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Le Journal of Book of Mormon Studies consacre son numéro
2 de 2006 à linventaire de ce qui a été découvert à ce jour sur la traversée
de lArabie par la colonie de Léhi. Potter et Wellington vivent depuis des années
en Arabie Saoudite et ont pu effectuer leurs recherches sur place. La Piste de Léhi : De la vallée de Lémuel au port de Néphi Richard Wellington, George Potter * © Journal of Book of Mormon Studies, vol. 15, n°2, 2006 pp. 2643 http://farms.byu.edu/publications/jbmsvolume.php?volume=15&number=2 Note des auteurs : Les idées exprimées dans cet article sont
celles des auteurs et ne représentent pas la position du Maxwell Institute, de
luniversité Brigham Young ou de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours. Avant que nous ne présentions des endroits précis par lesquels nous croyons que Léhi est passé pendant son voyage, un bref exposé sur la façon dont on voyageait autrefois en Arabie simpose. Quand Léhi a quitté Jérusalem pour commencer son voyage, la péninsule arabique était déjà habitée depuis bien des générations. En effet, selon la Bible, peu de temps après le déluge, lArabie méridionale fut peuplée par les 13 fils de Jokthan, un descendant de la cinquième génération après Noé (voir Genèse 10:26-30) [4]. Les quelques puits qui existaient étaient bien connus du temps de Léhi et tous appartenaient à des tribus qui les gardaient étroitement. Il était impossible datteindre ces puits et den revenir sans la permission des tribus arabes qui possédaient le pays. Nous proposons donc que Léhi a pris une piste existante susceptible de garantir à la famille des droits daccès protégés à travers ces terres dangereuses. Du temps de Léhi il nexistait quune seule piste qui allait par le sud-sud-est vers lArabie méridionale (voir 1 Néphi 16:13-14) [5]. Cette piste sappelle la piste de lencens parce quelle était utilisée pour le transport de lencens (la sève très estimée du Boswelia sacra) de lendroit où il poussait dans les régions plus fertiles de lArabie méridionale jusquen Égypte, en Mésopotamie, en Syrie et Israël au nord. Cest ainsi que notre modèle pour la piste de Léhi sécarte des théories précédentes selon lesquelles Léhi aurait longé le rivage de la mer Rouge [6]itinéraire qui aurait simplement été impossible puisquil ny a pas eu de piste le long de la côte, ni de chapelet organisé de puits avant le neuvième siècle apr. J.-C. [7]. Il y a deux raisons principales pour lesquelles nous pensons que le groupe de Léhi a dû utiliser la piste de lencens. Dabord, cette piste protégeait Léhi et sa famille des pillards. Jérémie, contemporain de Léhi, signale que les Arabes étaient des brigands de grand chemin notoires (voir Jérémie 3:2). Les tribus qui gouvernaient les terres traversées par les itinéraires commerciaux assuraient la protection aux puits et sur les pistes. Les voyages étaient encouragés et gérés, pas interdits. Larabiste Alan Keohane écrit à propos dune période postérieure à celle de Léhi : « Les marchands et les cultivateurs leur payaient [aux tribus locales] de largent pour leur protection, appelé khawah, pour se protéger des raids. Les cheiks du désert devinrent si puissants que beaucoup reçurent le titre plus grandiose démir ou prince. Ils étaient également fabuleusement riches [8]. » Deuxièmement, la piste fournissait de leau et des provisions au groupe de Léhi. Lhistorien romain Pline lAncien (23-79 apr. J.-C.) décrit comme suit le coût dutilisation de la route de lencens : « En effet tout le long de la route, ils ne cessent de payer, ici pour leau, là pour le fourrage, ou les frais de logement aux étapes [9]. » Litinéraire de la route de lencens sexplique en un motleau, la denrée la plus précieuse de toutes pour le voyageur du désert. Les Hilton notent : « Lhistoire de lArabie est écrite avec de leau, pas de lencre [10]. » Les grandes oasis dArabie Tabuk, Hijra (Madain-Salih), Dedan (al Ula), Médine, la Mecque et Najran se trouvent toutes sur la route de lencens ou sur lune de ses branches. En effet, le cours de la route de lencens nétait pas une affaire de coïncidence ; elle était là parce quelle fournissait une alimentation en eau fiable et constituait par conséquent pour le voyageur la meilleure chance de survivre à la traversée des grands déserts. Bien que nous nayons pas de textes du temps de Léhi qui mentionnent les dangers de la traversée du désert arabe (notamment les maraudeurs et le manque deau) ou la nécessité de prendre la route de lencens, les savants supposent que la situation historique ultérieure, pour laquelle des documents existent, est restée relativement constante dans le temps et est donc une indication précise des difficultés que le groupe de Léhi a rencontrées en Arabie. Certains diront que le Liahona aurait pu diriger Léhi à travers le désert sans piste. Même si cétait le cas, le groupe aurait vraisemblablement dû rejoindre la piste aux puits. Au cours de la période ottomane (14e-20e siècles apr. J.-C.), « des kellas ou points deau fortifiés, protégés par des portes blindées et des garnisons, parsemaient litinéraire [de la route de lencens] à intervalles longs et irréguliers. Bien que séparés de deux ou trois jours de marche, les points deau étaient en tous cas connus et les plans étaient faits en conséquence [11]. » Comme les Hilton lont résumé succinctement : « Léhi naurait pas pu se frayer une route sans eau et il y a peu de chances quun citadin découvre une série de trous deau ignorée des habitants du désert [12]. » La famille a donc dû voyager et survivre comme les autres voyageurs de son temps dans la même région, allant dun trou deau public à lautre [13]. » Ce qui confirme ce point de vue, cest le fait que, comme Pline le fait remarquer, ceux qui quittaient la piste officielle étaient sommairement exécutés par les hégémonies arabes au pouvoir [14]. De Jérusalem vers le sud Néphi nous dit que Léhi quitta Jérusalem et « partit dans le désert » (1 Néphi 2:4). Y avait-il un itinéraire antique qui menait de Jérusalem à loued Tayyib al-Ism (notre candidat pour la vallée de Lémuel) et dont on aurait pu dire quil était « dans le désert » ? Il savère quil y avait un itinéraire de ce genre. Les branches septentrionales de la route de lencens (à Gaza, à Damas et en Babylonie) se réunissaient dans la ville de Dedan [15] (située dans lArabie Saoudite moderne) et continuaient de là vers le sud jusquau Yémen. La branche de Gaza de la route passait à moins de 15 kilomètres de loued Tayyib al-Ism, quelque chose qui nest certainement pas passé inaperçu pour Léhi. La piste comportait des étapes aux puits, habituellement séparés de plusieurs jours de voyage. Létape la plus proche de loued Tayyib al-Ism était la ville de Madian (lancienne résidence de Jéthro, beau-père de Moïse, actuellement al-Badaa). De Madian, la branche de Gaza continuait par lintérieur des terres en gros dans la direction du sud-sud-est à travers les montagnes pour finir par rejoindre les autres à Dedan [16]. Le manque de place ne nous permet pas de développer les raisons pour lesquelles nous croyons que Léhi a pris cet itinéraire de Jérusalem vers le sud jusquà Aqaba et ensuite jusquà loued Tayyib al-Ism plutôt que lune des autres possibilités. Quil suffise cependant de dire quà lest de Jérusalem il y avait deux routes principales qui allaient dans une direction nord-sud : la Route royale et, plus loin à lest, le Chemin du désert, ainsi appelé parce quil traversait la région désertique à lest de la chaîne montagneuse du Séir [17]. Il semblerait quil y ait un précédent historique à la fuite de la famille vers lest en direction du Chemin du désert et de la Route royale. Cétait litinéraire préféré de sortie de Jérusalem non seulement pour les Israélites qui se sont sauvés quand Nebucadnetsar sest emparé de Jérusalem en 587 av. J.-C. [18] mais également pour le roi Sédécias et sa famille [19]. Apparemment, si Léhi a suivi le même itinéraire que la plupart des autres qui se sont enfuis de Jérusalem peu de temps après son départ, il serait parfaitement correct de décrire cette option comme le fait de partir « dans le [Chemin du] désert ». Le texte de Néphi dit quaprès avoir atteint le Golfe dAqaba, le groupe de Léhi a voyagé « près » et ensuite « dans » les « régions frontières » (1 Néphi 2:5), ce qui, dans la traduction de Joseph Smith, a très bien pu désigner le bord dune chaîne de montagnes puisque nous lisons dans la Bible que Moïse reçoit le commandement, en ce qui concerne le mont Sinaï, que le peuple ne monte pas sur la montagne ni nen touche le bord (voir Exode 19:12). Le nom de la chaîne de montagnes que le groupe a traversé longe le côté oriental du golfe et est appelé le « Hedjaz », qui signifie « barrières ». En utilisant le texte de Néphi comme guide, on passe directement dAqaba à loued fertile quest le Tayyib al-Ism, où nous avons trouvé une oasis de centaines de palmiers dattiers (voir 1 Néphi 8:1), du grain sauvage (voir 8:1), un cours deau coulant continuellement (voir 2:9), et une gorge magnifique de granit (voir le 2:10) [20]. Cet itinéraire nous a fait faire toute la longueur de loued Bir Marsha, que Jeffrey R. Chadwick, qui na pas visité la région, considère pouvoir être un candidat pour la vallée de Lémuel. Cependant, contrairement à loued Tayyib al-Ism, qui est fertile, Bir Marsha nest quun oued rocheux stérile, sans grain, ni arbres fruitiers, et certainement sans eau qui coule [21]. De la vallée de Lémuel à Nahom Après avoir quitté la vallée de Lémuel, le groupe va voyager pendant quatre jours jusquà un endroit quil appelle « Shazer », où il dresse la tente et chasse (voir 1 Néphi 16:13-14). Hugh Nibley écrit à propos du nom de lieu Shazer : « Le nom intrigue. La combinaison shajer est très courante dans les noms de lieux palestiniens ; cest un collectif signifiant arbres, et beaucoup dArabes (surtout en Égypte) le prononcent shazher [22]. » Nigel Groom utilise un certain nombre de variantes du même nom de lieu, Shajir étant lune dentre elles, identique au Shajer de Nibley. La définition que Groom donne de Shajir est « vallée ou région où abondent les arbres et les arbustes [23]. » Le premier campement de Léhi après la vallée de Lémuel
a dû être dans un lieu détape autorisé le long de la branche de Gaza de la route
de lencens ; autrement on ne lui aurait pas permis de sarrêter pendant une
période prolongée. Nous nous sommes donc mis à rechercher un caravansérail dans une
vallée ayant des arbres, qui aurait été à quatre jours de voyage de la vallée de
Lémuel. Pour en revenir à lendroit appelé Shazer dans le Livre de Mormon, où le groupe de Léhi sarrête pour chasser et dont la signification en arabe, comme remarqué plus haut, était « vallée ou région où abondent les arbres et les arbustes », nous avions maintenant la preuve par des sources indépendantes que le premier point de repos après Madian sur lancienne branche de Gaza de la route de lencens se trouvait dans une vallée fertile ayant des arbres, loued Agharr, et les montagnes environnantes offraient les meilleures possibilités de chasse le long de la piste. Néphi nous apprend quaprès avoir quitté Shazer, le groupe a voyagé « dans les parties les plus fertiles du désert » (1 Néphi 16:14). Pourtant le célèbre explorateur Richard Burton décrit le Hedjaz en ces termes : « Je navais encore jamais vu de pays où lanatomie de la terre soit aussi aride ou qui soit plus riche en formations volcaniques ou primaires [26]. » Si Joseph Smith, ou nimporte qui dautre, avait composé le Livre de Mormon, on pourrait se demander ce qui lui avait pris de dire quil y avait des « parties fertiles » dans ce genre de paysage. On aurait ici un endroit évident pour prouver que le Livre de Mormon était un faux. Pourtant ce qui pourrait au premier abord sembler être une grande faille dans le texte de Néphi est en réalité lun des témoignages les plus contraignants de son exactitude historique, parce que non seulement les grandes villes oasiennes étaient pour la plupart situées sur la route de lencens (al-Badaa, al-Aghra dans loued Aghar, Shuwaq, Shagbh, Dedan, Médine, etc.), mais en outre, chacune de ces oasis abritait une population agricole. Pourtant il y a un deuxième argument tout aussi contraignant qui soutient la véracité de la traduction de Joseph Smith. À lépoque préislamique, il y avait une série de villages le long dune section de 345 kilomètres [27] de la route de lencens, qui intégrait les 12 colonies détape entre Dedan et Médine. Ces villages étaient autrefois appelés Qura Arabiyyah ou « villages arabes ». Ces villages, avec leurs terres cultivées, étaient reliés entre eux par la route de lencens. Entourées de milliers de kilomètres carrés de terrain aride, les terres cultivées ressortaient du désert environnant comme des perles ornant une chaîne le long du trajet sud-sud-est de la piste. Le vieux nom de cette région est intéressant à la lumière du fait que Néphi lappelle « les parties les plus fertiles ». Selon le département arabe des antiquités et des musées saoudien, loued Ula (Qura), à lextrémité nord du Qura Arabiyyah, où se trouvaient les ruines de Dedan, était appelé Hijr dans lantiquité (aussi orthographié Hajir ou Mahajir), ce qui, selon Groom, signifie, entre autres, « terrain fertile [28]. » Dans son livre Tahdhib, le géographe islamique al-Azhar explique que les Arabes qui vivaient dans le Qura Arabiyyah (les villages le long de la route de lencens) étaient appelés les Muhajirun, signifiant « les terrains fertiles » (forme plurielle de Hajir ou de Mahajir). Ainsi quand Néphi écrit que la famille a voyagé dans « les parties les plus fertiles », il est tout à fait probable quil utilise le vrai nom de cette région. Il est intéressant que le nom Muhajirun, ou « parties fertiles », napparaît nulle part ailleurs en Arabie et est situé seulement sur la route de lencens, après les deux endroits qui sembleraient correspondre parfaitement aux descriptions que Néphi fait de la vallée de Lémuel et de Shazer. Quelle coïncidence ! En continuant vers le sud le long de la route de lencens, nous avons trouvé dautres preuves encore que les annales de Néphi sont le récit dun témoin oculaire, de quelquun qui a voyagé le long de cette route. En voici trois exemples. Dabord, on voit, dans la description de Néphi, quà mesure que lon avance, on passe des « parties les plus fertiles » (1 Néphi 16:14) à des « parties plus fertiles » (16:6) puis à une région où le groupe doit dresser la tente et aller dans les montagnes pour se procurer de la nourriture par la chassecest le camp où Néphi brise son arc (voir 6:17, 30) et finalement à une région vraisemblablement daucune fertilité où la famille connaît la famine (voir 16:35). Cest exactement ce que lon trouve le long de la branche de Gaza de la route de lencens. À laide de cartes de pilotage tactique (les cartes détaillées utilisées par les pilotes davion [29]), nous avons marqué toutes les régions sur les cartes intitulées « cultures ». De loued Tayyib al-Ism à Médine, il y a une moyenne dune région cultivée tous les 18 kilomètres le long de la route. Au sud de Médine, la route sillonne autour des champs de lave jusquà ce quelle atteigne Bishah, à environ 560 kilomètres plus au sud. De Médine à Bishah, il ny a a quune zone agricole tous les 80 kilomètres de route. Les cartes de pilotage montrent que de Bishah à lendroit où la piste tourne finalement vers lest, il ny a aucune région marquée « cultures ». La piste sétirait sur une distance de presque 640 kilomètres avec des cultures uniquement dans les oasis de Tathlith et de Najran. Cest-à-dire, en moyenne, une seule région de cultures tous les 250 kilomètres ! Deuxièmement, nous avons constaté que le bois traditionnel que les Arabes utilisaient pour faire leurs arcs (bois de latim, ou olivier sauvage, olea europaea) pousse dans une zone très limitée haut dans les montagnes juste à louest de la piste près de la halte de Bishah. Lemplacement géographique de ces arbres et la piste correspondent bien au récit de Néphi sur le camp dans les montagnes où il brise son arc (voir 1 Néphi 16:30, 32). Troisièmement, après quelques 2200 kilomètres de voyage dans la direction approximative du sud-sud-est, la famille atteint un endroit qui, comme nous lapprend Néphi, « était appelé Nahom » (1 Néphi 16:34). Ici se joue un grand drame avec la mort dIsmaël et lintervention directe du Seigneur pour à la fois châtier et sauver les voyageurs (voir 16:39). Quand nous réfléchissons à la situation critique de la famille dans le sud de lArabie, les questions évidentes qui se posent sont : Où était Nahom ? Où a-t-elle tourné vers lest ? Malheureusement, nous navons que sept versets dÉcriture pour nous guider (16:3339) et nous ne connaîtrons probablement jamais lendroit exact où la famille a enterré Ismaël. Néanmoins, la comparaison de ces sept versets avec lhistoire et la géographie de la région peut nous apporter quelques constatations intéressantes. Ce qui suit constitue notre tentative de localiser les événements que Néphi décrit dans 1 Néphi 16:33-39. Lemplacement de Nahom On a suggéré que le nom de lieu Nahom existait avant que le groupe de Léhi ny arrive puisque le livre ne dit pas que la famille lui a donné son nom comme elle lavait fait avec Shazer et la vallée de Lémuel. En fait, il y a un certain nombre dendroits au Yémen qui portent toujours le nom NHM (les variantes orthographiques modernes courantes sont Naham, Nahm, Neham, Nehem, Nehhm et Nihm), dont beaucoup de savants croient quils pourraient être identiques au Nahom de Néphi [30]. Le Yémen est divisé en un certain nombre de districts administratifs, dont lun est situé à 30 kilomètres au nord-est de la capitale moderne Sanaa et est appelé « Nihm » [31]. Les Aston ont fourni une carte montrant un cimetière appelé « Nehem » situé sur le bord méridional de loued Jawf, et ils ont suggéré que ceci pourrait être lendroit où Ismaël a été enterré [32]. Il y a trois autres endroits précis qui portent le nom : Jabal Naham [33], Furdat Naham [34], et loued Naham [35], tous situés à moins de 25 kilomètres lun de lautre. Jabal Naham est une montagne de 3200 mètres, à 21 kilomètres de lantique route caravanière qui allait de Main à Marib. Furdat Naham, qui signifie « collines pierreuses de Naham », est situé sur la limite entre la chaîne de montagnes et la plaine à lest de celle-ci et nest quà 5 kilomètres de lancienne piste. Loued Naham (également appelé loued Harib Naham) est une vallée située à 2,5 kilomètres de cette même piste antique. Existe-t-il une indication quelconque que lun de ces endroits puisse être le candidat le plus probable pour le Nahom du Livre de Mormon ? À notre humble avis, lemplacement situé au bord méridional de loued Jawf nest pas un endroit probable. Néphi nous informe que la famille était affamée avant datteindre Nahom (voir 1 Néphi 16:35). Du temps de Léhi, loued Jawf était la patrie des Minéens, qui constituaient lun des deux plus grands royaumes de lencens de lArabie méridionale (lautre royaume était aux mains des Sabéens, les habitants du Saba ou Sheba). Loued Jawf était une grande oasis qui jouissait dune abondance dexcellents pâturages et de terres arables irrigués par leau de pluie qui descendait des montagnes et était collectée dans des barrages. Les Minéens se servaient de systèmes dirrigation pour de vastes zones de culture capables de nourrir une population considérable [36]. Selon larchéologue français Rémy Audouin, loued Jawf a été cultivé à partir du milieu du deuxième millénaire et « une population non migratoire pouvait ainsi trouver à se nourrir [et] il y avait suffisamment dapprovisionnements pour les caravanes et de bois de construction [37]. » Strabon visita le pays des Minéens en 24 av. J.-C. en tant que membre de la force romaine dinvasion dAelius Gallus et signale que « les Minaei ont une terre qui est fertile en plantations de palmiers et en bois de construction, et riches en troupeaux [38]. » Si le groupe de Léhi avait atteint le cimetière Nehem, qui est à plus de la moitié de loued Jawf, il aurait dû passer par les terres fertiles des Minéens, où ils auraient trouvé une nourriture abondante. Le fait quils étaient affamés implique que cet endroit ne correspond pas à la situation décrite par Néphi. Lors des fouilles du temple de Baran, à Marib, une équipe archéologique allemande sous la direction de Burkhard Vogt a dégagé un autel de pierre portant linscription du nom du bienfaiteur qui en a fait don, « Biathar, fils de Sawad de la tribu Naw, de Nihm [39]. » Vogt date lautel au septième ou sixième siècle av. J.-C. [40]. En septembre 2000, un deuxième autel portant le nom Nahm a été trouvé à Marib dans le temple de la déesse de la lune, qui date du septième ou du huitième siècle av. J.-C. [41]. Il semblerait que lon ait ici la preuve concrète quun endroit portant le nom de Nahom (NHM pour être exact) existait avant le temps de Léhi et avait vraisemblablement des liens avec Marib, laquelle se trouvait sur la route de lencens et contrôlait le commerce de cette région. Nous navançons pas que Marib était lemplacement de Nahom, puisque, comme loued Jawf, Marib était bien peuplée avec une irrigation et une agriculture bien établies. Dès 750 av. J.-C., la population de Marib sélevait à quelque 50.000 habitants [42]. On ne voit donc pas bien comment la famille aurait pu être affamée à Marib, alors que le pays était si fertile, donnant trois récoltes par an. Il ny a aucune preuve que Marib se soit jamais appelée NHM. Ces constatations semblent appuyer lidée que le Nahom de Néphi était sans doute près du Furdat Naham actuel, de loued Naham et du Jabal Naham, qui sont tous à moins de 20 kilomètres du point où lancienne route tourne vers lest (voir 1 Néphi 17:1) [43], Furdat Naham nétant quà 6 kilomètres du tournant. Cette région nest proche daucun centre antique de population et ne disposait vraisemblablement pas dun réseau dirrigation ni de cultures. Sur cet itinéraire il ny aurait eu que 50 kilomètres de piste de loued Naham à la capitale sabéenne de Marib, où les autels ont été trouvés et où nous pourrions supposer que les habitants de Nihm faisaient des offrandes au temple de Baran. Avec ces renseignements, il est maintenant possible de proposer une théorie sur lendroit où lincident de Nahom a eu lieu (voir 1 Néphi 16:33-39). Selon un scénario possible, la famille, après avoir quitté Shazer, continua vers le sud le long de la route de lencens en traversant les villes oasiennes de Dedan, de Yathrib, de Turnah, de Bishah et de Tathlith vers Okhdood (Najran). La région au sud dOkhdood est extrêmement désolée, sans agriculture, ni colonies, ni possibilités de chasse. Après Okhdood, le deuxième puits que la famille aurait rencontré était Sayh. Après cela la piste se mettait soudain à sinuer à Jabal al Burm. Sur une distance dun peu plus de 65 kilomètres, elle tournait dabord vers le nord, puis vers le sud, puis vers louest et puis vers le sud, longeant le bord des dunes de sable. À cet endroit, la piste bifurquait, une piste secondaire menant vers lest jusquau puits de Mushayniqah et puis jusquà al Abr. Il se pourrait que ce soit là que le Seigneur ait décidé déprouver et de châtier le groupe (voir 1 Néphi 16:35). Si cest là que le Liahona la conduit vers lest jusquau bord du Rub al Khali, le plus grand désert de dunes de sable du monde, il a dû patauger au milieu des dunes et aurait facilement pu être désorienté et se perdre (voir Alma 37:38, 40-42). Sil a accidentellement voyagé à lest de la piste prévue et est entré dans le Rub al Khali, il a dû se trouver, pour la première fois au cours de son voyage, dans un désert de dunes de sable. Jusque là, la piste avait évité les dunes de sable. Le texte implique que cela a pu être le cas puisque le groupe était arrivé à un changement dans le paysage. Notez que les frères aînés de Néphi se plaignent de ce quil veut être leur dirigeant et leur instructeur et quil veut « nous entraîner dans quelque désert étrange » (1 Néphi 16:38). Sils étaient déjà dans le désert, que serait un désert étrange ? Ils avaient fait quasiment toute la longueur de lArabie en suivant le route principale de lencens. Ils avaient décrit ceci comme le fait dêtre dans le désert. Quest-ce que ce « désert étrange » pouvait bien avoir de différent ? Sils étaient dans le Rub al Khali, il ny avait aucune piste, aucune halte, aucun puits et aucun repère géographiquetoutes choses qui devaient être une expérience nouvelle et effrayante. Ici cétait la famine qui les attendait, mais Néphi devait se rendre compte quils avaient perdu la piste (voir Alma 37:41-42) et savait vraisemblablement que leur meilleure chance était de tourner vers le sud-ouest dans lespoir de la retrouver. Si ce fut le cas, ils ont dû continuer dans cette direction et aboutir au sud de loued Jawf dans une zone appelée Nahom. Les trois endroits mentionnés plus haut qui portent le nom Naham y existent toujours. Nous pensons que cest quelque part par là quIsmaël a été enterré (voir 1 Néphi 16:34). En atteignant Nahom et la piste, la famille pouvait continuer pour trouver de laide et de la nourriture, un exploit dont Néphi reconnaît à juste titre quil naurait pas pu être réalisé sans laide du Seigneur (voir 16:39). La piste à lest de Nahom Néphi relate quaprès Nahom la famille a voyagé « dès lors presque dans la direction de l'est » (1 Néphi 17:1). Ici encore le récit du Livre de Mormon cadre parfaitement avec litinéraire de la route de lencens en 600 av. J.-C. La piste principale traversait les capitales des royaumes de lencens de Main, de Saba, de Qataban et de Hadramaout et aboutissait au port de Qana. Cet itinéraire suivait le terrain le plus facile par des vallées protégées et les régions qui avaient la plus grande concentration de population. Linconvénient de cette piste est que tous ces royaumes levaient une taxe au passage des caravanes. Pline raconte que la route caravanière dArabie méridionale à Gaza était extrêmement coûteuse [44]. Pour réduire la durée du voyage entre ces « capitales détat » et éviter les taxes qui seraient réclamées, un certain nombre de raccourcis ou de pistes secondaires apparurent. Bien que meilleur marché pour les voyageurs, ces pistes étaient plus difficiles à parcourir, avec seulement quelques puits et pratiquement aucun caravansérail. Puisque nous situons Nahom quelque part près de loued Naham actuel, nous avons étudié les deux itinéraires qui mènent presque vers lest à partir de là (notez que le groupe de Léhi na certainement pas voyagé directement vers lest à partir de Nahom, car cela laurait conduit tout droit dans le désert de dunes de Ramlat al Sabatayn). Il ny a quune seule piste qui passe par Ramlat al Sabatayn, et cest au coin nord-est, longeant loued Jawf jusquà Shabwa. Pour atteindre cette piste, ils ont pu suivre loued Naham, ou lun des autres oueds de la région qui sécoulent tous vers le nord-est, pour descendre dans loued Jawf. Le deuxième itinéraire possible aurait été de continuer sur la piste principale jusquà Marib et Timna, puis sur la piste secondaire jusquà al Bina et de là jusquà Shabwa. Nous ne saurons probablement jamais au juste lequel de ces deux itinéraires le groupe de Léhi a pris puisque Néphi ne nous donne quun seul relevé géographique pour tout le voyage à travers lArabie méridionale. Cependant, une chose est sûre, cest que très près dune région qui porte toujours le nom Naham, la piste qui faisait toute la longueur de lArabie dans la direction générale du sud-sud-est changeait de direction et tournait vers lest, exactement comme Néphi le décrit. Quand nous avons commencé à rechercher la piste que le groupe a pu prendre de Nahom à Abondance, cette partie en direction de lest, de Shabwa au Dhofar (lendroit généralement admis comme emplacement dAbondance) [45], était celle pour laquelle on avait de loin le moins de renseignements. Freya Stark a écrit en 1936 quà ce moment-là « aucun Européen na pris ce chemin [46]. » Nous ne savions pas si nous pourrions y trouver des pistes puisquil nexistait aucune description concrète daucune dans la littérature. Heureusement, au moment même où nous étudiions la piste en Arabie méridionale, les recherches du professeur Juris Zarins de la Southwest Missouri State University devenaient accessibles. Ses fouilles dans les ruines à Shisur et à dautres emplacements archéologiques ont commencé à jeter de la lumière sur la route de lencens et litinéraire quelle suivait dans le sud dOman et du Yémen. Zarins a trouvé, ailleurs en Arabie méridionale, un certain nombre de forts qui ont fourni les premières preuves concrètes de ce quil existait une piste par voie de terre depuis les royaumes antiques de lencens quétaient Main, Saba, Qataban et Hadramaout au Yémen et vers lest jusquaux bosquets darbres à encens du Dhofar [47]. Abondance Dautres auteurs membres de lÉglise ont suggéré des emplacements pour Abondance. Les Hilton misaient sur la baie de Salalah, lal-Balid antique [48]. Warren et Michaela Aston ont opté pour loued Sayq (Khor Kharfot) [49]. Si Léhi et sa famille avaient pris litinéraire vers lest du Yémen au Dhofar dans lOman moderne, ils auraient suivi cette piste jusquà ce quelle débouche sur la plaine de Salalah, où le port de Khor Rori constituait un des plus grands ports antiques dArabie méridionale. Nous avons été les premiers à dire que Khor Rori était lendroit logique pour commencer à rechercher lendroit que Néphi appelait Abondance, où la famille a vécu et où Néphi a construit et a lancé son bateau. Bien qual-Balid et loued Sayq possèdent des caractéristiques qui pourraient les rattacher à Abondance, à notre avis Khor Rori offre une dimension que les deux autres nont pas, à savoir, les trois ressources maritimes qui auraient été essentielles pour que le groupe de Léhi atteigne la terre promise : les matériaux nécessaires pour fabriquer un bateau de haute mer, un port protégé pour construire et lancer le navire et loccasion dapprendre les techniques de navigation requises pour piloter un grand bateau. Un nombre de plus en plus grand de faits montre que le port antique de lencens de Khor Rori possédait ces ressources maritimes uniques, en même temps que tous les autres attributs mentionnés dans les annales de Néphi [50]. Khor Rori est un bras de mer qui sétend sur 2,5 kilomètres à lintérieur des terres. Le khor (« anse ») compte plusieurs endroits naturels où des bateaux pourraient mouiller, ce qui en fait la raison probable pour laquelle Khor Rori et Taqah (colonie située à 3 kilomètres à louest de Khor Rori) ont été appelés Mirbat (« le mouillage ») dans lantiquité. Un banc de sable barre aujourdhui le khor, lisolant de la mer. Cette barrière na cependant pas toujours été là. Le Dr Eduard G. Rheinhardt croit quune baisse du niveau de la mer autour des 14e et 15e siècles apr. J.-C. a causé la fermeture de lembouchure du port. La datation au radiocarbone montre quune fermeture stable et finale sest produite vers 16401690 apr. J.-C. [51]. Dénormes falaises bordent laccès de la mer à Khor Rori, formant les brise-lames naturels qui permettaient aux bateaux antiques de savancer de 350 à 400 mètres dans locéan Indien proprement dit tout en étant protégés du ressac [52]. Cétait le grand atout de Khor Rori comme port ; le brise-lames naturel assurait la protection contre la mousson du sud-ouest en été et les vents de mousson du nord-est en hiver. Le port pouvait ainsi être utilisé toute lannée pour la navigation et la construction navale. Khor Rori était le premier port du Dhofar, qui faisait déjà de la navigation dès les cinquième et quatrième millénaires av. J.-C. [53]. Khor Rori et Taqah furent tous deux peuplés longtemps avant larrivée de Léhi en Arabie méridionale. Zarins a découvert à cet endroit des indications dune « présence à grande échelle à lâge du bronze [54] » ainsi que dune colonisation à lâge de la pierre [55]. Les échantillons de pollen trouvés à lintérieur de bâtiments de Khor Rori qui datent de la fin du quatrième à la moitié du deuxième siècle av. J.-C., indiquent que les habitants de Khor Rori cultivaient des champs et des jardins de blé (groupe des Triticum), dorge (groupe des Hordeum) et de palmiers dattiers (Phoenix dactilifera) [56] ; et les ruines montrent quils élevaient des moutons et des chèvres [57] et mangeaient des fruits de mer en grande quantité. Lexamen des environs de Khor Rori montre que lélément fondamental qui a donné à Abondance son nomles fruitsétait présent sur le littoral exactement comme Néphi le décrit. Le littoral du Dhofar est principalement rocheux, et il y a peu dendroits où lon trouve des cultures antiques au bord de la mer. Pourtant Néphi mentionne que quand il arrive à Abondance, le groupe campe au bord de la mer et appelle lendroit Abondance à cause de ses nombreux fruits (voir 1 Néphi 17:5, 6). Khor Taqah, qui mène au bord de la mer à la ville de Taqah, a une culture étendue utilisant leau douce du khor pour irriguer le sol. Cest vraisemblablement ce que lon a fait dans lantiquité pour nourrir la population. Nous notons quaux États-Unis, au début du 19ème siècle, toutes les plantes cultivées pouvaient être qualifiées de « fruits » [58]. Le sorgho (Sorghum bicolor), les millets (espèce Éleusine, espèce Pennisetum), le coton (espèce Gossypium) et lindigo (espèce Indigofera) étaient cultivés au Dhofar probablement dès 4000 av. J.-C. [59]. Il convient de remarquer qualors quil nous informe dans 1 Néphi 17:5 que le miel dAbondance était sauvage, Néphi évite expressément de dire que les fruits poussaient à létat sauvage. Si Khor Rori et la plaine côtière environnante semblent aujourdhui arides, laridité est un phénomène récent provoqué par le changement du niveau des précipitations. Lhistorien local Ali al-Shahri écrit : « Jusquil y a 40 ans, cétait la zone agricole la plus importante, cultivant le blé, le millet et beaucoup dautres grains. Il y a longtemps, cette plaine était arrosée par beaucoup de cours deau qui se jetaient dans la mer. Jusquil y a 30 ans encore beaucoup de ceux-ci coulaient toujours . Cette région était perpétuellement couverte de forêts et dherbe. Le Périple de la mer Érythrée [60] mentionne la présence darbres et de cours deau sur la plaine côtière [61]. » Pendant sa jeunesse, al-Shahri surveillait le bétail de son père dans la vallée juste au-dessus de Khor Rori. Al-Shahri nous a montré lendroit où un homme venait récolter du miel sauvage dans les cavernes juste à quatre kilomètres du port [62]. Sil ny a aucune preuve écrite datant lutilisation de Khor Rori comme port à 600 av. J.-C., il y a des indications de ce que le port était utilisé au cours de lâge du fer, lépoque où Néphi sy trouvait. Peter Vine est davis que le port était utilisé avant la période de linvasion hadramaoutienne de Khor Rori, qui se produisit vers le temps du Christ : « Il est clair quune colonie substantielle existait à cet endroit longtemps avant que le roi Iliazzyalit commande aux bâtisseurs dy construire une ville [63]. » Le Dr. Jana Owen dUCLA, directrice de la Transarabia Coastal Survey, a fait en 1955 une étude des ports antiques du Dhofar. À propos de Khor Rori, elle écrit : « Nous connaissons linvasion hadraméenne, mais je crois quil [le port] devait être utilisé avant cette invasion. Encore une fois, autour de la colonie, nous avons examiné beaucoup de lithiques de lâge du fer ; ceci est antérieur au travail que font actuellement les Italiens de Pise [64]. Nous avons également fait une étude sous-marine de la lagune et il y a des indications daménagements à lextrémité nord-est de la lagune et il est évident que leur ampleur révèle que de grands navires y mouillaient. Nest-il pas logique quils naient pas attendu le début de lère vulgaire pour comprendre cela ? [65]. » Il y a, en effet, des indications importantes de ce que tous les autres éléments dAbondance existaient à Khor Rori du temps de Néphi : du miel sauvage, une haute montagne (les pentes du pic le plus élevé du sud de lOman sont seulement à 3 kilomètres au nord), une carrière néolithique de silex (voir 1 Néphi 17:11) sous la montagne à 7 kilomètres à lest [66], des gisements de minerai de fer juste à un kilomètre et demi à lest du gisement de silex (découvert par des chercheurs de BYU) [67], des scories de fonte de fer découvertes dans les ruines de Khor Rori (voir 17:9, 10) [68], une localisation exactement à lest des candidats actuels pour Nahom [69] (voir 16:34 ; 17:1), des bêtes pour les peaux et la viande (voir 17:11 ; 18:6) [70] et les hautes falaises directement au-dessus dune eau profonde (17:48). Trois conditions maritimes pour Abondance Tout candidat pour Abondance doit satisfaire à trois critères essentiels. Il faut que lemplacement, du temps de Néphi, ait les ressources nécessaires pour permettre à Néphi (1) de construire, (2) de lancer et (3) de piloter un grand bateau. Nous croyons que Khor Rori est le seul endroit qui aurait pu répondre à ces critères. Matériaux pour construire un bateau de haute mer Les auteurs qui ont écrit sur le temps que Léhi a passé à Abondance ont invariablement laissé de côté les détails concernant la construction du bateau de Néphi [71], et pourtant la construction du bateau a été une énorme entreprise qui a pris de nombreuses années et a nécessité des quantités massives de ressources naturelles très précises. Le voyage de Néphi jusquau Nouveau Monde a dû prendre de nombreux mois, si pas des années, et tout itinéraire faisable devait comporter plus de 24 000 kilomètres de la mer la plus houleuse du globe. Quelque 150 ans avant que Néphi ne construise son bateau, le roi Josaphat de Juda construisit une flotte de bateaux conçus pour aller à Tarsis, dans locéan Indien (« des navires de Tarsis pour aller à Ophir chercher de lor », 1 Rois 22:48). Ces bateaux ne prirent jamais la mer, « se brisèrent à Etsjon-Guéber » (1 Rois 22:48 ; comparer avec 2 Chroniques 20:36-37). Raphaël Pataï suggère que cela a été dû soit à une tempête, soit simplement au fait quils avaient été construits dune manière maladroite [72]. » Le bateau de Néphi dut subir au moins un orage, « une grande et terrible tempête », qui dura quatre jours (voir 1 Néphi 18:13-15). Il est clair que le bateau de Néphi a dû être construit selon le meilleur du savoir-faire de son époqueet il a certainement dû être mieux construit et avec de meilleurs matériaux que ceux utilisés pour la flotte construite par les charpentiers de Josaphat pour pouvoir survivre à un tel voyage. Le minerai. Néphi, après que le Seigneur lui eut dit : « Rends-toi sur la montagne » (1 Néphi 17:7), avait besoin dune source de minerai pour faire des outils pour construire le bateau (voir 17:9). Plus tard, le Seigneur lui montra où en trouver. Des chercheurs de luniversité Brigham Young ont découvert de petites quantités de minerai de fer au Dhofar, leur « découverte la plus passionnante et la plus importante » à 10 kilomètres seulement à lest de Khor Rori au pied du Jabal Samhan, la plus haute montagne du Dhofar [73], appelée dans lAncien Testament le mont Sephar (voir Genèse 10:30) [74]. Néphi note que, une fois dans le Nouveau Monde, il « enseign[a] à [s]on peuple à construire des bâtiments et à travailler toutes sortes de bois, et de fer, et de cuivre, et d'airain, et d'acier, et d'or, et d'argent, et de minerais précieux » (2 Néphi 5:15). Le géologue Wm. Revell Phillips de BYU pense que Néphi a appris les techniques de la métallurgie « auprès des forgerons locaux du Dhofar ou des marchands indiens qui passaient par les ports marchands voisins [75]. » Les objets façonnés récemment mis au jour dans les ruines de Khor Rori/Sumhuram comprennent des haches de fer, des clous de fer, un couteau de fer, un rasoir de fer, des scories de fonte du fer, des clous de bronze, une cloche en bronze, une petite plaque en bronze et sept plaques en bronze gravées avec du texte [76]. Bois de construction. Néphi avait besoin de bois dur pour construire un bateau assez fort pour survivre à une traversée de locéan. On suppose habituellement quil a utilisé les arbres qui poussaient à Abondance pour construire son bateau. Cest perdre de vue un problème évident : presque tous les bois indigènes du Dhofar dans le sud dOman sont des bois tendres perméables qui ne pourraient pas être utilisés pour la construction de navires [77]. Les bois durs que lon trouve à Oman sont courts, noueux et ne conviennent pas pour la fabrication des composants structuraux massifs dun grand voilier. Cest un fait historique que les bois durs devaient être importés en Arabie pour la construction navale. Les premiers documents sur limportation de bois de construction dans la région du golfe Persique en provenance de pays étrangers remontent à une inscription dUrnanshe, roi de Lagash à Sumer vers 2500 av. J.-C. [78], Il était absolument nécessaire davoir du bois dur ou un bois tendre imperméable pour construire un bateau capable de tenir la mer. Larchéologue indien Shereen Ratnagar précise que « dans la période historique la plupart des bateaux indiens étaient faits de teck. Même les bateaux arabes étaient fabriqués sur la côte occidentale de lInde, où le bois était disponible [79]. » Concernant la source du bois avec lequel on construisait les bateaux à Oman, Tom Vosmer, directeur du projet Bateaux traditionnels dOman, remarque : « La majeure partie si pas la totalité du bois pour les bordages devait être importée : teck (Tectona grandis), venteck (Lythracea lanceolata), mangue (Mangifera indica), de même que le bois pour les espars [80]. » Les bois tendres qui poussent au Dhofar nauraient jamais été assez forts pour survivre longtemps en mer. On se sert des bois durs non seulement pour leur force mais également pour leur longévité. Le bois utilisé pour un bateau est sujet à beaucoup de dangers, en particulier les insectes térébrants marins qui font quil se décompose très rapidement. Certaines espèces de tarets tropicaux ont jusquà un mètre quatre-vingts de long et atteignent lépaisseur dun bras dhomme [81]. Pour transporter toutes les provisions nécessaires pour un long voyage transocéanique, Néphi allait avoir besoin dun bateau de grande taille pour lépoque. Les dimensions du bateau devaient être directement fonction du nombre de personnes à bord et des provisions transportées et devait déterminer la taille du port nécessaire à sa construction. Larchéologue maritime Tim Severin a construit une réplique en bois, longue de 24 mètres, du bateau omanais médiéval et la piloté dOman en Chine. Bien que le Sohar ait été une réplique, les besoins de base de Severin devaient être semblables à ceux de Néphi puisque la conception des bateaux en bois a peu changé jusquau 16e siècle apr. J.-C. [82]. John L. Sorenson estime que 43 personnes sont montées à bord du bateau de Néphi [83], plus de deux fois le nombre de personnes qui étaient sur le navire de 24 mètres de Severin. Lynn et Hope Hilton ont estimé quil y avait 73 personnes à bord du bateau de Néphi [84]. John Tvedtnes va jusquà 68 personnes [85]. Le navire de Severin nétait probablement pas dune taille identique à celui de Néphi, mais la liste des matériaux dont Severin a eu besoin pour construire son bateau est utile parce quelle nous donne une idée générale de lordre de grandeur des matériaux dont Néphi a dû avoir besoin pour construire son bateau. Severin a dû trouver un arbre convenant pour lespar principal long de 24,30 mètres et un rondin de 18,50 mètres qui devait être effilé pour faire le mât [86]. Il écrit quune quille de navire « est longue, droite et massive ; cest lépine dorsale même du navire La quille de ma réplique devait avoir 15,60 mètres de long, 30 sur 37 centimètres dépaisseur et être parfaitement droite [87]. » Severin a importé dInde le bois de construction pour son bateau arabe parce que, « historiquement, presque tous les matériaux pour la construction navale à Oman ont été importés du sous-continent indien, Oman nayant pas le bois de construction approprié pour la construction de grands bateaux [88]. » Sil ny a jamais eu de bon bois pour la construction navale à Oman, Néphi a dû utiliser, comme les constructeurs de navires arabes, des matériaux importés dInde et des îles environnantes. Le ministère omanais du patrimoine et de la culture nationaux dit à propos de la construction navale omanaise : « Le bois de teck et de cocotier était utilisé exclusivement pour la construction des coques. Le teck devait être importé dInde . En effet, les vertus du bois devaient être connues dans le Golfe depuis les voyages maritimes les plus anciens jusquà lIndus au troisième millénaire av. J.-C. » Le ministère omanais ajoute : « Le bois de cocotier devait, lui aussi, être importéprincipalement des îles Maldives et Laquedives doù il est possible que le cocotier se soit répandu au Dhofar au Moyen-Âge [89]. » Des découvertes récentes en Égypte confirment que lon se servait de teck indien pour la construction des bateaux antiques qui parcouraient locéan Indien [90]. Mais ce bois de construction importé dInde aurait-il été accessible à Néphi au port de Khor Rori au Dhofar au sixième siècle av. J.-C. ? Le ministère omanais du patrimoine et de la culture nationaux dit que le Dhofar « a commencé de manière obscure avant 1000 av. J.-C Sa croissance a été le stimulant principal de la réouverture et lexpansion des routes du commerce maritime de locéan Indien [91]. » Larchéologue maritime allemand Norbert Weismann, spécialiste de lOman, écrit à propos du Dhofar : « Il est certain quil a participé au trafic vers lInde à lépoque gréco-romaine, mais il y avait bien avant cela un commerce avec lInde blanche [92]. Le texte de Néphi fait allusion à la possibilité que les bois de construction que ses frères et lui ont travaillés avaient déjà été coupés ailleurs : « Nous travaillâmes les bois de charpente en une exécution habile » (1 Néphi 18:1). [Ndlr : Le texte anglais dit : « We did work timbers of curious workmanship » qui se rend littéralement par : « Nous travaillâmes des bois dun travail curieux » et explique linterprétation de Potter et Wellington. La traduction française est basée sur le fait que, du temps de Joseph Smith, le mot anglais « curious » signifiait aussi « habile ». Le texte anglais est donc plus ambigu et permet les deux interprétations]. Comment les bois de construction ont-ils pu paraître curieux à Néphi et à ses ouvriers sils avaient débité et coupé le bois de charpente eux-mêmes ? Apparemment, certains des bois de construction que Néphi a utilisés pour construire son bateau étaient déjà coupés dune façon qui lui était inconnue. Nous savons que des bois durs étaient importés dans le golfe dAden depuis le troisième millénaire av. J.-C. et que quelques siècles après le temps du Christ leur exportation dInde sous forme de poutres et de chevrons coupés à lavance était de pratique courante [93]. La corde. Bien entendu, il fallait à Néphi beaucoup plus que du bois de construction pour construire son bateau. Une citation attribuée à Rabbi Shimon ben Laqish, un sage palestinien du 2e siècle apr. J.-C., dit : « La chair et le sang [c.-à-d., un mortel], sil veut construire un bateau, dabord il apporte des poutres, puis il apporte des cordes, ensuite il apporte des ancres, et après il y met des marins [94]. » On ne saurait trop insister sur limportance des cordes. Selon le savant arabiste Raphaël Pataï, le nom biblique pour désigner un capitaine de bateau était rabh hahobhel ou « maître cordier » (Jonas 1:6) [95]. Cest un fait historique que les bordages des bateaux construits à Oman étaient cousus avec de la corde. Il a fallu les cosses de 50.000 noix de coco pour faire les 650 kilomètres de corde dont Severin avait besoin pour construire son bateau cousu, le Sohar [96]. Même si Néphi sétait servi de clous, il aurait quand même fallu de la corde pour le gréement et les câbles dancre. La noix de coco nest pas originaire du Dhofar, par conséquent si Néphi a fait des cordes à partir de noix de coco, elles ont également dû être importées. La toile pour les voiles. Les voiliers de haute mer nécessitent plusieurs jeux de voiles. Traditionnellement, les voiles des bateaux arabes étaient tissées avec des feuilles de cocotier ou de palmier ou étaient faites de toile de coton [97]. Il devait être possible de se procurer du coton soit comme produit cultivé localement [98] soit comme importation dInde. Selon le Périple de la mer Érythrée, la toile était lun des produits que les habitants du Dhofar importaient en échange de leur encens [99]. Pour se procurer de grands bois de construction et construire son bateau, Néphi devait être dans un endroit ayant (1) des liens commerciaux établis avec le sous-continent et (2) un port en activité. Bien que désolé aujourdhui, dans lantiquité Khor Rori était un marché de premier plan. En 2000 le Comité pour le patrimoine mondial de lUNESCO a désigné Khor Rori comme appartenant au patrimoine de lhumanité, désignant le commerce de lencens comme « une des activités marchandes les plus importantes du monde antique et médiéval [100] ». Le Dhofar semblerait aussi avoir sa propre tradition de construction navale. Plusieurs sortes de bateaux antiques sont représentées dans lart pariétal de cavernes en vue de Khor Rori (à 40 kilomètres à peine du port) [101]. Le ministère omanais du patrimoine et de la culture nationaux dit que la construction navale au Dhofar peut remonter à une haute antiquité [102]. Cest très bien de dire que les choses dont Néphi avait besoin pour construire son bateau existaient à lépoque à Khor Rori, mais Néphi aurait-il eu les moyens de se payer les marchandises importées ? Léhi a pu disposer dun certain nombre doptions pour le financement : vendre ses chameaux, échanger ses services comme scribe et marchand ou peut-être prendre des dispositions pour faire vendre sa propriété à Jérusalem. Un port protégé Comme nous lavons déjà dit, il est probable que le bateau de Néphi ait été grand pour lépoque. Une fois terminé et complètement chargé de provisions, de gréement, de tonnes de ballast, deau et dau moins une ancre (souvent de taille considérable même sur un petit bateau), le bateau pouvait peser jusquà 100 tonnes [103]. Comme tel, il naurait pu être construit que sur une rampe de rouleaux en bois au-dessus du niveau de la marée et ensuite glissé dans leau. Saïd al-Mashori, le superviseur omanais des fouilles à Khor Rori, nous a montré huit rampes bien marquées, de date inconnue, sur lesquelles on lançait et récupérait de grands bateaux à Khor Rori. Les rampes se trouvent juste au sud de la forteresse de Sumhuram construite par les Hadramutis et comportaient des mouillages où de grands bateaux étaient terminés et chargés [104]. Une fois le bateau amarré dans des eaux abritées, la construction pouvait continuer, ajoutant le poids du pont, de léquipement, du gréement et des tonnes de ballast et de provisions. Depuis la nuit des temps, on lance de grosses coques dans les ports, et le récit de Néphi implique que son bateau na pas fait exception. Le littoral du Dhofar est connu pour son ressac violent et il est fait de falaises rocheuses alternant avec des plages sablonneuses. Lancer un bateau pesant pas moins de 100 tonnes (et sans aucune force motrice ni moyen de contrôle) dune plage peu profonde dans une mer houleuse avec des courants puissants est physiquement impossible et ne pourrait se terminer que par un naufrage. Pourtant le texte de Néphi implique un embarquement calme, en bon ordre et apparemment routinier dans lequel les membres du groupe montent tous à bord du bateau et ensuite « [prennent] la mer » (1 Néphi 18:8). Il ny a quune seule façon pour que chacun puisse être à bord du bateau et ensuite « prendre la mer » : Il fallait que le bateau soit amarré dans un port profond et calme. Néphi ne dit pas que la famille a dû pousser le bateau dans la mer ; elle est déjà à bord. En outre, quand le bateau en bois de Néphi prend la mer, il est impossible que ce soit la première fois que le bateau soit dans leau. La raison en est quun bateau doit être mis à leau pour que la coque se resserre. Raphaël Pataï fait remarquer que les constructeurs de navires hébreux et égyptiens utilisaient cette technique : « Sous linfluence de leau, les planches de la coque gonflaient aux coutures, et chaque couture ou fente se fermait hermétiquement [105]. » Une fois assuré que la coque était imperméable à leau, Néphi pouvait charger les tonnes de ballast dans le bateau et faire des essais en mer pour sassurer que le ballast avait le poids et la répartition voulus pour les voiles. Ce nest que quand tout cela était fait quil pouvait charger les provisions et se mettre en route sur locéan. Néphi avait non seulement besoin dun port, mais il lui en fallait un grand où les tests préliminaires pouvaient avoir lieu. Khor Rori est le seul port au Dhofar qui soit suffisamment grand et profond pour permettre ceci [106]. Y a-t-il dautres anses que Néphi aurait pu utiliser pour construire son bateau ? Il y a un certain nombre dautres anses au Dhofar, qui sont toutes beaucoup plus petites que Khor Rori. Nous avons étudié chacune delles pour déterminer si, du temps de Néphi, elles étaient des ports protégés pendant toute lannée, si elles étaient assez grandes pour recevoir des bateaux de haute mer et si elles auraient eu les ressources dont Néphi avait besoin pour construire un bateau au début du sixième siècle av. J.-C. En tout, nous avons visité neuf anses en plus de Khor Rori [107]. La plupart étaient trop petites pour que de grands bateaux y aient accès. Daprès les traces qui restent, trois seulement ont été utilisées dans le passé. La plus occidentale dentre elles est Raysut, située à dix kilomètres à louest de la ville moderne de Salalah. Si Raysut permet à un bateau de sy ancrer, il naurait pas assuré la protection pendant toute lannée pour le navire que Néphi était occupé à construire [108]. La deuxième possibilité est Khor al-Balid, dans la ville moderne de Salalah, qui, selon les Hilton a pu être lendroit que Néphi appelle Abondance [109]. Un banc de sable la ferme maintenant. Cétait la seule autre anse qui aurait assuré une protection pendant toute lannée (nécessaire pour construire un bateau qui aurait pris plus longtemps que la période entre les saisons de mousson) et aurait été suffisamment large et profonde pour que lon puisse y construire et y lancer un grand navire. Mais rien nindique que ce port ait été utilisé du temps de Néphi [110]. Le troisième candidat est Khor Suli, mais il est très étroit et est à peine large assez pour permettre à un bateau de tourner sur son axe et encore moins permettre des tests de navigation en mer. Étant donné que Khor Kharfot (loued Sayq) a été proposé comme emplacement du port de Néphi [111], nous le mentionnons brièvement ici. Cest une anse isolée à 105 kilomètres à louest de Salalah, un voyage de 110 kilomètres à travers les montagnes du port antique où Néphi aurait pu trouvé le bois de construction, le coton, la fibre pour les cordes et les autres ressources nécessaires pour la construction de son bateau. Néphi aurait dû transporter toutes ces lourdes marchandises importées jusquà Khor Kharfot pour construire son bateau. Khor Kharfot est actuellement fermé par un banc de sable. Il ny a aucun indication que cette anse ait été ouverte à la mer du temps de Néphi, mais si elle létait, elle est très étroite et le fond est jonché de gros rochers qui auraient constitué un risque considérable pour tout autre navire que les petits bateaux à faible tirant deau qui essayerait de lutiliser. Pour ces raisons et dautres, nous ne le considérons pas comme un candidat pour être Abondance. Aptitude à la navigation Néphi avait besoin dun équipage et il a dû acquérir la capacité de le former. Il faut des années pour apprendre et pratiquer les techniques requises pour diriger un voilier en mer. Frank Linehan, officier de la marine marchande des États-Unis, capitaine de voilier transocéanique expérimenté, note : « Même avec linspiration du Seigneur, il aurait été tout simplement impossible à Néphi de faire voile jusquau Nouveau Monde sans formation [112]. » Lhistorien Maurizio Tosi écrit à propos des capitaines arabes antiques : « Pour les premiers navigateurs, cétait comme saventurer dans lespace et seul un ensemble expériences accumulées, renforcé par la tradition, aurait assuré leur survie en mer [113]. Ce même apprentissage a dû se produire pour Néphi. Il aurait été tout simplement impossible à celui-ci de deviner comment naviguer sur locéan Pacifique ou de réussir si son équipage et lui navaient pas su ce quils faisaient. Le Périple de la mer Érythrée, écrit dans les premiers siècles chrétiens, peut-être même au quatrième siècle, mentionne que Khor Rori était un havre sûr pour les bateaux bloqués par lhiver : « Lendroit porte le nom de Moschaoù lon a coutume denvoyer les bateaux de Qana (Yémen) ; les bateaux qui viennent de Dimyrike (sud de lInde) et de Barygaza (le Broach moderne en Inde), qui croisent tout près, y passent lhiver quand la saison est tardive [114]. » Il est certain que les capitaines grecs postérieurs ont appris des marins arabes qui les ont précédés lavantage quil y avait à mouiller dans les eaux protégées de Khor Rori pendant la mousson dhiver venue du nord-est. Il y avait donc ici, au cours de lhiver à Khor Rori, des capitaines qui savaient piloter un grand bateau sur locéan Indien, des marins expérimentés auprès desquels Néphi pouvait sinstruire et qui avaient des loisirs à consacrer à linstruire. Les articles essentiels spécifiques dont Néphi avait besoin pour construire son bateau ne lui auraient été accessibles que sil était à un port établi. La force de Khor Rori par rapport aux autres endroits proposés pour Abondance est quil était le seul grand port établi au Dhofar du temps de Néphi. Il nest pas nécessaire davoir recours à une longue liste de miracles pour faire correspondre artificiellement cet emplacement aux conditions nécessaires essentielles pour construire lancer et piloter un grand bateau. Aucun endroit autre que Khor Rori na encore pu répondre à ces critères. Les arguments en faveur de Khor Rori Tout ce que Néphi a comme souvenirs du temps passé à Abondance tourne autour de la construction dun navire de haute mer. Tout emplacement qui prétend être Abondance doit remplir les conditions requises pour que cela soit possible. Il existe maintenant, estimons-nous, un candidat convaincantun candidat capable de satisfaire aux exigences dune étude approfondiepour être lendroit où Néphi aurait pu construire un tel bateau. On peut trouver à Khor Rori toutes les ressources dont Néphi avait besoin pour construire, lancer et piloter un bateau jusquà la terre promise. Nous affirmons également quil existait, du temps de Néphi, un itinéraire qui allait de Jérusalem à ce port et le long duquel existent des candidats qualifiés pour la vallée de Lémuel, la rivière Laman, Shazer, « les parties les plus fertiles », « les parties plus fertiles », Nahom, la piste de lest, le pays dAbondance (le Dhofar) et lendroit dAbondance où il pousse beaucoup de fruits au bord de la mer. Une chose particulièrement intéressante, cest que les publications modernes faites par des chercheurs qui ne sont pas mormons contribuent à montrer que cet élément du récit du Livre de Mormon se révèle être en accord parfait avec la situation historique de lArabie au milieu du premier millénaire av. J.-C. Il nous a fallu six ans, des milliers dheures de recherche et la consultation de centaines de livres, darticles, et de cartes et 55.000 kilomètres de voyages personnels pour confirmer que ce que Néphi a écrit dans son récit cadre avec les recherches scientifiques modernes pour constituer une description historique précise dun voyage le long des seules pistes connues qui conduisaient, en 600 av. J.-C, de Jérusalem au Dhofar. Et cependant, au 19e siècle, Joseph Smith, ce garçon de ferme sans instruction, qui navait jamais quitté lEst des États-Unis et navait accès à aucune de ces ressources, a dicté en un peu plus dun jour les pages qui traitent de ce voyage [115]. PHOTOS ET ILLUSTRATIONS
Les armateurs dOman utilisaient du teck importé plutôt que les bois tendres et noueux comme ces grands figuiers qui poussent sur les collines du Dhofar.
NOTES * Les auteurs vivent depuis de nombreuses années en Arabie
Saoudite. Richard Wellington est parti en 2003 au bout de plus de 18 ans et George Potter
y vit toujours après 14 ans. Cette circonstance a donné aux auteurs une occasion unique
de voyager librement en Arabie Saoudite, où sest produite une grande partie des
premiers chapitres du Livre de Mormon, quelque chose qui naurait pu être fait que
par les quelques occidentaux qui avaient un visa pour y travailler et y vivre. |
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