Les opposants ont cherché à écarter, sans autre forme de procès, le Livre d’Abraham et ce, de trois façons : tout d’abord en ayant recours à l’avis d’un jury d’égyptologues sur les fac-similés et leurs explications, mais en leur présentant le sujet de manière telle qu’ils ne pouvaient que répondre sans se donner la peine d’y regarder de plus près ; ensuite, lorsque quelques fragments de papyrus ont été retrouvés au Metropolitan Museum of Art de New York, en agissant comme si Joseph Smith n’avait jamais rien eu d’autre que lesdits fragments en sa possession et que ceux-ci étaient donc forcément le texte d’origine du Livre d’Abraham, alors qu’ils ont trait au Livre des Morts égyptien ; enfin en considérant que les Papiers égyptiens de Kirtland, une tentative vite avortée des frères de Kirtland de déchiffrer l’égyptien, recelaient le « modus operandi », la manière dont Joseph Smith s’y était pris pour écrire le Livre d’Abraham. C’est contre ces procédés expéditifs que s’élève Hugh Nibley au début de ce chapitre de son livre Abraham in Egypt, faisant remarquer que l’on s’est bien gardé d’explorer l’essentiel : le texte du Livre d’Abraham lui-même et l’importante littérature abrahamique extra-biblique découverte longtemps après la mort de Joseph Smith, avec laquelle le Livre d’Abraham a de nombreux points communs.

 

Le Livre d'Abraham et le Livre des Morts

Hugh Nibley, Abraham in Egypt

The Collected Works of Hugh Nibley, vol. 14, extraits du chap. 1

© Deseret Book Company et Hugh Nibley

 

Quel est le problème au juste ?

 

« Moi, Abraham… » Ces mots, dans le verset d'ouverture du Livre d'Abraham de Joseph Smith, retentissent comme une sonnerie de trompette invitant tous les arrivants à entrer en lice. Ils énoncent l'argument et dressent la cible. Est-ce là une autobiographie authentique d'Abraham, le patriarche, ou pas ? N'éludons pas la question en écartant la proposition comme trop absurde pour être prise au sérieux ; si elle est aussi impossible qu'elle le paraît aux savants modernes, qu’ils prennent au moins quelques minutes de leur temps pour détromper l'esprit public et l'expliquer au monde. Jusqu'ici, pas un seul détracteur n’a touché ne serait-ce que du bout des doigts le Livre d'Abraham. Au lieu de cela, ils tous ont cherché à le discréditer par de fausses pistes en s’attardant exclusivement sur la méthode et sur la personne par laquelle ils supposent qu’il a été créé.

 

Il n’est que trop facile de discréditer Joseph Smith, ou n'importe qui d’autre, aux yeux d'un public non informé ; il suffit de s’en tenir à quelques routines qui ont fait leurs preuves dans l'art des relations publiques. Mais franchement, cela ne mène nulle part. Et le Livre d'Abraham ? Joseph Smith nous y  donne un récit franc et détaillé dont la hardiesse, l'ingéniosité et l'originalité devraient susciter l'intérêt et exiger le respect de quiconque a jamais essayé d'écrire quelque chose. Même en tant qu'œuvre de fiction, il ne permet pas au lecteur d’y voir l’œuvre de quelque pauvre imbécile n’ayant pas la moindre idée de ce qu'il faisait, ne connaissant absolument rien à ses sources, essayant de dégager une histoire d'une poignée de griffonnages égyptiens parfaitement sans signification. Nous invitons les détracteurs à tirer parti du grand avantage que leur donnent leur instruction supérieure et les vastes sources qu’ils ont à leur disposition pour créer quelque chose qui puisse s’y comparer. Nous leur permettrons même d’utiliser pleinement ce qu'ils appellent le modus operandi de Joseph Smith, qu'ils ont si brillamment exposé comme explication de la façon dont il s’y est vraiment pris. Et pour les aider encore davantage, nous proposons, pour le même prix, un indice de plus, une déclaration du grand [égyptologue, ndlr] E. A. Wallis Budge, qui est d’autant plus révélatrice qu’elle est franchement hostile au prophète : « … Le texte [l’explication du Livre d'Abraham donnée par Joseph Smith] est aussi idiot que les images et est clairement basé sur la Bible et certaines des histoires apocryphes de l'Ancien Testament [1]. » Justement, à propos de ces sources apocryphes, comment se fait-il que tous ses autres détracteurs n’en parlent pas et insistent plutôt sur le fait que toute l’affaire est « de la pure invention », « tout simplement le fruit de l'imagination de Joseph Smith » ? Comme nous l’avons écrit il y a une dizaine d’années, qu’est-ce que Joseph Smith aurait pu savoir des histoires apocryphes de l'Ancien Testament ? Budge était probablement la plus grande autorité de son époque en matière d’apocryphes, mais c'était parce qu'il passait l’essentiel de son temps au British Museum au milieu de manuscrits originaux auxquels personne d'autre n’avait accès. Il y a effectivement eu un certain nombre d'apocryphes importants qui ont été publiés du temps de Budge—mais dans les années 1830 ? Qui a accès, même aujourd'hui, aux documents apocryphes sur Abraham ? [2]. Si Budge insiste sur le fait que l'histoire d'Abraham dans la Perle de Grand Prix est clairement basée sur des sources apocryphes de l'Ancien Testament, cette histoire mérite d'être traitée avec une certaine attention. Quoi ? Joseph Smith, cet ignare, utilisant des sources dont aucun des experts à l’exception de Budge, l'orientaliste le plus prodigieusement érudit et productif de son temps, ne savait rien ? Quelle accusation flatteuse !

 

Comment le livre est-il censé avoir été créé ? Par révélation directe, une méthode invérifiable et impondérable, qui rend toute recherche dans ce sens stérile et vide de sens. Mais cela ne veut absolument pas dire que le Livre d'Abraham échappe à toute critique, tant s’en faut ! Il peut être testé exactement comme on teste un diamant—non en cherchant à savoir d'où il vient, qui l'a trouvé, à qui il appartient, combien on l’a payé, où et quand, qui dit qu’il est authentique et qui prétend le contraire, etc., mais en lui faisant tout simplement subir les tests officiellement reconnus que les bijoutiers appliquent aux diamants. Ou supposez, par exemple, qu'un journaliste propose le « récit d’un témoin oculaire » du naufrage du Titanic et qu’il s’avère plus tard que ce témoin ne s’est jamais trouvé sur le Titanic. Cela veut-il dire que l’histoire est fausse ? Ce que cela veut dire, c’est que la prétention de l’homme à avoir été sur le bateau est fausse, mais ce n'est pas cela la question. Son récit peut être de la plus haute précision sur la base de recherches soigneuses et des reportages scrupuleux d'autres personnes ; il a même pu être rédigé par quelqu'un d'autre. On peut encore moins conclure de cette tromperie qu'il n'y a jamais eu de Titanic et que toute cette histoire de naufrage était un canular de journal. Toute l’affaire repose sur les preuves provenant d'autres sources, tout comme il doit en être du Livre d'Abraham.

 

En bref, c'est le Livre d’Abraham qui est sur la sellette, pas Joseph Smith comme égyptologue, ni les prétentions contradictoires de gens qui se battent pour qu’on les reconnaisse, ni la provenance et la nature des papyrus égyptiens, ni la compétence de telle ou telle personne pour les lire. L’accusation retentissante dans les manchettes était que « le Livre d’Abraham est une falsification pure » [3]. Joseph Smith n'est plus là ; sa réputation doit reposer sur la bonne foi du livre, et non le contraire. Il le souligne lui-même : il n’était qu’un instrument de la parution du document, pas son créateur. Nous avons obstinément contourné les vraies preuves, comme dans « La Lettre volée », pour éplucher toutes sortes de détails sans importance : Comment le Prophète a-t-il obtenu les papyrus au juste ? Qu’est-ce que cela peut bien changer une fois que nous les avons entre les mains et que nous savons qu’ils sont authentiques ? Les papiers de Kirtland contiennent des indices sur ce qui se passait à Kirtland, mais ils ne nous disent absolument rien au sujet d'Abraham. [Ndlr : « La Lettre volée » est une nouvelle du romancier américain Edgar Allan Poe. Les enquêteurs y recherchent une lettre suivant les méthodes les plus éprouvées de la police, mais s’avèrent incapables de la trouver, parce que le voleur l’a cachée là où il était sûr qu’ils ne regarderaient pas : bien en vue sous leur nez.]

 

L'autobiographie d'Abraham

 

Le chapeau original du Livre d’Abraham, tel que publié dans le Times and Seasons du 5 mars 1842, était « Traduction de textes anciens qui, des catacombes d'Égypte, sont tombés entre nos mains, se présentant comme étant les écrits d'Abraham du temps où il était en Égypte, appelés Livre d'Abraham, écrits de sa propre main, sur papyrus [4]. » Neuf ans plus tard, quand le texte fut imprimé en Angleterre dans le Millennial Star, en 1851, l’éditeur apporta, au chapeau, des changements qui ont donné lieu depuis lors à de graves malentendus [5]. On peut, en effet, se demander si le Livre d’Abraham n’a pas subi plus de dommages de la part de ses amis que de ses ennemis, parce que, comme tout ce qui est égyptien, il a exercé un attrait irrésistible sur tout le monde et tous ont voulu y mettre leur grain de sel.

 

Le chapeau de 1851 est toujours là : Traduction de textes anciens qui, des catacombes d'Égypte, sont tombés entre nos mains. Écrits d'Abraham du temps où il était en Égypte, appelés Livre d'Abraham, écrits de sa propre main, sur papyrus. Mais notez les omissions et les insertions importantes. Les mots « … se présentant comme étant » sont omis et remplacés par un point impérieux qui ne permet aucune fantaisie : ce sont bien les écrits d'Abraham. Joseph Smith, de son côté, nous informe que les documents anciens se présentent comme étant les écrits d'Abraham et nous dit ensuite ce qu'ils contiennent. Il avait déjà démontré de manière approfondie son pouvoir de traduire des documents anciens, qu’il possédât ou non le texte original (voir D&A 7). Telle qu’elle est, la déclaration « écrits de sa propre main, sur papyrus » nous apparaît comme une déclaration sans équivoque de l’éditeur, alors qu’elle vient en réalité du titre égyptien original : «  appelés Livre d'Abraham, écrits de sa propre main, sur papyrus » qui était le propre chapeau donné par Abraham. Ceci est important étant donné tous les malentendus qui sont nés de la supposition que les papyrus de Joseph Smith étaient le texte original du Livre d’Abraham, sa propre œuvre. J’ai expliqué, il y a quelques années, le sens dans lequel la formule doit être comprise :

 

« Nous devons tenir compte de deux aspects importants et particuliers de la paternité littéraire dans le monde antique quand on nous dit qu’un écrit est de la main d'Abraham ou de n’importe qui d’autre. L’un d’eux est que, dans la pensée égyptienne et hébraïque, toute copie d’un livre écrit à l'origine par Abraham serait, pour toujours et à jamais, considéré et désigné comme l’œuvre même de sa main, peu importe le nombre de reproductions faites et transmises au cours des années. L'autre est que quelle que soit la personne qui ait écrit à l'origine, si c’était Abraham qui avait commandité ou ordonné le travail, c’était à lui que serait attribuée la rédaction proprement dite du document, qu'il ait tenu la plume ou non.

 

« À propos du premier point, quand un livre saint (habituellement un rouleau en cuir) devenait vieux et usé par la manipulation, il n'était pas détruit mais renouvelé. Les écrits importants étaient immortels. Pour les Égyptiens, ils étaient « les paroles divines », pour les Juifs, les lettres mêmes étaient saintes et indestructibles, étant la parole de Dieu. Par conséquent, l’usure d'une copie donnée de l'Écriture ne mettait donc en aucune façon fin à la vie du livre : il ne pouvait pas périr. En Égypte, il était simplement renouvelé (ma.w, sma.w) « plus beau qu'avant » et poursuivait ainsi sa vie jusqu’au prochain renouvellement. C’est ainsi qu’on nous dit au début de ce que certains ont prétendu être l'écrit le plus ancien au monde [la pierre de Shabaka] : « Sa Majesté a de nouveau écrit ce livre … Sa Majesté l'a découvert comme une œuvre des Ancêtres, mais mangé par les vers… Sa Majesté l'a donc écrit depuis le commencement de sorte qu'il est plus beau qu’avant [6]. » Il ne s’agit pas ici de remplacer un vieux livre par un livre neuf, c’est le livre original lui-même qui poursuit son existence dans un état de rajeunissement. Aucun peuple n’était plus hypnotisé par l'idée du renouvellement des vies que les Égyptiens—non pas une succession de vies ou une lignée de descendants, mais la renaissance et le rajeunissement littéraux d'une même vie.

 

Même le copiste qui met son nom dans un colophon le fait moins à titre de publicité pour lui-même que pour garantir la transmission fidèle du livre original ; le fait qu’il soit « digne de confiance (iqr) des doigts », c.-à-d., un copiste fiable, est l'assurance pour le lecteur qu'il a le texte original sous les yeux. Un document égyptien, fait remarquer J. Spiegel, est comme l’empreinte d’une gravure à l'eau-forte, qui est non seulement une œuvre d'art en soi, mais « peut tout aussi bien prétendre à être l'original… que les différentes copies s'avèrent être bonnes ou mauvaises. » Parce qu'il pense en termes de types, dit encore Spiegel, pour l'Égyptien « il n’y a aucune différence essentielle entre un original et une copie. Car, comme il le comprend, toutes les images ne sont que la reproduction d'un original idéal [7]. »

 

Ce concept était également courant en Israël. Un passage intéressant du livre des Jubilés [un texte inconnu avant 1850] raconte que, tandis qu’il vivait en Égypte, Joseph « se souvint du Seigneur et des paroles que Jacob, son père, lisait d’entre les paroles d'Abraham [8]. » Voici une déclaration claire que « les paroles d'Abraham » étaient transmises sous forme écrite de génération en génération et faisaient l’objet d’une étude sérieuse dans le cercle de famille. La même source nous informe que quand Joseph mourut et fut enterré en Canaan, « il donna tous ses livres et les livres de ses pères à Lévi, son fils, afin de les préserver et de les renouveler pour ses enfants jusqu'à ce jour [9]. » Ici « les livres des pères » notamment « les paroles d'Abraham » ont été préservés pour les générations postérieures par un processus de renouvellement. [Les propres livres de Joseph étaient, naturellement, des livres égyptiens.]

 

Il n’y a ici aucune notion de fabrication d'un nouveau livre par une nouvelle main. C'était une règle stricte en Israël que personne, pas même le rabbi le plus instruit, ne devait jamais écrire de mémoire ne serait-ce qu’une seule lettre de la Bible : le texte devait toujours être copié lettre par lettre d'un autre texte qui avait été copié de la même manière, éliminant de ce fait le risque que quelqu’un ajoute, supprime ou change ne serait-ce qu’un seul signe dans le texte. Ce n'était pas une réécriture mais un processus aussi mécanique que la photographie, une reproduction visuelle exacte, de sorte que quel que fût le nombre de fois que le livre fût passé de main en main, c’était toujours l'unique texte original qu’on avait sous les yeux…

 

Mais « écrit de sa propre main » ? Ceci nous amène à l'autre concept intéressant. Rappelons que ce texte, qui est censé être le plus vieux des écrits égyptiens, ce qu’on appelle la pierre de Shabaka, commence par annoncer que « Sa Majesté a de nouveau écrit ce livre… » Ceci, nous explique obligeamment le professeur Sethe, est « l’usage égyptien normal pour exprimer l'idée que le roi a commandé que l’on fasse une copie [10] ».  Pourtant il est bien écrit que c’est le roi lui-même qui l’a écrit. Ainsi quand le fils du roi Snefrou dit de sa propre inscription à Medum : « C’est lui qui a fait ses dieux dans un écrit [tel qu’il] ne peut pas être effacé », l’affirmation est si formelle que même un spécialiste tel que W. S. Smith le comprend comme voulant dire que c’est le prince lui-même qui a rédigé le texte proprement dit. Et qu’est-ce qui pourrait être plus naturel de la part d’un scribe professionnel que de porter une inscription : « C'est son mari, le Scribe du Rouleau royal, Nebwy, qui a fait cette inscription » ? Ou quand un noble annonce qu'il a fait le tombeau de son père, pourquoi ne devrions-nous pas le prendre au mot ? Cela dépend de la façon dont le mot doit être compris. Dans tous ces cas, le professeur Wilson soutient que la personne qui prétend avoir effectué le travail le fait « dans le sens qu'il l’a commandité et l’a payé [11]. » Le noble qui fait faire un écrit ou une inscription gravée se voit toujours attribuer le mérite de son exécution proprement dite ; ces prétentions à un travail zélé « ont superbement ignoré l’artisan, écrit Wilson. C'était le noble qui ‘faisait’ ou ‘décorait’ son tombeau », bien qu'un noble de l’Ancien Empire se laisse aller suffisamment pour nous montrer comment il fallait comprendre ces prétentions : « J'ai fait ceci pour mon vieux père… je l'ai fait faire par le sculpteur Itju [12]. » Le Dr Wilson cite un certain nombre de cas dans lesquels des hommes prétendent avoir « fait » le tombeau de leur père, l'un d'entre eux allant jusqu’à préciser qu’il l’avait fait « tandis que son bras était encore fort » — de sa propre main ! [13]

 

Le mérite d’avoir procédé à la rédaction même de l'inscription de la célèbre stèle de Metternich est revendiqué par « la prophétesse de Nebwen, Nest-Amun, fille du prophète de Nebwen et Scribe de l'Inondation, ‘Ankh-Psametik’ », qui dit qu'elle a « renouvelé (sma.w) ce livre [nous y revoilà !] après qu'elle l'a trouvé enlevé de la maison d'Osiris-Mnevis, de sorte que son nom soit conservé… [14] ». L’inscription passe alors au genre masculin, comme si le scribe était en réalité un homme, ce qui a donné lieu à des désaccords considérables entre les experts quant au point de savoir à qui il faut au juste attribuer le mérite. Ce qui est certain, c'est que la dame se vante d’avoir donné à un livre antique un nouveau bail sur la vie, même si sa main n’a jamais touché une plume [15].

 

Nest-Amun espérait préserver son nom en l'attachant à un livre, et dans une étude très récente, M. A. Korostovstev note que « pour un Égyptien, attacher son nom à une œuvre écrite était un moyen infaillible de le transmettre à travers les siècles [16]. » C’est peut-être pour cela qu’Abraham a choisi ce support égyptien particulier pour la transmission de ses annales – ou du moins pour cela qu’elles ne nous sont parvenues que sous cette forme. En effet, Theodor Böhl a observé récemment que l'unique chance que la littérature patriarcale originale aurait jamais eue de survivre était de la faire mettre par écrit sur des papyrus égyptiens [17]. Les scribes aimaient, eux aussi, que leur nom soit préservé, et la pratique d'ajouter les noms des copistes dans les colophons, fait remarquer Korostovstev, pouvait facilement mener plus tard à attribuer erronément la paternité d’une œuvre. Mais celui à qui est attribuée la paternité d’un livre en reste l’auteur unique, seul responsable de son existence sous quelque forme que ce soit [18].

 

Il y a des traces anciennes de cette idée en Israël dans les lettres de Lakis de l’époque de Jérémie dans lesquelles l'expression « j'ai écrit », employée par un haut fonctionnaire, « ne doit certainement », selon Harry Torczyner [19], « pas être comprise comme signifiant ‘écrit de ma propre main’, mais peut très bien vouloir dire : ‘j’ai fait écrire (mon secrétaire)’, comme dans beaucoup d’exemples semblables dans la Bible et dans toute la littérature antique », même si le grand homme dit que c’est lui qui l'a écrit.

 

Ainsi, quand nous lisons le « Livre d’Abraham, écrit de sa propre main, sur papyrus », nous devons comprendre que ce livre, peu importe le nombre de fois qu’il a été « renouvelé », est toujours l'écrit d'Abraham et de personne d'autre ; car il l’a commandité ou, « selon l'expression égyptienne admise », l’a écrit lui-même de sa propre main. Et quand Abraham nous dit : « Pour que vous vous fassiez une idée de ces dieux, je vous en ai donné la représentation dans les figures qui sont au début », nous n'avons pas besoin de nous imaginer que c’est le patriarche lui-même qui a dessiné personnellement les croquis mêmes que nous avons sous les yeux. Il était dans les habitudes des scribes égyptiens de reformuler les vieux passages obscurs qu'ils copiaient pour les rendre plus clairs et quand c’était fait, le scribe ajoutait son nom à la page [20], ce qui montre le soin avec lequel les Égyptiens n’attribuaient la paternité qu’aux ouvrages originaux : tout ce que le premier auteur avait écrit demeurait pour toujours « de sa propre main ».

 

L'indice fatidique

 

Il y a un argument qui, pendant des années, a suffi, à lui tout seul, à discréditer le Livre d’Abraham aux yeux du monde. Point n’est besoin d’être égyptologue (comme maint égyptologue nous l’a rappelé) pour reconnaître que deux au moins des fac-similés qui illustrent le Livre d’Abraham sont des motifs familiers du Livre des Morts. Et cela a suffi pour dégager tous les détracteurs de l’obligation de faire une étude plus approfondie des prétentions d'Abraham ; si ces images sont tout simplement des dessins bien connus de la littérature funéraire égyptienne, nous dit-on, elles ne peuvent absolument pas, même en faisant un gros effort d’imagination, appartenir à Abraham, et encore moins avoir été exécutées pour illustrer les détails de sa carrière. De Théodule Devéria dans les années 1850 jusqu’aux détracteurs des années 1950, 1960, 1970 et 1980, c’est cela qui a été l'argument définitif contre l'authenticité du Livre d’Abraham, l'obstacle par excellence, sans cesse remis sur le tapis, qui éclipse tous les autres. Par conséquent, la première chose que nous devons faire, c’est montrer qu’il a été purement et simplement écarté par les découvertes modernes.

 

Comment s’y prend-on pour tester la bonne foi d'un document tel que le Livre d’Abraham ? Depuis les grands érudits de la Renaissance, aucun procédé n'a été mieux établi ni plus complètement accepté que le leur : Quand un texte quelconque est proposé comme l’œuvre authentique d'un auteur antique d'une époque et d'un endroit donnés, il suffit de comparer l'écrit en question à des documents connus pour être authentiques provenant de cette même époque et de ce même endroit et de soupeser les points de conflit ou d’accord entre eux. Toutefois, dans le cas du Livre d’Abraham, nous nous trouvons dans une position défavorable, parce qu'il n'y a aucun accord parmi des savants d’aujourd'hui quant à l’époque à laquelle Abraham a vécu : les estimations s’étalent aujourd’hui du sixième siècle av. J.-C. de John Van Seters à 2500 av. J.-C. de certains spécialistes d’Ebla. La situation est cependant loin d’être désespérée, car pour compenser l'absence de données fiables pour nous fournir des textes contemporains d'Abraham, nous possédons un certain nombre de vieux écrits très précieux qui portent le nom d'Abraham, des écrits qui font justement en ce moment et pour la première fois l’objet d’un examen sérieux de la part des spécialistes, lesquels sont occupés à les comparer activement dans tous les sens pour déterminer leurs vraies sources. La première chose que leurs efforts concertés ont établie, c’est un fait qui revêt un intérêt singulier, à savoir que lesdits textes d'Abraham sont étroitement liés au livre égyptien des morts. Voilà qui ne manque pas d’exiger qu’on  y regarde de plus près.

 

L'émergence du Livre d’Abraham :

L’Apocalypse d’Abraham

 

La situation actuelle du Livre d’Abraham ressemble beaucoup à celle du livre d’Énoch il y a 150 ans. Depuis les temps anciens, des indices dispersés, et même des fragments de bonne taille d'un livre d’Énoch, que l’on supposait perdu, ne cessaient d’apparaître, ce qui donna lieu à beaucoup de suppositions et de controverses sur le point de savoir s’il y avait jamais vraiment eu un livre d’Énoch [21]. Ce n’est que quand un texte majeur, le livre éthiopien d’Énoch, connu sous le nom de 1 Énoch, fut découvert au début du dix-neuvième siècle que les savants commencèrent à y regarder de plus près et à rassembler des éléments qui firent paraître une version après l'autre—vieux slave, grecque, hébraïque, araméenne, etc., de ce même livre perdu d’Énoch qui avait été si longtemps considéré comme une invention de l’imagination gnostique. Il s’avérait, après tout cela, que le livre d’Énoch était réel. Ainsi en va-t-il maintenant du Livre d’Abraham.

 

En saluant « la redécouverte de l'Apocalyptique » dans les années 1960, Klaus Koch a mis en tête de la liste d'écrits pseudépigraphiques (appelés « pseudo » seulement parce qu'ils ne se trouvent pas dans le canon biblique) comme prééminente tant par l'âge que par l'importance, l'Apocalypse d'Abraham telle que conservée dans les vieux textes slaves [22]. Puisque la première phrase du document déclare que « je [Abraham] cherchais qui est véritablement le Dieu Puissant … » alors que la première phrase du Livre d’Abraham nous informe que « Abraham… désirant… être possesseur d’une plus grande connaissance… » cherchait Dieu avec ferveur (cf. Abraham 2:12) [23], une curiosité toute naturelle nous incite immédiatement à comparer les deux prétendues autobiographies du patriarche, apparemment écrites à des époques et dans des endroits tellement éloignés les uns des autres, pour voir quelles autres ressemblances elles pourraient avoir en commun.

 

En 1898, juste un an après la publication de l’Apocalypse d’Abraham par Bonwetsch, deux saints des derniers jours firent la première traduction anglaise de l'écrit, qui parut dans le premier volume de l'Improvement Era [24].

 

L'Apocalypse d'Abraham appartient à un ensemble littéraire abrahamique qui fleurit vers le temps du Christ. « Le livre est essentiellement juif, écrit George H. Box, avec des éléments… qui suggèrent une origine essénienne ». Selon lui, il serait passé des Esséniens « aux cercles ébionites… et de là, sous une forme ou une autre, s’insinua dans les cercles gnostiques » bien que « les éléments gnostiques dans notre Livre ne soient pas très prononcés [25] ». Le judaïsme et le christianisme conventionnels d'une époque postérieure le virent d’un mauvais œil, comme ce fut également le cas du livre d’Énoch ; c’est pour cela que « sous ses formes grecque et sémitique [l’Apocalypse d’Abraham] a en fait disparu, ne survivant que sous sa forme en vieux slave [26]. » Et bien que la version slave ne remonte pas plus haut que le onzième ou le douzième siècle, de nombreux contrôles certifient sa fidélité remarquable aux vieux récits disparus [27] qui « ne sauraient être beaucoup plus tardifs que les premières décennies du deuxième siècle [28] » et sont peut-être plus anciens. Le texte, d'abord publié en 1863 en Russie, fut rendu public en Occident dans une édition de Bonwetsch en 1897 ; il en fit une traduction en allemand en 1898 et, la même année, la première version anglaise, qui fut pendant de longues années la seule, parut dans le premier volume de l'Improvement Era ! Il est significatif que ce soient les saints des derniers jours qui ont rendu pour la première fois l'Apocalypse d'Abraham accessible au monde en anglais, car ce sont eux qui ont été les premiers à reconnaître le livre d’Énoch, dans la critique de 1840 de Parley P. Pratt, comme étant non pas un apocryphe sans valeur, mais une œuvre d'importance capitale [29]. Mais si Énoch n’avait suggéré que le Livre de Mormon aux frères, l'Apocalypse d'Abraham les fit d’emblée penser à leur propre Livre d’Abraham. Les frères E. H. Anderson et R. T. Haag, qui firent une excellente traduction de la version allemande de Bonwetsch, une traduction remarquablement proche, en fait, de la version anglaise « officielle » de Box de 1919, détectèrent dans le texte « tant dans les événements que dans les points de doctrine, beaucoup de choses qui étaient parallèles à ce qui se trouve dans le Livre d’Abraham, donné au monde par Joseph Smith [30]. » Ils eurent cependant la sagesse de se contenter d’imprimer le texte sans autres commentaires que trois ou quatre passages en italiques, laissant à leurs lecteurs saints des derniers jours le soin de tirer leurs propres conclusions.

 

Parcourons rapidement le texte de l'Apocalypse d'Abraham paru dans l'Improvement Era pour voir ce que les traducteurs veulent dire par « parallèles » avec le Livre d'Abraham de Joseph Smith, en mettant les deux côte à côte sans changer la moindre syllabe à l'un ou à l'autre [31]. Nous prendrons la liberté de souligner les parallèles importants par des italiques occasionnels, et nous  citerons de temps en temps la traduction de Box.

 

Comparaison entre L’Apocalypse d’Abraham et le Livre d’Abraham

 

Apocalypse d’Abraham IV. « Ecoute, mon père Térach… comment [tes idoles] vont-elles t’aider ou me bénir ? » Et quand il entendit mes paroles, il fut très irrité contre moi parce que j’avais dit des paroles dures contre ses dieux.

 

Abraham 1:5. Mes pères, qui s'étaient détournés… pour adorer les dieux des païens, refusèrent absolument d'écouter ma voix. Abr 1:7. Ils tournèrent leur cœur vers les sacrifices… à leurs idoles muettes, et ils n'écoutèrent pas ma voix.

 

Ap. Abr. VII. Père Térach, laisse-moi te faire connaître le Dieu qui a créé tous ceux-ci…. Et m’a maintenant trouvé dans les perplexités de mes pensées. Oh, si ce Dieu pouvait se révéler à nous par lui-même !

 

Abr 2:7. Car je suis le Seigneur, ton Dieu; je demeure au ciel; la terre est mon marchepied. Abr 2:12. Ton serviteur t'a cherché avec ferveur; maintenant je t'ai trouvé.

 

Ap. Abr. VIII. Tandis que je parlais ainsi à mon père Térach, dans la cour de ma maison, la voix d’un Puissant du Ciel sortit d’une nuée ardente, disant et appelant : « … sors de sa maison. » … Et… comme je sortais… il fut brûlé et sa maison, et tout ce qui s’y trouvait, jusque sur le sol sur quarante ells.

 

Abr 2:6-7. Mais moi, Abraham, et Lot… nous priâmes le Seigneur, et le Seigneur m'apparut et me dit: Lève-toi, et prends Lot avec toi… sortir de Charan… je demeure au cieldu vent et du feu je fais mon char. [On notera les motifs communs : Il est occupé à parler à un membre de la famille quand le Seigneur lui ordonne de partir et la maison de Lot est brûlée. Notez comme L’Apocalypse d’Abraham a converti la figure du vent et du feu comme char de Dieu en « la voix d’un Puissant du Ciel… sortant d’une nuée ardente. » De plus, les diverses légendes sinistres concernant l’incendie de la maison de Térach, de Nachor, de tout le peuple, etc, trahissent la pratique courante de rendre littérales les métaphores antiques.]

 

Ap. Abr. VIII (Box). La voix… sortant… d’une nuée de feu, disant… « Abraham, Abraham… Tu cherches dans la compréhension de ton cœur le Dieu des Dieux et le Créateur ; c’est moi. »

 

Abr 1:1-2. Abraham… désirant aussi… posséder une plus grande connaissance… et désirant recevoir des instructions et garder les commandements de Dieu. Abr 2:12. Ton serviteur t'a cherché avec ferveur; maintenant je t'ai trouvé. [C’est le thème avec lequel les deux histoires d’Abraham commencent.]

 

Ap. Abr. IX. « Abraham, Abraham ! » Je répondis : « Me voici. » Et il dit : « Voici, c’est moi, ne crains pas, car je suis avant que le monde fût, un Dieu fort qui a créé même avant la lumière du monde. [Box : « Je suis avant les mondes, et un Dieu puissant qui a créé la lumière, du monde. »] Je suis ton bouclier et ton aide. Va-t’en… Fais-moi un sacrifice pur. Et dans cette offrande je te montrerai les Éternités et je te  révélerai ce qui est secret ; et tu verras de grandes choses que tu n’avais encore jamais vues ; car tu as aimé me chercher et je t’ai appelé mon ami… Je te montrerai les Éternités qui ont été faites par ma parole et établies fermement, créées et renouvelées. »

 

Abr 3:11. C'est ainsi que moi, Abraham, je parlai avec le Seigneur, face à face… et il me parla des œuvres que ses mains avaient faites. Abr 3:21. Je demeure au milieu d'eux tous; c'est pourquoi je suis descendu maintenant vers toi pour t'annoncer les œuvres que mes mains ont faites, en quoi ma sagesse les surpasse tous, car je règne dans les cieux en haut, et sur la terre en bas… tes yeux ont vues depuis le commencement.

 

Ap. Abr. IX (Box). Alors une voix me parvint, disant deux fois : « Abraham, Abraham ! »… « Voici, c’est moi, ne crains pas car je suis avant les mondes… Je suis un bouclier au-dessus de toi et  je suis ton aide. »

 

Abr 1:16. Et sa voix me dit: Abraham, Abraham, voici, mon nom est Jéhovah, je t'ai entendu, et je suis descendu pour te délivrer.

 

Ap. Abr. X (Box). J’entendis la voix du Saint parler : « Va, Jaoel [Box, note 5 :… Le nom Yahoel (Jaoel) remplace de toute évidence le nom ineffable de Yahweh] et à l’aide de mon Nom ineffable relève cet homme là-bas et fortifie-le (pour qu’il récupère) de son tremblement. » Et l’ange vint, qu’il m’avait envoyé, sous l’apparence d’un homme, et me saisit par la main droite et me mit sur mes pieds… « Je suis appelé Jaoel par Celui qui se meut avec ce qui existe avec moi sur la septième étendue sur le firmament… Lève-toi, Abraham ! Va sans crainte… [Je suis celui qui a été chargé de délier les liens de l’Hadès, de détruire celui qui contemple les morts]. »

 

Abr 1:15-16. et l'ange qui est devant sa face se tint auprès de moi et défit immédiatement mes liens. Et sa voix me dit… voici, mon nom est Jéhovah. Abr 1:18. Voici, je te conduirai par la main. [Dans le Livre d’Abraham, ceci est le thème de la délivrance d’Abraham de l’autel. Les expressions « délier les liens de l’Hadès » et « celui qui contemple les morts » signifient la nature de la délivrance et sont l’un et l’autre typiquement égyptiens, Box trouvant le second très bizarre. Le fac-similé n°1 est une très bonne illustration de l’histoire.]

 

Ap. Abr. X. « Lève-toi, Abraham, avec courage, va avec joie et contentement. Je suis avec toi, car l’Éternel a préparé pour toi un honneur sans fin… car voici, je suis mis à part avec toi et avec les générations qui ont été préparées auparavant, hors de toi ; et avec moi [Jéhovah], Michel te bénit à jamais. »

Abr 3:22-23. Or, le Seigneur m'avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui furent organisées avant que le monde fût; et parmi toutes celles-là, il y en avait beaucoup de nobles et de grandes; et Dieu… se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je ferai mes dirigeants... et il me dit: Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus choisi avant ta naissance.

 

 

 

La visite de Jéhovah et de Michel à Abraham pour le relever et l’instruire rappelle des expériences semblables d’Adam et de Moïse, que nous avons traitées ailleurs [32]. Cela ressort des sections suivantes :

 

Ap. Abr. XII. [Ensuite, tandis qu’il fait des sacrifices, Abraham est accosté par Satan (Azazel), qui est réprimandé et chassé par l’ange. Après quoi une colombe emporte Abraham au ciel admirer les merveilles de l’univers] : Il [l’ange] me dit : « … Je monte  sur des ailes d’oiseau [de colombe] pour te montrer ce qui est dans le ciel et sur la terre et dans la mer, et dans les abîmes, dans le monde inférieur et dans le jardin d’Eden et ses fleuves et dans la totalité du circuit du monde entier ; car tu verras tout. »

 

Cf. Moïse 1:24. Lorsque Satan se fut retiré de la présence de Moïse, Moïse leva les yeux vers le ciel, étant rempli du Saint-Esprit. Moïse 1:27. Et… Moïse jeta les regards et vit la terre, oui, toute. Moïse 1:37. Et le Seigneur Dieu parla à Moïse, disant: Les cieux sont nombreux. Abr 3:12. Et il me dit: Mon fils… voici, je vais te les montrer toutes. Et il mit la main sur mes yeux, et je vis les choses que ses mains avaient faites, qui étaient nombreuses; et elles se multiplièrent devant mes yeux, et je ne pus en voir la fin.

 

Ap. Abr. XII. [Ensuite, tandis qu’il fait des sacrifices, Abraham est accosté par Satan (Azazel), qui est réprimandé et chassé par l’ange. Après quoi une colombe emporte Abraham au ciel admirer les merveilles de l’univers] : Il [l’ange] me dit : « … Je monte  sur des ailes d’oiseau [de colombe] pour te montrer ce qui est dans le ciel et sur la terre et dans la mer, et dans les abîmes, dans le monde inférieur et dans le jardin d’Eden et ses fleuves et dans la totalité du circuit du monde entier ; car tu verras tout. »

 

Cf. Moïse 1:24. Lorsque Satan se fut retiré de la présence de Moïse, Moïse leva les yeux vers le ciel, étant rempli du Saint-Esprit. Moïse 1:27. Et… Moïse jeta les regards et vit la terre, oui, toute. Moïse 1:37. Et le Seigneur Dieu parla à Moïse, disant: Les cieux sont nombreux. Abr 3:12. Et il me dit: Mon fils… voici, je vais te les montrer toutes. Et il mit la main sur mes yeux, et je vis les choses que ses mains avaient faites, qui étaient nombreuses; et elles se multiplièrent devant mes yeux, et je ne pus en voir la fin.

 

Ap. Abr. XII. Voici l’autel sur la montagne pour offrir le sacrifice…Mais donne-moi la colombe, car je monte sur des ailes d’oiseau pour te montrer ce qui est dans le ciel et sur la terre… et dans la totalité du circuit du monde entier.

Cf. Abr Fac . 2, fig. 2. détient aussi la clef du pouvoir par rapport à d'autres planètes; révélée par Dieu à Abraham tandis que celui-ci offrait un sacrifice sur un autel qu'il avait élevé au Seigneur. Fac. 2, fig. 7. [C’est la colombe qui donne la clef à Abraham.]

 

 

À la section XIII (Box), Satan apparaît à Abraham pendant qu’il fait des sacrifices et lui commande de lui obéir. Perplexe, Abraham demande à l’ange (également présent) : « Qu’est-ce là, mon Seigneur ? » et l’ange lui dit : « C’est l’impiété, c’est Azazel [Satan]. » Satan a menacé de posséder les corps de la postérité d’Abraham et l’ange le réprimande : « Car Dieu… n’a pas permis que les corps des justes soient entre tes mains. » Il chasse alors Satan, lui disant que Dieu a mis une inimitié entre lui et Abraham : « Sors de cet homme ! Tu ne peux pas l’égarer, parce qu’il est un ennemi pour toi et  de ceux qui te suivent  et aiment ce que tu veux », c’est-à-dire les esprits qui suivent Satan.

 

Ap. Abr. XV (Box). [Pendant le sacrifice l’ange] me prit de la main droite et me mit sur l’aile droite du pigeon… et il me porta au bord du feu flamboyant et nous montâmes comme avec de nombreux vents au ciel.

 

Moïse 1:24-25. Moïse leva les yeux vers le ciel, étant rempli du Saint-Esprit…Et… il vit de nouveau sa gloire. Moïse 1 :27. et vit la terre, oui, toute. Abr 2 :7. du vent et du feu je fais mon char.

 

Ap. Abr. XV (Box). Et je vis… une forte lumière… et voici ! dans cette lumière… beaucoup de gens d’apparence masculine, tous changeant (constamment) d’aspect et de forme, courant et étant transformés.

 

Moïse 1:38. Et lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles.

 

Ap. Abr. XVII (Box). [Poursuivant le thème de la création de mondes, Abraham invoque le Seigneur] : El, El, El – El, Jaoel ! [lui parlant comme au créateur qui a organisé le monde] : Qui dissous les confusions du monde… renouvelant l’ère des justes !... Accepte ma prière et sois-en satisfait ainsi que le sacrifice que Tu t’es préparé à travers moi qui t’ai cherché ! Accepte-moi favorablement et montre-moi et instruis-moi et fais connaître à ton serviteur comme tu me l’as promis ! [Box, note 7, cite Genèse Rabbah 78 :1 : Tous les matins, Dieu créait une nouvelle armée d’anges et ceux-ci chantent un cantique nouveau devant lui et puis disparaissent. (Cette création incessante des mondes est un enseignement antique.)] [33]

 

Abr 2:12. Ton serviteur t’a cherché. Abr 1 :2. désirant… posséder une plus grande connaissance.

 

Ap. Abr. XIX. Et une voix me parvint… et elle dit : « Vois l’étendue sous la plaine sur laquelle tu te tiens maintenant ».  

 

Abr 3:3-4. Et le Seigneur me dit… toutes celles qui appartiennent au même ordre que celle sur laquelle tu te tiens… selon le temps désigné pour l'astre sur lequel tu te tiens. Abr 3:6… le temps fixé de la terre sur laquelle tu te tiens. [L’expression sur laquelle tu te tiens apparaît aussi aux versets 5 et 7.]

 

Ap. Abr. XIX. Et tandis qu’il parlait encore, voici l’étendue s’ouvrit et sous moi les cieux. Et je vis sur le septième firmament sur lequel je me tenais, une lumière flamboyante qui s’étendait [Kolob ?] et de la rosée, et une multitude d’anges et une puissance de gloire invisible sur les êtres vivants… Et je regardai vers le bas… vers le sixième ciel… Et voici aussi sur ce firmament il n’y avait pas d’autre pouvoir que celui du septième firmament… Et la voix commanda que le sixième ciel disparaisse et je vis les pouvoirs des étoiles du cinquième ciel auquel les éléments de la terre obéissent. Ap. Abr. XX (Box). Comme le nombre des étoiles et leur pouvoir, [de même] je ferai de ta postérité une nation.

 

Abr 3:2-3. Je vis les étoiles, je vis qu'elles étaient très grandes, et que l'une d'elles était tout près du trône de Dieu; et il y en avait beaucoup de grandes qui en étaient proches…. Ce sont celles qui gouvernent… j'ai placé celle-là pour gouverner toutes celles qui appartiennent au même ordre que celle sur laquelle tu te tiens. Abr 3:9. Kolob, qui est placée près du trône de Dieu pour gouverner toutes ces planètes qui appartiennent au même ordre que celle sur laquelle tu te tiens. Fac. 2, fig. 1. Kolob… La première quant au gouvernement. Fig. 2. Se trouve à côté de Kolob… la deuxième grande création directrice. Fig. 5. C'est également l'une des planètes directrices… par l'intermédiaire de… la puissance directrice, qui gouverne quinze autres planètes ou étoiles fixes.

 

Ap. Abr. XXI. Il me dit : « Regarde maintenant sous tes pieds sur le plan et reconnais la créature préformée sur ce firmament et les êtres qui sont dessus ; et les éternités préparées avant. » Ap. Abr. XXII. Et je dis : Toi, le Primordial, toi le Fort, qu’est-ce que cette image de la créature ? » Et il me dit : « C’est ma volonté en ce qui concerne ce qui a une existence dans le Conseil, et c’est devenu agréable devant moi et ensuite je leur ai commandé par ma parole. Et il arriva que tous ceux que j’avais autorisés à exister précédemment représentés dans cette image et s’étaient tenus devant moi précréés –tous ceux que tu as vus.

 

Abr 3:22-23. Or, le Seigneur m'avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui furent organisées avant que le monde fût; et parmi toutes celles-là, il y en avait beaucoup de nobles et de grandes; et Dieu vit que ces âmes étaient bonnes, et il se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je ferai mes dirigeants. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits. Fac. 2, fig. 1. Kolob, signifiant la première création, la plus proche du céleste, ou de la résidence de Dieu.

 

Ap. Abr. XXII. Et je dis : « Souverain, Fort, toi qui étais avant le monde, qui est la multitude dans cette image, à droite et à gauche ? » Et il me dit : « … Ceux-ci pour le jugement et l’ordre ; ceux-là pour la vengeance et la destruction à la fin du monde. Mais ceux du côté droit de l’image sont ceux qui sont choisis pour moi, séparés des peuples d’Azazel [Satan]. Ce sont ceux que j’ai préparés pour qu’ils naissent de toi et soient appelés mon peuple. »

 

Abr. 3:25-28. Nous les mettrons ainsi à l'épreuve… ceux qui gardent leur premier état recevront davantage; ceux qui ne gardent pas leur premier état n'auront pas de gloire dans le même royaume… Le Seigneur dit: Qui enverrai-je? Un, qui était semblable au Fils de l'Homme, répondit: Me voici, envoie-moi. Et un autre répondit et dit: Me voici, envoie-moi. Le Seigneur dit: J'enverrai le premier. Et le second fut en colère, et il ne garda pas son premier état; et ce jour-là, beaucoup le suivirent.

 

Ap. Abr. XXII (Box). Ceci est ma volonté en ce qui concerne ceux qui existent dans le conseil (divin) du monde et cela paraissait plaisant à mes yeux et ensuite je leur ai donné des commandements par ma Parole.

 

[Le thème est : consultation et discussion.]

 

 

Ap. Abr. XXII (Box). « Ils sont le peuple mis à part pour moi… Ce sont eux dont j’ai voulu qu’ils naissent de toi et soient appelés mon peuple. »

 

Abr 3:23. Et Dieu… se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je ferai mes dirigeants… Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus choisi avant ta naissance.

 

Ap. Abr. XXII. Et je dis : « Toi, le Primordial, toi le Fort, qu’est-ce que cette image de la créature ? » Ap. Abr. XXIII. Vois aussi dans l’image celui qui a égaré Ève ; et vois le fruit de l’arbre… Et je regardai dans l’image et mes yeux se posèrent sur le côté du Paradis [Il voit alors la scène du jardin d’Éden présentée dans une sorte d’animation].

 

 

Abr 1:12, 14. et afin que vous ayez une connaissance de cet autel, je vous renvoie à la représentation qui figure au commencement de cet écrit… Pour que vous vous fassiez une idée de ces dieux, je vous en ai donné la représentation dans les figures qui sont au début. Abr 5 :13. Dans le temps où tu en mangeras, tu mourras. Or, moi, Abraham, je vis que c'était selon le temps du Seigneur.

 

Ap. Abr. XXV. J’y vis ce qui ressemblait à une idole de colère, une image faite d’un matériau semblable à ce que mon père avait fait… Devant elle se tenait un homme et il l’adorait et il y avait un autel en face et des garçons étaient égorgés dessus en présence de l’idole. [Le Seigneur explique que ceci représente la souillure de la prêtrise, « mais l’image que tu vois est ma colère. »]

 

Abr 1:7. ils tournèrent leur cœur vers les sacrifices des païens, offrant leurs enfants à leurs idoles muettes, et ils n'écoutèrent pas ma voix, mais s'efforcèrent de m'ôter la vie par la main du prêtre d'Elkéna. Fac. 1 Fig 2. [La même image montrant Abraham dans sa jeunesse sur l’autel.]

 

Ap. Abr. XXVI. [Abraham vient de voir le spectacle de la création et de la chute]. Et je dis : « Toi, le Primordial, le Fort, pourquoi as-tu décrété qu’il devait en être ainsi ? Rends m’en de nouveau témoignage. » Et il dit… « Écoute, Abraham : de même que le décret [la volonté] de ton père était en lui, et de même que ta volonté est en toi, de même aussi la volonté de mon décret est en moi. »

 

Moïse 1:30-31. Et… Moïse invoqua Dieu, disant: Dis-moi, je te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les a faites… Et le Seigneur Dieu dit à Moïse: J'ai fait ces choses dans un dessein qui m'est propre. Il y a là de la sagesse, et elle demeure en moi.

 

Ap. Abr. XXVII. « On voit plutôt la dispensation des justes dans l’image des rois et de ceux qui jugent avec justice, que j’ai créés avant pour être des gouverneurs parmi eux ; de ceux-là sortent des hommes qui guident les destinées de tous ceux que tu as vus et dont tu as eu connaissance. »

Abr 3:23. Et Dieu vit que ces âmes étaient bonnes, et il se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je ferai mes dirigeants. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits et il vit qu'ils étaient bons; et il me dit: Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus choisi avant ta naissance.

 

Ap. Abr. XXVIII-XXIX (Box). Une heure de l’ère est cent ans… Et je dis : « O Éternel [Puissant] ! Et quelle durée de temps une heure de l’Ère vaut-elle ? »… Et compte et comprends et regarde dans l’image.

Fac. 2, Fig. 1. La mesure se fait selon le temps céleste, temps céleste qui signifie un jour par coudée. Abr 3:4. Une révolution était un jour pour le Seigneur… elle était de mille ans selon le temps désigné pour l'astre sur lequel tu te tiens.

 

 

Dans les deux textes sur Abraham, celui-ci renvoie à un dessin ou schéma donné pour expliquer l’organisation du temps et de l’espace dans l’univers.

 

Ap. Abr. XXIX. « Ecoute, Abraham, l’homme que tu as vu raillé et frappé, et de nouveau adoré, c’est le Salut (Pardon) depuis les païens jusqu’au peuple qui va sortir de toi dans les derniers jours ­– la douzième heure de l’ère de la méchanceté. Mais dans la douzième année de mon ère des derniers jours, je susciterai cet homme que tu as vu de ta postérité et tous le suivront… Avant que l’ère des justes commence à grandir, mon jugement s’abat sur les païens dissolus. »

 

Abr. 3:27. Le Seigneur dit: Qui enverrai-je? Un, qui était semblable au Fils de l'Homme, répondit: Me voici, envoie-moi. Cf. Moïse 7:46-47. Et le Seigneur dit: Ce sera au midi [12e heure] du temps, pendant les jours de méchanceté et de vengeance. Et voici, Hénoc vit le jour de la venue du Fils de l'Homme.

 

Ap. Abr. XXX (Box). Mais pendant qu’il parlait encore, je me retrouvai sur la terre. Et je dis : « O  Éternel [Puissant], je ne suis plus dans la gloire dans laquelle j’étais (tandis que j’étais) là-haut et ce que mon âme aspirait à comprendre dans mon cœur, je ne le comprends pas.

 

Moïse 1:9-10. Et la présence de Dieu se retira de Moïse… Et comme il était laissé à lui-même, il tomba sur le solet il se dit: à cause de cela, je sais que l'homme n'est rien, ce que je n'avais jamais supposé.

 

Ap. Abr. XXXI (Box). Et alors je sonnerai de la trompette… et … je convoquerai mon peuple méprisé d’entre les nations et je brûlerai de feu ceux qui l’ont insulté… et je l’ai préparé… pour le feu de l’Hadès et pour un vol incessant çà et là dans les airs… car j’espérais qu’ils viendraient vers moi et n’auraient pas aimé et loué le (dieu) étrange et ne se seraient pas ralliés à lui… (Au lieu de cela) ils ont abandonné le Seigneur puissant. 

Moïse 7:38. Je leur ai préparé une prison. Moïse 7:33-34. Et j'ai dit à tes frères, et je leur ai aussi donné le commandement, de s'aimer les uns les autres et de me choisir, moi, leur Père; mais voici, ils sont sans affection et ils haïssent leur propre sang; et le feu de mon indignation est allumé contre eux. Moïse 7:37. Satan sera leur père, et la misère sera leur destin.

 

 

 

Le Testament d'Abraham

 

L'Apocalypse d'Abraham va de pair avec un autre texte, le Testament d'Abraham. « Avec le Testament d'Abraham, écrit Box en 1919, il y a une certaine affinité, et cette œuvre, comme notre Apocalypse, peut être d'origine essénienne [34]. » Les textes les plus anciens du Testament sont grecs et ont été édités pour la première fois en 1892 par M. R. James. Il décrit l’œuvre comme « un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte [35]. » Les études suivantes ont eu tendance à faire reculer la date. En 1973, Mathias Delcor écrivait : « Il n'y a aucune christologie et les traces de christianisation sont peu nombreuses et superficielles » tandis que « un certain nombre d'éléments désignent l’Égypte comme lieu d'origine ». Comme il le résume : « Nous avons donc, au coeur du Testament d'Abraham, un récit midrashique [Ndlr : interprétation de la loi écrite], élaboré en Égypte, à partir de la LXX [la Septante ou traduction grecque], embelli par des traditions du Targum [Ndlr : traduction en araméen de la Bible hébraïque] palestinien, écrit dans les cercles thérapeutiques [Ndlr : secte d’ascètes juifs d’Égypte, apparentée aux Esséniens] vers le changement d’ère [36]. » En septembre 1972, un colloque eut lieu à Los Angeles sous les auspices du Congrès international des Sociétés érudites dans le domaine de la religion pour traiter du « Testament d'Abraham et de thèmes apparentés ». Il en ressortit, en 1976, un volume d'études [37] reliant le Testament d'Abraham, comme Box l’avait fait pour l'Apocalypse, à un grand nombre de Testaments, ou d’Ascensions, ou d’Assomptions, tous textes centrés sur le thème de base du saint homme enlevé au ciel, enseignant sa famille et ses disciples à son retour et leur laissant sa bénédiction ou son testament.  Un exemple parfait de ce genre littéraire jadis en vogue est le premier chapitre du Livre de Mormon, le Testament de Léhi. La contribution la plus importante de la conférence de Los Angeles a été de reconnaître unanimement et de souligner la forte influence égyptienne dans le Testament d'Abraham.

 

« Tout récemment, écrit G. W. E. Nickelsburg, Jr., l’idée de l'origine égyptienne a été explicitée avec force détails dans une thèse de doctorat à Strasbourg [1971] par Francis Schmidt [38]. » Il « compare [le Testament d'Abraham] aux scènes de jugement de deux documents égyptiens tardifs : Le Livre des morts de Pamonthes (63 apr. J.-C. [d’autres textes beaucoup plus anciens auraient fait aussi bien l’affaire] et Le Conte de Satni-Khamois (50-100 apr. J.-C.) [39]. » J’ai déjà parlé de cette dernière œuvre à la lumière du papyrus « Sen-sen » de Joseph Smith [40]. Sur la base d'un « agrégat de parallèles, Schmidt trouve des éléments permettant la conclusion provisoire que [le Testament d'Abraham] a pris comme modèle une scène égyptienne de jugement [41]. » Autrement dit, l'image, aussi bien que le texte – un dessin du Livre des Morts égyptien – a été ce qui a inspiré le Testament d'Abraham !

 

D'autres savants présents à la conférence ont également attiré l'attention sur « les éléments égyptiens qui abondent dans le livre [42] ». Plus nous approfondissons la question, moins il y a de place pour l’originalité pour les Thérapeutes de Palestine, chez qui l'originalité n'avait jamais été le point fort. Ce n’étaient certainement pas eux qui avaient inventé l'idée qu'Abraham avait écrit une autobiographie tandis qu'il était en Égypte, car dans le livre des Jubilés, écrit, selon R. H. Charles, entre 109 et 105 av. J.-C. et proposé comme « révélation de Dieu à Moïse [43] », nous apprenons que Joseph en Égypte « se souvint du Seigneur et des paroles que Jacob, son père, lisait d’entre les paroles d'Abraham, que… le péché sera écrit contre [les méchants] dans les livres éternels… et Joseph se souvint de ces paroles [44]. » Ceci, écrit au deuxième siècle av. J.-C., garantit que l'idée d'un Testament d'Abraham n'était pas une invention du deuxième siècle apr. J.-C., mais devait être beaucoup plus ancienne. La même tradition est mentionnée dans le livre d’Énoch de Joseph Smith (1830), où les pécheurs, hommes et femmes, se voient présenter un registre de leurs actes dans un livre de souvenir écrit « selon le modèle que le doigt de Dieu nous a donné » (Moïse 6:44-47).

 

Il convient de remarquer en passant que la plupart des éditeurs des textes d'Abraham se rendent compte que des motifs d’Énoch ont tendance à apparaître dans les écrits d'Abraham, et que Moïse a tendance à figurer comme éditeur des deux – un phénomène que nous ne pouvons pas aborder ici, mais qui est tout à fait manifeste dans la Perle de Grand Prix. La réflexion de Box à ce sujet peut suffire actuellement : « Nous en concluons donc que le Livre [l'Apocalypse d'Abraham], tel que nous l’avons sous les yeux, est essentiellement une production juive et essénienne, comme le Testament d'Abraham qui lui est apparenté... Nous sommes arrivés au stade où Énoch est passé à l’arrière-plan et où Abraham, comme Moïse, est devenu le centre du savoir mystique [45]. » Le « savoir mystique » qui relie les trois est, selon Box, « l’initiation d'Abraham aux mystères célestes [46] », centrée sur le sacrifice d'Abraham (Genèse 15) et les rites du temple [47], dont il trouve que la destruction est « le point central de l'image [48]. » En d'autres termes, nous avons affaire, dans les livres apocryphes d'Abraham, à la dotation d'Abraham exprimée dans un idiome égyptien.

 

Les manuscrits du Testament d'Abraham sont tardifs, le plus ancien (grec) n'étant pas plus ancien que le treizième siècle. Mais leur contenu révèle une matière provenant de périodes beaucoup plus anciennes, et le consensus des savants a été dès le début que la matière provient des cercles esséniens ou apparentés des environs des premiers siècles av. J.-C. et apr. J.-C. C’était, nous le savons maintenant, une époque d'immense activité dans la copie et la transmission d’écrits sacrés : il n’est guère d’apôtre, de prophète ou de patriarche pour lequel nous ne possédions pas maintenant une apocalypse ou un testament provenant de ce milieu. Mais cela ne signifie pas, comme on le croit généralement, que les écrits tirent leur origine de ce contexte ; les pieux sectaires consacraient une quantité immense de temps et d’énergie à la copie et à l'étude de ces textes précisément parce qu'ils avaient une telle vénération et un tel respect pour l'écrit originel. Bien que les scribes soient souvent poussés à enjoliver ou à expliquer, ils seraient les derniers au monde à fabriquer ou inventer des écritures saintes. Parlant d'un vieux texte roumain du Testament d'Abraham, Moses Gaster, son éditeur, écrit : « Cependant, les histoires viennent à l'origine de l'orient poétique, avec ses images fantastiques et au milieu de l'influence d’images semblables des temps anciens [49]. » C'était l'explication officielle de toute la littérature au XIXe siècle, quand les textes étaient relativement rares, mais aujourd'hui nous demandons : si tout cela est l’œuvre d’imaginations orientales débridées, pourquoi les milliers de textes provenant de nombreux pays et de nombreux siècles, au lieu de déborder d’une variété infinie d'inventions et d'imagination, persistent-ils à ne rien faire de plus que répéter indéfiniment les mêmes histoires ? Par exemple, le texte roumain en question, bien qu’écrit dans la langue exotique d’un peuple situé tout à fait à l’écart et de quatre manuscrits pas plus tard que le dix-huitième siècle, est en fait une très bonne source sur Abraham. En le comparant avec le vieux texte slave, Gaster écrit : « Le texte slave complet (400 ans plus ancien) ne se distingue de ce texte-ci que par quelques détails sans importance et nous oriente donc vers une source commune plus ancienne [50]. » Voici un texte falasha du Testament d'Abraham « probablement dérivé d'un texte chrétien-éthiopien » (des quatorzième ou quinzième siècles), qui à son tour a été tiré d'une version arabe, qui de son côté avait été traduite du copte, pris d'une version grecque qui, au quatrième siècle, avait appartenu à une collection, « Le Trésor de la connaissance », gardée à Alexandrie par le célèbre Athanase, la version grecque ayant été tirée d'un original hébreu ou araméen [51]. On s’attendrait, après tout ce temps et toutes ces pérégrinations, à trouver un fatras invraisemblable dans le dialecte africain falasha, mais il n’en est rien. C'est un récit parfaitement sobre et simple, vraiment très proche du Testament d'Abraham que nous sommes sur le point d’examiner. À mesure que des sources toujours plus anciennes apparaissent, rien n'est plus remarquable que leur manque total d'invention ou d'imagination—l'imagination orientale débridée, à laquelle l’érudition allemande du dix-neuvième siècle fait appel pour expliquer tout, n’a tout simplement pas existé. Le Testament d'Abraham, au lieu d'avoir été inventé dans les sociétés sobres et livresques des Thérapeutes complètement consacrées au retour à la source pure et à l'ordre antique des choses, montre maintenant des signes de vouloir remonter longtemps avant eux à une origine extrêmement ancienne. Après avoir examiné beaucoup de textes provenant de nombreuses époques et de beaucoup d’endroits, qui racontent tous la même histoire, on acquiert la conviction qu'il y a effectivement eu une histoire d'Abraham. Si Joseph Smith veut s’en sortir, il a intérêt à la suivre de fort près.

 

Avant de comparer le Testament d'Abraham à l'Apocalypse d'Abraham, il est instructif et obligatoire de comparer les deux versions antiques différentes du premier, le long texte (recension A) et le court (recension B), pour démontrer la fiabilité générale des textes même lorsqu'ils diffèrent, en montrant la façon dont les scribes embellissaient une histoire sans s'écarter de l’intrigue essentielle.

 

 

Recension B. III. [Les arrivants sont accueillis] à environ 3 stades de la ville [par] un grand arbre ayant 300 branches, ressemblant à un tamaris.

 

Recension A. III. À côté de cette route il y avait un cyprès, qui, sur l'ordre de Dieu, s’exprima avec une voix humaine.

 

B. III. Et les larmes de Michel tombèrent dans le bassin et devinrent une pierre précieuse.

 

A. III. Et les larmes de l'Archistrategos [Dirigeant en chef des Armées], tombèrent dans le bassin, dans l'eau de la table de toilette, et devinrent des pierres précieuses.

 

B. VIII. [Dans l'autre monde Adam] pleurait et puis riait, et les larmes dépassèrent sept fois le rire. B. VII. [Abraham apprend que son corps demeurera sur la terre jusqu'à ce que sept mille ères soient accomplies ; alors toute chair se lèvera.]

 

A. XI. [Adam pleurait et s’arrachait les cheveux et puis se réjouissait et était heureux] parce que parmi sept mille c’est à peine si l’on trouve une seule âme juste et non corrompue qui soit sauvée.

 

B.X. Alors Michel emmena Abraham sur une nuée et le conduisit « au paradis », [où il vit le tribunal céleste en session].

 

A. XX. [Dieu à Michel :] Emmène donc mon ami Abraham au paradis. [Cette histoire finit ainsi. La Rec. B a une fin différente.]

 

B. XI. [Le juge est Abel et celui qui condamne les méchants est] le scribe de la justice, Hénoc [qui tient les livres].

 

A.X. [Il n'y a aucune mention de Hénoc ou d'Abel dans cet épisode ou ailleurs.]

 

B. XII. Puis le Seigneur Dieu parla à Michel, disant : « Ramène Abraham chez lui et ne le laisse pas faire le tour [cercle] de toute la création, parce qu’il n’a pas pitié des pécheurs.»

 

A.X. Et immédiatement une voix parvint du ciel à l'Archistrategos, parlant ainsi : Commande au char [hébr. merkava] ô Michel, Dirigeant en chef des Armées, d’arrêter et de renvoyer Abraham de peur qu'il ne voie tout l’oecumène. [grec ; il y a une syntaxe égyptienne marquée dans ce passage].

 

B. XIV. Ce jour-là moururent les serviteurs d'Abraham, par la crainte de la Mort.

 

A. XVII. [Quand la Mort entra dans la maison d'Abraham], à cause de la sauvagerie extrême [de son aspect] il mourut environ 7.000 serviteurs masculins et féminins.

 

 

Nous voyons donc que c'est tantôt A qui brode, tantôt B, mais il n'y a aucun doute qu'ils racontent la même histoire. Prenons maintenant ce Testament d'Abraham et comparons-le avec l’Apocalypse d'Abraham en vieux slave. Nous ne tardons pas à nous apercevoir que ce sont des oeuvres tout à fait différentes, mais qu'elles contiennent beaucoup de matière en commun. Tandis que l'Apocalypse est l'autobiographie d'Abraham, écrite par lui-même de son vivant, le Testament commence par l'histoire de sa mort : c’est un vrai Livre des Morts, traitant des vicissitudes de l'âme depuis l'expérience douloureuse de la mort jusqu’à l'exaltation et aux vies éternelles finales dans les demeures d’en haut. Pourtant, bien que les deux textes traitent de périodes différentes de la vie d'Abraham, ils ont tous les deux le même thème : l’initiation d'Abraham aux mystères célestes. » Dans les dernières lignes du Testament, Dieu le Père dit : « Emmène donc mon ami Abraham au jardin [litt. Paradis, grec eis ton paradeison], où les tentes de mes justes et les lieux de repos (grec monai, litt. gîtes de nuit, latin mansiones] d'Isaac et de Jacob sont dans son sein [52]. » Dans son excursion cosmique effectuée précédemment dans le même livre, Michel « emmena Abraham sur une nuée et le conduisit au paradis », la cour céleste [53].

 

Livres des Morts

 

[...]

 

Les deux récits soulignent les terreurs ardentes de l'au-delà, aussi bien célestes que punitives :

 

Testament. A-XII. Il me disait encore ces choses, lorsque voici, deux anges flamboyants, conduisant des myriades d'esprits (par la porte large)… Entre les portes il y avait un trône terrible, ayant l’apparence d’un cristal impressionnant, lançant des éclairs comme les feux de la foudre. Et dessus était assis un homme merveilleux, comme le soleil, comme le Fils de Dieu.

Apocalypse. XVII-XVIII. Il parlait encore lorsque voici, du feu nous entoura, et une voix était dans le feu… Et quand le feu fut soulevé, je vis sous le feu un trône flamboyant… Et voici, une lumière indescriptible enveloppait une multitude ardente.

 

 

Il y a beaucoup d’autres passages allant dans le même sens dans les deux versions et les deux donnent une description du tribunal céleste que les spécialistes ont tout naturellement associé aux scènes de psychostase [Ndlr : pesée d’âmes] égyptiennes. Il vaut la peine de noter Apocalypse XVIII : « Sous le trône, [Abraham vit] quatre êtres vivants flamboyants… un était comme un lion, un comme un homme, un comme un bœuf et un comme un aigle. » Ce sont les quatre canopes qui apparaissent devant le trône du jugement dans le papyrus de Joseph Smith III, la scène de « psychostase », et aussi sous l'autel-lit dans le fac-similé No. 1, comme dans le fac-similé No. 2, fig. 6, expliqué correctement dans ce contexte comme représentant « les quatre coins de la terre ». Trouver ces quatre vieux amis à l’aise dans l'Apocalypse d'Abraham est encore un lien indéniable entre le Livre d'Abraham et le Livre des Morts. Bien que les quatre têtes ne soient pas toujours les mêmes – par exemple, une tête de bœuf au lieu d'une tête de singe – c’est toujours le même quatuor caractéristique [78].

 

[…]

 

Tant dans le Testament que dans l'Apocalypse, Abraham non seulement bénéficie d’un tour didactique de l'univers, mais passe également la majeure partie du temps parmi les multitudes des morts à contempler leurs afflictions et à se préoccuper considérablement de leurs problèmes. Véritable « ami de l'homme » jusqu'au bout, il est décidé à faire ce qu'il peut pour les morts, même s’ils sont pécheurs, pour leur obtenir le meilleur règlement possible, et il demande instamment à Michel de l’aider dans ce projet [81]. Il est parmi les morts et travaille pour les morts – preuve supplémentaire qu’il est passé dans l'au-delà [82]. Il est en mesure de réaliser son plan, parce que sa compassion est partagée et surpassée par celle de l'homme glorieux sur le trône, le juge, qui n'est autre qu'Adam, leur père à tous, « l’homme le plus merveilleux qui est revêtu d’une telle gloire et qui pleure parfois et se lamente et d'autres fois se réjouit et est heureux [83] » – tandis que les méchants ou les justes passent devant lui. Pas de juges sévères et implacables ici, mais des pères compatissants et aimants.

 

Rien ne pourrait exprimer plus clairement, à la manière égyptienne, l'idée qu'Abraham est à la fois mort et a été délivré de la mort, que les sections X et XI de l'Apocalypse d'Abraham telles que rendues par Box :

 

« Je regardai çà et là et voici ! Il n'y avait aucun souffle d'homme, et mon esprit était effrayé et je devins comme une pierre et tombai par terre, parce que je n'avais plus la force de me tenir sur la terre. Et tandis que j’étais encore couché par terre, le visage tourné vers le haut, j'entendis la voix du Saint dire : « Va, Jaoel [Box, note 5 : « remplace de toute évidence le nom ineffable de Yahweh »] et à l’aide de mon Nom ineffable relève cet homme là-bas et fortifie-leEt l’ange vint, qu’il m’avait envoyé, sous l’apparence d’un homme, et me saisit par la main droite et me mit sur mes pieds… Je suis celui qui a été chargé de délier les liens de l’Hadès, de détruire celui qui contemple les morts… Lève-toi, Abraham ! Va sans crainte ; sois heureux et réjouis-toi ;  et je suis avec toi ! … Et avec moi [Jéhovah] Michel te bénit pour toujours. Et je me levai et je vis celui qui m'avait saisi par la main droite et m'avait mis sur mes pieds : et l'aspect de son corps était comme le saphir, et son visage ressemblait à de la chrysolithe, et ses cheveux à de la neige, et il avait un sceptre d'or dans la main droite. Et il me dit… J’irai avec toi, visible jusqu'au sacrifice, mais, après le sacrifice, invisible pour toujours [84]. »

 

Ce passage peut être comparé à Moïse 1:9-10 : « Et Moïse fut laissé à lui-même. Et comme il était laissé à lui-même, il tomba sur le sol. Et… de nombreuses heures s'écoulèrent avant que Moïse ne retrouvât sa force naturelle. » À ce moment, Satan essaie d'obliger Moïse à l'adorer, mais il est réprimandé et chassé. « Et il arriva que lorsque Satan se fut retiré de la présence de Moïse, Moïse… invoquant le nom de Dieu… vit de nouveau sa gloire. » (Moïse 1:24-25)

 

Le professeur Box était perplexe devant les expressions ci-dessus, « chargé de délier les liens de l’Hadès et de détruire celui qui contemple les morts [85]. » Elles font fortement penser à un usage égyptien, où « délier les liens » de l’Hadès signifie briser son pouvoir [86] et celui « qui contemple les morts » peut être un dieu sinistre des enfers mentionné dans le Livre des Morts comme étant le « Contemplateur qu’on ne voit pas » ('St m'irt n maa.tw.f). La description de l'ange libérateur compare les parties de son corps à des minerais précieux – saphir, chrysolithe, or – à la manière dont le faucon Horus, oiseau messager libérateur ('ndty, le Sauveteur) est décrit dans le Livre des Morts, notamment l’un des papyrus de Joseph Smith [87], et dans les Textes des Sarcophages [88]. Ce faucon était comparé à l'ange de la délivrance dans le fac-similé n° 1, fig. 1 du Livre d'Abraham [89]. Il ne faut pas non plus perdre de vue le rôle joué par certains oiseaux dans le transport d’Abraham au ciel dans l'Apocalypse [90]. Jan Zandee fait remarquer que le propriétaire d'un Texte des Sarcophages (ou du Livre des Morts) pouvait s'identifier rituellement au faucon Horus en sa qualité spéciale de messager entre le ciel et la terre [91].

 

Regarde cette image... et celle-ci

 

Dès le départ de leur voyage, l'ange promet de montrer à Abraham ce qui est « dans la totalité du monde entier et son cercle – tu les verras tous [92]. » Il voit donc la disposition des cieux, « les firmaments… la création annoncée dans cette étendue… l’ère préparée en fonction d’elle. Et je vis sous le sixième ciel… la terre et ses fruits et ce qui s’y mouvait… et le pouvoir de ses hommes… Et j’y vis une grande multitude – hommes, femmes, enfants [la moitié du côté droit de l'image] et la moitié du côté gauche de l'image [93]. » « Et je dis… ‘qui sont les gens dans cette image de ce côté-ci et de ce côté-là ?’ Et il me dit :Ceux qui sont du côté gauche sont… les uns pour le jugement et la restauration, les autres pour la vengeance et la destruction… Mais ceux-ci qui sont du côté droit de l'image… Ce sont ceux que j’ai préparés pour qu’ils naissent de toi et soient appelés mon peuple. » [94] « Et je regardai et je vis : voici ! l'image oscilla et il [en] sortit, de son côté gauche, un peuple païen et il pilla ceux qui étaient du côté droit [95]. »

 

Notez que tout cela est montré à Abraham dans une image, une représentation graphique « du monde entier dans son cercle », dans lequel le genre humain, « le peuple de Dieu et les autres » s’affrontent sous ou dans le cercle des cieux étoilés, sur des moitiés opposées de l'image. Ce quelque chose évoque, dans l’esprit du spécialiste de l’Antiquité classique, une des images les plus anciennes et les plus vénérables de l'Antiquité, sur lesquelles le Dr Schmidt a dûment attiré l'attention [96], à savoir, le célèbre bouclier d'Achille décrit par Homère au livre XVIII de l'Iliade.

 

[...]

 

[Le Dr Schmidt aurait dû aller plus loin que le bouclier d’Achille et] rechercher un équivalent égyptien des cartes circulaires d'Abraham et de Homère. Il ne l’aurait pas trouvé dans les illustrations habituelles du Livre des Morts, ce qui est peut-être la raison pour laquelle il ne s’en est pas aperçu, mais on le trouve dans un type de document beaucoup plus rare, toujours étroitement lié à lui, à savoir l’hypocéphale, ce coussin rond placé sous la tête du mort endormi pour le maintenir en contact avec l'univers. En fait, les images d'Abraham et d’Homère sont dessinées pour nous dans le Livre d'Abraham, fac-similé n° 2. Ce fac-similé est, lui aussi, une représentation touffue du drame cosmique, contenant à l’intérieur de son bord circulaire les dessins au sens profond qui indiquent les cieux étoilés dans leurs temps et leurs saisons et montrent par les figures adroites mi-abstraites le cercle de l'univers et ce qui s’y trouve – du moins c’est ainsi que Joseph Smith l'explique, bien qu'il n'y ait aucune indication conventionnelle de corps célestes dans le dessin, comme il y en a dans d'autres hypocéphales. Ce qui saute aux yeux, c’est la division en deux moitiés antithétiques, l’une étant l'image renversée ou miroir de l'autre. Les deux-tiers du haut sont solaires de nature, montrant les grands astres lumineux dans les cieux supérieurs et leurs temps et leurs degrés, au milieu de symboles de créativité et de gouvernement patriarcaux, comme l’expliquent  les légendes. Le tiers inférieur du cercle est l'inverse ou l’image miroir de l'autre. Là, ce sont les forces de la terre, les puissances féminines de la création qui sont en évidence et représentées « dans les régions inférieures », comme le décrit le Testament d'Abraham XXI. C'est le monde d’en bas ténébreux de l'utérus (la Vache Hathor domine), alors que la moitié supérieure est clairement solaire, comme l’ont fait remarquer beaucoup de spécialistes des hypocéphales [112].

 

Tant dans les apocryphes d’Abraham que chez Homère, on nous montre un grand conseil en session dans un passé lointain. Le Barde [Ndlr : surnom donné à Homère] [113] nous emmène dans un complexe saint, un lieu d'assemblée avec un cercle en pierre sacré au milieu : « Et les Anciens étaient assis sur des pierres brillantes dans un cercle sacré », tenant un sceptre de paroles inspirées dans la main [...].

 

Dans l'Apocalypse d'Abraham, c'est « le conseil divin du monde » qu’il voit [114], un thème que nous avons traité ailleurs [115]. Le Seigneur explique à Abraham : « Et il arriva que tout ce dont j’avais décidé l’existence était déjà projeté préalablement dans cette image [conseil] et se trouvait devant moi avant d’avoir été créé. » Lui aussi était divisé dans la discussion : « Et je dis : O Seigneur, puissant et éternel ! Qui sont les gens... de ce côté-ci et de ce côté-là ? » C’était, lui fut-il dit, d'un côté « la multitude des peuples qui ont autrefois existé et qui sont destiné plus tard, les uns pour le jugement… les autres pour la vengeance et la destruction à la fin du monde » c.-à-d., qu’ils devaient venir sur la terre après Abraham. « Mais ceux du côté droit de l’image sont ceux qui sont choisis pour moi, séparés des peuples d’Azazel [c’est-à-dire vivant dans le monde méchant]. Ce sont ceux que j’ai préparés pour qu’ils naissent de toi et soient appelés mon peuple [116]. »

 

La scène n'apparaît pas dans le fac-similé, mais est présentée de manière vivante dans le texte du Livre d'Abraham :

 

« Or, le Seigneur m'avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui furent organisées avant que le monde fût; et parmi toutes celles-là, il y en avait beaucoup de nobles et de grandes; et Dieu... se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je ferai mes dirigeants. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits... et il me dit: Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus choisi avant ta naissance. Et il y en avait un parmi eux qui était semblable à Dieu, et il dit à ceux qui étaient avec lui: Nous descendrons... et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter... Le Seigneur dit: Qui enverrai-je? Un... répondit: Me voici, envoie-moi... Le Seigneur dit: J'enverrai le premier. Et le second fut en colère, et il ne garda pas son premier état; et ce jour-là, beaucoup le suivirent. » (Abraham 3:22-24, 27-28).

 

C’est un genre de scène que nous retrouvons maintes et maintes fois dans la littérature égyptienne sous la forme de l’affrontement classique entre Horus et Seth en présence des dieux rassemblés à la création ou au Nouvel An [117]. Elle n’est nulle part plus complètement chez elle que dans le Livre des Morts [118] ; mais la version qui est sans doute la plus remarquable et la plus proche du Livre d'Abraham en ce qui concerne le Conseil dans les cieux et l'histoire de la création qui suit, est celle de la pierre dite de Shabaka, que beaucoup de savants considèrent être le texte religieux le plus ancien du monde. On nous y dit que « il y eut une grande assemblée des dieux et une controverse entre Horus et Seth. Le Grand Dieu leur interdit de se disputer et le différend fut aplani » mais seulement de manière temporaire [119]. Après un certain temps, « Geb fut troublé dans son coeur… et il donna donc tout son héritage à Horus, fils de son fils, son Premier-né [120]. » Les indications scéniques spécifient ici que « Geb s'adressera à l'assemblée tout entière des dieux : Je t'ai choisi [montrant Horus] pour être Celui qui ouvre les Voies, toi seul. [Il montre Horus :] Mon héritage appartient à celui-ci, mon héritier, qu’il aille au fils de mon fils, qu’il aille à… Celui qui ouvre les Voies, mon Premier-né, qui montre le chemin », etc. [121]. Suit la description de la planification de la création en présence « de Ptah le Grand qui préside comme volonté et porte-parole du grand Conseil des Dieux [122]. » Finalement tout se passe comme ordonné : « Ainsi il fut dit : Celui qui a engendré Atum et les autres Dieux est Ptah ; toutes les choses sont sorties de lui, toute nourriture, tout aliment, toutes les bonnes choses… Et lorsque tout eut été créé par sa Parole, Ptah fut satisfait de tout [123]. » Sethe fait remarquer à propos de ce passage qu'il « rappelle de manière frappante l'histoire biblique de la création [124] », de manière encore plus frappante, ajouterons-nous, que dans le Livre d'Abraham.

 

L’hypocéphale du Livre d'Abraham a beaucoup à nous apprendre. Pour le moment, nous devons limiter notre attention au lien fort qu'il établit entre la figure d'Abraham et le symbolisme des mystères égyptiens. Nous venons de montrer que le thème général et la facture globale du fac-similé n° 2 ont des éléments importants en commun avec l’« image » du monde montrée à Abraham dans l'Apocalypse d'Abraham. Tout aussi important est le contexte dans lequel les deux présentations sont faites. Dans tous les récits, c’est au moment où Abraham « offre un sacrifice sur un autel » (explication de Fac-similé n° 2, fig. 2) que « une frayeur et une grande obscurité vinrent l’assaillir » (Genèse 15:12) et que son esprit monte jusqu'aux cieux pour y voir une théophanie, la vision de Dieu assis en gloire sur son trône et pour être instruit des mystères du cosmos. La même chose arrive à Moïse dans le texte de Joseph Smith qui va de pair avec le Livre d'Abraham (comme dans d'autres apocalypses – Enoch, Adam, etc.), où Moïse, après avoir été accablé par Satan et avoir connu « l'amertume de l'enfer » tandis qu’il était paralysé par la crainte, est ensuite sauvé et « leva les yeux vers le ciel, étant rempli du Saint-Esprit... et, invoquant le nom de Dieu, il vit de nouveau sa gloire. » (Moïse 1:24-25.)

 

Dans les récits du vieux monde, le héros est enlevé au ciel par une colombe ; dans les révélations de Joseph Smith, c’est par le Saint-Esprit. Les deux sont rassemblés de façon saisissante dans la carte cosmique d'Abraham (Fac-similé n° 2), qui a comme thème central la théophanie, un dessin qui ne dépeint pas mais « représente Dieu assis sur son trône, révélant, à travers les cieux, les grands mots-clefs de la Prêtrise; également le signe du Saint-Esprit donné à Abraham sous la forme d'une colombe. » (Explication du fac-similé n° 2, fig. 7). On a donc là toute la situation : la colombe qui enlève la personne au ciel est le Saint-Esprit, qui également instruit et enseigne « à travers les cieux », « révélant… les grands mots-clefs… également, le signe » par lequel seul une connaissance céleste peut être transmise. Le scénario est exactement le même dans les apocryphes d'Abraham que dans le Livre d'Abraham de Joseph Smith.

 

Le Livre d'Abraham est donc parfaitement chez lui dans le monde de l'Apocalypse et du Testament d'Abraham. Et ces textes, de leur côté, sont remplis de thèmes égyptiens, ce qui est si couramment accepté qu'aucune longue démonstration n’est nécessaire.

 

[...]

 

Quelque chose qui présente un intérêt particulier, c’est la mention du khabasu (h3b3s.w). Un texte célèbre sur le sarcophage d'une fille de Psammétique II invite un certain khabasu de Héliopolis à être témoin de la naissance de quelqu’un qui « prendra la barre » du gouvernement et « raisonnera (wadj) avec vous, compteurs d’étoiles, concernant les enseignements secrets de la grande cour (ws.t) des dieux » et qui recevra également Osiris dans sa « Barque de Mille [136]. » De quoi s’agit-il ? Selon le Wörterbuch, ces « Khabasu de Héliopolis » (1) sont l'étendue des cieux étoilés tels qu’observés depuis Héliopolis [par le Grand-Voyant] et (2) permettent le calcul du temps au Nouvel An ; (3) leur nom est écrit avec l'idéogramme d'une barque, signifiant, pour une raison quelconque (4) que « son âme est mille fois » (5) le mille désignant explicitement la « collectivité des armées stellaires [137]. » Jetons un instant un coup d’oeil sur ce cours intéressant donné à la cour du pharaon représentée dans le fac-similé n° 3 du Livre d'Abraham où on nous dit que l’instructeur sur le trône est Abraham, qui « raisonne sur les principes de l'astronomie à la cour du roi » et attardons-nous juste assez longtemps pour attirer l’attention sur le genre de chose qu’Abraham enseigne et apprend. Selon le schéma astronomique qu'il donne au fac-similé n° 2, il y a une barque (fig. 4) qui, nous dit-on, (1) spécifie effectivement « la collectivité des armées stellaires » ou, comme Joseph Smith le dit, « correspond au mot hébreu Raqia, signifiant étendue, ou le firmament des cieux » ; il (2) assure aussi le calcul du temps, « correspond[ant] à la mesure… du temps » ; en outre, la barque (3) signifie ici (4) que « son âme est mille fois », puisque, selon Joseph Smith, c'est « aussi, représentation numérique, signifiant, en égyptien, mille. » Étendue, cieux étoilés, barque, mille, calcul du temps – tout est là, avec la cour du pharaon comme séminaire où quelqu’un qui « prend à la barre » raisonne sur les principes de l'astronomie [138].

 

[...]

 

L’explication de la présence des dessins égyptiens donnée dans le Livre d’Abraham est également à noter, puisque c'est la raison même que les Égyptiens donnent pour illustrer les mystères par des dessins d’aspect bizarre. Quand il nous dit : « Et afin que vous ayez une connaissance de cet autel, je vous renvoie à la représentation qui figure au commencement de cet écrit » (Abr. 1:12) ou : « Pour que vous vous fassiez une idée de ces dieux, je vous en ai donné la représentation dans les figures qui sont au début » (1:14), Abraham suit la façon de faire des Égyptiens, comme on peut le voir, par exemple, dans le grand livre des mystères connu sous le nom d'Amdouat : « On peut voir la nature de cette chose dessinée sur le mur sud de la chambre cachée » (version courte, 4ème heure, 5ème heure, fin). « Cette chose secrète… on peut la voir complètement expliquée dans une représentation sur le mur sud de la chambre cachée » (6ème heure) ; « On peut voir l’explication de cette chose dans un dessin du côté nord de la salle secrète dans le Douat » (8ème heure), etc. [141].  Dans la version longue de tels exemples sont légion.

 

Comment tout cela pourrait-il être pure coïncidence ? Encore et toujours, le décor, les personnages et l’intrigue de cette série étrange de drames sont identiques. Nous demandons au lecteur honnête : Si l’on vous donnait toute liberté pour écrire votre propre livre d'Abraham, sans vous contenter de paraphraser la Bible, comment vous en seriez-vous sorti si vous aviez vécu dans un trou perdu en Amérique au milieu des années 1830 ? Peut-on en vouloir aux mormons de refuser d'applaudir quand des gens qui ne viennent pas à la cheville de ce que Joseph Smith a réalisé s’en vont crier sur tous les toits qu’il a fait tout cela avec des petits bouts de ficelle ? Les éléments qui ont amené les experts au cours des dix dernières années à reconnaître les liens les plus étroites entre les vieux apocryphes d’Abraham et le Livre des Morts égyptien, particulièrement par rapport aux illustrations de ce dernier, éliminent efficacement l'unique argument que l’on pouvait avancer pour ne pas devoir lire sérieusement le Livre d'Abraham. Maintenant la balle est dans leur camp : Comment Joseph Smith aurait-il pu savoir qu'un apocryphe authentique sur Abraham ne peut pas être sans affinités visibles avec le Livre des Morts ?

 

NOTES

 

1. Lettre de E. A. Wallis Budge à James W. Barclay, publiée dans Junius F. Wells, « Scholars Disagree », Improvement Era, 16, 1913, p. 342.

2. Hugh W. Nibley, « A New Look at the Pearl of Great Price », IE 72, janvier 1969, p. 27.

3. Cf. Wallace Turner, « Mormons Debate Egyptian Papyri », New York Times, 15 juillet 1968.

4. « The Book of Abraham », Times and Seasons 3, 1842, p. 704.

5. The Pearl of Great Price; being a choice selection from the revelations, translations, and narrations of Joseph Smith, first prophet, seer, and revelator to the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Liverpool, Richards, 1851, page de titre.

6. Kurt H. Sethe, Dramatische Texte zur altägyptischen Mysterienspielen, Leipzig, Hinrichs, 1928, p. 20.

7. Joachim Spiegel, « Typus und Gestalt in der Ägyptischen Kunst », Mitteilungen des deutschen Instituts für ägyptische Altertumskunde in Kairo 9, 1940, p. 160.

8. Jubilees 39:6, dans The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, dir. de publ. Robert H. Charles, 2 vols., Oxford, Clarendon, 1976, 2:70.

9. Jubilees 45:16,  dans id., 2:76, italiques ajoutés.

10. Sethe, Dramatische Texte, p. 20.

11. John A. Wilson, « The Artist of the Egyptian Old Kingdom », JNES 6, 1946, pp. 239-240.

12. Id., 243. 13. Id., p. 240.

14. Constantin E. Sander-Hansen, Die Texte der Metternichstele, Copenhague, Munksgaard, 1956, 7:48, italiques ajoutés.

15. Id., 7:48-49.

16. Dimitri Meeks, critique de Pisty Drevnevo Egipta [Les scribes de l'ancienne Égypte], par M. Korostovstev, RdE 19, 1967, p. 191.

17. F. M. Theodor de Liagre Böhl, « Babel und Bibel, (2e partie)) », JEOL 17, 1964, pp. 134-135.

18. Hugh W. Nibley, «  As Things Stand at the Moment », BYU Studies 9/1, 1968, pp. 74-78.

19. Harry Torczyner, The Lachish Letters, Lachish l, Londres, Oxford University Press, 1938, p. 81.

20. Siegfried Schott, dir. de publ., « Das Buch vom Sieg über Seth », dans Urkunden mythologischen Inhalts, vol. 6, 1e partie de Urkunden des ägyptischen Altertums, dir. de publ. Kurt Sethe et Heinrich Schäfer, Leipzig, Hinrichs, 1929, p. 3.

21. Hugh W. Nibley, « A Strange Thing in the Land: The Return of the Book of Enoch », dans Enoch the Prophet, CWHN 2, Salt Lake City, Deseret Book and FARMS, 1986, pp. 91-103.

22. Klaus Koch, RatIos vor der Apokalyptik, Gütersloh, Verlagshaus, 1970, p. 16.

23. George H. Box, Apocalypse of Abraham, New York, SPCK, 1918, p. 35.

24. G. Nathanael Bonwetsch, « The Book of the Revelation of Abraham », trad. Edward H. Anderson et R. T. Haag, dans IE 1, août 1898, pp. 705-714, 793-806.

25. Box, Apocalypse of Abraham, xxi, préface.

26. Id., xxii-xxiii.

27. Id., xxi-xxiv.

28. Id., xvi.

29. Nibley, « A Strange Thing in the Land », dans Enoch the Prophet, CWHN 2:111.

30. Bonwetsch, « Book of the Revelation of Abraham », p. 705.

31. Id., pp. 709-714, 793-804.

32. Hugh W. Nibley, The Message of the Joseph Smith Papyri: An Egyptian Endowment, Salt Lake City, Deseret Book, 1975, pp. 7-19.

33. Voir id., pp. 59-60.

34. Box, Apocalypse of Abraham, xxxi.

35. George W. E. Nickelsburg, dir. de publ., Studies on the Testament of Abraham, Missoula, MT, Scholars Press, 1976, p. 9.

36. Id., p. 19.

37. Id., suiv.

38. Id., 32.

39. Id.

40. Nibley, Message of the Joseph Smith Papyri, p. 177.

41. Nickelsburg, Studies on the Testament of Abraham, p. 33.

42. Id., pp. 29-40.

43. Charles, Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, 2:6-7.

44. Jubilees 39:6-87, dans id., 2:70.

45. Box, Apocalypse of Abraham, xxiii-xxiv.

46. Id., xxiii.

47. Id., xxiv-xxv.

48. Id., xv-xvi.

49. Moses Gaster, « The Apocalypse of Abraham », Society of Biblical Archaeology Transactions 9, 1893, p. 197.

50. Id.

51. Wolf Leslau, trad., « Testament of Abraham », dans Falasha Anthology, New Haven, Yale University Press, 1951, pp. 94-95.

52. Recension A.XX, dans Michael E. Stone, trad., The Testament of Abraham: The Greek Recensions, Missoula, MT, Society of Biblical Literature, 1972, pp. 54-57, Traduction de Nibley.

53. Recension B.X, dans id., p. 77.

 

[…]

 

78. Nibley, « A New Look at the Pearl of Great Price », IE 72, août 1969, pp. 82-86.

 

[…]

 

81. Recension A.XIII-XIV, B.IX-XI, dans Stone, Testament of Abraham, pp. 32-39,74-81.

82. Nibley, « A New Look at the Pearl of Great Price », IE 73, janvier 1970, pp. 57-59.

83. Recension A.XI, dans Stone, Testament of Abraham, p. 27.

84. Voir Hugh W. Nibley, « To Open the Last Dispensation: Moses Chapter 1 », dans Nibley on the Timely and the Timeless, Provo, UT, BYU Religious Studies Center, 1978, pp. 7-15; réimprimé dans Enoch the Prophet, CWHN 2:159-167.

85. Box, Apocalypse of Abraham, pp. 47-48.

86. Wb, 1:578.

87. Nibley, « A New Look at the Pearl of Great Price », IE 71, février 1968, p. 40e-f.

88. Texte des Sarcophages 312.

89. Nibley, « A New Look at the Pearl of Great Price », IE 72, juillet 1969, pp. 108-110.

90. Box, Apocalypse of Abraham, pp. 50-53.

91. Jan Zandee, « Sargtexte, Spruch 75 », ZÄS 99, 1972, p. 60.

92. Box, Apocalypse of Abraham, p. 51.

93. Id., pp. 66-67, crochets dans l’original.

94. ld., pp. 68-69.

95. Id., p. 74, crochets dans l’original.

96. Francis Schmidt, « Le monde à l'image du bouclier d'Achille: sur la naissance et l'incorruptibilité du monde dans le 'Testament d'Abraham’ » RHR 185, 1974, p. 123.

 

[…]

 

112. Philippe-Jacques de Horrack, « Hypocephalus of the Louvre », BE 17, 1907, p. 156.

113. Homer, Iliade XVIll, pp. 497-508.

114. Box, Apocalypse of Abraham, xxii.

115. Hugh W. Nibley, « The Expanding Gospel », dans Nibley on the Timely and the Timeless, pp. 23-33; réimprimé dans Temple and Cosmos: Beyond The Ignorant Present, CWHN 12, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1991, pp. 178-194. 116. Box, Apocalypse of Abraham, p. 69.

117. The Contendings of Horus and Seth, dans Alan H. Gardiner, Late Egyptian Stories, Bruxelles, Fondation Égyptologique Reine Elisabeth, 1932, pp. 37-60; Schott, « Buch vom Sieg über Seth », pp. 7-17. 

118. Voir Livre des Morts 17.

119. Sethe, Dramatische Texte, p. 23.

120. Id., pp. 27-28, col. 10c-12c.

121. Id., p. 28, col. 13a-18a.

122. Id., p. 47, col. 48-52a.

123. Id., p.. 66, col. 58.

124. Id., p. 68.

 

[…]

 

136. Constantin E. Sander-Hansen, Die religiösen Texte auf dem Sarg der Anchnesneferibre, Copenhague, Levin et Munksgaard, 1937, pp. 36-37.

137. Wb, 3:230.

138. Sander-Hansen, Religiösen Texte, p. 371 rend le texte: « Seht doch, Ihr h3b3s.w von Heliopolis ...Der Gott is geboren worden... einer, der das Ruder greifen kann. Osiris A. wird mit auch richten [wadj] gemäß dem Geheimnis welches in der Halle der Gôtter ist, und den Osiris in seinem Schiff der 1000 bis zu seinen beiden Köpfen mitnehmen, damit er darin zum Himmel aufsteigt und zum Gegenhimmel fährt. » Cf. Fac-simile 2, les figures à deux têtes et la moitié inférieure du cercle qui est le Gegenhimmel inversé. Le Wörterbuch, 3:230, rend khabasw par lampes ou lumières ; h3b3s.w signifie « tausendfalt ist ihre Seele », son âme est une millier de fois, ce qui signifie la collectivité du Sternenhimmel, du ciel étoilé. Raymond O. Faulkner, A Concise Dictionary of Middle Egyptian, Oxford, Griffith Institute, 1964, p. 184, dit que Khabas est le ciel étoilé ; dans E. A. W. Budge, An Egyptian Hieroglyphic Dictionary, 2 vols., New York, Ungar, 1960, 1:530, cela signifie « étoile ou luminaire ». Heinrich K. Brugsch, Hieroglyphische-Demotisches Worterbuch, 7 vols., Leipzig, Hinrichs, 1867-1880, 3:1068, renvoie à la lampe du temple ; le verbe signifie rassembler, réunir, comme une lumière ou lampe ; cela représente les étoiles au Nouvel An.

 

[…]

 

141. Erik Hornung, Das Amduat: Die Schrift des verborgenen Raumes, 3 vols., Wiesbaden, Harrassowitz, 1963-1967, pp. 134-162.