LE PAIN DE VIE
 

par Janet Lisonbee
© Meridian
 

PREMIERE PARTIE

 

Je fais souvent mon pain moi-même et un jour, pendant que je pétrissais de la pâte, mes pensées se sont tournées vers les enseignements du Christ concernant le pain. C'est alors que je me suis rendu compte qu'il nous a donné une sorte de recette de pain. Dans Jean 6:51, Jésus dit : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement… ». L’étude des ingrédients du pain nous permet de mieux comprendre à quel point le Christ est le pain de vie et comment nous pouvons vraiment manger de son pain.


Le pain de base est constitué d’un mélange de farine, de blé et d’eau. En ajoutant de l'huile, du sel, du levain ou de la levure, du miel et du lait, on obtient un pain plus léger et plus savoureux. Le Sauveur nous a recommandé de nous servir dans notre vie de tous ces ingrédients, par lesquels il se décrit lui-même et décrit ce qu’il nous offre.
 

Le blé
 

L'ingrédient principal du pain est le blé. De tous les aliments, c’est le blé qui, de par sa nature, est le plus éternel. Convenablement entreposé, il se garde presque indéfiniment. Comme le blé, la parole du Christ est éternelle [D&A 1:39, Moïse 1:4] et ceux qui la vivent vraiment obtiendront la vie éternelle [Alma 37:44, Moïse 6:59]. Jésus-Christ est également appelé La Parole dans Jean 1:1 et il est éternel [D&A 20:17].


Comme le blé, la parole du Christ doit être plantée, cultivée, nourrie et moissonnée. Cela demande des efforts. Le Seigneur a dit à Adam : « C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain » [Genèse 3:19]. Alma a également souligné que nous devons nourrir la parole par notre foi avec une grande diligence et avec patience [Alma 32:41]. Nous cultivons la parole de Dieu par l'étude des Écritures, la méditation, l’obéissance aux commandements, la fréquentation de l’église et du temple, le jeûne et la prière.


Jésus se compare aussi au blé quand il prédit sa mort. « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » Il ajoute : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle » [Jean 12:24-25]. Pour devenir nous-mêmes du blé, nous devons, comme le Christ, être disposés à renoncer à notre vie, en d'autres termes, soumettre notre volonté à la sienne comme il soumet la sienne à la volonté du Père.


Dans Matthieu 13, Jésus qualifie aussi les personnes justes de blé dans sa parabole du bon grain et de l’ivraie, en disant : « Le champ, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin » [v. 38] « C'est pourquoi, je dois rassembler mon peuple selon la parabole du bon grain et de l'ivraie, afin que le bon grain soit mis en sûreté dans les greniers pour posséder la vie éternelle et être couronné de gloire céleste… » [D&A 101:65]
 

L'eau
 

Le deuxième ingrédient en importance dans la fabrication du pain est l'eau. Sans eau, il ne peut y avoir de vie. Jésus nous a dit que sans lui, nous ne pourrions pas abonder ou vivre [D&A 88:50].


L'eau est, elle aussi, éternelle : il y a autant d'eau sur la terre aujourd'hui qu'il y en a jamais eu ou qu’il y en aura jamais. Comme les propriétés du blé et de l'eau, Jésus-Christ est éternel.


L'eau est également le dissolvant universel : avec le temps, l'eau peut dissoudre presque n'importe quelle substance, ce qui est la raison pour laquelle le baptême est un si beau symbole de ses propriétés purificatrices. Le Seigneur a promis que « Si [n]os péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige » [Ésaïe 1:18].


L'eau étanche notre soif. Qu’est-ce qui nous rend spirituellement assoiffés ? Dans la parabole du riche qui ignore le mendiant Lazare, le premier meurt et se retrouve en enfer. Il supplie Lazare, qui est également mort mais est au ciel, de plonger le doigt dans de l'eau et de lui rafraîchir la langue, parce qu’il est tourmenté par les flammes de l'enfer [Luc 16:20-25]. Dans cette histoire, c'est le péché qui nous rend spirituellement assoiffés. Jésus a dit : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive » [Jean 7:37]. Quand les enfants d'Israël ont eu soif dans le désert du Sinaï, Moïse a frappé le rocher et de l'eau en a jailli [Exode 17:6]. Il a fallu que le rocher, qui symbolise Jésus-Christ, soit frappé pour que le peuple puisse boire. Jésus-Christ a été frappé pour nos péchés et notre nature pécheresse pour que nous puissions boire et être purifiés, pour que nous puissions avoir la vie éternelle.


Obtenir de l’eau, à la différence du blé, ne demande pas de bien grands efforts. En principe, nous avons simplement besoin de boire. Jésus a été comparé à une source d’eau vive [Jérémie 2:13, 1 Néphi 11:25, D&A 10:66]. L'expiation du Christ, comme une source, étanche notre soif, nous purifie du péché, nous régénère, nous rafraîchit l’âme et entretient notre vie.


Il a dit à la Samaritaine : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. » [Jean 4:14]
 

L’huile
 

On ajoute de l’huile pour donner au pain un meilleur goût et une meilleure consistance. L'huile d'olive, l'huile principalement utilisée dans l’Israël antique, était non seulement un ingrédient nutritif utilisé avec le pain et dans la cuisine, mais servait également pour la guérison. Le bon Samaritain bande les plaies de la victime en y versant de l’huile et du vin. Le vin, comme l'alcool, était utilisé pour nettoyer la blessure. L'huile facilitait la guérison de ces blessures. Le Christ est la source de la vraie guérison des blessures de notre existence terrestre, comme le montrent les nombreux miracles de guérison qu’il a accomplis pendant son ministère terrestre. Alma a dit : « Si tu crois en la rédemption du Christ, tu peux être guéri » [Alma 15:8]. Par la foi en Jésus-Christ, nous pouvons être guéris de nos maladies et de nos blessures spirituelles. Nous devons, nous aussi, donner de l'aide à ceux qui ont besoin de guérison, aussi bien spirituelle que médicale.


L'huile est une source de lumière et était utilisée dans les lampes dans l’Israël antique. Jésus a dit à propos de lui-même : « Voici, je suis la lumière; je vous ai donné l'exemple » [3 Néphi 18:16]. Jésus-Christ est la lumière que nous devons suivre pour obtenir la vie éternelle. Ce faisant, nous devenons nous-mêmes une lumière et nous contribuons à en amener d'autres à la source de la lumière. « C'est pourquoi, élevez votre lumière, afin qu'elle brille pour le monde. Voici, je suis la lumière que vous élèverez: ce que vous m'avez vu faire » [3 Néphi 18:24]. Comme le Saint-Esprit est « un » avec le Père et Jésus-Christ, il n'est pas étonnant que la lumière du Christ et le Saint-Esprit soient souvent synonymes. Dans D&A 45:56-57, nous lisons, en ce qui concerne l'huile contenue dans les lampes des vierges sages : « Car ceux qui sont sages, ont reçu la vérité, ont pris l'Esprit-Saint pour guide, et n'ont pas été trompés… ne seront pas abattus… mais supporteront le jour. »
 

Le sel
 

Pour relever la saveur du pain, on ajoute du sel. Le sel est un produit précieux depuis les temps les plus reculés. Dans l’Antiquité, on l’échangeait souvent contre son poids en or. On s’en sert pour relever le goût des aliments et on s’en sert aussi pour conserver certains produits alimentaires. Paul a conseillé aux Colossiens : « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun » [Colossiens 4:6].


Jésus-Christ nous a demandé d'être le sel de la terre [Matthieu 5:13]. Dans D&A 101:39-40, nous apprenons que quand nous embrassons l'Évangile et ses alliances, nous sommes considérés comme du sel avec la responsabilité d'être la saveur des hommes. Dans l'Ancien Testament, le Seigneur a commandé : « … sur toutes tes offrandes tu mettras du sel » avec les prémices [Lévitique 2:13]. En contribuant à enrichir la saveur de la vie des autres par le service, par notre exemple et en leur parlant de l'Évangile, comme le sel, nous conserverons notre propre vie [D&A 4:4].


Le miel et le lait
 

Le miel adoucit le pain et le lait apporte de la saveur et de l’humidité. Jésus a dit : « Venez toutes à moi, extrémités de la terre, achetez du lait et du miel, sans argent, sans rien payer » [2 Néphi 26:25]. Notre vie est beaucoup plus douce et plus riche si nous avons des relations personnelles avec Jésus-Christ. Il est intéressant que beaucoup de nos dîners de paroisse d’autrefois se composaient entièrement de pain et de lait, adoucis de miel.


Le levain


On utilise du levain pour faire lever le pain et le rendre plus souple. Jésus a dit que le royaume des cieux est comme le levain mélangé à trois mesures de farine, qui fait lever toute la pâte [Matthieu 13:33]. Joseph Smith estimait que cette parabole s’appliquait à l'Église moderne, qui a pris son départ d'un peu de levain déposé dans les trois témoins et qu’il est en train de faire lever rapidement les morceaux et fera bientôt lever toute la pâte [Enseignements du Prophète Joseph Smith, section 2 sur Idumea].


Comme la levure imprègne et fait lever la pâte, notre croissance spirituelle personnelle peut, grâce à l’action intérieure de l'Esprit, épanouir et relever notre vie. Et nous, comme le levain, nous pouvons faire « lever » ceux qui sont autour de nous. « Un peu de levain fait lever toute la pâte » [Galates 5:9].


Pétrir et faire cuire au four


La pâte doit être pétrie, c’est essentiel à l'élasticité, à la texture et à la forme du pain. Nous pouvons comparer le pétrissage au façonnage et à la formation de notre vie par notre expérience mortelle. Comme la pâte, nous devons être malléables et devenir « [des saints] par l'expiation du Christ, le Seigneur… soumis, doux, humble[s], patient[s], plein[s] d'amour, disposé[s] à [nous] soumettre à tout ce que le Seigneur juge bon de [nous] infliger » [Mosiah 3:19].


Une fois le pain formé, il est prêt pour le four. Nous pouvons comparer la cuisson au processus de sanctification par le Saint-Esprit [Alma 5:54, 13:12]. Ce « baptême de feu » par le Saint-Esprit nous transforme d’une « pâte » en du « pain » et nous devenons de nouvelles créatures dans le Christ [2 Corinthiens 5:17, Mosiah 5:7].


Le symbolisme des ingrédients du pain peut donc nous en apprendre sur Jésus-Christ et sur ce que nous devons faire pour devenir, nous aussi, du « pain ». Nous pouvons manger le « pain » que Jésus nous offre en nous nourrissant de sa parole et en l’assimilant, en servant et en élevant les autres et en prenant part à son expiation en nous repentant et en nous sanctifiant par l'Esprit et les expériences de la vie qui raffinent. Nous pouvons devenir du « pain » en intégrant à notre vie la « recette du pain » que le Christ nous a donnée dans les Écritures.
 

DEUXIEME PARTIE

 

Le pain jouait un rôle important dans les sacrifices et les fêtes de l'Israël antique dans l'Ancien Testament. Jésus-Christ a également employé le pain comme symbole de son sacrifice expiatoire et il a dit de lui-même qu’il était le pain de vie (Jean 6:48). Chose intéressante, Jésus est né à Bethléhem, qui signifie la « maison du pain. » Après avoir exploré les ingrédients du pain dans la première partie, nous allons maintenant nous concentrer sur l’utilisation symbolique du pain dans les Écritures.


La veille de leur fuite d’Égypte, le Seigneur commanda par Moïse que chaque ménage des enfants d'Israël tue un agneau sans défaut et asperge son sang sur les poteaux des portes. Ils devaient alors faire un repas de « Pâque » pour que l'ange exterminateur passe au-dessus d’eux. Ils devaient faire cuire l'agneau, symbole de Jésus-Christ, et manger la chair avec du pain sans levain et des herbes amères. Lors de futures observances de cette première Pâque, ils devaient manger du pain sans levain pendant sept jours et débarrasser complètement leur maison de tout levain pendant cette période. L’insistance mise sur le pain sans levain était telle que la fête de la Pâque s'appelle également fête des pains sans levain.


Dans Exode 12:39 nous lisons que les enfants d'Israël ont fait du pain sans levain qu'ils ont emporté d'Égypte : « Ils firent des gâteaux cuits sans levain avec la pâte qu'ils avaient emportée d'Égypte, et qui n'était pas levée; car ils avaient été chassés d'Égypte, sans pouvoir tarder… » L'Égypte, symbole de la Babylone spirituelle, était un endroit où ils ne devaient pas s’attarder et dont ils ne pouvaient pas emporter le « vieux levain », comme Paul l’explique aux Corinthiens :


« Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité » (1 Corinthiens 5:7-8).


Ce que Paul conseillait là aux saints, c’était de se débarrasser de leurs vieilles habitudes pécheresses, tout comme l’Israël antique s’était vu commander de laisser derrière lui tout levain provenant d’Égypte et de le remplacer par un cœur humble et obéissant.


Le pain sans levain était également l'accompagnement obligé des holocaustes et des sacrifices de communion. En fait, les pauvres pouvaient faire des offrandes de grain au lieu d'un animal pour ces deux offrandes sacrificatoires. Ces offrandes étaient volontaires, à la différence des sacrifices pour le péché et des sacrifices de culpabilité, qui étaient des sacrifices obligatoires pour le péché. Il n’y avait pas de pain pour ces sacrifices d’expiation, puisque c'est le sang qui est l'ingrédient expiatoire. L’holocauste symbolisait la consécration de sa vie à Dieu et le sacrifice de communion était un repas partagé par le sacrificateur, le donateur et ceux qui l’entouraient, suggérant la communion et la réconciliation ouvertes avec Dieu et avec nos semblables. Le pain sans levain, comme le pain sans levain de la Pâque, représentait l’élimination des désirs « fermentants » du péché et notre volonté de nous présenter comme d’humbles disciples du Christ.


La fête suivante, qui avait lieu cinquante jours après la Pâque, était appelée fête des semaines ou fête de Pentecôte. L’Israël ancien devait offrir au Seigneur la première gerbe de grain, en même temps qu’un agneau sacrificatoire sans tache. Ils devaient également présenter au Seigneur deux pains cuits avec du levain. Ces pains étaient appelés les prémices (Lévitique 23:17). L'utilisation du levain lors de cette fête symbolise sans doute la nouvelle vie que l’on trouve quand on « naît de nouveau », que l’on est pétri du levain de l'Esprit de Dieu. Tout comme la levure imprègne la pâte et la fait lever, l'Esprit de Dieu imprègne notre être et fait surgir une nouveauté de vie dans le Christ. En décrivant le processus de la rédemption, Paul rattache les prémices à l'Esprit : « … nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps » (Romains 8:23). Ce n'est pas par coïncidence que les apôtres du Christ ont reçu le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (Actes 2). En parlant de ceux qui ont pris le Saint-Esprit pour guide, nous lisons : « … ils suivent l'agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d'entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l'agneau » (Apocalypse 14:4).


La troisième fête exigée par le Seigneur s’appelait la fête des tabernacles ou fête de la récolte (du blé). Elle avait lieu vers la fin de la moisson d'automne et c’était la plus joyeuse des fêtes de l'ancien Israël. Il n’est pas fait mention d’utilisation de pain, mais on présentait des gerbes de blé devant le Seigneur et l’on procédait à des sacrifices d’animaux. Près du temple, les familles faisaient des cabanes à l’aide de branches d’arbres et y logeaient pendant cette semaine-là. Cette fête pourrait être une illustration de l'analogie du Christ : « Je dois rassembler mon peuple selon la parabole du bon grain et de l'ivraie, afin que le bon grain soit mis en sûreté dans les greniers pour posséder la vie éternelle et être couronné de gloire céleste, lorsque je viendrai dans le royaume de mon Père… » (D&A 101:65).


Après la première multiplication des pains, Jésus a fait un discours sur le pain expliquant qu'il était le vrai pain venu du ciel. Il dit: « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde » (Jean 6:51). Il ajoute: « Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi » (v. 57). « Vivre par » le Christ, c’est vivre ses commandements.


Jésus poursuit : « C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n'en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement » (v. 58). Le peuple murmure et dit : « Comment peut-il nous donner sa chair à manger? » (v. 52) Jésus explique : « C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (v. 63).


Après avoir entendu que le pain que Jésus offre, ce sont ses paroles et ses enseignements, plusieurs de ses disciples « se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui » (v. 66). Jésus demanda aux douze apôtres s'ils allaient le quitter, eux aussi. Pierre répondit : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (v. 68). Le pain vivant que Jésus offre, ce sont ses paroles : ses commandements et ses enseignements qui nous mèneront à la vie éternelle, du moment que nous les vivons.


Tout comme les enfants d'Israël n’ont pas vécu éternellement en mangeant la manne, Moïse leur a dit ce qui leur donnerait la vie éternelle. Après 40 ans d'errances dans le désert, Moïse a expliqué leur voyage :


« Souviens-toi de tout le chemin que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton cœur et si tu garderais ou non ses commandements. Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim, et il t'a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel » (Deutéronome 8:2-3).


La manne devait enseigner aux enfants d'Israël que le vrai pain, la vraie nourriture, venait de Dieu. Quand le diable le tente pour qu’il transforme les pierres en pain après son jeûne de quarante jours dans le désert, Jésus lui fait la même réponse : « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4:4).


Il est intéressant que le Seigneur n'ait pas fait tomber des pains tout cuits du ciel, mais que la manne était aussi petite que la graine de coriandre (Exode 16:31) et devait être recueillie tôt le matin. « Chacun ramassait ce qu'il fallait pour sa nourriture » (v. 18) et il ne fallait pas essayer de la conserver (v. 20) ni en recueillir le jour du sabbat (vv. 26-27). Il faut des efforts pour faire du pain et Dieu a dit à Adam que c’est à la sueur de son visage qu’il mangerait du pain (Gen.3:19).


Jésus comparait ses paroles au pain vivant. Dans cet ordre d’idées, l'obtention des paroles du Christ demande des efforts et elle est petite « comme la graine de coriandre ». Ceci illustre la façon dont nous progressons à mesure que nous recueillons ses paroles, « ligne sur ligne, précepte sur précepte » (2 Néphi 28:30).


Comme l’Israël antique, nous recueillons ses paroles selon nos « habitudes alimentaires », c’est-à-dire notre capacité d'incorporer ses enseignements à notre vie. Alma comprenait ce principe quand il a expliqué que ceux à qui les mystères de Dieu ont été donnés, « le commandement strict leur est imposé de n'en rien communiquer si ce n'est selon la partie de sa parole qu'il accorde aux enfants des hommes, selon l'attention et la diligence qu'ils lui apportent » (leur obéissance à ce qui leur a été enseigné) (Alma 12:9).


On peut aussi voir un symbolisme dans le miracle de la première multiplication des pains. Jésus a compassion de la multitude et ne veut pas la renvoyer affamée. Après avoir pris sept pains et quelques poissons, il rend grâces et rompt le pain, et en donne d’abord à ses disciples, après quoi les disciples distribuent la nourriture à la foule, ce qui pourrait symboliser la façon dont sa parole est répandue : d'abord à ses apôtres et à ses prophètes et eux la transmettent à leur tour au peuple.


Le pain de la Sainte-Cène
 

La veille de sa mort, Jésus était avec les douze apôtres à fêter la Pâque. Il a pris du pain, a rendu grâces, l'a rompu et l’a donné à ses apôtres en disant : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. » (Luc 22:19)


La Traduction de Joseph Smith pour Marc 14:20-21 (Segond 14:22) dit : « Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain et le bénit, le rompit et le leur donna, en disant: Prenez et mangez. Voici, faites ceci en souvenir de mon corps ; car chaque fois que vous le ferez, vous vous souviendrez de cette heure où j’étais avec vous. » La Traduction de Joseph Smith pour Matthieu 26:26 dit : « Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le rompit et le bénit, et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez ; ceci est en souvenir de mon corps que je donne en rançon pour vous. »


Après la mort de Jésus, les disciples « persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Actes 2:42). En parlant aux Corinthiens, Paul explique le symbolisme de la Sainte-Cène :


« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps de Christ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps; car nous participons tous à un même pain » (1 Corinthiens 10:16-17).

Paul réprimande ensuite l'Église parce qu’elle n’est pas « une », parce qu’il y a des divisions et des hérésies en son sein. Il lui rappelle que Jésus a pris du pain, « et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi… Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même » (1 Corinthiens 11:24-29).


Ce que Paul dit aux Corinthiens, c’est qu'ils représentent le corps du Seigneur et qu’en pratiquant ses commandements, ils deviennent du « pain ». Si leur vie n'est pas en harmonie avec la volonté du Seigneur, ils ne devraient pas prendre la Sainte-Cène. Il est intéressant de noter que dans le temple antique, dans le saint, il y avait en permanence douze pains, qui représentaient les douze tribus d'Israël.


Quand Jésus est apparu aux Néphites, il a commandé qu’on lui apporte du pain et du vin. Il en a tout d’abord donné aux douze disciples et ils ont mangé et ont été rassasiés. Ensuite, il leur a commandé d’en donner à la multitude. À propos du pain, il a dit: « Et cela, vous le ferez en souvenir de mon corps, que je vous ai montré. Et ce sera un témoignage pour le Père que vous vous souvenez toujours de moi. Et si vous vous souvenez toujours de moi, vous aurez mon Esprit avec vous » (3 Néphi 18:7).


Le lendemain, Jésus est de nouveau apparu aux Néphites, a rompu le pain et leur a donné du vin à boire, mais cette fois, il a miraculeusement fourni le pain et le vin. Ensuite il a dit : « Celui qui mange ce pain, mange de mon corps pour son âme; et celui qui boit de ce vin, boit de mon sang pour son âme; et son âme n'aura jamais faim ni soif, mais sera rassasiée » (3 Néphi 20:8).


Moroni a inclus dans son document les prières de Sainte-Cène telles que nous les avons aujourd'hui. Concernant le pain, la prière dit : « … afin qu'ils le mangent en souvenir du corps de ton Fils, et te témoignent… qu'ils veulent prendre sur eux le nom de ton Fils, se souvenir toujours de lui et garder les commandements qu'il leur a donnés, afin qu'ils aient toujours son Esprit avec eux » (Moroni 4:3).


Le pain est connu pour être le soutien de la vie. Dans les Écritures, il symbolise les paroles du Seigneur, parce qu’il a été connu comme étant la Parole qui a été faite chair (Jean 1:1, 14), et qui, une fois « mangée » ou intégrée à notre vie, nous mènera à la vie éternelle. Nous devons également devenir du « pain » en mettant notre vie en harmonie avec Dieu et avec nos semblables et, ce faisant, nous aurons toujours son Esprit avec nous, Jésus-Christ étant le grand modèle.


Le pain symbolise aussi le sacrifice de Jésus-Christ pour le péché. Dans la chair il a souffert au-delà de toute mesure, « Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir de corps et d'esprit » (D&A 19:18). Quand nous prenons la Sainte-Cène, nous devons nous rappeler que ces emblèmes symbolisent Jésus-Christ, ses paroles, l'exemple de la vie qu’il a vécue et son sacrifice expiatoire pour nous tous.


Jésus a dit : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jean 6:51). En prenant vraiment le pain que Jésus offre, nous pouvons, nous aussi, avoir la vie éternelle.