La véracité de l'Eglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité
du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document
historique qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni
personne d'autre, que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu
en être l'auteur, ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement
démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l'Eglise
se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années,
les indices en faveur de l'authenticité historique du Livre de Mormon
n'ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre
de Mormon (et l'Eglise) en doute ne peut plus - s'il est
intellectuellement honnête - les ignorer. L'article suivant traite d'un
de ces indices.
L'orge et le blé
dans le Livre de Mormon
FARMS
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1996-2001 Foundation for Ancient Research and Mormon Studies
Rapport mis
à jour pour la dernière fois en août 2000
Sur la trentaine de fois que le grain est mentionné dans le Livre de
Mormon, l'orge l'est quatre fois (Mosiah 7:22 ; 9:9 ; Alma 11:7, 15) et le
blé une fois (Mosiah 9:9). Ces mentions de l'orge et du blé dans un
document de l’Amérique ancienne ont intrigué certains lecteurs parce
que l'on pense généralement que ce sont les Européens qui ont introduit
l'orge et le blé domestiques dans le Nouveau Monde après 1492.
Les recherches dans ce domaine soutiennent deux explications possibles.
Premièrement, les termes orge et blé, tels que le Livre de Mormon les
utilise, peuvent désigner d'autres plantes cultivées dans le Nouveau
Monde auxquelles on a donné des noms de plantes de l'Ancien Monde. Deuxièmement,
les termes peuvent désigner des variétés authentiques d'orge et de blé
du Nouveau Monde.
1. Attribution par analogie de noms aux céréales du Nouveau Monde
Il est possible que les Léhites aient utilisé les termes traduits dans
le Livre de Mormon par orge et
blé pour désigner d'autres plantes ou espèces de céréales du Nouveau
Monde qui ressemblaient à l'orge et au blé. « C'est un fait bien
connu », écrit le professeur Hildegard Lewy, spécialiste des
langues assyrienne et babylonienne (akkadiennes) anciennes, « que
les noms de plantes et particulièrement de [céréales] sont appliqués
dans diverses langues et dialectes à différentes espèces. » Lewy
note que cela pose souvent un problème d'interprétation des mentions de
céréales dans les documents du Proche-Orient. Quand on le fait, « on
doit déduire la signification de ces vieux termes assyriens à partir des
seuls vieux textes assyriens sans tenir compte de leur signification dans
les sources provenant de Babylonie et des autres régions voisines de
l'Assyrie. » D'autres assyriologues ont observé que le vieux terme
assyrien shéum a été utilisé à différentes époques pour désigner
l'orge, les céréales en général et même les pignons.
Il vaut la peine de noter que shéum est également mentionné
dans le Livre de Mormon dans un contexte agricole (voir Mosiah 9:9). Il désigne
apparemment une céréale du Nouveau Monde cultivée au pays de Néphi,
qui était désignée par un terme de l'Ancien Monde. L'utilisation de ce
terme dans le Livre de Mormon est lui-même significatif puisqu'on n'a pu
déchiffrer l'akkadien que des décennies après la publication du Livre
de Mormon. Par conséquent le terme shéum ne pouvait pas être
connu de Joseph Smith.
Dans le Nouveau Monde, de nombreux noms espagnols ont été appliqués
aux plantes américaines après la conquête, à cause de la ressemblance
manifeste des plantes avec des plantes européennes, alors même que les
plantes du Nouveau Monde étaient, du point de vue botanique, d'une espèce
ou d'une variété différente. Par exemple, les Espagnols appelaient le
fruit de l'oponce (figuier de Barbarie) « figue » et les émigrants
venus d'Angleterre appelaient le maïs « corn », terme anglais
désignant les céréales en général. Les gens du Livre de Mormon ont pu
avoir recours au même genre de pratique quand ils ont rencontré pour la
première fois les espèces végétales du Nouveau Monde.
2. Variétés domestiques de l'orge et blé en Amérique ancienne
Il est bien entendu également possible que les mentions d'orge et de blé
dans le Livre de Mormon désignent effectivement des variétés réelles
de ces céréales qu'ont rencontré les gens du Livre de Mormon dans le
Nouveau Monde. Des indices archéologiques récents donnent à penser que
les Américains précolombiens ont cultivé l'orge pendant une longue période
de temps. Un article paru en 1983 dans Science 83 décrit des fouilles
archéologiques sur le site hohokam de La Ciudad, près du centre de
Phoenix, Arizona (la culture hohokam a fleuri dans le sud-ouest de l'Amérique
du Nord de 300 av. J.-C. à 1450 apr. J.-C. environ). L'auteur déclare :
« La preuve sans doute la plus surprenante du niveau d'évolution de
l'agriculture hohokam a été fournie l'année dernière, lorsque les archéologues
ont trouvé des grains conservés de ce qui ressemble à de l'orge
domestique, le premier que l'on ait jamais trouvé dans le Nouveau Monde. »
Peu de temps après, d'autres échantillons étaient découverts sur
d'autres sites archéologiques d'Oklahoma et d'Illinois. A propos des découvertes
faites en Illinois, une étude récente dit qu' « un type de semence
précédemment non identifié… a maintenant été identifié comme étant
du petit orge (hordeum pusillum) et il y a de fortes indications que ce
grain doive être ajouté » à la liste des féculents que l'on
cultivait dans la région il y a 2000 ans. »
Les échantillons d'orge remontant aux périodes des cultures du Woodland
moyen (premiers siècles de notre ère) et du Woodland récent (600-1050
apr. J.-C.) indiquent que l'orge précolombien a été connu et cultivé
pendant une période de temps prolongée dans le Nouveau Monde. « Il
est raisonnable de conclure », dit l'archéologue Vorsila L. Bohrer,
qui a dirigé les travaux au cours desquels ces découvertes ont été
faites, « que nous voyons là une céréale nord-américaine
domestiquée dont on ne soupçonnait pas l'existence. »
Ce que l'on sait maintenant de l'orge précolombien en Amérique doit être
un avertissement pour les lecteurs du Livre de Mormon qu'ils ne doivent
pas trop se hâter de balayer la mention de blé précolombien comme étant
un anachronisme.
Perspective
historique
En 1973, Robert F. Smith, autorité en
langues proche-orientales anciennes, a fait observer que « shéum »
correspond exactement à « l'orge » akkadien [she'um] (vieil
assyrien « blé »), le nom de céréale le plus courant dans
la Mésopotamie ancienne (Robert F. Smith, « Some 'Neologisms' from
the Mormon Canon », dans Conference on the Language of the Mormons,
Provo (Utah), Brigham Young University Language Center, 1973, p. 66). Ce
sujet a été repris par d'autres spécialistes mormons lors de
traitements ultérieurs du sujet.
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