Relations diplomatiques
Auteur : Hickman, Martin B.

Joseph Smith entreprit sa première mission diplomatique pour l'Église lorsqu'il se rendit à Washington, D.C., en 1839, et rencontra le président des États-Unis, Martin Van Buren, pour demander une intervention fédérale en faveur des membres de l'Église qui avaient perdu la vie ou leurs biens pendant les persécutions du Missouri. Depuis alors, les contacts diplomatiques de l'Église avec les gouvernements du monde ont visé principalement à obtenir la reconnaissance juridique de l'Église et la liberté pour ses membres de prêcher l'Évangile aux autres, de se réunir pour le culte religieux et de vivre selon leurs préceptes religieux.
Pendant un siècle et demi, l'Église n'a pas eu de fonction diplomatique officielle ; les présidents de mission ou des Autorités générales en mission spéciale étaient chargés de créer un climat favorable à l’effort missionnaire de l'Église et de résoudre les problèmes avec les gouvernements hôtes. En 1842, Lorenzo Snow, un apôtre, chercha à créer une impression favorable des saints en présentant un exemplaire joliment relié de la première édition britannique du Livre de Mormon à la Reine Victoria et à Albert, le Prince Consort. Quand l'Église commença à pratiquer le mariage plural, la tâche de maintenir une image publique favorable devint plus difficile. Cet effort ne fut pas aidé par une note envoyée en 1887 par le gouvernement américain aux gouvernements de Grande-Bretagne et de Scandinavie, leur demandant de freiner l'immigration des saints des derniers jours aux États-Unis, une mesure visant à endiguer la croissance de la polygamie. Étant donné que les pays scandinaves ne firent pas grand-chose et que la note fut ridiculisée par la presse britannique, l'Église ne jugea pas utile de prendre une initiative diplomatique quelconque.
Cinquante ans plus tard, une loi adoptée par le législateur au Tonga, interdisant l'entrée des missionnaires mormons, fit l'objet d'une protestation diplomatique de l'Église auprès du gouvernement britannique. L'affaire atterrit sur le bureau de Winston Churchill, qui était alors ministre des colonies. Il ne prit aucune mesure parce que le gouvernement britannique ne pouvait pas opposer son veto à une loi du Tonga, et parce que le Foreign Office [ministère des affaires étrangères] l'avait informé que le gouvernement américain ne protesterait pas si la loi ne s'appliquait pas rétroactivement aux missionnaires déjà dans le pays, mais seulement à ceux qui introduiraient dorénavant une demande de visa. L'Église n’intervint pas, le président de la mission ayant réussi à convaincre le gouvernement tongan d'abroger la mesure.
Le caractère plutôt restreint des relations diplomatiques de l'Église avec les gouvernements d'Europe du Nord, où l'effort missionnaire de l'Église était concentré au XIXe siècle, céda, au XXe siècle, à des contacts plus étendus, l'Église devenant plus ambitieuse dans l’ampleur de son programme missionnaire. Dans de nombreux pays, le droit de faire du prosélytisme était limité non seulement par la loi mais aussi par l’usage et la tradition, découlant en partie de l'influence d'une Église d'État établie avec un statut juridique particulier. En outre, la propagation du communisme avait dressé des barrières idéologiques contre l’œuvre missionnaire en général. L'Église maintint cependant sa politique de laisser la gestion des relations diplomatiques nécessaires entre les mains des présidents de mission ou d'Autorités générales situées de façon permanente ou temporaire dans le pays. Cette politique changea après 1975 quand Spencer W. Kimball devint président de l'Église. Il était déterminé à augmenter l'effort missionnaire de l'Église et notamment d’obtenir la reconnaissance juridique dans les pays où cette reconnaissance avait été refusée, soit par politique gouvernementale, soit du fait de l'opposition de l'Église d'État établie. Cette décision déboucha sur une politique qui nécessitait des changements organisationnels au siège de l'Église. Ces changements avaient été examinés pendant le mandat du président Harold B. Lee, mais aucune mesure n'avait été prise avant sa mort. N. Eldon Tanner, qui fut premier conseiller à la fois du président Lee et du président Kimball, examina avec ce dernier les discussions précédentes. Ils décidèrent de nommer un représentant spécial, responsable devant la Première ¨Présidence, qui négocierait avec les gouvernements en dehors des États-Unis la suppression des lois restrictives en matière de visa et la reconnaissance juridique de l'Église là où elle avait été refusée. Le représentant spécial servirait également d’agent de liaison entre l'Église et les ambassades des États-Unis à l'étranger.
Le président Kimball nomma David M. Kennedy comme représentant spécial de la Première Présidence. Kennedy avait une vaste expérience de travail avec les gouvernements et les dirigeants internationaux comme banquier international, comme secrétaire au Trésor américain sous le président américain Richard Nixon, comme ambassadeur itinérant et comme ambassadeur de l'organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
L'Église voulant obtenir la reconnaissance juridique aussi rapidement que possible, la Première Présidence et son représentant spécial examinèrent les pays un par un, explorant les possibilités que chacun offrait. Des barrières existaient dans chaque pays. Certains avaient des lois limitant la liberté de culte. Il y avait depuis longtemps des barrières culturelles et religieuses dans d'autres. Dans certains, la reconnaissance juridique était possible, mais les lois limitaient strictement le droit de faire du prosélytisme. Quand il décida que la reconnaissance juridique devrait être le premier but, le président Kimball envoya Kennedy en Grèce, où la reconnaissance avait longtemps été refusée malgré les efforts vigoureux des dirigeants de l'Église. Kennedy apprit par ses contacts au gouvernement grec et à l'ambassade des États-Unis que pour obtenir la reconnaissance comme «maison de prière », il fallait l'approbation de l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, sa Béatitude Séraphim. Au cours d’un entretien crucial, Kennedy fit remarquer que l'Église orthodoxe grecque jouissait d’une pleine liberté de culte aux États-Unis, que le gouvernement grec avait honoré le président David O. McKay pour l'aide que l'Église avait envoyée à la Grèce après le tremblement de terre de 1953 et que l'Église était pleinement reconnue par la plupart des autres pays d'Europe occidentale. La Grèce finit par accorder la reconnaissance juridique à l'Église. Les autres pays où la reconnaissance allait être demandée et finalement accordée étaient la Yougoslavie, le Portugal et la Pologne.
Lorsque l’on apprit que l'Église cherchait à être reconnue dans les pays communistes, les représentants des médias commencèrent à demander comment cette initiative pourrait être compatible avec l’opposition idéologique de l'Église au communisme. Kennedy répondit à ces questions en se référant à la croyance de l'Église que l’on doit se « soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats, et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi » (12e A de F). La réalité essentielle, soulignait Kennedy, est que l'Église puisse entrer et prospérer dans tout pays qui « nous permettrait d'offrir nos sacrements... qui nous permettrait dans nos maisons d’avoir notre organisation familiale et de vivre selon nos habitudes religieuses" (Hickman, p. 340). Ces libertés minimales étaient tout ce dont les saints des derniers jours avaient besoin pour vivre en accord avec leurs croyances générales. Kennedy fit également la distinction entre les systèmes économiques et politiques que les membres de l'Église préféraient en tant que particuliers et les restrictions aux libertés individuelles qui rendraient l’existence de l'Église impossible en tant qu'institution ou empêcheraient ses membres de suivre ses préceptes fondamentaux. Par le biais de Kennedy, l'Église remit l’accent sur le fait que sa mission était de prêcher l'Évangile rétabli au monde entier et de contribuer à ce que la vie de ses membres soit marquée par la progression morale et spirituelle et non d’importer les systèmes politique et économique américains.
Dans chaque pays visité, le premier but de l'Église était d’être reconnue, ce qui comprenait le droit d'ouvrir une mission, le droit d'entrée pour les missionnaires, le droit de faire ouvertement du prosélytisme et le droit de tenir des réunions de culte public. Le succès le plus notable dans la réalisation de ces objectifs fut fait au Portugal, où la révolution de 1974 aboutit à l'adoption d'une loi accordant la liberté de religion. Dans d'autres pays, notamment la Pologne, l'Église réussit à obtenir la reconnaissance juridique lui permettant de posséder des biens, de tenir des réunions religieuses et d’envoyer des représentants de l'Église dans le pays, mais le droit de faire du prosélytisme fut refusé. Malgré cette restriction, les dirigeants de l'Église croyaient que la reconnaissance juridique était une avancée importante et que l'offre du gouvernement polonais devrait être acceptée même si elle ne contenait pas le droit de faire du prosélytisme. L'Église obtint la reconnaissance juridique en Yougoslavie, essentiellement aux mêmes conditions. Dans chaque pays où l'Église entreprenait des négociations, Kennedy, en tant que représentant spécial de la Première Présidence, soulignait que l'Église était reconnue dans de nombreux pays du monde et qu’aux États-Unis des membres occupaient des postes importants au gouvernement, dans l'éducation et les affaires. Il soulignait également que les membres de l'Église étaient connus aux États-Unis pour leur honnêteté, leur fiabilité et leur éthique du travail.
Ces dernières années se sont produits plusieurs changements qui ont amélioré les relations diplomatiques de l'Église. Les changements en Europe de l'Est ont permis à l'Église de se faire reconnaître plus facilement qu’en 1975 et les restrictions en matière de prosélytisme ont également été supprimées. La révélation annoncée par le Président Kimball en 1978 accordant la prêtrise à tous les membres masculins dignes de l'Église a été suivie de la création de plusieurs missions en Afrique (voir Afrique, l’Église en ; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle n° 2). Suite à ces changements, la Première Présidence a décidé que la mission confiée à son représentant spécial avait atteint son but ; par conséquent, en 1990, Kennedy a été libéré de cet appel et n’a pas été remplacé. Les responsabilités du représentant spécial ont été assumées par les présidences d’interrégion et les présidents de mission.

Bibliographie
Hickman, Martin B. David Matthew Kennedy: Banker, Statesman, Churchman, pp. 334-365. Salt Lake City, 1987.
Kimball, Edward L., et Andrew E. Kimball. Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Spencer J., dir. de publ. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
MARTIN B. HICKMAN


Relations interconfessionnelles

[Cette rubrique comporte trois articles :
Rapports interconfessionnels : Chrétiens
Rapports interconfessionnels : Juifs
Rapports interconfessionnels : Autres cultes
Les articles traitent des efforts de l’Église pour établir des rapports, assister, comprendre et coopérer avec les autres cultes dans les préoccupations sociales, morales et religieuses qu’ils ont en commun.]

Rapports interconfessionnels : Chrétiens
Auteur : LINDSAY, RICHARD P.

L’Église n’a jamais existé dans l’isolement par rapport aux autres confessions chrétiennes. Ses racines et son contenu sont et restent dans l’héritage chrétien. Mais son affirmation que les cieux se sont à nouveau ouverts, que le rétablissement du rayonnement et du pouvoir perdus de l’Évangile complet de Jésus-Christ est en cours à l’initiative divine et son rejet de nombreuses traditions séculaires ont causé des malentendus et de la malveillance. Dans la première génération aux États-Unis, la solidarité des saints des derniers jours a été considérée comme opposée au pluralisme et a en même temps suscité la colère des tenants des autres confessions. Les efforts missionnaires par le contact personnel plutôt que par le recours aux médias et à la création d’une image de marque ont parfois aggravé le problème. À certaines époques et dans certaines circonstances, il n’y a eu aucune volonté ou du moins aucune résolution durable de part et d’autre de tendre la main et de coopérer.
Ces tensions sont en train de se réduire de trois manières :
1. Du point de vue institutionnel. Les dirigeants de l’Église participent maintenant avec les dirigeants d’autres confessions à des échanges chrétiens. Les dirigeants de l’Église de plusieurs pays sont accueillis aux réunions spirituelles interconfessionnelles avec leurs homologues protestants, catholiques et orthodoxes. Ceci est en accord avec les préceptes et l’exemple des premières autorités de l’Église (voir Tolérance). À des fins de soutien mutuel, ils se réunissent et s’organisent dans toutes sortes de domaines, par exemple, les aumôneries de beaucoup de nations du monde libre, le mouvement des boy-scouts, le Conseil national des chrétiens et des Juifs et les clubs locaux et internationaux de service s’occupant des questions sociales, éthiques et morales.
2. Du point de vue éducatif. L’Église patronne le plus vaste programme d’enseignement pour adultes du monde. Beaucoup de ces cours se rattachent à la Bible et certains se concentrent sur l’histoire et les institutions chrétiennes. Pour les étudiants en âge de lycée et d’université, qui dépassent maintenant le demi-million, l’Église dispense des cours semblables dans ses séminaires et ses instituts voisins des lycées et des grandes universités. Les instructeurs du Département d’Éducation de l’Église reçoivent des suppléments financiers pour visiter la Terre sainte, étudier les origines des trois grandes religions monothéistes, se familiariser avec le vocabulaire et les conceptions philosophiques des autres institutions chrétiennes et comprendre et reconnaître les points communs dans la vie des jeunes qu’ils instruisent. Les savants mormons de beaucoup de disciplines sont de plus en plus impliqués dans les programmes d’études religieuses d’organisations académiques et professionnelles.
L’Église a ouvert ses importantes installations audiovisuelles aux programmations représentatives de tout l’éventail des groupes chrétiens (voir Bonneville International Corporation ; Radio KSL). Elle a aussi été une participante importante aux émissions religieuses du VISN Religious Interfaith Cable Television Network, qui représente la plupart des grandes confessions des États-Unis.
Pour créer des échanges bilatéraux, la Chaire de Compréhension chrétienne Richard L. Evans a été créée à l’université Brigham Young. Financée et conseillée par divers groupes chrétiens (le premier à s’engager a été un presbytérien), cette Dotation patronne des colloques d’études religieuses, des conférences, des forums, des programmes d’échange et des professorats associés. Elle patronne aussi des réunions interconfessionnelles où des questions théologiques communes aussi bien que controversées sont présentées par les représentants de chaque tradition et où des ateliers aident à résoudre les tensions dans une atmosphère de bonne volonté.
Le Religious Studies Center à l’université Brigham Young publie des ouvrages éminents utilisant les savants de diverses confessions qui représentent des spécialisations interdisciplinaires et comparatives. Bien qu’il y ait toujours une littérature de dénigrement venant tant de la gauche que de la droite (voir Publications antimormones), les dirigeants de l’Église rappellent continuellement aux membres que quoi que l’on puisse dire de ceux qui se font une religion de l’antimormonisme, leur répondre sur le même ton n’est ni sage ni chrétien.
3. De manière pratique dans l’humanitaire chrétien. La manière de vivre des saints, que ce soit au niveau institutionnel ou individuel, n’a jamais été d’exiger des droits mais de les mériter, jamais de réclamer l’intégration et la bonne volonté mais de les manifester et de donner de l’énergie et du temps par-delà la rhétorique. Dans un discours important aux dirigeants régionaux de l’Église, l’ancien président Spencer W. Kimball a donné le ton :
« Nous invitons les membres à faire leur devoir civique et à assumer leurs responsabilités de citoyens dans la recherche des solutions aux problèmes qui assaillent nos villes et nos communautés.
« Avec notre vaste mission en ce qui concerne l’humanité, les membres de l’Église ne peuvent pas ignorer les nombreux problèmes pratiques qui réclament une solution si nous voulons que nos familles vivent dans un environnement qui favorise la spiritualité.
« Quand les solutions à ces problèmes pratiques nécessitent une action coopérative avec ceux qui ne sont pas de notre religion, les membres ne doivent pas être réticents à faire leur part en se joignant à ces efforts où ils peuvent apporter une contribution individuelle aux causes qui sont conformes aux principes de l’Église » [Kimball, Ensign 8, mai 1978, p. 100].
Les exemples de projets récents encouragés par l’Église qui collaborent avec différentes affiliations sont l’aide coopérative de secours d’urgence, le soutien pour les foyers pour sans abris dans beaucoup de villes et un lien avec le travail de l’Armée du salut. À BYU, des étudiants d’autres cultes sont souvent élus à des offices estudiantins et divers clubs de service luttent contre l’intolérance et l’esprit de clan. Dans le même esprit, l’Église a été parmi les premiers à octroyer de l’aide, avec d’autres groupes chrétiens, aux victimes de catastrophes naturelles dans des endroits tels que la Chine, le Salvador, le Nicaragua, Los Angeles, le Pérou, l’Arménie, le Japon, l’Iran, le Chili et la Grèce. Grâce à deux jeûnes spéciaux, l’Église a levé $11 millions pour les populations frappées de famine en Afrique et en Éthiopie et a utilisé les services catholiques comme système de livraison (voir Service humanitaire).
Parce qu’il y a tant de choses dans la société contemporaine qui sont dissonantes, centrifuges et facteurs de discorde, la compréhension et la réciprocité interconfessionnelles semblent indispensables. L’histoire des saints montre que ce qui semble être des affrontements politiques, sociaux et économiques insurmontables est souvent, à la base, religieux. Surmonter les divisions inutiles et guérir les blessures de la vie moderne, notamment la vie religieuse, n’est pas simplement la mission des saints des derniers jours mais celle de tous ceux qui prennent au sérieux le message et le ministère de Jésus-Christ. S’il n’y a pas chez certains un souci chrétien pour tous, il y a peu d’espoir pour qui que ce soit.

Bibliographie
Arrington, Leonard. "Historical Development of International Mormonism." Université d’Alberta, Religious Studies and Theology 7 (1) janvier. 1987.
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians: Let’s Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon?" BYU Studies 15, automne 1974, pp. 73-94.
RICHARD P. LINDSAY

Rapports interconfessionnels : Juifs
Auteur : ROSENBLATT, JOSEPH

Le point de rencontre principal pour les relations interconfessionnelles entre Juifs et saints des derniers jours a été Salt Lake City. Il y a aussi eu un certain nombre de contacts dans l’État d’Israël aussi bien que dans des villes des États-Unis comptant des populations juives importantes, telles que Los Angeles et New York. Généralement, les relations entre les membres des deux groupes ont été caractérisées par un respect et une bonne volonté mutuels. Les exceptions sont les divergences importantes entre les mormons et certains Juifs sur la question du but du Centre d’Études du Proche-Orient de l’université Brigham Young à Jérusalem (dédié en 1989 ; voir Université Brigham Young : Centre d’Études du Proche-Orient à Jérusalem). Il règne cependant des relations de travail.
L’un des contacts directs les plus anciens entre les communautés fut lancé par Orson Hyde, un apôtre de l’Église, qui, en 1841, traversa l’Europe pour atteindre la Terre sainte. À de rares exceptions, au lieu de demander audience aux dirigeants juifs européens pour faire du prosélytisme auprès d’eux, il les avertit des difficultés qu’ils rencontreraient et les exhorta à émigrer en Palestine. Orson Hyde poursuivit sa route jusqu’en Terre sainte où, le 24 octobre 1841, il pria sur le mont des Oliviers pour « dédier et consacrer cette terre… pour le rassemblement des restes dispersés de Juda » (HC 4:456-459).
Des contacts plus importants commencèrent après 1853 avec l’arrivée de la première famille juive en Utah. Quoique ayant tendance à s’aligner politiquement avec les non-mormons, les Juifs jouissaient de la bonne volonté de leurs voisins mormons. Alors que certains immigrés juifs en Utah – particulièrement d’Europe de l’Est et de Russie – étaient ridiculisés à cause de leur langue et de leur manque de connaissance de la vie de frontière, ils ne trouvèrent aucune cruauté, aucune restriction dans leurs mouvements et pas d’intolérance honteuse. Il n’y eut ni aumône ni charité, mais ils ne furent l’objet d’aucune discrimination chez les saints des derniers jours.
En 1900, quand le dirigeant juif d’Utah Nathan Rosenblatt et ses collaborateurs décidèrent de construire une synagogue pour une deuxième assemblée, l’aide principale vint de la Première Présidence de l’Église. Quand le bâtiment ouvrit en 1903, Rosenblatt proclama sa gratitude pour la bénédiction et le bonheur d’habiter en Utah avec les hommes et les femmes tolérants et compréhensifs de la religion mormone. Ses collaborateurs et lui les avaient toujours trouvés dévoués à leur culte tout en étant un peuple qui respectait la Torah juive et savait ce qu’avait voulu dire le célèbre maître Hillel quand il avait enseigné : « Ne faites pas à votre voisin ce que vous ne feriez pas à vous-même. »
L’université Brigham Young à Provo propose régulièrement des cours qui portent sur la religion et l’histoire des Juifs et du judaïsme. En outre, des savants juifs ont fait des conférences et donné des cours à l’université, particulièrement ces dernières années. En 1921 le président Heber J. Grant mit clairement les saints des derniers jours en garde contre l’antisémitisme : « Il ne devrait y avoir aucune mauvaise volonté… dans le cœur d’aucun vrai saint des derniers jours à l’égard du peuple juif » (dans Gospel Standards, Salt Lake City, 1941, p. 147).
Un indicateur du respect réciproque qui a existé entre les juifs d’Utah et les mormons est le nombre de fonctionnaires juifs élus pour servir l’état. Parmi ceux-ci il y a le quatrième gouverneur de l’état (Simon Bamberger, 1917-1921), un juge de district (Herbert M. Schiller, 1933-1939), un maire de Salt Lake City (Louis Marcus, 1931-1935) et plusieurs législateurs. [Voir aussi Religions du monde (non chrétiennes) et Mormonisme : Judaïsme ; Sionisme.]

Bibliographie
Brooks, Juanita. History of the Jews in Utah and Idaho. Salt Lake City, 1973.
Zucker, Louis C. Mormon and Jew: A Meeting on the American Frontier. Provo, Utah, 1961.
Zucker, Louis C. "Utah." Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, pp. 33-34. Jerusalem, 1972.
Zucker, Louis C. "A Jew in Zion." Sunstone 6, sept.-oct. 1981, pp. 35-44.
JOSEPH ROSENBLATT

Rapports interconfessionnels : Autres cultes
Auteur : COX, SOREN F.

En août 1852, alors que l’Église s’efforçait toujours de s’établir dans l’Ouest des États-Unis, le président Brigham Young lança un appel hardi pour que des missionnaires aillent en Chine, en Inde, au Siam (Thaïlande), et à Ceylan (Sri Lanka). Les dix-sept missionnaires qui furent envoyés prirent certains des tout premiers contacts que les saints des derniers jours aient eus avec des non-chrétiens (voir Asie, l’Église en : Asie de l’Est). À cause de des guerres civiles, du rejet et des difficultés linguistiques et culturelles, l’œuvre dans la plupart des pays ne dura que quelques mois ; néanmoins, l’œuvre en Inde continua jusqu’en 1856. Bien que quelques tentatives eussent été faites au début du vingtième siècle, l’Église n’entreprit plus aucun effort d’envergure pour s’établir dans les pays non chrétiens, notamment en Asie, jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale.
Stimulée par l’expérience des militaires de l’Église en Asie pendant et après la guerre, l’Église ouvrit des missions en Asie de l’Est à la fin des années 1940. Depuis lors, des paroisses et des pieux dirigés par les membres locaux ont été créés au Japon, en Corée du Sud, à Hong-Kong, à Taiwan et aux Philippines ; des temples ont été construits dans tous ces endroits.
Dans les années 1970 et 1980, l’Église a grandi dans les pays du sud-est asiatique tels que Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie et dans les pays du sud asiatique, l’Inde et le Sri Lanka. Bien que de petits débuts aient été réalisés dans quelques pays musulmans, la croissance de l’Église dans ces pays a été limitée.
Les programmes des services de santé de l’Église aux Philippines et l’aide aux réfugiés en Thaïlande ont eu un accueil favorable. Les contacts de haut niveau avec les autorités gouvernementales dans beaucoup de pays ont donné lieu à une réponse positive aux valeurs de l’Église et de ses membres. De façon générale, l’Église a fait des efforts soutenus pour rester sensible aux lois et aux coutumes locales, notamment les règlements basés sur le sentiment religieux.
La croissance de l’Église en Afrique s’est principalement produite dans le dernier trimestre du vingtième siècle, particulièrement après la révélation de 1978 permettant à tous les hommes dignes de détenir la prêtrise (voir Afrique, l’Église en; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle–2). Des assemblées ont été établies dans plusieurs pays et la population de l’Église se développe rapidement. Ces dernières années, l’Église s’est jointe à diverses organisations caritatives pour envoyer des secours contre la famine aux pays en détresse du continent africain (voir Aide économique).
Dans le domaine éducatif, les centres de formation pour les missionnaires enseignent beaucoup de langues étrangères et donnent des cours sur les religions et les cultures des pays non occidentaux, et à des fins éducatives, des « culturegrams » ont été mis au point qui sont maintenant utilisés par les organismes gouvernementaux des États-Unis. En outre, des cours sont donnés sur les religions du monde dans les institutions d’enseignement supérieur. De plus, des colloques sur l’Islam et sur les religions d’Afrique ont été accueillis à l’université Brigham Young avec la participation d’un certain nombre de dirigeants et de savants religieux distingués.
Dans beaucoup de pays, l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est regardée comme une église américaine. Cependant, les dirigeants de l’Église ont fortement souligné qu’elle est universelle, une église pour tous les hommes de partout (voir Religions du monde (non chrétiennes) et mormonisme). Un exposé magistral fait en 1974 par le président Spencer W. Kimball a souligné la responsabilité de l’Église de parler de l’Évangile à tous les enfants de Dieu (Ensign 4, oct. 1974, pp. 2-14). En conséquence, dans la dernière moitié du vingtième siècle, l’Église a fait des efforts plus importants pour s’établir dans le monde entier.
D’une manière générale, l’ouverture des saints aux non-chrétiens a eu un effet positif et vivifiant sur les membres de l’Église, a fortement renforcé la population de l’Église et a suscité une prise de conscience accrue des différences culturelles aussi bien que la bonne volonté de travailler en tenant compte de ces différences.

Bibliographie
Palmer, Spencer J. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Palmer, Spencer J., dire. de publ. Mormons and Muslims. Provo, Utah, 1983.
SOREN F. COX

Repentir
Auteur: LYON, JAMES K.

Le repentir est le processus par lequel les humains délaissent ou surmontent les péchés en changeant les mentalités, les comportements et les actes qui sont en contradiction avec les enseignements de Dieu, conformant ainsi davantage leur vie à sa volonté. Pour employer les termes d’un prophète moderne, le repentir, c’est «changer d’avis en ce qui concerne les actions ou la conduite passées ou envisagées» (McKay, p. 14). Paul observe que «tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (Ro. 3:23). Pour cette raison, le Seigneur «a donné le commandement que tous les hommes doivent se repentir» (2 Né. 2:21; Moï. 6:57). Cela signifie que le repentir est exigé de toute âme qui n’a pas atteint la perfection.
Le repentir joue un rôle essentiel dans les relations de Dieu avec ses enfants depuis qu’ils ont été mis sur la terre. Les prophètes de l’Ancien Testament ont constamment appelé les enfants d’Israël, individuellement et collectivement, à se repentir, à se détourner de la rébellion, de l’apostasie et du péché et à se tourner vers Dieu et vers une vie juste. L’œuvre de Jésus-Christ sur terre, à l’époque du Nouveau Testament, peut être décrite comme un ministère de repentir, c’est-à-dire comme une invitation aux enfants de Dieu à retourner à leur Dieu en changeant de mode de pensée et de comportement et en devenant plus semblables à Dieu. Le Sauveur a enseigné: «Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Mt. 5:48). Les apôtres du Christ ont été appelés principalement à prêcher la foi au Christ et à déclarer le repentir au monde entier (Mc. 6:12). De nos jours, peu de thèmes apparaissent de manière aussi généralisée que celui-ci dans les révélations du Seigneur. Il a donné aux prophètes modernes et à tous les messagers de son Évangile le commandement répété de ne parler «que de repentir à cette génération» (D&A 6:9). Le prophète Joseph Smith a dit du repentir et de la foi en Jésus-Christ que c’étaient les deux principes fondamentaux de l’Évangile (4e A de F). Et l’Évangile lui-même a été appelé «un Évangile de repentir» (D&A 13; 84:27).
Aujourd’hui comme hier, le terme «repentir» signifie littéralement tourner le dos au péché et inverser son attitude et son comportement. Son but est de développer la nature divine dans toutes les âmes mortelles en les libérant des pensées et des actions mauvaises ou nuisibles et de les aider à devenir plus semblables au Christ en remplaçant «l’homme animal» (1 Co. 2:14) par «l’homme nouveau» en Christ (Ép. 4:20-24).
Ce processus est non seulement nécessaire pour préparer les humains à retourner vivre avec Dieu, mais il augmente leur capacité d’aimer leurs semblables. Ceux qui se sont réconciliés avec Dieu ont la compréhension spirituelle, le désir et le pouvoir nécessaires pour se réconcilier avec leurs semblables. Dieu a commandé à tous les humains de se pardonner: «Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes» (D&A 64:10). Comme Dieu montre son amour en pardonnant («Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché», Jé. 31:34), de même ses enfants, en pardonnant aux autres, reflètent également cet amour.
Le vrai repentir, quoique rarement facile, est essentiel au bonheur personnel, à la progression émotionnelle et spirituelle, et au salut éternel. C’est la seule manière efficace à la disposition des mortels pour se libérer des effets permanents du péché et du fardeau inévitable de culpabilité qui l’accompagnent. Pour ce faire, plusieurs changements bien déterminés doivent se produire. Il faut d’abord que l’on reconnaisse qu’une attitude ou une action est contraire aux enseignements de Dieu et que l’on en éprouve un chagrin et un remords sincères. Paul l’appelle «la tristesse selon Dieu» (2 Co. 7:10). D’autres Écritures décrivent cet état d’esprit comme étant «un cœur brisé et [un esprit] contrit» (Ps. 51:17; 2 Né. 2:7; 3 Né. 9:20). Cette prise de conscience doit produire un changement d’attitude intérieur. Le prophète Joël a exhorté Israël ainsi: «Déchirez vos cœurs et non vos vêtements» (Joël 2:12-13), produisant ainsi la transformation intérieure nécessaire pour entamer le processus du repentir.
Une certaine forme de confession est également nécessaire au repentir. Dans certains cas, le transgresseur peut devoir confesser à la personne ou aux personnes lésées ou blessées et demander pardon; dans d’autres cas, il peut être nécessaire de confesser les péchés à un dirigeant de l’Église autorisé à recevoir de telles confessions; dans d’autres cas encore, une confession à Dieu seul peut être suffisante; et parfois les trois formes de confession peuvent être nécessaires.
En outre, le repentir exige des réparations auprès des tiers qui ont souffert à cause du péché. Autant que possible, ceci devrait être fait par la réparation des pertes ou des dommages physiques ou matériels. Même lorsque ce n’est pas possible, le repentir exige d’autres actions tout aussi importantes, telles que des excuses, de plus grands actes de bonté et de service envers les personnes offensées, un engagement intensifié envers l’œuvre du Seigneur ou tout cela ensemble.
Enfin, pour que le repentir soit complet, on doit abandonner le comportement pécheur. Un changement de cœur commence le processus; un changement extérieur de direction manifeste, se traduisant par de nouveaux modes de comportement, doit le compléter (Mos. 5:2). Lorsque les actes extérieurs ne changent pas, cela signifie que le pécheur ne s’est pas repenti et le poids de l’ancien péché revient (D&A 82:7; cf. Mt. 18:32-34).
Un but du repentir est de servir l’intérêt des personnes en fournissant, par le pardon, le seul et unique moyen de soulager la souffrance qui accompagne le péché: «Voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi» (D&A 19:16-17).
Le Seigneur a à plusieurs reprises promis que tous ceux qui se repentent complètement trouveront le pardon de leurs péchés, ce qui, de son côté, apporte une grande joie. Les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue sont des exemples de la joie qu’il y a dans les cieux pour un seul pécheur qui se repent (Lu. 15:4-10); la parabole du fils prodigue illustre la joie qu’il y a dans les cieux et le même genre de joie dans le cercle de famille et d’amis et chez le fils repentant lui-même d’avoir abandonné le péché (Lu. 15:11-32).
Bien que le repentir soit indispensable au salut éternel et au bonheur terrestre, il ne suffit pas en lui-même pour réunir une personne avec Dieu. Le repentir complet exige d’abord la foi au Seigneur Jésus-Christ, laquelle suscite à son tour la motivation et le pouvoir forts pour se repentir. Les deux sont nécessaires pour le baptême, la réception du don du Saint-Esprit et l’appartenance au royaume du Seigneur et doivent donc les précéder. Après avoir éveillé la foi au Christ dans le cœur de ses auditeurs le jour de la Pentecôte, Pierre leur a fait cette exhortation: «Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint–Esprit» (Ac. 2:38). Ce n’est qu’avec le repentir requis, symbolisé par «un cœur brisé et un esprit contrit» et l’abandon d’anciennes façons d’agir et de penser que l’on est prêt à être baptisé, à recevoir le Saint-Esprit et à avoir la rémission de tous les péchés précédents. Par le baptême, la personne repentante entre dans le royaume de Dieu en faisant l’alliance de se souvenir toujours du Christ et de garder ses commandements. La rémission des péchés se fait «par le feu et par le Saint-Esprit» (2 Né. 31:17; D&A 20:37).
Puisque le repentir est un processus continu dans les efforts que nous faisons ici-bas pour ressembler au Christ, sa nécessité ne diminue jamais. Il doit être appliqué activement et quotidiennement par les humains qui reconnaissent et s’efforcent de surmonter le péché et l’erreur et persévèrent ainsi jusqu’à la fin. Pour cette raison, le Seigneur a institué un moyen par lequel toute personne qui s’est repentie et a contracté l’alliance du baptême peut la renouveler en prenant la Sainte-Cène en mémoire de lui. Cette période d’examen de conscience permet de réfléchir aux promesses faites au baptême, qui étaient de prendre sur soi le nom du Christ, de se souvenir toujours de lui et de garder ses commandements. Ainsi, le processus du repentir est maintenu vivant grâce à cette période fréquente de réflexion pendant que le participant prend les symboles du corps et du sang du Christ en souvenir de son sacrifice pour expier les péchés humains.
Les Écritures nous informent que «cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu» et que le prétendu repentir sur le lit de mort n’est habituellement pas efficace:
«Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse: Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel… si vous avez différé le jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle comme siens» [Alma 34:32-35].
Pour retourner dans la présence de Dieu, les mortels doivent s’efforcer pendant cette vie d’atteindre les qualités chrétiennes, que l’on ne peut acquérir qu’en se détournant du péché. Le fait de remettre ce genre d’efforts à plus tard bloque l’exercice de la foi essentiel au repentir, empêche l’action du Saint-Esprit et retarde l’acquisition des qualités personnelles qui se reflètent dans le «cœur brisé et l’esprit contrit» nécessaire pour vivre en la présence de Dieu.
Le repentir est l’un des principes rédempteurs les plus puissants de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ. Sans lui, il n’y aurait aucune progression éternelle, aucune possibilité de ressembler au Christ, aucun soulagement du fardeau de culpabilité que chaque humain endosse dans une vie. Avec lui, il y a la promesse glorieuse exprimée par Ésaïe que le pardon est possible même pour les péchés graves: «Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine» (És. 1:18).

Bibliographie
Gillum, Gary P. "Repentance Also Means Rethinking." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, pp. 406-437. Salt Lake City, 1990.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Kimball, Edward L., pp. 80-114. Salt Lake City, 1982.
McKay, David O. Gospel Ideals, pp. 12-14. Salt Lake City, 1953.
JAMES K. LYON

Résurrection
Auteur: CALLISTER, DOUGLAS L.

La résurrection est la réunion de l'esprit avec un corps physique immortel. Le corps déposé au tombeau est mortel; le corps physique ressuscité est immortel. La totalité de l'homme, l'esprit et le corps unis, est définie dans l'Écriture moderne comme étant «l’âme» de l'homme. La résurrection des morts constitue la rédemption de l'âme (D&A 88:15-16).
Bien que l'idée de résurrection ne soit pas exprimée explicitement dans l'Ancien Testament, il y a quelques allusions nettes (par exemple, 1 S. 2:6; Job 14:14; 19:26; Es. 26:19; Da. 12:2). Et dans le Nouveau Testament, la résurrection de Jésus-Christ, prototype de toutes les résurrections, est un message essentiel et central: «Je suis la résurrection et la vie» (Jn. 11:25).
La preuve de la résurrection du Christ est considérablement renforcée pour les saints des derniers jours par d'autres comptes-rendus de visitations du Christ après sa résurrection (voir Jésus-Christ: Ministère de Quarante Jours et autres apparitions postérieures à la Résurrection de Jésus-Christ). Par exemple, dans le récit de 3 Néphi dans le Livre de Mormon, une multitude entière le voit, l’entend et le touche quand il lui apparaît dans sa gloire transcendante d’être ressuscité. Les saints des derniers jours acceptent ce document comme texte sacré antique. À la tendance de certaines écoles de savants extérieurs à l'Église de séparer radicalement le «Jésus de l'histoire» et le «Christ de la foi» et d'attribuer la foi en la résurrection à des interprètes tardifs s’opposent ces documents postérieurs et par la révélation moderne.
Les témoins antiques, dont Paul, ont acquis leur certitude de la réalité de la Résurrection en voyant le Christ ressuscité. C’est de la part de ce genre de témoins que les saints des derniers jours acceptent l’information qu'à la résurrection du Christ «les sépulcres s’ouvrirent» dans le vieux monde et le nouveau et «plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent» (Mt. 27:52; 3 Né. 23:9-10). Dans la dispensation actuelle, des êtres ressuscités, notamment Jean-Baptiste, Pierre, Jacques et Moroni 2 sont apparus et ont servi Joseph Smith et Oliver Cowdery.
Dans la théologie du judaïsme et de certaines confessions chrétiennes, la résurrection a souvent été comprise figurativement, c’est-à-dire redéfinie comme symbole d’immortalité d'un certain aspect de l'homme tel que l'intelligence active ou de l'âme considérée comme une entité immatérielle. Par contraste, le naturalisme scientifique tend à rejeter le concept de l'âme et de la résurrection corporelle. Les saints des derniers jours ne partagent pas les suppositions qui sont à la base de ces dogmes. Selon la compréhension des saints, l'esprit de l’individu n'est pas immatériel, mais est constitué d’une matière pure et raffinée: «Elle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la résurrection» (EPJS, p. 167). L'identité et la personnalité persistent avec l'esprit et, après la résurrection, l'esprit demeurera pour toujours dans un corps physique.
Pour le platonisme et le gnosticisme, incarnation signifie emprisonnement, descente ou association avec ce qui est intrinsèquement mauvais. Par contre, les Écritures enseignent que le corps physique est une étape ascendante dans la progression et la perfection de tous. Le corps est sacré, un temple (1 Co. 3:16; D&A 93:35). La Rédemption n'est pas une fuite par rapport à la chair mais sa consécration et sa transformation. Joseph Smith enseigne: «Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste» (EPJS, p. 145). D'autre part, s’il est souillé, déformé et maltraité, le corps peut être un instrument de dégradation, un ennemi de la spiritualité véritable.
Contrairement à la notion que les pouvoirs subtils de l'intellect ou de l'âme doivent finalement dépasser le corps ou tout ce qui est corporel, le prophète Joseph Smith enseigne que tous les êtres «qui ont un corps ont du pouvoir sur ceux qui n'en ont pas» (EPJS, p. 152; 2 Né. 9:8). Au minimum, ceci est interprété comme signifiant que les pouvoirs intellectuels et spirituels sont augmentés par l’association avec la chair. Il s’ensuit que le fait pour l’esprit d’être longtemps absent du corps dans le royaume des esprits désincarnés en attendant la résurrection est considéré non comme un état béatifique ou bienheureux, mais comme une servitude (D&A 45:17; 138:50). De plus, «l’esprit et l’élément [le corps d'esprit et le corps physique], inséparablement liés, [peuvent recevoir] une plénitude de joie ; et lorsqu’ils sont séparés, l'homme ne peut recevoir de plénitude de joie» (D&A 93:33, 34).
Contrairement à l’idée que le corps, une fois enterré ou incinéré, n'a aucun résidu identifiable, Joseph Smith a enseigné que «il n'y a aucun principe fondamental appartenant à un système humain qui entre jamais dans un autre en ce monde ou dans le monde à venir» (HC 5:339). La désintégration chimique n'est pas une destruction finale. Le corps ressuscité est tangible, mais quand la chair est vivifiée par l'Esprit il y aura «de l’esprit dans leurs [veines] et pas du sang» (WJS, p. 270; voir également EPJS, p. 298).
La résurrection est aussi universelle que la mort. Tous doivent mourir et tous doivent ressusciter. C'est un don gratuit à tous les hommes. Ce n'est pas le résultat de l'exercice de la foi ou de bonnes œuvres accumulées. Le prophète Amulek du Livre de Mormon déclare: «Ce rétablissement se fera pour tous, jeunes et vieux, esclaves et libres, hommes et femmes, méchants et justes» (Al. 11:44; cf. EPJS, pp. 160-161, 236-239, 250-251, 258-260, 261-263).
Tous ne ressusciteront pas en même temps, «mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement» (1 Co. 15:23). «Voici, il y a un temps fixé où tous se lèveront d'entre les morts» écrit Alma, pour se tenir incarnés devant Dieu pour être jugés pour leurs pensées, leurs paroles et leurs actes (Al. 40:4).
«Tous les hommes sortiront du tombeau tels qu’ils s’y sont couchés, qu’ils soient vieux ou jeunes» (EPJS, p. 161). Et celui qui vivifie tout «transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire» (Ph. 3:21). «Le corps se lèvera tel qu’il a été déposé, parce qu’il n'y a ni croissance ni développement dans la tombe. Il se lèvera tel qu’il aura été déposé et les changements vers la perfection se produiront en vertu de la loi de la restitution. Mais l'esprit continuera de s’accroître et de se développer, et le corps, après la résurrection, se développera pour atteindre la stature complète de l'homme» (Joseph F. Smith, IE 7, juin 1904, pp. 623-624).
Le corps ressuscité sera adapté aux conditions et à la gloire auxquelles la personne est affectée le jour du jugement. «Certains demeurent dans une gloire plus haute que d'autres» (EPJS, p. 298). Les Doctrine et Alliances enseignent: «Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié» (D&A 88:28) et trois gloires sont indiquées (D&A 76). Paul (1 Co. 15:40) a également mentionné trois gloires de corps ressuscités: une semblable au soleil (céleste), une autre semblable à la lune (terrestre) et la troisième semblable aux étoiles. Dans une révélation donnée à Joseph Smith, la gloire des étoiles est qualifiée de téleste (D&A 76). L’éclat de ces gloires diffère tout comme celui du soleil, de la lune et des étoiles tel que vu de la terre. «Ainsi en est–il de la résurrection des morts» (1 Co. 15:40-42).
Dans un sens général, la résurrection peut être divisée en résurrection des justes, également appelée première résurrection, et la résurrection des injustes ou dernière résurrection. La première résurrection a débuté avec la résurrection du Christ et de ceux qui sont sortis des tombeaux immédiatement après. De manière beaucoup plus considérable, elle précédera le règne millénaire inauguré par «la seconde venue» du Sauveur (D&A 45:44-45; cf. 1 Th. 4:16-17). À ce moment-là, certains ressusciteront pour aller à sa rencontre au moment où il descendra en gloire. Cette première résurrection continuera en bon ordre pendant tout le millénium. Les justes qui vivent sur terre et qui meurent pendant le millénium connaîtront une résurrection immédiate. Leur transformation aura lieu en un «clin d’œil» (D&A 63:51). La première résurrection concerne les gloires céleste et terrestre.
La résurrection finale, ou résurrection des injustes, se produira à la fin du millénium. Pour employer les termes de l'Apocalypse: «Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis» (Ap. 20:5). Cette dernière résurrection concernera ceux qui sont destinés à la gloire téleste et à la perdition.
Le prophète Joseph Smith dit à propos des aperçus visionnaires qu’il a eus de la Résurrection: «Le même esprit glorieux leur donne l’aspect de la gloire et de l’épanouissement; le vieil homme aux cheveux argentés sera glorieux dans l’épanouissement et la beauté. Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut l'écrire» (EPJS, p. 298). Pour ce qui est de la doctrine de la résurrection en tant que «principes de consolation», il plaide: «Que ces vérités descendent donc dans notre cœur, afin que nous commencions dès à présent à jouir de ce qui sera un jour dans la plénitude.» Il ajoute: «Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par la vision du Tout-Puissant» (EPJS, p. 238).
L'espoir d'une résurrection glorieuse sous-tend le rayonnement qui a caractérisé la foi des saints du Nouveau Testament aussi bien que de ceux qui ont depuis fait en sorte que cette foi reste vivante dans le monde, notamment les saints des derniers jours.

Bibliographie
Ballard, Melvin J. "The Resurrection". Dans Melvin Ballard… Crusader for Righteousness, dir. de publ. Melvin R. Ballard. Salt Lake City, 1966.
Nickelsburg, George W. Resurrection, Immortality, and Eternal Life in Intertestamental Judaism. Cambridge, Mass., 1972.
Smith, Joseph F. GD.
Talmage, James E. AF.
DOUGLAS L. CALLISTER

Révélation
Auteur: RIDDLE, CHAUNCEY C.

La réception de révélations personnelles est une partie essentielle et distinctive de l’expérience religieuse des saints des derniers jours. La réponse à la révélation personnelle est considérée comme la base de la vraie foi au Christ et la force de l’Église consiste en cette réponse fidèle des membres à leurs révélations personnelles. Le but de la révélation et de la réponse de la foi est d’aider les enfants des hommes à aller au Christ et à apprendre à s’aimer les uns les autres de ce même amour pur dont le Christ les aime.
TYPES DE RÉVÉLATION. Une dispensation de l’Évangile de Jésus-Christ est une série de révélations personnelles venant de Dieu. Ces révélations peuvent être des manifestations directes de Dieu, comme dans les cas typiques suivants:
1. Les théophanies (voir Dieu face à face), comme dans la première vision du prophète Joseph Smith, qui s’est produite au début de la dispensation (JS–H 1:15-20)
2. La connaissance révélée par le Père que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt. 16:13-17; voir aussi Esprit de prophétie)
3. Les visitations d’anges comme l’apparition de l’ange Moroni à Joseph Smith (JS–H 1:30-32)
4. Les révélations par l’urim et le thummim, moyen par lequel Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon
5. Les visions, comme quand Joseph Smith et Sidney Rigdon ont vu les royaumes de l’au-delà (voir Doctrine et Alliances: Section 76)
6. Une perception audible de la voix de Dieu, comme dans 3 Néphi 11
7. La réception du murmure doux et léger du Saint-Esprit, comme dans l’expérience d’Élie (1 Né. 19)
8. La réception les dons de l’Esprit (D&A 46)
9. La sensation d’une brûlure dans la poitrine indiquant la volonté de Dieu, comme dans l’explication donnée à Oliver Cowdery (D&A 9:8)
10. Un songe (1 Né. 8:2-32)
11. Les manifestations de la lumière du Christ, par laquelle tous les hommes distinguent le bien du mal (Alma 12:31-32; D&A 84:46-48).
Les manifestations directes de la volonté de Dieu comme celles-là sont qualifiées de dons et font contraste avec les signes. Les dons ont toujours un composant spirituel, même lorsqu’ils ont un aspect physique. Les signes sont des manifestations physiques de la puissance de Dieu et sont une forme de révélation de Dieu, mais ils peuvent être contrefaits et mal interprétés. Les signes peuvent prouver que Dieu est à l’œuvre, mais il faut les dons spirituels pour savoir comment y répondre.
RÉVÉLATION À L’ÉGLISE. Dans chaque dispensation, Dieu nomme son prophète pour guider son peuple. Le but du prophète n’est pas d’être un intermédiaire entre Dieu et les autres, bien qu’il doive souvent l’être. Son but est plutôt d’aider les autres à recevoir de Dieu la révélation personnelle que lui, le prophète, a enseigné la vérité de Dieu qui montrera la voie vers le Christ.
Le prophète, comme chef de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, et toutes les autres personnes qui président dans l’Église: les Autorités générales, les présidents de pieu, les évêques, les présidences générales et les parents, peuvent recevoir la révélation au profit de ceux sur lesquels ils président. Ces révélations peuvent être transmises aux membres de l’Église par les discours de conférence et autres et lors d’entretiens personnels. Mais toute personne a le droit de savoir par révélation personnelle que les messages donnés par les autorités présidentes sont vraiment du Sauveur lui-même. Le président Brigham Young a dit son inquiétude que le peuple des saints des derniers jours «ait tellement confiance en ses dirigeants» qu’il «s’installe dans un sentiment de sécurité aveugle», abandonnant la responsabilité d’obtenir sa propre révélation: «Que tous sachent, par l’inspiration que leur donne l’Esprit de Dieu, si leurs dirigeants marchent ou non sur le chemin que Dieu impose» (JD 9:150; DBY p. 137).
Les collèges présidents de l’Église ont droit à la révélation pour l’Église en matière de doctrine, de règles, de programmes, d’appels et de mesures disciplinaires, selon que chacun de ces points relève d’un collège donné. Les décisions de ces collèges ne peuvent se faire que par la révélation personnelle et individuelle de Dieu à chaque membre de ce collège. «Et toute décision prise par l’un ou l’autre de ces collèges doit l’être à l’unanimité des voix qui le composent; c’est-à-dire que chaque membre de chaque collège doit être d’accord avec ses décisions pour que les décisions prises aient le même pouvoir ou la même validité dans l’un que dans l’autre» (D&A 107:27).
Les Écritures contiennent les écrits inspirés des prophètes désignés par Dieu et sont communiquées aux autres pour leur édification (D&A 68:2-4). C’est par ce moyen que les hommes ont reçu les paroles inspirées qui se trouvent dans les Ancien et Nouveau Testaments. C’est par la révélation que le prophète Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon: Traduction par Joseph Smith) et a reçu ce qui est exposé dans les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix. Les saints des derniers jours s’attendent à ce que d’autres écrits prophétiques soient un jour révélés et que les écrits des prophètes d’autrefois que le monde a maintenant perdus soient restaurés (2 Né. 29:11-14; D&A 27:6; voir aussi Écritures: Écritures à venir). Le vrai sens de toutes les Écritures doit être révélé, par le pouvoir du Saint-Esprit, à chaque lecteur ou auditeur (2 Pi. 1:20; D&A 50:17-24).
RÉVÉLATION PERSONNELLE. Après le baptême et la confirmation, chaque membre a droit, quand il est digne, à la compagnie constante du Saint-Esprit (voir Don du Saint-Esprit). C’est grâce à cette compagnie que tous les dons de l’Esprit sont révélés aux personnes fidèles qui accomplissent leurs oeuvres sur terre en justice par les dons et le pouvoir de Dieu qui leur sont révélés, à eux, et par leur intermédiaire (Mro. 10:25). Les difficultés qui attendent celui qui veut vivre selon la révélation personnelle sont: (1) distinguer la révélation de Dieu par son Saint-Esprit des pensées et des désirs personnels et de l’influence de Satan (voir Démons); (2) suivre les enseignements et les directives du prophète vivant de Dieu; et (3) vivre selon chaque parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4:4; Jn. 3:5-8; D&A 50:13-24; 98:11-13; De. 8:3).
Dans les sociétés modernes, l’idée d’une révélation divine est généralement discréditée pour beaucoup de raisons, notamment les actes violents que certains ont commis tout en prétendant à la direction divine. Mais Dieu a fait savoir par le rétablissement de l’Évangile que la révélation est à la disposition de tous ceux qui la cherchent et que le fait de ne pas rechercher les recommandations et les directives spirituelles est en soi une erreur et une forme de vœu pieux. Les humains ont un esprit éternel et chaque personne ressent les influences surnaturelles qui agissent sur son esprit. Il y a mieux à faire qu’ignorer le côté spirituel de soi-même et c’est d’étudier les expériences spirituelles que l’on a personnellement jusqu’à ce qu’elles aient un sens. Ceux qui reconnaissent les expériences spirituelles sont appelés «ceux qui ont le cœur honnête» et ils sont candidats aux richesses révélées de la piété (D&A 8:1; 97:8).
La révélation fondamentale de Dieu est la connaissance du bien par la Lumière du Christ (Jean 1:9). Le prophète Léhi a enseigné à ses enfants qu’à cause des choix faits par Adam et Ève, leurs descendants reçoivent la connaissance surnaturelle du bien et du mal, rendant nécessaire le choix entre les deux pour que soit atteint le but de la vie terrestre. Après la condition mortelle, Dieu rend éternellement à chaque être humain le bien ou le mal que chacun a choisi dans la vie (Alma 41:1-5; 2 Né. 2:27).
Mais avant tout jugement final, l’Évangile de Jésus-Christ sera enseigné à tout le monde par le pouvoir du Saint-Esprit. Cet Évangile est la bonne nouvelle que le Fils de Dieu aidera toutes les personnes à cesser de faire le mal et les sauvera des conséquences de tout le mal qu’elles ont fait si elles croient en lui et se repentent. Le fait d’accepter cette révélation constitue la foi en Jésus-Christ, qui, si elle continue, peut apporter des révélations supplémentaires de Dieu: davantage d’instructions, les dons de l’Esprit, la connaissance donnée par les ordonnances salvatrices de la nouvelle alliance éternelle, les visitations d’anges, les visions, la révélation qui consiste à connaître Dieu lui-même face à face et, finalement, la révélation que c’est de recevoir la plénitude de l’état divin, de devenir cohéritiers du Christ (D&A 121:29).
Le concept mormon qui veut que la révélation individuelle soit le fondement de toute l’expérience humaine permet d’expliquer d’autres enseignements distinctifs des saints. Ce qui permet de faire la distinction qui s’impose entre la révélation surnaturelle et sa contrefaçon est cette connaissance fondamentale du bien et du mal. Les hommes doivent expérimenter en étant aussi honnêtes de cœur et d’esprit que possible, jusqu’à ce qu’ils puissent voir clairement ce qui est bon et ce qui est mauvais. Ceux qui apprennent à distinguer le bien du mal dans cette vie peuvent alors distinguer le bon esprit de l’esprit mauvais. Ils peuvent alors distinguer le véritable Évangile de Jésus-Christ de ses contrefaçons, le vrai chemin de la justice des fausses routes que sont la violation et la trahison des alliances et le Dieu vrai et vivant de l’image de Dieu produite par leurs propres vœux pieux (Mro. 7:5-19).
Joseph Smith a enseigné aux saints comment reconnaître et recevoir la révélation:
«On peut en profiter en faisant attention au tout premier signe de l’Esprit de révélation; par exemple, lorsque vous sentez l’intelligence pure couler en vous; elle peut vous donner des inspirations soudaines, de sorte qu’en le remarquant vous pouvez le voir s’accomplir le même jour ou bientôt; (c.-à-d.) les choses qui ont été présentées à votre esprit par l’Esprit de Dieu se réaliseront, et ainsi en apprenant l’Esprit de Dieu et en le comprenant, vous pouvez progresser dans le principe de la révélation jusqu’à ce que vous deveniez parfaits en Christ Jésus» [EPJS, p. 118].
Apprendre à communiquer avec les autres par les dons de ce Saint-Esprit permet d’être prophète ou prophétesse de Dieu. Les saints des derniers jours croient que par la révélation divine chaque enfant du Christ peut, et devrait, devenir un prophète ou une prophétesse pour l’intendance qui lui a été divinement confiée (No. 11:29), se tenant à ce qui est bon et rejetant ce qui est mal (1 Th. 5:19-21).
Ainsi, le problème humain n’est pas d’obtenir la révélation, mais de comprendre la révélation que l’on reçoit, de ne répondre qu’à ce qui est bon et de ne donner que ce qui est bon. Il est conseillé aux serviteurs du Christ de rechercher chez lui et chez lui uniquement la lumière et la vérité. Il leur est dit qu’ils ne doivent recevoir l’avis d’aucun être ni écouter aucune personne à moins qu’elle ne parle par le pouvoir du Saint-Esprit. La vérité, la lumière, le pouvoir juste et le salut viennent d’en haut, de Dieu lui-même, par la révélation divine, et pas des êtres humains ou d’en bas (2 Né. 28:30-31).

Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound, pp. 284-309. Salt Lake City, 1983.
Oaks, Dallin H. “Revelation”. Dans Brigham Young University 1981-82 Fireside and Devotional Speeches, pp. 20-26. Provo, Utah, 1982.
Packer, Boyd K. “Revelation in a Changing World”. Ensign 19, nov. 1989, pp. 14-16.
Wright, H. Curtis. “The central Problem of Intellectual History”. Scholar and Educator 12, automne 1988, pp. 52-68.
CHAUNCEY C. RIDDLE

Révélations non publiées
Auteur : CALDWELL, C. MAX

Toutes les révélations de Dieu à ses prophètes modernes n’ont pas été officiellement publiées et encore moins acceptées par consentement commun de l'Église comme Écritures canoniques. De même que les compilateurs de la Bible ont dû décider des textes qu’il fallait inclure, le même genre de décision a été pris dans cette dispensation en ce qui concerne les révélations modernes. Au départ, ce processus a été suivi par ceux que le prophète Joseph Smith avait désignés pour rassembler les textes révélés, les organiser et, sous sa supervision, imprimer le Livre des Commandements (1833) et les Doctrine et Alliances (1835). Ils y ont inclus les révélations qui concernaient «l'établissement et… l’administration du royaume de Dieu sur la terre dans les derniers jours » (D&A [1981], « Introduction»). Les saints des derniers jours croient que l'inspiration divine a joué un rôle dans ces choix (DS 3:202).
Cependant, beaucoup de révélations ne sont pas incluses dans les ouvrages canoniques; par exemple, celles données à des personnes déterminées dans des circonstances particulières contenant des instructions personnelles plutôt que des points de doctrine pour l'Église. On en trouve beaucoup dans la History of the Church ou dans les recueils de documents de l'Église. Il y a, par exemple, une révélation appelant John E. Page à aller à Washington, D.C. (HC 6:82), et une révélation sur la division de la Firme unie (Kirtland Revelation Book, p. 111). Sont aussi exclues les ordonnances du temple et d'autres sujets sacrés non publiés pour le monde.
L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours considère son canon d'Écritures comme ouvert et deux révélations anciennes ont été ajoutées au canon en 1979 (D&A 137 et 138). Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F).
Un autre exemple de révélation reçue mais non publiée est celle qui sous-tend l'annonce faite par la Première Présidence étendant, en juin 1978, la prêtrise à tous les membres masculins de l'Église qui sont dignes. Seule une déclaration officielle au sujet de cette révélation a été publiée (voir Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2). D'autres changements dans l'Église, telle que l'extension récente du rôle des soixante-dix, l’accélération de la construction de temples et l’accroissement de l’activité missionnaire, sont considérés par les saints des derniers jours comme des manifestations de la direction divine. La base révélée de ces changements n'est pas toujours publiée, comme ce l’était plus souvent dans les premières années de l'Église. Comme James E. Faust l’a déclaré, « À notre époque, Dieu a révélé comment administrer différemment une Église qui a plus de six millions de membres que quand il n’y avait que six membres dans l'Église » (Faust, p. 8).
Quelques auteurs ont essayé de rassembler et de publier des révélations qui sont attribuées aux prophètes mais qui ne sont pas publiées dans les Écritures. Certains de ces textes sont basés sur des sources crédibles, d'autres viennent de sources qui sont suspectes, sinon sans valeur. Quand une prétendue révélation contient des déclarations qui sont clairement en contradiction avec les ouvrages canoniques et les déclarations officielles de la Première Présidence, elle doit être considérée comme fausse.
À l’époque biblique, il arrivait que de faux prophètes parlent et écrivent au nom d'autres et prétendent avoir des révélations de Dieu (cf. De. 18:20-22 ; Mt. 7:15). De même, aujourd'hui, il y a des gens qui trouvent des journaux intimes ou des documents contenant de soi-disant révélations. Le critère principal utilisé pour les évaluer est le suivant: « nul ne sera désigné pour recevoir des commandements et des révélations dans cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils, car il les reçoit tout comme Moïse… jusqu'à ce que [j’en] désigne un autre à sa place» (D&A 28:2, 7). Les saints des derniers jours croient que le droit de recevoir la révélation pour l'Église entière est réservé au président de l'Église.

Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Faust, James E. "Continuous Revelation." Ensign 19 (Nov. 1989):8-11.
C. MAX CALDWELL

Rigdon, Sidney
Auteur: VAN ORDEN, BRUCE A.

Sidney Rigdon (1793-1876) fut l’un des amis et des conseillers les plus proches de Joseph Smith. Il fut aussi un des premiers convertis à l’Église à jouir d’une certaine renommée, son orateur le plus persuasif dans la première décennie et premier conseiller dans la Première Présidence de 1832 à 1844. Après le martyre de Joseph Smith, le prophète, Rigdon devint l’un des apostats les plus connus de l’Église.
Rigdon naquit le 19 février 1793, dans une ferme dans l’arrondissement de St-Clair, près de Pittsburgh (Pennsylvanie), quatrième enfant et dernier fils de William Rigdon et de Nancy Briant. En 1817, tandis qu’il subvenait aux besoins de sa mère veuve à la ferme familiale, il connut une conversion chrétienne et, un an plus tard, se qualifia pour devenir prédicateur autorisé chez les Regular Baptists. Il alla s’installer dans l’ouest de l’Ohio pour prêcher sous la tutelle d’Adamson Bentley, pasteur baptiste populaire et, en juin 1820, il épousa Phebe Brooks, belle-sœur de Bentley. Après son ordination comme pasteur baptiste, Rigdon devint, en 1821, pasteur de la First Baptist Church à Pittsburgh. Réputé pour sa prédication dynamique, Rigdon attira des auditeurs jusqu’à ce que son assemblée devienne l’une des plus grandes de la ville. William Hayden, l’un de ses critiques, le décrit comme étant «de taille moyenne, rondelet, d’aspect ouvert et charmeur quand il parlait, avec une petite touche de la mélancolie. Ses gestes étaient gracieux, son langage copieux, son débit éloquent, avec une articulation claire et musicale» (cité dans Chase, p. 24).
Pendant toute la première phase de son ministère, Rigdon continua à rechercher l’Église pure du Nouveau Testament qui pratiquait l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit et la guérison des malades. Attiré vers Alexander Campbell et vers Walter Scott, des collègues dans le ministère qui entretenaient le même genre d’idées, Rigdon fréquenta les principaux membres de l’Association baptiste de Mahoning, précurseur du mouvement restaurationniste des Disciples du Christ (voir Restaurationnisme protestant). En 1826 il devint pasteur d’une assemblée de la Grand River Association à Mentor (Ohio). Mais en 1830, Rigdon rompit avec Campbell et Scott, lesquels constituèrent les Disciples du Christ, tandis que Rigdon créait une «famille» communale près de Kirtland.
À la fin d’octobre 1830, quatre missionnaires mormons rendirent visite à Rigdon en Ohio. L’un d’eux était Parley P. Pratt, que Rigdon avait converti aux baptistes réformés un an plus tôt. Pratt lui parla du Livre de Mormon et du rétablissement de l’Évangile par l’intermédiaire de Joseph Smith. Après deux semaines d’étude fervente, Rigdon annonça qu’il croyait que la nouvelle église était la véritable église apostolique rétablie sur la terre. À la mi-novembre 1830, il fut baptisé et ordonné ancien. Plus de cent membres de son assemblée communautaire de Kirtland entrèrent avec lui dans l’Église.
Rigdon, avec Edward Partridge, un jeune chapelier qui s’intéressait au mormonisme, partit presque immédiatement pour Fayette (New York), pour rencontrer Joseph Smith. Après leur arrivée, une révélation donnée à Joseph félicita Rigdon pour tout ce qu’il avait déjà fait, mais l’appela à «une œuvre plus grande», notamment celle de secrétaire du prophète sur sa «nouvelle traduction» de la Bible alors en cours (D&A 35; voir aussi Traduction de la Bible par Joseph Smith – TJS). En décembre 1830, Smith, avec l’aide de Rigdon, travailla au manuscrit qui devint par la suite les septième et huitième chapitres du livre de Moïse dans la Perle de Grand Prix.
Le compte-rendu fait par Rigdon de la moisson d’âmes dans la région de Mentor-Kirtland en Ohio a pu inciter Joseph à demander à être guidé pour déplacer le siège de l’Église; en décembre 1830, une révélation leur commanda de quitter New York pour l’Ohio (D&A 37; cf. 38). Le 1er février 1831, Joseph et Sidney arrivèrent à Kirtland où ils reprirent leur travail sur la traduction inspirée de la Bible.
Au cours de l’été de 1831, Joseph, Sidney et d’autres dirigeants voyagèrent vers Independence (Missouri), dont une révélation disait que c’était le lieu de la Sion moderne et de la nouvelle Jérusalem. Sidney reçut le commandement de consacrer le pays de Sion au rassemblement des saints et d’écrire une description du pays pour la publier (D&A 58:50). À leur retour en Ohio, Joseph et Sidney reprirent la traduction des Écritures et, le 16 février 1832, ils reçurent conjointement la vision des degrés de gloire, qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 76. En mars 1832, ils furent brutalement attaqués par des émeutiers et enduits de goudron et de plumes. Sidney reçut des blessures à la tête qui affectèrent de temps en temps sa stabilité émotionnelle pour le reste de sa vie. Son ami Newel K. Whitney dit qu’après cela il était «soit au fond de la cave, soit tout en haut à la fenêtre du grenier» (Chase, p. 115).
En mars 1833, Sidney Rigdon et Frederick G. Williams furent officiellement mis à part comme conseillers de Joseph Smith dans la Première Présidence. Sidney avait déjà été appelé comme conseiller de Joseph un an plus tôt, avant qu’il y ait une Première Présidence. En 1833, Rigdon fut également appelé comme «porte-parole» de l’Église et de Joseph Smith. Rigdon reçut la promesse qu’il serait «puissant dans l’explication de toutes les Écritures» (D&A 100:11). À ce même moment, Joseph disait de lui: «Frère Sidney est un homme que j’aime, mais il n’est pas capable d’avoir l’amour pur et constant pour ceux qui sont ses bienfaiteurs qui devrait caractériser un président de l’Église du Christ. Cela, avec quelques autres petites choses, telles que l’égoïsme et l’indépendance d’esprit… sont ses défauts. Mais malgré cela, c’est un homme très grand et très bon, un homme qui manie les mots avec une grande puissance et qui peut gagner très rapidement l’amitié de ses auditeurs. C’est un homme que Dieu soutiendra s’il reste fidèle à son appel» (HC 1:443).
En 1834, Rigdon aida au recrutement de volontaires pour le camp de Sion et, tandis que Joseph était parti pour cette entreprise, eut la charge des affaires à Kirtland, notamment la construction du temple (voir Temple de Kirtland). Il fut l’instructeur principal à l’école de Kirtland et aida à arranger les révélations pour la publication de l’édition de 1835 des Doctrine et Alliances (voir Écoles des prophètes). Sous la direction du prophète, Sidney aida à la rédaction et à la diffusion de plusieurs des Lectures on Faith [Conférences sur la Foi] doctrinalement riches. Il faisait souvent de longs sermons extravagants basés sur la Bible, notamment un lors de la consécration du temple de Kirtland. Lors des persécutions qui suivirent, en 1838, la faillite de la Kirtland Safety Society, Rigdon s’enfuit, en même temps que Joseph Smith et d’autres saints, vers Far West (Missouri). Là, Rigdon prononça deux discours explosifs célèbres, le Salt Sermon (le sermon sur le sel) et le discours solennel du jour de l’Indépendance, deux sermons qui suscitèrent des craintes et de la polémique au Missouri et débouchèrent sur l’ordre d’extermination et sur la bataille de Far West (voir Conflit au Missouri). Avec Joseph et Hyrum Smith, Rigdon fut fait prisonnier et enfermé à la prison de Liberty, mais fut rapidement libéré à cause de graves crises d’apoplexie.
Rigdon prit une part active à la fondation de Nauvoo et, en 1839, accompagna Joseph Smith à Washington, D.C, pour présenter les griefs des saints au gouvernement fédéral. Il fut élu au conseil municipal de Nauvoo et remplit également les fonctions de conseiller juridique municipal, de receveur des postes et de professeur d’histoire à l’université embryonnaire projetée pour la ville. Néanmoins, en dépit de ses nombreuses fonctions, il fut presque silencieux pendant ce temps et souvent malade. On l’accusa de s’être associé à John C. Bennett et à d’autres ennemis de l’Église dans leurs plans séditieux pour déposer Joseph Smith, mais ce fut quelque chose qu’il nia toujours. Il n’approuva pas le principe du mariage plural, tout en ne s’y opposant jamais ouvertement. Joseph Smith finit par perdre confiance en lui et, en 1843, voulut le rejeter comme conseiller, mais à cause de l’intercession de Hyrum Smith, le maintint à son poste.
Au début de 1844, quand Joseph Smith se porta candidat pour devenir président des États-Unis, Rigdon fut désigné comme candidat à la vice-présidence et il élut domicile à Pittsburgh pour continuer la campagne. C’est là qu’il était quand il apprit la nouvelle du meurtre de Joseph Smith. Il se hâta de retourner à Nauvoo pour se proposer comme «tuteur de l’Église», promettant d’agir en tant que tel jusqu’à ce que Joseph Smith ressuscite d’entre les morts. Ses prétentions furent dûment examinées, mais lors d’une réunion mémorable qui eut lieu le 8 août 1844 à Nauvoo, les membres de l’Église le rejetèrent comme tuteur (voir Succession dans la présidence). Les douze apôtres (voir Collège des douze apôtres) furent soutenus à la tête de l’Église. Quand il entreprit de mettre sur pied une direction rivale, Rigdon fut excommunié en septembre 1844 et partit avec quelques disciples pour la Pennsylvanie, où ils organisèrent une Église du Christ. Agissant de manière fantasque, il perdit la plupart de ses disciples en moins de deux ans. En 1863, il fit un autre effort, fondant l’Église de Jésus-Christ des enfants de Sion, qui continua jusque dans les années 1880. De 1847 à sa mort en 1876, Rigdon résida à Amity (New York) habituellement dans un état de déséquilibre émotionnel et de chagrin.
En 1834, dans Mormonism Unvailed, Eber D. Howe attaqua l’authenticité du Livre de Mormon en adoptant l’argument de Philastus Hurlbut que Sidney Rigdon avait volé la «Manuscript Story» de Salomon Spaulding (voir Manuscrit Spaulding), l’avait plagié pour composer le Livre de Mormon et l’avait donné à Joseph Smith pour qu’il le publie à son nom. De son vivant, Rigdon et les membres de sa famille nièrent systématiquement tout lien avec Spaulding, et après la découverte, en 1885, d’un des manuscrits de Spaulding, l’histoire fut discréditée.

Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Chase, Daryl. “Sidney Rigdon–Early Mormon”. Mémoire de maîtrise, université de Chicago, 1931.
McKiernan, F. Mark. The Voice of One Crying in the Wilderness: Sidney Rigdon, Religious Reformer 1793-1876. Lawrence, Kan., 1971.
BRUCE A. VAN ORDEN

Sabbat
Auteur : SMART, WILLIAM B.

Le sabbat est un jour mis à part pour le repos et le renouvellement spirituel. L’importance de l’observance du sabbat, enseignée depuis la Création et pendant toute l’histoire de la religion, est confirmée de nouveau dans les Écritures modernes et dans les enseignements des dirigeants de l’Église. Les éléments fondamentaux du respect du sabbat sont la prière, l’étude de l’Évangile, le culte lors des réunions du sabbat, les activités édifiantes en famille et le service d’autrui.
Dieu a donné le ton quand, après six jours d’œuvre créatrice, il s’est reposé le septième (Ge. 2:2 ; Moï. 3:2). Après l’exode, Moïse a dit aux Israélites de récolter une double part de manne le jour précédant « le jour du repos, le sabbat consacré à l’Éternel» (Ex. 16:23). En effet, le mot « sabbat » est dérivé de l’hébreu shabbath, signifiant « s’interrompre », « s’arrêter» ou « se reposer ». Les dix commandements contiennent l’ordre : « Souviens–toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage» (Ex. 20:8-10).
Le Nouveau Testament abonde en références au sabbat. Entre-temps, certains avaient perdu l’esprit de la loi et l’avaient enfermée dans une obéissance inflexible. Le Sauveur les réprimanda : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. C’est pourquoi le sabbat a été donné à l’homme comme jour de repos et aussi pour que l’homme puisse louer Dieu… Car le Fils de l’homme a fait le jour du sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat» (TJS Mc. 2:25-27). Après le ministère terrestre de Jésus, les premiers chrétiens se réunirent le jour du Seigneur, le premier jour de la semaine, en mémoire de sa résurrection (cf. Ac. 20:7 ; Ap. 1:10).
Depuis son commencement, l’Église observe le sabbat le premier plutôt que le septième jour de la semaine (pour quelques exceptions au Proche Orient, voir Dimanche). La révélation-clef donnant le modèle, la portée et le but de l’observance du sabbat fut donnée à Joseph Smith le 7 août 1831, un dimanche :
« Et afin de te préserver plus complètement des souillures du monde, tu iras en mon saint jour à la maison de prière et tu y offriras tes sacrements; car en vérité, c'est ce jour qui t'est désigné pour que tu te reposes de tes labeurs et pour que tu présentes tes dévotions au Très-Haut… Mais souviens-toi qu'en ce jour… tu ne feras rien d'autre que de préparer ta nourriture en toute simplicité de cœur, afin que ton jeûne soit parfait, ou, en d'autres termes, que ta joie soit complète » [D&A 59:9-13].
Dans toute l’histoire de l’Église, les dirigeants ont souligné l’importance de l’observance du sabbat, enseignant que le sabbat est un jour saint de culte où les fidèles renouvellent leurs alliances avec le Seigneur, se réunissent et s’enseignent les choses de l’Esprit, visitent et fortifient les faibles et les affligés et étudient et contemplent la parole du Seigneur. Tout en évitant les interdits spécifiques arbitraires, les dirigeants de l’Église ont donné des directives claires, comme dans ces instructions du président Kimball :
« Le but du commandement n’est pas de priver l’homme de quelque chose. Chaque commandement que Dieu a donné à ses serviteurs est pour le profit de ceux qui le reçoivent et y obéissent…
« Le sabbat n’est pas un jour pour flâner avec nonchalance dans la maison ou jardiner, mais est un jour pour assister régulièrement aux réunions pour le culte du Seigneur, buvant à la source de la connaissance et de l’instruction, jouissant de la famille et trouvant de l’élévation dans la musique et la chanson.
« Le sabbat est un jour saint pour faire des choses de valeur et saintes. S’abstenir du travail et des amusements est important mais insuffisant. Le sabbat réclame des pensées et des actes constructifs, et si l’on ne fait que flâner sans rien faire le sabbat, on l’enfreint. Pour l’observer, on sera à genoux pour prier, on préparera des leçons, on étudiera l’Évangile, on méditera, on visitera les malades et les affligés, on écrira aux missionnaires, on fera un petit somme, on lira des ouvrages sains et on assistera à toutes réunions de ce jour auxquelles on est censé être…
« Il est vrai que certaines personnes doivent travailler le sabbat. Et en fait, une partie du travail qui est vraiment nécessaire – prendre soin des malades, par exemple – peut servir à sanctifier le sabbat. Cependant, dans de telles activités, ce sont nos mobiles qui sont déterminants.
« Quand les hommes et les femmes sont disposés à travailler le sabbat pour augmenter leur richesse, ils brisent les commandements car l’argent gagné le sabbat, si le travail n’est pas nécessaire, est de l’argent impur…
« Enfreignent aussi le sabbat ceux qui achètent des produits ou des divertissements le sabbat, encourageant ainsi les lieux de distraction et les commerces à rester ouverts – ce qui ne serait sinon pas le cas. Si nous achetons, vendons, commerçons ou soutenons ces établissements le jour du Seigneur, nous sommes aussi rebelles que les enfants d’Israël » [« The Sabbath – A Delight», Ensign 8, janv. 1978, pp. 4-5].
La façon des saints d’observer le sabbat a évolué au cours des années, mais les principes sont demeurés les mêmes. Joseph Smith a écrit à propos de la première réunion de conférence de l’Église, le 9 juin 1830 : « Après avoir ouvert par un cantique et une prière, nous avons pris ensemble les emblèmes du corps et du sang de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous sommes ensuite mis en devoir de confirmer plusieurs personnes qui avaient été récemment baptisées, après quoi nous en avons appelé et ordonné plusieurs aux divers offices de la prêtrise. Beaucoup d’exhortations et d’instructions ont été données » (HC 1:84). Le chant, la prière, la Sainte-Cène, et l’enseignement sont restés les éléments fondamentaux des réunions de sabbat des saints des derniers jours.
Pendant de nombreuses années, après l’organisation de l’école du dimanche en 1849, les services religieux du sabbat ont consisté en une école du dimanche le matin et une réunion de Sainte-Cène l’après-midi ou en début de soirée. Les réunions hebdomadaires de prêtrise de paroisse se tenaient le lundi soir et la réunion de jeûne et de témoignages le premier jeudi de chaque mois. En 1896, le jour jeûne fut remplacé par le premier dimanche pour faciliter l’assistance et moins perturber les membres dans leur emploi ; dans les années 1930, la réunion de prêtrise passa au dimanche matin.
Un autre grand changement se produisit en 1980 avec le regroupement de toutes les réunions du dimanche en un seul bloc, généralement de trois heures, comprenant la Société de Secours, les Jeunes Filles et la Primaire qui s’étaient tenues jusque là au milieu de la semaine. Le changement fut introduit pour épargner du temps, des déplacements et des frais, pour permettre à plusieurs paroisses de se réunir plus commodément dans un seul bâtiment, pour fortifier les foyers en permettant aux familles de passer plus de temps ensemble pendant la semaine et pour laisser aux membres de l’Église plus de temps à consacrer au service de la collectivité.
En annonçant le changement, la Première Présidence souligna à nouveau les principes fondamentaux de l’Église concernant le sabbat : « Une plus grande responsabilité sera confiée aux membres individuellement et aux familles d’observer correctement le jour du sabbat. » Elle proposa que chaque famille se livre à une heure d’étude de l’Évangile le dimanche et à « d’autres activités convenant au sabbat, comme fortifier les liens familiaux, rendre visite aux malades et à ceux qui doivent garder la maison, rendre service aux autres, écrire son histoire personnelle et celle de la famille, faire l’œuvre généalogique et l’œuvre missionnaire » (Church News, 2 févr. 1980, p. 3).
Le Seigneur a promis des bénédictions à ceux qui sanctifient le sabbat. Dans les temps anciens, il a promis de leur envoyer la pluie en sa saison, de les aider à vaincre leurs ennemis, de leur donner la paix, de les multiplier et d’établir son alliance avec eux (Lé. 26:2-9). « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple» (v. 12 ; cf. És. 58:13-14). Dans des temps modernes, il a réaffirmé ces promesses : « En vérité, je dis que si vous le faites, la plénitude de la terre est à vous» (D&A 59:16). [Voir aussi Réunions principales de l’Église ; Vie et culte des pionniers; Culte.]

Bibliographie
On trouvera dans Ensign 8, janv. 1978, un recueil d’articles traitant de l’observance du sabbat dans l’Église, notamment des aperçus de doctrine et de pratique historique.
WILLIAM B. SMART

Saint des saints
Auteur: Cahoon, Lyle

Dans les temps anciens, sur ordre divin donné à Moïse, le saint des saints fut créé au centre de la tente d’assignation (Ex. 25-27). C'était un cube de quatre mètres cinquante que l’on avait constitué en pendant des voiles de poils de chèvre, de peaux de bélier et d'autres peaux teintes. Certains étaient brodés de motifs de chérubins en bleu, pourpre et écarlate. Le saint des saints devait recevoir un coffre appelé l'arche de l'alliance. C’était dans ce coffre, fait de bois d'acacia plaqué or, que se trouvaient les tables de pierre gravées de la main de Dieu et son couvercle était le propitiatoire. Façonné d'une seule pièce d'or fin, ce propitiatoire, au-dessus duquel étaient sculptés des chérubins, formait le trône visible de la présence de Dieu. Une fois par an, le jour des Expiations, le souverain sacrificateur entrait dans le saint des saints et aspergeait le propitiatoire du sang des sacrifices comme expiation des péchés d’Israël. Bien que l'arche ait disparu, ce rituel s’est poursuivi dans les temples de Zorobabel et de Hérode.
Un saint des saints moderne a été consacré dans le grand temple de Salt Lake City. C'est une chambre centrale contiguë à la salle céleste. Au-delà de ses portes coulissantes, il y a six marches menant à des portes du même genre, symbolisant le voile qui gardait le saint des saints dans les temps anciens. Le sanctuaire a une forme circulaire avec un plafond voûté. Il est décoré de bois marqueté, de feuilles d'or, de vitraux peints et d’un éclairage qui lui est propre. Le grand prêtre président, président de l'Église, détient l'accès à ce sanctuaire.

Bibliographie
Encyclopedia Judaica, vol. 15, cols. 681-682, 748-749. Jérusalem, 1971.
Talmage, James E. House of the Lord, pp. 162-163. Salt Lake City, 1974.
LYLE CAHOON

Saint-Esprit
Auteur: McConkie, Joseph Fielding

L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours enseigne que le Saint-Esprit est un homme d'esprit, un fils d'esprit de Dieu le Père. C’est un point de doctrine fondamental de l'Église que Dieu est le Père de l'esprit de tous les hommes et femmes, que Jésus est littéralement le Fils de Dieu dans l'esprit et dans la chair et que le Saint-Esprit est un personnage d'esprit séparé et distinct du Père et du Fils. Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité éternelle et on lui donne aussi les noms d’Esprit-Saint, d’Esprit de Dieu, d’Esprit du Seigneur et de Consolateur. Chacun des trois membres de la Divinité s’est manifesté lors du baptême de Jésus (Mt. 1:9-12; voir aussi Colombe, signe de la). Le prophète Joseph Smith a enseigné à leur sujet: «Le Père a un corps de chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme, le Fils aussi; mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de chair et d'os, c'est un personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le Saint-Esprit ne pourrait demeurer en nous.» (D&A 130:22). Dans un sens figuré, le Saint-Esprit demeure dans le cœur des saints justes de toutes les dispensations (D&A 20:18-21).
Joseph Smith a également dit que «une alliance éternelle fut faite entre trois personnages avant que notre terre ne fût organisée, et elle a trait à ce qu’ils devaient dispenser aux hommes sur la terre; ces personnages… sont appelés Dieu le premier, le Créateur; Dieu le second, le Rédempteur; et Dieu le troisième, le témoin ou testateur» (EPJS, p. 152).
Les saints des derniers jours comprennent que par l’obéissance aux lois et aux ordonnances de l'Évangile, Adam a reçu le Saint-Esprit et a ainsi appris que la rédemption de la Chute sera donnée par le Christ à tous ceux qui l'acceptent (Moïse 5:6-9). Ainsi, l'Évangile est prêché depuis le commencement, étant déclaré par des anges, par la voix de Dieu et par le don du Saint-Esprit (Moïse 5:58-59; cf. 2 Pi. 1:21). Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) a témoigné que le Saint-Esprit est «le don de Dieu à tous ceux qui le recherchent diligemment, aussi bien dans les temps anciens qu'au moment où il se manifestera aux enfants des hommes… Car celui qui cherche diligemment trouve; et les mystères de Dieu lui seront dévoilés par le pouvoir du Saint-Esprit, aussi bien en ces temps-ci que dans les temps anciens, et aussi bien dans les temps anciens que dans les temps à venir» (1 Né. 10:17-19).
Joseph Smith a enseigné que l'influence du Saint-Esprit, qui est le pouvoir de Dieu qui convainc de la véracité de l'Évangile, peut être reçu avant le baptême, mais que le don ou la compagnie constante du Saint-Esprit, qui se reçoit par l’imposition des mains, ne s’obtient qu’après le baptême (EPJS, p. 160). «Vous pourriez aussi bien baptiser un sac du sable qu'un homme, si ce n’est en vue de la rémission des péchés et de l'obtention du Saint-Esprit. Le baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et n’est bon à rien sans l'autre moitié, c’est-à-dire le baptême du Saint-Esprit» (EPJS, p. 254). On s'attend donc à ce qu'une personne reçoive, avant le baptême, le témoignage du Saint-Esprit concernant la véracité de l'Évangile de Jésus-Christ, de l'Écriture et des paroles des prophètes vivants; toutefois l’Esprit ne se déverse pleinement que quand la personne se conforme au commandement d'être baptisée. Ce n’est qu’après le baptême que le don peut être conféré par quelqu’un qui a l'autorité (Mro. 10:3-5; D&A 76:52). Et même alors, le Saint-Esprit ne peut pas être reçu par quelqu'un qui n'est pas digne de lui, puisque le Saint-Esprit ne demeure pas dans le cœur d'une personne injuste. On peut donc recevoir la compagnie réelle du Saint-Esprit juste après le baptême ou plus tard, quand celui qui reçoit la promesse devient un compagnon convenable pour cet être saint. Si la personne cesse ensuite d'être pure et obéissante, le Saint-Esprit se retire (1 Co. 3:16-17).
Le Saint-Esprit est un sanctificateur. Étant donné que rien d’impur ne peut demeurer en la présence divine, le système entier du salut est centré sur le processus de sanctification; les hommes sont sauvés dans la mesure où ils sont sanctifiés. La sanctification et la sainteté sont inséparables. «Être sanctifié c’est devenir pur et sans tache, être exempt du sang et des péchés du monde, devenir une nouvelle créature du Saint-Esprit, quelqu’un dont le corps a été renouvelé par la renaissance de l'Esprit. La sanctification est un état de sainteté, un état que l’on n’atteint qu’en se conformant aux lois et aux ordonnances de l'Évangile» (MD, p. 675).
Le Saint-Esprit est un révélateur. Le prophète Joseph Smith a enseigné que «nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des révélations» (EPJS, p. 265). Jouir de la compagnie du Saint-Esprit c’est jouir de l'esprit de révélation (D&A 8:2-3). Sans la révélation, il ne peut y avoir de témoin compétent du Christ ou de son Évangile (Ap. 19:10). Le Saint-Esprit est la source de toute connaissance salvatrice. Ceux qui cherchent cette connaissance sincèrement et dans l'esprit de la prière ont la promesse que tout ce qui est nécessaire leur sera révélé (D&A 18:18). Néphi témoigne que le Christ «se manifeste par le pouvoir du Saint-Esprit à tous ceux qui croient en lui, oui, à toutes les nations, tribus, langues et peuples, accomplissant de grands miracles, signes et prodiges parmi les enfants des hommes, selon leur foi» (2 Né. 26:13; cf. 1 Co. 2:11-13; D&A 76:116).
Le Saint-Esprit est un instructeur. Tous ceux qui seront sauvés doivent être formés par lui. Les choses de l'Esprit ne peuvent être comprises qu’une fois enseignées et apprises par l'Esprit (D&A 50:11-24). La mission divine d’enseigner les vérités du salut est confiée au Saint-Esprit. Jésus était rempli du pouvoir du Saint-Esprit (Luc 4:1). «Il ne parlait pas comme les autres homes, et on ne pouvait pas non plus l’instruire, car il n’avait pas besoin que quiconque l’instruisît» (TJS Mt. 3:25). Le Père a donné au Christ l'Esprit sans mesure (Jean 3:34). Les anges parlent aussi par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3). Telle est la norme pour tous ceux qui vont au nom du Christ. «Vous n'êtes pas envoyés pour être enseignés, a dit le Sauveur aux premiers saints des derniers jours, mais pour enseigner aux enfants des hommes ce que j'ai mis entre vos mains par le pouvoir de mon Esprit. Et vous allez être enseignés d'en haut. Sanctifiez-vous et vous serez dotés de pouvoir, afin de donner tout comme je l'ai dit» (D&A 43:15-16).
En décrivant l'influence du Saint-Esprit quand il est descendu sur lui et sur Oliver Cowdery, le prophète Joseph Smith a dit : «Nous étions remplis du Saint-Esprit et nous nous réjouissions du Dieu de notre salut. Notre esprit étant maintenant éclairé, nous commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous n'avions même jamais pensé auparavant.» (JS–H 1:73-74; cf. Alma 5:46). Le Saint-Esprit remet aussi en mémoire ce qui a été précédemment appris (Jean 14:26), indique ce pour quoi il faut prier (D&A 46:30) et fait connaître ce qu’il faut dire quand on prêche et qu’on enseigne (D&A 84:85).
Le Saint-Esprit est le Consolateur. Une caractéristique distinctive des vérités du salut est qu'elles s’accompagnent d’un esprit de consolation et de paix. C'est la fonction du Saint-Esprit d’alléger les fardeaux, de donner du courage, de fortifier la foi, d’accorder la consolation, d’apporter de l'espoir et de révéler ce qui est nécessaire à ceux qui ont droit à sa compagnie sacrée (Moï. 6:61).
Jésus a enseigné qu'il n’y a pas de plus grand péché que le péché contre le Saint-Esprit (Mt. 12:31-32). Une révélation moderne explique : «Le blasphème contre le Saint-Esprit, qui ne sera pas pardonné dans le monde ni hors du monde, consiste à commettre un meurtre dans lequel on verse le sang innocent et consent à ma mort après avoir reçu la nouvelle alliance éternelle, dit le Seigneur Dieu» (D&A 132:27). Joseph Smith a ajouté que ce genre de personne rejette le Fils après que le Père l'a révélé, renie la vérité et défie le plan du salut. «À partir de ce moment-là il commence à être un ennemi…. Il reçoit l'esprit du diable – ce même esprit qu'avaient ceux qui crucifièrent le Seigneur de la vie – le même esprit qui pèche contre le Saint-Esprit. On ne peut pas sauver de telles personnes, on ne peut pas les amener à la repentance, elles font une guerre ouverte, comme le diable, et terrible est la conséquence» (EPJS, p. 290; cf. D&A 76:31-38, 43-48; voir aussi Péché impardonnable).
Le Saint-Esprit est un pouvoir tellement édifiant et une telle source de connaissance nécessaire de l'Évangile qu'avoir sa compagnie et son influence constantes est le plus grand don qu’une personne puisse recevoir dans la condition mortelle (cf. D&A 121:46). On rapporte qu'un jour que l’on demandait au prophète Joseph Smith «en quoi [l'Église mormone] différait des autres religions de l’époque», il a répondu que c’était dans «le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains… [et] que toutes les autres considérations étaient contenues dans le don du Saint-Esprit» (HC 4:42).

Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, chaps. 28-31. Salt Lake City, 1985.
McConkie, Joseph Fielding et Robert L. Millet. The Holy Ghost. Salt Lake City, 1989.
JOSEPH FIELDING MCCONKIE

Saint-Esprit de Promesse
Auteur: Flake, Lawrence R.

Le Saint-Esprit de Promesse est l'un des nombreux noms-titres descriptifs du Saint-Esprit et a trait à l’une de ses fonctions spécifiques. Dans Jean 14:16, le Sauveur, qui avait été un consolateur pour ses disciples, leur assure qu’après son départ au ciel ils recevront un autre Consolateur: «Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous.» Le verset suivant dit que ce Consolateur est «l’esprit de vérité» qui «demeure avec vous, et il sera en vous» (verset 17). Le Seigneur précisera plus tard que ce Consolateur promis est le Saint-Esprit (verset 26). Doctrine et Alliances 88:3 réitère et éclaircit: «C'est pourquoi, je vous envoie maintenant un autre Consolateur, oui, sur vous, mes amis, afin qu'il demeure dans votre cœur, oui, le Saint-Esprit de promesse; lequel autre Consolateur est celui-là même que j'ai promis à mes disciples, comme c'est écrit dans le témoignage de Jean.»
Le Saint-Esprit de Promesse est le pouvoir par lequel les ordonnances et les autres actes justes accomplis sur cette terre, tels que le baptême et le mariage éternel, sont ratifiés, validés et scellés dans le ciel aussi bien que sur la terre. Paul enseigne aux Éphésiens qu'après avoir agi en fonction de leur foi au Christ ils ont «été scellés du Saint–Esprit qui avait été promis» ce qui était le gage de leur «héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis» (Ép. 1:12-14). Le scellement des alliances et des ordonnances terrestres est conditionnel et dépend de l'engagement personnel et de la dignité du bénéficiaire. Si une personne qui a reçu le Saint-Esprit de Promesse devient plus tard mauvaise, le scellement est rompu jusqu'à ce qu’il y ait repentir et pardon complets (DS 1:60; 2:95-100).
La nécessité du scellement par le Saint-Esprit est soulignée dans le passage suivant: «tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes qui ne se font pas et ne sont pas contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse… n'ont aucune validité, vertu ou force dans et après la résurrection d'entre les morts; car tous les contrats qui ne sont pas faits dans ce sens prennent fin quand les hommes sont morts» (D&A 132:7). Les représentants terrestres du Seigneur, tels que les évêques et les anciens, peuvent être trompés par une personne indigne, mais personne ne peut tromper le Saint-Esprit, qui ne ratifiera pas une ordonnance reçue dans un état d’indignité. Cette sauvegarde est attachée à toutes les bénédictions et alliances liées à l'Évangile de Jésus-Christ.

La manifestation suprême du Saint-Esprit de Promesse se produit quand une personne voit sa vocation et son élection assurées, c’est-à-dire qu’elle reçoit «la parole prophétique plus certaine» témoignant qu'elle est scellée à la vie éternelle (D&A 131:5). Le Saint-Esprit de Promesse valide cette bénédiction ou la scelle sur la personne. À propos du Saint-Esprit de Promesse, le Seigneur dit: «Ce Consolateur est la promesse que je vous fais de la vie éternelle, c'est-à-dire la gloire du royaume céleste» (D&A 88:4; cf. MD, pp. 361-362).

Bibliographie
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, pp. 333-37. Salt Lake City, 1973.
LAWRENCE R. FLAKE

Sainteté
Auteur: Bell, Elouise M.

Dans la pensée mormone, comme dans la plupart des religions, c'est Dieu qui investit une personne, un lieu ou un objet d’une sainteté: «Car je suis capable de vous rendre saints, et vos péchés vous sont pardonnés» (D&A 60:7). On dit donc que les temples de l'Église sont saints parce qu'ils sont consacrés à la Divinité qui s'est manifestée en eux. Les saints des derniers jours disent que le sabbat est saint parce que Dieu a mis son esprit dans ce jour. Le lieu boisé où Joseph Smith a reçu sa Première Vision est qualifié de bosquet sacré parce que le Père et le Fils y sont apparus. Le mariage et les autres ordonnances de la prêtrise sont considérés comme saints parce que Dieu est directement et personnellement partie prenante dans de telles alliances. Les Écritures sont saintes parce qu'elles contiennent la parole de Dieu.
Bien qu'ils utilisent rarement le terme «saint» (sauf un cantique bien-aimé qui supplie Dieu «Ah, donne à mon âme plus de sainteté»), les saints des derniers jours essayent de parvenir à un certain degré de sainteté et de perfection dans la condition mortelle: «L’homme peut être parfait dans sa sphère… la perfection individuelle est relative… La loi de l'Évangile est une loi parfaite et la perfection est le résultat certain d’une obéissance complète» (Talmage, p. 169).
Le processus par lequel on devient saint est basé sur trois points de doctrine: la justification, qui satisfait aux exigences de la justice pour les péchés de l'individu par l'expiation de Jésus-Christ; la purification, rendue possible par cette même expiation et symbolisée par le pain et l’eau de la Sainte-Cène, qui nécessite que l’on se purifie constamment des taches et des imperfections terrestres; et la sanctification, qui est le processus par lequel on est rendu saint. Une fois que l’on s’est purifié au maximum des imperfections, on est investi, au cours de toute une vie, de la sainteté de Dieu. Alma le Jeune est un exemple de quelqu’un que Dieu a reconnu comme saint (Al. 10:7-9).
Ces principes sont récapitulés dans l’avant-dernier verset du Livre de Mormon: «Et en outre, si, par la grâce de Dieu, vous êtes parfaits dans le Christ, et ne niez pas son pouvoir, alors vous êtes sanctifiés dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ, qui est dans l'alliance du Père pour le pardon de vos péchés, afin que vous deveniez saints, sans tache» (Mro. 10:33).

Sainte-Cène

[Cette rubrique est en deux parties: Sainte-Cène et Sainte-Cène: Prières de Sainte-Cène. La première partie explique la pratique de la Sainte-Cène dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, la deuxième donne l’histoire et le contenu des prières de Sainte-Cène utilisées dans la bénédiction de la Sainte-Cène.]

Sainte-Cène
Auteur: PIXTON, PAUL B.

L’expression Sainte-Cène, telle que l’utilise l’Église, désigne l’ordonnance instituée par Jésus-Christ comme moyen mis à la disposition des saints dignes pour renouveler leurs alliances avec leur Rédempteur et avec Dieu le Père (cf. Mos. 18:8-10; JC, pp. 642-643; AF, p. 217). La veille de son procès et de sa crucifixion à Jérusalem, entouré de ses disciples les plus intimes, les douze apôtres, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit puis le leur donna en disant: «Prenez, mangez, ceci est mon corps.» Jésus prit de même la coupe, la bénit et la leur donna en disant: «Buvez–en tous; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés» (Mt. 26:26-28). Le Livre de Mormon rapporte que Jésus ressuscité institua cette même ordonnance en souvenir de son corps et de son sang quand il se montra aux justes du continent américain après son ascension à Jérusalem (3 Né. 18:7; 20:3; 26:13).
Paul note que le sauveur a donné le commandement d’accomplir régulièrement cette ordonnance, «a Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez [témoignez de] la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne» (1 Co. 11:26). Le Nouveau Testament indique que l’injonction était respectée dans l’Église chrétienne primitive (cf. Ac. 2:42; 20:7). Paul écrit clairement aux saints de Corinthe à propos de l’ordonnance simple qu’il a reçue du Seigneur, soulignant qu’elle se fait «en mémoire de [Jésus-Christ]» (1 Co. 11:19-26; cf. Lu. 22:19; 3 Né. 18:7).
Le moment et l’endroit choisis par Jésus pour donner la Sainte-Cène à ses disciples de Jérusalem rattachent cette ordonnance à l’observance plus ancienne de la pâque, y compris le pain et le vin qu’il a utilisés, et auxquels il donna un nouveau symbolisme (Mt. 26:26-28; Lu. 22:15-20). Par son expiation, le Christ a accompli le but de l’ordonnance des sacrifices d’animaux que l’on trouve dans l’Ancien Testament, qui préfigurait le sacrifice final du Fils de Dieu. La nouvelle ordonnance a remplacé la nécessité des sacrifices d’animaux par le sacrifice, de la part des disciples du Christ, d’un cœur brisé et d’un esprit contrit (3 Né. 9:18-20).
Le sermon de Jésus sur le sujet du «pain de vie» dans l’évangile de Jean s’inspire du symbolisme du Seigneur lui-même comme étant «le pain vivant qui est descendu du ciel». Il préfigure également l’ordonnance de la Sainte-Cène qu’il introduira plus tard pour rappeler à tout le monde que le salut n’est possible que par «le pain vivant» et «l’eau vive» (cf. Jean 6:48-58). Mais à l’époque post-apostolique, les théologiens transformèrent la nature symbolique de la cène du Seigneur en dogme de la transsubstantiation [la présence réelle], introduisant ainsi la notion que ceux qui prennent le pain et le vin ingèrent miraculeusement et littéralement le corps et le sang du Christ, même si l’aspect extérieur des emblèmes ne change pas. Les saints rejettent ce dogme et affirment que la Sainte-Cène a pour but de les aider à se souvenir de Jésus et que la transformation dont il s’agit est la rénovation de l’âme humaine par l’Esprit (D&A 20:75-79).
La Sainte-Cène, selon la croyance des saints, ne sert pas principalement de moyen d’obtenir la rémission des péchés. Ce qu’elle fait, c’est concentrer l’attention sur le sacrifice pour le péché accompli par le Sauveur et sur la nécessité, pour tous ceux qui ont été baptisés, de garder leur vie constamment en harmonie avec ses enseignements et ses commandements. Pour cette raison, il y a de nombreuses injonctions scripturaires commandant à ceux qui prennent la Sainte-Cène de se conformer aux commandements de Dieu (1 Co. 11:22-23; 3 Né. 18:28-29; D&A 46:4). Toutefois, les enfants non baptisés, comme ils sont sans péché, ont le droit de prendre la Sainte-Cène pour préfigurer l’alliance qu’ils contracteront eux-mêmes à l’âge de responsabilité, qui est de huit ans (voir Enfants: Salut des enfants). En bénissant la Sainte-Cène lors de son dernier repas, le Christ lui-même a utilisé les emblèmes qu’il avait sous la main: du pain et du vin. Le Seigneur a dit à Joseph Smith: «Peu importe ce que vous mangez ou ce que vous buvez lorsque vous prenez la Sainte-Cène, si vous le faites l’œil fixé uniquement sur ma gloire, vous souvenant devant le Père de mon corps qui a été déposé pour vous et de mon sang qui a été versé pour la rémission de vos péchés.» (D&A 27:2). Dans la pratique, les saints des derniers jours utilisent du pain et de l’eau.
L’ordonnance de la Sainte-Cène est administrée par «ceux qui ont l’autorité», c’est-à-dire par des détenteurs de la prêtrise. Selon la révélation moderne, les prêtres de la Prêtrise d’Aaron et n’importe quel détenteur de la Prêtrise de Melchisédek peuvent officient à la table de Sainte-Cène; d’une manière générale, la table est préparée par les instructeurs de la Prêtrise d’Aaron, et le pain et l’eau sont bénis par les prêtres et distribués aux membres de l’Église par les diacres de la même prêtrise.
Les prières dites sur ces emblèmes sont parmi les rares dont les paroles soient prescrites par les Écritures. Ceux qui prennent la Sainte-Cène contractent l’alliance avec le Seigneur de prendre sur eux le nom du Christ, de toujours se souvenir de lui et de garder ses commandements. De son côté, le Seigneur fait alliance qu’ils peuvent toujours avoir son Esprit avec eux (D&A 20:75-79; Mro. 4-5; Jn. 6:54). [Voir aussi Expiation de Jésus-Christ; Communion; Dernière Cène.]

Bibliographie
Madsen, Truman G. «Christ and the Sacrament» and «The Sacramental Life». Christ and the Inner Life, pp. 39-42. Salt Lake City, 1981.
PAUL B. PIXTON

Sainte-Cène: Prières de Sainte-Cène
Auteur: TANNER, JOHN S.

Les prières de Sainte-Cène, qui ont été révélées par le Seigneur au prophète Joseph Smith, sont parmi les rares prières fixes dans l’Église et les seules qu’il est commandé aux membres d’offrir «souvent» (D&A 20:75). On les fait régulièrement pendant l’administration de l’ordonnance de la Sainte-Cène à la réunion de Sainte-Cène, ce qui les fait occuper une place centrale dans la vie religieuse des saints des derniers jours. Elles sont d’usage ancien et, à une exception près (l’utilisation actuelle d’eau au lieu de vin), conservent les paroles des prières sacramentelles des Néphites:
«Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir et de sanctifier ce pain pour l’âme de tous ceux qui en prennent, afin qu’ils le mangent en souvenir du corps de ton Fils, et te témoignent, ô Dieu, Père éternel, qu’ils veulent prendre sur eux le nom de ton Fils, se souvenir toujours de lui et garder les commandements qu’il leur a donnés, afin qu’ils aient toujours son Esprit avec eux. Amen» [Moroni 4:3].
Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir et de sanctifier ce vin pour l’âme de tous ceux qui en boivent, afin qu’ils le fassent en souvenir du sang de ton Fils, qui a été versé pour eux, afin qu’ils te témoignent, ô Dieu, Père éternel, qu’ils se souviennent toujours de lui, et qu’ils aient son Esprit avec eux. Amen» [Moroni 5:2].
Les prières, quant à elles, ritualisent les termes utilisés par le Sauveur ressuscité quand il a visité l’Amérique (3 Né. 18:5-11; cf. D&A 20:75-79). Suite à une révélation donnée en août 1830 (D&A 27), on a utilisé l’eau au lieu du vin.
Il n’existe aucune formulation exacte des prières dans le Nouveau Testament comme celle que nous avons. Cependant, un savant a détecté des parallèles entre les prières de Sainte-Cène des saints des derniers jours et les formules eucharistiques antiques (Barker, pp. 53-56). La Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) confirme que les éléments principaux des prières de Sainte-Cène faisaient partie de la dernière cène originelle: Jésus y inclut des obligations par alliance semblables à celles qui se trouvent dans les prières (TJS Mt. 26:25) et précisa que ce qu’il faisait introduisait une «ordonnance» officielle qu’ils devaient répéter souvent (TJS Mc. 14:24). De plus, dans la TJS, Jésus ne dit pas: «Ceci est mon corps» ni «Ceci est mon sang», des métaphores dont l’interprétation a historiquement divisé les chrétiens sur la question de la «transsubstantiation». Il a dit au contraire: «Ceci est en souvenir de mon corps» et «ceci est en souvenir de mon sang» (TJS Mt. 26:22, 24; cf. TJS Mc. 14:21, 23).
Les prières de Sainte-Cène invitent à l’introspection, au repentir et à la reconsécration et pourtant elles sont également communales, unissant les personnes en des assemblées qui attestent conjointement et publiquement de leur volonté de se souvenir du Christ. Cet engagement commun à devenir comme le Christ, répété chaque semaine, définit l’aspiration suprême de la vie des saints des derniers jours.

Bibliographie
Barker, James L. The Protestors of Christendom. Independence, Mo., 1946.
Tanner, John S. "Reflections on the Sacrament Prayers." Ensign 16, avr. 1986, pp. 7-11.
Welch, John W. "The Nephite Sacrament Prayers." F.A.R.M.S. Update. Provo, Utah, 1986.
JOHN S. TANNER

Scellement
[Cette rubrique se compose de trois articles: Scellement: Pouvoir de scellement; Scellement: Scellements dans le temple; Scellement: Annulation de scellement. Le premier article, Pouvoir de scellement, explique la signification du scellement dans l’Église et l’autorité requise pour accomplir une ordonnance pour qu’elle soit considérée comme scellée; le deuxième article, Scellements dans le temple, explique ce qu’est un scellement dans le temple et comment on l’obtient; et le troisième article, Annulation de scellement, explique brièvement qui peut annuler un scellement.]

Scellement: Pouvoir de scellement
Auteur: YARN, DAVID H., Jr.

Les signets et les sceaux sont utilisés depuis le début de l’Antiquité pour certifier l’autorité. Le mot «sceau» apparaît de nombreuses fois dans les Écritures. Jésus-Christ a été marqué du «sceau» de Dieu le Père (Jn. 6:27) et Paul a rappelé aux saints d’autrefois que Dieu les avait oints et les avait marqués d’un sceau (2 Co. 1:21-22) et a dit à d’autres: «Vous avez été scellés du Saint–Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption» (Ép. 1:13-14). Jean dit des serviteurs de Dieu que leur front était marqué du sceau (Ap. 7:3). Dans l’apocryphe les Actes de Thomas (verset 131), Thomas prie pour que sa femme, sa fille et lui «reçoivent le sceau» et deviennent «serviteurs du vrai Dieu». Aujourd’hui encore, les diplômes, les documents juridiques et les autres de ce genre portent des sceaux qui certifient officiellement leur authenticité.
Pour les saints des derniers jours, le pouvoir de scellement suprême est le pouvoir de la prêtrise donné aux serviteurs autorisés du Seigneur pour accomplir certains actes sur terre et pour les faire reconnaître (sceller) ou valider dans les cieux. Ils croient que c’est cette autorité que le Seigneur Jésus-Christ décrit quand il dit à Pierre: «Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux» (Mt. 16:19).
Le président de l’Église détient et exerce les clefs du scellement sur la terre. Quand un homme est ordonné apôtre et mis à part en tant que membre du Collège des douze apôtres, le scellement est l’un des pouvoirs qui lui sont accordés. D’autres Autorités générales de l’Église, les présidences des temples et un nombre limité d’officiants dans chaque temple reçoivent ce pouvoir de scellement pendant leur mandat. Une fois que l’on a l’approbation de la Première Présidence pour recevoir le pouvoir de scellement, le président de l’Église, l’un de ses conseillers ou un membre des douze apôtres expressément désigné par le président lui confère le pouvoir de scellement par l’imposition des mains. C’est l’autorité expresse d’accomplir les ordonnances de scellement au temple.
C’est l’autorité par laquelle «tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes» peuvent être «contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse» et recevoir «validité, vertu ou force dans et après la résurrection d’entre les morts» (D&A 132:7).
Dans cette dispensation de la plénitude des temps, le pouvoir de scellement a été rétabli par Élie, le dernier prophète de la période de l’Ancien Testament à le détenir (EPJS, pp. 274-275). Il conféra cette autorité à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 3 avril 1836 dans le temple de Kirtland (D&A 110). Quand chaque homme qui a été président de l’Église a été ordonné apôtre et est devenu membre du Collège des Douze, il s’est vu conférer le pouvoir de scellement lequel a ainsi été transmis jusqu’à nos jours (D&A 110:13-16; 128:11).
Le président de l’Église est investi de ce que l’on pourrait qualifier de pouvoir général de scellement. Quiconque reçoit la prêtrise obtient dans une certaine mesure ce pouvoir général de scellement. Par exemple, comme Bruce R. McConkie le dit: «Tout ce qui n’est pas scellé par ce pouvoir prend fin quand les hommes sont morts. Si un baptême n’a pas ce sceau durable, il n’admettra pas une personne dans le royaume céleste…. Tout acquiert une force et une validité durables grâce au pouvoir de scellement» (MD, pp. 615-616).

Bibliographie
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. "Elijah: His Mission and Sealing Power." DS, Vol. 2, pp. 115-128. Salt Lake City, 1955.
DAVID H. YARN, JR.

Scellement: Scellements dans le temple
Auteur: HYER, PAUL V.

Un «scellement», au sens général du terme, est le fait d’assurer, de déterminer ou de créer une légitimité. Chez les membres de l’Église, le mot scellement désigne le mariage d’un mari et d’une épouse et la création, entre les enfants et les parents, de rapports qui doivent durer éternellement. Ce type spécial de scellement du mari et de la femme dans le mariage porte le nom de «mariage éternel» ou «mariage céleste». Il diffère du mariage civil et du mariage religieux, qui sont des cérémonies reconnues seulement par l’autorité terrestre et ne sont que pour la durée de cette vie.
Le scellement du mari, de la femme et des enfants en une cellule familiale éternelle est l’ordonnance suprême de la prêtrise par rapport à laquelle toutes les autres sont préparatoires. Elle doit être accomplie par quelqu’un qui détient le pouvoir de scellement et, aujourd’hui, dans un temple de l’Église consacré à Dieu. C’est à ce pouvoir de scellement que le Sauveur fait allusion quand il donne à son apôtre Pierre les clefs du royaume des cieux, en disant que «ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux» (Mt. 16:19). À l’époque moderne, cette autorité de scellement a été rétablie sur la terre le 3 avril 1836, dans le temple de Kirtland, par le prophète Élie, qui était l’ancien gardien de ce pouvoir (D&A 110:13-16).
Les prophètes anciens et modernes ont observé que si les familles ne sont pas scellées ensemble en cellules éternelles, si les cœurs des enfants et des pères ne sont pas tournés les uns vers les autres (comme mentionné dans Malachie 4:5-6), l’œuvre et la gloire finales de Dieu ne sont pas atteintes et les buts les plus élevés de la création de la terre ne sont pas réalisés. «Car sans eux [nos ancêtres, nos aïeux] nous ne pouvons parvenir à la perfection, et sans nous ils ne peuvent pas non plus parvenir à la perfection» (D&A 128:16-18).
Pour les saints des derniers jours, le monde d’esprit est aussi réel que ce monde-ci. De par la volonté divine, le scellement au temple est accessible non seulement aux personnes en vie, mais est également accessible aux ancêtres décédés d’une famille grâce aux ordonnances accomplies par procuration dans les temples. Ce processus est appelé salut des morts. Les enfants nés de parents qui ont été scellés dans le temple naissent dans l’alliance et sont ainsi liés à leurs parents pour l’éternité sans ordonnance séparée de scellement.
Pour recevoir les ordonnances de scellement du temple, les membres de l’Église doivent obtenir, d’une autorité compétente de l’Église, une recommandation à l’usage du temple certifiant qu’ils pratiquent les principes prescrits par l’Église. Ils vont alors dans un temple et reçoivent les ordonnances préparatoires et la bénédiction appelée dotation du temple. Cela consiste à recevoir des enseignements et à faire alliance d’obéir à des lois éternelles stipulées par Dieu dont le respect assure un niveau supérieur de moralité, de mariage et de vie de famille. On peut alors administrer les ordonnances de scellement dont on ne peut retirer tout le profit qu’en obéissant constamment aux lois divines énoncées dans l’Évangile de Jésus-Christ.
La cérémonie de scellement est une ordonnance inspirante et solennelle accomplie dans une salle spécialement désignée et consacrée d’un temple. Le couple qui va être marié ou la famille qui va être scellée s’agenouille à un autel. L’officiant est quelqu’un qui a reçu le pouvoir de scellement sous la plus haute autorité de la prêtrise de l’Église (voir Prophète, voyant et révélateur; Scellement: Pouvoir de scellement).
Pour les membres de l’Église, le scellement dote la vie d’un but plus grand et donne au mariage la qualité d’un partenariat divin avec des sauvegardes spirituelles. Mettre des enfants au monde devient une intendance divinement inspirée. Le scellement peut soutenir la famille dans la vie et la consoler dans la mort. Il crée une continuité dans la vie, ici et dans l’au-delà.

Bibliographie
Derrick, Royden G. In Temples in the Last Days, chap. 3. Salt Lake City, 1988.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:119. Salt Lake City, 1954-1956.
Talmage, James E. The House of the Lord, pp. 84-91. Salt Lake City, 1976.
PAUL V. HYER

Scellement: Annulation de scellement
Auteur: POELMAN, RONALD E.

Les clefs du royaume des cieux conférées à Pierre par le Seigneur Jésus-Christ (Mt. 16:19) et rétablies sur terre à notre époque (D&A 110) par le prophète Élie, qui était autrefois gardien de ce pouvoir (voir Mal. 4:5-6), comportent l’autorité de «lier et délier» sur terre, avec un effet correspondant dans les cieux. Ce pouvoir n’est actuellement détenu et exercé que par le président de l’Église et les autres personnes à qui il est conféré par lui ou sous sa direction. Une fois qu’une ordonnance de scellement est accomplie, seule la Première Présidence peut approuver un changement dans le statut du scellement, notamment l’annulation du scellement (Manuel d’instructions générales, 6-5 à 6-7).
La Première Présidence peut annuler un scellement dans le temple quand les circonstances d’une demande d’annulation le justifient.

Bibliographie
Manuel d’instructions générales. Salt Lake City, 1989.
RONALD E. POELMAN

Schismatiques
Auteur: TANNER, MARTIN S.

Comme tous les groupes religieux importants, l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a vu un certain nombre de membres, mécontents pour des raisons diverses, la quitter. Certains ont emmené un groupe de membres et ont créé des organisations rivales, basées sur leur interprétation des enseignements de Joseph Smith. Il y a eu quelque 130 groupes de ce genre; quelques-uns seulement ont duré plus de dix ans.
Le premier prit le nom d’Église pure du Christ, fondée en 1831 par Wycam Clark, Northrop Sweet et d’autres. Affirmant que Joseph Smith était un faux prophète, Clark affirma qu’il était le vrai dirigeant de l’Église. Le groupe ne tint que deux ou trois réunions avant de disparaître.
Le groupe schismatique le plus important organisé du vivant de Joseph Smith fut l’Église du Christ, fondée en 1837 à Kirtland par Warren Parrish. Quelques mois plus tôt, Parrish avait été accusé de détourner des fonds de la banque de l’Église, la Kirtland Safety Society, et avait été excommunié. Prétendant que Joseph était déchu de son appel divin comme dirigeant de l’Église, Parrish revendiqua l’autorité de la diriger. Il reçut l’appui de trois membres du Collège des douze apôtres, de certains des présidents des soixante-dix et de plusieurs autres dirigeants influents qui s’étaient détachés de Smith pendant la crise économique de 1837-1838 à Kirtland. Ce groupe se désagrégea en moins d’un an (CHC 1:403-407).
La mort de Joseph Smith en 1844 produisit encore un foisonnement de nouveaux groupes cherchant à tirer profit de la perte du dirigeant de l’Église. Il y avait, dans ces organisations, des gens qui convenaient que Joseph Smith avait été un vrai prophète, mais beaucoup d’entre eux rejetaient ou ignoraient certains des points de doctrine ou des pratiques qu’il avait établis; la question qui se posait à eux était de savoir qui était censé prendre sa place.
Sidney Rigdon, conseiller de Joseph dans la Première Présidence, fut un des premiers à avancer ses prétentions, disant aux saints que Joseph Smith ne pouvait pas avoir de successeur et qu’il devait être appelé tuteur de l’Église pour veiller sur elle au nom de Joseph et l’édifier en mémoire du prophète assassiné. Ses prétentions furent rejetées par la plupart des membres, qui soutinrent Brigham Young et le Collège des douze apôtres. Rigdon fut excommunié et retourna à Pittsburgh (Pennsylvanie) où il fonda l’Église du Christ, une église qui dura moins de deux ans. En 1863, il organisa l’Église de Jésus-Christ des Enfants de Sion. Ce groupe dura jusque dans les années 1880.
En août 1844, James J. Strang, qui ne s’était converti que quelques mois avant la mort de Joseph Smith, sortit une lettre censée avoir été de Joseph Smith, le nommant pour diriger le troupeau (voir Contrefaçons de documents historiques) et affirma qu’un ange lui était apparu peu de temps après le martyre et l’avait ordonné à cet appel. Il fut immédiatement excommunié. Quelques semaines plus tard, il alla s’installer avec un groupe de convertis à Voree, dans le Wisconsin, la région qu’il affirmait être le nouveau lieu de rassemblement pour l’Église. Parmi ses disciples, il y avait deux apôtres, John E. Page et William Smith (frère cadet de Joseph Smith), ainsi que William Marks, ancien président du pieu de Nauvoo. Pendant une courte période, Martin Harris accompagna un dirigeant strangite en mission en Angleterre.
Strang alla s’installer avec son groupe à Beaver Island, une petite île dans le nord du lac Michigan où il se fit couronner roi en 1850 en grande cérémonie. Il y fonda une théocratie qui prospéra pendant la majeure partie de la décennie avec quelque 3.000 membres; il continua également la pratique du mariage plural. Le 16 juin 1856, deux assassins, qui faisaient partie d’une conspiration, tirèrent sur lui; il ne désigna pas de successeur avant sa mort onze jours plus tard. Son groupe fut dissous par l’action combinée des forces fédérales et locales et la majorité fut exilée de force de l’île. Il existe cependant toujours un petit reste de l’ordre de Strang dans le Wisconsin, au Michigan, au Colorado et au Nouveau-Mexique (Van Noord, pp. 48-177, 233-266; Lewis, pp. 274-291).
Un mouvement pour créer une réorganisation plus importante commença au début des années 1850. Quelques anciens strangites, entre autres William Marks, Jason Briggs et Zenas H. Gurley, se réunirent en 1850 pour décider d’un nouveau dirigeant. Briggs et Gurley avaient été membres du groupe de William Smith, appelé l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui avait été organisée en 1846 après que William Smith eut été excommunié par les strangites. Marks, Briggs et Gurley étaient convaincus que la succession à la présidence de l’Église devait être en ligne directe, de père en fils. Dans un effort de prosélytisme intense, ils attirèrent à eux un certain nombre d’autres mormons et d’anciens mormons dans le Midwest. Un groupe se réunit à Beloit (Wisconsin), les 12-13 juin 1852, pour s’organiser. En 1853, ils organisèrent une autre conférence et des apôtres furent choisis. En 1859, Joseph Smith III accepta officiellement l’appel à devenir le nouveau président et prophète et, en avril 1860, le groupe fut officiellement enregistré sous le nom d’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours. La plus grande partie de la famille immédiate de Joseph Smith, fils, se joignit au début des années 1860 à cette église et beaucoup de descendants en restent des membres pratiquants aujourd’hui (Launius, pp. 77-139).
D’autres groupes se détachèrent pendant l’administration de Brigham Young en Utah. Un des plus importants fut celui des Godbeites, organisé en 1868 sous la direction de William S. Godbe. Plusieurs années plus tôt, Godbe s’était joint à E.L.T. Harrison, Edward W. Tullidge, Eli B. Kelsey, William H. Shearman et d’autres hommes d’affaires et intellectuels mormons mécontents pour protester contre la politique d’autonomie économique de Brigham Young. Godbe et son groupe étaient en faveur d’une société moins structurée, du libre-échange à l’intérieur du territoire d’Utah et du commerce non réglementé avec le monde extérieur. Leur protestation sociale ne tarda pas à se transformer en un rejet complet de la doctrine et de la pratique. Ils abandonnèrent intégralement la structure théologique de l’Église, rejetant toute allégeance à quelque prophète ou ensemble d’Écritures que ce soit. Au lieu de cela, ils proclamèrent la fraternité universelle de l’homme et l’amour universel de Dieu. Ceci les amena à se rapprocher du mouvement spirite, qui avait du succès au dix-neuvième siècle. Ils participèrent à un certain nombre de séances, croyant parler avec les dirigeants décédés de l’Église, avec Jésus-Christ et avec les apôtres d’autrefois. Le grand conseil du pieu de Salt Lake City excommunia Godbe et Harrison le 25 octobre 1869. D’autres du groupe finirent par provoquer leur propre excommunication. En 1870, ils organisèrent officiellement l’Église de Sion, une organisation ouvertement antimormone, religieusement et économiquement, qui fonda le journal Salt Lake Tribune. Le mouvement ne réussit pas à attirer beaucoup de nouveaux disciples et disparut en 1880 (Walker, 1974, 1982).
D’autres groupes dissidents ont suivi de temps en temps, particulièrement après la fin du mariage plural en 1890 (pour d’autres commentaires voir «Fondamentalistes»).

Bibliographie
Anderson, C. Leroy. For Christ Will Come Tomorrow: The Saga of the Morrisites. Logan, Utah, 1981.
Carter, Kate B. Denominations That Base Their Beliefs on the Teachings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1969.
Launius, Roger D. Joseph Smith Ill: Pragmatic Prophet. Urbana, Ill., 1988.
Lewis, David Rich. "'For Life, the Resurrection, and the Life Everlasting': James J. Strang and Strangite Mormon Polygamy, 1849-1856." Wisconsin Magazine of History 66 (été 1983), pp. 274-291.
Morgan, Dale L. Bibliographies of the Lesser Mormon Churches. Salt Lake City, n.d.
Rich, Russell R. Those Who Would Be Leaders: Offshoots of Mormonism. Provo, Utah, 1959.
Shields, Steven L. Divergent Paths of the Restoration: A History of the Latter Day Saint Movement, 3e éd. Bountiful, Utah, 1982.
Van Noord, Roger. King of Beaver Island: The Life and Assassination of James Jesse Strang. Urbana, Ill., 1988.
Walker, Ronald W. "The Commencement of the Godbeite Protest: Another View." Utah Historical Quarterly 42 (été 1974), pp. 216-244.
Id. "When the Spirits Did Abound: Nineteenth-Century Utah's Encounter with Free-Thought Radicalism." Utah Historical Quarterly 50 (automne 1982), pp. 304-324.
MARTIN S. TANNER

Sermon sur la montagne
Auteur: UPDEGRAFF, ROBERT TIMOTHY

Le sermon sur la montagne (Mt. 5-7) est, pour les saints des derniers jours aussi bien que pour tous les autres chrétiens, la source principale des enseignements de Jésus et des règles du comportement chrétien. Le fait que des récits parallèles apparaissent dans le Livre de Mormon (3 Né. 12-14) et la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS Mt. 5-7) donne à la fois l’occasion de mieux comprendre le sermon et l’obligation de réfuter les accusations de plagiat pur et simple portées contre le prophète Joseph Smith. La comparaison soigneuse des textes révèle des différences importantes qui sont attribuables avant tout au cadre propre au sermon du Livre de Mormon.
Dans le récit du Livre de Mormon, Jésus ressuscité apparaît aux survivants les plus justes d’un terrible orage et d’un violent tremblement de terre en Amérique, des gens qui se sont réunis au temple au pays appelé Abondance. On accomplit à cette occasion des ordonnances, parce que le peuple se prépare pour le baptême, d’abord le baptême d’eau par douze hommes que Jésus a ordonnés, suivi de celui de feu de la part du Seigneur lui-même (3 Né. 12:1). Le sermon au temple permet ainsi à la multitude assemblée de comprendre ses devoirs et ses obligations. Il lui fait aussi connaître la plénitude de l’Évangile que Jésus a établie parmi eux parce qu’il a accompli la loi «qui a été donnée à Moïse» (3 Né. 15:4-10) sous laquelle elle avait vécu. L’obéissance à l’Évangile de Jésus va donner au peuple du Livre de Mormon, lors de sa diffusion dans toutes ses terres, deux cents ans de paix et d’entente (4 Né. 1:17-23). Puisque Jésus lui-même déclare qu’il a fait un sermon semblable en Palestine avant de monter vers son Père (3 Né. 15:1), les saints des derniers jours n’ont aucun doute que le sermon sur la montagne constitue un exposé unifié que le Sauveur a probablement fait en plusieurs occasions (TJS Mt. 7:1-2, 9, 11) et pas simplement un recueil constitué par Matthieu ou ses sources. Comme cela arrive souvent en matière de discours, l’orateur peut répéter le message de base en l’adaptant à l’auditoire concerné.
CADRE DES SERMONS. Bien qu’une grande partie du texte de 3 Néphi 12-14 soit identique à Matthieu 5-7, il y a des différences nombreuses et importantes. La plupart des différences proviennent du cadre spécifique dans lequel le sermon est prononcé dans le Livre de Mormon. Tout d’abord, Jésus ressuscité ouvre son sermon du Livre de Mormon par trois béatitudes supplémentaires qui en soulignent le but comme discours aux croyants: «Bénis êtes-vous si vous prêtez attention aux paroles de ces douze que j'ai choisis… bénis êtes-vous, si vous croyez en moi et êtes baptisés… plus bénis sont ceux qui croiront en vos paroles… et seront baptisés… [et] recevront le pardon de leurs péchés» (3 Né. 12:1-2). De plus, le récit du Livre de Mormon est post-résurrectionnel et l’accent est mis sur le fait que le Seigneur a complètement accompli sa mission salvatrice. Ainsi, Jésus peut résumer la série d’antithèses rapportées dans 3 Néphi 12:21-45: «Les choses anciennes, qui étaient sous la loi, sont toutes accomplies en moi» (3 Né. 12:46). En outre, plutôt que de commander au peuple «Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Mt. 5:48), Jésus lui dit, en des termes significativement modifiés: «C'est pourquoi, je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait» (3 Né. 12:48). Au lieu de la déclaration à réalisation future «il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé» (Mt. 5:18), le passage du Livre de Mormon remplace l’expression «jusqu’à ce que tout soit arrivé» par «mais en moi elle a été toute accomplie» (3 Né. 12:18).
D’autres changements correspondent au cadre du Livre de Mormon et à l’absence des déclarations antipharisaïques qui ont une place si importante dans le récit de Matthieu. Deux exemples du premier changement sont le remplacement du «quadrant» (Mt. 5:26) par la «sénine» (3 Né. 12:26), qui était la plus petite mesure d’or des Néphites (Alma 11:3, 15-19) et l’absence de mention du serment «par Jérusalem… la ville du grand roi» (Mt. 5:35). De même, le sermon au temple à Abondance ne parle pas de surpasser la justice des scribes et les pharisiens, comme dans Matthieu 5:20, ou celle des publicains qui sont aimés de leurs amis (Mt. 5:46-47). Au lieu des allusions aux scribes et aux pharisiens (Mt. 5:20), le Seigneur dit aux Néphites: «À moins de garder les commandements, ce que je vous donne maintenant, vous n'entrerez en aucun cas dans le royaume des cieux» (3 Né. 12:20). En outre, le récit du Livre de Mormon ne contient aucune des mentions d’automutilation que l’on trouve dans Matthieu 5:29-30 (cf. 3 Né. 12:22).
ÉCLAIRCISSEMENTS. Un autre type de différences consiste en des ajouts au texte du sermon sur la montagne qui fournissent souvent des éclaircissements sensés. On en trouve plusieurs exemples dans les Béatitudes. La version du Livre de Mormon note que ce sont «les pauvres en esprit qui viennent à moi» qui héritent le royaume des cieux (3 Né. 12:3; Mt. 5:3). À la fin de 3 Néphi 12:6 (cf. Mt. 5:6), on trouve: «Bénis sont tous ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront remplis du Saint-Esprit». On pourrait croire que ce sont là de petits changements, mais ils n’en permettent pas moins de mieux comprendre le sens des paroles de Jésus.
Pour les saints des derniers jours, le message du sermon sur la montagne porte sur sa valeur normative. Peuple de l’alliance, ils assument l’obligation d’imiter le Sauveur dans leur vie personnelle et de travailler au but final qui est de devenir comme lui. Bien que les exigences soient importantes, elles constituent une incitation à devenir comme leur modèle divin (cf. 2 Né. 31:7-10, 16; 3 Né. 27:27). Les mots et les enseignements simples que Jésus a donnés à ses disciples en Palestine et aux survivants du Livre de Mormon sont encore applicables à ses saints d’aujourd’hui. [Voir aussi Notre Père.]

Bibliographie
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi." Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, pp. 139-154. Provo, Utah, 1978.
Thomas, Catherine. "The Sermon on the Mount: The Sacrifice of the Human Heart." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, pp. 236-50. Salt Lake City, 1986.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
ROBERT TIMOTHY UPDEGRAFF

Sexualité
Auteur: Olson, Terrance D.

Dans la vie et la pensée des saints, la sexualité consiste en une attitude, des sentiments et des désirs qui sont donnés par Dieu et sont essentiels au plan de Dieu pour ses enfants, mais qui ne sont pas la force motivante centrale dans l’agir humain. Chacun doit gérer ses pulsions sexuelles dans les limites que le Seigneur a fixées. La sexualité ne se définit pas comme un besoin ou une privation qu’il faut satisfaire, mais comme un désir qui ne doit être assouvi que dans le mariage avec des égards et de la sensibilité pour le bien-être de son conjoint hétérosexuel. En tant que progéniture de Dieu, les humains portent la lumière divine du Christ, qui est le moyen par lequel doit se mesurer l’expression correcte du désir sexuel. Selon que les hommes et les femmes sont fidèles ou infidèles à cette lumière, ils sont les maîtres ou les victimes des pulsions sexuelles. Ces désirs ne doivent être assouvis que dans le mariage hétérosexuel légal dans lequel l’activité sexuelle doit être une expression de l’unité, de la compassion, de l’engagement et de l’amour. La réciprocité et l’égalité doivent être la caractéristique de l’intimité physique d’un couple marié.
Les objectifs des relations sexuelles bien comprises dans le mariage sont entre autres l’expression et l’édification de la joie, de l’unité et de l’amour. Être «une seule chair», c’est connaître l’unité émotionnelle et spirituelle. Cette unité est un but aussi fondamental des relations sexuelles que la procréation. Le président Spencer W. Kimball a dit:
«L’union des sexes, du mari et de la femme (et seulement du mari et de la femme), a pour but principal de faire venir des enfants au monde. Le Seigneur n’a jamais voulu que les relations sexuelles soient un simple jouet ou servent simplement à satisfaire des passions et des pulsions. Nous ne connaissons aucune directive du Seigneur stipulant que pour être légitimes les relations sexuelles entre mari et femme doivent se limiter strictement à la procréation, mais nous avons d’amples indications depuis Adam jusqu’à nos jours que le Seigneur n’a jamais accordé de place aux relations sexuelles ‘libres’» [1975, p. 4].
En outre, comme Paul le fait remarquer, «Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme» (1 Co. 7:3-4). Ainsi donc, l’intimité physique est une bénédiction pour les couples mariés quand elle est l’expression de leur engagement mutuel au bien-être l’un de l’autre, une affirmation de leurs efforts pour être émotionnellement et spirituellement un. La clef en matière sexuelle est la générosité. La recherche égocentrique du désir physique détruit l’unité et l’amour qui caractérisent les relations matrimoniales saines. Ce genre d’amour ou de charité est patient, plein de bonté, n’est pas envieux, «ne fait rien de malhonnête… ne cherche point son intérêt… ne s’irrite point… ne soupçonne point le mal» (1 Co. 13:4-5) et est compatible avec la lumière du Christ, qui dirige tout le monde dans les voies de la justice.
Le fait d’amener des enfants dans un foyer aimant est considéré comme une bénédiction et une responsabilité sacrées du mari et de la femme. Étant donné ce contexte, la régulation des naissances est une question laissée à la décision commune, prise dans l’esprit de la prière, par un couple qui est droit devant Dieu, avec la recommandation que le mari doit être prévenant vis-à-vis de sa femme, qui est la personne qui subit les exigences physiques et émotionnelles les plus grandes dans la mise au monde d’enfants. La santé et la force de la femme doivent être préservées dans la grossesse; la sagesse doit donc régir la façon dont mari et femme s’acquittent de la responsabilité de devenir parents et de s’occuper de leur progéniture.
Les pulsions sexuelles chez l’homme ou la femme mûrs sont relativement fortes et constantes, et elles ne sont pas mauvaises. Parley P. Pratt, l’un des premiers apôtres de notre dispensation, a fait cette réflexion:
«Certains pensent que nos affections naturelles sont le résultat d’une nature déchue et corrompue et qu’elles sont ‘charnelles, sensuelles et diaboliques’ et qu’il faut donc y résister, les soumettre ou les surmonter comme autant de maux qui empêchent notre perfection ou notre progression dans la vie spirituelle… Nos affections naturelles sont implantées en nous par l’Esprit de Dieu dans un but sage et elles sont la source même de la vie et du bonheur, elles sont le ciment de toute société vertueuse et céleste, elles sont l’essence de la charité ou de l’amour… Il n’existe pas de principe plus pur et plus saint que l’affection qui brûle dans la poitrine d’un homme vertueux pour sa femme» [p. 52].
Comme pour n’importe quel appétit ou passion, le désir physique peut être déformé, perverti ou devenir obsessionnel. Spencer W. Kimball a observé que, comme dans tous les autres aspects du mariage, il y a des vertus à observer dans le domaine sexuel: «Il y a des gens pour dire que tout est permis dans l’alcôve. Ce n’est pas vrai et le Seigneur ne le tolérerait pas» (Kimball, 1982, p. 312).
L’Église interdit les relations sexuelles excepté entre un homme et une femme qui sont légalement mariés l’un avec l’autre. Les saints des derniers jours sont censés s’abstenir de rapports sexuels avant le mariage et d’honorer l’alliance du mariage en limitant les relations sexuelles au seul conjoint (voir Chasteté, loi de; Relations sexuelles avant le mariage). La morale sexuelle exige également que l’on s’abstienne d’activités qui éveillent des désirs qui ne peuvent s’exprimer avant le mariage. L’abstinence sexuelle avant le mariage est considérée non seulement comme juste et possible mais également salutaire. L’abstinence n’est pas regardée comme une répression, et il n’y a pas non plus de conséquences négatives particulières à vivre ainsi.
Les parents ont l’obligation d’enseigner à leurs enfants à la fois la nature bonne – le caractère sacré – du pouvoir de créer la vie (voir Procréation) et les principes de la maturation et du développement sexuel. Les dirigeants de l’Église encouragent les parents à discuter ouvertement de la sexualité avec leurs enfants, en répondant franchement à leurs questions et en contrastant le plan du Seigneur pour ses enfants – qui inclut leur capacité d’avoir un jour eux-mêmes des enfants – avec la façon dont ce pouvoir de créer la vie peut être profané ou mal utilisé. Les enfants doivent être préparés dans leur jeunesse et, en fonction de leur développement, instruits de la reproduction humaine et des significations émotionnelles et spirituelles du pouvoir de procréation et du désir sexuel qui se développeront en eux (voir Éducation sexuelle). Il est attendu des parents qu’ils enseignent des principes corrects et donnent l’exemple de ce qu’ils enseignent, se traitant avec compassion et charité et vivant dans des relations de fidélité absolue.
À la base de tout enseignement parental il doit y avoir des relations d’amour et de confiance entre parents et enfants. Les jeunes sont vulnérables aux tentations sexuelles à cause de la force de leurs pulsions grandissantes et parce qu’ils en sont encore à se développer dans la compréhension et la responsabilité. La pleine compréhension des conséquences – pour eux-mêmes et pour les générations suivantes – du refus d’abstinence sexuelle ne va pas forcément de pair avec leur intérêt sexuel. La confiance et le respect pour les parents peuvent aider à isoler les adolescents des tentations pendant que leur capacité d’exercer tous leurs droits et responsabilités mûrit.
La responsabilité des parents d’éduquer les enfants avec tact et de manière directe ne doit pas être déléguée à l’école ou à d’autres organismes extérieurs au foyer. Quand des programmes publics d’éducation sexuelle sont offerts, il est recommandé aux parents de l’Église de s’assurer qu’ils reconnaissent suffisamment la sainteté du mariage et sont en faveur de valeurs et de principes axés sur la famille. Quand des organismes de ce genre entreprennent l’éducation sexuelle, les parents de l’Église devraient avoir préparé et instruit leurs enfants de telle manière que les programmes scolaires soient tout au plus un supplément aux fondements posés dans le cercle de famille.
Le niveau de moralité sexuelle approuvé par l’Église s’applique de manière égale aux hommes et aux femmes. Étant donné que le pouvoir de créer la vie est au centre du plan de Dieu pour ses enfants, les transgressions sexuelles sont d’une gravité extrême (voir Adultère). Ceux qui enfreignent la loi de chasteté peuvent faire l’objet de sanctions disciplinaires de l’Église dont le but est de les aider à mettre fin à leurs transgressions et de les réintégrer complètement. Que ce soient l’adultère, la fornication, la maltraitance sexuelle, l’inceste, le viol, la perversité ou toute autre pratique impure, ces comportements doivent être vigoureusement combattus par les autorités locales de l’Église, qui cherchent à obtenir le repentir des délinquants et la protection des victimes éventuelles. Les relations homosexuelles sont interdites (voir Homosexualité). Dans ces cas-ci, l’Église affirme que de telles distorsions dans les pulsions ou le comportement sexuels peuvent, avec l’aide de Seigneur, être surmontées. Les dispositions prises par l’Église doivent être motivées par un intérêt compatissant pour le bien-être des transgresseurs et la guérison des relations. L’inconduite sexuelle ne doit pas être pardonnée, ignorée ou traitée avec légèreté. Les transgresseurs eux-mêmes peuvent être pardonnés, mais seulement en se repentant et en allant au Christ (voir Repentir) et en se détournant, par son expiation, de leurs croyances et de leurs pratiques destructrices.
Les victimes de viol ou d’inceste sont souvent traumatisées et éprouvent des sentiments de culpabilité, mais elles ne sont pas responsables du mal fait par d’autres, et elles méritent et doivent retrouver leur sentiment d’innocence grâce à l’amour et aux conseils des dirigeants de l’Église.
En termes pratiques, les avantages qu’il y a à mener une vie chaste avant le mariage et à être fidèle dans le mariage s’appliquent à tous les aspects du mariage et des relations familiales. En restant chaste avant le mariage et totalement fidèle à son conjoint dans un mariage hétérosexuel, on peut éviter certaines maladies physiquement débilitantes, des grossesses extra-conjugales, et la transmission d’infections vénériennes à ses enfants. Le sentiment de confiance, de fidélité, d’amour et d’engagement essentiel à l’idéal de l’unité dans le mariage et la vie de famille n’est pas entamé ou tendu. En outre, cela renforce les relations que l’on a avec Dieu et la confiance que l’on a en lui. En gérant le pouvoir de créer la vie, on plante le décor pour l’exercice de ces désirs, pas sur le caprice du moment, mais avec respect pour le caractère sacré des pouvoirs divins de création.

Bibliographie
Foster, Lawrence. Religion and Sexuality: Three American Communal Experiments of the Nineteenth Century. New York, 1981.
Kimball, Spencer W. "The Lord's Plan for Men and Women." Ensign 5, octobre 1975, pp. 2-5.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Pratt, Parley P. Writings of Parley Parker Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison. Salt Lake City, 1952.
Rytting, Marvin. "On Sexuality." Dialogue 7, hiver 1972, pp. 102-104.
"Sexuality and Mormon Culture." Dialogue 10, automne 1976, pp. 9-93. Le numéro tout entier est sur la sexualité.
TERRANCE D. OLSON

Smith, Joseph, fils

[Cette rubrique se compose de quatre parties:
Smith, Joseph: Le prophète
Smith, Joseph: Enseignements de Joseph Smith
Smith, Joseph: Écrits de Joseph Smith
Smith, Joseph: Procès de Joseph Smith

Smith, Joseph: Le prophète est une biographie de Joseph Smith; Smith, Joseph: Enseignements de Joseph Smith esquisse sa pensée et ses enseignements; Smith, Joseph: Écrits de Joseph Smith examine ses écrits personnels et l’ensemble des Écritures, des révélations et de l’histoire résultant de son ministère; et Smith, Joseph: Procès de Joseph Smith raconte son histoire judiciaire et juridique. Voir aussi Visions de Joseph Smith.
Les aperçus historiques de l’histoire des saints des derniers jours à l’époque de Joseph Smith sont Histoire de l’Église: 1820-1831, Cadre, Fondation, Période de New York; Histoire de l’Église: 1831-1844, Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo. Pour les rubriques traitant de son appel de prophète, on consultera Prophète Joseph Smith. Pour le cadre de la famille de Joseph Smith, voir Smith, Famille et Smith, Ancêtres; voir aussi les rubriques sur sa mère, Smith, Lucy Mack; son père, Smith, Joseph, père; son frère, Smith, Hyrum, et son épouse, Smith, Emma Hale.]

Smith, Joseph: Le prophète
Auteurs: BUSHMAN, RICHARD L. et JESSEE, DEAN C.

Joseph Smith, fils (1805-1844), souvent désigné sous le nom de Joseph Smith, le prophète, est le prophète fondateur de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les saints des derniers jours l’appellent «le prophète» parce que, dans la tradition des prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ses enseignements dépendaient de la révélation de Dieu, pas de sa culture. Ils acceptent ses révélations, dont beaucoup ont été publiées sous les titres Doctrine et Alliances et Perle de Grand Prix, Écritures parallèles à la Bible. Dans sa jeunesse, Joseph Smith a également traduit un document sacré provenant de l’Amérique ancienne, appelé Livre de Mormon. Ces révélations et ces documents ont rétabli sur la terre l’Évangile pur du Christ. Le rôle de Joseph Smith dans l’histoire a été de fonder l’Église de Jésus-Christ basée sur cet Évangile rétabli en vue de la seconde venue du Christ.
Ses origines ne laissaient rien présager de cette vie hors normes. Les ancêtres de Joseph Smith étaient des fermiers ordinaires de la Nouvelle-Angleterre. Ses ancêtres Smith avaient émigré au dix-septième siècle d’Angleterre en Amérique et s’étaient installés à Topsfield (Massachusetts), où ils s’étaient fait un nom. Son grand-père, Asael Smith, incapable alors de payer les dettes de la ferme familiale, vendit la ferme, liquida les dettes et émigra en 1791 à Tunbridge (Vermont), où il acheta suffisamment de terres pour pourvoir aux besoins de ses fils. Les ancêtres Mack de Joseph Smith, venus d’Écosse, s’installèrent à Lyme (Connecticut), prospérèrent un certain temps, puis rencontrèrent des temps difficiles. Solomon Mack, grand-père de Joseph, tenta diverses entreprises en Nouvelle-Angleterre et à New-York avec peu de succès financier. L’un des fils Mack s’installa à Tunbridge, ce qui permit à Lucy Mack de rencontrer Joseph Smith, père, l’un des fils d’Asael. Le couple se maria en 1796. Il eut onze enfants dont neuf vécurent jusqu’à l’âge adulte. Joseph Smith, fils, né le 23 décembre 1805, à Sharon (Vermont), fut le troisième fils qui resta en vie et le quatrième enfant.
Le jeune Joseph eut peu de scolarité. En 1803, ses parents perdirent leur ferme de Tunbridge suite à l’échec d’une entreprise commerciale et, pendant les quatorze années qui suivirent, déménagèrent d’une ferme louée à l’autre. En 1816, ils émigrèrent à Palmyra (New-York), juste au nord des Finger Lakes, où ils achetèrent en 1817 une ferme à Farmington (plus tard Manchester), l’arrondissement directement au sud de Palmyra. La nécessité de défricher des terres et de produire de quoi vivre chichement laissait peu de temps pour l’école. «Comme il fallait bien les efforts de tous ceux qui étaient capables d’apporter la moindre aide pour l’entretien de la famille, écrit Joseph en 1832, nous avons été privés du bénéfice des études. Qu’il suffise de dire que j’ai simplement appris à lire, à écrire et les bases de l’arithmétique, ce qui a constitué tous mes acquis littéraires» (Jessee, 1989–, 1:5). Sa mère le décrit comme «beaucoup moins enclin à la lecture des livres que le reste des enfants, mais beaucoup plus adonné à la méditation et à l’étude approfondie» (Smith, p. 84). Sa connaissance de la Bible et sa façon biblique d’écrire donnent à penser qu’une grande partie de ses études primaires est venue de cette source.
L’un des sujets qu’il méditait était la religion. Ses parents avaient été élevés sous l’influence du Congrégationnalisme de la Nouvelle-Angleterre mais, mécontents des prédicateurs des environs, ils n’allaient pas régulièrement à l’église. Les deux parents eurent des expériences religieuses profondes et un désir ardent de salut sans avoir une manière satisfaisante de rendre le culte. Quelques années après leur installation à Palmyra, Lucy Smith et trois des enfants entrèrent chez les presbytériens; Joseph, père, et les autres, notamment Joseph, fils, restèrent chez eux. Le jeune Joseph était profondément préoccupé par la question de savoir à quelle église se joindre et la prédication des pasteurs lors des réveils dans la région augmentait son incertitude.
Au printemps de 1820, alors qu’il venait d’avoir quatorze ans, Joseph demanda directement à Dieu de le guider. La réponse fut étonnante. Tandis qu’il priait dans les bois près de chez lui, le Père et le Fils lui apparurent. L’assurant que ses péchés lui étaient pardonnés, le Seigneur lui dit qu’aucune des églises n’était la bonne et qu’il ne devait se joindre à aucune. Les saints des derniers jours appellent cela la Première Vision de Joseph Smith, l’événement qui a été à l’origine du rétablissement de l’Évangile. À l’époque, cela fit peu d’impression sur les contemporains de Joseph Smith. Il parla de la vision à un pasteur et se fit rabrouer. Croyant que la Bible suffisait, les pasteurs étaient sceptiques vis-à-vis de la révélation directe. Le dédain affiché irrita Joseph, qui avait seulement essayé de raconter ce qui lui était arrivé, et l’éloigna encore plus des églises.
Au bout de trois ans sans autres révélations, Joseph se demanda s’il avait toujours la faveur de Dieu et pria de nouveau pour être dirigé et pardonné. La vision qu’il reçut le 21 septembre 1823 allait orienter le cours de sa vie pendant les sept années suivantes. Un ange lui apparut et lui parla d’annales sacrées d’un peuple antique. Cet ange, Moroni, dit à Joseph qu’il allait recevoir ces annales, écrites sur des plaques d’or, et les traduire. Il lui dit aussi que l’alliance faite autrefois par Dieu avec Israël était sur le point de s’accomplir, que la préparation de la seconde venue du Christ était sur le point de débuter et que l’Évangile devait être prêché à toutes les nations pour préparer les hommes pour le règne millénaire du Christ. Dans une vision, Joseph vit la colline près de sa maison où les plaques étaient enterrées. Quand il s’y rendit le lendemain pour prendre possession des plaques, l’ange l’arrêta. Il lui dit qu’il devait attendre quatre ans pour obtenir les plaques et qu’entre-temps, il devait retourner tous les ans pour recevoir des instructions. Le 22 septembre 1827, il obtint les plaques à partir desquelles il traduisit le Livre de Mormon (voir Moroni, Visitations de).
La découverte des plaques d’or à flanc de coteau faisait étrangement écho à d’autres expériences de la famille Smith. Comme beaucoup d’autres habitants de la Nouvelle-Angleterre, elle connaissait bien la pratique de la recherche de trésors perdus à l’aide de moyens surnaturels. Le père de Joseph Smith passait pour être l’un de ces chercheurs de trésors et Joseph Smith lui-même avait trouvé une pierre, appelée pierre de voyant, qui était censée lui permettre de trouver les objets perdus. Les chercheurs de trésors voulaient l’utiliser pour les aider dans leurs recherches. L’un d’eux, un nommé Josiah Stowell (parfois écrit Stoal), engagea Joseph et son père en 1825 pour faire des fouilles pour trouver un trésor espagnol supposé se trouver près d’Harmony (Pennsylvanie). L’entreprise n’aboutit pas et les Smith rentrèrent chez eux, mais les voisins continuèrent à voir dans les Smith des membres des chercheurs de trésors. Joseph Smith dut apprendre, pendant ses quatre années d’attente, à apprécier les plaques uniquement pour leur valeur religieuse, pas pour leur valeur monétaire. L’ange interdit à Joseph de prendre les plaques lorsqu’il les vit pour la première fois parce que des pensées concernant leur valeur commerciale lui avaient traversé l’esprit. Joseph dut apprendre à se concentrer sur le but religieux des plaques et à laisser de côté toute considération sur leur valeur en or.
En 1825, pendant qu’il travaillait à Harmony, Joseph Smith rencontra Emma Hale chez celle-ci où son père et lui avaient pris pension. Il continua de la voir au cours de l’année suivante tout en faisant d’autres travaux dans la région et, le 18 janvier 1827, ils se marièrent. Elle était grande, droite et mince et avait les cheveux noirs; lui avait plus d’un mètre quatre-vingts, était solidement bâti et avait les cheveux châtain clair et les yeux bleus. Après le mariage, ils allèrent vivre avec la famille Smith à Manchester, près de la colline Cumorah, où les plaques étaient toujours enterrées.
Le 22 septembre 1827, Joseph Smith se rendit pour la cinquième fois à la colline. Cette fois-ci, l’ange lui permit de prendre les plaques, avec pour ordre strict de ne les montrer à personne. Mais il y eut des complots pour les lui enlever et on ne le laissa pas commencer la traduction en paix. Finalement, Emma et lui durent déménager, pour leur sécurité, et s’installer à Harmony, près de la famille d’Emma.
Pendant les trois années qui suivirent, l’œuvre de Joseph dépendit de l’appui d’un petit nombre d’amis fidèles qui vinrent à son aide et le protégèrent des curieux. Son attitude ouverte inspirait confiance et la franchise avec laquelle il relatait tout simplement ce qui lui était arrivé désarmait les sceptiques. Son frère écrivit plus tard que la jeunesse de Joseph, son manque d’instruction et «sa personnalité et sa manière d’être» convainquirent la famille qu’il était incapable de «dire autre chose que la vérité» (William Smith on Mormonism, Lamoni, Iowa, 1883, pp. 9-10). Le temps que la traduction fût terminée et le Livre de Mormon publié, une quarantaine ou une cinquantaine de personnes avaient cru en sa mission et en ses dons divins.
Martin Harris, un fermier prospère de Palmyra, fut l’un de ces amis. Il aida Joseph à aller s’installer à Harmony avant de s’y installer lui-même pour aider à la traduction. Avec les plaques, Joseph avait reçu, pour lui permettre de traduire, un instrument spécial appelé interprètes ou urim et thummim. Martin Harris écrivait sous la dictée (voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). Au printemps de 1828, après trois mois de travail, Martin Harris reprit chez lui les 116 pages de traduction pour les montrer à sa femme et elles furent perdues ou volées. Ceci interrompit la traduction et plongea Joseph dans la détresse. Peu après, il se faisait vertement réprimander dans une révélation (D&A 3). C’est vers ce moment-là, le 15 juin 1828, que le fils aîné de Joseph et d’Emma mourut le jour de sa naissance, ce qui fut un déchirement supplémentaire pour Joseph.
La traduction reprit à l’automne de 1828, continuant par intermittence jusqu’au printemps de 1829. C’est alors qu’Oliver Cowdery, un instituteur qui avait appris l’existence des plaques par les parents de Joseph, crut en celui-ci et accepta d’écrire sous la dictée. Ils travaillèrent ensemble d’avril à juin 1829. Quand les deux amis prièrent, le 15 mai, pour comprendre le baptême, un messager, qui se présenta comme étant Jean-Baptiste apparut, leur conféra l’autorité dans la prêtrise et leur commanda de se baptiser mutuellement (voir Prêtrise d’Aaron: Rétablissement). Oliver écrivit plus tard: «Ce furent là des jours inoubliables! Cela éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter le son d'une voix parlant sous l'inspiration du ciel» (JS–H 1:71 n).
Oliver ne fut pas le seul témoin supplémentaire des révélations. Quand l’opposition commença à monter à Harmony, Oliver et Joseph partirent en juin 1829 à Fayette, New York, pour la maison familiale de David Whitmer, ami d’Oliver. Ici encore, Joseph reçut le soutien nécessaire de personnes qui croyaient en lui. Une fois la traduction terminée, il fut dit à Joseph que d’autres seraient autorisés à voir les plaques, qu’il avait été jusqu’alors le seul à voir. L’ange Moroni apparut à Martin Harris, à Oliver Cowdery et à David Whitmer et leur montra les plaques d’or tandis qu’une voix venue du ciel déclarait que la traduction avait été faite par le pouvoir de Dieu et était vraie (voir Témoins du Livre de Mormon). La mère de Joseph écrit que Joseph rentra à la maison après cette révélation et se laissa tomber sur un siège près d’elle en s’exclamant qu’enfin quelqu’un d’autre avait vu les plaques. «Maintenant ils savent par eux-mêmes que je ne passe pas mon temps à tromper les gens» (Smith, p. 139). Des mots qui en disent long sur la tension qu’il avait en lui de savoir qu’il était le seul témoin de ses expériences remarquables.
En mars 1830, le Livre de Mormon fut publié, ce qui mit fin à une phase de la vie de Joseph mais pas de sa mission divine. En 1829, des révélations lui commandèrent d’organiser une église. Le 6 avril 1830, chez les Whitmer à Fayette, l’Église du Christ fut organisée avec Joseph Smith et Oliver Cowdery comme premier et deuxième anciens (voir Organisation de l’Église, 1830).
Le fait de devoir diriger l’Église donna à la vie de Joseph Smith une orientation nouvelle. Jusqu’alors il avait été un jeune homme avec un don divin et la mission de traduire le Livre de Mormon; maintenant, sans aucune expérience antérieure comme organisateur, il se retrouvait responsable d’organiser une église et de diriger un peuple. Il dut s’appuyer sur la révélation. Au cours des six années qui suivirent, il reçut beaucoup de révélations, dont 90 remplissent 190 pages des Doctrine et Alliances. Elles vont d’instructions portant sur de menus détails d’administration à des descriptions sublimes de la vie dans l’au-delà. Habituellement, quand il y avait des problèmes à résoudre, qu’ils soient administratifs ou doctrinaux, le prophète recherchait l’aide divine et, grâce à elle, dirigeait l’Église.
La voie tracée à la nouvelle église par les révélations était extraordinairement difficile. Le prophète reçut pour instructions de se lancer dans des projets qui s’étendaient sur la moitié du continent et qui impliquaient une réorganisation de la société. Le grand objectif était l’établissement de Sion. Les enseignements du Livre de Mormon sur le Christ parlaient d’une nouvelle Jérusalem, une ville de Sion qui serait fondée en Amérique (3 Né. 20:22). Des révélations postérieures décrivaient la nature du nouvel ordre. Le concept central était le rassemblement des gens purs et honnêtes d’entre les nations dans des communautés où ils pourraient apprendre à vivre dans l’unité et l’amour sous la direction divine et où des temples pourraient être construits pour administrer les ordonnances sacrées du salut.
En septembre-octobre 1830, des missionnaires furent appelés pour instruire les Amérindiens qui vivaient près de la frontière occidentale du Missouri (voir Mission lamanite de 1830-1831). Il fut dit à ces missionnaires que la ville de Sion serait située quelque part dans cette région. Plus tard, des révélations portèrent sur un rassemblement au Missouri pour organiser Sion et un nouvel ordre économique conçu pour permettre aux saints de vivre ensemble dans l’unité (voir Consécration: Loi de consécration). Joseph et d’autres dirigeants de l’Église se rendirent au comté de Jackson (Missouri) pendant l’été de 1831, et là apprirent par révélation que la ville devait être construite et un temple érigé près d’Independence (Missouri) (voir Missouri: Communautés de saints dans les comtés de Jackson et de Clay). Le rassemblement devait commencer immédiatement.
Quand on se rappelle que Joseph Smith n’avait pas encore vingt-six ans et que cinq ans plus tôt il n’était qu’un paysan sans instruction connu seulement pour ses dons spirituels, il est difficile de comprendre l’audace de ces plans. L’ampleur de ses conceptions ne le dérangea jamais. «J’ai l’intention de poser des fondements qui révolutionneront le monde entier», devait-il dire plus tard (HC 6:365). Il agissait avec la certitude que ses directives venaient de Dieu et que l’Église triompherait en dépit de tout.
Au printemps de 1831, pratiquement tous les saints des derniers jours quittèrent l’État de New York pour l’Ohio. Joseph et Emma s’installèrent à Kirtland (Ohio), près d’un groupe de nouveaux convertis et, pendant les six années suivantes, ce fut le siège de l’Église. L’autre point focal de la vie de l’Église jusqu’en 1838 fut le Missouri, d’abord Independence, emplacement de la future ville de Sion, puis le nord du Missouri. À mesure que les saints des derniers jours émigraient au Missouri, les tensions avec les vieux colons augmentèrent. Au comté de Jackson, en 1831-1833, et de nouveau au comté de Caldwell, en 1836-1838, les efforts pour établir Sion suscitèrent une opposition violente contre ce que les non-mormons percevaient comme une menace contre leur mode de vie (voir Conflit au Missouri).
Joseph Smith fit également des efforts pour réaliser sa vision de Sion pendant les sept années que les saints des derniers jours furent en Ohio. Il organisa les premiers pieux et installa la structure de la présidence de la prêtrise de l’Église. Le prophète créa une banque, un journal et une imprimerie; il supervisa la construction du premier temple de l’Église et lança une œuvre missionnaire considérable aux États-Unis, au Canada et en Angleterre. Ses révélations, notamment une loi de santé (voir Parole de Sagesse), orientèrent les saints dans la gestion de leur vie quotidienne. Il fit une traduction de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)). Il instaura un système scolaire pour préparer les saints pour les rôles de direction et de mission et étudia lui-même l’hébreu à l’école. L’apogée des années de Kirtland fut la consécration du temple. Bien qu’ayant reçu l’autorité dans la prêtrise plusieurs années plus tôt, en 1836, dans le temple de Kirtland, Joseph Smith reçut des clefs d’autorité supplémentaires importantes de Moïse, d’Élias et d’Élie relatives au rassemblement d’Israël et au scellement éternel des familles.
L’opposition avait harcelé le prophète depuis le moment où il avait parlé pour la première fois de ses visions. En 1832, il fut enduit de goudron et de plumes et battu par des émeutiers qui s’introduisirent dans la maison où il logeait à Hiram (Ohio), intrusion qui fut à l’origine de la mort d’un enfant. À Kirtland, des querelles se produisirent dans l’Église concernant la nature de la nouvelle société et de l’implication du prophète dans le domaine économique et la politique; certains l’accusèrent d’essayer de s’immiscer dans leur vie privée et le qualifièrent de prophète déchu. Au début de 1838, l’opposition, particulièrement parmi les dirigeants en Ohio, s’intensifia à tel point que le prophète et les membres fidèles partirent au Missouri.
Joseph Smith arriva avec sa famille à Far West (comté de Caldwell, Missouri) en mars 1838, et là il chercha de nouveau à créer un lieu de rassemblement pour les saints et à construire un temple (voir Missouri: Localités de saints dans les comtés de Caldwell et de Daviess). Mais, comme précédemment, l’afflux d’étrangers ayant des pratiques sociales, religieuses et économiques différentes fut inacceptable pour les vieux colons. L’opposition dégénéra en violence, le 6 août 1838, à Gallatin (comté de Daviess) quand les ennemis de l’Église essayèrent d’empêcher les saints des derniers jours de voter. La bagarre qui s’ensuivit fit des blessés des deux côtés. Un malentendu qui se produisit ensuite avec un juge de paix local donna lieu à des accusations contre le prophète. Les rumeurs se répandant, les citoyens de plusieurs comtés, puis des milices se mobilisèrent pour expulser les saints des derniers jours (voir Conflit au Missouri; Ordre d’extermination).
La crise atteignit son paroxysme le 31 octobre 1838, quand Joseph Smith et plusieurs autres, pensant pouvoir négocier des manières de désamorcer la situation volatile existante, furent arrêtés. Ce fut le début de cinq mois d’emprisonnement. Une commission d’enquête, en novembre, à Richmond (comté de Ray), accusa le prophète et d’autres d’actes de trahison liés au conflit et les fit emprisonner à la prison de Liberty en attendant leur procès. Entre-temps, les saints étaient chassés de l’état.
Cet emprisonnement dans des conditions pénibles aggravées par le fait qu’il était séparé de force de sa famille et de l’Église, laissa à Joseph le temps de réfléchir à la signification de la souffrance humaine. Les écrits rédigés en prison contiennent certains des passages les plus sublimes de son ministère. Des extraits de ses lettres furent ajoutés au recueil de ses révélations (voir Doctrine et alliances: Sections 121-123). Reconnaissant tout ce par quoi il était passé, l’une des révélations lui rappelait qu’aussi grandes que fussent ses souffrances, elles ne dépassaient pas celles du Sauveur: «Le Fils de l’Homme est descendu plus bas que tout cela. Es-tu plus grand que lui?» (D&A 122:8).
Au mois d’avril suivant, pendant qu’on les emmenait au comté de Boone (Missouri), pour un changement de juridiction, on laissa le prophète et ses codétenus s’échapper. Dans le mois qui suivit son retour auprès de sa famille et de ses amis à Quincy (Illinois), Joseph Smith avait autorisé l’achat de terres sur le fleuve Mississippi près de Commerce (comté de Hancock, Illinois) et avait installé sa famille dans une cabane de rondins de deux pièces. Pendant l’été de 1839, les saints commencèrent à s’installer dans leur nouveau lieu de rassemblement, qu’ils appelèrent Nauvoo.
Comme beaucoup de terrains longeant les fleuves, Nauvoo fut au départ mal drainée et infestée par la maladie. Pendant une épidémie de malaria, le prophète abandonna sa maison aux malades et vécut sous une tente. Des témoins rapportèrent des guérisons miraculeuses sous son administration. «Il y avait beaucoup de malades parmi les saints des deux côtés du fleuve et Joseph est passé parmi eux, les prenant par la main et leur commandant d’une voix forte, au nom du Jésus-Christ, de se lever de leur lit et d’être guéris» (Journal intime de Wilford Woodruff, 22 juillet 1839, manuscrit, archives de l’Église). Les décès étaient si fréquents que des obsèques collectives furent organisées.
Vers la fin de 1839, le prophète se rendit à Washington, D.C, pour obtenir, de la part du gouvernement fédéral, réparation pour les pertes subies par son peuple au Missouri. Tandis qu’il était là, il obtint des entretiens avec le président Martin Van Buren et des membres éminents du Congrès, mais en sortit déçu et les mains vides.
Nauvoo fut rapidement légalisée en vertu de la charte de Nauvoo autorisée par l’état. Dans les quelques années qui suivirent, la ville grandit au point de rivaliser avec Chicago comme étant la plus grande de l’Illinois. Joseph fit partie du conseil municipal et devint maire par la suite. En sa qualité de maire, il remplit aussi les fonctions de juge président du tribunal municipal et comme receveur de l’enregistrement. Avec le rang de lieutenant-général, il dirigea la Légion de Nauvoo, la milice municipale. Il était également propriétaire d’un magasin de marchandises et devint rédacteur et éditeur du périodique Times and Seasons.
La sécurité relative de Nauvoo donna à Joseph Smith la possibilité de faire avancer, avec une vigueur renouvelée, l’œuvre du royaume. Il envoya le Collège des douze apôtres en Grande-Bretagne, où ils augmentèrent l’œuvre missionnaire et lancèrent un programme d’émigration qui amena un flot d’immigrés dans le nouveau lieu de rassemblement (voir Missions des Douze aux îles Britanniques). À Nauvoo, le prophète organisa les premières paroisses. Il étendit l’autorité ecclésiastique des Douze pour y inclure une juridiction dans les pieux, les plaçant pour la première fois dans une situation d’autorité universelle sur l’Église sous la Première Présidence. Il supervisa la construction du temple de Nauvoo et créa la Société de Secours des femmes de Nauvoo.
Le prophète rencontra un dilemme pendant qu’il commençait à rétablir des principes divins perdus depuis longtemps. Poussé par le pressentiment que son temps était compté, il souhaita accélérer ses efforts, mais parce que beaucoup ne comprenaient pas sa mission et s’opposaient à lui, il devait avancer lentement. «Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées… si le peuple était prêt à le recevoir», écrivit-il en 1843 (HC 5:402). Pour résoudre ce dilemme, le prophète présenta quelques principes en privé à un nombre restreint de membres fidèles dans l’intention de planter les semences avant sa mort. Dès 1841, il introduisit le mariage plural, une partie nécessaire du rétablissement de l’ordre ancien des choses, aux membres des Douze et à quelques autres. Bien que comprenant le principe depuis 1831 et s’étant apparemment marié avec une femme plurale plusieurs années plus tôt, ce fut en 1841 qu’il épousa Louisa Beaman, la première femme plurale pour laquelle nous ayons un écrit. Pendant les années qui lui restaient, il en épousa au moins vingt-sept autres.
En mai 1842, le prophète introduisit la Dotation complète, des ordonnances religieuses pratiquées par la suite dans tous les temples des saints, à un petit groupe dans la salle à l’étage de son magasin de Nauvoo. Un an plus tard, il accomplit les premiers scellements de couples mariés pour le temps et l’éternité. En outre, il enseigna aux saints des points de doctrine importants concernant la nature de Dieu et l’homme (voir Discours sur King Follett). En mars 1844, il organisa le conseil des cinquante, bras politique du royaume de Dieu. Lorsqu’il mourut, trois mois plus tard, il avait accompli tout ce qu’il estimait être essentiel pour la continuation du royaume. Entre-temps, il avait transféré aux Douze les clefs de l’autorité, assuré que le programme qu’il avait lancé allait maintenant continuer quoi qu’il lui arrive (voir Succession dans la présidence).
L’enseignement de ces principes en privé à un petit cercle permit à Joseph Smith d’accomplir sa mission mais compliqua la situation à Nauvoo et déclencha des forces qui finirent par causer sa mort. Certains saints eurent du mal à accepter ces enseignements peu communs. Brigham Young dit que quand on lui enseigna le mariage plural, ce fut la première fois de sa vie qu’il aurait préféré mourir. À un moment donné, Emma, la femme de Joseph, devint «très hostile et pleine du ressentiment» [«déclaration de William Clayton», Woman’s Exponent 15, 1er juin 1886, p. 2]. Lorsque les informations sur ces enseignements privés filtrèrent dans la collectivité, les suppositions et les rumeurs déformées proliférèrent.
Tandis que le prophète poursuivait ses objectifs, les forces extérieures à l’Église s’organisèrent contre lui. Les autorités du Missouri essayèrent trois fois de l’extrader de l’Illinois, ce qui déboucha sur de longues périodes de harcèlement judiciaire. À cause de la perte de propriétés lors des persécutions précédentes, il ne pouvait pas payer ses dettes et dut éluder ses créanciers. Quand les dirigeants politiques de l’Illinois se tournèrent contre les saints des derniers jours et qu’aucun des dirigeants nationaux ne voulut soutenir leur cause, le prophète annonça sa candidature au poste de président des États-Unis, ce qui lui donna accès à une plate-forme lui permettant de traiter des droits de son peuple (voir Politique à Nauvoo).
En avril 1844, les dissidents défièrent ouvertement la direction de Joseph Smith en organisant une église de réforme et en éditant un journal, le Nauvoo Expositor, afin de le dénoncer. Voyant dans l’Expositor une menace à la paix de la communauté, le conseil municipal de Nauvoo, que Joseph Smith présidait comme maire, l’autorisa à commander la destruction de la presse – une mesure qui fit flamber l’opposition. Le 12 juin, le prophète fut accusé d’émeute pour avoir détruit la presse. Après une série de manœuvres judiciaires, Joseph se laissa arrêter à Carthage, le siège du comté, située dans le voisinage, avec la promesse du gouverneur qu’il serait protégé. Joseph ne se sentait pas en sécurité et les menaces verbales des excités des localités voisines confirmaient ses appréhensions. Le 27 juin 1844, alors qu’ils étaient en prison à Carthage, en attendant une comparution au tribunal, Joseph Smith et son frère Hyrum furent tués au cours d’un assaut donné à la prison par des émeutiers au visage noirci (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Le lendemain, les corps des frères furent ramenés à Nauvoo où dix mille saints des derniers jours se rassemblèrent pour pleurer la perte de leur prophète.
En dépit de l’adversité qui le poursuivit de sa jeunesse jusqu’à sa mort, Joseph Smith n’était pas le genre de personnage austère et rébarbatif que ses contemporains imaginaient généralement chez un prophète. Un converti anglais écrit que Joseph «n’était pas un type au visage renfrogné et dégageant un air de sainteté, bien au contraire» [John Needham à Thomas Ward, 7 juillet 1843, Latter-Day Saints’ Millennial Star 4, oct. 1843, p. 89]. Il n’était pas rare de le voir se livrer à des activités sportives avec les hommes jeunes et vigoureux d’une localité. On sait qu’il faisait de la lutte, de la traction au bâton, des combats de boules de neige, qu’il jouait au ballon, glissait sur la glace avec ses enfants, jouait aux billes, tirait sur une cible et allait à la pêche. Grand et bien bâti, Joseph Smith n’hésitait pas à utiliser sa force. Une fois, dans sa jeunesse, il rossa un homme qui battait sa femme. En 1839, tandis qu’il était en route pour Washington, D.C, en diligence, les chevaux s’emballèrent en l’absence du cocher. Le prophète ouvrit la portière du véhicule en marche, grimpa jusqu’au siège du conducteur, s’empara des rênes et arrêta les chevaux.
Joseph était également profondément spirituel. Sa mère dit de lui que dans sa jeunesse, il «semblait réfléchir plus profondément que les personnes ordinaires de son âge sur tout ce qui avait un caractère religieux» (Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith, manuscrit préliminaire, p. 46, Archives de l’Église). Il venait d’avoir douze ans, écrivit-il plus tard, quand son esprit «commença à se préoccuper sérieusement des questions importantes relatives au bien-être de mon âme immortelle» (PJS 1:5). Des années après avoir commencé à recevoir des révélations, il continua à rechercher du réconfort spirituel. En 1832, tandis qu’il était en voyage, écrit-il: «Je me rendais presque tous les jours dans un bosquet juste derrière la ville où je pouvais échapper aux regards de tout mortel et y exprimer tous les sentiments de mon cœur dans la méditation et la prière» (PWJS, p. 238). C’est clair qu’il parlait du fond du cœur quand il dit que «les choses de Dieu ont une profonde importance; il n’y a que le temps, l’expérience et des pensées soigneuses, réfléchies et solennelles qui peuvent les trouver» (HC 3:295).
Joseph Smith aimait profondément sa famille et ses écrits personnels sont remplis d’épanchements de tendresse et de sollicitude accompagnés de prières. «Ô Seigneur, bénis mes petits enfants en leur donnant la santé et une longue vie pour faire du bien dans cette génération pour l’amour du Christ amen» (PWJS, p. 28). Sa famille comptait onze enfants, dont des jumeaux adoptés. Cinq d’entre eux, quatre fils et une fille, moururent peu près leur naissance ou dans leur prime enfance; cinq vivaient quand leur père fut tué et un sixième, un fils, naquit quatre mois après sa mort. Les aperçus occasionnels que nous avons de sa vie de famille le montrent glissant sur la glace avec son fils Frederick, faisant faire à ses enfants un tour en carriole sur un traîneau et allant au cirque.
Il était également un ami fidèle et se souciait profondément des autres. Il tendit à plusieurs reprises la main du pardon à des prodigues, dont certains lui avaient causé des souffrances et du malheur. «Je me sens tenu d’être l’ami de tous… qu’ils soient justes ou injustes; ils ont une part de ma compassion et de ma sympathie» (PWJS, p. 548). Un observateur a noté que le prophète n’allait jamais au lit s’il savait qu’il y avait une personne malade qui avait besoin d’aide. Il enseignait que «l’amour est l’une des principales caractéristiques de la Divinité et doit être manifesté par ceux qui aspirent à être les fils de Dieu. Un homme qui est rempli de l’amour de Dieu ne se contente pas de faire du bien à sa famille seulement, mais parcourt le monde, vivement désireux de faire du bien à la totalité de la famille humaine» (PWJS, p. 481). Un membre de l’Église qui avait logé chez les Smith et avait assisté aux «prières ferventes et humbles [du prophète]… nourrissant, calmant et réconfortant sa famille, ses voisins et ses amis» considéra que c’était un plus grand témoignage de la divinité de l’appel de Joseph Smith d’observer sa vie privée que d’observer ses actions publiques (JD 7:176-77).
Joseph Smith consacra sa vie à introduire une nouvelle dispensation de connaissances religieuses et ce, à un coût personnel élevé. Il écrivit que «l’envie et la colère de l’homme» avaient été son sort ordinaire et que «l’eau profonde» était ce en quoi il avait l’habitude de nager (D&A 127:2). Un peu plus d’un an avant sa mort, il dit à un auditoire à Nauvoo: «Si je n’avais pas vraiment entrepris cette œuvre et été appelé de Dieu, je me retirerais. Mais je ne peux pas me retirer: je n’ai aucun doute sur sa véracité» (HC 5:336). Il vécut dans l’espoir de donner vie à cette vérité dans une société de saints et mourut victime d’ennemis qui ne comprenaient pas sa vision.
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Jessee, Dean C., dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1984.
Id. The Papers of Joseph Smith. Salt Lake City, 1989- .
Millet, Robert L., dir. de publ., Joseph Smith: Selected Sermons and Writings. New York, 1989.
Porter, Larry C., et Susan Easton Black, dir. de publ.. The Prophet Joseph: Essays on the Life and Mission of Joseph Smith. Salt Lake City , 1988.
Smith, Lucy. Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet. Liverpool, 1853.

Smith, Joseph: Enseignements de Joseph Smith
Auteur: MADSEN, TRUMAN G.

Le contenu écrit et verbal des révélations données à Joseph Smith est direct et clair et pourtant il est difficile de caractériser ou de résumer ses enseignements, puisqu’ils ne s’intègrent pas facilement dans les catégories théologiques traditionnelles et qu’ils présupposent toujours que Dieu peut en révéler et en révélera probablement davantage. Ses auditoires écoutaient avec avidité les proclamations et les raisonnements hardis du prophète sur des centaines de sujets, malgré le fait que ce qu’il faisait n’était pas un travail d’analyse ou de synthèse systématiques. Ses enseignements, ses paroles, ses recommandations, ses instructions, ses bénédictions, ses réponses et ses commentaires de 1820 à 1844 sont dispersés sur des milliers de pages de révélations, d’écritures, d’histoires, de journaux, de lettres et de procès verbaux (voir Smith, Joseph: Écrits de Joseph Smith).
On peut aborder les enseignements de Joseph Smith de diverses façons. Certains recueils les arrangent par sujets; d’autres commentaires se concentrent sur le cadre historique de ses révélations et de ses discours; d’autres encore comparent les versions éditées aux souvenirs enregistrés de ses déclarations. De toutes façons, on y trouve de la continuité et de l’uniformité plutôt que des ruptures ou des contradictions manifestes.
Les documents que nous possédons montrent que l’accès de Joseph Smith aux sources et sa propre compréhension ont nécessité un processus de croissance. En 1842, deux ans avant sa mort, il dit qu’il avait «le plan tout entier du royaume» devant lui (HC 5:139). Ce que nous ne savons pas, c’est quand dans sa vie «le plan tout entier» est parvenu à maturité dans son esprit.
Certains de ses enseignements ont maintenant valeur d’Écriture; d’autres font autorité mais ne sont pas soutenus comme Écriture. Comme il l’explique lui-même, «un prophète n’est pas toujours prophète; uniquement quand il agit comme tel» (EPJS, p. 224). Une étude soigneuse permet de faire la distinction entre les paroles originales du prophète et les ajouts postérieurs; en outre, certaines déclarations qu’il n’a pas faites ou n’a pas approuvées ont été éditées sous son nom. L’esquisse qui suit traite de ses révélations, de ses traductions scripturaires et des déclarations les plus caractéristiques qui constituent ses enseignements.
Joseph Smith n’a jamais prétendu fonder une nouvelle religion mais lancer un nouveau commencement, un rétablissement de l’Évangile éternel de Jésus-Christ. «Les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes» (EPJS, p. 95). Il attendait «une union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires… depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours» (D&A 128:18). Ce rétablissement allait englober «toute la vérité que le monde chrétien possédait» (EPJS, p. 304), notamment beaucoup de choses qui avaient été perdues ou abandonnées et, en outre, des révélations «cachées depuis la fondation du monde» (EPJS, p. 250). Ses enseignements faisaient souvent contraste avec les ajouts, les soustractions et les changements post-bibliques. Il dit qu’il avait l’intention «de jeter une base qui révolutionnera le monde entier» (EPJS, p. 296).
Nous vous proposons ci-après un choix parmi les dizaines de sujets et d’idées qui sont typiques des enseignements du prophète Joseph Smith:
DIEU ET LA DIVINITÉ. Joseph Smith enseignait qu’il est approprié d’appeler Dieu Père. C’est une personne glorifiée et exaltée qui a des attributs personnels. Jésus-Christ est le Médiateur entre Dieu et l’homme. Il n’est pas identique à Dieu, mais est devenu comme le Père. Ceci élimine le mystère de beaucoup de croyances classiques. Ce point de doctrine est un anthropomorphisme raffiné et il imprègne les Écritures antiques et modernes.
Dieu étant la personne par excellence, on peut l’aborder, le rencontrer et le connaître. Il est impliqué dans les efforts de l’homme. On peut avoir l’assurance qu’il se meut, agit, répond, aime, sert et donne. De la présence de Dieu et de son Fils sort un Esprit qui donne la lumière à tous ceux qui entrent dans la condition mortelle. Cette lumière est en tout, donne la vie à tout et est la loi par laquelle tout est régi, même le pouvoir de Dieu (D&A 88:13).
LA VÉRITÉ. L’expérience suggère un univers plural. La connaissance la plus haute est celle des choses, des existences dans toute leur variété (D&A 93:24-25). Les révélations données à Joseph Smith parlent de sphères indépendantes d’existence et d’une série de degrés de gloire (D&A 76; cf. 88:37). Par conséquent, toute tendance mystique à croire en une union métaphysique dans laquelle l’individualité serait perdue est abandonnée.
LES ÉCRITURES. Le prophète enseignait que les Écritures sont le compte rendu écrit d’expériences de révélation. Il rejetait de la même façon les dogmes de l’infaillibilité verbale, de l’origine «purement humaine» et de l’excès allégorique dans l’interprétation des Écritures. Les limites du canon sont liquides telles qu’elles l’étaient à l’origine dans le judaïsme et le christianisme anciens. L’Écriture, orale ou écrite, est une lumière pour ceux qui sont vivifiés par la vie et la lumière divines. La nécessité de prophètes vivants pour compléter, éclaircir et appliquer les sources écrites aux besoins contemporains est continuelle. «J’ai dit aux frères que le Livre de Mormon était le plus correct de tous les livres de la terre et la clef de voûte de notre religion, et qu’un homme se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les préceptes que par n’importe quel autre livre» (EPJS, p. 156).
LA CRÉATION ET LE COSMOS. On a qualifié les enseignements de Joseph Smith d’«éternalisme»: «Tout principe venant de Dieu est éternel» (EPJS, p. 145). «Les principes purs d’élément» et d’intelligence coexistent éternellement avec Dieu: «On peut les organiser et les réorganiser, mais pas les détruire» (EPJS, p. 285). Dieu a créé l’univers à partir du chaos, «lequel est élément et dans lequel réside toute gloire» (WJS, p. 351). «Les éléments sont le tabernacle de Dieu» (D&A 93:35). Dieu est lié à l’espace et au temps et ne les a pas créés de rien. Le changement se produit par l’intelligence. L’univers est régi par la loi. Il y a eu deux créations: Tout a été fait «spirituellement» avant de l’être «naturellement» (Moï. 3:5). Par son Fils, Dieu est le Créateur de mondes multiples. Dieu est le Père des esprits humains qui habitent ses créations. Ses créations n’ont pas de fin.
LA NATURE DE L’HOMME. En tant qu’intelligence éternelle, «l’homme était au commencement avec Dieu» (D&A 93:29-30). Mais son épanouissement de grâce en grâce dépend de ce que Dieu fait pour lui. Grâce à l’Évangile et à l’Expiation, les enfants de Dieu sont héritiers de tout ce que le Père a et est, et peuvent devenir eux-mêmes des dieux (D&A 76:58-61; 84:35-39; 88:107).
L’esprit est une matière raffinée. L’esprit «existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réun[i] dans la résurrection» (EPJS, p. 167). Ainsi, le dualisme extrême entre l’esprit et la matière est rejeté.
L’homme est libre de résister aux pouvoirs de Dieu ou à ceux du mal ou de les adopter. Dieu, l’homme, Satan et ses armées sont indépendants. L’un ne peut pas forcer l’autre.
LE PLAN DU SALUT. Se trouvant au milieu des esprits et de la gloire, Dieu a jugé bon d’instituer des lois grâce auxquelles ses enfants pourraient avancer comme lui-même et avoir gloire sur gloire (voir Plan du salut, Plan de Rédemption). «Lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan du salut et nous l’avons sanctionné» (EPJS, p. 145). Les semblables s’attirent (D&A 88:40), les harmonies sont rétablies: la connaissance remplace l’ignorance, la sainteté remplace le péché et la vie remplace la mort.
LA CHUTE. Le prophète rejetait la théorie traditionnelle du péché originel et en était revenu à la doctrine de l’innocence de l’homme avant la Chute. Adam et Ève transgressèrent, comme prévu, pour ouvrir la voie aux expériences contrastantes de la condition mortelle. La Chute n’était pas inévitable, mais libre. Tous les hommes et femmes sont, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu. Il s’ensuit que le baptême des petits enfants est inutile, que la responsabilité vient plus tard (à l’âge de huit ans) et que la responsabilité pour le péché est personnelle, pas héréditaire (D&A 68:25-27; 93:38). On devient ce qu’on décide de devenir.
Dieu lui-même a un corps «aussi tangible que celui de l’homme» (D&A 130:22), et le corps humain est un temple. «Le grand principe du bonheur consiste à avoir un corps» (EPJS, p. 145, 239). La Rédemption est celle de l’âme entière, signifiant l’esprit et le corps.
L’EXPIATION. Le pouvoir de la rédemption est l’expiation de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Au fil des événements, le Fils a hérité de la plénitude du Père; il n’a pas été «éternellement engendré» et il n’y a pas eu non plus deux natures absolument différentes inhérentes en la personne du Christ.
L’expiation de Jésus-Christ était nécessaire pour réconcilier les exigences de la justice et celles de la miséricorde. Le Christ a répondu à cette nécessité par un acte volontaire, une descente afin de monter (D&A 88:6).
Le Christ n’aurait pas pu connaître autrement que par l’expérience les profondeurs de la compassion. Il a subi des souffrances, des afflictions et des tentations «afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair», car ce n’est qu’ainsi qu’il peut «secourir son peuple selon ses infirmités» (Alma 7:12). Gethsémané fut l’endroit et le moment de sa douleur la plus intense pour l’humanité; la croix fut son heure finale (D&A 19:16-20; TJS Mt. 27:54).
Le Christ sauve les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés. Il n’impute pas la justice là où il n’y en a pas. Celui qui ne veut en faire qu’à sa tête et qui demeure dans le péché ne peut pas être sanctifié sans se repentir (D&A 88:35).
L’Expiation infinie vise à apporter la vie et la rédemption à tous les enfants du Père éternel, y compris ceux d’autres mondes qui «sont sauvés par le même Sauveur que nous» (T&S 4:82-85).
LA CONNAISSANCE. L’intelligence, en tant que lumière et vérité, est la gloire de Dieu (D&A 93:36). L’esprit est éternel et a accès aux vastes étendues des éternités, et la connaissance est essentielle au salut: «L’homme n’est pas sauvé plus vite qu’il n’acquiert de la connaissance» (EPJS, p. 175) et il n’acquiert pas plus vite la connaissance des vérités de l’Évangile qu’il est sauvé, c’est-à-dire, pas plus vite qu’il reçoit le Christ dans sa vie. «La connaissance par l’intermédiaire de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est la grande clef qui ouvre la gloire et les mystères du royaume des cieux» (EPJS, p. 240). «Dieu n’a rien révélé à Joseph qu’il ne révélera aux Douze, et même le moindre des saints peut tout savoir aussi vite qu’il est capable de le supporter» (EPJS, p. 117).
La connaissance de Dieu et des choses divines est donnée par l’Esprit. La révélation inclut la présence visible, les visions, les songes, les visitations d’anges et d’esprits, des impressions, des voix, des illuminations prophétiques d’inspiration et de lumière et l’afflux d’intelligence pure dans l’esprit et dans le cœur. Les communications directes de ce genre sont essentielles à la vie religieuse de toute personne. Il y au moins un don de l’Esprit qui est accordé à chaque personne qui a la foi. «Il est impossible de recevoir le Saint-Esprit et de ne pas recevoir la révélation» (EPJS, p. 206). «Personne ne peut savoir que Jésus est le Seigneur que par le Saint-Esprit» (WJS, p. 115). «Aucune génération n’a été jamais sauvée ni détruite sur un témoignage mort, ni ne peut l’être, mais bien par un vivant» (WJS, p. 159). Dans certaines limites, ces expériences peuvent être exprimées et communiquées.
LE BUT DE LA VIE: LA JOIE. Le «bonheur est l’objet et le but de notre existence» (EPJS, p. 206). «Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste» (EPJS, p. 145). Les corps glorifiés ont des pouvoirs et des avantages sur ceux qui ne le sont pas et se voir refuser un corps ou en être séparé est une servitude. La combinaison du corps d’esprit et du corps physique peut donner la plus grande des joies (D&A 93:33-34).
La gloire de Dieu est de travailler au profit d’autres êtres. De même, l’homme ne peut pas se trouver tant qu’il ne se perd pas dans le désir chrétien d’élever les autres et de leur faire du bien (PWJS, p. 483). Même dans la condition mortelle, les membres de la famille de Dieu peuvent commencer à éprouver la joie qui sera entière dans l’au-delà (EPJS, p. 239).
LES ÉPREUVES ET LES AFFLICTIONS. Le mal et la souffrance sont réels, les pertes sont réelles, la tentation est réelle, vaincre est réel. Le risque et la récompense sont tous deux inhérents à l’expérience mortelle. Ce sont les conditions de la croissance de l’âme. Le but de Dieu est d’édifier ses enfants, mais il ne peut pas le faire sans leur coopération; et il ne peut pas non plus intervenir d’une manière qui élimine le besoin d’expérience, même d’expérience cruelle.
La vie est une épreuve: «Toutes ces choses te donneront de l’expérience» (D&A 122:7). Le fait qu’Abraham soit prêt à sacrifier Isaac était une similitude du sacrifice, par le Père, de son Fils unique. On ne peut pas atteindre l’héritage du Fils sans être disposé à sacrifier tout ce qui est terrestre. La capacité de surmonter de telles épreuves est le fondement d’un amour rendu parfait, et tant qu’on n’a pas l’amour parfait, on risque de tomber (EPJS, p. 5). La notion que toute souffrance dans le monde est un châtiment pour le péché est «un principe impie» (EPJS, p. 129). Les saints doivent s’attendre à passer par beaucoup de tribulations, mais les afflictions peuvent être tournées à leur profit.
LA PRÊTRISE. La prêtrise est une autorité et un pouvoir centrés sur le Christ. Elle n’est conférée que par une ordination tangible, par l’imposition des mains de quelqu’un ayant l’autorité. Joseph Smith a enseigné l’importance des clefs de la prêtrise: Jésus-Christ «détient les clefs sur le monde entier» (EPJS, p. 261). Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean, Moïse, Élie et Élias détenaient les clefs de diverses fonctions de la prêtrise et les ont rendues à la terre en les conférant à Joseph Smith et à Oliver Cowdery.
La prêtrise n’est pas indélébile; elle peut être perdue. Elle n’est pas infaillible; ce n’est que sous l’influence de l’Esprit que l’on peut parler pour et avec l’approbation de Dieu.
La possibilité d’obtenir la plénitude des bénédictions de la prêtrise est accordée à la fois aux hommes et aux femmes quand ils font et gardent des alliances inconditionnelles avec Jésus-Christ et puis entre eux comme mari et femme (voir Paternité; Maternité).
Dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Joseph Smith a expliqué et fixé le rôle des apôtres, des prophètes, des évêques, des évangélistes, des pasteurs, des instructeurs et ainsi de suite, en analogie avec leurs fonctions dans le Nouveau Testament. Il a supprimé la distinction entre laïcs et religieux: Tous les prêtres, instructeurs et administrateurs sont laïques et tous les laïcs dignes sont des détenteurs de la prêtrise.
LES ORDONNANCES. Joseph Smith a rétabli et a enseigné une série progressive d’ordonnances qui confèrent un éclairage et un pouvoir spirituels. Ces ordonnances «ont été instituées dans les cieux avant la fondation du monde» (EPJS, p. 249). «C’est par l’Esprit de Dieu, par l’intermédiaire des ordonnances, qu’on naît de nouveau» (EPJS, p. 129). Toutes les ordonnances essentielles, depuis le baptême jusqu’au mariage au temple, comportent la prière, des alliances et la ratification divine.
LES TEMPLES. Certaines ordonnances concernent le saint temple, où «le pouvoir de la divinité… se manifeste» (D&A 84:20). Les temples incarnent et manifestent des vérités sacrées, «les mystères et les choses paisibles» (D&A 42:61). Ils permettront aux enfants de Dieu de surmonter les éléments corruptibles de leur vie et d’entrer dans les royaumes de lumière et de feu, la présence du Père et du Fils. Toutes les fonctions et tous les pouvoirs du temple sont rétablis aujourd’hui, avec l’autorité de la haute prêtrise: ce sont essentiellement le baptême pour les morts, la sainte dotation et le scellement des familles. «Nous avons davantage besoin du temple que de toute autre chose», enseignait Joseph Smith (Journal History, 4 mai 1844).
Toutes les ordonnances du temple nous tournent vers le Christ. Le temple est actuellement, comme il l’était anciennement, son sanctuaire, doté de sa gloire, béni de son nom et, en fin de compte, de sa présence. Le Christ est un temple vivant et, par lui, on peut devenir un temple vivant (D&A 93:35; cf. Ap. 21:22).
LE MARIAGE, LA FAMILLE ET LE FOYER. Inversant la tradition augustinienne que le célibat est préférable au mariage dans cette vie et universel dans l’au-delà, le prophète enseignait que la vie chrétienne atteint son zénith dans le mariage et le fait d’être parents. Les plus grands prophètes et prophétesses sont également des patriarches et des matriarches. L’ordonnance la plus élevée est le mariage, où le roi et la reine commencent le royaume éternel de leur famille: les symboles sont l’ordination, le couronnement et le scellement.
PENSÉE SOCIALE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. Le gouvernement terrestre de Dieu prévoit une théo-démocratie: un royaume sous alliance mené par Jésus-Christ, le bienveillant Roi des rois. Le royaume de Dieu sur terre doit devenir comme la ville de Sion de Hénoc, avec une pensée et une culture idéales réalisées dans une communauté de gens ayant le cœur pur.
Joseph enseigna une loi d’intendance et de consécration. Toute la terre appartient au Seigneur; avoir une propriété en Sion revient à détenir une intendance pour l’établissement de Sion. Dans la prime enfance de l’Église, les saints tentèrent de vivre ce système économique et échouèrent, achoppant sur ce qu’il était censé devoir surmonter: la cupidité, la convoitise, la jalousie. En conséquence, il fut commandé au prophète d’y substituer la loi de la dîme pour préparer les saints à vivre cette loi supérieure.
«La Constitution des États-Unis est un étendard glorieux, est basée sur la sagesse de Dieu» (EPJS, p. 115). Les protections offertes par le gouvernement constitutionnel devraient être accordées à tous (voir Politique: Enseignements politiques). Wilford Woodruff se rappelait que Joseph Smith disait «que s’il était l’empereur du monde et avait le contrôle de la totalité du genre humain, il soutiendrait chaque homme, femme et enfant dans l’exercice de leur religion» (Journal History, 12 mars 1897). Ceci permettrait, sans usage de la force, la croissance d’un royaume de Dieu qui serait finalement administré dans deux capitales mondiales, Jérusalem en Orient et la nouvelle Jérusalem en Occident.
L’Église est l’ensemble des membres qui ont fait l’alliance et ont formé une communauté pour le perfectionnement de ses différents membres. Les prophètes, voyants et révélateurs vivants sont le noyau d’autorité du royaume de Dieu, mais l’Église accomplit son œuvre dans des communautés intimes: la famille, la paroisse et le pieu.
LA RÉSURRECTION. La vie de famille éternelle n’est rendue parfaite que dans le plus haut degré du royaume céleste de Dieu. Lors de la résurrection et du jugement, tous les corps, à de rares exceptions près (voir Fils de perdition), recevront un degré de gloire. Chacun conservera à toute éternité son identité d’esprit et de corps. L’Être céleste rendu parfait et glorifié qu’est Dieu est l’idéal. La terre elle-même, après avoir été baptisée d’eau et puis de feu, mourra, ressuscitera, sera glorifiée (D&A 88:25-26) et ramenée dans la présence de Dieu. La beauté, la gloire, la perfection et les pouvoirs d’un corps ressuscité glorifié sont indescriptibles: «Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut l’écrire» (EPJS, p. 298). «Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par la vision du Tout-Puissant» (EPJS, p. 238).
ESCHATOLOGIE. Joseph Smith a prononcé de nombreuses déclarations prophétiques au sujet du futur. Son eschatologie est étendue et globale. L’Évangile sera enseigné à toute l’humanité, que ce soit sur cette terre ou dans le monde d’esprit, de sorte que tous pourront le recevoir. La famille d’Abraham, qui a imprégné toutes les races humaines, sera unie. Les familles de Juda et de Joseph se donneront la main en une réalisation rédemptrice. Beaucoup de ces attentes et de ces réalisations se situent au-delà de ce que l’homme a le pouvoir de réaliser ou d’empêcher. L’œuvre est «destinée à provoquer la destruction des pouvoirs des ténèbres, le renouvellement de la terre, la gloire de Dieu et le salut de la famille humaine» (EPJS, p. 187).

Bibliographie
Burton, Alma P., comp. Discourses of the Prophet Joseph Smith, 3e éd. Salt Lake City, 1968 (arrangé par sujet).
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ.. The Words of Joseph Smith: The Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980 (extraits de 173 discours).
Roberts, B. H. Joseph Smith: The Prophet Teacher. Salt Lake City, 1908; reimpr., Princeton, N.J., 1967.
Smith, Joseph Fielding, comp. Enseignements du Prophète Joseph Smith. Salt Lake City, 1938 (arrangé par ordre chronologique).
Widtsoe, John A. Joseph Smith: Seeker After Truth, Prophet of God. Salt Lake City, 1957.

TRUMAN G. MADSEN

Smith, Joseph: Écrits de Joseph Smith
Auteur: JESSEE, DEAN C.

La carrière d’écrivain de Joseph Smith, le prophète, débute quand il a vingt-deux lorsqu’il entreprend la traduction du Livre de Mormon. À sa mort en 1844, dix-sept ans plus tard, il laisse des archives substantielles pour l’étude de sa vie et de l’Église qu’il a contribué à fonder. En plus du Livre de Mormon, ses documents comportent des journaux intimes couvrant par intermittence la période de 1832 à 1844, de la correspondance, des comptes rendus de discours, plus de cent trente révélations, publiées sous le titre de Doctrine et Alliances, un livre d’Abraham, une révision de la Bible avec, entre autres, quelques écrits rétablis de Hénoc et de Moïse et les débuts d’une Histoire de l’Église documentaire de plusieurs tomes basée sur ses archives.
Plusieurs facteurs influencent et vont, au départ, limiter l’ampleur des écrits de Joseph Smith et le style littéraire de sa prose. À cause de l’indigence de sa famille, il va très peu à l’école, les bases de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique constituant, pour reprendre ses termes, tout son bagage scolaire. Certains de ses auditeurs ont noté qu’il semble avoir peu de talent ou de formation comme orateur. Il ne se sent pas à la hauteur comme rédacteur et ira un jour jusqu’à parler de «petite prison étroite, les ténèbres presque totales du papier, de la plume et de l’encre».
Mais ce qui manque au prophète en matière de formation scolaire est compensé par son message. Dès sa jeunesse, les expériences religieuses lui inspirent un profond sentiment de mission qui va le propulser dans l’arène de la controverse publique. Pour lui, sa mission consiste à jeter des bases qui vont révolutionner le monde entier, pas par l’épée ou le pistolet mais par «la puissance de la vérité». L’articulation de cette vérité est ce qui va donner l’impulsion à ses écrits. Beaucoup de ses auditeurs seront impressionnés par sa capacité de rendre claire la voie de la vie et du salut. Beaucoup de non-mormons trouveront ses idées frappantes et magnétiques. On trouve dans ses écrits la même impression de message et de conviction.
L’étude des premières sources mormones montre que nous n’avons qu’une fraction des écrits et des enseignements de Joseph Smith. Cela tient au fait que dans la première partie de sa vie, la tenue des registres se fait de manière aléatoire, à l’incompétence ou au décès prématuré de certains de ses secrétaires, à de longs emprisonnements, à des procès vexatoires et répétés, à la pauvreté et aux conflits qui forcent les saints des derniers jours à émigrer à travers les deux-tiers du continent américain.
Une autre chose qui complique la situation est le fait que Joseph Smith dépend de ceux qui écrivent pour lui. Sa philosophie est que «un prophète ne peut pas être son propre secrétaire». Par conséquent, la plupart de ses écrits sont dictés, et certains écrits anonymement, mais approuvés et acceptés par lui. Si la présence d’écrits faits par des secrétaires dans ses documents permet de dater les sources, elle obscurcit l’image que nous avons de lui et nous oblige à examiner soigneusement les sources pour trouver celles qui permettent de faire la distinction entre l’esprit et la personnalité du prophète et ceux des personnes qui l’aidaient.
Les écrits de Joseph se caractérisent par de longues phrases ininterrompues reliées par des conjonctions, des images descriptives et un sens subtil de la narration. Étant donné qu’il étudie avidement les Écritures, sa prose est entremêlée de formulations et d’exemples bibliques et il s’en dégage une ambiance positive teintée de vitalité et d’amour. C’est dans ses écrits holographes qu’apparaissent le plus clairement son style rédactionnel et sa personnalité. On y rencontre un style conversationnel, contraire au style plus officiel de certains de ses associés comme Sidney Rigdon. Cet extrait d’une lettre écrite en 1838 à sa femme Emma tandis qu’il est en prison à Richmond, dans le Missouri, est typique de sa prose manuscrite:
«… Frère Robison est enchaîné à côté de moi il a un cœur loyal et l’esprit ferme, viennent ensuite frère Whight, puis fr. Rigdon, ensuite Hyram, ensuite Parely, ensuite Amasa, et ainsi nous sommes liés ensemble dans les chaînes aussi bien que les liens de l’amour éternel, nous sommes de bonne humeur et nous nous réjouissons d’être considérés comme dignes d’être persécutés à cause du Christ, dis au petit Joseph qu’il doit être sage, Papa l’aime d’un amour parfait, il est l’aîné et il ne doit pas faire du mal à ceux qui sont plus petits que lui, mais les consoler dis au petit Frederick que Papa l’aime, de tout son cœur, c’est un gentil garçon. Julia est une belle petite fille, je l’aime C’est un enfant prometteur, dis-lui que Papa veut qu’elle se souvienne de lui qu’elle soit bien sage, dis à tous les autres que je pense à eux et que je prie pour eux tous… je n’arrête pas de penser au petit bébé Elexander Oh ma chère Emma, je veux que tu te rappelles que je suis un ami loyal et fidèle, à toi et aux enfants, pour toujours, mon cœur est entrelacé autour des vôtres pour toujours et à jamais, oh, puisse Dieu vous bénir tous amen vous je suis ton mari et je suis dans les liens et les tribulations &c-» [Jessee, 1984, p. 368].

Écrits de Joseph Smith

Écrits Dates Secrétaires*
Ms. du Livre de Mormon
Ms. originel
Ms. de l’imprimeur

Journaux



Révélations
Livre de révélations de Kirtland
Révélations non reliées
Révision de la Bible
Livre d’Abraham

Correspondance
Recueil de lettres 1
Recueil de lettres 2
Correspondance reliée

Ms. égyptiens


Écrits autobiographiques/
historiques

1827-1829



1832-1844



1828-1844




1829-1844




1835?-1841


1832-1844

Oliver Cowdery et d’autres



William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland, Warren Parrish, Parley P. Pratt, Willard Richards, Sidney Rigdon, George W. Robinson, Joseph Smith, Sylvester Smith et d’autres

William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, Orson Hyde, James Mulholland, Edward Partridge, William W. Phelps, Sidney Rigdon, Joseph Smith Sr., John Whitmer, Newel K. Whitney, Frederick G. Williams et d’autres


Thomas Bullock, William Clayton, Howard Coray, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland, Willard Richards, Sidney Rigdon, James Sloan, Joseph Smith, Joseph Smith, Robert B. Thompson, John Whitmer, Frederick G. Williams et d’autres

Oliver Cowdery, Warren Parrish, William W. Phelps, Joseph Smith, Willard Richards

Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Historical Writings Mulholland, Warren Parrish, William W. Phelps, Willard Richards, Joseph Smith, Robert B. Thompson, Frederick G. Williams et d’autres

Secrétaires de Joseph Smith avec, entre parenthèses, les dates de naissance et de décès et les années approximatives de leur activité” comme secrétaires: Thomas Bullock (1816-1885), 1843-1844; William Clayton (1814-1879), 1842-1844; Howard Coray (1817-1908), 1840-1841; Oliver Cowdery (1806-1850), 1829-1838; Warren A. Cowdery (1788-1851), 1836-1838; Orson Hyde (1805-1878), 1833-1836; James Mulholland (1804-1839), 1838-1839; Warren Parrish (1803-1887), 1835-1837; William W. Phelps (1792-1872), 1831-1844; Willard Richards (1804-1854), 1841-1844; Sidney Rigdon (1793-1876), 1830-1838; George W. Robinson (1814-1878), 1836-1840; James Sloan (1792-?), 1840-1843; Sylvester Smith (c.1805-?), 1834-1836; Robert B. Thompson (1811-1841), 1839-1841; John Whitmer (1802-1878), 1829-1838; Newel K. Whitney (1795-1850), 1831-1838; Frederick G. Williams (1787-1842), 1832-1839.

Bibliographie
Écrits de Joseph Smith
Ehat, Andrew F. et Lyndon W. Cook, comp. et dir. de publ. The Words of Joseph Smith: The Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980. Compilation de comptes rendus originaux des discours de Joseph Smith pendant les années de sa vie à Nauvoo (1839-1844).
Faulring, Scott H., comp. et dir. de publ. An American Prophet's Record: The Diaries and Journals of Joseph Smith. Salt Lake City, 1987. Compilation des journaux intimes de Joseph Smith, mais il y manque son journal de 1842, l’un de ses plus volumineux.
Jessee, Dean C., comp. et dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1984. Compilation de tous les écrits holographes connus de Joseph Smith et textes essentiels dictés par lui.
Id. The Papers of Joseph Smith, Vol. 1, Autobiographical and Historical Writing. Salt Lake City, 1989. Premier tome d’une édition complète des papiers de Joseph Smith.
Smith, Joseph, dir. de publ. History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints. Period 1. Histoire de Joseph Smith, le Prophète, par lui-même. Introduction et notes par B. H. Roberts. 2e éd., 6 vols., Salt Lake City, 1964. Écrit sous la forme d’un journal quotidien à la première personne, utilisant le texte des journaux de Joseph Smith parsemé de sa correspondance et d’autres documents, cet ouvrage est la publication la plus importante des papiers du Prophète à ce jour. Son défaut principal est la façon démodée de traiter les sources.
Smith, Joseph Fielding, comp. et dir. de publ. Teachings of the Prophet Joseph Smith. Salt Lake City, 1938. Compilation d’extraits de sermons de lettres et d’autres écrits de Joseph Smith tirée presque exclusivement de History of the Church et arrangée par ordre chronologique.
Littérature secondaire
Jessee, Dean C. "The Writing of Joseph Smith's History." BYU Studies 11, été 1971, pp. 439-473.
King, Arthur Henry. The Abundance of the Heart. Salt Lake City, 1986.
Partridge, Elinore H. “Characteristics of Joseph Smith's Style." Task Papers in LDS History, No.4, 1976. Manuscrit dactylographié, Archives de l’Église.
Searle, Howard C. "Early Mormon Historiography: Writing the History of the Mormons 1830-1858." Thèse de doctorat, UCLA, 1979.

Smith, Joseph: Procès de Joseph Smith
Auteur: BENTLEY, JOSEPH I.

Joseph Smith croyait que ses ennemis détournaient la procédure judiciaire et s’en servaient comme outil de persécution religieuse contre lui, tout comme elle avait été utilisée contre beaucoup d’apôtres du Christ et d’autres martyrs passés. Il était souvent rapidement acquitté, mais les nombreux procès «vexatoires et méchants» lui coûtaient cher en temps et en argent, lui valurent plusieurs incarcérations et finirent par causer son martyre. Cela commença peu après le début de son ministère et continua sa vie durant et cela lui valut de devoir subir quelque trente procès au pénal et au moins autant de procès au civil pour recouvrement de dettes ou en rapport avec des entreprises financières avortées.
La première accusation portée contre lui pour trouble à l’ordre public concernait une recherche de trésor moyennant salaire à South Bainbridge (New York), en 1826, et venait d’un prédicateur méthodiste mécontent, parent de Josiah Stowell, l’employeur de Joseph. Quand Stowell refusa de témoigner contre lui au procès, Joseph fut libéré. En juillet 1830, dans la même juridiction, Joseph fut jugé et acquitté par un autre magistrat de l’accusation de «trouble à l’ordre public, de mettre le comté sens dessus dessous en prêchant le Livre de Mormon, etc.» (HC 1:88). Le procès finit à minuit. Le lendemain, il fut saisi et jugé dans le comté voisin de Broome pour la même accusation, assortie de l’accusation d’avoir chassé un démon et d’avoir recours à de prétendues visitations d’anges pour soutirer des biens aux autres. Après un procès de vingt-trois heures où l’on entendit une quarantaine de témoins, Joseph fut de nouveau acquitté (HC 1:91-96).
Après l’installation de l’Église à Kirtland (Ohio) en 1831, plusieurs actions de nature religieuse furent intentées contre Smith et d’autres dirigeants, mais furent rejetées pour les raisons données après chaque accusation: coups et blessures (légitime défense), accomplissement de mariages sans licence valide (on en obtint une), tentative de meurtre ou conspiration (absence de preuves) et servitude involontaire sans rémunération pendant la croisade militaire du camp de Sion au Missouri (gagné en appel). Pour leur part, les dirigeants de l’Église intentèrent un procès, qu’ils gagnèrent, et furent indemnisés pour des dommages subis lors d’agressions qui se produisirent tandis qu’ils agissaient à titre religieux. Cependant, la panique financière de 1837 inonda le prophète et d’autres de litiges civils pour des recouvrements de dettes. Pires encore furent les procès pour violation des lois de l’Ohio sur les opérations bancaires quand la Kirtland Safety Society Anti-Banking Company (voir Économie de Kirtland) fit faillite peu après avoir été organisée en 1836 sans charte d’état. Des accusations de fraude et d’enrichissement personnel furent lancées mais pas prouvées; il y eut appel d’une condamnation par jury, mais Joseph Smith quitta l’Ohio pour le Missouri avant l’audition.
Au Missouri, la plupart des actions contre les saints des derniers jours furent extralégales, intentées par des comités de vigilance non mormons montés contre les saints à cause de l’opposition de ceux-ci à l’esclavage, de leur afflux massif et des enseignements religieux de Smith au sujet de la révélation moderne et de l’établissement territorial de Sion dans le comté de Jackson. Les magistrats civils refusèrent systématiquement de délivrer des ordres de maintien de la paix pour les mormons ou d’accorder réparation pour leurs blessures ou leurs dégâts matériels. Par exemple, malgré le fait qu’il avait été battu, enduit de goudron et de plumes et avait vu détruire son imprimerie, l’imprimeur de l’Église reçut moins que ses honoraires légaux et l’évêque président reçut «un penny et un grain de poivre». Les trois pouvoirs du gouvernement de l’état semblaient paralysés ou en faveur de l’action des émeutiers, et les saints furent à diverses reprises dépossédés et expulsés de comté en comté.
Finalement, le 6 août 1838, des violences éclatèrent un jour d’élections entre mormons et non-mormons à Gallatin (comté de Daviess, Missouri). Joseph Smith et d’autres firent appel au juge de paix Adam Black pour obtenir de sa part une «convention de paix» pour qu’il défende la loi et ne s’attache à aucun groupe d’émeutiers. Cela eut comme conséquence que Joseph Smith et Lyman Wight furent arrêtés sur la base d’une déclaration sous serment selon laquelle ils se seraient rendus coupables d’émeute et d’agression pendant qu’ils obtenaient les mandats de Black (HC 3:61). Smith et Wight comparurent devant le juge Austin King et furent cités à comparaître à l’audience suivante du jury d’accusation dans le comté de Daviess (HC 3:73).
Le 25 octobre 1838, Moses Rowland, un homme de la milice de l’état du Missouri, fut tué lors de la bataille de la Crooked River au cours d’un affrontement avec une compagnie de saints qui essayaient de sauver trois frères enlevés. En apprenant cette escarmouche, ajoutée à d’autres rapports, Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état, publia son ordre infâme d’extermination. Joseph et d’autres dirigeants des saints furent arrêtés et comparurent, du 12 au 29 novembre 1838, en audience préliminaire devant le juge Austin King à Richmond (Missouri). Joseph Smith et quelques autres défendeurs furent enfermés pendant quatre mois et demi à la prison de Liberty en attendant leur mise en examen par un jury d’accusation pour des raisons telles que meurtre, incendie criminel, vol, rébellion et trahison. Tandis qu’ils étaient en route pour être jugés par une instance plus impartiale, on laissa Joseph et d’autres s’échapper pour éviter à l’état de se trouver dans une situation publiquement embarrassante.
En 1838-1839, les saints s’installèrent à Nauvoo (Illinois) après leur expulsion injustifiée du Missouri. Pour éviter les persécutions «légales» subies dans les états précédents, ils obtinrent une charte libérale pour la ville de Nauvoo, qui accordait des pouvoirs étendus de habeas corpus aux tribunaux locaux. Ceux-ci aidèrent à libérer Joseph Smith et d’autres saints des derniers jours quand ils étaient recherchés par des policiers agissant sur mandat, qui n’étaient pas de Nauvoo. En 1841, Stephen A. Douglas, juge ayant juridiction au niveau de l’état, écarta un mandat du Missouri visant à extrader Joseph pour des accusations toujours en cours là-bas et, en 1843, un juge fédéral fit la même chose pour une requête semblable après la tentative d’assassinat supposée de l’ex-gouverneur Boggs. Cependant, l’utilisation croissante du mandat d’habeas corpus par les magistrats de Nauvoo, qui bloquait même l’autorité de l’état et l’autorité fédérale, ne fit qu’augmenter la méfiance parmi les non-mormons, qui estimaient que Joseph Smith se considérait comme étant au-dessus de la loi.
La dernière fois que le prophète eut recours à l’habeas corpus fut après son arrestation en juin 1844 par un agent de police du comté pour incitation à une «émeute» en commandant la suppression du Nauvoo Expositor. Cette action fut le point culminant d’une série de procès entre le prophète et plusieurs apostats, qui l’avaient accusé de parjure et d’adultère; il avait contre-attaqué en les accusant de parjure, de coups, de diffamation et de refus de se laisser arrêter. Un jugement avait statué sur les mérites de l’affaire et Joseph avait été acquitté à Nauvoo. À la suite de cela, le gouverneur persuada le prophète de se laisser arrêter et d’être à nouveau jugé pour «émeute», cette fois à Carthage, où il fut incarcéré sans caution pour une nouvelle accusation de «trahison» pour avoir déclaré la loi martiale et avoir fait appel à la milice de Nauvoo pour maintenir la paix. Les ennemis de Joseph Smith l’accusèrent de lancer une offensive contre les citoyens de l’Illinois. Deux jours plus tard, son frère Hyrum et lui étaient tués par des émeutiers déguisés.
Même après la mort, les procès relatifs au prophète continuèrent. Sur soixante assassins potentiels cités devant un jury d’accusation, neuf furent mis en examen et cinq furent jugés à Carthage pour le meurtre de Joseph (un procès distinct allait suivre pour le meurtre de Hyrum). Après six jours de procès, tous les accusés furent acquittés en juin 1845 pour manque de preuves. L’injustice judiciaire finale à l’égard de Joseph Smith et de l’Église en Illinois fut une série de décrets des tribunaux fédéraux en 1851 et 1852 qui liquidèrent tous les avoirs personnels et appartenant à l’Église détenus par Joseph Smith de son vivant, afin d’exécuter un jugement rendu par défaut en 1842. Il avait garanti un billet à ordre au gouvernement fédéral lors d’une transaction d’affaires dans les premiers temps de Nauvoo; quand le billet resta impayé, il s’ensuivit une succession de procès, empêchant une déclaration de faillite et donnant lieu à des accusations de fraude et d’inconduite. Bien que mal conseillé et jouant de malchance dans le domaine des affaires, le prophète ne fut jamais déclaré coupable d’aucune inconduite.

Bibliographie
Firmage, Edwin B. et Richard C. Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1900. Urbana, Ill., 1988.
Gentry, Leland H. "A History of the Latter-day Saints in Northem Missouri from 1836 to 1839," pp. 167-85, 352-401. Thè!se de doctorat, université Brigham Young, 1965.
History of the Church, Vol. I, pp. 88-96, 377, 390-493; Vol. 2, pp. 85-450; Vol. 3, pp. 55-465; Vol. 4, pp. 40-430; Vol. 5.
Madsen, Gordon A. "Joseph Smith's 1826 Trial: The Legal Setting." BYU Studies 30, printemps 1990, p. 91.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9, hiver 1965, pp. 862-903.
Oaks, Dallin H. et Joseph I. Bentley. "Joseph Smith and Legal Process: In the Wake of the Steamboat Nauvoo." BYU Law Review 3, 1976, pp. 735-782; réimpr. BYU Studies 19, hiver 1979, p. 167.
Oaks, Dallin H. et Marvin Hill. Carthage Conspiracy. Urbana, Ill., 1975.
Walters, Wesley P. "Joseph Smith’s Bainbridge, N. Y. , Court Trials." Westminster Theological Journal 36, hiver 1974, pp. 123-155.
JOSEPH I. BENTLEY

 

Suivre les Frères
Auteur : McConkie, Mark L.

Les saints des derniers jours croient que Dieu donne des révélations aux prophètes vivants et que leurs paroles, lorsqu’elles sont ainsi inspirées, doivent être reçues comme étant les siennes (D&A 1:38). Il est donc devenu courant dans l'Église de dire que le Christ et ses prophètes sont un parce qu'ils le représentent (cf. Jean 17:21-23). Cela signifie que les prophètes, en tant qu'agents du Christ, annoncent son Évangile et sont un avec lui dans l'enseignement, le témoignage et le but (voir Unité). Ainsi, l'injonction biblique de suivre Jésus et l'alliance baptismale d'obéir à ses commandements nécessitent également que l’on suive ses prophètes.
Chez les saints des derniers jours l'injonction de « suivre les Frères » dérive de cette exigence de l'obéissance à Jésus et aux instructions des prophètes. Dans ce contexte, « les Frères » sont les Autorités générales, particulièrement la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, qui sont officiellement soutenus comme prophètes, voyants et révélateurs. Le principe peut être étendu de manière à inclure les dirigeants locaux de la prêtrise tels que les présidences des collèges de la prêtrise, les évêques et les présidents de pieu et les présidences des organisations auxiliaires : la Société de Secours, les Jeunes Filles et la Primaire, dans leur juridiction respective. Cette extension du principe à tous les dirigeants de l'Église à tous les niveaux est basée sur la considération que tous les officiers de l'Église ont droit à la révélation dans leurs appels, étant acquis qu'ils sont en accord avec les Frères. Parlant expressément du prophète qui est actuellement président de l'Église, le Seigneur a commandé aux membres : « Vous prêterez l'oreille à toutes ses paroles et à tous les commandements qu'il vous donnera à mesure qu'il les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi.
5 Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5).
Les saints des derniers jours affirment recevoir toute une variété de bénédictions quand ils suivent les instructions des prophètes. Non seulement le fait de suivre les Frères unit les saints, leur permettant de faire avancer plus efficacement les objectifs du Rétablissement, mais il leur permet également de recevoir les récompenses de cette obéissance, parmi lesquelles les dons de l'Esprit.
Toutefois le fait de suivre les Frères n'implique pas une obéissance aveugle, car tout membre de l'Église a droit au témoignage de l'Esprit Saint que les dirigeants de l'Église sont inspirés de Dieu. C'est pourquoi, suivre le prophète vivant implique de la part des membres qu’ils vivent de manière à être dignes de recevoir l'inspiration et la révélation personnelles. Cela donne un sens contemporain au désir de Moïse : « Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de prophètes » et donc bénéficier de l'inspiration (Nombres 11:29), et à la parole du Sauveur disant que tout le monde devrait « vivr[e] de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (D&A 84:44; Deutéronome 8:3; Matthieu 4:4).
Du fait que les membres de l’Église ont droit à la confirmation divine de ce que disent les prophètes, il n'est pas question, chez les saints, d’infaillibilité pour ceux-ci. Comme Joseph Smith l’a enseigné : « Un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Les prophètes ont leurs opinions personnelles et privées et ils sont des hommes « de la même nature que » tous les autres (voir Jacques 5:17; Mosiah 2:10-11). Toutefois, lorsqu'ils agissent sous l'influence de l'Esprit Saint dans le rôle prophétique, « tout ce qu’ils diront... sera la volonté du Seigneur » (D&A 68:3-4; Voir Écriture). Comme le Sauveur l’a dit à Joseph Smith : « Celui qui reçoit mes serviteurs me reçoit ; et celui qui me reçoit reçoit mon Père » (D&A 84:36-37; voir aussi Matthieu 10:40; 3 Né 28:34).


Bibliographie
Christiansen, ElRay L. "Sustaining the Authorities of the Church." Relief Society Magazine 44, févr. 1957, p. 76-79.
Packer, Boyd K. "Follow the Brethren." Speeches of the Year, pp. 1-10. Provo, Utah, 1965.
Stapley, Delbert L. "Respect for Authority." IE 60, déc. 1957, p. 914-915, 938.
MARK L. MCCONKIE

Temple de Kirtland
Auteur: PERKINS, KEITH W.

Le commandement divin qui fut à l’origine de la construction du temple de Kirtland fut donné au prophète Joseph Smith en janvier 1831, au moment où l'Église était en butte à la pauvreté et aux remous. À ce moment-là, les saints devaient se rassembler en Ohio, où le Seigneur promettait qu'il les doterait «du pouvoir d'en haut» (D&A 38:32; cf. D&A 88:119; 95:3, 8, 11). C’est ainsi qu’ils commencèrent à construire le premier des temples des saints des derniers jours.
L'Église ne comptait alors que quelques centaines de membres, hommes, femmes et enfants, qui travaillèrent ensemble sur le temple et y mirent tout leur cœur et toutes leurs forces, «tous vivant aussi sobrement que possible» afin que «chaque cent puisse être consacré au grand objectif» (Tullidge, p. 82). Selon Benjamin F. Johnson, «il était quasi impossible de se procurer un racleur ou une charrue parmi les saints» pour préparer le sol pour les fondations du temple (Benjamin Johnson, My Life’s Review, p. 16). Le bois de charpente était apporté des forêts voisines. La pierre était taillée dans une carrière locale.
De même que le modèle exact du tabernacle de Moïse et du temple de Salomon fut révélé d'en haut (Ex. 25:9; 1 C. 28:11-12), de même la conception, les dimensions et les fonctions du temple de Kirtland furent révélées. L’intérieur devait avoir seize mètres de large et vingt mètres de long et avoir une salle en bas et une en haut. La partie inférieure de la salle intérieure devait être consacrée «pour votre offrande de Sainte-Cène et pour votre prédication, votre jeûne, vos prières et pour m'offrir vos désirs les plus saints, dit votre Seigneur.» La partie supérieure de la salle intérieure devait être «consacrée pour l'école de mes apôtres» (D&A 95:13-17).
La pierre angulaire fut posée le 23 juillet 1833. Brigham Young expliqua plus tard que la première pierre fut posée au coin sud-est, le point de la plus grande lumière et, à midi, le moment où le soleil brille le plus fort (JD 1:133). C'était un rappel symbolique de ce que la Maison du Seigneur est un centre de lumière et de vérité.
La conception de l’extérieur du temple de Kirtland est typique des autres maisons de culte de l’époque, mais la disposition de l'intérieur est unique. À chacun des deux étages principaux il y a deux séries de pupitres à quatre gradins, une du côté ouest, l'autre à l'est. Elles symbolisent les offices des Prêtrises de Melchisédek et d'Aaron et recevaient leurs présidences.
La construction du temple fut brutalement ralentie avec l'appel du Camp de Sion vers le Missouri, quoique beaucoup parmi les femmes, les hommes plus âgés et les infirmes restèrent à Kirtland. Sidney Rigdon, de la Première Présidence, écrit avoir longé les murs du temple «de nuit et de jour, mouillant fréquemment les murs» de ses larmes, priant pour l'achèvement du temple. À d'autres moments, les travaux étaient ralentis à cause du harcèlement et des menaces des ennemis de l'Église. George A. Smith raconte qu’il arrivait que les gardes soient jour et nuit au temple et travaillent une truelle dans une main et un pistolet dans l'autre.
Les femmes, qui, avait un jour observé Joseph, étaient «les premières dans les travaux sur le temple», filaient, tricotaient et cousaient pour que les ouvriers du temple aient des vêtements à porter. Pour donner au revêtement extérieur un aspect étincelant, les femmes fournirent du verre à casser en petits morceaux et à appliquer au stuc. Dans sa prière de consécration, Joseph mentionna les sacrifices des saints: «Car tu sais que nous avons accompli ce travail au milieu de grandes tribulations, et que c'est dans notre pauvreté que nous avons donné de nos biens pour bâtir une maison à ton nom, afin que le Fils de l'Homme ait un lieu pour se manifester à son peuple» (D&A 109:5).
Une foule estimée à mille personnes assista, le 27 mars 1836, à la consécration. Une cérémonie de répétition de la consécration eut lieu le 31 mars. Ce fut un moment de grandes réjouissances. Des hymnes de consécration furent chantés, notamment «L'Esprit du Dieu saint brûle comme une flamme», écrit pour l'occasion. La Sainte-Cène fut bénie et distribuée. La prière de consécration inspirée, remplie d’allusions hébraïques, est devenue le modèle de toutes les consécrations de temples qui ont suivi. Le prophète y supplie le Seigneur d’accorder la manifestation de sa présence divine (la shékhina), comme dans le tabernacle de Moïse, au temple de Salomon et le jour de la Pentecôte, «et que ta maison soit remplie de ta gloire comme d'un vent puissant et impétueux» (D&A 109:37; cf. Ex. 29:43; 33:9-10; 2 C. 7:1-3; Ac. 2:1-4). Beaucoup mirent par écrit l'accomplissement de cette prière. Eliza R. Snow écrit: «On peut reparler des cérémonies de cette consécration, mais aucune langue mortelle ne peut décrire les manifestations célestes de ce jour mémorable. Des anges apparurent à certains, tandis que toutes les personnes présentes avaient la sensation de la présence divine et chaque cœur était rempli d’une «joie inexprimable et pleine de gloire» (Tullidge, p. 95). Après la prière, l'assemblée tout entière se leva et, les mains élevées, cria des hosannas «à Dieu et à l'Agneau» (voir Cri de Hosanna).
Le point culminant du déversement spirituel se produisit le 3 avril 1836 quand le Sauveur apparut dans le temple de Kirtland à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et dit: «Car voici, j'ai accepté cette maison, et mon nom sera ici; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison» (D&A 110:7). Puis trois autres personnages appartenant à d'anciennes dispensations, ou ères, vinrent rétablir les clefs de la prêtrise: Moïse rétablit les clefs du rassemblement d'Israël, Élias les clefs de l'Évangile d'Abraham et Élie les clefs du scellement. Ces clefs représentent trois aspects différents de la mission de l'Église.
Sans les clefs rétablies dans le temple de Kirtland, les saints des derniers jours n'auraient pas l'autorité d’accomplir les ordonnances dans leurs nombreux temples. Des ablutions et des onctions avaient été données en janvier 1836. Après avoir accompli le lavement des pieds, Joseph assura aux collèges qu'il «leur avait donné toutes les instructions dont ils avaient besoin» pour aller de l’avant et édifier le royaume de Dieu, étant «passés par toutes les cérémonies nécessaires» (EPJS, p. 85). Ces cérémonies étaient préliminaires à la plénitude des ordonnances et de la dotation du temple administrées plus tard dans le temple de Nauvoo.
Abandonné par les saints après de violentes persécutions, le temple de Kirtland fut pendant un certain temps dans les mains de dissidents. Il appartient aujourd'hui à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours [devenue la Communauté du Christ] et est utilisé comme centre pour visiteurs. Il a été reconnu comme site historique national.
Bibliographie
Anderson, Karl Ricks. Joseph Smith’s Kirtland: Eyewitness Accounts.Salt Lake City, 1989.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Madsen, Truman G. Joseph Smith, the Prophet, pp. 67-82. Salt Lake City, 1989.
Tullidge, Edward W. The Women of Mormondom. New York, 1877.
KEITH W. PERKINS

Temples

[Les articles contenus sous cette rubrique sont:
Temples: Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Temples: Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990
Temples: Consécration des temples de l’Église
Temples: Administration des temples
Temples: Significations et fonctions des temples
Temples: Les temples au cours des siècles
Les quatre premiers articles ont trait aux temples qui se situent dans la tradition de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Voir aussi Maisons des dotations, Temple de Kirtland, Franc-maçonnerie et temple, Temple de Nauvoo et Temple de Salt Lake City. Le cinquième article traite des significations et des fonctions des temples dans les religions du monde en général et l’article final traite des temples antiques en particulier, ainsi que des continuités entre les temples israélites antiques et les temples des saints des derniers jours.
Voir aussi Baptême pour les morts, Dotation, Histoire familiale, Sous-vêtements, Saint des saints, Mariage: Mariage éternel, Cercle de prière, Salut des morts, Scellement, Ordonnances du temple et Ablutions et Onctions.]

Temples: Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Auteur: LUSCHIN, IMMO

L’accomplissement d’ordonnances et la    recherche de la volonté du Seigneur dans le temple sont une forme sacrée et importante du culte dans la vie religieuse des saints des derniers jours. Dans le temple, des vérités saintes sont enseignées et des alliances solennelles sont contractées au nom de Jésus-Christ, tant par les membres pour eux-mêmes que par ceux qui agissent par procuration en faveur de personnes décédées (celles-ci ayant le choix dans le monde d’esprit d’accepter ou de rejeter ce service par procuration). Le respect des alliances du temple et le respect manifesté lors de l’accomplissement des ordonnances du temple donnent de la paix en ce monde et la promesse de la vie éternelle dans le monde à venir.
Il y a, à l’intérieur de chaque temple, des locaux spéciaux pour les diverses ordonnances. On utilise de grands fonts baptismaux reposant sur le dos de douze bœufs sculptés (cf. 1 R. 7:25) pour le baptême pour les morts. Dans d’autres locaux, il y a des cabines dans lesquelles des personnes sont rituellement lavées et ointes avant que la dotation ait lieu. Dans les temples plus anciens, des salles plus grandes sont décorées pour représenter la création, le jardin d’Éden, ce monde-ci et le royaume terrestre, et dans ces salles de dotation, les participants assistent à des présentations symboliques dans lesquelles se jouent des scènes qui décrivent par qui et pourquoi la terre a été créée et comment on peut rentrer en la présence de Dieu. Les participants font des alliances et reçoivent des promesses et des bénédictions. On appelle cela recevoir la dotation. Le prophète Joseph Smith a enseigné que cette dotation était nécessaire pour donner le pouvoir «de vaincre toutes choses» (EPJS, p. 70). Un voile sépare symboliquement la salle terrestre de la salle céleste qui suggère par l’ameublement et le décor la paix, la beauté et la gloire du degré le plus élevé des cieux. Il y a aussi dans le temple des salles plus petites, dites salles de scellement, où l’on célèbre les mariages et les scellements pour les vivants et, par procuration, pour les morts. Un temple peut aussi avoir une salle d’étage où peuvent se réunir des assemblées solennelles.
La première visite au temple pour sa propre dotation est un événement important dans la vie d’un saint des derniers jours. (Les enfants n’entrent dans le temple que pour être scellés à leurs parents ou, après l’âge douze, pour être baptisés pour les morts.) Les missionnaires à plein temps reçoivent leur dotation peu de temps avant le début de leur service; les autres membres le font généralement peu avant le mariage au temple ou, s’ils ne sont pas mariés, à une époque de maturité dans la vie. Tous les saints des derniers jours qui vont au temple doivent être dignes et les hommes doivent détenir la Prêtrise de Melchisédek.
Une fois qu’il a reçu sa dotation personnelle, le membre de l’Église est invité à retourner souvent refaire les mêmes ordonnances pour des personnes qui sont mortes sans les avoir reçues. Lors de chacune de ses visites au temple. le visiteur fait fonction de représentant d’une personne de son sexe. Ce service désintéressé de «sauveurs… sur la montagne de Sion» (cf. Ab. 1:21) est motivé par la foi en la résurrection et la survie littérales de tous les êtres humains.
Après avoir été consacrés, les temples ne sont pas ouverts au public mais sont limités aux saints des derniers jours. Même entre eux, les saints des derniers jours ne parlent pas des détails de la cérémonie du temple en dehors de celui-ci, parce qu’ils sont sacrés. Dans le temple, les fidèles passent par plusieurs étapes qui symbolisent le retrait par rapport au monde et l’entrée dans la demeure de la Divinité. Ils présentent leur recommandation à l’usage du temple à l’entrée, se changent pour s’habiller tout de blanc et ne se parlent qu’à voix basse tandis quand ils sont dans le bâtiment sacré. Le temple n’est pas ouvert le dimanche, parce que le jour du sabbat est consacré au culte du Seigneur au foyer et dans les assemblées à l’église.
Pour ceux avec qui entrent dans la maison du Seigneur «les mains innocentes et le cœur pur» (Ps. 24:4), «le cœur brisé et l’esprit contrit» (3 Né. 9:20; cf. Ps. 51:17), et sans mauvais sentiments à l’égard des autres (Mt. 5:23-24), le temple est un endroit idéal pour le culte par la méditation, le renouvellement, la prière et le service discret. Le Seigneur a décrit sa maison comme étant «une maison de prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une maison de connaissance, une maison de gloire, une maison d’ordre, une maison de Dieu» (D&A 88:119). Le recueillement dans le temple favorise l’humble esprit de culte et de sainteté. Dans le calme de la maison du Seigneur, ceux qui aspirent à entendre la parole du Père et à être entendus de lui prient silencieusement ou se joignent à des supplications solennelles en faveur des malades et des affligés et de ceux qui recherchent l’inspiration et les conseils (cf. 1 R. 8:30-49; voir aussi Cercle de prière).
Les paroles prononcées lors de la dotation du temple donnent «les réponses de l’éternité» (Hinckley, p. 37), une éternité qui figure dans les perspectives de tous les enfants de Dieu. Les paroles exposent les principes éternels à utiliser pour résoudre les dilemmes de la vie et indiquent la manière de devenir plus chrétien et de se qualifier progressivement pour vivre avec Dieu. Les lois de la nouvelle alliance éternelle y sont enseignées – des lois d’obéissance, de sacrifice, d’ordre, d’amour, de chasteté et de consécration. Dans le temple, on apprend le rôle sacré des hommes et des femmes dans le plan éternel de Dieu le Père et de l’un envers l’autre, on reçoit une perspective stable du processus répétitif de la vie et on acquiert un plus grand amour pour les ancêtres et pour toute l’humanité.
Ce refuge par rapport au monde fait partie, pour des saints des derniers jours, de l’accomplissement de la prophétie antique que «dans la suite des temps… la maison de l’Éternel sera fondée… et que toutes les nations y afflueront» (És. 2:2). Dans la maison du Seigneur, les membres fidèles de l’Église cherchent à comprendre qui ils adorent et comment adorer, de sorte qu’en temps voulu ils puissent aller au Père au nom du Christ, recevoir de la plénitude du Père (D&A 93:19).

Bibliographie
Derrick, Royden G. Temples in the Last Days. Salt Lake City, 1987.
Edmunds, John K. Through Temple Doors. Salt Lake City,1978.
Hinckley, Gordon B. “Why These Temples?” Ensign 4, août 1974, pp. 37-41.
Leone, Mark P. „The New Mormon Temple in Washington, D.C.“ Dans Historical Archaeology and the Importance of Material Things. Charleston, S. C., 1977.
Madsen, Truman G. “The Temple and the Restoration”. Dans The Temple in Antiquity. dir. de publ. Truman G. Madsen, Provo, Utah, 1984.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré, Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur. Salt Lake City, 1976.

Temples: Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990
Auteur: COWAN, RICHARD O.

Les saints des derniers jours sont un peuple constructeur de temples. Ils ont une histoire de temples projetés et construits, souvent sous une opposition intense. L’une des premières révélations déclare: «Il est toujours commandé à mon peuple de construire [des temples] à mon saint nom» (D&A 124:39-40). Dans les dernières semaines de sa vie, le prophète Joseph Smith a affirmé: «Nous avons plus besoin du temple que de toute autre chose» (Journal History of the Church, 4 mai 1844).
Les fonctions des temples modernes correspondent dans certains aspects à celles du tabernacle antique et des temples bibliques, qui étaient consacrés comme lieux sacrés où Dieu pouvait se révéler à son peuple (Ex. 25:8, 22) et où les sacrifices et les ordonnances sacrées de la prêtrise pouvaient être accomplis (D&A 124:38). Bien que la Bible n’indique pas clairement la nature et l’ampleur précises de ces rites, il est clair que le sacrifice par effusion de sang annonçait le sacrifice suprême de Jésus-Christ.
Le Nouveau Testament utilise deux mots qui sont traduits par temple: naos pour le sanctuaire, et hieron pour les esplanades et les cours en général. Bien que condamnant vigoureusement les abus pratiqués dans la cour du temple, Jésus n’en avait pas moins la plus haute estime pour le saint sanctuaire qu’il considérait comme la maison de son Père» (Jn. 2:16) ou comme sa maison (Mt. 21:13). Quand il purifie le temple et condamne les abus (Jn. 2:13-16; Mt. 21:12-13) c’est du hieron qu’il s’agit plutôt que du naos.
RÉTABLISSEMENT DU CULTE ET DES ORDONNANCES DU TEMPLE. Les saints des derniers jours ont construit leur premier temple à Kirtland (Ohio). Une cérémonie de pose de la première pierre en 1833 a marqué le commencement de la construction. Pendant environ trois ans, les saints sacrifièrent leurs moyens, leur temps et leur énergie pour construire la Maison du Seigneur (le mot «temple» n’était pas généralement utilisé à ce moment-là). Quoique l’extérieur du temple ressemblât beaucoup à une église typique de la Nouvelle-Angleterre, son intérieur avait des caractéristiques qui lui étaient propres. Une révélation spécifiait que le bâtiment devrait comporter deux grandes salles, celle du bas étant une chapelle, alors que celle du haut était à des fins éducatives (D&A 95:8, 13-17). Rien n’était prévu pour les cérémonies sacrées qui devaient encore être révélées.
Des bénédictions spirituelles remarquables suivirent les années de sacrifice. Les semaines précédant immédiatement la consécration du temple de Kirtland connurent des manifestations spirituelles remarquables. Le 21 janvier 1836, quand Joseph Smith et d’autres se réunirent dans le temple presque terminé, ils reçurent des ablutions et des onctions et eurent beaucoup de visions, notamment une vision du royaume céleste. Ils apprirent que tous ceux qui étaient morts sans connaître l’Évangile, mais qui l’auraient accepté si l’occasion leur avait été donnée, étaient héritiers de ce royaume (D&A 137:7-8). Ce fut la toute première révélation moderne au sujet du salut des morts, un principe doctrinal important lié aux ordonnances des temples de l’Église.
Le dimanche 27 mars 1836, le temple de Kirtland était consacré. Vers la fin du service, qui dura toute la journée, Joseph Smith lut la prière de consécration qu’il avait précédemment reçue par révélation (D&A 109). Après cette prière, le chœur chanta «L’Esprit du Dieu Saint», un cantique écrit pour l’occasion par William W. Phelps. Après que la Sainte-Cène eut été bénie et que plusieurs témoignages eurent été rendus, l’assemblée se leva et poussa le cri de «Hosanna, Hosanna, Hosanna, à Dieu et à l’Agneau !» Les prières de consécration officielles, l’interprétation de ce cantique et le cri de Hosanna caractérisent toutes les consécrations de temples depuis lors (voir Cri de Hosanna).
Des manifestations importantes se produirent dans le temple de Kirtland le 3 avril, une semaine après sa consécration. Jésus-Christ apparut et accepta le temple. Moïse, Élias et Élie apparurent ensuite et rétablirent des pouvoirs spécifiques de la prêtrise (D&A 110). Grâce aux clefs de scellement rétablies par Élie, les ordonnances de la prêtrise accomplies sur terre pour les vivants et les morts pouvaient être liées ou scellées dans le ciel, aidant ainsi à tourner le cœur des pères et des enfants les uns vers les autres (Ma. 4:5-6).
Au moment où il projetait le temple de Kirtland, Joseph Smith accordait également son attention à ce qui se passait au Missouri. En 1831, il avait posé la pierre angulaire d’un futur temple à Independence, dans le comté de Jackson, qui avait été indiqué comme «lieu central» de Sion (D&A 57:3). En juin 1833, il élabora un plan pour la ville de Sion, indiquant que vingt-quatre temples ou bâtiments sacrés seraient construits au cœur de la ville pour remplir une variété de fonctions de prêtrise. Quand les saints des derniers jours furent expulsés du comté de Jackson cet automne-là, les projets de construction de la ville de Sion et de ses temples furent remis à plus tard.
En 1838 les pierres angulaires furent posées pour un temple à Far West, dans le nord du Missouri. Cet édifice devait servir au rassemblement des saints pour le culte (D&A 115:7-8). Toutefois, les persécutions en empêchèrent la construction.
Le temple de Nauvoo, consacré en 1846, fut le premier temple conçu pour les ordonnances sacrées récemment rétablies pour les vivants et les morts. Les baptêmes par procuration pour les morts furent inaugurés en 1840. Ils furent d’abord accomplis dans le Mississippi jusqu’à ce que des fonts fussent construits dans le sous-sol du temple. En 1842, le prophète donna les premières dotations dans la salle d’assemblée au-dessus de son magasin de briques rouges (EPJS, p. 191). Cette cérémonie qui, à ce moment-là n’était donnée qu’aux personnes vivantes, passait en revue l’histoire de l’humanité depuis la création, soulignant les principes élevés exigés pour retourner en la présence de Dieu. Les premiers scellements ou mariages de couples pour l’éternité furent également accomplis vers ce moment-là. Ensuite toutes les ordonnances de cette sorte furent arrêtées jusqu’à ce que le temple fût terminé.
Les murs extérieurs principaux du temple n’étaient que partiellement achevés quand Joseph Smith et son frère Hyrum furent assassinés en 1844. Le martyre ne fit toutefois que causer une suspension provisoire de la construction du temple. Quoique sachant qu’ils seraient bientôt forcés de quitter Nauvoo et n’auraient plus accès au temple, les saints étaient disposés à dépenser près d’un million de dollars pour réaliser la vision de leur prophète d’ériger la Maison du Seigneur. Dès décembre 1845, les salles du temple étaient suffisamment achevées pour que des dotations puissent y être accomplies. Pendant les huit semaines qui suivirent, 5.500 personnes reçurent ces bénédictions alors même qu’elles se préparaient fiévreusement pour leur exode vers l’Ouest. Brigham Young et d’autres officiants restèrent jour et nuit dans le temple. Pour maintenir l’ordre, Heber C. Kimball insista sur le fait que seuls ceux qui avaient une invitation officielle devaient être admis au temple, ce qui fut peut-être le commencement de l’émission des recommandations à l’usage du temple.
TEMPLES AU SOMMET DES MONTAGNES. La construction de temples resta prioritaire pour les pionniers mormons pendant qu’ils se rendaient dans les montagnes Rocheuses. Quatre jours à peine après leur entrée dans la vallée du lac Salé, Brigham Young y choisit l’emplacement du temple. Des dispositions provisoires furent prises pour donner la dotation jusqu’à ce que ce temple soit achevé, et une Maison des Dotations en adobes fut ouverte en 1855 à Temple Square. Le président Young expliqua cependant que toutes les ordonnances ne pouvaient y être convenablement accomplies, de sorte qu’au milieu des années 1870, il encouragea les saints à aller de l’avant dans la construction d’autres temples en Utah.
L’emplacement pour le temple de St-George était marécageux, mais Brigham Young tint absolument à ce qu’il fût construit là parce que l’endroit avait été consacré par les prophètes antiques du Livre de Mormon (déclaration de David H. Cannon, Jr., 14 oct. 1942, cité dans Kirk M. Curtis, «History of the St. George Temple», thèse de maîtrise, université Brigham Young, 1964, pp. 24-25). Un vieux canon, rempli de plomb, devint un marteau pilon improvisé pour enfoncer des roches dans la terre détrempée. En 1877, le temple de St-George, premier d’Utah était achevé. On y inaugura des dotations pour les morts en janvier de cette année-là, permettant aux saints d’accomplir ces rites importants par procuration en faveur de leurs ancêtres.
Avec l’accroissement du nombre des dotations pour les morts, la conception de base des temples fut modifiée pour que l’ordonnance puisse avoir lieu. Les temples de Logan et de Manti (respectivement consacrés en 1884 et 1888) contiennent de grandes salles d’assemblée à l’étage et une série de salles plus petites en bas, spécialement conçues pour présenter les instructions de la dotation. Les peintures murales dépeignent différentes étapes de la progression éternelle de l’homme. À cause de l’hostilité politique extérieure en 1888, les dirigeants de l’Église consacrèrent d’abord le temple de Manti en des cérémonies privées. Lors de la consécration publique, qui eut lieu un peu plus tard, les membres de l’assemblée signalèrent des expériences spirituelles peu communes, entendant notamment des chœurs célestes.
L’achèvement du temple de Salt Lake City fut un encouragement pour les saints pendant les jours sombres des persécutions. Les pierres symboliques sur l’extérieur du grand temple représentent les degrés de gloire éternelle et d’autres principes de l’Évangile. La flèche centrale à l’est est complétée par une statue de l’ange Moroni, symbolisant la prophétie de Jean qu’un héraut céleste apporterait l’Évangile à la terre (Ap. 14:6). L’intérieur contient des salles de conseil pour les Autorités générales. L’après-midi précédant sa consécration, le 6 avril 1893, de nombreux visiteurs de tous les cultes furent invités à visiter le temple. Ces portes ouvertes précédant la consécration ont pris de l’importance et sont devenues la norme pendant le vingtième siècle.
TEMPLES DU XXe SIECLE. Pendant le premier tiers du vingtième siècle, des temples furent construits de plus en plus loin du siège de l’Église, reflet de l’expansion et de la croissance de l’Église. Le président Joseph F. Smith parla de la nécessité d’apporter les bénédictions du temple aux saints dispersés sans les obliger à parcourir souvent des milliers de kilomètres jusqu’aux montagnes Rocheuses pour les recevoir. Les temples construits à l’époque étaient relativement petits, sans tours ni grandes salles d’assemblée.
Le président Smith, qui, dans sa jeunesse, avait fait une mission à Hawaï, choisit un emplacement de temple à Laie sur l’île d’Oahu. Comme les matériaux de construction traditionnels étaient rares sur l’île, le temple fut construit en béton armé. Il fut consacré en 1919, un an après la mort du président Smith. Entre-temps, la construction d’un temple avait également commencé à Cardston (Alberta, Canada). Après sa consécration en 1923, les membres de l’Église d’Oregon et de Washington organisèrent des caravanes annuelles pour aller dans ce temple, précurseurs de voyages au temple qui devinrent une facette de plus en plus importante de l’activité religieuse pour les membres qui ne vivaient pas près de ces édifices sacrés.
Lors de la consécration du temple de Mesa, en Arizona, en 1927, le président Heber J. Grant demanda la bénédiction divine sur les Indiens d’Amérique et les autres descendants modernes des peuples du Livre de Mormon. En 1945, la dotation et les autres bénédictions du temple y furent données en espagnol, la première fois que ces cérémonies étaient faites dans une langue autre que l’anglais. Les décennies suivantes, les membres du sud-ouest des États-Unis, du Mexique et jusqu’en Amérique Centrale se déplacèrent pour assister aux sessions du temple en espagnol à Mesa.
Le président Grant approuva aussi des emplacements pour des temples en Californie et en Idaho. La construction du temple d’Idaho Falls commença en 1937, mais le manque de matériaux pendant la Deuxième Guerre mondiale retarda son achèvement jusqu’en 1945.
La croissance rapide de la population de l’Église dans le sud de la Californie pendant et après la Deuxième Guerre mondiale aboutit à la construction du temple de Los Angeles, le plus grand de l’Église à l’époque. Consacré en 1956, c’était le premier au vingtième siècle à avoir une grande salle d’étage pour permettre aux dirigeants de la prêtrise d’y mener des assemblées solennelles, ainsi qu’une statue de l’ange Moroni sur sa tour de 85 mètres. Les plans d’architecte prévoyaient que l’ange soit tourné vers le sud-est, comme le temple lui-même, mais le président David O. McKay insista pour que la statue soit orientée directement à l’est. La plupart des temples de l’Église (mais pas tous) sont tournés vers l’est, symbolisant l’avènement attendu du Christ, que Jésus a comparé à l’aube à l’orient d’un jour nouveau (Mt. 24:27). Les membres de Californie considérèrent ce temple comme l’accomplissement de la prophétie de Brigham Young que l’on dominerait un jour les rivages du Pacifique du haut de la maison du Seigneur et que les temples auraient une tour centrale et des bassins réfléchissants et auraient des plantations sur leur toit.
LES PREMIERS TEMPLES D’OUTRE-MER. La décision de construire des temples à l’étranger constitua une nouvelle impulsion. Pendant des décennies les dirigeants de l’Église avaient conseillé aux saints d’outre-mer ne pas se rassembler en Amérique, pour édifier l’Église là où ils étaient, les bénédictions du temple n’étaient pas accessibles dans leur patrie. Le temple de Suisse près de Berne en 1955 et les temples de Nouvelle-Zélande et de Londres en 1958 répondirent partiellement à ce besoin. L’utilisation du cinéma permit de présenter l’ordonnance de la dotation dans une seule salle d’enseignement plutôt que dans une série de salles décorées de peintures murales. Le président McKay avait annoncé que les futurs temples seraient plus petits, de manière à ce que l’on pût en construire davantage de par le monde. En outre, sous forme de film, ces cérémonies pouvaient être présentées en plusieurs langues avec seulement un petit groupe de servants des ordonnances du temple pour assurer le service.
Les personnes qui avaient reçu la responsabilité de localiser ces temples étaient convaincues qu’elles avaient l’aide divine. Les dirigeants de la mission suisse connurent de longues difficultés en voulant acquérir un emplacement qu’ils avaient choisi et demandèrent l’aide du Seigneur. Ils trouvèrent immédiatement un emplacement plus grand pour la moitié du prix; ils ne tardèrent pas à apprendre que l’emplacement qu’ils avaient d’abord choisi était devenu inutilisable à cause de la construction inattendue d’une grande route sur une partie du lot. Quand le prix demandé à l’origine pour la parcelle de terrain du temple de Nouvelle-Zélande parut excessif, les hommes de loi représentant les propriétaires et l’Église revirent la question et parvinrent indépendamment exactement au même chiffre moins élevé. Les ingénieurs déconseillèrent la construction du temple de Londres sur le terrain choisi par le président McKay parce qu’il était trop marécageux, mais on découvrit de la roche à la profondeur qui convenait pour soutenir les fondations.
TEMPLES MODERNES EN AMÉRIQUE DU NORD. Pendant la décennie 1964-1974, quatre temples supplémentaires furent consacrés aux États-Unis. Le temple d’Oakland (1964) avait été impatiemment attendu par les saints du nord de la Californie. Quarante ans plus tôt, George Albert Smith avait parlé tandis qu’il était à San Francisco du jour où un beau temple surmonterait les collines de l’East Bay et serait un fanal pour les bateaux naviguant le Golden Gate. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, un terrain devint libre dans les collines d’Oakland. Cependant, deux décennies passèrent en attendant que la croissance de l’Église dans la région justifie la construction d’un temple. Le temple d’Oakland utilise maintenant la projection de film pour présenter la cérémonie de la dotation. Trois salles spacieuses permettent à de grands groupes de recevoir ces instructions simultanément.
Quoique les anciens dirigeants eussent parlé de futurs temples à Ogden et à Provo, l’annonce, faite en 1967, de la construction de ces deux temples d’Utah surprit beaucoup de saints des derniers jours. Les dirigeants de l’Église expliquèrent que le temple de Salt Lake City était utilisé au-delà de sa capacité, de sorte que la construction de deux nouveaux temples dans le voisinage soulagerait la pression et réduirait également le temps de voyage pour les saints d’Ogden et de Provo. Quand les temples furent terminés cinq ans après, chacun comptait six salles de dotation, ce qui allait permettre à un nouveau groupe de commencer la présentation toutes les vingt minutes pour un total maximum de soixante sessions quotidiennement.
Le temple de Washington D.C. non seulement répondait aux besoins des saints habitant l’Est des États-Unis et le Canada mais, étant situé près de la capitale des États-Unis, devint un monument pour l’Église rétablie. Les architectes le conçurent comme adaptation moderne et facilement reconnaissable du modèle bien connu à six tours du temple de Salt Lake City. Avec sa flèche centrale du côté est, haute de 87 mètres, il est le plus grand de tous les temples de l’Église dans le monde. Le temple de Washington comprenait un complexe de six salles de dotation et devint le deuxième temple du vingtième siècle à avoir la grande salle d’assemblée de la prêtrise à l’étage.
Pendant les années 1970, le temple d’Arizona et plusieurs autres temples furent transformés en vue de la projection de film dans la présentation de la dotation. Comme les transformations avaient été considérables, des portes ouvertes furent organisées avant la reconsécration des temples. Pendant cette même décennie, on commença la construction de trois autres grands temples en Amérique du Nord: celui de Seattle (consacré en 1980), le premier dans le Nord-ouest Pacifique des États-Unis, celui de Jordan River (1981), le deuxième de la vallée du lac Salé et celui de Mexico (1983), qui se caractérise par un style architectural maya. Tandis qu’il assistait à la consécration du temple de Mexico, Ezra Taft Benson se sentit poussé à mettre l’accent sur le Livre de Mormon, un thème qui devait plus tard caractériser son administration comme président de l’Église.
EXPANSION MONDIALE. En 1976, deux révélations (maintenant D&A 137 et 138) furent ajoutées aux ouvrages canoniques. L’une d’elles rapportait la vision que Joseph Smith avait eue du royaume céleste en 1836. L’autre racontait la vision que le président Joseph F. Smith avait eue en 1918 montrant le Sauveur organisant les justes pour prêcher son Évangile dans le monde des esprits des morts. Les deux contribuaient à la compréhension que les saints avaient du salut pour les morts et donnèrent un élan nouveau à une construction sans précédent de temples.
Des plans avaient déjà été annoncés pour des temples à Sao Paulo et à Tokyo, les premiers en Amérique du Sud et en Asie, respectivement. Puis, en 1980, une accélération spectaculaire se produisit quand la Première Présidence annonça que l’on allait construire sept nouveaux temples. Il s’agissait du premier temple du sud-est des États-Unis, de deux autres temples en Amérique du Sud et de quatre dans le Pacifique. L’année suivante, les plans pour neuf autres temples étaient annoncés: deux aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, plus un temple en Corée, aux Philippines et en Afrique du Sud. Dès 1984, des plans pour construire dix temples de plus étaient annoncés, notamment un en République démocratique allemande. Ces temples étaient plus petits que la plupart de ceux qui avaient été construits les décennies précédentes. Comme beaucoup furent construits en même temps, ils sont de conception semblable.
La plupart de ces nouveaux temples se trouvaient là où ils pouvaient rendre les bénédictions du temple accessibles aux vivants même s’ils ne pouvaient pas contribuer un grand nombre d’ordonnances pour les morts. Plus que jamais auparavant, les temples étaient à la portée des saints des derniers jours vivant de par le monde, qui accueillirent la construction de ces temples avec reconnaissance et joie. Quand le président Spencer W. Kimball annonça l’intention de construire le temple de Sao Paulo, par exemple, un ah ! parcourut l’immense assemblée réunie pour la conférence de région du Brésil; les larmes aux yeux, les familles, partout dans la salle, s’embrassèrent à cette nouvelle. Les dirigeants de l’Église dirent que plutôt que de sacrifier les gains de toute une vie pour atteindre un temple éloigné, les membres devraient maintenant faire une autre sorte de sacrifice: trouver du temps pour aller régulièrement à leur temple.
Les saints des derniers jours comptent que cette expansion rapide de la construction de temples continuera. Les ordonnances sacrées du temple doivent être rendues accessibles à tous. Brigham Young a prophétisé que pendant le millénium, des milliers de temples parsèmeraient la terre. À ce moment-là, des dizaines de milliers de fidèles y entreront pour accomplir les ordonnances sacrées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
BÉNÉDICTIONS DU TEMPLE POUR LES MORTS. Quand ils faisaient des baptêmes par procuration pour leurs proches parents, les saints de Nauvoo disposaient aisément des informations à leur sujet. Des recherches généalogiques plus difficiles s’avérèrent pourtant nécessaires quand les membres de l’Église durent s’acquitter de leur responsabilité de fournir les bénédictions du temple à tous leurs ancêtres décédés aussi loin qu’ils pouvaient remonter. L’introduction des dotations pour les morts en 1877, qui prenait bien plus de temps que les baptêmes, représenta une expansion importante dans l’engagement des membres de l’Église vis-à-vis du temple.
Jusqu’alors les saints n’avaient accompli les ordonnances par procuration que pour leurs propres parents ou amis décédés. Or, tandis qu’il dirigeait la mise en œuvre du service par procuration au temple de St-George, Wilford Woodruff avait déclaré que le Seigneur permettrait aux membres de s’entraider dans cette œuvre importante.
Une autre innovation se produisit au début du vingtième siècle lorsque les gens qui vivaient dans des champs de mission lointains furent autorisés à envoyer au temple les noms de leurs proches décédés où d’autres représentants accompliraient les ordonnances. Les dirigeants de l’Église exhortèrent alors les membres vivant près d’un temple de consacrer du temps pour assurer ce service altruiste. Dans le temple de Salt Lake City, par exemple, il n’y avait eu au début qu’une session de dotation par jour. Mais en 1921, il y en avait jusqu’à quatre et en 1991, dix.
Avec le nombre de plus en plus important des temples, le nombre des dotations effectuées augmenta. À partir des années 1960, les dirigeants de l’Église demandèrent donc aux employés de la Société généalogique d’Utah de se procurer des noms à l’aide de microfilms des registres d’état civil et de les rendre disponibles pour l’œuvre du temple. Dès le début des années 1970, des trois-quarts de tous les noms pour des ordonnances du temple étaient envoyés de cette manière.
Pour permettre aux membres de jouer un rôle plus grand dans l’envoi de noms pour les temples, on leur permit, en 1969, d’envoyer des noms séparés plutôt que seulement dans une feuille de groupement de famille. Les ordinateurs pouvaient ensuite aider à déterminer les liens familiaux. À partir de 1978, de petits groupes de membres de l’Église furent appelés à passer quelques heures chaque semaine à participer au programme d’extraction des noms, c’est-à-dire à copier les noms et les données figurant sur les archives microfilmées. De cette façon, la plupart des noms pour l’œuvre du temple étaient fournis par des membres plutôt que par des professionnels au siège de l’Église. En 1988, la cent millionième dotation pour les morts était accomplie; on en fit plus de cinq millions cette année-là.
LA MAISON DU SEIGNEUR. Comme l’Israël antique, les saints des derniers jours considèrent les temples comme des lieux sacrés mis à part comme endroits où ils peuvent aller se rapprocher de Dieu et recevoir de lui des révélations et des bénédictions (D&A 97:15-17; 110:7-8). Ce n’est pas l’édifice en tant que tel qui est la source de sa sainteté. C’est plutôt le fait de la personnalité de ceux qui entrent et des ordonnances et des instructions sacrées qu’ils y reçoivent qui nourrissent l’atmosphère spirituelle que l’on trouve dans le temple. Quand les membres entrent dans cette sainte maison et centrent leurs pensées sur le service d’autrui, leur propre compréhension s’éclaircit et ils reçoivent la solution à leurs problèmes.
À cause de la nature spirituelle de l’activité du temple, la préparation personnelle est essentielle. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que les cérémonies du temple sont sacrées. Ceci est conforme à la pratique antique, par exemple, de n’admettre que des personnes spécifiquement qualifiées dans l’enceinte la plus sacrée du Tabernacle. La fonction des dirigeants locaux de l’Église, quand ils délivrent des recommandations à l’usage du temple, est non seulement d’établir la dignité et la préparation de la personne mais d’assurer également la sainteté du temple.

Bibliographie
Ouvrages traitant des temples et de leurs ordonnances : James E. Talmage, La Maison du Seigneur ; Boyd K. Packer, Le Temple sacré, explique l’esprit et l’importance de l’œuvre du temple ; Richard O. Cowan dans Temples to Dot the Earth, Salt Lake City, 1989, donne l’historique des temples de l’Église et du service du temple. Il y a une étude en profondeur sur l’origine ancienne dans Hugh Nibley, Message of the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment, Salt Lake City, 1975 ; N. B. Lundwall, Temples of the Most High, Salt Lake City, 1971, contient les prières de consécration et des descriptions de certains temples; Royden G. Derrick dans Temples in the Last Days, Salt Lake City, 1987 contient un recueil d’essais sur des sujets liés au temple ; Laurel B. Andrew explique les influences architecturales dans son Early Temples of the Mormons (Albany, N.Y., 1989).
RICHARD O. COWAN

Temples: Consécration des temples de l’Église
Auteur: HAYCOCK, D. ARTHUR

La consécration d’un temple est un acte cérémoniel suprêmement sacré dans l’Église, qui consacre le bâtiment au Seigneur avant que ne commence l’œuvre des ordonnances du temple. Depuis la consécration du temple de Kirtland en 1836 jusqu’en 1990, quarante-six temples ont été consacrés.
La consécration d’un temple est un moment de grandes réjouissances et de célébrations spirituelles. Les hommes, les femmes et parfois les enfants qui vivent dans le district qui va être desservi par le temple et ont une recommandation à l’usage du temple sont invités aux sessions tenues dans ou à côté du temple. Ces cérémonies sont répétées plusieurs fois afin de recevoir tous ceux qui peuvent participer. La plupart viennent dans l’esprit du jeûne et de la prière. Les cérémonies comportent des hymnes choraux sacrés et des discours spéciaux de la part des Autorités générales. Une prière de consécration officielle est faite sous l’autorité apostolique. Traditionnellement, ces prières traitent de la totalité de la dispensation moderne, invoquant les bénédictions divines sur toute l’humanité, les vivants et les morts. Elles ont souvent été prophétiques en ce qui concerne les événements du monde (voir D&A 109).
À un certain moment, dans toutes les consécrations de temples, l’assemblée se lève et, tout en agitant des mouchoirs blancs, pousse ensemble trois fois le cri: «Hosanna, hosanna, hosanna, à Dieu et à l’Agneau» (voir Cri de Hosanna). Cette expression solennelle a été présentée par Joseph Smith à Kirtland (voir D&A 19:37; 36:3; 39:19). Elle rappelle les louanges criées par les disciples de Jésus tandis qu’il descendait du mont des Oliviers (Mt. 21:1-11) et les cris des multitudes en Amérique entourant le temple au pays d’Abondance: «Béni soit le nom du Dieu Très-Haut» (3 Né. 11:17); il fait également écho au «pour célébrer et pour louer l’Éternel» par des voix et des instruments lors de la consécration du temple de Salomon (2 Ch. 5:11-14).
La consécration d’un temple est en fin de compte la consécration du peuple. Dans l’esprit du sacrifice, il le construit et dans le même esprit il y accomplit les ordonnances sacrées. La consécration met le bâtiment à part de tous les autres édifices de l’Église. Il devient un sanctuaire consacré non pour des sessions ordinaires du culte du sabbat mais pour l’accomplissement quotidien des ordonnances du temple.
Tous les dons de l’Esprit et de la sainte prêtrise mentionnés dans l’Écriture se sont manifestés à un moment ou l’autre dans les déversements spirituels qui ont accompagné les consécrations de temples, dont des visions, des révélations, des guérisons, le discernement et la prophétie de même que les fruits de l’Esprit: amour, joie, paix, longanimité, gentillesse, humilité, foi. Pour les saints des derniers jours, en de telles occasions c’est comme si les temples terrestres et célestes se réunissaient et comme si les réjouissances des hommes dignes d’autrefois se mêlaient à celles des mortels. Ces expériences et le service qui se fait ensuite dans les temples mènent à «la communion et [à] la présence de Dieu le Père, et de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance» (D&A 107:19). Ce sont des démonstrations terrestres de l’unité céleste. Le président Wilford Woodruff a écrit: «Le plus grand événement de l’année [1893] a été la consécration du temple du Grand Lac Salé. Le pouvoir de Dieu s’est manifesté… et beaucoup de choses ont été révélée» (journal de Wilford Woodruff, 31 déc. 1893, HDC).

Bibliographie
Woodbury, Lael. « The Origin and Uses of the Sacred Hosanna Shout ». Sperry Lecture Series, Provo, Utah, 1975.
D. ARTHUR HAYCOCK

Temples: Administration des temples
Auteur: SIMPSON, ROBERT L.

L’administration et le fonctionnement interne d’un temple sont conçus pour refléter la foi des membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours que chaque temple est à tous égards «la maison du Seigneur». Ce n’est que dans les temples consacrés que certaines ordonnances sacrées peuvent être accomplies, que certaines alliances peuvent être contractées entre l’homme et Dieu et que peut être faite la promesse de certaines bénédictions. Grâce à eux, une personne peut comprendre plus complètement le but de la vie terrestre, la destinée finale de l’humanité et l’importance d’acquérir des qualités chrétiennes dans notre condition mortelle.
ENTRÉE DANS LE TEMPLE. Tous ceux qui entrent dans le temple doivent venir en tant que membres dignes dûment certifiés par les dirigeants ecclésiastiques: l’évêque et le président de pieu. La recommandation à l’usage du temple ou attestation autorisant la personne à entrer dans le temple est présentée à l’arrivée au préposé du bureau des recommandations. Les signatures sont vérifiées ainsi que la date d’échéance. La recommandation est délivrée pour une période de deux ans.
Chacun dans le temple, les servants du temple aussi bien que les visiteurs, s’habille de blanc et ne porte pas d’ornements profanes. Tous sont invités à parler à voix basse et à s’abstenir de pensées et de conversations étrangères à ces lieux, qui nuisent à l’ambiance spirituelle du sanctuaire.
Le temple n’est pas utilisé pour le culte du dimanche mais est plutôt un édifice sacré où des ordonnances peuvent être accomplies et des alliances faites dans une dignité paisible, loin des soucis et du vacarme du monde extérieur. Le temple est fermé le dimanche, le jour où les membres rendent le culte et étudient dans leurs églises de paroisse. Le temple est normalement fermé le lundi aussi pour les travaux de nettoyage et d’entretien en vue des jours où il fonctionne.
SUPERVISION GÉNÉRALE. Tous les temples sont administrés sous la direction de la Première Présidence de l’Église et du Collège des douze apôtres. Le Département des Temples, sous la direction de la Première Présidence et avec les conseils du Conseil exécutif de la Prêtrise est l’organisme responsable de la supervision de tous les temples. Une attention particulière est accordée à ce qui suit: • Accomplissement correct de toutes les ordonnances du temple selon les formes scripturaires telles qu’approuvées par la Première Présidence • Entretien et sécurité des temples et des espaces verts • Équipement technique de tous les temples, particulièrement l’équipement audiovisuel et les ordinateurs • Relations entre les personnes dans tous les temples • Questions budgétaires • Supervision des inventaires des vêtements du temple • Gestion des blanchisseries et des cafétérias dans les temples
PRÉSIDENCE DU TEMPLE ET SERVANTS. Le président du temple est choisi et appelé à son poste par la Première Présidence de l’Église. C’est un appel de l’Église habituellement pour deux à trois ans. Normalement l’épouse du président du temple remplit les fonctions d’intendante du temple. Le président est aidé par deux conseillers et l’intendante par deux assistantes. Chaque temple a un greffier.
LE CONSEIL EXÉCUTIF DU TEMPLE. Le président du temple, ses conseillers, l’intendante du temple et le greffier constituent le comité exécutif du temple. Ils se réunissent chaque semaine pour faire toute la planification principale. Quand c’est nécessaire, d’autres personnes clefs sont invitées à cette réunion.
SERVANTS BÉNÉVOLES. Chaque temple dépend fortement sur l’aide de servants bénévoles pour l’administration des ordonnances du temple. Un grand temple peut avoir jusqu’à deux mille servants bénévoles. Ces servants des ordonnances, qui se voient habituellement affectés à deux équipes de six heures par semaine, aident les visiteurs pendant qu’ils participent aux baptêmes, aux confirmations, à la dotation et aux scellements dans le temple.
Tous ces servants sont recommandés par leurs dirigeants locaux de la prêtrise. Chaque personne recommandée est autorisée par la Première Présidence de l’Église, nom après nom. Ce procédé souligne l’importance de ceux qui sont choisis pour aider dans le temple. Chaque servant des ordonnances est finalement interviewé avec soin par le président du temple ou l’un de ses conseillers qui, une fois satisfait quant à la dignité, à l’attitude et aux aptitudes personnelles, met la personne à part par imposition des mains pour lui conférer l’autorité essentielle pour officier dans les ordonnances du temple.
FORMATION DES SERVANTS DU TEMPLE. Le président du temple tient absolument à ce que tout ce qui se passe dans le temple soit en accord complet avec les désirs et les stipulations des Écritures et de la Première Présidence de l’Église. Le temple est une «maison de gloire», «d’ordre», «de Dieu» (D&A 88:119). Chaque servant des ordonnances passe par un premier programme de formation où les actions et les termes des ordonnances et des alliances qui doivent être administrées sont mémorisés et répétés. En plus des instructions initiales, il y a une formation continue destinée à garantir que tout se fait chaque jour d’une façon acceptable. Toute la formation se fait d’une façon paisible et gentille.
Chaque équipe (quarante à quatre-vingts servants) commence la journée par une réunion de prière qui donne une ambiance spirituelle et permet de donner les instructions pour le travail qui est à faire. Habituellement, quelques minutes de chaque réunion de prière sont consacrées à un suivi de formation. Toutes les personnes chargées de former les autres sont choisies avec soin et dans l’esprit de la prière par la présidence du temple et l’intendante.
SCELLEURS DU TEMPLE. Un scelleur dans le temple a l’autorité de sceller les familles pour le temps et pour toute l’éternité, maris et épouses entre eux et enfants aux parents. Le processus de scellement des familles pour le temps et l’éternité est l’essence même de l’œuvre du temple et une pierre de fondation importante de la théologie des saints des derniers jours. Les membres masculins dignes dont la fidélité, les capacités et l’intégrité sont démontrées peuvent être appelés à être scelleurs dans le temple. Tous les appels et toutes les autorisations de ce genre viennent de la Première Présidence de l’Église.
LE BAPTISTÈRE. Le baptistère du temple est utilisé pour les baptêmes par procuration, les personnes vivantes étant baptisées pour et en faveur des personnes décédées qui ont vécu dans la condition mortelle sans avoir l’occasion de recevoir cette ordonnance sacrée.
Le programme fondamental recommandé est que les membres de l’Église accomplissent cette œuvre pour leurs ancêtres décédés; il n’est cependant pas essentiel qu’il y ait une relation de parenté démontrée pour que l’œuvre soit valide. Les hommes sont représentants pour les hommes, les femmes pour les femmes.
Les baptêmes pour les morts font souvent participer les jeunes de douze à dix-sept ans. Sur rendez-vous, ils passent deux à trois heures dans la salle du baptistère du temple, chaque personne étant habituellement baptisée pour une vingtaine de personnes décédées ou davantage. Ils s’habillent de vêtements de baptême entièrement blancs, assistent à un bref service de culte et puis participent aux baptêmes par procuration. Ceux qui accomplissent le baptême sont souvent les adultes masculins qui voyagent avec le groupe et l’encadrent.
Il est entendu que dans le monde d’esprit, toutes les personnes pour qui l’œuvre du temple par procuration est effectuée auront entendu parler de l’Évangile et de ses ordonnances (voir Salut des morts; Temples: Significations et fonctions des temples).

Bibliographie
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
ROBERT L. SIMPSON

Temples: Significations et fonctions des temples
Auteur: NIBLEY, HUGH W.

Le temple est le lieu saint par excellence consacré au culte de Dieu et au perfectionnement de son peuple de l’alliance. Dans le temple, ses fidèles peuvent contracter des alliances avec le Seigneur et invoquer son saint nom de la façon qu’il a désignée et de la manière pure et originelle rétablie et mise à part du monde. Le temple est construit de manière à représenter les principes organisateurs de l’univers. C’est l’école où les mortels s’instruisent sur ce sujet. Le temple est un modèle, une présentation, en termes figurés, du schéma et du voyage de la vie sur terre. C’est un schéma stable, qui rend sa comparaison avec d’autres formes et traditions, notamment les plus antiques, valable et instructive.
LE PLAN COSMIQUE. Depuis les temps les plus anciens, on construit des temples qui sont des modèles réduits de l’univers. C’est chez Varron (116-27 av. J.-C.) que l’on trouve la première mention du mot latin templum. Il représentait pour lui un bâtiment particulièrement conçu pour interpréter les signes dans les cieux, une sorte d’observatoire où l’on prend ses repères sur l’univers. La racine «tem» dénote en grec et en latin l’intersection de deux lignes à angle droit et par conséquent l’endroit où les quatre régions du monde se rencontrent, les temples antiques étant soigneusement orientés pour exprimer «l’idée de l’harmonie préétablie entre une image céleste et une image terrestre» (Jeremias, cité dans CWHN 4:358). Selon Varron, il y a trois temples: un dans le ciel, un sur terre et un sous la terre (De Lingua Latina 7.8). Dans le concept du temple universel, ces trois sont identiques, l’un étant bâti exactement par-dessus l’autre, le temple sur terre étant au milieu de tout, représentant «le Pôle des cieux, autour duquel tous les mouvements célestes tournent, le nœud qui attache entre eux la terre et le ciel, le siège de la domination universelle» (Jeremias, cité dans CWHN 4:358). C’est ici que les quatre points cardinaux se rejoignent et c’est ici que les trois mondes entrent en contact. Que ce soit dans le Vieux Monde ou le Nouveau, l’idée des trois niveaux verticaux et des quatre régions horizontales dominait toute l’économie de tels temples et des sociétés qu’ils formaient et guidaient.
Les éléments essentiels du temple de Salomon n’étaient pas d’origine païenne mais étaient un point de contact avec l’autre monde, présentant «un symbolisme cosmique riche qui a été en grande partie perdu dans la tradition israélite et juive postérieure» (Albright, cité dans CWHN 4:361). Les douze bœufs (1 R. 7:23-26) représentent le cercle de l’année et les trois degrés du grand autel représentent les trois mondes. Selon le Talmud, le temple de Jérusalem, comme le trône de Dieu et la loi elle-même, existait avant la fondation du monde (Pesahim 54a-b). Ses dimensions étaient toutes sacrées et prescrites, avec des règles strictes concernant son orientation vers l’est.
Sa nature en tant que centre cosmique est rappelée de manière vive dans beaucoup de passages de l’Ancien Testament et dans les représentations médiévales de la ville de Jérusalem et du Saint Sépulcre. Celles-ci montrent le temple comme centre exact ou nombril de la terre. C’est dans une imitation délibérée des idées juives et chrétiennes que les musulmans ont conçu la Kaaba à la Mecque comme «non seulement centre de la terre, [mais] centre de l’univers… Tout ciel, toute terre a son centre marqué par un sanctuaire qui est son nombril» (Von Grunebaum, cité dans CWHN 4:359). Ce qui est lié sur terre est lié dans le ciel. Du temple de Jérusalem sont sorties des idées et des traditions que l’on trouve partout dans les mondes juif, chrétien et musulman.
LE LIEU DE CONTACT. Comme centre rituel de l’univers, le temple était considéré anciennement comme le point par excellence sur terre où les hommes et les femmes pouvaient établir le contact avec les sphères supérieures. Les temples les plus anciens n’étaient pas, comme on le croyait autrefois, la résidence permanente de la divinité, mais étaient des endroits dans lesquels les humains essayaient, à des moments précis, d’entrer en contact avec les puissances d’en haut. Le temple était un bâtiment «que les dieux franchissaient pour passer de leur habitation céleste à leur résidence terrestre… La ziggourat n’est donc rien d’autre que le support de l’édifice qui la surmonte et l’escalier qui mène entre les mondes supérieur et inférieur»; elle ressemblait à une montagne parce que «la montagne elle-même était à l’origine un lieu de contact entre ce monde-ci et le monde d’en haut» (Parrot, cité dans CWHN 4:360).
Les recherches sur les temples les plus anciens représentés sur les sceaux préhistoriques concluent que ces édifices étaient également des «autels gigantesques» construits à la fois pour attirer l’attention des puissances d’en haut (l’holocauste étant une sorte de signal de fumée) et pour fournir «les escaliers que le dieu, en réponse aux prières, utilisait pour descendre sur la terre… apportant un renouvellement de la vie sous toutes ses formes» (Amiet, cité dans CWHN 4:360). Dès le début, semblerait-il, on a construit des tours et des marches pour des autels dans l’espoir d’établir le contact avec le ciel (Ge. 11:4).
En même temps, le temple est le lieu de rencontre avec le monde inférieur et le seul point où le passage entre les deux est possible. Dans les documents chrétiens les plus anciens, les portes et les clefs sont étroitement liées au temple. Certains savants ont noté que les clefs de Pierre (Mt. 16:19) ne peuvent être que les clefs du temple et beaucoup d’études ont démontré l’identité du tombeau, du temple et du palais comme endroit où les puissances de l’autre monde sont exercées pour le profit éternel du genre humain (cf. CWHN 4:361). Les portes de l’enfer ne l’emportent pas contre celui qui détient ces clefs, quelles que soient les souffrances que l’Église puisse endurer sur terre. Invariablement les rites du temple sont ceux des ancêtres et les personnages principaux sont les premiers parents de l’espèce (voir, par exemple, Huth, cité dans CWHN 4:361, note 37).
LE DRAME RITUEL. Les rites primitifs et originaux du temple sont des répétitions théâtrales des événements qui ont marqué le commencement du monde. Ce drame de la création n’était pas simple, parce qu’une partie indispensable de l’histoire est la mort et la résurrection rituelle du roi, qui représente le fondateur et le premier père de l’espèce et son triomphe final sur la mort comme prêtre et roi, suivi d’une certaine forme de hieros gamos ou mariage rituel, afin d’engendrer l’espèce. Ce «drame de l’année», maintenant bien connu, se retrouve en beaucoup d’endroits – dans la théologie memphite d’Égypte, dans les rites babyloniens du nouvel an, dans la grande célébration profane des Romains, dans le panagyris et les débuts du théâtre grec, dans les textes du temple de Ras Shamra, et dans les cycles mythologiques celtiques. On accomplissait ces rites «parce que la Divinité – le Premier Père de l’espèce – le faisait au commencement et nous a commandé de faire la même chose» (Mowinckel, cité dans CWHN 4:362).
Le spectacle du temple est essentiellement une pièce présentant un problème, comportant un combat central, qui peut prendre diverses formes mimétiques – jeux, courses, simulacres de batailles, déguisements, danses ou scènes. Le héros est temporairement battu par les puissances des ténèbres et vaincu par la mort, mais invoquant Dieu des profondeurs, «il se relève et met à mort le faux roi, le faux Messie» (Weinsinck, cité dans CWHN 4:363). Ce motif de la résurrection est essentiel à ces rites, dont le but est la victoire finale sur la mort. Ces rites sont répétés annuellement parce que le problème du mal et de la mort persiste pour le genre humain.
INITIATION. Les pèlerins qui peinaient pour atteindre les eaux de la vie qui sortaient du temple n’étaient pas des spectateurs passifs. Ils venaient pour obtenir connaissance et régénération, l’accession personnelle à la vie éternelle et à la gloire. Ce but, ils s’efforçaient de l’atteindre par la purification (ablutions), l’initiation et le rajeunissement, qui symbolisent la mort, la renaissance et la résurrection.
Dans le temple de Salomon, on se servait d’une vaste cuve de bronze pour les ablutions rituelles et, à l’époque du Second Temple, les gens à Jérusalem passaient beaucoup de leur temps à des immersions et à des ablutions. Le baptême est une ordonnance spécifique toujours mentionnée en liaison avec le temple. «Quand on est baptisé, on devient chrétien, écrit Cyrille, exactement comme en Égypte par le même rite on devient un Osiris» (Patrologiae Latinae 12:1031), c’est-à-dire, par initiation dans l’immortalité. Le baptême en question est une ablution plutôt qu’un baptême, puisqu’il n’est pas par immersion. Selon Cyrille, ceci est suivi d’une onction, faisant en quelque sorte de chaque candidat un messie. L’onction du front, du visage, des oreilles, du nez, de la poitrine, etc., représente «le revêtement par le candidat de la panoplie protectrice du Saint-Esprit» ce qui n’empêche cependant pas l’initié de recevoir un vrai vêtement à cette occasion (CWHN 4:364). En outre, selon Cyrille, on rappelait au candidat que l’ordonnance entière était «à l’imitation des souffrances du Christ» dans lesquelles «nous souffrons sans douleur par la seule imitation sa réception des clous dans ses mains et ses pieds: l’antitype des souffrances du Christ» (Patrologiae Graecae 33:1081). Les Juifs enseignaient autrefois que Michel et Gabriel feront remonter tous les pécheurs du monde inférieur: «Ils les laveront et les oindront, les guérissant de leurs blessures de l’enfer et les revêtiront de beaux vêtements purs et les introduiront dans la présence de Dieu» (R. Akiba, cité dans CWHN 4:364).
PERTE DES ORDONNANCES DU TEMPLE. La compréhension du temple et de ses rites antiques finit par être corrompue et perdue pour plusieurs raisons.
Les Juifs et les chrétiens souffrirent considérablement, les uns et les autres, de la part de leurs ennemis à cause du secret de leurs rites qu’ils refusaient fermement de mentionner ou de divulguer à cause de leur sainteté. Cela causa des malentendus et ouvrit la porte à des falsifications effrénées: des sectes gnostiques prétendirent avoir les rites et les ordonnances perdus des apôtres et des patriarches du passé. Des dissidences et des factions apparurent. Une cause courante de schisme, tant parmi les Juifs que parmi les chrétiens, étaient les prétentions d’un groupe particulier qu’il était encore le seul à posséder les mystères de Dieu.
Les rites devinrent l’objet de diverses écoles d’interprétation. En effet, la mythologie est en grande partie une tentative d’expliquer l’origine et la signification des rituels que les gens ne comprennent plus. Par exemple, le Talmud parle d’un Juif pieux qui quitta Jérusalem dégoûté, se demandant: «Que répondront les Israélites à Élie quand il viendra ?» puisque les savants n’étaient pas d’accord sur les rites du temple (Pesahim 70b; sur le rôle d’Élie, voir A. Wiener, The Prophet Elijah in the Development of Judaism, Londres, 1978, pp. 68-69).
Des éléments rituels étaient largement copiés et usurpés. Les premiers pères chrétiens prétendaient que des équivalents païens avaient été volés dans des sources légitimes plus anciennes et pratiquement toutes les grandes mythologies parlent d’un grand usurpateur qui gouverne le monde.
Les études comparatives ont découvert un schéma commun à toutes les religions antiques et ont remonté les processus de diffusion qui ont répandu les idées dans le monde entier. La tâche de reconstruire le prototype original à partir des fragments dispersés a été longue et laborieuse, et elle est loin d’être achevée, mais un processus indubitable s’en dégage (CWHN 4:367).
Les reconstructions des grands rassemblements de population dans des complexes cérémoniels imposants pour des rites consacrés au renouvellement de la vie sur terre sont étonnamment uniformes. D’abord, il y a les preuves tangibles, la scène, les accessoires de la pièce: les mégalithes, les tertres géants artificiels ou pyramides semblables à des montagnes artificielles, les alignements de pierres et de fossés d’une complexité mathématique coordonnant le temps et l’espace, les tombes à couloir et les grands tholoï ou tombeaux voûtés, les routes sacrées, les restes de cabanes, de tribunes, de chemins processionnels et de portails, tout cela survit dans une combinaison impressionnante, avec tout son symbolisme cosmique.
En second lieu, il y a les preuves moins tangibles des coutumes, des légendes, des fêtes populaires et des écrits antiques, qui, pris ensemble, évoquent le souvenir de célébrations théâtrales et chorales de la Création, trouvant leur point culminant dans le grand Cantique de la Création, les combats rituels entre la vie et la mort, le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, suivis du couronnement triomphal du roi devant régner pendant la nouvelle ère, le géniteur de l’espèce par un mariage sacré, les alliances, les initiations (comprenant des ablutions et des onctions), les sacrifices et les boucs émissaires pour débarrasser le peuple d’une année de culpabilité et de souillures, et divers types de divination et de consultation d’oracles pour le nouveau cycle de vie.
AUTRES FONCTIONS DU TEMPLE. Beaucoup de choses entourant le temple n’étaient pas essentielles à sa forme ni à son fonctionnement, mais étaient les produits inévitables de son existence. Les mots «hôtel», «hôpital» et «Templier» remontent à ces organisations charitables qui s’occupaient des pèlerins malades et las voyageant vers les lieux saints. Les opérations bancaires apparurent au temple puisque les pèlerins apportaient des offrandes et avaient besoin d’échanger leur argent contre des animaux à sacrifier, et le mot «monnaie» vient donc du temple de Junon Moneta, le centre sacré du monde romain. En plus de cela, le troc et l’échange animés des marchandises lors des grands rites d’année donna naissance à la foire annuelle où tous les contrats devaient être renouvelés et où les marchands, les artisans, les interprètes et les charlatans étalaient leurs articles.
Les acteurs, les poètes, les chanteurs, les danseurs et les athlètes faisaient également partie de la vie du temple, l’élément de concurrence (l’agonal) étant essentiel à la lutte contre le mal et fournissant les aspects les plus populaires et les plus excitants des fêtes. Le spectacle principal du temple, l’actio, était joué par les acteurs sacerdotaux du temple et les membres de la famille royale. La Création était célébrée par un cantique de la création ¬– ou poema, le mot poème signifiant «création» – chanté par un chœur qui, comme le mot grec le montre, formait un cercle et dansait tout en chantant (CWHN 4:380).
Le temple était également le centre de la connaissance, en commençant par les instructions célestes qu’on y recevait. C’était le Museon ou demeure des muses, représentant toutes les branches que l’on étudiait: l’astronomie, les mathématiques, l’architecture et les beaux-arts. Les gens voyageaient d’un sanctuaire à l’autre, échangeant la sagesse avec les sages, comme Abraham le fit en Égypte. Étant donné que le jardin d’Éden ou le motif de «l’âge d’or», était essentiel à ce paradis rituel, les terrains des temples contenaient des arbres et des animaux, souvent amenés de loin. L’élément central de l’école du temple était la bibliothèque contenant des documents sacrés, notamment les «Livres de Vie», les noms de tous les vivants et de tous les morts, aussi bien que les ouvrages liturgiques et scientifiques.
Les rites du temple reconnaissaient le règne de Dieu sur terre par son agent et descendant, le roi, qui représentait à la fois le premier homme et tous les hommes quand il siégeait en jugement, faisant du temple le siège et la sanction finale de la loi et du gouvernement. Le peuple se réunissait au lieu saint pour faire les contrats et les alliances et pour régler les conflits.
LE TEMPLE ET LA CIVILISATION. Tout ceci indique que le temple est la source et pas un dérivé du processus de civilisation. S’il n’y a pas de temple, il n’y a pas de véritable Israël; et là où il n’y a pas de vrai temple, la civilisation elle-même n’est qu’une coquille vide – une structure matérielle de convenance et de tradition uniquement, privée, à son centre, de l’organe qui, par le passé, lui avait donné la vie et l’avait fait s’épanouir.
Beaucoup d’institutions profanes occupent aujourd’hui des édifices fidèlement copiés des temples antiques. L’économie du temple a été pervertie avec tout le reste: les fêtes de la joie et de l’abondance sont devenues des orgies, les rites sacrés du mariage ont été pervertis, les maîtres de sagesse sont devenus hautains et pharisaïques, démontrant que tout peut être corrompu en ce monde, et comme le remarque Aristote, plus l’original est meilleur, plus la version corrompue est plus méchante.
LE RÉTABLISSEMENT ET LE TEMPLE. Les temples des saints des derniers jours incarnent entièrement les fonctions et les significations non corrompues du temple. Le prophète Joseph Smith a-t-il réinventé tout ceci en rassemblant les fragments – juifs, orthodoxes, maçonniques, gnostiques, hindous, égyptiens et ainsi de suite ? En fait, peu de ces fragments étaient accessibles de son temps et ces fragments pauvres ne s’assemblent pas d’eux-mêmes pour faire un tout. Les saints des derniers jours voient dans le caractère complet et la perfection des enseignements de Joseph Smith concernant le temple une indication sûre de révélation divine. Cela se voit aussi dans la conception du temple de Salt Lake City. On peut noter ses trois niveaux, son orientation à l’est, son emplacement en Sion, la mer de bronze sur le dos de douze bœufs contenant les eaux par lesquelles les morts, par procuration, passent à la vie éternelle, les salles désignées pour des cérémonies répétant la création du monde et beaucoup d’autres éléments symboliques.
L’œuvre proprement dite que l’on accomplit dans le temple, est un exemple de l’idée de temple, avec des milliers d’hommes et de femmes qui œuvrent sans arrière-pensée. Ici le temps et l’espace se retrouvent, les barrières disparaissent entre ce monde et l’autre, entre le passé, le présent et le futur. Des prières solennelles sont offertes au nom de Jésus-Christ au Tout-Puissant. Ce qui est lié ici est lié là-bas, et ce n’est qu’ici que l’on peut ouvrir les portes pour libérer les morts qui attendent les ordonnances salvatrices. C’est ici que toute la famille humaine se réunit pour une entreprise commune; les archives du genre humain sont assemblées aussi loin dans le temps que les recherches peuvent les trouver, pour une œuvre accomplie par la génération actuelle pour s’assurer qu’elle et ses ancêtres décédés passeront les éternités ensemble dans le futur. C’est ici que, pour la première fois depuis bien des siècles, on peut voir un temple véritable, fonctionnant comme temple dans le sens le plus plein et le plus pur du mot.

Bibliographie
Nibley, Hugh W. “Christian Envy of the Temple”. Dans CWHN 4:391-434.
Id. « What Is a Temple ? » Dans CWHN 4:355-387.
Id. « The Hierocentric State », Western Political Quarterly 4, juin 1951, pp. 226-253.
Id. Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
On trouvera une longue bibliographie sur les temples dans Donald W. Parry, Stephen D. Ricks et John W. Welch, Temple Bibliography, Lewiston, N. Y., 1991.
HUGH W. NIBLEY

Temples: Temples au cours des siècles
Auteur: RICKS, STEPHEN D.

Le centre de la communauté dans l’Israël antique et dans d’autres parties du Proche-Orient antique était le temple, institution de la plus haute antiquité. Sa construction représentait régulièrement l’accomplissement suprême du règne d’un roi. Ainsi, ce fut l’événement central du règne du roi Salomon, éclipsant de loin n’importe laquelle de ses autres réalisations (1 R. 6-8), et ce fut un événement crucial dans l’établissement de la monarchie néphite (2 Né. 5:16-18). La présence du temple représentait la stabilité et la cohésion dans la communauté, et ses rites et cérémonies étaient considérés comme essentiels au fonctionnement correct de la société. Par contre, la destruction d’un temple et la cessation de ses rites présageaient et symbolisaient la dissolution de sa communauté et le retrait de la faveur de Dieu. La chute de Jérusalem et de son temple (586 av. J.-C.), avec le pillage de ses trésors sacrés, a symbolisé, comme aucun autre événement, la catastrophe qui est arrivée à Juda. Après le retour des Juifs de l’exil à Babylone (v. 500 av. J.-C.), les prophètes Aggée et Zacharie rappelèrent constamment à leur peuple qu’aucune autre réalisation ne compenserait sa négligence à reconstruire un temple. Les temples étaient si importants que, quand la distance ou d’autres circonstances rendaient le culte au temple de Jérusalem impraticable, on en construisait d’autres. Ainsi, des temples israélites furent construits à Arad près de Beer-Schéba, à Éléphantine et à Léontopolis, en Égypte, et un temple néphite fut érigé au pays de Néphi.
Plusieurs études ont prouvé que certaines caractéristiques réapparaissent régulièrement dans les temples du Proche-Orient antique. Parmi les caractéristiques qui ont été identifiées, qui distinguent le temple des bâtiments de culte ordinaires comme la synagogue ou l’église, il y a: (1) le’ fait que le temple est construit sur un espace séparé, sacré et mis à part; (2) le temple et ses rituels sont enrobés de secret; (3) le temple est orienté vers les quatre régions du monde ou points cardinaux; (4) le temple exprime par son architecture l’idée d’ascension vers le ciel; (5) les plans du temple sont révélés par Dieu à un roi ou à un prophète; et (6) le temple est un lieu de sacrifice (Lundquist, pp. 57-59).
Les saints des derniers jours reconnaissent parmi ces caractéristiques plusieurs qui sont celles des temples israélites antiques aussi bien que des leurs. Par exemple, l’emplacement des temples israélites antiques et des temples modernes des saints des derniers jours est considéré comme saint, avec accès limité à certaines personnes dont il est attendu qu’elles aient «les mains innocentes et le cœur pur» (Ps. 24:3-6; cf. Ps. 15; És. 33:14-16; voir Recommandation à l’usage du temple). Comme le tabernacle et le temple dans l’Israël antique, beaucoup de temples des saints des derniers jours sont orientés de manière à ce que l’entrée cérémonielle principale (indiquée par l’inscription «HOLINESS TO THE LORD» sur les temples modernes) soit face à l’est. Les temples israélites antiques étaient divisés en trois sections, chacune représentant une étape progressivement plus élevée, allant du monde d’en bas jusqu’au ciel; on peut reconnaître le même genre de symbolisme dans les temples de l’Église. Les plans du temple de Salomon ont été révélés au roi Salomon. De même, les plans de beaucoup de temples des saints des derniers jours ont été reçus par révélation.
Que se passait-il dans les temples de l’Antiquité ? Le temple est un lieu de sacrifice, une pratique qui est bien attestée dans l’Israël antique. On ne trouve pas de sacrifices d’animaux dans les temples des saints des derniers jours parce que les sacrifices sanglants ont trouvé leur accomplissement dans la mort de Jésus (3 Né. 9:19). Il n’empêche que les saints des derniers jours apprennent dans leurs temples à observer les principes éternels du sacrifice d’un cœur brisé et d’un esprit contrit (3 Né. 12:19). En outre, à l’intérieur des temples du Proche-Orient antique, les rois, les prêtres du temple et les fidèles recevaient des ablutions et l’onction et étaient vêtus, couronnés et symboliquement initiés dans la présence de la Divinité et donc dans la vie éternelle. Dans l’Israël antique, comme ailleurs, c’est dans la consécration du prêtre et le couronnement du roi que l’on voit le mieux ces détails. Les ordonnances du temple dans l’Église sont accomplies dans un contexte chrétien de royauté masculine et féminine et de prêtrise éternelles.
On retrouve aussi les caractéristiques du culte du temple décrites ci-dessus dans beaucoup d’autres cultures depuis les temps anciens jusqu’aux temps modernes. Il y a plusieurs explications possibles à cela. Selon le président Joseph F. Smith, on comprend mieux certaines de ces ressemblances si on considère qu’elles se sont répandues par diffusion à partir d’une source antique commune:
«Il ne fait pas de doute que la postérité d’Adam a emporté la connaissance de cette loi [de sacrifice] et des autres rites et cérémonies dans tous les pays et qu’elle l’a conservée plus ou moins pure, jusqu’au déluge et, par Noé, qui était un «prédicateur de justice», l’a transmise à ceux qui lui ont succédé, se répandant dans toutes les nations et tous les pays… Si les païens ont des points de doctrine et des cérémonies ressemblant… à ceux… des Écritures, tout ce que cela prouve … c’est que ce sont les traditions des pères transmises par eux… et qu’elles resteront attachées aux enfants jusqu’à la dernière génération, bien qu’elles puissent s’égarer dans les ténèbres et la perversion, jusqu’à ne plus avoir qu’une légère ressemblance avec leur origine, qui était divine» [JD 15:325-326].
Quand Jésus chassa les changeurs du temple qu’il appelait «la maison mon Père» (Jn. 2:16), ce fut la démonstration de ce qu’il tenait à la sainteté des sanctuaires de l’Israël antique. Les déclarations d’Étienne et de Paul que «le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme» (Ac. 7:48; 17:24; cf. És. 66:1-2) n’impliquent ni l’une ni l’autre un rejet du temple, mais plutôt un argument contre l’idée que Dieu puisse être confiné dans un bâtiment. Lors de la dédicace du temple de Jérusalem, Salomon dit de même: «Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir: combien moins cette maison que je t'ai bâtie !» (1 R. 8:27; 2 Ch. 6:18). Jusqu’au quatrième siècle apr. J.-C., les chrétiens pouvaient encore montrer l’endroit sur le mont des Oliviers «où l’on dit que le sanctuaire du Seigneur, c’est-à-dire le temple, doit être construit et où il se tiendra pour toujours… quand, comme on le dit, le Seigneur viendra avec la Jérusalem céleste à la fin du monde» (Nibley, p. 393).
Bien que l’idée du temple ait été quelque peu submergée par la suite dans la conscience des Juifs et des chrétiens, on ne l’a jamais complètement oubliée. Comme Hugh Nibley le fait remarquer, l’Église chrétienne sentait qu’elle ne possédait rien qui pût remplacer adéquatement le temple. Jérusalem est restée au centre des cartes médiévales du monde et l’emplacement du temple était parfois aussi indiqué sur ces cartes. Quand ils libérèrent les lieux saints à Jérusalem, les Croisés visitèrent l’emplacement du temple juste après celui du saint Sépulcre, alors qu’il n’y avait plus eu de temple là-bas pendant plus de mille ans (Nibley, pp 392, 399-409).
Les Juifs et les chrétiens qui prennent au sérieux et littéralement la vision de la reconstruction du temple dans Ézéchiel s’attendent à ce que dans le plan de Dieu un futur temple y soit reconstruit, comme ils espèrent la reconstitution des tribus distinctes d’Israël (Ricks, pp. 279-280). Après la destruction du temple par les Romains en 70 apr. J.-C., les Juifs ont continué à vivre sans lui, mais il a conservé un rôle important dans leur pensée et leur étude. À notre époque, le temple reste important pour certains Juifs, qui continuent à étudier leurs textes sacrés à son sujet.

Bibliographie
Lundquist, John M. «The Common Temple Ideology in the Ancient Near East». Dans The Temple in Antiquity, dir. de publ. T. Madsen, pp. 53-74. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. “Christian Envy of the Templer”. Dans CWHN 4:391-433.
Ricks, Stephen D. “The Prophetic Literality of Tribal Reconstruction.” Dans Israel’s Apostasy and Restoration: Essays in Honor of Roland K. Harrison, dir. de publ. A. Gileadi, pp. 273-281. Grand Rapids, Mich., 1988
STEPHEN D. RICKS

Terre
Auteur : Petersen, Morris S.

Les saints des derniers jours croient que Dieu a créé la terre afin de fournir à ses enfants, le genre humain, la possibilité de recevoir un corps physique et d’entendre et accepter son Évangile afin de se préparer à vivre un jour avec lui sur une terre célestialisée. Ils croient également que cette terre deviendra finalement un monde céleste glorifié. Jésus-Christ, sous la direction de Dieu le Père, a été le Créateur de la terre et de tout ce qui s’y trouve (Jean 1:1-3).La Création a tout d'abord été une création d’esprit suivie de la création physique de la planète et de ce qui y vit. Un érudit, membre de l’Église, a observé : « Les saints des derniers jours sont le seul peuple de tradition biblique à avoir toujours appris que des choses se sont produites longtemps, longtemps avant qu’Adam ne fasse son apparition. » (Cwhn 1:49) Parce que Dieu a créé la terre en vue de ces objectifs éternels, les saints des derniers jours considèrent ses ressources naturelles et ses formes de vie comme une intendance sacrée qu’il faut utiliser de manière à assurer leur disponibilité pour toutes les générations futures. Les écritures modernes enseignent aussi la pluralité des mondes. En soi, ce n'est pas un concept unique parmi les religions du monde, mais la doctrine mormone est distinctive (Crowe, p. 241-246).
L'âge de la terre. Les Écritures ne disent pas quel âge a la terre, et l'Église n'a pris aucune position officielle sur cette question (Ancien Testament, p. 28-29). Elle ne considère pas cela non plus comme quelque chose d’essentiel au salut.
Les avis sur l'âge de la terre proposent différentes interprétations du mot « jour » dans les récits de la création. Très peu de saints des derniers jours soutiennent la théorie selon laquelle les jours de la création auraient été de vingt-quatre heures. Certains ont tenté d'associer les théories scientifiques aux récits bibliques de la création en étendant la longueur des jours de la création à mille ans chacun. Il y aurait un soutien potentiel pour ce point de vue dans les Écritures là où elles disent que « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans » (2 Pierre 3:8 ; cf. Abr 3:2-4 ; 5:13 ; Fac-similé nº 2).
Mais comme même sept mille ans n’ont aucun rapport avec les milliards d'années avancées par les calculs scientifiques contemporains, beaucoup de saints des derniers jours ont soulevé la possibilité que les jours mentionnés dans les récits de la création aient pu être des périodes de temps bien plus vastes. Ils relèvent le fait que « le mot hébreu traduit par jour… peut également être utilisé dans le sens d'une durée indéterminée » et le fait que dans son récit de la création Abraham dit « que les Dieux appelèrent jours les périodes de la création » (Ancien Testament, p. 28-29 ; voir Eyring ; Abr 4:5, 8).
Origine et destin de la terre. Joseph Smith a écrit, « Nous croyons... que la terre sera renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e A de F). La révélation moderne déclare que la terre est destinée à devenir un corps céleste, apte à être la demeure des êtres les plus exaltés ou les plus célestes (D&A 88:18 -20, 25-26). Ceci diffère totalement des croyances chrétiennes traditionnelles que le paradis est le lieu d'habitation pour tous les êtres sauvés et qu'après l'accomplissement de son rôle utile la terre deviendra inhabitée ou sera détruite. Doctrine et Alliances130:9 enseigne que la terre sera finalement sanctifiée et immortalisée et rendue semblable à un cristal. La « mer de verre » dont il est question dans Apocalypse 4:6 « est la terre, dans son état sanctifié, immortel et éternel » (D&A 77:1). James Talmage a écrit à propos de cette régénération terrestre : « Quant à la parole révélée concernant la régénération de la terre et l'acquisition d'une gloire céleste par notre planète, la science n'a rien à offrir que ce soit à titre de preuve ou de contradiction » (AF, p. 463).
Pour les saints des derniers jours, l'histoire tout entière de la terre est directement liée à son rôle dans le Plan de salut de Dieu pour ses enfants, son œuvre et sa gloire, « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39). La terre a été créée comme un paradis. À cause de la chute d'Adam et Ève, elle fut transformée en un astre téleste, la terre mortelle telle qu’elle est maintenant. Cet intervalle s'achèvera avec le retour du Sauveur, après quoi la terre sera changée et recevra un état terrestre et préparée pendant le Millénium pour sa transformation finale en une sphère céleste après le Millénium (D&A 88:18-19). Dans la notion ancienne des Néphites, dérivée des enseignements du Christ, il y a l'idée qu’avant le jugement final, la terre sera « roulée comme un livre et… les éléments embrasés se dissoudront » (Mormon 9:2) « et les cieux et la terre [passeront] » (3 Néphi 26:3). Ce récit historique est linéaire, marqué par des événements uniques et importants qui relient l'histoire théologique et physique de la terre, c'est-à-dire la création, la chute, le renouvellement au second avènement du Christ et la gloire finale.
Cette histoire progressive est l’arrière-fond sur lequel se détache la permanence des lois spirituelles et physiques affectant de manière immanente des générations d'enfants de Dieu sur la terre. Dans ce contexte, le président John Taylor a dit : « Les changements se succèdent dans les affaires des hommes, mais les lois de Dieu en tout sont correctes et vraies ; dans chaque stade et phase de la nature, tout sur la terre, dans les eaux et dans l'atmosphère est régi par des lois immuables et éternelles"(Gospel Kingdom, p. 70, Salt Lake City, 1987 ; voir Loi).
Le grand déluge. L'Ancien Testament rapporte une inondation d’un peu plus de quinze coudées de profondeur (parfois supposées être d’environ huit mètres), qui recouvrit tout le paysage: « Et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes » (Genèse 7:19). Scientifiquement ce récit laisse beaucoup de questions sans réponse, notamment comment une profondeur mesurable pourrait couvrir des montagnes. John A. Widtsoe, écrivant en 1943, propose cette façon de voir les choses : Le fait est que la nature exacte du déluge n'est pas connue. Nous avançons des hypothèses, basées sur notre connaissance, mais nous ne pouvons faire plus. Nous devons nous rappeler que lorsqu’ils traitent d’incidents historiques, les écrivains inspirés rapportent ce qu'ils ont vu ou ce qui a pu leur avoir été dit, sauf si le passé leur a été ouvert par la révélation.
Les détails de l'histoire du déluge ont sans aucun doute été tirés les expériences de l'auteur. En cas de pluie diluvienne, quand on a l’impression que le ciel s’ouvre, il peut facilement se former un torrent destructeur de huit mètres ou plus de profondeur. L'auteur de la Genèse rapporte fidèlement des faits connus de lui concernant le déluge. Dans d'autres localités, la profondeur de l'eau aurait pu être plus ou moins grande. En fait, les détails du déluge nous sont inconnus [Widtsoe, p. 127].
Considérations particulières pour les saints des derniers jours. Le président Brigham Young a enseigné : « Le but tout entier de la création de ce monde est d'exalter les intelligences qui y sont placées, afin qu’elles vivent, durent et progressent pour toujours et à jamais. Nous ne sommes pas ici pour nous quereller et nous disputer pour les choses de ce monde, nous sommes ici pour le soumettre et l’embellir"(JD 7:290). Se considérant comme des locataires sur la terre, les saints des derniers jours considèrent ses ressources comme un dépôt sacré confié par Dieu pour l'usage de tous pendant qu’ils sont sur la terre: « Moi, le Seigneur, je [rends] chaque homme responsable comme intendant de bénédictions terrestres que j’ai faites et préparées pour ceux que j’ai créés » (D&A 104:13). La terre a été créée par le Christ à des fins spécifiques : « Nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr 3:24-25). Le président Brigham Young a enseigné que la domination que Dieu donne aux êtres humains est conçue pour les tester, ce qui leur permet de se montrer à eux-mêmes, à leurs semblables et à Dieu comment ils agiraient si on leur confiait la puissance de Dieu (Nibley, 1978, p. 90 ; voir But de la vie terrestre : Perspective mormone). Brigham Young a supervisé la délocalisation de l'Église dans l'Ouest américain, qui, à la fin des années 1840, était peu habité. Son engagement énergique vis-à-vis de la préservation de l'environnement et de l'utilisation rationnelle de toutes les ressources naturelles a influencé les efforts des premiers colons de l’Église. Ce genre de prudence et de sagesse dans l'utilisation des terres, de l’eau, de l’air et des êtres vivants est toujours encouragé dans toute l'Église. À notre époque actuelle de préoccupation généralisée pour la préservation des relations fragiles entre la terre et sa biosphère, la recommandation de Brigham Young garde toute sa force : il y a un grand travail à faire pour les saints. Progresser, améliorer et embellir tout ce qui est autour de nous. Cultiver la terre et nous cultiver l’esprit. Construire des villes, décorer notre habitat, faire des jardins, des vergers et des vignobles et rendre la terre agréable au point d’avoir du plaisir à contempler ce que nous avons accompli et que les anges soient ravis de venir visiter nos beaux endroits [JD 8:83].

Bibliographie
Cracroft, Paul. "How Old Is the Earth?" IE 67, oct. 1964, p. 827-830, 852.
Crowe, M. J. Extraterrestrial Life Debate 1750 -1900. Cambridge, U.K., 1986. Eyring, Henry. "The Gospel and the Age of the Earth." IE 68, juillet 1965, p. 608-609, 626, 628.
Jeffery, Duane E. "Seers, Savants and Evolution: The Uncomfortable Interface." Dialogue 8, nos. ¾, 1973, 41-75.
Jones, Albert. "Is Mother Earth Growing Old?" IE13, mai 1910, p. 639-643.
Nibley, Hugh W. "Before Adam." Dans CWHN 1:49-85.
Nibley, Hugh W. "Brigham Young on the Environment." Dans To the Glory of God, dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, p. 3-29. Salt Lake City, 1972.
Nibley, Hugh W. "Man's Dominion." New Era 2, oct. 1972, p. 24-31.
Nibley, Hugh W. "Subduing the Earth." In Nibley on the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 85-99. Provo, Utah, 1978.
Nibley, Hugh W. "Treasures in the Heavens." In CWHN1:171-214. Old Testament: Genesis -2 Samuel [Religion 301] Student Manual, 2e éd. rev. Salt Lake City, 1981.
Pratt, Orson. JD 16:324-25.
Smith, Joseph Fielding. Man: His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954. Talmage, James E. "Prophecy as the Forerunner of Science-An Instance." IE 7, mai 1904, p. 481-488.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1987.
MORRIS S. PETERSEN

Théâtre
Auteur : Metten, Charles

Tout au long de leur histoire, les saints ont apporté leur soutien et leur participation aux activités théâtrales. Des membres de l'Église créèrent, dans les années 1840, l'un des premiers théâtres municipaux des États-Unis à Nauvoo (Illinois). Joseph Smith, le prophète, ordonna la création d’une troupe théâtrale locale. Il enseigna aux saints qu’ils devaient rechercher tout ce qui était « vertueux, aimable, tout ce qui mérite l’approbation » (13e A de F). Cela comprenait le théâtre et ce qui y avait trait : la musique, la danse, la peinture, le chant, la comédie et l'écriture. Il y eut du théâtre à Nauvoo jusqu'en 1846, quand la ville fut assiégée et les saints chassés.
Peu après leur arrivée dans la vallée du lac Salé en 1847, les saints des derniers jours érigèrent ce qu'ils appelaient une tonnelle (un abri temporaire fait de branches d'arbre posées sur une charpente) dans le coin sud-est de ce qui allait devenir le Temple Square. Trois tonnelles de plus en plus grandes remplacèrent la première. Il y eut là des concerts, des pièces de théâtre et des danses. Brigham Young a fait cette réflexion : « Si on me mettait sur une île de cannibales et si on me confiait la tâche d’en civiliser les habitants, je construirais aussitôt un théâtre » (Skidmore, p. 47).
Le Social Hall à Salt Lake City fut officiellement consacré en 1853, à peine plus de cinq ans après l'arrivée des pionniers mormons dans la vallée. Dans Utah and the Mormons, Benjamin G. Ferris décrit les représentations qui y eurent lieu : « Pendant l'hiver, ils continuent à donner des représentations au Social Hall et elles sont généralement mieux soutenues dans toutes leurs parties que dans les théâtres des villes atlantiques » (cité dans Maughan, p. 5).
Le Salt Lake Theater, l’un des plus beaux théâtres de son temps, fut consacré en 1862. Brigham Young croyait qu'il avait été créé dans un but ennoblissant. Pendant le service de dédicace, il dit : « Sur la scène d'un théâtre on peut représenter le mal et ses conséquences, le bien et ses résultats heureux et ses récompenses, les faiblesses et les sottises de l'homme et la magnanimité de la vie vertueuse » (cité dans Maughan, p. 84).
La tradition du théâtre se poursuit aujourd'hui dans l'Église. Des saints des derniers jours écrivent et produisent des pièces de théâtre, des comédies musicales et des roadshows. Un roadshow est une mini-comédie musicale originale, créée et produite localement sous l'égide des comités d'activités de paroisse et de pieu. L'Église parraine également des reconstitutions historiques religieuses, notamment celles présentées annuellement à Palmyra-Manchester (New York), Nauvoo (Illinois), Independence (Missouri), Temple View (Nouvelle-Zélande), Calgary (Canada), Oakland (Californie), Mesa (Arizona) et Manti et Clarkston (Utah) (voir « Reconstitutions historiques »).
L’université Brigham Young en Utah et le Ricks College en Idaho ont des départements de théâtre qui forment des dramaturges, des acteurs, des réalisateurs et des concepteurs. Le Promised Valley Playhouse à Salt Lake City appartient à l'Église et est géré par elle. Il met en scène ses propres productions, et ses locaux sont également disponibles pour les représentations de pieu et de paroisse.

Bibliographie
Clinger, Morris M. « A History of Theatre at Mormon Colleges and Universities ». Thèse de doctorat, université du Minnesota, 1963.
Gledhill, Preston R. “Mormon Dramatic Activities”. Thèse de doctorat, université du Wisconsin, 1950.
Maughan, Ila Fisher, Pioneer Theatre in the Desert, Salt Lake City, 1961.
Skidmore, Rex A. “Mormon Recreation in Theory and Practice: A Study of Social Change”, thèse de doctorat, université de Pennsylvanie, 1941.
CHARLES L. METTEN

Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)
Auteur: MATTHEWS, ROBERT J.

Joseph Smith, le premier prophète de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, a fait une «nouvelle traduction» de la Bible, utilisant le texte de la King James Version (KJV). Ce travail diffère de la KJV dans au moins 3.410 versets et se compose d’additions, de suppressions, de réarrangements et d’autres modifications qui font qu’elle diffère non seulement de la KJV mais aussi d’autres textes bibliques. Les changements vont de détails mineurs à des chapitres entièrement reconstitués. Cet article présente les déclarations de Joseph Smith disant pourquoi il a fait une traduction de la Bible, fournit des renseignements concernant l’évolution et la production du travail, examine un certain nombre de variantes importantes et considère quelques résultats doctrinaux et implications historiques.
VISION DE LA BIBLE. La position officielle de l’Église est énoncée dans son huitième article de foi: «Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement.» Le message de la Bible est tenu pour vrai, alors que le caractère exact et complet des détails est accepté dans certaines limites. Le prophète Joseph Smith a expliqué: «Je crois la Bible telle qu’elle devrait être, telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs» (EPJS, p. 327). En outre: «D’après diverses révélations qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût compilée» (EPJS, p. 6).
Joseph Smith employait souvent les mots «traduit» et «traduction», non dans le sens restreint de rendre un texte d’une langue dans une autre, mais dans le sens plus général de «transmission», c’est-à-dire de copie, d’édition, d’ajout, de suppression, de reformulation et d’interprétation. On est ici sensiblement au-delà de la signification habituelle de la «traduction». Quand il dit que la Bible n’a pas été traduite correctement, il ne fait pas seulement allusion à la difficulté de rendre la Bible dans une autre langue, mais il fait aussi remarquer que les manuscrits contenant le texte de la Bible ont souffert, au cours de siècles de transmission, de la part des rédacteurs, des copistes et des révisionnistes. Ainsi, les textes existants de la Bible ne sont ni aussi complets ni aussi précis que lors de leur rédaction originelle.
Le Livre de Mormon présente le récit d’une vision dans laquelle un ange, regardant dans l’avenir, décrit la Bible comme les «annales des Juifs» contenant les écritures des «prophètes» et des «douze apôtres de l’Agneau». La vision affirme (1) que les auteurs antiques écrivaient sous l’inspiration du Saint-Esprit, (2) qu’à l’origine leurs paroles contenaient la plénitude de l’Évangile et étaient claires et faciles à comprendre, mais (3) que beaucoup de choses qui étaient claires et précieuses, et beaucoup d’alliances seraient «ôtées» des manuscrits originaux; en conséquence, par après (4) beaucoup de personnes, même avec une Bible, ne comprendraient pas la plénitude de l’Évangile, mais (5) les textes perdus seraient rétablis par «d’autres annales» que le Seigneur ferait paraître (1 Né. 13:21-41). Une déclaration à peu près parallèle fut faite en juin 1830 à Joseph Smith tandis qu’il rétablissait une révélation reçue par Moïse, déclarant que beaucoup de choses seraient ôtées «du livre» que Moïse écrirait, mais que l’information manquante serait rétablie par un autre prophète et serait ainsi de nouveau parmi ceux qui croient (Moï. 1:41). Les saints des derniers jours croient que les «autres annales» visées comprennent le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, la Perle de Grand Prix, la TJS, et d’autres annales qui doivent encore paraître et que le prophète divinement suscité pour commencer à rétablir les textes perdus est Joseph Smith (voir Écritures: Écritures à venir). À la lumière de ce qui vient d’être dit, il vaut la peine d’observer que la difficulté principale dans la Bible, ce sont apparemment les omissions. Le reste du texte est sans doute généralement correct en soi, mais beaucoup de points doctrinaux importants (résultant de la perte d’un simple mot, d’un verset, d’un passage plus long ou même de livres entiers dans certains cas) manquent maintenant.
AUTORITÉ DE TRADUIRE. Le prophète Joseph Smith affirme avoir reçu de Dieu la mission de faire un rendu inspiré ou, comme il appelle cela, une «nouvelle traduction» de la Bible. Cette mission peut être illustrée par des extraits de ses écrits. Après avoir travaillé par intermittence pendant dix mois sur les premiers chapitres de la Genèse, Joseph Smith reçut, le 7 mars 1831, une révélation du Seigneur lui commandant de commencer à travailler au Nouveau Testament: «Il ne vous sera pas donné d'en savoir plus sur ce chapitre jusqu'à ce que le Nouveau Testament soit traduit, et toutes ces choses y seront révélées. C'est pourquoi, je vous donne maintenant de le traduire» (D&A 45:60-61). Le manuscrit de la TJS montre que Joseph Smith commença la traduction de Matthieu le jour suivant. Le 1er décembre 1831, le prophète note ce qui suit dans son journal intime: «J’ai repris la traduction des Écritures et j’ai continué à travailler dans cette branche de mon appel avec Sidney Rigdon comme secrétaire» (HC 1:238-239). Le 16 février 1832, il note une révélation au sujet de la résurrection des morts qui contient la mention suivante concernant sa mission divine de traduire: «Tandis que nous [Joseph Smith et Sidney Rigdon] faisions le travail de traduction que le Seigneur nous avait confié, nous arrivâmes au vingt-neuvième verset du cinquième chapitre de Jean» (D&A 76:15). Le 8 mars 1833, il rapporte comme suit la parole que le Seigneur lui a adressée: «Et quand tu auras terminé la traduction des prophètes [de l’Ancien Testament], tu présideras, à partir de ce moment-là, les affaires de l'Église» (D&A 90:13). Le 6 mai 1833, c’est la révélation suivante qu’il note: «Ma volonté est que vous vous hâtiez de traduire mes Écritures» (D&A 93:53). Bien que ce ne soit pas une liste complète, ce qui précède illustre les prétentions de Joseph Smith à une mission divine de traduire l’Ancien et le Nouveau Testament.
FAÇON DE PROCÉDER ET DURÉE. Quand il commença son travail en 1830, Joseph Smith ne connaissait pas les langues bibliques. Sa traduction ne se fit pas comme le font habituellement les savants, mais ce fut une expérience révélatoire qui n’utilisait que le texte anglais. Il n’a pas laissé de description du processus de traduction, mais il apparaît qu’il lisait dans la KJV et dictait des révisions à un secrétaire.
Il se fit aider par de divers secrétaires. Le manuscrit montre qu’Oliver Cowdery fut le premier et travailla entre juin et octobre 1830; il enregistra une révélation d’introduction (Moï. 1) et la traduction de Genèse 1:1 à Genèse 4:18 de la KJV. Vint ensuite John Whitmer, à partir d’octobre jusqu’en décembre 1830, qui enregistra la traduction de Genèse 4:19 jusque vers Genèse 5:20 de la KJV. Sidney Rigdon fut le suivant, qui devint le secrétaire principal du début décembre 1830 jusqu’à la fin de la traduction, le 2 juillet 1833. Il écrivit la majeure partie de la traduction de Genèse 5:21 de la KJV jusqu’à la fin de la Bible avec, toutefois, l’intervention de quelques autres pour de petites parties.
Ils se servirent d’une édition grand format de la KJV (22,5 sur 27,5 sur 5 cm), imprimée en 1828 par H. et E. Phinney Company de Cooperstown, New York, qui contenait les Apocryphes de l’Ancien Testament. (Une note sur la page de garde, dans ce qui semble être l’écriture de Joseph Smith, déclare qu’elle avait été achetée le 8 octobre 1829 à la librairie d’Egbert B. Grandin à Palmyra pour $3.75). Dans cet exemplaire de la Bible de Phinney, il y a les centaines de notes au crayon et à l’encre consistant principalement en coches ou en croix marquant les passages à réviser. De même, un certain nombre de mots imprimés en italique dans le texte de la KJV, qui représentent habituellement des mots implicitement compris dans le grec ou l’hébreu, sont rayés. Les mots de la révision n’étaient pas écrits sur les pages de la Bible elle-même, mais notés sur des feuilles de papier et identifiés par la citation ad hoc. Le manuscrit est écrit intégralement de Genèse 1:1 à Genèse 24 inclus et de Matthieu 1:1 à Jean 5, dont des chapitres entiers dans lesquels il n’y a aucune correction. Un système plus rapide et plus efficace fut utilisé par la suite qui consistait à n’écrire que les révisions proprement dites. Celles-ci se composaient parfois d’un ou deux mots seulement. Les marques dans la Bible qui indiquent les versets à traduire n’apparaissent que dans les parties où la méthode plus courte a été utilisée. Les feuilles de manuscrit, 42,5 sur 35 cm. pliées pour donner des surfaces de 20 sur 35 cm, furent autrefois cousues entre elles au pli dans des épaisseurs commodes. Le manuscrit entier se compose de 477 pages.
La date exacte à laquelle la traduction a été commencée n’est pas connue, mais elle est étroitement associée à la révélation de juin 1830 qui contient le récit de visions données à Moïse avant qu’il ne compose le livre de la Genèse (voir Moï. 1). Le travail avança à partir de juin 1830 jusqu’au 2 juillet 1833. Genèse 1-17 fut traduit d’abord, entre juin 1830 et le 7 mars 1831. À cette dernière date Joseph Smith reçut la révélation lui commandant de «traduire» le Nouveau Testament (D&A 45:60-62), ce qu’il commença à Matthieu 1:1. Il semble que pendant quelques jours la traduction ait continué à la fois dans la Genèse et dans Matthieu, mais l’Ancien Testament fut ensuite mis de côté, probablement à la fin de Genèse 24, en faveur du travail sur le Nouveau Testament. Le travail se poursuivit ensuite de manière suivie dans le Nouveau Testament tout entier jusqu’au 2 février 1833. Le reste de l’Ancien Testament (Genèse 25 à Malachie) fut alors traduit et terminé cinq mois plus tard. En réponse à une prière pour savoir s’il devait traduire les Apocryphes, Joseph Smith rapporte une révélation datée du 9 mars 1833, disant qu’il ne devait pas s’en occuper: «Ils sont en majeure partie traduits correctement», mais il s’y trouve des erreurs et «des interpolations de la main des hommes» (D&A 91:1-2).
Quand on compare les dates sur les manuscrits de la TJS avec celles des révélations portant sur le sujet dans les Doctrine et Alliances et avec les dates et les événements notés dans le journal personnel de Joseph Smith, on voit qu’il y a des allées et venues entre l’Ancien et le Nouveau Testament, comme expliqué ci-dessus, plutôt qu’une progression linéaire de la Genèse à l’Apocalypse. De même, les différents styles d’écriture manuscrite correspondent aux allées et venues connues de ceux qui faisaient fonction de secrétaires. Bien que la majeure partie de la traduction fût faite dès le 2 juillet 1833, ce travail représentait un avant-projet. Par la suite, le manuscrit fut revu et préparé en vue de la publication, et d’autres révisions, améliorations et modifications furent apportées.
Après la mort de Joseph Smith en juin 1844, la Bible marquée de Phinney et le manuscrit de 477 pages furent conservés par sa veuve, Emma Smith. Elle permit au Dr. John M. Bernhisel d’examiner les documents au printemps de 1845 à Nauvoo. Bernhisel déclara plus tard qu’il avait fait une copie complète des marquages dans la Bible et une copie considérable mais inachevée des notes du manuscrit (Matthews, 1975, p. 118). Le manuscrit de Bernhisel est à la Bibliothèque de l’Historien de l’Église à Salt Lake City, mais on ne sait pas où se trouve la Bible marquée par Bernhisel. Emma Smith donna, en 1866, la Bible de Phinney et le manuscrit original à un comité de publication représentant l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (aujourd’hui Communauté du Christ). Ceux-ci sont maintenant sous la garde de la Communauté du Christ à Independenc (Missouri).
PUBLICATION. Des extraits de la TJS furent publiés dans les journaux de l’Église et sous forme de brochure du vivant de Joseph Smith, mais l’ouvrage complet ne fut pas publié de son temps, malgré le fait qu’il eût eu l’intention de le faire et eût fait des efforts considérables pour l’accomplir. Les perturbations causées par les persécutions, les exigences des affaires de l’Église et le manque de moyens financiers l’empêchèrent de terminer et d’autoriser la mise sous presse du manuscrit (Matthews, pp. 57-63).
En 1867, après des efforts et des dépenses considérables, l’Église Réorganisée publia une édition sous copyright de la Bible, sous le titre Holy Scriptures, qui intégrait la traduction du prophète au format d’un texte de la King James. Elle fut suivie de nombreuses réimpressions, provenant toutes des clichés. En 1936, la même église publia une édition pour enseignants contenant des aides à l’étude. À cette occasion on ajouta un sous-titre: «Inspired Version», bien que le texte fût resté le même que l’édition de 1867. En 1944, l’Église réorganisée publia une «nouvelle édition corrigée» dans laquelle au moins 352 versets avaient été modifiés pour corriger des erreurs typographiques et de jugement dans l’édition de 1867. Ces corrections étaient des points de détail, mais dans quelques cas elles affectaient de manière significative le sens des passages et rapprochèrent le texte imprimé du manuscrit. En 1970, une édition à parallèles comprenant l’Inspired Version et la King James Version fut publiée par la maison d’édition de l’Église réorganisée.

L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours n’a jamais publié la traduction entière de la Bible par Joseph Smith. Des parties de la Genèse et de Matthieu, réparties sur la période de Joseph Smith à Kirtland et à Nauvoo, sont incluses dans la Perle de Grand Prix sous le titre livre de Moïse (TJS Ge. 1-8:18) et Joseph Smith–Matthieu (TJS Mt. 24). De longues parties de TJS Genèse 1-5 et un extrait unique de Romains et d’Hébreux sont utilisés dans les Lectures on Faith et y sont toujours publiées. En 1979, l’Église a publié une édition de la King James Version avec des centaines de notes de bas de page de la TJS et une annexe de dix-sept pages contenant des extraits de la TJS (voir Bible: Édition mormone de la Bible).
AMPLEUR DES CHANGEMENTS. Joseph Smith a apporté de nombreuses corrections et additions aux livres de la Genèse, de l’Exode, des Psaumes, d’Ésaïe, de Matthieu, de Luc, des Romains, de 1 Corinthiens 1, de Galates, d’Hébreux, de Jacques, de 2 Pierre et de l’Apocalypse. Il également apporté beaucoup de changements aux écrits des prophètes de l’Ancien Testament ainsi que dans Marc, Jean, les Actes et plusieurs des épîtres. Il n’a rien changé dans Ruth, Esdras, Esther, Ecclésiaste, Lamentations, Abdias, Michée, Habacuc, Sophonie, Aggée, Malachie, Philémon, 2 Jean, et 3 Jean. Il a fait quelques corrections dans tous les autres livres de la Bible et a rejeté le Cantique des Cantiques comme n’étant pas une Écriture inspirée.
TITRE. Le travail de Joseph Smith sur la Bible a porté divers titres. Les révélations des Doctrine et Alliances l’appellent «traduction» (D&A 37:1; 90:13). Joseph Smith l’appelle la «nouvelle traduction» et c’est sous ce titre qu’on la connaît dans les premiers documents de l’Église. Il a été publié par l’Église réorganisée sous le titre «Holy Scriptures» avec, plus tard, le sous-titre: «Inspired Version». Beaucoup l’appellent «révision inspirée». En 1978, l’Église lui a officiellement donné le nom de «Traduction de Joseph Smith», TJS en abrégé.
APPORTS DE LA TJS. Pour évaluer les apports de la TJS, il faut faire la différence entre le procédé et le produit. Le procédé de traduction était révélatoire et éducatif, et était le moyen d’augmenter la connaissance et la prise de conscience doctrinale de Joseph Smith, le prophète (cf. D&A 45:60-61). Les apports vont donc au-delà du texte biblique qui a pu avoir lancé le processus. Parmi les points de doctrine de l’Église qui se sont dégagés du processus de traduction de la TJS, il y a l’édification de Sion, modelée sur la ville de Hénoc, l’âge de responsabilité des enfants avec le baptême à huit ans, la longue révélation sur les degrés de gloire et le mariage plural (dont le mariage céleste et éternel) et divers points d’organisation et de responsabilité de la prêtrise. Ces points de doctrine et d’autres étaient souvent introduits pendant le processus de traduction et développés plus tard par des révélations postérieures maintenant contenues dans les Doctrine et Alliances. Les révélations des Doctrine et Alliances reçues pendant le processus de traduction sont les sections 76, 77, 86 et 91 et des parties de 107 et de 132. De cette façon, la TJS a affecté la vie spirituelle de chaque membre de l’Église, même si la plupart des membres ne connaissaient pas l’existence de la TJS.
Le produit tangible – la TJS imprimée – consiste en une Bible portant des milliers de corrections, d’additions et d’interprétations. Bien que beaucoup de saints des derniers jours considèrent ceci comme la version la plus correcte de la Bible à l’heure actuelle et l’utilisent donc comme source précieuse pour la compréhension de la Bible, l’apport le plus important a probablement été l’effet d’illumination que le processus a eu sur Joseph Smith et les révélations suivantes données par son intermédiaire qui ont façonné la doctrine et la pratique de l’Église. La plupart des révélations doctrinales et organisationnelles qui ont régi l’Église et qui sont maintenant éditées dans les Doctrine et Alliances ont été données à Joseph Smith pendant la période où il traduisait la Bible (1830-1833).
Beaucoup de points dans les Doctrine et Alliances sont en relation directe avec le processus de la TJS. Ils ont dirigé le prophète dans les questions relatives à la traduction, le choix des secrétaires, quand poursuivre la traduction, quelles parties de la Bible faire ensuite, quand mettre le travail de côté pour d’autres choses et d’autres informations de ce genre, mais ne contiennent pas les textes de la TJS. On voit ce type d’information dans les chapeaux éditoriaux des sections 35, 71, 76, 77, 86 et 91; et dans le texte de D&A 9:2; 35:20; 37:1; 41:7; 42:56-58; 45:60-62; 73:3; 76:15-18; 77:1-15; 86:1-11; 93:53; 94:10; 104:58 et 124:89. La Perle de Grand Prix présente une partie du résultat et contient deux extraits du texte de la TJS, du livre de Moïse et Joseph Smith–Matthieu.
PRINCIPAUX THÈMES DOCTRINAUX. La plupart des passages révisés ou ajoutés par Joseph Smith sont d’importance doctrinale. Les sujets sont nombreux, mais les thèmes principaux sont (1) l’accent dans l’Ancien et le Nouveau Testament sur la mission et la divinité de Jésus-Christ, (2) la nature de Dieu, (3) l’innocence des enfants, (4) le plan du salut, (5) la vie prémortelle, (6) la sainte prêtrise et les qualifications des patriarches, (7) les ministères de Hénoc et de Melchisédek et (8) la clarification de passages ambigus, l’élimination de certaines contradictions entre les textes bibliques et des explications de termes et d’expressions.
Des passages représentatifs des types d’information que l’on ne trouve que dans la Traduction de la Bible faite par Joseph Smith constituent le reste de cet article.
Le but de la TJS est d’apporter une connaissance que l’on ne trouve pas dans d’autres Bibles. Elle est donc déclarative et informative de par sa nature.
1. Accent sur Jésus-Christ. La TJS souligne que l’Évangile de Jésus-Christ a été enseigné dans les tout premiers temps de l’humanité. Selon TJS Genèse 1-8 (Moïse 1-8 dans la Perle de Grand Prix), Adam, Hénoc, Noé et les autres patriarches étaient des prédicateurs de justice et ont enseigné l’Évangile de Jésus-Christ, et notamment la foi, le repentir, le baptême et la réception du Saint-Esprit.
La TJS dit qu’un ange céleste commanda à Adam d’offrir des sacrifices d’animaux comme type et symbole du sacrifice expiatoire que le Fils de Dieu allait accomplir. Il lui fut commandé de tout faire au nom du Fils. L’Évangile lui fut enseigné, il fut baptisé par immersion, reçut le Saint-Esprit et naquit de l’Esprit (Moïse 5, 6).
Hénoc connut, lui aussi, l’Évangile de Jésus-Christ, fut ordonné à la même prêtrise qu’Adam et enseigna ces principes à d’autres. Il eut droit à une vision où il était question du monde d’esprit et des événements futurs sur terre à partir de son temps jusqu’à la seconde venue de Jésus-Christ. Il présida dans une ville de justes appelée Sion, qui fut enlevée au ciel (Moïse 6-7; voir Êtres enlevés).
Noé était, lui aussi, un prédicateur de justice, ordonné à la même prêtrise que celle détenue par Adam et Hénoc et il enseigna l’Évangile de Jésus-Christ à ses contemporains, notamment la foi en Jésus-Christ, le baptême et la réception du Saint-Esprit (Moï. 8:12-25).
La TJS du Nouveau Testament donne une image légèrement plus forte de Jésus que la KJV. Exemples: Dans la KJV les mages interrogent Hérode sur la naissance du «roi des Juifs» (Mt. 2:2); dans la TJS ils posent une question plus pointue: «Où est l’enfant qui est né, le Messie des Juifs?» (TJS Mt. 3:2). Quand Hérode interroge les scribes, on lui dit que le Christ devait naître à Bethlehem: «Car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple» (Mt. 2:6); la TJS dit: «Car de toi sortira le Messie, qui sauvera mon peuple Israël» (TJS Mt. 3:6).
Dans la TJS un passage de transition sans équivalent dans la KJV est inséré entre la fin du chapitre 2 de KJV Matthieu et le commencement du chapitre 3 de Matthieu:
«Et il arriva que Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et fut dans l’attente du Seigneur et du moment de son ministère. Et il travailla     sous son père, et il ne parlait pas comme les autres hommes, et on ne pouvait pas non plus l’instruire, car il n’avait pas besoin que quiconque l’instruisît. Et après de nombreuses années, l’heure de son ministère approcha » [TJS Mt. 3:24-26].
À l’âge de douze ans, quand Jésus enseignait dans le temple, la KJV dit (Lu. 2:46) qu’il était «assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant». La TJS dit: «ils l’écoutaient et l’interrogeaient» (TJS Lu. 2:46).
Le récit des quarante jours de Jésus dans le désert dans la KJV dit que Jésus s’y rendit «pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim» (Mt. 4:1-2). La TJS dit: «Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être avec Dieu. Et quand il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, et eut communié avec Dieu, il eut faim et fut livré aux tentations du diable» (TJS Mt. 4:1-2). Selon Luc (KJV), Jésus fut «fut tenté par le diable pendant quarante jours» (Lu. 4:2). La TJS dit: «et après quarante jours, le diable se présenta à lui pour le tenter» (TJS Lu. 4:2).
La KJV dit que «Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple» et également sur une «montagne très élevée» (Mt. 4:5-8; Luc 4:5-9). La TJS dit que ce fut «l’Esprit» qui le transporta à ces endroits (TJS Mt. 4:5-8; Lu. 4:5-9).
Dans KJV Jean 3:23 il est dit que Jésus accomplit des baptêmes, mais Jean 4:2 conteste en grande partie l’activité de Jésus comme baptiseur en disant: «Toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même, mais c'étaient ses disciples». La TJS dit: «Quoiqu’il n’en baptisât pas autant que ses disciples; mais il les laissait faire pour qu’ils fussent des exemples, usant de prévenances réciproques» (TJS Jn. 4:3-4).
Les paraboles de Jésus sont évoquées dans beaucoup de passages de la TJS. Une des plus importantes est une déclaration, présentée comme étant les paroles de Jésus lui-même, expliquant pourquoi il utilisait des paraboles pour voiler le message spirituel en parlant à certaines personnes: «Écoutez une autre parabole; car à vous qui ne croyez pas, je parle en paraboles afin que vous soyez récompensés de votre injustice» (TJS Mt. 21:34).
Dans Marc 7:22-24 (KJV) Jésus entre dans une maison «désirant que personne ne le sût ; mais il ne put rester caché». TJS Marc 7:22-23 dit: «et aurait voulu que personne n’aille à lui. Mais il ne pouvait pas le leur refuser, car il avait compassion de tous les hommes».
Luc dit que tandis que Jésus était sur la croix, il s’écria: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (KJV Lu. 23:34). La TJS ajoute un éclaircissement entre parenthèses: «(entendant par là les soldats qui l’avaient crucifié)» (TJS Lu. 23:35).
2. Les relations de Dieu avec l’humanité. Les passages de la TJS portant sur les relations de Dieu avec l’humanité contiennent ce qui suit: Genèse 6:6 (KJV) dit que «L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur». TJS Genèse 8:13 (Moï. 8:25) rend ainsi ce passage: «Et Noé regretta, et il fut affligé en son cœur de ce que le Seigneur avait fait l’homme sur la terre». Exode 7:3, 13; 9:12; 10:1, 20 (KJV) disent tous que Dieu endurcira le cœur du pharaon. Dans chacun de ces passages la TJS dit que c’est le pharaon qui s’endurcira le cœur:
Esaïe 63:17 (KJV) dit: «Pourquoi, ô Éternel, nous fais–tu errer loin de tes voies, et endurcis–tu notre cœur?» La TJS dit: «Pourquoi, ô Seigneur, pourquoi as-tu souffert que nous errions… et que nous nous endurcissions le cœur?»
Matthieu 6:13 (KJV) dit: «Ne nous induis pas en tentation», tandis que la TJS dit: «Ne nous laisse pas induire en tentation» (TJS Mt. 6:14).
3. Innocence des enfants. Beaucoup de passages concernent la nature de l’homme par rapport à la chute d’Adam, son libre arbitre et sa responsabilité vis-à-vis de Dieu. Par exemple, au sujet de l’innocence des petits enfants, la TJS dit que du temps d’Adam le Seigneur révéla que «le Fils de Dieu a expié la faute originelle, à la suite de quoi les péchés des parents ne peuvent tomber sur la tête des enfants, car ils sont purs dès la fondation du monde» (TJS Ge. 6:56; Moï. 6:54). À Abraham le Seigneur dit: «Les enfants ne sont responsables devant moi que quand ils ont huit ans» (TJS Ge. 17:11). Matthieu 18:11 KJV dit concernant les enfants: «Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu». La TJS ajoute: «et appeler les pécheurs au repentir; mais ces petits n’ont pas besoin de repentir, et je les sauverai.»
4. Écrits de Paul. La TJS offre beaucoup d’éclaircissements concernant les enseignements attribués à Paul dans le Nouveau Testament. En voici quelques-uns:
1 Corinthiens 14:35 (KJV) fait écrire à Paul: «Il est malséant à une femme de parler dans l’Église». La TJS dit «que les femmes gouvernent dans l’Église».
Hébreux 6:1 (KJV) dit: «C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait». La TJS dit: «sans laisser…».
Hébreux 7:3 (KJV) donne l’impression que le prophète Melchisédek n’était «sans père, sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours ni fin de vie». La TJS dit que ce n’était pas Melchisédek, l’homme, mais sa prêtrise, qui était sans lignage ou descendance, par contraste avec la prêtrise lévitique.
1 Timothée 3:15-16 (KJV) fait écrire à Paul que l’Église est «la colonne et l’appui de la vérité». Dans la TJS, c’est Jésus, en tant que Dieu manifesté dans la chair, qui est «la colonne et l’appui de la vérité». [Voir aussi d’autres passages de la TJS dans les annexes.]

Bibliographie
Durham, Reed Connell, Jr. "A History of Joseph Smith's Revision of the Bible." Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1965.
Howard, Richard P. Restoration Scriptures. Independence, Mo., 1969.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation": Joseph Smith's Translation of the Bible. Provo, Utah, 1975.
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Matthews, Robert J. "Joseph Smith's Efforts to Publish His Bible Translation." Ensign 13, janv. 1983, pp. 57-63).
Nyman, Monte S., et Robert L. Millet, dir. de publ. The Joseph Smith Translation. Provo, Utah, 1985.
ROBERT J. MATTHEWS

Transfiguration, Montagne de la
Auteur: MOURITSEN, DALE C.

La montagne de la Transfiguration est la scène d'un événement transcendant dans le Nouveau Testament. Elle est mise en évidence par des révélations données au prophète Joseph Smith et décrite avec un certain nombre de détails. Tout d'abord, Jésus converse avec Moïse et Élie, qui sont à ce moment-là des êtres enlevés (Mt. 17:3-4). Ensuite Jésus-Christ lui-même y est transfiguré, ce qui confirme, à ses trois apôtres principaux, Pierre, Jacques et Jean, sa nature et son appel divins (Mt. 17:1-2). Troisièmement, ces apôtres sont également transfigurés temporairement pendant cette expérience (EPJS, p. 125). Quatrièmement, ces apôtres ont une vision dans laquelle ils voient la terre, dans son futur état transfiguré, comme héritage des fidèles (D&A 63:20-21). Cinquièmement, ces mêmes apôtres reçoivent certaines clefs de la prêtrise du royaume de Dieu, qu'ils vont utiliser pendant leur ministère terrestre (HC 3:387). Sixièmement, Moïse et Élie, qui sont, eux aussi, sur la montagne de la Transfiguration, vont, le 3 avril 1836, conférer des clefs de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland (D&A 110:11-16).
Il est certain que la manifestation sur la montagne va fortifier le Sauveur au moment où il aborde les derniers mois précédant son sacrifice expiatoire. Moïse et Élie lui rendent visite pendant qu'il se prépare aux souffrances infinies de Gethsemané et aux tortures du Golgotha (Lu. 9:30-31; JC, p. 373).
La transfiguration de Jésus devant Pierre, Jacques et Jean fait d’eux des témoins oculaires de sa majesté (voir 2 Pi. 1:16). Pendant leur visite, la voix du Père rend témoignage de la mission du Sauveur, donnant à Pierre, à Jacques et à Jean l'assurance qu’il approuve et aime Jésus (Mt. 17:5-8). Comme ces apôtres vont bientôt constituer la Première Présidence de l'Église primitive (MD, pp. 571-572), l'événement est le témoignage personnel inoubliable de ce que le Père accepte la mission rédemptrice de Jésus. Jean témoignera plus tard: «Nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père» (Jn. 1:14).
La transfiguration temporaire de Pierre, Jacques et Jean leur permet d’entendre la voix du Père et de voir le Fils transfiguré (cf. Moï. 1:9-11). Cette expérience extraordinaire va les préparer à assumer le fardeau futur de la direction de l'Église après le départ de Jésus à la fin de son ministère terrestre. Pierre a bien raison de déclarer: «Seigneur, il est bon que nous soyons ici» (Mt. 17:4).
Pierre, Jacques et Jean vont également voir l’époque millénaire où la terre sera transfigurée, ce qui la ramènera à son état d’avant la chute d'Adam (EPJS, pp. 7-8; cf. 10e A de F). La transfiguration de la terre aura lieu au moment de la seconde venue du Christ (MD, pp. 795-796).
L'octroi des clefs de la prêtrise aux apôtres présidents constitue un cinquième but de la transfiguration. Pendant son ministère, Jésus a conféré la Prêtrise de Melchisédek aux Douze, les autorisant à agir sous sa direction (Mc. 3:14-15; Jn. 15:16; cf. JD 25:207). Mais avec la perspective de son départ, les Douze ont besoin d'une autorité indépendante pour diriger les affaires de l'Église. Pour tenir sa promesse que Pierre recevrait les clefs du royaume (Mt. 16:13-20), Jésus va emmener les principaux apôtres sur la montagne, où ils vont recevoir ces clefs.
Après avoir vu Jésus transfiguré et avoir eux-mêmes subi la transfiguration, les apôtres vont voir Moïse et Élie (et peut-être d'autres; cf. McConkie, p. 400), qui ont été enlevés de manière à pouvoir apparaître avec un corps physique pour accorder des clefs de la prêtrise par l'imposition des mains, ce qui va permettre, entre autres, la prédication de l'Évangile dans le monde entier (Mt. 18:19-20) et l’accomplissement des ordonnances salvatrices pour les vivants et les morts (cf. 1 Co. 15:29).
Certains de ces événements se sont accomplis à notre époque dans le temple de Kirtland. La Prêtrise de Melchisédek et l’appel et les clefs de l'apostolat ont été conférés à Joseph Smith et à Oliver Cowdery probablement fin mai ou début juin 1829 (cf. D&A 27:12) et comprenaient l'autorité pour fonder l'Église (D&A 128:20). Le 3 avril 1836, des clefs supplémentaires ont été données à Joseph et à Oliver dans le temple de Kirtland par Moïse et par Élie, ceux-là mêmes qui étaient apparus autrefois sur la montagne, et par un messager supplémentaire appelé Élias, qui a conféré la «dispensation de l'Évangile d'Abraham» (D&A 110:12). Le rétablissement de ces clefs a donné le coup d’envoi de la mission moderne de l'Église, l’œuvre missionnaire et toutes les ordonnances pour les vivants, ainsi que la rédemption des morts par l’œuvre des ordonnances par procuration dans des temples.

Bibliographie
Haight, David B. ""We Beheld His Glory"'. Ensign 7, mai 1977, pp. 7-10.
Matthews, Robert J. "Tradition, Testimony, Transfiguration, and Keys". Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, pp. 296-311. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, pp. 397-404. Salt Lake City, 1965.
DALE C. MOURITSEN