MONOTHEISME, MESSIE ET LIVRE DE MORMON

 

par Brant Gardner

© FAIR

 

En 1837, Joseph Smith apporta plusieurs modifications au texte du Livre de Mormon. Beaucoup sont relativement minimes, mais il y en a une qui est beaucoup plus substantielle. Dans l’édition de 1830, le verset qui est actuellement 1 Néphi 11:18 dit :

 

« Et il me dit: Voici, la vierge que tu vois est, selon la chair, la mère de Dieu. »

 

Dans l’édition de 1837, Joseph inséra « du Fils », de sorte que le verset dit depuis lors :

 

« Et il me dit: Voici, la vierge que tu vois est, selon la chair, la mère du Fils de Dieu. »

 

Il est impossible de savoir ce qui a poussé Joseph Smith à faire ce changement, mais cela n’a pas empêché des tas de gens d’essayer.

 

Or, quand on se focalise sur le seul fait qu’il y a eu changement, on se met à poser les mauvaises questions. Plusieurs auteurs y ont vu la preuve de ce que la théologie de Joseph Smith évoluait. Ce qui implique qu’ils considèrent que Joseph Smith est l’auteur du Livre de Mormon, considérant que le livre représente la pensée d’origine de Joseph Smith, ce qui n’est pas le cas si nous en croyons le livre. Le Livre de Mormon ne représente pas la théologie de Joseph Smith, il représente la théologie néphite. Pour comprendre cette dernière, il faut se préoccuper de ce que ce verset fait là et non de ce qui lui est arrivé plus tard. Pour le Livre de Mormon, le fait de comprendre l’évolution théologique nous permettra effectivement de comprendre ce texte, mais ce n’est pas l’évolution de la théologie mormone qui va l’expliquer, c’est l’évolution de la théologie israélite.

 

Le Livre de Mormon commence son histoire la première année du règne de Sédécias à Jérusalem, soit en 597 av. J.-C. C’est le premier événement qui est daté, mais les personnages de l’histoire sont de toute évidence en vie à l’époque, et quand le récit commence, Léhi a quatre fils et des filles. Il est suffisamment âgé pour avoir vécu certains événements qui ont eu lieu avant 597 av. J.-C. mais qui ne sont pas notés. L’invasion de Jérusalem par Babylone est certainement l’événement déclencheur le plus évident du Livre de Mormon puisqu’il nous montre dans quelles circonstances Léhi est appelé comme prophète et reçoit le commandement de fuir avec sa famille la destruction à venir. Il y a cependant un autre événement plus ancien qui pourrait s’avérer être celui qui a eu l’influence la plus durable sur l’histoire du Livre de Mormon. Léhi a connu l’époque de la réforme deutéronomique.

 

Lors d’un colloque organisé en 2003 à BYU, Margaret Barker a dit :

 

« Le roi Josias a changé la religion d’Israël en 623 av. J.-C. Selon le récit de l’Ancien Testament dans 2 Rois 23, il a fait retirer du temple toutes sortes d’objets idolâtres et a purifié son royaume des pratiques cananéennes. Les vases du temple faits pour Baal, Ashéra et l’armée du ciel furent retirés, les prêtres idolâtres furent déposés, l’Ashéra elle-même fut enlevée du temple et brûlée et il y eut bien d’autres choses encore. Un vieux livre de la loi avait été découvert dans le temple et cela avait incité le roi à aligner la religion de son royaume sur les stipulations de ce livre. Il ne pouvait y avoir qu’un seul temple, y était-il écrit, il fallait donc détruire les autres lieux de culte sacrificatoires. Dans le livre de la loi on reconnaît naturellement le Deutéronome, c’est pourquoi la réforme du roi Josias est habituellement appelée la réforme deutéronomique du temple [1]. »

 

Le coup de chance qui a voulu que l’on trouve un livre perdu juste au début d’une série de réformes a amené les spécialistes à se demander si ce livre était authentique. Bien que le choix du moment reste suspect, nous ne devons pas balayer l’ouvrage tout entier comme étant un expédient politique. Norman Gottwald écrit à ce sujet dans son introduction au Deutéronome dans l’Interpreter’s One-Volume Commentary on the Bible :

 

« La seule date certaine est l’année de la réforme de Josias, 622. Mais les origines du Deutéronome sont antérieures à la réforme. La lecture et la prédication lévitiques de la loi n’ont pas commencé en 622 ; compte tenu des allusions faites à Sichem, la pratique devait remonter à au moins un siècle dans le royaume d’Israël. Le choc de la découverte de la loi en 622 ne signifie pas que l’on ne connaissait pas précédemment de telles traditions en Israël ; cela veut dire, au contraire, que la monarchie judéenne avait perdu le contact avec elles depuis 50 à 75 ans (en supposant qu’Ezéchias les connaissait et les ait utilisées dans sa réforme)… 

 

« La loi a-t-elle expressément été écrite dans l’intention de l’introduire clandestinement dans le temple ? Peut-être – si nous partons de l’idée que ce n’est que de cette manière que l’on pouvait faire parvenir au roi des prétentions d’une manière convaincante sans danger d’opposition de la part des partisans de la loi. Pourtant il est frappant que même en ayant la loi écrite sous les yeux, Josias ne fut convaincu que lorsque des partisans bien déterminés de la loi l’eurent assuré de sa validité (2 Rois 22:8-20)…

 

« Il est plus vraisemblable que la rédaction et la reformulation des lois et des recommandations deutéronomiques a continué clandestinement pendant tout le règne de Manassé (687-642 env.). Si nous imaginons que le calendrier liturgique yahviste cessait d’être pratiqué ou était tout au moins négligé, les vieilles habitudes religieuses de renouvellement des alliances devaient en souffrir et même être menacées d’extinction. Les formules orales que l’on se rappelait d’année en année ne devaient plus être récitées et les textes de loi faisant autorité et inscrits sur les lieux de culte devaient avoir été mutilés ou même détruits. Ainsi donc, les documents oraux et écrits des traditions [deutéronomiques] furent envoyés dans la clandestinité et y furent entretenus jusqu’à ce qu’ils remontent à la surface en 622.

 

« Cette interprétation élimine l’idée que le Deutéronome déposé en cachette dans le temple ait été ‘une falsification pieuse’. Il n’était pas nécessaire d’inventer un livre censé être de Moïse ; il suffisait de réunir des documents attribués depuis longtemps à Moïse, en utilisant le fonctionnaire du culte parlant au nom de Moïse et d’affirmer que ces traditions devaient de nouveau faire force de loi en Israël [2]. »

 

Outre le fait qu’elle nous permet de comprendre comment le Deutéronome peut être à la fois nouveau et vieux, l’explication de Gottwald met en évidence l’idée qu’il y avait en Israël des courants religieux multiples pendant au moins cent ans avant Léhi. Il est très clair que la réforme deutéronomique se faisait en opposition à une tradition précédemment acceptable. Ce faisant, elle n’inventait pas quelque chose de nouveau, mais mettait à l’honneur une tradition existante, si pas dominante, de l’époque. Il est absolument nécessaire d’être conscient de l’existence de cette multiplicité de traditions au sein de la même culture si l’on veut comprendre le climat religieux qui a produit Léhi et influencé Néphi.

 

Pour essayer de comprendre les courants multiples qui existaient à Jérusalem à la veille de la réforme deutéronomique, le personnage d’Ashéra devient un moyen important de mesurer le changement théologique et de déterminer l’époque de ce changement. Dans la Bible, le terme Ashéra peut désigner simultanément la déesse-mère portant ce nom ou sa représentation (celle qui a été retirée du temple) [3].

 

Que faisait la statue de la déesse-mère Ashéra dans le temple de Jérusalem ? Elle s’y trouvait parce qu’elle était l’épouse de Yahweh. On a découvert plusieurs inscriptions qui parlent explicitement de « Yahweh et son Ashéra ». Les savants acceptent ceci comme indication qu’Ashéra était l’épouse de Yahweh [4]. Quelques soixante-dix ans avant la réforme deutéronomique, le roi Ezéchias avait lancé une réforme du même genre qui excluait Ashéra du temple. Contrairement à la réforme deutéronomique, celle d’Ezéchias ne dura pas. En fait, elle ne survécut même pas à son fils. Parlant du fait que Manassé renversa la réforme de son père, Raphaël Pataï avance cette théorie :

 

« Si Manassé ne s’est pas donné la peine de remplacer le serpent d’airain, l’autre idole retirée du temple par son père, cela tenait probablement au fait qu’avec le temps, le culte d’une divinité symbolisée ou représentée par un serpent était devenue périmée. Ce n’était pas le cas d’Ashéra, dont la représentation maternelle devait être chère à beaucoup de fidèles et dont le retour à sa place traditionnelle dans le temple était donc considéré comme un geste religieux d’une grande importance. Il est tentant de supposer que la motivation mythique qui explique le geste de Manassé était la conviction que l’épouse de Yahweh, la grande déesse-mère Ashéra, devait être remise à son ancienne place légitime aux côtés de son mari [5]. »

 

Ce qui fait d’Ashéra un élément aussi important pour la compréhension des diverses conceptions israélites de la Divinité, c’est la découverte, en 1928, d’un ensemble de textes ugaritiques (ou cananéens). Ils contiennent une mine de renseignements sur la religion de la période de 1350 à 1150 environ. C. C. L. Seow remarque : « La valeur des textes ugaritiques dépasse l’horizon de la religion cananéenne. Les éléments que nous avons ici montrent que la théologie israélite n’était pas aussi radicalement distincte des religions cananéennes qu’on le pensait jadis [6]. »

 

 

Ce que ces textes montrent, c’est que la religion sémitique primitive adorait un panthéon structuré comme une famille divine avec un Père divin et son épouse, l’Ashéra en question [7]. Ces deux-là sont à la tête d’un conseil divin. Daniel C. Peterson résume la chose comme suit :

 

« Le conseil porte divers noms dans la documentation ugaritique, tels que ‘l’assemblée des dieux’ et ‘l’assemblée des fils d’El’. Selon les croyances cananéennes, El était le dieu créateur. Les faits donnent fortement à penser qu’il était à l’origine le dieu principal des Sémites en général. En tant que créateur, il était aussi à la tête du panthéon comme ‘père des dieux’ ou ‘père des fils de dieu’ et était appelé ‘l’ancien’, le ‘patriarche’ et ‘l’éternel’. Par conséquent, les dieux, étant les fils, étaient désignés collectivement sous le nom de ‘fils d’El’ [8]. »

 

Dans la conception israélite, Yahweh était prééminent parmi les fils d’El. Les dieux de ce conseil céleste furent chargés d’être les dieux de diverses nations (Deutéronome 32:8 – Ndlr : Le texte de Segond dit : « Quand le Très-Haut donna un héritage aux nations, quand il sépara les enfants des hommes, Il fixa les limites des peuples d'après le nombre des enfants d'Israël. » Gardner s’appuie ici sur une version basée sur certains manuscrits hébreux qui ont « fils de Dieu » au lieu de « enfants d’Israël ») et Yahweh était le dieu d’Israël. Avec l’évolution de la pensée israélite, El, en tant que Père, passa à l’arrière-plan et Yahweh continua à acquérir de l’importance. Ce processus d’élévation de Yahweh battait son plein au huitième siècle av. J.-C., quand Ashéra apparut comme épouse de Yahweh et non d’El. Mark S. Smith écrit :

 

 

 

« Ashéra, ayant été l’épouse d’El, ne serait devenue l’épouse de Yahweh que si ces deux dieux s’étaient maintenant identifiés l’un à l’autre. Il découle en effet clairement de textes tels que la vision où Ésaïe voit Yahweh entourés de séraphins (Ésaïe 6) et en particulier de la vision prophétique de la scène du conseil divin dans 1 Rois 22:19 que Yahweh avait maintenant acquis le poste de présidence [9]. »

 

Voilà qui nous fournit à la fois une évolution et une localisation dans le temps. Le conseil des cieux avec El comme père et Yahweh comme fils prééminent nous le situe de manière plausible à la même époque que les textes ugaritiques, c’est-à-dire 1350-1150 av. J.-C. Après cela se développe en Israël une théologie qui augmente l’importance de Yahweh et l’élève à un poste où il commence à reprendre les fonctions précédemment attribuées à son père céleste, El. Ce processus est pratiquement terminé vers 700 av. J.-C. quand nous constatons que Yahweh n’a pas seulement pris la place d’El dans le conseil, mais s’est attribué son épouse.

 

En dépit de son élévation à la prééminence et au proto-monothéisme, ce processus n’a pas complètement éliminé les rapports de Yahweh avec le conseil et avec son père. Des courants parallèles, peut-être renforcés par d’autres religions sémitiques, maintenaient les histoires d’El et du conseil des cieux. Le Dr Peterson poursuit :

 

« La terminologie cananéenne de ‘l’assemblée des dieux’ et de ‘l’assemblée des fils d’El’ a des parallèles dans la Bible hébraïque. Dans le Psaume 29:1, que les savants reconnaissent depuis longtemps comme une adaptation israélite d’un cantique cananéen plus ancien, les membres du conseil sont appelés les bene ‘elim. [Ndlr : La Segond traduit correctement cette expression par [fils de Dieu. La même expression hébraïque se retrouve dans Psaumes 89:7 que Segond rend également de manière correcte par ‘fils de Dieu’.] [10]

 

Une chose qu’il est tout à fait aussi important de savoir si l’on veut comprendre Yahweh dans le conseil, c’est le fait qu’il est identifié comme étant celui qui va expier en tant que Messie. Dans The Great Angel, Margaret Barker examine en détail des centaines de passages de textes tant juifs que chrétiens ou gnostiques qui, comme elle les interprète, identifient Yahweh comme étant le Messie futur et Jésus, dans son rôle messianique, comme étant Yahweh :

 

« Yahweh était l’un des fils de El Elyon ; et Jésus, dans les évangiles, est décrit comme un fils de El Elyon, le Dieu Très-Haut. En d’autres termes, il est décrit comme un être céleste. C’est ainsi que le récit de l’annonciation comporte l’expression ‘Fils du Très-Haut’ (Luc 1:32) et le démoniaque reconnaît en son exorciste le ‘Fils du Dieu Très-Haut’ (Marc 5:7). Jésus n’est pas appelé fils de Yahweh ni fils du Seigneur, il est appelé Seigneur. Nous savons aussi que ceux qui ont écrit le Nouveau Testament ont traduit le nom Yahweh par Kyrios, Seigneur. (Voir, par exemple, la citation tirée de Deutéronome 6:5 : ‘Tu aimeras Yahweh, ton Dieu…’ qui est rendue dans Luc 10:27 par : ‘Tu aimeras le Seigneur [Kyrios], ton Dieu’. Ceci nous montre que les auteurs des évangiles utilisaient les termes ‘Seigneur’ et ‘Fils du Très-Haut’ parce qu’ils voyaient en Jésus un ange et lui donnaient leur version du nom sacré Yahweh [11]. »

 

Bien entendu, ce rapprochement vient de l’usage dans le Nouveau Testament. Le Dr Barker pense que c’était néanmoins la continuation d’un vieux courant de pensée qui fut étouffé par la réforme deutéronomique. Barker examine un passage intéressant de l’Ancien Testament concernant cette attente messianique, qui semble avoir connu un certain obscurcissement :

 

« Cependant, la preuve la plus claire de sa survie [il s’agit de l’anthropomorphisme du Dieu/Messie] réside dans la tradition généralisée consistant à interpréter les mots avec ‘homme’ comme des allusions au Messie ou à désigner le Messie simplement comme étant ‘l’homme’. On le voit très bien quand on examine les diverses traductions des oracles de Balaam dont on croyait qu’ils prédisaient le Messie (Nombres 24:3-9 ; 15-24). Ainsi Nombres 24:7a, où l’hébreu a ces vers curieux : ‘L’eau coulera de ses seaux et il régnera sur de nombreuses nations’ devient dans la LXX [la Septante] : ‘Et un homme sortira de sa postérité et il régnera sur de nombreuses nations’, tandis que les Targums Fragment et Pseudo-Jonathan ont : ‘Leur roi sortira d’entre eux et leur sauveur sera l’un d’eux.’

 

« Philon cite les vers comme étant une prophétie messianique : ‘Il sortira un jour de vous un homme et il régnera sur de nombreuses nations » (Vie de Moïse 1.290). L’unanimité de la traduction et des Targums donne fortement à penser que l’hébreu a pu dire autrefois autre chose que ‘l’eau coulera de ses seaux.’ [12] »

 

Un vieux courant de pensée qui attendait Yahweh comme Messie a-t-il pu survivre aux réformes deutéronomiques pour constituer la base de la conception chrétienne que Jésus est le Messie et Yahweh ? C’est en tout cas ce que laisse entendre un texte araméen de la grotte 4 de Qumran (4Q246, traduction Joseph A. Fitzmyer) :

 

Colonne 1, lignes 7-9

 

7 [alors s’élèvera un roi et il sera] grand sur la terre.]

 

8 [Tous les peuples] feront [la paix avec lui] ; ils [le] serviront tous.

 

9 [Car] il sera appelé [le saint] du grand [Dieu], et c’est par son nom qu’il sera appelé.

 

Colonne 2,  ligne 1

 

1 Il sera salué comme le Fils de Dieu et on l’appellera Fils du Très-Haut [13]. 

 

Ce texte date d’environ 25 av. J.-C. [14]. Il semble qu’à cette époque l’idée que le Messie est le Fils de Dieu et, en particulier, le Fils du Très-Haut, apparaisse encore dans les documents.

 

Quand nous reconstituons le climat religieux de l’époque de Léhi, nous constatons qu’il n’y a pas de théologie unique et unifiée. En fait, ce que nous trouvons, ce sont des courants de pensée théologique multiples et en conflit et, au milieu de tout cela, il y a la réforme deutéronomique qui met en avant un courant de pensée en contradiction avec ce qui avait été acceptable pendant une grande partie de l’histoire d’Israël.

 

La théologie du Livre de Mormon tend à montrer que Léhi n’est pas seulement un produit de cette période de temps, mais que sa théologie, et par conséquent celle de Néphi, est très vraisemblablement une tentative de préserver une partie de la conception de Dieu que reniaient les réformes deutéronomiques. Nous retrouverons dans le texte du Livre de Mormon les éléments suivants de la religion d’avant la réforme :

 

•  Un Dieu père, El, également appelé el elyon le « Dieu Très-Haut ».

•  Yahweh, fils de Dieu (El).

•  Yahweh, Dieu prééminent d’Israël.

•  Yahweh, le Messie.

 

Je pense que l’accent mis sur Dieu en tant que Messie dans le Livre de Mormon est une réaction contre l’étouffement de ce courant de pensée de la religion israélite. Pour compenser ce que son père et lui croient avoir été enlevé par la réforme deutéronomique, Néphi l’accentue plus fortement dans les fondements théologiques qu’il donne à son peuple et cela continue jusqu’à la fin du Livre de Mormon. C’est la raison pour laquelle le Livre de Mormon rend si systématiquement et si formellement témoignage du Messie.

 

Nous commençons notre étude de Dieu dans le Livre de Mormon quelques versets avant 1 Néphi 11:18 par lequel nous avons commencé cet article. Dans 1 Néphi 11:6, nous trouvons :

 

« Et lorsque j'eus dit ces paroles, l'Esprit s'écria d'une voix forte, disant: Hosanna au Seigneur, le Dieu Très-Haut; car il est Dieu sur toute la terre, oui, au-dessus de tout. Et béni es-tu, Néphi, parce que tu crois au Fils du Dieu Très-Haut… »

 

Mis dans le contexte des théologies possibles à Jérusalem à l’époque du départ de la famille, ce verset est tout à fait compréhensible. Nous pouvons peut-être le comprendre un peu mieux si nous « retraduisons » le texte de manière à mettre les parallèles en évidence.

 

« Hosanna à El Elyon ; car il est Dieu sur toute la terre, oui, au-dessus de tout. Et béni es-tu, Néphi, parce que tu crois en Yahweh le Fils d’El Elyon…

 

Étant donné que l’idée que El était Père et Yahweh était Fils avait encore cours dans la pensée hébraïque à l’époque où le Livre de Mormon commence, la meilleure façon d’expliquer cette description du Père et du Fils est qu’il s’agit de la continuation d’un courant déterminé de la théologie hébraïque. Bien qu’il reste encore moins de choses sur le conseil des cieux dans le Livre de Mormon que dans l’Ancien Testament, il est cependant plausible que pareille idée ait perduré chez les prophètes du Livre de Mormon. Notez les termes intéressants qu’Alma utilise pour décrire le Messie dans Alma 36:17 :

 

« … je me souvins aussi d'avoir entendu mon père prophétiser au peuple concernant la venue d'un certain Jésus-Christ, un Fils de Dieu, pour expier les péchés du monde. »

 

Jésus n’est pas le Fils de Dieu, il est un Fils de Dieu. Si nous supposons que ceci est traduit correctement, nous voyons Alma mettre Jésus-Christ dans la même compagnie divine que les auteurs du Nouveau Testament cités par Margaret Barker : dans le conseil des cieux comme l’un des fils du Dieu Très-Haut. Alma semble donc confirmer la distinction de Néphi entre le Dieu Très-Haut et le Fils de Dieu. Cela nous ramène irrésistiblement à 1 Néphi 11:18. Selon notre découpage en versets actuel, 12 versets après avoir déclaré que le Messie était le Fils de Dieu, l’Esprit montre ce même Messie dont on nous dit qu’il est Dieu. Qu’est-ce qui s’est passé en douze versets ? Absolument rien. Néphi n’a pas changé de conception. Le problème dans lequel nous pourrions voir un conflit entre les versets 6 et 18 réside dans l’impératif moderne que constitue notre monothéisme, un problème que Néphi n’avait pas.

 

Dans la Jérusalem que la famille de Léhi avait quittée, Yahweh avait été élevé au rang de Dieu prééminent. Ce proto-monothéisme, si je peux l’appeler ainsi, n’éliminait pas le courant de pensée qui voyait en El le Dieu Très-Haut. Il proclamait néanmoins que Yahweh était Dieu. Pas le Dieu Très-Haut, mais Dieu. Sur la base de la vision plausible qu’avait Néphi du monde, refaisons notre exercice de retraduction du verset 18 :

 

« Et il me dit: Voici, la vierge que tu vois est, selon la chair, la mère de [Yahweh]. »

 

Non seulement cette « retraduction » remet de manière plus claire le texte dans le contexte culturel auquel il appartient, celui de 600 av. J.-C., elle est absolument essentielle si l’on veut comprendre la théologie du Messie dans le Livre de Mormon. Du point de vue de la théologie néphite, le changement de 1837 a pu aider les saints des derniers jours dans leur compréhension de Dieu, mais il faisait violence à une partie essentielle de la compréhension que les Néphites avaient de Dieu. Pour les Néphites, il est absolument essentiel de comprendre que Yahweh était le Messie qui allait venir. Néphi lui-même remarque :

 

« Car les choses que certains hommes estiment être d'une grande valeur, tant pour le corps que pour l'âme, d'autres les méprisent et les foulent aux pieds. Oui, les hommes foulent aux pieds jusqu'au Dieu d'Israël lui-même; je dis foulent aux pieds, mais je voudrais parler en d'autres termes: ils le méprisent et n'écoutent pas la voix de ses recommandations.

 

« Et voici, il vient, selon les paroles de l'ange, six cents ans après le moment où mon père quitta Jérusalem.

 

« Et le monde, à cause de son iniquité, le jugera comme n'étant que néant; c'est pourquoi, ils le flagellent, et il le souffre; et ils le frappent, et il le souffre. Oui, ils crachent sur lui, et il le souffre, à cause de sa bonté aimante et de sa longanimité envers les enfants des hommes. »

 

Il ne fait aucun doute que la personne dont il est question ici est Jésus-Christ et ce Christ est la personne que Néphi déclare être « le Dieu d’Israël lui-même ». Cette affirmation est également essentielle dans l’argument d’Abinadi dans Mosiah 15:1 :

 

« Et alors, Abinadi leur dit: Je voudrais que vous compreniez que Dieu lui-même descendra parmi les enfants des hommes et rachètera son peuple. »

 

Pour le Livre de Mormon tout entier, Yahweh est le Dieu d’Israël et Yahweh est le Messie. Ces équivalences sont absolues et importantes pour la théologie néphite. Toutefois, il est toujours bien entendu que Yahweh était le Fils de Dieu, dans le contexte de El Elyon, le Dieu Très-Haut.

 

Il nous reste maintenant une chose encore à expliquer. Si les Néphites comprenaient la nature distincte de El Elyon et de Yahweh, pourquoi est-il également vrai que le texte identifie souvent le Messie au Père ? Bien que ce soit là ce qui a conduit aux disputes chrétiennes sur le trinitarisme et le modalisme, c’est un processus tout à fait différent qui fonctionne dans le Livre de Mormon. Le problème commence avec notre ami Néphi, qui semble nous proposer toutes les affirmations contradictoires possibles sur Dieu :

 

« Et l'ange me dit: Vois l'Agneau de Dieu, oui, le Père éternel! [16]. »

 

Si vous ne l’avez pas remarqué, nous ne sommes qu’à quelques versets du verset 18 où la vierge est la mère de Dieu. Maintenant, nous avons une nouvelle identification. L’agneau de Dieu est un titre qui symbolise particulièrement la fonction expiatoire du Messie, et ici on  nous dit que le Messie est le Père éternel. Ce n’est pas le seul endroit où cela arrive. Dans d’autres textes, le Messie est non seulement Père, il est également Fils. Mormon écrit mille ans après Néphi :

 

« … Et à cause de la chute de l'homme vint Jésus-Christ, le Père et le Fils; et à cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de l'homme. [17] »

 

On ne trouvera pas l’explication de cette fusion du Père et du Fils dans la théologie post-chrétienne, parce que cette perspective-là ne peut pas expliquer toutes les mentions diverses de Dieu dans le Livre de Mormon. Mais si nous en revenons à notre perspective historique, nous pouvons recréer les contextes culturels qui ont permis à Néphi d’entretenir ce qui, pour des lecteurs modernes, semble être des croyances contradictoires sur Dieu.

 

Quand elle décrit la nature du conseil des cieux, Margaret Barker attire aussi l’attention sur la clef qui résout notre difficulté à comprendre Néphi et la théologie néphite qui va en découler.

 

« Il y a ceux qui sont appelés fils de El Elyon, fils d’El ou Élohim, tous manifestement des êtres célestes, et il y a ceux qui sont appelés fils de Yahweh ou le Saint, qui sont humains [18]. »

 

Il y a ici deux « pères » et la différence est que dans les histoires ou mythes (pour utiliser le terme des anthropologues), les fils d’un des pères sont célestes et ceux de l’autre sont humains. Ceci crée une distinction dans le champ d’action des deux pères, un espace conceptuel que l’on pourrait décrire comme horizontal ou vertical. Dans la conception horizontale, nous sommes dans les cieux et le père céleste engendre des fils célestes. Dans la conception verticale, nous avons maintenant un être céleste qui se concentre sur la terre, une relation verticale qui franchit les limites séparant le ciel et la terre. Ce deuxième « père » est défini par cette sphère verticale de la divinité par rapport à l’homme.

 

 

 

Ceci est précisément la façon dont nous pouvons démêler les diverses mentions  de « fils de Dieu » dans l’Ancien Testament. Joseph A. Fitzmyer fait observer que « les expressions au pluriel en hébreu, bene ha elohim, « fils de Dieu » (Genèse 6:2, 4 ; Job 1:6 ; 2:1 ; 38:7), bene ‘elim, « fils de Dieu » (Psaumes 29:1 ; 89:6) et bene ‘elyon, « fils du Très-Haut » (Psaumes 82:6) apparaissent dans l’Ancien Testament pour désigner des êtres angéliques dans la cour céleste de Yahweh [19]. » Ces membres de la cour céleste sont littéralement des descendants de la phase israélite plus ancienne qui ressemblait davantage à la mythologie ugaritique. Dans ce contexte, nous avons des relations horizontales, donc les fils célestes d’un père céleste.

 

Fitzmyer relève aussi le fait qu’à diverses reprises Dieu indique des relations avec Israël où Israël est considéré comme un « fils » (Osée 1:10 ; Deutéronome 14:1 ; Ésaïe 30:1). Dans ces cas nous avons des « fils » déclarés, ayant implicitement un père. Ce que Fitzmyer ne demande pas, c’est : de qui ceux-là sont-ils fils ? Les êtres angéliques remontent à une conception plus ancienne, et le cadre de référence est toujours céleste et toujours horizontal. Ils sont fils du Dieu Très-Haut.

 

Dans les autres passages que Fitzmyer relève, divers humains sont présentés comme étant dans une relation avec Dieu dans laquelle ils sont « fils ». Si les humains sont fils, Dieu est donc père. Le passage le plus important et le plus puissant se trouve dans Psaumes 2:6-7 :

 

« C'est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte! Je publierai le décret; L'Éternel m'a dit: Tu es mon fils! Je t'ai engendré aujourd'hui. »

 

Dans ce verset, l’Éternel déclare qu’il a engendré le roi de sorte qu’il est sont fils. La question que nous devons poser est : Qui est l’Éternel ? Nous avons affaire ici à une relation spéciale entre le roi céleste et le roi terrestre, mais elle franchit quand même la limite entre le ciel et la terre. C’est une relation verticale et par conséquent « l’Éternel » est Yahweh.

 

La fusion historique de Yahweh avec El provoque un certain désordre dans les mots hébreux utilisés pour définir ces fonctions, mais les contextes horizontal et vertical permettent toujours de savoir de quel père il s’agit. Dans les passages horizontaux, l’expression prend habituellement la forme « fils de Dieu » et cette expression constitue la désignation de cette relation. Dans la relation verticale, le terme est souvent uniquement « fils » et la relation est implicite plutôt qu’explicite. Quand il est question d’humains, leur filiation est une relation avec le Père-Dieu d’Israël, Yahweh. Quand c’est d’êtres célestes qu’il est question, la relation est avec le Dieu Très-Haut ou El, père des dieux.

 

Le Livre de Mormon constitue un parallèle précis avec cet usage. Dans le Livre de Mormon, comme dans l’Ancien Testament, le contexte céleste ou terrestre définit le champ d’action et oriente le lecteur (ou l’auditeur) vers le sens qu’il faut donner aux mots père et fils. Cette variation fonctionne pour tous les textes que nous avons examinés jusqu’ici dans le Livre de Mormon.

 

Il nous reste maintenant les textes les plus curieux, ceux qui déclarent que le Père et le Fils sont la même chose. Jusqu’ici il y a eu des distinctions claires entre père et fils. Alors en quoi la même personne peut-elle être Père et Fils ? La généalogie devrait nous apprendre que ce n’est pas là une notion étrangère. Un homme est père de son fils et cependant il est fils en tant que membre de la famille de son père. Nous comprenons les deux rôles de l’homme en fonction de sa présence dans l’une ou l’autre des deux familles possibles. Par contre, ce n’est pas la généalogie qui peut expliquer que Yahweh est à la fois Père et Fils. Toutefois, la même notion de changement de cadre de référence le peut.

 

Le Messie prémortel déclare au frère de Jared :

 

« Voici, je suis celui qui a été préparé dès la fondation du monde pour racheter mon peuple. Voici, je suis Jésus-Christ. Je suis le Père et le Fils [20]. »

 

Nous avons ici l’identification du Messie prémortel par lui-même. C’est la déclaration de Yahweh, semblable à la définition de Je Suis dans le buisson ardent (Exode 3:14). Notez que si Jésus-Christ dit très clairement qu’il est à la fois le Père et le Fils, le contexte de cette relation est explicitement verticale. Ceci nous montre que la désignation de « père » indique une relation entre Jésus-Christ en tant que Dieu et l’homme. Yahweh en tant que Père est précisément la relation que Benjamin déclare pour son peuple quand celui-ci fait alliance de prendre sur lui le nom du Christ (ou Messie ou Yahweh) :

 

« Et maintenant, à cause de l'alliance que vous avez faite, vous serez appelés enfants du Christ, ses fils et ses filles; car voici, aujourd'hui il vous a engendrés [21]. »

 

Le langage de l’alliance chrétienne de Benjamin est semblable à l’alliance de l’onction que le Seigneur fait avec le roi dans les Psaumes. « Aujourd’hui, Dieu a engendré le roi ou ceux qui ont fait l’alliance. » Notez cependant que tandis que le contexte modifie la façon dont nous devons comprendre le terme Père », il y a un changement parallèle dans la façon dont nous devons comprendre « Fils ». Dans Éther, Yahweh est « Fils », pas « Fils de Dieu ». La différence est intentionnelle. « Fils de Dieu » est une allusion à une relation horizontale. La présence du terme simple « fils », dans un contexte vertical, définit la façon dont il faut comprendre « fils », tout comme le terme père est défini par ce contexte. Ce n’est que si nous comprenons bien que les termes changent de contexte quand l’allusion est à la relation entre le ciel et la terre que l’autre définition que Yahweh donne de lui-même dans 3 Néphi 1:14 prend tout son sens :

 

« Voici, je viens chez les miens pour accomplir toutes les choses que j'ai fait connaître aux enfants des hommes depuis la fondation du monde et pour faire la volonté tant du Père que du Fils: du Père à cause de moi, et du Fils à cause de ma chair. »

 

L’expression « du Père à cause de moi » est la déclaration de la relation céleste de Yahweh avec l’humanité. Il est Yahweh et est notre Père dans le sens de la tutelle qu’il exerce sur toutes les branches naturelles et adoptives d’Israël. Il est notre père de la même manière qu’il est le Père du ciel et de la terre, un terme appliqué exclusivement à Yahweh dans le Livre de Mormon.

 

 

  

Parce que le contexte est maintenant très clairement vertical et traverse la limite entre le ciel et la terre, le Christ explique qu’il est aussi le Fils « à cause de ma chair ». Cette expression un peu cryptique est en fait une définition tout à fait exacte de ce changement de conception.

 

La révélation néphite essentielle du Messie, c’est qu’il était Yahweh et que « Dieu lui-même descendra parmi les enfants des hommes et rachètera son peuple » (Mosiah 15:1). Quand Jésus déclare qu’il est le Père et le Fils dans 3 Néphi, il n’est pas seulement sur la terre, il est dans un corps physique qu’il permet que l’on touche. Il déclare qu’il a fait la transition verticale du ciel vers la terre. Il est Père pour nous pendant qu’il est au ciel et dans l’essence de son être. Mais quand il est descendu, il est devenu comme nous, un fils comme nous. C’est le changement de lieu qui crée le changement de relation symbolique. C’est sa chair, ou sa mortalité, qui fait de lui le Fils. Jésus-Christ est Père et Fils parce qu’il est le Dieu qui est descendu parmi les enfants des hommes. Seul parmi les fils de Dieu, il était aussi fils d’homme.

 

Quand nous abordons le texte du Livre de Mormon du point de vue du contexte historique dont il se réclame, nous découvrons une théologie parfaitement cohérente. Les Néphites connaissaient un Dieu Très-Haut, connu sous le nom d’El dans la littérature biblique et ugaritique, mais dont le nom n’apparaît pas dans le Livre de Mormon. Ce Dieu Très-Haut est père de Yahweh et la relation entre Yahweh et le Dieu Très-Haut est indiquée par le titre Fils de Dieu.

 

Yahweh est le Dieu d’Israël et par conséquent le Dieu des Néphites. Dans ses relations avec les humains, Yahweh est notre Père et nous sommes fils de Yahweh. Quand Yahweh descend vivre sur la terre, il se trouve dans cette partie de la relation verticale qui est appropriée pour les mortels : il est Fils. Pourtant il ne peut jamais cesser d’être ce qu’il est. Il est « le Père à cause de moi », comme il le déclare dans 3 Néphi 1:14. Il est, par conséquent, Père et Fils. Pour les Néphites, toute possibilité de confusion due à la ressemblance entre les termes utilisés pour la Divinité était éclaircie par le contexte horizontal ou vertical dans lequel ils étaient utilisés.

 

NOTES

 

[1] Margaret Barker, "What Did King Josiah Reform?" discours prononcé en mai 2003 au colloque tenu à l’université Brigham Young, p. 1. Photocopie du texte dactylographié en ma possession. Ndlr. : Margaret Barker est professeur de mathématiques et de religion à la Ockbrook School en Angleterre. C’est une prédicatrice méthodiste qui a publié sept ouvrages dont un, the Great Angel : A Study of Israel’s Second God [Le grand ange : une étude du deuxième Dieu d’Israël] a attiré l’attention de plusieurs savants de l’Église. Elle démontre que des traditions religieuses israélites existant avant l’exil babylonien ont été étouffées lors de la réforme deutéronomiste entreprise sous le roi Josias, mais qu’il en reste des traces dans l’Ancien Testament et qu’elles remontent à la surface avec l’apparition du christianisme. La redécouverte de certaines de ces traditions, notamment de la relation entre Élohim, Yahweh (Yahvé, Jéhovah) et Ashéra (Astarté), jette un éclairage intéressant sur la théologie du Livre de Mormon, comme le montre le présent article. Voir aussi, sur Idumea, l’article de Daniel Peterson, Néphi et son Ashéra.

[2] Norman K. Gottwald, "Deuteronomy", The Interpreter's One-Volume Commentary on the Bible, Nashville, Tennessee, Abingdon Press, 1971, pp. 102-103.

[3] Raphael Pataï, The Hebrew Goddess, Detroit, Michigan, Wayne State University Press, 1990, p. 38. Ndlr: Segond rend l’hébreu Ashéra par “idole” ou “idole d’Astarté”.

[4] Id., p. 53.

[5] Id., 48-49.

[6] C. L. Seow, "Ugaritic”, The Oxford Companion to the Bible, édité par Bruce M. Metzger et Michael D. Coogan, New York, Oxford University Press, 1993, p. 785.

[7] Mark S. Smith, The Origins of Biblical Monotheism: Israel's Polytheistic Background and the Ugaritic Texts, New York, Oxford University Press, 2001, p. 49.

[8] Daniel C. Peterson, "'Ye Are Gods:' Psalm 82 and John 10 as Witnesses to the Divine Nature of Humankind”, The Disciple as Scholar. Essays on Scripture and the Ancient World in Honor of Richard Lloyd Anderson, édité by Stephen D. Ricks, Donald W. Parry et Andrew H. Hedges, Provo, Utah, Foundation for Ancient Research and Mormon Studies, 2000, p. 487.

[9] Smith, The Origins of Biblical Monotheism, p. 49.

[10] Peterson, "Yea are Gods”, p. 490.

[11] Margaret Barker, The Great Angel, p. 5.

[12] Id., pp. 100-101; italiques dans l’original.

[13] Joseph A. Fitzmyer, The Dead Sea Scrolls and Christian Origins: Studies in the Dead Sea Scrolls and Related Literature, general editors Peter W. Flint et Martin G. Abegg Jr., Grand Rapids, Michigan, Eerdmans Publishing Company, 2000, p. 54.

[14] Id., p. 45.

[15] 1 Néphi 19:7-9.

[16] 1 Néphi 11:21 édition de 1830.

[17] Mormon 9:12.

[18] Barker, The Great Angel, p. 5.

[19] Fitzmyer, The Dead Sea Scrolls and Christian Origins, p. 65.

[20] Éther 3:14.

[21] Mosiah 5:7.