Tous les indices fournis par le Livre de Mormon tendent à démontrer que l’action du livre se situe en Mésoamérique (le sud du Mexique et le nord du Guatemala). Mais alors, comment expliquer les paroles attribuées à Joseph Smith situant certains événements en Amérique du Nord ? Une réponse possible.

La Mésoamérique comme théâtre principal et l’Amérique du Nord comme arrière-pays dans la géographie du Livre de Mormon

Mark Alan Wright

Résumé : Les meilleures indications dont nous disposons pour le Livre de Mormon continuent d’aller dans le sens d’un modèle limité à la Mésoamérique. Cependant, Alma 63 nous apprend l’existence d’une migration massive vers le nord au milieu du premier siècle avant Jésus-Christ. Ma thèse est que ces émigrants partis vers le nord se sont dispersés au fil des siècles et ont fondé des colonies qui étaient géographiquement distantes du territoire néphite principal, bien au-delà de la portée du texte du Livre de Mormon. J’introduis l’Hypothèse de l’Arrière-pays et j’affirme qu’elle peut harmoniser les indices en faveur d’une localisation méso-américaine pour le Livre de Mormon avec ce que Joseph Smith a dit concernant les traces d’une culture néphite et lamanite en Amérique du Nord. J’aurai recours à des indices archéologiques et anthropologiques pour démontrer qu’il y a effectivement eu des migrations et une influence culturelle qui se sont propagées, à l’époque précolombienne, de la Mésoamérique vers l’Amérique du Nord.

Il y a maintenant plusieurs années que j’essaie d’éviter le sujet de la géographie du Livre de Mormon, car c’est une entreprise compliquée et souvent conflictuelle. L’Église n’a, bien entendu, aucune position officielle en ce qui concerne l’endroit où le Livre de Mormon se situe. Cela n’a pas empêché d’âpres débats concernant sa géographie pendant la majeure partie du siècle dernier. Actuellement, l’affrontement le plus hargneux est entre les partisans d’une localisation en Mésoamérique et ceux qui croient que les États-Unis sont le véritable emplacement. Malgré ce que peut suggérer mon titre quelque peu agressif, cet article est en fait une tentative de synthétiser certains aspects de ces deux modèles et de construire, dans la mesure du possible, un pont entre les deux camps.

Ma thèse de base est la suivante : les principaux lieux et événements détaillés dans le texte du Livre de Mormon ont eu lieu en Mésoamérique, mais beaucoup de Néphites et de Lamanites ont émigré et implanté des colonies loin au nord du théâtre principal des événements et sont donc tout simplement hors de la portée du texte. Je ne suis certainement pas le premier à avancer cet argument ou à relever l’importance de cette émigration vers le nord ; mais les innombrables conversations que j’ai eues au cours des dernières années sur la géographie du Livre de Mormon m’ont prouvé que beaucoup de gens ne connaissent pas les faits. Je reconnais que je ne fais pas grand-chose de plus que reconditionner des recherches antérieures et leur donner un nom accrocheur — ce qui m’amène à l’Hypothèse de l’Arrière-pays [1].  

Le terme arrière-pays est utilisé pour désigner des régions qui sont éloignées des zones urbaines. Elles se situent à la périphérie d’une population urbaine. Les migrations à grande échelle du centre vers la périphérie et au-delà ne sont pas rares en raison de la pression démographique ou d’autres causes. En Mésoamérique précolombienne, par exemple, les cités-États organisaient souvent des émigrations pour installer des garnisons militaires ou des comptoirs commerciaux à la périphérie de leur domaine [2]. S’il y a des gens qui devraient comprendre la fonction des migrations, c’est bien nous, les saints des derniers jours, étant donné que notre histoire et notre identité sont en grande partie définies par des mouvements depuis Kirtland jusqu’au Missouri, à Nauvoo et l’exode vers l’Ouest. Dès que les Saints ont été établis dans la vallée du lac Salé, des colonies ont commencé à surgir dans l’arrière-pays : le sud de l’Utah, l’Idaho, le Wyoming, le Nevada, la Californie, jusqu’au Canada et même aussi loin au sud que Chihuahua, au Mexique [3].  

Dans le Livre de Mormon, les émigrations massives sont dues aux empiètements incessants des Lamanites venant du sud, qui repoussent continuellement les populations néphites vers le nord, en commençant par la fuite de Mosiah 1er de la ville de Néphi vers Zarahemla (Omni 1:12–15) et culminant des siècles plus tard à la colline de Cumorah (et nous reviendrons sur la question de Cumorah un peu plus tard).

L’un des premiers à souligner l’importance de l’émigration vers le nord dans le Livre de Mormon est John E. Page, qui avait été l’un des douze apôtres sous Joseph Smith [4].  En 1848, il note : « Tous ceux qui connaissent bien le Livre de Mormon sont probablement au courant du fait que l’intégralité de l’histoire des ancêtres des Indiens d’Amérique, appelés les Néphites, les Lamanites et les Zoramites, se limite entièrement à l’Amérique Centrale jusqu’à la page 394 [5]. »  

John Page fait ici allusion aux migrations vers le nord dont il est question dans Alma 63 survenues au cours des trente-septième et trente-huitième années du règne des juges, vers 55 av. J.-C. Alma 63:4 nous informe que « cinq mille quatre cents hommes, avec leurs épouses et leurs enfants, [partirent] du pays de Zarahemla pour aller dans le pays qui était situé du côté du nord ». Cela fait cinq mille quatre cents hommes, plus leurs femmes, plus leurs enfants. Même si chaque couple n’a qu’un ou deux enfants, la migration devait être composée de 16 000 à 22 000 individus.

La même année, Hagoth construit et lance deux navires depuis la mer de l’ouest, « et ils prirent la direction du nord » (Alma 63:5–6). Soit dit en passant, Hagoth n’est sur aucun des deux premiers navires et, l’année suivante, il construit d’autres navires, et, à ce moment-là, « le premier navire revint aussi, et beaucoup d’autres personnes y entrèrent ; et ils prirent aussi beaucoup de provisions et partirent de nouveau vers le pays qui est situé du côté du nord » (Alma 63:7) [6].  « On n’entendit plus jamais parler » de ce troisième navire et un autre navire encore, qui appareilla la même année, subit le même sort. Nous lisons aussi que la 38e année « il y eut beaucoup de gens qui allèrent dans le pays situé du côté du nord » en plus des groupes mentionnés précédemment (Alma 63:8–9). Ce que cela veut dire, c’est qu’Alma 63 décrit une ère de déplacement et d’émigration vers le nord à un moment donné de la moitié du premier siècle avant Jésus-Christ, en dehors du théâtre principal des événements néphites et donc en dehors de la portée de l’histoire néphite. Ma thèse est que ces émigrants néphites ont poursuivi l’expansion vers le nord au cours des siècles, souvent en raison de la pression lamanite venant du sud. Au cours de cette expansion, les Néphites et les Lamanites ont fondé des implantations, ou des colonies, ou des avant-postes, appelez-les comme vous voulez. Je crois que tout ce que Joseph Smith ou ses contemporains ont dit concernant les Néphites ou les Lamanites en Amérique du Nord peut être expliqué par l’Hypothèse de l’Arrière-pays.

Pour être clair, je ne plaide pas pour un retour à un modèle « hémisphérique » de la géographie du Livre de Mormon. Les modèles hémisphériques prennent des villes bien déterminées et nommées dans le Livre de Mormon et les dispersent à tout vent dans toute l’Amérique du Nord et du Sud. Je suis un partisan convaincu d’une géographie plus limitée et je crois que tous les indices dont nous disposons situent carrément le récit de base du Livre de Mormon en Mésoamérique. Maintenant, pour ce qui est de savoir quelle géographie mésoaméricaine précise est correcte — le modèle Grijalva ou le modèle Usumacinta —  franchement, cela m’est égal. L’ensemble des éléments dont nous disposons a toujours été en faveur et sera toujours en faveur d’un cadre mésoaméricain, à tel point que le seul fait de l’évoquer ici me fait l’effet d’enfoncer une porte ouverte. Ce que je veux dire, c’est qu’il y avait probablement d’innombrables implantations néphites et lamanites réparties sur tout le continent, y compris le territoire actuel des États-Unis, dont l’histoire n’est pas contenue dans le Livre de Mormon. Elles sont tout bonnement externes au texte. Elles n’en sont pas moins néphites ou lamanites pour autant ; cela signifie simplement que leur histoire n’est pas rapportée dans ce livre.

Les prophètes de Jacob à Moroni ont émis le regret de ne pas pouvoir inclure ne serait-ce que la centième partie de leurs activités, ce qui signifie que nous devons travailler avec moins d’un pour cent de l’histoire néphite [7]. Les auteurs néphites ne peuvent, de leur propre aveu, donner qu’un abrégé des événements qui se sont produits dans leur zone centrale ou, au mieux, dans leur sphère d’interaction assez limitée. Quant à ceux qui sont allés vers le nord au milieu du premier siècle avant Jésus-Christ, ils ont fait partie des 99 % des événements qui n’ont pas fait « la une » : loin des yeux, loin du cœur.

Je crois que nous nous rendons un mauvais service quand nous jouons au tout ou rien quand il s’agit de questions de géographie dans le Livre de Mormon. Et j’ai bien peur que nous jouions souvent au jeu dangereux de «l’Autorité générale a dit ». « Ah oui ? Eh bien, figurez-vous que la président Untel a dit cela ! » Et nous voilà partis à opposer les paroles d’un des premiers saints à celles d’un autre, lancés dans une poursuite sur l’échiquier en essayant de nous bloquer mutuellement sans jamais être vraiment capables de mettre l’autre échec et mat.

Pour les saints du temps de Joseph, tout indice, quel qu’il ait été, d’où qu’il provienne sur le continent était considéré comme preuve du Livre de Mormon. Dans un seul paragraphe d’un éditorial du numéro du 15 juillet 1842 du Times and Seasons, le rédacteur se réjouit à la fois des indices nord-américains glanés dans American  Antiquities de Josiah Priest et des indices mésoaméricains mis en avant par John Lloyd Stephens et Frederick Catherwood dans Incidents of Travel in Central America, Chiapas, and Yucatan. Après avoir cité longuement Josiah Priest, l’éditorial dit :

« Si les hommes, dans leurs recherches sur l’histoire de ce pays, en remarquant les tumulus, les fortifications, les statues, l’architecture, le matériel de guerre, l’élevage et les ornements en argent, en airain, etc. — devaient examiner le Livre de Mormon, leurs conjectures disparaîtraient et leurs opinions seraient modifiées ; l’incertitude et le doute seraient changés en certitude et en faits et ils constateraient que ces choses qui les intriguent tant sont des faits historiques révélés dans ce livre. Ils verraient que leurs conjectures étaient plus que réalisées — qu’un peuple grand et puissant avait habité ce continent — que les arts, les sciences et la religion avaient régné dans une très grande mesure et qu’il y avait des villes aussi grandes et aussi puissantes sur ce continent que sur le continent asiatique. Ni Babylone, ni Ninive, ni aucune des ruines du Levant n’aurait pu se targuer d’avoir des sculptures plus parfaites, des conceptions architecturales meilleures et des ruines plus impérissables que ce que l’on trouve sur ce continent. Les recherches de Stephens et de Catherwood en Amérique Centrale en témoignent abondamment. Les ruines impressionnantes, les sculptures élégantes et la magnificence des ruines du Guatamala [sic] et d’autres villes, corroborent cette affirmation et montrent qu’un peuple grand et puissant — des hommes d’un grand esprit, d’une claire intelligence, d’un génie brillant et ayant une vision de grande ampleur ont habité ce continent. Leurs ruines parlent de leur grandeur ; le Livre de Mormen [sic] expose leur histoire. — ED » [italiques ajoutés]

Cet éditorial montre clairement que les premiers saints acceptaient tous les éléments de preuve pour le Livre de Mormon, quand bien même cela viendrait de l’autre bout du continent. Alors, comment pouvons-nous avancer que le théâtre principal de l’action du Livre de Mormon est en Mésoamérique et reléguer l’Amérique du Nord à la périphérie ? Jetons un coup d’œil sur les citations de Joseph Smith qui sont généralement utilisées par les tenants de la théorie de l’Amérique du Nord comme théâtre principal et voyons si elles peuvent être casées dans l’Hypothèse de l’Arrière-pays.

Commençons par Zelph. La version de l’histoire de Zelph utilisée par  les tenants de l’Amérique du Nord utilise la History of the Church comme source, ce qui pose un problème parce que cet ouvrage n’est que l’assemblage d’un certain nombre de récits divers [8]. Il existe six sources primaires écrites par des hommes qui étaient présents et aucune n’est de Joseph lui-même. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, la voici en gros : pendant qu’ils participaient à la marche du Camp de Sion en juin 1834, certains hommes creusèrent dans un grand tumulus et trouvèrent un squelette à une cinquantaine de centimètres sous la surface. Soit Joseph était là quand cela se passa ou ils l’y amenèrent plus tard — peut-être même le lendemain — et il proclama que le squelette était celui d’un guerrier lamanite, un juste,  nommé Zelph, qui avait servi sous les ordres d’un chef ou d’un roi nommé Onandagus, qui était connu de la mer de l’est jusqu’aux montagnes Rocheuses. Zelph avait été tué au combat comme en témoignait la pointe de flèche trouvée dans sa cage thoracique ; mais on ne sait pas au juste qui combattait contre qui. Cela a pu être Néphite contre Lamanite ou Lamanite contre Lamanite ; les récits sont contradictoires sur ce détail ainsi que sur beaucoup d’autres. Un détail important sur lequel la History of the Church se trompe, c’est quand elle dit que Onandagus était connu de la colline Cumorah jusqu’aux montagnes Rocheuses. Aucune des sources primaires ne dit que Joseph ait affirmé une chose pareille [9].

Bien que Joseph lui-même ne mentionne jamais Zelph dans l’un de ses journaux ou de ses lettres, il a écrit ou, plus précisément, dicté le lendemain une lettre à Emma. Elle a été en fait écrite par James Mulholland et ensuite signée par Joseph [10]. Dans la lettre, il mentionne la satisfaction qu’il a ressentie pendant qu’il marchait « dans les plaines des Néphites, à raconter occasionnellement l’histoire du Livre de Mormon, errant parmi les tumulus de ce peuple jadis bien-aimé du Seigneur, à ramasser leurs crânes et leurs os comme preuve de son authenticité divine » [11].  Pour les tenants de la théorie du théâtre principal en Amérique du Nord, c’est concluant. Joseph dit clairement qu’on est en territoire néphite. D’autre part, les tenants de la Mésoamérique se disent que Joseph ne faisait peut-être que simplement faire une supposition ou donner son opinion plutôt que déclarer qu’il avait reçu cette information par la révélation.

Je pense que l’Hypothèse de l’Arrière-pays peut proposer un cadre mésoaméricain pour le Livre de Mormon tout en acceptant que les déclarations de Joseph étaient un fruit de la révélation. Comment cela ? Les personnes et les détails géographiques qui sont nommés dans ces récits sont introuvables dans le texte du Livre de Mormon. Ils sont externes à son histoire. Il n’y a aucun Zelph, aucun Onandagus qui soit nommé dans le Livre de Mormon. Comme l’apôtre Widtsoe l’a suggéré : « Zelph datait probablement d’une période postérieure quand les Néphites et les Lamanites avaient été quelque peu dispersés et s’étaient répandus dans le pays [12]. »

De même, les « plaines des Néphites » ne sont jamais mentionnées dans le Livre de Mormon. Certes, il y a des « plaines » mentionnées entre les villes d’Abondance et de Mulek dans Alma 52:20 et il est question des « plaines de Néphihah » dans Alma 62:18, mais le terme général de « plaines des Néphites » est absent du Livre de Mormon. Parce qu’il y a plusieurs plaines qui sont attestées dans le texte, l’expression générale « plaines des Néphites » est trop vague pour être d’une quelconque utilité pour une localisation précise. Même parmi les Jarédites, il est question des « plaines de Heshlon » (Éther 13:28) et des « plaines d’Agosh » (Éther 14:15), mais, et c’est significatif, jamais seulement « les plaines des Jarédites ». Les mentions de plaines dans le texte du Livre de Mormon se rattachent toujours à une ville ben déterminée. Ce n’est pas le cas de celles de la lettre de Joseph à Emma.

L’autel à Adam-ondi-Ahman

Quelques années après l’incident de Zelph, Joseph a mené un certain nombre d’expéditions jusqu’au Comté de Daviess, au Missouri, pour examiner les emplacements possibles où installer les Saints  [13]. Le 19 mai 1838, George W. Robinson, qui remplissait à l’époque les fonctions de greffier général de l’Église et de secrétaire de la Première Présidence, notait dans le Scriptory Book :

« Le lendemain matin, nous avons démonté nos tentes et traversé la Grand River à l’embouchure du Honey Creek à un endroit appelé Nelsons Ferry... Ensuite, nous avons remonté la rivière la plupart du temps dans les bois sur une quinzaine de kilomètres jusqu’à ce que nous arrivions chez le Colonel Lyman Wight, qui vit au pied de Tower Hill, un nom décerné par le Président Smith du fait de la présence de restes d’un vieil autel et tour néphitique où nous avons campé pendant le sabbat [14]. »

Le récit donné dans la History of the Church appelle cela par erreur un autel « néphite ». Le document source cité ici précise que Joseph Smith ne l’appelle pas un autel « néphite » mais plutôt un autel « néphitique ». Quelle est la différence ? Ici nous ne pouvons que faire une supposition. Même si l’on trouve deux fois le terme « lamanitique » dans le Livre de Mormon (les deux fois en parlant de serviteurs royaux parmi les Lamanites) [15] le terme « néphitique » n’apparaît jamais. En fait, autant que je sache, cet autel est la seule chose jamais décrite comme étant « néphitique ». En ce qui concerne la description que Joseph fait de l’autel, certains ont suggéré que le prophète était simplement en train de faire une supposition plutôt que d’imputer son origine à la révélation, s’appuyant sur la propre déclaration de Joseph qu’ « un prophète n’est prophète que lorsqu’il agit comme tel » [16]. Mais, et s’il agissait « comme tel » en l’occurrence ? Et si c’était une révélation ? Cela exige-t-il que Tower Hill, au Missouri, soit l’emplacement d’une ville connue du Livre de Mormon ? Non, pas du tout. Joseph ne relie l’autel à aucune ville néphite nommée [17] ; il la généralise simplement comme étant néphitique. Selon mon hypothèse, cet autel néphitique aurait été construit par les émigrants néphites d’Alma 63 — ou, plus probablement, par leurs descendants de plusieurs générations plus tard. La déclaration de Joseph  peut donc être considérée comme étant le fruit d’une révélation sans exclure un cadre mésoaméricain pour le Livre de Mormon ou exiger un cadre nord-américain.

Cumorah

Tournons maintenant notre attention vers la question de Cumorah. S’il y a un site bien précis du Livre de Mormon que l’on connaît avec certitude, c’est bien la colline de Cumorah, pas vrai ? Nous savons que Moroni a enterré jadis les plaques à Cumorah et que Joseph Smith les y a déterrées. Mais est-ce bien le cas ? Pour être clair, Moroni n’a jamais dit qu’il a enterré les plaques dans la colline de Cumorah et il n’y a aucun document de première main qui dit que Joseph Smith ait jamais appelé Cumorah la colline située dans l’état de New York. En fait, une lecture attentive de Mormon 6:6 montre que toutes les annales néphites ont été enterrées à Cumorah sauf l’abrégé qui allait devenir le Livre de Mormon. Mormon explique :

« Et il arriva que lorsque nous eûmes rassemblé tout notre peuple en un seul au pays de Cumorah, voici, moi, Mormon, je commençai à être vieux; et sachant que ce serait la dernière lutte de mon peuple, et ayant reçu du Seigneur le commandement de ne pas laisser les annales, qui avaient été transmises par nos pères, qui étaient sacrées, tomber entre les mains des Lamanites (car les Lamanites les détruiraient), je fis alors ces annales-ci à partir des plaques de Néphi et cachai dans la colline de Cumorah toutes les annales qui m’avaient été confiées par la main du Seigneur, sauf ces quelques plaques que je donnai à mon fils Moroni. »

Quelques années plus tôt, quand les Néphites étaient repoussés vers le nord vers Cumorah dans leurs batailles sans fin avec les Lamanites, Moroni nous apprend : « Et alors, moi, Mormon, voyant que les Lamanites étaient sur le point de détruire le pays, j’allai à la colline de Shim et pris toutes les annales qu’Ammaron avait cachées pour le Seigneur » (Mormon 4:23). En fait, c’était contraire aux instructions d’Ammaron. Quand Mormon avait tout juste dix ans, Ammaron lui avait dit :

« Je voudrais qu’aux environs de ta vingt-quatrième année, tu te souviennes des choses que tu as observées concernant ce peuple; et lorsque tu auras cet âge-là, va au pays d’Antum, à une colline qui sera appelée Shim; et là j’ai déposé pour le Seigneur toutes les inscriptions sacrées concernant ce peuple. Et voici, tu prendras les plaques de Néphi pour toi, et les autres, tu les laisseras dans le lieu où elles sont; et tu graveras sur les plaques de Néphi toutes les choses que tu as observées concernant ce peuple »  (Mormon 1:3-4)

Pourquoi Mormon a-t-il décidé de prendre toutes les annales plutôt que simplement les plaques de Néphi, comme cela lui avait été commandé ? C’est parce que le pays était envahi par les Lamanites et que, les plaques étant déposées dans la colline de Shim, il craignait qu’elles ne tombent dans les mains des Lamanites et ne soient détruites.

Dans Mormon 8, Moroni déplore la destruction de son peuple à Cumorah et ne parle que vaguement de son plan de « cacher les annales dans la terre » (v. 4), un commentaire qu’il fait plus de vingt ans avant de les enterrer réellement. Dans Moroni 1, écrit plusieurs années plus tard, il affirme : « J’erre partout où je peux pour la sécurité de ma vie » (v. 3). En d’autres termes, il est depuis longtemps loin de Cumorah. Il fait aussi la remarque intéressante que les Lamanites continuent de mettre à mort les Néphites qui ne renient pas le Christ, en précisant que tous les Néphites n’ont pas été détruits lors de la bataille « finale ». Comme l’explique Hugh Nibley, « détruire, c’est ruiner la structure, pas annihiler les parties [18]. » Par analogie, les Juifs ont été "détruits de génération en génération » (2 Néphi 25:9), ce qui ne serait pas logique si détruire signifiait annihiler totalement.

Où étaient donc ces Néphites restants que les Lamanites mettaient à mort ? Ils devaient se trouver au nord de Cumorah, car nous lisons dans Mormon 8:2 « qu’après la grande et terrible bataille de Cumorah, voici, les Néphites qui s’étaient échappés dans la région située du côté du sud furent traqués par les Lamanites, jusqu’à ce qu’ils fussent tous détruits » (je souligne). Cela veut dire que les seuls Néphites qui restaient étaient ceux qui étaient dans les colonies vers le nord dans l’arrière-pays qui avaient été créées par les émigrants plusieurs siècles plus tôt.

La nouvelle Jérusalem / « Ce pays »

Le Seigneur a révélé, par l’intermédiaire de Joseph Smith, le prophète, que la nouvelle Jérusalem sera construite dans le comté de Jackson, Missouri (D & A 84:1-4) et le Livre de Mormon dit explicitement qu’elle doit être édifiée dans « ce pays » (3 Néphi 20:22 ; Éther 13:4-6). Les partisans de la théorie de l’Amérique du Nord comprennent ceci comme voulant dire que le théâtre principal des événements du Livre de Mormon devait se trouver en Amérique du Nord. Or, Matthew Roper a compilé littéralement des dizaines de déclarations de Joseph Smith et de ses contemporains qui montrent de manière tout à fait claire que les expressions « ce pays » et « ce continent » sont utilisées pour désigner tout le continent américain [19]. La citation déjà traitée du numéro du 15 juillet 1842 du Times and Seasons parle de « ce comté » et de « ce continent », en avançant tant les preuves mésoaméricaines que nord-américaines. Mais qu’en est-il des « prophéties » et des « promesses » concernant la puissante nation gentile ? Cela ne peut assurément désigner que les États-Unis d’Amérique ? Les déclarations des contemporains de Joseph Smith montrent clairement qu’ils croyaient que la totalité de l’Amérique était la terre promise. Par exemple, Brigham Young enseignait en août 1852 : « Le pays de Joseph est le pays de Sion ; et il faut l’Amérique du Nord et du Sud pour faire le pays de Joseph [20]. » George J. Adams, un croyant fervent au Livre de Mormon, écrivait en 1844 :

« Nous en venons maintenant à poser la question de savoir où la postérité de Joseph est allée ? Si elle s’était installée dans une partie quelconque de ce qu’on appelle techniquement le vieux monde, l’histoire ne nous en aurait-elle pas informés ? Il n’y a pas d’autre endroit que l’Amérique du Nord et du Sud où elle aurait pu aller, si l’ancien monde ne nous en apporte aucune trace. Le Continent de l’Amérique est le seul endroit où les prophéties concernant Joseph et sa postérité ont pu être accomplies [21].

Dans un autre exemple encore, nous avons un débat écrit entre deux missionnaires appelés Wharton et Appleby et un critique nommé Amos Wickersham en 1843. Frère Appleby déclare : « [Wickersham] dit : ‘il y avait des ruines qui existaient en Amérique Centrale’, (les terres, dit-il, appartenaient à Éphraïm, etc. mais je soutiens que c’est l’Amérique du Nord et du Sud qui constitue la terre promise pour les branches de Joseph) [22]. »

Les premiers saints comprenaient que c’était le continent tout entier de l’Amérique du Nord et du Sud et pas seulement les États-Unis qui était la terre promise. L’affirmation que seuls les États-Unis sont la terre promise est en fait une idée assez moderne. Je crains que nous souffrions souvent de présentisme, c’est-à-dire que nous nous en tenons inconsidérément à notre façon actuelle de voir les choses et en particulier notre tendance à interpréter les événements passés avec nos yeux et nos conceptions d’hommes modernes. Les États-Unis d’aujourd’hui ne sont pas ce qu’ils étaient du temps de Joseph Smith. Lorsque le Livre de Mormon a paru en 1830, il n’y avait que vingt-quatre états. Est-ce que cela signifie que les vingt-six états ajoutés depuis débordent du cadre des prophéties et des promesses ? Notamment, lorsque les saints, en 1846, se sont dirigés vers l’ouest vers la vallée du grand lac Salé, celle-ci et tout le territoire au sud de l’Oregon et à l’ouest de la ligne continentale de partage des eaux jusqu’à la côte du Pacifique faisaient encore partie du Mexique ; le temps qu’ils arrivent en 1847, la guerre du Mexique avait intégré tout cela dans les États-Unis. Cependant, le territoire de l’Utah n’est devenu un état qu’en 1896 ; les saints ont-ils été exclus des prophéties et des promesses pendant près de 50 ans ? Et qui peut dire si les États-Unis ne vont pas annexer le reste du Mexique ou même le Canada à un moment donné, dans notre quête pour éradiquer ces reliques jumelles de la barbarie que sont le football et le hockey sur glace qui détournent nos enfants des sports divinement inspirés que sont le basket-ball et le baseball ? Plaisanterie à part, les frontières changent avec le temps, mais pas les promesses de Dieu. Les prophéties et les promesses faites dans le Livre de Mormon à ceux qui habitent la terre promise s’étendent à tous ceux qui se repentent et vont à lui, quel que soit l’endroit où ils habitent.

Des preuves de l’émigration ? À quel point les émigrants étaient-ils justes ?

Une question à laquelle on ne peut peut-être pas répondre, mais qu’il faut considérer, c’est ce qui concerne la fidélité des émigrants qui ont s’en vont dans Alma 63. Les guerres lamanites viennent tout juste de prendre fin et « à cause de la durée extrêmement longue de la guerre entre les Néphites et les Lamanites, beaucoup s’étaient endurcis » (Alma 62:41). Ces gens avaient fini par se lasser de l’interminable conflit avec les Lamanites et ils cherchaient probablement à mettre de la distance entre eux et l’ennemi — plus elle serait grande mieux cela vaudrait. Leur moment était bien choisi ; la paix allait être de courte durée, quelques années tout au plus. Peu après leur départ, des Néphites dissidents se joignirent aux Lamanites et une nouvelle grande bataille s’ensuivit en territoire néphite (Alma 63:14-15).

Pourquoi la question de leur fidélité a-t-elle de l’importance ? Lorsque nous cherchons des traces de colonies néphites, nous devons nous demander si elles avaient pratiqué la religion néphite officielle ou si elles avaient été entièrement acculturées dans les pratiques et les croyances amérindiennes [22]. Alma 63 ne dit nulle part si elles ont emporté des annales ou si elles étaient dirigées par des personnes justes. Je pense qu’il est plausible, si pas probable, que leur identité mésoaméricaine a pensé plus lourd que leur affiliation néphite. Soit dit en passant, mon opinion personnelle est que les Néphites ont vécu parmi l’ensemble de la population, mais ne se sont pas identifiés à elle, tout comme les saints des derniers jours de par le monde sont complètement ancrés dans leur culture tout en conservant l’identité de leur sous-culture comme membres de l’Église. Par analogie, supposons que nous prenions un groupe de mormons non pratiquants — des gens qui ont été élevés dans l’Église, mais que cela n’intéresse pas d’être pratiquants — et que nous les déposions en plein milieu de la Chine. Seraient-ils perçus comme une colonie américaine ou comme une colonie de mormons ? S’ils n’apportaient aucune écriture, aucune littérature de l’Église et étaient complètement coupés du gros des saints, tout vestige de l’identité mormone serait probablement complètement perdue en une ou deux générations. Il peut donc en avoir été ainsi avec ces Néphites qui se sont installés dans le nord. D’autre part, ils ont pu se retrouver comme ceux des colonies mormones du Mexique, qui sont restés fidèles, bien que vivant dans l’arrière-pays à quinze cents kilomètres du gros de l’Église.

Ceci est une digression, mais elle est pertinente dans cette étude : quand j’étais étudiant de premier cycle à UCLA, j’ai passé un été dans les Colonies mormones à faire une étude linguistique anthropologique du bilinguisme dans les Colonies mormones pour mon mémoire. Je suis toujours surpris par le nombre de membres de l’Église qui n’ont jamais entendu parler des Colonies. Elles ont fait un peu parler d’elles au cours de la campagne électorale de 2012, étant donné que l’héritage de Mitt Romney remonte jusqu’à elles, mais elles restent encore relativement inconnues. Cela pourrait peut-être nous permettre de faire une analogie. Si les Colonies mormones du Mexique sont si peu connues parmi les membres de l’Église moderne qui vivent à l’ère de l’information, il semble tout à fait plausible — et, je pense, très probable — que la majorité des Néphites qui ont vécu après le temps du Christ ne savaient pour ainsi dire rien du sort de ceux qui étaient allés vers le nord un siècle ou plus auparavant.

Indications d’une interaction entre la Mésoamérique et l’Amérique du Nord [24]

Avec l’Hypothèse de l’Arrière-pays, la question se pose naturellement de savoir s’il existe ou non des indications qu’il y a eu des mouvements entre la Mésoamérique et l’Amérique du Nord. Il y en a eu.

Il y a des indications que l’influence culturelle mésoaméricaine s’est répandue, principalement vers le nord, déjà bien avant que les Néphites ne posent le pied dans le Nouveau Monde et que cela a continué pendant toute la période postclassique, ce qui signifie que la voie était ouverte bien longtemps avant que l’ère du Livre de Mormon ne débute et a continué à être utilisée longtemps après que Moroni a caché les annales.

Les indications d’un mouvement vers le nord montrent qu’il a été progressif, rayonnant lentement au fil des générations. Quels types d’éléments de preuve y a-t-il ? Les indices génétiques, linguistiques, botaniques, idéologiques et archéologiques sont tous là.

Commençons par les indices génétiques. En 2003, on a fait une étude comparant l’ADN des indiens Hopewell d’Ohio avec celui de cinquante populations autochtones d’Amérique du Nord et d’Amérique Centrale, étude qui a mis en évidence des marqueurs provenant d’Amérique Centrale et même d’Amérique du Sud [25]. Cela démontre, bien entendu, que l’interaction entre les deux régions comportait plus que de simples échanges de marchandises et d’idées. Pour que les marqueurs génétiques soient si répandus, il fallait qu’il y ait un nombre important de procréations, plus que ce qui aurait pu découler du passage occasionnel du marchand mésoaméricain en ville.

Les données linguistiques compilées par Brian Stubbs montrent que les langues uto-aztèques se sont propagées du Mexique jusqu’en Amérique du Nord, essentiellement dans le Sud-Ouest américain [26]. Comme mentionné précédemment, l’influence en direction du nord a souvent été progressive, ce qui signifie que nous voyons clairement l’influence venue du centre du Mexique remonter vers le nord du Mexique et puis celle du nord du Mexique passer dans le Sud-Ouest américain, puis se répandre du Sud-Ouest américain vers le nord, et ainsi de suite. Il y a un filtrage ou une dilution des traits culturels, mais ils sont néanmoins traçables. Par exemple, Robert L. Hall, un savant non mormon, a récemment publié dans The Oxford Handbook of North American Archaeology — une source très fiable — que selu, le mot cherokee désignant le maïs, est probablement apparenté à la racine nahuatl désignant le maïs, xilo - [27].

Pour ce qui est des indices botaniques, un exemple bref mais qui en dit long suffira. La principale denrée alimentaire des Mésoaméricains était le maïs. Comme le notent en 2009 les chercheurs non mormons Bruce Smith et Richard Yarnell dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le maïs domestiqué de Mésoamérique avait déjà atteint l’Amérique du Nord dès 200 av. j.-c. environ [28].

D’un point de vue idéologique et culturel, il y a un certain nombre de points communs fascinants que Robert L. Hall souligne dans son chapitre du Oxford Handbook intitulé « Quelques points communs reliant l’Amérique du Nord et la Mésoamérique » [29]. Il relève l’importance du bain de sueur, qui est diversement associé à la naissance, au renouveau et à la purification spirituelle et que l’on trouve depuis le sud du Guatemala jusque de l’autre côté de l’Amérique du Nord, depuis l’Alaska jusqu’à Terre-Neuve. Un autre point commun culturel est l’importance des sports de compétition, et plus précisément du jeu de balle. Bien que le jeu proprement dit ait varié d’une culture à l’autre, elles avaient en commun la notion générale de sport d’équipe joué avec une balle. Il y a aussi de nombreux points communs dans le domaine de leurs rites de deuil et de leurs rituels de sacrifice. Par exemple, un rite particulier chez les Aztèques et les tribus des grandes plaines voulait que les guerriers soient attachés à une pierre ou à une perche et combattent des ennemis en n’utilisant qu’une palette de bois. Le guerrier entravé n’avait aucune chance de gagner : c’était un rite sacrificiel. Un autre rituel sacrificiel en commun, c’était le sacrifice d’échafaudage dans laquelle la victime était attachée debout, les bras et les jambes écartés, et on la tuait ensuite à coups de flèches

Il faudra se contenter de ces quelques exemples. Quelque chose que ceux qui ne sont pas archéologues ne peuvent pas comprendre, c’est qu’il y a désespérément peu de communication entre les mésoaméricanistes et les archéologues nord-américains. Dans un article de 2008 dans American Antiquitiy, une des revues de haut niveau dans notre domaine, les auteurs déplorent : « Les archéologues dans le sud-est des États-Unis et au Mexique communiquent rarement entre eux. On tente rarement de faire des comparaisons de base sur des données de sites de colonisation, de subsistance ou d’autres systèmes culturels d’une région à l’autre, même autour du Golfe où ce devrait être facile [30]. » Le fait est qu’il y a beaucoup de choses que nous ne connaissons toujours pas.

En conclusion, j’aimerais réaffirmer que j’espère avec cet article pouvoir concilier les déclarations faites par le Prophète Joseph Smith concernant les Néphites et les Lamanites avec ce que les meilleurs indices archéologiques nous disent des lieux probables où se situe le Livre de Mormon. J’ai tenté de démontrer que l’Hypothèse de l’Arrière-pays peut expliquer les déclarations inspirées de Joseph tout en gardant le récit de base du Livre de Mormon en Mésoamérique. Les indices fournis par le Livre de Mormon et par l’archéologie scientifique montre le mouvement des idées et des peuples depuis la Mésoamérique vers l’Amérique du Nord. Mais, je le répète, l’Église n’a aucune position officielle sur ces questions. Nous, les membres de l’Église, nous devrions discuter avec courtoisie lorsque nous traitons de ces questions. Nous ne devons pas laisser les questions de savoir où se situe le Livre de Mormon dominer le message réel du livre : que Jésus est le Christ et que les prophéties et les promesses sont offertes à tous ceux qui vont à lui.

Notes 

[1] Voir, par exemple, John L. Sorenson, “Mesoamericans in Pre-Columbian North America,” dans Reexploring the Book of Mormon, dir. de publ. John W. Welch, Salt Lake City, Deseret Book Company et FARMS, 1992, p. 218–220; Tyler Livingston, The Book of Mormon and Mesoamerican Travels “Northward,” tiré du site du forum archéologique du Livre de Mormon, http://www.bmaf.org/articles/mesoamerican_travels_northward__livingston (visité le 25 août 2014).

[2] Susan Toby Evans et David L. Webster, dir. de publ., Archaeology of Ancient Mexico and Central America: An Encyclopedia, 1e éd., Londres, Routledge, 2013, p. 368.

[3] Richard L. Jensen, “Colonization”, dans Encyclopedia of Mormonism: The History, Doctrine, and Procedure of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, dir. de publ. Daniel H. Ludlow, 4 vols., New York, Macmillan, 1992, 1:290–294.

[4] Pour que tout soit bien clair, il convient de remarquer que John E. Page fut excommunié le 26 juin 1846 pour apostasie pour avoir soutenu James Strang comme successeur légitime de Joseph Smith. Son excommunication n’avait absolument rien à voir avec ses idées concernant la géographie  du Livre de Mormon.

[5] John E. Page, “Collateral Testimony of the Truth and Divinity of the Book of Mormon. — No. 3,” The Gospel Herald, 3/90 (14 September 1848), p. 123.

[6] Bien que cela soit courant dans un folklore mormon remontant à la mission de George Q. Cannon à Hawaï (1851–1854), rien ne confirme la croyance que Hagoth lui-même ou les bateaux qu’il a envoyés auraient abouti en Polynésie.

[7] Voir Jacob 3:13; Hélaman 3:14; 3 Néphi 5:8; 3 Néphi 26:6; Éther 15:33.

[8] Kenneth W. Godfrey, “What Is the Significance of Zelph in the Study of Book of Mormon Geography?” Journal of Book of Mormon Studies 8/2 (1999), p. 74–75.

[9] Godfrey, “What Is the Significance of Zelph?” p. 70–79. Le seul récit qui parle de la célébrité d’Onandagus date de 1893, près de soixante ans après l’événement et ne peut donc pas être considéré comme une source primaire.

[10] Voir “Source Note” pour Joseph Smith à Emma Smith, 4 juin 1834, sur le site The Joseph Smith Papers, sur http://josephsmithpapers.org/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834?p=#!/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834&p=1 (visité le 25 aoûtr 2014).

[11] Joseph Smith à Emma Smith, 4 juin 1834, sur le site The Joseph Smith Papers, en commençant à http://josephsmithpapers.org/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834?p=#!/paperSummary/letter-to-emma-smith-4-june-1834&p=2 (visité le 25 août 2014).

[12] John A. Widtsoe, “Evidences and Reconciliations: Is Book of Mormon Geography Known?” Improvement Era 7/53, juillet 1950, p. 547.

[13] Alexander L. Baugh, “Joseph Smith in Northern Missouri, 1838,” dans Joseph Smith, the Prophet and Seer, dir. de publ. Richard Neitzel Holzapfel et Kent P. Jackson, Provo, UT, Religious Studies Center, Brigham Young University; Salt Lake City: Deseret Book, 2010, p. 303–307.

[14] George W. Robinson, note dans son journal à la date du 18 mai 1838, transcript en ligne sur le site The Joseph Smith Papers, http://josephsmithpapers.org/paperSummary/journal-march-september-1838?p=29 (visité le 5 septembre 2014).

[15 Voir Alma 17:26; Alma 19:16 dans l’original anglais. Cette forme spéciale n’a pas été reprise dans la version française (NdT)

[16] History of the Church, 5:265.

[17] Les seuls autels qui soient jamais mentionnés de manière explicite parmi les Néphites sont dans la ville de Sidom en rapport avec leurs sanctuaires (Alma 15:17).

[18] Hugh W. Nibley, Lehi in the Desert; The World of the Jaredites; There Were Jaredites, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1988, p. 239.

[19] Matthew Roper, “Joseph Smith and the Question of Book of Mormon Geography” (exposé, conférence annuelle de FAIR, 5 août 2010); transcrit en ligne sur http://www.fairmormon.org/wp-content/uploads/2011/11/2010-Matthew-Roper.pdf (visité le 5 septembre 2014).

[20] Brigham Young, dans Journal of Discourses, 6:296 (15 août 1852).

[21] G. J. Adams, A Lecture on the Authenticity & Scriptural Character of the Book of Mormon, Boston, J. E. Farwell, 1844, p. 17.

[22] W. I. Appleby, Mormonism Consistent! Truth Vindicated, and Falsehood Exposed and Refuted: Being a Reply to A. H. Wickersham, Wilmington, DE, Porter & Nafe, 1843, p. 17.

[23] Voir Mark Alan Wright et Brant A. Gardner, “The Cultural Context of Nephite Apostasy,” Interpreter: A Journal of Mormon Scripture, 1 (2012), p. 25–55; en ligne sur http://www.mormoninterpreter.com/the-cultural-context-of-nephite-apostasy/ (visité le 5 septembre 2014).

[24] Cette partie emprunte fortement à Livingston, “The Book of Mormon and Mesoamerican Travels ‘Northward,’” cité dans la n. 1. On trouvera dans l’article un traitement plus complet de toutes les pistes de preuve et les sources à l’appui qui ne sont qu’effleurées ici.

[25] Lisa A. Mills, “Mitochondrial DNA Analysis of the Ohio Hopewell of the Hopewell Mound Group”, these de doctorat, Ohio State University, 2003, p. 90–91.

[26] Brian Stubbs. 2004. “A Few Hundred Hints of Egyptian and Two Dialects of Hebrew (or Northwest Semitic) in Uto-Aztecan.” Manuscrit non publié de 142 pages en la possession de l’auteur.

[27] Robert L. Hall, “Some Commonalities Linking North America and Mesoamerica,” dans The Oxford Handbook of North American Archaeology, dir. de publ. Timothy R. Pauketat, New York, Oxford University Press, 2012, p. 61.

[28] Bruce D. Smith et Richard A. Yarnell, “Initial Formation of an Indigenous Crop Complex in Eastern North America at 3800 BP,” Proceedings of the National Academy of Sciences 106/16 (2009), p. 6561.

[29] Hall, “Some Commonalities,” p. 52–63.

[30] Nancy Marie White et Richard A. Weinstein, “The Mexican Connection and the Far West of the U.S. Southeast,” American Antiquity 73/2 (2008), p. 230.