La véracité de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d'autre, que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu en être l'auteur, ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l'Église se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années, les indices en faveur de l'authenticité historique du Livre de Mormon n'ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et l'Église) en doute ne peut plus - s'il est intellectuellement honnête - les ignorer. L’article suivant traite de l’un de ces indices.

POIDS ET MESURES DANS L’UNIVERS DU LIVRE DE MORMON

par John W. Welch
Journal of Book of Mormon Studies, vol. 8, n° 2, 1999, pp. 38-47

Au beau milieu d’un des récits les plus atroces du Livre de Mormon, alors qu’Alma et Amulek subissent un procès où leur vie est en jeu et que les femmes et les enfants fidèles d’Amulek sont mis à mort par le feu, l’histoire s’interrompt pour laisser la place à une explication du système des poids et mesures du roi Mosiah (voir Alma 11:3-19). C’est une interruption étrange, une parenthèse traitant de banalités, mais c’est en tous cas une diversion bienvenue au moment où la tension monte dans l’affrontement entre Alma et Amulek, et Zeezrom et les représentants de la loi à Ammonihah. Pourquoi évoquer ces détails économiques pratiques mais accessoires à un tel endroit des annales ?

Plusieurs raisons pourraient expliquer pourquoi cette information est introduite à cet endroit du Livre de Mormon. Il y a le fait que ces brefs détails métrologiques sont non seulement intimement mêlés au débat qui oppose Amulek à Zeezrom (voir Alma 11:21-25), mais constituent aussi un élément de construction important dans le récit grandiose de Mormon. Ce que faisait le peuple pervers d’Ammonihah en enfreignant le système judiciaire et en détournant l’usage des poids et mesures légaux, c’était littéralement ouvrir la porte au jugement de Dieu sur lui, comportement qui allait caractériser plus tard l’ensemble de la civilisation néphite.

En outre, comme cet article le montrera, cet éclairage inattendu dans le livre d’Alma contient suffisamment de faits pour permettre des parallèles importants entre les poids et mesures du roi Mosiah et ceux utilisés dans d’autres cultures anciennes. Pour de nombreuses raisons, ces détails monétaires que l’on trouve sur les grandes plaques valent effectivement leur poids d’intérêt. La tentative de corruption, le dépassement de la mesure par les hommes de loi, la standardisation royale et la codification officielle de ces mesures, leurs rapports mathématiques et les noms bizarres utilisés dans Alma 11 intriguent depuis longtemps les lecteurs[1].

L’étude d’un texte aussi grand et aussi détaillé que le Livre de Mormon est une tâche complexe que l’on pourrait comparer à l’escalade d’une paroi rocheuse. Les alpinistes cherchent des prises pour les pieds et les mains grâce auxquelles ils pourront monter prudemment. Quand ils rencontrent une anfractuosité, ils en profitent, même si leur vision d’en bas ne leur permet pas de se faire une idée claire de ce qui se trouve au-dessus. Certaines peuvent ne pas se révéler utiles pour la poursuite de l’ascension. Mais on explore à mesure que des possibilités apparaissent et ensuite on voit les possibilités qui s’offrent à partir de chaque nouvelle position que l’on atteint. De même, la paroi fascinante d’Alma 11 propose plusieurs anfractuosités solides qui permettent une prise analytique. Cependant nous ne pouvons pas voir clairement notre cheminement avant d’avoir exploré la direction dans laquelle un perchoir donné va maintenant nous conduire. Nous risquons, dans certains cas, d’être déçus ; dans d’autres, nous trouverons un endroit important pour notre ascension vers une meilleure compréhension des choses.

LA TENTATIVE DE CORRUPTION

Alma le Jeune, qui était devenu le grand prêtre de l’Église dans l’ancien royaume du roi Mosiah, entreprit une mission de prédication pour appeler le peuple au repentir et pour ramener à la loyauté vis-à-vis de l’Église les habitants des territoires écartés. En arrivant à la ville d’Ammonihah, il constata que la population s’était radicalement détournée de son système de croyances religieuses. Rejeté et découragé, il quitta la ville, mais ce fut pour recevoir d’un messager céleste l’ordre de retourner et d’essayer à nouveau. Cette fois il rencontra un homme appelé Amulek, qui lui offrit la nourriture et le gîte et l’accompagna pendant le reste de sa mission. Le premier jour de leurs efforts renouvelés pour toucher le cœur des gens, les deux hommes se retrouvèrent embarqués dans une querelle publique sur le point de savoir si le Messie viendrait réellement. C’est au milieu de ce débat que nous trouvons les renseignements sur la façon dont les habitants du pays de Zarahemla pesaient et mesuraient leurs denrées économiques de base, car lors de cet affrontement intervient le malin Zeezrom, un des docteurs de la loi les plus éminents de la ville. « Veux-tu me répondre à quelques questions que je vais te poser? » demande-t-il à Amulek (Alma 11:21). Celui-ci répond : « Oui, si c’est selon l’Esprit du Seigneur qui est en moi » (Alma 11:22). Zeezrom semble n’avoir prêté aucune attention à la réponse d’Amulek parce qu’il lui offre presque immédiatement un pot-de-vin flagrant : « Voici, j'ai ici six ontis d'argent, et je te les donnerai tous si tu nies l'existence d'un Être suprême » (Alma 11:22). L’expression « je te les donnerai tous » indique clairement que Zeezrom considérait cette somme comme considérable.

Arrivé là, le lecteur se demande naturellement ce que sont « six ontis d’argent » et quelle était l’importance du pot-de-vin proposé. Apparemment, ceux qui tenaient les annales néphites s’attendaient à cette question de la part des lecteurs et ont par conséquent mentionné les valeurs les unes par rapport aux autres des poids et mesures utilisés par les Néphites de l’époque pour calculer la richesse. Le pot-de-vin de Zeezrom était une somme impressionnante. Un juge gagnait un onti d’argent pour sept jours de travail. Par conséquent, six ontis d’argent équivalaient au salaire du juge pour 42 jours de travail ; ou si sept juges traitaient une affaire, c’était suffisant pour les payer tous pour un procès de six jours. Les six ontis de Zeezrom avait probablement une taille respectable. Si l’on a passé du temps sur la place du marché d’un village où les marchands vendent des marchandises que l’on mesure à l’aide de poids de métal, on remarque à quel point les poids eux-mêmes sont massifs. Étant donné qu’un onti d’argent permettait l’achat de sept mesures d’orge sur la place du marché (voir Alma 11:67), on peut en déduire sans risque de se tromper qu’un onti représentait une quantité d’argent importante en poids brut.

Mais Amulek, qui était lui-même quelqu’un de riche, n’eut aucun mal à décliner l’offre. Il la reconnaissait pour ce qu’elle était : un appel à la cupidité que Zeezrom supposait de toute évidence animer tous les hommes. C’était une version de la question éternelle : « Quel prix pour ton intégrité ? » Les hommes de loi d’Ammonihah, eux, en étaient dépourvus. La Loi interdisait formellement la corruption, et cela ils devaient le savoir : « Tu ne recevras point de présent ; car les présents aveuglent ceux qui ont les yeux ouverts et corrompent les paroles des justes » (Exode 23:8). Comme le dit Amulek en guise d’avertissement aux habitants de sa ville : « Les fondements de la destruction de ce peuple commencent à être posés par l’injustice de vos docteurs de la loi et de vos juges » (Alma 10:27). Il est fort probable que dans la corruption et la destruction d’Ammonihah qui s’ensuivit, Mormon et d’autres historiens néphites ont vu un précédent, et même une répétition de la situation d’anarchie qui allait conduire à l’extinction de leur civilisation cinq siècles plus tard[2].

LE DEPASSEMENT DE LA MESURE PAR LES HOMMES DE LOI

La corruption de ces représentants de la loi a bien pu avoir quelque chose à voir avec l’idée que les juges néphites ne venaient que récemment de recevoir le droit d’être payés pour leurs services. Le nouveau système de poids et mesures de Mosiah accompagnait un changement politique majeur, le passage du règne des rois à celui des juges, un changement radical par rapport aux pratiques administratives du passé. La nouvelle pratique de payer les juges avait de toute évidence conduit rapidement à des abus.

Ici le lecteur moderne doit se rappeler que les juges d’autrefois n’étaient pas des professionnels rémunérés. Dans le vieux monde, c’étaient généralement les rois qui avaient la responsabilité d’assurer l’administration équitable de la justice partout dans leur royaume[3]. Si on avait besoin de policiers, si des tablettes juridiques étaient requises, c’était habituellement le roi qui les fournissait. Avec l’abandon de la royauté à la fin du livre de Mosiah, le système juridique du pays de Zarahemla change. Il est peu probable qu’avant la loi introduite vers 91 av. J.-C. par le roi Mosiah les juges aient été payés pour leurs services dans la société néphite (voir 2 Néphi 26:31, « car s’il travaille pour de l’argent, il périra »). Il n’y a aucune indication dans la Bible que les villages et les villes israélites aient payé des juges ou des administrateurs judiciaires[4]. Au fil des années, la compréhension que les Juifs avaient traditionnellement de la loi contre la corruption, énoncée dans Exode 23:8, excluait le payement des juges sous quelque forme que ce soit[5].

Cependant, en élaborant sa réforme, Mosiah a dû se rendre compte qu’il faudrait payer ces juges d’une façon ou d’une autre s’il voulait que son nouveau système ait une chance quelconque de réussir en l’absence de roi pour la chapeauter et une fonction de son système de poids et mesures était de fixer le montant qu’on leur payerait. Il décida de pourvoir généreusement à leurs besoins : « Et le juge recevait comme salaire selon son temps: une sénine d’or pour un jour, ou un sénum d’argent, qui est égal à une sénine d’or; et cela est selon la loi qui était donnée » (Alma 11:3).

Aussi bien intentionné qu’il ait été, le programme de Mosiah conduisit rapidement à des abus. En dépit du fait que la loi elle-même prévoyait apparemment que seul le juge devait recevoir un salaire, d’autres ne tardèrent pas à en faire des « affaires » et cherchèrent à « obtenir du gain » grâce à ce système (Alma 10:31-32). Bien qu’ayant probablement connu des débuts difficiles, le règne des juges ne tarda pas à se stabiliser, surtout une fois que la destruction d’Ammonihah eut envoyé un message fort à tous ceux qui voulaient tremper dans la corruption judiciaire.

LA STANDARDISATION ROYALE

Le mobile général qui sous-tendait le système royal de poids et mesures de Mosiah était la volonté de promouvoir la stabilité économique. Le texte dit clairement que ce système fut «établ[i] par le roi Mosiah» (Alma 11:4). Pendant de nombreuses années, les Néphites avaient « chang[é] leur calcul et leur mesure, selon la volonté et les circonstances du peuple, à chaque génération » (Alma 11:4). Cette situation fluide avait dû rendre le commerce difficile à Zarahemla au même titre que les situations de ce genre ailleurs dans le monde antique.

En réaction à ce problème fondamental, les rois d’autrefois essayaient souvent d’assurer une standardisation ou de maîtriser l’inflation dans leur économie[6]. Le monde antique de l’époque de Léhi ne savait virtuellement rien du vrai système monétaire[7], des devises officielles ou des échanges internationaux de devises. Aucun royaume d’autrefois n’avait d’organisme de régulation bancaire ni de banque nationale. Les décrets royaux constituaient l’espoir principal de stabilité économique. Il est en effet certain que l’existence du nouveau système standardisé de poids et mesures de Mosiah a stimulé l’économie néphite. À partir de la première année du règne des juges, dans Alma 1, les gens de Zarahemla commencèrent à compter leur richesse, à accumuler des biens et à distinguer les riches des pauvres. Il est vrai qu’au cours des années précédentes, les distinctions de classe et de situation économique avaient certainement existé entre les riches et les pauvres dans la société néphite, mais un changement spectaculaire dans la prise de conscience de la richesse apparaît dans les annales à partir, précisément, du commencement du règne des juges au début du livre d’Alma. Ces réactions sont exactement ce à quoi l’on s’attendrait de la part d’une société jouissant d’un nouveau système financier et s’adaptant à son utilisation et à son exploitation.

CODIFICATIONS OFFICIELLES

Les anciens rois mettaient traditionnellement en œuvre leurs progrès économiques à coups de décrets officiels. Sachant cela, il est intéressant de constater que la législation du roi Mosiah présente des ressemblances avec d’autres codes législatifs antérieurs au système néphite. Par exemple, des ressemblances apparaissent presque tout naturellement dans le code de loi d’Eshnunna[8], qui fut élaboré vers et 1800 av. J.-C. dans une ville babylonienne de ce nom située à environ 80 km au nord-est de Bagdad dans l’Irak moderne. En fait, les ressemblances sont plutôt frappantes. Tout d’abord, les premières lignes du code de loi d’Eshnunna définissent une équivalence importante qui devient la base du commerce : « Un kor d’orge est égal à un sicle d’argent ». Une conversion semblable entre l’argent et l’orge était également utilisée chez les Hittites[9]. C’est peut-être une coïncidence, mais la loi de Mosiah commence par une équivalence de valeurs du même genre, énoncée en des termes similaires : « un sénum d’argent, qui est égal à une sénine d’or… soit pour une mesure d’orge » (Alma 11:3, 7).

Un deuxième parallèle a trait à la raison fondamentale pour laquelle des valeurs sont fixées pour différentes marchandises. À Eshnunna, cette évaluation visait à permettre aux marchands de faire le commerce de toutes sortes de marchandises d’usage courant, chacune pouvant être convertie soit en argent soit en orge, en huile de sésame, en laine et en d’autres choses. C’est ainsi que les mesures de métal et de grains étaient interchangeables. De même, le système néphite permettait aux marchands de convertir l’argent ou l’or en de nombreuses autres marchandises : « Aussi pour une mesure de toute espèce de grain » (Alma 11:7)[10].

Troisièmement, l’un des motifs qui étaient à la base des lois d’Eshnunna était apparemment de créer une sorte de taux standard de rémunération pour les conducteurs de chariots et les bateliers ainsi que pour fixer les pénalités pour les dégâts ou le tarif quotidien pour la location de différents moyens de transport tels que les bateaux et les chariots. Dans le cas des Néphites, le système était de même lié à un salaire quotidien standard, dans ce cas pour les juges. Les deux systèmes sont dans la norme du fonctionnement des systèmes économiques anciens[11].

FRACTIONS MATHEMATIQUES

Un autre trait révélateur du système néphite apparaît dans sa capacité d’exprimer certaines fractions. Plutôt que de commencer simplement par l’unité la plus petite et de la considérer comme le « un » sur une échelle ascendante de valeurs, les Néphites travaillaient aussi avec des fractions d’½, ¼ et ⅛ (voir Alma 11:14-19). Dans cette dimension nous voyons non seulement des liens possibles avec le vieux monde, mais aussi un lien avec le Nouveau.

En particulier, le système monétaire néphite (en dépit de son élégance numérique à d’autres égards) semble incapable d’exprimer une fraction avec un numérateur supérieur à 1. Le système comporte des mesures égales à ½, ¼ et ⅛, mais pas ¾. Pour exprimer la valeur de 1½ ou 3/2 dans le système néphite, on introduisit une unité nouvelle, à savoir l’antion (voir Alma 11:19). Un antion d’or était égal à trois shiblons d’argent (en d’autres termes « trois demi-sénums », un shiblon étant égal à un demi-sénum d’argent ou une demi-sénine d’or).

De même, et c’est tout à fait étonnant, l’arithmétique ne s’était pas suffisamment développée dans les temps anciens pour permettre l’expression complète de fractions complexes ou de mélanges de nombres entiers et de fractions dans d’autres cultures. Les peuples du Proche-Orient antique savaient comment dire ½, ¼ ou 1/10, mais si un Égyptien ou un Grec voulait dire ⅜, il devait habituellement dire « un quart plus un huitième »[12]. Les Grecs inventèrent des circonlocutions intéressantes pour exprimer ces quantités arithmétiques. Ainsi, « un talent et demi » se disait tria hemitalanta (littéralement, « trois demi-talents »; comparez avec « trois demi-sénums », comme nous l’avons vu plus haut), « un un tiers » se disait epitrios (littéralement : « un tiers au-delà ») et « deux cinquièmes » se disaient: « de cinq parts, deux d’entre elles »[13].

En outre, on peut trouver la même façon de procéder au Nouveau Monde. La plupart des cultures originaires du Nouveau Monde ne créèrent apparemment pas de poids et mesures exprimés en fractions, mais l’on connaît une exception, bien qu’elle n’ait pas retenu jusqu’à présent l’intérêt des spécialistes. Elle vient des Quiché-Mayas des plateaux du Guatemala et apparaît dans le Popol Vuh. (Les Quiché-Mayas ont été les habitants ultérieurs de la région que beaucoup de spécialistes de l’Église considèrent avoir été le pays de Néphi.) Chose intéressante, la façon fondamentale de représenter une fraction en quiché était d’ajouter le suffixe il à un numéral. De cette façon, on exprimait un-tiers en ajoutant le suffixe il au chiffre trois[14]. Cela devrait inciter les spécialistes à rechercher d’autres indices dans d’autres systèmes de numération du Nouveau Monde. Mais pour le moment, il est possible de voir ici l’existence d’un lien entre l’expression des fractions dans le système des poids et mesures de Mosiah et le système des Quiché-Mayas dans l’Amérique ancienne.

Pour en revenir au vieux monde, il y a des indications claires remontant au moins à l’Ancien Empire égyptien (environ 2686-2181 av. J.-C.) et à l’ancienne ère babylonienne (environ 2000-1600 av. J.-C.) qu’il y avait des fractions dans les poids et les mesures, utilisés dans le Proche-Orient ancien. Les Israélites utilisaient aussi des fractions, bien que leurs appellations fussent différentes[15]. Par exemple, les Hébreux comptaient en poids de sicles d’argent. Mais nous savons qu’ils avaient également mis sur pied une unité appelée nşp qui était égale à ½ sicle et une autre unité appelée rbc nşp qui représentait ⅛ sicle. Ces pièces d’argent correspondent tout à fait au shiblon néphite (½ sénum) et au léah (⅛ sénum).

Pour leur part, les Égyptiens utilisaient un système de poids et mesures qui ressemblait encore plus au système néphite. Dans l’Égypte ancienne, le heqat était une mesure complète de grain. Les fractions du heqat étaient ½, ¼, ⅛, 1/16, 1/32 et 1/64. Comme dans le système néphite, les mesures égyptiennes de grains étaient binaires, c’est-à-dire des fractions que l’on produisait en divisant en deux[16]. Dans les hiéroglyphes égyptiens, ces fractions « étaient écrites d’une manière spéciale, tout à fait autrement que les fractions ordinaires. On les appelait les fractions de l’œil d’Horus et elles étaient utilisées exclusivement pour le grain[17]. On les appelait les fractions de l’œil d’Horus parce que, selon un mythe antique, l’œil du dieu-faucon Horus (souvent appelé œil ouadjet) était censé avoir été coupé en petits morceaux par le méchant dieu Seth[18]. Horus était le fils d’Osiris. Lorsque celui-ci fut tué par son frère Seth, Horus tua Seth, son oncle, mais au cours du combat, l’œil d’Horus fut brisé en petits morceaux. Il fut guéri plus tard par le dieu Thoth, mais les parties de l’œil ouadjet en sont venues à symboliser chacune de ces fractions.

En d’autres termes, la pupille de l’œil est devenue le hiéroglyphe représentant ¼ ; le sourcil ⅛, le cil, 1/32, le canal lacrymal 1/64 et ainsi de suite. L’œil d’Horus complet symbolisait la mesure complète de grain, en d’autres termes l’œil ouadjet était la somme de tous les autres. Comme on le voit au tableau 5, le système néphite y ressemble beaucoup.

Bien que le système égyptien présente des ressemblances avec celui des Néphites – les deux sont binaires, les deux ont six mesures définies et les deux comportent une quantité totale supplémentaire, qui est la somme de parties plus petites – les deux systèmes n’étaient pas absolument identiques. Cette remarque fait naturellement écho à ce que Mormon reconnaît lui-même, à savoir que son peuple « changeait son calcul et sa mesure » de génération en génération (Alma 11:4). Néanmoins, la gradation, les unes par rapport aux autres, des unités que l’on trouve au Nouvel Empire égyptien et celle que l’on constate parmi les Néphites de l’époque d’Alma correspondent exactement, comme expliqué plus complètement au tableau 6. En d’autres termes, si on suppose que le « limnah » d’or des Néphites (Alma 11:5-10) est apparenté au poids « léger », d’environ 500 gr[19], la mine (ou maneh), qui avait cours autrefois en Mésopotamie et chez les Hébreux, alors toutes les mesures néphites peuvent immédiatement être interprétées comme des multiples exacts du poids appelé qdt ou kite de 8,8 gr de la période du Nouvel Empire égyptien et de la Basse Époque égyptienne (très proche du šiqlum, « sicle » de 8,5 gr)[20]. Si nous commençons par le « léah » néphite (Alma 11:17) comme plus petit poids néphite connu, nous pouvons trouver la correspondance de chacune des fractions de mesure de grain égyptiennes, notées au paragraphe précédent, avec un poids néphite, en associant le « léah » au kite égyptien, qui représente un. La correspondance est systématique et remarquable et semble être une altération du système hébreu du šeqel, qui était de 50 sicles pour une mine. Cette adaptation ou réorientation du système israélite était peut-être déjà en cours à l’époque de Léhi, à en juger par l’apparition fréquente de nombres hiératiques égyptiens sur les sicles (poids) hébreux dans le royaume de Juda de l’époque[21]. Le système néphite implique donc une équivalence théorique de 56 léahs (sicles?) pour un limnah (mine?)[22].

NOMS ETRANGES

Jusqu’à présent, l’un des aspects les moins solides de l’étude du système de mesure néphite concerne les noms des divers poids et mesures. Comme on peut s’y attendre, avec le temps, les langues évoluent et les termes courants à une époque ont un sens différent à une autre. En général, l’origine et la signification des noms que les Néphites donnaient à leur poids et mesures ne peut pas être déterminée. Ils ne correspondent pas non plus exactement aux noms des termes qui décrivent les poids et mesures que l’on trouve dans les cultures du vieux monde antique. Mais de temps en temps une correspondance semble trop proche pour être une coïncidence. En voici trois exemples.

Le « shiblum » néphite, qui était l’équivalent d’un quart de « mesure d’orge » (Alma 11:15-17), était écrit « shilum » dans le manuscrit de l’imprimeur du Livre de Mormon. Le manuscrit originel de ce passage est perdu, mais il est très vraisemblable que quand il a copié du manuscrit qui avait été dicté le manuscrit à l’intention de l’imprimeur, Oliver Cowdery a orthographié ce mot étrange tel qu’il l’a trouvé dans sa source (les secrétaires font habituellement preuve de soin quand ils copient des mots et des expressions appartenant à une langue étrangère). Le terme shilum est proche de l’hébreu šillum (ou shillum) qui signifie « remboursement », « récompense » ou « rétribution » (voir Osée 9:7; Ésaïe 34:8; Michée 7:3). En outre, les expressions néphites et hébraïques peuvent se rattacher à l’akkadien šillum (ou shilum) en Mésopotamie, qui désignait une « mesure de superficie »[23].

Le néphite sénum, unité de base de mesure en argent, était l’équivalent d’ « une mesure d’orge » (Alma 11:7). Cette mesure en argent avait le double de la valeur du shiblon. Le shiblon était l’équivalent d’une « demi-mesure d’orge » (Alma 11:15) et se trouvait dans une séquence de valeurs ascendantes dans laquelle le poids qui avait la valeur directement supérieure était toujours le double de celui qui était directement inférieur. Pour le nom sénum, les correspondances viennent de l’hébreu et de l’égyptien. Du côté hébreu, « sénum » semble dériver d’une racine ayant deux consonnes, sn, à laquelle s’ajoutait peut-être la terminaison du nominatif singulier akkadien –um[24]. Un candidat évident est seni ou senayim (forme du duel), provenant de la racine hébraïque signifiant « deuxième », « deux » ou « double ». Il n’est pas déraisonnable, du point de vue linguistique, de voir dans l’hébreu signifiant deux un proche parent du néphite sénum, compte tenu particulièrement des échanges dialectiques dans l’hébreu ancien entre s et š (p.ex., Juges 12:5-6). On trouve le même équivalent phonologique dans les anciens noms égyptiens apparentés signifiant deux: sn, snw, snwy et sny[25] et le copte snau[26].

Si nous allons voir plus loin que ce qui concerne les mesures de grains, nous en arrivons à « shéum », mot néphite désignant une espèce de grain. Comme on pourrait s’y attendre, le terme est à sa place dans le Proche-Orient antique. C’est le vieux terme assyrien qui désigne le blé et qui est she’um ou e’um[27]. C’est exactement le mot que nous trouvons parmi d’autres noms de céréales, notamment le maïs, le blé, l’orge et le néas (voir Mosiah 9:9). Même si, pour les Néphites, le nom ne désignait manifestement pas le blé, comme c’était jadis le cas dans la Mésopotamie ancienne, le fait qu’on le trouve parmi les noms d’autres céréales montre que le terme tirait son origine du Proche-Orient antique. Naturellement, ce qui n’est pas clair, c’est si ce nom est venu à l’origine des Jarédites, des Mulékites ou des Néphites[28]. Mais quel que soit le cas, le résultat est le même.

Il va de soi, dans toute cette exploration étymologique, que l’esprit scientifique exige que nous soyons circonspects. Du fait que nous n’avons pas le texte original des plaques d’or, nous ne pouvons pas vérifier la façon dont ces termes s’écrivaient autrefois. Mais ces trois exemples frappants nous invitent à continuer à examiner les documents anciens pour voir s’il n’y a pas d’autres liens possibles[29].

DES POIDS AVANT LES PIECES

De tout ce qui précède, il doit ressortir clairement que ce dont nous parlons ici, c’est de poids et mesures, pas de pièces. Quand le Livre de Mormon parle « des différentes pièces de leur or et de leur argent » et les nomme « selon leur valeur » (Alma 11:4), nous ne devons probablement pas penser qu’il soit question ici de pièces frappées. Le terme pièces désigne plutôt vraisemblablement des poids métalliques d’une sorte ou d’une autre. Les premières pièces connues dans l’histoire – du moins des pièces au sens moderne du terme – sont apparues en Lydie dans l’ouest de l’Asie Mineure au 7e siècle av. J.-C. et ne se sont répandues dans la région méditerranéenne qu’après le départ de Léhi de Jérusalem[30]. Comme dans les autres cultures anciennes, les Néphites semblent avoir utilisé comme payement des poids de métal en échange de quantités mesurées de grain.

Une fois de plus, les parallèles avec le vieux monde donnent à penser que les Néphites façonnaient des poids d’argent et d’or auxquels ils donnaient des tailles et peut-être des formes standard et qu’ils maintenaient certainement à un poids standardisé. On trouve des exemples de poids égyptiens enroulés dans les peintures des tombeaux, bien que, et cela se comprend, les archéologues aient trouvé peu d’exemples d’objets métalliques aussi précieux utilisés pour des mesures. Une fois que les objets de métal avaient rempli leur but où étaient endommagés ou périmés, on les fondait vraisemblablement pour réutiliser le métal. Par conséquent, il est rare qu’ils soient parvenus jusqu’à nous. Parmi ceux que l’on a récupérés des anciennes civilisations du Proche-Orient, il y a les lourds lingots de cuivre, d’usage très courant, de 20 à 30 kg provenant de la fin de l’âge du bronze (1500-1200 av. J.-C.), de petits poids de bronze léger d’Égypte, quelques rouleaux d’or, d’argent et de cuivre qui étaient manifestement coupés en longueurs plus courtes quand c’était nécessaire et de petits lingots d’or fabriqués en versant de l’or liquide dans des rainures que l’on créait en enfonçant le doigt dans du sable[31]. Par contre, les sites archéologiques ont fourni une quantité abondante de poids de pierre[32].

REFLEXIONS SUR L’ARGENT DANS LE LIVRE DE MORMON

Finalement, l’histoire de l’argent dans le Livre de Mormon, quoique sommaire, suggère l’existence de valeurs morales et de questions plus importantes qu’un simple mécanisme économique. Connaissant les détails du système de Mosiah, le lecteur peut maintenant réfléchir aux comportements et aux insinuations qui se cachent derrière chaque chose que dit le Livre de Mormon concernant l’argent.

Les cinq occurrences du mot argent dans les petites plaques apparaissent toutes dans des passages basés sur Ésaïe 55:1 qui dit : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! » Dans le même ordre d’idées, Néphi recommande au peuple de ne pas travailler pour de l’argent : «L’ouvrier en Sion travaillera pour Sion ; car s’il travaille pour de l’argent, il périra» (2 Néphi 26:31). Le terme utilisé par Ésaïe est kesep, mot hébreu signifiant « argent ». Ce mot renvoie certainement au vieux système flexible du sicle ou quelque chose de ce genre, pas à un système monétaire ou de devises précis[33]. Ces passages accordent peu de confiance à une société qui met trop l’accent sur la richesse ou les choses précieuses. Néphi et son frère Jacob connaissaient les problèmes que peut causer la recherche de l’argent. Néphi avait été disposé à abandonner les biens de Léhi au pays de Jérusalem ; Laban s’était emparé de beaucoup de leurs choses précieuses et les Juifs orgueilleux s’étaient pris d’une confiance immodérée en leurs richesses matérielles. Jacob, né dans le désert, avait grandi là où l’on ne se servait pas d’argent et était opposé à ceux qui étaient devenus orgueilleux à cause de leur richesse (voir Jacob 2:13).

Après ces quelques commentaires au début des petites plaques, il n’est plus question d’argent dans le Livre de Mormon jusqu’au livre d’Alma. La description de la réforme législative du roi Mosiah dans Mosiah 29 ne parle pas du système de poids et mesures qu’il avait créé. En dépit du fait que le nouveau système ne soit pas mentionné avant Alma 11, ses effets se manifestent déjà de manière subtile, agissant dans les coulisses dans Alma 1. À peine le système est-il installé, la première année du règne des juges, que l’argent commence à devenir un problème. Néhor, qui enseignait que les dirigeants religieux et les ecclésiastiques devaient être soutenus financièrement, s’acquit des disciples. Ses prétentions étaient peut-être maintenant davantage d’actualité. Après tout, s’il fallait payer les juges pour leurs services, les prêtres et les dirigeants religieux ne devraient-ils pas être payés, eux aussi ? Néhor était persuasif et beaucoup, parmi le peuple, « commencèrent à l'entretenir et à lui donner de l'argent » (Alma 1:5).

Néanmoins, les membres de l’Église dirigée par Alma continuèrent à se distinguer en se servant et en se soutenant mutuellement et cela explicitement « sans argent » (Alma 1:20). Entretenant la tradition instituée par Alma l’Ancien aux eaux de Mormon, ce peuple de l’alliance se soutenait mutuellement en partageant ses biens, « donna[nt] de ses biens, chacun selon ce qu'il avait » (Mosiah 18:27). De même, le roi Benjamin exhorta ses sujets à rendre la chose même qu’ils avaient empruntée plutôt que d’essayer de réduire la dette à un montant liquidé que l’on pourrait alors payer (voir Mosiah 4:28 ; on trouvera des remboursements en nature du même genre en comparant avec Exode 22:1, 4, 11, 14) et à donner directement de leurs biens les aux autres selon leurs besoins pour la plupart des denrées (voir Mosiah 4:19). Ce partage des biens n’impliquait probablement pas une grande utilisation d’argent en soi.

Toutefois, lorsque les poids monétaires standardisés devinrent courants chez les Néphites, l’argent devint une source de corruption politique (voir Hélaman 7:5), de pots-de-vin (voir Alma 11:2 ; Hélaman 9:20), de favoritisme religieux (voir Mormon 8:23), de cupidité et d’idolâtrie (voir Mormon 8:23). Non que le système en lui-même fût mauvais de par sa nature, mais entre les mains de conspirateurs, il devint un instrument de corruption. La réforme législative de Mosiah eut sans aucun doute un effet favorable sur un mercantilisme croissant, sur la prospérité économique et sur la capacité de la ville de Zarahemla de maintenir le contrôle politique sur ses régions environnantes, mais les dirigeants religieux néphites s’efforçaient d’en limiter l’importance. Après la venue du Christ, les Néphites eurent tout en commun pendant leur âge d’or (voir 4 Néphi v. 3), période au cours de laquelle les unités de valeur monétaire ne jouèrent une fois de plus probablement qu’un petit rôle.

C’est peut-être à l’amour de la richesse tangible qui avait si gravement corrompu sa société dans les dernières années du monde néphite que pensait Moroni quand il prit ouvertement ses dispositions pour protéger les plaques de métal néphites. Sachant que les gens seraient prompts à faire fondre du métal pour le réduire en lingots à usage commercial, Moroni était particulièrement motivé pour protéger et préserver les annales sacrées des Néphites, dont la plupart étaient écrites sur des plaques de métal précieux. C’est peut-être pour cette raison que Moroni lança une malédiction solennelle contre quiconque essayerait d’acquérir les plaques « pour obtenir du gain » (Mormon 8:14).

CONCLUSION

Le système néphite de poids et mesures présente de l’intérêt pour un certain nombre de raisons. Il apparaît dans une scène où Alma et Amulek se sont lancés dans un débat sur des sujets religieux, un moment inattendu, à première vue, pour en parler. Mais ce choix a dû découler du désir de donner un exemple des sources fondamentales des problèmes de la société néphite : l’orgueil et l’anarchie. Ces caractéristiques allaient en fin de compte conduire à une grande méchanceté et à la destruction de la société néphite, comme Mormon le rapporte. En outre, en introduisant cette information, Mormon met en évidence une plaie sociale qui y est liée, celle de la corruption grave, donnant une idée de l’importance de la somme que Zeezrom offrait à Amulek. À un autre niveau, même si les Néphites « changeaient leur calcul et leur mesure » (Alma 11:4), comme ils le jugeaient bon, nous pouvons détecter des liens entre les mesures et les grains néphites et les systèmes semblables de métrologie connus au Proche-Orient antique, notamment des noms, des rapports de valeur et des fonctions officielles. Pour ce qui est des liens possibles entre les mesures unifiées et les systèmes élaborés parmi les anciens Américains, le sujet attend et demande des études plus poussées. Mais entre-temps, notre escalade le long de cet affleurement intéressant de documentation riche en informations nous permet de voir que Joseph Smith aurait eu beaucoup de mal à produire de son cru un système aussi élégant et aussi complexe, tout en étant pratique, de mesures cadrant tellement bien avec les pratiques anciennes.


LES ANCIENS PEUPLES DE LA MESOAMERIQUE UTILISAIENT-ILS UN SYSTEME DE POIDS ET DE BALANCES POUR MESURER LES MARCHANDISES ET LEUR VALEUR ?

L’aventure d’Alma avec son antagoniste Zeezrom dans la ville d’Ammonihah, relatée dans Alma 11, décrit un système de poids et de capacité en usage chez les Néphites dans leurs activités commerciales. Nous nous attendrions à ce qu’en Mésoamérique, et certainement dans la région où l’histoire des Néphites s’est déroulée, la présence de poids et mesures standard soit attestée. Il devrait y avoir des mesures de capacité pour le grain, plus des poids de métal précieux de valeur équivalente aux quantités de grain.

Quand ils arrivèrent, les envahisseurs espagnols signalèrent que sur les marchés tout était vendu au volume[1]. Par exemple, les Aztèques utilisaient une boîte de bois, appelée quauhchiaquihuitl, pour mesurer le maïs et d’autres marchandises à peser ; cette boîte était divisée jusqu’à ce que l’unité la plus petite soit le douzième du tout. Des vases de taille progressive étaient utilisés pour mesurer les liquides. Ils avaient aussi des coupes spéciales pour mesurer les paiements de tribut en or aux Espagnols en unités plus ou moins équivalentes à 30 grammes. Les groupes mayas du sud de la Mésoamérique utilisaient aussi avant tout des mesures de capacité (par exemple, la « brassée » et la « poignée »)[2]. Dans la région environnant Kaminaljuyú, dans les faubourgs de Guatemala City (que certains considèrent être le « pays de Néphi »), les archéologues ont effectivement trouvé des bols fabriqués selon un modèle type et de taille progressive ; ils représentent peut-être des mesures de capacité fixées par la société de l’époque – les premier et deuxième siècles av. J.-C. – lorsque le Livre de Mormon signale que les Lamanites habitaient Néphi[3].

En outre, il est pratiquement certain que les poids n’étaient utilisés nulle part en Mésoamérique à l’époque de la conquête espagnole et que la balance n’était pas connue non plus[4]. Mais la littérature archéologique et ethnologique attribue aux peuples des Andes et à d’autres habitants de l’Amérique du Sud la possession de la balance[5]. Une information fragmentaire suggère la possibilité – pas davantage – que la balance ait été connue en certains endroits de la Mésoamérique à une époque plus ancienne, même si, selon toute apparence, son usage n’a pas été conservé pour que les témoins espagnols la remarquent[6] . (On sait que beaucoup d’autres idées et d’objets culturels ont été perdus depuis les temps anciens[7].)

Certains saints des derniers jours sont d’avis que les jeux de petits objets métalliques actuellement utilisés pour peser les marchandises que l’on vend sur la place du marché au Guatemala descendent culturellement d’un système de poids que l’on pense avoir été utilisé à l’époque préhispanique et même à l’époque du Livre de Mormon[8]. Il n’y a pas de preuves objectives pour confirmer cette supposition. En effet, historiquement parlant, l’utilisation de la balance et des poids au Guatemala semble avoir été introduite par les Européens il y a probablement 90 ans tout au plus[9]. Tout le matériel et toute la terminologie qui vont de pair avec ces appareils sont d’origine espagnole.

Il faut dire que les études des étalons de mesure mésoaméricains qui ont été faites jusqu’à présent ont été extrêmement limitées. Le sujet mérite une recherche en profondeur qui pourrait nous apporter davantage de lumière.

Traduit et affiché avec la permission de FARMS.

L’ELEGANCE NUMERIQUE DU SYSTEME NEPHITE

La configuration mathématique du système néphite de poids et mesures est intéressante : les principales valeurs-or étaient les suivantes : la sénine ; deux sénines faisaient un séon ; deux séons faisaient un shum ; le limnah était le total de toutes les précédentes. En d’autres termes, les valeurs étaient 1, 2, 4, 7 (1+2+4), comme indiqué au tableau 1 :
 

TABLEAU 1 : OR

 

 1 = sénine

 2 = séon

 4 = shum

 7 = limnah

 

De même, les valeurs en argent étaient également 1, 2, 4 et 7, comme indiqué au tableau 2 :
 

TABLEAU 2 : ARGENT

 

 1 = sénum

 2 = amnor

 4 = ezrom

 7 = onti


La beauté de cette configuration mathématique réside dans sa simplicité[1]. Les valeurs de 1, 2, 4 et 7 peuvent être atteintes en utilisant un seul poids et les valeurs 3, 5, 6, 8, 9, 11 et 14 peuvent l’être avec deux seulement, tandis que les valeurs 10, 12, 13, 15, 16 et 18 peuvent toutes être constituées en n’utilisant qu’une combinaison de trois poids. Ce n’est que quand on dépasse 13 qu’on a besoin de deux des mêmes poids :
 

TABLEAU 3

 

Valeur

Nombre de poids requis pour obtenir cette valeur

 1

 1

 2

 1

 3

 2         2 + 1

 4

 1

 5

 2         4 + 1

 6

 2         4 + 2

 7

 1

 8

 2         7 + 1

 9

 2         7 + 2

 10

 3         7 + 2 + 1

 11

 2         7 + 4

 12

 3         7 + 4 + 1

 13

 3         7 + 4 + 2

 14

 2         7 + 7

 15

 3         7 + 7 + 1

 16

 3         7 + 7 + 2

 17

 4         7 + 7 + 2 + 1

 18

 3         7 + 7 +  4

 19

 4         7 + 7 +  4 + 1

 20

 4         7 + 7 +  4 + 2


L’ÉLÉGANCE NUMÉRIQUE DU SYSTÈME NÉPHITE

L’antion d’or (qui valait une sénine et demie d’or) permet au système d’exprimer des moitiés. On peut se demander pourquoi l’on n’a pas adopté la « demi-sénine ». Pour deux raisons peut-être. On utilisait des poids d’argent de valeur moindre, mais l’or était peut-être intrinsèquement plus précieux, par conséquent

un morceau d’or plus petit qu’une sénine aurait pu se perdre ou être abîmé trop facilement. Plus que cela encore, les valeurs 1½, 3, 3½ et 5½ étaient plus faciles à constituer avec l’antion que si l’on avait plutôt utilisé une mesure d’or hypothétique d’une demi-sénine, comme on peut le voir au tableau 4.
 

TABLEAU 4

 

Valeurs

Avec l’antion

Sans l’antion

Avec 1/2 sénine

 1½

 1 poids

 

 impossible

 2 poids

 2½

 2 poids

 1 + 1½

 impossible

 2 poids

 3½

 2 poids

 2 + 1½

 impossible

 3 poids

 4½

 3 poids

 1 + 2 + 1½

 impossible

 3 poids

 5½  2 poids  4 + 1½  impossible  3 poids
 6½  3 poids  4 + 1 + 1½  impossible  3 poids

Ainsi donc, la présence de l’antion d’or améliorait l’efficacité du système. Encore une fois, on peut obtenir toutes les demi-valeurs entre 1 et 7 sans devoir utiliser deux des mêmes poids.

On utilisait en tout sept mesures d’argent. Le shiblon, le shiblum et le léah étaient respectivement la ½, le ¼ et le ⅛ du sénum. Du fait que ces trois mesures plus petites prolongent le système binaire par des fractions inférieures à 1, on peut voir la logique mathématique du système depuis le léah jusqu’à l’ezrom. Pour être clair, si l’on devait considérer le léah (la mesure la plus petite) comme étant 1, le shiblum (qui a deux fois la taille du léah) devient 2, le shiblon devient 4, le sénum est alors 8, l’amnor 16 et l’ezrom 32. Voir le tableau 5, qui exprime aussi ce rapport en termes de puissances de deux et en fractions, d’autres manières de dire la même chose :

TABLEAU 5

 ⅛  = léah  = 1  = 20
 ¼  = shiblum  = 2  = 21
 ½  = shiblon  = 4  = 22
 1  = sénum  = 8  = 23
 2  = amnor  = 16  = 24
 4  = ezrom  = 32  = 25
 7  = onti    


Quand Alma 11:13 dit qu’un onti était « aussi grand que tous les autres », cela voudrait dire qu’un onti était égal à 1 + 2 + 4 = 7 sénums. Il est cependant possible que l’onti ait aussi compris la valeur des trois petites mesures, auquel cas il valait 7⅞ sénums ou 63 léahs.
 

TABLEAU DES VALEURS RELATIVES 

 

Néphite*

Valeurs relatives

Egypte

Calcul

œil

d’Horus

Egypte

qdt-

kite

Valeur en  Grammes

(possible)

Or

Argent

Nombres

moindres

Léah

Mesure

de

grain

Mine

     
 

 6 ontis

 84  336  42  6  336  3024
 

 5 ontis

70

280

35

5

280

2520

 

 4 ontis

56

224

28

4

224

2016

 

 3 ontis

42

168

21

3

168

1512

 

 2 ontis

28

112

14

2

112

1008

limnah

onti

14

56

7

1

56

504

shum

ezrum

8

32

4

.5

32

288

sean

amnur

4

16

2

.25

16

144

antion

 

3

12

1,5

.1875

12

108

sénine

sénum

2 shiblons

8

1

.125

8

72

   

shiblon

4

.5

.0625

4

36

   

shilum

2

.25

.03125

2

18

   

léah

1

.125

.015625

1

9


*Les termes néphites sont écrits ici selon l’orthographe la plus ancienne trouvée dans les manuscrits.
© Robert F. Smith, 1998
 

ILLUSTRATIONS

Poids en bronze en forme de lion. Nimrod, Assyrie.

Livre des Morts. Anubis compare le poids du cœur de Henefer par rapport à celui de la plume de Maat.

 

 

* * * * * * *
 

[1] Je tiens à remercier Kent Brown, Claire Foley et la rédaction de FARMS pour leurs apports à cet article. Ce dernier a été composé à la demande de la rédaction pour mettre en évidence les recherches passées et présentes de plusieurs personnes sur ce sujet, personnes citées dans les notes qui suivent.

[2] L’effondrement de l’état de droit sapa la base divinement créée de la civilisation néphite. Abinadi prophétisa clairement la menace du Seigneur de le détruire totalement car « il s’est endurci le cœur contre mes paroles; il ne s’est pas repenti de ses mauvaises actions; c’est pourquoi j’interviendrai contre lui… dans ma colère ardente » (Mosiah 12:1, voir 12:8 ; comparer avec Mormon 1:19). Voir aussi le même genre d’anarchie dans Hélaman, chapitres 4, 5 et 7 et dans Mormon chapitres 1 et 2. Les prophètes de l’Ancien Testament ont également condamné le mauvais usage des poids et balances sur la place du marché (Osée 12 :7 ; Amos 8 :5) juste avant la destruction du Royaume du Nord.

[3] Keith W. Whitelam, The Just King: Monarchical Judicial Authority in Ancient Israel, Sheffield, JSOT Press, 1979, p. 37; Jans J. Boecker, Law and the Administration of Justice in the Old Testament and Ancient East, Minneapolis, Augsburg Publishing House, 1980, pp. 40-49.

[4] Voir Ruth 4:1-2; Harold B. Clark, Biblical Law, Portland, Ore., Binfords & Mort, 1943, p. 260, n. 19, « Ordinairement, les juges n’étaient pas payés » ; Haim H. Cohn, « Bribery », Encyclopedia Judaica, Jérusalem, Keter, 1974, 4:1357, « [Les juges] sont exhortés à être impartiaux et à ne pas céder à la corruption (2 Chroniques 19:7) et il leur est rappelé que les services judiciaires doivent être rendus gratuitement (Bek. 29a). »

[5] Cohn, « Bribery », p. 1368, « D’autres juristes talmudiques poussaient la règle contre la corruption jusqu’à l’extrême en refusant de siéger en jugement contre toute personne leur ayant montré la moindre courtoisie, ne serait-ce qu’en les aidant à descendre d’un bateau (Ket. 105a). »

[6] Voir Morris Silver, Economic Structures of Antiquity, Westport, Conn., Greenwood, 1995, pp. 97-99.

[7] Voir le traitement ci-après.

[8] Cet ensemble de lois apparaît en anglais dans James B. Pritchard, dir. de publ., Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old  Testament, 3e éd., Princeton, Princeton University Press, 1969, pp. 161-163, et Martha T. Roth, Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Atlanta, Ga., Scholars Press, 1995, pp. 57-70. Voir en outre John W. Welch, « The Laws of Eshnunna and Nephite Economics », dans Pressing Forward with the Book of Mormon, Provo, Utah, FARMS, 1999, pp. 147-149.

[9] Harry A. Hoffner Jr., The Law of the Hittites, Leiden, Brill, 1997, p. 10, « L’équivalent en argent est calculé sur la base du taux probable d’échange de 4 PARISU d’orge contre [½ sicle] d’argent à la section 183 et un mois hittite de 30 jours. »

[10] Comme dans la plupart des cultures anciennes, les objets métalliques d’argent et d’or changeaient probablement rarement de mains dans les échanges commerciaux. C’étaient plutôt les marchandises elles-mêmes que les gens échangeaient. Voir Marvin A. Powell, fils, « Ancient Mesopotamian Weight Metrology: Methods, Problems and Perspectives », dans Studies in Honor of Tom B. Jones; dir. de publ. Marvin A. Powell, fils, et Ronald H. Sack, Neukirchen, Kevelaer, 1979, pp. 86-87.

[11] Bien que l’économie, dans le Nouveau Monde, ait dû reposer sur un étalon d’une sorte ou d’une autre, trois types d’objets seulement sont parvenus jusqu’à nous : (1) des poids qui sont des multiples d’une unité unique, (2) des éléments de balance (qu’on ne connaît jusqu’à présent que dans les Andes) et (3) une mesure de longueur – la « coudée », valant 52,5 cm. Pour les poids, voir Erland Nordenskjöld, The Origin of the Indian Civilization of South America, Göteborg, Pehrssons, 1933, p. 278. Pour les éléments de balance, voir id., et Walter Hough, « Balances of the Peruvians and Mexicans », Science 21, 1893, p. 30. Pour la « coudée » dans l’Amérique ancienne, voir « An Old-World Cubit in America », Nature III, 1923, p. 647. Ceux-ci sont cités dans John L. Sorenson et Martin H. Raish, Pre-Columbian Contact with the Americas across the Oceans: An Annotated Bibliography, Provo, Utah, FARMS, 1996, pp. 29, 192, 478.

[12] Bartel L. van der Waerden, Science Awakening I, New York, Oxford University Press, 1961, p. 49. Gillings, Mathematics in the Time of the Pharaohs, p. 234 : «Nous avons tendance à oublier que [les Égyptiens] étaient un people qui n’avait pas de signes plus, moins multiplier ni diviser, pas de signe égal,  pas de racine carrée, pas de zéro ni de virgule pour les décimales, pas de monnaies, pas d’indices ni aucun moyen d’écrire ne serait-ce que la fraction ordinaire p/q ; en fait, ils n’avaient absolument rien de ce qui pourrait approcher une notation mathématique.»

[13] Voir Herbert W. Smyth, Greek Grammar, Cambridge, Harvard University Press, 1963, p. 106; traduction par moi-même.

[14] Voir Munro S. Edmonson, The Book of Counsel: The Popol Vuh of the QuicheMaya of Guatemala, New Orleans, Tulane University, 1971, p. 6. Voir aussi l’allusion aux balances dans Hough, « Balances of the Peruvians and Mexicans », 30, cité dans Sorenson et Raish, Pre-Columbian Contact, p. 478. Je remercie John Sorenson de ce renseignement.

[15] Marvin A. Powell, « Weights and Measures », Anchor Bible Dictionary, dir. de publ. David Noel Freedman etc., New York, Doubleday, 1992, 6:898.

[16] Voir le traitement des fractions égyptiennes représentées dans l’œil d’Horus dans Alan Gardiner, Egyptian Grammar, 3e édition, Londres, Oxford University Press, 1957, pp. 197-199 (§266).

[17] Gillings, Mathematics in the Time of the Pharaohs, p. 210.

[18] Alan H. Gardiner, Egyptian Grammar, Oxford, Griffith Institute, Ashmolean Museum, 1976, p. 197.

[19] Powell, « Weights and Measures », 6:897 (sumérien MA.NA, akkadien/assyrien/ babylonien manum); s.v. « manû », dans Miguel Civil etc., The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago, Chicago, Oriental Institute, 1977, 10:1:219-21; Dever, « Weights and Measures », dans Harper's Bible Dictionary, p. 1127. Comparez avec l’akkadien limnum, limnanni, limmanum, etc., dans Wolfram von Soden, Akkadisches 1 Handwörterbuch, Wiesbaden, Harrassowitz, 1965, p. 604, comme étant parmi les utilisations de manum.

[20] John W. Betlyon, « Coinage », Anchor Bible Dictionary,1:1076.

[21] Comparez avec Dever, « Weights and Measures », pp. 1128-1129; Powell, « Weights and Measures », 6:906-907.

[22] Je remercie Robert F. Smith de ce tableau et de cette analyse, qui est basée sur de nombreuses années d’apports à la recherche sur le sujet.

[23] Ake Sjöberg, dir. de publ., The Sumerian Dictionary of the University Museum of the University of Pennsylvania, Philadelphie, University Museum, 1984, 2:200. Voir aussi Robert F. Smith, « Weights and Measures in the Time of Mosiah II », FARMS, 1983, p. 6.

[24] Le manuscrit de l’imprimeur a senum, ezrum et shilum dans Alma 11, ainsi que sheum dans Mosiah 9:9. Ils pourraient bien avoir été importés de l’akkadien par les Jarédites.

[25] Gardiner, Egyptian Grammar, pp. 192-194 (§§ 260-261); Antonio Loprieno, Ancient Egyptian: A Linguistic Introduction, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, pp. 60, 71-72.

[26] Thomas O. Lambdin, Introduction to Sahidic Coptic, Macon, Ga., Mercer University Press, 1983, pp. 59, 270.

[27] Hildegard Lewy, « On Some Old Assyrian Cereal Names » Journal of the American Oriental Society, 76/4, 1956, pp. 201-204; s.v. « se'u » dans Assyrian Dictionary, 17:2:345-350.

[27] Robert F. Smith, qui a été le premier à attirer l’attention sur ce rapport, propose « une origine mulékite et, par conséquent, probablement jarédite ». Mais le cas n’est pas évident. Voir « Some 'Neologisms' from the Mormon Canon », Conference on the Language of the Mormons I973, Provo, Utah, BYU Language Research Center, 1973, pp. 64-67, spéc. p. 66 et note 38.

[29] On trouvera d’autres rapports possibles entre les poids néphites et des termes significatifs connus dans d’autres cultures anciennes dans Smith, « Nephite Weights and Measures ».

[30] Voir John W. Betlyon, « Coinage », dans Anchor Bible Dictionary, 1:1079; A. D. H. Bivar, « Coins », The Oxford Encyclopedia of Archaeology in the Near East, publ. par Eric M. Meyers etc., New York, Oxford University Press, 1997, 2:41-42; Marvin A. Powell, fils, note aussi l’utilisation de cubes d’argent faisant fonction de pièces pendant l’ère néobabylonienne, 6e-5e siècles av. J.-C. dans « Ancient Mesopotamian Weight Metrology », p. 87.

[31] Powell, « Weights and Measures », 6:905; Barry Kemp, Ancient Egypt: Anatomy of a Civilization, Londres, Routledge, 1989, pp. 237, 244-255; J. D. Muhly, « Cyprus », dans Oxford Encyclopedia of Archaeology in the Near East, 2:92-93.

[32] Powell, « Ancient Mesopotamian Weight Metrology », p. 72; et « Weights and Measures », 6:906. La Bible mentionne aussi les poids de pierre. Par exemple, l’expression hébraïque sous-jacente à « deux sortes de poids, un gros et un petit », Deutéronome 25:13 pourrait être traduite littéralement par « deux sortes de pierres, une grande et une petite ».

[33] Betlyon, « Coinage », 1:1076-89.

 

Les anciens peuples de Mésoamérique utilisaient-ils un système de poids et mesures pour mesurer les marchandises et leurs valeurs?

 

[1] Voir, par exemple, Francisco Guerra, « Weights and Measures in Pre-Columbian America », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences 15, 1960, pp. 342-344; Daniel G. Brinton, « The Lineal Measures of the Semi-Civilized Nations of Mexico and Central America », Proceedings of the American Philosophical Society 22;194-207, 1885; et Fernando Cortés, His Five Letters of Relation to the Emperor Charles V, éd. et trad. Francis A. MacNutt, Glorieta, N.Mex., Rio Grande, 1977, 1:259.

[2] Voir Guerra, « Weights and Measures »; Munro S. Edmonson, The Book of Counsel: The Popol Yuh of the Quiche Maya of Guatemala, New Orleans, Tulane University Middle American Research Institute, 1971, pp. 5-6.

[3] Voir Marion Popenoe de Hatch, Kaminaljuyu/San Jorge: Evidencia Arqueologica de la Actividad Economica en el Va/le de Guatemala, 300 a.C. a 300 d.C. Guatemala, Universidad del Valle de Guatemala, 1997, p. 100.

[4] Voir Guerra, « Weights and Measures », p. 342; Brinton, « Lineal Measures », pp. 194-196; William T. Brigham, Guatemala: The Land of the Quetzal, New York, Scribner's Sons, 1887, p. 425.

[5] Voir Stephen C. Jett, « Pre-Columbian Transoceanic Contacts », dans Ancient Native Americans, dir. de publ. Jesse D. Jennings, San Francisco, Freeman, 1978, p. 631; Walter Hough, « Balances of the Peruvians and Mexicans », Science 21/518, 6 janvier 1893:30.

[6] Par exemple, voir Hough, « Balances », p. 30; Erland Nordenskjöld, « Origin of the Indian Civilization in South America », dans The American Aborigines: Their Origin  and Antiquity: A Collection of Papers by Ten Authors, dir. de publ. et compil. Diamond Jenness, Toronto, University of Toronto Press, 1933, p. 278.

[7] Voir « Lost Arts » dans Reexploring the Book of Mormon, dir de publ. John W. Welch, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1992, pp. 101-104.

[8] Voir Joseph L. Allen, Exploring the Lands of the Book of Mormon, Orem, Utah, S. A. Publishers, 1989, p. 175; Carolyn Lee, « Weights and Measures », Book of Mormon Archaeological Digest 1/4, 1998, p. 13.

[9] Felix W. McBryde, Cultural and Historical Geography of Southwest Guatemala, Washington D.C., Smithsonian  Institution, 1945, p. 84; McBryde, Sololá: A Guatemalan Town and Cakchiquel Market-Center, New Orleans, Tulane University Middle American Research Institute, 1933, p. 124.

 

L’élégance numérique du système néphite

 

[1] On trouvera une comparaison des systèmes 1-2-4-7,1-2-4-8 et 1-2-5-10 dans Richard P. Smith, « The Nephite Monetary System », Improvement Era 57, mai 1954, pp. 316-317. A propos des systèmes binaires en général, voir  Phylis et Philip Morrison, « Wonders », Scientific American, février 1996, pp. 130-131.