Mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église

Par Davis Bitton


Davis Bitton, décédé en 2007, était un chroniqueur régulier de Meridian. Il était président de la Mormon History Association, professeur d’histoire à l’université d’Utah et Historien adjoint officiel de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Cet article est un classique, une déclaration d’un érudit qui avait considérablement approfondi l’histoire de l’Église et, comme tant d’autres, ne trouve rien qui oblige à parvenir à cette conclusion que « nos ennemis aiment tant mettre en avant ».
Mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église. C’est pourquoi je peux être un historien et aussi un saint des derniers jours croyant. Je vais développer cette idée, mais je voudrais tout d’abord traiter de certaines questions connexes.

Tous les historiens bien informés deviennent-ils anti-mormons ?

Les détracteurs voudraient vous faire croire qu’ils sont des chercheurs de vérité désintéressés. Ils étaient là à s’occuper de leurs affaires, vaquant à leur étude consciencieuse de l’histoire de l’Église et — patatras ! — les voilà qui tombent sur ça (quoi que cela soit) qui les démolit complètement. Profondément blessés, ils ne peuvent plus croire en l’Église et, par amour pour vous, ils veulent maintenant vous aider à voir la lumière du jour.

Disons-le tout de suite. Il n’y a rien dans l’histoire de l’Église qui mène inévitablement à la conclusion que l’Église est fausse. Il n’y a rien qui impose la conclusion que Joseph Smith était un imposteur. Comment puis-je dire cela avec tant d’assurance ? Pour la simple raison que les historiens mormons qui en savent le plus sur notre histoire de l’Église ont été et sont des membres de l’Église fidèles et engagés. Pour être plus précis, il y a des historiens qui sont des saints des derniers jours fidèles qui en savent plus sur ce sujet que n’importe quel anti-mormon ou que quiconque qui a écrit sur le sujet vu de l’extérieur. En fait, à de rares exceptions près, ils en savent beaucoup, beaucoup plus. Ils n’ont pas été démolis. Ils n’ont pas grincé des dents ni abandonné leur foi. Encore une fois, ils n’ont rien trouvé qui impose la conclusion extrême que nos ennemis aiment mettre en avant.

Il faut refuser l’image simpliste et inexacte qui divise les gens en deux catégories. D’une part, selon nos ennemis, il y a les chercheurs de vérité sincères, pleins de bonté et de charité. D’autre part, selon les détracteurs, il y a les mormons ignorants. Même les érudits mormons fidèles ne peuvent qu’être des ignorants. S’ils ne le sont pas, alors ils sont malhonnêtes, jouant leur rôle dans la conspiration pour tromper leur peuple. C’est comme cela que les anti-mormons voient les choses.

Vous voyez le ridicule de la chose ? C’est une parodie dans un sens comme dans l’autre. Beaucoup de saints des derniers jours ne connaissent sans doute pas leur histoire en profondeur, mais certains d’entre eux en savent beaucoup. En ce qui concerne les savants mormons, ils n’ont absolument rien à envier aux autres. Cela ne va pas de les accuser de malhonnêteté. Il se fait que je connais la plupart d’entre eux et je n’hésite pas un seul instant à rejeter toute atteinte à leur réputation.
En revanche, votre anti-mormon typique n’est en aucun cas un chercheur de vérité désintéressé. Si vous rencontrez un « problème », l’une ou l’autre perception de l’histoire de l’Église « qui n’édifie pas la foi », il y a peu de chances pour que votre sauveteur empressé puisse prétendre avoir fait des recherches d’une quelconque importance dans l’histoire mormone. Oublieux des sources primaires, n’ayant lu aucun journal intime dans la littérature existante, le détracteur reprend à son compte la perle laissée par de précédents auteurs anti-mormons et vous la sert comme s’il s’agissait d’une toute nouvelle découverte. La plupart du temps c’est tout sauf du neuf — c’est une pièce du répertoire d’affirmations anti-mormones qu’ils utilisent à leurs fins. C’est du rebattu.

Pourquoi l’accusation marque-t-elle un point ? Parce qu’ils ne vous disent pas à quel point elle est usée et que, bien sûr, ils ne vous diront pas où trouver les réponses qui ont déjà été fournies. Pour vous, l’accusation est nouvelle ou peut être nouvelle. Tombant dans le piège, vous pensez que vous avez été trompé par l’Église — après tout, on a ici quelque chose qui semble être un sale coup pour l’Évangile rétabli. Comme le font les colporteurs de poudre de perlimpinpin depuis des temps immémoriaux, le détracteur est prêt à tirer tout le profit qu’il peut de la situation.

Combien d’historiens qui connaissent à fond les sources sur les origines mormones trouvent-ils toujours possible de rester dans la bergerie ? Nous pourrions commencer avec des noms comme Richard L. Bushman, James B. Allen, Glen M. Leonard, Richard Lloyd Anderson, Larry C. Porter, Milton V. Backman, Jessee et Ronald W. Walker, qui connaissent tous parfaitement les questions et les sources. Ils sont rejoints par de plus jeunes historiens comme Steven Harper et Mark Ashurst-McGee. Je vous propose tout juste un échantillon d’historiens fidèles et compétents.

Je ne prétends pas que tous ceux qui étudient l’histoire mormone sont des saints des derniers jours croyants. Ce serait évidemment absurde. Depuis le début, il y a eu des historiens non croyants qui ont écrit des récits des événements. Il y a eu aussi des historiens comme Hubert Howe Bancroft qui ont tout simplement rangé au placard la question de ce qui est vérité. Personne ne conteste la possibilité de voir les choses de cette façon. Mais il y a également une longue tradition de travaux importants réalisés par les savants membres de l’Église. En d’autres termes, ceux qui en savent le plus sur l’histoire mormone ne rejoignent pas tout simplement et inévitablement les rangs des incroyants et de ceux qui haïssent les mormons. Apparemment, il est tout à fait possible d’en savoir beaucoup sur l’histoire mormone tout en restant un saint des derniers jours croyant et pratiquant.

Pourquoi est-ce que je passe tout ce temps à insister sur ce qui est une évidence ? Parce que nos adversaires veulent donner l’impression du contraire. Et parce que pour beaucoup de saints des derniers jours, il suffit de savoir que les historiens fidèles qui connaissent bien les questions n’acceptent pas les interprétations et les conclusions des candidats démolisseurs de la foi. Je ne me suis lancé dans aucune polémique. Mon message est plus simple que cela : Les historiens compétents qui ont consacré de nombreuses années d’étude aux questions posées ne se sont pas sentis obligés d’abandonner leur foi en l’Évangile rétabli.

Nos attentes sont-elles réalistes ?

Permettez-moi d’évoquer quelques souvenirs. Nous sommes en 1979. Leonard Arrington et moi venions de publier une histoire de l’Église en un volume intitulée The Mormon Experience: A History of the Latter-day Saints...

Pendant cette période euphorique, Leonard et moi avons assisté à des séances d’autographes, nous avons été interviewés et nous avons fait pas mal de conférences. Dans une interview pour Sunstone, on nous a demandé de décrire la relation entre la foi et l’histoire. Voici la réponse de Leonard Arrington :

Je n’ai jamais ressenti de conflit entre conserver ma foi et écrire la vérité historique. Si l’on s’en tient à la vérité historique, cela ne doit en aucune façon faire du tort à la foi. Le Seigneur n’exige pas que nous croyions quelque chose de faux. L’intérêt que je porte de longue date à l’histoire mormone (il y a trente-trois ans que j’y travaille) n’a fait que renforcer mon témoignage de l’Évangile et je constate que la même chose se passe pour d’autres historiens qui sont saints des derniers jours.

Moi, j’ai répondu ceci :

Je crois que ce qui risque de faire du tort à la foi ou de l’ébranler dépend entièrement des attentes que l’on a et pas nécessairement de l’histoire. N’importe quel genre d’expérience peut être dévastateur pour la foi, si l’attente est telle qu’on n’est pas prêt pour l’expérience... Une personne peut être convertie à l’Église dans une partie éloignée du globe et avoir de superbes photos de Salt Lake City, avec le temple trônant au centre de la ville. Ici, nous faisons notre enseignement au foyer dans le voisinage et nous allons tous à l’église le dimanche, croit-on.

Il ne faudrait pas des heures pour que la situation réelle à Salt Lake City déçoive profondément quelqu’un qui aurait pareilles attentes. Le problème n’est pas la religion ; le problème est l’incongruité entre les attentes et la réalité.

C’est la même chose pour l’histoire. On va s’installer, en quelque sorte, au pays de l’histoire, et l’on se trouve face à des incongruités bouleversantes qui peuvent être dévastatrices pour la foi. Mais c’est l’attente qui est le problème, pas l’histoire. Une des tâches des historiens et des éducateurs dans l’Église, qui instruisent les gens qui grandissent dans l’Église et les personnes qui y entrent, est d’essayer de veiller à ce que les attentes soient réalistes. Le Seigneur n’attend pas de nous que nous croyions à des mensonges. Nous croyons que nous devons être honnêtes et fidèles aussi bien que chastes et bienveillants. Mon expérience, comme celle de Leonard, n’a pas été de voir ma foi détruite. Je pense que ma foi a changé et s’est approfondie et est devenue plus riche et plus en phase avec la complexité de l’expérience humaine... La seule réponse que l’on peut donner à une question sur la foi et l’histoire est sans doute de dire que nous sommes des exemples de personnes qui connaissent bien l’histoire mormone et qui ont toujours un témoignage fort de l’Évangile. [1]

Nous, les saints des derniers jours, nous devons avoir des attentes réalistes. C’est vrai en de nombreuses occasions dans la vie — dans le choix d’une profession, en contractant un mariage, en s’inscrivant dans une équipe sportive, quand on va s’installer ailleurs.

Ne crois pas, si tu viens en Sion,
Que tu n’auras plus de soucis,
Ne crois pas que l’or, les délices
T’attendent là-bas plus qu’ici.
C’est bien plutôt une fournaise
Qui brûle le chaume et le bois,
Le creuset divin de l’épreuve
qui épure l’or par sept fois. [2]

Quand Eliza R. Snow a écrit ces paroles, elles étaient un bon conseil pour les émigrants qui quittaient l’Europe pour rejoindre les saints dans l’Ouest. Ceux qui étudient notre histoire de saints des derniers jours ont parfois besoin du même genre de conseil. « Ne croyez pas, quand vous étudiez l’histoire de l’Église », pourrions-nous chanter, « que tout le monde était toujours souriant, que les femmes étaient toujours habillées de tabliers fraîchement lavés et empesés, que les hommes parlaient avec douceur, correctement et toujours poliment ou que les enfants étaient des anges bien élevés. » Ne croyez pas ! En d’autres termes, soyez réalistes !

Je suppose que ceci est un message adressé à ces membres de l’Église qui ont des yeux et des oreilles si délicats que l’histoire réelle de personnes réelles les choque. « Ce n’est pas possible, gémissent-ils, cela ne peut pas être vrai. » Ou, prompts à juger, ils attaquent l’historien, l’accusant de manque de spiritualité ou de convoiter les éloges du monde. Mon message dans ce genre de situation est : « S’il vous plaît ! Ne parlez que lorsque vous savez de quoi vous parlez. »

Permettez-moi de vous parler d’un raisonnement que j’utilise. J’aborde un épisode de l’histoire de l’Église ou je l’examine en diagonale de manière à en connaître les contours approximatifs. Je me pose ensuite trois questions. Premièrement, quel est le minimum que je dois trouver ici, si je veux que cela cadre avec la véracité du rétablissement de l’Évangile ? Très souvent, la réponse est rien du tout, parce que l’épisode n’a rien à voir avec cette grande question.

Deuxièmement, quelle est, du point de vue d’un saint des derniers jours, la pire chose que je pourrais trouver ? Ici, je laisse libre cours à mon imagination. Par exemple, pour simuler la première vision, Joseph Smith pourrait avoir planifié d’avance ce qu’il voulait que sa famille pense. Il va donc dans les bois. Il attend un certain temps. Ensuite, il joue la grande comédie, rentre chez lui en courant et agit comme s’il avait eu une vision.

Un deuxième exemple, ce sont les réunions dans le Temple de Kirtland juste avant sa consécration. J’imagine que quelqu’un s’amène avec une bonne cargaison de boissons fortement alcoolisées. Tout le monde prend un verre, puis un autre et puis un autre. Ils en arrivent bientôt à ne plus ressentir aucune douleur. Les uns se mettent à chanter des mots sans suite. Les autres, incapables de marcher droit, disent des choses comme : « Moi, c’est encore mieux. Ce que je vois ce sont des anges qui volent autour de la salle. » Et ainsi de suite. J’imagine toute la scène comme une orgie ridicule d’ivrognes. C’est le pire scénario qu’on puisse imaginer.

Je suis maintenant prêt pour ma troisième question : Qu’est-ce que je constate en réalité quand j’examine les faits ? Je peux dire que les événements ne correspondent jamais au pire des scénarios. Ils ne s’en rapprochent même pas. Mon imagination m’avait préparé au pire et à révéler un comportement qui n’était pas parfaitement pieux. Mais chaque fois que je me livre à cet exercice, je me retrouve avec la même conclusion. Oui, il y avait des personnalités différentes, oui, des erreurs ont été commises et ainsi de suite. Mais il n’y a rien ici qui soit à ce point paralysant que je doive tomber en syncope, avec la certitude que le mormonisme est pourri, mauvais, faux ou manque d’authenticité.

De quoi avez-vous un témoignage ?

Il y a un certain nombre d’années, on m’a demandé de parler à l’ensemble de la prêtrise de la paroissse de Federal Heights. À la fin de mon discours, quelqu’un m’a posé la question suivante: « Quel effet votre étude approfondie de l’histoire de l’Église a-t-elle eu sur votre témoignage? » C’était une question à laquelle je ne m’attendais pas. Les premiers mots qui sont sortis de ma bouche ont été : « Mon témoignage n’a jamais été dans l’histoire de l’Église. Mon témoignage est dans l’Évangile de Jésus-Christ. »

Je voudrais anticiper une question que certains vont fatalement se poser. N’y a-t-il pas certains événements historiques qui sont essentiels au Rétablissement ? Comment, en d’autres termes, être indifférent aux affirmations suivantes ?

1. Joseph Smith a eu une vision dans le bosquet sacré.
2. Il a trouvé des plaques de métal, les a gardées un certain temps en sa possession, les a montrées à des témoins et les a traduites.
3. Des êtres célestes ont rétabli des clés et l’autorité de la prêtrise.
4. De nombreuses manifestations spirituelles se sont produites lors de la consécration du Temple de Kirtland.

La liste pourrait s’allonger, mais je vais m’en tenir à ceci. Ce sont des événements « historiques », des événements qui se sont produits dans un temps historique. Mais il n’y en a pas un seul que les historiens puissent prouver ou réfuter. Si j’ai un témoignage de ces événements, ce n’est pas à cause de ma formation historique poussée ou des nombreuses années passées à fouiller dans les documents primaires de l’histoire de l’Église.

David E. Miller, mon ami et collègue à l’Université d’Utah, a enseigné l’histoire de l’Utah pendant de nombreuses années. Dans un cours de vulgarisation, après avoir résumé la première vision, il disait: « Maintenant, vous ne pouvez pas prouver ce genre de choses par des preuves historiques. Vous ne pouvez pas non plus les réfuter. » Sans rendre de témoignage, mais aussi sans ridiculiser, le professeur Miller prenait acte de ce que Joseph Smith avait dit et passait ensuite à l’histoire du peuple qui avait accepté la direction du Prophète.

À défaut d’être présents lors de ces manifestations transcendantes — je dirais même de les enregistrer avec un caméscope — tout ce que nous pouvons faire, c’est citer ce que les gens ont dit à leur sujet. Si nous, les saints des derniers jours, nous avons un témoignage de leur historicité, ce n’est pas à cause du genre de preuve qui serait acceptable dans une salle d’audience. C’est parce que nous croyons d’autres témoins. C’est parce que nous avons notre propre confirmation spirituelle. Nous ne sommes pas tenus de laisser les historiens déterminer pour nous ce que nous allons croire.

Quand je dis que mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église, je veux dire que l’Évangile de Jésus-Christ ne peut pas être soumis à un examen à l’aide des faibles outils de l’historien. La création, la chute, la rédemption, le « plan miséricordieux du grand Créateur » (2 Néphi 9:6) — tout cela ne peut tout simplement pas se prouver ou se réfuter en parcourant de vieux documents.

En revanche, les personnes qui ont cru et accepté ces doctrines peuvent parfaitement faire l’objet de recherches historiques. Dans leurs réalisations et leurs échecs, leurs points forts et leurs points faibles, leurs épreuves et leurs triomphes, dans tout le « bois tordu » de leur humanité [3], ce sont des gens imparfaits en mission pour le Seigneur. Ils trébuchent et tombent, ils se plaignent et se mettent en colère, ils se découragent, ils abandonnent parfois le navire. On n’a jamais dit que l’histoire de l’Église était l’histoire de gens parfaits. En fait, l’Église, si je comprends bien, est pour « le perfectionnement des saints » (Éphésiens 4:12).

Quelle était la religion à laquelle ils s’étaient affiliés ? Si les saints des derniers jours de 1840 ou 1870 ou 1950 ou 2004 ont reçu pour instructions de mentir, de tricher et de voler, d’être tout ce qu’il y a de méchant, cela se saurait. Aucun chercheur impartial ne peut démontrer pareille chose, mais je ne doute pas un instant que ceux qui sont capables de créer des « documentaires » honteux et diffamatoires comme The God Makers voudraient que l’on croie le pire à propos des mormons. Les responsables, les promoteurs et les distributeurs de ces calomnies scandaleuses sont animés par un esprit — mais ce n’est pas l’esprit d’équité, pas l’esprit de charité, pas l’esprit de vérité.

Pensez à la source inépuisable de documents dans laquelle les anti-mormons sans scrupules peuvent puiser au bout de dix-sept décennies d’histoire de l’Église. Avec les gens qui se joignent l’Église venant d’horizons différents et avec des différences humaines qui se manifestent inévitablement, il y aura des exemples d’à peu près n’importe quoi. Vous cherchez un mormon qui était un voleur ? Un escroc ? Un pilleur de tombes ? Vous cherchez un mormon qui n’avait pas toujours un contrôle parfait de sa vie et qui faisait des erreurs ? Rien de plus facile. Comme J. Golden Kimball aurait pu le dire : « Ma parole, nous pouvons vous trouver des travestis, des plagiaires et des faussaires, et si vous avez besoin de quelqu’un qui peut réciter les Protocoles de Sion tout en étant suspendu par les genoux à un trapèze volant, nous pourrons probablement vous trouver ça. »
Puisant dans cet immense réservoir d’êtres humains, cueillant des exemples qui conviennent à leur but, les anti-mormons ravissent des publics déjà disposés à considérer les mormons comme des gens étranges et enténébrés. Leur travail consiste à faire en sorte que les mormons et leur religion paraissent ridicules et malfaisants.

Votre anti-mormon dévoué dispose d’un répertoire d’histoires d’horreur. Si nous considérons notre détracteur comme un évadé du personnel journalistique du National Enquirer [une revue à scandales], nous ne sommes pas loin de la vérité. Tout d’abord, nous ne pouvons pas être du tout certains que ce que l’on prétend affirmer est vrai. C’est comme si des soucoupes volantes atterrissaient sur le bâtiment des bureaux de l’Église mais qu’il n’y aurait qu’un seul témoin hyper-chanceux qui les verrait. Et même si l’incident regrettable pouvait être confirmé, notre détracteur évitera soigneusement d’aborder la question de savoir à quel point il est représentatif de ce qui se passe habituellement. Les frères Lafferty, qui sont dans le couloir de la mort dans le pénitencier d’état de l’Utah, sont, selon certains, des mormons typiques. Le détracteur peut rendre l’argument moins ridicule en disant : « Oui, ce sont des cas extrêmes, mais ils montrent à quoi le mormonisme peut mener !"
Vient-il à l’esprit des détracteurs qui se complaisent dans ce genre de littérature et à celui des lecteurs qui gloussent avec délectation en le lisant que leur propre groupe risquerait de ne pas en sortir intact si on l’étudiait à travers les pires exemples possibles ?

Mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église. En disant cela, je n’ai pas besoin de nier que l’histoire de notre Église est peuplée de nombreuses personnes inspirantes. Ce qu’elles ont prêché et enseigné peut être étudié. Dans mes efforts pour renforcer ma compréhension historique, je trouve souvent de quoi fortifier ma foi. Mais je sépare les deux — témoignage et histoire. Je laisse suffisamment de place pour la perversité humaine. Je ne suis pas attaché à une version unique et simple du passé. Je laisse de la place pour de nouvelles informations et de nouvelles interprétations. Mon témoignage n’est pas tributaire des savants. Mon témoignage de l’Évangile éternel n’est pas en jeu.

Une chose que pareille distinction me permet de faire, c’est de me débarrasser du dilemme paralysant de décider du genre d’histoire que je dois écrire. Je peux dire les choses telles qu’elles sont. Plus précisément, puisque personne parmi nous ne croit qu’il existe de compte rendu complètement « objectif », je peux consacrer mes meilleurs efforts à présenter ce que je trouve. Je n’ai pas besoin d’avoir peur tout le temps, craignant de dire ou de citer quelque chose qui va ébranler un membre qui a des problèmes ou un nouveau converti. Je ne prendrai pas plaisir à les offenser. Mais je devrais être en mesure d’étudier mon sujet et de consacrer le meilleur de mes efforts pour comprendre les personnalités et les événements.

J’ai donc étudié la colonisation de la Little Colorado en 1876. Le chef des colons était Lot Smith, un vétéran de la guerre d’Utah. Dur et fort dans sa manière de diriger, Lot Smith ne plaisait pas à tout le monde. Ce n’était pas un gnangnan. Mais mon histoire rapporte ce que je découvre, en essayant d’être équitable avec tout le monde. Car, voyez-vous, mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église.

J’étudie le mariage parmi les mormons dans la seconde moitié du XIXe siècle. Y avait-il plus de polygamie que ce que j’avais été amené à croire ? C’est comme ça. Je rapporte ce que les meilleures preuves confirment. Y a-t-il eu plus que quelques exemples de femmes plurales malheureuses et plus de divorces qu’on ne le pensait ? C’est comme ça. Je rapporte ce que je trouve. Je ne penche pas complètement dans l’autre sens, j’insiste là-dessus, mais je rapporte ce que je trouve. Car, voyez-vous, mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église.

Est-ce que beaucoup de voisins de Joseph Smith ont signé des attestations sous serment le décrivant en termes défavorables ? Eh bien, c’est comme ça. C’est un fait, je le rapporte. Pour les évaluer correctement, je tiens compte du but poursuivi par l’homme qui les a recueillis, qui les a compilés et qui les a souvent rédigés pour les faire signer par les personnes. Je mets naturellement dans la balance le témoignage d’autres personnes qui décrivent Joseph en des termes très différents. Ce que je fais ici, c’est essayer de découvrir la vérité ou en tous cas de m’en rapprocher autant que je peux. Mais mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église.

De quelle sorte d’histoire avons-nous besoin ?

Il y a, pour pratiquement toutes les questions qui semblent troubler les gens ou qui sont utilisées pour tenter de déloger les membres de leur foi, des réponses satisfaisantes pour celui qui cherche sincèrement la vérité. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a un certain nombre de défenseurs informés et qui s’expriment. Je tiens à féliciter ceux qui se sont lancés dans la mêlée.

Dans bien des cas, les réponses qu’ils fournissent sont déterminantes, coupant l’herbe sous les pieds du détracteur. Il y a toujours du travail à faire — de nouvelles questions se posent et certaines nécessitent des réponses plus approfondies que ce que les premiers défenseurs ont donné. Mais il est clair que nous ne sommes pas a quia et sans voix. Ce que les détracteurs espèrent, c’est, bien entendu, de toucher des gens qui ne sont pas au courant de ce que les défenseurs ont déjà publié. Malheureusement, quand une grande partie de la population est constituée de gens qui ne lisent pas, un trait enflammé bien placé de l’adversaire peut être fatal.

Quand j’étais au troisième cycle d’université, il y avait, dans un de nos séminaires, une unité sur la contre-réforme ou réforme catholique du XVIe siècle. Pendant plus de trente ans d’enseignement universitaire, j’ai présenté le sujet aux étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs. Je suis persuadé que mes élèves seront d’accord pour dire que notre approche était équitable, car nous essayions de comprendre ce sujet complexe de l’intérieur, permettant à ceux qui y participaient de s’exprimer. J’ai utilisé cette même perspective dans l’étude d’une variété de sujets. Si seulement ceux qui enseignent et étudient l’histoire du mormonisme faisaient la même chose !

Conclusion

Une histoire qui n’a pas recours à la diffamation ni qui cache les défauts est le genre de l’histoire — ou au moins une sorte d’histoire — dont nous avons besoin dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Après avoir lu de nombreux journaux intimes et de procès-verbaux de réunions, ainsi que les lettres et les rapports sur lesquels les décisions étaient basées, je peux dire avec assurance qu’une telle histoire, en plus d’être plus proche de la réalité de ce qui a vraiment été vécu, permet de mieux apprécier les hommes et les femmes dévoués et sincères qui ont pris des décisions et ont fait avancer l’œuvre. Vous n’avez pas besoin d’être d’accord avec eux, vous n’avez pas besoin de les considérer comme inspirés ou investis de l’autorité de Dieu. Ça, c’est une autre question. Mais face à une telle histoire, vous ne pouvez tout simplement pas les décrire comme mauvais ou comme des demeurés. Puisque toute histoire est influencée à un degré ou à un autre par la position de l’historien en matière de foi, je me réjouis lorsqu’un sujet est traité par quelqu’un qui est à la fois un croyant et un bon historien. Idéalement, le résultat sera si consciencieux, si disposé à faire face aux réalités et à tenir compte de la complexité des événements que l’article ou le livre qui en résultera s’imposera à l’attention. Je tiens à dire que j’accueille également les historiens non mormons et que je ferai l’éloge de leurs œuvres lorsqu’elles le méritent.

Prenons un exemple actuel. Le Massacre de Mountain Meadows de 1857 est depuis lors une cause célèbre pour les anti-mormons. Ils adorent décrire l’événement dans les moindres détails, donnant l’impression que c’est ça, le mormonisme, purement et simplement. Au lieu des jeunes gens souriants et soignés avec des badges, le mormonisme réel, voyez-vous, qui se cache derrière la façade, c’est le massacre et d’autres événements comme celui-là. C’est ce que les anti-mormons voudraient vous faire croire : c’est le message sous-jacent des narrations répétées de l’événement par les détracteurs de l’Église. L’auteur anti-mormon ne se contente pas de décrire l’événement. L’horrible meurtre collectif est utilisé comme base pour des conclusions plus générales — la perfidie de Brigham Young, la cruauté intrinsèque de la religion mormone, la dépravation de ses doctrines, ou, comme dans le récent ouvrage de Jon Krakauer [7], la mesquinerie, le pharisaïsme et la violence de toute religion.

Comment le saint des derniers jours fidèles doit-il répondre ? Je pense qu’il est parfaitement admissible pour un saint des derniers jours de dire : « Je ne sais rien à ce sujet. Ce que je sais, c’est que cela ne fait pas partie de ma religion. Je n’ai jamais entendu qu’on le défendait ou qu’on le préconisait. Je n’ai pas de témoignage du massacre de Mountain Meadows. »
Mais c’est de ce que peuvent faire les historiens que nous parlons. La meilleure réponse à une histoire de mauvaise qualité, a-t-il été dit, c’est de l’histoire de bonne qualité. Il y a plus d’un demi-siècle, Juanita Brooks a écrit un ouvrage de ce genre [8]. Pendant les deux ou trois dernières années, de nouveaux attaquants sont entrés dans la mêlée, racontant les événements dans toute leur horreur, mais imputant carrément la responsabilité à Brigham Young. Des gens fortunés subventionnent les ouvrages de ce genre, et, on ne s’en étonnera pas, il y a là un public prêt à lire et à faire connaître autour de lui. Des critiques ont été écrites en réponse à ces ouvrages récents, révélant de manière édifiante les problèmes méthodologiques et juridiques fondamentaux qu’ils contiennent.

Mais en plus des critiques littéraires parues dans les revues savantes, trois historiens ont entrepris une étude exhaustive. Richard Turley, Ronald Walker et Glen Leonard terminent un livre qui sera définitif et qui aura recours à plus de sources que n’importe quel autre [9]. Il sera comparatif. Il placera l’événement dans son contexte de temps de guerre. Ce sera un livre tout simplement incontournable pour quiconque se met en tête d’écrire sur le sujet. Une façon supérieure d’écrire l’histoire montrera la mauvaise manière d’écrire l’histoire pour ce qu’elle est.

N’est-ce pas là un modèle ? On peut penser à une série d’épisodes sujets à controverse et à problèmes dans l’histoire de l’Église. Avec les sources nouvellement disponibles, avec de nouvelles questions, ils sont mûrs pour un nouvel examen. Ce n’est pas une idée passionnante et originale à laquelle personne d’autre n’avait jamais pensé. Certains articles et livres ont déjà fait ce qu’il fallait faire. Mais il y a encore beaucoup à accomplir.

Nous pouvons être sûrs de que nos adversaires ne cesseront pas de fouiller l’histoire mormone à la recherche de quelque chose de négatif qu’ils peuvent utiliser. Cela ne m’étonne pas que beaucoup de saints des derniers jours ne font tout simplement pas attention à ces attaques. Après tout, ils ont un métier à exercer, des enfants à élever, des appels à remplir dans l’Église. Ils ont beaucoup à accomplir bien avant le soir [10] sans devoir encore se mettre dans tous leurs états au sujet d’incidents dans l’histoire de l’Église. Mais nous avons aussi des historiens, tant professionnels qu’amateurs. Ils ont aussi un travail à faire.

Cela ne me dérange pas de faire appel à nos apologistes pour écrire de la bonne histoire. On n’a pas besoin de se lancer dans un énorme projet multivolume. Ce peut être une étude sur un incident ou un problème déterminé, qui débouchera sur un article ou sur une réponse de deux pages. Mais si c’est une question historique, que votre traitement soit de la bonne histoire. Traitez simplement un sujet donné d’une manière qui satisfait tout lecteur honnête et d’une manière qui respecte les normes acceptées de la recherche spécialisée.

Certains de nos apologistes le font déjà. Ils ont défini un problème historique avec précision, examiné tous les éléments de preuve, les ont soumis à l’analyse critique nécessaire et ont présenté leurs conclusions. Ceux qui ont la formation, les compétences et le temps requis continueront de le faire, apportant leur quote-part et produisant peut-être même des ouvrages historiques majeurs. Les malfaisants peuvent se démener comme de beaux diables, peuvent utiliser leur tactique lassante de reprocher à l’ouvrage d’être du travail d’amateur. Mais s’ils ne sont pas en état de mort cérébrale, ce qu’ils pensent vraiment, c’est : « Ils sont bons, ces types-là. C’est une bonne manière d’écrire l’histoire. »

Quelle est l’importance de l’histoire ?

J’ai parlé comme un historien. Et les convertis de Mongolie et du Ghana ? Connaissent-ils, devraient-ils connaître l’histoire de l’Église du XIXe siècle en profondeur ? Et ces gens qui ne lisent pas, que produisent les écoles publiques dans ce pays ? Connaîtront-ils les détails de l’histoire mormone ? Et les jeunes missionnaires qui prêchent l’Évangile dans le monde entier ? Sont-ils lumineux parce qu’ils ont lu des livres d’histoire dix heures par jour au cours de leurs années d’adolescence ? À quel point sont-ils informés ? À quel point doivent-ils l’être ?

Quelqu’un prend des décisions quant à ce qu’il faut inclure dans les leçons missionnaires. Quand je parcours la matière, je ne vois aucun accent sur l’histoire. Les élèves du séminaire et de l’institut de partout dans le monde suivent des cours. Dans certains d’entre eux, ils font dans une certaine mesure de l’histoire de l’Église, en particulier comme toile de fond aux révélations des Doctrine et Alliances. Dans leurs classes de Doctrine de l’Évangile à l’École du Dimanche, les saints des derniers jours du monde entier étudient successivement l’Ancien Testament, le Nouveau Testament, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.

Ce n’est que pour le cours sur les Doctrine et Alliances qu’un cadre historique est parfois inclus et même là l’accent est mis sur le contenu spirituel et doctrinal. Enfin, à l’heure actuelle (et depuis quelques années), les classes de la prêtrise et de la Société de Secours consacrent une année d’études à l’un des présidents de l’Église. Certains détails historiques sont fournis, mais une fois de plus l’accent est mis sur l’enseignement doctrinal. Le message qui pour moi se dégage haut et fort des manuels de cours et des leçons missionnaires est simple. Notre témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église.

Voilà donc notre anti-mormon empressé qui vient nous trouver avec sa version de l’histoire mormone. Il a probablement pris son exemple chez d’autres anti-mormons. Il est sûr et certain que son voisin mormon n’est pas au courant. Ses yeux brillent d’impatience. « J’t’ai eu ! Qu’est-ce que tu dis de ça ! Compte tenu de cela, comment est-il possible que tu sois mormon ? » S’il ne le dit pas, c’est sous-entendu.

C’est ici que le saint des derniers jours fidèle doit couper l’herbe sous les pieds du détracteur. Au lieu de s’effondrer avec un gémissement de détresse, le membre de l’Église sourit, hausse les épaules et dit quelque chose de ce genre : « Ça m’étonnerait que ce soit vrai. » « Ce n’est pas dans ma religion. Je n’ai jamais entendu enseigner cela dans aucune des classes et je ne l’ai jamais lu dans aucun de nos manuels. » « Vous savez quoi ? Ça vous intéresse probablement beaucoup plus que moi. » « Je n’ai pas entendu l’autre son de cloche. Mais ce que je sais, c’est que mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église. »

Certains d’entre nous pourraient déplorer la diminution de la présence de l’histoire de l’Église dans notre programme des cours. En attendant, bien sûr, vous pouvez toujours lire par vous-même, individuellement ou en groupes d’étude. À ma connaissance, personne n’interdit ce genre d’étude.

Reconnaissons-le, la connaissance de l’histoire de l’Église n’est pas indispensable à notre salut éternel. Mais je pense que c’est naturel et très satisfaisant d’en apprendre autant que nous pouvons à ce sujet. Nous étudions l’histoire, n’importe quelle histoire, parce que nous, les humains, nous avons besoin de nous comprendre nous-mêmes. En lisant ce qui concerne les saints des derniers jours et leurs activités dans le passé comme dans le présent, je peux être inspiré, amusé, stupéfait, surpris, fier — et parfois un peu honteux. La plupart du temps, je suis étonné de la persévérance, de la ténacité, de la volonté de maintenir le cap quelles que soient les circonstances. Sans même essayer, je m’identifie instinctivement aux saints. Aussi imparfaits qu’ils aient été et sont, les saints des derniers jours sont mon peuple. Mais mon témoignage n’est pas en eux, et j’espère que leur n’est pas en moi.

Brigham Young a dit un jour quelque chose sur Joseph Smith dont nos ennemis font les gorges chaudes. Avec quelle délectation ils le déforment ! Voici ce que dit frère Brigham :

« Je me souviens d’une conversation que j’ai eue avec un prêtre qui était un vieil ami à nous, avant que je connaisse personnellement le Prophète Joseph. J’ai contré tous les arguments qu’il a avancés, jusqu’à ce qu’il finisse par sortir de ses gonds et commence à insulter « Joe Smith » en disant « qu’il était un homme méchant, un menteur, un chercheur de trésors, un joueur et un proxénète » ; et il l’a accusé de toutes les choses mauvaises pour lesquelles il pouvait trouver des mots. Je lui ai dit : Minute, frère Gillmore, voici la doctrine, voici la Bible, le Livre de Mormon et les révélations qui sont venues par l’intermédiaire de Joseph Smith, le prophète. Je ne l’ai jamais vu et ne sais rien de sa personnalité. Tout ce que je sais là-dessus, c’est la doctrine qu’il enseigne ; présentez-moi des arguments contre cela, si vous le pouvez. Le reste, je m’en fiche. S’il agit comme un diable, il a fait paraître une doctrine qui nous sauvera si nous la respectons. Il peut se saouler tous les jours de sa vie, dormir chaque nuit avec la femme de son voisin, faire des courses de chevaux et jouer, cela m’est parfaitement égal, car je n’ai jamais inclus un homme dans ma foi. Mais la doctrine qu’il a donnée nous sauvera, vous et moi et le monde entier ; et si vous pouvez trouver à redire à cela, trouvez-le [11]. »

Qu’est-ce que frère Brigham voulait dire, à votre avis ? Donnait-il carte blanche aux membres de l’Église, disant que la façon dont ils se conduisaient n’avait pas d’importance ? Exprimait-il ici ses vrais sentiments sur Joseph Smith et le décrivait-il effectivement ? Si ce qu’il voulait dire n’est pas évident, je vais le paraphraser : la véracité de l’Évangile et la divinité de l’appel de Joseph Smith comme prophète du Rétablissement ne dépendent pas de son comportement en tant qu’être humain et ne nécessitent pas la perfection dans sa vie.

Brigham pensait-il vraiment que Joseph était un dépravé ? C’est dans ce sens que certains anti-mormons brillants utilisent cette citation. Ridicule. Écoutez ceci: « Qui peut dire à juste titre quoi que ce soit contre Joseph Smith ? Je l’ai connu mieux que qui que ce soit. Je ne crois pas que son père et sa mère l’aient mieux connu que moi. Je ne pense pas qu’il y ait un homme vivant sur la terre qui l’ait mieux connu que moi ; et je n’hésite pas à dire qu’à l’exception de Jésus-Christ, il n’y a jamais eu d’homme meilleur qui ait vécu ou vive actuellement sur cette terre. Je suis son témoin. » [12] Mais — et c’est une vérité importante — le président Young ne voulait pas que son témoignage soit centré sur la personne de Joseph Smith.
Examinons quelque chose que le président George Q. Cannon a dit : « Ne mettez pas, frères, votre confiance en l’homme, fût-il évêque, apôtre ou président ; si vous le faites, ils vous feront défaut à un moment ou à un endroit ; ils agiront mal ou sembleront le faire, et votre soutien aura disparu ; mais si nous nous reposons sur Dieu, il ne nous fera jamais défaut. Lorsque les hommes et les femmes dépendent de Dieu seul et se fient à lui seul, leur foi ne sera pas ébranlée si l’homme le plus élevé dans l’Église faisait un pas de côté... C’est peut-être Dieu qui veut que des défauts et des faiblesses apparaissent en haut lieu afin que ses saints apprennent à lui faire confiance, à lui et pas à l’homme ou aux hommes. »[13]

Mon témoignage n’est pas dans l’histoire de l’Église. Dans la présente déclaration, je me joins à Néphi, qui a dit: «Ô Seigneur, j’ai mis en toi ma confiance, et c’est en toi que je mettrai toujours ma confiance. Je ne placerai pas ma confiance dans le bras de la chair, car je sais que celui qui place sa confiance dans le bras de la chair est maudit » (2 Néphi 4:34).

Notes

Conférence faite à la réunion annuelle de la Foundation for Apologetic Information and Research (FAIR), Sandy, Utah, 5 août 2004 (voir www.fair-lds.org). Utilisé avec permission. Également publié dans Meridian Magazine Online (voir www.ldsmag.com). Utilisé avec permission. Copyright 2004 Davis Bitton.
1. « An Interview with Leonard Arrington and Davis Bitton, » Sunstone, juillet-août 1979, p. 41.
2. « Ne crois pas, si tu viens en Sion » Hymnes (1959), n° 202.
3. Voir Isaiah Berlin, The Crooked Timber of Humanity: Chapters in the History of Ideas, Londres, Murray, 1990.
4. Leopold von Ranke, The History of the Popes, Their Church and State and Especially of Their Conflicts with Protestantism in the Sixteenth and Seventeenth Centuries, trad. angl. E. Foster, Londres, Bohn, 1853-1856).
5. Ludwig von Pastor, History of the Popes, from the Close of the Middle Ages Londres, Hodges, 1891-1953.
6. Un exemple plus récent d’une approche sympathique du sujet est Eamon Duffy, The Stripping of the Altars: Traditional Religion in England c. 1400-c. 1580, New Haven, CT, Yale University Press, 1992.
7. Jon Krakauer, Under the Banner of Heaven: A Story of a Violent Faith, New York, Doubleday, 2003, critique par Craig L. Foster dans FARMS Review 16/1, 2004, p. 149-174.
8. Juanita Brooks, The Mountain Meadows Massacre, Palo Alto, CA, Stanford University Press, 1950; 2e éd., 1962.
9. Le titre envisagé pour le livre est Tragedy at Mountain Meadows ; il doit paraître en 2005 chez Oxford University Press. [Le titre réel lors de la publication était « Massacre at Mountain Meadows »]
10. Voir “J’ai beaucoup à accomplir” Hymnes, 1959, n° 96.
11. Brigham Young, dans Journal of Discourses, 4:77-78 (9 novembre 1856).
12. Brigham Young, dans Journal of Discourses, 9:332 (3 août 1862).
13. Gospel Truth: Discourses and Writings of President George Q. Cannon, 2e éd., 1957; réimpr., Salt Lake City, Deseret Book, 1987, p. 249 (15 février 1891). Publié à l’origine dans le Millennial Star 53, octobre 1891, p. 674.