Des contes de bonne femme ? Le
témoignage de femmes Daniel C. Peterson
FairMormon Conference août 2019
Ndlr : Dans la première partie
de son discours, Dan Peterson traite du statut d’infériorité qui a été le
lot des femmes au cours des siècles, notamment l’irrecevabilité de leur
témoignage, le refus de lui prêter de la crédibilité. Il cite, dans cette
optique, le passage de 1 Corinthiens 15:5-8, « il [le Christ ressuscité]
est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq
cents frères à la fois… Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les
apôtres. Après eux tous, il m’est aussi apparu à moi » où Paul ne cite que
des hommes comme témoins de la résurrection du Christ, mais se garde bien
de mentionner les femmes (Marc 16:1, 9 ; Luc 24:10) qui ont pourtant été
les premières à pouvoir en témoigner. Elles n’auraient pas été crédibles.
Peterson poursuit : Le dernier État de l’Union à accorder aux femmes
le droit de faire partie d’un jury fut le Mississippi. Ce n’est peut-être
pas une surprise, mais en 1968. 1968! En 1971, la Suisse accordait aux
femmes le droit de voter aux élections nationales.
Il s’agit donc
d’une évolution étonnamment récente dans de nombreux pays. Il y a une
question sérieuse que je voudrais poser : Pourquoi n’y a-t-il pas de
femmes parmi les témoins officiels du Livre de Mormon en 1830 ? Dans
quelle mesure auraient-elles été prises au sérieux ?
La plupart des
saints des derniers jours connaissent les témoignages des trois témoins et
des huit témoins du Livre de Mormon, et c’est quelque chose de puissant.
C’est ce qui va constituer, dans une grande mesure, le sujet de ce film.
[Il s’agit du film Witnesses, créé par la Interpreter Foundation sur les
témoins du Livre de Mormon]
Ces onze hommes, aussi impressionnants
fussent-ils, n’étaient pas les seuls, à part Joseph Smith, à avoir eu des
rencontres directes avec les plaques d’or. Ils étaient seulement les
témoins officiels, tous des hommes, comme vous le voyez.
Je veux
vous donner quelques exemples de femmes dont nous pouvons invoquer le
témoignage.
J’essaierai d’être rapide ici. Tout d’abord, il y a une
certaine Mme Palmer. Nous n’en savons pas plus sur elle. Elle fait un
récit plutôt naïf. Elle a grandi non loin de la famille de Joseph et Lucy
Mack Smith, et elle parle avec une éloquence simple de la personnalité du
Prophète, mais aussi de l’inimitié que ses prétentions ont suscitée, même
parmi des gens par ailleurs de bonne volonté. Je la cite maintenant :
« Mon père possédait une ferme près de celle de la famille Smith à New
York. Mes parents étaient des amis de la famille Smith, qui était l’une
des meilleures de cette localité – honnête, religieuse et industrieuse,
mais pauvre. Mon père aimait le jeune Joseph Smith et l’engageait souvent
pour travailler avec ses garçons. J’avais environ six ans lorsqu’il est
venu pour la première fois chez nous. Je me souviens être allée dans le
champ un après-midi pour jouer dans les rangs de maïs pendant que mes
frères travaillaient. Le soir venu, j’étais trop fatiguée pour rentrer à
la maison et j’ai pleuré parce que mes frères refusaient de me porter.
Joseph m’a mise sur ses épaules et, avec son bras jeté sur mes pieds pour
me stabiliser et mon bras autour de son cou, il m’a porté jusqu’à notre
maison.
« Je me souviens de l’excitation suscitée par certaines
personnes autour de la Première Vision de Joseph Smith et d’entendre mon
père prétendre que ce n’était que le doux rêve d’un garçon pur. Un des
dirigeants de notre église est venu voir mon père pour protester contre
son choix de permettre une amitié aussi étroite entre sa famille et le
gamin Smith, comme il l’appelait. Mon père a défendu sa décision en disant
que Joseph était le meilleur ouvrier qu’il ait jamais trouvé.
« Ce
n’est que lorsque Joseph a eu une seconde vision et a commencé à écrire un
livre, qui a attiré de nombreuses personnes parmi les meilleures et les
plus brillantes des églises, que mes parents ont réalisé que leur ami, le
religieux, leur avait dit la vérité. Alors ma famille a rompu avec tous
les Smith. Car toute la famille a suivi Joseph, même le père, pourtant un
homme intelligent, qui ne se rendait pas compte du mal qu’il aidait à
promouvoir. Mes parents ont alors apporté toute l’aide possible pour
écraser Joseph Smith, mais il était trop tard. Il avait suivi son cours
trop longtemps. Il n’a pas pu être réprimé. Il n’y a jamais eu de garçon
plus sincère, plus pur et plus noble que Joseph Smith avant qu’il ne soit
entraîné par la superstition. »
C’est un type de témoignage
intéressant concernant la personnalité de la famille par contraste avec
les rumeurs qui circulaient à son sujet par ailleurs.
Lucy Harris,
la première épouse de Martin Harris, est généralement connue parmi les
saints des derniers jours pour son opposition à la participation de son
mari au Livre de Mormon et, plus spectaculairement, en tant que suspecte
principale dans la disparition des cent seize pages manuscrites.
L’histoire est cependant un peu plus complexe que cela. Lucy Harris était
malade. Il est probable que sa forte surdité ait causé chez elle un
sentiment d’insécurité et l’ait peut-être même rendue un peu paranoïaque.
Elle mérite donc qu’on soit charitable envers elle. De plus, sa crainte
évidente que le boycott imposé par la ville de Palmyra au Livre de Mormon
n’entraîne une ruine financière pour son mari et pour elle-même n’était
manifestement pas sans fondement.
Mais pour en revenir à mon
propos, Lucy Mack Smith écrit qu’au début du processus de récupération du
Livre de Mormon, Lucy Harris a proposé d’aider Joseph à le publier, mais «
seulement si je peux obtenir un témoignage de ce que tu dis la vérité ».
Joseph lui a rappelé que seul Dieu peut accorder un tel témoignage, et Mme
Harris est partie « très mécontente ». Mais le récit de Lucy Smith
continue en racontant que le lendemain, Mme Harris est revenue avec une
attitude très différente. Elle a dit qu’un personnage lui était apparu la
nuit précédente, qui lui a dit qu’en contestant le serviteur du Seigneur,
en disant que sa parole n’était pas crédible et en lui posant de
nombreuses questions inappropriées, elle avait fait ce qui n’était pas
bien aux yeux de Dieu, après quoi il a dit : « Voici les plaques.
Regarde-les et crois. » Elle a ensuite décrit très minutieusement les
annales. Lucy Harris a donné à Joseph 28 dollars, soit un peu plus de 750
dollars en 2019, ce qui faisait d’elle la toute première personne à faire
un don pour la publication du Livre de Mormon. Nous ne l’avons peut-être
pas vue sous ce jour, mais voilà ce qu’il en est.
En voici une
autre : Lucy Mack Smith. Elle est un témoin important en ce qui concerne
les témoins officiels. Elle a, par exemple, vu les trois témoins revenir
de leur rencontre avec l’ange et les plaques. Et des années plus tard,
elle s’est rappelé la scène qui a suivi à leur retour :
« Quand ils
sont rentrés à la maison, il était entre quinze heures et seize heures.
Mme Whitmer, M. Smith et moi-même étions assis dans une chambre à coucher
à ce moment-là. En entrant, Joseph s’est jeté à côté de moi et s’est
exclamé : « Papa, maman, vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis
heureux : le Seigneur a maintenant fait montrer les plaques à trois autres
personnes que moi. Ils ont vu un ange, qui leur a témoigné, et ils devront
témoigner de la vérité de ce que j’ai dit, car maintenant ils savent par
eux-mêmes que je ne suis pas en train de tromper les gens, et je me sens
comme soulagé d’un fardeau qui était presque trop lourd à porter pour moi,
et cela réjouit mon âme de ne plus être seul au monde. » Sur ce
[dit-elle], Martin Harris entra : il semblait presque ivre de joie et
témoignait hardiment de ce qu’il avait vu et entendu. Il en fut de même de
David et Oliver, ajoutant qu’aucune langue ne pouvait exprimer la joie de
leur cœur et la grandeur des choses qu’ils avaient vues et entendues.
Martin Harris en particulier, se souvient-elle dans une version
différente, semblait totalement incapable de donner libre cours à ses
sentiments et à ses paroles. Il disait :
« J’ai maintenant vu un
ange venu du ciel, qui a témoigné avec certitude de la véracité de tout ce
que j’ai entendu concernant les annales et mes yeux l’ont vu. J’ai
également regardé les plaques et les ai manipulées de mes mains et je peux
en témoigner au monde entier. Mais j’ai reçu pour moi-même un témoignage
que les mots ne peuvent exprimer, qu’aucune langue ne peut décrire, et je
bénis Dieu dans la sincérité de mon âme de ce qu’il a condescendu à faire
de moi, oui de moi, un témoin de la grandeur de son œuvre et de ses
desseins en faveur des enfants des hommes. [Elle dit] Oliver et David se
sont également joints à lui dans des louanges solennelles à Dieu pour sa
bonté et sa miséricorde. »
Mais avec ses deux fils Hyrum et Samuel,
Lucy Mack Smith était devenue membre de l’Église presbytérienne. Soit dit
en passant, on a mentionné l’autre jour la réponse de Joseph à son retour
de la Première Vision. Vous vous souvenez, elle dit : « Est-ce que tu vas
bien ? » Car il a l’air un peu fatigué. Il dit : « Oh, oui ça va bien.
J’ai appris par moi-même que le presbytérianisme n’est pas vrai. » Et ça
m’a fait penser que c’était une réponse typique d’adolescent. « Ça va? » «
Ouais, ça va. »
C’est comme avec certains de mes enfants à certains
moments : « Alors où étais-tu? » « Quelque part. » « Avec qui étais-tu? »
« Oh, quelqu’un. » « Que faisais-tu? » « Quelque chose. » « Tu vas bien? »
Vous venez peut-être d’avoir la vision la plus colossale de l’histoire
humaine. « Ouais, ça va. Mais j’ai appris par moi-même que ton église
n’est pas vraie. » Je trouve que ça sent le vécu.
Elle est donc
membre de l’Église presbytérienne, mais lorsque le Livre de Mormon est en
cours d’impression, une délégation vient de l’Église presbytérienne dans
l’intention de les persuader de désavouer le livre. Le porte-parole du
groupe s’adresse à la maman, mais il ne reçoit aucune satisfaction de la
part de Lucy Mack Smith. « Diacre Beckwith, dit Lucy, même si vous deviez
me ligoter avec des fagots et même me brûler sur le bûcher, je
déclarerais, aussi longtemps que Dieu me donnerait le souffle, que Joseph
a ces annales. Et je sais que c’est vrai. » Le porte-parole du groupe a
tourné son attention vers Hyrum, lui demandant s’il ne pensait pas qu’il
était possible qu’il ait été trompé. « Non monsieur, répondit Hyrum, je ne
le pense pas. » Enfin, quand Samuel (frère cadet) a cité avec défi un
passage d’Ésaïe sur les sentinelles aveugles et les bergers qui ne peuvent
pas comprendre, les dirigeants de l’Église sont partis. Mais ils n’ont pas
laissé la famille Smith tranquille. Ils l’ont suspendue en tant que membre
de l’Église presbytérienne, et ce n’est que le début des misères.
Mais voici la chose: Lucy Mack Smith ne fonctionne pas simplement sur la
base du ouï-dire. Elle a peut-être même vu les plaques découvertes. Henry
Caswall, qui est un témoin normalement peu fiable, un ecclésiastique
britannique, fort hostile, a visité Nauvoo en 1842. Et il la cite comme
disant :
« J’ai vu et manipulé les plaques d’or. Elles mesurent
environ huit pouces de long, environ six de large. Certaines sont scellées
ensemble et ne doivent pas être ouvertes. Certaines sont séparées. elles
sont toutes reliées par un trou traversé par un anneau au bout de chaque
plaque et sont recouvertes de lettres magnifiquement gravées. »
Mais sa citation est seule de son espèce. Personne d’autre ne la cite
comme disant cela. D’autres sources sont concordantes. Je suis donc enclin
à penser, comme Larry Morris, qu’il s’est trompé, mais ce n’est pas tout.
Elle prétend définitivement avoir examiné (c’est son mot) l’urim et le
thummim et avoir constaté qu’il se composait de deux diamants lisses à
trois coins sertis dans du verre, et les verres étaient sertis d’arcs en
argent, qui étaient reliés entre eux de la même manière que les lunettes à
l’ancienne.
Elle a également été en contact avec le pectoral :
« Il était enveloppé dans un fin mouchoir en mousseline, si fin que je
pouvais voir le métal étincelant et déterminer ses proportions sans aucune
difficulté. Il était concave d’un côté et convexe de l’autre et s’étendait
du cou vers le bas jusqu’au centre de l’estomac d’un homme de taille
extraordinaire. Il avait quatre sangles du même matériau pour le fixer à
la poitrine, dont deux allaient vers l’arrière pour passer par-dessus les
épaules, et les deux autres devaient se fixer aux hanches. Elles avaient
juste la largeur de deux de mes doigts, car je les ai mesurées. Et elles
avaient des trous aux extrémités pour faciliter la fixation. »
Autrement dit, on a ici un véritable artefact. Elle n’hallucine pas. Elle
touche et tient un objet tangible réel.
Maintenant Emma Smith.
Moroni dit à Joseph Smith d’amener son frère aîné Alvin le moment venu de
prendre possession des plaques. Mais Alvin mourut jeune en 1823, à l’âge
de vingt-cinq ans à peine. Joseph fut donc informé à ce moment-là que
quelqu’un le remplacerait. Et il lui fut dit : « Tu sauras que c’est elle
quand tu la verras. » Eh bien, cette personne va se révéler être Emma
Hale. À minuit, à la date fixée, Joseph et sa toute jeune épouse Emma se
rendent à la colline Cumorah avec le chariot de Joseph Knight, père.
Joseph s’en va seul prendre livraison des plaques et revient avec elles
sous son manteau. Lorsque les plaques arrivent au domicile de Hale à
Harmony, en Pennsylvanie, Emma est la première secrétaire de son mari à
écrire sous la dictée.
Joseph Smith III a interviewé sa mère en
février 1879, deux mois avant sa mort. Elle avait soixante-quatorze ans.
Avant de partir, il lui a lu sa transcription et elle en a confirmé
l’exactitude : nous pouvons donc nous y fier. Au moment où elle a épousé
Joseph, elle est déjà une institutrice expérimentée, et elle a dit qu’à
l’époque de la traduction du Livre de Mormon, son mari « ne pouvait ni
écrire, ni dicter une lettre cohérente et bien rédigée, encore moins
dicter un livre comme le Livre de Mormon. »
En 1856, au cours d’un
entretien avec Edmund C. Briggs, elle s’est rappelé que lorsque Joseph lui
dictait et arrivait à des noms propres, « si je faisais une erreur
d’orthographe, il m’arrêtait et corrigeait mon orthographe, alors même
qu’il lui était impossible de voir comment je les écrivais à ce moment-là.
» Et pour en revenir à cet entretien avec Joseph III deux mois avant sa
mort, elle a témoigné à son fils aîné :
« Le Livre de Mormon est
d’une authenticité divine. Je n’en ai pas le moindre doute. J’ai la
certitude absolue que personne n’aurait pu dicter la rédaction des
manuscrits sans être inspiré, car tandis que je jouais le rôle de
secrétaire, ton père me dictait heure après heure, et en revenant après
les repas ou après les interruptions, il recommençait immédiatement là où
il s’était arrêté [cela a été cité précédemment, mais cela vaut la peine
de le répéter] sans avoir vu le manuscrit ni en avoir relu une partie.
C’était une chose habituelle pour lui. Il aurait été improbable qu’un
érudit puisse faire cela, et pour un homme aussi ignorant et illettré que
lui, c’était tout simplement impossible. »
Mais qu’en est-il des
plaques elles-mêmes? Emma Smith les déplaçait d’un endroit à l’autre sur
la table « selon les nécessités de [ses] tâches ménagères », dit-elle.
Parfois, elle devait « soulever et déplacer les plaques couvertes »
lorsqu’elle balayait et époussetait. Voilà qui ne me semble pas être le
rappel d’une expérience spirituelle.
On est dans le concret
absolu. Elle déplace les plaques et dit qu’elles sont lourdes.
Voici donc les questions de Joseph III et ses réponses :
Question :
Joseph n’avait-il pas un livre ou un manuscrit qu’il te lisait ou dictait
?
Réponse : Il n’avait ni manuscrit ni livre à lire.
Question : N’aurait-il pas pu en avoir à ton insu?
Réponse : S’il
avait eu quelque chose de ce genre, il n’aurait pas pu me le cacher.
Question : Es-tu sûre qu’il avait les plaques au moment où tu écrivais
pour lui ?
Réponse : Les plaques étaient souvent posées sur la
table sans aucune tentative de dissimulation, emballées dans une petite
nappe en lin que je lui avais donnée pour les envelopper. Elles semblaient
souples comme du papier épais et bruissaient avec un son métallique
lorsque les bords en étaient déplacés par le pouce comme on le fait
parfois avec les bords d’un livre.
J’ai déjà dit qu’elle semble
avoir passé du temps de qualité avec les plaques. Je veux dire, Joseph
n’est pas là, et elle tâtonne à travers le tissu, et j’ai toujours voulu
lui demander : « Allez, Emma. Il n’y a personne dans la pièce. Elles sont
recouvertes d’un tissu fin. Je sais ce que j’aurais fait et je serais
probablement mort sur le coup, mais j’aurais regardé. Et elle dit : « Je
sais qu’il avait les plaques », et vous pouvez dire, selon une
description, qu’elle sent les anneaux, elle sent les bords des plaques.
Elle les déplace et elle peut sentir les plaques du haut frotter sur
celles du dessous. Elle y consacre vraiment une certaine attention. On a
donc ici un témoignage de l’existence très concrète d’un objet tangible
qui est là. On n’est pas dans une sorte d’extase spirituelle. C’est en
nettoyant la maison, ce qui, pour la plupart d’entre nous, n’est pas une
extase spirituelle.

Venons-en maintenant à sa sœur, dont nous n’avons pas pu avoir une
image de bonne qualité. La voici quand elle est très, très vieille. Il
s’agit de Catharine Smith ou de Catharine Smith Salisbury. Elle,
Catharine, a soupesé les plaques couvertes en plusieurs occasions. Elle
semble avoir souvent souligné ce que Chris Heimerdinger appelle leur
physicalité. Elle disait qu’elles étaient très lourdes, c’est ce que se
rappelle son petit-fils Herbert Salisbury. Il a également déclaré : « Elle
m’a dit qu’en époussetant la pièce où le Prophète avait son bureau, elle a
vu sur la table un paquet contenant les plaques d’or sur lesquelles était
gravée l’histoire du Livre de Mormon. Elle a dit qu’elle avait soupesé ces
plaques et les avait trouvées très lourdes, comme de l’or, et qu’elle
avait aussi glissé les doigts le long du bord des plaques et avait senti
que c’étaient des plaques métalliques séparées et avait entendu le
tintement qu’elles avaient fait. »
Cela peut être un double de
l’histoire d’Emma. Nous ne sommes pas sûrs. Mais c’est ce que son
petit-fils se rappelle.
D’autres éléments d’un témoignage transmis
sont beaucoup plus sûrs. Dans son article intitulé « Un ange lui a dit »,
la grande sœur de Joseph Smith raconte le discours de Moroni. Le 11 avril
1895, le Kansas City Times rapporte un discours prononcé par Catharine
Smith Salisbury à propos de ce même événement:
« Mme Salisbury [dit
le correspondant du journal à ses lecteurs] est maintenant une très
vieille femme de quatre-vingt-trois ans. Mais elle prétend se rappeler
l’époque de la merveilleuse vision aussi clairement que si c’était hier.
[Elle devait avoir dix ans lors de la venue de Moroni.] Je peux me
souvenir, a-t-elle dit, du moment où cette œuvre a commencé, mon frère a
eu la vision, qu’il a vu l’ange et a parlé avec lui. Après avoir eu sa
première vision, il était dans son lit une nuit à méditer sur ce qu’il
avait vu. Et sa chambre est devenue lumineuse, et elle est devenue de plus
en plus claire jusqu’à ce qu’un ange descende et se tienne à côté de son
lit. Il n’avait pas touché le sol, mais il se tenait en l’air. Il était
vêtu d’un vêtement blanc, d’une blancheur au-delà de tout ce que Joseph
avait jamais vu dans sa vie et avait une ceinture autour de la taille. Il
a vu ses mains et ses poignets, ils étaient purs et blancs, et il a parlé
avec lui.
De tous les récits de la visite, seule Catharine
mentionne la « ceinture » de l’ange. Et seule Catharine mentionne que
Joseph était en train de méditer ce soir-là sur la première vision qu’il
avait eue précédemment. Ces facettes d’un récit peuvent très bien
représenter quelque chose qu’il lui a dit mais qu’il ne s’est pas décidé à
écrire. Mais tout comme dans le propre récit de Joseph, elle mentionne le
caractère incomparable de la lumière dans laquelle l’ange était enveloppé.
Rappelez-vous le mal que Joseph a eu pour exprimer l’éclat et la gloire de
la lumière qu’il a perçue, limité comme il l’était aux images tirées de
son expérience dans un monde qui était encore, pour reprendre le titre du
livre de William Manchester sur l’Europe du 14e siècle, Lit Only by Fire
[Éclairé seulement par le feu]. Il n’avait aucune comparaison à faire avec
de l’électricité. Se rappelant la première visite de Moroni, Joseph dit :
« La chambre [était] plus claire qu’à l’heure de midi. Il était vêtu
d’une tunique ample de la plus exquise blancheur, d’une blancheur qui
surpassait tout ce que j’avais jamais vu de terrestre, et je ne crois pas
que quelque chose de terrestre puisse être rendu aussi extraordinairement
blanc et brillant. Non seulement sa tunique était extrêmement blanche,
mais toute sa personne était glorieuse au-delà de toute description, et
son visage était véritablement comme l’éclair. »
Ou ce récit de sa
Première Vision :
« Je vis, exactement au-dessus de ma tête, une
colonne de lumière, plus brillante que le soleil, descendre peu à peu
jusqu'à tomber sur moi. Quand la lumière se posa sur moi, je vis deux
Personnages dont l'éclat et la gloire défient toute description. »
Il dit et redit : « Je ne pourrais pas le décrire. C’était plus brillant
que tout ce à quoi je peux le comparer. » Et Catharine reprend cette même
idée : plus brillant que tout, tout ce à quoi on pourrait le comparer.
William, qui avait environ douze ans et demi à l’époque, se souvenait
que Moroni avait dit à Joseph de réunir la maison de son père et de lui
communiquer les visions qu’il avait reçues. La sœur de Joseph, Catharine,
et sa mère se souviennent que Joseph avait peur que son père ne le croie
pas, et l’ange lui a assuré que son père croirait chaque mot. Ce qui s’est
avéré : « J’obéis. Je retournai voir mon père dans le champ et lui répétai
tout. Il répondit que c’était de Dieu. » Sa sœur Catharine, en repensant à
ce jour-là plus de soixante-dix ans plus tard, se souvient quelque peu
différemment de la séquence des événements. Selon elle, Joseph est rentré
à la maison et a demandé à son père et à ses deux frères de venir le
retrouver. Et on peut très bien le comprendre, étant donné la nature de la
nouvelle, la discussion entre le père et ses trois fils a dû être longue
et se poursuivre depuis le champ où ils faisaient la récolte jusqu’à la
maison. Quoi qu’il en soit, la fillette de dix ans a été frappée par le
sérieux de la conversation de ce jour-là :
« Il est rentré à la
maison et a envoyé chercher papa et mes deux frères. Et ils sont rentrés
et se sont assis et ont parlé pas mal de temps. Cela m’a étonnée. J’étais
jeune et je ne savais pas de quoi ils parlaient, parce que je savais
qu’ils étaient tellement occupés à moissonner. »
C’est suffisamment
important pour qu’ils marquent un arrêt dans un travail crucial et urgent
qui doit être fait. Et Catharine se souvenait de l’arrivée de Joseph à la
maison en 1827 quand elle avait quatorze ans et du fait que les plaques
étaient enveloppées dans sa veste.
« Quand il est arrivé à la
porte, il a dit: ‘Père, j’ai été suivi. Jette un coup d’œil pour voir si
tu peux apercevoir quelqu’un.’ Il s’est ensuite jeté sur le lit et s’est
évanoui, et quand il est revenu à lui, il nous a expliqué les
circonstances. Il avait le pouce déboité et le bras tout à fait inerte. »
Le petit-fils de Catharine, Herbert Salisbury, se souvient que sa
grand-mère racontait que lorsque Joseph entra dans la maison, il était
hors d’haleine. Elle lui prit les plaques et les posa temporairement sur
la table, l’aida à reprendre son souffle jusqu’à ce qu’il respire
correctement et examina également sa main et la soigna pour les ecchymoses
sur ses articulations. En frappant le dernier voyou, qui tentait de
prendre les plaques (c’est Lucy Mack Smith qui parle) :
« Il s’est
disloqué le pouce, ce qu’il n’a cependant remarqué qu’en arrivant en vue
de la maison, quand il s’est jeté au coin de la clôture afin de reprendre
son souffle. Dès qu’il a pu, il s’est levé et est entré dans la maison. Il
était absolument incapable de parler à cause de la peur et de la fatigue
de la course. »
Et Mary Salisbury Hancock, petite-fille de
Catharine, se souvient de Catharine racontant le même épisode lorsque
Joseph, avec les plaques en sa possession, avait été pourchassé par des
émeutiers :
« Entendant une agitation inhabituelle à l’extérieur,
Catharine se précipita vers la porte, l’ouvrit au moment même où Joseph
accourait, haletant. Il poussa un paquet dans nos bras et dit d’une voix
entrecoupée et rauque : « Prenez ça vite et cachez-le ! » Puis il disparut
dans l’obscurité. Fermant la porte, Catharine se précipita dans la chambre
où Sophronia et elle dormaient. Sophronia ouvrit la literie et Catharine
mit le paquet sur le lit et remit rapidement la literie en place. Elles
s’allongèrent toutes les deux sur le lit et firent semblant de dormir. Les
émeutiers, n’ayant pas trouvé Joseph à l’extérieur, retournèrent dans la
maison pour fouiller, mais ils ne dérangèrent pas les filles puisqu’elles
avaient l’air de dormir. »
Quel genre de témoin est-elle? Est-elle
crédible? Orville Berry, sénateur de l’Illinois, quelqu’un qui n’était pas
du tout saint des derniers jours, a écrit, le 2 février 1900, un hommage à
Catharine Smith Salisbury, peu de temps après son décès quand elle avait
près de quatre-vingt-dix ans :
« Ici a résidé dans ce pays jusqu’à
sa mort Catharine Smith Salisbury, sœur du Prophète. L’auteur la
connaissait personnellement, a été bien des fois chez elle, a grandi avec
ses fils et ses petits-fils, et le monde se porterait merveilleusement si
toutes les femmes étaient aussi bonnes que Catharine Smith Salisbury. »
Son témoignage doit donc être pris très, très au sérieux.

Et maintenant une autre. David Whitmer, l’un
des trois témoins, a raconté que sa mère, Mary Mussleman Whitmer, a vu les
plaques d’une manière tout à fait indépendante de quiconque et dans les
circonstances les plus réelles, une fois de plus pas dans un état d’extase
religieuse ou de transport spirituel, mais très concrètement. Toute la
famille de Peter Whitmer, père, avait fait la connaissance de Joseph Smith
en 1828 par l’intermédiaire de David, qui était le quatrième de neuf
enfants Whitmer. Finalement, une partie substantielle de la traduction du
Livre de Mormon a eu lieu à la ferme de Peter Whitmer près de Fayette, New
York, et plus tard, bien sûr, c’est là que, le 6 avril 1830, l’Église a
été organisée. Pendant cette période, l’endroit était une véritable ruche.
Joseph Smith, sa femme Emma et Oliver Cowdery prenaient pension chez les
Whitmer, et d’autres personnes, y compris des chercheurs de curiosités,
allaient et venaient constamment. Une grande partie de la surcharge causée
par cette situation était tombée sur Mary, la femme de Peter, et vous, les
femmes, vous comprendrez ceci :
« Mon père et ma mère avaient leur
propre grande famille [c’est David qui explique cela plus tard]. Le fait
d’y ajouter Joseph, sa femme Emma et Oliver a donc considérablement accru
le travail et l’anxiété de ma mère. Même si elle ne s’était jamais
plainte, elle avait parfois trouvé qu’elle avait trop de travail ou du
moins elle commençait peut-être à le ressentir. »
Le récit d’une
petite-fille, publié, il y a quelque temps, par Royal Skousen dans The
Interpreter, ajoute quelques détails très spécifiques et très humains de
l’histoire, racontant que ce qui agaçait Mary Whitmer, c’était que lorsque
Joseph et Oliver marquaient un temps d’arrêt dans la traduction, ils «
faisaient ricocher des cailloux sur un étang ». Elle se disait qu’ils
pourraient tout aussi bien lui porter un seau d’eau ou couper un peu de
bois, et elle était sur le point de les expulser de sa maison. Or, nous
savons qu’il avait cette habitude. Martin Harris raconte qu’ils
descendaient jusqu’à la rivière lorsque Joseph avait besoin d’une pause et
qu’ils faisaient ricocher des cailloux sur la rivière ou sur l’étang.
C’est donc très humain. Mais alors, la question de Mary Whitmer : « Est-ce
qu’ils ne pourraient pas me chercher de l’eau au lieu de faire ça ? » est
compréhensible. Alors un jour, probablement en juin 1829, alors qu’elle va
traire les vaches dans la grange familiale, là où David savait que les
plaques étaient cachées à l’époque, elle rencontre un vieil homme, comme
elle le décrit, qui lui dit, selon le récit qu’en fera David : « Tu as été
très fidèle et diligente dans tes travaux, mais tu es fatiguée à cause de
l’augmentation de ta charge. Il est donc normal que tu reçoives un
témoignage, afin que ta foi soit renforcée. » Ensuite, dit David : « Il
lui a montré les plaques. » Et cette rencontre inattendue « a mis
entièrement fin à son impression d’être submergée, dit son fils, et l’a
dopée pour l’accroissement de ses responsabilités. »
Par la suite,
Mary a pu décrire les plaques en détail. John C. Whitmer, son petit-fils,
aurait lui-même entendu à plusieurs reprises sa grand-mère raconter cet
événement. Il résume son expérience de manière plus détaillée comme suit :
« Elle a rencontré un inconnu qui portait sur le dos quelque chose qui
ressemblait à un sac à dos. Au début, elle avait un peu peur de lui. Mais
quand il lui a parlé sur un ton aimable et amical et a commencé à lui
expliquer la nature du travail qui se faisait dans sa maison, c’est-à-dire
la traduction du Livre de Mormon, elle a été remplie d’une joie et d’une
satisfaction inexprimables. Il a ensuite délié son sac à dos et lui a
montré un paquet de plaques dont la taille et l’apparence correspondaient
à la description donnée par la suite par les témoins du Livre de Mormon. »
Elle est donc en fait le premier témoin. L’avez-vous remarqué? Les
autres témoins viennent plus tard. Cet étrange personnage a tourné
feuille après feuille celles du livre de plaques et lui a également montré
les inscriptions qui y étaient gravées, après quoi il lui a dit d’être
patiente et fidèle à porter son fardeau encore un peu de temps, lui
promettant que si elle le faisait, elle serait bénie et sa récompense
serait sûre si elle se montrait fidèle jusqu’à la fin. Il a alors
soudainement disparu avec les plaques, et elle ne pouvait pas dire où il
était parti.
Cinq des fils de Mary Whitmer sont devenus des témoins
officiels du Livre de Mormon. Oliver Cowdery, l’un des trois témoins et
secrétaire principal pendant sa dictée, l’a baptisée, le 18 avril 1830,
dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à Seneca Lake,
alors que l’Église avait moins de deux semaines, et il a épousé sa fille
Elizabeth Ann en décembre 1832. Les Whitmer se sont réunis au Missouri
avec les saints des derniers jours, et c’est là que Mary est décédée en
1856, à soixante-dix-huit ans, toujours fidèle à l’origine divine des
plaques d’or et de la traduction qui en avait été tirée – encore un témoin
vraiment important et le témoignage d’une femme.
Voici ce que Royal
Skousen a à dire : « L’aspect le plus intéressant de cette histoire
est que le problème que représentait pour Mary Whitmer la situation dans
le ménage était plus que le simple fait d’être fatiguée par tout le
travail supplémentaire. Elle était irritée par l’indifférence de Joseph et
d’Oliver pour tout le travail qu’elle faisait, qu’ils ne l’aidaient pas au
lieu de faire ricocher des cailloux pour se détendre. Elle était donc sur
le point de les prier de s’en aller de chez elle. L’intervention de Moroni
était donc peut-être plus utile qu’on aurait pu le penser. Sans aucun
doute, beaucoup d’autres ont déployé beaucoup d’efforts pour aider Joseph
et Oliver, comme Emma Smith venait de le faire à Harmony au cours des
trois mois précédents. Mais ici, Moroni devait régler une situation plus
difficile, qui aurait pu obliger Joseph à trouver un autre endroit, un
endroit sûr, pour faire la traduction. Le Seigneur et Moroni n’avaient pas
l’habitude de montrer simplement les plaques aux gens pour les encourager
à agir en tant qu’équipe de soutien pour le travail de traduction. Mais
c’était une situation de crise, et il fallait y faire face, et c’est ainsi
que Mary Whitmer aura une vision ou se verra montrer les plaques. »
C’est une chose remarquable. Nous avons donc ici, bien qu’ils ne
fassent pas partie des témoins officiels, un certain nombre de témoins
officieux dont l’histoire doit, j’insiste, être racontée dans ce film que
nous faisons et dans les produits qui s’y rattachent que nous allons
produire, car ils sont à certains égards tout aussi importants, et ils
sont très tangibles. Vous ne pouvez pas les balayer en prétextant que ce
sont des expériences visionnaires. Déplacer des plaques pour nettoyer la
cuisine n’est pas une expérience visionnaire. Sortir pour traire les
vaches et rencontrer un vieil homme qui a un sac à dos avec des plaques
d’or dedans n’est pas une expérience visionnaire. Elle n’a pas prié
pendant des heures pour se mettre dans un état qui lui permette d’avoir
cette expérience. Elle sortait juste pour traire les vaches, ce que mon
père, qui devait faire cela pendant qu’il grandissait dans une ferme du
Dakota du Nord, m’a assuré ne pas être une expérience spirituelle du tout.
En fait, je pourrais terminer sur une note très peu solennelle. Une
préoccupation que mon père avait en tant qu’adolescent luthérien vivant
dans le Dakota du Nord était en rapport avec la traite des vaches. Sa
mère, une immigrée norvégienne, lui avait appris qu’il ne devait pas
jurer. Mais, disait-il, quand on trait les vaches et que, juste au moment
où vous avez votre seau plein de lait, la vache enfonce son sabot
incroyablement sale dans votre seau à lait ou alors elle vous frappe au
visage avec sa queue incroyablement sale, on ne peut pas faire autrement
que jurer. Et donc sa préoccupation était que ses cousins de la ville, qui
n’avaient pas à traire les vaches, allaient aller au paradis et pas lui.
Cela soulevait la question de la justice divine d’une manière très aiguë
pour lui. Cela me fait dire simplement, sur la base de ce que mon père m’a
dit sur la traite des vaches, et certains d’entre vous en ont une
expérience de première main, qu’on ne sort pas pour traire la vache dans
l’état d’esprit que cela va déboucher sur une vision divine.
Ce
sont là, je pense, des témoins extrêmement importants, parce qu’ils
viennent d’un point de vue différent de celui d’un témoin officiel. Ce
sont des témoins officieux qui ont vu des choses et vécu des choses dans
des situations très matérielles, très tangibles, très banales. Et pour
moi, cela est un argument puissant. Bien sûr, nous ne pouvons pas prouver
la véracité du Livre de Mormon, mais les témoins sont difficiles à
contourner. Ils me semblent – et il y en a probablement une vingtaine ou
plus, si vous les mettez tous ensemble, qui ont eu ces expériences avec
les plaques et l’ange et ainsi de suite – ils sont très difficiles à
contourner. Fawn Brodie [auteur du classique anti-mormon No Man Knows my
History] ne peut pas faire mieux que dire, si je me souviens bien,
justement à propos de l’expérience de Mary Whitmer : « Joseph a dû
s’émerveiller de sa capacité à induire des visions chez les autres. » Ce
n’est pas une explication. C’est simplement la balayer, et cela ne se
laisse pas balayer aussi facilement, pas plus que les autres.
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