La doctrine de la résurrection enseignée dans le Livre de Mormon est le
précurseur de la doctrine telle que les saints des derniers jours la
comprennent à la lumière de la révélation moderne.
La doctrine de la résurrection dans le Livre de
Mormon A. Keith Thompson Interpreter : A
Journal of Mormon Scripture 16, 2015, p. 101-129
Résumé : La
doctrine de la résurrection fut enseignée par Léhi et Jacob parmi les
premiers Néphites mais ne figura plus dans le document jusqu’au temps
d’Abinadi, peut-être trois cent cinquante ans plus tard. À la cour du roi
Noé, cette doctrine et l’idée d’un Messie, homme de douleur, qui porterait
les péchés de son peuple et le rachèterait étaient des hérésies et Abinadi
les paya de sa vie. Si le témoignage d’Abinadi convertit Alma l’Ancien et
si la doctrine de la résurrection inspira Alma le Jeune après sa
conversion, ils furent une source de schisme dans l’Église de Zarahemla
d’une façon qui nous rappelle les sadducéens à Jérusalem. La doctrine de
la résurrection enseignée dans le Livre de Mormon est un précurseur de la
doctrine telle que la conçoivent aujourd’hui les saints des derniers jours
à la lumière de la révélation moderne. Par exemple, les prophètes néphites
utilisaient le terme première résurrection autrement que nous. Mais ce qui
est peut-être le plus remarquable dans la façon dont la doctrine de la
résurrection évolue dans le Livre de Mormon, c’est qu’elle évolue
régulièrement. Cette régularité est encore un témoignage de la mission
prophétique de Joseph Smith. Il n'aurait pas pu faire cela par lui-même.
Le récit du Livre de Mormon ne se concentre pas sur des enseignements
hérétiques. Cependant, les allusions faites au passage aux enseignements
d’antéchrists et d’autres parmi les Zoramites, les Néhors et les
Amalécites démontrent au lecteur moderne que les doctrines que les
rédacteurs du Livre de Mormon considéraient comme hérétiques avaient une
saveur caractéristiquement juive ou rabbinique. Un exemple concret :
l’insistance de Shérem que Jacob avait perverti la Loi de Moïse en «
l’adoration d’un être dont tu dis qu’il viendra dans de nombreuses
centaines d’années » (Jacob 7:7). Néphi, Jacob et le roi Benjamin ont tous
enseigné que le Messie préfiguré dans la Loi de Moïse serait un Messie
homme de douleur, qu’il serait nommé Jésus-Christ et qu’il prendrait sur
lui les péchés du monde. Néphi dit qu’il avait délibérément évité
d’instruire son peuple « à la manière des Juifs » parce que leurs œuvres
étaient « des œuvres de ténèbres » (2 Néphi 25:2, 6), mais malgré tout,
une vue rabbinique du Messie fit surface parmi les Néphites et fut
perpétuée, entre autres, par les Zoramites. Cela ne devrait peut-être pas
nous surprendre puisque ces deux peuples du vieux et du nouveau monde
aspiraient à vivre leur vie en conformité avec la Loi de Moïse. Mais d'où
venaient ces idées si les prophètes dirigeants néphites tentaient de les
supprimer ? Se sont-elles développées en parallèle tout simplement parce
que « l’auteur de tout péché » (Hélaman 6:30) utilisait la même stratégie
efficace parmi les peuples aussi bien de l’ancien que du nouveau monde, ou
ces idées hérétiques sont-elles arrivées dans le nouveau monde avec Zoram
[1] ou avec les Mulékites ? Y a-t-il davantage dans cette corrélation que
ce que les rédacteurs du Livre de Mormon ont admis ou que ce que les
spécialistes actuels du Livre de Mormon ont trouvé ?
Un exemple
concerne la résurrection. Il s’agit d’un enseignement fondamental parmi
les peuples du Livre de Mormon où le traitement hérétique pourrait avoir
un lien avec l’évolution doctrinale dans le vieux monde. Tous les
chrétiens connaissent la différence théologique entre les pharisiens et
les sadducéens à propos de la résurrection des morts. Matthieu, Marc et
Luc rapportent la question que les sadducéens proposent au Sauveur
concernant le lévirat. Les trois auteurs d’évangiles signalent que les
sadducéens « disent qu’il n’y a pas de résurrection » (Matthieu 20:23 ;
Marc 12:18 ; Luc 20:27). Dans sa réponse, Jésus confirme qu’il y a une
résurrection et en même temps que la question des sadducéens sur le
mariage découle de conceptions erronées. D’où vient ce déni de la
résurrection chez les sadducéens (Luc 20:27) ? À quel point les croyances
religieuses des sadducéens étaient-elles sincères s’ils niaient la
résurrection ? Et y a-t-il des traces de cette hérésie sadducéenne dans le
Livre de Mormon ? Cette dernière question est poignante car Abinadi va
être martyrisé pour ses enseignements religieux concernant le Messie et la
résurrection (Mosiah 18:2), qui vont être interprétés comme une forme de
sédition à la cour du roi Noé (Mosiah 17:8).
Il apparaît que Joseph
Smith et Oliver Cowdery ont fait la traduction du Livre de Mormon en
soixante-cinq jours [2], soit un peu plus de huit pages imprimées par
jour. Cet article réaffirme l’opinion que leur travail était authentique.
Joseph Smith et Oliver Cowdery n'auraient pas pu conserver le fil de tous
les épisodes et celui de l’évolution de la doctrine s’ils l’avaient fait
eux-mêmes en soixante-cinq jours. Il y a belle lurette que quelqu'un
aurait relevé des incohérences dont l’existence serait non seulement
statistiquement probables, mais ne feraient absolument aucun doute.
La doctrine de la résurrection enseignée par Abinadi à Alma l’Ancien
et puis développée par les descendants personnels d’Alma dans leurs
ministères prophétiques est un très bon exemple de cette cohérence
interne.
Dans la première partie, j’aborderai le débat concernant
la doctrine de la résurrection dans l’enseignement rabbinique avant
Jésus-Christ. Dans la deuxième partie, j’examinerai ce que d’autres
érudits mormons ont observé à propos de la doctrine de la résurrection
dans le Livre de Mormon. Dans la troisième partie, je constate que bien
que Léhi et Jacob aient enseigné la doctrine de la résurrection, celle-ci
ne figurait pas sur les grandes plaques de Néphi avant qu’Abinadi enseigne
au peuple du roi Noé que la rédemption que le Messie allait accomplir
incluait la résurrection du corps physique. Dans cette partie,
j’expliquerai que le roi Benjamin ne savait peut-être pas que l’expiation
que le Messie allait accomplir comprendrait le don gratuit de la
résurrection corporelle. Cette suggestion ira peut-être à l’encontre des
attentes du lecteur, mais si l'on veut comprendre correctement à quel
point l’Évangile que nous tenons comme allant de soi était compris au
cours des dispensations précédentes, nous devons veiller à ne pas
attribuer à celles-ci une connaissance qu’elles n’avaient pas. Les
lecteurs saints des derniers jours du vingt et unième siècle peuvent
penser que les mots rédemption, expiation et résurrection sont synonymes,
mais ce n’est pas pour cela qu’ils doivent supposer que les anciens les
comprenaient de la même manière que nous. Dans la quatrième partie,
j’expliquerai les aspects de la doctrine de la résurrection qu’Abinadi
précise au-delà de ce qui figurait dans les petites plaques de Néphi et en
quoi cette connaissance est inférieure à ce que nous avons dans notre
dernière dispensation en vertu de la révélation moderne aux sections 76 et
88 des Doctrine et Alliances. Dans la cinquième partie, je traiterai des
autres apports à l’évolution de la doctrine de la résurrection dans le
Livre de Mormon après Abinadi, notant qu’il est peu probable que Joseph
Smith et Oliver Cowdery auraient été en mesure de maintenir la cohérence
de cette évolution dans la brève période de soixante-cinq jours de la
traduction. Je conclus qu’une compréhension approfondie de la nature de la
perte éventuelle, du rétablissement et du développement de la doctrine de
la résurrection dans le Livre de Mormon montre que nous commençons
seulement à effleurer la surface des profondeurs de ce document sacré.
Première Partie — Origines de la négation de la résurrection
par les sadducéens
Arthur Marmorstein a écrit que «
l’enseignement et la foi [en la résurrection] existaient chez les
Israélites quand ils se sont installés en territoire juif [3]. » Il cite
Ésaïe (Ésaïe 26:14, 19) et Ézéchiel (Ézéchiel 37:12–14) comme autorités
[4] mais interprète ces passages comme signifiant que « les méchants ...
ne laisseront jamais leurs maisons dans la poussière. » Daniel (Daniel
12:2) confirme sa croyance en la même doctrine et Marmorstein dit donc : «
Au cours des deux ou trois derniers siècles avant Jésus cela faisait
partie des croyances juives [5] » bien que « nous ne puissions pas
affirmer qu’il n’y avait aucun opposition [6]. » Il cite Abot de R. Nathan
et Baneth pour sa conviction que « les sadducéens étaient les successeurs
d’une école plus ancienne qui était opposée à la doctrine d’une vie future
dans le cadre de la réforme de la vieille religion d’Israël [7]. » Leur
doctrine n’était pas seulement qu’il n’y avait aucun « retour à la vie
après la mort, mais aussi [qu’il n’y avait pas de]... vie future
bienheureuse [8]. »
D’autres chercheurs ont essayé d’identifier
avec plus de précision l’origine de la doctrine sadducéenne et il y a un
consensus précaire qui avance que c’est probablement dû à un schisme dans
l’école d’un certain Antigone, un rabbin vers 264 av. J.-C., bien après
que Léhi, Zoram et Mulek aient quitté Jérusalem.
L’un des disciples
d’Antigone nommé Sadoc (ou Tsadok) aurait, semble-t-il, décidé de la
fausseté de la doctrine de la résurrection suite à un enseignement
d’Antigone selon lequel « ils ne doivent pas servir Dieu dans l’espoir
d’une récompense, mais uniquement par amour et par respect filial [9]. »
Sadoc aurait détaillé les choses comme suit : « Il n’y avait ni châtiments
ni récompenses après cette vie et, par conséquent, qu’il n’y avait pas de
résurrection des morts, ni d’ange, ni d’esprit dans le monde invisible et
que c’est ici que l’homme doit être rémunéré pour le bien ou le mal qu’il
fait [10]. » Ces déductions étaient justifiées par le refus des disciples
de Sadoc de recevoir toute écriture autre que les cinq livres de Moïse qui
ne font aucune allusion explicite à la résurrection.
Marmorstein
cite des rabbins postérieurs qui ont répondu à l’absence d’enseignement de
la résurrection dans la Torah écrite en disant que « il n’y a pas de
commandement dans la Torah accompagné de la mention d’une récompense pour
qui le respectera, où la doctrine de la résurrection n’est pas implicite.
» Les allusions à un avenir bienheureux après le jugement de Dieu sont
parmi les preuves abondantes de la doctrine dans la Genèse, les Nombres,
le Deutéronome, les Psaumes, les Proverbes, Ésaïe et Osée [11]. Une
question naturelle se pose pour tous les Juifs et les chrétiens modernes
quand ils méditent le refus des sadducéens de croire en la résurrection :
si les sadducéens ne croyaient pas en la résurrection, que croyaient-ils ?
Dans une théologie juive qui niait la résurrection, qu’est-ce qui restait
pour justifier une vie de foi et de bonnes œuvres ? Les sadducéens
n’étaient-ils rien de plus que des religieux de nom qui professaient la
religion en vue d’avantages politiques ?
Bien que tous les érudits
reconnaissent que ce que nous savons des sadducéens et de leur doctrine
provient uniquement de sources hostiles [12] et même si certains en
déduisent que les sadducéens professaient simplement une croyance pour
protéger leur pouvoir politique aristocratique [13], la plupart
conviennent que leur acceptation de la Torah écrite ou des cinq premiers
livres de Moïse était authentique. « Les sadducéens affirmaient que la
seule façon d’avoir un comportement véritablement pieux était de vivre en
conformité avec la loi écrite... [Ils] insistaient sur l’importance des
prêtres dans le culte du Temple » et dans leur Livre des décrets, qui
faisait jurisprudence, ils insistaient sur un œil pour œil littéral là où
les pharisiens permettaient que l’on verse des dommages-intérêts au lieu
de perdre un organe [14]. Dans Actes 23:6-9, on nous dit que les
sadducéens refusaient non seulement la résurrection, mais aussi
l’existence des anges, mais les commentateurs raisonnables croient que Luc
(ou Paul) exagérait étant donné que la loi écrite abonde en récits de
ministères d’anges, bien que peut-être pas d’anges ailés [15]. D’autres
commentateurs font remarquer que les sadducéens croyaient en une vie après
la mort, mais pas en une résurrection du corps puisqu’ils croyaient en la
domination enténébrée du schéol [16].
Selon Josèphe, les
sadducéens ne croyaient pas au destin, mais attribuaient les réalisations
humaines aux choix et aux œuvres des hommes [17]. Mais Josèphe est plus
explicite dans sa Guerre des Juifs, où il affirme que « les sadducéens...
enlèvent entièrement le destin et supposent que cela n’intéresse pas Dieu
de savoir si nous faisons le mal ou non ; et ils disent que c’est à
l’homme à choisir s’il veut faire ce qui est bien ou ce qui est mal, et
qu’il appartient à tout le monde de faire l’un ou l’autre, que les gens
peuvent agir comme bon leur semble [18]. »
Quelle que soit
l’origine et la nature exacte de la théologie sadducéenne, il y a une
certaine corrélation entre leur rigueur à respecter la loi écrite et
l’insistance de Shérem dans Jacob 7:7 que « la voie droite de Dieu » était
de garder la Loi de Moïse. De même, l’insistance des sadducéens que les
hommes prospèrent dans cette vie selon leurs œuvres correspond à
l’insistance de Korihor dans Alma 30:17 que « ce qu'il advenait de tout
homme dans cette vie dépendait de la façon dont il se gouvernait. » Cette
corrélation donne à penser qu’il peut y avoir eu des origines plus
anciennes à la théologie sadducéenne que ce que les érudits modernes ont
trouvé [19]. Et qu’en est-il de l’insistance des sadducéens qu’il n’y a
pas de résurrection corporelle littérale ? Serait-ce une idée
qu’entretenaient certains dont il est question dans le Livre de Mormon —
et est-ce que l’on peut en déduire des origines plus anciennes d’une
théologie anti-résurrection dans le judaïsme que le deuxième ou le
troisième siècle avant J.-C. ?
Deuxième Partie — La
résurrection dans le Livre de Mormon
Robert J. Matthews
observe que les informations sur la résurrection « sont plutôt inégales
dans le Livre de Mormon [20] ». Il relève qu’il n’y a aucune mention de la
résurrection lorsque Néphi reçoit une version amplifiée de la vision de
son père concernant l’arbre de vie [21], aucune mention de la résurrection
dans les citations des prophètes Zénock, Néum et Zénos, alors même qu’ils
donnaient des prophéties détaillées concernant la crucifixion et la mise
au tombeau du Messie [22] et aucune allusion expresse à la résurrection
dans le sermon d’adieu du roi Benjamin, « bien qu’elle soit certainement
implicite [23]. » « Léhi parle surtout en termes très généraux [24] », «
Jacob est plus explicite... que n’importe lequel de ses prédécesseurs [25]
», mais c’est Abinadi qui est la grande source pour ne pas dire « la
source principale de notre connaissance de la résurrection [26] » dans le
Livre de Mormon. Car même si Alma le Jeune et Amulek ont clairement ajouté
aux enseignements de la résurrection qu’Alma le Jeune a reçus par
l’intermédiaire de son père d’Abinadi, c’est Abinadi qui a rétabli cette
doctrine dans l’enseignement néphite après une absence de trois cents à
quatre cents ans.
Matthews fait remarquer que malgré les
enseignements postérieurs de Samuel le Lamanite et de Moroni et
l’apparition et le ministère du Christ ressuscité, qui a montré et
expliqué la résurrection physique, le Livre de Mormon « ne définit pas ni
ne fait la distinction entre la qualité des corps ressuscités [27] », pas
plus qu’il n’enseigne les degrés de gloire dans la résurrection. Cette
connaissance nous est parvenue par une des lettres de Paul aux Corinthiens
(1 Corinthiens 15) et dans les derniers jours par les révélations qui
constituent les sections 76 et 88 des Doctrine et Alliances. Les prophètes
du Livre de Mormon, quand ils veulent bien aborder la question, font la
distinction uniquement entre « les plus méchants et les plus justes [28] »
en parlant de résurrection.
Dans leur étude statistique de
l’utilisation du mot « résurrection » dans le Livre de Mormon, qui « peut
nous aider à nous concentrer sur ce que nous pouvons déduire de l’accent
mis (ou non) par un orateur sur la résurrection [29] ». Hilton et Johnson
confirment que :
- Le roi Benjamin (entre autres) n’utilise pas le
mot du tout [30]. - Bien qu’Alma le Jeune utilise le mot plus que
n’importe qui d’autre dans le texte du Livre de Mormon, c’est Abinadi qui
l’utilise le plus fréquemment [31]. - La raison pour laquelle Abinadi
utilise le mot plus fréquemment « réside peut-être dans [son] témoignage
que ‘la rédemption vient par le Christ, le Seigneur’ (Mosiah 16:15) [32].
»
Aucun de ces auteurs ne semble avoir envisagé la possibilité que
l’absence d’utilisation du mot résurrection entre Jacob et Abinadi ait pu
être le résultat de ce que Jarom, Omni et leurs successeurs Amaron,
Chémish et Abinadom ont qualifié de roideur de cou (Jarom 1:3, 4), de
méchanceté (Omni 1:2) et de l’abandon progressif d’une culture de
réception de la révélation chez les Néphites [33]. Durant cette période de
peut-être trois cent cinquante à quatre cents ans, ceux qui ont écrit les
petites plaques de Néphi suggèrent que l’esprit du Seigneur a diminué de
diverses manières chez les Néphites. Jarom dit qu’il n’a rien à ajouter à
ce que son père a dit (Jarom 1:2), bien que tous n’avaient pas le « cou
roide » (Jarom 1:3). Omni, son fils, dit qu’il avait vécu dans la
méchanceté (Omni 1:2) et que tout ce qu’il avait fait à propos des plaques
avait été de les transmettre à son fils conformément aux ordres de son
père. Amaron, petit-fils de Jarom, raconte que trois cent vingt ans après
l’arrivée de Léhi en terre promise, « la partie la plus méchante des
Néphites fut détruite... car le Seigneur » ne voulait pas les préserver
quand ils n’observaient pas ses commandements (Omni 1:5–7). Et bien que le
mot apostasie préféré par les saints des derniers jours pour décrire la
perte progressive de l’autorité de la prêtrise et de la vérité parmi les
premiers chrétiens ne soit pas utilisé, les mots de ces gardiens des
annales donnent à penser que l’œuvre du Saint-Esprit parmi les Néphites
avait cessé puisqu’il n’y avait rien en fait de « prédication » ou de «
prophétie » parmi eux qui fût digne d’être noté jusqu’au temps du roi
Mosiah premier (Omni 1:10–13). En fait Abinadom dit très franchement qu’il
« n’[a] connaissance d’aucune révélation, sauf de ce qui a été écrit, ni
d’aucune prophétie » (Omni 1:11).
Troisième Partie —
L’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection
Parce
que l’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection est essentiel à la
compréhension de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon,
le voici dans son intégralité pour que l’on puisse l’apprécier dans le
détail :
« Oui, et ils [tous les prophètes (Mosiah 13:33)]
n’ont-ils pas dit qu’il [le Messie/Dieu (Mosiah 13:33, 34)] réaliserait la
résurrection des morts, et que lui-même serait opprimé et affligé ?
(Mosiah 13:35)
« Car s'il n'y avait pas la rédemption qu'il a faite
pour son peuple, qui fut préparée dès la fondation du monde, je vous le
dis, s'il n'y avait pas cela, toute l'humanité aurait dû périr. Mais
voici, les liens de la mort seront rompus, et le Fils règne et a pouvoir
sur les morts; c'est pourquoi, il réalise la résurrection des morts. Et
alors vient une résurrection, une première résurrection; oui, une
résurrection de ceux qui ont été, et qui sont, et qui seront, jusqu'à la
résurrection du Christ — car c'est ainsi qu'il sera appelé. Et maintenant,
la résurrection de tous les prophètes, et de tous ceux qui ont cru en
leurs paroles, ou de tous ceux qui ont gardé les commandements de Dieu,
aura lieu à la première résurrection; c'est pourquoi, ils sont la première
résurrection. Ils sont ressuscités pour demeurer avec Dieu, qui les a
rachetés; ainsi ils ont la vie éternelle par le Christ, qui a rompu les
liens de la mort. Et ce sont ceux qui ont part à la première résurrection;
et ce sont ceux qui sont morts dans leur ignorance, avant que le Christ ne
vienne, sans que le salut ne leur ait été annoncé. Et ainsi, le Seigneur
réalise le rétablissement de ceux-ci; et ils ont part à la première
résurrection, ou ont la vie éternelle, étant rachetés par le Seigneur. Et
les petits enfants ont aussi la vie éternelle. Mais voici, craignez, et
tremblez devant Dieu, car vous devriez trembler; car le Seigneur ne
rachète aucun de ceux qui se rebellent contre lui et meurent dans leurs
péchés; oui, même tous ceux qui ont péri dans leurs péchés depuis le
commencement même du monde, qui se sont volontairement rebellés contre
Dieu, qui ont connu les commandements de Dieu et n'ont pas voulu les
garder; ce sont ceux-là qui n'ont aucune part dans la première
résurrection (Mosiah 15:19–26)
« Et si le Christ n'était pas
ressuscité d'entre les morts, ou s'il n'avait pas rompu les liens de la
mort, afin que la tombe n'ait pas de victoire, et que la mort n'ait pas
d'aiguillon, il n'aurait pu y avoir de résurrection. Mais il y a une
résurrection; c'est pourquoi la tombe n'a pas de victoire, et l'aiguillon
de la mort est englouti dans le Christ. Il est la lumière et la vie du
monde; oui, une lumière qui est sans fin, qui ne peut jamais être
obscurcie; oui, et aussi une vie qui est sans fin, de sorte qu'il ne peut
plus y avoir de mort. Même ce corps mortel revêtira l'immortalité, et
cette corruption revêtira l'incorruptibilité et comparaîtra devant la
barre de Dieu, pour être jugée par lui selon ses œuvres, qu'elles soient
bonnes ou qu'elles soient mauvaises: si elles sont bonnes, pour la
résurrection de la vie et du bonheur sans fin; et si elles sont mauvaises,
pour la résurrection de la damnation sans fin, étant livrés au diable, qui
les a assujettis, ce qui est la damnation » (Mosiah 16:7–11).
Parce
qu’il dénonçait la méchanceté du roi Noé et de son peuple, Abinadi fut
lié, jeté en prison et ensuite jugé par le roi Noé et ses prêtres (Mosiah
11:20–29), mais c’est son enseignement que « Dieu lui-même descendrait
parmi les enfants des hommes » (Mosiah 17:8) qui retint l’attention de la
cour du roi Noé comme étant un crime digne de la peine de mort. Alors que
dans un tribunal moderne, on aurait pu s’attendre à ce qu’Abinadi soit
accusé de sédition ou de trahison pour avoir laissé entendre que le
gouvernement en place a été la cause de sa guerre lamanite, celui de Noé
décide de la peine de mort en raison d’une infraction religieuse [34].
Il est bien connu qu’Alma l’Ancien a été le seul membre de la cour du
roi Noé à croire aux paroles d’Abinadi. C’est ce qui ressort de ses
propres annales et de ce que la voix du Seigneur lui dira plus tard quand
il s’informera de la façon dont il doit traiter les transgresseurs dans
l’Église [35]. Son résumé de ce qu’il a appris d’Abinadi et qu’il a par la
suite enseigné aux sujets croyants du roi Noé en dehors de la cour est
exposé dans Mosiah 18:2. Il va enseigner « les paroles d’Abinadi »
concernant ce qui était à venir et aussi concernant la résurrection des
morts et la rédemption du peuple, qui devait se réaliser grâce au pouvoir
et aux souffrances, à la mort du Christ et à sa résurrection et son
ascension au ciel.
Alma l’Ancien fait une distinction entre
l’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection et son enseignement
concernant la rédemption, que l'on appelle maintenant aussi l’expiation.
Cette même distinction apparaît dans le résumé que fait Mormon de ce
qu’Abinadi a enseigné à la cour du roi Noé. Mormon y dit en bref que selon
lui Moïse avait prédit « la venue du Messie » et « que Dieu rachèterait
son peuple » (Mosiah 13:33). Abinadi avait ajouté que « tous les prophètes
» avaient dit que « Dieu lui-même descendrait parmi les enfants des
hommes, et prendrait sur lui la forme de l'homme, et irait avec une grande
puissance sur la surface de la terre » (Mosiah 13:33-34). Abinadi avait
poursuivi que « tous les prophètes » (Mosiah 13:33) avait également dit
que le Messie « réaliserait la résurrection des morts » (Mosiah 13:35).
L’enseignement d’Abinadi que le Messie « serait opprimé et affligé »
(Mosiah 13:35) se retrouve ensuite dans Mosiah chapitres 14 et 15 ainsi
que des détails explicites sur la façon dont le Messie rachèterait les
fidèles par son expiation et sa rédemption. Ce rachat, qui sauve «
l’humanité » d’une mort spirituelle, nécessite que « les liens de la mort
[soient] rompus » (Mosiah 15:20). Pour Abinadi, « la première résurrection
» était « de tous les prophètes, et de tous ceux qui ont cru en leurs
paroles, ou de tous ceux qui ont gardé les commandements de Dieu » (Mosiah
15:22) qui ont vécu sur la terre « jusqu'à la résurrection du Christ »
(Mosiah 15:21). Bien que cette signification de l’expression première
résurrection soit différente de la façon dont les saints des derniers
jours l’utilisent aujourd’hui, lorsque nous pensons à l’auditoire
d’Abinadi et d’Alma le Jeune, nous comprenons pourquoi eux et les autres
qui ont parlé de la résurrection avant la venue du Christ n’auraient pas
envisagé le sens que nous lui donnons de nos jours, sens qui englobe ceux
qui ont vécu dans la justice jusqu’au jugement final comme faisant partie
de cette même première résurrection générale.
Le jeûne et la prière
concernant cet enseignement détaillé à propos de la première résurrection
amenèrent plus tard Alma le Jeune à d’autres révélations au sujet de la
résurrection [36]. Mais cela avait également été la cause de quelques
querelles dans l’Église de Zarahemla avant qu’Alma le Jeune succède au
poste de grand prêtre. En effet, Alma le Jeune semble avoir fait partie de
la source de cette querelle car les fils de Mosiah II et lui faisaient
partie de la « génération montante » (Mosiah 26:1) qui « ne croyaient pas
ce qui avait été dit concernant la résurrection des morts, et ils ne
croyaient pas non plus ce qui concernait la venue du Christ » (Mosiah
26:2).
L’abrégé de Mormon, ici des grandes plaques de Néphi, ne dit
pas qu’ils ne croyaient pas à la Loi de Moïse. Il affirme plutôt que la
génération montante rejetait ce qui avait été enseigné par le roi Benjamin
dans son sermon au temple et ce qui avait été enseigné, sans doute par
Alma l’Ancien après Abinadi, concernant la résurrection des morts et la
venue du Christ. Et Mormon résume en disant que « ils ne voulaient pas
être baptisés; et ils ne voulaient pas non plus devenir membres de
l'Église » (Mosiah 26:4).
L’abrégé de Mormon ne nous permet pas de
savoir si c’est le roi Benjamin ou Abinadi qui est la source de ces
enseignements (la résurrection des morts et la venue du Christ [37]), mais
il est clair que la génération montante rejeta ce qui avait été enseigné
par ces deux prophètes modernes. Ce problème fut résolu en partie par la
conversion d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah II, membres influents de
cette génération montante comme noté au chapitre suivant. Mais le problème
fondamental de l’apostasie par rapport à la doctrine enseignée dans
l’Église de Dieu, fondée par Alma l’Ancien suivant l’enseignement
d’Abinadi, mena à une discussion sans précédent entre les premiers
officiers de l’Église et de l’État néphites divisés (Mosiah 26:6–12).
Avant cette époque [38], le roi du peuple combiné de Mosiah Ier et de
Zarahemla avait été un souverain théocratique et Benjamin, en tant que
deuxième roi de ce peuple combiné avait été leur dirigeant dans les
domaines militaire, politique, théologique et liturgique. Mais à partir de
peu de temps après le moment où Alma l’Ancien amena son peuple vivre comme
concitoyens du peuple de Zarahemla, Mosiah II avait délégué ou abdiqué de
ses anciennes fonctions religieuses en faveur d’Alma l’Ancien.
La
génération montante n’était pas seule dans sa dissidence. Elle semble
avoir touché une corde sensible chez les Néphites à Zarahemla. Ils
n’étaient pas athées, mais plutôt des gens qui « ne voulaient pas être
baptisés... [ni] devenir membres de l’Église » (Mosiah 26:4), étaient « un
peuple séparé quant à leur foi, et ils le restèrent dorénavant » (Mosiah
26:4). Si l’auteur des grandes plaques de Néphi estimait que ces gens
étaient « charnels et pécheurs » (Mosiah 26:4) et n’étaient pas adonnés à
la prière (Mosiah 26:4), il ne dit pas qu’ils n’étaient pas des gens sans
foi. Leur foi était simplement différente et, pendant un certain temps,
Alma le Jeune et les fils de Mosiah II furent comptés parmi eux.
Il
n’est pas surprenant que Mormon ne nous ait pas donné le texte du
programme suivi par Alma le Jeune et les fils de Mosiah II dans leurs
efforts pour « tromper » ceux « qui étaient dans l’Église » (Mosiah 26:6)
et qui croyaient en la venue du Christ et en la résurrection. Mais il
n’est pas raisonnable de présumer que leur approche était complètement
areligieuse. Il est plus probable qu’ils suivirent une version de la foi
préexistante du peuple de Zarahemla, avant que le roi Benjamin ou Abinadi
ne leur aient enseigné le ministère de Christ et la résurrection.
Quand Alma l’Ancien reçut sa révélation de la façon d’agir avec ceux qui
ne suivaient pas les enseignements de l’Église (Mosiah 26:14–32), le
Seigneur réitéra la véracité de ce qu’il avait enseigné et par conséquent
la validité de l’Église qu’il avait fondée (Mosiah 26:15–17). Il confirma
à Alma l’Ancien que le baptême était requis de tous ceux qui voudraient
rejoindre l’Église (Mosiah 26:21, 22) et qu’il prendrait sur lui les
péchés du monde (Mosiah 26:23) et qu’il les rachèterait et ressusciterait
pour vivre « éternellement à [sa] droite » (Mosiah 26:24). Quand Alma le
Jeune et les fils de Mosiah II rencontrèrent en route l’ange du Seigneur,
il leur fut essentiellement enseigné que l’Église fondée par Alma l’Ancien
était l’Église du Seigneur et, par voie de conséquence, que son
enseignement, auquel ils s’étaient opposés, était véridique et correct.
C’est ainsi qu’ils surent que le Christ descendrait parmi les hommes,
qu’il rachèterait les fidèles et les ressusciterait dans une première
résurrection glorieuse au moment où lui, le Christ, ressusciterait.
Alma le Jeune et les fils de Mosiah II s’efforcèrent alors de
récupérer tous les membres de l’Église qui avaient été perdus à cause de
l’enseignement différent qu’ils leur avaient donné, mais ils n’y
réussirent pas tout à fait (Mosiah 27:32, 35–36). Il semble donc qu’après
qu’Alma l’Ancien eut reçu du roi Mosiah II l’autorité d’établir l’Église
du Christ parmi le peuple de Zarahemla, il y eut au moins deux sortes de
religion parmi eux. L’Église dirigée par Alma l’Ancien, une Église ou
sorte de culte suivie par ceux qui gardaient la Loi de Moïse, mais qui ne
croyaient pas à la venue du Christ ni à la résurrection d'entre les morts
et peut-être quelques autres qui pratiquaient une religion plus ancienne,
peut-être mulékite qui existait avant que le peuple de Zarahemla et le
peuple de Néphi ne soient regroupés sous Mosiah Ier [39].
Étant
donné que cet article porte sur la nature et le développement de la
doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon, je n’examinerai pas
davantage la nature de la religion néphite/mulékite avant et après qu’Alma
l’Ancien fonde une Église parmi eux. Pour ce qui nous intéresse ici, il
suffit d’observer que la doctrine de la résurrection enseignée par Alma
l’Ancien était considérée comme non orthodoxe par certains à Zarahemla.
Mais c’était aussi le cas de l’enseignement du roi Benjamin concernant la
venue d’un Messie homme de douleur qui serait appelé Jésus-Christ. Le roi
Benjamin a-t-il aussi enseigné à son peuple la résurrection d'entre les
morts de sorte que l’Église de Dieu de Zarahemla combinait parfaitement
les enseignements presque identiques de ces deux grands prophètes du Livre
de Mormon ou Abinadi était-il l’unique source de la doctrine de la
résurrection qui fut développés plus tard par Alma le Jeune et Samuel le
Lamanite ?
L’enseignement du roi Benjamin omet la doctrine
de la résurrection
Les seules allusions explicites à la
doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon avant qu’Abinadi ne
remplisse sa mission sont liées à la vie et au ministère de Jacob, frère
cadet de Néphi. Néphi rapporte les dernières instructions et bénédictions
patriarcales de Léhi, soit :
- L’enseignement que le Messie
rendrait possible la rédemption de l’homme en s’offrant en sacrifice pour
le péché, pour tous ceux qui ont le cœur brisé et l’esprit contrit (2
Néphi 2:6, 7). - La bonne nouvelle, dans ce contexte, que le Messie
reprendrait sa vie par la puissance de l’Esprit comme prémices de la
résurrection (2 Néphi 2:8, 9 ; Jacob 4:11).
Et puis, dans son
ministère postérieur, Jacob développe ce qu’il avait appris lorsqu’il
enseigne en outre que : - La mort et la résurrection constituent des
éléments connexes du « plan miséricordieux du grand Créateur » (2 Néphi
9:6). - Le grand Créateur ferait une expiation infinie pour permettre à
toute chair de sortir de la tombe (2 Néphi 9:5, 7–11). - La
résurrection a permis que les corps et les esprits captifs soient rendus
l’un à l’autre respectivement de la mort et de l’enfer sous une forme
incorruptible (2 Néphi 9:12, 13). - Cette résurrection des individus
leur rendrait une connaissance parfaite de leur existence et de leurs
choix terrestres en vue du jour du jugement (2 Néphi 9:13–15, 22 ; Jacob
6:9, 10).
Mais après ces enseignements de Jacob, il n’y a plus
aucune mention de la doctrine de la résurrection qu’il a enseignée jusqu'à
ce qu’Abinadi la ressorte. Maintenant c’est peut-être partiellement dû au
fait qu’il n’y a quasiment rien dans les annales entre Jacob et le roi
Benjamin (soit entre 550 et 130 av. J.-C.). Mais il peut être significatif
que, dans son discours d’adieu, Benjamin n’enseigne pas la doctrine de la
résurrection malgré son exposé détaillé de la doctrine de l’expiation,
quand il proclame son fils Mosiah II nouveau roi vers 124 av. J.-C. Bien
qu’il soit possible, comme le proposent le rabbin Marmorstein et Robert
Matthews, cités ci-dessus, que Benjamin ait simplement tenu pour acquis le
fait que son peuple comprenait qu’il y aurait une résurrection au moins
des justes ou que leur résurrection était implicite, malgré tout
l’omission de Benjamin est surprenante vu la façon tellement détaillée
avec laquelle il explique l’expiation. En effet, il semble peu probable
que Benjamin aurait exclu la doctrine de la résurrection de son long
discours d’adieu s’il connaissait et comprenait cette doctrine. Il
convient donc de détailler avec précision ce que le roi Benjamin a
enseigné sur l’expiation.
Benjamin dit au peuple qu’il l’avait
servi « marchant la conscience nette devant Dieu... afin [d’être] trouvé
innocent... lorsqu[‘il sera] jugé par Dieu » (Mosiah 2:27). Il utilise le
langage de l’expiation pour expliquer son désir d’avoir la conscience
tranquille. Il avait vécu une vie de droiture et avait convoqué son peuple
à écouter son discours d’adieu pour « que [son] sang ne retombe pas sur
[lui] » (Mosiah 2:27). Il parle de son désir de « débarrasser [ses]
vêtements de [leur] sang, au moment où [il est] sur le point de descendre
dans [sa] tombe, afin [qu’il] descende en paix, et que [son] esprit
immortel se joigne aux chœurs là-haut pour chanter les louanges d’un Dieu
juste » (Mosiah 2:28).
Il n’y a aucune mention d’un espoir d’une
résurrection glorieuse dans un corps incorruptible. Il parle seulement de
mourir la conscience tranquille et le désir que son esprit se joigne aux
chœurs d’en-haut. Si le roi Benjamin tenait pour évident que son peuple
était au courant de la doctrine de la résurrection, il est surprenant
qu’il ne l’ait pas mentionnée, car la doctrine de la résurrection est un
si puissant générateur d’espoir et de foi chez les auditeurs à n’importe
quelle époque.
Il semble qu’au moment de ce discours d’adieu
Benjamin avait en sa possession les petites plaques de Néphi contenant les
enseignements de Jacob puisque Amaléki nous dit qu’il les a passées à
Benjamin alors qu’il était toujours roi (Omni 1:25). Il est également
probable que Benjamin n’a pas conservé la possession des objets sacrés
après avoir transféré les clés de son poste à son fils Mosiah II, qui a
été par la suite reconnu comme voyant à la place de son père (Mosiah
8:12–18). Il semble que la pratique de transmettre les plaques et les
interprètes ait été suivie lorsqu’Alma le Jeune a passé ses clés à son
fils Hélaman 1er (Alma 37:1–12). Si Benjamin avait reçu les petites
plaques de Néphi au moment de son discours d’adieu et en connaissait bien
le contenu, il est surprenant qu’il ait eu besoin d’une révélation
distincte pour apprendre d’un ange que le nom du Messie à venir serait
Jésus-Christ (Mosiah 3:2–8), puisque cela figurait déjà dans les petites
plaques de Néphi. (2 Néphi 10:3).
Néphi et Jacob [et plus tard,
Abinadi (Mosiah 15:21)] savaient tous deux que le Messie serait appelé
Christ, car Jacob avait connu ce nom par révélation au cours du premier
siècle de l’arrivée de Léhi dans la terre promise (2 Néphi 10:3), et ses
successeurs immédiats et lui utilisèrent fréquemment ce nom [40]. Bien que
le roi Benjamin ait enseigné à ses fils « la langue de ses pères » (Mosiah
1:2) afin qu’ils « eussent connaissance des prophéties... dites par la
bouche de leurs pères » (Mosiah 1:2) et « concernant les annales qui
étaient gravées sur les plaques d’airain » (Mosiah 1:3), il ne semble pas
qu’il leur ait enseigné la langue dans laquelle les plaques d’airain ont
été écrites (Mosiah 1:3, 4). Et quand il a témoigné de la véracité des «
plaques de Néphi » (Mosiah 1:6) en exhortant ses fils à « les sonder
diligemment » (Mosiah 1:7), il est probable qu’il faisait allusion aux
grandes plaques de Néphi, qui avaient été conservées dans la lignée royale
conformément aux directives originales de Néphi (1 Néphi 9:4 ; 2 Néphi
5:31–33), plutôt qu’aux petites plaques, qui lui avaient récemment été
données par Amaléki, et qui avaient été transmises par Jacob, frère cadet
de Néphi, lequel n’avait jamais accédé à la royauté [41].
Il y a
diverses raisons pour lesquelles le roi Benjamin peut ne pas avoir lu les
petites plaques de Néphi : tout d’abord parce qu’elles couvraient la même
période que les grandes plaques de Néphi jusqu’à cette époque (1 Néphi 6
et 9) et étaient moins détaillées (1 Néphi 6 et 9) ; deuxièmement, elles
avaient peut-être été écrites dans une langue sacerdotale que ne
connaissaient pas ceux qui n’avaient pas fait des études pour les
comprendre [42] ou qui n’avaient pas accès à l’urim et au thummim [43] ;
et enfin, il est possible que les petites plaques contenaient des
connaissances sacerdotales sacrées qui avaient été volontairement refusées
à la généralité du peuple, en attendant la révélation par un prophète
préordonné postérieur un jour où la foi serait plus grande [44]. Si le
roi Benjamin n’est devenu capable et autorisé à lire et à comprendre les
petites plaques que lorsque Amaléki les lui a remises à la fin de sa vie,
il est possible qu’il n’ait pas eu le temps de les lire avant de faire son
sermon. Si c’est exact, il n’est pas surprenant qu’il ait eu besoin d’une
révélation distincte de la part d’un ange pour l’autoriser à révéler le
nom mortel du Messie à son peuple, peut-être de manière à ne pas
enfreindre un commandement de secret sacerdotal protégeant le contenu des
annales sacerdotales qu’Amaléki lui avait données.
Il existe de
très bons exemples de cette possibilité, aussi bien dans le Livre de
Mormon qui nous est parvenu [45] qu’ailleurs dans les Écritures que les
saints des derniers jours tiennent pour canoniques [46]. L’idée que roi
Benjamin a pu ne pas avoir lu les petites plaques de Néphi est difficile à
accepter de la part des saints des derniers jours étant donné que ces
annales étaient tellement importantes pour Néphi (1 Néphi 6 et 9) et sont
devenues tout aussi importantes pour nous à cause de la perte des cent
seize premières pages du manuscrit du Livre de Mormon. Mais la possibilité
que ces annales n’étaient pas accessibles à la généralité du peuple
néphite et que le roi Benjamin ne savait pas par les Saintes Écritures que
le Messie serait appelé Jésus-Christ sur la terre et peut ne pas avoir su
que l’expiation du Messie réaliserait la résurrection des morts suggère la
possibilité que Benjamin n’avait pas lu les petites plaques quand il a
fait son sermon au temple. Il est également probable que Mormon n’avait
pas lu les petites plaques de Néphi avant d’être lancé dans son abrégé des
grandes plaques de Néphi pour les annales que nous connaissons sous le nom
de Livre de Mormon (Paroles de Mormon 1:3–7).
Si Benjamin avait
déjà lu les petites plaques de Néphi et connaissait le nom du Christ,
peut-être que ce qui s’est passé la veille du jour où il a prononcé son
sermon au temple est qu’il a reçu de l’ange l’autorisation de révéler la
connaissance du nom du Messie à son peuple approximativement au moment
même où Abinadi révélait aux prêtres du roi Noé sa connaissance que le
Messie, homme de douleur, serait appelé le Christ et la doctrine de la
résurrection. Ce timing pourrait s’accorder avec les objectifs du Seigneur
puisque le moment de la venue au monde et de la résurrection du Messie
approchait rapidement.
À l’aide du texte du sermon du roi Benjamin
au temple, je vais maintenant relever les passages qui me font penser que
le roi Benjamin n’avait peut-être pas compris la nature ni la doctrine de
la résurrection, quand il a fait son sermon au temple. On pourrait se
demander comment il aurait pu croire à l’expiation sans la résurrection.
Cela devrait être une question relativement simple pour un saint moderne,
car il y a beaucoup de chrétiens modernes qui ne croient pas que le Christ
ait un corps même s’ils croient qu’il est ressuscité et il y a beaucoup de
chrétiens et de Juifs qui croient en une résurrection corporelle, mais qui
ne croient pas qu’elle est universelle. Il est également clair, d’après le
texte du Livre de Mormon, qu’il y avait beaucoup de Néphites qui ne
croyaient pas qu’il y aurait une résurrection corporelle ou qu’il y aurait
un Christ, même s’ils croyaient toujours en la Loi de Moïse [47].
Même s’il a enseigné à son peuple ce que l’ange lui avait enseigné sur la
venue du Messie y compris le nom qui lui serait donné dans la chair,
Benjamin n’a pas directement enseigné la résurrection. Il a enseigné :
- Dans un temps pas très éloigné, le Seigneur Omnipotent descendra du
ciel parmi les enfants des hommes et, dans un tabernacle d’argile,
accomplira de grands miracles (Mosiah 3:5). - Il sera tenté et éprouvé
encore plus que les autres hommes au point que du sang sortira de tous les
pores de son corps (Mosiah 3:7). - Il s’appellera Jésus-Christ, le Fils
de Dieu, le Père du ciel et la terre, et sa mère s’appellera Marie (Mosiah
3:8). - Il sera flagellé et crucifié et se lèvera le troisième jour et
jugera par la suite le monde (Mosiah 3:9, 10).
Le mot résurrection
n’est pas utilisé dans le cadre du retour à la vie du Christ pas plus que
la suggestion que quelqu’un d’autre se relèverait ou ressusciterait. Tout
ce que dit Benjamin est axé sur la nécessité pour son peuple d’être
purifié par une expiation. L’ange qui instruisit le roi Benjamin révéla de
nouveau que toutes leurs ordonnances mosaïques étaient symboliques et
préfiguraient le Christ qui allait expier leurs péchés. Il n’y a aucune
utilisation du mot racheter ou rédemption dans le discours du roi
Benjamin. C’est quand il dit que le Christ se lèvera le troisième jour
après sa crucifixion que Benjamin se rapproche le plus de l’enseignement
d’une telle doctrine, encore qu’une telle relève ne signifie pas qu’il
s’agit là d’une résurrection corporelle.
Quatrième Partie —
Abinadi et la doctrine de la résurrection
Alors où Abinadi
a-t-il appris la doctrine de la résurrection ? A-t-il lu les petites
plaques de Néphi qui contenaient les enseignements de Jacob ?
Appartenait-il peut-être à une classe sacerdotale qui avait accès à des
connaissances sacrées protégées, ou avait-il reçu une révélation
distincte, comme le roi Benjamin, en vue de la naissance proche du Sauveur
dans la chair ?
À l’époque où Abinadi déclara le repentir parmi le
peuple du roi Noé, les petites plaques de Néphi étaient encore sous la
garde soit d’Amaléki ou de son père Abinadom. Mais il est possible
qu’Abinadi ait été membre de la troupe de Zénif qui était montée récupérer
les terres de son héritage (Omni 1:27–30 ; Mosiah 7, 9 et 10) — en effet,
Amaléki dit qu’il avait un frère qui était allé avec cette troupe et qui
n’était pas revenu, voulant peut-être dire qu’il s’attendait à ce que ce
frère disparu revienne et devienne le dépositaire des annales (Omni 1:30)
[48]. Si Abinadi ne connaissait pas le contenu des petites plaques de
Néphi avant que la troupe de Zénif parte pour le pays de Léhi-Néphi, sa
connaissance de la doctrine contenue dans les petites plaques pourrait
aussi s’expliquer par une interaction populaire, peut-être sacerdotale,
entre le peuple du roi Noé dans le pays de Néphi et le peuple du roi
Mosiah 1er et du roi Benjamin dans le pays de Zarahemla. Toutefois, un tel
contact semble peu probable car il n’y a aucune allusion à une telle
interaction dans les annales de la colonie de Zénif et aucun des divers
groupes néphites dans le pays de Léhi-Néphi ne semble avoir été capable de
retrouver sans aide son chemin vers le pays de Zarahemla [49]. Ce qui
semble le plus probable, c’est qu’Abinadi appartenait à une famille qui
avait préservé d’une façon ou d’une autre la connaissance de
l’enseignement de Jacob [50], ou qu’il avait reçu une révélation distincte
et plus détaillée de la doctrine de l’expiation, de la rédemption et de la
résurrection que ce qui avait été accordé même au roi Benjamin par l’ange
qui lui apparut la veille de son sermon au temple [51].
Quelle que
soit la façon dont Abinadi connaissait la doctrine, elle était
controversée, convaincante et productrice de conversion dans un cas au
moins quand il l’a enseignée. À peine échappé au roi Noé, Alma l’Ancien
commença à enseigner les paroles d’Abinadi (Mosiah 18:1). Ce qu’Alma
l’Ancien enseigna provenant d’Abinadi fut « Oui, concernant ce qui allait
venir, et aussi concernant la résurrection des morts, et la rédemption du
peuple, qui devait être réalisée par le pouvoir, et les souffrances, et la
mort du Christ, et sa résurrection et son ascension au ciel » (Mosiah
18:2).
Il ressort de ce sommaire de l’enseignement d’Alma l’Ancien
que la partie de celui d’Abinadi qui retint le plus son attention fut
celle sur la rédemption et la résurrection. Si le peuple du roi Benjamin
n’en savait pas plus que de respecter la Loi de Moïse afin de garder la
conscience claire, dans ce cas c’était probablement aussi jusqu’où pouvait
aller l’enseignement doctrinal le plus détaillé que les prêtres du roi Noé
pouvaient donner. Pas étonnant que des gens ayant moins que la moitié
d’une connaissance du plan du salut aient besoin d’un prophète pour les
appeler à se repentir. L’espoir d’une résurrection est la partie la
meilleure et la plus inspirante du plan. Quelles idées supplémentaires
Abinadi a-t-il apportées à la doctrine de la résurrection qui n’existent
pas dans l’enseignement plus général de Jacob, et comment la doctrine de
la résurrection a-t-elle été enseignée parmi les Néphites et les Lamanites
une fois qu’Abinadi l’a mise à jour ? La doctrine de la résurrection
découle après Abinadi d’Alma l’Ancien à Alma le Jeune, à Hélaman 1er et
Corianton à Hélaman II, à son fils, Néphi II, à Samuel le Lamanite, puis à
Néphi III à temps pour la toute première résurrection.
Abinadi fournit plus de détails que Jacob sur la doctrine de la
résurrection
Abinadi fournit, sur la doctrine de la
résurrection, cinq précisions qui n’apparaissaient pas précédemment dans
les écrits de Néphi et de Jacob qui sont parvenus jusqu'à nous dans le
Livre de Mormon :
1. Le concept d’une première résurrection. 2.
L’idée que les justes ressusciteront avant les méchants. 3. L’idée que
les justes jusqu’au temps du Christ ressusciteront presque simultanément
avec lui. 4. L’idée que ceux qui sont morts dans l’ignorance de
l’Évangile auront part à la première résurrection. 5. L’idée que les
petits enfants ressusciteront automatiquement.
Quand le président
Joseph F. Smith a reçu sa révélation sur la rédemption des morts, cela lui
est venu en réponse à ses questions concernant le sens des passages
parlant du monde des esprits dans le Nouveau Testament (D & A 138:1–10).
Par exemple, il se demandait comment le Christ avait pu instruire tous les
esprits désincarnés dans le paradis au cours des trois jours qu’il avait
passés là-bas, ce qui était la compréhension qu’il avait de ce que Pierre
avait enseigné dans sa première épître (D & A 138:28). La révélation que
le président Smith a reçue lui apprend que les trois jours de ministère du
Christ parmi les esprits désincarnés, il les passa à y enseigner aux
prophètes dirigeants comment le travail devait être fait maintenant que
les portes de la prison avaient été ouvertes (D & A 138:29–36).
Quand Abinadi enseigna la doctrine de la résurrection, il était focalisé
sur sa genèse car il n’y avait pas encore eu de résurrection. En substance
ce qu’il enseigna au le peuple était : si vous voulez ressusciter les
premiers avec le Christ, vous devez être comptés parmi les justes, car les
méchants n’auront pas cette chance. Et puis il énumère ceux qui comptent
comme étant justes :
- Les prophètes (Mosiah 15:22). - Tous ceux
qui ont cru en leurs paroles ou tous ceux qui ont gardé les commandements
(Mosiah 15:22). - Les petits enfants (Mosiah 15:25).
Mais
Abinadi généralisait et cette généralité fut à l’origine des questions
d’Alma le Jeune, et les questions de saints hommes à l’esprit curieux
conduisirent à des révélations nouvelles et additionnelles (Alma 5:46-48 ;
40:3). Quelles questions découlent de l’enseignement d’Abinadi concernant
ceux qui auraient part à la première résurrection ?
L’usage que
fait Abinadi du mot ou, dans sa liste de ceux qui ont part à la première
résurrection, entre ceux qui croient les prophètes et ceux qui ont gardé
les commandements, soulève une question. Cela veut dire que quoique
sachant qu’il y aura une résurrection de ceux qui sont morts dans
l’ignorance, il ne sait pas comment ils se seront qualifiés pour la
résurrection s’ils ne connaissent pas l’Évangile de manière à le vivre. Il
est certain que la participation à la première résurrection n’était pas le
simple produit de l’ignorance de l’Évangile et des principes de la
justice. Si ceux qui étaient généralement méchants et rebelles étaient
exclus de la résurrection à l’époque du Christ, il est certain que ceux
qui étaient ignorants et méchants ne ressusciteraient pas.
C’est la
même question qui s’est posée à Joseph Smith et à laquelle répond la
révélation maintenant rapportée dans D & A 137. Mais des questions au
sujet de la résurrection des petits enfants ressortent également du résumé
d’Abinadi. Il est clair que les enfants sont innocents et ont droit à la
vie éternelle et seront ressuscités parmi les justes, mais quand ? Abinadi
semble utiliser indifféremment les expressions première résurrection et
vie éternelle mais il s’abstient d’utiliser ces deux expressions ensemble
quand il s’agit de petits enfants. Nous pouvons supposer maintenant que
c’est parce que les petits enfants devront sans doute attendre d’être
ressuscités jusqu'à ce que leurs parents puissent les élever dans la
justice comme cela leur a été promis, entre autres, par Joseph Smith [52].
Ce qui nous intéresse le plus dans l’enseignement d’Abinadi et qui
devait certainement être le plus intéressant pour Alma le Jeune, c’était
la question du timing qui découle de l’idée de première résurrection
mentionnée par Abinadi. À notre époque, nos patriarches nous bénissent
tous, disant que si nous sommes justes, nous prendrons part à la première
résurrection. Dans notre contexte, la première résurrection signifie la
résurrection des justes qui se produit avant celle des injustes. Mais pour
Abinadi, l’accent était mis sur la résurrection qui allait se produire au
moment de celle du Christ. Il voulait que ses auditeurs aient l’envie de
vouloir faire partie de cette résurrection et donc il leur dit comment se
qualifier. Mais son caractère général laissait des questions sans réponse
lorsqu’Alma le Jeune réfléchit au compte rendu fait par son père des
paroles d’Abinadi.
Cinquième Partie — La doctrine de la
résurrection dans le Livre de Mormon après Abinadi – Alma le Jeune
Nous découvrons les questions supplémentaires d’Alma le Jeune
sur la résurrection dans son compte rendu de sa discussion disciplinaire
avec son fils Corianton suite à une transgression morale de ce dernier au
cours de son service missionnaire (Alma 39–42). Corianton avait cherché à
justifier sa transgression à son père en exprimant des doutes sur ce qu’il
enseignait en ce qui concerne la résurrection [53]. Ces mêmes questions
s’étaient posées à son père, lequel en avait précédemment fait le sujet
d’une recherche diligente (Alma 5:46–48 ; 40:3). Voici les nouvelles idées
d’Alma le Jeune à propos de la doctrine de la résurrection :
-
Personne ne ressuscite avant la venue du Christ (Alma 40:2). - Il y a
un moment bien précis qui est prévu où tout le monde ressuscitera, mais il
n’y a que Dieu qui sait quand ce sera (Alma 40:4, 9). - Il y aura
probablement des résurrections multiples puisqu’il y aura des justes qui
vivront et mourront après la mort et la résurrection du Christ (Alma 40:5,
8). - Alma le Jeune croyait que les justes qui avaient vécu jusqu’au
Christ ressusciteraient avec lui (Alma 40:20) [54].
Alma le Jeune
parle aussi à Corianton de ce que signifie l’expression première
résurrection, qui donne lieu à certaines des ambiguïtés que j’ai
mentionnées plus haut [55]. Il concède la possibilité d’un troisième sens
à cette expression, à savoir la restauration des âmes désincarnées des
justes à un état de bonheur entre la mort et la résurrection (Alma 40:15).
Et tandis qu’il peut comprendre pourquoi certains de ses contemporains
auraient pu penser que c’est là le sens de l’expression, il dit que ce
qu’Abinadi entend par là est « la réunion de l'âme avec le corps, de ceux
qui ont été depuis le temps d'Adam jusqu'à la résurrection du Christ »
(Alma 40:18), ce qui n’est pas l’usage normal de l’expression chez les
saints des derniers jours.
Alma le Jeune avait également enseigné à
d’autres la doctrine de la résurrection avant d’en parler avec Corianton.
Il y voyait et l’utilisait comme un outil missionnaire puissant
susceptible d’encourager tous ses auditeurs à se repentir. Il est évident
qu’il l’avait enseigné à Amulek, son compagnon missionnaire, avant leur
prédication à la ville d’Ammonihah, parce qu’Amulek en fait l’exposé
détaillé en réponse aux efforts de Zeezrom pour le confondre :
« Et
il viendra au monde pour racheter son peuple; et il prendra sur lui les
transgressions de ceux qui croient en son nom; et ce sont ceux-là qui
auront la vie éternelle, et le salut ne vient à personne d'autre. C'est
pourquoi les méchants restent comme si aucune rédemption n'avait été
faite, si ce n'est que les liens de la mort seront détachés; car voici, le
jour vient où tous ressusciteront des morts, et se tiendront devant Dieu,
et seront jugés selon leurs œuvres. Or, il y a une mort qui est appelée
mort temporelle; et la mort du Christ détachera les liens de cette mort
temporelle, de sorte que tous ressusciteront de cette mort temporelle.
L'esprit et le corps seront de nouveau réunis sous leur forme parfaite;
membres et jointures seront rendus à leur forme propre, comme nous sommes
maintenant, en ce moment; et nous serons amenés à nous tenir devant Dieu,
connaissant comme nous connaissons maintenant, et ayant le souvenir vif de
toute notre culpabilité. Or, ce rétablissement se fera pour tous, jeunes
et vieux, esclaves et libres, hommes et femmes, méchants et justes; et pas
même un seul cheveu de leur tête qui sera perdu; mais chaque chose sera
rendue à sa forme parfaite, comme elle est maintenant, ou dans le corps,
et ils seront amenés et traduits devant la barre du Christ, le Fils, et de
Dieu le Père, et de l'Esprit-Saint, qui sont un seul Dieu éternel, pour
être jugés selon leurs œuvres, qu'elles soient bonnes ou qu'elles soient
mauvaises. Or, voici, je vous ai parlé de la mort du corps mortel, et
aussi de la résurrection du corps mortel. Je vous dis que ce corps mortel
est ressuscité à un corps immortel, c'est-à-dire de la mort, à savoir, de
la première mort, à la vie, de sorte qu'ils ne peuvent plus mourir; leur
esprit s'unissant à leur corps, pour ne jamais être séparés; le tout
devenant ainsi spirituel et immortel, de sorte qu'ils ne peuvent plus voir
la corruption. » (Alma 11:40–45).
C’est l’explication la plus
claire de la nature physique de la résurrection que l’on puisse trouver
dans les Écritures. Elle va, dans ses détails, bien au-delà de celle
fournie par Abinadi et donne à penser que soit Alma le Jeune, soit Amulek,
soit les deux, avaient reçu des réponses plus détaillées aux questions qui
leur venaient à l’esprit tandis qu’ils se préparaient pour leur œuvre
missionnaire parmi les Ammonihahites.
Samuel le Lamanite
La personne suivante à avoir reçu une révélation à propos de
la doctrine de la résurrection est Samuel le Lamanite. Alma le Jeune avait
certainement prévu la doctrine enseignée plus tard par Samuel quand il
exprima à son fils Corianton son opinion que les âmes et les corps des
justes seraient réunis au moment de la résurrection du Christ (Alma
40:20), mais Samuel parla avec l’autorité de quelqu’un qui était ordonné
pour transmettre un message précis. Détaillant aux Néphites méchants, six
ans à peine avant la naissance de Jésus-Christ, les signes qui
attesteraient de sa naissance et ceux qui attesteraient de sa mort, il
inclut parmi ces derniers la déclaration que « beaucoup de tombes
s'ouvriront et rendront beaucoup de leurs morts; et beaucoup de saints
apparaîtront à beaucoup » (Hélaman 14:25).
Ce passage est un peu
maladroit, car il semble suggérer que les tombes seraient ouvertes et que
les morts ressuscités apparaîtraient avant la fin des trois jours de
ténèbres, ce qui aurait été avant que Jésus-Christ ne ressuscite [56].
Mais le passage est très important, parce que la mention de son
accomplissement fut omise dans la version canonisée des écritures néphites
dont Néphi III était le gardien au moment où le Christ vint et accomplit
personnellement son ministère parmi les Néphites. C’est d’autant plus
mémorable pour deux raisons. Tout d’abord, que le Christ commanda que cela
soit inclus dans les annales scripturaires dont Néphi III était le gardien
(3 Néphi 23:9–13) pour veiller à ce qu’un rapport de l’accomplissement de
cette prophétie soit conservé [57] et deuxièmement, parce que notre
traduction de ce rapport ne contient toujours pas la correction, de sorte
que nous ne sommes au courant que parce que Néphi III écrivit fidèlement
tout ce qu’il était autorisé à écrire sur le ministère personnel du
Sauveur, même quand ses annales révélaient ses erreurs [58].
Mentions de la résurrection après Samuel
Les
mentions restantes de la doctrine de la résurrection dans le Livre de
Mormon n’ajoutent pas à notre compréhension. Car si le Christ a tout
expliqué depuis le début, y compris la résurrection dans 3 Néphi 26,
Mormon ne nous en a donné qu’un abrégé [59] qui réitère que « Tous les
peuples... se tiendront devant Dieu, pour être jugés selon leurs œuvres...
si elles sont bonnes, pour la résurrection de la vie éternelle ; et si
elles sont mauvaises, pour la résurrection de la damnation... selon la
miséricorde, et la justice, et la sainteté qui sont dans le Christ, qui
était avant que le monde commence » (3 Néphi 26:4–5).
Mormon en
savait plus que ce qu’il a écrit, car il avait devant lui le récit
intégral du ministère et de l’enseignement du Christ, mais il lui était
commandé de ne pas en ajouter davantage (3 Néphi 26:8–11), bien qu’il
mentionne la doctrine au passage dans une de ses lettres pastorales à son
fils Moroni (Moroni 7:41). Moroni en ajouta également un peu lorsqu’il dit
que la résurrection universelle serait annoncée par une trompette (Mormon
9:13 ; D & A 88:94–102) et qu’il espérait être « amené triomphant dans les
airs » (Moroni 10:34).
Cohérence interne du Livre de Mormon
Il y a un certain nombre de sujets qui découlent de cette
étude qui tendent à prouver l’authenticité du Livre de Mormon, à savoir
que : • La doctrine se développe constamment. • Si Joseph Smith et
Oliver Cowdery avaient perçu que le roi Benjamin n’enseignait pas la
doctrine de la résurrection après que Léhi et Jacob l’avaient déjà fait,
ils auraient probablement essayé de corriger son sermon ou d’expliquer
cette omission. • Alma l’Ancien était impressionné par l’enseignement
de la doctrine de la résurrection par Abinadi. Il n’aurait pas été
tellement impressionné s’il avait connu l’enseignement de Jacob sur le
même sujet. • La doctrine a impressionné Alma le Jeune exactement aux
endroits où Abinadi avait ajouté à l’enseignement de Jacob. • Il est
difficile d’imaginer que Joseph Smith et Oliver Cowdery aient pu inventer
une sous-intrigue doctrinale aussi subtile si le Livre de Mormon était
leur création.
Conclusion
Le développement
de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon est une histoire
d’une grande subtilité. Bien que paraissant bien établie et élémentaire
dans l’enseignement de Jacob au cours du premier siècle après l’arrivée de
la colonie léhite dans la terre promise, elle était hérétique et peut-être
même séditieuse lorsqu’Abinadi la rétablit dans son enseignement au pays
de Léhi-Néphi et particulièrement à la cour du roi Noé et de ses prêtres.
Mais elle fut également une source d’inspiration et de motivation. Elle
faisait partie de la raison pour laquelle Alma l’Ancien quitta la cour du
roi Noé et fonda la première Église du Christ parmi les Néphites. À partir
du ministère d’Abinadi, cette doctrine, associée à la doctrine du Messie,
homme de douleur, constitua le noyau de l’enseignement orthodoxe néphite.
Le désir d’en savoir plus sur la doctrine de la résurrection amena Alma le
Jeune à une réflexion approfondie et à la nouvelle révélation qui suivit,
qui lui permit de fonder l’Église à Zarahemla et dans les pays
environnants. Elle donna au peuple de l’Église, que son père et lui mirent
en place, une plus forte raison de mener une vie juste. Alma le Jeune
utilisa également la doctrine de la résurrection pour renforcer son
enseignement à Corianton, son fils égaré, de la nécessité de se repentir.
S’il est vrai qu’il apparaît que les Néphites en savaient moins sur la
doctrine de la résurrection que les saints des derniers jours, même après
les révélations reçues par Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite,
ces dirigeants inspirés utilisèrent leurs nouvelles connaissances
doctrinales pour motiver ceux dont ils avaient la charge vers une vie
meilleure et juste. L’écart entre ce que les Néphites connaissaient de la
résurrection et ce que les saints des derniers jours savent maintenant
donne à penser que nous ne vivons pas à la hauteur de nos bénédictions.
Ces différences de compréhension attestent aussi de l’authenticité du
processus de traduction du Livre de Mormon. Si Joseph Smith et Oliver
Cowdery n’avaient pas appris eux-mêmes ces points de doctrine à mesure
qu’ils avançaient, il leur aurait été très difficile d’éviter de corriger
les lacunes dans la compréhension qui apparaissent dans l’histoire, en
particulier dans le sermon du jour des Expiations du roi Benjamin.
Ces aperçus du développement doctrinal dans le Livre de Mormon suggèrent
également que ce livre a à peine commencé à faire son travail pour
convaincre Juifs et Gentil que Jésus est le Christ.
Notes
[1] Thompson, A. Keith, “Who was Sherem?” Interpreter: A
Journal of Mormon Scripture, 14, 2015, p. 1–15. [2] “How long did it
take Joseph Smith to translate the Book of Mormon”, Ensign, janvier 1988,
p. 47. [3] Arthur Marmorstein, “The Doctrine of the Resurrection of the
Dead in Rabbinic Theology”, dans Studies in Jewish Theology, J.
Rabbinowitz et M.S. Lew dir. de publ., Oxford University Press, Londres,
1950, p. 577. [4] Notez cependant qu’Ésaïe et Ézéchiel postdatent tous
deux l’arrivée des Israélites en terre juive [5] Marmorstein, The
Doctrine of the Resurrection of the Dead, p. 578. [6] Id. [7] Id.
[8] Id. [9] Voir
http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html, citant le
commentaire d’Adam Clarke sur Matthieu 16:1. Voir aussi
http://www.livius.org/saa-san/sadducees/sadducees.html où les savants
commentateurs ajoutent que l’école d’Antigone se divisa en deux, les
sadducéens qui suivaient Tsadok et les boethusiens qui suivirent Boethus
comme Marmorstein citant Avot de Rabbi Nathan. Le Rabbi Nathan dit aussi
que les deux groupes se sont retirés de l’étude de la Torah orale parce
qu’il était déraisonnable de la part de leurs ancêtres d’avoir cru que la
récompense pour les travaux de la journée devait être postposée au-delà du
soir. Cependant, bien qu’ils affirment que « la valeur historique de cette
anecdote est douteuse », la date du schisme (deux générations après
Antigone, vers 140 avant notre ère) correspond parfaitement à l’origine
probable du mouvement sadducéen. Voir aussi
http://bible.org/seriespage/sadducees, où Allen Ross traite aussi de
l’origine des sadducéens mais suggère que les boethusiens sont devenus les
hérodiens et les adeptes de Tsadok dans ce schisme, les sadducéens.
[10] Voir http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html,
citant le commentaire d’Adam Clark sur Matthieu 16:1. [11]Marmorstein,
The Doctrine of the Resurrection of the Dead, p. 581. [12]Voir
http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html. Voir aussi
Deacon Duncan, “Life after Death, as the Sadducees saw it”, 8 novembre
2009,
http://blog.evangelicalrealism.com/2009/11/08/life-after-death-as-the-sadducees-saw-it/.
[13] John Piippo, “Why Did the Sadducees Deny the Idea of the
Resurrection?,” 18 novembre 2010,
http://www.johnpiippo.com/2010/11/why-did-sadducees-deny-idea-of.html..
[14] Voir http://www.livius.org/people/sadducees/. [15] Id. [16]
Deacon Duncan, “Life after Death, as the Sadducees saw it”, citant le
livre de John C. Meyers, Christian Beliefs and Teachings. On y dit aussi
que, selon C.S. Lewis, les sadducéens croyaient au Schéol. [17]
Josèphe, Histoire ancienne des Juifs 13:172–173. Voir aussi
http://bible.org/seriespage/sadducees [18] Josèphe, La guerre des Juifs
2:162–166. [19]. Notez l’essai de l’auteur, qui propose une origine de
la synagogue juive antérieure à ce que pensent généralement les érudits du
judaïsme. Cette origine plus ancienne est en partie justifiée par
l’existence de synagogues parmi les peuples du Livre de Mormon qui
n'aurait pas pu apporter cette institution si elle n’avait commencé qu’à
la captivité babylonienne. (Interpreter: A Journal of Mormon Scripture 3,
2013, p. 55–195). [20] Robert J. Matthews, “The Doctrine of
Resurrection as Taught in the Book of Mormon”, BYU Studies 30:3, 41, 42.
[21] Id., p. 42. [22] Id. [23] Id., p. 45–46. [24] Id., p. 43.
[25] Id., p. 45. [26] Id., p. 46. [27] Id., p. 52. [28] Id.
[29] John Hilton III et Jana Johnson, “Who Uses the Word Resurrection in
the Book of Mormon and How Is It Used?”, BYU Studies 21:2, 30, 32 (2012).
[30] Id. p. 32. [31] Id. [32] Id. p. 33. [33] Jarom dit que de
son temps il y en avait beaucoup parmi les Néphites qui recevaient des
révélations (Jarom 1:4). Mais trois générations plus tard, Abinadom
n’avait « connaissance d’aucune révélation, sauf de ce qui a été écrit »
(Omni 1:11). [34] C’est là l’un des nombreux aspects du ministère et de
l’enseignement d’Abinadi qui symbolisaient le Christ. Voir aussi Jeffrey
R. Holland, Christ and the New Covenant, Salt Lake City, Deseret Book,
1997, p. 171-172). [35] Mosiah 17:2; 26:15. Nous avons des raisons de
croire qu’Alma l’Ancien était la source du texte des grandes plaques de
Néphi d'où Mormon tira son abrégé du récit qui nous est parvenu dans le
Livre de Mormon puisqu’il se présente comme étant la seule personne qui
aurait connu le fait de sa croyance singulière. [36] Voir ci-après dans
la cinquième partie. [37] Notez qu’Abinadi savait aussi que le Messie à
venir serait appelé Christ, bien qu’il ne soit dit nulle part comment il
le savait (Mosiah 15:21). [38] Peut-être à l’époque où Amaléki remit
les petites plaques de Néphi au roi Benjamin comme traité ci-dessous.
[39] D’autres ont écrit sur la fusion des Néphites et des Mulékites (p.
ex., John L. Sorenson, « The Mulekites », BYU Studies, Volume 30:3, été
1990, p. 6, https://ojs.lib.byu.edu/spc/index.php/BYUStudies/article/
viewFile/5873/5523). Le Livre de Mormon passe sous silence les questions
politiques en jeu, se contentant de dire que le leader néphite fut nommé
roi du peuple combiné à cause du niveau culturel de ce dernier (Omni
1:13–19), mais il y a des indications que cette fusion n’était pas
heureuse après deux générations avec les Amlicites qui finirent par
rejeter la direction aristocratique néphite, peut-être parce qu’ils
descendaient de Mulek qui avait le plus grand droit au trône. On a
également observé que la religion amlicite pourrait être un reste de
l’époque mulékite (p. ex., John L. Sorenson, “The Mulekites”, BYU Studies,
tome 30:3, été 1990, p. 6. [40] Notez aussi qu’à ce stade, c’est
toujours Néphi qui est le gardien des annales. Voir aussi les mentions
prophétiques de Jésus-Christ dans les annales appelées petites plaques de
Néphi dans 2 Néphi 25:19–29; 26:1, 8, 12; 27:11; 30:5, 7; 31:2–21; 32:3,6,
9; 33:6–7, 9-12; Jacob 1:4, 6–8; 2:19; 4:4–6, 11-12; 6:8–9; 7:2–3, 6, 9,
11, 14, 17, 19; Énos 1:8, 15, 26–27; Omni 1:26. [41] 2 Néphi 5:18;
Jacob 1:10, 11, 14–15. Dans ces deux chapitres, il y a une conclusion que
les clefs de la prêtrise et l’autorité du roi peuvent avoir été séparées à
la mort de Néphi puisque la plus grande partie de 2 Néphi après le
chapitre 5 a été écrite par Jacob en tant que successeur sacerdotal de
Néphi et la mention dans Jacob 1 suit immédiatement l’explication que le
rôle de Jacob était de servir le peuple au temple et était séparé de la
fonction royale ou de Néphi. Si ces fonctions ont été séparées après la
mort de Néphi, elles se sont peut-être à nouveau réunies lorsque Amaléki a
remis les petites plaques de Néphi au roi Benjamin, ce qui a eu pour
résultat son sermon du jour des expiations au temple, plutôt qu’à Amaléki,
qui n’avait pas de postérité (Omni 1:25) en tant que successeur sacerdotal
de Jacob. Néphi fait également allusion à une séparation entre son rôle
spirituel et son rôle temporel lorsqu’il parle du but spirituel premier
des petites plaques (1 Néphi 9:2, 3). [42] Ci-dessus, n 41. [43]
Mosiah 1er et Mormon disent tous deux à propos de leur langue écrite
qu’elle s’est modifiée avec le temps (Omni 1:17, 18 ; Mormon 9:34). Néphi
semble aussi s’être rendu compte que la langue écrite change avec le temps
(1 Néphi 3:19). Zénif semble avoir été particulièrement fier du fait qu’il
avait été « instruit dans toute la langue des Néphites » (Mosiah 9:1). Il
a donc pu être membre d’une classe sacerdotale, quelqu’un dont les raisons
de vouloir retourner à la ville de Néphi-Léhi étaient de récupérer le
temple que Néphi avait construit et que les Néphites avaient abandonné
lorsqu’ils avaient suivi Mosiah 1er jusqu’au pays mulékite de Zarahemla..
[44] Ci-dessous, n 45 et texte à l’appui. [45] Par exemple, dans Alma
12, quand Zeezrom montre des signes de repentir à Ammonihah et demande à
Alma le Jeune d'où vient cette connaissance de la doctrine de la
résurrection, Alma le Jeune répond en disant que « Il est donné à beaucoup
de connaître les mystères de Dieu; néanmoins, le commandement strict leur
est imposé de n'en rien communiquer si ce n'est selon la partie de sa
parole qu'il accorde aux enfants des hommes » (Alma 12:8–10). On peut
trouver une pratique semblable de rétention d’une connaissance sacrée dans
les instructions d’Alma le Jeune à son fils Hélaman détaillant ce qu’il
pouvait et ne pouvait pas révéler quand il le rend dépositaire des annales
sacrées et lui transfère l’office de grand prêtre du peuple de Néphi (Alma
37:11, 13–15, 21–33). [46] Par exemple, dans Moïse 1:42 et dans
l’utilisation de paraboles par le Sauveur pendant son ministère mortel
(Matthieu 13:33–34). [47] Voir, par exemple, Alma le Jeune et les fils
de Mosiah II dans Mosiah 26:1–2 et Shérem dans Jacob 7. Zeezrom, avant sa
conversion, a probablement aussi cru en la loi de Moïse, mais pas en
l’avènement du Christ ni en la résurrection (Alma 12:8). [48] Il est à
noter qu’il est peu probable qu’Abinadom soit la même personne qu’Abinadi
puisque le peu qu’il a apporté au livre d’Omni ne parle que de son
implication personnelle dans la guerre avec l’ajout curieux que « les
annales de ce peuple sont gravées sur des plaques qui sont détenues par
les rois, selon les générations; et je n'ai connaissance d'aucune
révélation, sauf de ce qui a été écrit, ni d'aucune prophétie » (Omni
1:10, 11). La curiosité est qu’il considère ces plaques comme secondaires
par rapport à celles tenues par les rois. Peut-être y avait-il des buts
sages supplémentaires pour lesquels ces plaques sont devenues distinctes
de celles conservées par les rois — y compris le fait qu’elles sont
devenues un témoin supplémentaire et distinct du nom du Christ et de la
doctrine de la résurrection. Voir également la suggestion de Roger Terry
qu’Abinadi était le frère disparu d’Amaléki (Roger Terry, “Scripture
Notes: Unearthing Abinadi’s Genealogy”, Sunstone Magazine, 11 juin 2013,
https://www.sunstonemagazine.com/scripture-notes-unearthing-abinadis-genealogy/).
[49] Mosiah 8 (en particulier le verset 7) mentionne les efforts
infructueux de roi Limhi pour retrouver le chemin vers le pays de
Zarahemla, trouvant au lieu de cela les annales de la civilisation
disparue des Jarédites (voir aussi Mosiah 21:25, 26, 36). Initialement,
les Amulonites n’avaient aucun intérêt à trouver que ce soit le pays de
Léhi-Néphi ou le pays de Zarahemla. Ils cherchaient plutôt un passage pour
retourner au pays de Léhi-Néphi, quand cette connaissance leur a permis de
faire la paix avec les armées des Lamanites qui les avaient trouvés tandis
qu’ils suivaient en vain le peuple du roi Limhi, qui s’était enfui vers
Zarahemla, guidé par Ammon (Mosiah 23:30–37). Le peuple d’Alma l’Ancien
finit aussi par échapper à sa servitude amulonite/lamanite vers le pays de
Zarahemla, mais il eut besoin pour cela de l’aide divine (Mosiah
24:16–25). [50] Si Abinadi était le frère disparu d’Amaléki et un
autre fils d’Abinadom, qui était devenu gardien héréditaire des annales
sacrées du ministère sacerdotal de Néphi parmi le peuple, alors Abinadi
était probablement lui-même un prêtre et a pu être l’un des prêtres de
Zénif qui furent déposés lorsque le roi Noé lui succéda. S’il en était
ainsi, il devait bien connaître Alma l’Ancien ou même lui être apparenté,
ce qui permettrait de mieux comprendre pourquoi le roi Mosiah II aurait
remis les annales à Alma l’Ancien quand il a séparé l’Église et l’État et
a permis à Alma le Jeune de fonder une église parmi le peuple de
Zarahemla. [51] Alma le Jeune enseignait que beaucoup qui se
qualifiaient par leur dignité et l’étude soigneuse recevaient des
révélations que le Seigneur refusait à l’ensemble du peuple (Alma 12:9–11;
13:8–20; 37:43–46; 40:3, 15, 20–21). [52] Joseph F. Smith, “Status of
Children in the Resurrection,” Improvement Era, mai 1918, p. 571. [53]
Il y a ici une ironie qui n’a certainement pas échappé à Alma le Jeune
puisqu’il a dû se souvenir que sa propre incrédulité vis-à-vis de la
doctrine de la résurrection lui avait servi de prétexte pour pécher avant
sa conversion (Mosiah 26:1–4). [54] On notera que Samuel le Lamanite
reçut manifestement davantage de révélation en réponse à cette question
puisqu’il prophétisa que « beaucoup de tombes s'ouvriront et rendront
beaucoup de leurs morts; et beaucoup de saints apparaîtront à beaucoup »
(Hélaman 14:25) comme signe de la mort du Christ. Bien que le texte des
paroles de Samuel qui nous est parvenu ne parle pas de cela comme d’une
résurrection, le Christ semble l’avoir appelé comme cela parmi les
Néphites (3 Néphi 23:9–13), ce qui est un peu étrange puisque l’on ne
pouvait pas s’attendre à ce qu’ils ressuscitent avant que le Christ
ressuscite d’abord, ce qui eut lieu après que les trois jours de tumulte
se fussent calmés. [55] Notez également que la résurrection du Christ
et de ceux qui ressuscitèrent avec lui est une façon de comprendre
l’expression « première résurrection ». L’autre signification commune
consiste à distinguer la résurrection des justes de celle des injustes,
celle-là étant la première. [56] Il semble plus probable que les morts
furent vus après la dissipation des ténèbres, sinon comment aurait-on pu
les voir? [57] Le Christ était apparemment déçu que cet
accomplissement de la prophétie n’ait pas été enregistré au cours de
l’année qui s’était écoulée entre les signes de sa mort et son apparition
personnelle parmi les Néphites (3 Néphi 8:2 ; 10:18). [58] Il est
difficile, voire impossible, de corriger ce qui a été gravé sur des
plaques de métal. Cela étant, il semble que le simple fait que Néphi note
que cela a été omis répond à la volonté de témoigner requise par le Christ
lorsqu’il exerça son ministère parmi les Néphites. Autrement dit, il
n’était pas possible pour Néphi de revenir en arrière et d’ajouter
quelques lignes à l’endroit approprié dans le texte chronologique sur les
grandes plaques de Néphi abrégé plus tard par Mormon. [NdT : voir
cependant « Une trentaine de chiasmes » sous Hélaman 14 dans Idumea ]
[59] Cela sur ordre du Christ (3 Néphi 26:11). Il écrivit « la plus petite
partie des choses qu’il a enseignées au peuple... d'abord, pour éprouver
leur foi, et s'ils croient ces choses, alors les choses qui sont plus
grandes leur seront manifestées » (3 Néphi 26:8, 9).
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