Une nouvelle découverte archéologique
jette un éclairage sur le temple de Néphi Book of
Mormon Central · 4 février 2020
Le Livre de Mormon
rapporte que Néphi et ses disciples ont construit, à leur arrivée dans la
terre de promission, un temple « à la manière du temple de Salomon, sauf
qu’il n’était pas construit d’autant de choses précieuses » (2 Néphi
5:16). Le Livre de Mormon a été critiqué du vivant de Joseph Smith pour
cette affirmation que des anciens Israélites ont construit un temple en
dehors de la ville de Jérusalem. Or, les découvertes archéologiques faites
longtemps après la mort de Joseph Smith ont confirmé que plusieurs temples
israélites ont été anciennement construits à l’extérieur de Jérusalem,
confirmant ainsi une affirmation du Livre de Mormon qui était autrefois
considérée comme absurde.
Le numéro de janvier / février 2020 de la
Biblical Archaeology Review (vol. 46, n° 1) contient un article intitulé
Another Temple in Judah (« Encore un temple en Juda ») par Shua Kisilevitz
et Oded Lipschits de l’université de Tel Aviv. Leurs recherches renforcent
les précédentes découvertes et viennent à l’appui du Livre de Mormon dans
la description que fait celui-ci d’anciens Israélites construisant des
temples à l’extérieur de Jérusalem. « En 2012, les archéologues du
district de Jérusalem de la Israel Antiquities Authority (IAA) ont fait
une découverte déconcertante qui continue de laisser perplexe les
archéologues et les érudits bibliques », écrivent Kisilevitz et Lipschits.
« Ils ont découvert un temple à Tel Moẓa, à moins de six kilomètres au
nord-ouest de Jérusalem. Il a apparemment existé, fonctionné et accueilli
des fidèles pendant la majeure partie de l’âge du fer II, depuis sa
création vers 900 avant notre ère jusqu’à son abandon vers la fin de l’âge
du fer (début du VIe siècle avant notre ère). »
Comme s’ils
faisaient écho aux cris d’incrédulité poussés précédemment, Kisilevitz et
Lipschits posent la question rhétorique : « Mais que peut bien faire un
temple à Tel Moẓa pendant cette période, alors que la Bible dit que le
seul temple de Juda était à Jérusalem?! Un temple monumental pourrait-il
vraiment exister au cœur de Juda juste à l’extérieur de Jérusalem? » Comme
ils l’expliquent longuement dans leur article, la réponse est clairement
oui. Malgré les réformes des rois judaïtes Ézéchias et Josias, qui ont
centralisé le culte du temple à Jérusalem (2 Rois 18, 23; 2 Chroniques
29–31, 34–35), l’analyse faite par Kisilevitz et Lipschits des découvertes
archéologiques et des textes bibliques démontre clairement que le temple
de Moẓa est conforme aux anciennes conventions et traditions religieuses
du Proche-Orient et aux descriptions bibliques des lieux de culte à
travers le pays. « D’après les indices qui existent, il est devenu clair
que des temples tels que celui de Moẓa non seulement ont pu mais également
ont dû exister pendant la majeure partie de l’âge du fer II [vers 1000–550
av. J.-C.] dans le cadre de la construction religieuse officielle
sanctionnée par la royauté. En fait, le temple de Moẓa n’est pas du tout
une anomalie ; il est plutôt l’exception qui confirme la règle! Pour le
dire simplement : malgré les récits bibliques décrivant les réformes
d’Ézéchias et de Josias, il y avait des temples en Juda en plus du temple
officiel de Jérusalem. »
Il y a un certain nombre d’indices qui
montrent que le temple de Tel Moẓa était un temple israélite légitime « à
la manière du temple de Salomon » pour ainsi dire. Le plus évident est sa
conception et sa disposition architecturales. Comme l’écrivent Kisilevitz
et Lipschits,
« Le complexe du temple a une orientation est-ouest
et se compose d’une cour et d’un grand bâtiment rectangulaire. Il a le
plan du temple de style syrien conventionnel dans le nord de la Syrie, qui
a régné dans le Proche-Orient antique à partir du troisième millénaire
avant notre ère et est devenu typique des temples du sud du Levant dès le
deuxième millénaire avant notre ère – y compris les temples de la fin de
l’âge du bronze à Hatsor (zones A et H), les temples d’Aïn Dara et de Tell
Ta’yinat en Syrie, ainsi que le temple de Salomon comme décrit dans la
Bible. Ce plan consiste en une longue pièce, généralement segmentée en
deux espaces. Un petit « saint des saints » était situé à l’arrière, où
l’objet central de culte – souvent une statue – était placé, tandis qu’une
chambre plus grande à l’avant était reliée à un portique d’accès muni de
deux colonnes flanquant l’entrée. »

Vue aérienne de Tel Moza avec l’emplacement proposé du temple mis en
évidence. Image via la revue d’archéologie biblique.
L’assemblage archéologique trouvé sur le site indique que le temple a été
utilisé en continu pendant plusieurs siècles et n’était pas anormalement
religieux ou culturel pour l’époque et le lieu. Le site a également
fonctionné comme réserve à grain et a joué un rôle important dans
l’économie locale. « La communauté qui entretenait les réserves à grain à
Tel Moẓa était tributaire du succès de l’agriculture (c.-à-d. de fortes
précipitations, la fertilité des terres et une récolte abondante) et le
recherchait probablement par le culte du dieu ou des dieux. La
construction d’un lieu de culte central avec un culte réglementé consacré
à cette fin est une progression naturelle pour une communauté en pleine
croissance. »
Comme l’expliquent Kisilevitz et Lipschits : «
Puisque Tel Moẓa a fonctionné comme réserve à grain tout au long de l’âge
du fer II, devenant un grenier royal desservant Jérusalem et une partie du
cadre économique plus large de Juda au VIIIe siècle avant notre ère, il
semble que la construction du temple et le culte qui y était pratiqué
étaient liés à son importance économique. Les fonctions économiques et
administratives du site sont, en fait, la raison même de l’existence du
temple! » Fait intéressant, cette image de la communauté de Tel Moẓa et la
construction de son temple semblent correspondre à la description de la
communauté néphite naissante dans 2 Néphi 5. La construction du temple de
Néphi au v. 16 s’inscrit dans le contexte d’une économie néphite naissante
qui a vu le développement agricole, architectural et religieux (v. 8-15,
17), ainsi que la formalisation de l’institution de la royauté néphite
(v.18).
On ne sait pas exactement qui a construit le temple près de
Jérusalem à Tel Moẓa. « [Ces] gens étaient-ils associés à la montée de
Jérusalem et à la naissance du royaume de Juda? », se demandent Kisilevitz
et Lipschits. Ils suggèrent que « le temple de Tel Moẓa était l’entreprise
d’un groupe local, constitué au départ de plusieurs familles élargies ou
peut-être de villages qui se sont regroupés pour mettre en commun leurs
ressources et maximiser la production et le rendement. Au fur et à mesure
de leur croissance et de leur expansion, leur site a grandi lui aussi
jusqu’à finir par abriter un lieu de culte construit et érigé en temple
monumental. » Encore une fois, on ne peut s’empêcher de remarquer les
parallèles avec la description des débuts de la communauté de Néphi dans 2
Néphi 5.
Alors que des fouilles supplémentaires prévues pour 2020
et 2021 permettront, espérons-le, de répondre aux questions persistantes
en comblant les lacunes restantes dans les archives archéologiques, pour
l’instant, il semble que « quand il a été construit, le temple Moẓa était
probablement l’entreprise d’un groupe local, mais arrivée la période du
fer IIB [vers 900–580 av. J.-C.], il était clairement sous la domination
judaïte et devait donc avoir reçu la sanction de la royauté. »
En
plus de jeter un nouvel éclairage sur l’évolution des anciennes pratiques
religieuses et administratives israélites, les découvertes de Tel Moẓa
apportent également une lumière importante sur le temple de Néphi et
répondent à ce qui était auparavant considéré comme une affirmation
problématique faite dans le Livre de Mormon. La tendance à trouver une
confirmation archéologique aux affirmations du Livre de Mormon se poursuit
sans relâche au cours de la nouvelle décennie.
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