À propos de la crédibilité des témoins du Livre de Mormon

Daniel C. Peterson

J’ai publié cet article dans le Deseret News du 25 mars 2010 : Ceux qui veulent critiquer sérieusement le Livre de Mormon doivent compter avec les témoignages des témoins des plaques d'or, et ce n’est pas rien. En grande partie grâce aux recherches minutieuses du professeur Richard Lloyd Anderson, nous en savons beaucoup sur eux et sur les six décennies qui se sont écoulées, à la fois quand ils étaient des disciples ardents de Joseph Smith et après qu'ils se sont détachés de lui et de son Église pendant de nombreuses années, décennies au cours desquelles ils ont témoigné du Livre de Mormon. Pendant très longtemps, ceux qui cherchaient à discréditer leur témoignage les ont accusés d'aliénation mentale ou de conspiration pour commettre une imposture. Or, à la lumière des travaux d’Anderson, aucune des accusations ne peut être retenue.

Récemment, la méthode privilégiée pour se débarrasser des témoins a été de laisser entendre – sans aucune justification – qu'ils n’ont jamais prétendu avoir littéralement vu ou touché quoi que ce soit, ou d’insinuer que c’étaient des fanatiques primaires et superstitieux qui, contrairement à nous, les modernes à qui on ne la fait pas, avaient peine à distinguer la réalité de l’imaginaire. Honnêtes mais égarés.

Il semble cependant invraisemblable que les témoins, des agriculteurs du début du XIXe siècle qui passaient leur vie à sortir du lit au lever du soleil, à arracher des souches, à dépierrer, à labourer des champs, à semer, à entretenir soigneusement leurs cultures, à élever du bétail, à traire des vaches, à creuser des puits, à construire des cabanes, à dresser des granges, à récolter de la nourriture, à se livrer à du troc (dans « un monde uniquement éclairé par le feu », que ces témoins aient été éloignés de la réalité quotidienne.

C’est particulièrement difficile à croire lorsque l’accusation est portée par des personnes dont la vie, comme la mienne, consiste dans une grande mesure à fixer des écrans numériques dans des maisons et des bureaux artificiellement climatisés et artificiellement éclairés, vêtues de fibres synthétiques, faisant la navette de l’une à l’autre dans des véhicules mécaniques climatisés, tout en écoutant la radio, en bavardant avec leur téléphone portable et en tripotant leur iPod (dont le fonctionnement interne leur est en grande partie mystérieux), qui achètent leur nourriture préemballée (sans se soucier du temps ou de la saison) au moyen de cartes en plastique et de transferts financiers électroniques à des supermarchés éclairés de manière artificielle et climatisés, empêtrés dans des réseaux de distribution internationaux dont ils ne connaissent pratiquement rien, dont le rythme de la vie quotidienne n’est en grande partie pas affecté par le lever ni le coucher du soleil. On se dirait bien que la génération actuelle semble bien mal placée pour accuser la génération des témoins d'être déconnectée de la réalité.

Je suppose qu’un sceptique pourrait trouver dans la notion d’ « hallucination » un moyen bien pratique de neutraliser le témoignage des Trois Témoins, avec sa voix divine, son angélophanie et sa tournure clairement visionnaire. Mais l'expérience des Huit Témoins est très différente et tout à fait terre-à-terre. On ne voit pas ce qu’il pourrait y avoir d’hallucinatoire là-dedans.

D’autre part, s’il n’y avait pas le caractère spectaculairement surnaturel de l’expérience des Trois Témoins, un sceptique à court d’arguments pourrait peut-être balayer toute l’affaire en n’y voyant tout simplement que le produit d’une duperie grossière. Peut-être que Joseph Smith ou un autre forgeron musclé du fond des bois (Oliver Cowdery, peut-être?) aurait pu forger des accessoires de scène dorés avec lesquels tromper les péquenauds. Après tout, les deux minuscules jeux de plaques de métal gravées que James Jesse Strang, candidat à la succession de Joseph Smith, « retrouva » dans le Wisconsin et le Michigan entre 1845 et 1849 et « traduisit » ultérieurement existaient certainement et étaient presque certainement des faux. (Un des témoins de Strang déclarera plus tard avoir aidé à les fabriquer.) Mais Strang n’a convoqué aucun ange pour une audience publique et aucune voix de Dieu n’a avalisé son « Livre de la loi du Seigneur ».

Même les saints des derniers jours peuvent ne pas se rendre compte de la force des déclarations des témoins. Heureusement, cependant, Anderson, formé à la fois au raisonnement juridique à la faculté de droit de Harvard et à la méthode historique grâce à un doctorat à Berkeley, a consacré toute sa vie à démontrer la solidité des preuves qu’ils fournissent. Dans son ouvrage classique intitulé « Investigating the Book of Mormon Witnesses », décrit par l'un de mes collègues de BYU, non sans raison, comme étant « à côté des Écritures elles-mêmes, le livre le plus convaincant [qu'il ait jamais lu] » et dans des études ultérieures (dont deux sont accessibles sur le site Web du Neal A. Maxwell Institute for Religious Scholarship de l’Université Brigham Young), il a présenté un argumentaire profondément impressionnant. Je recommande vivement son travail à ceux qui ne le connaissent pas.