient à l’origine les plaques, et maintenant, il apparaissait que
Joseph Smith lui-même avait dit ces paroles.
« Après
que l’ange m’eut quitté, dit-il, je continuai sans arrêt mes supplications
à Dieu, et le vingt-deux septembre, j’eus la joie et la satisfaction de
recevoir à nouveau l’urim et le thummim, avec lequel j’ai recommencé à
traduire, et Emma écrit pour moi, mais l’ange a dit que le Seigneur
m’enverrait un secrétaire, et j’espère bien que sa promesse sera
confirmée. L’ange semblait satisfait de moi quand il m’a rendu l’urim et
le thummim, et il m’a dit que le Seigneur m’aimait pour ma fidélité et mon
humilité [52]. »
C’était une pratique courante au XIXe siècle de réécrire les récits
historiques à la troisième personne comme des récits à la première
personne. Tel fut également le cas de
la History of the Church.
Oliver Cowdery et l’urim et le thummim
Oliver Cowdery, comme secrétaire de Joseph durant la période de traduction
qui a produit le texte du Livre de Mormon dont nous disposons aujourd’hui,
est sans doute le meilleur témoin de la méthode utilisée. Certains des
récits
d’Oliver concernant le processus de traduction parlent de l’urim et du
thummim et des interprètes néphites. Par exemple, en 1834, W.W. Phelps
écrivit une lettre à Oliver Cowdery notant que la traduction se fit
« grâce à l’aide de ‘l’urim et du thummim’ les ‘Interprètes néphites’ ou
les Lunettes divines » [53].
Oliver écrivit un article dans le Latter Day Saint’s
Messenger and Advocate dans lequel il décrivait le processus de
traduction :
« Ce furent là des jours inoubliables! Cela éveillait en mon sein la
gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter le son d'une
voix parlant sous l'inspiration
du ciel. Jour après jour, je continuai, sans interruption, à écrire
l'histoire, ou annales, appelée ‹Livre de Mormon›, telle qu'elle tombait
de ses lèvres, tandis qu'il traduisait à l'aide de
l'urim et du thummim, ou, comme
les Néphites les auraient appelés, les ‘Interprètes’ [54]. »
Le Messenger and Advocate
était un journal de l’Église et son public était principalement des
membres de l’Église. Il est clair qu’en 1834, urim et thummim était le nom
accepté au sein de l’Église pour les instruments utilisés au cours de la
traduction. Il n’y a aucune distinction entre les interprètes néphites et
la pierre de voyant.
Après avoir quitté l’Église, Oliver continua à s’en tenir à son témoignage
du Livre de Mormon, bien que ne croyant plus que Joseph Smith était
inspiré pour diriger l’Église. Il y a une citation célèbre attribuée à
Oliver Cowdery qui circule sur l’Internet, qui est utilisée comme preuve
qu’Oliver était devenu sceptique quant à son rôle dans la traduction du
Livre de Mormon et qu’il mentionnait expressément l’utilisation de la
pierre de voyant comme étant l’urim et le thummim. Oliver est censé avoir
dit ce qui suit en 1839 :
« J’ai parfois eu des périodes de scepticisme au cours desquelles je me
demandais sérieusement si nous avions, le Prophète et moi, notre bon sens
quand il traduisait des plaques par « l’urim et le thummim », alors que
les plaques n’étaient pas du tout en vue.
« Mais je croyais à la fois au Voyant et à la « pierre de voyant » et ce
que le Premier Ancien annonçait comme révélation de Dieu, je l’acceptais
comme tel et je le mettais sur papier avec un esprit heureux et un cœur
joyeux et une plume rapide, car je croyais qu’il était l’honneur et la
vérité mêmes, un jeune homme qui aurait préféré mourir plutôt que mentir
[55]. »
On sait que le document contenant ces citations est un faux historique,
bien qu’il ait été accepté comme authentique pendant de nombreuses années
après sa parution en 1906. Il consiste principalement de bouts de phrases
rédigés par Oliver Cowdery, qui avaient été extraits de plusieurs numéros
de 1834 et 1835 du
Latter Day Saints’ Messenger and Advocate
et ensuite placés dans un contexte différent. Il utilise également une
reformulation de notions traitées dans l’ouvrage publié en 1887 par David
Whitmer, An Address to All Believers in Christ
[56].
Richard Lloyd Anderson explique l’origine de ce faux
dans l’Ensign d’avril
1987.
« En 1906, l’évangélique R. B. Neal, un chef de file de l’Association
anti-mormone américaine, publia à grand bruit un document dont il ne
pouvait prouver l’authenticité. Le Révérend Neal affirmait que la
publication était une réimpression d’un document de 1839 expliquant
l’apostasie d’Oliver Cowdery :
Defence in a Rehearsal of My Grounds for Separating Myself from the Latter
Day Saints.
« Il n’y a pas de document plus important qui ait été mis à jour depuis
que je suis engagé dans ce combat », affirmait R. B. Neal. Avec une telle
conviction, on pouvait être sûr que le Révérend Neal allait fournir la
preuve de l’existence de l’original. Mais tout ce que nous avons, c’est sa
première édition de 1906, qui est silencieuse sur la question de savoir
pourquoi personne n’avait jamais entendu parler du document jusqu’à un
demi-siècle après la mort d’Oliver Cowdery [57]. »
Il est une autre affaire impliquant Oliver Cowdery qu’il nous faut prendre
en compte. Nous savons qu’à un moment donné au cours du processus de
traduction Oliver Cowdery a souhaité traduire. Sa tentative et son
incapacité de le faire ont fourni une des leçons de choses les plus
connues de l’Église. La plupart des membres de l’Église connaissent
probablement bien la leçon proposée dans
Doctrine et Alliances 9:7-9 :
« Voici, tu n'as pas compris ; tu as pensé que je te le donnerais, alors
que ton seul souci était de me le demander. Mais voici, je te dis que tu
dois l'étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si c'est juste,
et si c'est juste, je ferai en sorte que ton sein brûle au-dedans de toi ;
c'est ainsi que tu sentiras que c'est juste. Mais si ce n'est pas juste,
tu ne sentiras rien de la sorte, mais tu auras un engourdissement de
pensée qui te fera oublier ce qui est faux ; c'est pourquoi, tu ne peux
écrire ce qui est sacré que si cela t'est donné de moi. »
La leçon donnée est très puissante et définit, pour les saints des
derniers jours, la manière dont on peut recevoir la
révélation personnelle. Richard G. Scott a traité de cette question lors
de la conférence générale d’avril 2007.
« Certaines mauvaises interprétations au sujet de la prière peuvent être
évitées si nous prenons conscience que les Écritures définissent les
principes sur lesquels repose une prière efficace, mais qu’ils ne
garantissent pas le moment où la
réponse sera donnée. En fait, notre Père répondra de l’une des
trois manières suivantes :
Premièrement, vous pouvez ressentir la paix, le réconfort, et l’assurance,
vous confirmant que votre décision est bonne. Ou, deuxièmement, vous
pouvez avoir des sentiments incertains, un engourdissement de pensée, qui
vous indique alors que c’est le mauvais choix. Ou, troisièmement – et
c’est le plus dur – vous pouvez ne ressentir aucune réponse
[58]. »
L’échec de la tentative d’Oliver de traduire a fourni cette précieuse
leçon à des générations à venir. Toutefois, si l’on considère le processus
de traduction lui-même, nous arrive-t-il jamais de nous demander quelle
méthode Oliver aurait employée dans sa tentative de traduire ? Nous
savons qu’Oliver n’était pas
autorisé à voir les
plaques ou les interprètes néphites avant de devenir l’un des trois
témoins. Pourtant, nous supposons généralement que le processus de
traduction nécessitait l’utilisation des interprètes néphites et de voir
les plaques. Il y a là une contradiction : l’histoire de la tentative de
traduire d’Oliver ne correspond pas
à l’image habituelle montrant Joseph et Oliver assis à une table séparés
par un rideau.
Alors
comment Oliver a-t-il tenté de traduire les plaques au cours de la période
où il n’était pas encore un des témoins ? Quel instrument de traduction
Oliver utilisait-il ? Bien que la tentative de traduction d’Oliver ne
rentre pas dans le scénario dans lequel les interprètes néphites sont
employés, elle correspond parfaitement à l’utilisation de la pierre et du
chapeau, où Oliver et Joseph sont assis bien en vue l’un de l’autre et les
plaques couvertes.
Richard Lloyd Anderson, dans un article paru dans l’Ensign
de septembre 1977, relève
cette incohérence concernant Oliver et les plaques.
« Oliver Cowdery dit : ‘J’ai manipulé les plaques d’or de mes mains.’
Pourtant, un autre témoin, David Whitmer, insiste sur le fait qu’il
n’avait jamais manipulé les plaques, Il avait seulement regardé l’ange
dans la vision exposer les plaques et les autres objets sacrés. Puisque
Whitmer et Cowdery étaient ensemble lors de cette vision impressionnante,
on doit en déduire que Cowdery n’a pas manipulé les plaques à ce
moment-là. Il y a donc une distinction qui apparaît entre le secrétaire
clé et son beau-frère témoin : à un moment donné du processus de
traduction, Oliver Cowdery a manifestement manipulé les plaques [59]. »
La conclusion d’Anderson est que « Oliver Cowdery pourrait bien avoir
manipulé les plaques lors de sa tentative de traduction [60]. »
Ceci est basé sur l’hypothèse habituelle que l’utilisation des interprètes
néphites, en tant que lunettes, nécessitait que le traducteur
visualise directement les plaques à travers eux. Anderson suppose que le
processus comportait « l’acte physique de placer les instruments de
traduction directement au-dessus des plaques ». Il cite également un récit
de seconde main dont il déclare qu’il « dit explicitement que le
traducteur plaçait l’urim et le thummim au-dessus des caractères des
plaques, bien qu’il faille en juger avec beaucoup de prudence ». Le récit
provient d’un membre de l’Église, Samuel W. Richards. Richards est allé
chez Oliver Cowdery et décrit la visite comme suit :
« Il [Oliver Cowdery] décrivit Joseph assis à une table avec les plaques
devant lui, les traduisant à l’aide de l’urim et du thummim, tandis que
lui était assis à côté de
lui à écrire chaque mot tel que Joseph le prononçait. Pour ce faire, il
tenait les ‘traducteurs’ au-dessus des hiéroglyphes, la traduction
apparaissant distinctement sur l’instrument, qui avait été touché par le
doigt de Dieu et dédié et consacré dans le but exprès de traduire les
langues [61]. »
Anderson nuance le récit en notant que « il est douteux que Samuel
Richards ait pu citer Oliver avec précision en 1907, cinquante-neuf ans
après leur visite intime. En fait, dans la suite de sa déclaration, il
décrit Oliver Cowdery comme réussissant lui-même à traduire, apprenant
ainsi comment Joseph Smith effectuait ce travail. Mais la révélation
contemporaine à Oliver Cowdery dit le contraire (D
& A 9), ce qui signifie que personne d’autre que Joseph Smith ne
connaissait personnellement le moyen exact employé pour la traduction
[62]. »
Ce récit impliquerait également qu’Oliver avait effectivement vu
l’instrument de traduction néphite et les plaques avant d’agir comme l’un
des trois témoins. Cependant, il semble plus raisonnable qu’Oliver ait
tenté de traduire sans devoir voir les plaques, bien qu’il aurait pu «
manipuler » les plaques tandis qu’elles étaient couvertes.
Oliver a-t-il tenté de traduire à l’aide de la pierre de voyant de
Joseph ? C’est une possibilité. Une autre possibilité est qu’Oliver
possédait son propre instrument révélateur et ait tenté de l’utiliser pour
traduire. Il y a une allusion à cela dans le texte original de la section
8 des Doctrine et Alliances, qui traite du « don » d’Oliver [63].
Ceci est éclairci sur le site officiel de l’histoire de
l’Église,
history.lds.org.
Dans l’article « Don d’Oliver Cowdery », par Jeffrey G. Cannon, nous
apprenons qu’Oliver possédait une baguette de sourcier qu’il utilisait
pour recevoir des révélations.
Oliver Cowdery vivait dans une culture baignée des idées, de la langue et
des pratiques bibliques. La mention de Moïse dans la révélation a
vraisemblablement trouvé un écho chez lui. L’histoire de Moïse et de son
frère Aaron dans l’Ancien Testament comprenait plusieurs cas d’utilisation
de baguettes (verges) pour manifester la volonté de Dieu (voir
Ex. 7:9 – 12 ; No. 17:8
).
Beaucoup de chrétiens du vivant de Joseph Smith et d’Oliver Cowdery
croyaient de même aux baguettes de sourcier comme instruments de
révélation. Cowdery était de ceux qui y croyaient et utilisaient une
baguette de sourcier [64].
Comme il avait déjà utilisé sa baguette de sourcier par le passé pour
recevoir des révélations, il n’est pas déraisonnable de supposer qu’Oliver
a pu tenter d’utiliser son propre instrument de révélation lors de sa
tentative de traduire. Cela remplirait la condition qu’il ne regarde pas
les plaques ou les interprètes néphites avant de devenir l’un des trois
témoins.
Mentions de l’urim et du thummim dans les Doctrine et Alliances
Il y a un certain nombre de mentions de l’urim et du thummim dans les
Doctrine et Alliances. Pourrait-on utiliser l’une d’elles pour déterminer
quand l’expression est entrée dans l’usage ? Les Doctrine et Alliances
mentionnent un certain nombre de révélations reçues par Joseph Smith par
l’intermédiaire de l’urim et du thummim.
D & A 130,
qui contient de nombreuses mentions, fut reçue en 1843, bien après que
l’expression soit devenue d’usage courant. Les sections 10 et 17, reçues
durant la période où la traduction était en cours, présentent un intérêt
plus grand.
Doctrine et Alliances 10
fut reçue à l’été de 1828. Quand on lit le verset 1, il apparaît de prime
abord que l’expression urim et thummim était utilisée au moment où
la révélation fut reçue.
« Voici, je te dis que parce que tu as abandonné entre les mains d'un
méchant homme ces écrits que tu avais reçu le pouvoir de traduire au moyen
de l'urim et du thummim, tu les as perdus. »
Cependant, l’expression urim et thummim a été ajoutée en 1835,
lorsque la révélation a été incluse dans la première édition des Doctrine
et Alliances. La même révélation dans le Livre des Commandements de 1833
ne parle pas de l’instrument utilisé pour la traduction. « Voici,
je te dis que parce que tu as abandonné entre les mains d'un méchant homme
tant d’écrits que tu avais le pouvoir de traduire, tu les as perdus. »
D
& A 17,
reçue en juin 1829 « par l’intermédiaire de l’urim et du thummim »,
retient davantage l’attention. Le verset 1 informe les trois témoins : « Vous
verrez les plaques et également le pectoral, l'épée de Laban, l'urim et le
thummim qui furent donnés sur la montagne au frère de Jared, lorsqu'il
parla au Seigneur face à face, et les directeurs miraculeux qui furent
donnés à Léhi tandis qu'il se trouvait dans le désert au bord de la mer
Rouge. »
Non seulement les instruments de
traduction sont un sujet clé de la révélation, mais l’expression urim
et thummim est directement associée aux interprètes néphites « p. qui
furent donnés au frère de Jared ». Le texte original de la section 17 ne
faisait pas partie du Livre des Commandements et a été initialement
imprimé en tant que la section 42 dans l’édition de 1835 des Doctrine et
Alliances [65].
On peut trouver le texte original de cette révélation
dans « Revelation, June 1829 – E [D & C 17], » Joseph Smith Papers.
« Voici, je vous dis que vous devez avoir confiance en ma parole, et si
vous le faites d'un cœur pleinement résolu, vous verrez les plaques et
également le pectoral, l'épée de Laban, l'urim et le thummim qui furent
donnés sur la montagne au frère de Jared, lorsqu'il parla au Seigneur face
à face, et les directeurs miraculeux qui furent donnés à Léhi tandis qu'il
se trouvait dans le désert au bord de la mer Rouge.[66]. »
L’introduction historique de cette section dans les JSP dit que «
Revelation Book 2 contient la plus ancienne copie existante de cette
révélation. Sans date, elle fut apparemment copiée quelque temps après le
25 novembre 1834 par le secrétaire Frederick G. Williams. Il n’existe pas
de copie plus ancienne. Les Doctrine et Alliances de 1835 et les récits
plus tardifs donnent la date comme étant juin 1829. » Si la date à
laquelle cette révélation a été mise sur papier était en 1829, cela
permettrait d’établir que l’expression urim et thummim était
associée aux interprètes néphites pendant la période où la traduction
était en cours. Malheureusement, la version écrite de cette révélation ne
peut pas être datée plus tôt que 1834.
La pierre et le chapeau
Avant l’apparition de l’ange Moroni, Joseph possédait plusieurs pierres
qu’il utilisait pour localiser des objets, l’usage le plus connu étant la
localisation d’objets perdus ou de trésors enterrés. À l’époque, ce
n’était pas une activité aussi insolite qu’on pourrait le croire vu de
notre point de vue moderne. En 1825, le Wayne Sentinel de Palmyra
signalait qu’on avait trouvé un trésor enfoui « grâce à une pierre
minérale (qui devient transparente lorsqu’on la met dans un chapeau et que
la lumière est exclue par le visage de celui qui regarde dedans) [67]. »
En ce qui concerne la famille Smith et la recherche de
trésors, l’érudit mormon Richard Bushman fait remarquer :
« Donc
une fois qu’on généralise ce processus de telle sorte que Joseph Smith
n’est pas une version particulièrement bizarre de la recherche de trésors,
mais que c’était quelque chose de couramment pratiqué, tout d’un coup ce
n’était plus une ternissure sur sa réputation ou sur celle de sa famille.
Ce n‘était pas plus scandaleux que, disons, jouer au poker de nos jours.
Un peu discrédité et légèrement répréhensible moralement mais pas vraiment
mal ; et quand il s’est avéré que toutes sortes de chasseurs de trésors
étaient aussi de sérieux chrétiens, pourquoi pas les Smith aussi ? Donc au
lieu d’être un sujet de perplexité ou une contradiction, c’était juste un
aspect
de la culture familiale des Smith et il n’y avait pas vraiment de quoi
s’inquiéter [68]. »
Il est logique que le Seigneur ait choisi d’aborder quelqu’un qui serait
prêt à accepter l’idée que l’on peut « voir » à l’aide d’une pierre.
Joseph croyait déjà que la pierre pouvait être utilisée pour « voir » des
choses et le passage de l’utilisation de la pierre pour recevoir des
informations à un moyen de recevoir la révélation de Dieu devait être tout
simple. N’oublions pas que pour Joseph, les lunettes qu’il avait reçues de
Moroni étaient simplement une version plus puissante de la pierre qu’il
possédait déjà.
Dallin H. Oaks a traité de la culture de la recherche de trésors de
l’époque, notant que : « elle était pratiquée par des hommes intègres et
religieux tels que Josiah Stowel[l] », qui employa Joseph Smith « à
quatorze dollars par mois, en partie à cause de la pauvreté écrasante de
la famille Smith [69] ».
Le
Manuel de l’étudiant
de
l’Église nous dit que « Joseph
et ses frères s’engageaient à la journée pour tous les travaux qu’on
voulait leur donner. La chasse au trésor
était
à l’époque la grande mode aux États-Unis. En octobre 1825, Josiah Stowell,
de South Bainbridge (New York), fermier, propriétaire d’une scierie et
diacre dans l’Église presbytérienne, vint trouver Joseph pour lui demander
de l’aider dans une entreprise de ce genre [70]. »
Lucy Mack Smith, mère du prophète, note que « après avoir travaillé sans
succès un mois environ pour le vieux monsieur, Joseph le persuada de
cesser ses recherches [71]. »
En mars de l’année suivante, plusieurs des membres de la famille de
Stowell estimèrent que Joseph avait escroqué Stowell et engagèrent des
poursuites contre lui. Joseph fut cité à comparaître devant un juge et
accusé de « glasslooking » [divination en regardant dans du verre] . En
fait, l’Ensign de juin 1994 relève le procès et l’acquittement de
Joseph pour « glasslooking » comme l’un des « faits saillants de la vie du
Prophète ».
Faits saillants de la vie du prophète 20 mars 1826 : jugé et acquitté
relativement à l’accusation fantaisiste d’être un « semeur de troubles »,
South Bainbridge, comté de Chenango, New York. La loi newyorkaise
définissait un semeur de troubles comme étant, entre autres choses, un
vagabond ou un chercheur de « biens perdus ». Le Prophète avait été accusé
des deux : le premier chef d’accusation était faux et n’avait été porté
que pour créer des problèmes ; le deuxième chef d’accusation portait sur
l’utilisation faite par Joseph d’une pierre de voyant pour voir des choses
que les autres ne voyaient pas à l’œil nu. Ceux qui lancèrent ces
accusations craignaient apparemment que Joseph ne dépouille son employeur,
Josiah Stowell, d’une somme d’argent. Dans son témoignage, M. Stowell dit
clairement qu’il n’en était rien et qu’il faisait confiance à Joseph Smith
[72].
Brant Gardner clarifie le rôle joué par Joseph et sa pierre au sein de la
communauté de Palmyra :
« Le jeune Joseph Smith faisait partie d’une sous-communauté spécialisée
ayant des liens avec ces pratiques très anciennes et très respectées, bien
qu’au début des années 1800, elles n’étaient plus respectées que par une
frange marginalisée de la société.
Il faisait usage d’un talent parallèle à celui d’autres personnes dans des
collectivités similaires. Même à Palmyra, il n’était pas unique. Pour le
dire dans les termes de D. Michael Quinn : ‘Avant que le Livre de Mormon
ne projette le jeune Smith sous les feux de la rampe, le voyant le plus
notable de Palmyra était Sally Chase, qui se servait d’une pierre de
couleur verdâtre. William Stafford avait également une pierre de voyant et
Joshua Stafford avait une ‘peepstone’ qui ressemblait à du marbre blanc et
avait un trou à travers le centre.’ Richard Bushman y ajoute Chauncy Hart
et un anonyme du comté de Susquehanna, qui, tous deux, avaient des pierres
avec lesquelles ils trouvaient des objets perdus [73]. »
L’Ensign d’août 1987 rapporte
que Brigham Young dit que Joseph obtint sa première pierre de voyant « en
creusant ‘15 pieds sous terre’ après l’avoir vue tout d’abord dans une
autre pierre de voyant [74]. »
Cela se produisit alors que Joseph creusait un puits en compagnie de
Willard Chase, qui était lui-même un chercheur de trésors. Dans son compte
rendu personnel de l’événement, Chase note : « Après avoir creusé une
vingtaine de pieds sous la surface du sol, nous avons découvert une pierre
d’un aspect singulier qui a excité ma curiosité. Je l’ai apportée au
sommet du puits et tandis que nous l’examinions, Joseph l’a mise dans son
chapeau et puis son visage dans le haut de son chapeau [75]. »
Joseph
finit par garder la pierre et c’est sans doute elle qu’il a utilisée lors
de la traduction. Dans sa déclaration, faite plusieurs années après la
publication du Livre de Mormon, Chase affirme être le propriétaire
légitime de la pierre, prétendant l’avoir seulement prêtée à Joseph.
Avant de recevoir les plaques, Joseph utilisa la pierre pour « voir » des
choses comme voyant. En 1835, Oliver Cowdery décrivit comment l’ange
Moroni révéla l’emplacement des plaques d’or à Joseph Smith, affirmant que
« la vision de son esprit étant ouverte en même temps, il lui fut permis
de le voir de manière critique et connaissant déjà l’endroit, il put
suivre la direction de la vision, par la suite, selon la voix de l’ange et
obtenir le livre [76] ». Au moment de la visite de Moroni, Joseph
connaissait bien l’utilisation de la pierre de voyant pour « voir » des
choses. Il n’est pas déraisonnable de supposer que Joseph regarda dans sa
pierre pour avoir la vision de la colline où les plaques étaient cachées
après avoir reçu les instructions de Moroni concernant leur emplacement.
Un de ces récits qui vient à l’appui de cette idée a été fait en 1833 par
Henry Harris, où il dit : « J’ai eu une conversation avec [Joseph] et je
lui ai demandé où il les avait trouvées [les plaques] et comment il avait
appris où elles étaient. Il a dit qu’il avait eu une révélation de Dieu
qui lui avait dit qu’elles étaient déposées dans une certaine colline et
qu’il avait regardé dans sa pierre et qu’il les avait vues là où elles
étaient déposées [77]. »
Joseph Knight raconte également que Joseph utilisa la pierre pour
identifier sa future épouse Emma comme étant la personne qui devait
l’accompagner pour récupérer les plaques, notant que Joseph « regarda dans
son verre et découvrit que c’était Emma Hale, fille du vieux M. Hale de
Pennsylvanie, une fille qu’il avait déjà vue [78]. »
Les lunettes, la pierre et le rideau
L’image de Joseph traduisant à l’aide de la pierre et du chapeau ne
correspond pas à l’image que nous avons habituellement à l’esprit de
Joseph regardant les plaques à travers une paire de « lunettes », assis
derrière un rideau. Cependant, l’utilisation de la pierre et du chapeau
donne un avantage distinct pour ce qui est de renforcer l’affirmation que
Joseph a reçu le texte du Livre de Mormon par révélation. L’absence de
rideau pendant la dernière partie de la traduction, au cours de laquelle
l’ensemble du texte du Livre de Mormon que nous avons maintenant a été
produit, affaiblit considérablement l’argument des critiques que Joseph a
dicté le Livre de Mormon en plagiant un certain nombre d’autres ouvrages.
Au lieu d’être caché par un rideau ou une couverture, qui aurait pu cacher
un certain nombre de documents de référence, Joseph était assis bien en
vue, dictant le texte du Livre de Mormon à Oliver tout en regardant
l’interprète placé dans son chapeau. Maintenant, au lieu de « Joseph le
plagiaire » ceux qui souhaitent donner une explication alternative de la
traduction doivent avoir recours à « Joseph le plagiaire qui a une mémoire
photographique ». Ceci a une valeur particulière en ce qui concerne les
passages bibliques contenus dans le Livre de Mormon, qui reproduisent la
structure textuelle de la King James Version. Joseph n’a jamais été vu
occupé à consulter une Bible tandis qu’il dictait le texte du Livre de
Mormon. On doit soit supposer qu’il a consulté une Bible hors de la vue
des autres et mémorisé le texte, soit accepter l’affirmation que le texte
lui a été révélé tandis qu’il le dictait.
Cela dit, il est amplement prouvé qu’un rideau ou un drap quelconque fut
utilisé au début de la période de la traduction. Un numéro de 1831 du
Palmyra Reflector cite
Martin Harris dans ce sens. Selon le Reflector, « Harris
déclare que, lorsqu’il servait de secrétaire et écrivait la traduction
sous la dictée de Smith, il craignait tellement la réprobation divine,
qu’un écran (drap) était suspendu entre le prophète et lui [79]. »
Cela correspondrait au début de la période de
traduction au cours de laquelle Harris agissait en tant que secrétaire,
avant la perte des 116 pages de manuscrit.
L’utilisation du rideau pour cacher le traducteur du secrétaire est
certainement logique si les instruments de traduction employés sont les
interprètes néphites. Dans son livre Mormonism Unvailed (1834), le
critique Eber D. Howe note que Harris mentionne l’utilisation d’un
« écran ».
« [Martin Harris] affirme avoir écrit une grande partie du livre sous la
dictée de Smith et qu’à un moment donné la présence du Seigneur était si
grande qu’un écran fut accroché entre le prophète et lui ; à d’autres
moments, le Prophète était assis dans une autre pièce ou à l’étage, tandis
que le Seigneur lui communiquait le contenu des plaques. Il ne prétend pas
avoir jamais vu les merveilleuses plaques si ce n’est une fois, bien que
Smith et lui aient été occupés depuis des mois à déchiffrer leur contenu
[80]. »
L’affirmation que Harris dit n’avoir vu les plaques « qu’une seule fois »
correspond tout à fait à l’étape de la traduction au cours de laquelle un
rideau a été employé. Harris ne les a vues qu’une fois lorsqu’il est
devenu l’un des trois témoins. Il est évident qu’au cours de l’étape
initiale du processus de traduction, les objets sacrés devaient être
cachés à la vue des autres. Charles
Anthon, dont la seule connaissance du processus lui a été relayée lors
d’une visite par Martin Harris, dit :
« Ce jeune homme était placé derrière un rideau, dans la mansarde d’une
ferme, et, étant ainsi dissimulé à la vue, chaussait occasionnellement les
lunettes, ou plutôt regardait à travers l’un des verres, déchiffrait les
caractères du livre et, en ayant mis un certain nombre sur papier, en
remit des copies de derrière le rideau à ceux qui se tenaient à
l’extérieur. Pas un mot, cependant, pour dire que les plaques avaient été
déchiffrées ‘par le don de Dieu’ : Tout, de cette façon, était réalisé par
la grande paire de lunettes [81]. »
John A. Clark, dans un chapitre d’un livre écrit en 1834 critiquant le
mormonisme, associe également l’utilisation du rideau à la période pendant
laquelle Harris a agi comme secrétaire.
« La façon dont Smith faisait ses transcriptions et ses traductions pour
Harris était la suivante : Bien qu’étant dans la même chambre, un rideau
ou drap épis était suspendu entre eux, et Smith, caché derrière la
couverture, faisait semblant de regarder à travers ses lunettes, ou
pierres transparentes, et écrivait ou répétait ce qu’il voyait, ce qui,
répété à haute voix, était écrit par Harris, qui était assis de l’autre
côté du drap suspendu [82]. »
La mention de « transcriptions » par Clark serait logique s’il y avait
utilisation d’un rideau, puisqu’on sait que Joseph a copié des caractères
qui se trouvaient sur les plaques et qu’il devait avoir besoin de les
soustraire aux regards à ce moment-là.
Un autre récit hostile, publié dix ans plus tard en 1844, note que « le
‘prophète’, comme on l’appelle maintenant, a, bien entendu, pris soin
qu’aucun d’eux, ni personne d’autre, ne voie les plaques, la partie de la
pièce qu’il occupait ayant été cloisonnée par une couverture par apport à
l’endroit où eux se trouvaient [83]. »
Pomeroy Tucker, un ami de Martin Harris, qui considéra plus tard avec
scepticisme la participation de Harris au mormonisme, prétend que Joseph
dictait « derrière une couverture faisant écran pendue à travers un coin
sombre d’une pièce de son domicile, car à cette époque la révélation
originale, limitant au Prophète le droit de voir les plaques sacrées,
n’avait pas encore été modifiée, et la vision avec l’instrument utilisé
était même trop brillante pour ses propres yeux spiritualisés dans la
lumière [84] ! » Comme Tucker n’a jamais observé le processus de
traduction, il est probable qu’il avait entendu cette histoire de Martin
Harris lui-même.
Jusqu’à présent, tous les récits décrivant l’utilisation d’un rideau
semblent provenir de Martin Harris. Toutefois, lors d’une interview pour
le Chicago Tribune en 1885, David Whitmer, l’un des témoins du
Livre de Mormon, mentionne également l’utilisation d’un rideau, bien que
ce récit particulier contienne certaines inexactitudes évidentes.
« [Joseph] Smith [fils] dit aussi avoir reçu le commandement de commencer
immédiatement la traduction de l’ouvrage en présence de trois témoins.
Conformément à ce commandement, Smith, Cowdery et Whitmer se rendirent
chez ce dernier, accompagnés de la femme de Smith et apportant les
précieuses plaques et lunettes. La maison de Whitmer, père, était une
structure primitive et mal conçue, mais elle fut jugée être l’endroit le
plus sûr pour mener à bien la mission sacrée en raison des menaces qui
avaient été proférées contre Smith par ses voisins vénaux. Pour assurer le
caractère privé de l’entreprise, une couverture, servant d’écran, fut
pendue à travers la pièce de séjour pour abriter les traducteurs et les
plaques du regard de tous ceux qui pouvaient rendre visite tandis que le
travail était en cours. Cela, dit M. Whitmer, était la seule utilisation
de la couverture et ce n’était pas dans le but de dissimuler les plaques
ou le traducteur aux yeux du secrétaire. En fait, Smith ne fut à aucun
moment caché à ses collaborateurs et la traduction eut lieu en présence
non seulement des personnes mentionnées, mais de toute la famille Whitmer
et de plusieurs des membres de la famille Smith en plus [85]. »
Il y a des éléments de ce récit qui montrent que l’intervieweur a mélangé
divers aspects du processus de traduction. Par exemple, Joseph n’était pas
tenu de faire la traduction en présence de trois témoins — c’est
manifestation une allusion aux Trois Témoins. Toutefois, il est
intéressant de noter que l’intervieweur déclare que Whitmer s’est donné la
peine de préciser que la couverture ne servait qu’à protéger le processus
de traduction des gens de passage. Cela peut indiquer que le rideau
utilisé chez Whitmer l’a été autrement que pendant que Martin Harris
agissait comme secrétaire. Whitmer décrit ensuite le processus de
traduction.
« Chaque fois avant de reprendre le travail, toutes les personnes
présentes se mettaient à genoux pour prier et demander la bénédiction
divine sur le travail. Après la prière, Smith s’asseyait d’un côté de la
table et les secrétaires, tour à tour quand ils étaient fatigués,
s’asseyaient de l’autre. Les personnes présentes et qui ne participaient
pas activement au travail s’asseyaient autour de la pièce et puis le
travail commençait. Après avoir fixé les lunettes magiques à ses yeux,
Smith prenait les plaques et traduisait les caractères un à la fois
[86]. »
Dans ce cas-ci, Whitmer semble dire que les interprètes néphites étaient
utilisés bien en vue des autres personnes. Puisque Whitmer n’aurait pas
été autorisé à voir les lunettes ou les plaques avant d’être l’un des
Trois Témoins, ce récit ne correspond pas aux autres récits, même à ceux
venant de Whitmer lui-même. Il est possible que Whitmer ait décrit les
deux aspects de la traduction au début à l’aide des lunettes et de la
couverture aussi bien que la situation qui se produisit plus tard où
Joseph plaçait l’instrument de traduction dans son chapeau et dictait bien
à la vue des autres. L’intervieweur n’a peut-être pas fait la distinction
entre les différents éléments présents au cours de différentes périodes de
la traduction et peut avoir simplement fusionné ces différents éléments
dans le récit unique qui a été créé.
Au moment où la traduction a repris après la perte des 116 pages, la
méthode de traduction semble avoir beaucoup changé. Même si une couverture
a été utilisée chez Whitmer pendant une période de temps quelconque, elle
semble avoir disparu rapidement. La traduction du texte tout entier du
Livre de Mormon que nous avons aujourd’hui a eu lieu principalement chez
David Whitmer. Non seulement il ne semble pas évident qu’un rideau ait été
utilisé, mais son existence est même niée.
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery,
sœur
de David Whitmer, dit :
« J’affirme joyeusement avoir bien connu la façon dont Joseph Smith a
traduit le Livre de Mormon. Il en a traduit la plus grande partie chez mon
père. Et j’ai souvent été présente et je les ai vus et entendus traduire
et écrire des heures d’affilée. Joseph n’a jamais eu de rideau tiré entre
lui et son secrétaire alors qu’il traduisait. Il plaçait le directeur dans
son chapeau et mettait ensuite son [visage dans son] chapeau de manière à
exclure la lumière et puis [lisait] à son secrétaire les mots tels qu’ils
lui apparaissaient [87]. »
Elizabeth affirme que la traduction chez Whitmer a été faite en utilisant
l’instrument de traduction dans le chapeau, éliminant ainsi le besoin d’un
rideau pour protéger les interprètes néphites et les plaques des regards.
Même le récit anormal censé provenir de David Whitmer concernant
l’utilisation d’un rideau à son domicile comprend l’affirmation que la
traduction a eu lieu bien en vue, là où tout le monde pouvait l’observer.
Le simple fait qu’Elizabeth ait pu ressentir le besoin de faire une telle
déclaration implique fortement qu’il y avait toujours une histoire en
circulation parmi les saints des derniers jours qu’un rideau était utilisé
dans le processus de traduction. En 1887, David Whitmer, qui, deux ans
plus tôt, lors de l’interview de 1885 pour le Chicago Tribune,
avait fait état de l’utilisation des interprètes néphites et du rideau,
décrivait maintenant, lui aussi, la méthode de traduction à l’aide de la
pierre et du chapeau.
« Je vais maintenant vous faire une description de la façon dont le Livre
de Mormon a été traduit. Joseph Smith plaçait la pierre de voyant dans un
chapeau et mettait le visage dans le chapeau, le serrant autour de son
visage pour exclure la lumière ; et dans l’obscurité, la lumière
spirituelle brillait. Un morceau de quelque chose qui ressemblait à du
parchemin apparaissait et là-dessus apparaissait l’écriture. Un seul
caractère apparaissait à la fois et en-dessous se trouvait
l’interprétation en anglais. Frère Joseph lisait l’anglais à Oliver
Cowdery, qui était son principal secrétaire, et quand c’était écrit et
répété à frère Joseph pour voir si c’était correct, cela disparaissait et
un autre caractère apparaissait avec l’interprétation. C’est ainsi que le
Livre de Mormon a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu et non par
un quelconque pouvoir de l’homme [88]. »
Quel Instrument Joseph a-t-il utilisé pour traduire le Livre de Mormon ?
En 1886, David Whitmer dit que Joseph a utilisé sa propre pierre de voyant
pour traduire tout notre texte actuel du Livre de Mormon. Dans cette
interview, Whitmer dit que les lunettes n’ont été jamais rendues après la
perte des 116 pages et qu’une pierre de voyant a été mise à la disposition
de Joseph Smith pour poursuivre la traduction. Cependant, il n’y a aucun
moyen de confirmer que c’était effectivement le cas.
Qu’est-il finalement advenu de la pierre de voyant de Joseph ? Selon David
Whitmer : « Après la fin de la traduction du Livre de Mormon au début du
printemps 1830 avant le 6 avril, Joseph a donné la pierre à Oliver Cowdery
et m’a dit, à moi comme aux autres, qu’il en avait fini avec elle, et il
ne l’a plus utilisée [89]. » La pierre a fini par arriver en Utah. À un
moment donné, elle était présente lors de la consécration du Temple de
Manti. Wilford Woodruff a écrit à propos de cet événement dans son journal
intime : « Avant de partir, j’ai consacré sur l’autel la pierre de voyant
que Joseph Smith avait trouvée par la révélation une trentaine de
pieds sous terre et qu’il a portée toute sa vie [90]. »
En 1956, Joseph Fielding Smith a fait le commentaire que « il a été dit
que l’urim et le thummim était sur l’autel dans le Temple de Manti lorsque
ce bâtiment a été consacré. Cependant, l’urim et le thummim ainsi
mentionné était la pierre de voyant qui était en la possession de Joseph
Smith, le prophète, dans les premiers temps. Cette pierre de voyant est
actuellement en la possession de l’Église [91]. »
Cela
signifie que l’instrument au moyen duquel le Livre de Mormon a pu
être totalement ou
partiellement traduit est actuellement encore en la possession de
l’Église, par opposition à l’urim et thummim (les interprètes néphites)
« original », qui a été rendu à l’ange Moroni à un moment donné, pendant
ou après la traduction.
Les mentions de
la pierre utilisée au cours de la traduction du Livre de Mormon ne se
limitent pas au XIXe siècle. Nous avons déjà vu une mention de la pierre
dans le Friend de septembre
1974 et la mention par Russell M. Nelson de la description de la pierre et
du chapeau par David Whitmer dans l’Ensign de juillet 1993. Ce ne sont pas
les seuls cas. Neal A. Maxwell cite Martin Harris dans l’Ensign
de janvier 1997, notant que « Martin Harris a dit à propos de la pierre de
voyant : ‘Des phrases apparaissaient et le Prophète les lisait et Martin
les écrivait [92].’ »
En 1988, frère Maxwell parle aussi du « chapeau protégeant de la lumière
qui aurait été utilisé par Joseph Smith pendant une partie de la
traduction du Livre de Mormon [93] ». Dans l’Ensign de janvier
1988, Kenneth Godfrey, directeur interrégional du département d’éducation
de l’Église, mentionne que « la traduction impliquait une vue, un pouvoir,
une transcription des caractères, l’urim et le thummim ou une pierre de
voyant, l’étude et la prière [94]. » Richard Lloyd Anderson, professeur à
l’université Brigham Young, cite, dans
l’Ensign de septembre 1977 la
déclaration de David Whitmer selon laquelle « Joseph Smith plaçait la
pierre de voyant dans un chapeau et mettait le visage dans le chapeau en
le serrant contre son visage pour exclure la lumière [95]. »
Dallin H. Oaks a précisé que « il faut reconnaître que des outils tels que
l’urim et le thummim, le Liahona, les pierres de voyant et d’autres objets
ont été utilisés de façon appropriée dans les temps bibliques, le Livre de
Mormon et les temps modernes par ceux qui ont le don et l’autorité
d’obtenir la révélation de Dieu dans le cadre de leur utilisation [96]. »
Les membres du début de l’Église
savaient que Joseph recevait la révélation par l’intermédiaire de l’urim
et du thummim, qui aurait pu être soit les interprètes néphites, soit la
pierre de voyant. Doctrine et Alliances 28 affirme que « Hiram
Page, un membre de l'Église, avait une certaine pierre, et il prétendait
recevoir, grâce à elle, des révélations concernant l'édification de Sion
et l'ordre de l'Église. Plusieurs membres avaient été trompés par ces
prétentions, et même Oliver Cowdery en subit la mauvaise influence [97]. »
Le fait qu’Oliver « en
subit la mauvaise influence »
indique clairement qu’Oliver était tout à fait conscient que l’urim et le
thummim ne se limitait pas à un seul instrument. Pour régler cette
situation il a fallu que le Seigneur précise que, « nul
ne sera désigné pour recevoir des commandements et des révélations dans
cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils, car il les
reçoit tout comme Moïse »
(D & A 28 :2). La pierre
de Page fut détruite et les révélations qu’il avait reçues par elle furent
désavouées. Le problème n’était pas le fait que Hiram Page utilisait une
pierre autre que l’urim et le thummim de Joseph pour recevoir la
révélation, mais plutôt le fait qu’il n’était pas autorisé à recevoir la
révélation en faveur de l’Église.
La pierre et le chapeau sont relégués dans les recoins de l’histoire
Nous savons déjà que Joseph Smith était réticent à décrire en détail le
processus de traduction. Stephen Ricks, professeur à l’université Brigham
Young, estime que « la réticence de Joseph était probablement justifiée et
était peut-être due à l’intérêt excessif que certains des premiers saints
avaient manifesté pour la pierre de voyant ou aux réactions négatives et
parfois agressives qu’il avait rencontrées lorsqu’il avait raconté
certaines de ses expériences sacrées [98]. » Ainsi, Joseph ne disait
jamais quel instrument de traduction il utilisait, que ce soit pour
traduire le Livre de Mormon ou pour recevoir la révélation. Joseph disait
simplement qu’il avait reçu ses premières révélations par le biais de
« l’urim et thummim ».
Durant les années 1930, le Dr Francis Kirkham s’est efforcé de
« recueillir et évaluer tous les articles de journaux qu’il a pu localiser
concernant le Livre de Mormon [99]. » Il s’est procuré un bon nombre de
ces articles dans des collections de journaux situées dans la région de
New York et qui ont récemment été rendues accessibles dans une base de
données en ligne hébergée par le Neal A. Maxwell Institute for Religious
Scholarship [100].
Comme nous l’avons vu, beaucoup de ces articles de journaux mentionnent
l’utilisation de lunettes ou d’une pierre ainsi que d’un chapeau,
correspondant à ce que disent en dernier lieu Martin Harris et David
Whitmer. Kirkham, dans le numéro d’octobre 1939 de l’Improvement
Era, cite les récits de la pierre et du chapeau faits par Martin
Harris et David Whitmer. Mais Kirkham,
n’acceptait pas les récits de
témoins oculaires de ce que Joseph utilisait bien une pierre de voyant
dans la traduction du Livre de Mormon, concluant que « les déclarations de
ces deux hommes s’expliquent par l’empressement de la vieillesse à faire
appel à une mémoire défaillante et incertaine pour les détails
d’événements qui restaient encore réels et objectifs pour eux [101]. »
Dans son livre de 1951,
A New Witness For Christ in America,
Kirkham pense que « il n’était peut-être pas opportun pour le prophète
d’essayer d’expliquer la méthode employée pour la traduction étant donné
que ses auditeurs seraient incapables de comprendre. Il leur semblait
suffisant, à ce moment-là, de savoir que la traduction avait été faite par
le don et le pouvoir de Dieu [102]. » Kirkham poursuit en disant : « Au
bout de quarante ans, David Whitmer et Martin Harris ont tenté de donner
la méthode employée dans la traduction. Il est évident que le prophète ne
la leur avait pas donnée [103]. »
Malgré le fait que les éléments de l’histoire de Harris et de Whitmer
concordaient, Kirkham a tout simplement refusé d’accepter l’idée que les
comptes rendus pouvaient avoir quelque chose de vrai.
En 1956, Joseph Fielding Smith était au courant de l’existence de la
pierre de voyant, mais ne croyait pas que Joseph l’avait véritablement
utilisée au cours de la traduction du Livre de Mormon.
« Il ne fut pas utilisé de pierre de voyant dans la traduction du Livre
de Mormon. On nous enseigne, depuis l’époque du prophète, que l’urim et
le thummim furent rendus,
avec les plaques, à l’ange. Et il n’est écrit nulle part que
le prophète avait l’urim et le thummim après l’organisation de l’Église.
Les textes qui disent que des traductions ont été faites par l’urim et le
thummim après cette date sont manifestement dans l’erreur
[104]. »
Comme Kirkham, Joseph Fielding Smith refusait tout simplement d’accepter
que les récits qui affirmaient que Joseph utilisait sa pierre de voyant
aux fins de traduction avaient une quelconque validité. Selon lui, ces
récits étaient tout simplement erronés.
Au cours du XXe siècle, l’histoire selon laquelle Joseph aurait traduit
derrière un rideau tout en employant les interprètes néphites comme urim
et thummim est restée fermement établie et généralement incontestée parmi
la population de l’Église. Toutefois, les érudits mormons ont continué à
étudier les récits dans lesquels Joseph apparaissait comme utilisant la
pierre de voyant. Ces documents n’allaient jamais parvenir jusqu’au
programme général des cours de l’Église ni parvenir à la connaissance de
l’ensemble des membres Église. Si vous étiez un spécialiste, vous saviez
que Joseph avait utilisé une pierre de voyant. Si vous étiez un membre
ordinaire de l’Église, vous saviez que Joseph avait utilisé les
interprètes néphites. Le traitement de l’utilisation de « pierres de
voyant » ou la pratique de la « recherche de trésors » restaient
essentiellement du domaine des érudits mormons. Durant le mandat de
Leonard J. Arrington, historien de l’Église de 1972 à 1982, quelques
tentatives ont été faites pour rendre certains éléments de l’histoire
mormone plus accessibles au membre moyen. Un livre
publié durant cette période, The Story of the Latter-day Saints
(1976), par James B. Allen et Glen M. Leonard, relevait franchement
l’acquisition par Joseph de sa pierre de voyant et son utilisation dans la
traduction du Livre de Mormon.
« Vers 1822, avant la première visite de l’ange Moroni, Joseph creusait un
puits avec Willard Chase, non loin de la maison des Smith quand il
découvrit une pierre lisse, de couleur foncée, de la taille d’un œuf,
qu’il appela une pierre de voyant. Il l’utilisa par la suite dans la
traduction du Livre de Mormon et aussi pour recevoir certaines révélations
[105]. »
Ces sujets commencèrent à attirer considérablement l’attention de la
population de l’Église dans les années 1980 à la suite d’un événement très
inhabituel et très tragique : la révélation des faux de Mark Hofmann. Tout
à coup, les journaux se mirent à parler de salamandres et de gardiens de
trésors à propos de certains des événements fondateurs de l’Église.
Mark Hofmann était un membre de l’Église qui commença à pratiquer
l’acquisition et la vente de documents historiques au début des années
1980. Il semblait avoir un don pour l’acquisition de documents manquants
évoqués par d’autres documents liés à l’histoire de l’Église. Il
prétendit, par exemple, avoir localisé une bénédiction dans laquelle
Joseph Smith III se voyait soi-disant promettre qu’il serait le prochain
prophète de l’Église. Il produisit également ce qu’il prétendait être la
transcription Anthon, qui correspondait à une description du document
fourni par Charles Anthon lui-même. Le document le plus célèbre de sa
collection de faux fut la lettre à la salamandre, prétendument écrite par
Martin Harris. Les documents de Hofmann étaient si bien conçus qu’ils
trompèrent plusieurs experts dans le domaine et ils furent tous considérés
un certain temps comme authentiques. Au cours de cette période, une
nouvelle vague d’ouvrages historiques mormons furent produits, qui
tenaient compte des aspects « magiques » mis en avant dans la lettre à la
salamandre. Un effort fut également fait pour réconcilier et intégrer les
nouvelles informations aux récits existants [106].
Certains des documents
de Hofmann furent créés sur la base de récits de témoins oculaires
concernant la recherche de trésors et ne faisaient, dans une certaine
mesure, qu’amplifier des notions déjà connues des historiens. Une fois les
faux démasqués, il devint nécessaire de réexaminer ce qui avait été écrit
à l’appui des documents maintenant discrédités [107]. Si les faux de
Hofmann furent abandonnés, les récits historiques légitimes sous-jacents,
qui avaient été à l’origine de leur création, commencèrent à devenir plus
connus parmi la population de l’Église. La participation de Joseph dans sa
jeunesse à la recherche de trésors au-delà de ce qui avait longtemps été
documenté dans les publications de l’Église au sujet de ses efforts avec
Josiah Stowell, devint mieux connue. Dallin Oaks a souligné que cela ne
diminue en rien la valeur de Joseph comme prophète du Rétablissement.
« Certaines sources proches de Joseph Smith affirment que dans sa
jeunesse, au cours de son immaturité spirituelle avant de se voir confier
les plaques du Livre de Mormon, il utilisait parfois une pierre en
cherchant des trésors. Qu’il en ait été ainsi ou non, il faut se rappeler
qu’aucun prophète n’est à l’abri des faiblesses humaines, surtout avant
qu’il soit appelé à consacrer sa vie à l’œuvre du Seigneur. Ligne
sur ligne, le jeune Joseph Smith élargit sa foi et sa compréhension et ses
dons spirituels mûrirent jusqu’à ce qu’il se retrouve, puissant et
imposant, comme prophète du Rétablissement [108]. »
Le processus de traduction a été spirituel, pas mécanique
La traduction du Livre de Mormon a été un processus spirituel, pas
mécanique. L’interaction du voyant avec la pierre de voyant est fascinante
d’un point de vue historique, mais ce n’est pas l’aspect le plus important
du processus. Il faut garder à l’esprit que Joseph a choisi de souligner
que l’aspect le plus important de la traduction est qu’elle a été
accomplie par le don et le pouvoir de Dieu. Les moyens précis par lesquels
Dieu a atteint ce but sont principalement d’intérêt historique et ne sont
pas nécessaires pour édifier la foi. Joseph reçut au départ la révélation
par l’intermédiaire de l’urim et du thummim (les lunettes ou la pierre),
mais il finit par apprendre qu’il n’avait pas besoin d’une aide physique
pour agir en tant que prophète et voyant. Une des leçons importantes
données à Joseph au cours de ce processus est que l’utilisation de ces
instruments demandait de la foi et de l’humilité pour connaître la volonté
du Seigneur. David Whitmer décrit cela.
« À certains moments, quand il tentait de traduire, frère Joseph regardait
dans le chapeau dans lequel était placée la pierre et constatait qu’il
était spirituellement aveugle et ne pouvait pas traduire. Il nous disait
que son esprit s’attardait trop sur les choses terrestres et diverses
causes le rendaient incapable de continuer la traduction. Quand il était
dans cet état, il sortait pour prier et quand il était devenu suffisamment
humble devant Dieu, il pouvait aller de l’avant avec la traduction. Cela
nous montre à quel point
le Seigneur est strict et comment il exige que le cœur de l’homme soit
absolument juste à ses yeux, avant de lui accorder la révélation [109]. »
Joseph finit par se rendre compte que sa capacité à communiquer avec le
Seigneur n’était pas subordonnée à un objet sacré, mais qu’elle était
plutôt fonction de sa foi et de son humilité. Il dépassa spirituellement
le besoin d’utiliser les interprètes néphites ou la pierre de voyant,
montrant ainsi le processus par lequel toute personne a la promesse de
recevoir la révélation personnelle. Les objets utilisés pour le guider
vers cette prise de conscience finirent par perdre toute importance au vu
de la grande leçon qu’il en avait tirée.
Le processus de traduction vu dans la perspective du vingt et unième
siècle
Il est malgré tout souhaitable de concilier les différents récits de la
traduction pour comprendre comment certains ont vu divers aspects du
processus comme contradictoires. De mon point de vue de croyant,
l’histoire de la traduction du Livre de Mormon et les efforts faits par
après pour en souligner ou en minimiser les divers éléments semblent avoir
suivi le chemin suivant :
Joseph Smith reçoit les plaques et les interprètes néphites de l’ange
Moroni.
Il commence le processus de traduction à l’aide des interprètes néphites
avec Martin Harris comme secrétaire. Un rideau sépare le traducteur du
secrétaire, protégeant ainsi les plaques et les interprètes néphites des
regards.
Il peut placer les interprètes néphites dans un chapeau pour les protéger
de la lumière conformément à la méthode qu’il utilisait lors de
l’utilisation de sa propre pierre de voyant.
Il peut, à certains moments, passer à l’emploi de sa propre pierre de
voyant en la mettant dans le chapeau. C’est lors d’une telle occasion que
Martin va échanger les pierres, ce qu’il n’aurait jamais osé faire si
Joseph avait utilisé l’instrument néphite.
Une fois les 116 pages de manuscrit terminées puis perdues, l’ange Moroni
reprend les plaques et les interprètes néphites.
Après un temps de repentir suffisant, les plaques sont rendues à Joseph
ainsi que les interprètes néphites.
Joseph se met à traduire en utilisant soit les interprètes néphites, soit
sa pierre de voyant, qu’il a pu placer dans le chapeau. Les témoins
n’auraient pas nécessairement été en mesure de déterminer quel instrument
il utilisait, bien que l’échange des pierres par Martin Harris pour tester
Joseph indique que la pierre a été utilisée à un moment donné. Ce
processus de traduction a lieu bien en vue de ceux qui entourent Joseph, y
compris son secrétaire, Oliver Cowdery. Il n’y a pas de rideau au cours de
cette période de la traduction.
Le processus de traduction à l’aide de la pierre et du chapeau a été
observé directement par Martin Harris, Oliver Cowdery, David Whitmer et
Emma Smith, qui ont fait part de leurs observations aux intervieweurs bien
des années plus tard, vers la fin de leur vie.
Trois ans déjà après la publication du Livre de Mormon, l’expression
urim et thummim est appliquée aussi bien aux interprètes néphites qu’à
la pierre de voyant. Dans l’esprit des premiers saints, ils sont
essentiellement le même instrument utilisé aux mêmes fins.
Par après, on ne verra plus dans l’expression urim et thummim que
la représentation des interprètes néphites et l’utilisation de la pierre
de voyant et du chapeau sera reléguée dans le passé. On ensevelira de même
dans les recoins de l’histoire l’absence de nécessité d’utiliser un rideau
pour protéger le traducteur du secrétaire. Le processus de traduction va
être représenté dans la littérature et les œuvres artistiques de l’Église
sous sa toute première forme : les interprètes néphites et les plaques
protégés du secrétaire par un rideau.
Durant une grande partie du XXe siècle, les bruits selon lesquels la
pierre et le chapeau ont été utilisés au cours de la traduction seront
écartés avec scepticisme.
Suite en partie aux faux de Mark Hofmann, de nouvelles publications
porteront à l’attention du public des documents ayant trait à
l’utilisation de la pierre et du chapeau.
Avec l’arrivée de l’Internet, de nombreux documents concernant le
processus de traduction vont devenir facilement accessibles à l’ensemble
des membres de l’Église, mettant de nouveau en lumière l’utilisation de la
pierre et du chapeau. Ces objets vont être mentionnés dans les médias
populaires. La présence de cette information va donner l’impression que
l’histoire que nous connaissons dans l’Église est contredite par celle
fournie par des témoins comme Martin Harris, David Whitmer et Emma Smith.
L’Église a lancé des efforts pour rendre facilement accessibles des
documents anciens tels que les
Joseph Smith Papers, étayant ces premiers témoignages.
Les contradictions apparentes entre les récits de la traduction ne sont
pas réellement des contradictions du tout et sont principalement le
résultat de ce que l’on a minimisé, voire nié à divers moments au cours du
dernier siècle et demi, certains éléments du processus de traduction.
L’utilisation des interprètes néphites en tant qu’urim et thummim,
l’utilisation de la pierre de voyant en tant qu’urim et thummim et
l’utilisation du chapeau avec les deux instruments, aussi bien que
l’apparition et la disparition du rideau, tout cela s’insère dans le
scénario de la traduction à diverses étapes du processus.
Conclusion
Le membre
moyen a maintenant accès à une information abondante concernant le
processus de traduction du Livre de Mormon. L’Internet a permis que des
centaines de documents soient mis à la disposition de toute personne
intéressée à les voir plutôt que d’être réservés aux érudits qui prennent
le temps d’accéder aux archives. Le projet Joseph Smith Papers est
une aubaine pour les historiens et les chercheurs qui souhaitent voir et
examiner les documents originaux liés au Rétablissement. Un nouveau
résultat important de cet effort est le site d’Histoire de l’Église,
history.lds.org, qui héberge Revelations
in context [110].
Sur ce site, l’Église fournit des détails sans
précédent concernant la production et l’évolution des révélations reçues
par Joseph Smith, le prophète.
Pour ce qui est des détails précis liés à la traduction, le livre de Brant
A. Gardner
The Gift and the Power : Translating the Book of Mormon
(2011)
donne une analyse détaillée du processus.
L’utilisation de la pierre de voyant ne doit pas surprendre ou inquiéter
particulièrement le saint des derniers jours qui accepte que Joseph a reçu
un jeu de pierres sacrées qui avaient été consacrées dans le but de
recevoir la révélation et la traduction. Après tout, quelle différence y
a-t-il au juste entre utiliser une pierre de voyant plutôt qu’une autre ?
On peut supposer que Joseph a continué d’utiliser les interprètes
néphites, puisqu’ils étaient l’instrument expressément consacré à des fins
de traduction. Toutefois, il est tout à fait raisonnable de supposer que
Dieu pouvait aussi consacrer n’importe quel autre instrument qu’il
désirait voir servir à cette fin.
Il découle clairement des récits contemporains que l’objet placé dans le
chapeau pouvait être soit les lunettes, soit la pierre de voyant.
L’une et l’autre étaient classées par les premiers saints comme étant
« l’urim et le thummim ». On peut donc dire que, quel qu’ait été
l’instrument que Joseph a utilisé à un moment quelconque, il a
effectivement traduit le Livre de Mormon tout entier à l’aide de l’urim et
du thummim.
Le problème principal qui semble préoccuper certains, c’est l’idée que
Joseph a traduit ouvertement, sous les yeux d’autres personnes, en plaçant
l’instrument de traduction dans un chapeau et en dictant le texte sans
regarder directement les plaques. Pourquoi le Seigneur permettait-il à
Joseph de modifier la méthode utilisée pour traduire ? L’édition de 1830
du Livre de Mormon contient plus de 580 pages qui ont été dictées sans
répétition à raison de sept à onze pages et demie par jour [111]. C’est un
exploit, quelle que soit la méthode précise utilisée au cours de la
traduction. Une conclusion raisonnable, c’est qu’en permettant à Joseph de
dicter le texte entier du Livre de Mormon sous les yeux de témoins sans
que le processus soit caché en aucune façon, cela renforce de manière
significative la position que Joseph recevait effectivement la révélation
plutôt que de consulter d’autres textes.
Enfin, et les plaques elles-mêmes ? Si Joseph n’était pas réellement
obligé de les regarder directement lors de la traduction, alors
quel
était leur but ?
N’oublions pas que l’urim et le thummim était un instrument révélateur.
Cela signifie que, plutôt que de « traduire » les plaques au sens
traditionnel du terme, Joseph recevait la révélation qui inspirait chez
lui la compréhension de ce qui était écrit là. Il exprimait ensuite ces
concepts pendant la dictée à l’aide de sa propre langue [112].
Le Livre de Mormon constitue donc la révélation la plus grande et la plus
longue de Joseph.
Les plaques avaient cependant une raison d’être importante. Les trois
témoins et les huit témoins ont confirmé que les annales néphites ont
réellement existé et en ont témoigné au monde, même après que certains
d’entre eux ont quitté l’Église. Le témoignage des témoins a résisté à
toutes les tentatives de les discréditer. Le fait que les plaques ont
réellement existé et que Joseph a dû faire de gros efforts pour les
récupérer et les protéger a contribué à former la personnalité du Prophète
pendant ces premières années cruciales. Et l’existence d’un jeu de plaques
bien réelles a prouvé de manière limpide que le récit de Joseph était une
histoire vraie : un peuple antique véritable avait appris ce qui concerne
le Christ et avait bel et bien vu le Seigneur ressuscité. La révélation de
Joseph n’était pas du roman, ni une invention pieuse.
L’examen de la méthode employée lors de la traduction à la lumière de
l’information aujourd’hui disponible ne devrait pas servir de base pour la
foi, pas plus qu’il ne devrait contribuer à la destruction de la foi.
C’est tout simplement de l’histoire et fournit en tant que tel une
compréhension plus riche et plus approfondie de ce qui s’est réellement
passé en plus de combler certaines des lacunes qu’on retrouve dans
l’histoire que nous connaissons. Neal A. Maxwell donne quelques conseils
judicieux contre la tentation de se focaliser trop sur la mécanique plutôt
que sur les résultats de la traduction.
« Nous regardons aujourd’hui au-delà de la marque, par exemple, si nous
sommes plus intéressés par les dimensions physiques de la croix que par ce
que Jésus y a accompli ou quand nous négligeons les mots d’Alma sur la foi
parce que nous sommes trop fascinés par le chapeau protecteur contre la
lumière que Joseph Smith est censé avoir utilisé pendant une partie de la
traduction du Livre de Mormon. Négliger la substance tout en se focalisant
sur le processus est une autre façon de regarder au-delà de la marque
[113]. »
1.
John Quincy Adams, The Birth of Mormonism, Boston : Gorham Press,
1916, 36.
2.
South Park
Season 7, Episode 12, “All About Mormons” diffuse à l’origine nle 19
novembre 2003.
http ://www.southparkstudios.com/full-episodes/s07e12-all-about-mormons.
3.
Article dans Wikipedia “Seer Stone (Latter Day Saints).”
http ://en.wikipedia.org/wiki/Seer_stone_(Latter_Day_Saints).
4.
Par exemple, l’illustré Book of Mormon Stories (1978) montre Joseph
et un secrétaire séparés par un rideau. Joseph regarde directement les
plaques sans utiliser d’instrument de traduction. Le
Book of Mormon Reader
(1985) et
Book of Mormon Stories
(1997) remplacent tos les deux cette scène par une où Joseph et son
secrétaire sont assis à une table, bien en vue, avec les plaques
clairement visibles. L’artiste ne fait pas la moindre tentative de
représenter l’urim et le thummim. Il n’existe qu’une seule image que l’on
puisse trouver sur l’Internet qui représente Joseph Smith aidé du pectoral
et des lunettes, qui est censée provenir d’une édition « des années 1970 »
du Book of Mormon Reader. Un recueil d’images représentant les
différentes façons dont le processus de traduction a été dépeint peut être
consulté sur le blog de Blair Hodges,
“The ‘Stone-In-Hat’ Translation Method in Art», affiché
le 27 octobre 2009.
http ://www.lifeongoldplates.com/2009/10/stone-in-hat-translation-method-in-art.html.
5.
Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, manuel de l’étudiant,
Salt Lake City : Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, 2e
éd. 2002, p. 58.
6.
Brant A. Gardner, The Gift and the Power : Translating the Book of
Mormon, Draper, UT , Greg Kofford Books, 2011, p. 8.
7.
Histoire de l’Église dans la plénitude des temps,
p. 58.
8.
“Emma Smith Bidamon Interview with Joseph Smith III, February 1879”, dans
Early Mormon Documents, dirt. de publ.. Dan Vogel, Salt Lake City,
Signature Books, 1996, 1 :541.
9.
David Whitmer, cité par Zenas H. Gurley, dans Richard van Wagoner et
Steven Walker, “Joseph Smith : ‘The Gift of Seeing’», Dialogue
15/2, Summer 1982, p. 54.
10.
Russell M. Nelson, “A Treasured Testament», Ensign, juillet 1993.
http ://www.lds.org/ensign/1993/07/a-treasured-testament.
11.
“A Peaceful Heart», Friend, septembre 1974, p. 7.
http ://www.lds.org/friend/1974/09/a-peaceful-heart.
12.
“Martin Harris Interview with Joel Tiffany, 1859», dans Early Mormon
Documents, 2:305.
13.
“Golden Bible», Rochester Advertiser and Daily Telegraph, New York,
31 août 1829.
Réimprimé de Palmyra Freeman, 11 août 1829.
http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/176.
14.
“Golden Bible», The Gem : A Semi-Monthly Literary and Miscellaneous
Journal, Rochester, New York : 5 septembre 1829, p. 70.
http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/161.
15.
C. C. Blatchley, “Caution Against the Golden Bible”, New-York Telescope
6/38, 20 février 1830, p. 150.
http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/4211.
16.
Cincinnati Advertiser and Ohio Phoenix,
2 juin 1830. Réimprimé du Wayne County Inquirer, Pennsylvania, ca.
mai 1830.
http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/compoundobject/collection/BOMP/id/201.
17.
Daily Albany Argus
VI/1866, 15 oct. 1831.
http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/NY/miscNYSe.htm#040931.
18.
Morning Star
VII/45, 7 mars 1833.
http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/NE/miscMe01.htm#030733.
19.
“Mormonism”, Protestant Sentinel, Schenectady, New York) n.s. 5/1,
4 juin 1834), p. 4–5. Réimprimé de New England Review, ca. mai
1834.
20.
“Mormonism”, New York Weekly Messenger and Young Men’s Advocate, 29
avril 1835. Réimprimé de The Pioneer, Rock Springs, IL, mars 1835.
21.
“William Smith, On Mormonism, 1883”, dans Early Mormon Documents,
1:497.
22.
“Joseph Knight Sr., Reminiscence, Circa 1835–1847” dans Early Mormon
Documents, p. 4, 17–18.
Une chose intéressante ici est l’utilisation que fait Joseph Knight de
l’expression urim et thummim pour décrire les « lunettes ». La
question est de savoir si le récit de Knight a été écrit en 1827 ou s’il
l’a été après 1833, quand l’expression urim et thummim était
d’usage courant. Selon Dean Jessee, le récit de Knight est « non daté et
non signé », les mots « 22 sept 1827 » ayant été « insérés par Thomas
Bullock, greffier de l’Église de 1843 à 1847 ». Le récit de Knight ne peut
donc pas servir à établir avec certitude que l’expression urim et
thummim a été appliquée aux interprètes néphites, les lunettes) en
1827.
Voir Dean Jessee, « Joseph Knight’s Recollection of Early Mormon
History », BYU Studies 17/1, 1976, p. 2.
23.
W. W. Phelps, The Evening and The Morning Star, 1/8, janvier 1833,
p. 57.
24.
The True Latter Day Saints’ Herald,
26/22, 15 novembre 1879.
25.
D. Michael Quinn, Early Mormonism and the Magic World View, Revised
and Enlarged, Salt Lake City, Signature Books, 1998, p. 174–75.
26.
Quinn, Early Mormonism and the Magic World View, 175.
27.
“Truman Coe Account, 1836», in Early Mormon Documents, 1 :47.
Imprimé à l’origine dans le Ohio Observer, Hudson, Ohio, 11 août
1836.
28.
Gardner, The Gift and the Power, p. 7.
29.
A Letter to Those Who Have Attended Mormonite Preaching,
Londres, J. B. Bateman, 1840, p. 1–4.
30.
“William Smith interview by J. W. Peterson and W. S. Pender, 1890”, dans
Early Mormon Documents, 1:508.
31.
“A Peaceful Heart”; Friend, septembre 1974, p. 7.
http ://www.lds.org/friend/1974/09/a-peaceful-heart.
32.
Deseret News,
28 décembre 1881.
33.
Kenneth W. Godfrey, “A New Prophet and a New Scripture : The Coming Forth
of the Book of Mormon», Ensign, janvier 1988.
http ://www.lds.org/ensign/1988/01/a-new-prophet-and-a-new-scripture-the-coming-forth-of-the-book-of-mormon.
34.
“Emma Smith Bidamon to Emma Pilgrim, 27 March 1870” dans Early Mormon
Documents, 1:532.
35.
The True Latter Day Saints’ Herald
26/22, 15 novembre 1879.
http ://www.sidneyrigdon.com/dbroadhu/IL/sain1872.htm#111579.
36.
Zenas H. Gurley, citant “Dr. Robinson», Source : Zenas H. Gurley, “The
Book of Mormon», Autumn Leaves 5, 1892, p. 451-454, situé dans le
Book of Abraham Project.
http ://www.boap.org/LDS/Early-Saints/BOM-Witn.html.
37.
“Mormon Relics», The Sunday Inter-Ocean, Vol. 15, No. 207, Chicago,
Illinois, 17 Oct. 1886. Aussi Saints’ Herald 33, 13 novembre 1886,
p. 706, cité dans Van Wagoner et Walker, “The Gift of Seeing”, p. 53–54.
38.
Matthew B. Brown, Plates of Gold, American Fork, Utah, Covenant
Communications, 2003, p. 167.
39.
Brown, Plates of Gold, 167.
40.
“Joseph Knight Sr., Reminiscence, Circa 1835-1847», dans Early Mormon
Documents, 4:15.
41.
Smith, Doctrines du salut, 3:225–226.
42.
“William Smith interview by J. W. Peterson and W. S. Pender, 1890”, dans
Early Mormon Documents, 1:508.
43.
“Charles Anthon to E. D. Howe, 17 February 1834”, dans Early Mormon
Documents, 4:378.
44.
John Corrill, A Brief History of the Church of Christ of Latter Day
Saints, 1839, p. 12.
http ://contentdm.lib.byu.edu/cdm/fullbrowser/collection/BOMP/id/4577/rv/compoundobject/cpd/4592.
45.
B. H. Roberts, Defense of the Faith and the Saints, Salt Lake City,
Deseret News, 1907, p. 1:257.
46.
Gerrit Dirkmaat, “Great and Marvelous Are the Revelations of God”,
Ensign, janvier 2013, p. 45–46.
http ://www.lds.org/ensign/2013/01/great-and-marvelous-are-the-revelations-of-god.
47.
Elder’s Journal,
juillet 1838, 1:43.
48.
“Church History”, Times and Seasons, 1er mars 1842. Également dans
“The Wentworth Letter” By Joseph Smith Jr., 1805–44, Ensign,
juillet 2002. https ://www.lds.org/ensign/2002/07/the-wentworth-letter.
49.
Enseignements des Présidents de l’Église: Joseph Smith,
2007, p. 71.
Cité par Lucy Mack Smith, “The History of Lucy Smith, Mother of the
Prophet” 1844–1845, livre 7, p. 11, Archives de l’Église.
50.
“Lucy Smith History, 1845”, dans Early Mormon Documents, 1 :370–71.
51.
“Lucy Smith History, 1845”.
52.
“Lucy Smith History, 1845”, p. 370–371.
53.
W. W. Phelps, “Letter No. 4”, Latter Day Saints’ Messenger and Advocate
1/5, févr. 1835, p. 65.
http ://en.fairmormon.org/Messenger_and_Advocate/1/5.
54.
Oliver Cowdery, Latter Day Saint’s Messenger and Advocate 1/14.
Italiques dans l’original.
http ://en.fairmormon.org/Messenger_and_Advocate/1/1.
55.
Oliver Cowdery, Defence in a rehearsal of my grounds for separating
myself from the Latter Day Saints,, 1839, p. 5.
Ce document est un faux.
http ://books.google.com/books?id=imVVAAAAYAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false.
56.
Les bouts de phrase de Cowdery furent extraits du Messenger and
Advocate 1/1 ; 2/1 ; 1/ 5 ; 1/7 and 1/10 .
Le texte de Whitmer fut tiré de An Address to All Believers in Christ,
27, 31, 35, 42, 45, 61, 62 et 95.
57.
Richard Lloyd Anderson, “I Have a Question», Ensign, avril 1987.
https ://www.lds.org/ensign/1987/04/i-have-a-question.
58.
Richard G. Scott, “Using the Supernal Gift of Prayer”, Ensign, mai
2007.
http ://www.lds.org/ensign/2007/05/using-the-supernal-gift-of-prayer.
59.
Richard Lloyd Anderson, “‘By the Gift and Power of God’”, Ensign,
septembre 1977, p. 79.
http ://www.lds.org/ensign/1977/09/by-the-gift-and-power-of-god.
60.
Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.
61.
Déclaration personnelle de S. W. Richards, 25 mai 1907, à la Harold B. Lee
Library, BYU, Special Collections, cité dans Anderson, “By the Gift and
Power”, 79.
62.
Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.
63.
C’était une pratique courante pour Joseph de corriger et de superviser les
autres dans la correction du libellé des révélations. L’Église a récemment
publié le texte original de la révélation comprenant la section 8 des D&A,
dans laquelle le Seigneur dit à Oliver : « Souviens-toi que c’est ton don,
maintenant ce n’est pas tout car tu as un autre don qui est celui de
travailler avec le rameau Voici il t’a dit des choses Voici, il n’y a pas
d’autre pouvoir que Dieu qui peut faire que cette chose de la Nature
agisse entre tes mains. » Révélation, avril 1829 – B [D
& C 8],
dans Robin Scott Jensen, Robert J. Woodford et Stephen C. Harper, dir. de
pub., Manuscript Revelation Books, vol. 1 de la série révélations et
traductions de The Joseph Smith Papers, dir. de publ.
Dean C. Jessee, Ronald K. Esplin et Richard Lyman Bushman, Salt Lake City,
Church Historian’s Press, 2009, p. 17.
Les bouts de phrase qui se trouvent dans le Revelation Book « travailler
avec le rameau » et « chose de la Nature agisse entre tes mains » ont tout
d’abord été réécrits par Sidney Rigdon et par la suite par Joseph Smith,
Oliver Cowdery et Frederick G. Williams pour inclusion dans le Livre des
Commandements » pour leur faire dire « travailler avec le bâton » et « que
ce bâton de la nature agisse entre tes mains ». Cette formulation a amené
certaines personnes à supposer qu’Oliver possédait son propre instrument
révélateur et qu’il l’a utilisé lors de sa tentative de traduire. En
prévision de la publication de cette révélation dans l’édition de 1835 des
Doctrine et Alliances, ces formules ont été finalement réécrites pour leur
faire dire « [don] d’Aaron » et « que ce don d’Aaron soit avec toi ».
64.
Jeffery G. Cannon, “Oliver Cowdery’s Gift», Revelations in Context,
The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 15 décembre 2012.
https ://history.lds.org/article/doctrine-and-covenants-oliver-cowdery.
65.
Doctrine and Covenants, 1835. P. 171. Joseph Smith Papers, Church
Historian’s Press.
http ://josephsmithpapers.org/paperSummary/doctrine-and-covenants-1835#179.
66.
Revelation, juin 1829-E [D&C
17],
sur le site Joseph Smith Papers.
http ://josephsmithpapers.org/paperSummary/revelation-june-1829%e2%80%93e-dc-17.
67.
“Wonderful Discovery”, Wayne Sentinel, Palmyra, New York, 27
décembre 1825.
68.
Richard L. Bushman, “Joseph Smith Miscellany”, Mesa, Arizona, FAIR, 2005
FAIR Conference.
http ://www.fairlds.org/fair-conferences/2005-fair-conference/2005-a-joseph-smith-miscellany.
69.
Dallin H. Oaks, “Recent Events Involving Church History and Forged
Documents”, Ensign, octobre 1987, p. 63.
Le nom “Stowel” est parfois écrit “Stowell” ou “Stoal”.
http ://www.lds.org/ensign/1987/10/recent-events-involving-church-history-and-forged-documents.
70.
Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, Manuel de l’étudiant,
p. 42.
71.
Lucy Mack Smith, dans Scott Facer Proctor et Maurine Jensen Proctor,
The Revised and Enhanced History of Joseph Smith by His Mother, Salt
Lake City, Bookcraft, p. 124.
Également cité dans “Lucy Smith
History, 1845», dans Early Mormon Documents, 1:310. Le passage de
Lucy concernant le travail exécuté par Joseph pour Stowell (orthographié
“Stoal” dans son manuscrit) n’apparaît que dans la version de 1853 et
n’apparaît pas dans le manuscrit original de 1845.
72.
“Highlights in the Prophet’s Life”, Ensign, juin 1994, p. 24.
73.
Brant A. Gardner, “Joseph the Seer—or Why Did He Translate With a Rock in
His Hat?” presentation à la Conférence de FAIR de 2009. Gardner renvoie à
[9] D. Michael Quinn, Early Mormonism and the Magic World View,
Salt Lake City, Signature Books, 1987, p. 38 et [10] Richard L. Bushman,
Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana et Chicago,
University of Illinois Press, 1984, p. 70.
http ://www.fairlds.org/fair-conferences/2009-fair-conference/2009-joseph-the-seer-or-why-did-he-translate-with-a-rock-in-his-hat.
74.
Journal de Wilford Woodruff, 11 septembre 1859, cité dans Richard Lloyd
Anderson, “The Alvin Smith Story : Fact and Fiction», Ensign, août
1987.
http ://www.lds.org/ensign/1987/08/the-alvin-smith-story-fact-and-fiction.
75.
“Willard Chase Statement, Circa 11 décembre 1833”, dans Early Mormon
Documents, 2:65–66.
Publié dans Eber Dudley Howe, Mormonism Unvailed, Painesville, OH,
Telegraph Press, 1834, p. 240-248.
Chase affirme : « Smith a dit que c’était lui qui avait sorti la pierre du
puits, mais c’est faux. Il n’y avait personne d’autre dans le puits que
moi. Le lendemain matin, il est venu me trouver et m’a demandé de lui
donner la pierre, prétendant qu’il voyait dedans, mais je lui ai dit que
je ne souhaitais pas m’en séparer parce que c’était une curiosité, mais
que je voulais bien la lui prêter. »
76.
Oliver Cowdery, Latter Day Saints’ Messenger and Advocate 1/5,
février 1835, p. 80. [↩]
77.
Henry Harris, declaration dans Howe, Mormonism Unvailed, p. 252.
78.
Dean Jessee, “Joseph Knight’s Recollection of Early Mormon History”,
BYU Studies 17/1, 1976, p. 2.
79.
Palmyra Reflector,
1829–1831, “Gold Bible, No. 6, 19 mars 1831, dans Early Mormon
Documents, 2:248.
80.
Howe, Mormonism Unvailed, p. 14.
81.
“Charles Anthon to E. D. Howe, 17 February 1834”, dans Early Mormon
Documents, 4:379.
82.
John A. Clark, “Gleanings by the Way”, Philadelphia, 1842, p. 230.
Accessible dans Google Books :
http ://books.google.com/books/about/Gleanings_by_the_way.html?id=Q-sQAAAAIAAJ.
83.
Robert Baird, Religion in the United States of America, Glasgow,
Blackie and Son, 1844, p. 647–649.
84.
Pomeroy Tucker, Origin, Rise, and Progress of Mormonism, New York,
D. Appleton and Co., 1867, p. 36. Accessible dans Google Books :
http ://books.google.com/books/about/Origin_rise_and_progress_of_Mormonism.html?id=1SPym5-HSN4C.
85.
“David Whitmer Interview with Chicago Tribune, 15 December 1885”, dans
Early Mormon Documents, 5:153. Également réimprimé dans le Deseret
News, 6 janvier 1886.
86.
“David Whitmer Interview with Chicago Tribune”, dans Early Mormon
Documents, 5:153–154.
87.
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery, “Elizabeth Ann Whitmer Cowdery Affidavit,
15 February 1870”, dans Early Mormon Documents, 5:260.
88.
David Whitmer, An Address to All Believers in Christ, 1887, p. 12.
89.
Whitmer, An Address, p. 32. L’affirmation de Joseph Smith qu’il
n’avait plus besoin de la pierre de voyant pour recevoir la révélation fut
un des facteurs qui furent à l’origine de la désillusion que Whitmer finit
par éprouver à son égard.
90.
Journal de Wilford Woodruff, 18 mai 1888, cité dans Richard O. Cowan,
Temples to Dot the Earth, Springville, UT, Cedar Fort, 1997.
91.
Joseph Fielding Smith, Doctrines du Salut, Salt Lake City,
Bookcraft, 1956, 3:225.
92.
Neal A. Maxwell, “‘By the Gift and Power of God’”, Ensign, janvier
1997, p. 36.
http ://www.lds.org/ensign/1997/01/by-the-gift-and-power-of-god. [↩]
93.
Neal A. Maxwell, Not My Will, But Thine, Salt Lake City, Bookcraft,
1988, p. 26.
94.
Kenneth W. Godfrey, “A New Prophet and a New Scripture : The Coming Forth
of the Book of Mormon”, Ensign, janvier 1988.
http ://www.lds.org/ensign/1988/01/a-new-prophet-and-a-new-scripture-the-coming-forth-of-the-book-of-mormon.
95.
Anderson, “By the Gift and Power”, p. 79.
96.
Dallin H. Oaks, “Recent Events Involving Church History and Forged
Documents”, Ensign, octobre 1987, p. 63.
http ://www.lds.org/ensign/1987/10/recent-events-involving-church-history-and-forged-documents.
97.
Introduction de Doctrine et Alliances 28.
98.
Stephen D. Ricks, Joseph Smith’s Translation of the Book of Mormon,
Provo, UT, Maxwell Institute, n.d.
http ://maxwellinstitute.byu.edu/publications/transcripts/?id=10
99.
Keith W. Perkins, “Francis W. Kirkham : A ‘New Witness’ for the Book of
Mormon”, Ensign, juillet 1984.
https ://www.lds.org/ensign/1984/07/francis-w-kirkham-a-new-witness-for-the-book-of-mormon.
100.
Cet effort de la part du Maxwell Institute a été dénommé le « Kirkham
Project ». Voir
“Early Book of Mormon Writings Now Online”, Insights 30:2, Provo,
UT, Maxwell Institute”,
qui note que « Matthew Roper, chercheur Neal A. Maxwell Institute for
Religious Scholarship et directeur du projet, a collectionné cette
littérature pendant plus de dix ans. La collection s’appuie sur les
premiers efforts de Francis W. Kirkham, un éducateur pour l’Église de
Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Selon Roper, durant les années
1930, Kirkham a commencé à collectionner les rares journaux relatifs aux
débuts de l’histoire des saints des derniers jours. Après lui, d’autres
historiens et chercheurs ont découvert beaucoup de documents
supplémentaires, qui sont inclus dans cette nouvelle collection. »
101.
Francis W. Kirkham, “The Manner of Translating the Book of Mormon”,
Improvement Era, octobre 1939, p. 632.
102.
Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America,
Independence, MO, Press of Zion’s Printing and Publishing Co., 1951, p.
194.
103.
Kirkham, A New Witness, p. 196.
104.
Smith, Doctrines du Salut, 3:225. Italiques dans l’original.
105.
James. B. Allen et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints,
2e édition revue et augmentée, Salt Lake City, Deseret Book, 1992, p.
40–41.
106.
La liste des faux de Hofmann connus liés à l’histoire de l’Église a paru
dans “Fraudulent Documents from Forger Mark Hofmann Noted”, Ensign,
octobre 1987.
107.
Richard Lloyd Anderson, “The Alvin Smith Story : Fact and Fiction”,
Ensign, août 1987.
Anderson dit que “les
tentatives de repositionner les fondations de l’Église sur la base de
documents liés à Mark Hofmann sont maintenant obsolètes, car il a plaidé
coupable devant le tribunal de vente de faux documents. Par conséquent,
les histoires révisées basées sur ces documents doivent maintenant être
révisées elles-mêmes. »
108.
Oaks, “Recent Events.” [↩]
109.
Whitmer, An Address to All Believers, p. 30.
110.
Revelations in Context.
https ://history.lds.org/series/doctrine-and-covenants-revelations-in-context?lang=eng#/date/10/1.
111.
John W. Welch et Tim Rathbone, “How Long Did It Take to Translate the Book
of Mormon?”, , UT, Maxwell Institute.
http ://maxwellinstitute.byu.edu/publications/books/?bookid=71&chapid=767.
112.
Il y a diverses écoles de pensée parmi les spécialistes du Livre de Mormon
au sujet de la question de savoir si le texte du Livre de Mormon
représente une « traduction libre » par opposition à une traduction
« contrôlée » de la signification des caractères des plaques. Étant donné
que je ne suis pas un érudit, il n’est pas de mon intention de tirer des
conclusions au sujet de cet aspect de la traduction.
J’affirme simplement qu’une certaine forme de révélation s’est produite.
113.
Maxwell, Not My Will, p. 26. |