La ténacité et l’imagination des antimormons sont aussi étonnantes que leur hostilité. Tout est bon pour essayer d'embarrasser l’Église, ses dirigeants ou ses membres. L’épisode des «plaques de Kinderhook», une tentative de piéger Joseph Smith afin de le «démasquer», en est un bon exemple.

 

Les plaques de Kinderhook apportées à Joseph Smith se révèlent être

un canular du XIX siècle

 

par Stanley B. Kimball

Ensign, août 1981, pp. 66-74

© Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours

 

L’analyse électronique et chimique récente d’une plaque de métal apportée en 1843 à Joseph Smith, le prophète, à Nauvoo (Illinois), semble résoudre une question restée précédemment sans réponse dans l’histoire de l’Église, apportant une preuve supplémentaire de ce que cet objet est ce que ses inventeurs allaient en dire par la suite : une tentative faite au 19e siècle de piéger Joseph Smith et de l’amener à faire la traduction de caractères ayant un aspect ancien, qui avaient été gravés dessus à l’eau-forte.

 

Joseph Smith ne fit pas la traduction espérée. En fait, il n’existe aucune indication qu’il ait manifesté un intérêt quelconque pour les plaques après les avoir examinées ; pourtant, certains membres de l’Église espéraient qu’elles se révéleraient être très importantes. Mais ce ne fut jamais le cas. Voici l'histoire complexe et intéressante de cet événement peu connu dans l’histoire de l’Église.

 

Cadre historique

 

Au cours de la première semaine de mai 1843, la publication de l’Église Times and Seasons imprima, à Nauvoo (Illinois) un article intitulé « Ancient Records » (annales anciennes), qui racontait la prétendue découverte de six plaques anciennes de bronze dans un tumulus indien près de la localité de Kinderhook, à 90 km au sud de Nauvoo, dans le comté de Pike (Illinois)[1].

 

Une déclaration signée par W. P. Harris, de Barry, comté de Pike, mettait les lecteurs du Times and Seasons au courant de la découverte :

 

« Le 16 avril dernier, un marchand respectable du nom de Robert Wiley, commença à creuser dans un grand tumulus près de sa maison : il fit des fouilles jusqu’à une profondeur de 3 m et toucha la roche ; à ce moment-là, il se mit à pleuvoir et il abandonna le travail. Le 23, lui et un assez grand nombre de citoyens, ainsi que moi-même, nous nous rendîmes au tumulus ; après avoir pratiqué une grande ouverture, nous trouvâmes beaucoup de rochers, dont la plus grande partie avait l’air d’avoir été fortement brûlée ; et après avoir ôté soixante bons centimètres de la roche, nous trouvâmes beaucoup de charbon de bois et de cendres, ainsi que des ossements humains, qui semblaient avoir été brûlés ; près de l’encéphale, on découvrit un paquet contenant six plaques de bronze en forme de cloche, chacune ayant un trou à son extrémité étroite ; elles étaient traversées par un anneau et fixées par un fermoir, et l’anneau et le fermoir paraissaient être d’un fer considérablement oxydé ; les plaques semblaient à première vue être du cuivre et être couvertes de caractères. Les personnes présentes convinrent que je nettoierais les plaques ; je les repris donc chez moi, les lavai au savon et à l’eau et les frottai avec un tissu de laine ; mais  constatant qu’elles n’étaient pas encore propres, je les traitai avec de l’acide sulfurique dilué qui les nettoya parfaitement ; là-dessus il apparut qu’elles étaient complètement couvertes de hiéroglyphes que personne encore n’a été capable de lire. »

 

Les plaques suscitèrent une curiosité considérable parmi le public de la région et, dans la semaine de leur prétendue découverte, elles furent apportées à Nauvoo où elles restèrent brièvement. Un commentaire dans le même article du Times and Seasons montre à quel point l’auteur, plein d’enthousiasme, considérait que les plaques pouvaient être importantes :

 

« Il ne se passe pas un jour que ne se présentent des circonstances qui apportent un témoignage supplémentaire de l’authenticité du Livre de Mormon... Ce qui suit... aura peut-être tendance à convaincre les sceptiques que de telles choses [des plaques d’airain] ont été utilisées et que même l’odieux Livre de Mormon pourrait être vrai. »

 

L’éditorial ajoutait : « Monsieur Smith a eu ces plaques, mais nous ne savons pas ce qu’il en pense. Leur propriétaire les a emportées, sinon nous aurions reproduit un fac-similé des plaques et des caractères dans ce numéro. Cependant, on nous informe qu’il a l’intention de revenir avec elles pour les faire traduire. Si c’est le cas, nous pourrons peut-être encore les proposer à nos lecteurs. »

 

Un mois et demi plus tard, la presse du Nauvoo Neighbor publiait une feuille de 30 x 37,5 cm intitulée Discovery of the Brass Plates (découverte des plaques d’airain)[2]. Ce prospectus contenait la réimpression de l’article du Times and Seasons avec, en plus, des fac-similés des douze faces des six plaques. L’article ne disait rien de plus sur l’opinion du prophète à leur égard. Il disait simplement : « Le contenu des plaques sera publié dans le Times and Seasons dès que la traduction sera terminée. »

 

À ces deux allusions indirectes à une ‘traduction’ devait succéder, treize ans plus tard, une déclaration plus directe dont on a cru jusqu’à présent – à tort – qu’elle a été écrite par Joseph Smith lui-même. Le 3 et le 10 septembre 1856 (12 ans après l’assassinat de Joseph Smith), les paragraphes suivants parurent dans le Deseret News à l’occasion de la publication d’une série intitulée « History of Joseph Smith  » :

 

« [1 mai 1843 :] J’insère les fac-similés des six plaques de bronze découvertes, le 23 avril, par M R. Wiley et d’autres près de Kinderhook (comté de Pike, Illinois) tandis qu’ils faisaient des fouilles dans un grand tumulus. Ils découvrirent, à environ 1m 80 de la surface du sol, un squelette qui devait avoir 2m70 de haut. Les plaques se trouvaient sur la poitrine du squelette et étaient couvertes, des deux côtés, de caractères anciens. J’en ai traduit une partie et je constate qu’elles contiennent l’histoire de la personne avec qui elles ont été trouvées. Il était descendant de Cham par les reins de pharaon, roi d’Égypte, et reçut son royaume du souverain du ciel et de la terre. » (Suivait la réimpression de l’article du Times and Seasons.)

 

Bien que présenté comme étant un écrit de Joseph Smith, ce récit est en réalité un extrait d’un journal de William Clayton. Il est bien connu que la série d’articles « History of Joseph Smith  » se compose en grande partie d’extraits de journaux personnels d’autres personnes et d’autres sources, rassemblés du vivant de Joseph Smith et poursuivis après l’arrivée des saints en Utah, puis retravaillés et assemblés pour former l’histoire de la vie du prophète « en ses propres termes  ». Il n’était pas rare, au 19e siècle, que des biographes mettent leurs récits à la première personne lorsqu’ils créaient un ouvrage biographique, même si la personne qui faisait l’objet de la biographie n’avait pas réellement dit et écrit les paroles qui lui étaient attribuées ; ainsi donc, le récit constituait le compte-rendu fidèle de ce que d’autres personnes estimaient utile d’imprimer. L’extrait du journal de Clayton était un des documents utilisés de cette façon. Par exemple, les mots « J’en ai traduit une partie  » disaient à l’origine : « Le président J. en a traduit une partie...  »[3].

 

On ne connaît pas la source des idées écrites par William Clayton. Cependant, comme nous le ferons observer plus tard, les supputations concernant les plaques et leur contenu possible allèrent apparemment bon train à Nauvoo dès leur apparition. Quoi qu’il en soit, cette version altérée de l’extrait du journal de William Clayton fut réimprimée dans le Millennial Star du 15 janvier 1859 et fut malheureusement transférée en fin de compte dans l’histoire officielle de l’Eglise lorsque la « History of Joseph Smith » fut publiée en 1909 sous forme de livre, sous le titre de History of the Church[4]. Mais dès 1912 deux indices au moins étaient apparus, montrant que les plaques de Kinderhook n’étaient pas authentiques. L’un d’eux était une lettre de 1855, qui ne fut publiée qu’en 1912, écrite par le Dr W. P. Harris, celui-là même qui était l’auteur de la déclaration publiée dans l’article du Times and Seasons.

 

Dans cette lettre, il écrivait qu’en 1843, il avait accepté la découverte des plaques comme authentique. Il précisait : « J’ai lavé et nettoyé les plaques et plus tard j’ai fait une attestation honnête à leur sujet. Mais depuis lors, Bridge Whitton [un forgeron de Kinderhook, Illinois] m’a dit qu’il avait découpé et préparé les plaques et que lui (B. Whitton) et R. Wiley les avaient gravées eux-mêmes et qu’ils avaient versé de l’acide nitrique dessus la veille de leur découverte pour faire rouiller l’anneau et  la tige de fer. Et qu’ils les avaient portées dans le tumulus, les avaient frottées de terre et soigneusement descendues dans le puits où on les avait trouvées[5].

 

L’autre document était une lettre écrite en 1879 par Wilbur Fugate (une autre des personnes présentes lors des fouilles qui permirent la découverte des plaques) à un antimormon de Salt Lake City[6]. Fugate y déclare que la prétendue découverte des plaques de Kinderhook était « un canular inventé par Robert Wiley, Bridge Whitton et moi-même… Aucune des neuf personnes qui ont signé le certificat n’était au courant du secret à part Wiley et moi. Nous avions lu la prophétie de Pratt où il disait :  ‘La vérité sortira encore de la terre’. Nous avons décidé de prouver la prophétie par une farce. Nous avons rapidement élaboré notre projet et nous l’avons mis à exécution. Bridge Whitton les a découpées dans des morceaux de cuivre, Wiley et moi, nous avons fait les hiéroglyphes en les imprimant dans de la cire d’abeille, en les remplissant d’acide et en les mettant sur les plaques. Quand elles ont été terminées, nous les avons assemblées avec de la rouille obtenue avec de l’acide nitrique, du vieux fer et du plomb et nous les avons reliées avec un morceau de fer à cerceau et les avons complètement recouvertes de rouille. »

 

Fugate raconte ensuite qu’il allèrent les enterrer secrètement et firent semblant de les découvrir. Ces récits ont suscité, pendant plus d’un siècle depuis le martyre de Joseph Smith, beaucoup de controverses, la question étant double : (1) les plaques de Kinderhook sont-elles authentiques et (2) Joseph Smith a-t-il essayé de les traduire ? D’une manière générale, les érudits et les laïcs de l’Église ont cherché à confirmer l’histoire des plaques de Kinderhook, estimant que cette authentification défendrait le prophète et rendrait plus plausible l’histoire de la traduction du Livre de Mormon à partir de plaques d’or. D’autre part, les antagonistes ont cherché à démontrer que Joseph Smith était un faux prophète.

 

La question de l’authenticité

 

Étant donné que l’on ne savait plus, depuis 1844 au moins, où se trouvaient les plaques, leur authenticité était restée au stade théorique. Mais en 1920, la société historique de Chicago entra en possession de l’une d’elles. Ce n’est qu’alors que les tests directs devinrent possibles. La façon dont la plaque restante est arrivée à Chicago est une histoire intéressante en elle-même, une histoire qui cadre avec les preuves matérielles (dont nous parlerons plus loin) que cette plaque est effectivement une des plaques originales de Kinderhook apportées en 1843 à Nauvoo.

 

En 1845, un certain Dr Joseph Nash McDowell fonda une faculté de médecine à St-Louis. La faculté avait un musée d’histoire naturelle qui contenait 3000 objets, parmi lesquels « Antiquités etc. de notre pays ». W. P. Harris, dans sa lettre de 1855, disait qu’il avait entendu un de ses collègues dire que « R. Wiley avait obtenu son diplôme [de la faculté de médecine] depuis qu’il avait trouvé les plaques... et que le professeur McDowell les avait maintenant dans son bureau  ». Il est donc évident que Wiley vendit ou donna les plaques de Kinderhook à McDowell pour le musée. McDowell était un sympathisant sudiste qui quitta St-Louis pour offrir ses services à la Confédération comme médecin pendant la guerre de Sécession. Cela le rendit très impopulaire à St-Louis et quand l’armée des États-Unis saisit son collège en 1861 pour l’utiliser comme prison, le 2e régiment de réserve de l’Iowa le mit à sac[7].

 

La société historique de Chicago reçut une des plaques en 1920 comme cadeau de Charles F. Gunther, collectionneur bien connu d’objets historiques. Celui-ci l’avait achetée, le 15 juillet 1889, à un médecin du nom de F. C. A. Richardson (membre des académies des sciences de St-Louis et de Chicago). Richardson, lui, l’avait reçue d’un certain Dr J. W. McDowell (pas le même homme que le Dr Joseph Nash McDowell), lequel l’avait reçue d’un soldat du 2e régiment de réserve de l’Iowa. Depuis que son existence a été rendue publique en 1920, cette plaque a subi un certain nombre de tests. Par exemple, en 1953, elle fut examinée par deux graveurs, qui rédigèrent une attestation disant : « À notre connaissance, cette plaque a été gravée par un instrument pointu et n’a pas été gravée à l’eau-forte », conclusion qui contredisait les lettres affirmant que les plaques étaient un canular, et qui, par conséquent, alimenta les espoirs de ceux qui voulaient que l’on prouve l’authenticité des plaques[8]. Une étude beaucoup plus rigoureuse de la plaque de Chicago fut organisée en 1969 par le Dr Paul Cheesman, de l’université Brigham Young. Il obtint de la société historique de Chicago la permission d’emporter la plaque à BYU pour des tests non destructeurs approfondis, c’est-à-dire des tests analytiques ne nécessitant pas de prélèvements sur la plaque. Le résultat de ces tests devaient être comparés aux tests précédents faits en 1960 et 1966. La plaque fut examinée par des physiciens, des graveurs, un bijoutier, un métallurgiste et plusieurs photographes, avec des résultats nuancés. Les physiciens en conclurent que la plaque avait été traitée à l’eau-forte et qu’il ne s’agissait pas d’airain ancien. Les autres ne pouvaient pas se mettre d’accord sur le fait qu’elle avait été traitée à l’eau-forte, gravée ou les deux. Le Dr Cheesman en conclut : « Il apparaît que nous devrons procéder à une analyse destructrice pour confirmer la chose. Des tests beaucoup plus approfondis devront être effectués[9]. »

 

Les choses en restèrent là jusqu’en 1982, lorsque j’eus la chance d’obtenir de la société historique de Chicago la permission d’effectuer les tests destructeurs recommandés. Ces tests, qui comprenaient certaines techniques analytiques très poussées, furent effectués par le professeur D. Lymi Johnson du département de l’étude des matériaux et du génie civil de la Northwestern University. Le Dr Johnson se servit d’un microscope électronique à balayage (MEB) pour examiner les sillons qui forment les caractères des plaques, pour déterminer s’ils avaient été effectués avec un outil ou s’ils avaient été gravés à l’eau-forte. Une microsonde Auger à balayage fut utilisée pour détecter les restes d’acide nitrique qui auraient pu être laissés dans les sillons suite à la gravure à l’acide nitrique. Pour déterminer la composition du métal, on procéda à une analyse par fluorescence aux rayons X sur une petite quantité de matière détachée de la plaque (test destructeur). Et finalement, un bord de la plaque fut moulu et lissé pour que l’on puisse examiner le métal au microscope pour y trouver des impuretés et des inclusions (également un test destructeur).

 

Le grand pouvoir de résolution du microscope électronique à balayage à fort agrandissement permet de distinguer clairement entre la gravure à l’eau-forte et la gravure avec un outil sur les surfaces métalliques. Si un caractère est gravé sur la surface, le sillon contiendra des sillons et des crêtes secondaires longitudinaux là où l’outil de gravure aura poussé des particules de métal. On le remarque particulièrement aux intersections des sillons, parce que là le métal est poussé du deuxième sillon dans le premier. D’autre part, les lignes à l’eau-forte ne montrent aucune coulée de métal ni de sillons secondaires ; cela donne au contraire une surface rugueuse et criblée de trous.

 

 

Fig. 1. Une partie d’un des caractères, vue au microscope électronique à balayage agrandie 220 fois. On voit très bien la surface rugueuse caractéristique de la gravure à l’eau-forte. Un outil pour graver laisserait des marques de grattage sur toute la longueur de chaque sillon et l’on verrait que le métal a été poussé d’un sillon à l’autre aux intersections.

 

La fig. 1 montre une partie d’un des caractères vue au microscope électronique à balayage. On voit clairement la texture irrégulière et granuleuse caractéristique de la gravure à l’acide. On ne trouve pas la

 

surface striée qui aurait été produite par un outil de graveur. L’examen approfondi au MEB des caractères de la plaque amena le Dr Johnson à la conclusion que ceux-ci avaient effectivement été faits par gravure à l’eau-forte et pas par une forme quelconque de ciselure, de grattage ou de découpage.

 

Il apparut au cours de l’étude au MEB qu’il restait un certain résidu dans certains des sillons. On les analysa à l’aide de la microsonde Auger à balayage. On mit en évidence la présence d’azote, ce qui s’explique s’il y avait des restes de nitrate de cuivre révélateurs d’une gravure à l’eau-forte, comme l’avaient prétendu ceux qui étaient à l’origine de la duperie.

 

Le test de fluorescence aux rayons X montra que la plaque avait été faite avec un véritable alliage d’airain d’environ 73 % de cuivre, 24 % de zinc et des quantités moindres d’autres métaux. En outre, l’examen du fragment de la plaque qui avait été moulu et lissé révéla un alliage essentiellement « propre », c’est-à-dire qu’il y avait peu de traces visibles d’impuretés telles que des particules de scories et d’autres débris que l’on pourrait s’attendre à trouver dans des métaux de fabrication ancienne.

 

À la suite de ces tests, nous avons conclu que la plaque appartenant à la société historique de Chicago n’était pas d’origine ancienne. Nous en avons déduit qu’elle avait été gravée à l’eau-forte et, comme l’ont fait remarquer Paul Cheesman et d’autres savants, il est probable que les habitants de l'Amérique ancienne auraient gravé les plaques plutôt que de les faire à l’eau-forte. Deuxièmement, nous avons conclu que la plaque avait été faite d’un véritable alliage d’airain (cuivre et zinc) caractéristique du milieu du 19e siècle, alors que « l’airain » des temps anciens était en réalité du bronze, un alliage de cuivre et d’étain. En outre, on s’attendrait à ce qu’un alliage ancien contienne une plus grande quantité d’impuretés et d’inclusions que l’alliage testé.

 

Nous avons, cependant, le Dr Johnson et moi, tenu compte de la possibilité que la plaque de Chicago pouvait n’être qu’une copie de l’original. À cet égard, il précise :

 

« Au cours de l’examen de la plaque, nous avons découvert une anomalie intéressante. Un des caractères (côté B, colonne 3) comporte une entaille diagonale près d’une de ses extrémités [voir fig. 2]. On peut vérifier que c’est une entaille en observant qu’il existe une entaille semblable tout près, près du bord de la plaque. Lorsque l’on agrandit davantage cette dernière entaille, on constate une forme vers la droite qui a dû être produite par une ébréchure dans la lame de l’instrument qui a produit l’entaille [voir fig. 3]. Cette même ébréchure apparaît dans l’entaille de gauche, partiellement effacée par le croisement de l’entaille avec les traits verticaux du caractère [voir fig. 4]. Cette entaille avait été interprétée dans les fac-similés de la plaque de Kinderhook publiés en 1843 comme faisant partie du caractère. Ce qui est important ici, c’est que le fac-similé a donc dû être fait à partir de cette plaque et non que cette plaque est une copie basée sur le fac-similé. Si la plaque actuelle était une copie du fac-similé, ce trait aurait été gravé à l’eau-forte avec les autres plutôt que d’y être ajouté comme entaille. »

 

 

Figure 2. Micrographie des caractères au dos de la plaque de Kinderhook, colonnes 3 et 4 (agrandissement 7,6). Des entailles identiques sont visibles à gauche du centre et sur le bord droit.

 

 

 

Figure 3. Micrographie de l’entaille de droite de la fig. 2 (agrandissement 50). On voit une ébréchure à l’extrême droite de l’entaille.

 

 

Figure 4. Micrographie de l’entaille de gauche de la fig. 2 (agrandissement 50 ). L’ébréchure est visible juste à côté de l’intersection de l’entaille avec le trait vertical de droite. Comme le montre l’article, l’entaille permet de prouver que cette plaque est bien celle que les saints de Nauvoo ont vue.

 

Il faut donc en conclure que la plaque de Chicago est effectivement l’une des plaques originales de Kinderhook, ce qui prouve maintenant qu’il s’agissait de fausses antiquités[10].

 

La question de la traduction

 

Mais qu’est-ce que la conclusion ci-dessus a à voir avec la « traduction » mentionnée plus haut des plaques de Kinderhook par Joseph Smith ? A-t-il effectivement essayé de les traduire ?

 

Pour répondre à cette question, il faut examiner dans l’ordre les événements d’avril et de mai 1843 :

 

Le Dr Harris « découvre » les plaques le dimanche 23 avril 1843 et les rapporte chez lui pour les nettoyer. Ensuite, selon l’article du Quincy Whig, elles sont exhibées à Quincy pendant la semaine qui suit[11].

 

On ne sait pas exactement qui a apporté les plaques à Nauvoo. Le certificat de Quincy reproduit dans l’article du Times and Seasons, dit : « Nous avons remis les plaques décrites ci-dessus à Monsieur Sharp pour qu’il les emporte à Nauvoo ». Cependant, Wilbur Fugate écrit dans sa lettre de 1879 : « Les mormons voulaient porter les plaques à Joe Smith, mais nous avons refusé de nous en séparer. Quelque temps plus tard, un homme du nom de Savage, de Quincy, a emprunté les plaques à Wiley pour les montrer à ses amis intellectuels et les a portées à Joe Smith. Ces mêmes plaques ont été rendues à Wiley. »

  

Charlotte Haven, une non-mormone plutôt hostile, qui était à l’époque en visite chez sa sœur (mormone) à Nauvoo, écrit, le 2 mai, une lettre qui dit ce qui suit :

 

« Nous avons très souvent des nouvelles de nos amis de Quincy grâce à M. Joshua Moore, qui passe par là et par ici lors de ses voyages à cheval à gauche et à droite dans l’état. La dernière visite qu’il nous a faite, c’était samedi [29 avril] et il avait avec lui une demi-douzaine de morceaux d’airain, apparemment très anciens, ayant la forme d’une cloche d’environ 14 à 15 cm de long. Elles étaient couvertes de grattages qui ressemblaient à de l’écriture et des formes étranges faisant penser à des caractères symboliques. On venait de les trouver, dit-il, dans un tumulus quelques kilomètres plus bas que Quincy. Lorsqu’il les a montrées à Joseph, ce dernier a dit que les caractères ou inscriptions ressemblaient à ceux dans lesquels le Livre de Mormon avait été écrit et que si M. Moore pouvait les lui laisser, il pensait pouvoir les traduire à l’aide de la révélation »[12].

 

Il est donc possible que ce fut ce M. Joshua Moore qui obtint les plaques sous un prétexte quelconque et les emporta à Nauvoo. Quoi qu’il en soit, elles étaient apparemment arrivées dès le samedi 29 avril et avaient été montrées à Joseph Smith.

 

William Clayton dut de toute évidence avoir accès aux plaques à un moment donné, car dans son journal, à la date du lundi 1er mai, il en dessina une. (On ne sait pas s’il était là lorsque Joseph Smith les vit.) Deux jours plus tard, le mercredi, Brigham Young dessina, lui aussi, une des plaques de Kinderhook dans un petit calepin/journal personnel qu’il tenait. Dans le dessin, il écrivit : « 3 mai 1843. J’ai eu ceci chez Joseph Smith. Découvert près de Quincy[13]. »

 

Très peu de temps à près, les plaques quittèrent Nauvoo, car l’éditorial du Times and Seasons, qui fut sans doute écrit le mercredi ou le jeudi (3 ou 4 mai) dit : « M. Smith a eu ces plaques, nous ne savons pas encore quelle est son opinion à leur sujet. La personne qui en est propriétaire les a emportées, sinon nous aurions reproduit dans ce numéro un fac-similé des plaques et des caractères. Nous apprenons, toutefois, qu’il a l’intention de les rapporter en vue de leur traduction ; si c’est le cas, nous serons sans doute en mesure de les fournir à nos lecteurs. »

 

Ainsi donc, les plaques furent apparemment à Nauvoo du samedi 29 jusqu’au mercredi 3 inclus, soit cinq jours, et furent ensuite emportées. De toute évidence, elles furent rapportées un certain temps à Nauvoo, car dès le 24 juin, le Nauvoo Neighbor y avait accès et put donc faire le fac-similé pour l’impression. Dans la History of the Church, à la date du dimanche 7 mai, on lit : « Le matin j’ai [Joseph Smith] reçu la visite de plusieurs messieurs concernant les plaques déterrées près de Kinderhook[14]. » On ne sait pas si les plaques ont été rapportées ce jour-là, pas plus qu’on ne sait si Joseph Smith lui-même les a jamais revues.

 

En tout cas, la traduction que le Times and Seasons avait espéré voir ne parut pas. Dans une lettre en date du 8 avril 1878, Wilbur Fugate écrit : « Nous avons cru comprendre que Jo Smith avait dit que [les plaques] feraient un livre de 1200 pages, mais qu’il ne voulait pas les traduire tant qu’elles n’avaient pas été envoyées à la Antiquarian Society à Philadelphie, en France et en Angleterre. » En outre, quand on passe en revue les autres notes de l’histoire de Joseph Smith, on constate qu’au cours des semaines suivantes il fut pris par ses devoirs de maire, les affaires de l’Église, la Légion de Nauvoo et quatre voyages dans des villes voisines ; il n’y a aucune indication qu’il ait consacré du temps à de la traduction[15]. Puis, le 23 juin, la veille de la publication de la feuille qui répétait les espoirs entretenus par les saints que les plaques seraient finalement traduites, le prophète fut enlevé par des Missouriens qui essayèrent de l’emmener au Missouri pour le poursuivre pour « trahison ». Il réussit à revenir à Nauvoo le 30 juin, mais la procédure d’habeas corpus lui prit plus de quinze jours de son temps.

 

On ne sait pas au juste quand les plaques quittèrent Nauvoo pour la deuxième fois. Ce que nous savons, c’est qu’à l’automne de la même année, elles étaient de nouveau entre les mains de Robert Wiley, car le 15 novembre il écrivit une lettre à un certain J. J. Harding pour lui laisser entendre que cela l’intéressait de vendre les plaques au National Institute et que cela l’intéressait également de connaître « l’opinion de nos amis antiquaires ». Pour ce qui est du projet de faire examiner les plaques par « l’Antiquarian Society de Philadelphie, de France et d’Angleterre », Wilbur Fugate  ajoute :  « Elles ont été envoyées et la réponse a été que l’on ne connaissait aucun hiéroglyphe de ce genre et que s’il y en avait eu, ils avaient disparu depuis longtemps. C’est alors que Smith a commencé sa traduction. » (La mention que Joseph Smith avait commencé la « traduction » des plaques est erronée, puisqu’elles ne furent jamais plus rapportées à Nauvoo. Le prophète subit le martyre l’année suivante.)

 

Néanmoins, la question de savoir quand les plaques quittèrent Nauvoo n’est pas aussi importante que le fait qu’elles furent emportées. En dépit de l’excitation considérable qu’elles provoquèrent à Nauvoo après leur « découverte », les plaques purent apparemment quitter les saints sans fanfare. Il n’existe aucun document donnant à penser que Joseph Smith ou son entourage aient jamais tenté d’acheter les plaques (alors que ce fut le cas des momies associées au papyrus du livre d’Abraham), alors même que Wiley, leur propriétaire, était disposé à les vendre.

 

Deux récits, qui ne furent publiés que des années plus tard, montrent bien que les plaques avaient suscité de l’intérêt à Nauvoo. Dans une lettre écrite le dimanche 7 mai à un ami, Parley P. Pratt dit : « Un grand nombre de citoyens les ont vues et ont comparé les caractères à  ceux du papyrus égyptien qui est actuellement dans cette ville. » Quelques lignes plus haut, il avait commencé ses réflexions concernant les plaques comme suit :

 

« Six plaques ayant l’apparence de l’airain ont été récemment déterrées d’un tumulus par un monsieur du comté de Pike (Illinois). Elles sont petites et remplies d’inscriptions en langue égyptienne et contiennent la généalogie d’un des anciens Jarédites en remontant jusqu’à Cham, fils de Noé. Ses os ont été découverts dans le même vase (fait en ciment). Une partie des os se trouvait à 4,50 m sous terre »[16].

 

Ceci rappelle la déclaration que l’on trouve dans le journal de William Clayton cité plus haut :

 

« J’ai vu six plaques d’airain découvertes dans le comté d’Adams par des personnes qui faisaient des fouilles dans un tumulus. Elles ont trouvé un squelette à environ 1,80 m de la surface du sol ; le squelette avait 2,70 m de haut... Le président J. en a traduit une partie et dit qu’elles contiennent l’histoire de la personne avec laquelle elles ont été trouvées, et qu’elle était descendante de Cham par les reins de Pharaon, roi d’Égypte, et qu’elle avait reçu son royaume du maître du ciel et de la terre. »

 

Il semble donc que l’on ait beaucoup parlé des plaques à Nauvoo et que de toute évidence il y a eu parmi la population autant de fausses informations et d’ouï-dire que de faits. Pratt avait entendu parler d’une découverte dans le comté de Pike, Clayton dans le comté d’Adams. Selon Clayton, la découverte avait été faite à 1,80 m sous le sol ; Pratt, 4,50 m. Frère Pratt parle d’un vase de ciment, détail qui ne figure dans aucun autre récit. Clayton parle d’un squelette de 2,70 m dont il n’est pas question non plus dans aucun autre récit. Pour Clayton, les plaques racontaient l’histoire d’un Égyptien ; Pratt parle d’un Jarédite.

 

Les éléments convergents de ces deux récits montrent qu’il y avait un fond commun aux histoires qui circulaient à Nauvoo et aussi que Joseph Smith avait vu les objets apportés à Nauvoo et s’était posé des questions à leur sujet. Mais il y a, de toute évidence, un grand pas entre une véritable traduction d’annales sacrées et l’examen d’objets d’origine incertaine, la première nécessitant l’étude, la prière et la révélation, la dernière se caractérisant probablement par l’examen pour trouver des points de ressemblance, etc., dans une ambiance où les personnes présentes se livrent à diverses supputations et les amplifient avec le temps. En outre, on ignore purement et simplement si William Clayton et Parley P. Pratt étaient présents lorsqu’il a été question des plaques devant Joseph Smith.

 

On imagine mal que Joseph Smith, le prophète, ne soit pas intrigué par les plaques. Quand on les lui a montrées pour la première fois, il a très bien pu remarquer une ressemblance entre certains caractères des plaques et « l’égyptien réformé  » et envisager la possibilité de leur authenticité et de leur traduction, comme le laisse entendre la lettre de Charlotte Haven[17]. Mais rien ne permet de lui attribuer les conjectures qui, à l’époque, allaient bon train à Nauvoo ; toute  affirmation dans ce sens serait de la théorie pure, impossible à vérifier dans les récits que nous avons. Celui qui fut publié dans le Times and Seasons, dont les rédacteurs étaient aussi proches de Joseph Smith que William Clayton et Parley P. Pratt ne pouvait rien dire de plus : « Monsieur Smith a eu ces plaques, et nous ne savons pas encore ce qu’il en pense. »

 

La seule chose à retenir en ce qui concerne l’implication de Joseph Smith dans l’épisode des plaques de Kinderhook est que la «traduction» attendue ne parut pas. Et ce fait peut très bien expliquer ce qui a rendu ce canular extrêmement intéressant, c’est qu’il n’a jamais atteint son but. Il ne fait plus aucun doute que les plaques de Kinderhook n’étaient pas des objets authentiques. Mais pourquoi alors, le canular n’a-t-il pas été révélé immédiatement ?

 

On a dit que toute cette histoire des plaques de Kinderhook était, comme l’écrit Wilbur Fugate dans ses lettres de 1878 et de 1879, une grosse « plaisanterie ». Toutefois, l’objectif des conspirateurs était certainement plus précis : produire un jeu de plaques et ensuite révéler le canular pour ridiculiser le prophète après que celui-ci en aurait soi-disant fait la « traduction ». Dans un cas comme dans l’autre, leur plan a échoué parce qu’il n’y a jamais eu de traduction. En fait il n’y a rien qui indique que Joseph Smith ait jamais déclaré les plaques authentiques, en dehors des déclarations contradictoires de membres qui espéraient qu’une traduction paraîtrait, et en fait rien ne montre que le prophète ait manifesté un intérêt sérieux pour la « découverte » après avoir vu les plaques. L’extrait du journal de William Clayton ne parut qu’en septembre 1856 dans le Deseret News de Salt Lake City. À ce stade-là, le temps lui-même avait fait disparaître l’occasion de faire une bonne blague, si c’était là l’intention des mauvais plaisants ; et l’absence de toute traduction, en dépit du passage du journal de Clayton dans la History of Joseph Smith, ne pouvait qu’augmenter leur frustration – à supposer que les faussaires aient été au courant de l’existence de l’article du Deseret News, qui parut treize ans plus tard et à quinze cents kilomètres de là.

 

Chose importante, il n’y a aucune indication que Joseph Smith, le prophète, ait jamais présenté la question au Seigneur comme il le faisait quand il travaillait au Livre de Mormon et au Livre d’Abraham. Ce qui nous amène à l’autre facette de l’histoire, pour ceux d’entre nous qui croient que Joseph Smith était le prophète du Seigneur : n’est-il pas naturel de nous attendre à ce qu’il soit guidé de manière à comprendre que ces plaques n’avaient aucune valeur en ce qui concerne sa mission ? Les autres membres ont pu être moins réfléchis et ne pas être guidés de la même façon, mais cela, on ne peut pas le reprocher au prophète. Beaucoup de gens, aujourd’hui comme hier, sont friands de racontars et espèrent « des preuves faciles » pour étayer et même remplacer la spiritualité personnelle et une foi acquise à la dure, qui est le fruit de la fréquentation régulière de la vérité et de la communion avec Dieu.

 

C’est ainsi qu’après cent ans d’escarmouches à coups de faux arguments, Joseph Smith n’a pas besoin d’être défendu. Il n’est tout simplement pas tombé dans le piège. Cela étant bien entendu, il est peut-être temps que les plaques de Kinderhook soient reléguées dans les limbes des autres fausses antiquités célèbres.

 

Stanley B. Kimball, professeur d’histoire à la Southern Illinois University, est membre du grand conseil du pieu de St-Louis (Illinois). Traduit et publié avec la permission du Copyrights and Permissions Office. Ceci n’est pas une traduction officielle de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

 

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NOTES

 

[1] « Ancient Records », Times and Seasons, 1er mai 1843, pp. 185-187. Le Times and Seasons était publié deux fois par mois, le 1er et le 15 du mois, indépendamment de sa date de sortie réelle. Ce numéro, daté du lundi 1er mai, reprenait un article du Quincy Whig, publié le mercredi 3 mai. Il est clair qu’il n’aurait pas pu être publié avant la parution de l’article dans le Whig, et en fait, le sous-titre mis par la rédaction au-dessus de l’article « Ancient Records » dit : VILLE DE NAUVOO, 1er MAI 1843. Le numéro en question du Times and Seasons n’a donc pas été imprimé avant le mercredi 3 mai et peut-être même un jour ou deux plus tard.

[2] Le titre complet est A Brief Account of the Discovery of the Brass Plates Recently Taken from a Mound in the Vicinity of Kinderhook, Pike County, Illinois. On peut le consulter à Library-Archives, the Historical Department, The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City, Utah (dorénavant appelé Archives de l’Église).

[3] Le journal en question appartient à un privé. Le Dr James B. Allen, de l’université Brigham Young, l’a utilisé avec la permission du propriétaire lors de ses recherches sur William Clayton, et je voudrais le remercier de m’avoir parlé de cette citation. D’autres volumes des journaux de William Clayton pour d’autres époques ont été imprimés ; voir, p. ex., James B. Allen et Thomas G. Alexander, dir. de publ., Manchester Mormons: The Journal of William Clayton, 1840 à 1842, Santa Barbara et Salt Lake City, Peregrine Smith, 1974 ; William Clayton, William Clayton’s Journal: A Daily Record of the 1846 Journey of the Original Company of « Mormon « Pioneers from Nauvoo, Illinois, to the Valley of the Great Salt Lake, Salt Lake City, Clayton Family Association, 1921.

[4] History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 7 vols., Salt Lake City, Deseret Book Co., 1932-51, 5:372-379. Le titre précédent et bien connu était Documentary History of the Church

[5] Imprimé dans le Journal of the Illinois State Historical Society, 5 juillet 1912, pp. 271-273.

[6] Wilbur Fugate, Mound Station, Illinois, 30 juin 1879, lettre à James T. Cobb, Salt Lake City, citée dans Wilhelm W. Wyl (Wymental), Mormon Portraits, Salt Lake City, 1888, pp.207-208.

[7] Il faudrait un autre article pour présenter tout ce que l’on sait sur J. N. McDowell, sa faculté de médecine, ses musées, le sac de ses musées et la réorganisation partielle de ses collections après la guerre de Sécession par l’Académie des Sciences de St-Louis.

[8] On trouvera une copie de l’attestation dans Welby W. Ricks, « The Kinderhook Plates », Improvement Era, sept. 1962, p.636.

[9] Ce rapport excellent et détaillé, appelé « Kinderhook Plate Report », est classé à la Harold B. Lee Library, université Brigham Young. Les autres membres du comité étaient Richard Anderson, WillIam Dibble, Max Weaver, Sam Rushforth, Ronald Jackson, Reed Durham, Larry Pope, Welby Ricks et Dean Jessee.

[10] Un autre sujet qui mérite d’être mentionné est la question de la taille de la plaque de Chicago par rapport à la description faite peu après la « découverte » des plaques. L’article du Quincy Whig du 3 mai 1843 (reproduit dans l’article du Times and Seasons et dans la feuille imprimée le 24 juin par le Nauvoo Neighbor) dit : « Un certain M. J. Roberts, du comté de Pike, nous a rendu visite lundi dernier avec la description écrite d’une découverte faite récemment près de Kinderhook, dans ce comté. » L’article décrivait ensuite la découverte en ajoutant : « Il y avait six plaques de 10 cm de long, 5 de large au sommet et 7 en bas où elles s’évasent pour faire des pointes. » On ne sait pas au juste ce que J. Roberts avait à voir avec la découverte (son nom ne paraît nulle part ailleurs dans ce contexte), mais les chiffres qu’il a donnés au Whig ne sont apparemment que des évaluations, car, contrairement à ces évaluations, qui viennent de seconde main, les contours faits dans les journaux personnels de Clayton et de Brigham Young ainsi que les fac-similés de la feuille ont la même taille que la plaque de Chicago.

[11] Voir note 1, ci-dessus.

[12] Charlotte Haven, « A Girl’s Letters from Nauvoo », The Overland Monthly, 16 décembre 1890, p. 630. Cette lettre porte la date suivante : « Ville de Nauvoo, 2 mai 1843. »

[13] Papiers de Brigham Young, Archives de l’Église. Je voudrais remercier Dean C. Jessee, du Joseph Fielding Smith Institute of Church History, université Brigham Young, d’avoir attiré mon attention sur ce document.

[14] History of the Church, 5:384.

[15] Voir History of the Church, 5:384 et suiv.

[16] L’original de cette lettre se trouve dans la correspondance de John Van Cott, Archives de l’Église.

[17] Il faudrait aussi un autre article pour parler de l’incroyable floraison de théories qui ont été avancées pour expliquer la source ou la nature des caractères des plaques de Kinderhook. On a supposé, à diverses époques, qu’ils venaient d’un coffre à thé chinois, d’un bijou de jade chinois, de l’écriture Lo Lo de Yurinan (Chine), des hiéroglyphes égyptiens et d’écritures provenant de la Crète, de Chypre, du Sinaï, de Canaan, de Byblos, de Phénicie et d’ailleurs, et même de la transcription Anthon (une théorie qu’il faut rejeter parce qu’il n’existait, à l’époque, aucune version publiée de cette transcription). Certains ont dit que les caractères n’étaient rien d’autre que le fruit d’une imagination fertile. La disposition des caractères et le peu de signes qui sont répétés ne suggèrent aucune langue réelle.