L’émancipation des femmes par le Christ dans le
Nouveau Testament Par Lynne Hilton Wilson · Meridian, 13
août 2015
Ceci est un extrait de Christ’s Emancipation of Women
in the New Testament par Lynne Hilton Wilson qui se concentre en
particulier sur deux façons dont Jésus a libéré des femmes de leur bagage
culturel. Le Dr Wilson a fait cet exposé dans le cadre de la Conférence de
FAIRMormon tenue les 6-7 août 2015.
Pendant son ministère,
Jésus-Christ a rendu la vue aux aveugles et la mobilité aux paralytiques.
Il a rétabli la loi supérieure de l’amour et du pardon. Il a rétabli
l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek permettant d’agir au nom de Dieu.
Mais il est rare que l’on parle de l’une des choses les plus importantes
qu’il a rétablies, c’est le caractère sacré de la famille et du mariage en
rétablissant une image noble de la femme et de l’enfant [1].
Pour
apprécier le changement radical que Jésus a apporté au rôle des femmes et
à leurs relations, il nous faut placer ses enseignements dans le contexte
de son époque. Comment les Juifs, les Grecs et les Romains traitaient-ils
les femmes et les enfants ? Quand on passe au peigne fin leurs volumes de
documents, lettres, poèmes, pièces de théâtre, histoires et livres sacrés
on a l’impression que, dans de nombreux cas, leurs relations familiales
tournaient mal [2]. On découvre des différences surprenantes lorsqu’on
compare leurs pages de malentendus, d’oppression et de relations
dysfonctionnelles aux passages du Nouveau Testament qui parlent des
interactions tendres de Jésus avec les femmes et les enfants,.
Le
Christ a apporté des changements brusques et radicaux qui ont rendu aux
femmes une place de valeur avec un potentiel éternel. Ce livre donne un
aperçu de la vie familiale à l’époque du Nouveau Testament, permettant de
mieux apprécier les enseignements transformateurs de Jésus sur les femmes
— des enseignements qui influencent encore aujourd’hui la famille [3].
Les femmes libérées de leur bagage culturel
Jésus est
arriivé dans une société hérissée de nombreux obstacles profondément
ancrés contre ses enseignements. Il a choqué son public en annonçant sa
messianité (c.-à-d., Luc 4:21-28). Chose tout aussi choquante, il
appréciait et valorisait les femmes et les enfants (Marc 14:4-6 ; Luc 7:39
; 10:40 ; etc.). Avec la même vigueur qu’il a mise à purifier le temple,
Jésus s’est attaqué aux fausses valeurs culturelles qui caractérisaient la
vie familiale juive. Il a démoli les pratiques et les idées fausses
concernant les femmes, les enfants et les relations familiales. Il a
dénoncé des siècles de traditions nocives qui détruisaient le partenariat
des époux et menaient à la misogynie.
Les quatre évangiles nous
montrent Jésus refusant de tenir compte des barricades sociales
traditionnelles qui empêchaient les relations entre hommes et femmes. En
lisant, nous voyons que le Seigneur s’adresse aux femmes (Jean 4:7-27),
les incite à s’instruire (Luc 10:39-42), les guérit (Marc 7:25-29), les
invite à s’exprimer en tant que témoins (Matthieu 28:5-10), les touche
(Marc 5:30-34 ; Matthieu 28:9) et enseigne la nature éternelle de leur
mariage (Matthieu 5:3-11 ; Jean 17:21 ; Éphésiens 5:25, 31). Ceci était
considéré comme scandaleux.
Pour démontrer à quel point Jésus a
changé les relations familiales, il faut comprendre à quoi ressemblait la
vie de famille juive et le contraste qu’il y avait entre elle et ce que
Jésus a enseigné. Quand on les situe dans leur contexte social, les
enseignements du Seigneur deviennent irrésistibles dans leur importance et
leur beauté. Cet article met en évidence deux coutumes culturelles qui
influençaient les femmes, puis fait le contraste avec les changements
émancipateurs du Christ.
La ségrégation –
cadre et bagage culturels
Les traditions pharisaïques juives
veillaient à ce que les hommes et les femmes restent physiquement séparés
[4]. Hommes et femmes « ne doivent pas se mêler [5] ». Cette ségrégation
physique menait à la ségrégation émotionnelle, qui aboutissait à des
malentendus. Les femmes étaient considérées comme une cause de tentation,
de sorte qu’elles devaient être voilées, réduites au silence et tenues
autant que possible à l’écart des hommes [6]. C’était surtout en ville
qu’il était déconseillé aux femmes juives de sortir afin d’éviter d’être
vues par les hommes. Ce protocole existait à Jérusalem et s’étendait aux
d’autres grandes villes où les Juifs vivaient. Par exemple, à Alexandrie,
la troisième plus grande ville du monde gréco-romain, le philosophe juif
Philon (20 av. J.-C. à 50 apr. J.-C.), décrit sa vision de la séparation
idéale des hommes et des femmes en public.
« Ainsi donc, la femme
ne doit pas être une mêle-tout qui s’occupe des sujets extérieurs à ses
préoccupations domestiques, mais doit chercher une vie de solitude.
« Les places de marché et les salles de conseil, les tribunaux et
rassemblements, les réunions où un grand nombre de gens sont assemblés et
la vie en plein air avec toutes les possibilités de discussion et d’action
– tout cela convient aux hommes dans la guerre et dans la paix. Les femmes
conviennent parfaitement à la vie à la maison qui ne s’écarte jamais du
logis... Ainsi donc, la femme ne doit pas être une mêle-tout qui s’occupe
des sujets extérieurs à ses préoccupations domestiques, mais doit chercher
une vie de solitude [7]. »
Cet isolement de la femme était
acceptée depuis des siècles comme la norme sociale à l’époque du Nouveau
Testament. Une attitude plus détendue sur la séparation des sexes existait
en dehors des villes et de la Palestine. Restant à la maison, la plupart
des filles et des femmes juives étaient, comme le décrit un historien, «
recluses chez elles comme dans une prison [8]. »
La ségrégation
continuait à l’intérieur des riches maisons de pharisiens et de sadducéens
avec des logements distincts réservés exclusivement aux membres de leur
sexe [9]. Peu de temps avant et pendant l’époque du Nouveau Testament,
lorsque ces traditions étaient fortement enracinées à Jérusalem et
au-delà, des contemporains décrivaient les espaces de vie distincts où les
femmes « étaient toujours maintenues dans l’isolement et n’apparaissaient
même pas à la porte d’entrée et leurs filles non mariées étaient confinées
au logement des femmes, des femmes qui, par pudeur, évitaient le regard
des hommes, même de leurs plus proches parents [10]. » Même à la maison,
si un invité masculin venait pour un repas, les femmes et les filles ne
devaient pas manger à la même table, mais pouvaient interagir en silence
avec la compagnie en tant que servantes [11]. Sauf en de rares occasions,
les familles pieuses de Jérusalem limitaient les relations de chacun à son
sexe.
Le culte à la synagogue faisait également l’objet d’une
ségrégation [12]. Il était commandé aux hommes d’assister à leurs services
de culte du sabbat, mais pas aux femmes. Si une femme décidait d’assister
à un service à la synagogue, elle s’asseyait séparément. Quelques
décennies après l’époque du Nouveau Testament, les rabbins ajoutèrent des
entrées séparées pour les hommes et pour les femmes et des coupe-vue à
claire-voie pour que l’on ne puisse ni voir ni entendre les femmes [13].
Les femmes ne lisaient pas les écritures, ne donnaient pas leur avis,
n’enseignaient pas ni ne priaient verbalement pendant le service, mais
étaient autorisées à écouter en silence [14]. La séparation des sexes et
l’obligation du silence dans les assemblées religieuses menèrent à des
préjugés au sujet de la nature religieuse des femmes [15]. Si la
participation au culte de la synagogue enseignait à être plus saint, les
femmes rataient quelque chose.
À l’intérieur de la maison, les
femmes participaient au culte religieux, en particulier en appliquant les
lois de l’alimentation casher, en observant le sabbat, en allumant les
bougies, en faisant la prière à table et en récitant le shema (Deutéronome
6:4-9; 11:13-21 et Nombres 15:37-41) [16]. Une grande partie du culte juif
était communautaire et avait lieu à l’extérieur de la maison et, dans ce
domaine, le culte rendu par la femme était limité par rapport à celui des
hommes. Les hommes considéraient que c’était un honneur d’avoir 613
commandements et avaient pitié des femmes qui étaient seulement tenues
d’en vivre six [17].
Un élément de protection sous-tendait ces
règles : on pratiquait la ségrégation des filles dans l’espoir qu’elles
restent chastes. Dans les Apocryphes, le dirigeant juif Ben Sira
conseillait aux pères de tenir à l’œil leurs filles non mariées, même à
l’intérieur de la maison, afin d’éviter tout risque de les voir souillées,
« qu’elle n’aille pas faire de toi la risée de tes ennemis , la fable de
la ville, l’objet des commérages, et te déshonorer aux yeux de tous [18].
» Le code légal juif ou Mishna note un exemple d’ « une jeune fille [qui]
est sortie un jour pour puiser de l’eau à la source et elle a été forcée
[19]. »
Ces règles contraignantes opprimaient et abaissaient les
femmes [20]. Elles créaient une culture de la peur et de la méfiance entre
les sexes [21]. Cela donna lieu à un manque d’appréciation et renforça les
stéréotypes sexuels négatifs qui faisaient des femmes des tentatrices
dangereuses [22]. La ségrégation inhibait souvent la capacité de la femme
de contribuer au sein de sa communauté, de servir à l’extérieur de son
domicile, de se joindre au culte public et d’accéder à l’éducation [23].
Changements apportés par Jésus
Jésus n’appliquait pas ces restrictions ségrégationnistes à l’égard
des femmes. Il refusait de les isoler et les traitait comme des personnes
de valeur. Il a permis aux femmes et aux enfants de se joindre au groupe
des cinq mille et plus tard des quatre mille personnes qui se sont réunies
pour l’entendre prêcher en Galilée (Matthieu 14:21 ; 15:38) [24]. Il a
repris ceux qui voulaient renvoyer les femmes et les enfants (Marc
10:13-14 ; Matthieu 15:23). Il invitait les femmes à rester dans la même
pièce que les hommes (Luc 7:38-40). Il n’appliquait pas de ségrégation à
l’égard des impurs, que ceux-ci soient malades ou pécheurs ou exclus de la
société.
Les trois évangiles synoptiques rapportent l’interaction
remarquable de Jésus avec une femme impure dans une rue bondée en Galilée
(Matthieu 9:19-22 ; Marc 5:24-34 ; Luc 8:43-48). L’histoire commence quand
une foule de personnes accompagne Jésus à travers la ville jusque chez
Jaïrus, un chef de la synagogue, pour guérir la fille de celui-ci. En
chemin, une femme « impure » tente de toucher Jésus pour recevoir ses
vertus curatives. Cette femme est qualifiée d’ « impure » parce que,
depuis plus d’une décennie, elle souffre d’une « perte de sang » peut-être
d’une hémorragie de l’utérus [25].
Pour être plus précis, depuis
les douze dernières années, la Loi de Moïse lui interdisait de sortir en
public, de toucher qui que ce soit, de rendre le culte dans la synagogue
ou dans le temple ou de partager le lit de son mari (Lévitique 15:19-28).
En raison de son état, son mari l’avait probablement répudiée (Deutéronome
24:1) [26]. Étant donné que les handicaps physiques étaient considérés
comme la conséquence du péché et que le cycle menstruel de la femme la
rendait « impure » (Ézéchiel 36:17-18), nous supposons qu’au moins
certains de ses voisins et des membres de sa famille l’avaient
probablement accusée de méchanceté et l’avaient rejetée [27]. L’évangile
de Marc précise également qu’elle était dans le dénuement parce qu’elle
avait dépensé tout son argent chez les médecins (Marc 5:26).
Pourtant cette femme pleine de foi et de détermination va rechercher la
guérison auprès du Seigneur : « Si je puis seulement toucher son vêtement,
je serai guérie » (Matthieu 9:21 ; Marc 5:28). Pour ce faire, elle va
enfreindre le protocole de ségrégation qui l’avait condamnée à une vie de
solitude : elle va sortir dans une rue bondée et essayer de se cacher dans
l’attroupement qui suit Jésus. Quand elle touche son vêtement, ou l’ourlet
de sa tunique, Jésus sent immédiatement qu’une « force » est sortie de
lui. Il a donné une partie de lui-même pour guérir la femme physiquement.
Cela va également produire sa guérison sociale et émotionnelle. Il aura
fallu une bravoure incroyable à cette femme pour répondre à la question
directe de Jésus : « Qui m’a touché? » (Marc 5:31).
« Ta foi t’a
sauvée »
Dans cette foule de citadins qui se hâtent de
traverser le village pour se rendre chez Jaïrus, elle a montré sa foi, son
courage et son humilité : «La femme, se voyant découverte, vint toute
tremblante se jeter à ses pieds, et déclara devant tout le peuple pourquoi
elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant. » (Luc
8:47). Jésus ne va pas lui reprocher d’avoir violé les conventions
sociales — il va, au contraire, louer la profondeur de sa foi : « Ta foi
t’a guérie » (Luc 8:47). Il va ensuite lui donner une bénédiction d’adieu
: « Va en paix » (Luc 8:48) [28]. Dans cette histoire poignante, Jésus
aura défié les normes culturelles qui marginalisaient les femmes. En
reconnaissant, en touchant et en guérissant cette femme, il aura établi
une nouvelle norme pour la façon de traiter les femmes.
La
communication – cadre et bagage culturels
Conséquence évidente
du fait que les hommes et les femmes étaient séparés : ils ne
communiquaient pas directement entre eux. Pour le dire simplement, il
était ordonné aux hommes juifs de ne pas parler beaucoup avec les femmes.
La Mishna commandait : « Ne parle pas beaucoup avec la gent féminine »,
suivi de la mention abominable : « On le disait à propos de l’épouse même
de l’homme : à combien plus forte raison de la femme de son prochain! [29]
» Dans la même veine, Ben Sira écrit : « Une femme silencieuse est un don
du Seigneur ; celle qui est bien élevée est sans prix [30]. » Tout aussi
extrême, un célèbre Rabbin Joshua affirme que toute fille ou femme
surprise à parler à un homme dans la rue était coupable d’enfreindre la
loi de chasteté, sauf preuve du contraire [31]. Indépendamment de cette
façon extrémiste de voir les choses, on évitait de parler avec le sexe
opposé de peur qu’il en résulte quelque chose de scandaleux: « Ne parle
pas excessivement avec une femme de peur que cela ne finisse par te
conduire à l’adultère! [32] »
Un autre rabbin de Jérusalem
enseignait que l’homme qui parlait aux femmes montrait qu’il avait des
priorités mal placées qui finiraient par la damnation : « Celui qui parle
beaucoup avec la gent féminine s’attire le mal, néglige l’étude de la Loi
et finira par hériter la Géhenne [l’enfer] [33]. » Un autre rabbin
utilisait les écritures à mauvais escient pour défendre le manque de
communication avec les femmes: « Nous n’avons pas trouvé que le
Tout-Puissant ait parlé à une femme sauf à Sara [34]. » À ses yeux, parce
que le livre saint ne disait pas que Dieu parlait à des femmes, les hommes
ne devaient pas le faire non plus.
Ce contexte culturel explique
pourquoi il semble que la jeune Marie et son fiancé Joseph ne
communiquaient quasiment pas entre eux. Pendant les fiançailles de Marie à
Joseph, celui-ci découvrit sa grossesse « avant qu’ils eussent habité
ensemble » (Matthieu 1:18). Juif intègre, respectueux de la loi, Joseph
s’estimait tenu d’obéir à la Loi et de divorcer de Marie. À ce moment-là,
il ne comprenait pas la nature miraculeuse de la conception de Marie.
On peut se demander si Marie avait essayé d’expliquer la visite de
l’ange Gabriel à Joseph. Lui avait-elle dit pourquoi elle avait quitté
Nazareth ? Avait-elle tenté de résoudre le malentendu ? Luc nous dit plus
tard que Marie « gardait toutes ces choses et les repassait dans son cœur
» (Luc 2:19). Peut-être lui était-il culturellement interdit de parler en
privé avec Joseph. Heureusement, Dieu avait trouvé une autre façon de
transmettre l’information à Joseph en envoyant un ange pour lui annoncer
la bonne nouvelle de la conception miraculeuse. En réponse à l’appel de
l’ange, Joseph conclut immédiatement le mariage (Matthieu 1:23-24). Au
moment où le couple se rendit à Bethléhem, il était marié depuis plusieurs
mois, bien que le récit atteste que Joseph « ne la connut point jusqu’à ce
qu’elle eût enfanté un fils » (Matthieu 1:25).
Changements
apportés par Jésus
Jésus ne réduisait pas les femmes au
silence, mais leur parlait respectueusement. À Béthanie, il parle
directement avec Marie et Marthe (Luc 10:42). En Samarie, il s’entretient
avec la femme au puits (Jean 4:7-27). En Galilée, il interpelle une femme
infirme, courbée peut-être par de l’ostéoporose, et lui dit les mots
guérisseurs : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. »
La
conversation la plus longue que Jésus ait eue avec une femme est sa
rencontre en Samarie avec la femme au puits (Jean 4:7-28). Seul l’évangile
de Jean rapporte ce dialogue qui a eu lieu à une cinquantaine de
kilomètres au nord de Jérusalem dans la capitale samaritaine de Sychar
[35]. À l’époque du Nouveau Testament, une forte animosité existait depuis
plus de mille ans entre la Judée et la Samarie. Le manque de respect
mutuel, les blasphèmes, les représailles et l’impertinence des deux côtés
avaient augmenté d’une génération à l’autre [36]. Quand ils se rendaient
de Jérusalem en Galilée, la plupart des Juifs évitaient la Samarie en
empruntant un itinéraire plus long pour la contourner. Pas Jésus [37].
(Luc 13:12). À Jéricho, il conversa avec Salomé, la mère de Jacques et de
Jean, en lui demandant poliment : « Que veux-tu ? » (Matthieu 20:21). Elle
se sentait à l’aise pour faire sa demande aussi bien que pour recevoir sa
réponse, même si elle comprenait un doux reproche: « Vous ne savez ce que
vous demandez… pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche,
cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a
réservé. » (Matthieu 20:22-23). À Jérusalem, en route pour le Golgotha, il
contempla avec sensibilité les femmes qui pleuraient et les réconforta : «
Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi » (Luc 23:28). Inlassablement,
l’exemple de Jésus traversait les épaisseurs de ségrégation et de silence
pour offrir la dignité et la déférence aux femmes.
Lors d’un de ces
voyages, le Seigneur et ses disciples arrivèrent à Sychar au moment de
leur repas de midi [38]. Il se reposa près du puits de Jacob et envoya ses
disciples en ville pour acheter le pain pour leur déjeuner (Jean 4:8).
Tandis qu’il se reposait, «Une femme de Samarie vint puiser de l’eau.
Jésus lui dit : Donne-moi à boire. » (Jean 4:7). C’était une demande
inhabituelle parce qu’un Juif religieux n’aurait jamais mangé quelque
chose qui aurait été touché par quelqu’un de rituellement « impur »,
surtout par un Samaritain. Tout dans ce voyage aurait été répugnant pour
un Juif pieux de Jérusalem : marcher sur une route samaritaine, entrer
dans une ville de Samaritains, manger de la nourriture samaritaine et
boire de l’eau samaritaine [39].
Mais quand il demanda à la femme
samaritaine à boire de l’eau de sa cruche, Jésus avait un motif plus élevé
à l’esprit que simplement étancher sa soif. Jean explique que cette femme
samaritaine s’était éloignée davantage de la ville pour aller jusqu’au
puits de Jacob chercher son eau. Étant donné que c’est dur de puiser et de
transporter de l’eau, on peut se demander pourquoi elle avait choisi la «
sixième heure » ou midi — le moment le plus chaud de la journée [40]. Ce
n’était pas une heure ordinaire pour aller au puits ; la plupart des gens
profitaient de la fraîcheur du petit matin pour le faire. En outre, les
archéologues parlent d’une source abondante de l’autre côté de la ville
qui aurait été plus proche et plus facile pour puiser son eau [41]. Ces
détails donnent à penser que la femme ajoutait inutilement des difficultés
à sa tâche.
Cependant, quand on apprend les détails de sa vie – ses
divorces passés et ses péchés actuels – on imagine qu’elle a pu vouloir
tenter d’éviter le lieu de rassemblement populaire — rempli des commérages
quotidiens ou du mépris de ses voisines — en faisant seule un plus long
chemin hors de la ville. Cela pouvait valoir la peine de faire les efforts
supplémentaires que cette heure et cet endroit inhabituels rendaient
nécessaires pour avoir la paix.
« Comment toi, qui es Juif, me
demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? »
Le récit de Jean nous dit que la femme s’étonna de voir que Jésus
enfreignait les règles de la société [42] Elle lui demanda à juste titre :
« Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une
femme samaritaine ? » (Jean 4:9). Le comportement de Jésus renversait les
bastions des normes sociales judaïques : il parlait à une femme, il
parlait à une Samaritaine et il demandait à boire de l’eau dans un
récipient impur. Ses actions renforçaient son message que Dieu ne fait pas
acception de personnes (2 Chroniques 19:7 ; Actes 10:34) [43].
Et
cependant, la conversation du Seigneur entraînait son interlocutrice dans
une autre direction que celle à laquelle elle s’attendait. Comme la femme
contestait la pertinence sociale et religieuse de sa demande, Jésus
proposa que ce soit elle qui lui demande de l’eau vive — ce qui inversait
leurs rôles. « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te
dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il
t’aurait donné de l’eau vive » (Jean 4:10). Dans le Nouveau Testament, la
doctrine du Christ devenait de l’eau vive pour les disciples. L’Ancien
Testament utilise « l’eau vive » pour décrire une source ou de l’eau
courante, à l’opposé de l’eau « morte » ou stagnante stockée dans une
citerne [44]. L’eau vive était précieuse [45]. Le Christ redéfinit « l’eau
vive » comme quelque chose d’encore plus de valeur : la doctrine, les
vérités et la révélation qui découlent de lui.
Cependant, la
Samaritaine fut au départ sourde à ce symbolisme sublime. Elle répondit
ironiquement : « Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné
ce puits ? » (Jean 4:12) [46]. À quoi Jésus répondit: « Quiconque boit de
cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui
donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui
une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. » (Jean
4:13-14). Ne pensant qu’a son besoin d’avoir de l’eau, la femme raisonna
sur le plan physique : « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie
plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici » (Jean 4:15).
La
perspective de ne plus jamais avoir soif devait être la bienvenue compte
tenu de la difficulté de puiser de l’eau dans un puits en plus de la
flétrissure sociale dont elle était l’objet — mais ce n’était pas le
message du Seigneur. Patiemment, il lui apprit à regarder au-delà de sa
sphère de compréhension et expliqua qu’il ne parlait pas d’étancher sa
soif physique, mais sa soif d’éternité (Jean 4:14). Jésus voulait
l’émanciper de son esclavage spirituel, c’est pourquoi il lui ouvrait la
porte du repentir en révélant son autorité et son omniscience divines.
Lorsque Jésus lui eut divulgué qu’il était au courant de ses cinq
divorces et du fait qu’elle vivait en ce moment dans le péché, elle
reconnut humblement : « Je vois que tu es prophète » (Jean 4:19). Sa
réaction après une divulgation aussi humiliante et aussi embarrassante de
la part d’un parfait inconnu en dit long sur l’ouverture et l’humilité de
son cœur. Au lieu de se mettre sur la défensive, de prendre la fuite ou de
s’apitoyer sur elle-même, la femme reconnut Jésus comme prophète et passa
ensuite à l’étape logique suivante de lui demander son avis prophétique
sur une question doctrinale classique qui se posait souvent entre Juifs et
Samaritains. En fait, la question de la femme témoigne de sa foi en Jésus
comme prophète (Jean 4:19-20). Elle lui demanda : « Où est le bon endroit
où adorer ? » le mont Garizim en Samarie (comme les Samaritains le
croyaient) ou le mont Morija à Jérusalem (comme les Juifs le croyaient).
Pour les Samaritains, le mont Garizim était l’endroit le plus saint
sur terre. Outre le fait que c’était là que s’était dressé leur temple,
ils croyaient que le mont Garizim était sacré parce qu’il existait avant
la création ; que ç’avait été la première terre à apparaître après que les
eaux aient été rassemblées ; qu’il était comme un jumeau du jardin d’Éden
et qu’il était la seule terre à n’avoir pas été recouverte par le déluge
[47]. Bien que les Juifs aient détruit leur temple, ils croyaient que le
site sacré accueillerait un jour le vrai temple et qu’il serait le seul
endroit à survivre à la fin du monde [48].
La femme demandait de
nouveau une preuve matérielle alors que la réponse de Jésus l’attirait en
haut vers les principes célestes. Il expliqua que ce n’était pas l’endroit
qui était essentiel au culte, c’était qui, pourquoi et comment on adorait.
Le culte véritable vient de l’état de notre cœur : « Les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jean 4:23). Cette conversation
spectaculaire passait à travers les murs des préjugés ethniques.
Ceci devint la première mention scripturaire johannique où Jésus annonce
sa messianité. « La femme lui dit : Je sais que le Messie doit venir celui
qu’on appelle Christ ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes
choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. » (Jean 4:25-26).
Cette franche déclaration fait contraste avec les nombreuses fois dans les
évangiles où le Seigneur limite ce qu’il divulgue en raison du scepticisme
de son auditoire (Marc 13:4 ; Luc 20:2-8 ; 22:67 ; Jean 3:10-12 ; 3 Néphi
17:2 ; etc.). Mais ici, il communique avec franchise avec une femme (en
particulier, avec une femme samaritaine pécheresse), l’honorant en lui
ouvrant les yeux sur quelque chose de très important.
La
description que fait Jean de ce qui s’est passé ensuite offre une
symbolique profonde : elle laisse sa cruche. Celle-ci peut être considérée
comme emblématique des soucis du monde, de son ancienne vie et de son
ancienne source de subsistance. Elle laisse tout derrière elle pour sa
nouvelle vie qui l’amène à partager l’eau vive, ou la bonne nouvelle,
l’Évangile, de Jésus le Messie avec sa communauté, qui va peut-être
devenir la première branche de croyants.
L’histoire se termine par
deux autres chocs sociaux. Contrairement à ses voisins de Jérusalem, la
communauté samaritaine va écouter et réagir à un message d’une femme et
pas n’importe quelle femme, une pécheresse adultère. Deuxièmement,
l’auteur va aller jusqu’à mentionner que Jésus et ses disciples restèrent
chez les Samaritains, prêchant l’Évangile pendant deux jours et que
beaucoup crurent, « car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons
qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (Jean 4:42).
Dans les
commentaires sur cette histoire on souligne souvent le fait que Jésus y
rejette les préjugés raciaux, mais chose tout aussi profonde, nous voyons
que Jésus parle et instruit une femme avec une franchise remarquable. Il
brise d’énormes barrières sociales et lui fait confiance pour témoigner de
la véracité de sa messianité. Il lui confie les mystères et il lui fait
confiance pour changer. De cette manière, Jésus lui a donné du pouvoir, à
elle et à ceux d’entre nous qui ont aussi des cruches d’eau à laisser
derrière eux.
Notes
[1] De nombreux chercheurs ont
examiné la vie familiale dans le monde antique. Voir dans la bibliographie
les études utilisées dans cet article. [2] Par exemple, dans les
Apocryphes : Jésus ben Sira Ecclésiastique (également connu sous le nom
Sagesse de Jésus Ben Sira ou Siracide, 180 av. J.-C.) Esdras (vers 90 av.
J.C.-96 apr. J.-C.), et Quatrième livre des Maccabéess (63 av. J.-C.). Il
y a beaucoup d’écrits de contemporains des personnages du Nouveau
Testament comme Philon Judaeus d’Alexandrie (20 av. J.-C.-50 apr. J.-C.),
Titus Flavius Josèphe, l’historien judéo-romain (37-101 apr. J.-C.),
Apocalypse de Moïse, Assomption de Moïse (7-29 apr. J.-C.), Apocalypse de
Baruch (vers 50-100 apr. J.-C.), Premier livre d’Énoch (vers167 av. J.-C.-
14 apr. J.-C.), Deuxième livre d’Énoch (vers 1-50 apr. J.-C.), Les Psaumes
de Salomon (v. 69-40 av. J.-C.) , etc. Pour recueillir le contexte, même
si la Mishna n’a pas été expurgée avant 220 apr. J.-C., elle affirme citer
des rabbins de la tradition pharisaïque qui vivaient vers la fin de
l’époque du Second Temple. [3] L’impact des enseignements du Seigneur
continue à être une bénédiction pour le monde. Bruce C. Hafen, «Covenant
Hearts: Why Marriage Matters and How to Make it Last », Salt Lake City,
Utah, Deseret Book, 2005. Peu de temps avant de présenter la « Déclaration
au monde », le président Gordon B. Hinckley a dit: « À mon avis, le plus
grand problème que rencontre ce pays est celui de la famille, provoqué par
des parents mal informés donnant lieu à des enfants mal informés. » Lisa
Ann Jackson, « Strong Families Key to Future, President Hinckley tells
Colorado Forum” Ensign, juillet 2003. [4] John H. Elliott, Anchor
Bible: 1 Peter, New York, Random House-Doubleday, 1964, p.568. « De même
que les rôles et le statut étaient spécifiques à l’un ou à l’autre sexe et
clairement délimités, ainsi en était-il de l’espace social qui convenait
aux hommes (public) et aux femmes (intérieur, privé). » Puis il cite
Xénophon (v.430-353 av. J.-C.), un soldat athénien : « Je pense que dès le
départ Dieu a adapté la nature de la femme aux tâches et aux soucis
domestiques et l’homme à ceux de l’extérieur. Car il a rendu le corps et
l’esprit de l’homme plus capable de supporter le froid et la chaleur, les
voyages et les campagnes ; et lui a donc imposé les tâches extérieures.
Dieu a affecté la femme aux tâches d’intérieur » (id., p. 569). [5]
Mishna, Middot 2.5 ; voir aussi Charlesworth, Jesus and trhe Temple, p.
15. [6] Geoffrey W. Bromiley, International Standard Bible
Encyclopedia, B.L. Bandstra et A.D. Verhey, « Sexe » 4. 431. Pour « éviter
de tenter quelqu’un d’autre à commettre la débauche ; ainsi elles étaient
voilées en public et séparées autant que possible des hommes. À la
synagogue et au Temple d’Hérode, elles étaient exclues du parvis des
hommes. » [7] Judaeus Philon, Lois spéciales III., 7 vols., Londres,
William Heinemann, Ltd., 1967, 3.169, 171. [8] Skolnik, Encyclopedia
Judaica, 21:161. [9] Philon, Flaccus de Philon, p. 70. [10] Philon
d’Alexandrie, Pieter Willem van der Horst, trad., Philo’s Flaccus: The
First Pogrom, Boston, MA, Brill, 2003), p 70. Les érudits appellent cette
période la période hasmonéenne (140 à 37 av. J.-C.) et hérodienne (37 av.
J.-C. à 68 apr. J.-C.). [11] Leonard J. Swidler, Jesus was a Feminist:
What the Gospels Reveal about His Revolutionary Perspective, Landham, MD,
Rowman & Littlefield, 2007, p. 76. John Baggett, Seeing Through the Eyes
of Jesus: His Revolutionary View of Reality and His Transcendent
Significance for Faith, Grand Rapids, Michigan: Eerdmans, 208, p. 128.
[12] Michael Avi-Yonah, « Synagogue Historical Roots ». Skolnik,
Encyclopedia Judaica, 19. p. 364-366 ; voir aussi 354-355. Dans la
diaspora, on trouve des « femmes qui agissent comme donatrices pour les
synagogues et comme participantes dans les cérémonies de manumission. En
règle générale, le climat au sein de la diaspora semble avoir été plus
propice pour permettre aux femmes d’assumer un rôle plus actif au sein de
la synagogue. » Le Nouveau Testament mentionne des synagogues à Capernaüm
(Marc 1:21), Nazareth (Luc 4:16), Damas (Actes 9:2), Antioche de Pisidie
(Actes 13:14), Icone (Actes 14:1), Thessalonique (Actes 17:1), Bérée
(Actes 17:10), Corinthe (Actes 18:8) et Éphèse (Actes 18:19). En outre, il
y avait des synagogues à Jérusalem pour des immigrants spécifiques comme
la synagogue des Affranchis, celle des Cyrénéens et celle des Alexandrins
(Actes 6:9). [13] Jeremias, Jerusalem in the Time of Jesus, p. 374. Les
archéologues ont trouvé une cloison à claire-voie pour séparer les sexes
dans une synagogue de Mésopotamie datant de 245 apr. J.-C. Entre le
troisième et le septième siècle, en plus de leur entrée indépendante, des
galeries ont été construites pour maintenir les femmes à des étages
séparés des hommes. Michael Avi-Yonah, «Synagogue Historical Roots »,
Skolnik, Encyclopedia Judaica, 19. p. 364-366. [14] Mishna, Kiddoushin,
4:13. Dan W. Clanton, The Good, the Bold, and the Beautiful, New York, NY,
T & T Clark International, 2006, p. 23 ; « Il n’y a aucune preuve ferme
qu’il y ait eu des femmes fonctionnaires » dans un rôle de leadership. La
plupart des femmes étaient analphabètes, mais même celles qui pouvaient
lire se voyaient interdire la lecture de la loi ou Torah (Genèse, Exode,
Lévitique, Nombres, Deutéronome). [15] Comme exemple de l’évolution
des limites imposées à la femme lors des occasions religieuses, nous
lisons dans Deutéronome 11:18-19 : « Mettez dans votre cœur et dans votre
âme ces paroles que je vous dis... Vous les enseignerez à vos enfants ».
Mais quelque temps avant 132 de l’ère vulgaire, quand la Septante grecque
(LXX) traduisit ce passage, elle l’interpréta ainsi : « Vous les
enseignerez à vos fils. » Plus tard encore, après la destruction du
temple, lorsque les écoles rabbiniques reprirent le judaïsme en main, nous
lisons un commentaire sur ces versets dans Sifre Deutéronome 46 : « ...
vos fils et pas vos filles ». Différentes écoles de pensée débattirent du
point de savoir quelle proportion de la loi religieuse un père doit
enseigner à sa fille, mais tous les fils avaient le devoir religieux
d’apprendre la Torah. [16] Clanton, The Good, the Bold, and the
Beautiful, p. 24 ; « Des lois casher à la récitation du shema, de la
prière privée aux pratiques du sabbat, non seulement les femmes auraient
été présentes, elles auraient été des participantes actives en raison de
leur position dominante dans la sphère privée, domestique. » [17]
Mishna, Berakhoth 3:3, énonce les six commandements pour les femmes : 1)
allumer la lampe ou les bougies du sabbat dans leurs maisons, 2) faire la
prière à table sur la nourriture (également obligatoire pour les enfants
et les mineurs), 3) préparer l’offrande de pâte, 4) dire dix-huit
bénédictions (voir la note 51), ce qui était aussi exigé des esclaves et
des mineurs, 5) entretenir la mezouza à la porte de leur maison, 6)
respecter les lois du niddah qui traitaient de la menstruation. [18]
Ben Sira, Ecclésiastique, 42:11. [19] Mishna, Ketuboth 1:10. [20]
Ben Witherington III, Grace in Galicia, Londres et New York, T & T Clark
International, 2004, p. 271, attribué à Rabbi Juda b. Elai (v. 150 apr.
J.-C.) dans Berakoth 7:18 et Jer Berakoth 13 b; et au rabbin Meier (v. 150
apr. J.-C.) dans Bab Menahoth 43 b. Les rabbins juifs à partir du deuxième
siècle après Jésus-Christ commençaient, pense-t-on, leurs prières du matin
en disant: « Béni soit-il, lui qui n’a pas fait de moi un Gentil ; Béni
soit-il, lui qui n’a pas fait de moi un esclave ; Béni soit-il, lui qui
n’a pas fait de moi une femme. » [21] Charles, The Apocrypha and
Pseudepigrapha, 2.134. Voir la page 4 dans ce livre et Evelyn et Frank
Stagg, Woman in the World of Jesus, Philadelphie, PA, Westminster Press,
1978, p. 34. [22] Skolnik, Encyclopedia Judaica, 21:161 [23] Ben
Sira, Ecclésiastique, 26:14-15. [24] Chose intéressante, l’Écriture
rapporte qu’il y avait là « cinq mille hommes, sans les femmes et les
enfants », ce qui signifie que les femmes et les enfants étaient autorisés
à être là par le Seigneur, mais ne furent pas comptés par celui qui
rapporta l’événement (Matthieu 14:21 ; 15:38). Cela nous donne une idée
des pratiques culturelles qui n’incluaient pas les femmes dans leurs
calculs. [25] Julie Smith, « A Redemptive Reading of Mark 5:25-34 »,
Interpreter (2015). Smith soutient habilement que « l’histoire de la femme
qui avait une perte de sang rachète le récit de la chute d’Ève en mettant
en parallèle et en inversant ensuite ce texte. » [26] Mishna Gittin,
9.10 ; Yebamoth, 14.1. [27] Leur culture supposait que Dieu envoyait
la mort, la maladie ou les malformations à cause du péché (Job 20:11 ;
Exode 20:5 ; Jean 9:2 ; etc..). L’inverse était également entretenu, à
savoir que les justes se voyaient épargner la souffrance. Voir les notes
591, 592, 593 dans ce livre. [28] 1 Samuel 1:17 réitère aussi cette
même promesse faite à Anne, une autre femme d’une grande foi. Le souverain
sacrificateur Éli prédit, tandis qu’elle priait dans le Tabernacle,
qu’elle allait avoir un fils, ensuite il dit : « Va en paix. » Nous
pouvons trouver de nombreux parallèles entre les récits de naissance de
Luc et le récit d’Anne. Brown, Birth, p. 335, 357. [29] Mishna, Aboth
1:5. En 1963, Philip Blackman traduisit le même passage par « ne te lance
pas dans beaucoup de commérages avec la gent féminine. » Le texte de la
Mishna varie considérablement avec les différents traducteurs. [30]
Ben Sira, Ecclésiastique, 26:14-15. Le silence exigé par Ben Sira peut
être compris littéralement, mais il est tout aussi probable qu’il peut ait
eu trait à une femme qui ne parlait pas contre son mari, mais respectait
sa volonté. [31] Mishna, Ketuboth 1:8. « S’ils la voyaient parler avec
un homme dans la rue et lui disaient : ‘Quelle sorte d’homme est-ce?’ [et
qu’elle répondait :] ‘Son nom est NN et c’est un sacrificateur »... R.
Joshua dit : Nous ne devons pas nous fier à sa parole, mais elle doit être
présumée avoir subi des rapports sexuels... à moins qu’elle puisse
apporter la preuve de ses paroles. » [32] Talmud babylonien, Nedarim.
20 a. Le Talmud est plus récent que le Nouveau Testament mais est parfois
cité comme un exemple de l’effet de vague que la pensée antérieure avait
eu sur le judaïsme au fil du temps. Il témoigne comment les interdictions
en matière de communication se propagaient pour atteindre des extrêmes.
[33] Mishna Aboth 1:5. [34] Talmud de Jérusalem, Sota. 7.1, 21 b.
[35] Tout au long de ses cinq premiers livres, le Nouveau Testament
voit dans les Samaritains les ennemis et les voisins de la Judée et de la
Galilée. En plus de ce récit dans Jean 4, le Nouveau Testament mentionne
les Samaritains dans les exemples suivants : quand Jésus est qualifié de
Samaritain (Jean 8:48), dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10:33) et
enfin dans la guérison du lépreux samaritain (Luc 17:16). Certains
chercheurs pensent qu’Étienne était un Samaritain parce qu’il cite la
Bible samaritaine dans Actes 7, pas la Septante. Darrell L. Bock, Acts:
Baker Exegetical Commentary on the New Testament, Grand Rapids, Michigan,
Baker Academic Publishing, 2007, p. 284. [36] F. F. Bruce, New
Testament History, p. 342. En 51 apr. J.-C., un pèlerinage de Galiléens
choisit de prendre la route plus courte traversant la Samarie, mais ils
furent « rudoyés » par les Samaritains, causant au moins un décès. En
représailles, un groupe de zélotes juifs massacra le quartier samaritain
sans distinction. [37] Flavius Josèphe, Histoire ancienne des Juifs,
XVII.10.9 ; XX. 6.1 ; La Guerre des Juifs contre les Romains, IV. 8.1 ;
Vie, 52. Trois routes principales menaient de la Judée à la Galilée au
cours de la période du Temple d’Hérode. L’itinéraire le plus court
traversait directement la Samarie. Josèphe rapporte que les troupes
romaines choisirent la route la plus courte par la Samarie et que quelques
Juifs galiléens s’y hasardèrent. Mais il était rare qu’un Juif de Judée se
contamine en voyageant à travers ce pays « impur ». Les Juifs de Jérusalem
choisissaient plutôt les itinéraires les plus sûrs en évitant entièrement
la Samarie, même si cela ajoutait une journée supplémentaire à leur
voyage. [38] Raymond E. Brown, An Introduction to the New Testament,
New York, Doubleday, 1997, p. 343. Les archéologues ont trouvé deux
anciennes villes près du puits de Jacob qui peuvent être la Sychar
antique. Sichem se trouvait à trois kilomètres du puits de Jacob et Askar,
à environ un kilomètre et demi au nord du puits. [39] L’image de l’eau
est également prenante parce que l’eau était un problème critique en
Palestine — politiquement, socialement et physiquement. La disponibilité
de l’eau déterminait bon nombre des décisions de la vie. Dans cette
histoire, il semble qu’il y avait beaucoup d’eau dans les puits et
l’hospitalité orientale assurait le service, même par une femme en
Samarie. [40] Le jour durait de 6h00 à 18h00 et la nuit était divisée
en trois ou quatre veilles (selon que la veille était juive ou romaine).
Dans le monde juif, le nouveau jour commençait par la nuit tout comme dans
la création, il faisait noir avant que la lumière soit. [41] Clinton E.
Arnold, dir. de publ., Zondervan Illustrated Bible Backgrounds Commentary:
John, Acts, Grand Rapids, Michigan, Zondervan, 2002, p. 2877. [42] Les
tensions entre le nord et le sud d’Israël remontent à la mort du roi
Solomon et à la division du royaume. Les problèmes s’aggravèrent plus que
jamais après la captivité babylonienne. Esdras 4:1-4 et Néhémie 2:19-20
expliquent que les Juifs de retour de leur captivité babylonienne
refusèrent l’aide des Samaritains pour reconstruire le temple. L’équipe de
Zorobabel renvoya les Samaritains qui ne pouvaient pas dûment prouver
qu’ils étaient de descendance lévitique. En représailles, les Samaritains
complotèrent avec les seigneurs étrangers afin d’empêcher les Juifs de
reconstruire les murs de Jérusalem, de reconstruire la ville et de rebâtir
le temple. Les Samaritains répliquèrent en prétendant que les Juifs
apostasiaient et construisirent leur propre temple sur le mont Garizim
(881 mètres) près de leur capitale, Sichem, au IVe siècle av. J.-C. (vers
l’époque d’Alexandre le Grand). En 128 av. J.-C., tout espoir de
réconciliation fut anéanti par les représailles juives. Sous les ordres de
Jean Hyrcan, le souverain sacrificateur, des militants juifs détruisirent
le temple samaritain sur le mont Garizim et prirent la ville de Sichem. La
démolition du temple sur le mont Garizim n’aurait pas pu être plus
offensante. [43] Cela soulève la question intéressante de savoir si
Jésus considérait ou non les Samaritains comme faisant partie de la tribu
d’Israël. Il dit à la femme cananéenne que sa mission était de ne prêcher
qu’aux Israélites (Matthieu 15:26-27 ; Marc 7:26-28 ; Luc 16:20-22), et
pourtant Jean 4:42 dit que la première communauté de disciples du Seigneur
fut une communauté de Samaritains. [44] Les Écritures associent souvent
l’eau vive au le temple et la vie éternelle (Jérémie 2:13 ; Esaïe 8:6 ; 1
Néphi 11:25). Le Livre de Mormon associe les « eaux vives » à l’arbre de
vie, à l’amour de Dieu et au salut (1 Néphi 11:25). [45] Dans le Talmud
de Babylone, « Torah » est utilisé comme symbole de l’eau: « Oh vous qui
avez soif, venez à l’eau. » Talmud, Abodah Zarah, 5,7. « Ce qu’on entend
par « eau » est la Torah. » De même, dans l’apocryphe de 2 Esdras 14:37
(également connu sous le nom de 4 Esdras 9:26) : « ‘Esdras, ouvre la
bouche et bois ce que je te donne.’ J’ouvris donc la bouche et il me fut
remis une coupe pleine de ce qui semblait être de l’eau, si ce n’est que
sa couleur était la couleur du feu. Je la pris et bus et dès que je l’eus
fait, mon esprit commença à déverser un flot de compréhension. » [46]
Notez que la femme mentionne Jacob — l’un des patriarches. Cela concorde
avec la croyance des Samaritains qui acceptait les patriarches (Abraham,
Isaac et Jacob), mais peu d’entre les prophètes de l’Ancien Testament. Les
croyances de base des Samaritains venaient du Pentateuque (Genèse, Exode,
Lévitique, Nombres, Deutéronome) et étaient transmises oralement : 1.
Croyance en un seul Dieu. 2. Moïse comme le plus grand des prophètes,
le dernier d’entre eux et leur « sceau ». 3. La Torah comme la parole
de Dieu et le rejet de toute autre chose comme Écriture 4. Le mont
Garizim comme lieu choisi pour le Temple de Dieu. 5. Attente d’un jour
final de récompense pour les justes et de punition pour les méchants.
Bruce W. Hall, Samaritan religion from John Hyrcanus to Baba Rabba: A
Critical Examination of the Relevant Material in Contemporary Christian
literature, the writings of Josephus, and the Mishnah, Sydney, Australie,
Mandelbaum Trust, université de Sydney, 1987, p. 270. D’autres
spécialistes ajoutent un sixième point de doctrine qui inclut l’apparition
à la fin du temps d’un « rétablisseur » qui, semble-t-il, ouvrira la voie
à une nouvelle dispensation, enseignera la loi et rétablira le mode
correct de culte. Kent Jackson et Robert Millet, Studies in Scriptures:
The Gospels, Salt Lake City, Utah, Deseret Book, 1986, 5.205 [47]
Jeremias, Jerusalem in the Time of Jesus, p. 352-358. Ils enseignaient que
le mont Garizim était l’endroit où Noé avait débarqué de l’arche,
l’endroit où Abraham avait amené Isaac pour le sacrifier, le lieu de
sépulture de Joseph leur patriarche et l’emplacement du jugement final.
Alan David Crown, Reinhard Pummer, Abraham Tal, dir. de publ., A Companion
to Samaritan Studies, Tübingen, Allemagne, Mohr Siebeck, 1993, p. lors
100. [48] En 128 av. J.-C., lors de la révolte juive pour débarrasser
leur pays des étrangers, un groupe d’activistes juifs, agissant sous la
direction du souverain sacrificateur, démolit le temple samaritain sur le
mont Garizim.
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