Pourquoi le timing de la traduction du Livre de Mormon est-il si
« merveilleux » ?
Book of Mormon Central
15 mars 2019
Les faits
Le Livre de Mormon se présente au monde comme un miracle et comme un signe
que Dieu a commencé le processus de rassemblement d’Israël dispersé, comme
il a fait alliance de le faire par le passé (voir 3 Néphi 21:1–4 ; 29:1).
Pour cette raison et d’autres, de nombreuses personnes se sont
naturellement intéressées aux détails de sa publication, y compris le
timing de sa traduction.
Diverses sources historiques se combinent pour prouver que le texte
anglais du Livre de Mormon (tel qu’il a été publié en 1830) a été
essentiellement traduit entre le 7 avril et le 30 juin 1829. Heureusement,
les recherches en cours ont élargi et affiné notre compréhension de
beaucoup de choses qui se sont produites pendant et autour de ces trois
mois cruciaux. Sur la base de ces recherches, les résumés suivants
montrent pourquoi on peut être convaincu que la toute grande majorité du
Livre de Mormon a été traduite dans cette période de temps restreinte.
Dates d’ancrage
Des données convaincantes confirment les dates de cinq événements clés
dans la chronologie de la traduction. En ce qui concerne le premier,
Oliver Cowdery dit être arrivé pour la première fois à Harmony,
Pennsylvanie, dans la soirée du 5 avril 1829, avoir, le 6 avril, aidé
Joseph dans « certaines affaires de nature temporelle », et avoir, le
lendemain, 7 avril, « commencé à écrire le Livre de Mormon » [1] en tant
que secrétaire de Joseph.
Chose remarquable, un document juridique découvert récemment dans un
tribunal de comté près de Harmony, en Pennsylvanie, porte l’écriture et la
signature d’Oliver. Il démontre qu’il a été témoin d’un accord en date du
6 avril 1829 entre Joseph Smith et son beau-père, Isaac Hale. Ce jour-là,
Joseph a acheté à Hale une propriété sur laquelle se trouvait la cabane en
rondins dans laquelle Joseph et sa femme Emma vivaient [2]. La signature
d’Oliver confirme qu’il était bien avec Joseph à Harmony le 6 avril 1829,
et nous connaissons maintenant la nature de cette affaire « temporelle »
notable à laquelle il a aidé Joseph justement ce jour-là.
Une telle précision invite et renforce l’assurance qu’Oliver a également
dit vrai en déclarant avoir commencé
son travail de secrétaire dès le lendemain (7 avril). Joseph et lui
travaillaient dans ce que nous savons maintenant être la maison que Joseph
venait d’acheter, un endroit où ils pouvaient espérer travailler sans être
interrompus. Quatre autres dates, y compris le jour où la traduction a
sûrement été achevée (le 30 juin), sont chacune étayées par d’autres
documents tout aussi crédibles. Ensemble, ces cinq dates ont été appelées
« dates d’ancrage » parce qu’elles permettent d’ancrer les détails
signalés à des jours précis dans la durée de traduction proposée [3] :
Temps nécessaire pour recevoir et livrer des révélations supplémentaires
Treize révélations, chacune incluse dans les Doctrine et Alliances, ainsi
qu’un document intitulé « Articles de l’Église du Christ », ont été
rédigées au moment de la traduction du Livre de Mormon. Non seulement
certains mots de ces révélations correspondent à des détails dans les
rapports historiques de certains événements d’avril, mai et juin 1829,
mais dans plusieurs cas ils reflètent des mots ou des idées qui se
trouvent dans la traduction du Livre de Mormon elle-même. On peut en
déduire qu’à mesure que le contenu du Livre de Mormon était reçu, d’autres
révélations et inspirations ont pu s’appuyer sur ce qui venait d’être
révélé dans ses pages.
Bien que toute proposition de rapport entre ces révélations et le Livre de
Mormon reste provisoire, des analyses intéressantes permettent de
localiser les parties du Livre de Mormon qui ont pu être produites à des
moments précis de la chronologie de la traduction. Quelle que soit leur
rapport avec les passages du Livre de Mormon, la réception, la publication
et la mise par écrit de ces révélations supplémentaires ont sûrement
constitué autant de mobilisation de temps et de sources de distraction par
rapport à une traduction déjà lourde et urgente [4].
Temps nécessaire pour vaquer aux tâches et aux besoins pratiques
En outre, plusieurs problèmes pratiques vont survenir au cours de la
traduction, qui vont nécessiter du temps et de l’attention, comme le
confirment, de manière indépendante, des preuves documentaires. Par
exemple, Joseph va un jour parler de sa pauvreté pendant la période de
traduction et demander au Seigneur de l’aider [5]. Joseph mentionne que
peu de temps après l’arrivée de son frère Samuel (en mai) [6], un certain
M. Joseph Knight « nous a plusieurs fois apporté des fournitures (une
distance d’au moins cinquante kilomètres) qui nous ont permis de
poursuivre le travail » de traduction [7].
Le récit de Knight lui-même est parfaitement en accord avec cette
situation. Il fait à plusieurs reprises des commentaires sur la pauvreté
de Joseph, mentionne ses multiples visites pour fournir à Joseph et à
Oliver les provisions nécessaires, et va jusqu’à dire que Samuel Smith est
présent dans la maison [8]. L’historien Richard Lloyd Anderson décrit les
souvenirs de Knight comme « un récit verbeux qui le montre peu informé de
ce que le prophète avait dit de façon indépendante [9]. »
Dans une vingtaine de cas, des détails comme ceux-ci aident à étoffer le
calendrier proposé [10]. Ils aident également à confirmer que les
traducteurs étaient précis et sincères dans leur description des
événements et des circonstances en rapport avec la traduction [11].
Estimation du timing de la traduction
Lorsqu’ils sont combinés, les dates d’ancrage, les révélations et les
autres détails historiques à l’appui donnent une vue nuancée et cohérente
du timing de la traduction. À vue de nez, la période de temps entre le 7
avril et le 30 juin permet de disposer de 85 jours de traduction, mais
nous savons que, pendant bon nombre de ces jours, les traducteurs se sont
également livrés à d’autres activités : se livrer aux travaux agricoles,
recevoir des visiteurs, faire des trajets jusqu’à Colesville, recevoir
l’autorité de la prêtrise et des révélations supplémentaires, baptiser
Samuel et Hyrum Smith, passer d’Harmony à Fayette, obtenir le copyright du
Livre de Mormon, etc. [12]
John W. Welch, spécialiste du Livre de Mormon, considère que, compte tenu
de ces perturbations et de contraintes de temps, « il n’y aurait pas eu
beaucoup plus que l’équivalent d’environ 60 journées de travail réelles
qui auraient été disponibles en avril, mai et juin 1829 [13] » Terryl
Givens décrit ce rythme de traduction comme étant « véritablement
prodigieux [14] » et Welch conclut que, « quelles que soient les
conditions », le rythme était « foudroyant » [15].
Expériences de traduction
On pourrait se demander si traduire l’intégralité du Livre de Mormon en si
peu de temps était même humainement possible. Pour répondre à cette
question, Welch a calculé la vitesse à laquelle les traducteurs auraient
dû travailler pour accomplir leur tâche dans le temps imparti. Il
explique : « Il y a plusieurs possibilités d’heures par jour et de mots
par minute qui en résultent qui donnent des quantités de temps écoulé qui
relèvent du domaine de la faisabilité, mais la latitude n’est pas grande.
Les paramètres donnés ici ne permettent pas d’aller bien au-delà des
valeurs indiquées sur ce graphique [16]. »
Temps écoulé pour divers rythmes de traduction d’un total de 269 510 mots
Rythme de traduction considéré comme nécessaire pour le calendrier
proposé.
Pour tester ces possibilités, Welch et son épouse Jeannie ont reproduit de
manière informelle le processus de traduction tel que décrit par les
témoins, l’un d’eux dictant le texte et l’autre faisant office de
secrétaire. Ils ont ensuite noté le nombre de mots qu’ils pouvaient
produire en moyenne par minute. Ils ont trouvé l’expérience à ce point
révélatrice qu’ils ont ensuite testé le processus dans leur classe
d’Écritures de pieu [17].
Leurs résultats combinés, bien que n’étant pas strictement scientifiques,
suggèrent « qu’un rythme de traduction d’environ vingt mots par minute
était tout à fait possible [18]. » Pourtant, ceux qui ont participé ont
également estimé qu’ils n’auraient pas pu maintenir ce rythme très
longtemps sans temps de pause. Ils ont dit : « Nos mains étaient
fatiguées, et celui qui jouait le rôle de Joseph avait besoin de reprendre
son souffle et de s’éclaircir la voix [19]. » De plus, ils utilisaient des
stylos à bille, alors qu’Oliver Cowdery devait avoir souvent besoin de
temps pour tremper sa plume et la remplir d’encre [20]. Ainsi, bien qu’il
soit difficile de déterminer exactement la rapidité avec laquelle la
traduction a été effectuée en moyenne, elle se situait raisonnablement
dans la plage estimée nécessaire (10-20 mots par minute) pour que
l’ensemble du projet soit achevé entre le 7 avril et le 30 juin.
Commentaire
Joseph Smith traduisant le Livre de Mormon via lds.org
Ces données et analyses récentes démontrent « que les documents
historiques relatifs à ce chapitre quelque peu obscur du début de
l’histoire des saints des derniers jours s’emboîtent avec plus de
précision que ce à quoi on aurait pu s’attendre autrement [21]. » En
conséquence, le lecteur peut désormais avoir, plus que jamais, l’assurance
que le Livre de Mormon a vraiment été dicté en un temps étonnamment court.
Il faut souvent plusieurs mois et parfois même des années pour écrire un
long roman. Le processus implique généralement des recherches
préliminaires, de longues périodes de création et de révision de plusieurs
ébauches et des collaborateurs pour le finaliser. Le Livre de Mormon,
quant à lui, a été produit d’une manière très différente. Les 269 510 mots
qui le composent [22], imprimés à l’origine sur 588 pages [23], ont été
révélés à Joseph Smith grâce à des instruments de traduction divinement
préparés [24]. Entre le 7 avril et le 30 juin, Joseph Smith a dicté ces
mots jour après jour, pendant des heures, en présence de plusieurs
secrétaires et témoins, sans aucun plan, ébauche préliminaire, notes de
travail, matériel de référence ou révisions de fond [25].
Le rythme rapide de la traduction du Livre de Mormon dans ces
circonstances uniques peut aider le lecteur à comprendre, au moins en
partie, pourquoi le Seigneur la qualifie d’ « œuvre merveilleuse et [de]
prodige » (2 Néphi 27:26). Pareil exploit serait certainement
impressionnant, même de la part d’un écrivain qualifié et chevronné.
Alors, venant de Joseph Smith, un agriculteur de vingt-trois ans avec peu
de scolarité et aucune réalisation littéraire à proprement parler, c’est
vraiment prodigieux [26].
Comme le conclut Welch, « le lecteur qui est au courant de la manière dont
le Livre de Mormon a été publié peut voir la façon dont il le reçoit
influencée si pas transformée » à plusieurs égards [27]. Cela « amplifie
l’importance de plusieurs types de détails », peut « générer de nouvelles
questions », aide à « fournir des réponses plus développées » et
« permettra à tout lecteur du Livre de Mormon de mieux apprécier l’ouvrage
tant sur le plan religieux que sur le plan littéraire » ainsi que les
objectifs qu’il se donne ouvertement [28]. En somme, « l’exploit qui
consiste à publier le Livre de Mormon dans ce calendrier serré augmente
l’appréciation pour la réussite de Joseph Smith, le prophète, qui peut, à
son tour, augmenter le respect profond et la vénération pour Dieu et la
parole de Dieu [29] ».
Notes
[1] Oliver Cowdery, « ‘Dear Brother’ [Letter 1],” The Latter Day Saints
‘Messenger and Advocate, octobre 1834, 14, en ligne sur
archive.bookofmormoncentral.org. Pour plus d’informations sur ces
événements, voir John W. Welch, « The Miraculous Timing of the
Translation of the Book of Mormon », dans Opening the Heavens:Accounts
of Divine Manifestations, 1820–1844, 2e édition, éd. John W. Welch
(Salt Lake City et Provo, UT:Deseret Book et BYU Press, 2017), 100–101.
[2] « Agreement with Isaac Hale, 6 April 1829 », p. 1, The Joseph Smith
Papers, consulté le 6 novembre 2018, en ligne à josephsmithpapers.org.
[3] Voir John W. Welch, « Timing the Translation of the Book of Mormon:
‘Days [and Hours] Never to Be Forgotten’ », BYU Studies Quarterly
57, no. 4 (2018):16-30; le tableau suivant a été adapté des pages 45 à 49.
[4] Voir Welch, « Timing the Translation », 34–37; le tableau suivant a
été adapté des pages 45 à 49.
Voir aussi Patrick A. Bishop, Day after Day: The Translation of the
Book of Mormon, 2 éd.
(Salt Lake City, UT:Eborn, 2018), dont l’analyse tantôt concorde, tantôt
diffère de celle de Welch, mais
dans l’ensemble, le résultat est sensiblement le même.
[5] Voir « History, circa Summer 1832 », p. 6, The Joseph Smith Papers,
consulté le 7 novembre 2018, en ligne à josephsmithpaper.org.
[6] Voir « History, 1838–1856, volume A-1 [23 December 1805–30 August
1834] », p. 18, The Joseph Smith Papers, consulté le 7 novembre
2018, en ligne à josephsmithpaper.org.
[7] « History, 1838–1856, volume A-1 [23 décembre 1805–30 août 1834]
», pp. 20–21, The Joseph Smith Papers, consulté le 7 novembre
2018, en ligne sur josephsmithpaper.org.
[8] Pour les déclarations directes de Knight, voir Dean Jessee, « Joseph
Knight’s Recollection of Early Mormon History », BYU Studies 17,
no. 1 (automne 1976):10:« Et quand je suis rentré chez moi, j’ai acheté
neuf ou dix boisseaux de céréales et cinq ou six boisseaux de taters
[pommes de terre] et une livre de thé, et je suis descendu le voir et ils
étaient dans le besoin. Joseph et Oliver étaient partis voir s’ils
pouvaient trouver un endroit où travailler pour obtenir des provisions,
mais n’en avaient pas trouvé. Ils sont rentrés chez eux et m’ont trouvé
là-bas avec des provisions, et ils se sont réjouis car ils étaient à
court. Leur famille se composait de quatre personnes, Joseph et sa femme,
Oliver et son frère Samuel [de Joseph]. »
[9] Richard Lloyd Anderson, « The Credibility of the Book of Mormon
Translators », dans Book of Mormon Authorship: New Light on Ancient
Origins, éd.
Noel B. Reynolds (Provo, UT:Centre d’études religieuses, Université
Brigham Young, 1982), 218.
[10] Voir Welch, « Timing the Translation », 32–33.
[11] Voir Anderson, « The Credibility of the Book of Mormon Translators »,
217–220.
[12] Voir Welch, « The Miraculous Timing », 118-125.
[13] Welch, « Timing the Translation », 34.
[14] Voir Terryl L. Givens, By the Hand of Mormon:The American
Scripture that Launched a New World Religion (New York, NY:Oxford
University Press, 2002), p. 37.
[15] Welch, « The Miraculous Timing », 119. À ces fins, la déclaration
d’Oliver Cowdery qu’il « écri[vi]t de [sa] plume la totalité du Livre de
Mormon (sauf quelques pages) tel qu’il tombait des lèvres du prophète »,
dans Welch, Opening the Heavens, 159, est considérée comme la
meilleure preuve que seules huit pages manuscrites, tout au plus, ont été
écrites par Emma ou peut-être d’autres avant qu’Oliver ne commence à
travailler comme secrétaire le 7 avril. Bishop, Day after Day,
voudrait augmenter ce nombre. Quoi qu’il en soit, la durée globale qui en
résulte est très serrée.
[16] Welch, « Timing the Translation », 37.
[17] Welch, « Timing the Translation », 38–39.
[18] Welch, « Timing the Translation », 39.
[19] Welch, « Timing the Translation », 39.
[20] Welch, « Timing the Translation », 39.
[21] Welch, « Timing the Translation », 43.
[22 Voir Royal Skousen, The Original Manuscript of the Book of Mormon
(Provo, UT:FARMS, 2001), 35–36; Welch, « Timing the Translation », 22.
[23] Voir « Book of Mormon, 1830 », p.
588, The Joseph Smith Papers, consulté le 29 janvier
2019, en ligne à josephsmithpapers.org.
[24] Voir Book of Mormon Central, « Why Was a Stone Used as an Aid in
Translating the Book of Mormon? (Alma
37:23) », KnoWhy 145 (18 juillet 2016); Book of Mormon Central,
« Were Joseph Smith’s Translation Instruments Like the Israelite Urim and
Thummim? (Alma 37:24) », KnoWhy
(20 mars 2018); Book of Mormon Central, « Is There Evidence That Joseph
Smith Possessed a Urim and Thummim and Breastplate?
(Éther 4:5) », KnoWhy (20 février 2018).
[26] a. b. Voir Book of Mormon Central, « Why Did the Book of Mormon Come
Forth as a Miracle? (2 Néphi 27:23) », KnoWhy 273 (10 février
2017).
[27] Welch, « Timing the Translation », 41.
[28] Welch, « Timing the Translation », 41–44.
[29]
Welch,
« Timing the Translation », 44. |
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