Sur les petites plaques, Néphi veut plus que toute autre chose convaincre
ses lecteurs que Jésus est le Christ.
Il veut aussi y écrire des choses claires et
précieuses. Les plus claires et les plus précieuses sont les
passages où il utilise le nom Christ dans
des chiasmes ou dans d’autres
formes de poésie. Et c’est surtout
là qu’il cherche à convaincre Juif et Gentil que
Jésus est le Christ, le seul vrai Messie.
Néphi nous convainc que Jésus est le Christ par le
Chiasme
:
la façon claire
et précieuse d'un prophète de Dieu de nous persuader
David E.
Sloan
Journal of Book of Mormon Studies,
vol. 6, n° 2, 1997, pp. 67-98
© FARMS
Introduction
Le
Seigneur
a commandé « que
le ministère et les prophéties, les parties les plus claires et les
plus précieuses d'entre elles, devaient être écrites sur [les petites
plaques] » de
Néphi (1
Néphi 19:3) [1]. Les écrits de
Néphi sur les petites plaques se veulent essentiellement clairs et
précieux. Un des
tout grands buts poursuivis par Néphi
lorsqu’il écrit des choses claires et précieuses est de persuader (voir 1
Néphi 6:4),
de prouver (voir 2 Néphi
11:4, 6) et de convaincre Juif et Gentil que
Jésus-Christ est
le seul vrai Messie (voir 2 Néphi
26:12) et de les convaincre « que les annales des prophètes et des
douze apôtres de l'Agneau sont vraies » (1
Néphi 13:39) [2].
La force de conviction des écrits de
Néphi
est due en partie à ce qui s’y trouve et qui a disparu de la Bible.
« Les plus claires
et les plus précieuses de toutes les vérités perdues dans la Bible, en
particulier dans l'Ancien Testament,
sont les déclarations claires et sans équivoque de la mission de
Jésus-Christ [3]. »
En revanche, la clarté du Livre de Mormon « se concentre souvent sur des
sujets cruciaux tels que la suprématie de Jésus [4]. » Certaines des
parties les plus claires des écrits de
Néphi sont les
cinquante-trois fois qu’il écrit le nom
Christ [5].
Certaines des parties les plus précieuses
des écrits de Néphi
sont celles dans lesquelles il utilise la poésie (« les meilleurs mots
dans le meilleur ordre [6] ») en général et le
chiasme
en particulier. Sur la base de cette thèse,
l’exemple parfait d’écrit clair et précieux chez
Néphi est incontestablement l'utilisation du nom Christ sous forme
chiastique
ou sous d’autres formes poétiques. Richard
Dilworth Rust écrit : « L'entrelacement de
la beauté, de la vérité et de ce qui est bon nous invite au Christ.
C'est-à-dire que des éléments littéraires tels
que la forme, les images, la poésie et la narration contribuent à nous
instruire et à nous motiver d’une manière qui nous touche le
cœur et l’âme aussi bien que l’esprit
[7]. » Ainsi, « le contenu déterminant souvent la forme et la forme
révélant le
contenu, des thèmes profonds sont présentés d’une manière qui nous atteint
profondément [8]. » Le but de cet article est d'analyser l'utilisation que
fait Néphi
d’écrits clairs et précieux, du chiasme en particulier, pour nous
convaincre « que Jésus est le Christ » (2
Néphi 26:12).
Les paroles de trois
témoins
du Christ
Avant de continuer, il convient de noter que pour prouver la venue du
Christ,
Néphi
complète ses écrits par les paroles de trois témoins oculaires spéciaux du
« Rédempteur »
(2
Néphi 11:2-4) [9].
Néphi commence par
les paroles de Jacob
dans 2 Néphi
6-10 [10], poursuit avec les paroles d'Ésaïe
dans 2 Néphi
12-24 et conclut avec ses propres paroles dans 2 Néphi 25:7-33:15 [11].
Jeffrey
Holland écrit : « Sentinelles postées à la
porte du livre, Néphi,
Jacob
et Ésaïe
nous admettent en la présence scripturaire
du Seigneur [12]. »
Il est significatif que les cinquante-trois mentions du mot Christ
dans les écrits de Néphi
se trouvent dans ces chapitres [13].
Chose importante,
Néphi
se sert de deux passages
chiastiques
(voir
2 Néphi 11:2-8 et 25:1-6,
traités ci-dessous) comme procédé littéraire pour pourvoir simultanément
séparer les paroles des trois témoins
et unir leurs témoignages du Christ
[14]. Selon
John Welch,
« Chaque fois qu'on lit un texte, particulièrement un texte ayant une
origine antique, on doit faire attention à la division du texte en
sections ou unités et se rappeler que, dans la manière d’écrire
d’autrefois, le chiasme
constituait un élément bien nécessaire d'organisation interne [15]. » Le
reste de cet article analyse l'utilisation que fait
Néphi des titres
Christ et Messie, particulièrement là où ils apparaissent
sous forme chiastique
ou sous une autre forme poétique.
2
Néphi
10:3, 9
Jacob,
qui est le premier des trois témoins oculaires, utilise deux fois le titre
Messie pendant un sermon, dans 2
Néphi
6:13-14 [16]. Cette nuit-là, après le sermon, un
ange va instruire Jacob
sur le Messie, révélant
que « Christ… serait… son nom » (2 Néphi
10:3) [17]. Jacob
utilise aussi le nom Christ quelques
versets plus loin
dans 2 Néphi
10:7. Bien que Christ n’apparaisse
pas ici sous forme poétique, comme nous allons le montrer ci-dessous,
quand il passe
du terme plus général de Messie au terme très spécifique de
Christ, Néphi le fait à l'aide d’un
chiasme
et c’est là un aspect important de sa manière de convaincre autrui du
Christ [18].
Les termes originaux pour désigner le Messie et le Christ dans
le Livre de Mormon
Avant d’aller trop loin dans nos conclusions concernant le passage de
Messie à Christ, nous devons réfléchir à la possibilité d'une
transition semblable dans le texte original non traduit.
La question se pose parce que Messie et
Christ sont des translittérations de mots hébreu et grec signifiant
« l’oint ». Bien qu'il semble raisonnable
de conclure que le mot hébreu
mashiach est l'original du
mot Messie dans le
Livre de Mormon,
on ne sait pas quel mot se trouve derrière Christ [19].
Certains considèrent même comme
anachronique
l'utilisation de Christ à ce stade du
Livre de Mormon [20].
Cependant, les mots « ce serait là son nom » suggèrent que l'ange
a
réellement
révélé
un nom futur de Jésus autre que
mashiach
(le nom le plus vraisemblablement connu de
Jacob
à ce moment-là) que Joseph Smith a traduit par Christ.
Une possibilité pour ce nom futur est le grec
Christos [21].
« Le grec était d'usage courant dans l'ensemble de la Palestine au premier
siècle apr. J.-C. » (certains savants vont jusqu’à proposer « un dialecte
grec spécial aux Juifs »), et la plus grande partie du
Nouveau Testament
a été écrite à l'origine en grec [22]. En outre, « le langage des Juifs »
était influencé par « l'audition et la lecture fréquentes » de la version
grecque de l'Ancien Testament,
connue sous
le nom de Version des Septante ou
LXX, dont la traduction fut faite plus de
cent ans avant la naissance du Christ [23]. En fait, « l’opinion générale
est que la LXX
est en grande partie responsable » de l'influence de l'Ancien
Testament sur « le vocabulaire religieux »
utilisé quand le Nouveau Testament
a été écrit [24].
En conséquence, beaucoup de termes « tirés de la
LXX » par
les Juifs étaient « couramment employés dans les textes et le vocabulaire
religieux [25]. » Si Christos
était l’un de ces termes, il est possible qu'avant la naissance du Christ,
les Israélites, tant dans le vieux monde que dans le nouveau aient attendu
un Messie qu'ils connaissaient
sous le nom ou titre de
Christos [26].
En résumé, bien que le mot originel du Livre de Mormon pour désigner le
Christ soit inconnu, il y a des raisons de croire que ce n'était pas
le même mot que celui qui désignait le Messie.
En outre, indépendamment de ce mot originel, la
présence du nom Christ dans le Livre
de Mormon avant l’apparition du Christ
ressuscité n’est pas anachronique pour ceux qui croient en la révélation
et en la prescience de Dieu [27].
2
Néphi
11:2-8
Après les deux mentions de Christ par Jacob dans 2
Néphi
10, le nom est ensuite utilisé quatre fois par
Néphi
dans 2
Néphi
11.
Chose importante, Néphi
place ses quatre premières mentions de Christ en tant qu'éléments
parallèles dans deux chiasmes,
comme on le verra ci-dessous [28] :
A a
Et maintenant, moi, Néphi, j'écris davantage des
paroles d'Ésaïe,
b car mon âme
fait ses délices de ses paroles.
c
Car j'appliquerai ses paroles à mon peuple,
A1 et je
les enverrai à tous mes enfants,
B1 a
car en vérité il a vu mon Rédempteur
b
tout comme je l'ai vu.
B1’
a Et mon frère
Jacob l'a vu, lui aussi,
b
comme je l'ai vu;
A1’ c'est pourquoi, j'enverrai leurs paroles à mes
enfants
A2 pour
leur prouver que mes paroles sont vraies.
B2
C'est pourquoi, par les paroles de trois,
C2 a dit
Dieu,
C2’ j'établirai ma parole.
B2’ Néanmoins,
Dieu envoie encore d'autres témoins,
A2’ et il prouve toutes ses paroles.
B Voici, mon
âme met ses délices à prouver à mon peuple
A3
la vérité de la venue du Christ;
B3
car c'est à cette fin que la loi de Moïse a été donnée,
B3’ et tout
ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde
A3’
est une figure de lui.
C
Et mon âme fait aussi ses délices des alliances que le
Seigneur a faites avec nos pères;
C’
oui, mon âme fait ses délices de sa grâce, et de sa
justice, et de sa puissance, et de sa
miséricorde dans le grand plan éternel pour délivrer de la mort.
B’
Et mon âme met ses délices à prouver à mon peuple
A4
que si le Christ ne venait pas, tous les hommes
périraient.
B4 Car s'il
n'y a pas de Christ,
C4
il n'y a pas de Dieu;
D4 et
s'il n'y a pas de Dieu, nous ne sommes pas,
D4’ car il
n'aurait pu y avoir de création.
C4’
Mais il y a un Dieu,
B4’ et il
est le Christ,
A4’
et il vient dans la plénitude de son temps.
A’ a
Et maintenant, j'écris quelques-unes des paroles d'Ésaïe,
b afin que tous ceux
de mon peuple qui verront ces paroles élèvent leur cœur et se
réjouissent
pour tous les hommes.
c
Maintenant, voici les paroles, et vous pouvez vous les
appliquer, à vous et à
tous les hommes.
Dans ce passage, les deux premières mentions du nom Christ
apparaissent en tant qu'éléments parallèles à B et à
B'.
En utilisant lui au lieu du Christ dans le troisième sous-chiasme
[est une figure de lui],
Néphi
fait en sorte que ce premier parallèle du nom se situe dans la structure
du
chiasme
principal plutôt que de se retrouver dans un sous-chiasme.
Les deux autres mentions du nom apparaissent en
tant qu'éléments parallèles dans le quatrième
sous-chiasme,
qui se situe également au niveau B'.
Selon Nils
Lund, « la distribution symétrique des noms divins… apparaît souvent dans
les psaumes et il y a beaucoup d'exemples de cette forme d'art littéraire
dans le Nouveau Testament [30]. »
Il vaut d’être noté que dans le passage précédent, le nom Christ
est clairement employé de manière symétrique, mais, à l’exception de
Dieu dans le quatrième
sous-chiasme, les termes
Rédempteur,
Seigneur
et Dieu ne le sont pas.
Le
chiasme
principal a six éléments dont les cinq premiers commencent par
l'expression mon âme fait (met) ses délices.[31].
Le sixième élément contient les mots
élèvent leur cœur et se réjouissent.
Les délices que met l’âme de Néphi dans les
paroles d’Ésaïe
est à mettre en parallèle avec les réjouissances dans le cœur de son
peuple en entendant ces paroles [32]. Bien que le centre
chiastique
ne contienne pas le mot Christ, il met l’accent
sur « les
alliances que le
Seigneur a faites »,
Seigneur qui est le Christ, et sur « le grand plan éternel pour
délivrer de la mort » qui est rendu possible
grâce à lui [33].
Bien qu'il y ait apparemment un manque de densité et d'équilibre entre A,
avec ses deux
sous-chiasmes,
et A’, l’équilibre est plus grand et la densité plus forte entre ces deux
parties qu’il n’y paraît.
Néphi utilise les
deux sous-chiasmes
de A (que l’on distingue par les indices 1 et 2)
pour développer
deux des principaux points parallèles de A et
A’ (paroles
et vu). Par exemple, paroles
ou parole apparaît onze fois dans le
chiasme
principal, les huit mentions de la première moitié se trouvant toutes dans
A, et les trois mentions de la deuxième moitié se trouvant toutes dans
A' [34].
De même, les formes du verbe voir (vu, verront) n’apparaissent que
dans ces deux éléments, quatre fois dans A et une fois dans
A'. Quand
on tient compte des quatre
sous-chiasmes, on constate que très peu de
mots extérieurs apparaissent dans ce passage et la rigueur et la haute
densité du style de Néphi
en deviennent d'autant plus
impressionnants [35]. C’est comme si
Néphi
suivait une règle qui permettrait de déposer un niveau littéraire dans un
sous-chiasme
et puis d’en ressortir au même endroit dans la
structure
plus générale [36].
Il y a cependant quelque chose de plus important que la rigueur littéraire
du
chiasme : c’est
sa « densité doctrinale » [37]. En commençant par
Ésaïe,
un
témoin
unique du Christ, les témoignages augmentent quand
Jacob,
Néphi
et « d’autres témoins » (notamment
la loi de Moïse et « tout
ce qui a été donné par Dieu… ») viennent s’y
ajouter. Le thème du passage est de
prouver à la fois l'existence et la venue du Christ par les « paroles »
des trois témoins principaux [38].
Le centre du premier sous-chiasme
se focalise sur le fait que Ésaïe
et Jacob
ont tous deux vu leur Rédempteur,
et le fait que Néphi
l'a vu est mentionné deux fois pour former un
parallélisme alterné simple [39]. Ceci
crée un contraste chiastique
dans le chiasme
principal entre ces trois
témoins experts,
dont chacun a vu le Christ, et le peuple de
Néphi, qui n’a
sans doute vu que les écrits des témoins.
Le caractère parallèle du centre du deuxième
sous-chiasme :
« a dit Dieu, j’établirai ma parole » était peut-être plus
clair dans la langue originale.
Si nous postulons que la langue sous-jacente était de l’hébreu,
il est probable que pour parole,
Néphi a utilisé
dabar,
qui signifie « mot, sujet, chose » (comme c’est le cas dans 2
Néphi 12:1).
Dabar
peut également être traduit par « dit » [40]. Les extrémités du premier
sous-chiasme
créent un lien chiastique
entre les paroles d'Ésaïe
et les paroles de Jacob.
En outre, dans le deuxième
sous-chiasme,
tout comme Néphi
a utilisé les paroles des deux premiers
témoins pour prouver les siennes, Dieu
utilise celles des trois témoins
et d'autres pour confirmer ses paroles. La
preuve des paroles de Néphi
est liée par le chiasme à la preuve des paroles de Dieu par les extrémités
du deuxième sous-chiasme.
Néphi
fait un usage étendu de l'amplification dans ce passage, prenant souvent
des idées présentées dans la première moitié du
chiasme
principal et dans les
sous-chiasmes,
et les redisant ensuite de manière plus puissante avec leurs éléments
parallèles dans la deuxième moitié [41].
Par exemple, les délices personnels de
Néphi
dans A b s’étendent aux réjouissances de son peuple dans
A’ b.
L’application des paroles d'Ésaïe
à son peuple dans A c est amplifiée dans leur application à tous les
peuples dans
A’ c [42].
La preuve de la venue du Christ
dans B devient, dans
B',
la preuve que si le Christ ne venait pas, tous les hommes périraient.
Le troisième
sous-chiasme
passe de la loi de Moïse à tout ce qui est donné par Dieu comme symboles
du Christ. Dans le quatrième
sous-chiasme,
la non-existence hypothétique de Dieu et du Christ est amplifiée par
l'affirmation qu'il y a un Dieu et qu'il est le Christ. Dans ce
même
sous-chiasme, l'expression nous ne
sommes pas est amplifiée par la
déclaration il n'aurait pu y
avoir de création.
Enfin, les
alliances que le
Seigneur a faites
avec « nos pères » dans C deviennent « le grand plan éternel pour
délivrer de la mort » dans
C'.
L'effet de l’inclusion
chiastique
de ces diverses preuves et ces divers
témoins
du Christ entre les extrémités (« les paroles d'Ésaïe »)
est de créer, dans l'esprit du lecteur, une association entre ces mots et
la réalité de l’existence du Christ et de ses premier et second
avènements.
Cette association influence la manière dont nous
lisons les treize chapitres d'Ésaïe
qui suivent [43].
2
Néphi
25:1-6
Néphi
s’est également servi d’un passage
chiastique
pour séparer les paroles d'Ésaïe
de sa propre
prophétie
finale.
Ce passage ne contient ni le nom Christ ni
le titre Messie ; il contient cependant des thèmes semblables au
premier chiasme
et il vous est donc montré ci-dessous sous forme
abrégée [44] :
A
Les paroles que j'ai écrites
B
dites de la bouche d’Ésaïe—Esaie
a dit
C a
difficiles à comprendre—prophétiser
parmi les Juifs
b
Moi, Néphi—n’ai
pas enseigné—manière
des Juifs
c
j’écris à mon peuple—les
jugements de Dieu—
s’abattent
sur toutes les nations
D
les paroles d'Ésaïe
E
ne sont pas claires pour vous
F
néanmoins elles sont
claires
G
pour tous ceux
H
qui sont remplis
I
de l'esprit
J
de
prophétie
J’
mais je vous donne une
prophétie
I’
selon l'esprit
H’
qui est en
G’
moi
F’
prophétiser
selon la
clarté
E’
mon âme met ses délices à être claire
D’
mon âme fait ses délices des paroles d’Ésaïe
C’ a
les Juifs—comprennent—les
choses des prophètes—comprend
b
moi, Néphi—n’ai
pas instruit—manière des Juifs
c
J’ai fait mention à mes enfants—jugements
de Dieu—
se sont produits parmi les Juifs
B’
ce qu’Ésaïe a dit
A’
je ne les écris pas
Juste avant et après ce
chiasme, il y a,
respectivement, les paroles d'Ésaïe
et la
prophétie
de
Néphi.
Par conséquent, comme 2
Néphi 11:2-8, les
limites du chiasme
sont claires et « il constitue un bloc au sein
d’une unité littéraire [45] ». Il y a un certain nombre d'autres
ressemblances qui apparaissent entre ce passage et le
chiasme de
2 Néphi
11:2-8. Dans les deux
chiasmes,
Néphi dit
que son « âme met ses délices » dans les paroles d’Ésaïe.
Les deux commencent par « Maintenant, moi,
Néphi » et les
extrémités de chacun se rapportent aux écrits de
Néphi. Les
deux contiennent « les paroles d'Ésaïe »
comme éléments parallèles, et le deuxième passage comprend aussi des
mentions parallèles à ce qui a été « dit » par Ésaïe [46].
Et enfin, ce passage contient également un
sous-chiasme
potentiel dans C’
a et b [47].
Ce passage répond à la question de savoir pourquoi
Néphi,
qui tenait tant à écrire avec
clarté,
a consacré une si grande partie de ses petites plaques limitées aux
paroles d'un prophète qui « a dit beaucoup de choses qui étaient
difficiles à comprendre » (2
Néphi
25:1).
La réponse de
Néphi est que malgré le fait que les
paroles d'Ésaïe
n’étaient pas claires pour tout le monde, « elles sont claires pour tous
ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie »
(2 Néphi
25:4) [48]. Non
seulement Néphi avait
lui-même l'esprit de prophétie,
mais comme son descendant Alma,
il savait que cet esprit est « selon le témoignage de
Jésus-Christ » (Alma
6:8) [49]. Ainsi, bien que les écrits d'Ésaïe
ne contiennent pas le nom Christ, pas plus que le
chiasme,
le centre du chiasme
révèle la clef
permettant de trouver le Christ dans le livre d'Ésaïe.
Juste après ce
chiasme,
Néphi
termine son deuxième livre par ses propres paroles comme troisième
témoin
du Christ :
« Mais voici, je continue avec ma propre
prophétie,
selon ma clarté,
dans laquelle je sais que nul ne peut s’égarer » (2
Néphi 25:7).
Lorsqu’il fait son commentaire sur la clarté de
ses écrits, Néphi
n'a pas l’intention de diminuer ceux d'Ésaïe,
le deuxième témoin
du Christ. Il écrit au contraire : « Dans
les jours où les prophéties
d'Ésaïe
s’accompliront, les hommes sauront
avec certitude, dans les temps où elles arriveront.
C'est pourquoi,
elles ont de la valeur pour les enfants des hommes » (2
Néphi 25:7-8).
En réalité, le fait qu’il inclut les paroles d'Ésaïe
confirme qu'il les considère comme claires et
précieuses [50].
Néphi
affirme aussi qu’il va « limiter » ce qu’il a écrit à son propre peuple et
qu’il va plutôt adresser le reste de sa
prophétie
claire
à
ceux qui vivent dans les derniers jours qui « pensent » que les paroles d'Ésaïe
n’ont pas de valeur :
« Car je sais qu’elles [les paroles d'Ésaïe]
auront une grande valeur pour lui [son peuple] dans les derniers jours ;
car en ce jour-là il les comprendra ;
c'est pourquoi,
c’est pour son bien que je les ai écrites » (2
Néphi 25:8).
Ce désir de nous convaincre non seulement du
Christ, mais aussi du témoignage d'Ésaïe
à son sujet, crée le contexte pour le reste de 2
Néphi, qui
contient plus de quatre-vingt-dix pour cent des passages où
Néphi (à
l’exclusion de Jacob)
utilise le nom Christ.
2
Néphi
25:14-16
Après 2
Néphi
11, les mentions suivantes de Christ (deux fois) et de Messie
(deux fois) se trouvent dans 2
Néphi
25:13-16.
Bien que ces
versets ne soient pas des chiasmes, ils
donnent « une impression générale d'ordre
ou d'équilibre », qui se manifeste comme suit :
« vu son jour… le Messie », « croire au Christ »
« croiront au Christ », « n’attendront plus un autre Messie [51] ». Dans
ces versets, Néphi
note quelques thèmes familiers : « mon âme
met ses délices à prophétiser
à son sujet, car j'ai vu son jour, et mon cœur exalte son saint nom » (2
Néphi
25:13). Il écrit aussi que les Juifs
seront dispersés et châtiés par d'autres nations « jusqu'à ce qu’ils
soient persuadés de croire au Christ, le Fils de Dieu, et en l'expiation,
qui est infinie pour toute l'humanité » (2
Néphi 25:16).
2
Néphi
25:18-19
Néphi veut entre autres convaincre que
Jésus-Christ
est le seul vrai Messie.
Il le fait en démontrant tout d'abord qu'il n’y a
qu’un seul Messie et en nous conduisant ensuite de ce Messie au Christ par
une progression de pensée. Le nom
Messie apparaît ensuite six fois en deux
versets (voir 2
Néphi
25:18-19). On trouve dans ces
versets une
certaine chiasticité,
bien que pas au même point que le premier
chiasme présenté plus haut
:
A C'est pourquoi, il
leur fera parvenir ses paroles, paroles qui les jugeront au
dernier jour,
B
car elles leur seront données dans le but de les convaincre du
vrai Messie qui fut rejeté par eux,
C et de les
convaincre
D qu'ils ne
doivent plus attendre un Messie
E à
venir,
E’ car s'il en
venait un,
D’ ce ne serait
qu'un faux Messie
C’ qui
tromperait le peuple;
B’
car il n'y a qu'un seul Messie dont parlent les prophètes,
et ce Messie est celui qui sera rejeté par les Juifs.
A’ Car selon les
paroles des prophètes, le Messie viendra six cents ans après le moment
où mon père quitta Jérusalem
Comme dans les deux
chiasmes
traités plus haut, les extrémités de ce passage
se concentrent sur
les paroles du
Seigneur
et de ses prophètes.
Bien qu'à première vue la répétition de Messie
puisse sembler désordonnée, un examen plus attentif montre qu’elle est
soigneusement structurée. Les mentions
dans B et B’
concernent le seul vrai Messie rejeté par les Juifs ;
les mentions dans D et
D’
concernent un futur faux Messie que les Juifs attendent. Par
contraste avec les points centraux, qui indiquent
la période où seulement un faux Messie viendrait, les extrémités créent un
parallèle entre les termes six cents ans et dernier jour,
les époques réelles des premier et second avènements du vrai
Messie [52].
Conformément au but de
Néphi,
ce passage indique que les paroles à faire paraître,
notamment
le Livre de Mormon,
sont données pour convaincre le peuple du
Seigneur
du vrai Messie.
Bien que convaincre et tromper ne
conviennent sans doute généralement pas à un contraste parallèle, dans ce
cas-ci ces mots portent sur les motivations que l’on peut avoir de croire
soit au vrai soit au faux Messie. Les
dans
Écritures
parlent souvent de ceux qui sont trompés ou séduits et croient donc en de
faux Messies ou de faux Christs
(voir Matthieu
24:5, 24 ; Marc
13:6 ; Luc
21:8 ; 2
Jean 1:7 ;
Moïse 1:16, 19) ; par contraste,
Néphi écrit ici et
ailleurs sur ceux qui seront « convaincus » de croire au vrai Messie et au
vrai Christ (2 Néphi
26:12 ; voir aussi la page de titre du
Livre de Mormon ; Actes 18:28) [53].
Le contraste créé entre le vrai et le faux Messie démontre la
clarté
du
Livre de Mormon
par rapport à la Bible.
Dans la Bible, « ‘Messie’ pourrait désigner toute
personne appelée par Dieu pour une tâche
affectant la destinée du peuple élu… ‘messie’ n'avait pas de signification
fixe et technique du temps de Jésus [54]. » Par contre, Messie a
une signification définie et fixe dans le
Livre de Mormon.
Dans le tout premier chapitre,
Léhi lit un livre
divinement révélé
qui « annonçai[t] clairement la venue d'un Messie et aussi la
rédemption
du monde » (1 Néphi
1:19). Ce livre lui a apparemment été
montré par le Messie (voir le 1 Néphi
1:9-11). Ainsi « un Messie » (1
Néphi 1:19 ;
10:4) évolue rapidement vers « le vrai Messie »
(1 Néphi
10:14). Parce que « il n’y a qu’un seul
Messie dont
parlent les prophètes », tout autre Messie est
« un faux Messie » (2 Néphi
25:18).
La conclusion de la répétition de Messie dans ce
chiasme
marque un tournant dans les écrits de
Néphi.
Après le verset
19, Néphi
n’utilise plus qu’une seule fois le titre Messie sur les petites
plaques (voir 2 Néphi
26:3). Par contraste, à partir de 2
Néphi 25:19,
Néphi passe
à l’utilisation du nom Christ. Bien
que Christ n’apparaisse que huit fois jusqu’ici, à partir du
verset 19, le nom
apparaît seize fois en treize versets
et après cela, vingt-neuf fois encore dans le reste de 2
Néphi [55].
Pour faciliter le passage de Messie à Christ,
Néphi a recours à
un parallélisme alterné simple comme passerelle pour relier les deux
termes entre eux et comme connecteur entre deux
chiasmes
[56] :
a Car selon les paroles des
prophètes,
b
le Messie viendra six cents ans après le moment où mon père
quitta Jérusalem;
a et selon les paroles des
prophètes, et aussi la parole de l'ange de Dieu,
b
son nom sera
Jésus-Christ, le Fils de Dieu. (2
Néphi 25:19) [57].
2
Néphi
25:19-20
2
Néphi
25:19 marque la première fois que le nom Jésus apparaît dans
le Livre de Mormon.
Le nom n’apparaît que neuf fois de plus sur les
petites plaques, dont huit dans le reste de 2
Néphi.
Néphi a placé le
nom Jésus-Christ
à chaque extrémité d'un chiasme
se composant de plusieurs types de Christ
inclus entre les deux mentions de son nom, comme montré ci-dessous :
A a
Son nom
b sera
Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
c Et maintenant,
mes frères, j'ai parlé clairement,
d afin que
vous ne puissiez pas vous tromper.
B Et comme le
Seigneur Dieu vit,
C lui qui a
fait monter Israël du pays d'Égypte,
D a
et a donné à Moïse le pouvoir
b de guérir
les nations
E
lorsqu'elles eurent été mordues par les serpents venimeux,
E’ si elles
voulaient bien jeter les yeux sur le serpent qu'il dressa devant
elles,
D’ a
et lui a aussi donné le pouvoir
b de
frapper le rocher
C’ et d'en faire
jaillir l'eau;
B’
oui, voici, je vous dis que de même que ces choses sont vraies,
et que le Seigneur Dieu vit,
A’ a
il n'y a aucun autre nom donné sous le ciel,
b si ce
n'est ce Jésus-Christ
c dont
j'ai parlé,
d par
lequel l'homme puisse être sauvé.
Les extrémités (A,
A')
soulignent explicitement le salut par le nom
Jésus-Christ.
L’utilisation de ce nom pour ouvrir et fermer le
chiasme
nous rappelle les paroles du Sauveur aux
Néphites :
« Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et
la fin » (3 Néphi
9:18). En utilisant le nom
Jésus-Christ,
Néphi, dont
l’ « âme met ses délices à être claire » (2
Néphi 25:4), parle
« clairement » de sorte que nous « ne puissions pas nous tromper » (A).
Il est intéressant de remarquer que sur les
quatre chiasmes
décrits jusqu'ici, les extrémités des deux premiers
se concentrent sur
les paroles du prophète Ésaïe
; les extrémités du troisième
se concentrent sur
les paroles du Seigneur
par ses prophètes et les extrémités du quatrième
se concentrent sur
les paroles du prophète Néphi.
Les deux lignes parallèles suivantes (B,
B') nous
assurent deux fois par un serment sacré que
Jésus-Christ est
le seul nom par lequel le salut est accordé [58].
En (C) et (C'),
la délivrance d'Israël
d'Égypte et l'eau du rocher se produisent toutes deux par le
pouvoir
de Dieu après que le rocher et l'Égypte ont été frappés par la verge de
Moïse.
Ce parallèle est presque identique à celui qui se
trouve aux extrémités du schéma du psaume 114 fait par Lund, qui est
également « une combinaison de
chiastique et d’alternance » :
« A
Quand Israël sortit d'Égypte, Quand la
maison de Jacob s'éloigna d'un peuple barbare »
et « A’
Qui change le rocher en étang, Le
roc en source d'eaux [59]. » Dans
Deutéronome
8:14-15, ces deux événements sont présentés ensemble en termes similaires,
en même temps que l'épisode des serpents brûlants :
« Prends garde
que ton cœur ne s'enfle, et que tu n'oublies l'Éternel,
ton Dieu, qui t'a fait sortir [yatsa]
du pays d'Égypte, de la maison de
servitude, qui t'a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a
des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau,
et qui a fait jaillir [yatsa]
pour toi de l'eau du rocher le plus dur
[60]. »
Dans les allusions, aux extrémités, à
Jésus-Christ,
il y a un certain nombre de types et de symboles du Sauveur, démontrant la
véracité de la
déclaration
de
Néphi
que « tout
ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde est
une figure de lui » (2
Néphi 11:4) [61].
La chose la plus importante est le centre ou point focal du
chiasme
(E, E'),
qui oppose deux idées
antithétiques [62]. Spécifiquement, le serpent donneur de
vie élevé
au-dessus des nombreux serpents venimeux
destructeurs de vie
symbolise le Christ élevé sur la croix (« au-dessus de tout ») et son
pouvoir sur la mort et le péché [63]. En outre, la relation antithétique
entre les divers serpents venimeux et le serpent sauveur unique est
analogue à la relation entre les faux Messies potentiellement nombreux
avec l'unique Messie véritable (voir 2
Néphi 25:18-19 ;
voir aussi Paroles de Mormon 1:15, qui parle de
« faux Christs »)
[64]. Ce contraste est amplifié par la conclusion
chiastique
que « il n'y a aucun autre nom » par lequel le salut est accordé (A').
À un autre niveau, le serpent d'airain élevé sur une perche par Moïse est
en opposition avec « le
serpent ancien, qui est le diable » (2
Néphi
2:18), qui reçut la malédiction de marcher sur son ventre dans la
poussière (voir Moïse 4:20) [65]. Enfin, la valeur numérique du mot hébreu
traduit par « serpent »,
nachash,
est 358, qui est identique à la valeur numérique de
mashiach,
le mot hébreu rendu par Messie ou « oint » [66]. » Ainsi, en
entourant le serpent symbolique par le nom
Jésus-Christ,
Néphi
nous mène à la conclusion inévitable que
Jésus-Christ
est le seul vrai Messie.
En plus du serpent, on trouve, dans le
chiasme,
d'autres types du Christ et de son
expiation.
La délivrance d'Israël
de l’esclavage en Égypte est un type de la délivrance du
peuple de l'alliance
de l’esclavage spirituel
par l'expiation
du Christ. En outre, Jésus fut emmené en
Égypte « afin que s'accomplît ce que le
Seigneur avait annoncé par le prophète: J'ai appelé mon fils hors
d'Égypte » (Matthieu
2:15 ; voir Osée 11:1).
Moïse lui-même est un type du Christ.
Il a prophétisé
que tout comme le serpent a été élevé, « L'Éternel,
ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète
[c.-à-d. le Christ] comme moi » (Deutéronome
18:15 ; Actes 3:20-22 ;
1 Néphi
22:20-21 ; 3
Néphi 20:23) [67].
En outre, le rocher et les eaux
vives
qui en sortent
sauvent
Israël
de la mort physique dans le désert, tout comme le Christ est « le rocher
spirituel »
d’où coule l’eau vive
pour sauver
le
peuple de l'alliance
de la mort
spirituelle
dans le désert du
péché
(voir 1 Corinthiens 10:4 ;
Deutéronome 32:4 ;
voir aussi Jean
4:14 ; 7:37). De plus, tout comme de l'eau
sort du rocher après que Moïse a « frapp[é] deux fois le rocher » avec sa
verge, de l'eau (et du sang) sortent de Jésus quand il a été percé dans le
côté par une lance tandis qu’il était élevé sur la croix (voir
Nombres 20:11 ;
Jean 19:34).
En parlant des prophètes de l'Ancien
Testament,
un commentateur a affirmé :
« Quand le
Nouveau Testament
montre que la vie du Christ est la vérité et l'accomplissement
de tout ce qui a été esquissé et symbolisé dans l'Exode, il ne fait que
reprendre et poursuivre la typologie esquissée par les prophètes.
La différence de base ne se situe pas dans la
typologie, mais dans le fait que les auteurs du Nouveau Testament montrent
comme accompli en Jésus Christ
ce que les prophètes présentent comme
quelque chose qui est encore à venir [68]. »
Ce qui fait que
le Livre de Mormon
est si unique est que des prophètes tels que
Néphi
ont non seulement puisé dans l'Exode ces types des choses à venir, mais
ont également montré que ces types seraient accomplis en Jésus
Christ [69]. Ainsi
« quand il s’agit de rassembler des
documents
disparates, il est… important de reconnaître ce que fait
le Livre de Mormon
pour unir l'Ancien
Testament
au
Nouveau Testament
d'une manière qui… en fait, est parfois considérée comme impossible dans
d'autres traditions religieuses [70]. » « Cette façon de fusionner des
éléments de l’Ancien et du Nouveau Testament est l'une des
caractéristiques les plus distinctives du
Livre de Mormon [71]. »
En outre, « la capacité du
Livre de Mormon
d'unifier les deux testaments de la Bible… et sa capacité de parler au
Juif et au Gentil sont peut-être deux de ses points forts les plus
importants et cependant ceux qui sont le plus souvent négligés [72]. » Le
chiasme
était l'outil idéal pour aider
Néphi
à établir ce rapport.
2
Néphi
25:24-27
L'un des plus grands de tous les types, la loi de Moïse, n’apparaît pas
dans les types de Christ que l’on trouve dans 2
Néphi
25:19-20.
Cependant, la loi et le Christ sont rattachés
entre eux par une répétition non structurée quelques
versets plus tard
seulement. À partir de 2
Néphi 25:23, le
nom Christ apparaît quatorze fois et le mot loi treize fois
en neuf versets.
La partie centrale de ces
versets sur le
Christ et la loi est un passage
chiastique qui se trouve dans 2
Néphi 25:24-27
[73] :
A
a Et en
dépit du fait que nous croyons au Christ,
b nous gardons
la loi de Moïse
B
a et
attendons avec constance le Christ,
b jusqu'à
ce que la loi soit accomplie.
C Car
c'est à cette fin que la loi a été donnée;
D a
c'est pourquoi, la loi est devenue morte pour nous,
b et nous
sommes rendus vivants dans le Christ à cause de notre foi;
cependant, nous gardons la loi à cause des commandements.
E Et nous
parlons du Christ,
nous nous réjouissons dans le Christ,
nous prêchons le Christ,
nous prophétisons concernant le Christ,
E’ et nous
écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants sachent
vers quelle
source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs
péchés. C'est
pourquoi, nous parlons de la loi, afin que nos enfants sachent
D’ que la loi
est morte;
a et que,
sachant que la loi est morte,
b ils
attendent cette vie qui est dans le Christ
C’ et sachent
à quelle fin la loi a été donnée.
B’
Et que lorsque la loi aura été accomplie dans le Christ,
A’ ils ne s'endurcissent
pas le cœur contre lui lorsque la loi devra être abolie.
Comme dans le psaume
chiastique
115, le centre de ce
chiasme
contient « une profusion de noms divins [74] ». En fait, ce passage est le
seul cas où
Néphi
utilise le nom Christ au centre d'un
chiasme.
C'est clairement l'un de ces « textes du Livre de
Mormon, qui fusionnent la loi de Moïse avec l'Évangile
de Jésus-Christ,
aussi peu naturelle que cette combinaison puisse paraître à certains
[75]. » Pour frère
Holland, la loi de Moïse doit être considérée « comme le recueil inégalé
de types, d'ombres, de symboles et de
préfigurations
du Christ qu’elle est [76]. » Dans ce passage, comme dans 2
Néphi 25:19-20,
Néphi a recours au chiasme
pour enseigner les relations des types, des ombres et des symboles avec le
Christ. Dans des termes presque identiques
à ceux du chiasme
de 2 Néphi
11:2-8, ce passage parle du but dans lequel la loi a été donnée.
Comme le
chiasme de 2
Néphi 25:1-6, le
point focal de ce passage est la
prophétie.
L'esprit de prophétie
est une « clef christologique »
qui permet de comprendre que la vie éternelle grâce au Christ est le but
dans lequel la loi a été donnée et que les symboles et les types sont
eux-mêmes simplement des impasses [77].
Le passage utilise une alternance chiastique simple (D a b,
D’ a b)
pour contraster la loi morte avec le
Christ
vivant [78]. Ainsi donc, bien que des types tels que le serpent d'airain
et la loi puissent montrer le chemin, on doit en fin de compte regarder
au-delà du type mort et « attend[re] avec constance le Christ » (2
Néphi 25:24).
Frère Holland écrit aussi que « le
Livre de Mormon
fait plus pour relier les dispensations et pour mettre la loi de Moïse
dans sa vraie
perspective – c’est-à-dire
pour clarifier et souligner son rapport avec l'Évangile
de Jésus
Christ – que
n'importe quel autre livre qui existe [79]. » Selon
Neal
A. Maxwell : « Puisque
le Livre de Mormon
doit paraître pour convaincre le Juif que Jésus est le Christ, l’attention
soigneuse qu’il accorde au caractère précurseur de la loi de Moïse portera
un jour des fruits considérables parmi les enfants de
Juda [80]. »
Parce que « il faut souvent exercer une foi rédemptrice à l’égard
d’expériences qui se situent dans le futur – l’inconnu, qui donne une
occasion au miraculeux », le
pouvoir
qu’a le
Livre de Mormon
de persuader les Juifs peut partiellement provenir de la foi de ses
auteurs, qui ont à la fois adhéré à la loi et prévu la venue du
Christ [81].
2
Néphi
25:28-29
Après le passage ci-dessus il y a trois autres mentions de Christ
qui sont des exemples de
cycloïde [82]
et d'anabase
[83]
:
car la voie droite, c'est de croire au Christ
et de ne pas le nier,
car en le niant
vous niez aussi les prophètes et la loi.
Et maintenant, voici, je vous dis que la voie droite, c'est de croire
au Christ
et de ne pas le nier;
et le Christ est le Saint
d'Israël. (2 Néphi 25:28-29)
2
Néphi
26:1-9
Ce passage est un autre
chiasme
potentiel qui contient à la fois Messie (une fois, pour la dernière
fois dans 2
Néphi)
et Christ (deux fois).
À cause de la
longueur du passage, du fait qu’il a moins à voir avec le thème de cet
article et qu'il est publié ailleurs [84], sa structure
chiastique
n'est pas donnée ci-dessous. Cependant,
quelques commentaires généraux s’imposent.
Les extrémités du passage sont « lorsque le Christ sera
ressuscité des
morts il se montrera à vous » et « le Fils de la
justice leur
apparaîtra » (2 Néphi
26:1, 9). Comme la plupart des passages
chiastiques
décrits ci-dessus, ce passage a également les paroles du Christ ou
de ses prophètes comme éléments parallèles (voir 2
Néphi 26:1, 8).
Au lieu de se concentrer sur des types du Christ,
le chiasme
se concentre sur les « signes… de sa naissance,
et aussi de sa mort et de sa résurrection » (2
Néphi 26:3).
Enfin, comme 2
Néphi 25:24 (« attend[re] avec constance
le Christ, jusqu'à ce que la loi soit accomplie »), le
chiasme
indique que les justes « attendent avec constance dans le Christ les
signes qui sont donnés » (2 Néphi
26:8) [85].
2
Néphi
26:12
Les deux mentions suivantes du nom Christ mettent en évidence le
désir de Néphi de convaincre et se trouvent dans un parallélisme alterné
simple dans 2
Néphi
26:12 :
a Et comme j'ai dit
qu'il fallait convaincre les Juifs
b
que Jésus est le Christ même,
a il faut
nécessairement que les Gentils soient convaincus, eux aussi,
b
que Jésus est le Christ, le Dieu éternel [86]
Selon frère
Maxwell,
« Convaincre » les Juifs de ce que Jésus est le Messie est sûrement l'un
des buts prioritaires du
Seigneur
dans les derniers jours.
(Voir 2 Néphi
26:12.) Ceux qui nous ont donné
le Livre de Mormon
n'ont jamais perdu de vue ce but central qui est de
convaincre – et nous non plus. De plus,
l'utilisation répétée de ce même mot
précis n'est clairement pas
accidentel [87].
2
Néphi
30-33
À part deux exemples isolés de Christ dans 2
Néphi
27:11 et 28:14, les mentions restantes du nom sont dans les quatre
derniers chapitres de 2
Néphi,
où il apparaît un total de vingt-quatre fois, ce qui correspond à presque
la moitié de l’usage total qu’en fait
Néphi [88].
Un des points saillants de cette partie est le discours de
Néphi
sur la « doctrine du Christ » qu'il expose « clairement, selon la
clarté
de [sa] manière de
prophétiser »
(2
Néphi
31:2).
En fait, avec sa concentration sur le Christ,
cette section peut constituer la partie la plus claire
des écrits de Néphi.
Il ne semble pas qu’aucune de ces vingt-quatre
mentions finales de Christ apparaisse sous forme
chiastique.
Néanmoins, Néphi
a jeté les bases de ces chapitres culminants en nous convainquant du
Christ de manière chiastique
dans ses précédents écrits.
Bien qu’il n'utilise pas le nom Christ dans des
chiasmes
à la fin de ses écrits, Néphi a recours à ces formes de parallélisme que
sont l'anabase
et
l'épibole
[89]
:
écoutez ces paroles
et croyez au Christ;
et si vous ne croyez pas en ces
paroles,
croyez au Christ.
Et si vous croyez au Christ,
vous croirez en ces paroles,
car elles sont les paroles du Christ (2
Néphi
33:10)
Enfin,
Néphi
termine par une invitation et une prière au nom du Christ :
« Et si elles ne sont pas les paroles du Christ, jugez-en: car le Christ
vous montrera au dernier jour, avec puissance et une grande gloire,
qu'elles sont ses paroles… Et je prie le Père, au nom du Christ, que
beaucoup d'entre nous, sinon tous, soient sauvés dans son royaume en ce
grand et dernier jour » (2 Néphi 33:11-12) [90].
Il est clair que les paroles de
Jacob,
d'Ésaïe
et de
Néphi,
données par l'esprit de
prophétie,
selon le témoignage de Jésus, ne sont pas simplement les paroles de trois
témoins
spéciaux ;
elles sont réellement « les paroles du Christ
[91]. »
Conclusion
L'analyse qui précède devrait être un témoignage de la véracité de la
déclaration
de
Néphi
quand il dit : « Nous
travaillons diligemment à écrire, pour persuader nos enfants, et aussi nos
frères, de croire au Christ et d'être réconciliés avec Dieu »
(2 Néphi
25:23) [92]. Il serait difficile d’imaginer un auteur plus diligent et
plus appliqué que Néphi [93].
Parlant d'écrits et d’auteurs anciens,
Welch conclut que « la beauté littéraire était synonyme de forme.
La marque d'un grand artiste est sa capacité de
devenir tellement habile dans l'utilisation d'une forme que la forme
elle-même devient presque invisible ou du moins n'attire pas indûment
l'attention sur elle-même [94]. » C’est le cas des écrits de
Néphi.
Par exemple, quand nous lisons le nom Christ
dans 2 Néphi
11:4-7, nous ne nous apercevons pas tout de suite que le nom est employé
symétriquement et simultanément dans un grand
chiasme
et dans un sous-chiasme.
Il n’est pas non plus évident dans 2
Néphi 25:19 qu'un
parallélisme simple alterné est employé pour relier les extrémités de deux
chiasmes
et pour passer de la répétition de Messie à la répétition de
Christ. En outre, après avoir
mentionné certaines difficultés spéciales que l’on rencontre quand on
écrit de la poésie hébraïque, notamment
« les restrictions de la distribution symétrique des noms divins dans les
strophes ou l'entrelacement complexe d’idées, d’expressions ou de termes
parallèles dans des structures sans cesse alternantes et chiastiques »,
Lund déclare : « Le fait que l'esprit
poétique de l'hébreu antique ait pu maîtriser ces formes rigides qui nous
semblent être si inflexibles et rébarbatives est le plus grand hommage que
l’on puisse rendre à son génie [95]. » Étant lui-même un Hébreu ancien,
Néphi
mérite éminemment cet éloge et révèle clairement le coup de patte
d'un grand artiste dans sa façon d’utiliser la forme.
Bien que les écrits poétiques de
Néphi
conviennent ne serait-ce que pour leur beauté comme moyen de transmettre
la parole de Dieu, les
chiasmes
contenant Christ accomplissent bien plus que cela.
L’encadrement
chiastique
des types du Christ par le nom Christ (voir 2
Néphi 25:19-22 ;
25:24-27) combine de manière convaincante
l’ancienne et la nouvelle alliance,
enseignant le lien entre les deux et comblant le fossé entre l’Ancien et
le Nouveau Testament [96].
En outre, l'association chiastique
de l'esprit de prophétie
avec les paroles d'Ésaïe
(voir 2 Néphi
25:1-6) enseigne le moyen de comprendre le témoignage du Christ rendu par
Ésaïe.
De plus, s'ajoutant à son récit prophétique du
rôle et de la mission spécifiques de Jésus, les écrits poétiques de
Néphi nous
conduisent soigneusement du terme plus général de Messie au nom
très précis qu’est Christ. Le
parallélisme alterné simple de 2 Néphi
25:19 constitue la passerelle que Néphi emprunte pour passer d’un terme à
l'autre.
Comme
Néphi le proclame
dans 2
Néphi
26:12 et Moroni à la page de titre,
le Livre de Mormon
a pour but de convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ.
La clarté
du témoignage que Néphi rend
du Christ peut suffire pour attirer les
gentils,
mais il faudra probablement le caractère précieux et la beauté de ses
écrits poétiques pour convaincre les Juifs, qui devraient
reconnaître qu'il
a écrit selon la « science des Juifs » (1
Néphi 1:2) et selon « la manière de
prophétiser parmi
les Juifs » (2 Néphi
25:1) [97].
En conclusion, grâce à l’utilisation de
chiasmes
et d'autres formes de
parallélismes
se concentrant sur le Christ, les
prophéties claires
précieuses de Néphi fournissent au Juif et au Gentil un témoignage
persuasif et convaincant que
Jésus-Christ
est le seul vrai Messie.
NOTES
[1] Ceci présuppose des différences qualitatives
et quantitatives entre les grandes et les petites plaques.
En outre, bien que
Néphi ait
seulement écrit des choses « sacrées » sur les petites plaques (1
Néphi 19:6), cet
article part de la thèse que certaines parties sont plus « claires et
précieuses » que d'autres.
[2] Néphi a vu en
vision que le Livre de Mormon
et d'autres documents
« confirmeront la vérité » de la Bible, « feront connaître les choses
claires et précieuses qui en ont été ôtées, et feront connaître… que
l'Agneau de Dieu est le Fils du Père éternel et le Sauveur du monde » (1
Néphi
13:40).
On trouvera une proposition de structure
chiastique pour
1 Néphi
13:39-42 dans Donald
W. Parry, The Book of Mormon Text Reformatted according to
Parallelistic Patterns, Provo, Utah, FARMS, 1992, pp. 23-24.
[3] Jeffrey R. Holland, Christ and the New Covenant, Salt Lake
City, Deseret Book, 1997, p. 6.
[4] Neal A. Maxwell, Plain and Precious Things, Salt Lake City,
Deseret Book, 1983, p. 41.
[5] Bien que Christ soit un titre, dans
le Livre de Mormon
il est généralement utilisé comme nom. Cet
article se concentre principalement sur le nom Christ,
secondairement sur le titre Messie et ne mentionne qu’en passant
d'autres noms ou titres que Néphi
utilise pour Jésus.
[6] Robert Alter, The Art of Biblical Poetry, New York: Basic
Books, 1985, p. x.
[7] Richard Dilworth Rust, Feasting on the Word: The Literary Testimony
of the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret Book and FARMS: 1997,
pp. 2-3.
[8] Id., 10.
[9] John W. Welch relève une structure chiastique globale dans 2 Néphi
dans laquelle « l’accent principal est mis sur les paroles d’Ésaïe dans
lesquelles Jacob et Néphi voient beaucoup de choses qui pourraient
s’appliquer à l’avenir du groupe de Léhi. »
John W. Welch, « Chiasmus in the Book of Mormon », dans Chiasmus in
Antiquity, dir. de publ.
John W. Welch, Hildesheim, Gerstenberg, 1981, p. 201.
[10] Selon John
Welch, le discours de
Jacob dans
2 Néphi
6-10 est un « texte du temple » et « la mission principale » de tels
textes dans le Livre de Mormon est de
« convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ ».
John W. Welch,
« The
Temple in the Book of Mormon: The Temples at the Cities of Néphi,
Zarahemla, and Bountiful » dans Temples of the Ancient World, dir.
de publ.
Donald W. Parry, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1994, p. 300.
[11] Contrairement aux chapitres précédents, qui
contiennent un abrégé des annales de son père et le récit de leurs voyages
dans le désert (voir 1 Néphi
19:1), Néphi
ne fournit quasiment aucun contexte historique pour cette partie de ses
écrits. En outre, bien que
Néphi ait
probablement commencé à faire les petites plaques environ trente ans après
avoir quitté Jérusalem, la rédaction de cette partie finale fut très
vraisemblablement commencée au moins dix ans plus tard (voir 2
Néphi 5:33-34).
[12] Holland, Christ and the New Covenant,
p. 36.
Il affirme également :
« On pourrait arguer d'une façon convaincante du
fait que le but premier de la rédaction, de la préservation et puis de la
traduction des petites plaques de Néphi
était de faire paraître lors de la dispensation de
la plénitude des temps
le témoignage de ces trois témoins. »
Id., p. 35.
On trouvera un traitement des passages
christologiques
qui se trouvent dans les écrits des trois
témoins dans Holland, Christ and
the New Covenant, pp. 33-94.
[13] Si l’on exclut les paroles d'Ésaïe
ou de Jacob,
mais que l’on inclut les paroles qui ont pu être dites par le
Seigneur ou
d'autres, Néphi
a écrit approximativement 9.790 de ses propres mots dans cette partie du
Livre de Mormon.
Sur la base de cinquante et une mentions, le
taux d’utilisation
normalisé du nom Christ par Néphi
dans cette section est d’environ 3.61, plus de 3 fois et demie le taux
moyen d’utilisation dans le Livre de Mormon.
Deux exemples du nom apparaissent dans les
paroles de Jacob
dans 2 Néphi,
mais aucun n'apparaît dans Ésaïe. on trouvera l’explication de la
méthodologie statistique que comporte ce calcul dans Roger R.
Keller, Book of Mormon Authors: Their Words and Messages, Provo,
Utah, BYU Religious Studies Center, pp. 5-7.
Keller
divise les paroles de Néphi
(notamment
1 Néphi),
de Mormon et de Moroni, fils de Mormon, en sections « narratives » et en
sections « sermoniques ».
Le taux d’utilisation normalisé
de Christ dans les sections
sermoniques
de ces trois auteurs est approximativement de 6,3 fois pour Mormon, qui
semble être le plus élevé du Livre de
Mormon, 4,9 fois pour
Moroni, qui
semble être le second en nombre de fois et
1,9 fois pour Néphi.
[14] De même, les chapitres 48 et 49 d'Ésaïe,
copiés par Néphi
dans 1 Néphi
20 et 21, sont séparés des paroles de Néphi
par les formes poétiques de l'anabase
et du cycloïde
dans 1 Néphi
19:24 et par le chiasme
dans 1 Néphi
22:1-3. Parry, The Book of Mormon Reformatted, pp.
40, 45-46. En
outre, 1 Néphi
19:23-24 révèle même un certain degré de
chiasticité,
que l’on voit comme suit : écrites, le prophète, j'appliquais
toutes les Écritures à nous, entendez les paroles du prophète – maison
d'Israël, entendez les paroles du prophète – maison d'Israël,
appliquez-les à vous-mêmes, le prophète, écrit.
[15] John W. Welch,
« What Does Chiasmus in the Book of Mormon Prove? »
dans Book of Mormon Authorship Revisited: The Evidence for Ancient
Origins, dir. de publ. Noel B. Reynolds, Provo, Utah, FARMS, 1997, p.
205.
Welch écrit également que « la conception et la
profondeur du Livre de Mormon
ne ressortent souvent que quand on étudie le livre en ayant à l’esprit les
principes chiastiques
et autres principes littéraires. »
Id., p. 222.
[16] Messie apparaît vingt-neuf fois dans
les écrits de Néphi
sur les petites plaques. Les dix-huit
premières mentions, commençant par 1 Néphi
1:19 et finissant par 2 Néphi
3:5, se trouvent dans le compte rendu des visions et des enseignements de
Léhi fait par Néphi.
Après le sermon de
Jacob,
Messie n'apparaît plus avant 2 Néphi
25:14, quand Néphi
l'utilise pour la première fois indépendamment de son père et de son
frère.
[17] Ceci suppose que « la nuit dernière » a
trait à la nuit qui a précédé immédiatement (2
Néphi 10:3).
[18] Ce passage est effectif dans tout le Livre
de Mormon, parce que Messie n’est utilisé que trois fois en dehors
des écrits de Néphi,
alors que Christ apparaît 333 fois dans les mêmes textes.
Selon Hugh W.
Nibley,
« Messie est le terme plus général, Christ le terme plus limité et plus
particulier. »
Since
Cumorah,
2e éd., Salt Lake City,
Deseret Book et
FARMS, 1988, p. 168.
[19] Il existe des preuves convaincantes de ce que
le texte original du Livre de Mormon consistait
en mots hébreux transcrits en caractères égyptiens reformés.
Voir John A.
Tvedtnes
et Stephen D.
Ricks,
« Jewish
and Other Semitic Texts Written in Egyptian Characters », Journal of
Book of Mormon Studies 5/2, 1996, pp.
156-163.
[20] Répondant à cette accusation d'anachronisme,
Nibley
compare l'ambiguïté découlant de l'utilisation des mots Christ et
Messie dans le Livre de Mormon
avec la même ambiguïté existant dans le récit, dans le
Nouveau Testament,
des paroles de la Samaritaine au puits de
Jacob :
« Je sais que
le Messie doit venir celui qu'on appelle Christ »
(Jean
4:25). Nibley
écrit : « Elle a dû utiliser deux mots
différents. Pourtant c’était une femme
sans instruction qui ne parlait pas le grec mais une langue très proche de
l’hébreu ; quel mot a-t-elle bien pu employer pour ‘Christ’ pour le
distinguer de Messie ? Nous devons poser
la même question à propos du Livre de
Mormon plutôt que de nous dépêcher de le
condamner comme anachronisme. » Since
Cumorah,
p. 168 ; comparez avec
Jean 1:41.
[21] Il ne devait pas être plus difficile de révéler
que Christos
serait le futur nom du Messie que de
révéler que Marie serait le nom de la mère
du Messie (voir Mosiah
3:8).
[22] Voir James W.
Voelz, « The
Language of the New Testament », dans
Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, dir. de publ. Wolfgang
Haase, Berlin, de Gruyter, 1984, 2:25.2, pp. 894, 926; voir aussi
Friedrich Blass et Albert Debrunner, A Greek Grammar of the New
Testament, trad. et rév.
Robert W. Funk, Chicago, University of Chicago Press, 1961, p. 3 (parlant
de sections du
Nouveau Testament « qui reposent
probablement sur un original araméen »).
Puisque « Jésus parlait l’araméen galiléen »
pendant son ministère, le Messias
araméen, qui apparaît deux fois dans le
Nouveau Testament, est également une
possibilité pour le nom futur du Messie.
Voir Joachim Jeremias,
The Parables of Jesus, trad. S. H.
Hooke, éd.
rév., New York, SCM, 1963, p. 25.
Toutefois, la permanence du grec
Christos
en fait un choix plus probable.
[23] Blass
et Debrunner,
A Geek Grammar, 3.
[24] Voelz,
« The Language of the New Testament », p. 928.
[25] Blass
et Debrunner,
A Greek Grammar, p. 3.
« La LXX
a créé les équivalents grecs des
vocables hébreux et ceux-ci, chargés de
leurs (nouvelles) significations hébraïques, ont été repris et employés
par les auteurs du NT. » Voelz,
« The Language of the New Testament », p.
928. Ces emprunts à la Septante se sont
peut-être produits parce que « la langue de la
LXX
semblait convenir parfaitement à un style solennel et digne. »
Blass et
Debrunner,
A Greek Grammar, p. 3.
[26] Que la femme au puits de
Jacob ait parlé le grec ou pas,
l'ange de Jacob
a certainement pu le parler. Ainsi la
situation hypothétique suivante est possible :
un ange
parlant l’hébreu enseigne à
Jacob le
mot grec Christos
; Néphi
transcrit ce terme en caractères égyptiens réformés et Joseph Smith le
traduit par le mot anglais Christ. On trouvera un point de
vue différent dans John
Tvedtnes,
critique de The Use of the Old Testament in the Book of Mormon,
par Wesley P.
Walters,
Review of Books on the Book of Mormon
4, 1992, pp. 230-231 : « Il n'y a ici
aucun indice que le Livre de Mormon ait contenu un mot grec ou que le
terme rendu par « Christ » par Joseph Smith était étranger aux Israélites
pré-chrétiens. »
[27] Non seulement le Livre de Mormon n’est pas
anachronique à cet égard, mais il précède la conclusion relativement
récente de beaucoup de savants
que le bilinguisme en Palestine était répandu du temps du Christ.
[28] Le passage suivant dans le texte contient
quatre sous-chiasmes
dans un chiasme
principal. Nous utilisons des
majuscules pour indiquer les éléments séparés de chaque
chiasme et nous ajoutons un numéro en
indice 1-4 dans le cas des
sous-chiasmes.
Les minuscules indiquent les éléments parallèles
qui n’ont pas de correspondances en sens inverse. Les
italiques servent à mettre en évidence les parallèles entre les éléments
du chiasme
principal mais pas des
sous-chiasmes.
Il y a un schéma chiastique
différent de ce passage dans Parry, The Book of Mormon
Reformatted, p. 76.
Selon Welch : « Définir les unités littéraires et
déterminer où elles commencent et où elles finissent… est souvent une
affaire de jugement personnel, de même que le fait de décider quels sont
les termes qui constituent des correspondances significatives dans les
deux parties. »
John W. Welch,
« Criteria
for Identifying and Evaluating the Presence of Chiasmus »,
Journal of Book of Mormon Studies 4/2,
1995, p. 3.
[29] A a, b, c constitue une alternance
chiastique étendue avec A’
a, b, c, ci-dessous. Lund appelle cette
forme une « combinaison de sections alternantes et
chiastiques. »
Nils
W. Lund,
Chiasmus in the New Testament,
Chapel Hill: University of North Carolina Press,
1942, p. 61. On trouvera une définition de
« alternance étendue » dans Parry, The Book of Mormon
Reformatted, p. i.
[30] Lund, Chiasmus in the New
Testament, p. 98.
Lund appelle aussi les trois « classes » suivantes de psaumes :
(1) chiastiques simples, (2) alternances et (3)
une combinaison de ces deux formes.
Id., p. 94.
[31] L’expression âme met (fait) ses délices
n’apparaît que onze fois dans
le Livre de Mormon,
toutes dans 2 Néphi
et habituellement dans un chiasme.
[32. Âme
et cœur constituent une paire de mots parallèles dans
le Livre de Mormon
; voir Kevin L. Barney, « Poetic
Diction and Parallel Word Pairs in the Book of Mormon », Journal of
Book of Mormon Studies 4/2, 1995, 15,
51-54. Néphi
utilise souvent les mots cœur et âme en parallèle, par
exemple, sept fois dans 2 Néphi
4:15-30. Il écrit aussi : « Mon
âme se réjouira à cause de toi, mon Dieu »
(2 Néphi
4:30). Jacob
écrit : « mon âme a le péché
en horreur, et mon cœur fait ses délices de la justice »
(2 Néphi
9:49). Délices et se réjouir
sont synonymes (voir, par exemple, Proverbes 2:14).
[33] À la page de titre,
Moroni
donne deux buts principaux du Livre de
Mormon :
faire connaître « les alliances
du Seigneur »
et « convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel ».
Ainsi, frère Holland écrit :
« Au cours du processus par lequel ils
parviennent à pareille conviction au sujet du Christ, tous ceux qui
reçoivent ces annales seront également convaincus des ‘alliances
du Seigneur’. »
Holland, Christ and the New Covenant, p. 4.
[34] La répétition de paroles pourrait
être considérée comme non structurée, diminuant de ce fait le degré de
chiasticité
du passage. Welch, « Criteria »,
p. 7. Cependant, paroles apparaît
chaque fois une fois dans A a, b, c, et
A’ a, b, c,
désignant dans tous les cas les paroles d'Ésaïe.
On ne trouve aucune autre mention des paroles d’Ésaïe
seules dans le chiasme
principal. Cette
correspondance exacte et le placement de paroles aux extrémités
seulement démontrent que la répétition n'est pas non structurée.
[35] « Plus la structure proposée est compacte ou
moins il y a d’éléments hétérogènes entre ses composantes, plus le degré
de chiasticité
est élevé. Un texte dense révèle une
technicité, une rigueur, une concentration, une intention et une clarté
plus grandes. » Welch, « Criteria »,
pp. 6-7.
[36] En termes de logique informatique, la
manière d’écrire de Néphi est récurrente et les
sous-chiasmes
sont nichés au sein du chiasme
principal ;
il bascule d’un niveau puis revient là où il
s’est interrompu. On trouvera des exemples de ce procédé dans la
langue et la musique dans Douglas R.
Hofstadter,
Gödel,
Escher,
Bach
: An Eternal Golden Braid, New York, Basic Books,
1979, pp. 127-131.
[37] Maxwell, Plain and Precious Things,
p. 14.
[38] Parlant du Livre de Mormon,
du Nouveau Testament
et des annales des dix tribus, frère
Maxwell
écrit que « en fin de compte, c’est par trois
témoins
scripturaires que la nature messianique
de Jésus de
Nazareth
sera finalement confirmée. » Maxwell, Plain and Precious Things,
p. 12.
[39] L'utilisation par
Néphi du mot
Rédempteur
en ce qui concerne Ésaïe
est intéressante ici aussi bien que dans 1
Néphi 19:23.
Bien qu'il n’ait utilisé le terme messie
ou oint qu’en ce qui concerne
Cyrus dans
Ésaïe 45:1,
Ésaïe emploie le terme gaal
ou Rédempteur
au moins treize fois.
[40] Young's Analytical Concordance to the Bible, Nashville,
Nelson, 1982, pp. 1068-1069, 831.
Comparez la prière d'actions
de grâces
de David dans 2
Samuel
7:25 :
« Maintenant,
Éternel Dieu, fais subsister jusque dans l'éternité la parole
[dabar]
que tu as prononcée sur ton serviteur…
et agis selon ta parole [dabar]. »
[41] L'amplification ou intensification est le
mouvement entre deux idées parallèles, la seconde intensifiant la
première. Voyez Alter,
The Art of Biblical Poetry,
pp. 10-14
[42] Dans le premier
sous-chiasme,
la diffusion des paroles d'Ésaïe
s’étend pour inclure également les paroles de
Jacob.
Dans le deuxième
sous-chiasme,
le désir de Néphi
de prouver ses paroles est intensifié par la
déclaration que
Dieu prouvera ses propres paroles.
[43] Bien que cet article n'analyse pas les
prophéties
d'Ésaïe sur
le Christ, on pourrait écrire beaucoup de choses là-dessus.
Selon frère Holland, « Ésaïe
est à tous égards le prophète messianique par excellence de l'Ancien
Testament… C’est certainement
à cause de cette
focalisation messianique dévorante – plus exactement cette préoccupation
messianique – qu’Ésaïe
présente tant d’intérêt et est tellement important pour
Néphi. »
Holland, Christ and the New Covenant, pp.
75-76.
Il écrit également que sur les 433
versets d'Ésaïe
cités dans le Livre de Mormon,
« pas moins de 391 de ces versets
mentionnent les caractéristiques, l'aspect, la majesté et la mission de
Jésus-Christ. »
Id.,
p. 76, citant
Monte
C.
Nyman,
Great Are the Words of Isaiah,
Salt Lake City,
Bookcraft, 1980, p. 7.
[44] J'ai essayé de décomposer les éléments de ce
passage au « plus petit commun dénominateur ».
Il y a un certain nombre d’autres manières de
combiner les éléments qui se trouvent dans
G – J et
J' – G’.
[45] Welch, «Criteria», p. 6.
[46] Selon un commentateur, « une structure
maîtresse » relative aux chapitres 1 à 36 du livre d'Ésaïe
est « destruction ou jugement des impies. »
Avraham Gileadi,
The Book of Isaiah, Salt Lake City,
Deseret Book,
1988, p. 11, italiques dans l'original.
Étant donné une telle structure et le fait qu’il
inclut les chapitres 2 à 14 d'Ésaïe,
Néphi met
dans le mille quand il parle des « jugements de Dieu », qui sont « selon
tout ce qu’Ésaïe a dit ».
[47] Ce
sous-chiasme se présente comme suit :
A1 car je
suis sorti de Jérusalem,
B1
et mes yeux ont vu les choses des Juifs,
C1 et
je sais que les Juifs, eux,
D1
comprennent les choses des prophètes,
E1 et
il n'y a aucun autre peuple
D1’ qui
comprend les choses [des prophètes]
C1’ qui ont
été dites aux Juifs aussi bien qu'eux,
B1’
a s'il
n'est instruit
b à la
manière des choses des Juifs.
a Mais
voici, moi, Néphi, je n'ai pas instruit mes enfants
b à la
manière des Juifs;
A1’ mais voici,
moi, en ce qui me concerne, j'ai demeuré à Jérusalem (2 Néphi 25:5-6)
Le texte entre crochets se trouvait dans le manuscrit de l'imprimeur mais
a été supprimé dans le manuscrit de l'imprimeur « corrigé » et n'est plus
apparu depuis lors dans
le Livre de Mormon.
Voir
Book of Mormon Critical Text,
Provo,
Utah,
FARMS, 1987, p. 243.
[48] Pour cette raison
Néphi a pu écrire
: « Mais afin de les persuader
plus complètement de croire au Seigneur, leur Rédempteur, je leur lus ce
qui était écrit par le prophète Ésaïe; car j'appliquais toutes les
Écritures à nous, afin que cela fût pour notre profit et notre instruction »
(1 Néphi
19:23).
[49] Néphi avait
précédemment eu une vision semblable à celle donnée à
Jean le Révélateur,
qui a également témoigné que « le témoignage de Jésus est l'esprit de la
prophétie »
(Apocalypse 19:10 ; 1
Néphi 14:24-28).
[50] C’est peut-être parce qu'il a vu dans la
vision que beaucoup de choses claires et précieuses seraient ôtées des
« annales des Juifs » par « la grande et abominable Église »
que Néphi
désire préserver les paroles d'Ésaïe
dans ses propres annales (1 Néphi
13:20-29). Cependant, le plus ancien
manuscrit d'Ésaïe
(premier ou deuxième siècle
av. J.-C.)
antidate la formation de la grande et abominable
Église (voir 1
Néphi 13:26) et est essentiellement
semblable à l’Ésaïe de Néphi
et au texte massorétique.
Voir le
Harper's Bible Dictionary,
San Francisco, Harper, 1985, p. 426; comparez avec
John Tvedtnes, « Isaiah Variants », Provo, Utah, FARMS, 1985,
Provo,
Utah, FARMS, 1985.
Ironie des choses, il se peut que cette conservation des choses claires et
précieuses dans des écrits d'Ésaïe
soit due au fait qu'il est si difficile de comprendre ses écrits sans
l’Esprit.
[51] Welch, « Criteria », p. 10.
[52] Voir
Bruce R.
McConkie,
« Judgment Day » et « Last Day » dans Mormon Doctrine, Salt Lake
City, Bookcraft, 1979, pp. 404, 431.
[53] Le récit du Livre de Mormon
sur l'antéchrist appelé Korihor fait contraste avec cette façon de
convaincre et de tromper : « Et
alors Korihor dit à Alma: Si tu me montres un signe, afin que je sois
convaincu qu'il y a un Dieu, oui, montre-moi qu'il a du pouvoir, et
alors je serai convaincu de la véracité de tes paroles. »
(Alma
30:43). Après que le signe a été donné
sous forme de malédiction, le grand juge demande à
Korihor :
« Es-tu convaincu du pouvoir de
Dieu? » (Alma
30:51). Plus tard,
Korihor
reconnaît : « Le diable m'a
trompé, car il m'est apparu sous la forme d'un ange [d’un faux ange si
pas d’un faux Messie] et m'a dit: Va et ramène ce peuple, car ils se sont
tous égarés derrière un Dieu inconnu » (Alma
30:53). À la suite de ces événements, les
gens « furent
tous convaincus de la méchanceté de Korihor; c'est pourquoi ils
furent tous de nouveau convertis au Seigneur » (Alma
30:58).
[54] Harper's Bible Dictionary, p. 630.
Comparez avec le manuscrit de la mer Morte,
Règle de la Communauté, qui semble parler de deux Messies. L’un
est le Messie d'Israël
ou Messie royal, l'autre est le Messie d'Aaron
ou Messie sacerdotal (et probablement le Maître de Justice).
André Dupont-Sommer,
The Essene Writings from Qumran,
trad.
Geza Vermes,
Gloucester,
World, 1973, pp. 112-113.
[55] « Le but principal de la répétition de mots
donnés est d’attirer l'attention sur le mot que l’on répète, ou de faire
en sorte que le mot répété devienne le thème principal du passage…Cette
utilisation fréquente a tendance à
unir les multiples expressions du
paragraphe en un corps unifié
– les différentes parties étant reliées par le mot répété. » Parry,
The Book of Mormon Reformatted, p.
xlvi.
[56] Le second de ces deux
chiasmes
est présenté dans la prochaine section, ci-dessous.
[57] C’est vraisemblablement le même ange qui
apparaît à Jacob
la nuit et lui révèle
le nom (voir 2 Néphi
10:3).
[58] À propos du caractère sacré du serment, voir
Hugh W. Nibley,
An Approach to the Book of Mormon, 3e éd., Salt Lake City,
Deseret Book et FARMS, 1988, pp. 128-129.
[59] Lund, Chiasmus in the New
Testament, pp. 110-111.
[60] Dans l'Ancien
Testament, le mot racine hébreu
généralement utilisé pour le jaillissement de l'eau hors du rocher est
yatsa
(voir, par exemple, Exode 17:6 ; Nombres
20:8, 10-11 ; Néhémie
9:15). Dans le livre de l'Exode, la sortie
d’Israël
d'Égypte est mentionnée quelque quarante-deux fois (mon calcul
approximatif), dont trente utilisent
yatsa
(voir, par exemple, Exode 3:10 ; 6:27 ; 7:4 ; 12:17).
Cependant, il convient de noter que chaque fois
que l'Exode dans la KJV
parle de faire monter Israël d’Égypte (comme dans 2
Néphi 25:20),
c’est le mot racine hébreu alah
qui est employé au lieu de
yatsa (bien que l'Exode 32:7 dans la
KJV
traduise alah
simplement comme « fait sortir »). C’est peut-être
une coïncidence, mais la signification du mot racine hébreu ‘ala’
est « sucer » ou « boire ».
Voir
The New Strong's Exhaustive Concordance of the Bible,
Nashville,
Nelson,
1990, # 5966 ; voir aussi
Job 39:30.
[61] Ou, pour parler comme les
Doctrine et Alliances,
« Il est au-dessus de tout, en tout, à travers tout et autour de
tout » (D&A
88:41).
[62] « L’essence même du chiasme, c’est
l’inversion, par conséquent plus l’inversion est claire au point central
plus la chiasticité
du passage est forte. » Welch,
« Criteria », p. 8.
[63] Ces « serpents brûlants qui volaient » ont
été envoyés par le Seigneur
pour corriger le peuple à cause de
son iniquité (1 Néphi
17:41).
Voir aussi
Wallace E. Hunt Jr., « Moses'
Brazen Serpent as It Relates to Serpent Worship in Mesoamerica »,
Journal of Book of Mormon Studies 2/2, 1993,
pp. 121-131.
[64] Ceux qui attendent « un Messie à venir » (2
Néphi
25:18), plutôt que « [de lever] les regards avec foi vers le Fils
de Dieu » pendant qu'il était « élevé » sur la
croix (Hélaman
8:14-15), sont comme ceux qui étaient « si endurcis qu'ils ne
voulurent pas regarder » le serpent « élevé »
devant eux (Alma
33:20 ; Hélaman
8:14), alors qu’il leur aurait été si facile de regarder ce serpent et de
vivre (voir Hélaman
8:15). Dans les deux cas, ces
gens étaient
coupables de « regarder au-delà du point marqué » (Jacob
4:14).
[65] Satan
est également le « faux Messie » par excellence en opposition au vrai
Messie, puisqu’il « se transforme presque en un ange de lumière »
(2 Néphi
9:9) et s’écrie : « Je suis
le Fils unique,
adore-moi » (Moïse 1:19). Soit dit en passant,
dans le livre de Moïse, le serpent est distinct de
Satan,
puisque Satan
met dans le cœur du serpent de tenter Ève (voir Moïse 4:6).
[66] Voir
Gileadi, The Book of Isaiah, pp.
6-7 ; Hélaman
8:13-15.
Selon
Gileadi,
« les Juifs étudient soigneusement les paroles des prophètes.
Ils analysent même chaque lettre et l'importance
de cette lettre selon l'alphabet hébreu.
Chaque lettre possède une valeur numérique. Le mot serpent [nachash],
par exemple, a la même valeur numérique que le mot Messie [mashiach].
Ainsi, le mot serpent sert également de
symbole au Messie. » Voir aussi
Joe Sampson, Written by the Finger of God: A Testimony of Joseph
Smith's Translations, Sandy, Wellspring, 1993, p. 79.
[67] Même l'expression « guérir les nations »
nous rappelle le Christ. La seule autre
expression semblable dans les Écritures
que je connaisse se trouve dans Apocalypse 22:1-2. Le passage
mentionne l’ « eau de la vie…
qui sortait du trône de Dieu et de l'agneau »
et passe devant un « arbre de vie… dont
les feuilles servaient à la guérison des nations ».
La vision plus ancienne de
Néphi montre
clairement que l'arbre de vie et l’eau de la vie sont des symboles du
Christ (voir 1 Néphi
11:4-6, 16-27).
[68] Jean Daniélou, From Shadows to Reality: Studies in the Biblical
Typology of the Fathers, trad. Dom W. Hibberd, Westminster, Md.,
Newman, 1960, pp. 156-157, cité dans George S. Tate, « The Typology of the
Exodus Pattern in the Book of Mormon », dans Literature of Belief,
dir. de publ.
Neal E. Lambert, Provo, Utah, BYU Religious Studies Center, 1981, p. 251.
[69] Selon
Tate, « Dans la partie
Ancien Testament
du Livre de Mormon,
le schéma de l'Exode se reproduit d’une manière plus concentrée que dans
la Bible et sa typologie est plus consciente parce qu'on comprend que les
narrateurs possèdent la clef christologique
de l'accomplissement
des types. » Id.,
p. 257. En outre, « dans le domaine infini
et éternel de l'Expiation,
comme dans toutes les autres alliances
éternelles, ‘le temps n’est mesuré que pour les hommes’ et les prophètes
pourraient parler de choses encore à venir ‘comme si elles étaient déjà
venues’. »
« Holland, Christ and the New Covenant, p. 27 ;
voir aussi
Mosiah 16:6 ;
Jarom 1:11.
[70] Holland, Christ and the New Covenant,
p. 13.
« Faisant encore une fois un lien entre l’Ancien et le
Nouveau Testament – qui
serait fondamental à la
compréhension
et à la réconciliation prophétisée des Juifs –
Néphi
note que le même
pouvoir
qui
a sauvé
l’Israël
antique des serpents venimeux et a fait jaillir de l’eau du rocher à
Meriba
est le
pouvoir
de sauver
les âmes éternelles. »
Id.,
46.
[71] Welch, « The Temple in the Book of
Mormon », p. 318.
[72] Id.
Parce que « le monde du Livre de Mormon
n’est ni juif ni chrétien, mais les deux », le livre « est une passerelle
entre les cultures juive et chrétienne ».
Id.
[73] La structure de ce
chiasme
est tirée de Parry, The Book of Mormon Reformatted,
p. 99, mise en évidence en caractères gras remplacée par des italiques.
Voir aussi
John W. Welch,
« Chiasmus
in the Book of Mormon », dans Book of
Mormon Authorship, dir. de publ.
Noel
B. Reynolds,
Provo,
Utah,
Religious Studies Center, 1982, p. 47, et
Welch,
« Chiasmus
in the Book of Mormon »,
dans Chiasmus in Antiquity, p. 202.
[74] Lund, Chiasmus in the New
Testament, p. 106.
[75] Welch, « The Temple in the Book of
Mormon », p. 310.
[76] Holland, Christ and the New Covenant,
p. 136.
[77] Voir
Tate, « Typology », p. 257 ;
comparez avec
Gileadi,
The Book of Isaiah, p. 3.
Les
Néphites
« attendaient
la venue du Christ, considérant que la loi de Moïse était une figure de sa
venue… la loi de Moïse servait à fortifier leur foi au Christ; et c'est
ainsi qu'ils conservèrent l'espérance par la foi, pour le salut éternel,
s'appuyant sur l'esprit de prophétie, qui parlait de ces choses à
venir. » (Alma
25:15-16). Pour employer les termes de
Jacob,
« Et nous avions aussi beaucoup de révélations et l'esprit pour
prophétiser en abondance, c'est pourquoi, nous avions connaissance du
Christ et de son royaume qui devaient venir » (Jacob
1:6).
[78] De même, Jésus a non seulement dit : « Voici,
je suis la loi et la lumière » (3
Néphi 15:9), mais
aussi : « Je suis la lumière et la vie du monde » (3
Néphi 9:18).
[79] Holland, Christ and the New Covenant,
p. 140.
[80] Maxwell,
Plain and Precious Things, p. 24.
[81] Holland, Christ and the New Covenant,
p. 18.
[82] « Une expression ou une phrase identique
répétée régulièrement dans tout le paragraphe. »
Voir Parry, The Book of Mormon
Reformatted, pp.
xlii, 100.
[83] Un « parallélisme en escalier » ou « une
intensification manifeste d'un sens à un autre, jusqu'à atteindre le point
culminant de la pensée ».
Voir
Id.,
p. xxi.
[84] Parry, The Book of Mormon Reformatted,
pp. 100-101.
[Ndlr : On trouvera ce chiasme dans l’appendice après les notes.]
[85] L’expression attendent avec constance dans le Christ
pourrait probablement être incluse en tant
qu'élément de la dernière extrémité, auquel cas elle formerait un
parallèle avec lorsque le Christ sera
ressuscité
à la première extrémité
[86] De même, la page de titre du
Livre de Mormon donne le but du livre :
« convaincre Juif et Gentil que Jésus est
le Christ, le Dieu éternel. »
[87] Maxwell,
Clear and Precious Things, p. 10.
Frère Holland dit que
le Livre de Mormon
« a été écrit dans le but fondamental et éternellement essentiel ‘de
convaincre… Juif et Gentil que JÉSUS est le CHRIST, le DIEU ÉTERNEL.’ »
Holland, Christ and the New Covenant, p. 4.
[88] Chose significative, le taux d’utilisation
normalisé du nom
Christ par Néphi dans ces quatre chapitres
est d’approximativement six fois le taux d’utilisation moyen du Livre de
Mormon.
[89] Voir Parry, The Book of Mormon
Reformatted, p. 115.
L’épibole,
ou répétition non structurée, est « la répétition irrégulière de la même
expression dans un verset
ou des versets
successifs d’Ecriture. »
Id., p.
xli.
[90] On trouvera la présentation de 2
Néphi 33:6-13 dans
un format poétique en six strophes
dans Rust, Feasting on the Word,
pp. 82-83.
[91] En plus des cinquante-trois fois que
Néphi écrit le nom
Christ, Jacob
l’écrit vingt-six fois dans son livre (y compris la préface) et Énos
l'emploie trois fois dans le sien. Il est cependant
possible que les Néphites
aient oublié plus tard le nom Christ du fait qu’il a cessé d’être
utilisé dans leur vocabulaire religieux standard.
Pendant les 141 ans ou plus qui suivent Énos,
aucun de ses descendants n’utilisera Christ jusqu'à
Amaléki, la
dernière personne à écrire sur les petites plaques (voir
Omni 1:26),
et Jarom
ira jusqu’à en revenir à Messie (voir
Jarom
1:11). Si l’on ne compte pas les Paroles de Mormon,
l’apparition suivante du nom se produit quand, en des termes semblables à
ceux de l'ange à Jacob,
il est annoncé comme si c’était quelque chose de nouveau par un ange à
Benjamin :
« Et il sera
appelé
Jésus-Christ » (Mosiah
3:8). (Il convient de noter que « faux
Christs »
dans Paroles de Mormon 1:15 a pu faire partie du livre de
Mosiah originel.)
En outre, en parlant à Noé et à ses prêtres (qui n'avaient pas entendu le
sermon de Benjamin),
Abinadi
parle d’abord du « Messie » et puis du « Christ
– car c’est ainsi qu’il sera
appelé »
(Mosiah
13:33 ; 15:21). Cette formule bien connue
employée par Jacob, Néphi
(2 Néphi
25:19), Benjamin
et Abinadi
suggère que dans chaque cas une révélation spéciale du nom du
Seigneur a été
donnée à un prophète et a ensuite été enseignée comme quelque chose de
nouveau à l’auditoire du prophète. Si le
nom Christ avait été oublié par les
Néphites,
le conseil chiastique
de Benjamin
de se rappeler le nom prend tout son sens (voir
Mosiah
5:10-12). Dans le livre d’Éther, Messie
n'est pas employé et toutes les mentions de Christ à l’exception
d’une sont attribuables à Moroni.
L'exception est Éther 3:14, qui
enregistre une
révélation du nom du Seigneur
au frère de Jared
qui a été cachée au monde : « Voici, je
suis Jésus-Christ »
(voir Éther 4:1-2 ; voir aussi Éther
13:4).
[92] Jacob
écrit de même : « C'est pourquoi,
nous travaillions diligemment parmi notre peuple, afin de le persuader de
venir au Christ et de prendre part à la bonté de Dieu, afin qu'il pût
entrer dans son repos » (Jacob
1:7).
[93] La diligence de
Néphi l’a amené à
écrire sur les grandes plaques, chose qui, bien qu'apparemment stérile de
notre point de vue à cause de
la perte des 116 pages, a dû être pour lui une expérience semblable à
celle du Camp de Sion
qui l'a préparé pour ses écrits clairs et précieux sur les petites
plaques.
[94] Welch, « What Does Chiasmus in the
Book of Mormon Prove? » p. 206.
:[95] Lund, Chiasmus in the New
Testament, 128.
[96] Non seulement
le Livre de Mormon
réunit ces deux testaments, mais la Bible et
le Livre de Mormon
« se rejoindr[ont] pour confondre les fausses doctrines, et mettre
fin aux querelles » (2
Néphi 3:12).
[97] « Le fait de voir et d’apprécier ses
dimensions juives aide le livre à parler à son auditoire juif aussi bien
qu’à ses adhérents gentils. »
Welch, « The Temple in the Book of Mormon »,
p. 318.
APPENDICE
Le chiasme dans 2
Néphi 26:1-9
A Et lorsque le
Christ sera ressuscité des morts, il se montrera à vous, mes
enfants, et mes frères bien-aimés;
B
et les paroles qu'il vous dira seront la loi que vous observerez.
C Car
voici, je vous dis que j'ai vu que beaucoup de générations
passeront
D et qu'il
y aura de grandes guerres et de grandes querelles parmi mon peuple.
E Et
lorsque le Messie viendra, il y aura des signes qui seront donnés à mon
peuple, de sa naissance, et aussi de sa mort et de sa résurrection; et
grand et terrible sera ce jour pour les méchants,
F car
ils périront; et ils périssent
G parce
qu'ils chassent les prophètes et les saints, et les lapident et les
tuent; c'est pourquoi, le cri du sang des saints montera contre eux du sol
jusqu'à Dieu.
H C'est pourquoi,
tous les hautains et tous les méchants, le jour qui vient les embrasera,
H’ dit le Seigneur
des armées, car ils seront comme du chaume.
G’ Et ceux qui
tuent les prophètes, et les saints,
F’ les
profondeurs de la terre les engloutiront, dit le Seigneur des
armées;
et des montagnes les couvriront,
et des tourbillons les emporteront,
et des édifices tomberont sur eux
et les écraseront en petits morceaux
et les broieront en poudre.
E’ Et ils
seront châtiés par les tonnerres,
et les éclairs,
et les tremblements de terre,
et toutes sortes de destructions,
(de nombreux et)
car le feu de la colère du Seigneur sera allumé contre eux, et ils seront
comme du chaume, et le jour qui vient les embrasera, dit le Seigneur
des armées. (épibole)
D’ Ô la
souffrance, et l'angoisse de mon âme pour la perte des tués de mon
peuple!
C’ Car moi,
Néphi, je l'ai vu, et cela me consume presque devant la présence du
Seigneur; mais je dois crier à mon Dieu: Tes voies sont justes.
B’
Mais voici, les justes qui écoutent les paroles des prophètes
et ne les font pas périr, mais attendent avec constance dans le Christ les
signes qui sont donnés, malgré toutes les persécutions, voici, ce sont
ceux-là qui ne périront pas.
A’ Mais le Fils de la
justice leur apparaîtra
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