La véracité de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l’authenticité du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique qu’il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d’autre, que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n’aurait pu en être l’auteur, ou bien c’est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l’Église se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d’années, les indices en faveur de l’authenticité historique du Livre de Mormon n’ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et l’Église) en doute ne peut plus – s’il est intellectuellement honnête – les ignorer. L’article suivant traite d’un de ces indices.

Vol et brigandage dans le Livre de Mormon

et dans la législation du Proche-Orient antique

 

John W. Welch

F.A.R.M.S. Preliminary Report

Il est bien établi que la plupart des systèmes juridiques du Proche-Orient antique faisaient une distinction très précise entre voleurs et brigands. En vertu de ces lois, le voleur était habituellement une personne locale qui volait son voisin. Il tombait sous le coup de la justice. Il était jugé et puni au civil, la plupart du temps par un tribunal constitué de ses concitoyens. Le brigand, quant à lui, était quelqu’un du dehors. C'était l'armée qui s'en chargeait. Dans la plupart des cas, celle-ci avait la responsabilité de débarrasser le territoire des brigands qui, considérés comme hors-la-loi, pouvaient être exécutés sommairement. Le présent article veut démontrer qu'une distinction technique juridique et culturelle quasiment identique entre voleurs et brigands existe dans le Livre de Mormon.

Les définitions juridiques du vol et du brigandage, particulièrement dans les lois de l'Israël antique, ont été analysées en profondeur par Bernard S. Jackson[1]. On trouvera ci-après un résumé et un bref commentaire de ses découvertes principales. En parallèle avec d'autres études[2], elles fournissent une information abondante ayant trait à beaucoup de passages dans la Bible et, par dérivation, dans le Livre de Mormon. Les caractéristiques et le traitement juridique suivants des voleurs et des brigands dans le Proche-Orient antique peuvent être dégagées :

1) Dans une certaine mesure, les mots hébreux ganab (voler) et gannab (voleur) ont le sens de voler en secret, tandis que les termes gazal (commettre un acte de brigandage) et gazlan (brigand) signifient normalement prendre des biens ouvertement et de manière flagrante, le plus souvent par la force[3]. Toutefois cette distinction précise entre le fait de prendre en secret et ouvertement n'apparaît pas toujours clairement dans les textes bibliques[4] ; ce n'est devenu un élément juridique « fermement établi » qu'à la période tannaïtique[5] du judaïsme rabbinique[6]. Par conséquent, Jackson ne trouve pas que cela a été la différence critique entre ces deux notions dans la législation et la société israélite préexiliques[7]. [8]

2) Chose plus importante, Jackson conclut que l'on peut trouver une distinction juridique fondamentale beaucoup plus ancienne et beaucoup plus importante dans les textes bibliques, à savoir qu'un gannab est typiquement quelqu'un de l'intérieur, qui appartient à la même collectivité que sa victime et y vit, tandis que le gazlan est quelqu'un de l'extérieur[9]. Il explique les cas – essentiellement dans la littérature prophétique – où cette distinction varie en fonction de l'évolution historique ou de l'usage figuré[10]. Avec le temps, ces mots pouvaient prendre des connotations[11] différentes, et des mots différents pouvaient être utilisés[12], mais la langue hébraïque trouvait toujours des mots différents pour exprimer la distinction sociale et juridique immuable entre les voleurs du voisinage et les bandes de brigands venus de l'extérieur.

3) Le vol impliquait une série d'actes qui allaient au-delà du simple fait de prendre les biens d'autrui. Souvent, les baillis qui convertissaient les biens qui leur étaient confiés et celui qui découvrait de manière frauduleuse des biens perdus recevaient le même châtiment que les voleurs[13]. « Le fait de détenir des biens perdus était traité comme du vol dans les lois d'Eshnunna et les lois hittites[14] », et Philon incluait dans le vol « le débiteur qui se soustrayait à ses obligations et l’associé fraudeur[15] ». Ainsi donc, d'autres façons de prendre étaient associées ou assimilées au vol, même si on ne les considérait probablement pas comme identiques à tous les points de vue à celui-ci. Le fait de piller et de dépouiller (bazal et shalal) sont associés au fait de prendre du butin à la guerre ou par violence. La tromperie était décrite par une expression idiomatique comme une forme de vol, comme quand Absalom « gagnait (volait, wayeganneb) le cœur des gens d'Israël » (2 Samuel 15:6).

4) Un autre facteur important est le fait que ganab est utilisé essentiellement à propos d'une personne qui agit seule, tandis que gazal indique une action « habituellement commise par un groupe ». Le mot hébreu gedud, qui signifie « bandits » (littéralement « bande »), exprime aussi le caractère collectif de ces groupes qui se livrent à des raids[16]. De même, dans l'ancienne loi romaine, l’idée de bande était « vitale » dans la définition du brigandage[17].

5) Il apparaît de manière systématique que ces groupes de brigands étaient organisés en groupes « professionnels », avec des dirigeants et un règlement reconnu. Achille Tatius décrit une bande militante au nombre de 10.000 personnes avec un chef appelé « roi »[18]. Toutefois, une bande de brigands pouvait être beaucoup plus petite et certaines lois précisaient des nombres pour distinguer les voleurs (agissant seuls ou en petits groupes) des brigands (dans un groupe suffisamment grand pour être considéré comme une bande)[19]. « Les brigands vivaient en vertu de leur propre code, sanctionnés par leurs propres idées et pratique religieuses. Ils avaient leurs propres prêtres[20]. » C'étaient quand même des bandes vivant en marge de la loi et Josèphe dit qu’ils n'hésitaient pas à commettre des actes de brigandage l’un vis-à-vis de l'autre[21]. Diodore considère le pillage comme une activité à plein temps pour ces brigands[22], et Josèphe signale que les familles des brigands vivaient avec eux dans leurs cavernes[23]. Souvent on ne sait même pas d’où ces brigands venaient, mais Lutz avance la théorie qu’ils étaient constitués de dissidents, d’étrangers ou de descendants de mercenaires étrangers et d’exclus de la société – des groupes spécialement créés par « la situation politique, économique et sociale, qui donnait le jour à une catégorie distincte de rebut de l'humanité[24]. »

6) Ces brigands se liaient les uns aux autres par des serments et habillaient tout cela de rituels religieux. Par exemple, Josèphe parle d'une bande qui avait un serment que tous prêtaient (symnomnymenoï kata lochous)[25] et, selon Dion Cassius, une autre bande, qui, sous la direction du prêtre Isidore provoqua presque une révolte générale en Égypte en 172-73 de notre ère, sacrifia le compagnon d'un centurion romain et « prêta serment sur ses entrailles et ensuite les dévora[26]. » On dit qu’ils sacrifiaient et mangeaient ces victimes pour purifier leur camp[27].

7) Une obligation importante de ces brigands était de garder secrète leur identité et le lieu de leur cachette. Leur camp se trouvait habituellement dans les montagnes[28]. Par exemple, Juges 9:25 rapporte que « les habitants de Sichem placèrent en embuscade contre lui, sur les sommets des montagnes, des gens qui dépouillaient tous ceux qui passaient près d'eux sur le chemin ». Josèphe fait une description imagée de cavernes qui s’ouvraient sur des précipices de montagne, où vivaient les brigands qu'Hérode conquit[29].

8) La façon de procéder de ces brigands consistait à dévaler de leur perchoir des montagnes sur les villages pour y faire des raids[30]. Il leur arrivait, cependant, d'agir également à l'intérieur des grandes villes. Par exemple, à Jérusalem sous Félix (vers 50 apr. J.-C.), des bandits commirent une vague de meurtres, dont celui de Jonathan, le souverain sacrificateur, en plein jour. Ils se mêlaient aux foules lors des fêtes, munis de couteaux, et poignardaient leurs ennemis, après quoi ils se joignaient aux cris d'indignation et d'alerte[31]. Il est clair qu'ils étaient sanguinaires et sans scrupules. Un des brigands massacra ses fils et sa femme puis se suicida sous les yeux d'Hérode[32]. Josèphe fait le récit suivant des opérations d'un de ces groupes en Judée au premier siècle de notre ère : « Ces assassins, évitant à la faveur de la nuit ceux qui auraient pu les arrêter, surprirent la petite ville d'Engaddi. Ceux d'entre les habitants qui étaient capables de résister furent, avant de pouvoir saisir leurs armes et de s'assembler, dispersés et chassés de la ville; ceux qui étaient incapables de fuir, plus de 700 femmes et enfants, furent massacrés. Ensuite ils pillèrent les maisons, s'emparèrent des produits agricoles les plus mûrs et emportèrent leur butin à Massada. Ils traitèrent de la même sorte tous les villages autour de la forteresse et dévastèrent toute la région; ils étaient rejoints quotidiennement par de nombreuses recrues dissolues venant de tous les coins. De plus, dans tous les autres endroits de la Judée, des bandes de prédateurs, jusqu'alors calmes, commencèrent à s'agiter; car, comme il arrive dans le corps humain, que lorsque la partie la plus noble est attaquée d'une grave maladie toutes les autres s'en ressentent, ainsi la sédition et le désordre dans la capitale donnaient aux fripouilles de la campagne toute liberté de piller; et chaque bande, après avoir pillé son propre village, se retira dans le désert. Ensuite, unissant leurs forces et se jurant mutuellement fidélité, ils s'assemblèrent en troupes assez nombreuses pour former, sinon une petite armée, au moins plus qu'une troupe de voleurs, et ils attaquèrent les villes et les temples. Les malheureuses victimes de leurs attaques subissaient le triste sort des prisonniers de guerre, mais étaient privés de la possibilité d'exercer des représailles, parce que leurs ennemis, à la manière des brigands, se retiraient aussitôt avec leur butin[33]. »

9) Les brigands prenaient toutes les mesures possibles pour harceler les grandes routes ou affaiblir le gouvernement local pour avoir plus de facilité pour piller[34]. Effectivement, le succès des bandes de brigands en Égypte « redevenait immédiatement grand chaque fois que le gouvernement montrait le moindre signe de faiblesse politique ou économique[35] ». Josèphe rattache expressément l'apparition des brigands à « la sédition et [au] désordre dans la capitale[36] ». Ainsi donc, l'action de ces brigands était souvent de nature politique[37]. Par exemple, dans 2 Chroniques 21:16-17 et 22:1, des bandes de brigands s'introduisent dans la maison du roi, lui volent ses femmes et tuent ses fils. Par conséquent, il était courant que les brigands prétendent au trône ou se le disputent[38].

10) Les raids des brigands s'accompagnaient parfois « de destructions à grande échelle[39] »; à d'autres moments, ils attaquaient juste pour réapprovisionner leurs réserves ou compléter les maigres revenus qu'ils tiraient du sol[40]. On ne peut douter de la force militaire de certains de ces groupes: l’un d’eux faillit prendre la ville d'Alexandrie aux Romains[41]. Ils étaient plus menaçants que les envahisseurs étrangers[42].

11) Les brigands exigeaient souvent une rançon ou extorquaient de l'argent aux villes à titre de pillage. Un texte laisse entendre que les ligues de brigands étaient si courantes en Égypte qu'elles acquirent le droit, en vertu de la coutume, d'exiger une rançon égale au quart de la propriété saisie ou menacée[43]. Josèphe accuse Albin d’accepter des pots-de-vin des brigands[44].

12) Le gannab (voleur) que l'on arrêtait, était jugé selon la procédure juridique de la collectivité, tandis que le gazlan (brigand) n'était pas considéré comme membre de la collectivité jouissant nécessairement du droit à la protection de la loi et pouvait donc être sujet à la force militaire et à la loi martiale[45]. La célérité avec laquelle on traitait les brigands semble avoir dépendu de la gravité du problème qu'ils posaient à un moment donné et de la capacité qu'avait le gouvernement central de s'occuper d'eux[46].

13) C'étaient les autorités gouvernementales locales qui avaient la tâche de débarrasser le territoire de la menace de ces bandes de brigands. C'est ainsi, par exemple, que le code d'Hammourabi distingue entre saraqu (voler)[47] et habatu (commettre des brigandages)[48]. Le voleur était un délinquant de droit commun. On pouvait ordinairement le démasquer et le condamner. Mais dans le cas d'un brigand qui n'était pas pris, « la ville et le maire dans le territoire ou le district desquels l’acte de brigandage a été commis » étaient tenus de remplacer ce qui avait été dérobé; et si la victime avait été tuée, la ville ou le maire devait payer un maneh d'argent aux héritiers de la personne décédée[49]. Ainsi donc, une lourde responsabilité incombait aux autorités locales si un brigand – pas un voleur – n'était pas pris. La différence semble reposer sur la distinction entre « le délinquant isolé et le groupe organisé... Ce genre de responsabilité civile était une tentative de protéger l'autorité centrale contre les attaques et existait, pour des situations semblables, ailleurs dans le monde antique[50]. » En effet, beaucoup de rois babyloniens, urgaritiques et phéniciens ont laissé des inscriptions où ils se vantent d'avoir extirpé les brigands de leur territoire et Ipuwer déplore l'insécurité créée en Égypte par ces brigands[51]. À ce sentiment de la responsabilité civile vis-à-vis du brigandage était liée la loi qu’un berger ou un transporteur étaient justiciables en cas de perte par vol, mais non de perte causée par des brigands, contre lesquels ils étaient impuissants [52].

14) Bien que les informations dont nous disposons en ce qui concerne le châtiment des voleurs soient discutables[53], il était clair que la peine de mort pouvait être infligée aux brigands[54]. Effectivement, les brigands étaient «souvent exécutés sommairement[55]». Dans un cas au moins le châtiment fut la crucifixion[56]. La décapitation par l’épée semble aussi être un mode d'exécution possible[57].

15) Les chefs de ces bandes de brigands étaient traités d'une manière particulièrement spectaculaire. Josèphe rapporte qu'Hérode mit à mort un chef de brigands appelé Ézéchias, qui était à la tête d'une « grande horde[58] » et note l'arrestation d'un autre chef de brigands, Éléazar, qui fut envoyé à Rome pour être jugé, alors qu'il n'était pas citoyen romain[59]. Nous ne savons pas pourquoi il fut envoyé à Rome; peut-être était-ce en vue d'une humiliation, d'une exécution ou d’une exposition publique dans le cadre d'un triomphe.

16) Les brigands étaient considérés comme des instruments de la justice divine. Les méchants étaient assaillis par les attaques tumultueuses de ces brigands à titre de manifestation du jugement de Dieu. Par exemple, Osée 7:1 dit : « Lorsque je voulais guérir Israël, l'iniquité d'Éphraïm et la méchanceté de Samarie se sont révélées... La bande s'est répandue au-dehors. »

Le présent résumé est évidemment très condensé. Il ne rend pas justice à la critique textuelle habile et détaillée que fait le professeur Jackson de toutes ses sources primaires. Il n'essaye pas non plus de montrer les changements subtils de signification ou de jurisprudence qui se sont produits sur la période de plus de mille ans d'où sont issus ces textes de loi antiques. Toutefois, ce qui en découle, c'est une vision assez claire du sujet de  cette étude, à savoir qu'il y avait, dans ces civilisations antiques, une différence juridique reconnue entre voleur et brigand. De plus, où que l'on regarde, au Proche-Orient antique, les brigands d'autrefois étaient organisés et actifs d'une manière qui est typiquement la même; ils causaient essentiellement les mêmes problèmes et les autorités gouvernementales locales les traitaient selon des procédures juridiques fondamentalement les mêmes.

Ayant ainsi fait ressortir la situation générale dans le Proche-Orient antique, nous sommes maintenant en mesure de comprendre et d’apprécier les passages du Livre de Mormon qui parlent de voleurs ou de brigands. Ces textes emploient invariablement les mêmes distinctions techniques juridiques et culturelles entre voleurs et brigands que leurs homologues israélites[60]. Nous allons maintenant examiner chaque texte du Livre de Mormon à la lumière des caractéristiques énumérées ci-dessus, en notant particulièrement la distinction fondamentale entre les voleurs, membres de la collectivité de la victime, et les brigands, hors-la-loi ou gens du dehors.

Les petites plaques de Néphi

Étant donné que le vol et le brigandage ne sont mentionnés que trois fois dans les petites plaques de Néphi, il apparaît que ni l'un ni l'autre ne constituaient une préoccupation sérieuse au début de l'histoire néphite. On peut néanmoins mieux comprendre ces mentions de vol ou de brigandage à la lumière des concepts du Proche-Orient antique.

Premièrement, le mot brigand apparaît dans 1 Néphi 3:13. Bien que pas tout à fait dénué d'ambiguïté, le mot brigand semble être utilisé ici dans sa signification technique ancienne. Laban, qui s'est mis en colère contre Laman parce que celui-ci a essayé d'obtenir les plaques d'airain, le jette dehors en disant : « Voici, tu es un brigand et je vais te tuer. » En vertu de la législation ancienne, la peine de mort était d'application pour un brigand. Néanmoins, le lecteur moderne trouve cette accusation hors propos : assurément, autant que nous pouvons l’imaginer, Laman n'avait pas agressé Laban quand « il lui parla tandis qu'il était assis dans sa maison » (3:11); Laman n'avait rien pris non plus sur la personne de Laban ou dans sa présence immédiate, comme l'exigerait la législation anglo-américaine[61]. Comment peut-il alors être accusé d'être un brigand et être menacé d'exécution sommaire ? La réponse peut résider dans l'idée que Laban, qui, étant l’un des édiles municipaux de Jérusalem, devait bien connaître la loi, partait de la justification juridique suivante : Laman pouvait être accusé d'être un brigand parce que ses frères et lui étaient maintenant étrangers à Jérusalem. La bande constituée par sa famille avait quitté la ville et avait installé son camp dans le désert. En fait, Léhi avait été une sorte de délinquant recherché (1:20) et il se peut qu'il ait toujours été considéré comme hors-la-loi[62], de sorte que son groupe – du moins dans le raisonnement de Laban – pouvait être considéré comme une bande de brigands, fuyant la justice et revenant maintenant pour essayer d'obtenir ouvertement la possession de biens. Laban, étant officier militaire (3:31), pouvait incontestablement exercer une autorité martiale sommaire sur un brigand et le tuer, alors qu'il aurait dû faire passer un voleur en justice[63]. Ainsi donc, lorsqu’il qualifie Laman de brigand et le menace par conséquent de mort, Laban n'a pas recours à de vaines métaphores. Elles auraient été suffisantes pour piquer Laman au vif en dépit du fait qu'il aurait certainement pu rétorquer qu'il était innocent de cette accusation. La situation juridique de Laman n’allait pas non plus s’améliorer lorsque les frères revinrent bientôt avec des brassées d'objets précieux (3:22-25). Laman et Lémuel, Sam et Néphi auraient certainement eu du mal à prouver qu'ils étaient propriétaires de ces biens[64] ; ainsi ils auraient pu être encore plus vulnérables face à la fausse accusation de Laban qu'ils étaient des brigands.

Deuxièmement, le mot voler (qui devait être ganab en hébreu, la racine signifiant aussi « vol », « voleur », etc.) n'apparaît qu'une fois au cours de cette période, dans 2 Néphi 26:32. Néphi mentionne ici huit commandements donnés par Dieu à tous les hommes (26:33). Les lois de Néphi ressemblent à de nombreux égards à l'ensemble de lois dites noachides, dont il est dit dans la loi juive qu'elles s'imposent à tous les descendants de Noé[65]. Les lois noachides et celles de Néphi sont étroitement apparentées aux dix commandements d’Exode 20, dont le huitième dit : « Tu ne déroberas point (tignob, de la racine ganab). » Ce qui est visé dans les dix commandements, c'est le fait de voler quelque chose à son prochain[66], comme le confirme le fait que le dixième commandement interdit expressément de convoiter les biens de son prochain. C'est donc à juste titre que Néphi utilise le mot voler.

Le troisième cas ne concerne pas la distinction juridique entre vol et brigandage. Derrière le texte anglais de 2 Néphi 20:2 et 13 se trouvent différents mots hébreux, bazaz et shasah. Ceux qui « dépouillent (yabozzu) les orphelins » et ont « volé (shoseti) leurs trésors » sont condamnés dans Ésaïe 10:2, 13 (2 Néphi 20:2, 13). Ésaïe parle ici de ceux qui exploitent les pauvres. On trouve la même signification derrière 2 Néphi 28:13, où Néphi (faisant le commentaire de ces paroles d'Ésaïe) condamne les églises qui «dépouillent les pauvres pour leurs beaux sanctuaires[67] ».

La période des rois à Zarahemla

Comme dans les petites plaques, le livre de Mosiah ne mentionne jamais non plus d’actes de brigandage au pays de Zarahemla. Les brigands n'étaient apparemment pas non plus une menace sérieuse à l'époque pour les Néphites, un fait qui cadre avec la présence du gouvernement central fort qui existait alors. Cependant, quand le vol et le brigandage sont mentionnés au cours de cette période, le vol désigne invariablement le vol au sein de la collectivité et le brigandage vient de l'extérieur.

Le brigandage est mentionné dans Mosiah 10:16-17, qui rapporte que les Lamanites accusent Néphi d'avoir « commis un acte de brigandage contre eux » en prenant les plaques d'airain[68]. Ce qui rend plausible cette allégation du point de vue des Lamanites, c'est sans doute le fait que Néphi avait quitté le pays du premier héritage et s'en était allé avec sa propre bande de partisans. Par conséquent, les Lamanites enseignèrent à leurs enfants à rendre la pareille, à « commettre des actes de brigandage et de pillage » contre les Néphites (10:17). Il n'est pas question de vol ici, parce qu'ils n'auraient pas envisagé de « voler » chez ceux qu'ils considéraient comme étant des gens de l'extérieur. En effet, Mosiah 24:7 dit expressément qu'ils pillaient « sauf parmi leurs propres frères ». Ils ne commettent des actes de brigandage que parmi d'autres peuples. Nous voyons ainsi se manifester de nouveau la distinction fondamentale entre le vol dans la collectivité et le brigandage par un groupe extérieur.

Le roi Benjamin et son fils, le roi Mosiah, font fièrement rapport de leur administration dans le gouvernement, et Benjamin dit qu'il n'a pas permis à son peuple de commettre « le meurtre, ou le pillage, ou le vol » (2:13) et Mosiah affirme qu'il a enseigné qu’il ne devait pas y avoir de « vol, ni de pillage, ni de meurtre » (29:14, 36). Dans ce contexte, il n'est jamais question que de vol, comme on pourrait s'y attendre dans un rapport sur les affaires internes.

Le début de la période des juges : d'Alma à Pahoran

La traduction des vingt-quatre plaques d'or d'Éther par Mosiah (Mos 28:17) attira fortement l'attention des Néphites sur les brigands qui avaient été une plaie pour le gouvernement jarédite[69], sur « leurs brigandages, et leurs pillages » (Alma 37:21, où il vaut aussi la peine de remarquer que le vol n'est pas mentionné) et sur leurs serments et leurs accords secrets (Alma 37:27). Les Néphites étaient tellement inquiets de cette menace qu'ils en gardaient les détails secrets[70]. On comprend pourquoi la loi néphite, à cette époque, commence à connaître l'existence du brigandage, comme le montrent les survivances juridiques de la loi de Mosiah et les données juridiques de cette période.

Dans le livre d'Alma, on peut trouver trois fragments précieux de la loi de Mosiah qui traitent du vol et du brigandage : Alma 1:18; 30:10, Alma 11:2 et Alma 1:32; 16:18. Le premier, Alma 1:18, explique que, sous la loi de Mosiah, le peuple « [n’osait] pas voler, par crainte de la loi, car de tels hommes étaient punis; [il n’osait] pas non plus commettre des actes de brigandage, ni le meurtre, car celui qui commet le meurtre était puni de mort ». Comme nous l'avons vu précédemment, le vol n'était pas une infraction capitale dans la loi biblique. Il en va de même ici, comme l'implique clairement l'absence, dans Alma 1:18 et 30:10, de toute mention de la peine de mort, sauf pour le meurtre[71]. Le brigandage était-ils une infraction capitale sous la loi de Mosiah ? Il semble, à ce stade de la loi néphite, que ce n'était pas le cas. Alma 1:18 dit simplement : « … ils n’osaient pas non plus commettre des actes de brigandage... » Alma 30:10 (qui paraphrase sans aucun doute la même section de la loi de Mosiah que 1:18) ne parle, lui aussi, de peine capitale que dans le cas du meurtre. Il dit : « [Si un homme] commettait le meurtre, il était puni de mort; et s'il commettait des actes de brigandage, il était également puni... » cela cadrant avec ce que l'on trouve dans le Proche-Orient antique, où les châtiments deviennent moins sévères quand l'autorité centrale est plus fermement établie[72]. Apparemment les brigands ne constituaient pas une menace grave au cours de cette période des juges néphites.

Une deuxième disposition de la loi de Mosiah associe les débiteurs défaillants aux voleurs. Alma 11:2 énonce la procédure à suivre, selon la loi néphite, pour percevoir une dette non payée : il dit comment la plainte doit être introduite, comment arrêter le débiteur, sur quelles bases juger l'affaire et les conséquences si le débiteur ne pouvait pas rembourser la dette : il pouvait « [1] payer ce qu'il devait ou [2] être fouetté ou dépouillé[73], ou encore [3] chassé de parmi le peuple comme voleur et brigand ». Comme nous l'avons vu plus haut[74], les débiteurs frauduleux étaient effectivement assimilés aux voleurs dans la législation du Proche-Orient, ce qui est précisément ce que fait la loi de Mosiah, sans confondre le débiteur délinquant et le voleur, mais en le traitant comme s'il était voleur. Pourquoi ce texte ajoute-t-il l'expression « et brigand » ? Était-ce parce que le débiteur frauduleux deviendrait semblable à un brigand, quelqu'un d’extérieur à la collectivité une fois qu'il serait banni ? Est-ce une autre indication que la distinction entre le vol et le brigandage ne constituait pas une préoccupation grave à cette époque de l'histoire judiciaire néphite[75] ? Le choix du châtiment des voleurs, selon la loi de Mosiah, était apparemment laissé à la discrétion du juge. Si le texte doit être lu comme voulant dire « fouetté », on peut établir une relation étroite entre Alma 11:1-2 et Deutéronome 25:1-3, qui dispose comme suit :

« Lorsque des hommes, ayant entre eux une querelle, se présenteront en justice pour être jugés, on absoudra l'innocent, et l'on condamnera le coupable. Si le coupable mérite d'être battu, le juge le fera étendre par terre et frapper en sa présence d'un nombre de coups proportionné à la gravité de sa faute. Il ne lui fera pas donner plus de quarante coups... »

D'autre part, « dépouiller » le coupable de ses vêtements ou de ses cheveux aurait probablement été utilisé comme une forme d'humiliation publique semblable à ce qui se faisait couramment dans la législation du Proche-Orient antique[76]. Il est également possible qu'un coupable plus récalcitrant ait pu à la fois être dépouillé et fouetté[77]. Lorsque l'infraction était encore plus flagrante, le juge pouvait déclarer que le débiteur était essentiellement un voleur et le bannir de la ville, une possibilité pénale convenant pour punir une personne ayant violé les lois du comportement à l'intérieur de la collectivité.

On trouve encore une préoccupation pour le brigandage dans la loi de Mosiah et dans Alma 1:32 et 16:18. C'est deux versets énoncent fondamentalement les douze mêmes lois, ce qui indique que c'est probablement la même partie précise de la loi de Mosiah qui se trouve derrière les deux. Et cette loi semble être une extension des huit lois noachides de Néphi (2 Néphi 26:32)[78]. On trouve dans ces deux passages les deux notions de vol et d'acte de brigandage. L'ajout de brigandage à la liste de Néphi confirme de nouveau la prise de conscience croissante des Néphites, au cours de cette période, des problèmes potentiels du brigandage. Cela peut aussi refléter le fait que la société néphite se trouvait maintenant composée de plusieurs groupes fragmentés – Néphites et Mulékites, membres de l'Église et non-membres – et qu'il fallait que la loi veille à interdire non seulement le vol chez les Néphites, mais également le brigandage entre les groupes.

De même que la loi de Mosiah montre, au cours de cette période, une préoccupation croissante pour le brigandage, de même les parties narratives du livre d'Alma révèlent des distinctions semblables entre le vol et le brigandage. Encore une fois, il n'est jamais question de brigandage quand il s'agit de son propre peuple. Le brigand commet toujours des actes de brigandage à l'égard de ceux de l'extérieur. Pendant cette première période du règne des juges, les Lamanites sont les seuls qui soient jamais accusés de brigandage. Le terme « brigandage » est utilisé pour décrire le fait que les Lamanites se livraient « à des actes de brigandage » sur les Néphites et les pillaient (Alma 17:14). De même, quand on décrit la méchanceté interne des Néphites, le texte ne parle que des « pillages... qui existaient parmi eux » (50:21). Quand les Lamanites prennent les brebis d'un autre Lamanite, on le décrit non pas comme du brigandage, mais comme « une pratique de piller parmi eux » (18:7).

On trouve d'autres indications détaillées de la connaissance de cet élément juridique dans le récit du châtiment sévère que le roi Lamoni inflige à ses serviteurs qui n'ont pas réussi à protéger des pillards les brebis du roi. Comme mentionné ci-dessus, la loi, dans l’Antiquité, rendait les bergers responsables de la perte de brebis par le vol, mais pas par le brigandage[79]. Même en cas de perte due au vol, le fait d'imposer la peine de mort aurait été extraordinairement sévère, bien que non sans précédent lorsque les biens royaux étaient en cause[80]. La peine de mort était encore plus rare dans le cas excusable d'une perte due à des brigands. C'est probablement pour ces raisons que le roi Lamoni lui-même commença à « craindre extrêmement d'avoir mal agi en tuant ses serviteurs; car ils en avaient tué beaucoup...[81] ». Peut-être avait-il été aussi strict avec ses serviteurs parce que le problème était répétitif ou peut-être parce que ses brebis étaient un luxe rare et royal ou peut-être parce qu'il soupçonnait ses serviteurs de complicité avec « leurs frères » (18:6) qui avaient procédé au raid. Peut-être ne pensait-il pas que les serviteurs avaient droit à la protection habituelle de la loi concernant les pertes dues aux brigands parce qu'il ne s'agissait pas de bergers isolés, mais qu'ils auraient dû être capables de résister, bande contre bande, aux pillards. Il essayait peut-être de se justifier légalement en évitant astucieusement d’appeler les agresseurs « brigands », mais, comme le dit le texte, simplement pillards et frères (18:7).

Finalement, au cours de cette période, les Néphites (tels que représentés par les fils de Mosiah) et les Lamanites (du moins tels que représentés par Lamoni) se réconcilièrent brièvement. Les Lamanites avaient longtemps accusé les Néphites d'avoir commis des actes de brigandage à leur égard[82], et le père de Lamoni soupçonnait, lui aussi, les fils de Mosiah de venir comme des brigands « afin de se livrer au brigandage contre [leurs] biens » (Alma 20:13). Pour un esprit occidental moderne, il aurait dû les qualifier de voleurs, car si ces fils venaient avec la moindre des mauvaises intentions, ils l’auraient fait subrepticement et de manière trompeuse, car ils n'auraient pas osé faire preuve de violence. Mais dans l'esprit d'un homme d'autrefois, ils venaient comme des brigands dès l'instant où ils entraient dans un groupe en venant de l'extérieur, particulièrement pour essayer de saper le gouvernement par la sédition. En conséquence, le père de Lamoni lui commanda de tuer Ammon « par l'épée ». Ce type d'exécution convenait pour un brigand[83]. Pour contrecarrer ce sentiment que les Lamanites entretenaient depuis longtemps et l'idée que les Néphites étaient des gens de l'extérieur par rapport aux Lamanites, Lamoni décréta, après sa conversion, que les Lamanites devaient être « convaincu[s] qu'ils étaient tous frères et qu'ils ne devaient pas commettre de meurtres, ni de pillage, ni de vol… » (Alma 23:3). Le brigandage n'est pas mentionné ici, étant donné qu'il serait forcément inapplicable une fois que les Néphites étaient définis comme étant des frères et des membres de la même communauté que les Lamanites. Tous les cas où les Lamanites prendraient quelque chose aux Néphites après cet édit seraient donc considérés comme du vol.

La fin de la période des juges : de Pahoran II à Lachonéus II

C'est à l'époque où Pahoran II est grand juge que les bandes de brigands commencent à jouer un rôle important dans le Livre de Mormon et la manière dont ils opèrent suit avec précision la façon de faire du brigandage dans le Proche-Orient antique. Les parallèles entre les brigands de Gadianton et leurs équivalents dans l’Égypte, la Mésopotamie, la Palestine, la Grèce et la Rome anciennes ne pourraient être plus complets.

Il y a plusieurs raisons qui expliquent pourquoi ces brigands pouvaient parvenir à une telle puissance à cette époque de l'histoire néphite. Les guerres prolongées de Moroni, d’Hélaman et de Pahoran I ont dû laisser le gouvernement central de Zarahemla dans une faiblesse précaire. La capitale Zarahemla elle-même était tombée au cours de ces guerres (Alma 61:5-8) et allait tomber encore deux fois peu de temps après (Hélaman 1:27; 4:5). En outre, la mort des fils d'Alma, Hélaman (62:52) et Shiblon (63:10), du capitaine Moroni (63:3) et du grand juge Pahoran (Hélaman 1:2), pour ne pas mentionner de nombreuses autres pertes à la guerre, ainsi que le départ de Corianton, fils d'Alma (Alma 63:10), tout cela se produisit à quatre ou cinq années d'intervalle, de 57 à 52 av. J.-C., et laissa le gouvernement néphite presque sans dirigeants. Hélaman II devait être jeune, il devait avoir environs 24 ans, lorsqu'il reçut les annales de Shiblon, et son fils Néphi était encore plus jeune, il n'avait probablement que quinze ans quand il succéda à son père dès 39 av. J.-C.[84]. Comme ce fut le cas de l'antique civilisation du Proche-Orient, ces faiblesses rendaient Zarahemla vulnérable aux raids répétés, au pillage, au terrorisme, à la corruption et aux extorsions qui caractérisaient l'activité des brigands.

En outre, plusieurs groupes dissidents au pays de Zarahemla pouvaient facilement gonfler les rangs de ces bandes de brigands :

1) Malgré la conversion et la proclamation fraternelle de Lamoni, d'autres Lamanites continuaient à accepter l'idée que Néphi avait agi comme un brigand vis-à-vis de Laman et ils restaient disposés à se livrer à des actes de brigandage et à venger leurs torts[85].

2) Il y avait probablement des Néphites qui avaient été expulsés en vertu de la loi d'Alma 11:2 et traités de « brigands ».

3) D'autres Néphites furent vraisemblablement excommuniés en vertu de la procédure instituée dans Mosiah 26. Ces Néphites ou d'autres, affiliés aux brigands, étaient spécifiquement désignés comme « dissidents néphites » (Hélaman 6:38, 11:24; 3 Néphi 1:28).

4) Et les partisans de Néhor n'éprouvaient qu'une loyauté marginale, mais un antagonisme poussé à l'égard du régime néphite,

5) Comme c'était aussi le cas des Zoramites[86].

6) La population mulékite tout entière constituait une source permanente de citoyens de seconde zone, moins instruits et n'ayant jamais vraiment un grand rôle dans un gouvernement dominé par les Néphites, en dépit du fait qu'ils étaient plus nombreux qu'eux[87]. Les Mulékites alimentèrent très certainement les guerres civiles qui se déclenchèrent à Zarahemla après l'installation d'Alma comme grand juge (guerre menée par Amlici dans Alma 2-3) et à l’accession d'Hélaman aux mêmes fonctions (guerre menée par Zérahemnah dans Alma 44) et de nouveau après l'accession à ces fonctions de Pacumeni (guerre menée par Coriantumr dans Hélaman 1)[88].

Plusieurs de ces groupes de brigands apparurent et disparurent au fil des années[89]. Ils étaient devenus un problème grave dans les dernières années des Jarédites (Éther 10:3, 33; 13:26). Indépendamment (Hélaman 6:26), un deuxième groupe apparut, dirigé par Kishkumen et Gadianton, qui avaient échappé à la justice lors des violences qui accompagnèrent la succession de Pahoran II aux fonctions de grand juge. Ce groupe exerça ses activités vers 50-20 av. J.-C. Un autre groupe apparut chez les Lamanites vers 12 av. J.-C., après que les Néphites eurent été mis à genoux par la famine (Hélaman 11:10, 24). Une autre bande, qui était très active en 15-20 apr. J.-C., était dirigée par un homme appelé Giddianhi (3 Néphi 3:9), qui représentait les exclus et dont les mobiles étaient politiques (4:4). Zemnarihah lui succéda brièvement (4:17). Un autre groupe encore se forma vers 30 apr. J.-C., suite à des querelles provenant d'une tentative du gouverneur néphite de limiter l'autorité qu’avaient les juges inférieurs d'imposer la peine de mort (6:21-30); elle était dirigée par un homme appelé Jacob, qui ne tarda pas à prendre ses partisans et à partir vers le nord (7:9-13). Les brigands réapparaissent après la grande paix néphite (4 Néphi 42-46) et continueront à être un facteur majeur jusqu'à la destruction des Néphites (Mormon 1:18; 2:8, 27; 8:9).

Les activités de ces groupes de brigands suivent le modèle des seize facteurs décrits au commencement de la présente étude, auxquels les données du Livre de Mormon vont maintenant être comparées :

1) Bien qu’agissant soit en secret, soit ouvertement (par exemple Hélaman 2:4, 8; 6:17; 3 Néphi 2:17), les brigands du Livre de Mormon étaient quand même traités de « brigands ». La distinction tannaïtique et occidentale entre vol secret et brigandage public n'a rien à voir ici. Ce qui est d'application dans la culture du Livre de Mormon, ce sont les parallèles avec le Proche-Orient et l'Israël anciens traités plus haut.

2) Au lieu de cela, la distinction entre ceux de l'intérieur et ceux de l'extérieur persiste et est fondamentale ici, sans exception. Ces brigands du Livre de Mormon sont perçus comme des gens de l'extérieur et il est par conséquent toujours question de « brigands ». D'autre part, quand le livre parle de méchanceté « parmi les Néphites », il parle toujours de « vol » (par exemple Hélaman 4:11-12)[90].

3) On ne mentionne pas spécifiquement différents types de vol au cours de cette période, mais on parle d'usurpation du pouvoir politique[91]. De même qu'un éventail d'infractions pourrait être assimilé au vol, l'usurpation du pouvoir pourrait aussi être facilement associée aux actes des brigands.

4) Ces brigands du Livre de Mormon opéraient en groupe. Le mot « bande » (gedud) apparaît plus de vingt fois (par exemple Hélaman 1:12). Il peut, en effet, y avoir un lien entre le mot gedud (signifiant « bande ») et le nom de Gadianton, ce qui est rendu particulièrement plausible par le fait que ce nom est orthographié Gaddianton [gdd] dans le manuscrit original du Livre de Mormon[92].

5) Il ne fait pas de doute non plus qu’ils étaient organisés en groupes professionnels. Ils avaient des dirigeants : Kishkumen et Zemnarihah étaient tous les deux appelés « chef » (Hélaman 2:4; 3 Néphi 4:17); Giddianhi était appelé « gouverneur » (3 Néphi 3:1, 9) et Jacob « roi » (3 Néphi 7:10). Ils avaient des lois (Hélaman 6:24) aussi bien que leurs serments, conventions et alliances secrètes, souvent mentionnés (ex. Hélaman 6:21-22). Ils avaient probablement des prêtres pour donner un caractère officiel à ces serments. Ils étaient sanguinaires et remplis de haine et de violence (3 Néphi 3:3, 7:11), commettant de nombreux « meurtres secrets » et étant sans foi ni loi au point de ne pas hésiter à s'entre-tuer (Hélaman 8:27). Ce qui ne les empêchait pas de subsister en tant que collectivité, vivant, selon toute probabilité, avec femmes et enfants (Hélaman 11:33). Ils venaient certainement de groupes sociaux qui se sentaient exclus, de groupes qui se considéraient comme systématiquement lésés (voir 3 Néphi 3:4) et d'autres groupes qui se sentaient socialement rejetés, comme nous l'avons expliqué plus haut.

6) Leur recours aux serments est bien attesté (Hélaman 1:11 signale un serment « par leur Créateur éternel »; 6:21, 3 Néphi 3:8). Ils avaient aussi entre eux des signes de reconnaissance secrets (Hélaman 2:7; 6:22). Leurs prestations de serment étaient vraisemblablement accompagnées de rituels sanglants. Quand ils se rendaient au combat, ils étaient couverts de sang (3 Néphi 4:7) et Mormon dit que les brigands de son époque sacrifiaient des femmes et des enfants (Mormon 4:14-15, 21) et pratiquaient la magie (2:10). Il dit aussi que ses ennemis assassinaient leurs prisonniers et dévoraient leur chair « en signe de bravoure » (Moroni 9:10).

7) L'un des devoirs principaux de ces brigands était de garder secrète leur identité (Hélaman 1:11, 2:3, 6:21). Leurs forteresses se trouvaient dans le désert (2:11) et dans les montagnes (11:25-31; 3 Néphi 1:27, 2:17, 3:20) sauf quand ils réussissaient à infiltrer les centres de population.

8) Ils faisaient des raids et lançaient des attaques (3 Néphi 4:19). Les meurtres de Pahoran et de Cézoram par des brigands déguisés à Zarahemla rappellent l'assassinat du grand prêtre Jonathan par un brigand à Jérusalem (Hélaman 1:10, 6:15). Un autre attentat semblable contre Hélaman faillit de peu réussir (2:5).

9) Semblables à leurs homologues du Proche-Orient antique, ces brigands prenaient pour victime le gouvernement local. Ils attaquaient ses dirigeants et détruisaient ses villes (3 Néphi 2:11). Leur plus grand succès fut l’abdication de Néphi (Hélaman 5:1-8:7). Ils prétendaient régulièrement au trône et se le  disputaient (3 Néphi 3:10).

10) Ces brigands étaient militants. Ils arrivaient comme des armées d'invasion, mettaient des sièges (3 Néphi 4:16), avec une puissance militaire capable de défier des « armées tout entières » (Hélaman 11:32, 3 Néphi 2:11, 2:17, 4:1, 11). Pourtant ils manquaient clairement de ravitaillement car, comme les brigands du Proche-Orient, ils vivaient des produits de la terre (3 Néphi 4:3, 4:19-20). Leur puissance militaire était terrifiante. De tous leurs ennemis, c'étaient ceux que les Néphites craignaient le plus : Mormon les désigne comme étant la cause principale de la chute et de la destruction presque totale des Néphites (Hélaman 2:13-14). Leurs attaques étaient si grandes et si terribles qu'on n'avait jamais connu un « aussi grand massacre parmi tout le peuple de Léhi depuis qu'il avait quitté Jérusalem » (3 Néphi 4:11)[93].

11) Tout comme les brigands d'Égypte étaient susceptibles d'exiger une rançon, Giddianhi tente d'extorquer à Lachonéus ses villes, ses terres et ses possessions sous peine de destruction par l'épée (3 Néphi 3:6). On dit qu'en Égypte les brigands exigeaient le quart des biens menacés. Ici, les brigands veulent aussi une part, puisqu'ils proposent de faire des Néphites leurs « associés » (3:7). Giddianhi pense sans doute proposer une rançon raisonnable, puisque, précédemment, les Néphites s'étaient montrés disposés à s'unir aux brigands et à traiter avec eux : Les Néphites « les soutinrent... et [participèrent] à leurs butins... » (Hélaman 6:38), de la même manière que Josèphe accuse Albin de recevoir des pots-de-vin des brigands de Judée.

12) On ne fait pas grand-chose, à cette époque, pour poursuivre les brigands judiciairement. Hélaman envoie des soldats à la poursuite de Gadianton, qui s'enfuit, craignant qu'on ne le fasse tuer (Hélaman 2:11). Il est peu probable qu'il y aurait eu un procès quelconque si Gadianton avait été pris, car Hélaman avait envoyé des hommes à la poursuite de ces assassins « afin qu'ils fussent exécutés selon la loi » (2:10). De même, les Lamanites traquèrent la bande des « brigands » (6:37), en utilisant « tous les moyens qui étaient en leur pouvoir » (6:20) et les détruisirent totalement dans les territoires Lamanites (6:37). « Une armée d'hommes forts » fut envoyée dans le désert pour « découvrir » et « détruire » les brigands qui apparurent après la famine de Néphi (11:28). Giddianhi fut « rattrapé et tué » (3 Néphi 4:14), alors qu'on aurait pu le faire prisonnier. Les brigands de l'armée de Zemnarihah qui ne voulaient pas se rendre furent sommairement exécutés (3 Néphi 4:27) et même les prisonniers étaient « condamnés et punis selon la loi » (5:5, ils auraient été exécutés pour meurtre si pas pour brigandage), s'ils ne voulaient pas faire alliance « de ne plus commettre de meurtres » (5:4). Le brigandage tombait donc clairement sous la juridiction de la loi martiale.

13) De même, débarrasser le pays des brigands était la responsabilité du gouvernement. Hélaman prend des dispositions officielles (Hélaman 2:10), de même que Néphi (11:28). Le gouvernement de Lachonéus regroupe les Néphites et construit des fortifications contre les brigands (3 Néphi 4:3-5). Dans de tels cas, on n'a pas besoin de plaignants privés, comme cela se faisait habituellement pour intenter des procès civils dans les tribunaux du Proche-Orient ancien. De plus, le gouvernement se considérait comme responsable : ce n'est que parce qu'ils « n'étaient pas connu[s] de ceux qui étaient à la tête du gouvernement » que les brigands ne furent pas « détrui[ts] et balay[és] du pays » (Hélaman 3:23). Mormon se donne la peine d'exonérer Hélaman de toute insinuation que celui-ci aurait permis de quelque façon que ce soit que les serments secrets des brigands jarédites filtrent des annales confiées à sa garde (6:26). Dans le même ordre d'idées, chaque fois que les brigands étaient battus, le gouvernement s'en vantait ou recevait des éloges pour ce succès (Hélaman 6:37, 11:10, 4 Néphi 17).

14) Comme nous l'avons déjà montré, la peine de mort était infligée sommairement aux brigands de cette époque de l'histoire néphite. Le type d'exécution pour Zemnarihah fut la pendaison, forme d'exécution liée à la crucifixion[94].

15) La mort des chefs de brigands était particulièrement spectaculaire. L'exécution de Zemnarihah fut un spectacle public où tout le peuple psalmodiait à l'unisson de bruyantes incantations et supplications et chantait, louait, se réjouissait et jubilait (3 Néphi 4:28-33)[95]. La mort de Kishkumen (Hélaman 3:9) et celle de Giddianhi (3 Néphi 4:14) sont également rapportées triomphalement.

16) Enfin, les brigands, dans le Livre de Mormon, sont également considérés comme des instruments du jugement divin. Il s'abattaient sur le peuple comme un « grand mal... à cause de son iniquité » (Hélaman 11:34). Mormon voit dans les brigands des instruments de mort et de terreur envoyés par Dieu pour châtier son peuple (12:3). Il est possible que la présence de brigands dans le pays du nord ait été « la grande malédiction » que l'on disait régner dans ce pays (3 Néphi 3:24). Quoi qu'il en soit, le seul espoir de délivrance était la justice : « Comme le Seigneur vit, si vous ne vous repentez pas de toutes vos iniquités et n'implorez pas le Seigneur, vous ne serez en aucune façon délivrés des mains de ces brigands de Gadianton » (3:15). Dans la même veine, Néphi invoque Dieu pour qu'il soit finalement apaisé « par la destruction de ces hommes méchants » et qu'il ait pitié des Néphites (Hélaman 11:11).

Nous avons ainsi expliqué chaque apparition des mots « brigand », « acte de brigandage », « vol » ou « voleur » dans le Livre de Mormon.[96]

En conclusion, il est clair que l'on trouve dans le Livre de Mormon quasiment les mêmes distinctions juridiques et culturelles entre voleur et brigand que dans la législation israélite et celle du Proche-Orient antique. Ces distinctions sont constamment maintenues dans tout le Livre de Mormon. De plus, l'histoire interne du Livre de Mormon explique abondamment l'évolution juridique que nous trouvons dans ce texte, aussi bien que l'accession au pouvoir et le traitement de ces bandes de brigands.

Il est extrêmement peu probable que Joseph Smith ait pu détecter ces distinctions juridiques ou déduit ces modèles historiques d'après l'information que lui aurait fourni son environnement du 19e siècle. Par exemple, Jahn's Biblical Archaeology[97] parle du châtiment du vol, mais ne fait absolument aucune allusion à des idées telles que celles du professeur Jackson et ne parle pas du tout de brigands. De même, si Joseph Smith s'était fié à la King James[98], il serait tombé dans l'erreur, car cette traduction n'est pas cohérente dans ce domaine. Le mot voleur est correctement utilisé dans Matthieu 6:19 pour traduire kleptaï, mais est utilisé incorrectement dans « une caverne de voleurs ». En outre, comment peut-on, dans la parabole du bon Samaritain, « tomber au milieu de voleurs » dans Luc 10:30[99]? C'étaient des brigands de grand chemin et le grec lestaïs aurait dû être traduit par « brigands » ! Comment peut-on dire que Jésus a été crucifié entre deux « voleurs » dans Matthieu 27:38 (lestaï)[100] alors que le même mot (lestês) est traduit par « brigand » pour décrire Barabbas (Jean 18:40)[101] ? Imprégné de la terminologie de la King James, Joseph Smith aurait supposé instinctivement qui n'y avait pas de différence importante dans la loi biblique entre voleur et brigand[102].

De plus, le droit coutumier anglo-américain aurait donné à Joseph Smith une vision tout à fait différente des choses, contraire à de nombreux égards aux usages que l'on trouve dans le Livre de Mormon. Il faudrait un traitement complet pour expliquer les lois anglaises concernant theft (vol) et robbery (brigandage) et refaire l'histoire compliquée de la façon dont les institutions juridiques britanniques et européennes ont été transplantées dans chacune des colonies américaines[103], mais on peut faire certaines observations générales. En Angleterre, robbery était un délit contre la personne. Il impliquait « le fait de prendre de manière criminelle, sur la personne d'autrui, de l'argent ou des biens ayant une valeur quelconque, en inspirant la peur... Le vol doit être aux dépens de la personne[104] ». Les robbers (brigands) étaient généralement des bandits de grand chemin, c'étaient des dandys costumés, qui dépouillaient les voyageurs et se faisaient parfois passer pour des invités aristocratiques, afin de financer leur grande vie et leur passion du jeu[105]. Les mots theft et robbery étaient souvent utilisés comme synonymes en Angleterre, comme dans l'Act for Better Preventing Thefts and Robberies (loi pour une meilleure prévention du vol) de 1751[106]. Le terme robbery semble avoir été rarement utilisé en Amérique où les bandits de grand chemin n'étaient pas une grande menace. Par contre, le vol simple (larceny) était un délit contre les biens personnels. Elle impliquait « le fait de soustraire à la possession » de quelqu'un d'autre[107]. Donc « si une personne obtient légalement la possession de biens et par après en fait mauvais usage, ce n'est pas un délit (felony) »[108]. Le vol (theft) était un des délits les plus odieux et souvent les plus poursuivis dans les colonies de New York et du Massachusetts, mais robbery était rare[109]. Ainsi donc, l'usage juridique anglo-américain contemporain était, à de nombreux égards, différent de la conception du vol (theft) et du brigandage (robbery) dans le Livre de Mormon[110].

Par contre, la législation ancienne nous fournit des informations complètes et dignes de foi permettant de comprendre le Livre de Mormon dans ce domaine. Grâce à elle, le lecteur moderne apprécie les préoccupations et la terreur mortelle que tous les peuples de l'Antiquité, y compris les Néphites, ont dû sentir fasse à l'horrible menace des brigands. Grâce à elle, le lecteur moderne peut également rejeter d'autres tentatives faciles d'expliquer le Livre de Mormon comme étant un roman du 19e siècle[111], et il peut voir que la comparaison entre ces brigands et les « guérilleros terroristes » du 20e siècle n'est pas exhaustive[112]. Grâce à elle, le lecteur moderne peut apprécier la manière précise et complète dont le Livre de Mormon reflète cet aspect de la législation et de la société du Proche-Orient antique – abondant en concepts juridiques techniques différents de ceux de la législation anglo-américaine et débordant de distinctions juridiques et de pathologies sociales étrangères à Joseph Smith, qu'il n'aurait pas pu connaître et auxquels même ses contradicteurs contemporains les plus capables n'auraient jamais pensé.

 

 

 


[1] Voir son article «Some Comparative Legal History: Robbery and Brigandage», Georgia Journal  of International and Comparative Law 1, 1970, pp. 45-103 (cité sous «Robbery»), son livre Theft in Early Jewish Law, Oxford, Clarendon Press, 1972 (cité sous «Theft») et le chapitre «Principles and Cases: The Theft Laws of Hammurabi», dans ses Essays in Jewish and Comparative Legal History, Leyde, E. J. Brill, 1975, pp. 64-74 (cité sous «Principles and Cases»).

[2] Par exemple, H. Lutz, «The Alleged Robbers' Guild in Ancient Egypt», University of California Publications in Semitic Philology 10, 1937, pp. 231-42.

[3] Jackson, Theft, pp. 2-5. Voir, pour un traitement général, H. Botterweck & H. Ringren, Theological Dictionary of the Old Testament, II:456-60.

[4] Voir aussi Boaz Cohen, Jewish and Roman Law, New York, Jewish Theological Seminary, 1966, p. 511 n. 177.

[5] 1er s. av. J.-C.-2e s. apr. J.-C. Les tannaïm sont les sages qui sont à l’origine de la Michna, ou commentaire de la Loi, une partie du Talmud. – N. d. T.

[6] Jackson, Theft, pp. 20, 26. Jackson pense que cette évolution a été influencée par les notions grecques de klopês (vol secret) et lopodusia (brigandage), décrites plus en détail dans D. Cohen, Theft in Athenian Law, Munich, C. H. Beck, 1983, pp. 79-83. Lopodusia comprend certaines espèces, mais probablement pas toutes, de brigandage. Étant une évolution plus tardive, cette distinction ne devait pas être d'usage courant du temps de Léhi.

[7]  Période antérieure avant la déportation des Juifs par les Babyloniens (6e s. av. J.-C.). – N. d. T.

[8] Jackson, «Robbery», p. 46. La distinction entre prendre en cachette et ouvertement était cependant une notion occidentale populaire courante du temps de Joseph Smith. En 1828, le mot «thief» était défini comme «quelqu'un qui prend en secret…» Le «thief» (voleur) prend le bien d'autrui en cachette, le «robber» (brigand) par la force ouverte. Webster's American Dictionary of the English Language, New York, S. Converse, 1828.

[9] Jackson, «Robbery», p. 46. «ganav est utilisé avant tout comme un acte d'une personne, membre de la collectivité… est normalement appliqué à la personne de l'intérieur lésée» Theft, pp. 6, 8.

[10] Jackson, Theft, p. 10.

[11] Ensemble des images et des sentiments qu’un mot évoque dans l’esprit d’une personne. – N. d. T.

[12] Jackson démontre que gannab en est venu à désigner le «raider» venue de l'extérieur quand le sens de gazlan a évolué pendant la monarchie, pour passer au sens d'exploitation économique, à une époque où la puissance de l'autorité centrale augmentait. Plus tard, listis (emprunté au grec par l'hébreu rabbinique) et gedud ont été utilisés pour désigner ces brigands et bandits, lorsque la distinction tannaïtique s'est dégagée entre le fait de prendre en secret et ouvertement pour les racines ganab et gazal, dont on a parlé plus haut. Jackson, Theft, pp. 10, 33.

[13] Jackson, Theft, pp. 17-18. Exode 22:3, 6, 8.

[14] Jackson, Theft, p. 17, notes 5-6.

[15] Jackson, Theft, p 91, note 4. Philon, De Decal., p. 171.

[16] Jackson, Theft, pp. 9, 14, 33. De même, shod, peshat, bazaz et pariz.

[17] Jackson, «Robbery», pp. 45, 64; Theft, p. 6.

[18] III.9, cité dans Lutz, p. 233.

[19] Par exemple, Ulpien réclamait plus de trois ou quatre individus pour constituer un groupe d'émeutiers. Digest 47.8.4.3-6; Jackson, «Robbery», p. 77. La législation anglo-saxonne définissait une bande comme un groupe composé de sept à trente-cinq individus. Idem, p. 90.

[20] Lutz, p. 240.

[21] Antiquities 15, p. 348. On trouvera une analyse haute en couleurs des écrits de Josèphe dans ce domaine dans David M. Rhoads, Israel in Revolution, Philadelphie, Fortress, 1976, surtout pp. 159-62.

[22] I.80.1.2, cité dans Lutz, pp. 239-41.

[23] War 1, p. 312; Antiquities 17, p. 346; Jackson, Theft, p. 34; voir aussi Lutz, p. 233.

[24] Lutz, p. 241; voir aussi pp. 234, 236. En 76 av. J.-C., à Rome, les remous domestiques dégénérèrent en «des bandes armées d'esclaves courant dans la nature», état de choses qui donna lieu à l'édit de Lucullus contre les bandes de brigands (hominibus coactis). Jackson, «Robbery», p. 70.

[25] War, p. 408. Le grec signifie ici probablement plus que simplement ils «jurèrent ensemble» (synomnymenoï), mais aussi que leur serment était propre à leur bande ou habituel chez elle (kata lochous).

[26] Lutz, p. 242. Lors d'autres prestations de serment de ce genre, on buvait le sang de victimes humaines massacrées, cf. Hérodote III.11; Lutz, p. 240.

[27] Achille Tatius, II.12.1. Lutz, pp. 240-41.

[28] Jackson, Theft, pp. 6-7.

[29] War 1.309-16; Antiquities 14, pp. 421-422.

[30] Par exemple, le raid d'une localité appelée Engaddi, Josèphe, War 4, pp. 403 et suiv.

[31] Josèphe Antiquities 10, p. 8; War 2, p. 255.

[32] Josèphe, War 1, p. 312.

[33] War 4, pp. 405-409.

[34] Jackson, Theft, p. 15.

[35] Lutz, p. 234.

[36] War 4, pp. 406-407.

[37] Pour cette raison, c'était le gouvernement romain et non le Sanhédrin qui conservait la juridiction sur le brigandage en Palestine. Jackson, Theft, pp. 251-60.

[38] Jackson, Theft, p. 35, commente l'histoire racontée par Rabbi Meir dans Tosd. Sanh. 9.7 et la description des prétendants au trône comme étant des brigands dans la rhétorique romaine. Voir Macmullen, «The Roman Concept of Robber-Pretender», Revue internationale des droits de l'Antiquité 10, 1963, pp. 221-25.

[39] Lutz, p. 234.

[40] Jackson, Theft, pp. 14-15; Lutz, p. 234; 1 Samuel 25.

[41] Lutz, p. 242.

[42] Lutz, p. 238.

[43] Lutz, p. 232.

[44] War 2, p. 278.

[45] Jackson, «Robbery», p. 63. «Les lois de la guerre étaient de mise contre eux.» Michaelis, Commebtariews on the Laws of Moses (1814), iv. 280, cite dans Jackson, Theft, pp. 16, 180, 251.

[46] Jackson, Theft, p. 153.

[47] Code d'Hammourabi, sections 6-10, 14.

[48] Code d'Hammourabi, sections 22-23.

[49] Code d'Hammourabi, sections 23-24. Des dispositions assez semblables ont été décrétées en 1676 en Angleterre, 27 Eliz. C. 13; voir Leon Radzinowicz, A History of English Criminal Law and Its Administration from 1750, New York, Macmillan Co., 1956, p. 3.

[50] Jackson, Theft, p. 11.

[51] Jackson, Theft, pp. 15-16; Lutz, p. 235.

[52] Jackson, Theft, pp. 13-14, 39; Exode 22:9, 11; Code d'Hammourabi 103.

[53] En vertu du Code d'Hammourabi, sections 6-13, 21, les voleurs étaient exécutés pour plusieurs types de vol, par exemple, cambriolage, ou vol dans un temple ou dans un palais, ou traiter sans documentation avec une personne légalement désavantagée, ou recel; mais on ne voit pas clairement s'il y avait, dans le Code d'Hammourabi, une peine de mort générale pour vol. Jackson, «Principles and Cases», pp. 66-69. Les éléments d'appréciation en ce qui concerne la peine capitale pour vol dans la législation biblique sont encore moins concluants, voire inexistants. Jackson examine les sources bibliques en profondeur dans Theft, pp. 144-154.

[54] Voir, par exemple, le Code d'Hammourabi, section 22. En Égypte, la peine de mort était d'application si la personne ne pouvait pas prouver qu'elle avait acquis sa richesse par un métier honnête, plutôt que de l'avoir volée. Lutz, p. 232. Dans l'ancienne législation romaine, le châtiment pour brigandage était «l'interdiction de feu et d'eau»; sous Tibère, le châtiment devint la déportation; et pour les grassatores (bandits de grand chemin) ordinaires, le châtiment était parfois la mort. Jackson, «Robbery», pp. 79, 86.

[55] Jackson, Theft, pp. 38, 252, donnant des exemples; «Robbery», p. 86.

[56] Josèphe, Guerre 2, p. 253; voir aussi les deux malfaiteurs (kakourgoï, lestaï) crucifiés avec Jésus.

[57] Voir le massacre de la bande des Sichémites par Abimélec dans Juges 9:45 et Josèphe, War II, p. 260. Maïmonide prescrit la décapitation pour les meurtriers, Sanh. 15.12, et les brigands sont souvent assimilés aux meurtriers. Cf. Jackson, Theft, p. 252.

[58] War 1, p. 204 et Antiquities 14, p. 159, dans Jackson, Theft, p. 252.

[59] War 2, p. 253 et Antiquities 20, p. 161, dans Jackson, Theft, pp. 253-254.

[60] Le meilleur endroit où les Néphites auraient pu trouver ces informations juridiques étaient les Livres de la Loi de Moïse qui se trouvaient sur les plaques d'airain, aussi bien que leur héritage linguistique et culturel en général.

[61] Voir note xcviii ci-après. Bien entendu, l'ironie est forte puisque Laban va voler les garçons.

[62] Urie, fils de Schemaeja, un prophète très semblable à Léhi, fut considéré comme un hors-la-loi même après sa fuite en Égypte. Il fut extradé et exécuté à Jérusalem. Jérémie 26:23.

[63] Jackson, Theft, pp. 33, 252.

[64] Pour ce qui est de la nécessité, à certains moments dans le Proche-Orient, de prouver qu'ils n'avaient pas été volés, voir, par exemple, Lutz, p. 231. Les fils n'avaient généralement pas l'autorité légale de liquider les biens de leur père avant sa mort. Voir R. Yaron, Gifts in Contemplation of Death in Jewish and Roman Law, Oxford, 1960.

[65] Voir, pour une vue générale, S. Berman, «Noachide Laws», dans M. Elon  The Principles of Jewish Law, Jérusalem, Keter Publishing House, 1975, pp. 708-710.

[66] Voir par ex. Moshe Weinfeld, «The Decalogue – Its Uniqueness and Place in Israel's Tradition», Conference on Religion and Law, université Brigham Young, 8 mars 1985, p. 8: «Ces commandements sont… La formulation des conditions pour être membre de la communauté». Voir aussi A. Alt, «Das Verbot des Diebstahls im Dekalog», Kleine Schriften zur Geschichte des Volkes Israel, Munich, 1953-59, p. 339: «Bei dem Verbot des Diebstahls im Dekalog ursprünglich nur an den Diebstahl von Menschen, genauer gesagt von Angehörigen des Volkes Israel gedacht war» (italiques ajoutés).

[67] Cf. Proverbes 22:22-23. Voir aussi les préoccupations d'autres sectes juives pour la pratique de «dépouiller les pauvres», mentionnée dans Jackson, Theft, p. 29, citant Dam. 6.16. «Un homme trompe-t-il (yiqba) Dieu?» (le verbe anglais est «rob»), Malachie 3:8, 3 Néphi 24:8 est également traité plus loin.

[68] Voir aussi Alma 20:13, traité plus en détail plus loin. Plus tard, cette accusation fut étendue pour reprocher à Néphi d'avoir dépouillé les Lamanites de leur «droit au gouvernement», Alma 54:17.

[69] Shez fut tué par un brigand, Éther 10:3; le gouvernement de Com fut assiégé par des brigands, 10:33 et à la fin, tout le monde était dans sa «bande» et il y avait des «brigands» dans tout le pays, 13:25-26. Il n'est jamais question de voleurs ni de vols dans Éther.

[70] Alma 37:27; Hélaman 6:25.

[71] Tout cela cadre avec la législation israélite antique. Voir notes l-li ci-dessus. Tuer était un délit capital, sauf si le tueur n'était pas à l'affût et à moins que la victime ne soit livrée entre ses mains par Dieu, auquel cas le tueur était soit obligé de fuir dans une ville de refuge soit de quitter la Terre sainte. Voir Exode 21:13-14; comparer avec 1 Néphi 4:11-12.

[72] Jackson, Theft, p. 153, note iii.

[73] [Le texte anglais actuel du Livre de Mormon utilise le mot «stripped» (dépouillé), N.d.T.] Les anciens manuscrits et les anciennes éditions du Livre de Mormon avaient «striped» [fouettés, N.d.T.], voir le manuscrit de l'imprimeur, l'édition de 1830, 1837, RLDS 1908, mais les éditions plus récentes ont «stripped», voir les éditions de 1840, 1879, 1920, 1981.

[74] Voir note xii, ci-dessus.

[75] Comme on l'a vu plus haut, note ix, la distinction entre ces mots pouvait changer quelque peu de temps en temps, surtout avec l'augmentation et l'affaiblissement de la force du gouvernement central.

[76] Voir, par ex., Samuel Greengus, «A Textbook Case of Adultery in Ancient Mesopotamia», Hebrew Union College Annual 40-1, 1969-1970, pp. 33-44 (traitant d'un cas où l'on rasa les parties génitales d'une femme adultère, lui perça le nez avec une flèche et la conduisit ensuite à travers la ville); Code d'Hammourabi 129 (les adultères étaient liés l'un à l'autre et ensuite jetés dans l'Euphrate). Étant donné que l'humiliation publique n'allait pas de pair avec la réduction en esclavage, Alma 11:2 cadre avec Mosiah 2:13 qui interdisait aux habitants de Zarahemla de se réduire mutuellement en esclavage (entre autres pour dettes).

[77] Voir par ex. Code d'Hammourabi 127 (insultes à une grande prêtresse ou à une femme mariée ayant pour résultat la flagellation et le rasage de la moitié de la tête).

[78] Voir note lxii ci-dessus. Puisque Mosiah savait que sa loi devait s'appliquer à tout le monde tant en-dehors de l'Église qu'à l'intérieur, il est logique qu'il ait eu recours aux lois noachides de Néphi et les ait étendues en fonction des besoins actuels du peuple, car, comme les lois de Néphi s'appliquaient à tous les hommes, un roi néphite se sentirait justifié d'insister, au minimum, pour que tous les habitants de Zarahemla, qu'ils soient Néphites ou Mulékites, dans l'Église ou non, s'y soumettent.

[79] Voir note xlix ci-dessus.

[80] Voir Code d'Hammourabi, section 8, où une personne qui vole les animaux du palais est mise à mort si elle ne peut pas payer pour les remplacer.

[81] Alma 18:5-6. Les rois d'Israël étaient clairement soumis aux lois, comme le montrent les histoires de la vigne de Naboth dans 1 Rois 21 et de David et Bath-Schéba dans 2 Samuel 11-12. Voir, pour un traitement général, Z. Falk, Hebrew Law in Biblical Times, Jérusalem, Wahrmann, 1964, pp. 45-51; R. de Vaux, Ancient Israel, New York, McGraw Hill, 1965, p. 151.

[82] Voir note lxv ci-dessus.

[83] Voir note liv ci-dessus, surtout là où les Lamanites ont pu associer traditionnellement le soi-disant délit de Néphi au crime de Deutéronome 13:13, à savoir «sortir» et «séduire les habitants d'une ville» et accuser les autres de «ne pas connaître Dieu», ce qui est décrit dans ce passage comme méritant la mort «au fil de l'épée» (Deutéronome 13:15).

[84] Voir J. Welch, «Longevity of Book of Mormon People and the 'Age of Man'», Journal of Collegium Aesculapium, été 1985; existe aussi sous forme de Rapport préliminaire chez  F.A.R.M.S., 1984.

[85] Alma 54:17. Tous les Lamanites n'étaient pas les mêmes, bien entendu: certains Lamanites s'unirent aux brigands dans Hélaman 11:24 et 3 Néphi 1:29, en dépit du fait que la plupart des Lamanites combattirent vigoureusement les brigands dans Hélaman 6:37.

[86] L'hostilité zoramite s'intensifia quand Alma et ses camarades convertirent et emmenèrent la classe ouvrière inférieure à Antionum; voir Alma 35. Amalickiah et Ammoron étaient descendants de Zoram; voir Alma 54:23, 52:3. Des Zoramites rejoignirent aussi les rangs des brigands de Gadianton, 3 Néphi 1:29.

[87] Mosiah 25:2; Omni 17.

[88] Les noms Amlici et Zérahemnah semblent tous les deux être des mots mulékites: Amlici peut être associé à la racine hébraïque m-l-k, qui veut dire roi, voir F.A.R.M.S. Update «New Information About Mulek, Son of the King» (février 1984) et Zérahemnah est un nom auquel on peut s'attendre chez un descendant de Zarahemla, roi des Mulékites. Coriantumr est explicitement identifié comme «descendant de Zarahemla» dans Hélaman 1:15. Je démontrerai ailleurs que l'assimilation des Mulékites à la culture néphite ne fut pas très satisfaisante et que ces deux groupes restèrent distincts. Voir, par ex., Mosiah 25:4.

[89] Richard Bushman, Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana, Univ. of Illinois Press, 1984, p. 130, résume brièvement l'histoire de deux de ces groupes.

[90] Il y a trois autres passages de cette période dans lesquels le vol est mentionné: (1) Le vol est le thème de Hélaman 6:21-23 parce que les Néphites se sont unis aux brigands «parmi les Néphites» (6:18) afin de permettre aux uns et aux autres de voler. (2) C'est aussi le cas dans Hélaman 7:5 et 21, qui parlent tous les deux de vol, parce que le groupe d'opposition domine maintenant le gouvernement et que le sujet, ce sont les délits contre son «prochain» [l'anglais dit neighbor, qui signifie prochain, mais aussi voisin – N.d.T.] (7:21). (3) Samuel le Lamanite prophétise dans Hélaman 13:34 que les hommes déposeraient un outil et ne pourraient plus le retrouver le lendemain (un voisin ou quelqu'un de l'extérieur aurait pu le prendre), et cette prophétie s'accomplit selon Mormon 2:10 à cause «des voleurs et des brigands» dans le pays.

[91] Hélaman 7:4.

[92] Hélaman 2:11-12. Je remercie Kelly Ward et Robert F. Smith de cette information. Il y a peut-être aussi un jeu de mots dans Alma 37:23, où une pierre appelée Gazelem (qui pourrait venir de la racine hébraïque gzh «couper, pierres taillées») révèlera les ténèbres des brigands-gzl, comme le pensent JoAnn Hackett, Robert F. Smith, Blake Ostler et John Tvedtnes. Voir aussi Giddianhi.

[93] Le fait de se souvenir de la destruction totale et de la captivité de Jérusalem comme dépassant la violence de ces attaques a un cachet d'authenticité. Il y a peu de chances qu'un Léhite oublie jamais l'avertissement prophétique de Léhi et la confirmation de la destruction totale face auxquels ils avaient quitté Jérusalem en premier lieu.

[94] 3 Néphi 4:28. Cf. Deutéronome 21:22. Voir, pour un traitement général, M. Hengel, Crucifixion, Philadelphie, Fortress Press, 1977.

[95] La manière détaillée dont cette exécution a suivi les pratiques de l'Israël antique, comme on la retrouve dans Maïmonide, Sanh. XV.6, est exposée dans mon article «The Execution of Zemnarihah», F.A.R.M.S. Update, novembre 1984.

[96] Il reste encore cinq passages où le mot «rob» (brigandage), apparaît dans le texte anglais, que l'auteur explique ici. Comme il n'a pas été possible de rendre ces tournures par «brigand» ou «brigandage» en français, dans quatre de ces passages, la traduction de l'explication n'aurait pas de sens. Ces passages sont: Mosiah 27:9, Alma 39:4, 3 Néphi 24:8 et Alma 42:25. À propos du cinquième passage, l'auteur écrit: «Le cinquième est la prophétie de Moroni que dans les derniers jours il y aura de grandes souillures sur la terre, particulièrement des meurtres et du brigandage (Mormon 8:31). Le vol n'est pas mentionné, probablement parce que Moroni n'aurait pas considéré le vol comme quelque chose d'aussi grave.» – N.d.T.

[97] Publié sous la direction de Thomas Upham, Andover, Flagg et Gould, 1823, p. 313.

[98] Bible du roi Jacques d'Angleterre, version traditionnelle de la Bible en anglais. – N.d.T.

[99] Il faut noter que Louis Segond traduit correctement par «brigands». – N.d.T.

[100] Segond traduit correctement par «brigands». – N.d.T.

[101] Toujours rendu correctement par «brigand» par Segond. – N.d.T.

[102] Même aujourd'hui, cette distinction ne va pas de soi pour les Occidentaux. Après tout, nous ne parlons pas de «Ali-Baba et les quarante Brigands».

[103] Voir, pour une étude générale: Samuel Walker, Popular Justice: A History of American Criminal Justice, New York, Oxford University Press, 1980; Douglas Greenberg, Crime and Law Enforcement in the Colony of New York 1691-1776, Ithaca, Cornell University Press, 1974; William E. Nelson, Americanization of the Common Law: The Impact of Legal Change on Massachusetts Society, 1760-1830, Cambridge, 1975.

[104] Joseph Chitty, A Practical Treatise on the Criminal Law, Londres, A. J. Valpy, 1816, pp. 802-809. Cette loi fut interprétée «strictement»; voir William Holdsworth, A History of English Law, Londres, Methuen & Co., 1972, 8:304. Voir aussi Herbert Broom, Commentaries on the Common Law, Philadelphie, T. & J. W. Johnson, 1856, pp. 633-634.

[105] Voir Patrick Pringle, Stand and Deliver: The Story of the Highwaymen, Londres, Museum Press, 1951. Ce qui intéressait la législation du Massachusetts, c'étaient les bandits de grand chemin et la peur qu'ils inspiraient, voir Edwin Powers, Crime and Punishment in Early Massachusetts, Boston, Beacon, 1966, p. 270; Nathan Dane, A General Abridgment and Digest of American Law, Boston, Cummings, Hilliard & Co., 1824, p. 180.

[106] Idem, p. 234.

[107] Chitty, pp. 917-24. Voir aussi Holdsworth, 3:361-366; 7:513.

[108] Chitty, p. 917.

[109] Greenberg, p. 90; Nelson, p. 37.

[110] Il est, par exemple, certain que Laban n'eut pas de raison de craindre à cause d' «une violence réelle» ni d'une «lutte», voir Chitty, pp. 803-804 et il n'y a pas eu de véritable transfert de possession vers Laman; il ne peut donc techniquement pas être un «robber». Selon la législation anglo-américaine, on ne peut pas voler un «droit au gouvernement», voir Alma 54:17, puisqu'il n'y a ici aucune infraction contre des biens personnels. De même, un débiteur défaillant ne peut pas être traité comme un voleur en vertu de ces lois modernes, puisque il a «acquis légalement la possession», voir Chitty, p. 915. Je remercie Cole Durham de ces deux dernières informations. De plus, l'emprisonnement était un châtiment fréquent pour les débiteurs défaillants à New York en 1828, voir Richard Bushman, Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana, Université d'Illinois, 1984, p. 66, mais la prison n'est pas mentionnée dans Alma 11:2. De même, le comportement général des brigands du Proche-Orient antique et du Livre de Mormon est différent de celui des bandits de grand chemin qui harcelaient les voyageurs anglais du dix-huitième siècle. Voir aussi la note vi ci-dessus.

[111] Par exemple, Alexander Campbell, un des premiers contradicteurs, voyait, dans ces brigands qui prêtaient serment en secret, des francs-maçons du 19e siècle, mais il ne tarda pas à abandonner lui-même cette théorie boiteuse. Voir Bushman, pp. 128-131. S'il avait été au courant de cette information antique, il est peu probable qu'il aurait jamais soulevé cet argument du parallèle avec les francs-maçons. Il ne rentre pas dans le sujet de la présente étude de parler des ressemblances générales de toutes les sociétés secrètes, voir John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret, 1985, pp. 300-309; voir aussi Richard Deacon, The Chinese Secret Service, New York, Ballantine, 1976. En outre, Bill Hamblin a avancé l'idée que l'on peut trouver des parallèles étroits dans l'Islam radical; voir Marshall G. S. Hodgson, The Order of Assassins, Hague, Mouton & Co., 1955, et Bernard Lewis, The Assassins: A Radical Sect in Islam, New York, Basic Books, 1968.

[112] Bushman, p. 131, et Ray Hillam, «The Gadianton Robbers and Protracted War», BYU Studies 15, 1975, pp. 215-224, proposent tous deux ce parallèle moderne.