La doctrine de la résurrection enseignée dans le Livre de Mormon est le précurseur de la doctrine telle que les saints des derniers jours la comprennent à la lumière de la révélation moderne.

La doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon
A. Keith Thompson
Interpreter : A Journal of Mormon Scripture 16, 2015, p. 101-129


Résumé : La doctrine de la résurrection fut enseignée par Léhi et Jacob parmi les premiers Néphites mais ne figura plus dans le document jusqu’au temps d’Abinadi, peut-être trois cent cinquante ans plus tard. À la cour du roi Noé, cette doctrine et l’idée d’un Messie, homme de douleur, qui porterait les péchés de son peuple et le rachèterait étaient des hérésies et Abinadi les paya de sa vie. Si le témoignage d’Abinadi convertit Alma l’Ancien et si la doctrine de la résurrection inspira Alma le Jeune après sa conversion, ils furent une source de schisme dans l’Église de Zarahemla d’une façon qui nous rappelle les sadducéens à Jérusalem. La doctrine de la résurrection enseignée dans le Livre de Mormon est un précurseur de la doctrine telle que la conçoivent aujourd’hui les saints des derniers jours à la lumière de la révélation moderne. Par exemple, les prophètes néphites utilisaient le terme première résurrection autrement que nous. Mais ce qui est peut-être le plus remarquable dans la façon dont la doctrine de la résurrection évolue dans le Livre de Mormon, c’est qu’elle évolue régulièrement. Cette régularité est encore un témoignage de la mission prophétique de Joseph Smith. Il n'aurait pas pu faire cela par lui-même.

Le récit du Livre de Mormon ne se concentre pas sur des enseignements hérétiques. Cependant, les allusions faites au passage aux enseignements d’antéchrists et d’autres parmi les Zoramites, les Néhors et les Amalécites démontrent au lecteur moderne que les doctrines que les rédacteurs du Livre de Mormon considéraient comme hérétiques avaient une saveur caractéristiquement juive ou rabbinique. Un exemple concret : l’insistance de Shérem que Jacob avait perverti la Loi de Moïse en « l’adoration d’un être dont tu dis qu’il viendra dans de nombreuses centaines d’années » (Jacob 7:7). Néphi, Jacob et le roi Benjamin ont tous enseigné que le Messie préfiguré dans la Loi de Moïse serait un Messie homme de douleur, qu’il serait nommé Jésus-Christ et qu’il prendrait sur lui les péchés du monde. Néphi dit qu’il avait délibérément évité d’instruire son peuple « à la manière des Juifs » parce que leurs œuvres étaient « des œuvres de ténèbres » (2 Néphi 25:2, 6), mais malgré tout, une vue rabbinique du Messie fit surface parmi les Néphites et fut perpétuée, entre autres, par les Zoramites. Cela ne devrait peut-être pas nous surprendre puisque ces deux peuples du vieux et du nouveau monde aspiraient à vivre leur vie en conformité avec la Loi de Moïse. Mais d'où venaient ces idées si les prophètes dirigeants néphites tentaient de les supprimer ? Se sont-elles développées en parallèle tout simplement parce que « l’auteur de tout péché » (Hélaman 6:30) utilisait la même stratégie efficace parmi les peuples aussi bien de l’ancien que du nouveau monde, ou ces idées hérétiques sont-elles arrivées dans le nouveau monde avec Zoram [1] ou avec les Mulékites ? Y a-t-il davantage dans cette corrélation que ce que les rédacteurs du Livre de Mormon ont admis ou que ce que les spécialistes actuels du Livre de Mormon ont trouvé ?

Un exemple concerne la résurrection. Il s’agit d’un enseignement fondamental parmi les peuples du Livre de Mormon où le traitement hérétique pourrait avoir un lien avec l’évolution doctrinale dans le vieux monde. Tous les chrétiens connaissent la différence théologique entre les pharisiens et les sadducéens à propos de la résurrection des morts. Matthieu, Marc et Luc rapportent la question que les sadducéens proposent au Sauveur concernant le lévirat. Les trois auteurs d’évangiles signalent que les sadducéens « disent qu’il n’y a pas de résurrection » (Matthieu 20:23 ; Marc 12:18 ; Luc 20:27). Dans sa réponse, Jésus confirme qu’il y a une résurrection et en même temps que la question des sadducéens sur le mariage découle de conceptions erronées. D’où vient ce déni de la résurrection chez les sadducéens (Luc 20:27) ? À quel point les croyances religieuses des sadducéens étaient-elles sincères s’ils niaient la résurrection ? Et y a-t-il des traces de cette hérésie sadducéenne dans le Livre de Mormon ? Cette dernière question est poignante car Abinadi va être martyrisé pour ses enseignements religieux concernant le Messie et la résurrection (Mosiah 18:2), qui vont être interprétés comme une forme de sédition à la cour du roi Noé (Mosiah 17:8).

Il apparaît que Joseph Smith et Oliver Cowdery ont fait la traduction du Livre de Mormon en soixante-cinq jours [2], soit un peu plus de huit pages imprimées par jour. Cet article réaffirme l’opinion que leur travail était authentique. Joseph Smith et Oliver Cowdery n'auraient pas pu conserver le fil de tous les épisodes et celui de l’évolution de la doctrine s’ils l’avaient fait eux-mêmes en soixante-cinq jours. Il y a belle lurette que quelqu'un aurait relevé des incohérences dont l’existence serait non seulement statistiquement probables, mais ne feraient absolument aucun doute.

La doctrine de la résurrection enseignée par Abinadi à Alma l’Ancien et puis développée par les descendants personnels d’Alma dans leurs ministères prophétiques est un très bon exemple de cette cohérence interne.

Dans la première partie, j’aborderai le débat concernant la doctrine de la résurrection dans l’enseignement rabbinique avant Jésus-Christ. Dans la deuxième partie, j’examinerai ce que d’autres érudits mormons ont observé à propos de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon. Dans la troisième partie, je constate que bien que Léhi et Jacob aient enseigné la doctrine de la résurrection, celle-ci ne figurait pas sur les grandes plaques de Néphi avant qu’Abinadi enseigne au peuple du roi Noé que la rédemption que le Messie allait accomplir incluait la résurrection du corps physique. Dans cette partie, j’expliquerai que le roi Benjamin ne savait peut-être pas que l’expiation que le Messie allait accomplir comprendrait le don gratuit de la résurrection corporelle. Cette suggestion ira peut-être à l’encontre des attentes du lecteur, mais si l'on veut comprendre correctement à quel point l’Évangile que nous tenons comme allant de soi était compris au cours des dispensations précédentes, nous devons veiller à ne pas attribuer à celles-ci une connaissance qu’elles n’avaient pas. Les lecteurs saints des derniers jours du vingt et unième siècle peuvent penser que les mots rédemption, expiation et résurrection sont synonymes, mais ce n’est pas pour cela qu’ils doivent supposer que les anciens les comprenaient de la même manière que nous. Dans la quatrième partie, j’expliquerai les aspects de la doctrine de la résurrection qu’Abinadi précise au-delà de ce qui figurait dans les petites plaques de Néphi et en quoi cette connaissance est inférieure à ce que nous avons dans notre dernière dispensation en vertu de la révélation moderne aux sections 76 et 88 des Doctrine et Alliances. Dans la cinquième partie, je traiterai des autres apports à l’évolution de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon après Abinadi, notant qu’il est peu probable que Joseph Smith et Oliver Cowdery auraient été en mesure de maintenir la cohérence de cette évolution dans la brève période de soixante-cinq jours de la traduction. Je conclus qu’une compréhension approfondie de la nature de la perte éventuelle, du rétablissement et du développement de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon montre que nous commençons seulement à effleurer la surface des profondeurs de ce document sacré.

Première Partie — Origines de la négation de la résurrection par les sadducéens

Arthur Marmorstein a écrit que « l’enseignement et la foi [en la résurrection] existaient chez les Israélites quand ils se sont installés en territoire juif [3]. » Il cite Ésaïe (Ésaïe 26:14, 19) et Ézéchiel (Ézéchiel 37:12–14) comme autorités [4] mais interprète ces passages comme signifiant que « les méchants ... ne laisseront jamais leurs maisons dans la poussière. » Daniel (Daniel 12:2) confirme sa croyance en la même doctrine et Marmorstein dit donc : « Au cours des deux ou trois derniers siècles avant Jésus cela faisait partie des croyances juives [5] » bien que « nous ne puissions pas affirmer qu’il n’y avait aucun opposition [6]. » Il cite Abot de R. Nathan et Baneth pour sa conviction que « les sadducéens étaient les successeurs d’une école plus ancienne qui était opposée à la doctrine d’une vie future dans le cadre de la réforme de la vieille religion d’Israël [7]. » Leur doctrine n’était pas seulement qu’il n’y avait aucun « retour à la vie après la mort, mais aussi [qu’il n’y avait pas de]... vie future bienheureuse [8]. »

D’autres chercheurs ont essayé d’identifier avec plus de précision l’origine de la doctrine sadducéenne et il y a un consensus précaire qui avance que c’est probablement dû à un schisme dans l’école d’un certain Antigone, un rabbin vers 264 av. J.-C., bien après que Léhi, Zoram et Mulek aient quitté Jérusalem.

L’un des disciples d’Antigone nommé Sadoc (ou Tsadok) aurait, semble-t-il, décidé de la fausseté de la doctrine de la résurrection suite à un enseignement d’Antigone selon lequel « ils ne doivent pas servir Dieu dans l’espoir d’une récompense, mais uniquement par amour et par respect filial [9]. » Sadoc aurait détaillé les choses comme suit : « Il n’y avait ni châtiments ni récompenses après cette vie et, par conséquent, qu’il n’y avait pas de résurrection des morts, ni d’ange, ni d’esprit dans le monde invisible et que c’est ici que l’homme doit être rémunéré pour le bien ou le mal qu’il fait [10]. » Ces déductions étaient justifiées par le refus des disciples de Sadoc de recevoir toute écriture autre que les cinq livres de Moïse qui ne font aucune allusion explicite à la résurrection.

Marmorstein cite des rabbins postérieurs qui ont répondu à l’absence d’enseignement de la résurrection dans la Torah écrite en disant que « il n’y a pas de commandement dans la Torah accompagné de la mention d’une récompense pour qui le respectera, où la doctrine de la résurrection n’est pas implicite. » Les allusions à un avenir bienheureux après le jugement de Dieu sont parmi les preuves abondantes de la doctrine dans la Genèse, les Nombres, le Deutéronome, les Psaumes, les Proverbes, Ésaïe et Osée [11].
Une question naturelle se pose pour tous les Juifs et les chrétiens modernes quand ils méditent le refus des sadducéens de croire en la résurrection : si les sadducéens ne croyaient pas en la résurrection, que croyaient-ils ? Dans une théologie juive qui niait la résurrection, qu’est-ce qui restait pour justifier une vie de foi et de bonnes œuvres ? Les sadducéens n’étaient-ils rien de plus que des religieux de nom qui professaient la religion en vue d’avantages politiques ?

Bien que tous les érudits reconnaissent que ce que nous savons des sadducéens et de leur doctrine provient uniquement de sources hostiles [12] et même si certains en déduisent que les sadducéens professaient simplement une croyance pour protéger leur pouvoir politique aristocratique [13], la plupart conviennent que leur acceptation de la Torah écrite ou des cinq premiers livres de Moïse était authentique. « Les sadducéens affirmaient que la seule façon d’avoir un comportement véritablement pieux était de vivre en conformité avec la loi écrite... [Ils] insistaient sur l’importance des prêtres dans le culte du Temple » et dans leur Livre des décrets, qui faisait jurisprudence, ils insistaient sur un œil pour œil littéral là où les pharisiens permettaient que l’on verse des dommages-intérêts au lieu de perdre un organe [14]. Dans Actes 23:6-9, on nous dit que les sadducéens refusaient non seulement la résurrection, mais aussi l’existence des anges, mais les commentateurs raisonnables croient que Luc (ou Paul) exagérait étant donné que la loi écrite abonde en récits de ministères d’anges, bien que peut-être pas d’anges ailés [15]. D’autres commentateurs font remarquer que les sadducéens croyaient en une vie après la mort, mais pas en une résurrection du corps puisqu’ils croyaient en la domination enténébrée du schéol [16].

Selon Josèphe, les sadducéens ne croyaient pas au destin, mais attribuaient les réalisations humaines aux choix et aux œuvres des hommes [17]. Mais Josèphe est plus explicite dans sa Guerre des Juifs, où il affirme que « les sadducéens... enlèvent entièrement le destin et supposent que cela n’intéresse pas Dieu de savoir si nous faisons le mal ou non ; et ils disent que c’est à l’homme à choisir s’il veut faire ce qui est bien ou ce qui est mal, et qu’il appartient à tout le monde de faire l’un ou l’autre, que les gens peuvent agir comme bon leur semble [18]. »

Quelle que soit l’origine et la nature exacte de la théologie sadducéenne, il y a une certaine corrélation entre leur rigueur à respecter la loi écrite et l’insistance de Shérem dans Jacob 7:7 que « la voie droite de Dieu » était de garder la Loi de Moïse. De même, l’insistance des sadducéens que les hommes prospèrent dans cette vie selon leurs œuvres correspond à l’insistance de Korihor dans Alma 30:17 que « ce qu'il advenait de tout homme dans cette vie dépendait de la façon dont il se gouvernait. » Cette corrélation donne à penser qu’il peut y avoir eu des origines plus anciennes à la théologie sadducéenne que ce que les érudits modernes ont trouvé [19]. Et qu’en est-il de l’insistance des sadducéens qu’il n’y a pas de résurrection corporelle littérale ? Serait-ce une idée qu’entretenaient certains dont il est question dans le Livre de Mormon — et est-ce que l’on peut en déduire des origines plus anciennes d’une théologie anti-résurrection dans le judaïsme que le deuxième ou le troisième siècle avant J.-C. ?

Deuxième Partie — La résurrection dans le Livre de Mormon

Robert J. Matthews observe que les informations sur la résurrection « sont plutôt inégales dans le Livre de Mormon [20] ». Il relève qu’il n’y a aucune mention de la résurrection lorsque Néphi reçoit une version amplifiée de la vision de son père concernant l’arbre de vie [21], aucune mention de la résurrection dans les citations des prophètes Zénock, Néum et Zénos, alors même qu’ils donnaient des prophéties détaillées concernant la crucifixion et la mise au tombeau du Messie [22] et aucune allusion expresse à la résurrection dans le sermon d’adieu du roi Benjamin, « bien qu’elle soit certainement implicite [23]. » « Léhi parle surtout en termes très généraux [24] », « Jacob est plus explicite... que n’importe lequel de ses prédécesseurs [25] », mais c’est Abinadi qui est la grande source pour ne pas dire « la source principale de notre connaissance de la résurrection [26] » dans le Livre de Mormon. Car même si Alma le Jeune et Amulek ont clairement ajouté aux enseignements de la résurrection qu’Alma le Jeune a reçus par l’intermédiaire de son père d’Abinadi, c’est Abinadi qui a rétabli cette doctrine dans l’enseignement néphite après une absence de trois cents à quatre cents ans.

Matthews fait remarquer que malgré les enseignements postérieurs de Samuel le Lamanite et de Moroni et l’apparition et le ministère du Christ ressuscité, qui a montré et expliqué la résurrection physique, le Livre de Mormon « ne définit pas ni ne fait la distinction entre la qualité des corps ressuscités [27] », pas plus qu’il n’enseigne les degrés de gloire dans la résurrection. Cette connaissance nous est parvenue par une des lettres de Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 15) et dans les derniers jours par les révélations qui constituent les sections 76 et 88 des Doctrine et Alliances. Les prophètes du Livre de Mormon, quand ils veulent bien aborder la question, font la distinction uniquement entre « les plus méchants et les plus justes [28] » en parlant de résurrection.

Dans leur étude statistique de l’utilisation du mot « résurrection » dans le Livre de Mormon, qui « peut nous aider à nous concentrer sur ce que nous pouvons déduire de l’accent mis (ou non) par un orateur sur la résurrection [29] ». Hilton et Johnson confirment que :

- Le roi Benjamin (entre autres) n’utilise pas le mot du tout [30].
- Bien qu’Alma le Jeune utilise le mot plus que n’importe qui d’autre dans le texte du Livre de Mormon, c’est Abinadi qui l’utilise le plus fréquemment [31].
- La raison pour laquelle Abinadi utilise le mot plus fréquemment « réside peut-être dans [son] témoignage que ‘la rédemption vient par le Christ, le Seigneur’ (Mosiah 16:15) [32]. »

Aucun de ces auteurs ne semble avoir envisagé la possibilité que l’absence d’utilisation du mot résurrection entre Jacob et Abinadi ait pu être le résultat de ce que Jarom, Omni et leurs successeurs Amaron, Chémish et Abinadom ont qualifié de roideur de cou (Jarom 1:3, 4), de méchanceté (Omni 1:2) et de l’abandon progressif d’une culture de réception de la révélation chez les Néphites [33]. Durant cette période de peut-être trois cent cinquante à quatre cents ans, ceux qui ont écrit les petites plaques de Néphi suggèrent que l’esprit du Seigneur a diminué de diverses manières chez les Néphites. Jarom dit qu’il n’a rien à ajouter à ce que son père a dit (Jarom 1:2), bien que tous n’avaient pas le « cou roide » (Jarom 1:3). Omni, son fils, dit qu’il avait vécu dans la méchanceté (Omni 1:2) et que tout ce qu’il avait fait à propos des plaques avait été de les transmettre à son fils conformément aux ordres de son père. Amaron, petit-fils de Jarom, raconte que trois cent vingt ans après l’arrivée de Léhi en terre promise, « la partie la plus méchante des Néphites fut détruite... car le Seigneur » ne voulait pas les préserver quand ils n’observaient pas ses commandements (Omni 1:5–7). Et bien que le mot apostasie préféré par les saints des derniers jours pour décrire la perte progressive de l’autorité de la prêtrise et de la vérité parmi les premiers chrétiens ne soit pas utilisé, les mots de ces gardiens des annales donnent à penser que l’œuvre du Saint-Esprit parmi les Néphites avait cessé puisqu’il n’y avait rien en fait de « prédication » ou de « prophétie » parmi eux qui fût digne d’être noté jusqu’au temps du roi Mosiah premier (Omni 1:10–13). En fait Abinadom dit très franchement qu’il « n’[a] connaissance d’aucune révélation, sauf de ce qui a été écrit, ni d’aucune prophétie » (Omni 1:11).

Troisième Partie — L’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection

Parce que l’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection est essentiel à la compréhension de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon, le voici dans son intégralité pour que l’on puisse l’apprécier dans le détail :

« Oui, et ils [tous les prophètes (Mosiah 13:33)] n’ont-ils pas dit qu’il [le Messie/Dieu (Mosiah 13:33, 34)] réaliserait la résurrection des morts, et que lui-même serait opprimé et affligé ? (Mosiah 13:35)

« Car s'il n'y avait pas la rédemption qu'il a faite pour son peuple, qui fut préparée dès la fondation du monde, je vous le dis, s'il n'y avait pas cela, toute l'humanité aurait dû périr. Mais voici, les liens de la mort seront rompus, et le Fils règne et a pouvoir sur les morts; c'est pourquoi, il réalise la résurrection des morts. Et alors vient une résurrection, une première résurrection; oui, une résurrection de ceux qui ont été, et qui sont, et qui seront, jusqu'à la résurrection du Christ — car c'est ainsi qu'il sera appelé. Et maintenant, la résurrection de tous les prophètes, et de tous ceux qui ont cru en leurs paroles, ou de tous ceux qui ont gardé les commandements de Dieu, aura lieu à la première résurrection; c'est pourquoi, ils sont la première résurrection. Ils sont ressuscités pour demeurer avec Dieu, qui les a rachetés; ainsi ils ont la vie éternelle par le Christ, qui a rompu les liens de la mort. Et ce sont ceux qui ont part à la première résurrection; et ce sont ceux qui sont morts dans leur ignorance, avant que le Christ ne vienne, sans que le salut ne leur ait été annoncé. Et ainsi, le Seigneur réalise le rétablissement de ceux-ci; et ils ont part à la première résurrection, ou ont la vie éternelle, étant rachetés par le Seigneur. Et les petits enfants ont aussi la vie éternelle. Mais voici, craignez, et tremblez devant Dieu, car vous devriez trembler; car le Seigneur ne rachète aucun de ceux qui se rebellent contre lui et meurent dans leurs péchés; oui, même tous ceux qui ont péri dans leurs péchés depuis le commencement même du monde, qui se sont volontairement rebellés contre Dieu, qui ont connu les commandements de Dieu et n'ont pas voulu les garder; ce sont ceux-là qui n'ont aucune part dans la première résurrection (Mosiah 15:19–26)

« Et si le Christ n'était pas ressuscité d'entre les morts, ou s'il n'avait pas rompu les liens de la mort, afin que la tombe n'ait pas de victoire, et que la mort n'ait pas d'aiguillon, il n'aurait pu y avoir de résurrection. Mais il y a une résurrection; c'est pourquoi la tombe n'a pas de victoire, et l'aiguillon de la mort est englouti dans le Christ. Il est la lumière et la vie du monde; oui, une lumière qui est sans fin, qui ne peut jamais être obscurcie; oui, et aussi une vie qui est sans fin, de sorte qu'il ne peut plus y avoir de mort. Même ce corps mortel revêtira l'immortalité, et cette corruption revêtira l'incorruptibilité et comparaîtra devant la barre de Dieu, pour être jugée par lui selon ses œuvres, qu'elles soient bonnes ou qu'elles soient mauvaises: si elles sont bonnes, pour la résurrection de la vie et du bonheur sans fin; et si elles sont mauvaises, pour la résurrection de la damnation sans fin, étant livrés au diable, qui les a assujettis, ce qui est la damnation » (Mosiah 16:7–11).

Parce qu’il dénonçait la méchanceté du roi Noé et de son peuple, Abinadi fut lié, jeté en prison et ensuite jugé par le roi Noé et ses prêtres (Mosiah 11:20–29), mais c’est son enseignement que « Dieu lui-même descendrait parmi les enfants des hommes » (Mosiah 17:8) qui retint l’attention de la cour du roi Noé comme étant un crime digne de la peine de mort. Alors que dans un tribunal moderne, on aurait pu s’attendre à ce qu’Abinadi soit accusé de sédition ou de trahison pour avoir laissé entendre que le gouvernement en place a été la cause de sa guerre lamanite, celui de Noé décide de la peine de mort en raison d’une infraction religieuse [34].

Il est bien connu qu’Alma l’Ancien a été le seul membre de la cour du roi Noé à croire aux paroles d’Abinadi. C’est ce qui ressort de ses propres annales et de ce que la voix du Seigneur lui dira plus tard quand il s’informera de la façon dont il doit traiter les transgresseurs dans l’Église [35]. Son résumé de ce qu’il a appris d’Abinadi et qu’il a par la suite enseigné aux sujets croyants du roi Noé en dehors de la cour est exposé dans Mosiah 18:2. Il va enseigner « les paroles d’Abinadi » concernant ce qui était à venir et aussi concernant la résurrection des morts et la rédemption du peuple, qui devait se réaliser grâce au pouvoir et aux souffrances, à la mort du Christ et à sa résurrection et son ascension au ciel.

Alma l’Ancien fait une distinction entre l’enseignement d’Abinadi concernant la résurrection et son enseignement concernant la rédemption, que l'on appelle maintenant aussi l’expiation. Cette même distinction apparaît dans le résumé que fait Mormon de ce qu’Abinadi a enseigné à la cour du roi Noé. Mormon y dit en bref que selon lui Moïse avait prédit « la venue du Messie » et « que Dieu rachèterait son peuple » (Mosiah 13:33). Abinadi avait ajouté que « tous les prophètes » avaient dit que « Dieu lui-même descendrait parmi les enfants des hommes, et prendrait sur lui la forme de l'homme, et irait avec une grande puissance sur la surface de la terre » (Mosiah 13:33-34). Abinadi avait poursuivi que « tous les prophètes » (Mosiah 13:33) avait également dit que le Messie « réaliserait la résurrection des morts » (Mosiah 13:35).

L’enseignement d’Abinadi que le Messie « serait opprimé et affligé » (Mosiah 13:35) se retrouve ensuite dans Mosiah chapitres 14 et 15 ainsi que des détails explicites sur la façon dont le Messie rachèterait les fidèles par son expiation et sa rédemption. Ce rachat, qui sauve « l’humanité » d’une mort spirituelle, nécessite que « les liens de la mort [soient] rompus » (Mosiah 15:20). Pour Abinadi, « la première résurrection » était « de tous les prophètes, et de tous ceux qui ont cru en leurs paroles, ou de tous ceux qui ont gardé les commandements de Dieu » (Mosiah 15:22) qui ont vécu sur la terre « jusqu'à la résurrection du Christ » (Mosiah 15:21). Bien que cette signification de l’expression première résurrection soit différente de la façon dont les saints des derniers jours l’utilisent aujourd’hui, lorsque nous pensons à l’auditoire d’Abinadi et d’Alma le Jeune, nous comprenons pourquoi eux et les autres qui ont parlé de la résurrection avant la venue du Christ n’auraient pas envisagé le sens que nous lui donnons de nos jours, sens qui englobe ceux qui ont vécu dans la justice jusqu’au jugement final comme faisant partie de cette même première résurrection générale.

Le jeûne et la prière concernant cet enseignement détaillé à propos de la première résurrection amenèrent plus tard Alma le Jeune à d’autres révélations au sujet de la résurrection [36]. Mais cela avait également été la cause de quelques querelles dans l’Église de Zarahemla avant qu’Alma le Jeune succède au poste de grand prêtre. En effet, Alma le Jeune semble avoir fait partie de la source de cette querelle car les fils de Mosiah II et lui faisaient partie de la « génération montante » (Mosiah 26:1) qui « ne croyaient pas ce qui avait été dit concernant la résurrection des morts, et ils ne croyaient pas non plus ce qui concernait la venue du Christ » (Mosiah 26:2).

L’abrégé de Mormon, ici des grandes plaques de Néphi, ne dit pas qu’ils ne croyaient pas à la Loi de Moïse. Il affirme plutôt que la génération montante rejetait ce qui avait été enseigné par le roi Benjamin dans son sermon au temple et ce qui avait été enseigné, sans doute par Alma l’Ancien après Abinadi, concernant la résurrection des morts et la venue du Christ. Et Mormon résume en disant que « ils ne voulaient pas être baptisés; et ils ne voulaient pas non plus devenir membres de l'Église » (Mosiah 26:4).

L’abrégé de Mormon ne nous permet pas de savoir si c’est le roi Benjamin ou Abinadi qui est la source de ces enseignements (la résurrection des morts et la venue du Christ [37]), mais il est clair que la génération montante rejeta ce qui avait été enseigné par ces deux prophètes modernes. Ce problème fut résolu en partie par la conversion d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah II, membres influents de cette génération montante comme noté au chapitre suivant. Mais le problème fondamental de l’apostasie par rapport à la doctrine enseignée dans l’Église de Dieu, fondée par Alma l’Ancien suivant l’enseignement d’Abinadi, mena à une discussion sans précédent entre les premiers officiers de l’Église et de l’État néphites divisés (Mosiah 26:6–12). Avant cette époque [38], le roi du peuple combiné de Mosiah Ier et de Zarahemla avait été un souverain théocratique et Benjamin, en tant que deuxième roi de ce peuple combiné avait été leur dirigeant dans les domaines militaire, politique, théologique et liturgique. Mais à partir de peu de temps après le moment où Alma l’Ancien amena son peuple vivre comme concitoyens du peuple de Zarahemla, Mosiah II avait délégué ou abdiqué de ses anciennes fonctions religieuses en faveur d’Alma l’Ancien.

La génération montante n’était pas seule dans sa dissidence. Elle semble avoir touché une corde sensible chez les Néphites à Zarahemla. Ils n’étaient pas athées, mais plutôt des gens qui « ne voulaient pas être baptisés... [ni] devenir membres de l’Église » (Mosiah 26:4), étaient « un peuple séparé quant à leur foi, et ils le restèrent dorénavant » (Mosiah 26:4). Si l’auteur des grandes plaques de Néphi estimait que ces gens étaient « charnels et pécheurs » (Mosiah 26:4) et n’étaient pas adonnés à la prière (Mosiah 26:4), il ne dit pas qu’ils n’étaient pas des gens sans foi. Leur foi était simplement différente et, pendant un certain temps, Alma le Jeune et les fils de Mosiah II furent comptés parmi eux.

Il n’est pas surprenant que Mormon ne nous ait pas donné le texte du programme suivi par Alma le Jeune et les fils de Mosiah II dans leurs efforts pour « tromper » ceux « qui étaient dans l’Église » (Mosiah 26:6) et qui croyaient en la venue du Christ et en la résurrection. Mais il n’est pas raisonnable de présumer que leur approche était complètement areligieuse. Il est plus probable qu’ils suivirent une version de la foi préexistante du peuple de Zarahemla, avant que le roi Benjamin ou Abinadi ne leur aient enseigné le ministère de Christ et la résurrection.

Quand Alma l’Ancien reçut sa révélation de la façon d’agir avec ceux qui ne suivaient pas les enseignements de l’Église (Mosiah 26:14–32), le Seigneur réitéra la véracité de ce qu’il avait enseigné et par conséquent la validité de l’Église qu’il avait fondée (Mosiah 26:15–17). Il confirma à Alma l’Ancien que le baptême était requis de tous ceux qui voudraient rejoindre l’Église (Mosiah 26:21, 22) et qu’il prendrait sur lui les péchés du monde (Mosiah 26:23) et qu’il les rachèterait et ressusciterait pour vivre « éternellement à [sa] droite » (Mosiah 26:24). Quand Alma le Jeune et les fils de Mosiah II rencontrèrent en route l’ange du Seigneur, il leur fut essentiellement enseigné que l’Église fondée par Alma l’Ancien était l’Église du Seigneur et, par voie de conséquence, que son enseignement, auquel ils s’étaient opposés, était véridique et correct. C’est ainsi qu’ils surent que le Christ descendrait parmi les hommes, qu’il rachèterait les fidèles et les ressusciterait dans une première résurrection glorieuse au moment où lui, le Christ, ressusciterait.

Alma le Jeune et les fils de Mosiah II s’efforcèrent alors de récupérer tous les membres de l’Église qui avaient été perdus à cause de l’enseignement différent qu’ils leur avaient donné, mais ils n’y réussirent pas tout à fait (Mosiah 27:32, 35–36). Il semble donc qu’après qu’Alma l’Ancien eut reçu du roi Mosiah II l’autorité d’établir l’Église du Christ parmi le peuple de Zarahemla, il y eut au moins deux sortes de religion parmi eux. L’Église dirigée par Alma l’Ancien, une Église ou sorte de culte suivie par ceux qui gardaient la Loi de Moïse, mais qui ne croyaient pas à la venue du Christ ni à la résurrection d'entre les morts et peut-être quelques autres qui pratiquaient une religion plus ancienne, peut-être mulékite qui existait avant que le peuple de Zarahemla et le peuple de Néphi ne soient regroupés sous Mosiah Ier [39].

Étant donné que cet article porte sur la nature et le développement de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon, je n’examinerai pas davantage la nature de la religion néphite/mulékite avant et après qu’Alma l’Ancien fonde une Église parmi eux. Pour ce qui nous intéresse ici, il suffit d’observer que la doctrine de la résurrection enseignée par Alma l’Ancien était considérée comme non orthodoxe par certains à Zarahemla. Mais c’était aussi le cas de l’enseignement du roi Benjamin concernant la venue d’un Messie homme de douleur qui serait appelé Jésus-Christ. Le roi Benjamin a-t-il aussi enseigné à son peuple la résurrection d'entre les morts de sorte que l’Église de Dieu de Zarahemla combinait parfaitement les enseignements presque identiques de ces deux grands prophètes du Livre de Mormon ou Abinadi était-il l’unique source de la doctrine de la résurrection qui fut développés plus tard par Alma le Jeune et Samuel le Lamanite ?

L’enseignement du roi Benjamin omet la doctrine de la résurrection

Les seules allusions explicites à la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon avant qu’Abinadi ne remplisse sa mission sont liées à la vie et au ministère de Jacob, frère cadet de Néphi. Néphi rapporte les dernières instructions et bénédictions patriarcales de Léhi, soit :

- L’enseignement que le Messie rendrait possible la rédemption de l’homme en s’offrant en sacrifice pour le péché, pour tous ceux qui ont le cœur brisé et l’esprit contrit (2 Néphi 2:6, 7).
- La bonne nouvelle, dans ce contexte, que le Messie reprendrait sa vie par la puissance de l’Esprit comme prémices de la résurrection (2 Néphi 2:8, 9 ; Jacob 4:11).

Et puis, dans son ministère postérieur, Jacob développe ce qu’il avait appris lorsqu’il enseigne en outre que :
- La mort et la résurrection constituent des éléments connexes du « plan miséricordieux du grand Créateur » (2 Néphi 9:6).
- Le grand Créateur ferait une expiation infinie pour permettre à toute chair de sortir de la tombe (2 Néphi 9:5, 7–11).
- La résurrection a permis que les corps et les esprits captifs soient rendus l’un à l’autre respectivement de la mort et de l’enfer sous une forme incorruptible (2 Néphi 9:12, 13).
- Cette résurrection des individus leur rendrait une connaissance parfaite de leur existence et de leurs choix terrestres en vue du jour du jugement (2 Néphi 9:13–15, 22 ; Jacob 6:9, 10).

Mais après ces enseignements de Jacob, il n’y a plus aucune mention de la doctrine de la résurrection qu’il a enseignée jusqu'à ce qu’Abinadi la ressorte. Maintenant c’est peut-être partiellement dû au fait qu’il n’y a quasiment rien dans les annales entre Jacob et le roi Benjamin (soit entre 550 et 130 av. J.-C.). Mais il peut être significatif que, dans son discours d’adieu, Benjamin n’enseigne pas la doctrine de la résurrection malgré son exposé détaillé de la doctrine de l’expiation, quand il proclame son fils Mosiah II nouveau roi vers 124 av. J.-C. Bien qu’il soit possible, comme le proposent le rabbin Marmorstein et Robert Matthews, cités ci-dessus, que Benjamin ait simplement tenu pour acquis le fait que son peuple comprenait qu’il y aurait une résurrection au moins des justes ou que leur résurrection était implicite, malgré tout l’omission de Benjamin est surprenante vu la façon tellement détaillée avec laquelle il explique l’expiation. En effet, il semble peu probable que Benjamin aurait exclu la doctrine de la résurrection de son long discours d’adieu s’il connaissait et comprenait cette doctrine. Il convient donc de détailler avec précision ce que le roi Benjamin a enseigné sur l’expiation.

Benjamin dit au peuple qu’il l’avait servi « marchant la conscience nette devant Dieu... afin [d’être] trouvé innocent... lorsqu[‘il sera] jugé par Dieu » (Mosiah 2:27). Il utilise le langage de l’expiation pour expliquer son désir d’avoir la conscience tranquille. Il avait vécu une vie de droiture et avait convoqué son peuple à écouter son discours d’adieu pour « que [son] sang ne retombe pas sur [lui] » (Mosiah 2:27). Il parle de son désir de « débarrasser [ses] vêtements de [leur] sang, au moment où [il est] sur le point de descendre dans [sa] tombe, afin [qu’il] descende en paix, et que [son] esprit immortel se joigne aux chœurs là-haut pour chanter les louanges d’un Dieu juste » (Mosiah 2:28).

Il n’y a aucune mention d’un espoir d’une résurrection glorieuse dans un corps incorruptible. Il parle seulement de mourir la conscience tranquille et le désir que son esprit se joigne aux chœurs d’en-haut. Si le roi Benjamin tenait pour évident que son peuple était au courant de la doctrine de la résurrection, il est surprenant qu’il ne l’ait pas mentionnée, car la doctrine de la résurrection est un si puissant générateur d’espoir et de foi chez les auditeurs à n’importe quelle époque.

Il semble qu’au moment de ce discours d’adieu Benjamin avait en sa possession les petites plaques de Néphi contenant les enseignements de Jacob puisque Amaléki nous dit qu’il les a passées à Benjamin alors qu’il était toujours roi (Omni 1:25). Il est également probable que Benjamin n’a pas conservé la possession des objets sacrés après avoir transféré les clés de son poste à son fils Mosiah II, qui a été par la suite reconnu comme voyant à la place de son père (Mosiah 8:12–18). Il semble que la pratique de transmettre les plaques et les interprètes ait été suivie lorsqu’Alma le Jeune a passé ses clés à son fils Hélaman 1er (Alma 37:1–12). Si Benjamin avait reçu les petites plaques de Néphi au moment de son discours d’adieu et en connaissait bien le contenu, il est surprenant qu’il ait eu besoin d’une révélation distincte pour apprendre d’un ange que le nom du Messie à venir serait Jésus-Christ (Mosiah 3:2–8), puisque cela figurait déjà dans les petites plaques de Néphi. (2 Néphi 10:3).

Néphi et Jacob [et plus tard, Abinadi (Mosiah 15:21)] savaient tous deux que le Messie serait appelé Christ, car Jacob avait connu ce nom par révélation au cours du premier siècle de l’arrivée de Léhi dans la terre promise (2 Néphi 10:3), et ses successeurs immédiats et lui utilisèrent fréquemment ce nom [40]. Bien que le roi Benjamin ait enseigné à ses fils « la langue de ses pères » (Mosiah 1:2) afin qu’ils « eussent connaissance des prophéties... dites par la bouche de leurs pères » (Mosiah 1:2) et « concernant les annales qui étaient gravées sur les plaques d’airain » (Mosiah 1:3), il ne semble pas qu’il leur ait enseigné la langue dans laquelle les plaques d’airain ont été écrites (Mosiah 1:3, 4). Et quand il a témoigné de la véracité des « plaques de Néphi » (Mosiah 1:6) en exhortant ses fils à « les sonder diligemment » (Mosiah 1:7), il est probable qu’il faisait allusion aux grandes plaques de Néphi, qui avaient été conservées dans la lignée royale conformément aux directives originales de Néphi (1 Néphi 9:4 ; 2 Néphi 5:31–33), plutôt qu’aux petites plaques, qui lui avaient récemment été données par Amaléki, et qui avaient été transmises par Jacob, frère cadet de Néphi, lequel n’avait jamais accédé à la royauté [41].

Il y a diverses raisons pour lesquelles le roi Benjamin peut ne pas avoir lu les petites plaques de Néphi : tout d’abord parce qu’elles couvraient la même période que les grandes plaques de Néphi jusqu’à cette époque (1 Néphi 6 et 9) et étaient moins détaillées (1 Néphi 6 et 9) ; deuxièmement, elles avaient peut-être été écrites dans une langue sacerdotale que ne connaissaient pas ceux qui n’avaient pas fait des études pour les comprendre [42] ou qui n’avaient pas accès à l’urim et au thummim [43] ; et enfin, il est possible que les petites plaques contenaient des connaissances sacerdotales sacrées qui avaient été volontairement refusées à la généralité du peuple, en attendant la révélation par un prophète préordonné postérieur un jour où la foi serait plus grande [44].
Si le roi Benjamin n’est devenu capable et autorisé à lire et à comprendre les petites plaques que lorsque Amaléki les lui a remises à la fin de sa vie, il est possible qu’il n’ait pas eu le temps de les lire avant de faire son sermon. Si c’est exact, il n’est pas surprenant qu’il ait eu besoin d’une révélation distincte de la part d’un ange pour l’autoriser à révéler le nom mortel du Messie à son peuple, peut-être de manière à ne pas enfreindre un commandement de secret sacerdotal protégeant le contenu des annales sacerdotales qu’Amaléki lui avait données.

Il existe de très bons exemples de cette possibilité, aussi bien dans le Livre de Mormon qui nous est parvenu [45] qu’ailleurs dans les Écritures que les saints des derniers jours tiennent pour canoniques [46]. L’idée que roi Benjamin a pu ne pas avoir lu les petites plaques de Néphi est difficile à accepter de la part des saints des derniers jours étant donné que ces annales étaient tellement importantes pour Néphi (1 Néphi 6 et 9) et sont devenues tout aussi importantes pour nous à cause de la perte des cent seize premières pages du manuscrit du Livre de Mormon. Mais la possibilité que ces annales n’étaient pas accessibles à la généralité du peuple néphite et que le roi Benjamin ne savait pas par les Saintes Écritures que le Messie serait appelé Jésus-Christ sur la terre et peut ne pas avoir su que l’expiation du Messie réaliserait la résurrection des morts suggère la possibilité que Benjamin n’avait pas lu les petites plaques quand il a fait son sermon au temple. Il est également probable que Mormon n’avait pas lu les petites plaques de Néphi avant d’être lancé dans son abrégé des grandes plaques de Néphi pour les annales que nous connaissons sous le nom de Livre de Mormon (Paroles de Mormon 1:3–7).

Si Benjamin avait déjà lu les petites plaques de Néphi et connaissait le nom du Christ, peut-être que ce qui s’est passé la veille du jour où il a prononcé son sermon au temple est qu’il a reçu de l’ange l’autorisation de révéler la connaissance du nom du Messie à son peuple approximativement au moment même où Abinadi révélait aux prêtres du roi Noé sa connaissance que le Messie, homme de douleur, serait appelé le Christ et la doctrine de la résurrection. Ce timing pourrait s’accorder avec les objectifs du Seigneur puisque le moment de la venue au monde et de la résurrection du Messie approchait rapidement.

À l’aide du texte du sermon du roi Benjamin au temple, je vais maintenant relever les passages qui me font penser que le roi Benjamin n’avait peut-être pas compris la nature ni la doctrine de la résurrection, quand il a fait son sermon au temple. On pourrait se demander comment il aurait pu croire à l’expiation sans la résurrection. Cela devrait être une question relativement simple pour un saint moderne, car il y a beaucoup de chrétiens modernes qui ne croient pas que le Christ ait un corps même s’ils croient qu’il est ressuscité et il y a beaucoup de chrétiens et de Juifs qui croient en une résurrection corporelle, mais qui ne croient pas qu’elle est universelle. Il est également clair, d’après le texte du Livre de Mormon, qu’il y avait beaucoup de Néphites qui ne croyaient pas qu’il y aurait une résurrection corporelle ou qu’il y aurait un Christ, même s’ils croyaient toujours en la Loi de Moïse [47].

Même s’il a enseigné à son peuple ce que l’ange lui avait enseigné sur la venue du Messie y compris le nom qui lui serait donné dans la chair, Benjamin n’a pas directement enseigné la résurrection. Il a enseigné :

- Dans un temps pas très éloigné, le Seigneur Omnipotent descendra du ciel parmi les enfants des hommes et, dans un tabernacle d’argile, accomplira de grands miracles (Mosiah 3:5).
- Il sera tenté et éprouvé encore plus que les autres hommes au point que du sang sortira de tous les pores de son corps (Mosiah 3:7).
- Il s’appellera Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le Père du ciel et la terre, et sa mère s’appellera Marie (Mosiah 3:8).
- Il sera flagellé et crucifié et se lèvera le troisième jour et jugera par la suite le monde (Mosiah 3:9, 10).

Le mot résurrection n’est pas utilisé dans le cadre du retour à la vie du Christ pas plus que la suggestion que quelqu’un d’autre se relèverait ou ressusciterait. Tout ce que dit Benjamin est axé sur la nécessité pour son peuple d’être purifié par une expiation. L’ange qui instruisit le roi Benjamin révéla de nouveau que toutes leurs ordonnances mosaïques étaient symboliques et préfiguraient le Christ qui allait expier leurs péchés. Il n’y a aucune utilisation du mot racheter ou rédemption dans le discours du roi Benjamin. C’est quand il dit que le Christ se lèvera le troisième jour après sa crucifixion que Benjamin se rapproche le plus de l’enseignement d’une telle doctrine, encore qu’une telle relève ne signifie pas qu’il s’agit là d’une résurrection corporelle.

Quatrième Partie — Abinadi et la doctrine de la résurrection

Alors où Abinadi a-t-il appris la doctrine de la résurrection ? A-t-il lu les petites plaques de Néphi qui contenaient les enseignements de Jacob ? Appartenait-il peut-être à une classe sacerdotale qui avait accès à des connaissances sacrées protégées, ou avait-il reçu une révélation distincte, comme le roi Benjamin, en vue de la naissance proche du Sauveur dans la chair ?

À l’époque où Abinadi déclara le repentir parmi le peuple du roi Noé, les petites plaques de Néphi étaient encore sous la garde soit d’Amaléki ou de son père Abinadom. Mais il est possible qu’Abinadi ait été membre de la troupe de Zénif qui était montée récupérer les terres de son héritage (Omni 1:27–30 ; Mosiah 7, 9 et 10) — en effet, Amaléki dit qu’il avait un frère qui était allé avec cette troupe et qui n’était pas revenu, voulant peut-être dire qu’il s’attendait à ce que ce frère disparu revienne et devienne le dépositaire des annales (Omni 1:30) [48]. Si Abinadi ne connaissait pas le contenu des petites plaques de Néphi avant que la troupe de Zénif parte pour le pays de Léhi-Néphi, sa connaissance de la doctrine contenue dans les petites plaques pourrait aussi s’expliquer par une interaction populaire, peut-être sacerdotale, entre le peuple du roi Noé dans le pays de Néphi et le peuple du roi Mosiah 1er et du roi Benjamin dans le pays de Zarahemla. Toutefois, un tel contact semble peu probable car il n’y a aucune allusion à une telle interaction dans les annales de la colonie de Zénif et aucun des divers groupes néphites dans le pays de Léhi-Néphi ne semble avoir été capable de retrouver sans aide son chemin vers le pays de Zarahemla [49]. Ce qui semble le plus probable, c’est qu’Abinadi appartenait à une famille qui avait préservé d’une façon ou d’une autre la connaissance de l’enseignement de Jacob [50], ou qu’il avait reçu une révélation distincte et plus détaillée de la doctrine de l’expiation, de la rédemption et de la résurrection que ce qui avait été accordé même au roi Benjamin par l’ange qui lui apparut la veille de son sermon au temple [51].

Quelle que soit la façon dont Abinadi connaissait la doctrine, elle était controversée, convaincante et productrice de conversion dans un cas au moins quand il l’a enseignée. À peine échappé au roi Noé, Alma l’Ancien commença à enseigner les paroles d’Abinadi (Mosiah 18:1). Ce qu’Alma l’Ancien enseigna provenant d’Abinadi fut « Oui, concernant ce qui allait venir, et aussi concernant la résurrection des morts, et la rédemption du peuple, qui devait être réalisée par le pouvoir, et les souffrances, et la mort du Christ, et sa résurrection et son ascension au ciel » (Mosiah 18:2).

Il ressort de ce sommaire de l’enseignement d’Alma l’Ancien que la partie de celui d’Abinadi qui retint le plus son attention fut celle sur la rédemption et la résurrection. Si le peuple du roi Benjamin n’en savait pas plus que de respecter la Loi de Moïse afin de garder la conscience claire, dans ce cas c’était probablement aussi jusqu’où pouvait aller l’enseignement doctrinal le plus détaillé que les prêtres du roi Noé pouvaient donner. Pas étonnant que des gens ayant moins que la moitié d’une connaissance du plan du salut aient besoin d’un prophète pour les appeler à se repentir. L’espoir d’une résurrection est la partie la meilleure et la plus inspirante du plan.
Quelles idées supplémentaires Abinadi a-t-il apportées à la doctrine de la résurrection qui n’existent pas dans l’enseignement plus général de Jacob, et comment la doctrine de la résurrection a-t-elle été enseignée parmi les Néphites et les Lamanites une fois qu’Abinadi l’a mise à jour ? La doctrine de la résurrection découle après Abinadi d’Alma l’Ancien à Alma le Jeune, à Hélaman 1er et Corianton à Hélaman II, à son fils, Néphi II, à Samuel le Lamanite, puis à Néphi III à temps pour la toute première résurrection.

Abinadi fournit plus de détails que Jacob sur la doctrine de la résurrection

Abinadi fournit, sur la doctrine de la résurrection, cinq précisions qui n’apparaissaient pas précédemment dans les écrits de Néphi et de Jacob qui sont parvenus jusqu'à nous dans le Livre de Mormon :

1. Le concept d’une première résurrection.
2. L’idée que les justes ressusciteront avant les méchants.
3. L’idée que les justes jusqu’au temps du Christ ressusciteront presque simultanément avec lui.
4. L’idée que ceux qui sont morts dans l’ignorance de l’Évangile auront part à la première résurrection.
5. L’idée que les petits enfants ressusciteront automatiquement.

Quand le président Joseph F. Smith a reçu sa révélation sur la rédemption des morts, cela lui est venu en réponse à ses questions concernant le sens des passages parlant du monde des esprits dans le Nouveau Testament (D & A 138:1–10). Par exemple, il se demandait comment le Christ avait pu instruire tous les esprits désincarnés dans le paradis au cours des trois jours qu’il avait passés là-bas, ce qui était la compréhension qu’il avait de ce que Pierre avait enseigné dans sa première épître (D & A 138:28). La révélation que le président Smith a reçue lui apprend que les trois jours de ministère du Christ parmi les esprits désincarnés, il les passa à y enseigner aux prophètes dirigeants comment le travail devait être fait maintenant que les portes de la prison avaient été ouvertes (D & A 138:29–36).

Quand Abinadi enseigna la doctrine de la résurrection, il était focalisé sur sa genèse car il n’y avait pas encore eu de résurrection. En substance ce qu’il enseigna au le peuple était : si vous voulez ressusciter les premiers avec le Christ, vous devez être comptés parmi les justes, car les méchants n’auront pas cette chance. Et puis il énumère ceux qui comptent comme étant justes :

- Les prophètes (Mosiah 15:22).
- Tous ceux qui ont cru en leurs paroles ou tous ceux qui ont gardé les commandements (Mosiah 15:22).
- Les petits enfants (Mosiah 15:25).

Mais Abinadi généralisait et cette généralité fut à l’origine des questions d’Alma le Jeune, et les questions de saints hommes à l’esprit curieux conduisirent à des révélations nouvelles et additionnelles (Alma 5:46-48 ; 40:3). Quelles questions découlent de l’enseignement d’Abinadi concernant ceux qui auraient part à la première résurrection ?

L’usage que fait Abinadi du mot ou, dans sa liste de ceux qui ont part à la première résurrection, entre ceux qui croient les prophètes et ceux qui ont gardé les commandements, soulève une question. Cela veut dire que quoique sachant qu’il y aura une résurrection de ceux qui sont morts dans l’ignorance, il ne sait pas comment ils se seront qualifiés pour la résurrection s’ils ne connaissent pas l’Évangile de manière à le vivre. Il est certain que la participation à la première résurrection n’était pas le simple produit de l’ignorance de l’Évangile et des principes de la justice. Si ceux qui étaient généralement méchants et rebelles étaient exclus de la résurrection à l’époque du Christ, il est certain que ceux qui étaient ignorants et méchants ne ressusciteraient pas.

C’est la même question qui s’est posée à Joseph Smith et à laquelle répond la révélation maintenant rapportée dans D & A 137. Mais des questions au sujet de la résurrection des petits enfants ressortent également du résumé d’Abinadi. Il est clair que les enfants sont innocents et ont droit à la vie éternelle et seront ressuscités parmi les justes, mais quand ? Abinadi semble utiliser indifféremment les expressions première résurrection et vie éternelle mais il s’abstient d’utiliser ces deux expressions ensemble quand il s’agit de petits enfants. Nous pouvons supposer maintenant que c’est parce que les petits enfants devront sans doute attendre d’être ressuscités jusqu'à ce que leurs parents puissent les élever dans la justice comme cela leur a été promis, entre autres, par Joseph Smith [52].

Ce qui nous intéresse le plus dans l’enseignement d’Abinadi et qui devait certainement être le plus intéressant pour Alma le Jeune, c’était la question du timing qui découle de l’idée de première résurrection mentionnée par Abinadi. À notre époque, nos patriarches nous bénissent tous, disant que si nous sommes justes, nous prendrons part à la première résurrection. Dans notre contexte, la première résurrection signifie la résurrection des justes qui se produit avant celle des injustes. Mais pour Abinadi, l’accent était mis sur la résurrection qui allait se produire au moment de celle du Christ. Il voulait que ses auditeurs aient l’envie de vouloir faire partie de cette résurrection et donc il leur dit comment se qualifier. Mais son caractère général laissait des questions sans réponse lorsqu’Alma le Jeune réfléchit au compte rendu fait par son père des paroles d’Abinadi.

Cinquième Partie — La doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon après Abinadi – Alma le Jeune

Nous découvrons les questions supplémentaires d’Alma le Jeune sur la résurrection dans son compte rendu de sa discussion disciplinaire avec son fils Corianton suite à une transgression morale de ce dernier au cours de son service missionnaire (Alma 39–42). Corianton avait cherché à justifier sa transgression à son père en exprimant des doutes sur ce qu’il enseignait en ce qui concerne la résurrection [53]. Ces mêmes questions s’étaient posées à son père, lequel en avait précédemment fait le sujet d’une recherche diligente (Alma 5:46–48 ; 40:3). Voici les nouvelles idées d’Alma le Jeune à propos de la doctrine de la résurrection :

- Personne ne ressuscite avant la venue du Christ (Alma 40:2).
- Il y a un moment bien précis qui est prévu où tout le monde ressuscitera, mais il n’y a que Dieu qui sait quand ce sera (Alma 40:4, 9).
- Il y aura probablement des résurrections multiples puisqu’il y aura des justes qui vivront et mourront après la mort et la résurrection du Christ (Alma 40:5, 8).
- Alma le Jeune croyait que les justes qui avaient vécu jusqu’au Christ ressusciteraient avec lui (Alma 40:20) [54].

Alma le Jeune parle aussi à Corianton de ce que signifie l’expression première résurrection, qui donne lieu à certaines des ambiguïtés que j’ai mentionnées plus haut [55]. Il concède la possibilité d’un troisième sens à cette expression, à savoir la restauration des âmes désincarnées des justes à un état de bonheur entre la mort et la résurrection (Alma 40:15). Et tandis qu’il peut comprendre pourquoi certains de ses contemporains auraient pu penser que c’est là le sens de l’expression, il dit que ce qu’Abinadi entend par là est « la réunion de l'âme avec le corps, de ceux qui ont été depuis le temps d'Adam jusqu'à la résurrection du Christ » (Alma 40:18), ce qui n’est pas l’usage normal de l’expression chez les saints des derniers jours.

Alma le Jeune avait également enseigné à d’autres la doctrine de la résurrection avant d’en parler avec Corianton. Il y voyait et l’utilisait comme un outil missionnaire puissant susceptible d’encourager tous ses auditeurs à se repentir. Il est évident qu’il l’avait enseigné à Amulek, son compagnon missionnaire, avant leur prédication à la ville d’Ammonihah, parce qu’Amulek en fait l’exposé détaillé en réponse aux efforts de Zeezrom pour le confondre :

« Et il viendra au monde pour racheter son peuple; et il prendra sur lui les transgressions de ceux qui croient en son nom; et ce sont ceux-là qui auront la vie éternelle, et le salut ne vient à personne d'autre. C'est pourquoi les méchants restent comme si aucune rédemption n'avait été faite, si ce n'est que les liens de la mort seront détachés; car voici, le jour vient où tous ressusciteront des morts, et se tiendront devant Dieu, et seront jugés selon leurs œuvres. Or, il y a une mort qui est appelée mort temporelle; et la mort du Christ détachera les liens de cette mort temporelle, de sorte que tous ressusciteront de cette mort temporelle. L'esprit et le corps seront de nouveau réunis sous leur forme parfaite; membres et jointures seront rendus à leur forme propre, comme nous sommes maintenant, en ce moment; et nous serons amenés à nous tenir devant Dieu, connaissant comme nous connaissons maintenant, et ayant le souvenir vif de toute notre culpabilité. Or, ce rétablissement se fera pour tous, jeunes et vieux, esclaves et libres, hommes et femmes, méchants et justes; et pas même un seul cheveu de leur tête qui sera perdu; mais chaque chose sera rendue à sa forme parfaite, comme elle est maintenant, ou dans le corps, et ils seront amenés et traduits devant la barre du Christ, le Fils, et de Dieu le Père, et de l'Esprit-Saint, qui sont un seul Dieu éternel, pour être jugés selon leurs œuvres, qu'elles soient bonnes ou qu'elles soient mauvaises. Or, voici, je vous ai parlé de la mort du corps mortel, et aussi de la résurrection du corps mortel. Je vous dis que ce corps mortel est ressuscité à un corps immortel, c'est-à-dire de la mort, à savoir, de la première mort, à la vie, de sorte qu'ils ne peuvent plus mourir; leur esprit s'unissant à leur corps, pour ne jamais être séparés; le tout devenant ainsi spirituel et immortel, de sorte qu'ils ne peuvent plus voir la corruption. » (Alma 11:40–45).

C’est l’explication la plus claire de la nature physique de la résurrection que l’on puisse trouver dans les Écritures. Elle va, dans ses détails, bien au-delà de celle fournie par Abinadi et donne à penser que soit Alma le Jeune, soit Amulek, soit les deux, avaient reçu des réponses plus détaillées aux questions qui leur venaient à l’esprit tandis qu’ils se préparaient pour leur œuvre missionnaire parmi les Ammonihahites.

Samuel le Lamanite

La personne suivante à avoir reçu une révélation à propos de la doctrine de la résurrection est Samuel le Lamanite. Alma le Jeune avait certainement prévu la doctrine enseignée plus tard par Samuel quand il exprima à son fils Corianton son opinion que les âmes et les corps des justes seraient réunis au moment de la résurrection du Christ (Alma 40:20), mais Samuel parla avec l’autorité de quelqu’un qui était ordonné pour transmettre un message précis. Détaillant aux Néphites méchants, six ans à peine avant la naissance de Jésus-Christ, les signes qui attesteraient de sa naissance et ceux qui attesteraient de sa mort, il inclut parmi ces derniers la déclaration que « beaucoup de tombes s'ouvriront et rendront beaucoup de leurs morts; et beaucoup de saints apparaîtront à beaucoup » (Hélaman 14:25).

Ce passage est un peu maladroit, car il semble suggérer que les tombes seraient ouvertes et que les morts ressuscités apparaîtraient avant la fin des trois jours de ténèbres, ce qui aurait été avant que Jésus-Christ ne ressuscite [56]. Mais le passage est très important, parce que la mention de son accomplissement fut omise dans la version canonisée des écritures néphites dont Néphi III était le gardien au moment où le Christ vint et accomplit personnellement son ministère parmi les Néphites. C’est d’autant plus mémorable pour deux raisons. Tout d’abord, que le Christ commanda que cela soit inclus dans les annales scripturaires dont Néphi III était le gardien (3 Néphi 23:9–13) pour veiller à ce qu’un rapport de l’accomplissement de cette prophétie soit conservé [57] et deuxièmement, parce que notre traduction de ce rapport ne contient toujours pas la correction, de sorte que nous ne sommes au courant que parce que Néphi III écrivit fidèlement tout ce qu’il était autorisé à écrire sur le ministère personnel du Sauveur, même quand ses annales révélaient ses erreurs [58].

Mentions de la résurrection après Samuel

Les mentions restantes de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon n’ajoutent pas à notre compréhension. Car si le Christ a tout expliqué depuis le début, y compris la résurrection dans 3 Néphi 26, Mormon ne nous en a donné qu’un abrégé [59] qui réitère que « Tous les peuples... se tiendront devant Dieu, pour être jugés selon leurs œuvres... si elles sont bonnes, pour la résurrection de la vie éternelle ; et si elles sont mauvaises, pour la résurrection de la damnation... selon la miséricorde, et la justice, et la sainteté qui sont dans le Christ, qui était avant que le monde commence » (3 Néphi 26:4–5).

Mormon en savait plus que ce qu’il a écrit, car il avait devant lui le récit intégral du ministère et de l’enseignement du Christ, mais il lui était commandé de ne pas en ajouter davantage (3 Néphi 26:8–11), bien qu’il mentionne la doctrine au passage dans une de ses lettres pastorales à son fils Moroni (Moroni 7:41). Moroni en ajouta également un peu lorsqu’il dit que la résurrection universelle serait annoncée par une trompette (Mormon 9:13 ; D & A 88:94–102) et qu’il espérait être « amené triomphant dans les airs » (Moroni 10:34).

Cohérence interne du Livre de Mormon

Il y a un certain nombre de sujets qui découlent de cette étude qui tendent à prouver l’authenticité du Livre de Mormon, à savoir que :
• La doctrine se développe constamment.
• Si Joseph Smith et Oliver Cowdery avaient perçu que le roi Benjamin n’enseignait pas la doctrine de la résurrection après que Léhi et Jacob l’avaient déjà fait, ils auraient probablement essayé de corriger son sermon ou d’expliquer cette omission.
• Alma l’Ancien était impressionné par l’enseignement de la doctrine de la résurrection par Abinadi. Il n’aurait pas été tellement impressionné s’il avait connu l’enseignement de Jacob sur le même sujet.
• La doctrine a impressionné Alma le Jeune exactement aux endroits où Abinadi avait ajouté à l’enseignement de Jacob.
• Il est difficile d’imaginer que Joseph Smith et Oliver Cowdery aient pu inventer une sous-intrigue doctrinale aussi subtile si le Livre de Mormon était leur création.

Conclusion

Le développement de la doctrine de la résurrection dans le Livre de Mormon est une histoire d’une grande subtilité. Bien que paraissant bien établie et élémentaire dans l’enseignement de Jacob au cours du premier siècle après l’arrivée de la colonie léhite dans la terre promise, elle était hérétique et peut-être même séditieuse lorsqu’Abinadi la rétablit dans son enseignement au pays de Léhi-Néphi et particulièrement à la cour du roi Noé et de ses prêtres. Mais elle fut également une source d’inspiration et de motivation. Elle faisait partie de la raison pour laquelle Alma l’Ancien quitta la cour du roi Noé et fonda la première Église du Christ parmi les Néphites. À partir du ministère d’Abinadi, cette doctrine, associée à la doctrine du Messie, homme de douleur, constitua le noyau de l’enseignement orthodoxe néphite. Le désir d’en savoir plus sur la doctrine de la résurrection amena Alma le Jeune à une réflexion approfondie et à la nouvelle révélation qui suivit, qui lui permit de fonder l’Église à Zarahemla et dans les pays environnants. Elle donna au peuple de l’Église, que son père et lui mirent en place, une plus forte raison de mener une vie juste. Alma le Jeune utilisa également la doctrine de la résurrection pour renforcer son enseignement à Corianton, son fils égaré, de la nécessité de se repentir.
S’il est vrai qu’il apparaît que les Néphites en savaient moins sur la doctrine de la résurrection que les saints des derniers jours, même après les révélations reçues par Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite, ces dirigeants inspirés utilisèrent leurs nouvelles connaissances doctrinales pour motiver ceux dont ils avaient la charge vers une vie meilleure et juste. L’écart entre ce que les Néphites connaissaient de la résurrection et ce que les saints des derniers jours savent maintenant donne à penser que nous ne vivons pas à la hauteur de nos bénédictions. Ces différences de compréhension attestent aussi de l’authenticité du processus de traduction du Livre de Mormon. Si Joseph Smith et Oliver Cowdery n’avaient pas appris eux-mêmes ces points de doctrine à mesure qu’ils avançaient, il leur aurait été très difficile d’éviter de corriger les lacunes dans la compréhension qui apparaissent dans l’histoire, en particulier dans le sermon du jour des Expiations du roi Benjamin.

Ces aperçus du développement doctrinal dans le Livre de Mormon suggèrent également que ce livre a à peine commencé à faire son travail pour convaincre Juifs et Gentil que Jésus est le Christ.

Notes

[1] Thompson, A. Keith, “Who was Sherem?” Interpreter: A Journal of Mormon Scripture, 14, 2015, p. 1–15.
[2] “How long did it take Joseph Smith to translate the Book of Mormon”, Ensign, janvier 1988, p. 47.
[3] Arthur Marmorstein, “The Doctrine of the Resurrection of the Dead in Rabbinic Theology”, dans Studies in Jewish Theology, J. Rabbinowitz et M.S. Lew dir. de publ., Oxford University Press, Londres, 1950, p. 577.
[4] Notez cependant qu’Ésaïe et Ézéchiel postdatent tous deux l’arrivée des Israélites en terre juive
[5] Marmorstein, The Doctrine of the Resurrection of the Dead, p. 578.
[6] Id.
[7] Id.
[8] Id.
[9] Voir http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html, citant le commentaire d’Adam Clarke sur Matthieu 16:1. Voir aussi http://www.livius.org/saa-san/sadducees/sadducees.html où les savants commentateurs ajoutent que l’école d’Antigone se divisa en deux, les sadducéens qui suivaient Tsadok et les boethusiens qui suivirent Boethus comme Marmorstein citant Avot de Rabbi Nathan. Le Rabbi Nathan dit aussi que les deux groupes se sont retirés de l’étude de la Torah orale parce qu’il était déraisonnable de la part de leurs ancêtres d’avoir cru que la récompense pour les travaux de la journée devait être postposée au-delà du soir. Cependant, bien qu’ils affirment que « la valeur historique de cette anecdote est douteuse », la date du schisme (deux générations après Antigone, vers 140 avant notre ère) correspond parfaitement à l’origine probable du mouvement sadducéen. Voir aussi http://bible.org/seriespage/sadducees, où Allen Ross traite aussi de l’origine des sadducéens mais suggère que les boethusiens sont devenus les hérodiens et les adeptes de Tsadok dans ce schisme, les sadducéens.
[10] Voir http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html, citant le commentaire d’Adam Clark sur Matthieu 16:1.
[11]Marmorstein, The Doctrine of the Resurrection of the Dead, p. 581.
[12]Voir http://lavistachurchofchrist.org/LVanswers/2007/10-21a.html. Voir aussi Deacon Duncan, “Life after Death, as the Sadducees saw it”, 8 novembre 2009, http://blog.evangelicalrealism.com/2009/11/08/life-after-death-as-the-sadducees-saw-it/.
[13] John Piippo, “Why Did the Sadducees Deny the Idea of the Resurrection?,” 18 novembre 2010, http://www.johnpiippo.com/2010/11/why-did-sadducees-deny-idea-of.html..
[14] Voir http://www.livius.org/people/sadducees/.
[15] Id.
[16] Deacon Duncan, “Life after Death, as the Sadducees saw it”, citant le livre de John C. Meyers, Christian Beliefs and Teachings. On y dit aussi que, selon C.S. Lewis, les sadducéens croyaient au Schéol.
[17] Josèphe, Histoire ancienne des Juifs 13:172–173. Voir aussi http://bible.org/seriespage/sadducees
[18] Josèphe, La guerre des Juifs 2:162–166.
[19]. Notez l’essai de l’auteur, qui propose une origine de la synagogue juive antérieure à ce que pensent généralement les érudits du judaïsme. Cette origine plus ancienne est en partie justifiée par l’existence de synagogues parmi les peuples du Livre de Mormon qui n'aurait pas pu apporter cette institution si elle n’avait commencé qu’à la captivité babylonienne. (Interpreter: A Journal of Mormon Scripture 3, 2013, p. 55–195).
[20] Robert J. Matthews, “The Doctrine of Resurrection as Taught in the Book of Mormon”, BYU Studies 30:3, 41, 42.
[21] Id., p. 42.
[22] Id.
[23] Id., p. 45–46.
[24] Id., p. 43.
[25] Id., p. 45.
[26] Id., p. 46.
[27] Id., p. 52.
[28] Id.
[29] John Hilton III et Jana Johnson, “Who Uses the Word Resurrection in the Book of Mormon and How Is It Used?”, BYU Studies 21:2, 30, 32 (2012).
[30] Id. p. 32.
[31] Id.
[32] Id. p. 33.
[33] Jarom dit que de son temps il y en avait beaucoup parmi les Néphites qui recevaient des révélations (Jarom 1:4). Mais trois générations plus tard, Abinadom n’avait « connaissance d’aucune révélation, sauf de ce qui a été écrit » (Omni 1:11).
[34] C’est là l’un des nombreux aspects du ministère et de l’enseignement d’Abinadi qui symbolisaient le Christ. Voir aussi Jeffrey R. Holland, Christ and the New Covenant, Salt Lake City, Deseret Book, 1997, p. 171-172).
[35] Mosiah 17:2; 26:15. Nous avons des raisons de croire qu’Alma l’Ancien était la source du texte des grandes plaques de Néphi d'où Mormon tira son abrégé du récit qui nous est parvenu dans le Livre de Mormon puisqu’il se présente comme étant la seule personne qui aurait connu le fait de sa croyance singulière.
[36] Voir ci-après dans la cinquième partie.
[37] Notez qu’Abinadi savait aussi que le Messie à venir serait appelé Christ, bien qu’il ne soit dit nulle part comment il le savait (Mosiah 15:21).
[38] Peut-être à l’époque où Amaléki remit les petites plaques de Néphi au roi Benjamin comme traité ci-dessous.
[39] D’autres ont écrit sur la fusion des Néphites et des Mulékites (p. ex., John L. Sorenson, « The Mulekites », BYU Studies, Volume 30:3, été 1990, p. 6, https://ojs.lib.byu.edu/spc/index.php/BYUStudies/article/ viewFile/5873/5523). Le Livre de Mormon passe sous silence les questions politiques en jeu, se contentant de dire que le leader néphite fut nommé roi du peuple combiné à cause du niveau culturel de ce dernier (Omni 1:13–19), mais il y a des indications que cette fusion n’était pas heureuse après deux générations avec les Amlicites qui finirent par rejeter la direction aristocratique néphite, peut-être parce qu’ils descendaient de Mulek qui avait le plus grand droit au trône. On a également observé que la religion amlicite pourrait être un reste de l’époque mulékite (p. ex., John L. Sorenson, “The Mulekites”, BYU Studies, tome 30:3, été 1990, p. 6.
[40] Notez aussi qu’à ce stade, c’est toujours Néphi qui est le gardien des annales. Voir aussi les mentions prophétiques de Jésus-Christ dans les annales appelées petites plaques de Néphi dans 2 Néphi 25:19–29; 26:1, 8, 12; 27:11; 30:5, 7; 31:2–21; 32:3,6, 9; 33:6–7, 9-12; Jacob 1:4, 6–8; 2:19; 4:4–6, 11-12; 6:8–9; 7:2–3, 6, 9, 11, 14, 17, 19; Énos 1:8, 15, 26–27; Omni 1:26.
[41] 2 Néphi 5:18; Jacob 1:10, 11, 14–15. Dans ces deux chapitres, il y a une conclusion que les clefs de la prêtrise et l’autorité du roi peuvent avoir été séparées à la mort de Néphi puisque la plus grande partie de 2 Néphi après le chapitre 5 a été écrite par Jacob en tant que successeur sacerdotal de Néphi et la mention dans Jacob 1 suit immédiatement l’explication que le rôle de Jacob était de servir le peuple au temple et était séparé de la fonction royale ou de Néphi. Si ces fonctions ont été séparées après la mort de Néphi, elles se sont peut-être à nouveau réunies lorsque Amaléki a remis les petites plaques de Néphi au roi Benjamin, ce qui a eu pour résultat son sermon du jour des expiations au temple, plutôt qu’à Amaléki, qui n’avait pas de postérité (Omni 1:25) en tant que successeur sacerdotal de Jacob. Néphi fait également allusion à une séparation entre son rôle spirituel et son rôle temporel lorsqu’il parle du but spirituel premier des petites plaques (1 Néphi 9:2, 3).
[42] Ci-dessus, n 41.
[43] Mosiah 1er et Mormon disent tous deux à propos de leur langue écrite qu’elle s’est modifiée avec le temps (Omni 1:17, 18 ; Mormon 9:34). Néphi semble aussi s’être rendu compte que la langue écrite change avec le temps (1 Néphi 3:19). Zénif semble avoir été particulièrement fier du fait qu’il avait été « instruit dans toute la langue des Néphites » (Mosiah 9:1). Il a donc pu être membre d’une classe sacerdotale, quelqu’un dont les raisons de vouloir retourner à la ville de Néphi-Léhi étaient de récupérer le temple que Néphi avait construit et que les Néphites avaient abandonné lorsqu’ils avaient suivi Mosiah 1er jusqu’au pays mulékite de Zarahemla..
[44] Ci-dessous, n 45 et texte à l’appui.
[45] Par exemple, dans Alma 12, quand Zeezrom montre des signes de repentir à Ammonihah et demande à Alma le Jeune d'où vient cette connaissance de la doctrine de la résurrection, Alma le Jeune répond en disant que « Il est donné à beaucoup de connaître les mystères de Dieu; néanmoins, le commandement strict leur est imposé de n'en rien communiquer si ce n'est selon la partie de sa parole qu'il accorde aux enfants des hommes » (Alma 12:8–10). On peut trouver une pratique semblable de rétention d’une connaissance sacrée dans les instructions d’Alma le Jeune à son fils Hélaman détaillant ce qu’il pouvait et ne pouvait pas révéler quand il le rend dépositaire des annales sacrées et lui transfère l’office de grand prêtre du peuple de Néphi (Alma 37:11, 13–15, 21–33).
[46] Par exemple, dans Moïse 1:42 et dans l’utilisation de paraboles par le Sauveur pendant son ministère mortel (Matthieu 13:33–34).
[47] Voir, par exemple, Alma le Jeune et les fils de Mosiah II dans Mosiah 26:1–2 et Shérem dans Jacob 7. Zeezrom, avant sa conversion, a probablement aussi cru en la loi de Moïse, mais pas en l’avènement du Christ ni en la résurrection (Alma 12:8).
[48] Il est à noter qu’il est peu probable qu’Abinadom soit la même personne qu’Abinadi puisque le peu qu’il a apporté au livre d’Omni ne parle que de son implication personnelle dans la guerre avec l’ajout curieux que « les annales de ce peuple sont gravées sur des plaques qui sont détenues par les rois, selon les générations; et je n'ai connaissance d'aucune révélation, sauf de ce qui a été écrit, ni d'aucune prophétie » (Omni 1:10, 11). La curiosité est qu’il considère ces plaques comme secondaires par rapport à celles tenues par les rois. Peut-être y avait-il des buts sages supplémentaires pour lesquels ces plaques sont devenues distinctes de celles conservées par les rois — y compris le fait qu’elles sont devenues un témoin supplémentaire et distinct du nom du Christ et de la doctrine de la résurrection. Voir également la suggestion de Roger Terry qu’Abinadi était le frère disparu d’Amaléki (Roger Terry, “Scripture Notes: Unearthing Abinadi’s Genealogy”, Sunstone Magazine, 11 juin 2013, https://www.sunstonemagazine.com/scripture-notes-unearthing-abinadis-genealogy/).
[49] Mosiah 8 (en particulier le verset 7) mentionne les efforts infructueux de roi Limhi pour retrouver le chemin vers le pays de Zarahemla, trouvant au lieu de cela les annales de la civilisation disparue des Jarédites (voir aussi Mosiah 21:25, 26, 36). Initialement, les Amulonites n’avaient aucun intérêt à trouver que ce soit le pays de Léhi-Néphi ou le pays de Zarahemla. Ils cherchaient plutôt un passage pour retourner au pays de Léhi-Néphi, quand cette connaissance leur a permis de faire la paix avec les armées des Lamanites qui les avaient trouvés tandis qu’ils suivaient en vain le peuple du roi Limhi, qui s’était enfui vers Zarahemla, guidé par Ammon (Mosiah 23:30–37). Le peuple d’Alma l’Ancien finit aussi par échapper à sa servitude amulonite/lamanite vers le pays de Zarahemla, mais il eut besoin pour cela de l’aide divine (Mosiah 24:16–25).
[50] Si Abinadi était le frère disparu d’Amaléki et un autre fils d’Abinadom, qui était devenu gardien héréditaire des annales sacrées du ministère sacerdotal de Néphi parmi le peuple, alors Abinadi était probablement lui-même un prêtre et a pu être l’un des prêtres de Zénif qui furent déposés lorsque le roi Noé lui succéda. S’il en était ainsi, il devait bien connaître Alma l’Ancien ou même lui être apparenté, ce qui permettrait de mieux comprendre pourquoi le roi Mosiah II aurait remis les annales à Alma l’Ancien quand il a séparé l’Église et l’État et a permis à Alma le Jeune de fonder une église parmi le peuple de Zarahemla.
[51] Alma le Jeune enseignait que beaucoup qui se qualifiaient par leur dignité et l’étude soigneuse recevaient des révélations que le Seigneur refusait à l’ensemble du peuple (Alma 12:9–11; 13:8–20; 37:43–46; 40:3, 15, 20–21).
[52] Joseph F. Smith, “Status of Children in the Resurrection,” Improvement Era, mai 1918, p. 571.
[53] Il y a ici une ironie qui n’a certainement pas échappé à Alma le Jeune puisqu’il a dû se souvenir que sa propre incrédulité vis-à-vis de la doctrine de la résurrection lui avait servi de prétexte pour pécher avant sa conversion (Mosiah 26:1–4).
[54] On notera que Samuel le Lamanite reçut manifestement davantage de révélation en réponse à cette question puisqu’il prophétisa que « beaucoup de tombes s'ouvriront et rendront beaucoup de leurs morts; et beaucoup de saints apparaîtront à beaucoup » (Hélaman 14:25) comme signe de la mort du Christ. Bien que le texte des paroles de Samuel qui nous est parvenu ne parle pas de cela comme d’une résurrection, le Christ semble l’avoir appelé comme cela parmi les Néphites (3 Néphi 23:9–13), ce qui est un peu étrange puisque l’on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’ils ressuscitent avant que le Christ ressuscite d’abord, ce qui eut lieu après que les trois jours de tumulte se fussent calmés.
[55] Notez également que la résurrection du Christ et de ceux qui ressuscitèrent avec lui est une façon de comprendre l’expression « première résurrection ». L’autre signification commune consiste à distinguer la résurrection des justes de celle des injustes, celle-là étant la première.
[56] Il semble plus probable que les morts furent vus après la dissipation des ténèbres, sinon comment aurait-on pu les voir?
[57] Le Christ était apparemment déçu que cet accomplissement de la prophétie n’ait pas été enregistré au cours de l’année qui s’était écoulée entre les signes de sa mort et son apparition personnelle parmi les Néphites (3 Néphi 8:2 ; 10:18).
[58] Il est difficile, voire impossible, de corriger ce qui a été gravé sur des plaques de métal. Cela étant, il semble que le simple fait que Néphi note que cela a été omis répond à la volonté de témoigner requise par le Christ lorsqu’il exerça son ministère parmi les Néphites. Autrement dit, il n’était pas possible pour Néphi de revenir en arrière et d’ajouter quelques lignes à l’endroit approprié dans le texte chronologique sur les grandes plaques de Néphi abrégé plus tard par Mormon. [NdT : voir cependant « Une trentaine de chiasmes » sous Hélaman 14 dans Idumea ]
[59] Cela sur ordre du Christ (3 Néphi 26:11). Il écrivit « la plus petite partie des choses qu’il a enseignées au peuple... d'abord, pour éprouver leur foi, et s'ils croient ces choses, alors les choses qui sont plus grandes leur seront manifestées » (3 Néphi 26:8, 9).