Israël: Aperçu
Auteur: BROWN, S. KENT
Le nom
Israël («Dieu règne» ou «Dieu brille» en hébreu) a deux applications modernes
particulièrement distinctives pour les saints des derniers jours. D'abord, il désigne
les membres de l'Église. Ensuite, il désigne les descendants modernes des Israélites
dautrefois, qui, à cause de la fidélité de Dieu aux alliances antiques faites
avec leurs ancêtres, vont être les bénéficiaires de ses bénédictions dans les
derniers jours.
HISTOIRE DU NOM. Le nom Israël apparaît pour la première fois dans la Bible comme le
deuxième nom accordé par Dieu à Jacob (Ge. 32:28; 35:10). Les «fils d'Israël» ou les
«enfants d'Israël» désignaient au commencement les fils de Jacob et leurs familles
(Ge. 50:25; Ex. 1:1) et, de manière plus lointaine, tous les descendants de Jacob (p.
ex., Ex. 1:7, 9). Après que la postérité de Jacob se fut installée au pays de Canaan,
le nom Israël désigna la ligue de tribus liées entre elles par une alliance avec le
Seigneur (Jos. 24). Plus tard, la monarchie unie de Saül, de David et de Salomon
sappela Israël (p. ex., 1 S. 9:16; 13:13; 2 S. 5:3). Après le schisme qui suivit
la mort de Salomon, le nom Israël désigna le royaume du nord (1 R. 11:34-39; 12:3, 16),
tandis que celui du sud recevait le nom de Juda (1 R. 12:23, 27). Lorsque le royaume du
nord fut tombé devant les Assyriens en 722 av. J.-C., le nom Israël devint une
désignation spirituelle pour le royaume du sud (p. ex., És. 5:7; Mi. 3:1; Za. 12:1; 1 M.
1:11, 62). Le terme «juif» fut appliqué pour la première fois par des gens étrangers
à ceux qui vivaient dans le royaume de Juda et apparaît pour la première fois dans 2 R.
16:6.
Dans le Nouveau Testament, le nom Israël désigne le peuple de Dieu, habituellement pas
dans un sens nationaliste, mais ceux qui sont ou seront réunis à Jésus-Christ en
obéissant à la parole de Dieu (p. ex., Mt. 10:6-7; Lu. 24:21; Jn. 1:31, 49; Ac. 2:22,
36). Il se rapporte également au royaume du Christ (Mt. 27:42; Mc. 15:32), sur lequel les
Gentils seront greffés comme sur un olivier (Ro. 11:17-21). Deux passages dans Galates
identifient clairement Israël avec l'église chrétienne primitive (Ga. 3:27-29; 6:15-16)
et le lien est également affirmé par la déclaration de Jésus que ses apôtres jugeront
les tribus d'Israël (Mt. 19:28; cf. 1 Né. 12:9; D&A 29:12).
Dans le Livre de Mormon, plusieurs expressions apparaissent avec des applications
distinctes. L'expression «enfants d'Israël» renvoie régulièrement aux descendants de
Jacob de l'ère mosaïque, faisant écho à la terminologie du récit de l'Exode (p. ex.,
Ex. 19:1; 1 Né. 17:23; Jcb. 1:7; Mos. 7:19; cf. 3 Né. 29:1-2). Le titre de Dieu, le
Saint d'Israël, tiré d'Ésaïe (p. ex. 48:17; 1 Né. 20:17), apparaît dans les
commentaires sur les alliances de Dieu, affirmant quil est le Dieu fidèle qui a
fait des alliances avec lIsraël antique (p. ex. 1 Né. 19:14-17). Ce titre
apparaît également dans les prophéties au sujet du futur règne de Dieu «en
domination, et en puissance, et en pouvoir, et en grande gloire» (1 Né. 22:24-25). Le
Saint d'Israël est identifié comme étant Jésus-Christ (2 Né. 25:29).
Lexpression «Maison d'Israël» désigne la postérité en ligne directe de Jacob
et est fréquemment utilisée dans les paroles prophétiques qui ont trait à sa
dispersion ou à son rassemblement dans les derniers jours. De plus, les peuples du Livre
de Mormon se considéraient comme un «reste» ou «branche» de la maison d'Israël dont
les descendants recevraient les bénédictions promises à Israël dans les derniers jours
(1 Né. 19:24; 3 Né. 20:16).
Il y a deux raisons principales pour lesquelles les saints des derniers jours s'appliquent
aujourd'hui le nom Israël. D'abord, Moïse est apparu, le 3 avril 1836, à Joseph Smith
et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland et leur a conféré les clefs, ou
autorisation, pour «le rassemblement d'Israël» (D&A 110:11; cf. PWJS, pp. 145-146).
Ce rassemblement consiste non seulement à rétablir les personnes d'ascendance israélite
«dans les pays de leur héritage» mais également à les tirer «de l'obscurité et des
ténèbres; et ils sauront que le Seigneur est
le Puissant d'Israël» (1 Né.
22:12). Cette action signifie les amener dans l'Église. En second lieu, les saints des
derniers jours ont souvent appris par leur bénédiction patriarcale qu'ils sont
littéralement du lignage d'Israël (D&A 86:8-9), principalement des tribus
d'Éphraïm et de Manassé. Le Seigneur a révélé qu'il est de la responsabilité
particulière d'Israël de diffuser le message de l'Évangile rétabli au monde et
Éphraïm a la responsabilité de diriger cette uvre (D&A 133:26-34; cf. EPJS,
p. 163). Ceux qui ne sont pas du lignage d'Israël le deviennent par l'adoption au moment
de leur baptême et de la réception du Saint-Esprit (EPJS, pp. 149-50; Ro. 8:15-17; Ga.
4:5-7; Abr. 2:10; voir aussi Loi de l'adoption).
ISRAËL EN LIGNE DIRECTE. La conscience quavait Israël dêtre un peuple
distinct par son lignage provenait, du moins en partie du fait que Dieu lavait
officiellement adopté par alliance sur la sainte montagne. «Maintenant, si vous écoutez
ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous mappartiendrez entre tous les
peuples
vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte» (Ex.
19:5-6). En tant que peuple élu de Dieu, Israël avait lobligation imposée par
Dieu de porter l'alliance et ses promesses aux autres, obligation précédemment imposée
à Abraham et à sa postérité (Abr. 2:9-11; voir aussi Alliance abrahamique).
Les peuples du Livre de Mormon étaient littéralement d'Israël. Ceux qui se rendirent de
Jérusalem en Amérique avec Léhi vers 600 av. J.-C. descendaient de Joseph d'Égypte par
ses fils Manassé et Éphraïm (Alma 10:3; cf. 1 Né. 5:14-16; JD 23:184-85). Un deuxième
groupe avait des liens avec la maison royale de Juda par Mulek, fils de Sédécias (Hél.
6:10; Om. 1:14-16). Plusieurs prophéties traitent du rétablissement final de l'alliance
de Dieu parmi les descendants de ces peuples (p. ex., 1 Né. 22:3-12; 3 Né. 20:22-27;
21:1-7). Comme corollaire normal, plusieurs prophéties se concentrent sur la dispersion
et le retour final de beaucoup de Juifs à Jérusalem et sur les bénédictions qui les y
attendent (p. ex., 2 Né. 6:10-14; 3 Né. 20:29-46; Ét. 13:5). Comme pour les autres
alliances, les promesses ne saccomplissent que quand les hommes quils
soient Gentils ou Israélites obéissent aux commandements de Dieu (p. ex., 1 Né.
14:5-6; 22:17-22).
Aujourd'hui, les membres de l'Église lIsraël moderne, en grande partie des
descendants de Joseph soit par sang soit par ladoption doivent aller à la
recherche des autres descendants d'Israël et de ceux qui veulent devenir Israélites par
l'adoption par le baptême. Le prophète Joseph Smith a observé que «lorsque le
Saint-Esprit tombe sur quelquun de la postérité littérale d'Abraham, il est calme
et serein
tandis que l'effet du Saint-Esprit sur un Gentil est de purifier le vieux
sang et de faire de lui un membre véritable de la postérité d'Abraham. Celui qui n'a
rien du sang d'Abraham (par nature) doit recevoir une création nouvelle du Saint-Esprit»
(EPJS, p. 117; cf. Ro. 6:4; 12:2).
ISRAËL SPIRITUEL. Dans des temps anciens comme dans les temps modernes, le respect des
alliances de Dieu a été la clef par laquelle on devient et reste le peuple de Dieu (p.
ex., Ex. 19:5-6; De. 4:32-40; D&A 100:15-16). Au centre physique d'Israël, pour ainsi
dire, se trouvait la maison des bénédictions spirituelles de Dieu, où les alliances
étaient faites et refaites, d'abord la tente dassignation dans le camp et plus tard
le temple à Jérusalem. Presque immédiatement après avoir donné les dix commandements
et d'autres conditions de l'alliance (Ex. 20-23), Dieu a donné les directives pour la
construction de la tente dassignation (Ex. 24-27), lédifice le plus sacré de
l'Israël de Moïse, «et jhabiterai [moi, Dieu] au milieu deux» (Ex. 25:8).
Le Dieu d'Israël a aussi commandé aux saints des derniers jours de construire des
temples pour le culte et pour faire des alliances de sorte que la vie des hommes et des
femmes soit enrichie par le scellement éternel des familles (D&A 110:6-10; cf. EPJS,
p. 149; WJS, p. 212; voir aussi Temples).
À l'époque du Nouveau Testament, les païens se virent offrir une grande occasion de
participer pleinement aux bénédictions d'Israël. Bien que limitant son ministère
personnel aux Israélites (Mt. 15:24; cf. 3 Né. 15:23) et disant aux Douze de ne faire du
prosélytisme que parmi Israël (Mt. 10:5), Jésus visita les païens dans la Décapole,
près de la Galilée (Mt. 8:28-34) et envoya ses soixante-dix disciples dans des régions
où il y avait beaucoup de païens (Lu. 10:1-17). Il prophétisa que beaucoup
«viendr[aie]nt de lorient et de loccident, et ser[aie]nt à table avec
Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux» (Mt. 8:11). Jean-Baptiste a proclamé
que «de ces pierresci Dieu peut susciter des enfants à Abraham.» (Mt. 3:9),
allusion évidente à l'adoption des païens dans la maison d'Israël (EPJS, p. 258).
Pierre a appris que les justes «en toute nation» qui écoutent Dieu lui sont
«agréables» (Ac. 10:35). Paul rappelle néanmoins au lecteur : «Ne te glorifie pas au
dépens de ces branches» de l'arbre d'Israël quand elles vacillent parce que «tout
Israël sera sauvé» (Ro. 11:18, 26).
Le Livre de Mormon conserve une prophétie de Joseph d'Égypte (2 Né. 3:5-21) dans
laquelle le Seigneur promet à Joseph : «Je susciterai un voyant de choix du fruit de tes
reins
[pour] les faire parvenir à la connaissance des alliances que j'ai faites
avec tes pères.» (2 Né. 3:7). Luvre de ce voyant consistera à faire
paraître un document écrit par les descendants de Joseph, qui sera joint à un document
de la tribu de Juda, pour faire parvenir les Israélites «à la connaissance de [leurs]
pères dans les derniers jours, et aussi à la connaissance de mes alliances, dit le
Seigneur» (2 Né. 3:11-12). Le document de la lignée de Joseph est le Livre de Mormon et
celui de Juda est la Bible (cf. Éz. 37:15-23; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties
bibliques sur). La prophétie dit que le voyant «sera appelé du même nom que moi
[Joseph] et ce sera le même nom que celui de son père. Et il sera semblable à moi» (2
Né. 3:15). Pour les saints des derniers jours, ce voyant est Joseph Smith. De plus, le
Livre de Mormon est un instrument pour réaliser le rétablissement des alliances de
l'Évangile et le rassemblement d'Israël. Vers 600 av. J.-C., le Seigneur parla à Néphi
1 de la postérité des Gentils et de Néphi: «Je me manifesterai à ta postérité, et
elle écrira beaucoup de choses que je lui enseignerai, qui seront claires et
précieuses
voici, ces choses seront cachées pour parvenir aux Gentils par le don
et le pouvoir de l'Agneau. Et c'est en elles que sera écrit mon Évangile, dit l'Agneau,
et mon rocher, et mon salut.» (1 Né. 13:35-36). À la page de titre du Livre de Mormon,
on trouve ces mots écrits vers 400 apr. J.-C. disant le but de luvre: «de
montrer au reste de la maison d'Israël les grandes choses que le Seigneur a faites pour
ses pères; et aussi de lui faire connaître les alliances du Seigneur, qu'il sache qu'il
n'est pas rejeté à jamais» (voir Livre de Mormon: Page de titre du Livre de Mormon).
Le rassemblement d'Israël ne pouvait avoir lieu avant le rétablissement des clefs ou de
l'autorisation pour cet effort. Le 3 avril 1836 (époque de la pâque), Moïse et Élie
apparurent à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland, Élie
rétablissant les pouvoirs de scellement pour tourner le cur des enfants vers les
promesses faites à leurs ancêtres (cf. Mal. 4:5-6; D&A 2:1-3; JSH 1:38-39) et
Moïse les clefs pour le rassemblement d'Israël (D&A 110:11, 13-16; cf. EPJS, pp.
272; PWJS, pp. 186-187).
TERRE D'ISRAËL. Bien que l'expression «terre d'Israël» soit utilisée assez rarement
dans les parties les plus anciennes de l'Ancien Testament et soit probablement
luvre d'une main postérieure (p. ex. 1 S. 13:19; 2 R. 5:2), la notion d'une
terre définissable donnée à Israël comme héritage est au moins aussi ancienne
qu'Abraham (p. ex. Ge. 12:7; Abr. 2:6; voir aussi Terre promise, Notion de). En outre, il
est clair que l'obéissance permanente était requise pour en conserver la possession. Car
le Seigneur promit à Abraham avec une mise en garde que ses descendants
recevraient «un pays étranger que je donnerai en possession éternelle à ta postérité
après toi, lorsqu'elle écoutera ma voix» (Abr. 2:6; cf. aussi Lé. 18:25-28; Jé.
16:12-13).
La notion de terres dhéritage multiples est enseignée dans le Livre de Mormon.
Cette pluralité de territoires est jointe à lidée dhéritage, comme
lexprime Ésaïe. Dans la plupart des cas, l'auteur du Livre de Mormon cite Ésaïe
au sujet du rassemblement d'Israël dans ses terres. Par exemple, Jacob prédit que ceux
de la maison d'Israël «seront rassemblés chez eux dans les pays de leur héritage et
seront établis dans toutes leurs terres de promission» (2 Né. 9:2, après avoir cité
És. 49:24-52:2; cf. 2 Né. 6:11; 10:7-8). Chose significative, dans chaque cas, une
transformation spirituelle d'Israël doit accompagner le rassemblement dans les terres:
«et ils seront tirés de l'obscurité et des ténèbres; et ils sauront que le Seigneur
est leur Sauveur et leur Rédempteur, le Puissant d'Israël» (1 Né. 22:12). Et : Dieu
«a parlé aux Juifs, par la bouche de ses saints prophètes, oui, dès le commencement
[et il continuera]
jusqu'à ce que vienne le moment où ils seront rendus à la
vraie Église et au vrai troupeau de Dieu» (2 Né. 9:2; cf. 30:2; 3 Né. 16:4; 20:13,
31).
Jésus ressuscité a dit qu'il y a au moins deux terres auxquelles les descendants de la
maison d'Israël doivent être rassemblés. Aux auditeurs de la lignée de Joseph sur le
continent américain, il a déclaré que «le Père m'a commandé de vous donner ce pays
en héritage» (3 Né. 20:14; cf. 20:22; Ét. 13:6-10). 20:29; cf. Ét. 13:5, 11). Les
Écritures modernes disent que les dix tribus se rendront d'abord en Amérique, où elles
«seront couronnées de gloire en Sion» (D&A 133:26-34) et hériteront ensuite le
pays de leurs ancêtres (3 Né. 20-21).
ÉTAT D'ISRAËL. Les dirigeants de lÉglise ont vu dans la création de l'état
moderne d'Israël au Proche-Orient un événement mondial dimportance mais pas comme
laccomplissement complet de la prophétie. Après avoir noté la gloire de
luvre de Dieu qui doit encore se faire parmi toutes les branches d'Israël et
avoir traité de la rédemption promise à Juda, Bruce R. McConkie, un apôtre, écrit à
propos de l'immigration actuelle de quelques millions de Juifs en Terre Sainte : «Est-ce
là le rassemblement moderne dont parlent les Écritures? Non!
Cest
néanmoins une partie du plan divin» d'un rassemblement plus complet qui doit encore se
produire (p. 229).
Bibliographie
Hunter, Howard W. "All Are Alike unto God." Ensign 9, juin 1979, pp. 72-74.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, pp. 182-329. Salt Lake City, 1982.
Nelson, Russell M. "Thanks for the Covenant." Devotional and Fireside Speeches
[BYU], 1988-89, pp. 53-61. Provo, Utah, 1989.
S. KENT BROWN
Israël: Dispersion d'Israël
Auteur: STEWART, DOUGLAS A.
La
dispersion d'Israël, prédite dans toute la Bible et tout le Livre de Mormon, est une
preuve daccomplissement des prophéties. D'une part, Abraham a reçu la promesse que
ses enfants posséderaient un lieu de résidence tant quils resteraient fidèles aux
commandements de Dieu (Abr. 2:6); de l'autre, les prophètes à partir de Moïse ont
prévenu que la rébellion spirituelle mènerait à leur expulsion de la terre promise
(Lé. 18:26-28; 26:21-33). Pendant le schisme monarchique, les prophètes israélites
plaidèrent pour le retour aux alliances négligées afin dassurer la protection
promise par le Seigneur (p. ex., Os. 6:1-3; Am. 5:4-9; És. 49; 50:1-3; 51-52; Jé.
3:12-19; 18:11). Israël et Juda ayant rejeté les avertissements prophétiques, ils
furent dispersés.
La dispersion se produisit en trois phases principales: (1) la captivité assyrienne du
royaume du nord de dix des tribus d'Israël (v. 722 av. J.-C.); (2) la captivité
babylonienne du royaume de Juda (v. 587 av. J.-C.); et (3) la destruction de l'état
judéen et du deuxième temple par Rome (66-70 apr. J.-C.). Bien que d'autres cas de
dispersion se soient produits, ces phases accomplissaient les buts du Seigneur de punir
son peuple de l'alliance en le dispersant; mais, dans sa miséricorde, il fit les
préparatifs du rassemblement de ses descendants dans les années ultérieures quand ils
«parviendront à la connaissance de leur Rédempteur» (2 Né. 6:8-14).
On trouve de nombreuses mentions de la dispersion d'Israël dans les Écritures. Ésaïe,
Jérémie, Ézéchiel, Néphi 1, et d'autres ont beaucoup écrit à ce sujet (p. ex., És.
50-53; Jé. 3; 18; Éz. 6:8-10; 11-12; 36; 2 Né. 10). Le plus remarquable de ces passages
est sans aucun doute la prophétie de Zénos donnée à «la maison d'Israël» et citée
dans le Livre de Mormon par Jacob, fils de Léhi (Jcb. 5). Dans un langage semblable à
Ésaïe 5:1-7 et dont on retrouve lécho dans Ro. 11:17-24, Zénos compare
l'histoire de la maison d'Israël à un olivier planté dans une vigne, lassimilant
à un «olivier franc» qui commence à se corrompre. Des Gentils, représentés dans
l'allégorie de Zénos par les branches d'un olivier sauvage, sont greffés sur l'arbre
franc afin de conserver son fruit naturel. Des serviteurs aident le seigneur de la vigne
à créer les meilleures conditions de croissance : ils bêchent, taillent, engraissent et
finalement transplantent, greffent et élaguent. Entre--temps, ils plantent des branches
de l'arbre dorigine dans des parties lointaines de la vigne. Au cours de trois
«visites» de la vigne (Jcb. 5:4, 16, 30), le seigneur et ses serviteurs travaillent pour
produire des olives valables qui pourraient être conservées pour «la saison qui arrive
rapidement» (5:76). Finalement, le fruit désiré apparaît, ce qui fait un grand plaisir
au seigneur de la vigne (5:38-75).
Joseph Fielding Smith, un apôtre moderne, a résumé ainsi cette allégorie: «Elle
rapporte l'histoire d'Israël au cours des siècles, la dispersion des tribus dans tous
les coins de la terre
ou en d'autres termes le mélange du sang d'Israël parmi les
Gentils par lequel les grandes bénédictions et promesses du Seigneur à Abraham
saccomplissent» (Answers to Gospel Questions, Salt Lake City, 1963, vol. 4, pp.
141-142).
Les prophètes du Livre de Mormon et le Sauveur ressuscité ont également parlé de la
dispersion. En commentant la situation de son peuple dans une nouvelle terre, Néphi 1
remarque qu'il fait partie d'Israël dispersé qui un jour sera rassemblé (1 Né. 22:3-5,
7-12). Jacob observe : «Nous avons été chassés du pays de notre héritage; mais nous
avons été conduits dans un pays meilleur» (2 Né. 10:20-22). Jésus ressuscité dit à
ses auditeurs en Amérique que bien que la dispersion prophétisée ne fût pas encore
complète, le rassemblement promis allait certainement se produire (3 Né. 20:11-18,
29-46; 21:1-9, 26-29).
La dispersion d'Israël intéresse les saints des derniers jours à cause de la promesse
du rassemblement dans les derniers jours, qui a commencé en 1829 quand le Seigneur a
rétabli la prêtrise par le prophète Joseph Smith. Puis, le 3 avril 1836, Moïse est
apparu et a donné les clefs, ou l'autorisation, du rassemblement à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland. Aujourd'hui, mandatés par ceux qui ont
l'autorité dans la prêtrise, les missionnaires ramènent lIsraël moderne à
l'alliance, à l'acceptation de son Rédempteur, linstruisant dans les pays dans
lesquels ses ancêtres ont été dispersés il y a bien longtemps.
Bibliographie
Jackson, Kent P. "Nourished by the Good Word of God." Dans Studies in Scripture,
dir. de publ. K. Jackson, Vol. 7, pp. 185-195. Salt Lake City, 1987.
Richards, LeGrand. Israel, Do You Know? Salt Lake City, 1982.
DOUGLAS A. STEWART
Israël: Rassemblement d'Israël
Auteur: NIEDERHAUSER, TERRY L.
Les saints
des derniers jours croient «au rassemblement littéral d'Israël et au rétablissement
des dix tribus; [et] que Sion (la nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent
américain» (10ème A de F). Du point de vue des saints des derniers jours, le
rassemblement d'Israël dans les derniers jours comprend ce qui suit: (1) le rassemblement
spirituel, qui comprend la prise de conscience que Jésus est le Christ, et le fait de
devenir membre de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours; (2) le
rassemblement des membres de lÉglise dans des pieux organisés et (3) le
rassemblement des descendants des douze fils de Jacob notamment les dix tribus
perdues (D&A 110:11) dans les terres de leur héritage. Ces rassemblements sont
nécessaires à cause des apostasies antiques qui ont eu pour conséquence la dispersion
d'Israël dans toutes les nations (De. 4:27; 28:64; Jé. 16:13; Osée 9:17).
Les prophètes israélites, voyant davance la dispersion dIsraël, ont
également prédit son rassemblement dans les derniers jours (1 R. 22:17; Jé. 31:7-12;
32:37-40; Éz. 36:24; etc.). Selon Ésaïe, Israël apprendra que le Seigneur est Sauveur,
sera rassemblé, dirigera ses propres affaires et reconstruira Jérusalem (És. 52:1-2;
D&A 113:7-10). Anciennement, le Seigneur a fait sortir Israël d'Égypte et Ésaïe a
prophétisé un retour futur d'Israël de beaucoup de pays (És. 11:11-13; cf. 2 Né.
6:14; EPJS, p. 9; Benson, 1977, pp. 137-138).
Le rassemblement spirituel d'Israël par la conversion à lÉvangile rétabli de
Jésus-Christ doit être accompli par les anciens de l'Église (D&A 133:8) qui sont
mis à part et envoyés comme «pêcheurs» et «chasseurs» «et ils les chasseront de
toutes les montagnes et de toutes les collines, et des fentes des rochers» (Jé. 16:16)
et ils les appelleront à Sion et à ses pieux (D&A 133:4-9; És. 54).
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances sont considérés comme des instruments
«pour rassembler mes élus» de toute la terre (Moï. 7:62; Benson, Ensign 16, nov. 1986,
pp. 78-80). Jésus ressuscité a déclaré : «que lorsque les paroles d'Ésaïe
saccompliraient
alors saccomplira l'alliance» que le Père a faite de
rassembler Israël (3 Né. 20:11-13). En outre, il a proclamé que le Livre de Mormon
paraîtrait comme signe qu'Israël dispersé était sur le point d'être rassemblé (3
Né. 20-21). Néphi 1 cite Ésaïe 48 et 49, qu'il considère comme le héraut du
rassemblement et de la gloire futurs d'Israël (1 Né. 20-22).
Les clefs de la prêtrise, ou autorisation, pour rassembler Israël furent données le 3
avril 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery, dans le temple de Kirtland.
«Moïse apparut devant nous et nous remit les clefs pour rassembler Israël des quatre
coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord» (D&A 110:11). Cette
autorité est maintenant détenue par le président de l'Église. La partie d'Israël
connue sous le nom de Dix Tribus doit encore être ramenée du nord. Son rassemblement
saccomplira en partie par sa conversion au Seigneur, la réception des
bénédictions de l'Évangile et son retour au «pays de son héritage antique»
(McConkie, 1982, pp 321, 324-326).
Le Seigneur met en évidence les caractéristiques spirituelles et littérales du
rassemblement dans l'interprétation suivante de la parabole de livraie: «Je dois
rassembler mon peuple selon la parabole du bon grain et de l'ivraie, afin que le bon grain
soit mis en sûreté dans les greniers pour posséder la vie éternelle et être couronné
de gloire céleste» (D&A 101:65; aussi 86:7-10). Joseph Smith a déclaré quà
toutes les époques, le but divin du rassemblement est la construction de temples pour que
les enfants du Seigneur puissent recevoir les ordonnances les plus élevées et parvenir
ainsi à la vie éternelle (EPJS, pp. 248, 254).
Le rassemblement d'Israël continue dans le monde post-terrestre d'esprit où le Christ
«organisa ses forces et désigna des messagers
et les chargea d'aller porter la
lumière de l'Évangile à ceux qui étaient dans les ténèbres, oui, à tous les esprits
des hommes» pour qu'eux aussi puissent être rassemblés (D&A 138:30, 34; cf. 1 Pi.
3:18-19). Pour la réalisation de ce rassemblement, les membres de lÉglise
accomplissent des ordonnances telles que le baptême et la confirmation dans les temples
modernes en faveur des morts (cf. 1 Co. 15:29).
Le rassemblement physique d'Israël va de pair avec le rassemblement spirituel. Les
serviteurs du Seigneur doivent sunir et venir «en Sion ou dans ses pieux, les lieux
désignés par toi» (D&A 109:39). En 1830, le Seigneur a commandé aux saints de se
rassembler en «un seul endroit» (D&A 29:8), le premier endroit étant en Ohio. En
juillet 1831, il a révélé que «le pays de Missouri» était «désigné et consacré
pour le rassemblement des saints» et Independence (Missouri) était désigné comme
«lieu central» (D&A 57:1-3). En 1838, après que l'Église a grandi, le Seigneur a
parlé de se rassembler «au pays de Sion et dans ses pieux» (D&A 115:6; cf. És.
54:2-3; D&A 101:21-22).
Des missionnaires ont été envoyés après que l'Église a été organisée (1830) pour
rassembler lIsraël spirituel et lIsraël par le sang. Dans l'esprit du
rassemblement, beaucoup de convertis ont émigré des états de lEst des
États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne et dEurope occidentale, d'abord en Ohio,
puis au Missouri, en Illinois, et par la suite dans les montagnes Rocheuses. Entre 1840 et
1890, plus de quatre-vingt mille convertis sont venus d'Europe continentale et
cinquante-cinq mille de Grande-Bretagne (P.A.M. Taylor, Expectations Westward, Édimbourg,
1965, p. 144).
Au changement de siècle et par la suite, on na plus demandé aux convertis
démigrer en Amérique et dans l'Ouest. Comme Spencer W. Kimball la de nouveau
souligné, les convertis devaient rester dans leur pays dorigine où des pieux de
Sion seraient créés et des temples construits, accordant aux membres toutes les
bénédictions de l'Évangile dans leur propre pays. Il a invité les saints à fonder des
«Sions multiples» et à se rassembler dans «leur culture et leur nation propres»
(Kimball, pp. 438-440; cf. Palmer, pp. 33-42).
Le rassemblement d'Israël inclut les Lamanites. Jésus ressuscité avait promis à leurs
ancêtres en Amérique: «J'établirai ce peuple dans ce pays, pour l'accomplissement de
l'alliance que j'ai faite avec votre père Jacob» (3 Né. 20:22, 25; 21:1-7).
Le rassemblement des Juifs dans l'état d'Israël continuera. Les associés et les
successeurs de Joseph Smith ont prédit que leur premier rassemblement se ferait dans
l'incrédulité (JD 4:232; 11:245; 18:64-66; cf. 16:352; 18:225). Bruce R. McConkie
appelle ceci un «rassemblement des non convertis en Palestine
un rassemblement
politique» (1982, pp. 229-230). Ce «rassemblement préliminaire» doit précéder
lavènement du Christ auprès des Juifs sur le mont des Oliviers, quand il se
manifestera personnellement à eux (2 Né. 6:14; cf. Za. 13:6; D&A 45:48-53; JSM
1:37).
Le pays de Canaan a été promis à Abraham et à sa postérité si toutefois ils sont
justes (Abr. 2:6), promesse réitérée plus tard à Isaac et à Jacob (Ge. 12:7; 26:3;
35:12). Parmi les descendants de Jacob, les Juifs ont conservé leur identité tout au
long des siècles. Descendant d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le peuple de Juda doit
retourner à ses terres héréditaires (D&A 109:64). Lors de la consécration du
temple de Kirtland, Joseph Smith a supplié le Seigneur «que les enfants de Juda
commencent à retourner dans les terres que tu as données à Abraham, leur père»
(D&A 109:62-64). Orson Hyde, lun des premiers apôtres, fut appelé et ordonné
par Joseph Smith pour consacrer la Palestine pour le retour des Juifs. Le 24 octobre 1841,
Hyde monta sur le mont des Oliviers, pria pour «dédier et consacrer cette terre
pour le rassemblement des restes dispersés de Juda» et érigea un monticule de pierres
pour commémorer l'événement (HC 4:456-459).
Le Livre de Mormon dit que les Juifs «seront rassemblés de leur longue dispersion, des
îles de la mer et des quatre coins de la terre» (2 Né. 10:8; cf. 25:15-17). De plus,
Mormon, rédacteur et compilateur du Livre de Mormon, déclare que «vous n'aurez plus
lieu de siffler, ni de traiter avec mépris, ni de tourner en dérision les Juifs, ni
personne parmi le reste de la maison d'Israël; car voici, le Seigneur se souvient de son
alliance avec eux, et il leur fera selon ce qu'il a juré» (3 Né. 29:8). [Voir aussi
Sionisme.]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "A Message to Judah from Joseph." Ensign 6, déc. 1976, pp.
67-72.
Benson, Ezra Taft. This Nation Shall Endure. Salt Lake City, 1977.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. "Come: Let Israel Build Zion." Ensign 7, mai 1977, pp.
115-118.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah: The Second Coming of the Son of Man. Salt Lake
City, 1982.
Palmer, Spencer J. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Talmage, James E. "Le rassemblement dIsraël" Dans AF, pp. 406-422.
TERRY L. NIEDERHAUSER
Israël: Tribus perdues d'Israël
Auteur: BOLLINGER, DAVID L.
Les
événements qui ont provoqué la division avec les dix tribus d'Israël, appelées plus
tard les dix tribus perdues, sont liés à la scission de la monarchie israélite (v. 930
av. J.-C.). Emboîtant le pas à Jéroboam, son roi arriviste, le royaume du nord,
Israël, apostasia des alliances qu'il avait faites avec le Seigneur (1 R. 12:26-30).
Ésaïe prévint que l'armée assyrienne deviendrait «la verge [de la colère de Dieu]»
(És. 10:5); la prophétie saccomplit quand les Assyriens emmenèrent en captivité
la plus grande partie du peuple des tribus du nord (2 R. 17:23). Pour des saints des
derniers jours, les tribus perdues sont des Israélites autres que le peuple juif ou les
Lamanites du Livre de Mormon (2 Né. 29:13). Les sources de lÉglise fournissent
quelques informations sur leur situation et annoncent que les descendants de ces tribus
perdues auront une participation essentielle aux événements des derniers jours.
Le Seigneur a révélé par les prophètes de l'Ancien Testament que les dix tribus
retourneraient et recevraient les bénédictions promises. Ésaïe a prophétisé que «le
Seigneur étendra une seconde fois sa main, pour racheter le reste de son peuple» (És.
11:11). Jérémie a déclaré quun «reste» reviendrait «du pays du septentrion»
(Jé. 3:18; 16:14-15; cf. 23:7-8; 31:8) et que le Seigneur ferait «une alliance
nouvelle» avec lui (Jé. 31:31).
Les prophètes du Livre de Mormon ont affirmé que le Seigneur n'avait pas oublié les dix
tribus, et qu'elles tiennent des annales qui seront révélées un jour (2 Né. 29:12-14).
Quand il est apparu en Amérique, Jésus-Christ ressuscité a dit que le Père lui avait
commandé dexercer son ministère auprès des tribus perdues, «car elles ne sont
pas perdues pour le Père» (3 Né. 17:4). Jésus a également promis que
luvre de rédemption du Seigneur dans les derniers jours inclurait «les
tribus qui ont été perdues» (3 Né. 21:26).
Pour que les tribus perdues reçoivent leurs bénédictions promises dans les derniers
jours, des clefs de la prêtrise, ou autorisation, ont dû être rétablies. Le 3 avril
1836, Moïse est apparu au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de
Kirtland et leur a conféré «les clefs du rassemblement d'Israël
et pour ramener
les dix tribus du pays du nord.» (D&A 110:11). Ces clefs sont toujours détenues par
le président de l'Église. En temps voulu, les dix tribus «seront couronnées de
gloire
par les mains des serviteurs du Seigneur, cest-à-dire les enfants
d'Éphraïm» (D&A 133:26-34). James E. Talmage a également affirmé que «les tribus
viendront; elles ne sont pas perdues pour le Seigneur; on les fera sortir, comme prédit»
(CR, oct. 1916, p. 76). Cest clair : selon les Écritures et les enseignements des
dirigeants de lÉglise, les descendants des tribus perdues, où quils soient,
ont continué à retenir l'attention divine et recevront de futures bénédictions.
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. Le chemin de la perfection, chap. 20.
Talmage, James E. "La dispersion dIsraël." Dans AF, pp. 389-404
DAVID L. BOLLINGER
Jean le Bien-aimé
Auteur: GRIGGS, C. WILFRED
Jean le Bien-aimé est lauteur de cinq écrits du Nouveau Testament, un évangile,
lApocalypse (voir Jean, Révélations de) et trois épîtres. Bien que lauteur
sidentifie comme étant Jean dans lApocalypse (Ap. 1:1, 4, 9), il nest
connu que comme «lancien» dans les épîtres et comme «le disciple que Jésus
aimait» dans lévangile. La tradition ancienne et les éléments de style vont dans
le sens dune origine commune de ces écrits, mais certains estiment que «le
bien-aimé» et «lancien» étaient deux personnes différentes.
Jean souligne les qualités spirituelles dans ses écrits, notamment certaines paires
contrastantes de caractéristiques qui illustrent les deux forces spirituelles opposées
dans le monde. Parmi les exemples il y a la lumière et les ténèbres, lamour et la
haine, la vérité et le mensonge et Dieu et le diable (voir Opposition). Jean souligne
également des idées telles que porter un témoignage vrai, connaître le Seigneur,
persévérer jusquà la fin et être ressuscité par le Sauveur.
Jean et son frère, Jacques étaient fils de Zébédée (certains pensent que Salomé
était la femme de Zébédée, basant leur identification sur Mt. 27:56 et Mc. 15:40) et
les hommes de la famille étaient pêcheurs sur la mer de Galilée. Leurs affaires
étaient prospères au point quils employaient des serviteurs (Mc. 1:19-20) à
lépoque où Jésus appela les frères au ministère à plein temps. Bien que les
évangiles de Matthieu et de Luc citent Pierre, André, Jacques et Jean au début de leur
liste, Marc et Actes situent Pierre, Jacques et Jean au début de la liste des Douze. Ces
trois apôtres étaient seuls avec Jésus en des occasions spéciales, comme lors de la
résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:37-43), sur la montagne de la Transfiguration
(Mt. 17:1-9) et lors des souffrances de Jésus dans le jardin de Gethsémané (Mt.
26:37-45). Le prophète Joseph Smith a enseigné que ces trois apôtres antiques reçurent
les clefs de la prêtrise pendant lexpérience de la Transfiguration (EPJS, p. 125).
Jean est habituellement identifié comme étant lun des deux disciples de
Jean-Baptiste mentionnés dans lévangile de Jean qui devinrent disciples de Jésus
après son baptême (Jean 1:35-40). Jacques et Jean furent appelés Boanergès («fils du
tonnerre») par Jésus, peut-être à cause de leur personnalité forte et impulsive. Eux
(Mc. 10:35-40) ou leur mère en leur nom (Mt. 20:20-23) demandèrent à Jésus de leur
accorder une place dhonneur dans son royaume céleste. Bien que réprimandés pour
leur ambition, ils exprimèrent leur volonté de participer à ses épreuves et à ses
souffrances et Jésus déclara que cest ce qui se passerait.
Jean se décrit comme étant «couché sur le sein de Jésus» pendant la dernière cène
(Jn. 13:23); plus tard, quand Jésus fut lié et emmené devant le souverain
sacrificateur, Jean (qui «était connu du souverain sacrificateur») et Pierre
laccompagnèrent (Jn. 18:15). Jean continua à suivre le Sauveur au cours des
événements qui sensuivirent et fut le seul des Douze dont il soit écrit
quil était présent à la crucifixion. Jésus lui demanda de prendre soin de sa
mère, Marie, et Jean la prit chez lui (Jn. 19:26-27).
Après la résurrection du Christ, Pierre et Jean coururent au tombeau lorsque Marie
Madeleine leur eut dit que la pierre qui le fermait avait été enlevée. Jean courut plus
vite et fut le premier à arriver au tombeau vide (Jn. 20:1-8). Plus tard, le Seigneur dit
à Pierre que Jean resterait (sur terre) jusquà sa seconde venue (Jn. 21:20-23), ce
qui fut la source de la tradition chrétienne ancienne que Jean nest pas mort. Le
prophète Joseph Smith a confirmé et a corrigé cette tradition dans une révélation qui
dit que Jean, ayant reçu «pouvoir sur la mort», reste sur la terre «comme un feu
flamboyant et je ferai de lui un ange chargé dun ministère
en faveur de
ceux
qui seront héritiers du salut» jusquà ce que le Sauveur revienne
(D&A 7; voir Êtres enlevés). Pendant sa visite au peuple du Livre de Mormon, le
Christ ressuscité a également mentionné la permanence du ministère terrestre de Jean
(3 Né. 28:6-8).
Pierre et Jean apparaissent ensemble dans plusieurs événements des premiers chapitres
des Actes et quelque temps après la mort de Jacques (Ac. 12:1-2), ces deux apôtres
seront rejoints par un autre Jacques, «frère du Seigneur» (Ga. 1:19), dans une
responsabilité de présidence sur lÉglise; Jacques, Pierre et Jean étaient les
«colonnes» reconnues (Ga. 2:9).
Après la mort de Pierre (que la tradition fixe à 67 apr. J.-C.), Jean dut être le doyen
et lapôtre président. Beaucoup de sources disent que des années plus tard, Jean
vécut à Éphèse, fut exilé à Pathmos (v. 90 apr. J.-C.) par lempereur Domitien
et revint à Éphèse pendant le règne de Nerva (96-98 apr. J.-C.), successeur de
Domitien. Pendant son exil à Pathmos, Jean reçut lApocalypse, quil lui fut
commandé denvoyer avec une lettre daccompagnement à sept Églises
dAsie Mineure. Limportance de lApocalypse pour les saints des derniers
jours est soulignée par la vision de Néphi 1 dans le Livre de Mormon, où un ange dit à
ce prophète de ne pas écrire tout ce quil a vu, car les annales des derniers jours
seront faites pour le monde par Jean, un apôtre du Seigneur (1 Né. 14:18-27; cf. Ét.
4:16).
Après son retour à Éphèse, Jean écrivit les trois épîtres qui portent son nom dans
le Nouveau Testament. Certains pensent quil a également écrit son évangile à
Éphèse à cette date tardive, mais dautres en fixent la date plus tôt.
Dautres écrits ont été attribués à Jean, notamment les Actes apocryphes de
Jean, et diverses versions de lApocryphon [écrit secret] de Jean, mais aucun de ces
écrits na été généralement considéré comme écrit authentique de
lapôtre.
En mai-juin 1829, les trois apôtres dautrefois, Pierre, Jacques et Jean, apparurent
à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, les ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek et
leur donnèrent les mêmes clefs quils avaient reçues sur la montagne de la
Transfiguration (voir D&A 27:12-13). Joseph Smith reçut plus tard une révélation,
dont certaines parties sont parallèles au prologue de lévangile de Jean, et il lui
fut dit que «la plénitude du livre de Jean» serait donnée à une date future (D&A
93:6, 18).
Bibliographie
Brown, Raymond E. The Gospel According to John, 2 vols. Garden City, N.Y., 1966, 1970.
Brown, Raymond E. The Epistles of John. New York, 1982.
Charles, R. H. Revelation, 2 vols. Edinburgh, 1920; rep. 1970.
Ford, J. Massyngberde. Revelation. New York, 1975.
Morris, Leon. Commentary on the Gospel of John. Grand Rapids, Mich., 1971.
Schnackenburg, Rudolf. The Gospel According to St. John, 3 vols. English trans., London,
1968-1982.
C. WILFRED GRIGGS
Jean, Révélations de
Auteur: LUND, GERALD N.
Lapôtre Jean, parfois désigné sous le nom de Jean le Bien-aimé et de Jean le
Révélateur, et les textes scripturaires liés à son nom sont tenus en haute estime par
les saints des derniers jours. Les Écritures modernes ajoutent à la compréhension de
lhomme et de ses écrits dans trois domaines importants: Jean en tant quêtre
enlevé, un document supplémentaire de Jean et des éclaircissements sur
lApocalypse.
JEAN COMME ÊTRE ENLEVÉ. En avril 1829, le prophète Joseph Smith reçut une révélation
(D&A 7) qui éclaircit la déclaration du Sauveur que Jean resterait sur terre
jusquà son retour (Jn. 21:22). Cette révélation enseigne que Jean a demandé
dobtenir pouvoir sur la mort pour pouvoir amener plus dâmes au Christ (3 Né.
28:6-11), que le Seigneur lui a promis quil pourrait demeurer «jusquà ce que
je vienne dans ma gloire» et que Jean est un être enlevé dont létat est «comme
un feu flamboyant et un ange chargé dun ministère» (D&A 7:1-3, 6).
DOCUMENT SUPPLÉMENTAIRE DE JEAN. Dans une autre révélation donnée le 6 mai 1833 à
Joseph Smith apparaît un extrait de onze versets de ce qui est appelé la «plénitude
des annales de Jean» (D&A 93:7-18). Il y a des ressemblances importantes entre ces
versets et les premiers versets de lévangile de Jean (Jn. 1:1-34), mais il y a
aussi des liens avec les expériences de Jean-Baptiste qui sont également évidents (cf.
D&A 93:15; Jn. 1:32-34). Puisque Doctrine et Alliances 93 ne mentionne que le nom de
Jean, sans annotation, on ne sait pas sil sagit de Jean le Bien-aimé ou de
Jean-Baptiste (cf. McConkie, 1979, vol. 1, pp. 426-427).
Quelle quen soit la source, ces quelques lignes des «annales de Jean» rendent un
témoignage important du Sauveur, réaffirmant que Jésus est la Parole, «le messager du
salut» (D&A 93:7-8), quil est la lumière et le Rédempteur du monde et
lesprit de vérité (93:9-10) et quil ne reçut pas la plénitude dès
labord, mais continua «de grâce en grâce» jusquà ce quil eût reçu
«tout pouvoir, tant dans le ciel que sur la terre» (93:11-17).
LAPOCALYPSE. Deux passages du Livre de Mormon soulignent limportance de
lApocalypse de Jean pour les derniers jours. Le prophète Néphi 1 (v. 600 av.
J.-C.) eut la vision de beaucoup dévénements futurs, mais il lui fut interdit de
les écrire car «le Seigneur Dieu a établi l'apôtre de l'Agneau de Dieu pour les
écrire
[Et] le nom de l'apôtre de l'Agneau était Jean» (1 Né. 14:25, 27). De
plus, en parlant des derniers jours, le Seigneur dit: «Et alors mes révélations, que
j'ai fait écrire par mon serviteur Jean, seront dévoilées aux yeux de tout le peuple»
(Ét. 4:16).
À cet égard, trois sources importantes facilitent linterprétation de
lApocalypse.
1. Doctrine et Alliances section 77. Reçue par Joseph Smith tandis quil travaillait
à la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS), cette révélation contient quinze
questions et réponses au sujet de lApocalypse. «Cette révélation [D&A 77]
nest pas une interprétation complète du livre. Cest une clef
Elle
ouvre la porte par laquelle un accès est possible, mais après que la clef a été
tournée, le chercheur de trésor doit le trouver par lui-même» (Smith, p. 478).
2. La Traduction de Joseph Smith. En plus des questions et des réponses de la section 77,
Joseph Smith a fait des révisions importantes du texte de lApocalypse dans la TJS.
3. Dautres écrits scripturaires et prophétiques. Une grande partie de
lApocalypse est formulée dans un langage figuré. Les Écritures modernes et les
écrits des Autorités générales fournissent des interprétations qui aident à
déverrouiller ce langage figuré. Il y a , par exemple, la «verge de
fer» qui est la parole de Dieu (Ap. 2:27; cf. 1 Né. 15:23-24), les «êtres vivants» du
chapitre 13, qui représentent les royaumes dégénérés du monde (EPJS, p. 233) et
Babylone, qui est le symbole de la méchanceté spirituelle (Ap. 17:5; cf. D&A
133:14).
En bref, lApocalypse est divisée en deux grandes sections: les épîtres aux sept
Églises dAsie (chap. 2-3) et la vision de «ce qui doit arriver dans la suite»
(4:1; voir chap. 4-22).
Les sept épîtres écrites aux Églises dAsie sont importantes pour les chrétiens
de toutes les époques. Elles décrivent les croyances et les pratiques que le Seigneur
trouvait louables aussi bien que celles qui lui déplaisaient. Sous une forme succincte,
ces chapitres récapitulent les bénédictions qui attendent les fidèles.
La vision du futur (Ap. 4-22) tourne autour dun «livre» scellé de sept sceaux,
qui était dans la main de Dieu (5:1-8). Selon la section 77 des Doctrine et Alliances, ce
livre représente le plan de Dieu pour cette terre pendant les sept mille années de son
«existence temporelle», chaque sceau représentant mille ans (D&A 77:6-7). «Par les
sept mille années de lexistence temporelle on entend la période de la durée de la
terre de la chute dAdam jusquà la fin du temps, qui viendra après le
millénium» (Joseph Fielding Smith, dans Smith et Sjodahl, p. 474).
Les cinq premiers sceaux donnent, en deux ou trois versets (Ap. 6:1-11), les grandes
caractéristiques de chacune des cinq mille premières années (voir aussi McConkie, 1973,
vol. 3, pp. 476-485). Dans le sixième sceau, représentant le sixième millénaire, Jean
voit quatre anges tenant les jugements de Dieu (Ap. 7:1; D&A 77:8) et un autre ange
qui représentait luvre du Rétablissement (Ap. 7:2-3; D&A 77:9-11;
McConkie, 1973, vol. 3, pp. 489-494).
Le septième sceau souvre au chapitre 8. Mais la prédiction du retour du Christ ne
se produit quau chapitre 19. Ainsi, une partie importante du livre se concentre sur
la période qui précède directement la seconde venue de Jésus (cf. D&A 77:13).
Pierre a déclaré que le Christ ne reviendrait pas «jusquaux temps du
rétablissement de toutes choses» (Ac. 3:21). Il est essentiel à ce rétablissement
moderne que des anges chargés dun ministère (Moroni 2, Jean-Baptiste, Pierre,
Jacques, Jean, Moïse, etc.) rapportent non seulement la plénitude de lÉvangile
éternel et ses clefs et ses ordonnances mais également le «pouvoir de scellement», qui
est le pouvoir de lier des choses sur terre de telle sorte que cela fasse force de loi au
ciel (Mt. 16:19; voir Scellement). Le rétablissement de lÉvangile et du pouvoir de
scellement sont des conditions importantes de lavènement du Christ. Pendant cette
période, trois caractéristiques régneront: des jugements, le royaume du Christ par
opposition aux royaumes du monde et la destruction de la Babylone des derniers jours.
Pendant que les trompettes retentissent et que les «coupes» de destruction sont
déversées, les fléaux dévastateurs se succèdent, dont de vastes pollutions, une
méchanceté effrénée et la bataille dHarmaguédon (Ap. 8-11, 16). Au milieu de
ces jugements permis par Dieu, une voix déclare que «le royaume du monde est remis à
notre Seigneur et à son Christ» (Ap. 11:15). Le chapitre 12 dépeint lÉglise du
Christ et le royaume de Dieu (TJS Ap. 12:7; McConkie, 1973, vol. 3, p. 516). Au chapitre
13, les royaumes de Satan sopposent aux saints et à luvre de Dieu. Le
chapitre 14 montre ensuite le triomphe du royaume du Christ et ce qui mène à cette
victoire. Le Christ vient à la montagne de Sion avec ses serviteurs (14:1-5) et un ange,
ayant lÉvangile éternel à prêcher à la terre, vole par le milieu du ciel
(14:6-7). (Le verset 6 est ce qui a inspiré le placement de la statue bien connue de
lange Moroni au sommet de la plupart des temples de lÉglise.) Ensuite la
chute de Babylone est annoncée (14:8-11). Comme lange qui montait du soleil levant
(Ap. 7:2), cet ange est interprété comme représentant luvre du
Rétablissement (McConkie, 1973, vol. 3, p. 530). Cest cette uvre, dirigée
par le Christ et ses serviteurs, qui provoque la destruction finale de tous les royaumes
profanes. La chute de Babylone (Ap. 16-18) est si spectaculaire que toutes les armées du
ciel sécrient spontanément: «Alléluia» (Ap. 19:1-6).
Après la venue du Christ (Ap. 19:7-21), la vision conclut, dans une succession rapide,
avec le millénium (Ap. 20:1-6), la libération de Satan «pour un peu de temps» (Ap.
20:7-10; D&A 88:111-115), le grand Jugement (Ap. 20:11-15) et la célestialisation de
la terre (Ap. 21:22-5). Ainsi, lApocalypse de Jean montre que, malgré tous les
efforts de Satan en sens contraire, luvre de Dieu triomphera et le Christ
reviendra régner avec ses saints pendant mille ans pendant le millénium et pendant toute
léternité.
Bibliographie
Lund, Gerald N. "Insights from the JST into the Book of Revelation." The Joseph
Smith Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet. Provo, Utah, 1985.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, pp. 476-485, 489-494, 516,
530. Salt Lake City, 1973.
McConkie, Bruce R. "Understanding the Book of Revelation". Ensign 5, sept. 1975,
pp. 85-89.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, pp. 426-27. Salt Lake City, 1979.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt
Lake City, 1951.
GERALD N. LUND
Jean-Baptiste
Auteur: NOVAK, LOUIS
Jean-Baptiste naquit en Judée environ six mois avant le Sauveur Jésus-Christ. La mission
terrestre principale de Jean était de préparer la voie à Jésus et de le baptiser. Le
rôle quil devait jouer plus tard dans le rétablissement de la Prêtrise
dAaron en 1829 est particulièrement important aux yeux des saints des derniers
jours.
Les savants bibliques discernent des différences subtiles dans la manière dont chacun
des quatre évangiles du Nouveau Testament présente des informations sur Jean-Baptiste.
Marc semble souligner le fait que Jean a préfiguré Jésus en ce que les deux ont
proclamé lÉvangile et puis ont été livrés à la mort. Luc traite des relations
personnelles entre Jean et Jésus, avec les liens importants que le Baptiste fournit entre
lAncien Testament et le Nouveau. Matthieu rapporte plusieurs parallèles entre le
ministère de Jean et celui de Jésus, tout en précisant clairement que Jean était
subordonné à Jésus, qui identifie Jean comme étant «lÉlie qui devait venir»
(cf. Mt. 11:14). Dautre part, lÉvangile grec de Jean semble minimiser ses
enseignements apocalyptiques, lui fait nier être cet Élie (Jn. 1:21) et nutilise
jamais le titre «Baptiste» apparemment pour souligner son rôle comme première personne
à ce moment-là à savoir par révélation et à témoigner que Jésus était le Fils de
Dieu (voir J. Meier, «John the Baptist in Matthews Gospel» Journal of Biblical
Literature 99, 1980, pp. 383-386).
Pour les saints des derniers jours, ces nuances sont dépassées par des rôles de Jean
plus importants englobés dans le Plan du Salut. Par exemple, son ministère illustre le
concept de la nécessité dun prophète, parce que «le Seigneur, lÉternel,
ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes» (Am. 3:7);
il est venu comme une voix davertissement, proclamant lÉvangile du repentir,
rendant témoignage de Jésus-Christ, baptisant par immersion, détenant lautorité
divine, promettant le don du Saint-Esprit et la persévérance jusquà la fin,
allant jusquà souffrir le martyre. Il était lÉlie qui devait «préparer
toutes choses» (JST Mt. 11:15), mais pas lÉlie «qui devait rétablir toutes
choses» (TJS Jn. 1:22, 26).
Les parents de Jean étaient tous deux descendants dAaron: Zacharie était un
prêtre qui officiait dans le temple de Jérusalem et Élisabeth, des filles dAaron,
était parente de Marie, mère de Jésus (Lu. 1:5, 36). Sa naissance fut promise par
lange Gabriel (voir Noé), qui rendit visite à Zacharie tandis quil officiait
dans le temple. Bien quils eussent ardemment prié pour avoir des enfants, Zacharie
et Élisabeth nen avaient jamais eu. Dans leur vieillesse, Zacharie avait accueilli
la promesse de Gabriel avec un certain doute. Pour lui donner un signe, Gabriel frappa
Zacharie de surdité et de toute évidence aussi de mutisme jusquà ce que Jean,
huit jours après sa naissance, fût circoncis selon la loi de Moïse et reçût son nom.
Contrairement à la coutume, sur lordre préalable de Gabriel, le bébé reçut le
nom de Jean au lieu de Zacharie comme son père. Zacharie donna à cette occasion une
bénédiction à son fils, dont les paroles sont appelées le Benedictus dans la
terminologie catholique et protestante (Luc 1:68-79).
On sait peu de choses sur la jeunesse et léducation de Jean. Quand Marie rendit
visite à Élisabeth pendant leurs grossesses, Jean «tressaillit dans son sein» (Luc
1:41). Il «était rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère» et «fut ordonné à
ce pouvoir par lange de Dieu» alors quil avait huit jours (D&A 84:27-28).
Puisque ses parents étaient vieux, certains se sont demandé sil navait pas
tardé à les perdre ou sil navait pas intégré une secte religieuse dans le
désert de Judée. Ce qui est certain, cest quil fut soigneusement élevé
dans les principes de lÉvangile, car il sortit du désert pour prêcher le repentir
(Mt. 3:2) et était bien préparé. Il connaissait sa mission et la source de son
autorité.
Jésus a dit de lui: «Parmi ceux qui sont nés de femmes, il ny en a point de plus
grand que Jean» (Luc 7:28). Le Sauveur aimait profondément Jean-Baptiste. Celui-ci eut
des privilèges peu communs: personne dautre ne proclamerait la venue immédiate de
Jésus; personne dautre naurait lhonneur de baptiser lAgneau de
Dieu; personne dautre nétait ladministrateur légal des affaires du
royaume alors sur la terre ni le détenteur des clefs du pouvoir. «Ces trois raisons font
de lui le plus grand prophète né dune femme» (EPJS, p. 222).
Avec ces qualifications, Jean savança vigoureusement, prêchant le repentir et
beaucoup de principes de lÉvangile dans le désert de Judée près du Jourdain (Mc.
1:4-5). Il mangeait des aliments rituellement purs, des sauterelles (Lé. 11:22) et du
miel sauvage; il ne buvait «ni vin ni liqueur enivrante» (Lu. 1:15) et il portait le
vêtement traditionnel du prophète, des poils de chameau et une ceinture en cuir (Mc.
1:6). Il jeûnait aussi (Mt. 11:18). Il attirait de grandes foules et tomba sous la
condamnation croissante des dirigeants juifs quil contestait dans sa prédication.
Au bout dun certain temps, «celui qui est plus puissant que moi», à savoir
Jésus, aborda Jean et lui demanda le baptême (voir Jésus-Christ: Baptême de
Jésus-Christ). Dans son humilité, Jean résista dabord, déclarant que
cétait plutôt lui qui devrait être baptisé par Jésus. Sur linsistance de
ce dernier, Jean le baptisa, après quoi il vit le signe de la colombe descendre du ciel
sur le Christ (Jn. 1:32).
À ce stade, seul Jean semblait porter la responsabilité denjamber deux
dispensations. Il était un enfant de la promesse dont la mission avait été
prophétisée des années plus tôt par Ésaïe, Léhi et Néphi 1 (És. 40:3; 1 Né.
10:7-10; 2 Né. 31:4-8).
Jean avait commencé sa prédication et ses baptêmes près du Jourdain probablement un an
environ avant que Jésus ne commence son ministère public. Il «navait pas
lintention de fonder une nouvelle secte» (Scobie, p. 131); son appel était de
préparer la voie à Jésus et beaucoup de ses disciples devinrent les tout premiers
disciples de Jésus et les plus proches. Sa prédication intense du repentir avait
profondément irrité ceux qui étaient au pouvoir. Il dénonça le mariage de Hérode
Antipas avec Hérodias, lépouse de son frère, ce qui était une violation claire
de la loi juive (Lé. 20:21; Josèphe, Histoire ancienne des Juifs 18.5.1-2). Hérodias
voulait la mort de Jean, mais Hérode Antipas était préoccupé de la popularité de Jean
auprès du peuple. Il le fit emprisonner (Mc. 6:17), ce qui calma quelque peu les
pharisiens et Hérodias. Pendant que tout ceci se passait, Jésus alla en Galilée. Tandis
quil était en prison, Jean lui envoya deux de ses disciples pour confirmer leur foi
en lidentité du Sauveur et Jésus le soutint (Lu. 7:24-28). Grâce à un complot
subtil et la danse de séduction de sa fille Salomé, Hérodias finit par manipuler
Hérode de manière à le faire décapiter Jean.
Jean-Baptiste était parmi les prophètes et les saints qui étaient avec le Christ dans
sa résurrection (D&A 133:55). Quelque dix-huit siècles plus tard, le vendredi 15 mai
1829, ce précurseur du Sauveur apparut de nouveau, cette fois comme ange du Seigneur
préparant le monde pour lavènement du Sauveur, et conféra les clefs de la
Prêtrise dAaron. Ceci se produisit quand Joseph Smith et Oliver Cowdery se
retirèrent dans un endroit isolé sur le fleuve Susquehanna près dHarmony
(Pennsylvanie) et prièrent pour avoir des instructions. Ils avaient à peine commencé
quun messager céleste apparaissait, se présentant comme étant Jean-Baptiste.
Posant les mains sur leur tête, il leur conféra la Prêtrise dAaron (D&A 13).
Il commanda ensuite aux jeunes hommes de se baptiser dans le fleuve voisin, la
Susquehanna, et puis de se faire mutuellement limposition des mains pour se
reconférer la prêtrise quil leur avait accordée. Le messager promit que la
Prêtrise de Melchisédek, ou prêtrise supérieure, leur serait donnée plus tard par les
apôtres Pierre, Jacques et Jean (JSH 1:72).
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Burning Light. Provo, Utah, 1972.
Scobie, Charles H. John the Baptist. Philadelphie, 1964
LOUIS NOVAK
Jésus-Christ : Aperçu
Auteur : MILLET, ROBERT L.
Jésus-Christ
est la figure centrale de la doctrine de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours. Le prophète Joseph Smith a expliqué que «les principes fondamentaux de
notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant
Jésus-Christ, quil est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour
et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion
nen sont que des annexes» (EPJS, p. 95). Les saints des derniers jours croient que
le salut complet nest possible que par la vie, la mort, la résurrection, la
doctrine et les ordonnances de Jésus-Christ et daucune autre manière.
Les rapports du Christ avec lhumanité se définissent en termes de ses rôles
divins dans les trois phases de lexistence : prémortelle, mortelle et postmortelle.
JÉSUS PRÉMORTEL. Dans la vie prémortelle, Jésus-Christ, dont le titre principal était
Jéhovah, était le premier-né des enfants desprit de Dieu le Père et par
conséquent le frère aîné et le plus éminent de tous les autres enfants desprit
de Dieu. Dans ce premier état, il est devenu plus intelligent que tous les autres
esprits, quelquun de «semblable à Dieu» (Abr. 3:19, 24) et a rempli les fonctions
de représentant du Père dans la création de «mondes sans nombre» (Hé. 1:1-3 ;
D&A. 76:24 ; Moï. 1:33 ; 7:30). Les dirigeants de lÉglise ont déclaré que
toute la révélation depuis la chute dAdam sest faite par et à travers
Jéhovah (Jésus-Christ) et que toutes les fois que le Père est apparu à lhomme,
cela a été pour présenter le Fils et rendre témoignage de lui (TJS Jn. 1:19 ; DS
1:35). Adam le connaissait et les patriarches dAdam à Noé lont adoré avec
une humble vénération. Il était le Dieu Tout-Puissant dAbraham, dIsaac et
de Jacob, le Dieu-Législateur du Sinaï, le Saint dIsraël. Les documents
scripturaires affirment que tous les prophètes depuis le commencement ont parlé ou
écrit sur le moment où Jéhovah viendrait sur terre sous la forme dun homme, dans
le rôle dun Messie. Pierre dit : «Tous les prophètes rendent de lui
témoignage» (Ac. 2:25-31 ; 10:43). Jacob a enseigné que «aucun des prophètes n'a
écrit ni prophétisé sans parler de ce Christ» (Jcb. 7:11 ; cf. Mos. 3:5-10 ; 13:33 ; 3
Né. 20:24).
JÉSUS MORTEL. Jéhovah est venu au monde à Bethléhem de Judée et a grandi à Nazareth.
Il est venu par condescendance en laissant son rang de Seigneur omnipotent pour
entreprendre une mission de souffrance et dhumiliation qui allait avoir des
conséquences éternelles pour lhumanité (voir 1 Né. 11; Mos. 3:5-10 ; voir aussi
Condescendance de Dieu). Sa vie a été une vie de perfection morale : il était sans
péché et complètement soumis à la volonté du Père (Jn. 5:30 ; 2 Co. 5:21 ; Hé. 4:15
; 1 Pi. 2:22 ; Mos. 15:2). Jésus est le modèle et lexemple de tous ceux qui
cherchent à acquérir la nature divine. Comme la enseigné Joseph Smith, le Sauveur
«a subi de plus grandes souffrances et a été exposé à des contradictions plus
puissantes que nimporte qui.» Malgré tout cela, «il a gardé la loi de Dieu et
est resté sans péché» (Lectures on Faith, sermon 5, paragraphe 2). Le Seigneur
ressuscité a demandé aux Néphites : «Quelle sorte dhommes devriez-vous être ?
En vérité, je vous le dis, tel que je suis» (3 Né. 27:27 ; cf. 12:48).
Jésus était cependant plus quinnocence, bonté et amour. Il était plus quun
modèle et un instructeur, plus que lincarnation de la compassion. Il a pu accomplir
son ministère sans pareil, un ministère de réconciliation et de salut, grâce à ce
quil était. Ezra Taft Benson a dit : «LÉglise de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours proclame que Jésus-Christ est le Fils de Dieu au sens le plus
littéral. Le corps dans lequel il a accompli sa mission dans la chair a été engendré
par ce même Être saint que nous adorons comme Dieu, notre Père éternel. Jésus
nétait pas le fils de Joseph et na pas été engendré par le Saint-Esprit.
Il est le Fils du Père éternel !» (Benson, p. 4). De Marie, femme mortelle, Jésus a
hérité la condition mortelle, notamment la capacité de mourir. De son Père exalté il
a hérité limmortalité, la capacité de vivre pour toujours. La nature double du
Sauveur homme et Dieu lui a permis daccomplir une expiation infinie,
un exploit que naurait pu faire aucune autre personne, aussi capable ou douée
quelle fût (cf. Al. 34:9-12). Tout dabord, il a pu, à Gethsémané,
dune façon majestueuse mais incompréhensible, prendre sur lui les fardeaux et les
effets des péchés de toute lhumanité et, de cette manière, assumer une
souffrance et une torture dépassant ce quun simple mortel pourrait supporter (2
Né. 9:21 ; Mos. 3:7 ; D&A. 18:11 ;19:16; Taylor, p. 148). En second lieu, il a pu se
soumettre à la mort physique, donner volontairement sa vie et ensuite reprendre son corps
dans la résurrection (Jn. 5:26 ; 10:17, 18 ; 2 Né. 2:8).
JÉSUS POSTMORTEL. Les saints des derniers jours croient quentre sa mort sur la
croix au Calvaire et sa résurrection, lesprit de Jésus est entré dans le monde
desprit, un endroit postmortel où se trouvent les désincarnés, ceux qui attendent
et se préparent pour la réunion de leur corps et de leur esprit. Pierre enseigne que le
Christ est allé dans ce monde pour prêcher aux esprits en prison (1 Pi. 3:18-20 ; 4:6).
Une révélation moderne explique que Jésus nest pas allé lui-même parmi les
méchants et les désobéissants qui avaient rejeté la vérité. Ce quil a fait,
cest instruire les justes au paradis, les organiser et leur donner le pouvoir
dinstruire ces esprits qui étaient restés dans les ténèbres sous la servitude du
péché et de lignorance (voir D&A. 138:29-32). Ainsi, la mission du Messie de
«porter de bonnes nouvelles aux malheureux», «guérir ceux qui ont le cur
brisé
proclamer aux captifs la liberté, aux prisonniers la délivrance» (És.
61:1 ; Lu. 4:18-19) sest prolongée après la mort dans lau-delà (voir Salut
des morts ; Prison desprit).
Jésus «a détaché les liens de la mort» ; il a été «les prémices de ceux qui sont
morts» (1 Co. 15:20 ; Al. 11:40-41). Il sest levé du tombeau avec un corps
immortel et glorifié et a lancé la première résurrection ou résurrection des justes,
celle des justes qui avaient vécu depuis le temps dAdam jusquà celui du
Christ (Mt. 27:52-53 ; Mos. 15:21-25 ; Hél. 14:25-26 ; 3 Né. 23:7-13). Jésus-Christ
reviendra sur terre avec puissance et gloire. La première résurrection, commencée au
moment de la résurrection du Christ, reprendra lorsque les justes décédés depuis le
midi des temps jusquà sa seconde venue reviendront avec lui, ressuscités dans une
gloire immortelle. Cette seconde venue signalera également le début du millénium, mille
ans de la paix terrestre où Satan sera lié et naura aucun pouvoir sur le cur
de ceux qui restent sur terre (Ap. 20:1-2 ; 1 Né. 22:26). Joseph Smith a enseigné que
«le Christ et les saints ressuscités régneront sur la terre pendant les mille années.
Ils ne demeureront probablement pas [constamment] sur la terre, mais la visiteront quand
cela leur plaira ou quand ce sera nécessaire pour la gouverner» (EPJS, p. 216). Pendant
cette ère, Jésus se révélera et, pour employer les termes dÉsaïe, «la terre
sera remplie de la connaissance de lÉternel, comme le fond de la mer par les eaux
qui le couvrent» (És. 11:9 ; Hé. 2:14).
Jésus-Christ est le Dieu de la terre entière et invite toutes les tribus et tous les
peuples à venir à lui. Son ministère terrestre, comme décrit dans le Nouveau
Testament, était principalement parmi les Juifs. Après sa mort et sa résurrection, il
est apparu à ses «autres brebis», des groupes dIsraélites dispersés.
Dabord, comme décrit dans le Livre de Mormon, il a exercé son ministère auprès
des Néphites en Amérique. Il leur a enseigné son Évangile et leur a donné autorité
pour officier en son nom. Il a ensuite visité les tribus perdues, les dix tribus du nord
dIsraël, qui ont été dispersées du temps de la captivité assyrienne en 721 av.
J.-C. (Jn. 10:16 ; 3 Né. 15:12-16 ; 17:4). En plus des apparitions mentionnées dans la
Bible et le Livre de Mormon, qui sont les témoins scripturaires antiques du Rédempteur,
Joseph Smith a témoigné que Jésus-Christ, en compagnie de son Père éternel, lui est
apparu près de Palmyra (New York) au printemps de 1820 pour ouvrir la dispensation de la
plénitude des temps (JSH 1:1-20 ; voir Première Vision). Par la suite, le Sauveur
ressuscité a visité plusieurs fois ses prophètes modernes et sest révélé à
eux et continue à diriger son Église et son royaume actuels (voir Jésus-Christ :
Apparitions de Jésus-Christ de nos jours).
Les saints des derniers jours centrent leur culte sur Dieu, le Père éternel, et
cest à lui quils adressent leurs prières. Ils le font, comme pour tout le
reste : sermons, témoignages, prières et sacrements ou ordonnances, au nom de
Jésus-Christ (2 Né. 25:16 ; Jcb. 4:4-5 ; 3 Né. 18:19 ; D&A. 20:29 ; Moï 5:8). Les
saints adorent également le Christ, le Fils, le reconnaissant comme la source de la
vérité et de la rédemption, comme la lumière et la vie du monde, comme le chemin qui
mène au Père (Jn. 14:6 ; 2 Né. 25:29 ; 3 Né. 11:11). Cest auprès de lui
quils recherchent la délivrance et ils sefforcent dêtre comme lui
(voir D&A. 93:12-20 ; McConkie, 1978, pp. 568-569). Mettant laccent sur le
pouvoir de transformation de lexemple du Christ, David O. McKay a observé que «nul
ne peut prendre sincèrement la résolution dappliquer à sa vie quotidienne les
enseignements de Jésus de Nazareth sans sentir un changement dans sa propre nature» (IE
65, juin 1962, p. 405).
Jésus-Christ a réalisé la résurrection corporelle de tous ceux qui ont vécu ou qui
vivront un jour sur la terre (1 Co. 15:21-22 ; Al. 11:40-42). Parce quil a vaincu le
monde, tous les hommes et toutes les femmes peuvent, en faisant preuve de foi en lui, en
ayant confiance en ses mérites et en recevant sa grâce, se repentir de leurs péchés et
connaître la paix de la pureté et de lintégrité spirituelle (Jn. 14:27 ; Ph. 4:7
; 2 Né. 2:8 ; 25:23; Én. 1:1-8 ; Mos. 4:1-3). Ceux qui ont appris à se fier au Seigneur
et à sappuyer sur ses tendres miséricordes «chantent le cantique de lamour
rédempteur» (Al. 5:26). Néphi 1, le prophète et dirigeant du Livre de Mormon, exulte
ainsi : «Je mets ma gloire en mon Jésus, car il a racheté mon âme de lenfer» (2
Né. 33:6). «Nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous
prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ
afin que nos enfants
sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs
péchés» (2 Né. 25:26). Un apôtre moderne a écrit :
Oui, je crois en Christ :
Seigneur, mon Dieu.
À lui je dois mes jours heureux.
Car dans ma peine ou mon chagrin,
jentends sa voix qui me soutient.
Oui, je crois en Christ ; il régnera.
Ce jour béni, je serai là
En dépit de ladversité ;
À ses côtés je me tiendrai.
[Bruce R. McConkie: «Oui, je crois en Christ», Cantiques, n° 71]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Dahl, Larry E. et Charles D. Tate, dir. de publ. The Lectures on Faith in Historical
Perspective. Provo, Utah, 1900.
McConkier, Bruce R. The Promised Messiah. Salt lake City, 1978.
Idem, The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Idem, The Millennial Messiah, Salt Lake City, 1982.
Talmage, James. M. Jesus the Christ. Salt Lake City, 1972.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake
City, 1882.
Jésus-Christ - Expiation
Auteur: HOLLAND, JEFFREY R.
Lexpiation de Jésus-Christ est lacte préordonné mais volontaire du Fils
unique de Dieu. Il a offert sa vie, dont son corps, son sang innocents et son angoisse
spirituelle, comme rançon rédemptrice (1) pour leffet de la Chute dAdam sur
toute lhumanité et (2) pour les péchés personnels de tous ceux qui se repentent,
dAdam jusquà la fin du monde. Les saints des derniers jours croient que
cest là le fait central, le fondement crucial, la doctrine principale et la plus
grande expression de lamour divin dans le plan du salut. Le prophète Joseph Smith a
déclaré que toutes les «choses qui ont trait à notre religion [ne] sont que des
annexes» à lexpiation du Christ (EPJS, p. 95).
Lexpiation de Jésus-Christ était indispensable à cause de la transgression, ou
Chute, dAdam, qui a introduit la mort dans le monde quand Adam et Ève ont mangé du
fruit de larbre de la connaissance du bien et du mal (Ge. 2:9; 3:1-24). Les saints
des derniers jours admettent sans difficulté la mort physique et spirituelle quAdam
et Ève ont attirée tant sur eux-mêmes que sur toute leur postérité, la mort physique
causant la séparation provisoire de lesprit et du corps, la mort spirituelle
éloignant lesprit et le corps de Dieu. Mais ils croient aussi que la Chute faisait
partie dun plan divin préordonné sans lequel Adam et Ève nauraient jamais
pu avoir denfants mortels. Si ces premiers parents navaient pas choisi
librement de quitter le jardin dÉden par leur transgression, il ny aurait pas
eu de genre humain sur cette terre pour connaître lopposition et la progression, le
libre arbitre et le choix, et la joie de la résurrection, de la rédemption et de la vie
éternelle (2 Né. 2:23; Moï. 5:11).
La nécessité dune expiation future a été expliquée lors dun Conseil
prémortel dans les cieux auquel les esprits de la famille humaine tout entière
assistaient et que Dieu le Père présidait. Les deux principaux associés de Dieu à ce
conseil étaient Jésus prémortel (également connu sous le nom de Jéhovah; voir
Jéhovah, Jésus-Christ) et Adam prémortel (également connu comme étant Michel).
Cest dans ce contexte prémortel que le Christ a volontairement contracté une
alliance avec le Père, acceptant de renforcer le libre arbitre de lhumanité tout
en expiant ses péchés et a laissé au Père tout lhonneur et toute la gloire de
cet acte désintéressé. Ce rôle préordonné du Christ comme médiateur explique
pourquoi lApocalypse décrit le Christ comme «lagneau qui a été
immolé
dès la fondation du monde» (Ap. 13:8) et pourquoi les prophètes, les
prêtres et les rois de lAncien Testament, notamment Moïse (De. 18:15, 17-19), Job
(19:25-27), le Psalmiste (Ps. 2, 22), Zacharie (9:9; 12:10; 13:6), Ésaïe (7:14; 9:6-7;
53) et Michée (5:2), ont pu parler du Messie et de son rôle divin des siècles avant sa
naissance physique. Un prophète du Livre de Mormon a écrit: «Aucun des prophètes
na écrit ni prophétisé sans parler de ce Christ» (Jacob 4:4; 7:11). Le Christ
prémortel a déclaré au frère de Jared, qui vivait environ deux mille ans avant la
naissance du Rédempteur: «Voici, je suis celui qui a été préparé dès la fondation
du monde pour racheter mon peuple» (Et. 3:14). Ces préfigurations scripturaires se
reflètent dans la conversation que le Christ a eue avec deux de ses disciples sur le
chemin dEmmaüs: «Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur
expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait» (Luc 24:27; cf. aussi 24:44).
Pour les saints des derniers jours, il est capital de voir la chute de lhomme,
convenue et comprise, uniquement dans le contexte de la rédemption de lhomme,
également convenue et comprise, rédemption assurée par lexpiation de
Jésus-Christ. Ainsi, lun des passages les plus importants et les plus souvent
cités des Écritures modernes dit: «Adam tomba pour que les hommes fussent, et les
hommes sont pour avoir la joie. Et le Messie vient dans la plénitude du temps, afin de
racheter de la chute les enfants des hommes» (2 Né. 2:25-26).
Les Écritures modernes enseignent que la mission du Christ comme Rédempteur et le
commandement doffrir des sacrifices danimaux comme rappel et symbole
anticipés de cette expiation divine à venir ont été enseignés à lorigine à
Adam et à Ève peu après leur expulsion du jardin dÉden (Moï. 5:4-8).
Lexpiation du Christ a été enseignée aux parents de la famille de lhomme
pour queux et leur postérité observent les ordonnances du sacrifice pendant toutes
leurs générations, gardant ainsi en mémoire la mission et la miséricorde du Christ qui
devait venir. Les saints des derniers jours enseignent formellement que lenvergure
de cette expiation est universelle, ouvrant la voie à la rédemption de toute
lhumanité, des non-chrétiens aussi bien que des chrétiens, des athées aussi bien
que des croyants, de lenfant en bas âge ignorant aussi bien que de ladulte
entièrement converti et bien informé. «Il est nécessaire quil y ait un grand et
dernier sacrifice », dit Amulek dans le Livre de Mormon, « un sacrifice infini et
éternel
il nest rien moins quune expiation infinie qui suffise pour les
péchés du monde» (Alma 34:10, 12).
Cette expiation infinie du Christ et du Christ seulement a été possible
parce que (1) il a été le seul homme sans péché à jamais vivre sur cette terre et
nétait donc pas sujet à la mort spirituelle qui découle du péché; (2) il était
le Fils unique du Père et possédait donc les attributs de létat divin, qui lui
donnaient pouvoir sur la mort physique (voir 2 Né. 9:5-9; Al. 34:9-12); et (3) il était
le seul à être suffisamment humble et disposé au conseil prémortel à y être
préordonné à ce service (JC, pp. 24-73).
Lexpiation de Jésus-Christ a plusieurs aspects universels, infinis et
inconditionnels. Ils comportent sa rançon pour la transgression originelle dAdam,
de sorte quaucun membre de la famille humaine ne sera jugé responsable de ce
péché (2e A de F; voir Péché originel). Un autre don universel est la résurrection
des morts pour chaque homme, femme et enfant qui vit, a jamais vécu ou vivra jamais sur
la terre. Ainsi, lExpiation est non seulement universelle dans le sens quelle
sauve la famille humaine entière de la mort physique, mais elle est également infinie
dans le sens que son impact et son efficacité à rendre la rédemption est accessible à
tous, puisquelle est rétroactive jusquau début des temps et sétend
dans le futur à toute éternité. En bref, lExpiation a des conséquences
universelles, infinies et inconditionnelles pour toute lhumanité à toute
éternité.
Mettant laccent sur ces dons inconditionnels découlant du sacrifice expiatoire du
Christ, les saints des derniers jours croient que dautres aspects du don du Christ
sont fonction de lobéissance et de la diligence à garder les commandements de
Dieu. Par exemple, alors que les membres de la famille humaine sont libéralement et
universellement soulagés du péché dAdam sans aucun effort ou action de leur part,
ils ne sont pas libéralement et universellement soulagés de leurs propres péchés à
moins de sengager à avoir foi au Christ, de se repentir de leurs péchés,
dêtre baptisés en son nom, de recevoir le don du Saint-Esprit et la confirmation
dans lÉglise du Christ, daller résolument de lavant avec une
espérance ferme et la persévérance fidèle pour le reste du voyage dans la vie. Le
Christ a dit à propos de ce défi personnel: «Car voici, moi, Dieu, jai souffert
ces choses pour tous afin quils ne souffrent pas sils se repentent. Mais
sils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi. Et ces souffrances
mont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles mont
fait saigner à chaque pore et mont fait souffrir de corps et desprit
et jai voulu ne pas devoir boire la coupe amère, mais je nai pas non plus
voulu me dérober» (D&A 19:16-18).
En outre, bien que la rupture des liens de la mort temporelle par la résurrection du
corps soit un don libéral et universel du Christ, un produit de sa victoire sur la mort
et le tombeau, le genre ou la nature du corps (ou le «degré de gloire» du corps), ainsi
que le moment de la résurrection de la personne sont affectés dune manière très
directe par la mesure de fidélité dont elle a fait preuve dans cette vie (voir Degrés
de gloire). Lapôtre Paul explique, par exemple, que ceux qui auront été
totalement engagés vis-à-vis du Christ «ressusciteront premièrement» (1 Th. 4:16).
Paul parle aussi de différents ordres de corps ressuscités (1 Co. 15:40). Les corps des
ordres ou degrés de gloire les plus élevés dans la résurrection sont promis à ceux
qui adhèrent fidèlement aux principes et aux ordonnances de lÉvangile de
Jésus-Christ; ils jouiront non seulement de limmortalité (un don universel fait à
chacun) mais également de vies éternelles dans le royaume céleste de gloire (D&A
88:4; 132:24; voir aussi Résurrection).
Les saints des derniers jours soulignent le fait que ni les bénédictions
inconditionnelles ni les bénédictions conditionnelles de lExpiation ne seraient à
la disposition de lhumanité sil ny avait la grâce et la bonté du
Christ. Il est évident que les bénédictions inconditionnelles de lExpiation sont
imméritées, mais que les conditionnelles ne sont pas non plus entièrement méritées.
En vivant fidèlement et en gardant les commandements de Dieu, on peut recevoir des
bénédictions supplémentaires; mais elles sont malgré tout données libéralement, pas
entièrement gagnées. Elles sont toujours et dans tous les cas le fait de la grâce de
Dieu. Les Écritures modernes disent formellement que «il ny a aucune chair qui
puisse demeurer en la présence de Dieu, si ce nest par les mérites, et la
miséricorde, et la grâce du saint Messie» (2 Né. 2:8).
LÉglise est également formelle en ce qui concerne le salut des petits enfants, des
handicapés mentaux, de ceux qui ont vécu sans jamais entendre lÉvangile de
Jésus-Christ et ainsi de suite: ceux-ci sont rachetés par le pouvoir universel de
lexpiation du Christ et auront loccasion de recevoir la plénitude de
lÉvangile dans le monde desprit (voir Salut des morts).
Pour satisfaire aux exigences de lExpiation, le Christ, qui était sans péché, est
dabord allé au jardin de Gethsémané pour y connaître lagonie spirituelle
de lâme que lui seul pouvait supporter. «Il commença à éprouver de la frayeur
et des angoisses», disant à ses trois disciples principaux : «Mon âme est triste
jusquà la mort » (Marc 14:34). Les laissant monter la garde, il alla plus loin
dans le jardin, où il allait subir «les souffrances de tous les hommes, oui, les
souffrances de tous les êtres vivants, tant des hommes que des femmes et des enfants, qui
appartiennent à la famille dAdam» (2 Né. 9:21). Là il «[lutta et gémit] sous
un fardeau dont aucun autre être qui a vécu sur la terre ne pourrait même concevoir la
possibilité» (JC, p. 745).
Lexpiation du Christ répondait aux exigences de la justice et de ce fait payait la
rançon et rachetait les âmes de tous les hommes, femmes et enfants «afin que ses
entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair, afin quil sache, selon
la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités» (Alma 7:12). Ainsi, les
saints des derniers jours enseignent que le Christ «est descendu au-dessous de tout»
y compris de toutes les espèces de maladies, dinfirmités et de désespoir
ressenties par chaque mortel «en sorte quil a compris toutes choses, afin
dêtre en tout et à travers tout, la lumière de la vérité» (D&A 88:6).
Cest essentiellement dans le jardin de Gethsémané quil a senti cette
angoisse spirituelle sonder les profondeurs de la souffrance et de la douleur humaines.
Cest là quil était «en agonie» et «priait plus instamment». Cest
là que sa sueur «devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre» (Lu. 22:44)
car il saigna «à chaque pore» (D&A 19:18). Cest là quil entreprit la
marche finale vers le Calvaire.
La majesté et le triomphe de lExpiation atteignirent leur point culminant quand,
après des mauvais traitements sans nom de la part des soldats romains et dautres,
le Christ supplia sur la croix: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font»
(Lu. 23:34). Le pardon était la clef du sens de toute la souffrance quil était
venu endurer.
Cette mission si absolument solitaire et atroce est exprimée de manière poignante dans
ce presque dernier cri, le plus douloureux de tous: «Éli, Éli, lama sabachthani?
c'estàdire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'astu abandonné ?» (Mt.
27:46). Dans les profondeurs de cette angoisse, la nature elle-même a été ébranlée :
«Il y eut des ténèbres sur toute la terre
Le soleil sobscurcit
le
voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusquen bas, la terre trembla,
les rochers se fendirent» (Lu. 23:43-45; Mt. 27:51-52). Finalement, même ce qui était
apparemment insupportable fut supporté et Jésus dit: «Tout est accompli» (Jn. 19:30),
puis en disant: «Père, je remets mon esprit entre tes mains», «il expira» (Lu.
23:46). Les saints des derniers jours croient que toutes les langues confesseront un jour,
quelque part, comme le centurion romain à la crucifixion: «Assurément, cet homme était
Fils de Dieu» (Mt. 27:54).
«Le Sauveur devient ainsi maître de la situation : la dette est payée, la rédemption
faite, lalliance accomplie, la justice satisfaite, la volonté de Dieu faite et tout
pouvoir est maintenant remis entre les mains du Fils de Dieu : le pouvoir de la
résurrection, le pouvoir de la rédemption, le pouvoir du salut
Il devient
lauteur de la vie éternelle et de lexaltation. Il est le Rédempteur, le
Ressusciteur, le Sauveur de lhomme et du monde» (Taylor, p. 171). En outre, son
expiation touche toute vie : animaux, poissons, oiseaux et la terre elle-même.
Cest, pour la femme et lhomme qui réfléchissent, «une source
détonnement sans bornes» (AF, p. 100) que le sacrifice volontaire et
miséricordieux dun seul être puisse satisfaire aux exigences infinies et
éternelles de la justice, expier toutes les transgressions et tous les méfaits humains,
et amener ainsi toute lhumanité dans les bras protecteurs de son étreinte
compatissante. Un président et prophète de lÉglise des saints des derniers jours,
écrivant à ce sujet, a déclaré:
« Dune certaine manière, mystérieuse et incompréhensible, Jésus a assumé la
responsabilité qui aurait normalement incombé à Adam, mais qui ne pouvait être
accomplie que par sa propre Médiation, et en prenant sur lui leurs souffrances, en
assumant leurs responsabilités et en supportant leurs transgressions ou leurs péchés.
Dune manière qui est incompréhensible et inexplicable pour nous, il a pris sur lui
le poids des péchés du monde entier, non seulement dAdam, mais de sa postérité;
et en faisant cela, il a ouvert le royaume des cieux non seulement à tous les croyants et
à tous ceux qui ont obéi à la loi de Dieu, mais à plus de la moitié de la famille
humaine qui meurt avant datteindre la maturité aussi bien quaux païens qui,
étant morts sans loi, ressusciteront, grâce à sa médiation, sans loi, et seront jugés
sans loi, et participeront ainsi
aux bénédictions de son expiation» [Taylor, pp.
148-149].
Les saints des derniers jours chantent un de leurs cantiques préférés, écrit par
Charles H. Gabriel, qui exprime leurs sentiments les plus profonds concernant ce don, le
plus grand de tous:
Merveilleux lamour que Jésus, le Christ, ma donné !
Avec quelle grâce souvent il ma pardonné !
Je tremble dapprendre quil mourut pour moi, pécheur,
Souffrant sur la croix pour que jobtienne le bonheur.
Oh ! que cest merveilleux que son amour pour moi
Lait fait mourir pour moi !
Oh ! que cest merveilleux, merveilleux pour moi!
[Cantiques, n° 117].
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nibley, Hugh W. The Atonement of Jesus Christ, Ensign 20, juillet 1990, pp.
18-23; août 1990, pp. 30-34; sept. 1990, pp. 221-226; oct. 1990, pp. 26-31.
Taylor, John. The Mediation and Atonement. Salt Lake City, 1882.
Jésus-Christ : Prophéties
sur Jésus-Christ
Auteur : WALKER, GARY LEE
La Bible
abonde en prophéties sur la naissance, le ministère terrestre et le ministère de
Jésus-Christ après la Résurrection. De plus, les Écritures modernes utilisées par les
membres de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le Livre de
Mormon, qui porte le sous-titre moderne «un autre témoignage de Jésus-Christ», les
Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix contiennent de nombreux passages
prophétiques au sujet du Messie qui sont en général plus claires que ceux de la Bible.
Pour les saints des derniers jours, ces quatre volumes dÉcriture constituent les
sources principales des prophéties sur la vie et la mission de Jésus. Cet article passe
en revue les prophéties sur Jésus les plus souvent mentionnées par les saints des
derniers jours.
Le Nouveau Testament enseigne que la divinité de Jésus-Christ a été reconnue par
certains dès son vivant, aussi bien que par les prophètes antiques de Dieu. Par exemple,
André a annoncé à son frère Simon Pierre quil avait trouvé le Messie (Jn.
1:41). Les prophètes du Livre de Mormon Abinadi et Néphi 2, fils dHélaman 2, ont
enseigné que tous les prophètes de Dieu, notamment Moïse et Abraham: «ont témoigné
de la venue du Christ» (Mos. 13:33 ; Hél. 8:16-22 ; cf. Jcb. 4:4).
Les Écritures sont riches en détails prophétiques sur la naissance de Jésus. Ésaïe
déclare : «Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui
donnera le nom dEmmanuel» (És. 7:14), passage dont Matthieu dit quil
sapplique à Jésus (Mt. 1:22-23). Michée proclame poétiquement : «Et toi,
Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui
dominera sur Israël, et dont lorigine remonte aux temps anciens, aux jours de
léternité» (Mi. 5:2). Parmi les peuples du Livre de Mormon, Néphi 1 a prédit
que «six cents ans après le moment où mon père [Léhi] quitta Jérusalem» le Sauveur
serait suscité (1 Né. 10:4 ; 19:8). Samuel le Lamanite (vers 6 av. J.-C.) a parlé à
une génération sceptique des signes qui seraient donnés sur le continent américain
pour accompagner la naissance du Christ (Hél. 14:2-8). Il sagirait de
lapparition dune nouvelle étoile et de deux jours et une nuit sans obscurité
(Hél. 14:4-5).
Certaines prophéties de la naissance du Messie se sont accomplies quand lange du
Seigneur a annoncé aux bergers près de Bethléhem : «Cest
quaujourdhui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le
Christ, le Seigneur» (Luc 2:11). De lautre côté du monde, le jour avant sa
naissance, le Seigneur a annoncé à son prophète Néphi 3 «Prends courage, car voici,
le moment est proche, et cette nuit le signe sera donné, et demain je viens au monde,
pour montrer au monde que j'accomplirai tout ce que j'ai fait dire par la bouche de mes
saints prophètes» (3 Né. 1:13).
Les saints des derniers jours croient que la mission de Jésus-Christ est connue depuis
les temps les plus reculés. Lange du Seigneur a déclaré à Adam que le Fils
était «le Fils unique du Père depuis le commencement» et quAdam serait
«racheté, ainsi que toute l'humanité, tous ceux qui le veulent», sils «se
repentent et invoquent dorénavant Dieu au nom du Fils» (Moï. 5:8-9). Le message que
Jésus-Christ est lAvocat, le Rédempteur et le Médiateur et que «il n'y a aucune
autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme puisse être sauvé, si ce n'est
par le sang expiatoire de Jésus-Christ» (Hél. 5:9), a été répété par les
représentants de Dieu à toutes les époques (voir Moï 5:14-15 ; És. 53:4-5 ; Ac 4:12 ;
2 Né. 2:9-10 ; 9:6-7 ; Mos. 4:8 ; 5:8 ; Al. 11:40 ; D&A. 45:3).
On trouve des événements de la vie et du ministère mortels de Jésus dans de nombreuses
prophéties. Dans la Traduction que Joseph Smith a faite de la Bible (TJS), un passage
révélateur dit que «Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et fut dans
lattente du Seigneur et du moment de son ministère
[et] on ne pouvait pas
non plus linstruire» (TJS Mt. 3:24-25). Néphi 1 a vu dans une vision et le roi
Benjamin a appris dun ange que le Sauveur accomplirait des guérisons, chasserait
des démons et ressusciterait des morts (1 Né. 11:31 ; Mos. 3:5-6). Selon les auteurs du
Nouveau Testament, lentrée triomphale de Jésus à Jérusalem sur une bête de
somme était connue de Zacharie (Za. 9:9 ; Mt. 21:5 ; Jn. 12:14-15), de même que le fait
quil serait trahi pour trente pièces dargent (Za. 11:12-13 ; Mt. 27:9-10). De
lange, le roi Benjamin a appris que du sang lui sortirait «de chaque pore, si
grande sera son angoisse [de Jésus] pour la méchanceté et les abominations de son
peuple» (Mos. 3:7). Le rejet du Christ par son propre peuple a été prophétisé par
lui-même et par dautres (par exemple Ps. 69:8 ; Mos. 15:5 ; 3 Né. 9:16 ; Jn.
1:11).
De nombreuses années avant lévénement, des prophètes tels que Hénoc et Néphi 1
ont vu le Seigneur élevé sur la croix (Moï 7:47, 55 ; 1 Né. 11:33). Ésaïe a
prophétisé que le serviteur, homme de douleur, ferait «son sépulcre parmi les
méchants, son tombeau avec le riche» (És. 53:9). Le prophète Abinadi, dans le Livre de
Mormon (vers 150 av. J.-C.), associe ce passage dÉsaïe à Jésus (Mos. 15) et son
accomplissement est rapporté par Luc (23:32-33). Matthieu parle des perturbations
naturelles qui se sont produites au moment où Jésus a donné sa vie (Mt. 27:50-54),
événements dont Zénos avait eu la vision des centaines dannées plus tôt (1 Né.
19:10-12).
Le Christ a prédit sa mort et sa résurrection quand on lui a demandé un signe :
«Détruisez ce temple [corps physique] et en trois jours je le relèverai» (Jn. 2:19).
Les anciens savaient que Jésus finirait par vaincre la mort, parce que Dieu a dit à
Hénoc : «Je ferai descendre la justice des cieux, et je ferai monter la vérité de la
terre, pour rendre témoignage de mon Fils unique, de sa résurrection des morts, oui, et
aussi de la résurrection de tous les hommes» (Moï. 7:62). Plus tard, des hommes
inspirés dAmérique ont été informés de cet événement. Néphi 1, Jacob,
Benjamin et Samuel ont proclamé le moment où le Christ «donne sa vie selon la chair et
la reprend par le pouvoir de l'Esprit, afin de réaliser la résurrection des morts,
étant le premier à ressusciter» (2 Né. 2:8 ; cf. 1 Né. 10:11 ; Mos. 3:10 ; Hél.
14:15-17).
Ésaïe annonce le ministère de Jésus-Christ dans la prison desprit (1 Pi.
3:18-19) quand il écrit que «après un grand nombre de jours [les prisonniers
rassemblés dans la fosse] seront visités» (KJV És. 24:22). La section 138 des Doctrine
et Alliances contient une vision de cet événement, reçue par Joseph F. Smith, un
prophète moderne, quand il a vu «les multitudes des morts, petits et grands
attendant lavènement du Fils de Dieu dans le monde des esprits pour annoncer leur
rédemption des liens de la mort» (D&A. 138:11, 16).
Les justes des temps passés ont espéré lavènement de Jésus-Christ. Jésus a dit
à ses disciples : «Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni lheure» de
la venue du Fils de lhomme (Mt. 25:13 ; cf. D&A. 49:6-7) et a ajouté quil
viendrait «comme un voleur dans la nuit» (1 Th. 5:2 ; Ap. 3:3 ; 16:15). Il a révélé
à Joseph Smith quune révélation universelle serait donnée de sorte que «toute
chair à la fois [le] verra» (D&A. 101:23 ; cf. És. 40:5). Ésaïe a vu
davance des événements de la Seconde Venue (És. 63-66), de même que Daniel,
Michée, Zacharie et Malachie (Da. 7:13 ; Mi 1:3 ; Za. 12:10 ; 13:6; Mal. 3:12). Quand il
est apparu parmi les Néphites, le Seigneur ressuscité a parlé de son retour triomphal
final sur la terre en citant les chapitres 3 et 4 de Malachie (3 Né. 24-25).
Le prophète Joseph Smith a clarifié et amplifié les prophéties des événements
entourant la seconde venue de Jésus, notamment le rétablissement de lÉvangile
(D&A. 133:36-37), la résurrection des morts (D&A. 88:95-102), le début du
millénium (D&A. 43:30-31) et lenchaînement de Satan pendant mille ans
(D&A. 45:55). Les prophètes anciens et modernes ont prédit quaprès mille ans
de paix, Satan serait délié et que la bataille finale entre le bien et le mal aurait
lieu (Ap. 20:7-8 ; D&A. 43:31). Jean le Révélateur et le prophète ancien Éther,
qui ont tous deux eu la vision de tous ces événements, ont vu le renouvellement de la
terre et létablissement de la nouvelle Jérusalem (Ap. 21 ; Ét. 13:1-10). Cette
ville naura «besoin ni du soleil ni de la lune pour léclairer; car la gloire
de Dieu léclaire, et lagneau est son flambeau» (Ap. 21:23).
Bibliographie
Jackson, Kent P. "The Beginnings of Christianity in the Book of Mormon". Dans
The Book of Mormon: The Keystone Scripture, dir. de publ. P. Chessman. Provo, Utah, 1988.
Matthews, Robert J. "The Doctrine of the Atonement The Revelation of the
Gospel to Adam." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson,
Vol. 2, pp. 111-29. Salt Lake City, 1985.
Matthews, Robert J. A Bible! A Bible! Salt Lake City, 1990.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah. Salt Lake City, 1982.
GARY LEE WALKER
Jésus-Christ : Premier-né dans lesprit
Auteur : GILES, JERRY C.
Un
principe fondamental des enseignements de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours est lidée que tous les êtres humains sont nés fils et filles
desprit de parents célestes avant de naître mortels de parents terrestres. Les
saints des derniers jours croient que lenfant desprit aîné et premier-né de
Dieu est Jéhovah et que cest lui qui est né plus tard avec un corps physique de
Marie pour être Jésus-Christ. Cest-à-dire que le Jéhovah de lAncien
Testament est devenu le Jésus-Christ du Nouveau Testament quand il est né dans la
condition mortelle. Le Psalmiste appelle le Messie le premier-né (Ps. 89:28) et
lapôtre Paul qualifie Jésus de «premier-né entre plusieurs frères» (Ro. 8:29 ;
cf. Hé. 2:17) et de «premier-né de toute la création» (Col. 1:15). La déclaration la
plus autorisée sur le sujet est sans aucun doute celle du Sauveur lui-même, qui a
déclaré au prophète Joseph Smith: «Jétais au commencement avec le Père et je
suis le Premier-né» (D&A. 93:21 ; voir aussi Église du Premier-né). En 1909, la
Première Présidence de lÉglise a déclaré :
«Le Père de Jésus est aussi notre Père. Jésus lui-même a enseigné cette vérité,
quand il a dit à ses disciples comment prier : «Notre Père qui es aux cieux», etc.
Toutefois, Jésus est le premier-né parmi tous les fils de Dieu le premier-né
dans lesprit et le fils unique dans la chair. Il est notre frère aîné et nous
sommes, comme lui, à limage de Dieu. Tous les hommes et femmes sont à la
ressemblance du Père et de la Mère universels et sont littéralement les fils et les
filles de la Divinité» [MFP 4:203].
[Voir aussi «Origin of Man», inclus dans les Exposés doctrinaux de la Première
Présidence dans lAnnexe.]
JERRY C. GILES
Jésus-Christ : Fils unique dans la chair
Auteur : HANSEN, GERALD, JR.
Les
Écritures anciennes et modernes utilisent le titre Fils unique pour souligner la nature
divine de Jésus-Christ. Les saints des derniers jours reconnaissent Jésus comme étant
littéralement le Fils unique de Dieu le Père dans la chair (Jn. 3:16 ; D&A. 93:11 ;
Moï. 6:52). Ce titre signifie que le corps physique de Jésus est la progéniture
dune mère mortelle et du Père éternel (Lu 1:35, 1 Né. 11:18). Cest un
point de doctrine de lÉglise que Jésus-Christ est lenfant de Marie et de
Dieu le Père, «non pas en violation des lois naturelles, mais conformément à une
manifestation supérieure de celles-ci» (JC, p. 97).
Le fait que Jésus est le Fils littéral de Dieu dans la chair est crucial pour
lExpiation, quun homme ordinaire naurait pas pu accomplir. À cause de
la Chute dAdam, toute lhumanité est sujette à la mort physique et est exclue
de la présence de Dieu. La famille humaine est incapable de se sauver elle-même. La loi
divine exigeait le sacrifice dun être sans péché, infini et éternel
dun Dieu de quelquun qui nétait pas dominé par la Chute, pour
racheter lhumanité de son état perdu et déchu (Al. 34:9-14 ; cf. 42:15). Ce prix
de la rédemption était plus que ce quun quelconque mortel pouvait payer et
comprenait les souffrances spirituelles et la torture à Gethsémané (Lu. 22:44 ; Mos.
3:7 ; D&A. 19:18). Pour accomplir lExpiation par la mort et la résurrection
physiques, il était nécessaire que Jésus puisse déposer son corps physique et aussi le
reprendre. Il ne pouvait le faire que parce quil avait la vie en lui-même,
quil avait héritée de Dieu son Père (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Le Christ a hérité
de sa mère mortelle la capacité de mourir et de son Père immortel le pouvoir de se
ressusciter. Mourir a été pour lui un acte volontaire et délibéré pour
lhumanité, rendu possible seulement parce quil était le Fils unique du Père
(D&A. 20:18-26).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, pp. 467-73. Salt Lake City, 1978.
GERALD HANSEN, JR.
Jésus-Christ : Naissance de Jésus-Christ
Auteur : SKINNER, ANDREW C.
Les
Écritures modernes affirment sans équivoque que la naissance de Jésus-Christ a été
lavènement dans la condition mortelle dun Dieu réel, dun deuxième
membre distinct de la Divinité. Adam a été assuré de la rédemption par le Fils unique
du Père et chaque vrai prophète a eu lespoir de la gloire du Christ (Moï. 5:6-10
; Jcb. 4:4).
Les prophéties et les récits bibliques de la naissance de Jésus sont confirmés et
amplifiés dans les Écritures modernes. Tandis que le récit de la naissance dans
Matthieu met laccent sur la royauté du Christ (en attirant lattention sur les
mages, le roi Hérode et Bethléhem, ville du roi David) et le récit de Luc accentue
lhumilité et la sainteté de Jésus (en mentionnant lhumble crèche, les
bergers et les churs célestes), le Livre de Mormon se concentre sur sa venue comme
accomplissement du plan dun Dieu aimant qui a été établi dès avant la fondation
du monde.
Le moment de la naissance de Jésus, ainsi que les buts de son ministère terrestre, ont
été fixés dans la vie prémortelle (voir Conseil dans les cieux ; Moï. 4:1-4 ; 1 Né.
10:2-4 ; Mos. 3:5-10). Néphi 1, prophète du Livre de Mormon, rapporte une vision
détaillée de la naissance attendue du Sauveur peu de temps après 600 av. J.-C. (1 Né.
11:7-24). Il y voit, dans la ville de Nazareth, une vierge qui est ravie en esprit. Il la
revoit ensuite avec, dans les bras, un enfant quun ange identifie comme étant le
Fils de Dieu. Néphi qualifie la venue du Christ comme une condescendance de Dieu, ce que
lon peut comprendre de deux façons : dabord, en ce que Dieu le Père,
personnage parfait et glorifié de chair et dos, a condescendu à devenir le père
dune progéniture mortelle, née de Marie ; et en second lieu, en ce que Jésus
(Jéhovah), le Dieu qui a créé des mondes sans nombre (Moï. 1:32-33 ; Jn. 1:1-4, 14 ;
Hé. 1:1-2), sest volontairement soumis à toutes les épreuves et toutes les
souffrances de la condition mortelle (Mos. 3:5-8 ; MD, p. 155).
Pour les saints des derniers jours, la paternité de Jésus nest pas obscure. Il
était le Fils littéral et biologique dun Père immortel et tangible et de Marie,
une femme mortelle (voir Naissance virginale). Jésus est la seule personne née qui
mérite le titre de «Fils unique de Dieu» (Jn. 3:16 ; Benson, p. 3 ; voir Jésus-Christ
: Fils unique dans la chair). Il nétait pas le fils du Saint-Esprit ; ce nest
que par le Saint-Esprit que le pouvoir du Très-Haut a recouvert Marie (Lu. 1:35 ; 1 Né.
11:19).
Lendroit où la nativité devait se produire était un sujet de polémique publique
du temps de Jésus (Jn. 7:40-43). Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, vers 83 av.
J.-C., prédit que le lieu de naissance du Christ serait «à Jérusalem, qui est le pays
de nos ancêtres» (Al. 7:10), faisant allusion à la région entourant la ville
elle-même : «Le Christ naquit dans un village à une dizaine de kilomètres de la ville
de Jérusalem
dans ce que nous savons maintenant que les anciens eux-mêmes
appelaient le pays de Jérusalem» (CWHN 6:102).
La Bible et le Livre de Mormon rapportent lapparition de grands signes en Amérique
au moment de la naissance du Messie au profit des fidèles. Par exemple, vers 6 av. J.-C.,
Samuel le Lamanite prophétise que des lumières apparaîtront dans le ciel et quil
ny aura pas dobscurité pendant la nuit où naîtrait le Christ (Hél.
14:3-7). Le jour où la prophétie des cinq années de Samuel était sur le point
dexpirer et où les incroyants étaient par conséquent sur le point
dexécuter ceux qui avaient cru en ses paroles, les prophéties de Samuel sur la
naissance du Sauveur se sont accomplies (3 Né. 1:4-23). Dans le Nouveau Monde, comme dans
le vieux, «des anges apparurent à des hommes, à des sages, et leur annoncèrent la
bonne nouvelle dune grande joie» (Hél. 16:14). [Voir aussi Six avril ; Livre de
Mormon Chronologie ; Noël.]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come Unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Brown, Raymond E. The Birth of the Messiah. Garden City, N.Y., 1977.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, pp. 313-366. Salt Lake City, 1981.
ANDREW C. SKINNER
Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ
Auteur : SCHAELLING, J. PHILIP
Au
commencement de son ministère public, Jésus est allé de Galilée jusquau Jourdain
où il a été baptisé par Jean-Baptiste. Il «shumilie devant le Père» et lui
témoigne «quil lui obéira» (2 Né. 31:7). Pour des saints des derniers jours cet
événement montre que Jésus a enseigné par son propre exemple que tous les hommes
doivent être baptisés par immersion par quelquun ayant lautorité. Toutes
les personnes doivent également recevoir le Saint-Esprit pour obtenir le témoignage de
Jésus (voir Jn. 1:32-34 ; Ap. 1:2 ; 19:10) et entrer dans le royaume des cieux.
Jésus a été baptisé par immersion par Jean, qui avait été ordonné à lâge de
huit jours par un ange de Dieu pour «pour aplanir le chemin du Seigneur» (D&A.
84:28). Pendant que Jésus sortait de leau, Jean a vu les cieux ouverts et
lEsprit de Dieu descendre sur Jésus (voir Colombe, le signe de la) et la voix de
Dieu le Père a déclaré à Jean : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui jai
mis toute mon affection» (Mt. 3:17). Ensuite Jean a rendu témoignage que Jésus était
le Fils de Dieu (Jn. 1:33-34 ; D&A. 93:15-17). Au baptême de Jésus, chacun des trois
membres de la Divinité sest manifesté, révélant ainsi lidentité séparée
du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Beaucoup se sont demandé pourquoi Jésus avait besoin du baptême, puisquil était
sans péché. Certains y ont vu «un acte de simple obéissance docile de la part du
Parfait» (A. Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah, réimpression, Grand Rapids,
Mich., 1971, p. 280) ; dautres ont suggéré que Jésus se trouvait encore devant
«la possibilité dun péché subtil : le péché de reculer devant ce qui pourrait
lattendre» et quil sest donc fait baptiser pour se fortifier par «une
consécration totale» et pour exprimer à sa nation «lurgence de
lengagement» (Interpreter's Bible, vol. 8, p. 78).
Les saints des derniers jours, quant à eux, retirent de la Bible et du Livre de Mormon
que Jésus sest fait baptiser «pour accomplir tout ce qui est juste», ce qui
signifie que Jésus sest humilié devant le Père, a témoigné au Père quil
lui obéirait et a de ce fait montré à humanité létroitesse de la porte qui
mène à la vie éternelle (2 Né. 31:6-9). En se soumettant au baptême Jésus «a donné
lexemple» à toute lhumanité, car si Jésus, étant saint, a été baptisé
«pour accomplir tout ce qui est juste
a combien plus forte raison nous, qui ne
sommes pas saints, avons-nous besoin dêtre baptisés ?» (2 Né. 31:5 ; voir aussi
AF, chap. 6). Ceux qui suivent son exemple et son Évangile dun cur pleinement
résolu, avec honnêteté devant Dieu et «avec une intention réelle, se repentant [de
leurs] péchés», reçoivent la promesse quils recevront le baptême du feu et du
Saint-Esprit et pourront «parler dans la langue des anges et crier des louanges» à Dieu
(2 Né. 31:13).
Bibliographie
Farley, S. Brent. "The Baptism and Temptation of Jesus". Dans Studies in
Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millett, Vol. 5, pp. 175-187. Salt Lake City,
1986.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, pp. 399-404. Salt Lake City, 1979.
J. PHILIP SCHAELLING
Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ
Auteur : PETERSON, DANIEL C.
Le rôle
central joué par le ministère terrestre de Jésus dans la doctrine et la croyance des
saints des derniers jours est bien exprimé dans la déclaration de Joseph Smith que «les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des
prophètes concernant Jésus-Christ, quil est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont
trait à notre religion nen sont que des annexes» (EPJS, p. 95 ; HC 3:30).
Les saints des derniers jours partagent avec beaucoup dautres chrétiens la
conviction que les quatre évangiles du Nouveau Testament et Ac. 1:1-11 sont
essentiellement des récits historiques exacts du ministère terrestre de Jésus-Christ.
Sans être des inerrantistes bibliques, leur confiance en la Bible est renforcée de deux
manières uniques : Dabord, ils croient que des éléments bien précis du
ministère terrestre du Christ ont été révélés à lavance aux prophètes
préchrétiens. Ces révélations saccordent avec les récits ultérieurs des
évangiles. En second lieu, ils croient que Jésus ressuscité a lui-même affirmé
beaucoup de détails de ce récit biblique. Ainsi, le Livre de Mormon et dautres
textes du canon des Écritures propre aux saints des derniers jours sont considérés
comme «prouvant au monde que les Saintes Écritures sont vraies» (D&A. 20:11 ; cf. 1
Né. 13:39).
Beaucoup de prophètes savaient, par exemple, davance que le Fils de Dieu viendrait
sur terre prendre un corps physique (1 Né. 13:42 ; Én. 1:8 ; Mos. 3:5 ; Hél. 8:13-22 ;
Ét. 3:15-17). La date approximative de son avènement était également connue (1 Né.
10:4 ;19:8; 2 Né. 25:19 ; Hél. 14:2). Plusieurs croyants de lantiquité ont eu la
faveur de le voir avant son avènement dans la condition mortelle (2 Né. 2:4 ;11:2 ; Al.
19:13 ; Ét. 3:14 ; 9:22 ; D&A. 107:49, 54 ; Moï. 1:2 ; 7:4 ; Abr. 2:6-11 ; cf. És.
6:1-3). Son nom-titre, Jésus-Christ (c.-à-d., «Sauveur oint») était connu longtemps
à lavance, de même que le nom et la virginité de sa mère, et le lieu de sa
naissance (1 Né. 11:13-14, 18-20 ; 2 Né. 25:19 ; Mos. 3:8 ; Al. 7:10 ; Ét. 3:14 ; Moï.
6:52, 57 ; 7:50; cf. Mi. 5:2). Les prophètes de lantiquité ont annoncé son
baptême, prédisant même lendroit et des détails précis de la mission de
Jean-Baptiste (1 Né. 10:8-10). Néphi 1 savait que le Sauveur appellerait douze apôtres
pour laider dans son ministère (1 Né. 11:34-36 ; 12:9 ; 13:26, 40-41 ; 14:20, 24,
27) et le roi Benjamin a prophétisé sur ses nombreux miracles (Mos. 3:5-6). La mort
expiatoire de Jésus par la crucifixion était bien connue des prophètes préchrétiens,
qui comprenaient quelle saccompagnerait de trois jours de ténèbres
précédant sa résurrection (1 Né. 10:11 ; 11:33 ; 19:10 ; 2 Né. 25:14 ; Mos. 3:9-10 ;
Al. 7:11 ; Hél. 14:14, 20, 27 ; Moï. 7:55). En fait, les pratiques sacrificatoires à
partir dAdam, notamment les rituels de la loi de Moïse, préfiguraient le Christ
et, en outre, ont été reconnues comme telles par beaucoup de ceux qui les ont accomplies
(Jcb 4:5 ; Moï. 5:5-7).
Les Écritures postérieures de lÉglise, notamment les paroles de Jésus
ressuscité lui-même, confirment des détails du Nouveau Testament tels que lunité
du sermon sur la montagne (3 Né. 12-14) et lauthenticité de certaines de ses
paroles séparées (3 Né. 15:12-24). Sa souffrance dans le jardin de Gethsémané est
attestée (D&A. 19:18 ; cf. Mos. 3:7), de même que sa crucifixion (D&A. 20:23 ;
21:9 ; 35:2 ; 45:52 ; 46:13 ; 53:2), sa résurrection le troisième jour (Mrm. 7:5 ;
D&A. 18:12 ; 20:23) et le fait quil est le Sauveur plein de souffrances attendu
depuis longtemps (3 Né. 11:10-11). Il est dit que ses douleurs terrestres le qualifient
comme Médiateur entre Dieu et lhomme (D&A. 45:4 ; cf. És. 53:12). Dans des
textes tels que la section 7 des Doctrine et Alliances et la traduction de la Bible par
Joseph Smith (TJS), les saints des derniers jours croient quils se sont vu accorder
des renseignements plus complets sur le ministère palestinien de Jésus. (Chose
intéressante, la TJS précède laccent mis par les savants modernes sur le
caractère individuel des évangiles du Nouveau Testament en qualifiant chacun comme
«témoignage» de son auteur respectif. Cette même vue semble être à la base de
Doctrine et Alliances 88:141.)
Les récits des évangiles documentent et soulignent la compréhension que les saints des
derniers jours ont du ministère terrestre de Jésus, en qui ils voient Dieu physiquement
parmi son peuple. Non seulement Jésus a accompli des miracles, exprimant de ce fait son
pouvoir tant sur les démons que sur les éléments naturels, mais il a explicitement
affirmé son unité de but avec le Père (Jn. 14:8-10 ; 17:21) et le fait quil est
le Jéhovah de lAncien Testament (Jn. 8:56-59). Alors que Moïse est monté la
montagne pour recevoir la vieille loi, Jésus est monté sur une montagne pour en
proclamer une nouvelle (cf. 3 Né. 15:4-5). Moïse lui-même était présent lors de la
transfiguration (Mt. 17:1-8). Les Écritures modernes confirment en outre le portrait
chaleureux que les évangiles du Nouveau Testament font de la compassion de Jésus pour
les pécheurs, de son souci pour les pauvres et de son amour pour les enfants. Ils le
dépeignent comme un Maître populaire qui enseignait à laide de paraboles,
prêchait dans les synagogues, affrontait lhypocrisie et sattirait
lamour et ladmiration de beaucoup de ses auditeurs.
Les saints des derniers jours se rappellent aussi la réaction des auditeurs de Jésus
lors du sermon sur la montagne : «Car il enseignait comme ayant autorité, et non pas
comme leurs scribes» (Mt. 7:29). De même quil ne faisait pas appel aux pouvoirs
dautres personnes pour accomplir des miracles, Jésus navait besoin
daucun précédent pour justifier ses enseignements. Il avait en lui-même pouvoir
sur la mort, tant sur celle des autres (comme dans la guérison de Lazare, de la fille de
Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn) que sur sa propre mort (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Les
saints des derniers jours partagent donc avec les autres chrétiens la conviction que
Jésus de Nazareth est celui qui les rachète de la mort. Mais il est également la source
de lautorité dans la prêtrise, qui a appelé et a autorisé des hommes ordinaires
et non formés à le servir dans une église nouvellement organisée et, agissant pour lui
en sa qualité de «bon Berger», de «paître ses brebis» (Jn. 21:15-17) tant par les
enseignements que par les ordonnances de la prêtrise. Ils rejettent laffirmation
selon laquelle il existerait une dichotomie entre le sacerdotal et le prophétique dans
son ministère. Ils notent quil a enseigné la nécessité du baptême et quil
sest soumis lui-même à cette exigence (Jn. 3:1-5 ; Mt. 3:15). Ils se rappellent
quil révérait le temple de son époque et attendait des autres quils fassent
de même (Lu. 2:41-50 ; Jn. 2:13-17).
La compréhension quont les saints des derniers jours du rôle de la foi et des
uvres dans le salut est fondée sur linsistance de Jésus que lamour
pour lui sexprime par lobéissance à ses commandements (Jn. 14:15 ; cf. Jn.
15:14 ; Mt. 5-7). Son invitation à ses disciples dêtre parfaits (Mt. 5:48) est
rendue plausible par le fait quil a surmonté les mêmes tentations qui les
assaillaient (Hé. 4:15-16 ; Mt. 4:1-11 ; Lu. 4:1-13) et quil a souffert pour leurs
transgressions (Mos. 3:7 ; És. 53:3-12). En effet, les saints des derniers jours
apprennent par leurs Écritures que cest au moins en partie grâce à
lexpérience acquise et à lempathie obtenue pendant son séjour terrestre que
Jésus sait comment pourvoir aux besoins de ceux qui ont confiance en lui (Al. 7:12 ;
D&A. 62:1 ; 88:6).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Talmage, James E. JC Salt Lake City 1915.
Taylor, John, The Mediation and Atonement of Jesus Christ. Salt Lake City, 1882, réimpr.
1964.
Jésus-Christ : Crucifixion de Jésus-Christ
Auteur : OAKS, MERRILL C.
La
crucifixion a été la forme dexécution subie par Jésus-Christ sur le Calvaire
comme conclusion nécessaire à son sacrifice expiatoire infini et volontaire commencé à
Gethsémané (voir Expiation de Jésus-Christ). Beaucoup de gens ont soutenu et suivi
Jésus, mais un petit groupe de dirigeants judéens influents, qui étaient en désaccord
avec sa doctrine et se sentaient menacés par sa popularité, ont réussi à le faire
condamner à mort par le gouverneur romain, Ponce Pilate.
Les Écritures modernes donnent le témoignage de prophètes que la crucifixion serait la
méthode par laquelle le Sauveur mourrait (par exemple, 1 Né. 19:10-13 ; 2 Né. 10:3-5 ;
Mos. 3:9 ;15:7; Moï. 7:55). Les Israélites ne crucifiaient pas. Ils accrochaient les
cadavres des condamnés pour les exposer à la honte «à un bois» pendant une partie
dune journée (De. 21:22-23 ; cf. Ac. 5:30), mais pour la crucifixion il était
nécessaire davoir recours à la loi et aux pratiques romaines.
La crucifixion est une forme dexécution probablement inventée par les Perses et
utilisée en Égypte et à Carthage. Les Romains lont perfectionnée pour en faire
une torture visant à produire un maximum de souffrance et une mort lente. Réservée aux
criminels les plus vils et rarement appliquée aux citoyens romains, la crucifixion
était, de manière routinière, précédée dune flagellation du dos, des fesses et
des jambes avec un fouet court constitué de lanières en cuir garnies de petites boules
de fer ou desquilles dos de mouton. On forçait ensuite la victime affaiblie
à porter au moins une partie de la croix jusquà lemplacement de la
crucifixion. Les Romains utilisaient généralement de grands clous pour fixer les
poignets et les paumes à la barre de traverse et les pieds à la partie verticale de la
croix. Les clous causaient une douleur terrible mais ne constituaient pas une menace
immédiate pour la vie. Une personne pouvait vivre dans lagonie pendant des heures
ou même des jours. La position du corps rendait la respiration difficile puisque le fait
dêtre pendu par les bras maintenait la poitrine étendue de sorte que
lexpiration exigeait lutilisation active du diaphragme. Si elle poussait avec
les pieds, la victime relevait son corps, ce qui mettait la poitrine dans une position
plus naturelle et lui facilitait la respiration. Les soldats accéléraient parfois la
mort en brisant les jambes de la victime, la mettant presque dans limpossibilité de
remonter suffisamment le corps pour respirer.
Après être resté pendu à la croix pendant plusieurs heures, Jésus a pardonné aux
soldats qui lavaient crucifié (Lu. 23:34 ; TJS Lu. 23:35) et a volontairement
donné sa vie (cf. Jn. 10:18), remettant son esprit entre les mains de son Père. Les
Romains ont brisé les jambes des deux hommes qui avaient été crucifiés avec Jésus,
mais croyant quil était déjà mort, ils lui ont simplement enfoncé une lance dans
le côté (Jn. 19:33-34).
Bibliographie
Edwards, William D. ; Wesley J. Gabel et Floyd E. Hosmer. On the Physical Death of
Jesus Christ. Journal of the American Medical Association, 255, 1986, pp. 1455-1463.
Hengel, Martin. Crucifixion. Philadelphie, 1977.
Jésus-Christ : Résurrection de Jésus-Christ
Auteur : CALLISTER, TAD R.
Les saints
des derniers jours considèrent la résurrection de Jésus-Christ comme lévénement
le plus glorieux de tous les temps. Ayant le pouvoir de déposer son corps et de «l[e]
reprendre» (Jn. 10:18), le Sauveur a vaincu la mort pour lui-même et pour toute
lhumanité (1 Co. 15:22). La foi des saints des derniers jours en la résurrection
littérale et physique de Jésus est considérablement renforcée par les témoignages
anciens et modernes de nombreux témoins.
Le Livre de Mormon contient des prophéties de la résurrection de Jésus faites des
années avant lévénement proprement dit. Le prophète Néphi 1 a déclaré:
«Voici, ils le crucifieront ; et
il se lèvera dentre les morts» (2 Né.
25:13 ; aussi 1 Né. 19:10). Dans la Bible, Jésus lui-même a prophétisé que «le
troisième jour il ressuscitera» (Mt. 17:23).
Le troisième jour est venu et Jésus est devenu les «prémices de ceux qui sont morts»
(1 Co. 15:20), son esprit se réunissant de manière permanente à son corps dans un état
glorifié et immortel. Son corps ressuscité nétait pas sujet à la souffrance, à
la maladie ou à la mort. Il pouvait traverser les murs ; il pouvait défier les lois
terrestres de la pesanteur ; mais cétait «un corps glorieux» tangible (Ph. 3:21)
composé de chair et dos. Jésus a dit à ses disciples: «Voyez mes mains et mes
pieds, cest bien moi ; touchez-moi et voyez ; un esprit na ni chair ni os,
comme vous voyez que jai» (Lu. 24:39). Il a ensuite mangé du poisson rôti et un
rayon de miel en leur présence comme témoignage supplémentaire de sa nature corporelle.
Les saints des derniers jours se distinguent fermement de ceux qui nient la résurrection
physique de Jésus ou affirment que sa nature divine est seulement spirituelle, ses
apparitions postmortelles nétant que des manifestations physiques ou mystiques
temporaires (Nibley, pp. 156-159). Ils estiment pareil enseignement contraire aux paroles
de Paul, qui enseignait que le Christ ressuscité «ne meurt plus» (Ro. 6:9), voulant
dire que son corps ressuscité ne serait plus jamais séparé de son esprit (Ja. 2:26 ;
Al. 11:45).
Dans son état ressuscité, Jésus a conservé les empreintes des clous dans ses mains et
dans ses pieds comme manifestation spéciale au monde. Ces marques ne sont cependant que
provisoires. Lorsque tous auront confessé quil est le Christ, son corps
ressuscité, comme ceux de toute lhumanité, retrouvera «sa forme propre et
parfaite» (Al. 40:23).
Une fois que ressuscité, Jésus «a obtenu les clefs
[pour] ouvrir les tombeaux
pour tous les hommes» (DS1:129) et avec ces clefs il a ouvert les portes de la
résurrection : «Les sépulcres souvrirent» et «beaucoup de saints sont
ressuscités, et sont apparus à un grand nombre» (Mt. 27:52 ; 3 Né. 23:11).
La résurrection du Christ na pas été cachée. Les témoins de cet événement
étaient aussi légion que divers : les femmes au tombeau (Lu. 24:1-10), Marie dans le
jardin (Jn. 20:11-18), dix apôtres ensemble (Lu. 24:36-43), onze apôtres dont Thomas le
sceptique (Jn. 20:24-29), deux disciples sur le chemin dEmmaüs (Lu. 24:13-24),
«plus de cinq cents frères à la fois» (1 Co. 15:6) et Paul sur le chemin de Damas (Ac.
9:3-9). De tous ces rapports, aucun nest plus profond que celui de son apparition
aux Néphites, où, un par un, 2500 hommes, femmes et enfants «[virent] de leurs yeux et
[touchèrent] de leurs mains, et [connurent] avec certitude
[que cétait
lui]» (3 Né. 11:15). À ces récits, les saints des derniers jours ajoutent les
apparitions modernes du Seigneur ressuscité à Joseph Smith et à dautres (par
exemple, JSH 1:17 ; D&A. 76:22-23).
Jésus-Christ apparaîtra encore dans les derniers jours et témoignera : «Ces blessures
sont celles que jai reçues dans la maison de mes amis» (D&A. 45:52 ; cf. Za.
13:6), visitant tous les royaumes dont il est le créateur (D&A. 88:51-61). Des
témoins honnêtes et crédibles de toutes les époques ont témoigné et témoigneront
encore, comme les anges messagers dautrefois : «Il est ressuscité» (Mt. 28:6).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. «Easter and the Prophets». The World and the Prophets, dans CWHN 3, pp.
154-162.
Romney, Marion G. The Resurrection of Jesus. Ensign 12, mai 1982, pp. 6-9.
Jésus-Christ : Ministère de quarante jours et
autres apparitions de Jésus-Christ après la Résurrection
Auteur : GEE, JOHN
Après sa
résurrection, Jésus a passé une grande partie des quarante jours suivants avec ses
disciples: «parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu» (Ac. 1:3) et leur
ouvrant «lesprit, afin quils comprissent les Écritures», à savoir ce qui
est sur lui «dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes» (Luc
24:44-45). Pour les saints des derniers jours, ces quarante jours sont importants en tant
quéléments du ministère de Jésus. En outre, une partie importante du Livre de
Mormon est consacrée au ministère quil a exercé après sa résurrection sur le
continent américain.
Le Nouveau Testament mentionne le ministère de quarante jours mais ne fournit que des
détails limités. Par exemple, pendant ce temps, Jésus est apparu aux Douze, Thomas
étant présent (Jn. 20:26-29) et a parlé «des choses qui concernent le royaume de
Dieu» (Ac. 1:3). «Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup
dautres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre» (Jn. 20:30). Paul
mentionne que Jésus, un jour, «est apparu à plus de cinq cents frères à la fois» (1
Co. 15:6). Enfin, avant son ascension, Jésus a commandé aux apôtres : «Allez par tout
le monde et prêchez lÉvangile à toute la création» (Mc. 16:15-16 ; cf. Mt.
28:18-20 ; Lu. 24:47-48 ; Jn. 21:15-17 ; Ac. 1:4-5).
Plus de quarante récits extérieurs aux Écritures prétendent dire ce que Jésus a dit
et fait pendant son ministère de quarante jours. Les saints des derniers jours croient
que certains de ces récits, comme les Apocryphes, contiennent «beaucoup de choses qui
sont vraies», mais aussi «beaucoup de choses qui ne sont pas vraies» (D&A. 91).
Ces récits rapportent ce qui suit : Jésus enseigne aux apôtres lÉvangile
quils doivent prêcher au monde. Il parle dune vie prémortelle et de la
création du monde, ajoutant que cette vie est un état probatoire où nous avons le choix
entre le bien et le mal et que ceux qui choisissent le bien pourront retourner dans la
gloire de Dieu. Il prédit les événements des derniers jours, notamment le retour
dÉlie. Il dit aussi aux disciples que lÉglise primitive sera pervertie
après une génération et leur enseigne à se préparer pour les tribulations. Ces
récits apocryphes disent que la résurrection du Christ donne à ses disciples
lespoir de leur propre résurrection en gloire. Outre le salut pour les vivants,
celui des morts est un thème majeur, de même que les ordonnances : le baptême, la
Sainte-Cène ou Eucharistie, lordination des apôtres à lautorité, le fait
quils sont bénis un à un et une initiation ou Dotation (cf. Lu. 24:49,
habituellement appelés «mystères»), laccent étant mis sur les vêtements, le
mariage et les cercles de prière. Ces récits, habituellement appelés secrets (grec
apokryphon ; copte, hep), sont souvent rattachés dune façon ou dune autre au
temple ou comparés à la montagne de la Transfiguration. Parfois on dit que les apôtres
montent au ciel où ils voient des choses merveilleuses. Que tout dans de tels récits
soit vrai ou pas, les actions des apôtres après les visites de Jésus postérieures à
sa résurrection diffèrent radicalement de celles davant.
Beaucoup de gens écartent les récits extérieurs au Nouveau Testament en leur collant
létiquette dapocryphes, le pseudépigraphes, de fiction ou de mythe. Certains
les attribuent à des hallucinations psychologiques que le traumatisme de la mort de
Jésus a suscitées chez les disciples. Dautres rejettent ces traditions parce que
des sectes stigmatisées plus tard comme «hérésies» sen faisaient les
championnes. La plupart les ignorent. Les saints des derniers jours ont généralement
tendance à leur accorder une considération soigneuse, principalement à cause du long
récit détaillé du Livre de Mormon sur le ministère du Christ, après sa résurrection
parmi les Néphites et les Lamanites «qui avaient été épargnés» (3 Né. 11-28).
Beaucoup déléments trouvés dans la littérature des quarante jours du Vieux Monde
apparaissent également dans 3 Néphi dans le Livre de Mormon. Ce récit dit comment
Jésus a été annoncé par son Père à certains des survivants néphites et lamanites et
comment il est descendu du ciel au temple dAbondance pour y instruire la multitude
pendant trois jours. Les gens «[virent] de leurs yeux, et touch[èrent] de leurs mains,
et connu[rent] avec certitude et
témoign[èrent]» que Jésus était ressuscité
dentre les morts (3 Né. 11:13-17). Jésus a choisi douze disciples, leur a donné
lautorité daccomplir des ordonnances et leur a commandé dinstruire
tout le monde (3 Né. 11:18-41 ; 18:36-39 ; 19:4-13 ; Mro. 2). Il a déclaré sa doctrine,
interdisant quon se dispute à son sujet : «Le Père commande à tous les hommes de
partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé,
celui-là sera sauvé» (3 Né. 11:32-33). Les enseignements de Jésus, dont une version
du sermon sur la montagne très semblable à celle contenue dans le Nouveau Testament,
comportent «la loi et les commandements» pour le peuple (3 Né. 12:19). Jésus a guéri
leurs malades, a béni leurs enfants et a prié pour la multitude (3 Né. 17:2-25 ;
19:5-36). Beaucoup ont été transfigurés quand des anges sont descendus pour les servir
(3 Né. 17:22-25 ; 19:14-16). Jésus a institué les ordonnances du baptême et du
sacrement du pain et du vin (3 Né. 11:22-29 ; 18:1-14, 26-35 ; 19:10-13 ; 20:3-9) et a
enseigné à la multitude comment mener une vie exempte de péché (3 Né. 18:12-25). Il a
également enseigné que le péché empêche la participation aux ordonnances, mais il
nest interdit à personne daller à la synagogue ou de se repentir et
daller à lui (3 Né. 18:25-33). Il décrit le futur en termes dalliances
faites avec la maison dIsraël, citant les prophéties de Moïse dans lAncien
Testament (De. 18:15-19 = 3 Né. 20:36-38 ; Ge. 12:3 ; 22:18 = 3 Né. 20:25, 27), Ésaïe
(És. 52:1-3, 6-8, 9-10, 11-15 = 3 Né. 20:36-40, 32, 34-35, 41-45 ; És. 52:8-10 = 3 Né.
16:18-20; És. 52:12, 15 = 3 Né. 21:29, 8; És. 54 = 3 Né. 22), Michée (Mi. 4:12-13 ;
5:8-15 = 3 Né. 20:18-19, 16-17 ; 21:12-18) et Habacuc (Ha. 1:5 = 3 Né. 21:9), que les
restes dIsraël seront rassemblés quand les prophéties dÉsaïe commenceront
à saccomplir et quand les restes commenceront à croire au Christ, le Livre de
Mormon lui-même étant un signe du commencement de ces événements (3 Né. 16:4-20 ;
20:10-23:6 ; 26:3-5). Après inspection de leurs annales, Jésus leur a donné les
prophéties supplémentaires quils navaient pas eues (Mal. 3-4 = 3 Né. 24-25)
et leur a tout expliqué (3 Né. 20:10-26:11).
Des choses encore plus sacrées dites et faites par Jésus pendant sa visite de trois
jours en Amérique nont pas été incluses dans les annales actuelles (3 Né.
26:6-12). Les ministères quil a accomplis après sa résurrection auprès du peuple
de Néphi et des disciples du Vieux Monde nétaient que deux de ceux dont il
sest acquitté et qui ont été enregistrés (3 Né. 15:11-16:3; cf. D&A.
88:51-61 ; EPJS, p. 153). Les saints des derniers jours espèrent se préparer à recevoir
les récits plus complets qui sont encore à venir (2 Né. 29:11-14 ; D&A. 25:9 ;
101:32-35 ; 121:26-33 ; 9e A de F).
Bibliographie
Brown, S. Kent, et C. Wilfred Griggs. "The Forty-Day Ministry of Christ." Ensign
5, août 1975, pp. 6-11, aussi dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, Vol.
6, pp. 12-23. Salt Lake City, 1987.
Nibley, Hugh W. "Evangelium Quadraginta Dierum." Vigiliae Christianae 20, 1966,
:1-24, réimprimé dans CWHN 4:10-44.
Pour des comparaisons avec le Livre de Mormon, voir H. Nibley, "Christ Among the
Ruins", Ensign 13 juin 1983, pp. 14-19, dans CWHN 8:407-434; et Since Cumorah, CWHN
7. Les études spécialisées sont H. Nibley, "The Early Christian Prayer
CircIe", BYU Studies 19, 1978, pp. 41-78, dans CWHN 4:45-99.
Pour les sources primaires, voir les références dans les ouvrages précédents; beaucoup
sont en traduction anglaise dans Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher, New Testament
Apocrypha, 2 vols., Philadelphie, 1965, et James M. Robinson, The Nag Hammadi Library, San
Francisco, 1978, éd. rév. 1988.
JOHN GEE
Jésus-Christ : Apparitions de Jésus-Christ de
nos jours
Auteur : FLAKE, JOEL A.
Comme le
montrent le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, après sa résurrection,
Jésus-Christ peut apparaître et apparaît vraiment dans notre dispensation moderne de
lÉvangile. Quand ces manifestations sacrées sont données pour fournir un
enseignement personnel, on nen parle pas ouvertement. Cependant, quand cela
sindique, la communication divine est rendue publique. Cest un principe de
lÉvangile que le Seigneur Jésus-Christ peut se manifester et se manifeste à son
peuple, même à des personnes privées «au moment qui lui semble bon, à sa manière et
selon sa volonté» (D&A. 88:68).
Lapparition la plus importante du Sauveur dans cette dispensation sest
produite quand le Père et lui se sont présentés à Joseph Smith au printemps de 1820.
Cette théophanie, généralement appelée la Première Vision, a révélé la nature
séparée de ces deux membres de la Divinité et a inauguré la dispensation de la
plénitude des temps et le rétablissement de toutes choses.
En 1832, Jésus-Christ est encore apparu en vision à Joseph Smith et à Sidney Rigdon.
Les deux hommes lont vu et ont conversé avec lui (D&A. 76:14). Ils ont aussi
témoigné dune vision des royaumes auxquels lhumanité sera affectée dans
lau-delà. Le Seigneur est aussi apparu à Joseph Smith et à Oliver Cowdery en
avril 1836 dans le temple de Kirtland, peu de temps après la consécration de celui-ci et
a manifesté quil acceptait ce premier temple des derniers jours (D&A.
110:1-10).
Une révélation concernant le salut des morts a été donnée à Joseph Smith lors
dune apparition antérieure de Jésus-Christ et du Père dans le temple de Kirtland
le 21 janvier 1836 : «Les cieux souvrirent à nous, et je vis
le trône
flamboyant de Dieu sur lequel étaient assis le Père et le Fils» (D&A. 137:1, 3).
Joseph Smith dit que des visions ont été données à beaucoup de personnes lors de la
réunion et que «certaines dentre elles ont vu le visage du Sauveur» (HC 2:382).
Joseph Smith a également noté dautres occasions où des membres de lÉglise
ont vu le Sauveur. Le 18 mars 1833, il parle dune réunion importante de
lécole des prophètes : «Beaucoup de frères ont eu une vision céleste du Sauveur
et des concours danges et beaucoup dautres choses, dont chacun a mis par
écrit ce quil a vu» (HC 1:335). Il parle dune expérience semblable de
Zebedee Coltrin (HC 2:387) et une autre fois il signale que «le Sauveur est apparu à
certains» lors dune réunion la semaine qui a suivi la consécration du temple de
Kirtland (HC 2:432).
Les apparitions de Jésus-Christ ne se sont pas limitées aux premiers temps de
lÉglise. En 1898, le Sauveur est apparu à Lorenzo Snow, cinquième président de
lÉglise, et lui a donné des instructions importantes concernant celle-ci (My
Kingdom Shall Roll Forth, pp. 68-70, Salt Lake City, 1980). Joseph F. Smith, sixième
président de lÉglise, a eu une vision du Sauveur en 1918, comme rapporté dans la
vision de Doctrine et Alliances, section 138. Cette vision rapportait la visite du Sauveur
aux esprits des morts tandis que son corps était dans le tombeau entre le moment de sa
crucifixion et celui de sa résurrection. En 1985, Ezra Taft Benson, treizième président
de lÉglise, a dit : «Aujourdhui, dans lÉglise rétablie du Christ,
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, il se révèle, lui et sa
volonté, depuis Joseph Smith, premier prophète du Rétablissement, jusquà ce
jour» (p. 4).
Cest un enseignement de la révélation moderne que des membres peuvent, à titre
individuel, avoir une visite personnelle du Sauveur, voir son visage et recevoir des
instructions de lui quand ils sont prêts et quand le Seigneur choisit daccorder une
telle expérience (D&A. 93:1 ; voir Jésus-Christ ; Second Consolateur).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. «Joy in Christ». Ensign 16, mars 1986, p. 4.
Jésus-Christ : Seconde Venue de Jésus-Christ
Auteur : LUND, GERALD N.
Dans la
pensée juive et chrétienne il y a deux manières de base de concevoir la venue du
Messie. Certains considèrent la promesse dun Messie et dune ère millénaire
comme symbolisant le moment où les hommes apprendront finalement à vivre dans la paix et
lentente et où le monde entrera dans une nouvelle ère de lumière et de progrès ;
ce ne sera pas une personne seule ni un événement déterminé quelconque qui
inaugureront cette ère. LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
soppose à cette conception et est daccord avec les nombreux autres groupes
juifs et chrétiens qui affirment quil y a un Messie réel, quil viendra sur
terre à une époque future et que ce nest que par son avènement et les
événements qui laccompagneront quune ère millénaire de paix,
dentente et de joie commencera. Les Juifs attendent la première venue du Messie ;
les saints des derniers jours et dautres chrétiens attendent la seconde venue de
Jésus-Christ.
Les Écritures, tant bibliques que modernes, témoignent abondamment que lère qui
précédera directement la seconde venue du Sauveur sera «difficile» (2 Ti. 3:1) et
remplie de «détresse» (Mt. 24:21). À ce moment-là «le diable aura pouvoir sur ses
possessions» (D&A. 1:35). Les jugements qui en découleront sur les méchants font
partie des préparatifs du millénium.
Les justes aussi bien que ceux qui ne sont pas éclairés connaîtront ces temps de
détresse. Les sources de lÉglise enseignent que le Seigneur rassemblera les justes
dans des «lieux saints» (D&A. 101:22), qui sont Sion et ses pieux (D&A. 115:6).
Ces lieux sont décrits comme des lieux de «paix», de «refuge» et de «sécurité pour
les saints du Dieu Très-Haut» (D&A. 45:66). La promesse est que Dieu «ne souffrira
pas que les méchants détruisent les justes. Cest pourquoi il préservera les
justes par son pouvoir
les justes nont rien à craindre» (1 Né. 22:16-17).
Les tentatives de prédire le temps de la venue du Messie sont légion dans les traditions
juives et chrétiennes. Les saints des derniers jours considèrent que la seconde venue
est «proche, et même à la porte» (D&A. 110:16). Mais ils acceptent également le
décret de lÉcriture que «lheure et le jour [de la venue du Christ] nul ne
les connaît, ni les anges dans le ciel, et ils ne le sauront pas avant quil ne
vienne» (D&A. 49:7 [italiques ajoutés] ; cf. Mt. 24:36).
Avec beaucoup dautres chrétiens, les mormons croient que la Seconde Venue sera
précédée de la bataille dArmaguédon et de lapparition du Christ sur le
mont des Oliviers (voir Derniers jours). Les Doctrine et Alliances disent de cet
événement : Et alors les Juifs tourneront les regards vers moi et diront : Doù
viennent ces blessures que tu as aux mains et aux pieds ? Alors ils sauront que je suis le
Seigneur, car je leur dirai : Ces blessures sont celles que jai reçues dans la
maison de mes amis. Je suis celui qui a été élevé. Je suis Jésus qui a été
crucifié. Je suis le Fils de Dieu. Et alors, ils pleureront à cause de leurs iniquités
; alors ils se lamenteront parce quils ont persécuté leur roi [D&A. 45:51-53 ;
cf. Za. 13:6].
«À partir de ce jour-là, a-t-il été proclamé, la nation juive devient sainte et sa
ville et son sanctuaire deviennent saints. Cest là également que le Messie
établit son trône et le siège de son gouvernement» (Clark, p. 258).
Avant la venue du Christ en gloire, «il y aura du silence dans le ciel pendant une durée
dune demi-heure ; et immédiatement après cela, le rideau du ciel sera ouvert
et la face du Seigneur sera dévoilée» (D&A. 88:95). Cest apparemment le
moment où «toute chair à la fois [le] verra» (D&A. 101:23 ; Ap. 1:7).
Les Doctrine et Alliances déclarent que «la terre passera comme par le feu» (D&A.
43:32). Certains ont imaginé que ceci pourrait se produire suite à un holocauste
nucléaire. Bien que certains passages apocalyptiques puissent sembler décrire les effets
dune guerre nucléaire (par exemple, És. 34:1-10), une révélation moderne
enseigne que le «feu» de la Seconde Venue est la présence du Sauveur, une gloire
céleste comparable à la gloire du soleil (D&A. 76:70) ou un «feu dévorant» (Hé.
12:29 ; cf. Mal. 3:2 ; 4:1). «Si grande sera la gloire de sa présence, que le soleil se
cachera la face de honte» (D&A. 133:49). «La présence du Seigneur sera comme le feu
de forge qui brûle et comme feu qui fait bouillir les eaux» (D&A. 133:41 ; cf. És.
64:2 ; JSH 1:37). «Lélément embrasé fondra» (D&A. 101:25) et «les
montagnes sébranleront devant toi» (D&A. 133:44). Les Doctrine et Alliances
répètent la déclaration dÉsaïe que «les habits du Seigneur seront rouges et
ses vêtements comme celui qui foule au pressoir» (D&A. 133:48 ; cf. És. 63:2).
Lapôtre Paul a écrit aux saints de Thessalonique que ceux qui vivraient sur la
terre au moment de lapparition du Christ seraient enlevés à sa rencontre (1 Th.
4:16-17). Les Doctrine et Alliances, dans des termes semblables, ajoutent que ces saints
justes seront «vivifiés» et se joindront à ceux «qui auront dormi dans leurs
tombeaux», qui seront également «enlevés à sa rencontre au milieu de la colonne du
ciel» (D&A. 88:96-97 ; voir Résurrection). Le Christ descendra sur la terre «de la
même manière que vous lavez vu allant au ciel» (Ac. 1:11).
Avec lavènement du Christ, lère millénaire de paix, dentente et de
justice commencera. Satan naura alors «pas de pouvoir sur le cur du peuple,
car celui-ci demeure dans la justice, et le Saint dIsraël règne» (1 Né. 22:26 ;
voir aussi Millénium).
Bibliographie
Clark, James R., comp. "Proclamation of the Twelve". Dans Messages of the First
Presidency, Vol. l, p. 258. Salt Lake City, 1965.
Lund, Gerald N. The Coming of the Lord. Salt Lake City, 1971.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah: The Second Coming of the Son of Man. Salt Lake
City, 1982.
Smith, Joseph Fielding. The Signs of the Times. Salt Lake City, 1964.
GERALD N. LUND
Jésus-Christ dans la Bible
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints
des derniers jours considèrent Jésus-Christ comme la figure centrale de toute la Bible.
Les Ancien et Nouveau Testaments sont des documents divinement inspirés qui révèlent la
mission de Jésus comme Créateur, Dieu d'Israël, Messie, Fils de Dieu, Rédempteur et
Roi éternel. La Bible contient l'histoire, les enseignements doctrinaux et les
prophéties de futurs événements, avec Jésus-Christ comme sujet principal dans chaque
catégorie.
L'Ancien Testament contient le récit de la Création, et des relations de Dieu avec la
famille humaine d'Adam jusque vers 400 av. J.-C. La promesse d'un Messie est un thème qui
imprègne tout. Le Nouveau Testament fait le récit des principaux événements de la vie
terrestre de Jésus le Messie de sa naissance jusquà sa mort, sa résurrection et
son ascension au ciel, avec la promesse qu'il reviendra sur la terre pour juger le monde
et pour régner ensuite comme Roi. Les saints des derniers jours identifient Jésus à
Jéhovah, le Créateur, le Dieu d'Adam, d'Abraham, de Moïse et d'Israël. Jésus est
Jéhovah venu sur la terre comme Messie promis (voir Jéhovah, Jésus-Christ). Par
conséquent, les relations de Dieu avec la famille humaine tout au long de la période de
l'Ancien Testament et du Nouveau Testament constituent lhistoire de Jésus-Christ
prémortel et mortel.
JÉSUS, PERSONNAGE HISTORIQUE. Les saints des derniers jours prennent au pied de la lettre
le message biblique sur Jésus (voir Ministère de Jésus-Christ). Le Jésus de
lhistoire est celui de la Bible : le Fils unique de Dieu dans la chair, né de la
Vierge Marie à Bethléhem, baptisé par Jean-Baptiste. Il a accompli divers miracles, a
enseigné l'Évangile en parlant de temps en temps en paraboles et «allait de lieu en
lieu faisant du bien» (Ac. 10:38). Il a choisi douze apôtres, organisé une église,
rassemblé beaucoup de disciples et a été rejeté par les dirigeants juifs. Son attitude
envers les Samaritains, les femmes, les dirigeants politiques (par exemple, Hérode,
César), les lois rituelles et la prière étaient plutôt révolutionnaires pour son
temps. Il a souffert à Gethsemané, a saigné à chaque pore, a été crucifié, est
mort, est ressuscité des morts et est plus tard monté aux cieux du haut du mont des
Oliviers. Les saints des derniers jours considèrent aussi bien la partie historique du
compte rendu de la vie de Jésus que la partie prophétique comme exactes. La promesse que
ce même Jésus reviendra en personne en gloire pour juger le monde, puis régnera sur la
terre comme Roi des rois est une réalité future que nous prenons à la lettre.
REPRÉSENTATION DE JÉSUS PAR LE RITE. Dans toute la Bible, la mission de Jésus-Christ
est dépeinte dans des rites qui sont des types et des symboles d'événements réels.
Pour les prophètes de l'Ancien Testament, les sacrifices danimaux préfiguraient et
caractérisaient la venue de Jésus pour verser son sang et sacrifier sa vie pour les
péchés de l'humanité. Comme on offrait souvent des agneaux, Jésus est qualifié dans
le Nouveau Testament dAgneau de Dieu (Jn. 1:29, 36 ; cf. 1 Né. 11:21).
Pour que le sacrifice dun animal symbolise le sacrifice de Jésus, il devait être
lun des premiers-nés du troupeau (cest-à-dire le premier-né masculin de sa
mère) sans défaut, offert sans quon lui brise les os, et son sang devait être
versé. Chacun de ces points a eu sa contre-partie dans la vie de Jésus sur terre. Même
les détails du service de la Pâque, qui voulaient que le sang de l'agneau soit
badigeonné sur les poteaux de porte pour que l'ange exterminateur passe outre de cette
maison (Ex. 12:3-24, 46) préfiguraient la mission et le pouvoir sauveur de Jésus,
l'Agneau de Dieu, qui fut crucifié au moment de la célébration annuelle de la Pâque.
Paul, comprenant ce symbolisme, sexclame : «car Christ, notre pâque, a été
immolé» (1 Co. 5:7).
Paul dit de la loi de Moïse quelle a été «comme un pédagogue pour nous conduire
à Christ» (Ga. 3:24). Pour ce faire, elle a annoncé et symbolisé le Christ. Quand il a
fait l'Expiation, le Christ a accompli toute la loi ; la loi prenait donc fin en lui et a
été remplacée par la plénitude de l'Évangile (3 Né. 9:17 ; cf. Mt. 5:17-18 ; Hé.
10:1). La compréhension quont les saints des derniers jours du rôle de la loi de
Moïse et d'autres ordonnances de l'Ancien Testament est clairement exprimée par le
prophète Néphi du Livre de Mormon vers 600 av. J.-C. : Voici, mon âme met ses délices
à prouver à mon peuple la vérité de la venue du Christ; car c'est à cette fin que la
loi de Moïse a été donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le
commencement du monde est une figure de lui. [2 Né. 11:4 ; cf. Jcb. 4:5].
Quand il a pris le repas de la Pâque avec les Douze lors de la dernière Cène, Jésus
leur a donné le pain représentant sa chair, qui serait brisée, et le vin représentant
son sang, qui serait versé. Il a été commandé aux croyants de participer souvent à ce
rite symbolique : «Faites ceci en mémoire de moi» (Luc 22:17-20 ; cf. 3 Né. 18:3-13 ;
20:8-9).
PRÉFIGURATIONS DANS LANCIEN TESTAMENT. Les auteurs des quatre évangiles ont vu
dans l'Ancien Testament des choses qui annonçaient les événements de la vie de Jésus.
Matthieu (1:23) cite Ésaïe 7:14 : «La jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un
fils, Et elle lui donnera le nom dEmmanuel» nom qui signifie «Dieu avec nous». Il
cite de même Osée 11:1 : «Jai appelé mon fils hors dÉgypte» (Mt. 2:15).
Jean (13:8-11) note que la trahison de Jésus par un ami est mentionnée dans une
Écriture ancienne (Ps. 41:9). Jean (19:24) cite aussi le partage de la tunique de Jésus
par les soldats comme laccomplissement de Psaumes 22:18 et l'éponge avec du
vinaigre présentée aux lèvres de Jésus (Jn. 19:28-30) comme une allusion à Psaumes
69:21. Jean (19:33-36) note aussi que les jambes de Jésus n'ont pas été brisées sur la
croix, conformément à Exode 12:46.
Ésaïe a prophétisé quen Israël un fils naîtrait de la lignée de David et
quil serait appelé «Dieu puissant», «prince de la paix» (És. 9:6-7). La
mission du Messie comme Rédempteur, souffrant pour les péchés de l'humanité, est
dépeinte dans Ésaïe 53 et 61.
LE DIEU D'ISRAËL EST JÉSUS DE NAZARETH. La révélation donnée au prophète Joseph
Smith prouve que, à partir dAdam, il y a eu plusieurs dispensations de l'Évangile
sur la terre. Les prophètes de chacune de ces dispensations ont connu le Christ, ont
enseigné son Évangile (notamment les rites et les ordonnances) et ont détenu la sainte
prêtrise, qui était appelée «la sainte prêtrise, selon l'Ordre du Fils de Dieu»
(D&A 107:3 ; cf. Alma 13:1-16). Ces prophètes antiques non seulement connaissaient la
venue future de Jésus en tant que Messie, mais ils savaient aussi que Jéhovah, le Dieu
qu'ils adoraient, viendrait sur la terre et deviendrait ce Messie (cf. Mos. 13:33-35).
Comme noté plus haut, dans És. 7:14, le nom Emmanuel identifie Jésus à Dieu. Les
passages de Nouveau Testament illustrent ce concept.
Jésus a invité ses auditeurs à sonder les Écritures, parce que «ce sont elles qui
témoignent de moi» (Jn. 5:39). Il a dit aux dirigeants juifs que Moïse «a écrit de
moi» (Jn. 5:45-46 ; cf. Jn. 1:45 ; 1 Co. 10:1-4). Plus tard il leur a dit : «Abraham,
votre père, a tressailli de joie de ce quil verrait mon jour : il la vu, et
il sest réjoui.» (Jn. 8:56). Quand on lui a demandé comment Abraham et lui
auraient pu se connaître alors quils vivaient à des époques tellement
différentes, Jésus a répondu : «Avant qu'Abraham fût, je suis» (Jn. 8:58). Le terme
grec traduit ici par «je suis» est identique à l'expression de la Septante dans Ex.
3:14 qui identifie Jéhovah comme sappelant «JE SUIS».
Il est évident que ses auditeurs avaient bien compris qu'il leur avait clairement dit
qu'il n'était autre que Jéhovah, également connu sous le nom de JE SUIS, Dieu d'Abraham
et de Moïse, car «Làdessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui»
(Jn. 8:59) parce qu'ils estimaient qu'il avait blasphémé. Une autre preuve de ce qu'ils
comprenaient l'affirmation de Jésus qu'il était Dieu venu sur terre est donnée plus
tard quand ils «prirent de nouveau des pierres pour le lapider» et que Jésus demanda :
«Je vous ai fait voir plusieurs bonnes uvres venant de mon Père : pour laquelle me
lapidezvous ? Les Juifs lui répondirent : Ce nest point pour une bonne
uvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un
homme, tu te fais Dieu» (Jn. 10:31-33). Après sa résurrection Jésus passa en revue les
passages de l'Ancien Testament avec ses disciples «et, commençant par Moïse et par tous
les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait» (Lu.
24:27) et leur montra «dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes»
les prophéties concernant sa mission (Lu. 24:44 ; voir Jésus-Christ : Prophéties
concernant Jésus-Christ).
Pierre écrit que les prophètes antiques «ont fait de ce salut lobjet de leurs
recherches et de leurs investigations» et avaient «lEsprit de Christ» qui
«attestait davance les souffrances de Christ» et que ces prophètes «étaient les
dispensateurs [de leur temps] de ces choses qui sont maintenant «annoncées» au sujet de
Jésus-Christ (1 Pi 1:10-12). Et Paul déclare que dans tous ses enseignements sur Jésus,
il ne sest écarté «en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré
devoir arriver» (Ac. 26:22).
On trouve dans Matthieu (16:27 ; 24:1-51) et Joseph SmithMatthieu (1:1-55) des
prophéties détaillées selon lesquelles Jésus reviendra sur terre comme Juge et Roi
(voir Jésus-Christ : Avènement de Jésus-Christ). Les saints des derniers jours croient
que de même que les préfigurations et les prophéties de l'Ancien Testament sur le
Christ se sont accomplies lors de son premier avènement, de même les prophéties sur sa
seconde venue saccompliront littéralement.
ÉCLAIRCISSEMENTS DONNÉS PAR LA RÉVÉLATION MODERNE. Les passages susmentionnés de la
Bible, auxquels sajoutent ceux de la révélation moderne sur le même sujet,
amènent les membres de l'Église à considérer les Ancien et Nouveau Testaments comme
des documents fiables concernant la mission prémortelle, mortelle et postmortelle, et la
future mission millénaire de Jésus-Christ. Les saints des derniers jours acceptent
pleinement le message biblique au sujet de Jésus-Christ et, en outre, à cause d'autres
Écritures sacrées qui fortifient et complètent le document biblique (voir Ouvrages
canoniques), ils apprécient la mission de Jésus dans un sens plus large que ne le permet
la Bible seule. Par exemple, Jésus a parlé à ses auditeurs juifs «dautres
brebis» ne faisant pas partie des Juifs, à qui il rendra visite et qui «entendront [sa]
voix» (Jn. 10:16). On pense généralement quil sagit là des Gentils.
Cependant, dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité désigne expressément ces autres
brebis comme étant la branche de la maison d'Israël située sur le continent américain
qu'il visitait, leur montrant personnellement son corps et leur enseignant de sa propre
voix son Évangile (3 Né. 15:13-24). Le Livre de Mormon explique ainsi un passage au
sujet du Sauveur au-delà de ce que la Bible offre et étend également la notion de
ministère de Jésus.
La révélation moderne permet aussi dapprécier de manière plus approfondie les
événements qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration que ne le permet
la seule Bible. Ce que le Nouveau Testament offre est accepté comme historiquement
correct mais incomplet. La révélation moderne nous apprend que sur la montagne, Jésus,
Moïse et Élie ont donné les clefs de la prêtrise à Pierre, à Jacques et à Jean en
accomplissement de la promesse du Sauveur dans Matthieu 16:19 (EPJS, p. 126). Les trois
apôtres ont également eu la vision de la glorification future de la terre (D&A
63:2-21). Ces points manquent dans le récit biblique. Moïse et Élie «apparaissant dans
la gloire, parlaient de son départ [de Jésus] quil allait accomplir à
Jérusalem» (Luc 9:30-31), ce qui prouve qu'ils le connaissaient et étaient au courant
de sa mission.
Le ministère de Jésus est également éclairci dans d'autres cas par la révélation
moderne. Jean 3:23 a lair de dire que Jésus accomplissait personnellement des
baptêmes dans l'eau, mais ceci est essentiellement nié par Jean 4:2, qui dit que ce
n'était en fait pas Jésus, mais ses disciples, qui accomplissaient les baptêmes. Grâce
à la traduction de Joseph Smith de la Bible, le texte de Jean 4:2-3 est rendu plus clair
et affirme que Jésus a effectivement accompli des baptêmes dans l'eau, mais pas autant
que ses disciples. (On trouvera d'autres éclaircissements concernant le ministère
terrestre de Jésus dans la Traduction de Joseph Smith de la Bible [TJS].) Parmi les
sujets traités dans ce dernier ouvrage, il y a Jésus au temple à l'âge de douze ans,
son enfance précoce, ses tentations dans le désert, ses paraboles, sa capacité de
racheter les petits enfants et sa compassion pour les gens.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965, 1970,
1973.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah; The Mortal Messiah; The Millennial Messiah, 6
vols. Salt Lake City, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982.
Matthews, Robert J. "A Greater Portrayal of the Master." Ensign 13, mars 1983,
pp. 6-13.
Talmage, James E. Jesus the Christ. Salt Lake City, 1963.
ROBERT J. MATTHEWS
Jésus-Christ dans le Livre de Mormon
Auteur : WELCH, JOHN W.
Le but
principal du Livre de Mormon est de convaincre tous les hommes «que Jésus est le Christ,
le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations» (page de titre). Grâce aux
expériences spirituelles de ses auteurs, dont beaucoup étaient des prophètes et des
témoins oculaires de la gloire du Christ, le Livre de Mormon communique de manière
claire et personnelle la connaissance que Jésus-Christ vit. Il explique sa mission depuis
la création jusquau jugement final et exprime son amour pur et expiatoire pour
toute l'humanité.
Le Livre de Mormon est une Écriture intime. Il exhorte le lecteur à : «venir au Christ,
et à [se] saisir de tout bon don» en noubliant pas que «tout bon don vient du
Christ» (Mro. 10:18, 30).
Le livre se focalise sur une seule chose. Pour employer les termes de Néphi 1, «nous
parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous
prophétisons concernant le Christ» (2 Né. 25:26). Ce nest que par le sacrifice de
Jésus que celui qui se repent peut «satisfaire aux exigences de la loi» (2 Né. 2:7).
«Il n'y a aucun autre titre auquel vous pouvez être affranchis. Il n'y a aucun autre nom
donné par lequel le salut vienne» (Mos. 5:8).
Tous les prophètes du Livre de Mormon ont proclamé la même parole de Jésus-Christ
(Jcb. 4:5). Dans leurs visions, leurs discours publics et leurs déclarations personnelles
ils ont systématiquement déclaré (1) que Jésus est le Fils de Dieu, le Créateur, le
Seigneur Dieu Omnipotent, le Père du ciel et de la terre et le Saint d'Israël, (2) qui
descendrait et est effectivement venu sur terre pour vivre en tant que mortel né de la
vierge Marie, (3) pour guérir les malades, chasser les démons et subir les tentations,
(4) pour prendre sur lui les péchés du monde et racheter son peuple, (5) pour être mis
à mort par crucifixion et ressusciter dentre les morts, (6) pour réaliser la
résurrection de toute l'humanité et (7) pour juger tous les hommes au dernier jour selon
leurs uvres (1 Né. 11-14 ; Mos. 3:5-27 ; Al. 33:22 ; voir Christologie).
La personnalité et les attributs de Jésus sont exprimés dans le Livre de Mormon (voir
Black, pp. 49-64). Il est une personne qui invite, réconforte, répond, exhorte, aime,
pleure, est perturbé par les péchés de l'humanité et est rempli de joie. Il accueille
tous ceux qui vont à lui. Il plaide patiemment auprès du Père en faveur de tous ceux
qui sont devenus saints par son sang expiatoire. Cest un ami véritable et
compatissant. Il visite ceux qui croient en lui. Il guérit ceux qui pleurent à la
pensée dêtre séparés de lui. Avec des mains qui portent toujours les plaies de
sa mort, il touche, est touché et donne du pouvoir. Il se rappelle toutes ses alliances
et tient toutes ses promesses. Il est tout-puissant, jugeant le monde et vainquant les
méchants. Il est «la lumière, et la vie, et la vérité du monde» (Ét. 4:12).
Parmi les prophètes du Livre de Mormon qui ont donné de nombreux enseignements sur le
Christ avant que sa naissance il y a le frère de Jared (Ét. 3), Léhi (1 Né. 10 ; 2
Né. 2), Néphi 1 (1 Né. 11, 19 ; 2 Né. 25, 31-33), Jacob (2 Né. 9), Abinadi (Mos.
13-16), Benjamin (Mos. 3-5) ; Alma 2 (Al. 5, 7, 12-13, 33, 36, 42), Amulek (Alma 34),
Samuel le Lamanite (Hél. 14) et Néphi 3 (3 Né. 1). Le point culminant du document
néphite est l'apparition du Seigneur Jésus-Christ ressuscité à une assemblée de 2.500
hommes, femmes et enfants qui s'étaient réunis devant leur temple au pays
dAbondance. Pendant trois jours, Jésus les a personnellement instruits (3 Né.
11-28 ; voir Livre de Mormon : Trois Néphi). Le Livre de Mormon termine par des
témoignages sur Jésus par Mormon (Mrm. 7 ; Mro. 7) et son fils Moroni 2 (Ét. 4 ; Mro.
10). On trouve 101 appellations pour Jésus dans les 3.925 mentions du Christ dans les
6.607 versets du Livre de Mormon (Black, pp. 16-30).
En plus de ses visitations de 3 Néphi, Jésus est apparu à Léhi (1 Né. 1:9), Néphi 1,
Jacob (2 Né. 11:2-3), au roi Lamoni (Al. 19:13), Mormon (Mrm. 1:15), Moroni 2 (Ét.
12:39) et au frère de Jared (Ét. 3:14). Chacun a rendu un témoignage personnel de
Jésus-Christ. Beaucoup d'autres ont entendu sa voix.
Grâce aux visions et aux révélations quil avait reçues avant de quitter
Jérusalem vers 600 av. J.-C., Léhi était au courant des tendres miséricordes du Messie
promis. Pour lui, le Messie allait être le Rédempteur qui rétablirait ceux qui étaient
déchus, perdus et exilés. Dans une vision, Léhi lut un livre céleste qui
«annonçai[t] clairement la venue d'un Messie et aussi la rédemption du monde» (1 Né.
1:19). Cette connaissance a focalisé toutes les prédications et interprétations
ultérieures des Néphites concernant la mission du Sauveur. Il fut également révélé
à Léhi quau bout de six cents ans «le Seigneur Dieu susciterait un prophète
parmi les Juifs, un Messie, ou, en d'autres termes, un Sauveur du monde» (1 Né. 10:4),
le même serviteur compatissant sur lequel d'autres prophètes avaient écrit, notamment
Zénos dans son allégorie de l'olivier du Seigneur représentant Israël (Jacob 5). Léhi
voyait dans le fait dêtre «greffé» sur cet arbre celui de «parv[enir] à la
connaissance du vrai Messie» (1 Né. 10:14).
Grâce aux prophéties d'Ésaïe aussi bien quà ses propres visions, Léhi savait
qu'un prophète préparerait la voie au Seigneur avant sa venue (1 Né. 10:8 ; cf. És.
40:3) et que «lorsqu'il aurait baptisé deau le Messie, il verrait et témoignerait
avoir baptisé l'Agneau de Dieu, qui allait ôter les péchés du monde» (1 Né. 10:10 ;
voir Jean-Baptiste). En outre, Ésaïe parlait du serviteur du Seigneur «méprisé et
abandonné
blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités
semblable à
un agneau quon mène à la boucherie» (És. 53:3-7) ; et Léhi a prophétisé que
les Juifs tueraient le Messie, ajoutant que le Rédempteur ressusciterait dentre les
morts (1 Né. 10:11).
Néphi 1 a demandé au Seigneur une plus grande compréhension des visions de son père,
particulièrement une compréhension plus claire de l'arbre de vie. Il a éprouvé de
lamour pour la condescendance de Dieu qui ferait descendre le Fils de Dieu pour
demeurer dans la chair, né d'une belle vierge. La bonté du Christ fait un vif contraste
avec son rejet et sa crucifixion (1 Né. 11:13-33 ; 19:10 ; cf. De. 21:22). Néphi 1 (qui
savait lui-même ce que voulait dire être persécuté à cause de la justice) mentionne
plus de soixante fois l'offrande divine de cet Agneau sacrificatoire de Dieu (1 Né.
11:21). Comme gouverneur et instructeur de son peuple, Néphi souligne le fait qu'ils
doivent suivre le règne du Christ, le seul vrai Sauveur qui viendrait jamais, la source
unique de leur vie et de leur loi, le seul en qui tout saccomplirait (2 Né.
25:16-18, 25-27).
Dans le cadre de son appel de prêtre et dinstructeur, Jacob, frère de Néphi 1,
parle de l'expiation du Christ. Il dit que le Christ souffrirait et mourrait pour toute
l'humanité pour quelle puisse lui être assujettie par son «expiation infinie»,
qui surmonte la Chute et apporte la résurrection et l'incorruptibilité (2 Né. 9:5-14).
Léhi, Néphi 1 et Jacob utilisent souvent certains termes tels que «Messie» (oint) et
«Agneau de Dieu» pour désigner le Christ avant qu'un ange ne révèle que le nom du
Messie «sera Jésus-Christ, le Fils de Dieu» (2 Né. 25:19 ; cf. 2 Né. 10:3 ; Mos.
3:8). Le nom Jésus, comme Josué, dérive de la racine hébraïque yasha', «délivrer,
sauver» ; et Christos est l'équivalent grec de lhébreu mashiyach, signifiant
«oint» ou «Messie» (voir Jésus-Christ, noms et titres de). Ainsi, les Néphites
utilisaient le nom intime et cependant librement exprimé porté par Jésus sur terre
comme nom pour désigner Dieu, alors que le YHWH indicible (voir Jéhovah, Jésus-Christ)
napparaît que deux fois dans le livre (2 Né. 22:2 ; Mro. 10:34).
Certains, tels que Shérem, dont les racines culturelles plongent dans le monde
monothéiste de Jérusalem, résistent au culte du Messie, prétendant que cest une
violation de la loi de Moïse (Ex. 20:3 ; Jcb. 7:7 ; voir Antéchrists). Néphi avait
précédemment déclaré que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient «un seul
Dieu» (2 Né. 31:21), mais les contestataires néphites continueront à attaquer la
proposition que Jésus est Dieu, à nier que son expiation puisse être efficace avant
quelle ne se produise et à argumenter qu'il ne peut pas y avoir plusieurs Dieux qui
soient malgré tout un seul Dieu (par exemple, Mos. 17:8 ; Al. 11:28). Abinadi et d'autres
donnent des explications inspirées (Mos. 14-16 ; voir Jésus-Christ, Père et Fils), mais
jusqu'à ce que Jésus ressuscité apparaisse, annoncé par le Père et le priant, ces
questions ne seront jamais définitivement réglées.
Vers 124 av. J.-C., le roi Benjamin reçut d'un ange une déclaration succincte de la
mission expiatoire du Christ (Mos. 3:2-27). ElIe mettait laccent sur le sang
expiatoire du Christ et confirmait que du sang sortirait de chaque pore de Jésus à cause
de son angoisse pour son peuple (Mos. 3:7 ; voir aussi Lu. 22:43-44 ; D&A 19:18 ;
Irénée, Contre les hérésies 22.2 ; voir Gethsémané). Le sang du Christ expiera les
péchés de tous ceux qui se repentent ou ont péché par ignorance (voir Mos. 3:11, 15,
16, 18). Quand le peuple de Benjamin demande passionnément à l'unisson que Dieu
«applique le sang expiatoire du Christ, afin que nous recevions le pardon de nos
péchés» (Mos. 4:2), Benjamin lui donne par alliance le nom du Christ, le seul nom «par
lequel le salut vienne» (Mos. 5:7-8).
Alma 2, le défenseur juridique et religieux de la liberté de croyance (v. 100-73 av.
J.-C.), enseignait que la foi en Jésus-Christ était le maître de la conversion
personnelle. Alma avait goûté la joie transformatrice quil avait éprouvée quand
il avait invoqué le nom de Jésus-Christ pour avoir miséricorde (Al. 36:18), et dans ses
sermons ultérieurs, il décrivit comment on pouvait avoir «limage de Dieu gravée
sur le visage» (Alma 5:19), et comment la parole de Dieu doit être plantée dans l'âme
de chaque converti, où, à condition dêtre nourrie, elle grandira pour devenir un
arbre de vie éternel (Al. 32:40 ; 33:22-23 ; on trouve la même image dans un document
des débuts du christianisme, les Odes de Salomon 11:18).
Vers 30 av. J.-C. un groupe de Lamanites fut converti au Christ quand la lumière de Dieu
brilla et que sa voix parla dans la nuée de ténèbres qui les enveloppait (Hél.
5:33-43). Vingt-cinq ans plus tard, un prophète appelé Samuel le Lamanite prédit que
des signes lumineux plus importants apparaîtraient au moment de la naissance de Jésus et
que lon verrait des destructions et des ténèbres massives à sa mort (Hél.
14:2-27). Cinq ans après Samuel, Néphi 3 entendit la voix de Jésus déclarer qu'il
viendrait au monde «demain» et les signes de la naissance de Jésus apparurent ;
trente-trois ans et quatre jours après cela, tout le pays entendit la voix du Christ
parler au milieu des ténèbres épaisses qui, sur le continent américain,
accompagnèrent sa crucifixion et sa mort (3 Né. 9).
Au cours de cette même année, ils virent Jésus-Christ ressuscité descendre du ciel (3
Né. 11:8). Il apparut à une assemblée de Néphites justes devant leur temple et les
laissa toucher les plaies de ses mains et de ses pieds et mettre la main dans son côté
(3 Né. 11:15). Ils entendirent la voix du Père dire : «Voici mon Fils bien-aimé, en
qui je me complais, en qui jai glorifié mon nom : écoutez-le» (3 Né. 11:7).
Jésus fut avec ces gens pendant trois jours. Il appela et ordonna douze disciples et
enseigna son Évangile de foi, de repentir, de baptême et de don du Saint-Esprit. Étant
celui qui avait donné et avait accompli la loi de Moïse, il donna au peuple des
commandements d'obéissance, du sacrifice d'un cur brisé, d'amour fraternel et de
réconciliation, de fidélité à son conjoint, de chasteté, d'intégrité, de charité
et de consécration (voir Dotation). Il lui enseigna à jeûner et à prier, en secret et
en famille. Il guérit leurs malades et, en présence danges et de témoins, il
bénit les parents et leurs enfants. Ils contractèrent une alliance sacrée avec lui et
il promit que s'ils faisaient sa volonté et gardaient ses commandements, ils auraient
toujours son esprit avec eux (voir Sainte-Cène), connaîtraient personnellement le
Seigneur et seraient accueillis dans sa présence au dernier jour (3 Né. 14:21-23 ; voir
Welch, pp. 34-83).
Comme révélé dans le Livre de Mormon, Jésus veut que tous les hommes deviennent comme
leur Père céleste et lui. Jésus a dit : «Cest pourquoi, quelle sorte
dhommes devriez-vous être ? En vérité, je vous le dis, tels que je suis» (3 Né.
27:27). Il a invité tout le monde en disant : «Je voudrais que vous soyez parfaits tout
comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait» (3 Né. 12:48). Son
but constant et aimant a été de rendre cela possible.
Bibliographie
Black, Susan E. Finding Christ Through the Book of Mormon. Salt Lake City, 1987.
Charlesworth, James H. Messianism in the Pseudepigrapha and the Book of
Mormon. Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, pp. 99-137,
Provo, Utah, 1978.
Roberts, B. H. Christ in the Book of Mormon. IE 27, 1924, 188-192.
Scharffs, Stephen. Unique Insights on Christ from the Book of Mormon. Ensign
18, décembre 1988, pp. 8-13.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
JOHN W. WELCH
Jésus-Christ dans les Doctrine et
Alliances
Auteur : JOHNSON, CLARK V.
Les
Doctrine et Alliances sont un recueil unique de révélations et d'écrits inspirés
rendant témoignage au monde moderne que Jésus-Christ vit. À la différence des autres
ouvrages canoniques de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, les
révélations qui se trouvent dans les Doctrine et Alliances ont été reçues de nos
jours par des prophètes modernes et ne sont donc pas des traductions de documents
antiques. La figure centrale des Doctrine et Alliances est en effet Jésus-Christ. Il s'y
identifie à de nombreuses reprises avec divers titres exprimant son état divin et son
pouvoir rédempteur.
Les Doctrine et Alliances présentent plus de soixante noms ou titres pour Jésus. Quand
il parle de lui-même ou de son uvre, le Seigneur utilise au moins dix-huit titres
descriptifs, notamment «Seigneur» (plus de 300 fois), «Jésus-Christ» (81 fois),
«Rédempteur» (24 fois), «Sauveur» et «Jésus» (19 fois chacune), «Alpha et
Oméga» et «Fils unique» (13 fois chacune), «le commencement et la fin» (12 fois),
«Éternel» (11 fois), «Jéhovah» (6 fois), «Avocat», «Infini» et «Époux» (5
fois chacun) ; «Législateur» et «Je Suis» (3 fois chacun). Ces titres imposent un
respect spécial pour Jésus-Christ. «Voici, je suis den haut
Je suis
au-dessus de tout, en tout, à travers tout. Et le jour vient où tout me sera soumis.
Voici, je suis lAlpha et lOméga, oui, Jésus-Christ» (D&A 63:59-60 ;
voir aussi Jésus-Christ, Noms et titres de).
Jésus affirme son rôle de Créateur. «Ainsi dit le Seigneur, votre Dieu, oui,
Jésus-Christ, le grand JE SUIS, l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, celui-là
même qui contempla la vaste étendue de l'éternité
avant que le monde ne fût
fait
Je suis celui-là même qui parla, et le monde fut fait, et tout vint par
moi.» (D&A 38:1-3).
Une seule fois Jésus est appelé Fils Ahman. «Ahman» pourrait être une expression dans
la langue adamique (D&A 78:20 ; 95:17 ; voir aussi JD 2:342). Un autre passage unique
appelle le Christ Seigneur des armées, tant celles du ciel que celles de la terre ; il
est donc «le créateur du premier jour, le commencement et la fin» (D&A 95:7).
Dans un passage mémorable, Jésus décrit sa souffrance comme Rédempteur de l'humanité.
Les détails autobiographiques exprimés ici ne se retrouvent nulle part ailleurs dans
l'Écriture : «Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus
grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir de corps
et d'esprit et j'ai voulu ne pas devoir boire la coupe amère, mais je n'ai pas non
plus voulu me dérober» (D&A 19:18). Il a «souffert ces choses pour tous afin qu'ils
ne souffrent pas s'ils se repentent» (19 :16). Fidèle à lui-même, le Sauveur donne la
gloire et l'honneur à son Père céleste : «Néanmoins, gloire soit au Père, j'ai bu et
j'ai terminé tout ce que j'avais préparé pour les enfants des hommes.» (D&A 19:19
; cf. 78:4). Ayant fait le sacrifice, le Christ peut intercéder auprès du Père pour les
pénitents : «Je suis le Christ et j'ai plaidé devant le Père pour eux, en mon propre
nom, par la vertu du sang que j'ai versé.» (D&A 38:4 ; cf. 45:1-4).
Jésus dit de lui-même quil est lÉpoux, attirant l'attention sur sa parabole
des vierges donnée dans Matthieu 25, quand il a prophétisé sur son avènement : «Soyez
fidèles, priant toujours, tenant votre lampe prête et allumée et ayant de l'huile avec
vous afin d'être prêts au moment de la venue de l'Époux» (D&A 33:17).
Dans la révélation moderne le Seigneur donne également du réconfort : «Prenez courage
et ne craignez pas, car moi, le Seigneur, je suis avec vous et je me tiendrai à vos
côtés» (D&A 68:6) ; et «Sois humble, et le Seigneur, ton Dieu, te conduira par la
main et te donnera la réponse à tes prières» (D&A 112:10). Jésus avertit
également l'humanité de la nécessité d'être humble, disant que «car bien qu'un homme
puisse avoir beaucoup de révélations et le pouvoir de faire beaucoup de grandes
uvres, s'il se vante de sa force, méprise les recommandations de Dieu et obéit aux
caprices de sa volonté et de ses désirs charnels, il tombera et encourra la vengeance
qu'un Dieu juste fera tomber sur lui» (D&A 3:4).
Dans plusieurs sections des Doctrine et Alliances, le Seigneur témoigne qu'il est celui
qui donne l'Écriture par l'inspiration et il commande que lon étudie ses paroles
(D&A 1:29 ; 3:16-20 ; 11:22 ; 20:8-9 ; 84:57). En résumé il dit : «Sondez ces
commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses
qu'ils contiennent s'accompliront toutes» (D&A 1:37).
Le Seigneur explique des passages et des concepts scripturaires pas très clairs dans
l'Évangile de Jean, dans 1 Corinthiens, dans lApocalypse et dans Ésaïe (D&A 7
; 77 ; 86 ; 113). Il souligne des concepts scripturaires au sujet de l'histoire sacrée,
de la prêtrise et de la lignée patriarcale dans d'autres révélations (D&A 84:6-28
;107:1-14, 40-57). Il restaure aussi des fragments dÉcriture perdus (par exemple,
D&A 7 ; 93:7-17).
Le Seigneur dit pourquoi il donne ces révélations à l'humanité : «Je vous donne ces
paroles afin que vous compreniez et sachiez comment adorer et sachiez ce que vous adorez,
afin que vous veniez au Père en mon nom et receviez sa plénitude en temps voulu»
(D&A 93:19).
La voix de Jésus-Christ dans les Doctrine et Alliances est la parole du Seigneur
consolant et encourageant ses saints, témoignant de sa propre divinité et de sa mission
sacrée, avertissant le monde des jugements à venir, déclarant sa majesté et son
pouvoir et promettant pardon et miséricorde aux pénitents. Les saints des derniers jours
acceptent ces révélations comme des proclamations modernes de la volonté du Seigneur
Jésus-Christ.
Bibliographie
Maxwell, Neal A. «"The Doctrine and Covenants: The Voice of the Lord."» Ensign
8, décembre 1978, pp. 4-7.
CLARK V. JOHNSON
Jésus-Christ dans la Perle de Grand Prix
Auteur : HARRIS, JAMES R.
Louvrage
canonique appelé la Perle de Grand Prix contient un choix de textes allant dAdam
aux temps présents, notamment des paroles d'Adam, de Hénoc, de Noé, dAbraham, de
Moïse, de Jésus-Christ et de Joseph Smith. Il présente quelque trois cents mentions de
Jésus-Christ, notamment des titres tels que le Commencement et la Fin, Fils Bien-aimé,
Créateur, Dieu, Jéhovah, Jésus, Jésus-Christ, Roi de Sion, Seigneur, Seigneur Dieu,
Messie, Fils unique, Roc du Ciel, Sauveur, Fils et Fils de l'Homme. Une contribution
particulière est lidée que Jésus-Christ a été au centre de toutes les
dispensations, d'Adam à Joseph Smith.
JÉSUS LE CRÉATEUR. Dans Moïse, chapitres 2 et 3, Jésus est identifié comme le
Créateur sous l'égide de Dieu le Père. Le livre d'Abraham ajoute
léclaircissement que Jésus n'agissait pas seul mais avec un conseil d'esprits
intelligents, dont Abraham (Abr. 3:23).
LA RÉBELLION DE SATAN. Dans létat prémortel, le Père a choisi Jésus pour
devenir le Fils unique et le Rédempteur. Satan s'est rebellé contre le choix du Père et
est devenu l'ennemi juré de Jésus et de tous ceux qui le suivent (Moï. 4:1-4 ; voir
aussi Premier état ; Guerre dans le ciel).
ADAM ET ÈVE ET LE PLAN DU SALUT. Adam et Ève (Moï. 1:34 ; 4:26 ; 5:5-9) ont été les
premiers qui ont été instruits et qui ont accepté le plan du salut du Père sur cette
terre. Dieu a commandé à Adam doffrir les prémices de ses troupeaux. Après bien
des jours, un ange du Seigneur lui a demandé pourquoi il faisait des sacrifices. Quand
Adam a reconnu quil ne savait pas pourquoi, lange lui a expliqué : «C'est
une similitude du sacrifice du Fils unique du Père, qui est plein de grâce et de
vérité
Ce jour-là, le Saint-Esprit, qui rend témoignage du Père et du Fils,
descendit sur Adam, disant: Je suis le Fils unique du Père, depuis le commencement,
dorénavant et à jamais, afin que de même que tu es tombé, tu puisses être racheté,
ainsi que toute l'humanité, tous ceux qui le veulent» (Moïse 5:7-9).
L'expiation de Jésus-Christ s'est appliquée à l'humanité dès le commencement. Adam
croyait en l'avènement du Christ, fut baptisé en son nom et reçut le don du
Saint-Esprit et les clefs de la prêtrise d'une dispensation (Moï. 6:51-68 ; D&A
107:41-42 ; voir aussi Adam : Sources de lÉglise).
HÉNOC, UN TÉMOIN DU FILS DE L'HOMME. Hénoc a prêché la foi en Jésus-Christ, le
repentir, le baptême, la réception du don du Saint-Esprit, la progression dans la
connaissance de Dieu, la justification et la sanctification, le tout pouvant être
réalisé par le sang expiatoire du Christ (Moï. 6:46-62).
Hénoc était un prophète témoin du Seigneur Jésus-Christ et savait que Jésus était
le Dieu des prophètes antiques, le Rédempteur et Sauveur, le Fils de «lHomme de
sainteté» qui est Dieu le Père. Il eut la vision de lavènement du Sauveur au
midi des temps, de sa crucifixion et de son ascension triomphale vers le Père (Moïse
7:47, 53, 55). Hénoc le voyant (Moï. 6:36) a vu aussi lavènement du «Fils de
l'Homme, dans les derniers jours, pour demeurer sur la terre dans la justice pendant mille
ans» (Moï. 7:65).
NOÉ, PRÉDICATEUR DE LA DÉLIVRANCE PAR LE CHRIST. Noé a supplié le peuple disant :
«Croyez, repentez-vous de vos péchés et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ, le
Fils de Dieu, tout comme nos pères, et vous recevrez le Saint-Esprit, afin que tout vous
soit manifesté; si vous ne le faites pas, les flots viendront sur vous» (Moï. 8:24).
ABRAHAM. Abraham a été visité par Jéhovah (Abr. 1:16) et l'a connu comme
quelquun «qui était semblable à Dieu», le Créateur, le Fils de l'Homme et
l'adversaire de Satan (Abr. 3:24-28).
MOÏSE, LIBÉRATEUR ET PRÉFIGURATION DU CHRIST. Après avoir été mis à lépreuve
par un affrontement avec le diable et sêtre tenu deux fois en la présence de Dieu
(Moï. 1:2-39), Moïse entend : «Et maintenant, Moïse, mon fils, je vais te parler de
cette terre sur laquelle tu te tiens, et tu écriras les choses que je vais te dire»
(Moï. 1:40). Il lui est également dit quil est à «limage» du Fils unique,
le Sauveur, qui est plein de grâce et de vérité (Moï. 1:6). Quand Moïse doit
affronter les puissances des ténèbres, il demande à Dieu la force et, au nom du Fils
unique, commande à Satan de séloigner (Moï. 1:20-22). Moïse a servi Dieu
d'Israël, qu'il savait être le Messie, le Fils unique, le Sauveur et le Créateur de
«mondes sans nombre» (Moï. 1:32-33).
MATTHIEU, HISTORIEN DU MINISTÈRE DU SEIGNEUR. Dans un discours à ses disciples trois
jours avant sa crucifixion, Jésus leur a donné des conseils sur la façon de survivre à
la destruction proche de Jérusalem et comment les futurs disciples devraient survivre à
une dévastation similaire qui se produirait dans les derniers jours comme prélude à sa
seconde venue (Mt. 24). La traduction de ce discours par Joseph Smith est présentée sous
le titre Joseph SmithMatthieu.
JOSEPH SMITH. Le prophète Joseph Smith a appris par expérience divine qu'il y a un
Sauveur, qui est Fils, et un Dieu qui est Père. Ceci il la appris lors de sa
Première Vision quand une colonne de lumière est apparue «plus brillante que le
soleil» et est descendue sur lui. Dans cette lumière il a vu «deux Personnage dont
léclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de
[lui] dans les airs. L'un d'eux [lui] parla, [l]appelant par [son] nom, et dit, en
[lui] montrant lautre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le !» Dans
cette vision, Joseph Smith a parlé au Père et au Seigneur Jésus-Christ (JSH
1:15-17). Le prophète devait écrire plus tard : «J'avais réellement vu une lumière,
et au milieu de cette lumière, je vis deux Personnages, et ils me parlèrent réellement;
et quoique je fusse haï et persécuté pour avoir dit que j'avais eu cette vision,
cependant c'était la vérité» (JSH 1:25).
Dans les articles de foi, Joseph Smith a déclaré la position de Jésus comme membre de
la Divinité, a énoncé les premiers principes de l'Évangile de Jésus-Christ et a
affirmé que le Christ viendra un jour régner personnellement sur la terre.
Bibliographie
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price: A History and Commentary, pp 20, 74-75. Salt
Lake City, 1987.
JAMES R. HARRIS
Jésus-Christ, Noms et titres de
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
Étant
donné que Jésus-Christ est au centre tant du culte de lÉglise que des Écritures,
il est naturellement connu sous beaucoup de noms et de titres, notamment ceux qui suivent
:
JÉSUS. Lhébreu yeshoua ou yehoshoua, signifiant «Jéhovah sauve», se transcrit
dans nos caractères par Josué. En grec, il est devenu Iesous, ce qui a donné Iesus en
latin et Jésus. Jésus étant véritablement Jéhovah effectuant une uvre
salvatrice, son nom yeshoua, «Jéhovah sauve», lui convient parfaitement.
MESSIE. Ce titre vient du mashiyach hébreu, «oint». Chez les Israélites, les
prophètes, les prêtres et les rois étaient oints, ce qui les désignait comme
successeurs légitimes. Généralement, «Messie» désigne une figure attendue par
Israël pour être son roi. Appliqué à Jésus, le titre conserve son sens plein de
prophète, de prêtre et de roi «oint».
CHRIST. Messie (oint), en grec, se dit Christos, le Christ. Jésus-Christ est donc à la
fois un nom et un titre et signifie Jésus le Messie.
FILS DE DIEU. Jésus n'était le fils d'aucun homme mortel. Son père biologique était
Dieu, le Père. Comme Fils de Dieu, Jésus représente le Père et agit comme son agent en
toutes choses.
FILS DE L'HOMME. De sa mère Jésus hérita la condition mortelle. L'hébreu ben
adam désigne un «fils d'Adam», c'est-à-dire tout homme mortel (Da. 8:17). Ainsi,
en tant que fils d'Adam, Jésus représente les enfants d'Adam, agissant en tant que leur
agent auprès du Père. En tant que Fils de Dieu et Fils de l'Homme, Jésus se tient entre
Dieu et l'homme comme médiateur. Avec l'article défini, le Fils de l'Homme décrit une
figure céleste apocalyptique attendue, identique au Messie (Da. 7:13). Jésus est le Fils
de l'archétype de lHomme, l'Homme céleste parfait, le Père éternel (Moï. 6:57 ;
7:35). Dans ce sens, «Fils de l'Homme» est égal à «Fils de Dieu» et crée une
ambiguïté intentionnelle, reflétant lascendance mortelle et immortelle de Jésus.
FILS DE DAVID. Les Juifs sattendaient à ce que le Messie appartienne à la lignée
de David. Les prophètes avaient prédit qu'un fils (descendant) de David rétablirait le
royaume d'Israël à son ancien zénith (voir És. 11:1-9 ; Jé. 23:5-6). Selon Mt.
1:1-16, Jésus descendait de David. «Fils de David» désigne en particulier le
caractère messianique de Jésus dans son aspect politique comme roi davidique.
JÉHOVAH. Les saints des derniers jours croient que Jésus est Jéhovah lui-même, le Dieu
d'Israël, pas fils de Jéhovah (És. 41:14 ; 43:11, 14 ; Mos. 3:5 ; 3 Né. 11:14 ; 15:5).
Le nom Jéhovah prononcé de cette façon ne se trouve pas dans les textes antiques, mais
est une convention moderne. Dans les temps anciens, le texte hébreu n'avait pas de
voyelles ; les consonnes du nom de Dieu étaient donc yhwh. Les Juifs évitaient de
prononcer ces consonnes quand ils lisaient à haute voix et disaient plutôt adonaï, mot
signifiant «Seigneur». Se conformant à cette pratique, les traducteurs de la King James
rendent habituellement yhwh par «the Lord» [le Seigneur]. Dans les textes hébreux
médiévaux, les voyelles d'adonai furent ajoutées aux consonnes de yhwh pour rappeler
aux lecteurs juifs quils devaient dire «adonaï». Les traducteurs anglais
adoptèrent cette convention, créant la forme artificielle «Jéhovah». Les saints des
derniers jours acceptent Jéhovah comme nom pour le Christ prémortel parce que c'est la
forme anglaise courante de yhwh.
EL El n'est pas un nom, mais est le nom courant de Dieu en hébreu (pluriel, élohim). Les
saints des derniers jours utilisent souvent Élohim pour le Père, ce qui permet de faire
une distinction entre les membres de la Divinité. Néanmoins, dans l'Ancien Testament, El
et ses dérivés, tels que Élohim et El Shaddaï (Dieu Tout-Puissant), désignent
habituellement Jésus prémortel, Dieu ('el) de l'Ancien Testament.
EMMANUEL. Puisque Jésus était l'El antique, l'ange (Mt. 1:23) lui donne correctement le
nom dEmmanuel (hébreu, immanou'el), voulant dire El (le dieu) avec nous.
LE SEIGNEUR. Puisque les Juifs prononçaient adonaï (Seigneur) au lieu du nom divin, la
Bible grecque (v. 200 av. J.-C.) traduit habituellement yhwh par ho kurios, «le
Seigneur». Ainsi, «le Seigneur», que ce soit adonaï ou kurios, était
léquivalent de «Jéhovah». Il ne faut donc pas sétonner que «le
Seigneur» soit le titre le plus courant de Jésus dans le Nouveau Testament. La
confession de l'Église primitive : «Jésus est Seigneur» ne pouvait signifier que
Jésus est Jéhovah.
JE SUIS. Dans Ex. 3:14, Jéhovah (Jésus-Christ) s'identifie comme étant «JE SUIS»,
affirmant peut-être que Jésus est le Créateur, qui existe indépendamment de sa
création. Les savants voient des liens entre ce vieux titre de l'Ancien Testament et les
nombreuses fois que Jésus dit «je suis» dans le Nouveau Testament, par exemple : «Je
suis le bon berger» (Jn. 10:11, 14), ou «avant qu'Abraham fût, je suis» (Jn. 8:58).
PÈRE. Jésus est Père dans trois sens au moins : (1) il est le créateur de l'univers
physique, (2) il est l'agent du Père dans tout ce qui concerne cette création et ses
habitants et (3) il est le Père de tous les êtres humains éternels et ressuscités.
Jésus-Christ engendre spirituellement et donne la vie éternelle à celui qui est «né
de nouveau», lequel devient ainsi fils du Christ (Mos. 27:25). De plus, les saints des
derniers jours appellent le Christ leur «frère aîné». Dans le contexte prémortel
ceci est correct, parce que là Jésus était «le Premier-né» de tous les enfants
d'esprit du Père (D&A 93:21). Néanmoins, «Père» décrit surtout les relations
actuelles et futures du Christ avec les mortels qui sont nés spirituellement de nouveau.
SECOND CONSOLATEUR. Le Saint-Esprit, le Consolateur, réconforte les fidèles en leur
donnant l'assurance quils hériteront le royaume de Dieu. Cependant, par la foi au
Christ, on peut recevoir un second Consolateur, lapparition de Jésus lui-même, qui
assure l'individu de sa place dans le royaume. Après un témoignage de l'Esprit, le
second Consolateur est un témoin personnel du Seigneur ressuscité (Jn. 14:16-23).
SAUVEUR. Sauveur, le plus sublime des titres, souligne le rôle de Jésus dans le plan
divin. Les Ancien et Nouveau Testaments précisent tous deux que le Sauveur est Dieu (És.
45:21-23 ; Lu. 1:47 ; etc.). Par l'agonie et la mort souffertes pour les autres, Jésus
peut effacer des imperfections et conférer la dignité, à condition quil y ait
repentir. Puisque des êtres imparfaits ne peuvent pas résider en la présence de Dieu
(D&A 1:31), Jésus sauve les croyants de leur imperfection, de leurs péchés et de ce
quils ont de pire. (Voir aussi, ci-dessus, la définition de son nom, «Jésus».)
LA PAROLE. De même que les mots portent les pensées d'un esprit à celui des autres, de
même Jésus communique la volonté du Père aux mortels. De plus, de même que les mots
sont les agents de l'expression, de même depuis le commencement (Jn. 1:1-3) Jésus est
l'agent qui exprime et accomplit la volonté du Père. Le Christ est le messager et le
message.
LALPHA ET LOMÉGA. Équivalents de lexpression «le premier et le
dernier» dans l'Ancien Testament (par exemple, És. 44:6), l'Alpha et l'Oméga sont les
première et dernière lettres de l'alphabet grec. De même quil ny a aucune
lettre avant alpha ou après oméga, il n'y a aucun autre dieu dans cette création à
part celui représenté en Jésus-Christ. Il englobe tout, du commencement jusqu'à la fin
; il se prolonge au-delà de toutes les extrémités et catégories.
FILS UNIQUE. Jésus-Christ est le seul que le Père ait engendré dans la condition
mortelle. Son titre complet est «Fils unique du Père dans la chair». Étant donné que
les saints des derniers jours croient que tous les humains ont été spirituellement
engendrés par le Père avant la création, «Fils unique» est compris comme limité à
la condition mortelle.
AGNEAU DE DIEU. Lors de la première Pâque, on badigeonnait le sang d'un agneau tué sur
les maisons des Israélites pour que lange exterminateur passe outre. Dans le
Nouveau Testament, Jésus est considéré comme lagneau pascal fourni par Dieu, et
la Pâque est la préfiguration de la mort de Jésus, l'agneau de Dieu, dont le sang, par
le baptême et la Sainte-Cène, protège les chrétiens du destructeur, Satan. Selon Moï.
5:6-8, les sacrifices danimaux étaient censés être «une similitude du sacrifice
du Fils unique du Père».
ROBINSON de STEPHEN E.
Jésus-Christ, Père et Fils
Auteur : MILLET, ROBERT L.
Les
Écritures modernes appellent Jésus-Christ le Père et le Fils. Dans le Livre de Mormon,
tout particulièrement, le Christ se présente au frère de Jared en disant : «Je suis le
Père et le Fils» (Ét. 3:14) ; Néphi 1 appelle l'Agneau de Dieu «Père éternel» (1
Né. 11:21, éd. 1830), et le prophète Abinadi dit que le Messie serait «le Père
et le Fils» (Mos. 15:3). Cette pratique a été expliquée de plusieurs façons
dune manière conforme à la compréhension fondamentale de la Divinité entretenue
par les saints des derniers jours, à savoir que ce sont trois êtres distincts.
Tout est parfaitement clair en ce qui concerne la filiation du Christ. Jésus est le Fils
de Dieu de trois manières au moins. D'abord, il est l'enfant aîné d'esprit de Dieu le
Père et de ce fait le frère aîné des esprits de tous les hommes et femmes, comme Dieu
le Père, connu également par le nom-titre exalté Élohim, est le Père des esprits de
toute l'humanité (No. 16:22 ; Hé. 12:9 ; Jn. 20:17). Ainsi, quand le Christ est appelé
le Premier-né (par exemple, Ro. 8:29 ; Col. 1:15 ; D&A 93:21), les saints des
derniers jours acceptent ceci comme une allusion possible à la naissance spirituelle du
Christ. En second lieu, il est le Fils physique littéral de Dieu, le Fils unique dans la
chair (par exemple, Jn. 1:14 ; 3:16 ; 2 Né. 25:12 ; Jcb. 4:11 ; D&A 29:42 ; 93:11 ;
Moï. 1:6 ; 2:26). Troisièmement, spirituellement il est également Fils en vertu de sa
soumission à la volonté du Père (Hé. 5:8).
Jésus-Christ est également connu par le titre de Père. Le sens des Écritures qui
utilisent cette nomenclature n'est pas toujours immédiatement clair, ceci étant
principalement dû au fait que le Christ et son Père sont pratiquement inséparables dans
leurs buts, leur témoignage, leur gloire et leur pouvoir. Mais dans la plupart des cas,
l'usage scripturaire peut sexpliquer de plusieurs manières :
Le Christ est parfois appelé Père à cause de son rôle comme Créateur dès le
commencement (voir Création, Récits de la création). Avant sa naissance dans la
condition mortelle, agissant sous la direction du Père, Jésus était Jéhovah, le
Seigneur Omnipotent, par qui Dieu a créé des mondes sans nombre (Moï. 1:33 ; 7:30 ; Jn.
1:1-3 ; Hé. 1:2). À cause de son rôle de créateur, Christ-Jéhovah est appelé, dans
le Livre de Mormon, «le Père du ciel et de la terre, le Créateur de tout depuis le
commencement» (Mos. 3:8 ; voir aussi 2 Né. 25:16 ; Al. 11:39 ; 3 Né. 9:15). Le rôle de
Jésus comme Créateur est pareillement attesté dans la Bible (par exemple, Jn. 1:3 ;
Ép. 3:9 ; Col. 1:16) et les Doctrine et Alliances (par exemple, D&A 38:1-3 ; 45:1 ;
76:24 ; 93:9).
Jésus-Christ est également connu comme Père par la nouvelle naissance spirituelle de
l'humanité (voir Né de Dieu). En tant que Rédempteur préordonné, il est devenu «pour
tous ceux qui lui obéissent lauteur dun salut éternel» (Hé. 5:9). Il est
le Sauveur. Nul ne vient au Père que par lui et par son nom (Jn. 14:6 ; Ac. 4:12 ; Mos.
3:17). Ceux qui acceptent l'Évangile de Jésus-Christ, reçoivent ses ordonnances
salvatrices par alliance et vivent de manière à être dignes de ses pouvoirs
sanctificateurs, «naissent de nouveau» au Christ et deviennent les enfants du Christ,
«ses fils et ses filles», sa postérité (Mos. 5:5-8 ; 15:10-13 ; 27:25-26 ; Al. 5:14).
Le Christ devient ainsi le Père de leur salut, le Père de la vie dans l'esprit, le Père
de la nouvelle naissance. Dans le même ordre didées, il est également le Père de
toute l'humanité parce que la résurrection de la famille humaine entière vient par lui
(Sperry, p. 35).
En outre, Jésus est appelé Père à cause de l'autorité que Dieu lui a donnée
dagir pour le Père. Il a expliqué à Jérusalem : «Je ne puis rien faire de
moimême
Je suis venu au nom de mon Père» (Jn. 5:30, 43). Un dirigeant de
lÉglise a éclairci ceci : «Toute la révélation depuis la chute est venue par
Jésus-Christ, qui est le Jéhovah de l'Ancien Testament
Le Père n'a jamais traité
directement et personnellement avec l'homme depuis la chute, et il nest jamais
apparu autrement que pour présenter le Fils et rendre témoignage de lui» (DS 1:35). Les
saints des derniers jours comprennent ceci comme voulant dire que, sauf quand il présente
le Fils, Dieu agit toujours et parle toujours à l'humanité par Jésus-Christ. Le Père a
donc placé son nom sur le Fils, la autorisé et lui a donné pouvoir de parler
même à la première personne pour lui, comme s'il était le Père. Par exemple, quand le
Seigneur Jéhovah (qui allait venir plus tard sur la terre comme Jésus de Nazareth) parle
à Moïse : «Moïse, mon fils
tu es à l'image de mon Fils unique; et mon Fils
unique est et sera le Sauveur» (Moï. 1:6). Parfois le Sauveur parle en tant que Père
(Élohim) et en tant que Fils (Jésus) dans la même révélation (par exemple, D&A
29:1 et 42 ; 49:5 et 28).
En outre, le Christ est Père du fait quil a littéralement hérité des attributs
et des pouvoirs de son Père (Élohim). De Marie, sa mère, Jésus a hérité la condition
mortelle, la capacité de mourir. De Dieu, son Père, il a hérité l'immortalité, la
capacité de vivre pour toujours : «Comme le Père a la vie en luimême, ainsi il a
donné au Fils davoir la vie en luimême» (Jn. 5:26 ; cf. Hél. 5:11). Le
Christ est «le Père parce qu'il a été conçu par le pouvoir de Dieu» (Mos. 15:3).
«Son Père éternel l'ayant investi du pouvoir d'en haut, il est devenu le Père parce
qu'il exerce le pouvoir de cet être éternel» (McConkie, p. 371).
Le Christ est également Père du fait quil a reçu spirituellement tout ce que le
Père a. «Je suis dans le Père
le Père est en moi et
le Père et moi sommes
un: Le Père parce qu'il m'a donné de sa plénitude, et le Fils parce que j'ai été dans
le monde» (D&A 93:3-4).
D'autres explications sont de même possibles. Tout le monde a des rôles multiples dans
la vie. Un homme peut être père, fils et frère ; une femme peut être mère, fille et
sur. Ces titres décrivent des rôles ou des fonctions à un moment donné, aussi
bien que des rapports avec d'autres. Pour les saints des derniers jours, il en va de même
du Christ. Il a beaucoup de noms et de titres. Il exerce un ministère en tant que Père
et que Fils. Après avoir expliqué que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob viendrait
sur la terre prendre un corps et exercer un ministère comme Père et comme Fils, Abinadi
résume : «Et ils sont un seul Dieu, oui, le Père éternel même du ciel et de la
terre» (Mos. 15:4 ; voir aussi Mos. 7:26-27 ; D&A 93:14). Le Père et le Fils,
l'Esprit et la chair, le Dieu et lhomme ces titres, ces rôles et ces
attributs sont merveilleusement fusionnés dans un seul être, Jésus-Christ, en qui
«habite corporellement toute la plénitude de la divinité» (Col. 2:9).
Bibliographie
""The Father and the Son': A Doctrinal Exposition of the First Presidency and
the Twelve" 30 juin 1916. Dans MFP 5:26-34. Salt Lake City, 1971.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, chaps. 4, 9, 20. Salt Lake City, 1978.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:26-34. Salt Lake City, 1954.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions, pp. 31-38. Salt Lake City, 1967.
ROBERT L. MILLET
Jésus-Christ, prendre sur soi le nom de
Auteur : WARNER, PAUL R.
C'est un
point de doctrine de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours que la seule
manière d'obtenir le salut est de prendre sur soi le nom de Jésus-Christ. Ceci est
catégoriquement dit dans plusieurs révélations modernes. Bien que ce ne soit pas
spécifiquement dit dans la Bible, le concept est implicite dans ce que dit Paul :
«Revêtezvous du Seigneur JésusChrist» (Ro. 13:14 ; Ga. 3:27), dans la
déclaration de Pierre que Jésus-Christ est le seul nom donné «parmi les hommes, par
lequel nous devions être sauvés» (Ac. 4:12 ; Ex. 15:2 ; 1 S. 2:1 ; Ps. 27:1) et dans
l'ordre du Seigneur à Moïse : «Ils mettront mon nom sur les enfants dIsraël»
(No. 6:27 ; cf. Jé. 15:16). Pour prendre sur soi le nom du Christ dans cette dispensation
il faut commencer par être baptisé dans son Église et garder les commandements.
Le Seigneur a déclaré au prophète Joseph Smith que toutes les personnes qui désirent
une place dans le royaume du Père doivent prendre sur eux le nom du Christ (D&A
18:24-25, 27). Amulek, dans le Livre de Mormon, conseille aux Zoramites égarés :
«Pren[ez] sur vous le nom du Christ» (Al. 34:38). Jésus ressuscité promet :
«Quiconque prend sur lui mon nom, et persévère jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé
au dernier jour» (3 Né. 27:5-6 ; cf. Mos. 25:23 ; 26:18). Le Seigneur dit à Abraham :
«Je te prendrai pour mettre sur toi mon nom» (Abr. 1:18).
Quand on prend sur soi le nom de Jésus, on contracte des alliances sacrées. Le roi
Benjamin a dit : «Il n'y a aucun autre nom donné par lequel le salut vienne; c'est
pourquoi, je voudrais que vous preniez sur vous le nom du Christ, vous tous qui avez
conclu avec Dieu l'alliance d'être obéissants jusqu'à la fin de votre vie» (Mos. 5:8 ;
cf. 18:8-12 ; Al. 46:15). Les alliances du baptême (D&A 20:37 ; cf. 2 Né. 31:13) et
de la Cène du Seigneur (D&A 20:77 ; Mro. 4:3) nécessitent que lon prenne sur
soi le nom de Jésus-Christ. Bruce R. McConkie, apôtre moderne, a dit : «Nous avons pris
sur nous son nom dans les eaux du baptême. Nous renouvelons l'alliance que nous avons
contractée à ce moment-là quand nous participons à la Sainte-Cène [à la Cène du
Seigneur]. Si nous sommes nés de nouveau, nous sommes devenus des fils et des filles du
Seigneur Jésus-Christ» (McConkie, p. 393).
Dallin H. Oaks, apôtre lui aussi, a expliqué en outre que «nous prenons sur nous le nom
du Christ quand nous nous faisons baptiser en son nom, quand nous appartenons à son
Église et que nous professons notre croyance en lui, et quand nous accomplissons
luvre de son royaume. Il y a d'autres significations aussi, des significations
plus profondes que les membres plus mûrs de l'Église doivent comprendre et méditer»
(Oaks, p. 80). «Les significations plus profondes» cest hériter la plénitude de
la gloire de Dieu et obtenir l'exaltation dans le royaume céleste (Oaks, pp. 81-83).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Jesus Christ and Him Crucified." Dans BYU Devotional
Speeches of the Year, pp. 391-405. Provo, Utah, 1976.
Oaks, Dallin H. "Taking Upon Us the Name of Jesus Christ," Ensign 15, mai 1985,
pp. 80-83.
PAUL R. WARNER
Jésus-Christ, second Consolateur
Auteur : SHERRY, THOMAS E.
Le terme
«second Consolateur» désigne Jésus-Christ dans le sens où il sert personnellement ses
disciples fidèles (Jn. 14:21-23 ; D&A 93:1 ; 130:3). Jésus a enseigné à ses
disciples que le Saint-Esprit était un consolateur (Jn. 14:26), mais il a également
parlé d'un second Consolateur (Jn. 14:16-21). Joseph Smith a donné aux saints des
derniers jours une compréhension supplémentaire concernant le second Consolateur :
«Lorsquune personne a foi au Christ, se repent de ses péchés, est baptisée pour
la rémission de ses péchés et re¬çoit le Saint-Esprit (par limposition des
mains), ce qui est le premier Consolateur, quelle continue à shumilier devant
Dieu, ayant faim et soif de justice, et vivant se¬lon toute parole de Dieu, et le
Seigneur lui dira bientôt: Mon fils, tu seras exalté. Lorsque le Seigneur laura
totalement mis à lépreuve et constatera que lhomme est décidé à le servir
à tout prix, alors lhomme verra affermies sa vocation et son élec¬tion, alors il
aura le droit sacré de recevoir lautre Consolateur que le Seigneur a promis aux
saints comme le rapporte le témoignage de saint Jean, au quatorzième chapitre, du
douzième au vingt-septième versets
Or quel est cet autre Consolateur? Ce nest ni plus ni moins que le Seigneur
Jésus-Christ lui-même
quand quelquun reçoit ce der¬nier Consolateur, il
aura la personne de Jésus-Christ pour soccuper de lui, ou lui ap¬paraître de
temps en temps, et il lui manifestera même le Père, et ils feront leur de¬meure chez
lui, les visions des cieux lui seront ouvertes, le Seigneur linstruira face à face
et il pourra avoir la connaissance parfaite des mystères du royaume de Dieu; et tels sont
létat et le lieu auxquels arrivaient les saints dautrefois lorsquils
avaient daussi merveilleuses visions: Ésaïe, Ézéchiel, Jean sur lîle de
Patmos, saint Paul dans les trois cieux, et tous les saints qui étaient en communion avec
lassemblée gé¬nérale et lÉglise du Premier-né» [EPJS, pp. 117-118].
Le Seigneur a conseillé à ses saints : «Cherchez
sa face» (D&A 101:37-38).
Aucun pécheur ne peut supporter sa présence et par conséquent n'obtiendra pas la
bénédiction (D&A 67:10-13 ; TJS Ex. 33:11, 20). Dans la sagesse de Dieu, certains
individus fidèles ont en bénédiction le second Consolateur tandis quils demeurent
dans la condition mortelle. [Voir aussi Vocation et élection ; Jésus-Christ :
Apparitions modernes de Jésus-Christ.]
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, pp. 492-499, 549. Salt Lake
City, 1985.
THOMAS E. SHERRY
Jésus-Christ, sources des paroles de
Auteur : SCHAELLING, J. PHILIP
Pour les
disciples de Jésus-Christ, rien n'a plus d'autorité ou d'importance que ses propres
paroles. Appelées ipsissima verba ou logia, elles ne sont pas colorées par la paraphrase
ou l'interprétation, mais représentent ses instructions exactes, quelles aient
été prononcées par Jésus lui-même à la première personne ou par dautres
personnes autorisées par lui, parlant à la première personne comme si
cétait Dieu par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3 ; 33:10-11 ; D&A
1:38 ; cf. Ap. 19:1-10).
Le statut donné aux paroles de Jésus remonte au début du christianisme. Une grande
partie de lintérêt actuel pour les apocryphes du Nouveau Testament repose sur
l'espoir de retrouver des paroles authentiques de Jésus. Par exemple, pour employer les
termes dun éditeur moderne : «L'Évangile de Thomas n'est pas un
évangile au sens propre
. il n'est pas autre chose et rien de moins
quun recueil de 114 logia, le recueil le plus étendu de paroles de Jésus ou de
paroles attribuées à Jésus, qui nous soit parvenu indépendamment de la tradition
néotestamentaire» (Puech, pp. 284-285).
Certaines sources antiques et contemporaines propres à l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours viennent augmenter le corpus connu des paroles de Jésus.
L'Église enseigne que Jésus-Christ est le Dieu de l'Ancien Testament et du Nouveau
Testament. Par conséquent, elle considère les citations attribuées à Dieu dans
l'Ancien Testament comme ipsissima verba de Jésus. Par exemple, le commandement de Dieu
à Moïse «Étends ta main sur la mer, et fends-la» est considéré comme étant de
Jésus-Christ (Ex. 14:16 ; cf. 1 Co. 10:1-4). De plus, quand les prophètes antiques
citent Dieu à la première personne, comme dans «Moi, lÉternel, jaime la
justice, je hais la rapine avec liniquité» (És. 61:8), ces paroles sont
considérées comme ipsissima verba de Jésus (voir Jésus-Christ, Premier-né dans
lEsprit ; Jesus-Christ Noms et titres de).
Tandis quil faisait sous l'inspiration la Traduction de Joseph Smith de la Bible
(TJS), le prophète Joseph Smith a noté beaucoup de logia. Par exemple, après que Moïse
eut brisé le premier jeu de tables avec les dix commandements, le Seigneur lui commanda
den faire dautres. Dans les manuscrits hébreux actuels, Dieu dit qu'il va
réécrire ce qui était sur les premières. Mais dans la TJS, le Seigneur ajoute : «Ce
ne sera pas comme les premières [tables de la Loi], car jenlèverai la prêtrise de
leur sein ; cest pourquoi mon saint ordre et ses ordonnances n'iront pas devant
eux» (TJS Ex. 34:11-12 ; De. 10:1-2 ; cf. D&A 84:18-27).
La TJS ajoute aussi des logia au Nouveau Testament. Comme arrière-plan à
lillustration de Jésus quil ne faut pas mettre du vin nouveau dans de
vieilles outres, la TJS ajoute : «Alors les pharisiens lui dirent : Pourquoi ne veux-tu
pas nous recevoir avec notre baptême, vu que nous gardons toute la loi ? Mais Jésus leur
dit : Vous ne gardez pas la loi. Si vous aviez gardé la loi, vous m'auriez reçu, car
cest moi qui ai donné la loi. Je ne vous reçois pas avec votre baptême, car il ne
vous sert à rien. Car lorsque ce qui est nouveau est arrivé, ce qui est ancien est prêt
à être mis de côté» (TJS Mt. 9:18-21). De tels passages, bien que ne se trouvant dans
aucun texte grec existant, sont acceptés par les saints des derniers jours comme paroles
authentiques de Jésus.
En plus d'accepter les écrits bibliques, l'Église a canonisé d'autres Écritures qui
préservent des ipsissima verba de Jésus-Christ : la Perle de Grand Prix, le Livre de
Mormon et les Doctrine et Alliances.
Dans la Perle de Grand Prix, le livre de Moïse un extrait de la TJS
conserve la déclaration bien connue parmi des saints des derniers jours, «car voici mon
uvre et ma gloire : réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme»
(Moï. 1:39). Le livre d'Abraham contient également des enseignements de Jéhovah ou du
Christ. Au chapitre 3, Jéhovah compare la nature de l'univers à la variété des esprits
ou intelligences, qui lhabitent. Racontant les relations de Dieu avec le peuple
habitant le continent américain, le Livre de Mormon conserve également des paroles
données à leurs prophètes. En plus des paroles spécifiques du «Fils» écrites par
Néphi 1 (2 Né. 31:12, 14) et d'autres (par exemple, Moroni 2 dans Ét. 12:26-28), les
paroles dites par Jésus au peuple du continent américain peu après sa résurrection
apparaissent également. Outre un discours semblable au sermon sur la montagne rapporté
dans Matthieu 5-7 (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité parla du baptême (3 Né. 11), de la
Sainte-Cène (chapitre 18), du rassemblement d'Israël et de laide apportée par les
Gentils (chapitres 16, 20-21).
Les Doctrine et Alliances contiennent des paroles du Christ adressées aux hommes du monde
contemporain : «Écoute, ô peuple de mon Église
en vérité, je le dis: Écoutez,
peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la mer, prêtez tous l'oreille»
sont des paroles prononcées en 1831 (D&A 1:1). Ce volume contient un recueil
important des paroles de Jésus-Christ comme voix d'avertissement et d'instructions sur la
façon de préparer la terre et son propre cur à son avènement.
Une source contemporaine supplémentaire de paroles du Christ réside dans les
déclarations des présidents de l'Église. Le Seigneur a déclaré que «vous recevrez sa
parole
comme si elle sortait de ma propre bouche» (D&A 1:38 ; 21:5). Ainsi,
toutes les fois que le président de l'Église parle officiellement dans le cadre de son
appel, les saints des derniers jours considèrent que ses paroles ont la même autorité
que les paroles du Seigneur lui-même. [Voir aussi Jésus-Christ dans les Écritures.]
Bibliographie
Millet, Robert L. "The Formation of the Canonical Gospels." Dans Apocryphal
Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs. Provo, Utah, 1986.
Puech, Henri-Charles. "Gnostic Gospels and Related Documents." Dans New
Testament Apocrypha, dir. de publ. ed. Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher, Vol. 1,
pp. 231-362. Philadelphie, 1963.
J. PHILIP SCHAELLING
Jésus-Christ, types et préfigurations de
Auteur : READ, LENET HADLEY
Les saints
des derniers jours croient que beaucoup dévénements, de personnes et dobjets
dans l'Ancien Testament et d'autres Écritures étaient des «types» ou des
préfigurations de Jésus-Christ. Jésus a enseigné, par exemple, que la manne était une
préfiguration de lui-même, le véritable pain céleste (Jn. 6:30-35) et que les trois
jours de Jonas dans le poisson représentaient sa mort et son ensevelissement (Mt.
12:38-41).
Paul affirme que l'eau que Moïse a fait jaillir d'un rocher était une indication de la
nourriture spirituelle qui serait donnée par Jésus (Ex. 17:6 ; 1 Co. 10:4) ; il affirme,
en outre, que le premier Adam préfigurait Jésus, le second Adam, qui a apporté la vie
à sa postérité spirituelle contrairement à Adam qui a apporté la mort (Ro. 5:12-21 ;
1 Co. 15:45). De même, les héritages d'Ismaël et dIsaac annoncent les
différences entre lancienne alliance et la nouvelle (Ga. 4:22-31).
Selon Hébreux 7:15, le Messie est venu «à la ressemblance de Melchisédek» (en
hébreu, «roi de justice») qui préfigurait les rôles de prêtre et de roi. La
généalogie de Jésus dans Matthieu 1:2-17 a été écrite pour montrer que Jésus était
à la fois descendant de David et était annoncé par lui comme roi d'Israël. Certains
dirigeants de lÉglise ont enseigné que la vie de beaucoup de prophètes a été un
symbole du Christ (McConkie, pp. 448-453).
On peut aussi trouver des prototypes et des indices dans le symbolisme des cérémonies
sacrées de l'Israël antique. Par exemple, le bouc émissaire et les rites de
purification du jour des Expiations signifient le salut du Christ accompli par la
souffrance et la mort (Hé. 9:7-14). De plus, la fête des Tabernacles, avec ses
connotations de moisson et de lumière, enseigne le règne du Messie (2 Ba. 29:4-8 ; Jn.
8:12).
Des passages du Livre de Mormon renforcent la notion de types scripturaires. Amulek
observe que «toute la signification de la loi [mosaïque]
annon[ce] ce grand et
dernier sacrifice
[du] Fils de Dieu» (Al. 34:14). De plus le sacrifice d'Isaac par
Abraham a été qualifié de «similitude de Dieu et [du sacrifice] de son Fils unique»
(Jcb. 4:5). Dieu a montré à l'Israël dautrefois «beaucoup de signes, et de
prodiges, et de figures, et de préfigurations concernant sa venue [du Christ]» (Mos.
3:15). Le prophète Alma appelait le Liahona, un compas donné par Dieu, une «figure» du
Christ, qui guide vers la vie éternelle (Al. 37:38-46). Au sens large, «tout ce qui a
été donné par Dieu à l'homme
est une figure de lui [le Christ]» (2 Né. 11:4).
La Perle de Grand Prix enseigne également que toute la création rend témoignage du
Christ (Moï. 6:63). Ceci inclut le soleil, qui renvoie vers lui, la lumière du monde
(voir D&A 88:5-13). De même, chaque ordonnance révélée comporte un lien symbolique
avec un élément ou lautre du ministère de Jésus. Par exemple, de même que les
sacrifices quotidiens au temple de Jérusalem annonçaient le sacrifice du Christ (Hé.
7:26-28), de même les saints des derniers jours considèrent que les ordonnances de
l'Évangile renvoient vers lui et vers le chemin qui ramène en sa présence.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, pp. 374-453. Salt Lake City, 1978.
Read, Lenet H. "Symbols of the Harvest: Old Testament Holy Days and the Lord's
Ministry." Ensign, janvier 1975, p. 32-36.
LENET HADLEY READ
Jeûne
Auteur : HILLS, DAWN M.
La pratique de labstinence périodique de nourriture et de boisson à des fins
cultuelles est mentionnée depuis les temps anciens. La Bible et le Livre de Mormon
attestent du jeûne sous ses différentes formes, publiques ou privées,
institutionnalisées ou spontanées. Dans une révélation au prophète Joseph Smith, le
Seigneur commande aux saints des derniers jours «de persévérer dorénavant dans la
prière et le jeûne» (D&A 88:76).
Les membres de lÉglise jeûnent généralement ensemble le premier dimanche de
chaque mois en vue de la réunion de jeûne et de témoignages. Ils sabstiennent
habituellement de nourriture et de boissons pour deux repas consécutifs, assistent aux
offices religieux et font un don de jeûne pour lentretien des nécessiteux. En
plus, une personne, une famille ou une assemblée peuvent jeûner pour une cause
spécifique telle quune personne qui est malade ou autrement affligée. Une personne
peut désirer une communication intime avec la Divinité rendue possible par un jeûne
accompagné de prières quand elle se prépare à une tâche difficile ou à un changement
crucial de situation dans la vie. Une personne peut jeûner quand elle recherche des
éclaircissements spirituels ou quelle a besoin dêtre guidée dans une prise
de décision, davoir de la force pour surmonter une faiblesse ou pour endurer une
épreuve, avoir un réconfort dans la douleur ou de laide lors dautres besoins
spéciaux.
Les principes généraux du jeûne sont la préparation dans la prière concernant
lobjet du jeûne et la réflexion et la méditation fréquentes pendant tout le
jeûne pour parvenir à lunité de but et desprit avec le Seigneur; une
conduite réservée, humble et joyeuse convenant à quelquun qui recherche une
bénédiction ou un éclaircissement spirituel (Mt. 6:16-18; cf. 3 Né. 13:16-18) et une
prière de reconnaissance et dactions de grâces pour finir le jeûne.
De riches bénédictions sont promises à ceux qui jeûnent et aident les nécessiteux
(És. 58:8-9). La maîtrise de soi, la communion avec le Seigneur et la force et le
pouvoir spirituels accompagnent lobéissance à la loi. Lesprit du jeûne est
bien représenté dans lÉcriture moderne : «En vérité, c'est là le jeûne et la
prière, ou, en d'autres termes, la joie et la prière» (D&A 59:14).
Bibliographie
Ricks, Stephen D. "Fasting in the Bible and Book of Mormon." Dans Book of
Mormon: The Keystone Scripture, dir. de publ. Paul R. Cheesman. Provo, Utah, 1988, pp.
127-136.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine, 10e éd. Salt Lake City, 1956.
DAWN M. HILLS
Jeûne, Dons du
Auteur : FERGUSON, ISAAC C.
Le premier dimanche de chaque mois est désigné comme dimanche de jeûne, et les saints
des derniers jours sont invités à jeûner pendant vingt-quatre heures et à donner au
moins la valeur des repas non consommés comme don de jeûne. Les dons de jeûne sont des
dons en argent ou en nature remis à lévêque pour aider les nécessiteux après
une brève période de jeûne.
La notion de dons du jeûne apparaît dès le temps dÉsaïe, qui encourageait le
peuple à jeûner et, ce faisant, à «partage[r s]on pain avec celui qui a faim» et à
«fai[re] entrer dans [s]a maison les malheureux sans asile» (És. 58:7). Le jeûne
était également pratiqué dans lÉglise postapostolique, dans laquelle plusieurs
des premiers pères chrétiens disaient que «pour aider les pauvres à laide de la
nourriture épargnée, le jeûne est une bonne uvre» (Kittel, vol. 4, p. 934). Au
milieu du deuxième siècle, certaines églises organisaient deux fois par semaine des
jeûnes volontaires et les dirigeants recueillaient des fonds pour les pauvres après les
services hebdomadaires du culte (Swenson, pp. 373-378).
Le prophète Joseph Smith institua la pratique de collecter des dons de jeûne pour les
pauvres à Kirtland (JD 12:115), où les membres de lÉglise avaient commencé à se
rassembler au début des années 1830. Plus tard, le 17 mai 1845, à Nauvoo, le Collège
des douze apôtres envoya une lettre générale à lÉglise définissant «les
principes du jeûne», disant :
«Que ceci soit un exemple pour tous les saints et il ne manquera jamais de pain : Quand
les pauvres ont faim, que ceux qui ont jeûnent pendant une journée et donnent aux
évêques, pour les pauvres, ce quils auraient sinon mangé et chacun abondera
pendant longtemps; et cest là un grand et important principe du jeûne approuvé
par le Seigneur. Et tant que les saints vivront tous ce principe, le cur heureux et
le visage joyeux, ils auront toujours de labondance» [HC 7:413].
Pendant lexode de Nauvoo, les pionniers observaient rarement un jour de jeûne
commun mais ils étaient souvent invités à donner aux pauvres. Il apparaît que
loffrande régulière de dons le jour du jeûne fut de nouveau instaurée dans la
vallée du lac Salé pendant la sécheresse de 1855-1856. George A. Smith écrit à propos
de cette période :
«Lors de toutes ces périodes de disette
des mesures étaient prises pour pourvoir
aux besoins de ceux qui ne pouvaient le faire eux-mêmes. Un jour de jeûne fut proclamé
pour lÉglise le premier jeudi de chaque mois et la nourriture économisée de cette
manière fut distribuée parmi les pauvres; et des milliers de personnes, qui avaient du
pain en abondance, rationnèrent leurs familles pour léconomiser pour ceux qui
nauraient pas pu en avoir autrement» [CHC 4:109-110].
Depuis cette époque, lobservance du jeûne mensuel de deux repas le premier
dimanche de chaque mois et loffrande de dons de jeûne sont devenues des pratiques
régulières dans lÉglise. Dans léconomie pionnière, la plupart des dons
tant la dîme que les offrandes consistaient en nourriture ou en bétail, et
les membres portaient les dons au bureau local de la dîme ou magasin de lévêque.
Les marchandises étaient alors distribuées aux nécessiteux. Aujourdhui, les dons
de jeûne consistent habituellement en argent. Les diacres de la Prêtrise dAaron
remplissent souvent les fonctions dagents de lévêque pour collecter les dons
de jeûne.
Les paroisses et les pieux sont encouragés à être indépendants pour le soin de leurs
pauvres. Les évêques sont chargés de chercher ceux qui sont dans le besoin et de leur
fournir le nécessaire vital. Les fonds excédentaires du don de jeûne dans les pieux
sont expédiés au siège social de lÉglise, où ils sont redistribués aux
régions où les besoins sont les plus grands.
La Première Présidence proclame de temps en temps un jeûne spécial quand des besoins
urgents se font sentir. Ce fut le cas le 15 mai 1845, quand «on donna suffisamment pour
pourvoir aux besoins des pauvres jusquà la moisson» (HC 7:411). En 1985, les
membres de lÉglise observèrent deux jours de jeûne spéciaux et firent don de
$10.465.000 à des projets de lutte contre la famine et de développement économique en
Afrique, en Amérique du Sud et ailleurs (voir Humanitaire).
Historiquement, les dons de jeûne ont rarement suffi pour répondre à tous les besoins
dassistance sociale de lÉglise et les pénuries ont été comblées par les
fonds généraux de lÉglise. La recommandation de Spencer W. Kimball, président de
lÉglise, reste valable: «Je pense que quand nous sommes aisés, comme beaucoup
dentre nous le sont, nous devons être très, très généreux
Je pense que
nous devrions
donner, au lieu du montant que nous avons épargné par nos deux repas
de jeûne, peut-être beaucoup, beaucoup plus, dix fois plus quand nous sommes en mesure
de le faire» (CR, avr. 1974, p. 184).
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. De publ. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 4, pp.
924-35. Grand Rapids, Mich., 1964.
Swenson, Russel B. "Welfare Work in the Early Christian Church." Instructor 82,
août 1947, pp. 373-378.
ISAAC C. FERGUSON
Jeûne et réunion de témoignages
Auteur : JOLLEY, MARY
Une réunion de jeûne de témoignages est normalement tenue le premier dimanche de chaque
mois chez les saints, où les membres fidèles de lÉglise sont invités à rendre
un témoignage verbal de leurs sentiments vis-à-vis de lÉvangile de Jésus-Christ.
La réunion suit habituellement un jeûne fait par les membres, dau moins de deux
repas consécutifs et de boissons. Le jeûne est officiellement rompu par la participation
à la Sainte-Cène. Dans les Écritures modernes, le jeûne est décrit comme étant «la
joie et la prière» (D&A 59:14), ce qui implique que cest plus que le simple
fait de sabstenir de nourriture. Cest aussi le sentiment que lon
éprouve en faisant des dons de jeûne, en donnant pour les pauvres léquivalent ou
davantage de ce quauraient coûté les repas. La réunion de jeûne et de
témoignages devient le lieu où sexpriment la sensibilité spirituelle et la
contrition, le lieu de la concentration sur les choses de Dieu.
Un membre de lépiscopat ou de la présidence de branche dirige la réunion de
jeûne et de témoignages. Habituellement elle commence par un cantique et une prière
douverture ou une prière, qui peuvent être suivies de la bénédiction de
nouveau-nés et de la confirmation de membres récemment baptisés.
Après la bénédiction de la Sainte-Cène, la personne qui dirige la réunion exprime son
témoignage et invite ensuite les membres de lassemblée de tout âge à faire de
même. Parfois ils restent sur place pour parler; à dautres moments, ils montent au
podium. Chacun se lève selon quil y est poussé par lEsprit et rend un
témoignage improvisé à lassemblée. Dans cette ambiance on exprime souvent des
sentiments profonds: de lappréciation pour de bonnes relations familiales, des
actions de grâces pour les bénédictions de lÉvangile, laveu de changements
importants dans une vie et les fruits de lobéissance. Il peut y avoir un récit
édifiant ou un témoignage concernant un point de doctrine ou attestant dune
inspiration divine. On conclut habituellement ces témoignages par une prière ou une
demande au nom du Seigneur. Lexpérience est à la fois éclairante, émouvante et
fait réfléchir. Les larmes ne sont pas rares parmi les confessions de faiblesses et les
efforts pour saméliorer, parallèlement à la reconnaissance pour la bonté divine.
Ces exposés durent rarement plus de cinq ou six minutes. Ainsi, un certain nombre
denfants et dadultes participent généralement à la réunion, qui dure
habituellement un peu plus dune heure, mais peut être prolongée ou raccourcie à
la discrétion de lofficier président. Au cours dune année quelconque, la
majorité des membres de lÉglise, jeunes et vieux, auront participé à cette forme
solennelle de témoignages le dimanche de jeûne.
Un précédent de la pratique de rendre officiellement témoignage a été donné lors de
la consécration du temple de Kirtland. À cette occasion, plusieurs personnes se sont
levées et, sous le déversement de lEsprit, ont parlé de choses quelles ont
vues et ressenties. À Kirtland, il était de coutume de tenir des réunions de jeûne le
jeudi après-midi. Depuis 1896, ces réunions se tiennent habituellement le dimanche.
MARY JOLLEY
Justice
Auteur: GARDNER, MARVIN K.
La justice constitue un vaste groupe de concepts et de traits. Comme pour le «tsédek»
en hébreu biblique et le «dikaïosunê» grec, le mot «justice» décrit la vie
religieuse idéale dont la norme est un comportement saint. La justice est une bonne
conduite à tous points de vue devant Dieu et parmi les hommes. Les Écritures donnent les
perspectives suivantes:
La justice est finalement synonyme de sainteté ou de piété. Le Christ lui-même est
connu comme «juste» (Moï. 7:45, 47) et en tant que «Fils de la Justice» (3 Né.
25:2). Ses «voies sont la justice à jamais» (2 Né. 1:19).
L'état de justice est accessible à l'humanité par la rédemption du Christ quand on
naît de Dieu: «Ne t'étonne pas de ce que toute l'humanité, oui, les hommes et les
femmes
doivent naître de nouveau; oui, naître de Dieu, changer de leur état
charnel et déchu à un état de justice, étant rachetés par Dieu, devenant ses fils et
ses filles» (Mos. 27:25).
Les termes «juste» et «justice» s'appliquent également aux mortels qui, quoique
assaillis par les faiblesses et la fragilité, cherchent à aller au Christ. Dans ce sens,
justice n'est pas synonyme de perfection. C'est un état dans lequel une personne va vers
le Seigneur, aspirant à la sainteté, se repentant continuellement de ses péchés et
sefforçant honnêtement de connaître et daimer Dieu et de suivre les
principes et les ordonnances de l'Évangile. Les saints de Dieu sont invités à faire
«les uvres de la justice» (D&A 59:23) et à «produire beaucoup de justice»
(D&A 58:27).
La notion de justification est inhérente au concept de justice. Il est impossible aux
mortels limités de vivre dans l'obéissance parfaite aux lois de Dieu ou dexpier de
manière infinie leurs péchés. «Car tous ont péché, écrit Paul, et sont privés de
la gloire de Dieu» (Ro. 3:23). L'expiation du Christ réconcilie miséricordieusement les
exigences de la justice (voir Justice et miséricorde), permettant aux mortels repentants
dêtre justifiés devant Dieu.
Quand Saul de Tarse vit le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, «tremblant et saisi
d'effroi, il dit : Seigneur, que veuxtu que je fasse ?» (Ac. 9:6). À partir de ce
moment-là, il chercha à connaître la volonté de Dieu et à vivre en conséquence. Mais
il se lamenta aussi de ses faiblesses de mortel: «Car je sais quen moi,
c'est-à-dire dans ma chair, ne demeure rien de bon
seulement en Christ» (TJS, Ro.
7:19). «Il n'y a point de juste, pas même un seul» (Ro. 3:10). Cependant, comme tous
les apôtres et prophètes, Paul enseigna également le message glorieux que, par la
grâce du Christ, les mortels peuvent se «dépouiller
du vieil homme» leur
moi déchu et pécheur et «revêtir lhomme nouveau, créé selon Dieu dans
une justice et une sainteté que produit la vérité» (Ép. 4:22, 24).
Les Écritures abondent en exhortations semblables de fuir la méchanceté,
daccepter la grâce du Seigneur et daller au Christ en justice. «Ô
misérable que je suis! sexclame Néphi. Oui, mon cur est dans
laffliction à cause de ma chair; mon âme est dans la désolation à cause de mes
iniquités.» Mais reconnaissant le Sauveur comme «rocher de [sa] justice», Néphi
sécrie: «Ô Seigneur, veux-tu racheter mon âme?
Veux-tu me rendre tel que
je tremble à la vue du péché?
Veuille menvelopper du manteau de ta
justice!» (2 Né. 4:17-35).
La justice commence dans le cur le «cur brisé». Elle commence quand
les personnes se voient là où elles sont vraiment: dans un état déchu, comme des
«créatures indignes» qui sont incapables de sextraire de leurs péchés. Quand
elles se rendent compte du gouffre monumental entre «la grandeur de Dieu et [leur] propre
néant», leur cur se brise et elles «[shumilient] dans les profondeurs de
l'humilité, invoquant quotidiennement le nom du Seigneur, et demeurant avec constance
dans la foi» (Mos. 4:11).
Les âmes justes cherchent alors à devenir justes devant le Seigneur en demandant
sincèrement pardon. Quand le Seigneur leur donne les bénédictions de sa grâce, elles
réagissent avec une fidélité encore plus grande, un amour plus grand, une obéissance
plus grande. Même si elles ne peuvent pas atteindre la justice parfaite dans la condition
mortelle, leur vie est irréprochable «ainsi quil convient à des saints» (Ép.
5:3).
Les Écritures permettent de se faire une bonne idée de ce que sont lattitude, le
comportement et les croyances qui constituent la base d'une vie juste (par exemple, 2 Pi.
1:4-8; D&A 4:5-6). Notamment, dans le sermon sur la montagne (Mt. 5-7; cf. 3 Né.
12-14), Jésus révèle la signification de la justice, le modèle quil a montré
par sa propre vie:
Ceux qui cherchent la justice deviennent humbles, pauvres en esprit. Ils révèrent le
Seigneur, reconnaissant que «tout ce qui est bien vient de Dieu» (Mro. 7:12).
Ils pleurent pour leurs péchés et leur «tristesse selon Dieu produit une repentance»
(2 Co. 7:10). Pleins de compassion, ils sont prêts «à pleurer avec ceux qui pleurent,
oui, et à consoler ceux qui ont besoin de consolation» (Mos. 18:9).
Les justes sefforcent d'être doux gentils et longanimes, généreux,
dévoués, patients, remplis damour pour leurs ennemis, ils «ne senfle[nt]
point dorgueil» et «ne sirrite[nt] point» (1 Co. 13:4-5).
Ayant faim et soif de justice, ils recherchent continuellement le Seigneur par la prière
sincère, le jeûne, l'étude des Écritures, le culte du sabbat et le service dans les
saints temples.
Ils cherchent à être compatissants, à pardonner comme ils voudraient être pardonnés,
à juger comme ils voudraient être jugés, à aimer comme ils voudraient être aimés, à
servir comme ils voudraient être servis (D&A 38:24-25).
Ils cherchent à avoir le cur pur en ne soupçonnant point le mal, en nétant
point envieux et en ne se réjouissant point de l'iniquité, mais en se réjouissant de la
vérité (1 Co. 13:4-6). Ils sont honnêtes dans leurs alliances avec Dieu et dans leurs
relations avec leurs semblables. Ils sont chastes et aussi vertueux.
Ceux qui recherchent la justice procurent la paix. Ils évitent les querelles, la colère
et la médisance. Ils sont pour la bonne volonté et la fraternité; ils cherchent à
réaliser la volonté de Dieu et son royaume sur terre comme ils le sont aux cieux.
Persécutés à cause de la justice ou quand ils sont lobjet dinsultes ou de
diffamation pour leur loyauté au Seigneur, ils endurent tout et supportent tout (1 Co.
13:7).
Ces descriptions de la justice que lon trouve dans les Écritures ne doivent pas
être ramenées à des listes que lon peut cocher hypocritement. Elles sont des
rappels constants qui se trouvent sur le chemin qui mène à Dieu, qui a promis un
Consolateur le Saint-Esprit pour servir de guide sur ce chemin (Jn. 14:26).
Le Seigneur prend plaisir à «honorer ceux qui [le] servent en justice» (D&A 76:5).
Au dernier jour, «les justes, les saints du Saint d'Israël, ceux qui ont cru au Saint
d'Israël, ceux qui ont enduré les croix du monde et en ont méprisé la honte,
hériteront le royaume de Dieu qui a été préparé pour eux dès la fondation du monde,
et leur joie sera pleine à jamais» (2 Né. 9:18).
Bibliographie
Benson, Ezra T. "A Mighty Change of Heart." Ensign 19 (Oct. 1989):2-5.
McConkie, Bruce R. "The Dead Who Die in the Lord." Ensign 6 (Nov. 1976):106-8.
Scoresby, A. Lynn. "Journey Toward Righteousness." Ensign 10 (Jan. 1980):52-57.
MARVIN K. GARDNER
Kirtland (Ohio)
Auteur: BACKMAN, MILTON V., Jr.
[Cette rubrique présente l'histoire de linstallation des saints à Kirtland et
donne une idée de ce que cela devait être de vivre parmi les saints dans cette
collectivité des années 1830.]
Pendant la majeure partie des années 1830, il y eut deux lieux de rassemblement pour les
saints des derniers jours, un dans louest du Missouri et l'autre dans le nord-est de
lOhio. Bien quun nombre plus grand de membres se soit rassemblé à la
frontière du Missouri, cest Kirtland qui fut, de 1831 jusqu'au début de 1838, le
centre administratif principal de l'Église et la base doù était dirigée
l'uvre missionnaire.
La croissance des saints des derniers jours dans le nord-est de lOhio commença peu
après lorganisation de lÉglise en 1830. Celle-ci fut introduite en Ohio fin
octobre 1830 et acquit, dans le mois, 135 nouveaux membres, dont environ 35 vivaient dans
la circonscription de Kirtland (voir Mission lamanite de 1830-1831). Joseph Smith et sa
famille sy installèrent au début de 1831 et au printemps et au début de l'été
de cette année-là, d'autres saints des derniers jours, principalement d'Ohio et New
York, suivirent. Le prophète fit deux voyages au Missouri et vécut un certain temps dans
la localité proche de Hiram (Ohio), mais ce fut la région de Kirtland qui fut, de
l'été de 1832 jusqu'à 1838, sa résidence principale.
La plus grande partie de la première vague de colons mormons à Kirtland partit pour le
Missouri avant la fin de 1831. La croissance principale de la population de saints à
Kirtland commença en 1833. Le nombre passa dune centaine cette année-là à 2.000
en 1838. Pendant la décennie précédant l'immigration mormone, la population de
larrondissement doubla, passant de 481 en 1820 à 1.018 en 1830. Pendant les sept
années suivantes, principalement en raison de l'immigration des saints des derniers
jours, la population tripla.
Dans une description de la situation dans la localité de Kirtland au milieu des années
1830, un contemporain écrit: «Ils sont arrivés, hommes, femmes, enfants, de toutes les
manières imaginables, certains avec des chevaux, des bufs et des véhicules
inconfortables, tandis que d'autres avaient fait tout ou partie du trajet à pied. La
future cité des saints donnait limpression dêtre assiégée.
Toutes les maisons, magasins, huttes ou granges disponibles étaient pleines à ras bord.
On utilisait même des caisses comme abris rudimentaires improvisés en attendant la
découverte de quelque chose de plus permanent» (History of Geauga and Lake Counties,
Ohio, p. 248).
L'afflux soudain des saints des derniers jours à Kirtland eut un impact important sur la
communauté. Lun des changements visibles fut l'augmentation de petits logements
provisoires. Des maisons de rondins et des petites maisons de bois parsemèrent le paysage
pendant les deux premières décennies de la colonisation, des bâtiments de bois et de
briques plus grands et plus permanents avaient été érigés avant 1830. Les squatters ou
les locataires, qui constituaient la moitié de la population en 1830, vivaient dans de
petites maisons de bois. Mais à mesure que l'immigration mormone augmentait, des îlots
de petites cabanes simples, retour aux logements des tout premiers colons, apparurent,
principalement dans la partie nord-ouest de la circonscription.
La plupart des saints des derniers jours étaient plus pauvres que les vieux colons, en
partie parce quils étaient des immigrés récents. Avant de devenir membres de
lÉglise, la plupart des membres n'étaient pas des gens de passage; ils
nappartenaient pas non plus aux couches économiques les plus défavorisées de
l'Est. Mais beaucoup perdirent du terrain, économiquement parlant, en émigrant à
Kirtland. Certains vendirent des fermes à New York ou en Nouvelle-Angleterre pour moins
que la valeur marchande et beaucoup laissèrent du matériel dans l'Est à cause du coût
du transport. Tous consacrèrent une partie du produit de ces ventes à déménager leur
famille et leurs provisions vers louest. Les quelques saints qui déménagèrent du
comté de Jackson (Missouri) vers Kirtland étaient également dans une situation
économique difficile. Au cours de leur expulsion de ce comté en 1833, leurs maisons
furent brûlées et leurs biens volés. À leur arrivée à Kirtland, les nouveaux colons
durent affronter une augmentation de la valeur des terrains. Étant donné que le prix des
terrains augmentait en fonction de la croissance de la population, la plupart des nouveaux
venus (mormons et non-mormons) navaient pas les moyens d'acheter suffisamment de
terres pour entretenir leur famille.
Après leur arrivée à Kirtland, les saints des derniers jours connurent dautres
revers économiques parce quils devaient donner de la main duvre et de
leurs rares ressources à des entreprises de lÉglise. Celle-ci érigea toute une
série de bâtiments à Kirtland entre la branche orientale de la Chagrin River et la
partie orientale d'un plateau qui surplombait le cours deau. Lédifice
principal était le temple de Kirtland. Pendant près de trois ans, entre l'été de 1833
et le printemps de 1836, presque tous les membres sunirent pour construire les trois
niveaux de la «Maison du Seigneur» qui devait servir déglise et décole. En
plus de vaquer à leurs tâches ménagères habituelles, préparer la nourriture pour leur
famille, s'occuper des enfants en bas âge, tricoter et faire des vêtements, et
travailler dans le potager, les femmes et les filles fournissaient aussi de la nourriture
et des vêtements aux ouvriers du temple et amenaient les chariots d'approvisionnement au
chantier du temple. Entre-temps, les hommes et les garçons travaillaient à la ferme,
coupaient du bois pour l'hiver, tannaient des peaux, chassaient et pêchaient, et en plus
transportaient des pierres au chantier du temple. Ils coupaient, sciaient et
transportaient le bois de charpente pour la construction.
Tout en travaillant au temple, les saints des derniers jours construisirent un bâtiment
plus petit à l'ouest qui fut utilisé comme école, imprimerie et bâtiment
administratif. Ils construisirent aussi une scierie pour assister leur programme de
construction, créèrent une tannerie et une fabrique de potasse et construisirent des
magasins et des entrepôts qui fournissaient aux colons des marchandises et des
possibilités d'emploi.
Parallèlement à tous ces sacrifices, beaucoup parmi les hommes remirent à plus tard
l'amélioration de leur niveau la vie pour faire des missions à titre bénévole. Pendant
les années 1830, des missionnaires voyageurs prêchèrent l'Évangile un peu partout aux
États-Unis et dans lest du Canada et Heber C. Kimball emmena en 1837 un groupe de
missionnaires (dont beaucoup de Kirtland) en Angleterre.
Tout en construisant le temple et en soutenant l'uvre missionnaire, les saints de
Kirtland trouvaient du temps pour l'école. Bien quinfluencés par la culture de la
Nouvelle-Angleterre dans l'environnement de l'Ohio, les efforts des saints en matière
dinstruction reçurent leur plus grande impulsion des révélations enregistrées à
Kirtland par Joseph Smith. Pendant quil vivait dans un appartement au-dessus du
magasin de Newel K. Whitney, le prophète reçut une révélation qui déclarait:
«Enseignez-vous les uns aux autres des paroles de sagesse; oui, cherchez des paroles de
sagesse dans les meilleurs livres; cherchez la connaissance par l'étude et aussi par la
foi» (D&A 88:118; cf. D&A 88:78-79; 93:36).
Suite à ce commandement divin et à dautres, Joseph Smith invita, en 1833, une
vingtaine danciens à assister à une École des Prophètes. Après les premières
sessions de cette école, les dirigeants et les membres de lÉglise fondèrent une
école des anciens, une école primaire et diverses écoles privées où adultes et jeunes
étudiaient la théologie, la philosophie, le gouvernement, la littérature, l'histoire,
la géographie, la grammaire anglaise, la calligraphie, l'arithmétique, le latin, le grec
et l'hébreu. En 1836, plus de cent saints des derniers jours commencèrent létude
de l'hébreu. Les femmes allaient à l'école à Kirtland et y enseignaient et étudiaient
diverses branches avec leurs maris.
Pour aider les saints des derniers jours dans leurs efforts pour sinstruire et pour
favoriser l'uvre missionnaire, les dirigeants de lÉglise lancèrent, à
partir de 1834, un grand programme dédition à Kirtland. En quatre ans, les saints
éditèrent un périodique, le Latter-day Saints' Messenger and Advocate; un journal
profane et politique, Northern Times, un livre de cantiques (1835), une deuxième édition
du Livre de Mormon et un recueil de 102 sections des révélations enregistrées par
Joseph Smith dans la première édition des Doctrine et Alliances (1835), qui comprenait
les «Lectures on Faith» (Discours sur la foi). Les informations historiques et
doctrinales qui se trouvent maintenant dans la traduction de Joseph Smith de la bible
(TJS) et des parties de la Perle de Grand Prix (livre de Moïse) furent également
imprimées au Missouri et à Kirtland au début des années 1830.
En plus de travailler de longues heures et d'étudier, les saints des derniers jours
participaient à des services de culte réguliers. On observait le premier jour de la
semaine (dimanche) comme jour du Seigneur, au cours duquel les membres se reposaient de
leurs travaux quotidiens. Les réunions furent dabord tenues dans les maisons et les
écoles. Après la construction du temple de Kirtland, des réunions y furent également
tenues. Dès le milieu des années 1830, un schéma de culte du dimanche avait été
élaboré. Les membres assistaient le matin et l'après-midi à des offices pendant
lesquels ils chantaient, priaient et écoutaient les sermons prononcés par les dirigeants
et d'autres membres. Ils prenaient généralement la Sainte-Cène non seulement au cours
des réunions de l'après-midi mais également parfois chez eux en semaine. La
confirmation des nouveaux membres et les mariages se faisaient également le dimanche dans
le temple et, les autres jours, dans les maisons. Le premier jeudi de chaque mois, une
réunion de jeûne et de témoignages avait lieu dans le temple et beaucoup de ces
réunions continuaient de dix heures du matin à quatre heures de laprès-midi, les
membres chantant, priant, rendant témoignage et sinstruisant mutuellement.
Pendant cette décennie, les membres de lÉglise connurent aussi une période de
pentecôte extraordinaire. Peu avant et après la consécration du temple de Kirtland,
beaucoup de saints des derniers jours écrivirent avoir eu des visions, parlé en langues
et reçu l'esprit de prophétie. Pendant une série de réunions tenues entre fin janvier
et début mai 1836, plusieurs saints des derniers jours déclarèrent avoir vu le Sauveur
et beaucoup affirmèrent avoir communié avec d'autres messagers célestes. Beaucoup
témoignèrent aussi avoir chanté accompagnés d'un chur de personnages célestes.
Parallèlement à leurs autres activités, les saints des derniers jours trouvaient du
temps pour se divertir. La chasse, la pêche, la natation, la luge, le patinage, la lutte,
léquitation et les promenades en carriole comptaient parmi les loisirs préférés.
Les enfants avaient peu de jouets, mais ils jouaient au ballon, aux billes, aux sifflets
et avec des poupées faites maison (Backman, pp. 275-283).
Certains des résidants non mormons considéraient l'intrusion des saints des derniers
jours dans la communauté comme une menace à leur mode de vie traditionnel. Certains se
plaignaient de ce que la pratique mormone de vivre en accord avec des révélations
enregistrées par un prophète était hostile à l'esprit américain de démocratie. Les
résidants non seulement rejetaient les croyances des saints en matière de visions, de
révélations et de rétablissement, mais prétendaient aussi que les saints des derniers
jours avaient augmenté la pauvreté de la communauté et étaient une menace politique et
économique. La concurrence politique atteignit son paroxysme en 1837 lorsque des saints
des derniers jours furent élus à toutes les fonctions locales de la circonscription
excepté celle dagent de police. Avant cette année-là, quatre saints des derniers
jours seulement avaient été élus à une fonction importante et les citoyens avaient eu
tendance à réélire les plus anciens colons. En plus de prendre le contrôle du
gouvernement local, les saints des derniers jours changèrent les habitudes de vote de la
circonscription de whig à démocrate. Comme Kirtland se trouvait dans un fief whig de
l'Ohio et que toutes les circonscriptions du comté de Geauga au milieu des années 1830,
excepté Kirtland, soutenaient ce parti, les whigs du nord-est de lOhio
sunirent pour sopposer aux mormons. Les plaintes et les accusations
senvenimèrent pour donner lieu à des menaces et à des émeutes.
Au début de 1838, au milieu de pressions croissantes de l'extérieur de l'Église et de
l'apostasie à lintérieur, accentuées par la faillite de la Kirtland Safety
Society et la panique de 1837 (voir Economie à Kirtland), l'exode des saints des derniers
jours de Kirtland et des environs commença. Joseph Smith, Sidney Rigdon et d'autres
dirigeants fuirent les émeutiers en janvier. D'autres membres les suivirent
graduellement.
Dans la plupart des cas, ce furent de petits groupes de moins de cinquante personnes qui
partirent vers l'ouest. Mais le 5 juillet 1838, plus de cinq cents membres partirent en un
convoi de cinquante-neuf chariots avec vingt-sept tentes, quatre-vingt-dix-sept chevaux,
vingt-deux bufs, soixante-neuf vaches et un taureau. Tandis que ce long convoi de
chariots, connu sous le nom de camp de Kirtland, traversait les états d'Ohio, Indiana,
Illinois et Missouri, des spectateurs se rassemblaient pour voir le spectacle. Certains
offraient des encouragements, tandis que d'autres raillaient et menaçaient duser de
violence. À cause de problèmes financiers, les dirigeants demandèrent à beaucoup de ce
groupe de quitter le camp, de sorte qu une partie seulement dentre eux
atteignit la frontière du Missouri.
À la mi-juillet 1838, plus de 1.600 saints des derniers jours de la région de Kirtland
avaient à contre-cur laissé le temple, évacué leurs maisons et pris la direction
de l'ouest. Seuls quelques-uns restèrent dans un voisinage de cabanes essentiellement
vides et la majeure partie de ces gens partirent vers l'ouest avant le milieu des années
1840.
Bibliographie
Anderson, Karl Ricks. Joseph Smiths Kirtland: Eyewitness Accounts. Salt Lake City,
1989.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio
1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Hill, S. Marvin, Keith Rooker et Larry T. Wimmer. The Kirtland Economy Revisited: A Market
Critique of Sectarian Economics. BYU Studies 17, été 1977, pp. 389-475
History of Geauga and Lake Counties, Ohio. Philadelphie, 1878.
MILTON V. BACKMAN, Jr.
Lamanites
Auteur: THOMASSON, GORDON C.
Le nom Lamanite désigne un peuple israélite dont il est question dans le Livre de Mormon
et qui descendait de Léhi et d'Ismaël, lesquels étaient tous deux descendants de Joseph
d'Égypte (1 Né. 5:14). Il faisait partie de la colonie du prophète Léhi, à qui le
Seigneur avait commandé de quitter Jérusalem et d'aller dans une nouvelle terre promise
(sur le continent américain). Les peuples lamanites du Livre de Mormon sont tous, pendant
les six cents premières années de leur histoire, liés d'une manière ou dune
autre à Laman et à Lémuel, les fils aînés de Léhi. Parfois le nom désigne «le
peuple de Laman»; d'autres fois il peut désigner des incroyants et ignorer le lignage,
selon des détails contextuels relatifs aux peuples, à lépoque et au lieu.
LES LAMANITES DANS LE LIVRE DE MORMON. Après la mort du prophète Léhi (v. 582 av.
J.-C.), la colonie se divise en deux groupes principaux, les Lamanites et les Néphites,
(2 Né. 5), chacun prenant le nom de son dirigeant. Ces patronymes deviennent plus tard
des titres royaux (Mos. 24:3; cf. Jcb. 1:11). Le Livre de Mormon, bien que document
néphite, traite aussi bien des Lamanites que des Néphites au moyen de contrastes
complexes entre les deux groupes. Dans le texte, les autres peuples sont généralement
repris sous lune de ces deux divisions principales:
«Or, ceux qui n'étaient pas Lamanites étaient Néphites; néanmoins, ils étaient
appelés Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et
Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai dorénavant plus par ces noms, mais
j'appellerai Lamanites ceux qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et ceux qui
sont amicaux envers Néphi, je les appellerai Néphites, ou peuple de Néphi, selon les
règnes des rois» [Jcb. 1:13-14].
Au commencement, des différends politiques et religieux se produisirent entre Lamanites
et Néphites. Plus tard, une différentiation culturelle croissante entre les peuples
lamanite et néphite semble avoir découlé de leurs réactions différentes aux
enseignements religieux de Léhi. Des changements sociaux apparurent rapidement dans
beaucoup de domaines. En conséquence, le nom Lamanite peut désigner les descendants de
Laman et de ses partisans, une nationalité naissante basée sur une idéologie, avec sa
propre histoire ancestrale et ses propres croyances religieuses (Mos. 10:12-17) ou une ou
plusieurs cultures. Le Livre de Mormon décrit plusieurs cultures et modes de vie
lamanites, dont la chasse et la cueillette (2 Né. 5:24), le commerce (Mos. 24:7),
lélevage sédentaire, un gouvernement de type cité-état (Al. 17), et le nomadisme
(Al. 22:28). Le caractère politisé de la société lamanite à ses débuts ressort du
fait que les dissidents de la société néphite cherchent refuge chez les Lamanites, sont
acceptés et en viennent à s'identifier à eux, tout comme certains Lamanites évoluent
en sens contraire.
Au début du sixième siècle d'histoire lamanite (v. 94-80 av. J.-C.), les conversions à
grande échelle de Lamanites divisent encore plus les populations lamanites dont beaucoup
adoptent la foi messianique en Jésus-Christ enseignée par les missionnaires néphites
(Al. 17-26). Le roi Lamoni, roi vassal lamanite, son père, qui est son suzerain et
beaucoup de leurs sujets acceptent le Christ prophétisé et rejettent leur ancien mode de
vie. Ils contractent une alliance pacifiste, enterrant leurs armes et renonçant à la
guerre, et sinstallent en territoire néphite par mesure de sécurité (Al.
27:21-26; 43:11-12). Ce schéma de conversion lamanite durera pendant au moins
quatre-vingt-quatre ans et pendant plusieurs générations (cf. Al. 24:5-6, 15-19, 20-24;
26:31-34; 44:20; Hél. 5:51; 15:9). Cette grande division de la société lamanite aura un
impact politique important: l'identité de certains de ces convertis restera lamanite,
mais distincte de ceux qui rejettent la religion; d'autres préféreront être comptés
parmi les Néphites (3 Né. 2:12, 14-16) et les Lamanites non convertis seront fortifiés
par les nombreux sous-groupes néphites dissidents (Al. 43:13) dont certains décideront
explicitement de conserver leur ancienne identité (3 Né. 6:3).
Après les destructions qui vont se produire au moment de la crucifixion du Christ et les
conversions qui vont en résulter (3 Né. 11-28), apparaît une société nouvelle dans
laquelle les différences ethniques aussi bien quéconomiques sont gommées et où
il ny a pas « de Lamanites, ni aucune sorte d'-ites; mais ils étaient un, enfants
du Christ» (4 Né. 1:17). Cette situation persistera presque jusquà la fin du
deuxième siècle apr. J.-C., quand ceux qui rejettent l'Église chrétienne,
indépendamment de leur ascendance, «s'étai[en]t révolté[s], et avai[en]t quitté
l'Église, et avai[en]t pris sur [eux] le nom de Lamanites; c'est pourquoi il recommença
à y avoir des Lamanites dans le pays» (4 Né. 1:20). Les divisions vont
saccroître de sorte quen 231 apr. J.-C. «s'éleva un peuple qui fut appelé
les Néphites, et ils étaient de vrais croyants au Christ; et parmi eux, il y avait ceux
que les Lamanites appelaient Jacobites, et Joséphites, et Zoramites
et
ceux
qui rejetaient l'Évangile furent appelés Lamanites, et Lémuélites, et Ismaélites» (4
Né. 1:36-45).
Il avait été prophétisé quen fin de compte les peuples lamanites et ceux qui se
seraient joints à eux seraient tout ce qui resterait des groupes originaux (Al.
45:13-14). Après les batailles finales entre Lamanites et Néphites, seuls ceux qui
auront accepté le gouvernement des Lamanites survivront dans les pays du Livre de Mormon
(Mrm. 6:15).
LES LAMANITES AU DÉBUT DE L'HISTOIRE DE LÉGLISE. Au début de l'histoire de
lÉglise, lune des raisons de la publication du Livre de Mormon était qu'il
puisse être apporté aux Lamanites (D&A 19:26-27). Dans les six mois de
l'organisation de l'Église, des missionnaires furent envoyés auprès de populations dont
on pensait quelles étaient dorigine lamanite (D&A 28:8; 32:2; voir aussi
Mission lamanite de 1830-1831). [Voir aussi Livre de Mormon, Peuples du; Service de
placement des étudiants indiens; Américains indigènes.]
Bibliographie
"The Church and Descendants of Book of Mormon Peoples". Ensign 5, déc. 1975, le
numéro tout entier est consacré à ce sujet.
De Hoyos, Arturo. The Old and the Modern Lamanite. Provo, Utah, 1970.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Tyler, S. Lyman. Modern Results of the Lamanite Dispersion: The Indians of the Americas.
Provo, Utah, 1965.
Widtsoe, John A., et Franklin S. Harris, Jr. Seven Claims of the Book of Mormon.
Independence, Mo., 1935.
GORDON C. THOMASSON
Léhi
Auteurs: BROWN, S. KENT et SZINK, TERRENCE L.
Le patriarche et prophète Léhi conduisit sa famille de Jérusalem au continent
américain vers 600 av. J.-C. et fut l'ancêtre de deux grands peuples du Livre de Mormon,
les Néphites et les Lamanites. Ses visions et ses prophéties portaient principalement
sur la destruction imminente de Jérusalem, le ministère terrestre du Messie
notamment le temps de sa venue et le prophète qui le précéderait et les
événements futurs parmi ses propres descendants dans la terre promise. Ses enseignements
ont guidé spirituellement les deux lignées de sa postérité pendant leur histoire
mutuelle (1 Né. 1, 8, 10; 2 Né. 1-3). Plusieurs de ses prophéties au sujet de sa
postérité doivent encore saccomplir. Bien que Léhi ait beaucoup écrit, seules
des parties ont été conservées dans le Livre de Mormon actuel dans les annales de deux
de ses fils, Néphi 1 et Jacob (cf. 1 Né. 1:16-17;19:1; Jcb. 2:23-34; 3:5; voir Brown).
Au moment de sa première vision connue, Léhi vivait près de Jérusalem, connaissait
«la science des Juifs» et possédait de lor et de largent et toutes sortes
de richesses (voir 1 Né. 1:2; 3:16). Il connaissait légyptien et la vie nomade du
désert. Certains érudits pensent quil était marchand ou forgeron et avait des
liens avec lÉgypte (CWHN 5:34-42; 6:58-92).
Sa vie subit un changement radical quand il voit une «colonne de feu» et «vit et
entendit beaucoup de choses» pendant quil prie au sujet de la chute prédite de
Jérusalem (1 Né. 1:6). Dans une vision, il voit Dieu et un être radieux, accompagné de
douze autres, qui lui donne un livre dans lequel il lit la destruction imminente de la
ville, «la venue d'un Messie et aussi la rédemption du monde» (1 Né. 1:19). Comme les
discours de son contemporain Jérémie, les avertissements de Léhi au peuple de
Jérusalem susciteront une forte opposition. Environné dune haine croissante, il
est averti par Dieu que le peuple veut lui ôter la vie; il devra donc fuir avec sa
famille, composée de sa femme, Sariah, de ses fils Laman, Lémuel, Sam et Néphi et de
ses filles (1 Né. 1:8-2:5).
À un moment donné, Sariah accuse son mari d'être «un visionnaire» lors dune
mise à lépreuve pénible de sa foi (1 Né. 5:2). L'expression caractérise bien
Léhi, parce quil a des songes et des visions grâce auxquels Dieu guide sa famille
vers la terre promise. Après sêtre enfui de Jérusalem, Léhi, répondant à un
ordre divin, renvoie deux fois ses fils: une fois pour se procurer des annales (contenant
les Écritures saintes, les annales des Juifs depuis le commencement, la loi, les
prophéties et les archives généalogiques) nécessaires pour conserver lhistoire,
la langue et la religion de la famille et une deuxième fois pour inviter Ismaël et sa
famille, qui compte des filles en âge de se marier, à participer à lexode (chap.
3-4, 7).
Par révélation, Léhi dit à ses fils où ils peuvent aller pour chasser dans le désert
(16:30-31). En cela il est aidé par un objet curieux semblable à un compas (voir
Liahona) qui fonctionne selon la foi, la diligence et l'attention qu'ils lui apportent
(16:10, 28-29).
Une des plus grandes visions de Léhi est celle de l'arbre de vie (1 Né. 8). Dans un
contexte fortement symbolique, Léhi voit les perspectives davenir des membres de sa
famille mesurées par rapport au plan du salut. Néphi a la même vision et donne des
détails et l'interprétation de ce que son père a vu (1 Né. 11-14). Léhi voit
dabord un homme vêtu de blanc qui lui fait traverser «un désert sombre et
désolé». Après avoir voyagé de nombreuses heures, il prie pour avoir l'aide divine et
se retrouve dans un vaste champ où pousse un arbre dont le fruit est blanc et désirable
(symbole de l'amour de Dieu). Quand il exhorte sa famille à venir en manger, tous
viennent excepté Laman et Lémuel. Léhi voit aussi un sentier le long duquel court une
barre de fer (représentant la parole de Dieu) et qui conduit à l'arbre en longeant la
berge dune rivière. Beaucoup de gens qui avancent résolument pour atteindre le
sentier se perdent dans un brouillard de ténèbres (les tentations); certains parviennent
à l'arbre et mangent, puis sont pris de honte et séloignent; d'autres, suivant la
barre de fer, atteignent l'arbre et mangent de son fruit. De l'autre côté de la
rivière, Léhi voit un grand édifice (l'orgueil du monde) dont les habitants se moquent
de ceux qui mangent du fruit. Les savants mormons soulignent que les détails du songe de
Léhi sont tout à fait à leur place dans le désert dans lequel Léhi voyageait (CWHN
6:253-264; cf. Griggs; Welch).
Les prophéties de Léhi traitent de la rédemption future d'Israël. Il parle de la
destruction de Jérusalem (587 av. J.-C.), de la déportation des Juifs à Babylone et de
leur retour ultérieur à Jérusalem. Il prédit la mission de Jean-Baptiste et la venue,
la mort et la résurrection du Messie. Enfin, Léhi compare la dispersion finale d'Israël
«à un olivier dont les branches seraient rompues et dispersées sur toute la surface de
la terre» (1 Né. 10:12; cf. Allégorie de Zénos).
Dans le désert, Sariah a deux fils, Jacob et Joseph (1 Né. 18:7). Apparemment le voyage
est si difficile que Léhi et elle vieillissent sensiblement. Pendant le voyage
transocéanien, le chagrin que leur cause la rébellion de leurs deux fils aînés les
conduit aux portes de la mort (18:17-18).
Dans le Nouveau Monde, Léhi réunit sa famille avant sa mort pour lui donner
dultimes enseignements et bénédictions (2 Né. 1-4). Il leur enseigne qu'il a
reçu une grande promesse concernant ses descendants et le pays qu'ils possèdent
maintenant. Cette promesse dépend de leur justice: «Si vous gardez mes commandements,
vous prospérerez dans le pays; mais si vous ne gardez pas mes commandements, vous serez
retranchés de ma présence» (2 Né. 1:20; cf. Abr. 2:6).
Léhi parle du plan du salut à son fils Jacob (2 Né. 2). Au lieu d'utiliser des images,
il l'explique simplement et logiquement. Il enseigne que si tout le monde distingue le
bien du mal, beaucoup nagissent pas en conséquence. Néanmoins, le Messie a payé
la dette si les hommes et les femmes acceptent son aide avec un esprit contrit. Il
explique, en outre, quil existe une opposition fondamentale en toutes choses de
sorte que les hommes doivent choisir. Il raisonne en disant que comme la liberté d'Adam
et Ève a permis leur chute, de même, elle permet à chacun de choisir entre «la
liberté et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les
hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du
diable» (2 Né. 2:27).
Avant de donner sa bénédiction finale à d'autres membres de la famille (2 Né. 4:3-11),
Léhi parle à Joseph, son cadet (2 Né. 3), mentionnant deux autres Joseph: Joseph vendu
en Égypte et un autre, sur lequel le premier Joseph a prophétisé, Joseph Smith. Il
explique alors la mission de Joseph Smith de faire paraître le Livre de Mormon,
prophétisant qu'un «cri [venu] de la poussière» appellerait la postérité de Léhi (2
Né. 3:19-25), et il promet aux fils et aux filles de Laman et Lémuel: «à la fin, votre
postérité sera bénie» (2 Né. 4:9).
Après la mort de Léhi, des dissensions familiales forcent Néphi et les autres qui
croient aux révélations de Dieu à se séparer du groupe dirigé par les deux frères
aînés, causant une rupture dans la colonie. Du vivant de Léhi, sa famille était
restée ensemble, preuve de ses capacités de dirigeant. [Voir aussi Livre de Mormon:
Premier livre de Néphi.]
Bibliographie
Brown, S. Kent. "Lehi's Personal Record: Quest for a Missing Source". BYU
Studies 24, hiver 1984, pp. 19-42.
Griggs, C. Wilfred. "The Book of Mormon As an Ancient Book". BYU Studies 22,
été 1982, pp. 259-278.
Nibley, Hugh. Lehi in the Desert, An Approach to the Book of Mormon, et Since Cumorah.
Dans CWHN, Vols. 5-7.
Welch, John W. "The Narrative of Zosimus and the Book of Mormon". BYU Studies
22, été 1982, pp. 311-332.
S. KENT BROWN
TERRENCE L. SZINK
Liberté
Auteur : Bohn, David E.
L'Évangile
de Jésus-Christ ne représente pas la liberté simplement comme un concept philosophique
ou une possibilité abstraite, mais il la situe à la base de la création du monde et
comme condition fondamentale des relations de Dieu avec ses enfants. Dans le sens
général du terme, le mot « liberté » désigne le libre arbitre, lindépendance
et lautonomie. La liberté, ou la possibilité authentique de choisir, constitue
nécessairement la situation la plus élémentaire des êtres humains dans le monde
temporel.
Les Écritures modernes enseignent que la vie prémortelle était un environnement
permettant le choix dans lequel Dieu a proposé à ses enfants d'esprit un Plan de Salut
pour leur progression et leur avancement (voir Job 38:6-7; 2 Né 2:17; D&A 29:36; Abr
3:22-28). Dans la vie terrestre, avec le corps de chair et d'os et de vastes possibilités
nouvelles d'action, les enfants de Dieu seraient libres de faire des choix dans tout
léventail du bien et du mal. Ils subiraient également les conséquences
nécessaires de ces choix. « nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre
sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir
s'ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr 3:24-25).
Dieu a promis à ceux qui feraient sa volonté qu'ils seraient rachetés de leurs erreurs
et de leurs péchés et obtiendraient la vie éternelle. Satan s'est opposé au plan du
Père, conscient que cette plus grande liberté comportait le risque de mort spirituelle
où certains seraient séparés du Père par leurs péchés, ne se repentiraient pas et ne
pourraient donc pas rentrer demeurer dans son Royaume. Pour éviter pareille séparation,
Satan a proposé un environnement sans liberté et donc sans péché. Par conséquent,
tous reviendraient au Père, mais sans amélioration ou avancement moral (voir Démons).
L « honneur » de leur retour appartiendrait à Satan (Ésaïe 14:13; Moïse 4:1).
La majorité des enfants d'esprit de Dieu ont joyeusement préféré la liberté à la
servitude, la connaissance à l'ignorance, la progression à la stagnation et même le
danger à la sécurité. Le monde temporel a donc été créé, avec la liberté comme
fondement inconditionnel. Le monde temporel est un environnement permettant des choix et
donc de l'action et de la responsabilité morales, un environnement dans lequel les hommes
sont tenus de faire la volonté de Dieu. Hommes et femmes ne peuvent pas éluder leur
liberté ni y échapper, car la réalité apparaît toujours comme une série de choix
déterminés par une certaine compréhension du bien, dont le résultat définit dans une
certaine mesure le cours des événements humains. Le Livre de Mormon dit à propos de
cette décision : « C'est pourquoi, les hommes sont libres selon la chair, et tout ce qui
est nécessaire à l'homme leur est donné. Et ils sont libres de choisir la liberté et
la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de
choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable; car il
cherche à rendre tous les hommes malheureux comme lui » [2 Néphi 2:27].
La liberté et le choix humain. Les saints des derniers jours sont toutefois conscients de
ce que tous les enfants de Dieu ne se retrouvent pas dans des situations de liberté
égale. Tous les hommes naissent dans un monde créé par les actes et les croyances de
ceux qui ont vécu avant eux. Ces différences sont préservées dans les traditions, les
institutions et les pratiques qui ont été transmises. Alors que Dieu donne à chacun la
Lumière du Christ qui attire lhomme vers le bien, les traditions et les pratiques
dans lesquelles certains sont nés peuvent cacher la vérité et conduire ces personnes à
des actes nuisibles et pécheurs. Ceux-là, Dieu sera miséricordieux à leur égard (Alma
9:15-16).
Dautres encore naissent dans des situations où la vérité est largement répandue
et les occasions de faire le bien, nombreuses. Pourtant, ils font le mal, face à la
vérité et créent ainsi des conséquences qui réduisent leurs choix, les distancient de
l'Esprit de Dieu et leur valent le malheur, la destruction et les ténèbres sous le
pouvoir de Satan (Galates 5:13-25). En outre, ils ne sont pas seuls à souffrir des
conséquences de leurs choix. Le mauvais usage que les uns font de leur liberté peut
entraîner la souffrance imméritée des autres, et bien que ce soit injuste, le risque de
souffrance injustifiée est nécessairement présent dans un monde où le mal existe.
Néanmoins, cet état de choses sert aussi les desseins de Dieu, car une certaine
adversité rend les hommes humbles devant Dieu (Alma 32:12-16). Grâce aux épreuves
terrestres, hommes et femmes sont testés, mais cela les fait progresser et déployer les
talents et les dons que Dieu leur a accordés (2 Né 2:11 ; Alma 62:41 ; D&A 122:1-9).
Cependant, quand tout un peuple choisit les ténèbres plutôt que la lumière, il crée,
pour les générations suivantes, un héritage d'enfermement qui doit parfois être
divinement corrigé (par exemple, Genèse 6:5-7; Lévitique 18:24-30; Moïse 8:22-30;
Hélaman 10:11-12).
En revanche, ceux qui choisissent le bien sont rendus plus libres par une plus grande
présence du Saint-Esprit dans leur vie et un plus grand pouvoir de connaître et de faire
la volonté de Dieu (Jean 7:16-18 ; 8:29-32; Alma 19:33). Par conséquent, les bons choix
des uns peuvent être bénéfiques pour les autres. Suite aux uvres justes de
quelques-uns (voir Galates 5-6), des vies précédemment limitées peuvent se développer
pour jouir de possibilités nouvelles et positives, tandis que les vieilles injustices et
les vieux griefs sont réglés. Dans la mesure où les institutions et les croyances d'un
peuple incarnent la vérité et la vertu et s'opposent à la corruption et à la
dépravation, un environnement de plus grande liberté se développe. La plénitude est
atteinte lorsque Dieu établit son royaume sur la terre et révèle à l'humanité la
connaissance, le pouvoir, les dons et les ordonnances qui ouvrent la voie au salut et à
l'exaltation complets. La ville d'Énoch, ainsi que le peuple juste qui a vécu en
Amérique pendant deux cents ans après la visite du Sauveur ressuscité (voir 4 Néphi
1), ont marqué lapogée de l'histoire de la liberté humaine. En ce sens, Dieu non
seulement appelle les hommes à mener une vie vertueuse, mais les invite, comme étant son
peuple, à faire des alliances avec lui et à exercer son pouvoir dune manière
juste en tant que communauté de fidèles. Il ne faut donc pas considérer la liberté
comme une simple possibilité pour des individus, car elle ne s'épanouit dans sa
plénitude quau sein du royaume des justes (voir D&A 138, surtout le v. 18).
Liberté et gouvernement. Les Écritures enseignent en outre que Dieu a institué les
gouvernements pour le bien de l'humanité sur la terre (voir Constitution des États-Unis
d'Amérique ; Politique : Enseignements politiques). Un bon gouvernement doit faire plus
que préserver l'ordre ; il doit protéger la liberté, garantir la justice et assurer le
bien-être général. « Et cette loi du pays, qui est constitutionnelle et qui soutient
le principe de la liberté en préservant les droits et les garanties, appartient à toute
l'humanité et se justifie devant moi » (D&A 98:5 ; voir Loi constitutionnelle). Dieu
proclame : « Moi, le Seigneur Dieu, je vous affranchis; c'est pourquoi vous êtes
vraiment libres, et la loi aussi vous affranchit » (D&A 98:8). La loi protège les
personnes et leurs libertés contre les actes arbitraires et délétères des autres. Le
règne véritable de la loi exige que tous soient soumis de manière égale à des règles
qui sont prospectives, largement connues et conçues publiquement grâce à des
mécanismes de gouvernement qui ont fait lobjet et continuent à faire lobjet
dun accord consensuel. La loi garantit la paix en interdisant les choix
préjudiciables aux autres, assure la justice en rendant tout le monde responsable devant
la loi conformément à des procédures équitables et sécurise le bien-être général
grâce à l'adoption de lois qui réglementent et coordonnent les relations sociales dans
l'intérêt de tous. En contrepartie de ces avantages, les citoyens doivent remplir leurs
obligations de soutenir et aider le gouvernement. En fin de compte, l'environnement de la
liberté est amélioré et élargi grâce à une bonne gouvernance.
Néanmoins, les gouvernements sont souvent oppresseurs et agissent de manière à
restreindre la liberté et à donner des privilèges au petit nombre en fixant
arbitrairement des règles publiques et en les appliquant de manière inégale sans
garanties appropriées. Cest quand la liberté de conscience et son expression dans
la liberté de parole et le droit d'adorer Dieu ouvertement selon ses croyances sont
réprimées que l'abus du pouvoir politique est le plus offensif et la servitude la plus
complète. En fin de compte, les saints des derniers jours croient que les prétentions du
gouvernement doivent se limiter à son propre domaine et ne doivent pas empiéter sur le
territoire de la liberté d'agir selon sa conscience morale. Pour éviter ce mal
politique, les saints des derniers jours sont invités non seulement à soutenir le
gouvernement constitutionnel et les processus qu'il fixe, mais aussi à travailler à
lélaboration de lois qui apportent la liberté et encouragent la vertu. Dans ce
sens plus large, les Écritures incitent ceux qui suivent Jésus à faire un effort
supplémentaire, à donner plus qu'ils ne reçoivent, à faire le bien sans penser à ce
qu'ils pourraient gagner en retour. Ainsi, en tant que citoyens, les saints des derniers
jours sont tenus d'aller au-delà de la recherche de l'intérêt personnel ; ils
s'engagent à servir les autres, à travailler au bien commun et à assurer le bien-être
général du peuple.
Bibliographie
Oaks, Dallin H. "Free Agency and Freedom." Dans The Book of Mormon: Second
Nephi, The Doctrinal Structure,dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 1-17. Salt Lake City,
1989.
DAVID E. BOHN
Livre de Moïse
Auteur : Taylor, Bruce T.
Le livre de Moïse est un extrait de plusieurs chapitres de la Genèse dans la Traduction
de la Bible par Joseph Smith (TJS) et constitue l'un des textes de la Perle de Grand Prix.
Le Prophète Joseph Smith commença en juin 1830 une révision inspirée de l'Ancien
Testament pour restaurer et éclaircir des points essentiels d'histoire et de doctrine
absents dans la Bible.
Comme pour dautres livres anciens, les premiers mots du texte, Paroles de
Dieu, ont pu constituer le titre original du premier chapitre de Moïse (Moïse
1:1). Le récit traite de la révélation de Moïse et, à partir du chapitre 2,
correspond essentiellement à Genèse 1:1-6:13. Moïse reçoit sa révélation après son
appel à délivrer les Israélites de l'esclavage en Égypte (Moïse 1:26). Une grande
partie du récit concerne les relations de Dieu avec Adam et Ève et leur postérité
immédiate après leur expulsion du jardin d'Éden, sujet sur lequel le texte actuel de la
Genèse est silencieux. Structurellement parlant, une série de visions dorientation
(chap. 1) est suivie d'une révélation de la Création et de ses conséquences (2:1-8:1).
À cette révélation sintègre un long récit concernant Hénoc (6:25-51 ;
7:1-8:1), qui cite, pour sa part, des annales tenues par Adam (6:51-68). Vient ensuite un
texte concernant les descendants dHénoc, en particulier Noé (8:2-30).
Schéma du livre de Moïse :
Chapitre 1 . Dieu se révèle, lui-même et ses créations, à Moïse ; Satan essaie de
tromper Moïse ; définition de luvre et la gloire de Dieu.
Chapitre 2 . Dieu révèle à Moïse et lui commande d'écrire la création
des cieux et de la terre ; l'homme a la domination sur les autres êtres vivants.
Chapitre 3 . Tout a été créé dans un état d'esprit avant de lêtre
naturellement sur la terre ; lhomme et la femme sont créés à l'image de Dieu.
Chapitre 4. Satan, qui s'était rebellé lors du Conseil préterrestre, tente Ève ; Adam
et Ève transgressent et sont expulsés du jardin, devenant assujettis à la mort (voir
Démons).
Chapitre 5 . Adam et Ève ont des enfants ; Adam offre des sacrifices d'animaux comme type
et préfiguration du sacrifice expiatoire futur du Sauveur ; l'Évangile du futur
Jésus-Christ est prêché ; Caïn se rebelle et la méchanceté se répand.
Chapitre 6. Adam et sa postérité fidèle ont une langue « pure et sans tache », tant
écrite que parlée et tiennent des annales (voir Langue adamique) ; Hénoc prêche la
parole de Dieu et proclame que le Plan du Salut a été révélé à Adam ; la foi, le
repentir, le baptême et le don du Saint-Esprit sont enseignés.
Chapitre 7 . Dieu se révèle à Hénoc, qui prêche et fonde la ville de Sion. Hénoc
annonce la venue du Christ, son expiation et sa résurrection. Il annonce le
rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours, la nouvelle Jérusalem et la
seconde venue du Sauveur.
Chapitre 8 . Une grande méchanceté se produit à l'époque de Noé ; ses fils et lui
prêchent l'Évangile, mais cela reste lettre morte ; toute chair est détruite par le
déluge.
Quand on compare le livre de Moïse avec les textes pseudépigraphiques de l'Ancien
Testament, on découvre des parallèles qui ne se trouvent pas dans le texte actuel de la
Genèse. Par exemple, Adam et Ève doivent offrir des sacrifices à Dieu après avoir
été chassés du jardin (Moïse 5:5-7; cf. Vie d'Adam et Êve, 29,4) et Satan se rebelle
contre Dieu et est expulsé du ciel (Moïse 4:3-4; cf. Vie, 12-16).
Un point de doctrine important rétabli par le livre de Moïse, c'est que l'Évangile du
Salut a été prêché « depuis le commencement » (Moïse 5:58), une idée reprise par
la déclaration de Paul que l'Évangile a été prêché à Abraham (Ga. 3:8) et par le
Livre de Mormon (Jacob 4:4-5; 07:10-11 cf. D & A 29: 41-42 ). De même, Eusèbe (vers
263-339 apr. J.-C.) affirme que l'enseignement du christianisme n'est ni nouveau ni
étrange et que la religion des patriarches était identique à celle des chrétiens
(Histoire ecclésiastique 1.2.1-22).
Dans cet ordre didées, le livre de Moïse montre qu'Adam et Ève comprenaient la
mission future de Jésus-Christ (Moïse 6:51-63). Adam va apprendre que les offrandes des
sacrifices sont « une similitude du sacrifice du Fils unique » (5:6-8). En outre, Adam
est baptisé d'eau, reçoit le Saint-Esprit (5:9 ; 6:64-68) et se fait enseigner le Plan
du Salut (6:62). Adam et Ève et leur postérité se font également enseigner le but de
la Chute et se réjouissent du plan de rédemption du Seigneur (5:10-12).
Le livre de Moïse amplifie le récit biblique d'Hénoc, qui est brièvement mentionné
dans Genèse 5:22-24 comme étant quelquun qui « marcha avec Dieu ». Cette
restauration du récit de Moïse nous apprend que Hénoc a eu une vision du ministère du
Sauveur (Moïse 7:55-57), du monde des esprits (6:35-36 ; 7:56-57), du rétablissement de
l'Évangile dans les derniers jours (7:62) et du second
avènement du Sauveur (7:60, 65). Limportance d'Hénoc dans le livre de Moïse fait
écho au rôle important quil joue dans d'autres textes sur Énoch (Nibley, p. vii).
Bibliographie
Charlesworth, James H. The Old Testament Pseudepigrapha, Vol. 2, p. 285. Garden City,
N.Y., 1983, 1985.
Nibley, Hugh. Enoch The Prophet. Dans CWHN, 2. Salt Lake City, 1986.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also
by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp. 136-73. Salt Lake City,
1990.
BRUCE T. TAYLOR
Livre de Mormon
Cette
rubrique présente le Livre de Mormon, laperçu décrivant sa nature, son contenu et
ses objectifs de base, suivi dun bref article sur la page de titre ; les articles
restants sont consacrés à une brève explication de chaque livre quil contient.
Livre de Mormon : Aperçu
Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon
Livre de Mormon : Premier livre de Néphi
Livre de Mormon : Deuxième livre de Néphi
Livre de Mormon : Livre de Jacob
Livre de Mormon : Livre d'Énos
Livre de Mormon : Livre de Jarom
Livre de Mormon : Livre d'Omni
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Livre de Mormon : Livre de Mosiah
Livre de Mormon : Livre d'Alma
Livre de Mormon : Livre dHélaman
Livre de Mormon : Trois Néphi
Livre de Mormon : Quatre Néphi
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Livre de Mormon : Livre d'Éther
Livre de Mormon : Livre de Moroni
Les
enseignements du Livre de Mormon sont traités dans des articles doctrinaux répartis sur
toute l'encyclopédie ; voir Doctrine ; Évangile de Jésus-Christ. Voir aussi
Enseignements et pratiques religieux du Livre de Mormon ; Jésus-Christ dans les
Écritures ; Prophéties dans le Livre de Mormon.
Pour ce qui est de ses rapports essentiels avec la Bible et les autres Écritures, voir
Bible ; Livre de Mormon Prophéties bibliques sur ; Livre de Mormon dans une
culture biblique ; Ésaïe ; Écritures ; Ouvrages canoniques.
Sur l'écriture et la composition du Livre de Mormon, voir Livre de Mormon Auteurs
; Livre de Mormon Langue ; Livre de Mormon Littérature ; Livre de Mormon
Plaques et annales.
Pour des informations sur son origine et sa publication, voir Livre de Mormon
Éditions (1830-1981) ; Livre de Mormon Manuscrits ; Livre de Mormon
Traduction de Joseph Smith ; Livre de Mormon Traduction ; Livre de Mormon
Témoins ; Manuscrit, 116 pages perdues ; Moroni, Visites de. Voir, dune manière
générale, Livre de Mormon Études.
On peut trouver des articles séparés sur Livre de Mormon Peuples ; Jarédites ;
Lamanites ; Néphites ; Femmes dans le Livre de Mormon ; les articles sur les principaux
personnages de cette Écriture sont repris sous Livre de Mormon Personnalités.
Les aspects internes de la culture et de la civilisation du Livre de Mormon sont traités
dans des rubriques telles que Livre de Mormon Chronologie ; Livre de Mormon
Économie et technologie ; Livre de Mormon Géographie ; Livre de Mormon
Gouvernement et histoire juridique ; Livre de Mormon Histoire de la guerre dans ;
Jésus-Christ : Ministère de quarante jours et autres apparitions de Jésus-Christ après
sa résurrection ; Liahona ; Combinaisons secrètes ; Épée de Laban ; Trois Néphites ;
Arbre de vie.]
Table des matières
1 Livre de Mormon : Aperçu
Livre de Mormon 2 : Page de titre du Livre de Mormon
2.1 Bibliographie
Livre de Mormon 3 : Premier livre de Néphi
Livre de Mormon 4 : Deuxième livre de Néphi
4.1 Bibliographie
Livre de Mormon 5 : Livre de Jacob
5.1 Bibliographie
Livre de Mormon 6 : Livre d'Énos
Livre de Mormon 7 : Livre de Jarom
Livre de Mormon 8 : Livre d'Omni
Livre de Mormon 9 : Paroles de Mormon
Livre de Mormon 10 : Livre de Mos.
10.1 Bibliographie
Livre de Mormon 11 : Livre d'Alma
11.1 Bibliographie
Livre de Mormon 12 : Livre dHélaman
12.1 Bibliographie
Livre de Mormon 13 : Trois Néphi
Livre de Mormon 14 : Quatre Néphi
14.1 Bibliographie
Livre de Mormon 15 : Livre de Mormon
15.1 Bibliographie
Livre de Mormon 16 : Livre d'Éther
16.1 Bibliographie
Livre de Mormon 17 : Livre de Moroni
17.1 Bibliographie
Livre de Mormon : Aperçu
Auteur : NYMAN, MONTE S.
Le
prophète Joseph Smith a dit du Livre de Mormon quil était « le plus correct de
tous les livres de la terre et la clef de voûte de notre religion » et a ajouté qu'une
personne « se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les préceptes que par
n'importe quel autre livre » (EPJS, p. 156), parce quil contient la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-9).Pour les membres de l'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le Livre de Mormon constitue la base
doctrinale de l'Église et communique la parole de Dieu au monde entier.
Le Livre de Mormon confirme et complète la Bible : « Voici, ceci [le Livre de Mormon]
est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la Bible] ; et si vous croyez cela [la
Bible], vous croirez ceci [le Livre de Mormon] aussi » (Mrm. 7:9). La Bible est
principalement un compte rendu des relations de Dieu avec les ancêtres et les descendants
de Jacob ou Israël dans le Proche-Orient antique. Les saints des derniers jours croient
que le Livre de Mormon est un compte rendu des relations de Dieu avec un autre groupe
d'Israélites qu'il a amenés vers 600 av. J.-C. de Jérusalem sur le continent américain
(voir Léhi). Ils attendaient la naissance et lavènement de Jésus-Christ et
croyaient en son expiation et en son Évangile. Leurs annales complexes et longues ont
été abrégées par un prophète appelé Mormon, inscrites sur des plaques d'or et
enterrées par son fils, Moroni 2, après que des guerres fratricides ont exterminé tous
ceux qui croyaient au Christ dans le Nouveau Monde excepté Moroni (385 apr. J.-C.).
JOSEPH SMITH ET LE LIVRE DE MORMON. Dans sa courte vie, Joseph Smith a fait paraître
beaucoup dÉcritures (voir Doctrine et Alliances ; Perle de Grand Prix). Son premier
appel prophétique fut de faire paraître le Livre de Mormon. En 1823 il avait
alors dix-sept ans Moroni, qui était devenu un ange de Dieu, un messager
ressuscité, lui montra les annales quil avait cachées (JSH 1:27-54). Après
plusieurs visites pendant les quatre années qui suivirent, Joseph fut autorisé à
enlever les annales sacrées du lieu où elles reposaient dans la colline Cumorah, près
de Palmyra (New York). En dépit de beaucoup dinterruptions et de persécutions
persistantes (JSH 1:57-60), Joseph Smith traduisit les longues annales en une
soixantaine de jours de travail. Les saints des derniers jours rendent témoignage qu'il
la fait « grâce à la miséricorde de Dieu et par la puissance de Dieu » (D&A
1:29), « par l'inspiration du ciel » (Messenger and Advocate, oct. 1834, pp. 14-16 ;
JSH 1:71, n.). Il eut l'aide de plusieurs secrétaires, principalement Oliver
Cowdery, qui écrivit sous sa dictée. Le livre fut publié en 1830 à Palmyra. Onze
témoins au moins, en plus de Joseph Smith, ont vu et/ou ont soupesé les plaques du Livre
de Mormon avant qu'il les rende à Moroni (voir Livre de Mormon Témoins).
OBJECTIFS ET CONTENU. Le Livre de Mormon, comme le dit son sous-titre, va de pair avec la
Bible en tant que « autre témoignage de Jésus-Christ ». Ses objectifs principaux sont
récapitulés dans sa page de titre : montrer aux restes des peuples du Livre de Mormon
les grandes choses que Dieu a faites pour leurs ancêtres, faire connaître les alliances
du Seigneur et convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel,
qui se manifeste à toutes les nations ». L'événement central du Livre de Mormon est
l'apparition du Christ ressuscité aux habitants justes du continent américain après son
ascension au ciel à Jérusalem. Pendant sa visite, le Christ a prononcé un sermon qui
est semblable au sermon sur la montagne que lon trouve dans le Nouveau Testament,
mais avec certains éclaircissements et ajouts essentiels. Il a déclaré sa doctrine, la
plénitude de son Évangile nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu et il a
établi son Église avec ses ordonnances essentielles et a ordonné des disciples pour la
présider. Le Christ a également expliqué à ce moment-là les promesses que Dieu a
faites à Israël, a guéri les malades et les invalides, béni les enfants et leurs
parents et exprimé son grand amour, permettant à chaque personne de savancer et de
toucher les plaies quil avait subies pendant sa crucifixion (voir 3 Né. 11-26). Le
compte rendu de la visite de Jésus et beaucoup d'autres passages du Livre de Mormon
démontrent la filiation divine, le ministère, l'Expiation, la résurrection et le statut
éternel du Seigneur Jésus-Christ et prouve que la plénitude de son Évangile est la
même pour tous les peuples, quels que soient les endroits ou lépoque où ils ont
vécu.
Les ancêtres de ces gens à qui Jésus est apparu étaient sur le continent américain
depuis 600 ans environ. Le Livre de Mormon s'ouvre avec la famille de Léhi à Jérusalem
du temps du prophète biblique Jérémie. Vers 600 av. J.-C., Dieu avertit Léhi
quil doit prendre sa famille et senfuir de Jérusalem avant qu'elle ne soit
détruite par Babylone (1 Né. 1:1-2). Le récit, écrit par Néphi 1, fils de Léhi,
parle d'abord du départ de sa famille de Jérusalem et du retour risqué de Néphi à la
ville avec ses frères pour obtenir les annales sacrées qui contiennent leur lignage, les
cinq livres de Moïse, une histoire des Juifs et les écrits des prophètes jusquà
Jérémie (1 Né. 3-5).
Le groupe voyage dans le désert jusqu'à ce qu'il atteigne une région plaisante au bord
de la mer où Néphi, sur les instructions de Dieu, construit un bateau qui les emmène au
Nouveau Monde (1 Né. 17-18). Laman et Lémuel, les frères aînés de Néphi, expriment
leur ressentiment de voir que Néphi est proche du Seigneur et ne veulent pas qu'il règne
sur eux (1 Né. 16:37-39 ; 18:10). Quand la famille atteint le Nouveau Monde, cet
antagonisme mène à un schisme entre les Néphites et les Lamanites qui imprègne tout le
Livre de Mormon.
Lors de la rédaction et de la transmission des sermons, des prophéties et des annales
historiques, les auteurs insistent sur lidée que ceux qui gardent les commandements
de Dieu prospèrent. Malheureusement, beaucoup de ceux qui prospèrent deviennent
orgueilleux et persécutent les autres, ce qui conduit à la guerre. Les désolations
causées par la guerre ramènent les hommes à lhumilité et ils recommencent à
invoquer Dieu.
Les anciens prophètes américains, comme des prophètes bibliques tels que Moïse,
Ésaïe et Daniel, ont des visions du futur de diverses nations. Par exemple, Néphi voit
la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, l'afflux de Gentils dans le Nouveau
Monde et la guerre dIndépendance américaine (1 Né. 13:12-15, 18-19), ainsi que la
naissance et le ministère terrestre de Jésus-Christ. La naissance, le ministère et la
mort du Christ sont prophétisés par Léhi, Néphi, Benjamin, Samuel le Lamanite et
d'autres prophètes. Quand Mosiah 1 découvre un peuple qui a quitté Jérusalem avec
Mulek, un fils de Sédécias (voir Jé. 52:10 ; Om. 1:12-15 ; Hél. 8:21), et que les
envoyés du roi Limhi trouvent les annales des Jarédites frappés dextinction, les
Néphites apprennent qu'ils ne sont pas les seuls que Dieu a amenés sur le continent
américain.
Après l'apparition de Jésus-Christ, les Néphites et les Lamanites connaissent la paix
pendant plus de 160 ans (4 Né. 1:18-24). Par la suite, beaucoup de ceux qui avaient mené
une vie juste vont rompre leurs alliances avec Dieu et l'Église et leur civilisation
commence à s'effondrer. Enfin, en 385 apr. J.-C., les quelques Néphites restants seront
pourchassés et tués par les Lamanites. Le livre finit avec Moroni, le dernier Néphite,
qui écrit aux hommes des temps modernes pour leur lancer linvitation : « Venez au
Christ, et soyez rendus parfaits en lui » (Mro. 10:32).
APPLICATIONS MODERNES. Les saints des derniers jours considèrent le Livre de Mormon comme
un livre pour tous les hommes. En plus d'instruire leurs contemporains et leurs
descendants, les prophètes qui ont écrit ces annales antiques ont vu davance la
situation de lépoque moderne et ont choisi les leçons dont on a besoin pour
relever les défis de ce monde (Mrm. 8:34-35). Leur livre est lhistoire dun
peuple déchu, qui invite tout le monde à vivre dans la justice et à empêcher une chute
semblable aujourd'hui.
Le Livre de Mormon a eu un effet profond sur l'Église et ses membres. Il est si
fondamental que Joseph Smith a dit : « Enlevez le Livre de Mormon et les révélations,
et où est notre religion? Nous nen avons pas » (EPJS, p. 53).
Le Livre de Mormon enseigne que le Dieu vivant a parlé à plusieurs peuples de par le
monde qui ont écrit des annales sacrées comme il la commandé (2 Né. 29:11-12).
Le Livre de Mormon est un document de ce genre.
Il est également une preuve pour les saints des derniers jours que Dieu a rétabli son
Église vraie et vivante par lintermédiaire de Joseph Smith. L'importance de cette
croyance pour des saints des derniers jours ne saurait être surestimée, parce
quils ont la certitude que Dieu veille sur les habitants de la terre et les aime et
qu'il continue de leur parler par les prophètes contemporains qui appliquent les
principes immuables de l'Évangile aux problèmes d'aujourd'hui.
Le Livre de Mormon est également important pour les saints des derniers jours comme aide
dans la compréhension de la Bible et de la volonté de Dieu. Néphi a prophétisé que
beaucoup de vérités et dalliances « claires et précieuses » seraient ôtées de
l'Évangile et de la Bible après le décès des apôtres (1 Né. 13:26-27). Beaucoup de
questions que lon se pose à propos de la Bible trouvent une réponse pour les
saints des derniers jours dans le Livre de Mormon, comme le mode et les raisons du
baptême (2 Né. 31; 3 Né. 11:23-26), la bonne manière de pratiquer le sacrement du
repas du Seigneur (Mro. 4-5), la nature de la résurrection (Alma 40), les effets de la
chute d'Adam et les raisons du mal et de la souffrance dans le monde (2 Né. 2). Le Livre
de Mormon renforce la notion mormone que l'Évangile de Jésus-Christ a existé avant la
Création et a été révélé aux prophètes et aux croyants tout au long du temps.
Le Livre de Mormon est également sacré pour les saints des derniers jours parce
quil enseigne comment discerner les chuchotements du Saint-Esprit. Beaucoup de
saints des derniers jours, y compris ceux nés dans lÉglise, attribuent leur
conversion à Jésus-Christ et leur engagement envers l'Église à l'étude accompagnée
de prière du Livre de Mormon et cest par lui quils apprennent à reconnaître
le Saint-Esprit. Ainsi, le livre devient un symbole permanent de la révélation
personnelle et de l'amour de Dieu et de son attention aux besoins de chacun. Il déclare
également que toute l'humanité sera jugée par ses préceptes et ses commandements (Mos.
3:24 ; Mro. 10:27 ; voir Jugement). Il prouve que Dieu se rappelle chaque être qu'il a
créé (Mos. 27:30) et chaque alliance quil a faite (1 Né. 19:15 ; 3 Né. 16:11).
Le Livre de Mormon est la base sur laquelle des millions de personnes ont entrepris un
cheminement personnel de progression spirituelle et de service aux autres.
Pour les enfants mormons, le Livre de Mormon est une source dhistoires et de héros
valant celles de la Bible : Joseph en Égypte, Daniel dans la fosse aux lions, Ruth la
fidèle et la courageuse reine Esther. Ils racontent et chantent avec enthousiasme
lhistoire de l'armée de jeunes hommes fidèles menés par Hélaman 1 (Al. 56:41-50)
; celle du courage d'Abinadi, le prophète, devant le méchant roi Noé (Mos. 11-17) ;
celle de Néphi et de son indéfectible fidélité (1 Né. 3-18) ; celle d'Abish, une
Lamanite qui, pendant de nombreuses années semble avoir été la seule à croire au
Christ à la cour du roi Lamoni jusqu'à ce que le missionnaire Ammon enseigne l'Évangile
au roi et à la reine (Al. 19) et celle des apparitions de Jésus aux Néphites (3 Né.
11-28). Il y a beaucoup de passages célèbres. Le livre est utilisé pour enseigner aux
enfants la doctrine, pour donner des exemples de vie chrétienne et pour leur rappeler le
grand amour et l'espoir de Dieu pour tous ses enfants.
Le livre joue un rôle essentiel dans l'uvre missionnaire. C'est l'outil
missionnaire le plus important de l'Église et il est destiné à aller à toutes les
nations, tribus, langues et peuples (Ap. 14:6-7). Tous les missionnaires encouragent ceux
avec qui ils entrent en contact à lire le livre et à prier à son sujet car cest
le moyen de recevoir soi-même le témoignage de Dieu concernant la véracité du Livre de
Mormon, un témoin de Jésus-Christ.
Les saints des derniers jours sont régulièrement exhortés à faire un usage plus
important du Livre de Mormon. En 1832, deux ans et demi après la publication du livre, la
parole du Seigneur avertit les saints qu'ils avaient traité les révélations trop à la
légère et avaient négligé de se souvenir « de la nouvelle alliance,
cest-à-dire le Livre de Mormon » (D&A 84:57). Les dirigeants de lÉglise
encouragent régulièrement les membres à intégrer davantage le Livre de Mormon à leur
vie. Le président Benson a conseillé aux saints des derniers jours de lire le livre
quotidiennement et den parler, ainsi que du message de l'Évangile, à tout monde.
LECTURE DU LIVRE DE MORMON. Ces annales sacrées demandent au lecteur d'aborder ce
quelles disent avec la foi et la prière. Un de leurs enseignements est que le
lecteur ne recevra « de témoignage quaprès la mise à l'épreuve de [sa] foi »
(Ét. 12:6). Par conséquent, même si certains aspects du livre semblent étranges ou
improbables au début, il invite ses lecteurs à les considérer comme des possibilités
jusqu'à ce que le tableau densemble devienne clair et que lon éprouve
d'autres sentiments et que dautres pensées se présentent. En outre, la note finale
de Moroni 2 à la page de titre demande au lecteur de regarder au delà des faiblesses
humaines du livre : « S'il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes ; c'est
pourquoi, ne condamnez pas les choses de Dieu. » Il termine son propre livre dans le
Livre de Mormon en exhortant tous ceux qui reçoivent ces choses à demander à Dieu,
dun cur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, si elles ne
sont pas vraies, et promet que Dieu leur en manifestera la véracité (Mro. 10:4).
Quels que soient leur âge et leurs intérêts, les saints des derniers jours trouvent la
lecture du Livre de Mormon enrichissante. Au début, on a tendance à concentrer son
attention sur ses messages et ses récits. Une fois quon lit mieux et que lon
y réfléchit, on découvre de nombreux thèmes, des nuances importantes, des détails
intéressants et des expressions spirituelles profondes.
Néphi, Jacob et Abinadi, prophètes du Livre de Mormon, citent abondamment Ésaïe (voir,
par exemple, 2 Né. 6-8 [És. 49-51] ; 2 Né. 12-24 [És. 2-14] ; Mos. 14 [És. 53]), un
prophète de l'Ancien Testament dont le style et les allusions poétiques posent des
problèmes aux lecteurs de la Bible et se sont également révélés difficiles pour
beaucoup de ceux qui étudient le Livre de Mormon. Certains dirigeants de lÉglise
recommandent à ceux qui lisent le livre pour la première fois de survoler, dans un
premier temps, ces chapitres, comprenant ce qui est accessible et laissant le reste pour
une étude ultérieure. Dans les écrits d'Ésaïe, les saints des derniers jours trouvent
un témoignage important du Christ et de l'accomplissement des alliances de Dieu avec la
maison d'Israël. Le Christ a exhorté ses disciples à « sonder diligemment ces choses,
car grandes sont les paroles d'Ésaïe » (3 Né. 23:1).
Un autre obstacle possible pour le lecteur, ce sont les insertions hors chronologie du
livre. Néphi et Jacob et les descendants de Jacob ont écrit des récits à la première
personne de 590 av. J.-C. jusqu'à environ 150 av. J.-C., ensuite Mormon (v. 385 apr.
J.-C.) y a inséré un chapitre plus court pour expliquer quil est celui qui a
abrégé les autres annales. Le lecteur est ensuite ramené par l'intermédiaire de
l'abrégé de Mormon à l'histoire des successeurs de Néphi et des descendants d'Alma 1.
Lorsque des groupes de personnes se détachent de la population principale puis y
reviennent, des parties de leurs annales sont incorporées au livre, ce qui fait revenir
le lecteur à des événements antérieurs. De même, l'abrégé fait par Moroni du livre
très antique d'Éther apparaît en dehors de l'ordre chronologique vers la fin. En outre,
le Livre de Mormon, comme l'Ancien Testament, décrit des événements qui se situent à
des intervalles très séparés. Cest un abrégé et, comme tel, il ne contient
quune petite partie de lhistoire de ces peuples antiques.
APPROCHE DU TEXTE. La façon dont le Livre de Mormon est disposé se prête à plusieurs
approches. Trois méthodes qui se renforcent mutuellement sont généralement utilisées.
D'abord, le livre est une source dinstructions et de doctrine doù se
dégagent des leçons et de la sagesse applicables à la vie contemporaine. Cette approche
est recommandée dans les écrits de Néphi, qui dit qu'il « appliquai[t] toutes les
Écritures à [son peuple], afin que cela fût pour [son] profit et [son] instruction »
(1 Né. 19:23). Les saints des derniers jours trouvent ses pages riches en récits
édifiants, en points de doctrine clairs, en vérités éternelles, en formules
mémorables et en principes. Connaissant les conditions des derniers jours, les prophètes
antiques s'adressent périodiquement de manière directe au lecteur. Les saints des
derniers jours soulignent la nécessité de lire le Livre de Mormon dans l'esprit de la
prière, avec foi en Dieu, pour bénéficier personnellement de ses enseignements et aller
au Christ.
Une deuxième approche du Livre de Mormon, qui ajoute une dimension historique à la
première, est d'étudier le livre comme un texte antique. Le lecteur qui accepte le Livre
de Mormon comme lhistoire dun lignage hébreu antique écrite par des
prophètes dans le Nouveau Monde verra que le livre répond bien à cette description et
à ce cadre. Le livre parle de cultures antiques qui sont aussi éloignées du lecteur
moderne que celles des Ancien et Nouveau Testaments. Les recherches en cours ont montré
que des formes poétiques hébraïques, des structures littéraires et les idiomes, ainsi
que beaucoup de symboles, de traditions et dobjets façonnés mésoaméricains sont
implicites dans le livre ou compatibles avec lui.
Enfin, on peut lire le Livre de Mormon comme une uvre littéraire. Bien que le style
puisse parfois sembler fastidieux ou répétitif, il y a un ordre, un but et de la clarté
dans son langage. Ses paroles sont souvent aussi belles et aussi mémorables que des
passages des Psaumes, de l'Évangile de Jean et d'autres uvres religieuses notables
en prose et en poésie.
Cependant, la plupart des lecteurs fidèles du Livre de Mormon ne se limitent pas à une
approche ou méthodologie unique, car toutes ces approches ne sont que secondaires par
rapport aux implications de l'origine divine et des buts éternels du livre. Létude
et la foi, la réflexion et lapplication, tout cela aide à connaître et à
comprendre les messages du Livre de Mormon. Mais pour des millions de saints des derniers
jours, leur expérience la plus importante avec le Livre de Mormon a été la connaissance
spirituelle qu'ils ont reçue de sa véracité. Elle a changé et enrichi leur vie et les
a rendus plus proches de Jésus-Christ et de ses enseignements.
Livre de Mormon : Page
de titre du Livre de Mormon
Auteur : RICKS, ELDIN
Joseph
Smith a écrit un jour : « Je tiens à préciser ici que la page de titre du Livre de
Mormon est la traduction littérale, tirée de la toute dernière feuille, située du
côté gauche du recueil ou livre de plaques, qui contenait le document qui a été
traduit
et que ladite page de titre n'est en aucune façon un écrit moderne, que
ce soit de moi ou de tout autre homme qui ait vécu ou vive à notre époque » (HC
1:71.).
La page de titre est donc la traduction d'un document antique, au moins partiellement
écrit par Moroni 2, fils de Mormon, au cinquième siècle apr. J.-C. Elle décrit le
livre comme étant un « abrégé des annales du peuple de Néphi et aussi des Lamanites
» et « aussi un abrégé tiré du livre dÉther, qui contient les annales du
peuple de Jared » (voir Livre de Mormon Plaques et annales).
Selon la page de titre, le Livre de Mormon sadresse aux Lamanites, aux Juifs et aux
Gentils et vise à informer les Lamanites des promesses faites à leurs ancêtres et à
convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste
à toutes les nations. »
La page de titre a été utilisée comme description du Livre de Mormon sur la demande de
copyright fédéral introduite le 11 juin 1829, avec R.R. Lansing, greffier du Tribunal de
district des États-Unis pour le district nord de New York, à Albany.
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. The title page, dans The Book of Mormon: First Nephi, The
Doctrinal Foundation, dir. de publ. Monte S. Nyman et Charles D. Tate, pp. 19-33. Provo,
Utah, 1988.
ELDIN RICKS
Livre de Mormon : Premier livre
de Néphi
Auteur : EAMES RULON D.
Écrit par
Néphi 1, prophète antique qui s'enfuit de Jérusalem avec son père, Léhi et la famille
de celui-ci peu après 600 av. J.-C., ce livre raconte leurs voyages sous la direction
divine jusque sur le continent américain. Avec son témoignage détaillé de la mission
de Jésus-Christ et sa vue panoramique de l'histoire sacrée, 1 Néphi est la base
doctrinale et historique de tout le Livre de Mormon. Son intention avouée est de
témoigner que le Dieu d'Israël peut sauver tous ceux qui se repentent et font preuve de
foi en lui (1 Né. 1:20 ; 6:4).
Composées plusieurs années après larrivée de Néphi dans la « Terre promise »,
les annales, dont le premier livre de Néphi faisait partie, contiennent des prophéties
et des prédications sacrées « à cause du Christ, et à cause de [son] peuple » (Jacob
1:4). Son message fondamental est que le Dieu d'Israël est miséricordieux et a le
pouvoir de sauver ceux qui lui obéissent (1 Né. 1:20 ; 6:4; 22:30-31). Néphi étaie
cette thèse par des arguments historiques et prophétiques. Il cite deux fois l'exode
d'Israël hors d'Égypte comme preuve du pouvoir rédempteur de Dieu et voit le même
pouvoir en action dans l'exode de sa famille hors dune Jérusalem condamnée. Voyant
dune envergure spirituelle remarquable, Néphi témoigne que des actes rédempteurs
plus grands attendent à l'avenir : Dieu lui-même viendra sur terre racheter l'homme de
la mort et du péché (1 Né. 11:33 ; 19:10), et avant la fin du monde, Israël sera
racheté.
Le récit de 1 Néphi est vivant et mouvementé ; les actes d'intervention divine dominent
ce récit. Il commence la première année du roi judéen Sédécias (1 Né. 1:4 ; cf. 2
R. 24:8-18, dont la date, selon les documents babyloniens, est 597 av. J.-C.). Jérusalem
vient de capituler après un bref siège babylonien et le roi Jojakin, ainsi que beaucoup
de citoyens éminents de Juda, ont été déportés. Quand Jérusalem persiste dans son
arrogance, une foule de prophètes, notamment Jérémie et Léhi, annoncent sa
destruction. Comme le peuple conspire pour tuer Léhi, le Seigneur le prévient et il fuit
vers le sud dans le désert. À deux reprises, ses quatre fils retournent dans la région,
une fois pour obtenir une copie des Écritures écrites sur des plaques dairain et
une fois pour convaincre Ismaël et sa famille de fuir avec eux (chapitres 3-7). Guidé
par un compas dairain miraculeux (voir Liahona), le groupe de Léhi accomplit une
odyssée épuisante qui va prendre huit ans dans le désert, pour arriver dans un endroit
verdoyant sur la côte méridionale de la péninsule arabe. Là, le Seigneur convoque
Néphi sur une montagne où il lui commande de construire un bateau pour transporter le
groupe vers une terre de promission. Grâce à l'inspiration et à la protection
fréquentes de Dieu, le bateau est achevé et le dangereux voyage a lieu (chapitres
16-18).
Pendant tout ce temps, Léhi et Néphi sont en butte à lopposition de Laman et
Lémuel, les fils aînés de la famille, qui sont non seulement sceptiques mais parfois
violents dans leur opposition. Les annales prennent la défense de Néphi de plusieurs
manières. Un ange intervient une fois pour protéger Néphi contre ses frères ; Néphi
leur échappe deux fois, étant rempli de pouvoir de Dieu. À plusieurs reprises, par sa
foi, il réussit là où ils échouent.
Le récit est parsemé de grandes visions. Léhi reçoit son mandat de prophète dans une
vision tandis quil prie en faveur de Jérusalem : Il voit une colonne de feu
demeurer sur un rocher et Dieu assis sur son trône et il reçoit un livre à lire qui
décrète des jugements sur la ville (chapitre 1). Peu après, Néphi entend la voix du
Seigneur dire que lui, Néphi, instruirait et gouvernerait ses frères aînés (chapitre
2) ; et Léhi a un songe qui tourne autour dun arbre magnifique, une rivière, une
barre de fer et un grand et spacieux édifice (chapitre 8 ; voir aussi Arbre de vie). La
fuite de la famille hors dune Jérusalem orgueilleuse et matérialiste et sa
recherche du salut dans le désert sont fortement mises en évidence dans le langage
figuré de ce songe. Léhi prophétise aussi sur la captivité babylonienne des Juifs, sur
leur retour final en Palestine et sur la venue d'un Messie qui rachètera l'humanité de
son état perdu et déchu (chapitre 10).
Inspiré des expériences spirituelles de Léhi et voulant connaître la signification du
songe de son père, Néphi cherche à avoir et reçoit la même vision ainsi que son
interprétation. Cette révélation met les expériences de Léhi et de sa postérité
dans le contexte du plan rédempteur de Dieu et fournit une grande partie du cadre
historique et doctrinal de la prophétie suivante du Livre de Mormon : (1) Néphi voit la
naissance, le ministère et le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu et le rejet de ses
apôtres par Israël ; (2) il assiste à la division de la famille de Léhi suivie de la
naissance, du déclin et de la destruction de sa propre postérité par les descendants de
ses frères et il voit que l'agneau de Dieu visitera diverses branches d'Israël,
notamment la postérité de Néphi ; (3) il voit une grande et abominable église parmi
les Gentils ainsi quune dispensation de l'Évangile chez les Gentils et leur rôle
crucial dans le rassemblement dIsraël et d'un reste de la postérité de Néphi ;
et (4) la victoire finale de Dieu sur les puissances du mal à la fin du monde lui est
montrée (chapitres 11-14).
Citant d'autres prophéties allant dans le même sens, 1 Néphi 19-22 renforce ces quatre
thèmes, les piliers des perspectives néphites sur l'histoire du monde. Néphi donne
d'abord un témoignage détaillé du sacrifice expiatoire du Dieu d'Israël, de son rejet
et de la dispersion du peuple de l'alliance de Dieu, citant Zénos, Zénock, et Néum
(chapitre 19) ; il cite ensuite Ésaïe pour prouver que Dieu différera sa colère et
rassemblera finalement son peuple grâce à l'aide de rois et de reines gentils (chapitres
20-21) ; et finalement, il exhorte tout le monde à obéir aux commandements de Dieu et à
être sauvé, parce que dans les derniers jours les méchants brûleront et les saints
d'Israël régneront (chapitre 22).
Livre de Mormon : Deuxième
livre de Néphi
Auteur : BALL, TERRY B.
Le
deuxième livre de Néphi (2 Néphi) est une uvre écrite vers 550 av. J.-C. par
celui-là même qui a écrit 1 Néphi et qui la inclus dans ses petites plaques. Le
deuxième livre contient quatre discours et traités prophétiques de trois prophètes du
Livre de Mormon, Léhi, Jacob et Néphi 1, ainsi que des extraits substantiels des
prophéties d'Ésaïe tirées des plaques d'airain. En plus, 2 Néphi rapporte brièvement
la transition difficile de la génération fondatrice de la colonie de Léhi à la
génération suivante dans leur nouvelle patrie.
La première section du livre se compose des exhortations et du testament de Léhi à sa
postérité avant sa mort (1:1-4:11). Il adresse ses premières paroles à ses fils
aînés, Laman, Lémuel et Sam, aussi bien quaux fils d'Ismaël. Il leur rappelle la
miséricorde de Dieu qui les a conduits dans une terre promise, les a instruits de
l'alliance de pratiquer la justice qui se rattache au pays, met en garde contre la perte
de liberté et de prospérité qui découle de la désobéissance à Dieu et les supplie
de se réconcilier avec leur frère Néphi, leur gouverneur (1:1-27).
Après cette exhortation, Léhi prononce des bénédictions spécifiques sur tous ses
descendants, que ce soit à titre individuel ou comme groupes de familles. Ses
bénédictions contiennent des prophéties et des promesses au sujet du futur de chaque
individu ou groupe dans le pays de lalliance et sont suivies de recommandations «
selon linspiration de l'Esprit » (1:6). Ses instructions à Jacob et Joseph, ses
fils cadets, sont importantes dun point de vue doctrinal. Il parle à Jacob du plan
du salut de Dieu pour ses enfants, enseignant les principes qui sont fondamentaux pour la
compréhension de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment la doctrine de la rédemption
par le Messie, la nécessité de l'opposition et du libre arbitre, le rôle de Satan et
l'importance de la chute d'Adam et Ève (2:1-30). Léhi instruit son fils Joseph sur les
prophéties de son ancêtre Joseph d'Égypte, qui a prédit la mission, dans les derniers
jours, d'un autre Joseph (le prophète Joseph Smith) et la parution du Livre de Mormon
(3:1-25).
Néphi 1, fils de Léhi, est lauteur de la section suivante, la seule partie
historique du document (4:12-5:34). Après avoir raconté la mort de Léhi et la
rébellion de Laman, de Lémuel et des fils d'Ismaël (4:12-13), Néphi précise qu'il
tient deux annales : les grandes plaques, sur lesquelles il écrit l'histoire profane, et
les petites plaques, sur lesquelles il écrit « ce qui est agréable à Dieu » notamment
beaucoup dextraits des plaques dairain (4:14-15 ; 5:29-33).
En parlant du plaisir quil a à méditer les Écriture et « les choses du Seigneur
», Néphi se sent poussé à composer un beau psaume (4:16-35). Dans ces versets, tout
comme le Psalmiste biblique, Néphi utilise des images inspirantes et des parallélismes
poétiques pour louer Dieu de sa bonté, se lamenter sur ses propres faiblesses et
déclarer sa dévotion au Seigneur.
Néphi clôture cette section en racontant la division de la postérité de Léhi en deux
peuples distincts, les Néphites (les croyants) et les Lamanites (les incroyants). Il
décrit les divisions théologiques, culturelles et géographiques qui se produisent entre
les partisans des frères, déplorant le fait que dans les quarante années de leur
séparation, ils étaient en guerre (5:1-34).
Un sermon de Jacob constitue la troisième inscription dans 2 Néphi (chapitres 6-10),
suivi de la quatrième et dernière partie, un long discours écrit de Néphi (chapitres
11-33). Citant des parties substantielles d'Ésaïe, Néphi et Jacob soulignent deux
grands thèmes : l'histoire et le futur du peuple de l'alliance de Dieu et la mission du
Messie. Pour son discours sur ces sujets, Néphi cite dabord le texte d'És. 2-14
dans 2 Né. 12-24 et les commente ensuite aux chapitres 25-30, en intégrant des parties
d'Ésaïe 29 dans ses commentaires. Jacob cite És. 50:1-52 :2 aux chapitres 7-8.
Apparemment, Joseph Smith a mis ces citations d'Ésaïe dans langlais de la King
James Version, mais avec beaucoup de variantes reflétant la source néphite.
En citant Ésaïe et en réfléchissant à son texte, Jacob et Néphi se concentrent sur
des événements tels que la captivité babylonienne et le retour (6:8-9 ; 25:10-11) ;
l'apostasie, la dispersion et l'oppression de la maison d'Israël et le rassemblement de
ses descendants dans les derniers jours, son rétablissement par la conversion à
lÉvangile du Christ et l'établissement de Sion des thèmes qui les
préoccupent à cause de leur propre ascendance israélite (6:6-18 ; 8:1-25 ; 10:1-25 ;
25:14-17 ; 26:14-30:18). Ils prophétisent en outre la destruction des méchants avant la
seconde venue du Sauveur suivie de l'ère de paix (12:1-22 ; 21:1-24 :3).
Dans leurs discours, Jacob et Néphi parlent du ministère terrestre, du rejet et de la
crucifixion du Messie (6:9; 7:1-11 ; 9:1-54 ; 10:3-5 ; 17-19) et des principes
fondamentaux de son Évangile : la foi, le repentir, le baptême et l'obéissance (9:23-24
; 31:1-21 ; voir Évangile de Jésus-Christ) ; ensuite ils prophétisent son baptême, son
sacrifice expiatoire et sa résurrection suivie de son ministère parmi les Néphites, sa
seconde venue finale et le jugement dernier (9:5-27 ; 26:1-9 ; 31:4-12).
Au chapitre 29, Néphi mentionne tout spécialement le désir du Seigneur que le Livre de
Mormon soit utilisé comme une « bannière » par son peuple, conjointement avec la Bible
(29:2), notant que d'autres livres paraîtront. En clôturant les annales, Néphi
témoigne que les paroles qui sy trouvent sont les paroles du Christ, celles par
lesquelles les lecteurs seront jugés (33:10-15).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 7, pp. 86-174. Salt Lake City,
1987.
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of
Mormon, Vol. 1, pp. 182-376. Salt Lake City, 1987.
Nyman, Monte S., et Charles D. Tate, dir. de publ.. The Book of Mormon: Second Nephi, The
Doctrinal Structure. Provo, Utah, 1989.
TERRY B. BALL
Livre de Mormon : Livre de Jacob
Auteur : WILLIAMS, CLYDE J.
Écrite
par Jacob, cinquième fils de Léhi, peu après 545 av. J.-C., luvre suit le
modèle donné par Néphi 1 pour porter des inscriptions sur les petites plaques :
inclusion de sermons sacrés, de révélations importantes, de prophéties et de quelques
données historiques. Jacob, prophète néphite, écrit pour persuader tous les hommes de
« venir au Christ » (Jacob 1:7).
Le livre semble avoir été écrit en trois étapes. La première est un discours
important de Jacob au temple, dans lequel il appelle son peuple à se repentir de
l'immoralité, du matérialisme et de l'orgueil (chapitres 2-3). Il conseille aux hommes
et aux femmes dêtre généreux de leurs biens, promettant que, sils cherchent
le royaume de Dieu avant de rechercher la richesse, ils auront en bénédiction
suffisamment de richesse pour aider les autres (2:17-19). Il met vivement son peuple en
garde contre les péchés d'immoralité parce que beaucoup ont transgressé la loi de
chasteté, notamment en pratiquant une polygamie non autorisée par le Seigneur (2:30). Il
rappelle à ses auditeurs que le Seigneur « [fait ses délices] de la chasteté des
femmes » et que les péchés des hommes ont brisé le cur de leurs femmes et de
leurs enfants (2:22-35).
La deuxième partie contient des prophéties sur l'expiation du Christ, le rejet de Jésus
de Nazareth par beaucoup de Juifs et la dispersion et le rassemblement d'Israël
(chapitres 4-6). Jacob désire que les générations postérieures « sachent que nous
[avons] connaissance du Christ et que nous [avons] lespérance de sa gloire bien des
centaines dannées sa venue » (4:4). Lélément principal de cette section
est la citation par Jacob de l'allégorie des oliviers francs et sauvages (chapitre 5).
Conçue par Zénos, un prophète israélite dont les écrits sont conservés sur les
plaques d'airain, cette allégorie donne sous forme de récit symbolique l'histoire
prophétique de la dispersion et du rassemblement d'Israël, y compris les descendants de
Léhi, depuis la fondation d'Israël jusqu'à la fin de la terre.
La troisième section raconte la rencontre de Jacob avec un antéchrist appelé Shérem
qui, avec habileté et un art consommé de la parole, essaie, par la flatterie et la
tromperie, déloigner le peuple de la foi au Christ (7:1-4). Shérem accuse Jacob de
blasphème et de fausse prophétie et essaie de convaincre le peuple qu'il n'y aura pas de
Christ. Il finit par être confondu par Jacob et, après avoir cherché un signe, est
frappé par Dieu et meurt peu après (7:7-8, 13-20). Débarrassé des enseignements
séparatistes de Shérem en sondant les Écritures, le peuple de Jacob peut à nouveau
connaître la paix et l'amour de Dieu (7:23).
Bibliographie
Matthews, Robert J. "Jacob: Prophet, Theologian, Historian." Dans The Book of
Mormon: Jacob Through Words of Mormon, dir. de publ.. M. Nyman et C. Tate, Provo, Utah,
1990..
CLYDE J. WILLIAMS
Livre de Mormon : Livre d'Énos
Auteur : ARNOLD, MARILYN
Suivant le
modèle donné par son père et ses prédécesseurs (Jcb. 1:2-4 ; cf. En. 1:13-16), Énos,
fils de Jacob, met personnellement par écrit le témoignage et les promesses
prophétiques qui lui ont été communiqués. Énos (v. 515-417 av. J.-C.) est une
personnalité qui touche le cur. Il incarne la conversion, la compassion, et la
confiance devant le Seigneur. Tandis qu'il chasse, les paroles de son père « concernant
la vie éternelle et la joie des saints pénétraient profondément [son cur] » et
son « âme était affamée » (1:3-4). Toute la journée et jusque dans la nuit il «
lutte
devant Dieu » en une « supplication fervente » jusqu'à ce qu'il reçoive
le pardon de ses péchés. Il prie successivement pour son propre bien-être, pour celui
de ses frères, les Néphites, qui séloignent trop facilement de la justice, et
puis pour le bien-être de ses frères les Lamanites, qui sont devenus de plus en plus
féroces et sauvages. Énos reçoit une déclaration d'alliance du Seigneur que les
annales néphites seront apportées aux Lamanites. Il sait avec certitude qu'il aura la
joie de voir le visage de son Rédempteur et quil recevra une place dans les
demeures du Père (1:27). MARILYN ARNOLD
Livre de Mormon : Livre de Jarom
Auteur : ARNOLD, MARILYN
Jarom,
fils d'Énos, fait un bref résumé de lévolution des Néphites de son vivant (v.
440-355 av. J.-C.). À deux reprises il justifie la brièveté de son récit, prétextant
le manque de place et le peu de doctrine nouvelle à ajouter aux paroles de ses
prédécesseurs. Faisant apparaître une ère de conservatisme strict dans la colonie
florissante, Jarom raconte les grands efforts faits par les Néphites pour observer la loi
de Moïse et annoncer la venue du Messie. En dépit de leur supériorité numérique, les
Lamanites échouent dans leurs attaques fréquentes contre les Néphites prospères et
Jarom attribue les succès des Néphites aux prophètes, aux prêtres et aux instructeurs
qui les poussent continuellement au repentir. MARILYN ARNOLD
Livre de Mormon : Livre d'Omni
Auteur : ARNOLD, MARILYN
Ce livre
conclut et remplit les petites plaques de Néphi. Il contient de brèves déclarations par
une succession de gardiens des annales qui étaient descendants de Jacob mais
nétaient apparemment pas des dirigeants spirituels : Omni, Amaron, Chémish,
Abinadom et Amaléki (IVe-IIe siècles av. J.-C.). Amaléki, dont le récit est le plus
long des cinq, décrit la transition importante qui se produit dans l'histoire du Livre de
Mormon quand Mosiah 1 dirige la fuite dun groupe de Néphites fidèles du pays de
Néphi vers Zarahemla (v. 200 av. J.-C.). Ils y découvrent les descendants d'un groupe
qui a quitté Jérusalem avec Mulek, mais qui a perdu sa religion et sa langue. Amaléki
relie la corruption de sa langue à l'absence de documents écrits, montrant l'importance
de la conservation des annales. Mosiah apporte les plaques dairain contenant « les
annales des Juifs » (Om. 1:14), notamment les lois que les rois sont tenus de respecter
en vertu de la loi de Moïse (voir De. 17:18-19). Il est accepté comme roi de ces deux
peuples et va régner une génération. Amaléki survit à Mosiah mais n'a pas
dhéritier. Il transfère donc ses annales au roi Benjamin, fils de Mosiah. MARILYN
ARNOLD
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Auteur : RICKS, ELDIN
Mormon est
occupé à faire son abrégé des grandes plaques de Néphi 1 quand il découvre les
petites plaques de Néphi, des annales prophétiques du début de l'histoire néphite (P
de M 1:3). Profondément impressionné par les prophéties messianiques qu'il trouve sur
les petites plaques et en réponse à « linspiration de l'Esprit », Mormon annexe
ce jeu de plaques à son résumé (P de M 1:4-7). Mais étant donné que ces annales
finissent quelques années avant que le livre de Mosiah ne commence (v. 130 av. J.-C.),
Mormon soctroie des prérogatives d'éditeur et annexe ce post-scriptum historique
aux petites plaques pour rattacher sa conclusion à l'ouverture du livre de Mosiah. Cette
annexe, appelée Paroles de Mormon, sera écrite vers 385 apr. J.-C. ELDIN RICKS
Livre de Mormon : Livre de Mosiah
Auteur : GOFF, ALAN
Le livre
de Mosiah est religieusement riche, symboliquement significatif, chronologiquement
complexe et politiquement important. Bien que ses événements disparates aillent de 200
à 91 av. J.-C., ils sont unifiés en particulier par le thème de la délivrance et par
le règne du roi néphite Mosiah 2.
Plusieurs groupes ressortent dans cette histoire : (1) le gros des Néphites sous le roi
Benjamin et son fils Mosiah 2 ainsi que le peuple de Zarahemla (Mulékites), dont le
nombre dépasse celui de ses gouverneurs et voisins néphites ; (2) le peuple de Zénif,
qui a échoué dans sa tentative de réoccuper la patrie néphite, le pays de Néphi ; et
(3) le peuple d'Alma 1, qui sest détaché du peuple de Zénif et est devenu le
peuple d'Alma, disciple du prophète martyrisé Abinadi. Les deux derniers groupes
retournent à Zarahemla peu de temps après que Mosiah est devenu roi.
Le livre de Mosiah est tiré de plusieurs sources textuelles sous-jacentes : le discours
de Benjamin (124 av. J.-C.) ; les annales de Zénif (v. 200-120 av. J.-C.), contenant le
compte rendu du procès d'Abinadi par Alma (v. 150 av. J.-C.) et de son peuple (v. 150-118
av. J.-C.) et les annales de Mosiah (124-91 av. J.-C.).
LE DISCOURS DE BENJAMIN (CHAPITRES 1-6). Le couronnement de Mosiah a lieu selon des
dispositions semblables à lassemblée israélite traditionnelle au temple, avec les
sacrifices, le renouvellement des alliances, les confessions, les déclarations concernant
le sang expiatoire du Christ et linvitation à servir Dieu et à aider les pauvres.
Benjamin décède et Mosiah règne. Il autorise l'expédition d'Ammon pour retrouver le
peuple de Zénif (7:1-8 :21).
ANNALES DE ZÉNIF (CHAPITRES 9-22). Retour en arrière de soixante-quinze ans. Zénif a
fondé sa colonie ; il a combattu dans deux guerres et son fils, le méchant Noé, lui a
succédé. À deux reprises, le prophète Abinadi lance une condamnation contre Noé ; il
répète les dix commandements, cite Ésaïe 53 et discourt sur l'expiation de
Jésus-Christ et sur la résurrection. Tandis quil subit la mort par le feu, il
prophétise que sa mort préfigure celle de Noé. Alma 1, lun des prêtres de Noé,
croit en la prédication dAbinadi, senfuit dans le désert et rassemble un
groupe de convertis qui ont échappé ensemble aux soldats de Noé. Entre-temps, un
officier de larmée appelé Gédéon soppose à Noé, les Lamanites attaquent
et Noé senfuit et est plus tard exécuté par son propre peuple de la façon
prédite par Abinadi. Il reste Limhi, fils de Noé, qui va régner plusieurs années en
tant que roi vassal asservi aux Lamanites. À la longue, Limhi et son peuple sont
délivrés et séchappent vers Zarahemla.
ANNALES D'ALMA (CHAPITRES 23-24). Les disciples d'Alma 1 pratiquent le baptême et mettent
fortement l'accent sur l'unité, lamour mutuel et le refus des querelles. Dans un
discours qui présage les derniers mots de Mosiah établissant le règne des juges, Alma 1
refuse de devenir roi, voulant que son peuple ne soit asservi à personne. Néanmoins, ils
tombent sous la servitude cruelle des Lamanites, maintenant dirigés par certains des
anciens collègues d'Alma, les méchants prêtres de Noé. Plusieurs années plus tard, le
peuple d'Alma est miraculeusement délivré.
ANNALES DE MOSIAH (CHAPITRES 25-29). Les Néphites, le peuple de Zarahemla (Mulékites),
le peuple de Limhi et le peuple d'Alma 1 sont unifiés sous Mosiah comme roi, avec Alma
comme grand prêtre. Alma reçoit l'autorité dorganiser et de réglementer les
églises, mais beaucoup de membres apostasient et persécutent les justes. Parmi les
méchants, il y a son fils Alma 2 et les quatre fils de Mosiah. Quand un ange du Seigneur
leur apparaît, ils se repentent et se convertissent. Mosiah traduit les annales
jarédites, passe les annales néphites et les objets sacrés à Alma 2 et installe Alma 2
comme premier grand juge selon la voix du peuple.
Les récits du livre de Mosiah mettent laccent sur le thème de la délivrance de la
servitude, quelle soit physique ou spirituelle. Dans son discours, Benjamin parle de
délivrance spirituelle par le sang expiatoire du Christ, soulignant la dépendance de
l'humanité à l'égard Dieu et sa responsabilité vis-à-vis des pauvres (les deux
thèmes ou symboliques sont créés de la même façon dans la Bible par la tradition de
l'Exode). Le récit de la conversion d'Alma 2 est un cas remarquable de délivrance de la
servitude spirituelle par linvocation du nom de Jésus-Christ (Mos. 27 ; Al. 36).
Deux groupes sont délivrés de la servitude et de l'oppression physiques : le peuple de
Limhi et les convertis d'Alma après leur asservissement par les Lamanites. Comme dans
l'Exode, ils invoquent le Seigneur, qui les entend et les délivre de la servitude. Un
émissaire appelé Ammon compare expressément la délivrance du peuple de Zénif à
l'exode d'Israël hors d'Égypte et à celui de Léhi hors de Jérusalem (Mos. 7:19-22,
33).
Le livre de Mosiah élabore plusieurs paires de comparaisons dune manière semblable
à une technique littéraire souvent employée dans la Bible : Alma 1 et Amulon sont des
exemples de bons et de mauvais prêtres ; Benjamin et Noé sont des exemples contrastants
de royauté noble et de royauté corrompue. Mosiah cite le contraste extrême entre ces
rois à la fin de son règne pour expliquer pourquoi il est sage de passer, dans le
gouvernement des Néphites, de la royauté à un règne de juges (Mos. 29).
Les annales jarédites sont mentionnées trois fois (Mos. 8:9 ; 21:27; 28:11-19). Pour
essayer d'obtenir l'aide de la colonie de Mosiah, Limhi lance une expédition
dexploration qui ne trouvera pas Mosiah, mais tombera sur des restes humains, des
armes de guerre et vingt-quatre plaques d'or. Lexpédition remet ces annales à
Limhi, qui va les donner à Mosiah, lequel va les traduire à laide de deux pierres
appelées « interprètes » (voir Urim et Thummim). Les annales racontent la naissance et
la chute des Jarédites (voir Livre de Mormon : Livre d'Éther).
Bibliographie
Tate, George S. "The Typology of the Exodus Pattern in the Book of Mormon." dans
Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, pp. 245-266. Provo, Utah, 1981.
Thomasson, Gordon C. "Mosiah: The Complex Symbolism and the Symbolic Complex of
Kingship in the Book of Mormon" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes, John A. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles". Dans By Study
and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp. 197-237. Salt Lake
City, 1990.
ALAN GOFF
Livre de Mormon : Livre d'Alma
Auteur : BROWN, CHERYL
Le livre
d'Alma est le livre le plus long du Livre de Mormon. Il a été abrégé par Mormon,
principalement à partir des annales de trois hommes, Alma 2 (chapitres 1-16, 27-44),
Ammon (chapitres 17-26) et le fils dAlma, Hélaman 1 (chapitres 45-62) et conclut
avec des réflexions de Mormon (chapitre 63). Son thème général est que la prédication
de la parole de Dieu avec un témoignage pur est plus puissante que la politique ou
l'épée pour assurer la paix, la justice, l'égalité et la bonté (Al. 4:19 ; 31:5). Le
livre démontre ce thème par des exemples répétés de personnes qui sont converties à
la foi au Sauveur prédit, Jésus-Christ, et des exemples de gens à qui Dieu donne la
victoire sur leurs ennemis méchants et ambitieux.
Le livre d'Alma couvre trente-neuf ans (91-52 av. J.-C.). Les quatorze premières années
sont couvertes par deux récits parallèles englobant les enseignements et les activités
d'Alma 2, qui démissionne de sa fonction de juge pour se livrer à l'uvre
missionnaire au pays de Zarahemla (chapitres 1-16), et l'autre contenant les paroles et
les actes des fils du roi Mosiah 2 et de leurs compagnons, qui font des sacrifices
personnels considérables pour essayer de prêcher l'Évangile parmi les Lamanites
(chapitres 17-26).
La première section commence par le procès de Néhor devant le grand juge Alma ; Néhor
sera condamné et exécuté pour avoir commis le crime d'imposer les intrigues de prêtres
par l'épée (chapitre 1). Alma mène ensuite une guerre civile contre les disciples de
Néhor et lemporte (chapitres 2-4), mais il abandonne bientôt la fonction de juge
pour se consacrer à plein temps au ministère. Il fait des sermons puissants aux villes
de Zarahemla (chapitres 5-6), Gédéon (chapitre 7), et Mélek (chapitre 8) et se rend à
la ville méchante d'Ammonihah où il est chassé, mais un ange lui commande dy
retourner. À Ammonihah pour deuxième fois, il rencontre et est aidé par Amulek, qui a
été chargé par un ange de trouver Alma (chapitre 8). Bien qu'ils doivent affronter un
docteur de la loi habile appelé Zeezrom, ils finissent par en convertir beaucoup, dont
Zeezrom. Cependant, leurs convertis masculins sont expulsés de la ville et Alma et Amulek
sont mis en prison et forcés dêtre témoins de la mise à mort par le feu des
femmes et des enfants de leurs convertis. Alma et Amulek seront délivrés quand un
tremblement de terre détruira la prison et tuera leurs geôliers (chapitres 9-14). Peu
après, cette ville apostate est annihilée par une invasion lamanite (chapitre 16).
Pendant les quatorze mêmes années, les fils de Mosiah et leurs compagnons sont dans le
pays situé du côté du sud. Ammon se rend au pays dIsmaël et, grâce à la façon
dont il sert le roi Lamoni et à lamour quil lui porte, il convertit le roi et
beaucoup de son peuple (chapitres 17-19), à qui il enseigne à pratiquer la loi de Moïse
dans lattente de la venue du Christ (Al. 25:15). Ammon et Lamoni iront ensuite au
pays de Middoni libérer ses collègues missionnaires de prison. En cours de route, ils
affrontent le père de Lamoni, roi de tous les Lamanites, qui a recours à l'épée. Ammon
résiste à ses coups, prend le dessus sur le roi et lui fait promettre daccorder la
liberté à ses frères et l'autonomie pour Lamoni et son peuple (chapitre 20). Une fois
libérés, Aaron, frère d'Ammon, et ses compagnons vont chez le père de Lamoni,
linstruisent et le convertissent, lui, sa maison et beaucoup de son peuple. Ces
Lamanites convertis, ne tenant pas à ce que la culpabilité de leurs crimes sanglants
antérieurs ne revienne sur eux, font le serment de ne plus jamais verser le sang
(chapitre 23). D'autres Lamanites et des dissidents néphites attaquent ces convertis et
en tuent 1.005, qui ne voulaient pas se défendre à cause de ce serment. Beaucoup parmi
les agresseurs lamanites (mais pas les dissidents néphites) éprouvent du remords pour ce
quils ont fait, déposent les armes et se convertissent aussi (chapitres 24-25). Par
la suite, Ammon conduira ces convertis, appelés Anti-Néphi-Léhis, en territoire
néphite, où ils sinstalleront au pays de Jershon (chapitre 27). Les Lamanites
restés en arrière se mettent en colère contre les Néphites et attaquent et détruisent
Ammonihah (Al. 25:1-2 ; décrit plus en détail dans Al. 16:1-11).
Après ces événements, Korihor, un antéchrist et propagandiste de doctrines
blasphématoires, défie Alma, grand prêtre, à la cour du grand juge, où il demande un
signe de Dieu, est frappé de mutisme et meurt peu de temps après (chapitre 30). Après
cela, Alma part à la tête dune délégation prêcher aux Zoramites, un groupe
néphite dissident. Beaucoup de Zoramites victimes de la pauvreté sont reconvertis et
expulsés par les autres Zoramites. Les non-convertis sempressent de sallier
aux Lamanites, attaquent les Néphites et sont battus (chapitres 31-35, 43-44).
Les chapitres qui traitent tout particulièrement dAlma contiennent également ses
bénédictions et ses instructions à ses trois fils (chapitres 36-42) et le récit de sa
disparition (son enlèvement au ciel, chapitre 45). Le livre d'Alma finit par les récits
détaillés faits par Hélaman 1 d'autres guerres entre les Néphites et les Lamanites
(chapitres 43-62 ; voir Livre de MormonHistoire de la guerre dans). Le chapitre
final (chapitre 63) annonce le décès de Pahoran, de Moroni, de Hélaman et de son frère
Shiblon, qui marque la fin de cette ère de domination juste des Néphites à Zarahemla.
Il parle aussi de Hagoth, constructeur de navires qui transporte des gens vers le nord et
dont on nentendra plus jamais parler après son deuxième départ.
Le livre d'Alma couvre une période critique de l'histoire néphite, les premières
années du règne des juges néphites (voir Livre de MormonGouvernement et histoire
juridique dans). La survie de cette forme de gouvernement sur base populaire est menacée
plusieurs fois au cours du livre. Cela commence quand Amlici, disciple de Néhor, cherche
à devenir roi. Elle est de nouveau menacée quand les Zoramites (décrits ci-dessus) font
défection. Dautres conflits apparaissent quand le Zoramite Amalickiah persuade
beaucoup de juges inférieurs de le soutenir comme roi. Un général appelé Moroni rallie
les troupes néphites en brandissant une bannière qu'il appelle Titre de la liberté ;
elle proclame la nécessité de se rappeler et de défendre leur Dieu, leur religion, leur
liberté, leur paix, leurs épouses et leurs enfants. Amalickiah et quelques-uns de ses
hommes se sauvent chez les Lamanites où, par la trahison et le meurtre, il devient roi et
entraîne les Lamanites dans une longue guerre contre les Néphites. Amalickiah est tué
après sept ans de guerre, mais les guerres continuent encore pendant six autres années
sous son frère Ammoron. Ces années deviennent particulièrement périlleuses pour les
Néphites quand des « hommes-du-roi » apparaissent à Zarahemla et expulsent le
gouvernement néphite de la capitale (traité dans CWHN 8:328-79). Moroni est obligé de
quitter le front pour reprendre la capitale avant de pouvoir concentrer toute son
attention sur la victoire sur les Lamanites. Dans chaque cas, les Néphites finissent par
lemporter et rendent grâces et louanges à Dieu.
Dans le livre d'Alma, la démarcation entre les nations néphite et lamanite le long de
frontières ancestrales devient floue. Plusieurs groupes de Néphites-Amlicites (chapitres
2-3), de Zoramites (chapitres 31-35, 43), dAmalickiahites (chapitres 46-62) et
dhommes-du-roi (chapitres 51, 61) rejettent les principes religieux néphites et
rejoignent les Lamanites afin d'essayer de renverser le gouvernement néphite. Plusieurs
groupes lamanites les Anti-Néphi-Léhis (chapitres 17-27), les convertis de
l'armée qui a marché contre les Anti-Néphi-Léhis (chapitre 25) et certains soldats
lamanites capturés par Moroni (chapitre 62) adoptent l'Évangile et le mode de vie
néphite et vont vivre parmi eux. Vers la fin du livre, ces populations se distinguent
plus par leur idéologie que par leur lignage. Ceux qui désirent le gouvernement par «
la voix du peuple » et adoptent les enseignements de l'Évangile sont comptés parmi les
Néphites, alors que ceux qui sy opposent s sont appelés Lamanites.
On trouve beaucoup denseignements religieux importants dans le livre d'Alma. Alma 5
est un discours prononcé par Alma appelant le peuple de la ville de Zarahemla à se
repentir et enseignant à tous les disciples du Christ à juger de l'état de leur
ancienne nouvelle naissance spirituelle et de leur bien-être actuel. Alma 7, prononcé
devant la ville juste de Gédéon, enseigne aux croyants à faire de l'expiation du Christ
une réalité dans leur vie. Les chapitres 12 et 13 expliquent les mystères de la
rédemption, de la résurrection et de la prêtrise selon l'ordre du Fils de Dieu. Alma 32
et 33 sont un sermon fait par Alma aux Zoramites pauvres, expliquant la façon correcte de
prier, le rapport entre l'humilité et la foi en Jésus-Christ et le processus par lequel
on augmente la foi. Alma 34 est le discours d'Amulek sur la nécessité du « sacrifice
infini et éternel » fait par le Fils de Dieu. Amulek y enseigne aussi au peuple comment
prier et lui dit comment vivre de telle sorte que ses prières ne soient pas vaines.
Alma enseigne à ses fils la confiance en Dieu en racontant sa conversion personnelle
(chapitre 36). Il donne aussi des instructions sur la tenue des annales sacrées et
explique comment les desseins de Dieu sont accomplis par de petits moyens (chapitre 37).
Il enseigne le caractère mauvais du péché sexuel (chapitre 39), la nature de la
résurrection et du rétablissement (chapitres 40-41), le but et les conséquences de la
chute d'Adam, notamment la mort spirituelle et temporelle et le rapport entre la justice
et la miséricorde (voir le chapitre 42).
Les chapitres traitant des guerres comportent des exemples de raisons justifiant la guerre
(chapitre 48), parallèlement à l'exemple du pouvoir protecteur de la foi exercée par
les jeunes guerriers qui se battent sous Hélaman et dont aucun ne meurt au combat, parce
quils croient aux enseignements de leurs mères que « Dieu les délivrerait » (Al.
56:47-48).
De façon générale, le livre d'Alma enseigne par des récits vifs et détaillés comment
l'ambition personnelle peut mener à l'apostasie et à la guerre et montre comment le
Seigneur rassemble son peuple par la prédication de l'Évangile du Christ et le délivre
en justice de l'agression.
Bibliographie
Pour des essais sur Alma le Jeune, Ammon, le roi Lamoni, Ammonihah, la sophistique de
Korihor, Amlici, plusieurs dissidents, le capitaine Moroni, les grands juges néphites et
d'autres figures du livre d'Alma, voir Jeffrey R. Holland, The Book of Mormon: It Begins
with a Family, pp. 79-170. Salt Lake City, 1983.
CHERYL BROWN
Livre de Mormon : Livre
dHélaman
Auteur : CHEESMAN, PAUL R.
Le livre
dHélaman raconte l'une des périodes les plus tumultueuses de l'histoire des
Néphites et des Lamanites (52-1 av. J.-C.). Le récit se concentre sur les difficultés
inattendues (par exemple, l'invasion et loccupation sans précédent du pays de
Zarahemla par les Lamanites relatée aux chapitres 4 et 5) et les résolutions inattendues
qui viennent de Dieu (par exemple, le retrait des forces lamanites résultant directement
de l'uvre missionnaire de deux fils dHélaman, Néphi 2 et Léhi, dans
5:49-52).
Ce livre doit son nom à son premier auteur, Hélaman 2, fils dHélaman 1. Les
autres personnes qui participent à lélaboration des annales sont Néphi et Léhi,
fils dHélaman 2 (16:25), et Mormon, rédacteur principal du Livre de Mormon, qui
ajoute le commentaire politique et religieux.
Le récit s'ouvre après quHélaman a reçu de son oncle Shiblon la garde des
annales néphites (Al. 63:11) la quarantième année du règne des juges (v. 52 av. J.-C.
; Hél. 1:1). Le récit se répartit en six sections principales : les annales
dHélaman (chapitres 1-3), les annales de Néphi (chapitres 4-6), la prophétie de
Néphi (chapitres 7-11), les réflexions rédactionnelles de Mormon sur la puissance de
Dieu (chapitre 12), la prophétie de Samuel le Lamanite (chapitres 13-15) et une brève
déclaration sur la période de cinq ans précédant la naissance de Jésus (chapitre 16).
Plusieurs discours religieux sont intégrés au récit, notamment les exhortations
dHélaman à ses fils (5:6-12), le psaume de Néphi (7:7-9), le sermon fait par
Néphi du haut de la tour de son jardin (7:13-29 ; 8:11-28), la prière de Néphi
(11:10-16) et le long discours de Samuel du haut des murs de Zarahemla (13:5-39 ;
14:2-15:17).
La personne la plus en vue mentionnée dans le livre est sans aucun doute Néphi 2. Après
avoir démissionné de son poste de grand juge, Néphi, en compagnie de son frère Léhi,
va se consacrer entièrement à la prédication du message de l'Évangile (5:1-4). Sa
défense de la providence de Dieu affirme le pouvoir de la prophétie (8:11-28) et, à un
niveau pratique, conduit à la condamnation du meurtrier du grand juge (9:21-38). Le
Seigneur lui confie le pouvoir de sceller les cieux de sorte qu'aucune pluie ne tombe
(10:4-11), un pouvoir que Néphi utilise pour provoquer la fin des conflits et de la
perversion civils (11:1-18).
L'apparition des brigands de Gadianton (1:9-12 ; 2:3-11), une société hostile et
secrète au sein du corps politique des Néphites et des Lamanites est incontestablement
lévénement le plus décourageant et le plus inquiétant de ces cinquante et une
années. Mormon informe ses lecteurs de la nature de l'organisation (6:17-30) et de son
impact débilitant sur la société (2:13-14 ; 6:38-39 ; 11:24-34).
Par contraste avec ces observations désespérantes, il y a lun des thèmes centraux
du livre : l'ascendant étonnant des Lamanites dans le domaine spirituel. Les Néphites se
font écraser en 35 av. J.-C. par une armée lamanite menée par des dissidents néphites
et ne réussissent pas à récupérer les territoires perdus (4 :5-10). Néphi et Léhi
vont alors chez les Lamanites prêcher l'Évangile (5:16-20). Le succès remarquable avec
lequel ils convertissent leurs auditeurs au Christ leur vaut dêtre jetés en prison
(5:21). Mais dans un déversement extraordinaire de l'Esprit de Dieu, tous ceux qui sont
dans la prison sont convertis, un événement qui provoque un revirement spirituel chez
les Lamanites et, en fin de compte, le retrait des forces militaires lamanites des terres
néphites (5:22-52). À partir de ce moment-là, ce sont les Lamanites qui accomplissent
luvre de l'Église, prêchant tant aux Néphites quà leur propre peuple
(6:1-8, 34-36).
Presque trente ans après (v. 6 av. J.-C.), un prophète lamanite appelé Samuel
prophétise à Zarahemla. Il condamne la décadence de la société néphite et met en
garde contre la destruction des individus et de la société (13:5-39, en particulier 38 ;
14:20-15:3). Il prophétise aussi que des signes visibles sur le continent américain
accompagneront la naissance et la mort de Jésus (14:2-25). Il déclare que
lExpiation a le pouvoir de racheter l'humanité de la chute d'Adam et de réaliser
la Résurrection. Il parle enfin de la justice des Lamanites et des promesses de Dieu à
leur égard dans les derniers jours (15:4-16).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ. Studies in Scripture, vol. 8, pp 92-124. Salt Lake City,
1988.
PAUL R. CHEESMAN
Livre de Mormon : Trois Néphi
Auteur : PAUL, CHARLES RANDALL
Le livre
de 3 Néphi est le point culminant historique et spirituel du Livre de Mormon. Il se
concentre sur trois avènements de Jésus : d'abord, comme lenfant né à Bethléhem
; en second lieu, comme Seigneur ressuscité visitant les Néphites ; et troisièmement,
à sa seconde venue comme juge final à la fin du monde. Dans lannée qui suit les
destructions dévastatrices qui se sont produites moment de sa crucifixion, Jésus
ressuscité descend parmi un groupe de justes dans la ville néphite dAbondance. Il
se révèle sans aucun doute possible comme le Seigneur et Sauveur du monde, expose son
Évangile et établit son Église.
Néphi 3, l'auteur du livre, est le chef religieux d'un groupe ethniquement mélangé de
Néphites et de Lamanites à l'époque de la naissance du Christ. Son livre couvre les
événements allant de ce moment-là à 34 apr. J.-C. Il est évident que Mormon a copié
in extenso dans son abrégé une grande partie du texte de Néphi.
Les annales de Néphi commencent au moment où l'accomplissement des prophéties
messianiques de Samuel le Lamanite sauve miraculeusement les croyants de menaces de
persécutions anti-messianiques. Les signes de la naissance de Jésus apparaissent : une
nuit sans obscurité et une nouvelle étoile, ce qui donne raison à la foi de ceux qui
ont cru aux prophéties que Jésus viendrait au monde (chapitre 1).
Après ces signes, beaucoup sont convertis à lÉglise dirigée par Néphi. D'autre
part, la cupidité, la recherche du plaisir et l'orgueil augmentent radicalement et le
gouvernement ne tarde pas à être infiltré par une corruption organisée qui cause une
anarchie complète et une désintégration du peuple en tribus familiales et en bandes de
brigands. Les attaques incessantes de ces bandes harcèlent les Néphites, qui finissent
par abandonner leurs propriétés et se regroupent en un seul corps avec assez de
provisions pour subsister pendant sept ans. Les Néphites lemportent finalement,
mais ces perturbations et cette méchanceté causent l'effondrement du gouvernement
central. Bien que la plupart des gens rejettent les avertissements et les miracles de
Néphi 3, il baptise et ordonne ceux qui croient et le suivent (chapitres 2-7).
Les croyants commencent à attendre les signes désastreux de la mort du Christ,
également prophétisés par Samuel. Un orage violent se produit ainsi que des
tremblements de terre massifs qui démolissant beaucoup de villes, tuent des milliers de
méchants et laissent pendant trois jours de deuil les survivants plus justes dans une
épaisse vapeur de ténèbres. Une fois que le tumulte sapaise, la voix de
Jésus-Christ se fait entendre dans les ténèbres, exprimant sa tristesse pour les morts
impénitents et son espoir que ceux qui ont été épargnés le recevront, lui et sa
rédemption. Il annonce que son sacrifice a mis fin à la nécessité des sacrifices
sanglants pratiqués en vertu de la loi de Moïse (chapitres 8-10).
Plus tard, revêtu dun blanc rayonnant, le Christ ressuscité va descendre montrer
ses plaies, guérir, enseigner et ordonner des dirigeants pour son Église. Le premier
jour de plusieurs de ces visites, Jésus apparaît à un groupe de 2.500 hommes, femmes et
enfants rassemblés au temple dAbondance. Il ordonne douze disciples et leur donne
le pouvoir de baptiser et de conférer le don du Saint-Esprit ; il enseigne au peuple les
principes, les ordonnances et les commandements de son Évangile (voir Sermon sur la
montagne) ; il explique qu'il a accompli la loi de Moïse ; il guérit les malades et
bénit leurs familles. Il annonce son projet de se montrer à d'autres personnes encore
inconnues alors des Juifs et des Néphites. Finalement, il contracte une alliance avec
eux. Le peuple promet de garder les commandements qu'il lui a donnés et il bénit pour
lui le sacrement du pain et du vin en souvenir de son corps ressuscité qu'il lui a
montré et du sang par lequel il a accompli l'Expiation (chapitres 11-18).
Le matin du deuxième jour, les disciples baptisent les fidèles et leur confèrent le don
du Saint-Esprit et ils sont environnés danges et du feu du ciel. Jésus apparaît
de nouveau et fait trois prières merveilleuses, explique l'alliance de Dieu avec Israël
et son accomplissement promis, passe en revue et corrige quelques points des Écritures
néphites et prédit les événements du monde futur, citant les prophéties d'Ésaïe, de
Michée et de Malachie. Il inspire même les bébés à révéler « des choses
merveilleuses » (3 Né. 26:16). Ensuite il explique l'histoire passée et future du
monde, en soulignant le fait que le salut sera accordé à tous ceux qui le suivent
(chapitres 19-26).
Une troisième fois, Jésus apparaît aux douze disciples néphites seuls. Il donne un nom
à son Église et explique les principes du jugement final. Trois des disciples sont
transfigurés et ont des visions célestes. Jésus accorde à ces trois disciples leur
souhait de rester sur la terre comme serviteurs spéciaux jusqu'à la fin du monde
(chapitres 27-28 ; voir aussi Trois Néphites ; Êtres enlevés).
Le Christ revisite les Néphites pendant une période prolongée et leur dit qu'il
visitera aussi les tribus perdues d'Israël.
Son Église grandit en ayant tout en commun, sans riches ni pauvres. Cet état de paix
dure presque 180 ans et « assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux » (4
Né. 1:16).
Mormon va écrire son abrégé de 3 Néphi plus de trois cents ans après les
événements. Entre-temps, les descendants des Néphites qui ont été si bénis ont
dégénéré et se livrent des guerres génocidaires. Le témoignage final et sobre de
Mormon à ses futurs lecteurs parle de la venue du Seigneur dans les derniers jours, qui,
comme sa venue au pays d'Abondance, sera désastreuse pour les impies mais glorieuse pour
les justes (chapitres 29-30).
Le texte de 3 Néphi entre dans plusieurs catégories. Tout d'abord, c'est un testament
chrétien, un évangile chrétien. Il contient beaucoup de citations directes de Jésus et
établit sa nouvelle alliance. Mis par écrit sur un ton personnel émouvant par un
témoin oculaire participant à des événements extrêmement tragiques et beaux, le
récit invite d'une façon convaincante le lecteur à croire en l'Évangile de
Jésus-Christ et à sentir l'amour qu'il a pour tous.
Le texte a aussi été comparé à la littérature pseudépigraphique des quarante jours
qui décrit le ministère du Christ auprès des fidèles en terre sainte après sa
résurrection (voir Jésus-Christ : Ministère des quarante jours et autres apparitions de
Jésus-Christ après sa résurrection ; CWHN 8:407-434). D'autres ont vu dans les
chapitres 11-18 un rituel d'alliance qui amplifie fortement la signification du sermon sur
la montagne dans l'Évangile de Matthieu (Welch, pp. 34-83). Le récit ressemble
également au message apocalyptique des livres dÉnoch : Depuis le type et le but du
cataclysme initial jusquau caractère sublime de ses révélations aux fidèles et
à la création d'une société juste, 3 Néphi est une histoire de théodicée, de
théophanie et de théocratie.
Le texte donne des instructions pratiques pour mener une vie sainte. Ce n'est pas un texte
exprimant un rêve utopique mais un manuel pratique de commandements à accepter dans des
ordonnances dalliance et à respecter strictement avec dévotion et une
consécration pure à Dieu. Ce n'est pas le genre de la littérature de sagesse, pas
simplement un livre de suggestions morales pour une bonne vie. Il explique clairement
l'Évangile du Christ et rend les idéaux élevés du sermon sur la montagne vivables par
tous ceux qui reçoivent le Saint-Esprit. Dotés de pouvoir par de véritables ordonnances
chrétiennes et les dons du Saint-Esprit, les Néphites vont créer un paradis que ne
surpassé en justice que la Sion dHénoc.
Cette Sion fait bon accueil à chacun, doù quil vienne, de quelque époque il
vienne. Il promet des bénédictions à « tous ceux qui ont le cur pur » qui vont
au Christ (3 Né. 12:3-9, italiques ajoutés). Ainsi, 3 Néphi invite tout le monde à
accepter et à vivre l'Évangile du Christ pour perfectionner la société terrestre et à
se joindre à la Sion de tous les peuples justes passés et à venir de sorte que, comme
le dit Malachie, la terre ne soit pas « frappée dinterdit » à la seconde venue
du Christ (JSH 1:39). C'est lexploit antique de Hénoc et lespoir
moderne de Joseph Smith. Le texte ne traite pas du royaume millénaire de Dieu et le
Christ ne prie pas non plus ici : «Que ton règne vienne. » Car parmi ces heureux
Néphites, il est déjà venu. [Voir aussi Jésus-Christ dans les Écritures :
Jésus-Christ dans le Livre de Mormon.]
Livre de Mormon : Quatre Néphi
Auteur : REEVE, REX C.
Abrégé
par Mormon, ce bref récit contient les écrits de quatre prophètes néphites (34-320
apr. J.-C.) : Néphi 4, fils de Néphi 3, qui était un disciple de Jésus ressuscité,
Amos, fils de Néphi 4 et Amos et Ammaron, deux fils dAmos. La première section de
4 Néphi résume brièvement quatre générations de paix, de justice et d'égalité qui
ont résulté de la conversion du peuple à lÉvangile de Jésus-Christ après la
visite du Sauveur ressuscité. Par contraste, la dernière section annonce la destruction
future de la nation néphite qui va suivre le rejet progressif et conscient du message de
l'Évangile.
4 Néphi relate une époque inégalée dans la société humaine où tout le monde suit
les enseignements du Christ pendant presque deux siècles. Ce que lon retient le
plus dans le livre, cest sa description du pouvoir social et religieux de l'amour de
Dieu qui a vaincu les querelles et les autres maux sociaux et politiques (4 Né. 1:15-16).
Le peuple connaît un renouvellement urbain, une vie de famille stable, l'unité dans
l'Église et l'égalité sociale et économique, ainsi que des miracles divins (1:3-13,
15-17). « Assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux
créé par la
main de Dieu » (1:16).
Le livre annonce aussi l'apostasie future de la majeure partie de la population par
rapport aux enseignements du Christ, introduisant un état de méchanceté et de chaos qui
va finir par mener à une destruction totale. Selon le récit, le déclin individuel et
collectif va être progressif, étape par étape, avec la perte de l'ordre social et
religieux manifestée dans des querelles, l'orgueil engendré par la prospérité, les
distinctions de classe avec une amplification des divisions sociales, le rejet du Christ
et de son Évangile et la persécution de l'Église (1:24-46).
Bibliographie
Skinner, Andrew C. "The Course of Peace and Apostasy." Dans Studies in
Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
Livre de Mormon : Livre de Mormon
Auteur : REEVE, REX C.
Le bref
livre de Mormon (320-400/421 apr. J.-C.), à lintérieur du Livre de Mormon, raconte
l'effondrement extraordinaire de la civilisation néphite, comme cela a été prédit (1
Né. 12:19-20 ; Al. 45:10-14). Il consiste en l'abrégé fait par Mormon de son histoire
plus détaillée et plus complète (Mrm. 1-6), en son exhortation finale aux futurs
Lamanites et aux autres restes de la maison d'Israël (chapitre 7), et dans les
avertissements prophétiques de Moroni 2, fils de Mormon, aux futurs lecteurs des annales
(chapitres 8-9). Comme les Néphites du temps de Mormon ont rejeté Jésus-Christ et son
Évangile, la superstition et la magie ont remplacé la révélation divine (Mrm.
1:13-19). Une escarmouche à la frontière (1:10) se transforme en guerre majeure,
chassant les Néphites de leurs terres traditionnelles (2:3-7, 16, 20-21). Après une paix
négociée de dix ans, ils repoussent une attaque lamanite, mais ils le font sans Mormon,
ancien commandant de l'armée néphite, qui a refusé dencore les diriger. La
situation saggravant, Mormon accepte à contrecur de commander l'armée
néphite à Cumorah, où elles sont détruites (chapitres 3-6). Avec une angoisse intense,
Mormon se lamente sur son peuple massacré : « Ô belles créatures, comment avez-vous pu
rejeter ce Jésus qui se tenait, les bras ouverts, pour vous recevoir ? » (6:17-22).
Mormon termine ses annales en invitant les Lamanites et les autres restes de la maison
d'Israël à sinformer sur leurs ancêtres, à déposer leurs armes de guerre, à se
repentir de leurs péchés et à croire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Ses paroles
finales sont : « Si vous croyez au Christ, et êtes baptisés, premièrement d'eau,
ensuite de feu et du Saint-Esprit
tout ira bien pour vous au jour du jugement. Amen
» (7:10).
Après la bataille finale (385 apr. J.-C.), Moroni 2, solitaire et incertain de sa propre
survie, note la mort de son père et termine les annales de celui-ci (8:1-5). Quinze ans
plus tard (400 apr. J.-C.), Moroni écrit que les survivants de son peuple ont été
pourchassés d'un endroit à l'autre jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus sauf lui. Il
observe aussi que les Lamanites se font la guerre et que tout le pays est témoin de
continuelles effusions de sang. Une deuxième fois il termine louvrage en promettant
que ceux qui recevront ces annales dans le futur et ne les condamneront pas apprendront
des choses spirituelles plus grandes (8:6-13).
Moroni va apparemment revenir une troisième fois aux annales (entre 400 et 421 apr.
J.-C.). Après avoir eu une vision du futur (8:35), il témoigne que les plaques du Livre
de Mormon paraîtront par le pouvoir de Dieu un jour où les gens ne croiront plus aux
miracles. Les combinaisons secrètes abonderont, les églises seront souillées et il y
aura des guerres, des bruits de guerres, des tremblements de terre et de la souillure sur
la terre. Moroni lance aussi des avertissements à ceux des derniers jours qui ne croient
pas au Christ et qu nient les révélations de Dieu, sopposant de ce fait aux
uvres du Seigneur (8:14-9 :27). Il mentionne la difficulté de tenir des annales,
écrites comme elles létaient en « égyptien reformé » (9:31-33 ; cf. Ét.
12:23-25). Moroni termine le volume de son père par le témoignage de la véracité de
ses paroles (9:35-37).
Bibliographie
MacKay, Thomas W. "Mormon and the Destruction of Nephite Civilization." Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
Livre de Mormon : Livre d'Éther
Auteur : TANNER, MORGAN W.
Le livre
dÉther est le récit abrégé par Moroni 2 de l'histoire des Jarédites, qui sont
allés sur le continent américain à l'époque de la « grande tour » de Babel et ont
vécu dans la région plus tard connue sous le nom de « pays situé du côté du nord »
chez les Néphites, bien avant la colonie de Léhi. Moroni raconte leur histoire, écrite
sur les vingt-quatre plaques d'or trouvées par le peuple de Limhi et traduites par Mosiah
2 (Mos. 28:11-19). Éther, dernier prophète des Jarédites et survivant de leur
annihilation, grave ces plaques peu après la destruction finale de son peuple. On ne sait
pas si Moroni s'est basé sur la traduction de Mosiah ou sil a retraduit
entièrement ou partiellement les annales jarédites. Moroni affirme humblement
navoir pas écrit « la centième partie » des annales dÉther (Ét. 15:33).
La structure du livre dÉther ressemble beaucoup au reste du Livre de Mormon. Il
parle de l'émigration dun peuple par voie de terre et de mer du Proche-Orient, de
lintervention de Dieu pour conduire ce peuple par lintermédiaire de
prophètes, de sa croissance, de sa prospérité et de sa chute, le tout en rapport direct
avec son obéissance aux commandements du Seigneur dans sa terre promise. Moroni inclut le
livre dÉther parce que son père Mormon avait projeté de le faire (Mos. 28:19)
mais pour une raison quelconque ne la pas fait. Tous les deux connaissaient la
valeur de ces annales et pouvaient voir que l'histoire des Jarédites ressemblait fort à
certains événements néphites.
Moroni va annexer cette histoire au récit néphite comme deuxième témoin contre les
maux et les combinaisons secrètes qui ont conduit à l'annihilation des Jarédites et des
Néphites. Plusieurs de ses thèmes renforcent les messages de la section néphite du
Livre de Mormon : la nécessité de suivre les prophètes et de séloigner de la
méchanceté persistante et pernicieuse, le pouvoir de la foi au Seigneur manifesté par
Jared et le frère de Jared, le témoignage que Jésus-Christ est le Dieu éternel sauveur
et l'effondrement d'une nation quand son peuple choisit délibérément la méchanceté.
Néanmoins, il y a des différences culturelles notables entre les civilisations jarédite
et néphite ; par exemple, les Jarédites étaient exclusivement gouvernés par des rois
et ils navaient pas les lois et les coutumes israélites puisqu'ils étaient
antérieurs à Moïse.
Bien que condensé, le livre reflète un style épique (voir CWHN 5:153-449 ; 6:329-58).
Il commence par l'émigration des Jarédites, partis « de la grande tour » (Ét. 1:33,
cf. Ge. 11:9) et de la vallée de « Nimrod » (Ét. 2:1 ; cf. Ge. 10:8) vers une nouvelle
terre de promission sur le continent américain. Il abrège ensuite lhistoire des
rois et des guerres jarédites et conclut par la destruction de la civilisation jarédite.
Voici une brève esquisse du livre : Le lignage royal dÉther est donné (chapitre
l) ; Jésus prémortel apparaît au frère de Jared en réponse à ses prières et touche
seize petites pierres, les faisant briller pour fournir de la lumière pendant que les
barques jarédites traversent la mer (chapitres 2-6) ; les générations des rois
jarédites vivent, chassent, se disputent, entrent dans des combinaisons secrètes et les
prophètes jarédites mettent en garde contre la destruction imminente (chapitres 7-11) ;
Moroni certifie quÉther était un prophète qui avait une grande foi et une grande
connaissance (chapitres 12-13) ; Éther est témoin de l'annihilation des armées
jarédites et la rapporte (chapitres 14-15).
Les personnages principaux et les déclarations doctrinales principales apparaissent pour
le plupart au commencement et à la fin du livre dÉther. Le choix des textes fait
par Moroni est d'importance capitale, parce quil imprègne l'histoire didées,
dexhortations et de comparaisons majeures. Jared est mentionné dès le départ
comme fondateur du peuple jarédite. Les révélations et la foi du frère de Jared se
voient accorder une importance spéciale au commencement et à la fin du livre. Shiz et
Coriantumr sont des figures historiques et symboliques cruciales parce qu'ils deviennent
les instruments de l'annihilation. Éther, l'auteur du texte sous-jacent, est témoin
oculaire des batailles finales et Moroni considère ses prophéties comme « grandes et
merveilleuses » (Ét. 13:13). Le milieu du livre raconte les événements plus banals
liés aux règnes des rois jarédites.
Plusieurs points de doctrine enseignés dans le livre dÉther sont très estimés
chez les saints des derniers jours, à savoir que la prospérité dans la terre promise
(lAmérique) est conditionnée par le service du « Dieu du pays qui est
Jésus-Christ » (Ét. 2:12), que le Christ prémortel avait un corps d'esprit «
semblable à la chair et au sang » (3:6), que Dieu est un Dieu de puissance et de
vérité (3:4, 12), que trois témoins confirmeront la véracité du Livre de Mormon
(5:3), que la corruption et la chute de la société peuvent venir des combinaisons
secrètes (8:22), que le Seigneur montrera à lhumanité sa faiblesse pour que par
l'humilité les choses faibles puissent devenir des forces (12:27) et quune nouvelle
Jérusalem sera un jour édifiée sur le continent américain (13:3-12).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium, pp. 460-481. Salt Lake City, 1968.
Welch, John W. "Sources Behind the Book of Ether" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah,
1986.
MORGAN W. TANNER
Livre de Mormon : Livre de Moroni
Auteur : WILCOX, S. MICHAEL
Entre 400
et 421 apr. J.-C., Moroni 2, le dernier gardien des plaques d'or, compile le livre final
des annales du Livre de Mormon. Il écrit : J'avais pensé que je nécrirais plus ;
mais j'écris encore un petit nombre de choses, afin quelles aient peut-être de la
valeur pour mes frères » (Mro. 1:4). Il rassemble ensuite des points plus ou moins
apparentés mais importants, notamment les ordonnances accomplies dans l'Église de son
temps et dans le l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours aujourd'hui
(chapitres 2-6), lun des sermons de son père (chapitre 7) et deux des lettres de
son père (chapitre 9). Il conclut par son propre témoignage et ses exhortations au
lecteur (chapitre 10).
ORDONNANCES (CHAPITRES 2-6). Le chapitre 2 contient des instructions données par
Jésus-Christ ressuscité à ses douze disciples sur le continent américain au moment où
il leur confère le don du Saint-Esprit. Ce don est conféré au nom de Jésus-Christ et
par limposition des mains de quelquun qui a reçu l'autorité. Le chapitre 3
explique que les prêtres et les instructeurs étaient ordonnés au nom de Jésus-Christ
par limposition des mains par quelquun détenant lautorité requise. La
fonction principale des prêtres et des instructeurs était d'enseigner le repentir et la
foi en Jésus-Christ. Les chapitres 4 et 5 contiennent les prières fixes pour bénir le
sacrement du repas du Seigneur, prières actuellement utilisées dans l'Église. Le
chapitre 6 décrit les conditions pour le baptême, notamment le « cur brisé »,
lesprit contrit et le repentir véritable. Moroni explique ensuite comment les
membres de lÉglise enregistrent les noms de tous les membres, sinstruisent
mutuellement, se réunissent dans le jeûne et la prière et prennent souvent la
Sainte-Cène.
SERMON ET LETTRES DE MORMON (CHAPITRES 7-9). Le sermon de Mormon (chapitre 7) traite de la
foi, de lespérance et de la charité et comprend des enseignements sur la façon de
distinguer le bien du mal, la nécessité des dons spirituels, la nature des miracles et
des instructions sur la façon dobtenir la charité, « l'amour pur du Christ »
(7:47).
La première lettre (chapitre 8) condamne le baptême des petits enfants. Mormon enseigne
que les enfants sont rendus purs par l'expiation du Christ et n'ont pas besoin du pouvoir
purificateur du baptême tant quils ne sont pas assez âgés pour être responsables
de leurs actions et être capables de se repentir de leurs péchés.
La deuxième lettre (chapitre 9) expose le niveau de dépravation auquel les Néphites et
les Lamanites sont tombés (avant 385 apr. J.-C.), donnant les raisons de leur destruction
prophétisée (« [ils sont] sans principes et [ont] perdu toute sensibilité », verset
20), ainsi que la charge donnée par Mormon à son fils de rester fidèle au Christ
malgré la méchanceté de leur société.
EXHORTATION ET ADIEU (CHAPITRE 10). Moroni recommande instamment à tous ceux qui lisent
le Livre de Mormon de réfléchir et de prier pour avoir le témoignage divin de sa
véracité (versets 3-5) et de ne pas nier les dons du Saint-Esprit, qu'il énumère
(versets 8-19). Il rend son témoignage personnel de Jésus-Christ et lance cette
invitation à tout le monde : « Venez au Christ, et soyez rendus parfaits en lui, et
refusez-vous toute impiété » (verset 32). Il dit adieu à ses lecteurs jusqu'à ce
qu'il les rencontre le jour final du jugement « devant la barre agréable du grand
Jéhovah » (verset 34).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 8, pp. 282-312. Salt Lake
City, 1988.
S. MICHAEL WILCOX
Livre de Mormon Auteurs
Auteur : Wirth, Diane E.
Beaucoup
détudes ont été faites pour savoir qui étaient les auteurs du Livre de Mormon
parce que le livre se présente comme luvre composite de plusieurs auteurs
antiques. Ceux qui rejettent l'affirmation de Joseph Smith qu'il a traduit le livre par la
puissance divine considèrent que cest lui ou lun de ses contemporains qui a
écrit le livre. Divers arguments ont été avancés pour appuyer ou réfuter ces points
de vue opposés.
La controverse sur le point de savoir qui était lauteur du livre a commencé dès
que son existence est devenue de notoriété publique. La première réaction générale a
été la moquerie. Lesprit moderne n'accepte pas facilement l'idée qu'un ange
puisse remettre des documents antiques à un jeune homme sans formation pour quil
les traduise. De plus, la plupart des chrétiens de 1830 considéraient le canon de
l'Écriture comme complet avec la Bible ; par conséquent, le simple fait denvisager
quil puisse exister des Écritures supplémentaires était une violation dun
dogme de base de leur foi. Les adversaires de Joseph Smith, comme par exemple Alexander
Campbell, affirmaient aussi que le Livre de Mormon plagiait la Bible et quon y
retrouvait des thèmes et une phraséologie courants à New York dans les années 1820.
Beaucoup de critiques ont avancé la supposition que Sidney Rigdon ou Solomon Spaulding
ont joué un rôle dans la rédaction du livre (voir Spaulding Manuscrit de). On a
également avancé que Joseph Smith a emprunté des idées à un autre livre (voir View of
the Hebrews). Bien que ces diverses objections et théories soient encore défendues dans
beaucoup de milieux, elles ne sont pas confirmées par les études modernes en matière
dauteurs et continuent à soulever autant de questions que celles auxquelles elles
essayent de répondre (par exemple, CWHN 8:54-206).
Certains ont prétendu que Joseph Smith avait reconnu qu'il était l'auteur du Livre de
Mormon parce que la page de titre de la première édition le présente comme « auteur et
propriétaire ». Mais cette formule était exigée par les statuts fédéraux sur le
copyright et les formules juridiques fédérales qui avaient cours en 1829 (1 Stat. 125
[1790], modifié 2 Stat. 171 [1802]). Dans la préface de la même édition de 1830,
Joseph Smith dit avoir traduit les écrits de Mormon « par le don et le pouvoir de Dieu
» (voir Livre de MormonTraductions). La position de l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours a invariablement été que la véracité du témoignage de
Joseph Smith peut être validée par le témoignage du Saint-Esprit.
La recherche a fait ressortir une diversité déléments à l'appui de l'affirmation
que les textes du Livre de Mormon ont été écrits par des auteurs antiques multiples.
Ces études augmentent de manière considérable le caractère plausible des dires de
Joseph Smith concernant l'origine du livre.
La complexité interne du Livre de Mormon est souvent citée comme une forte indication de
lexistence d'auteurs multiples. Les nombreux écrits censément abrégés par Mormon
sont entremêlés dune manière complexe et souvent expressément identifiés (voir
Livre de MormonPlaques et annales). Les divers livres à lintérieur du Livre
de Mormon diffèrent entre eux par le cadre historique, le style et les caractéristiques
distinctives tout en étant précis et cohérents dans le moindre détail.
Les études historiques ont démontré que beaucoup de choses, soit inconnues soit
daccès difficile en 1829 en ce qui concerne le Proche-Orient antique, se retrouvent
avec précision dans le Livre de Mormon. Cet ensemble de recherches historiques a été
étendu par luvre de Hugh W. Nibley (voir Livre de MormonÉtudes sur),
qui a récemment découvert que des communautés antiques telles que Qumran ont beaucoup
de caractéristiques parallèles à celles des peuples du Livre de Mormon (CWHN 5-8). Les
Juifs de Qumran étaient des « sectaires », des puristes qui avaient quitté Jérusalem
pour éviter la corruption de leurs alliances ; ils pratiquaient des ablutions (un type de
baptême) avant la période du Christ et ont écrit lun de leurs documents sur un
rouleau de cuivre qu'ils ont scellé et ont caché en vue de sa parution un jour futur.
Lune des analyses de Nibley démontre que le discours d'adieu du roi Benjamin à son
peuple (Mos. 2-5) est un bon exemple dune fête antique de nouvel an (CWHN
6:295-310). Des études ultérieures ont suggéré que le peuple du roi Benjamin a pu
célébrer la fête israélite de soukkoth et fait des choses requises par des lois juives
qui nont été traduites en anglais qu'après la parution du Livre de Mormon
(Tvedtnes, 1990).
Les études sur la structure du livre ont dégagé une forme littéraire artistique, le
chiasme, qui apparaît dans une riche diversité dans la Bible et dans le Livre de Mormon
(voir Livre de MormonLittérature). Les études structurelles les plus importantes
du Livre de Mormon découlent de l'analyse de John W. Welch (Reynolds, pp. 33-52). Peu
connue en 1829, cette forme littéraire crée un parallélisme inversé comme on en trouve
dans ce passage biblique du Lévitique 24:17-21 :
Celui qui
frappera un homme mortellement
Celui qui frappera un animal mortellement
Si quelquun blesse son prochain
Fracture pour fracture,
oeil pour il,
dent pour dent.
Il lui sera fait la même blessure
Celui qui tuera un animal
Celui qui tuera un homme
.
Et dans le
Livre de Mormon, dans Alma 41:13-14 (cf. Welch, pp. 5-22) :
Le bien à
ce qui est bien,
le droit à ce qui est droit,
le juste à ce qui est juste,
le miséricordieux à ce qui est
miséricordieux.
Cest pourquoi,
mon fils,
veille à être miséricordieux
agis avec justice,
juge avec droiture
et fais continuellement le bien.
Bien que
le chiasme puisse apparaître dans presque n'importe quelle langue ou littérature, il
était répandu à lépoque biblique vers le début du septième siècle av. J.-C.,
époque des prophètes Léhi et Néphi 1 du Livre de Mormon. La rédaction
particulièrement précise et belle de plusieurs textes du Livre de Mormon confirme
l'idée que leurs auteurs suivaient délibérément et minutieusement les conventions
littéraires antiques, ce qui contredit la conception selon laquelle Joseph Smith, né en
Nouvelle Angleterre, a pu être lauteur de ces passages.
D'autres études stylistiques ont examiné la fréquence des mots racines, des idiomes et
de la syntaxe hébraïques dans le Livre de Mormon (Tvedtnes, 1970). Certains noms du
Livre de Mormon qui n'ont pas déquivalent anglais ont des noms hébreux apparentés
(Hoskisson ; CWHN 6:281-294). Il y a aussi des différences perceptibles entre les
vocabulaires et les techniques d'abrègement de Mormon et de son fils Moroni (voir
Keller).
Des études statistiques intensives, notamment la stylométrie (ou wordprinting), ont
été entreprises sur le Livre de Mormon (Reynolds, pp. 157-188 ; cf. Hilton). Des blocs
de texte ont été analysés pour mettre en évidence la tendance quasiment inconsciente
des auteurs à utiliser des mots non contextuels avec une fréquence et dans des
combinaisons qui leur sont propres. La technique du wordprinting [NdT : le mot «
wordprint » a été créé à partir de « fingerprint », voulant dire que de même
quun individu donné a des empreintes digitales qui lidentifient à coup sûr,
de même toute personne qui écrit a une empreinte sémantique, caractérisée par une
utilisation de mots non liés au contexte qui lui est propre et donc lidentifie] a
été utilisée pour découvrir qui était lauteur de documents tels que les douze
Federalist Papers dont lorigine faisait lobjet de controverses et un roman de
Jane Austen publié à titre posthume. Appliquée au Livre de Mormon, la technique du
wordprinting révèle que les tendances dans lutilisation de mots non contextuels
dans Livre de Mormon diffèrent considérablement des écrits personnels de Joseph Smith,
de Salomon Spaulding, de Sidney Rigdon et d'Oliver Cowdery, qui ont été les secrétaires
de Joseph Smith. En outre, celles de Néphi 1 sont cohérentes entre elles mais
différentes de celles d'Alma 2. Les résultats de la mesure objective de ces phénomènes
sont quil est statistiquement hautement improbable que le Livre de Mormon ait pu
être écrit par un seul auteur. L'introduction dun vocabulaire nouveau dans le
texte est très lente, ce qui cadre avec le rôle uniforme joué par Joseph Smith comme
traducteur.
Bibliographie
Hilton, John L. "On Verifying Wordprint Studies: Book of Mormon Authorship." BYU
Studies 30 (Summer 1990), pp. 89-108.
Hoskisson, Paul. "An Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study
of the Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by Faith, dir. de
publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp. 126-135. Salt Lake City, 1990.
Keller, Roger R. "Mormon and Moroni as Authors and Abridgers." F.A.R.M.S Update,
avr. 1988.
Reynolds, Noel B., dir. de publ. Book of Mormon Authorship: New Light on Ancient Origins.
Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes, John. "Hebraisms in the Book of Mormon: A Preliminary Survey." BYU
Studies 2 (Autumn 1970), pp. 50-60.
Tvedtnes, John. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles." Dans By Study and
Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp. 197-237. Salt Lake
City, 1990.
Welch, John W. "Chiasmus in Biblical Law." Dans Jewish Law Association Studies
IV, dir. de publ. B. Jackson, pp. 5-22. Atlanta, 1990.
Wirth, Diane E. A Challenge to the Critics: Scholarly Evidences of the Book of Mormon.
Bountiful, Utah, 1986.
D. BRENT ANDERSON
DIANE E. WIRTH
Livre de Mormon Chronologie
Auteur : Pratt, John P.
Le Livre
de Mormon contient une chronologie qui a une cohérence interne sur les mille années
d'histoire néphite, avec des dates néphites précises pour plusieurs événements,
notamment la crucifixion de Jésus-Christ. Cependant, on na pas pu relier sa
chronologie de manière formelle à d'autres calendriers à cause du caractère incertain
des dates bibliques et du manque de détails concernant les calendriers néphites. Il
existe encore moins de renseignements sur la chronologie jarédite (Sorenson, 1969).
CHRONOLOGIE NÉPHITE INTERNE. Les Néphites tenaient avec précision le calcul de leur
temps par rapport à au moins trois points de référence : 1. Les années étaient
comptées à partir du moment où Léhi avait quitté Jérusalem (Én. 1:25 ; Mos. 6:4) ;
cétait non seulement une date d'origine importante, mais un ange avait également
dit que le Sauveur viendrait « 600 ans » après cette date (1 Né. 19:8).
2. Le temps était également mesuré à partir du commencement du règne des juges (v. 91
av. J.-C. ; cf. 3 Né. 1:1), qui a marqué une réforme politique importante mettant fin
à cinq siècles de royauté néphite (Jcb. 1:9-11 ; Al. 1:1), pendant lesquels les
années du règne de chaque roi étaient comptées selon les pratiques typiques du monde
antique (1 Né. 1:4 ; Mos. 29:46).
3. Les Néphites ont calculé plus tard le temps à partir du signe de la naissance du
Christ (3 Né. 2:8).
Le Livre de Mormon relie les trois systèmes dans plusieurs passages qui sont
manifestement cohérents. Le tableau 1 mentionne plusieurs événements utilisant les
systèmes néphite.
La majeure partie des annales néphites concerne trois périodes historiques :
lépoque de Léhi et de ses fils (v. 600-500 av. J.-C.), les événements
précédant et suivant la venue du Christ (v. 150 av.-34 apr. J.-C.), et la destruction
des Néphites (v. 300-420 apr. J.-C.). Cest ainsi que le livre relativement grand
d'Alma ne couvre que trente-neuf ans, alors que les livres beaucoup plus petits d'Omni et
de 4 Néphi couvrent chacun plus de deux cents ans.
Les éditions du Livre de Mormon publiées par lÉglise donnent les dates en années
néphites, déduites du texte, au bas des pages. Il ny a cependant pas de
description de la nature exacte de l'année néphite. Elle commençait par le « premier
jour » du « premier mois » (Al. 51:37-52:1 ; 56:1), et elle comptait probablement douze
mois parce que le onzième mois était « tout à la fin » de l'année (Al. 48:2, 21 ;
49:1), mais la durée des mois et de l'année elle-même nest pas mentionnée.
Jusqu'à la venue du Christ, les Néphites ont observé la loi de Moïse (2 Né. 25:24 ;
Al. 25:15), qui utilisait généralement les mois lunaires (de nouvelle lune à nouvelle
lune). Le Sauveur a été crucifié le quatorzième jour du premier mois lunaire du
calendrier juif (Jn. 19:14 ; Lé. 23:5), mais le quatrième jour du premier mois néphite
(3 Né. 8:5). Cela peut vouloir dire que les mois néphites n'étaient pas lunaires à ce
moment-là et que leur calendrier civil a pu être différent de leur calendrier
religieux.
John L. Sorenson (1990) a observé que pendant le règne des juges les guerres se
limitaient la plupart du temps à quatre mois néphites consécutifs. On peut faire
correspondre approximativement ces mois à notre calendrier parce que même aujourd'hui
les guerres en Mésoamérique (la région probable de la géographie du Livre de Mormon
pendant la majeure partie de l'histoire néphite) ont lieu la plupart du temps pendant la
saison sèche après la moisson dautomne. Cette corrélation implique que l'année
néphite commençait à ce moment-là en décembre (voir Livre de MormonHistoire de
la guerre dans). Cela signifierait que parce que la crucifixion du Christ
(vraisemblablement début avril) s'est produite le premier mois néphite, les Néphites
ont probablement décalé leur calendrier pour faire commencer le premier mois en avril en
même temps quils ont commencé à compter le temps à partir de la naissance du
Christ. Cette conclusion correspond à ce que disent les annales néphites que le Christ
est né peu après la fin de l'année néphite (3 Né. 1:1-9).
CHRONOLOGIE EXTERNE. Les éléments dont nous disposons nous permettent dattribuer
deux longueurs possibles à lannée néphite : 365 jours et 360 jours. On peut faire
correspondre chacune delles à l'histoire externe. La chronologie interne est
cohérente, de sorte que si lon connaissait la nature exacte du calendrier néphite,
il suffirait dun seul point de référence dans l'histoire externe pour fixer la
chronologie néphite tout entière. Il faudrait cependant au moins deux dates de ce genre
pour déterminer la durée de l'année néphite. Trois événements principaux sont
communs aux sources néphites et à celles du Vieux Monde : (1) la première année du
règne de Sédécias, roi de Juda ; (2) la naissance du Christ et (3) la mort du Christ.
Comme il y a divers degrés d'incertitude au sujet de ces trois points de référence, on
a proposé des méthodes de corrélation alternatives, chacune utilisant deux de ces
dates.
D'abord, Orson Pratt a proposé la théorie que les Néphites utilisaient une année de
365 jours, comme les Égyptiens avant eux et comme les Mésoaméricains après eux
(Millennial Star 28, 22 déc. 1866, p. 810). On a noté (Lefgren) qu'une telle année
correspond, au jour près, à lun des choix pour les dates de naissance et de
décès du Christ, à savoir respectivement le jeudi 6 avril de lan 1 av. J.-C., et
le vendredi 1er avril de lan 33 apr. J.-C. (calendrier grégorien). Ces deux dates
sont soutenues par d'autres arguments (J. Pratt, 1985 et 1990). Cette théorie suppose que
le troisième système du calcul néphite a commencé le jour même de la naissance du
Christ, ce qui n'est pas dit explicitement dans le Livre de Mormon mais correspond aux
conclusions de Sorenson ci-dessus.
En second lieu, la plupart des historiens croient que la première année du roi
Sédécias a commencé en 598-596 av. J.-C. Léhi a quitté Jérusalem peu après (1 Né.
1:4 ; 2:4). La date de la naissance du Christ n'est pas connue directement daprès
les sources historiques, mais on croit que le roi Hérode est mort en 5-4 av. J.-C., ce
qui veut dire que le Christ a dû naître un peu plus tôt (Mt. 2:1). En prenant ces deux
événements comme points de référence, Huber a proposé une année néphite de 360
jours parce que 600 années de ce genre correspondent à l'intervalle entre Léhi et le
Christ (3 Né. 1:1) ; pareil système a un précédent historique et est apparemment à la
base de certaines prophéties dans lesquelles le mot « temps » peut être égal à 360
jours (par exemple, Ap. 12:14).
Bibliographie
Brown, S. Kent; C. Wilfred Griggs et H. Kimball Hansen. "Review of April Sixth by
John C. Lefgren." BYU Studies 22 (Summer 1982), pp. 375-383. Voir réfutation et
réponse dans BYU Studies 23 (Spring 1983), pp.252-255.
Huber, Jay H. "Lehi's 600 Year Prophecy and the Birth of Christ." F.A.R.M.S.
Paper. Provo, Utah, 1982.
Lefgren, John C. April Sixth. Salt Lake City, 1980.
Pratt, John P. "The Restoration of Priesthood Keys on Easter 1836. Part 1: Dating the
First Easter." Ensign 15 (juin 1985), pp. 59-68.
Pratt, John P. "Yet Another Eclipse for Herod." The Planetarian 19 (déc. 1990),
pp. 8-14.
Sorenson, John L. "The Years of the Jaredites." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah,
1969.
Sorenson, John L. "Seasonality of Warfare in the Book of Mormon and in
Mesoamerica." Dans Warfare in the Book of Mormon, dir. de publ. S. Ricks et W.
Hamblin, pp. 445-477. Salt Lake City, 1990.
JOHN P. PRATT
Tableau 1
Choix dévénements de l'histoire néphite

Note : Les
années entre parenthèses sont calculées en faisant commencer l'année 600 juste
600 années néphites avant la naissance du Christ.
Livre de Mormon dans une culture
biblique
Auteur : Smith, Timothy L.
Point
nest besoin de voir plus loin que les sectes revivalistes qui régnaient en
Amérique pour découvrir pourquoi les tout premiers missionnaires mormons ont trouvé
directement des gens pour les écouter au sujet de leur livre sacré. Les appels fermes à
la justice et à l'obéissance personnelles aux exigences morales des Écritures
judéo-chrétiennes étaient, en 1830, les motifs dominants de toutes les confessions
protestantes. De plus, toutes les sectes américaines avaient leur théorie au sujet de
l'histoire ancienne et future des Indiens et des Juifs.
Ces intérêts et ces croyances étaient également prédominants parmi les pasteurs
méthodistes, congrégationalistes et baptistes desservant des assemblées dans et autour
du Cheshire, dans le nord de lAngleterre. Le Journal de Heber C. Kimball, où se
trouve le récit de sa mission en Grande-Bretagne, montre comment lépanouissement
de l'étude biblique et des théories millénaristes y avait préparé le terrain à une
première évangélisation mormone. Il raconte que même les ecclésiastiques de
lÉglise anglicane disaient à leurs assemblées que les enseignements des saints
des derniers jours révélaient les mêmes principes que les apôtres dautrefois
avaient enseignés.
Le Livre de Mormon donne aussi des indications précises sur plusieurs sujets que les
Écritures chrétiennes semblent avoir laissés peu clairs, notamment le baptême par
immersion et les promesses selon lesquelles tous les croyants, et pas simplement les
apôtres, peuvent « être remplis du Saint-Esprit », que les croyants chrétiens peuvent
être rendus purs de cur (comme John Wesley lavait souligné le siècle
précédent), que tout le monde, et pas simplement les « élus », peut faire
l'expérience de recevoir le salut en répondant librement à une grâce accordée
gratuitement et que lobéissance et les uvres de justice sont le fruit de
cette expérience. Le livre affirme aussi la véracité des récits bibliques concernant
la dispersion d'Israël en affirmant que les indigènes Américains proviennent de
descendants de Joseph et de Juda.
Le pouvoir de persuasion des nouvelles Écritures et des missionnaires qui les ont
exposées résidait donc dans leur témoignage de croyances qui étaient essentielles pour
les sectes protestantes évangéliques tant dans lAmérique jacksonienne que dans
lAngleterre victorienne de lépoque. Parley P. Pratt, lun de ces
premiers missionnaires mormons, disait à ses auditeurs anglais que deux erreurs dans
l'interprétation de la Bible avaient causé une incertitude généralisée. Lune
delles était la croyance que l'inspiration directe par le Saint-Esprit n'était pas
prévue pour toutes les époques de l'Église et l'autre était que les Écritures juives
et chrétiennes contenaient toute la vérité nécessaire au salut ainsi quune
règle suffisante pour la foi et la pratique.
Certains diacres et anciens du XIXe siècle et un petit nombre de pasteurs évangéliques
se débattaient contre la tentation grave de douter de la vérité et de la pertinence de
grandes parties du livre sur lequel on leur avait enseigné à faire dépendre leur destin
éternel. Cest vrai que les détails des histoires racontées dans les deux livres
sacrés étaient radicalement différents. Mais ils sadaptaient merveilleusement
lun à lautre. Et leur structure morale, l'histoire qu'ils racontaient sur
Jésus, leur promesse de salut et leur description des derniers jours de l'humanité
étaient remarquablement semblables. Bien que les nouvelles Écritures eussent des
ressemblances avec larminianisme évangélique aux dépens des idées calvinistes
longtemps dominantes dans lAmérique coloniale, il en allait de même des
enseignements dispensés au début du XIXe siècle par beaucoup de protestants, même
presbytériens, sans parler des méthodistes et des disciples du Christ. Les saints des
derniers jours déclaraient que, par la voix de deux témoins, la Bible et le Livre de
Mormon, la vérité était confirmée, tout comme le prophète Néphi 1 lavait
prédit (cf. 2 Né. 29:8).
Aux yeux de certains qui ne sont pas membres de l'Église, le Livre de Mormon renforce
l'autorité de l'Écriture sainte de cinq manières importantes. La toute première en
importance est l'affirmation du volume que la religion chrétienne est basée sur les
Ancien et Nouveau Testaments. Le livre affirme ce que les recherches bibliques récentes
rendent certain : la continuité de la théologie, de l'éthique et de la spiritualité
que les deux testaments ont proclamées. Dans le Livre de Mormon, Jésus est le Seigneur
qui a donné la loi à Moïse et le Christ ressuscité est identique au Messie d'Ésaïe
le prophète. Il remet exactement le même message de rédemption, de foi et d'une
nouvelle vie de justice par le Saint-Esprit que le Nouveau Testament lui attribue.
Deuxièmement, le Livre de Mormon renforce la vision unificatrice de la religion biblique,
la fondant sur la conviction d'une humanité commune que les histoires de la création
déclarent, que la promesse de Dieu à Abraham implique et que Jésus affirme. Le
millénarisme puritain a pu inspirer une conception ethnocentrique de la destinée
anglo-saxonne, mais l'image du futur dans le Livre de Mormon va tout à fait à
lopposé. Elle envisage une conversion mondiale des croyants et leur rassemblement
final dans le royaume de Dieu. Cela commence là où la « paroisse mondiale » de John
Wesley sarrête.
Troisièmement, le lien biblique qui rattache la sainteté à l'espérance de salut, tant
individuel que social, trouve aussi sa confirmation dans le Livre de Mormon. Il est
certain que les méthodistes n'avaient pas lexclusivité de ce rattachement, car les
prédicateurs baptistes, les congrégationalistes de Charles G. Finney, les disciples du
Christ d'Alexander Campbell et des unitariens comme William E. Channing l'ont affirmé.
Les anciens Néphites écoutaient la parole de leurs prophètes et attendaient la seconde
venue de Jésus-Christ, le Fils de la Justice. Quand il est apparu à leurs descendants
dans le Nouveau Monde, Jésus a répété dune manière encore plus claire les
paroles du sermon sur la montagne qu'il avait proclamé dans le Vieux.
Quatrièmement, la traduction par Joseph Smith d'un livre sacré ancien a contribué à
amener à maturité un autre mouvement, qui grandissait depuis longtemps chez les
puritains, les piétistes, les quakers et les méthodistes, celui de restaurer dans la
doctrine chrétienne l'idée de la présence du Saint-Esprit dans la vie des croyants.
Charles G. Finney en vint finalement à croire, par exemple, que le baptême du
Saint-Esprit ou l'expérience de la sanctification complète remédierait aux
insuffisances de la justice et de lamour quil voyait chez ses convertis.
Cétait, bien entendu, aussi le cas pour presque tous les méthodistes. Les
observateurs tant de lintérieur que de lextérieur de l'Église rétablie ont
témoigné que dans les premières années quelque chose dapparenté aux
phénomènes de pentecôte modernes se produisait au moins le cercle intérieur des
saints. Dans les années 1830, les évangéliques de plusieurs traditions ont
considérablement étendu leur utilisation de l'exemple du jour de la Pentecôte pour
déclarer que la puissance de Dieu est à luvre dans le monde.
Cinquièmement, le Livre de Mormon a eu sa part dans le rétablissement de certaines
espérances chrétiennes que dans les derniers temps les prophéties bibliques
saccompliront littéralement. Ceux qui par la foi et le baptême deviennent des
saints seront inclus parmi le peuple de Dieu, choisis à la « onzième heure ». Eux
aussi doivent se rassembler en Sion, une nouvelle Jérusalem pour le Nouveau Monde, et
dans une Jérusalem rétablie dans le Vieux ; et le Christ reviendra effectivement.
Quelles que soient les interprétations de la King James Version des Écritures que les
saints des derniers jours aient élaborées plus tard, le rôle de soutien mutuel de la
Bible et du Livre de Mormon était au cur de la pensée de Joseph Smith, des
premiers missionnaires et de leurs convertis.
Bibliographie
Kimball, Heber C. Journal. Nauvoo, Ill., 1840.
Smith, Timothy L. "The Book of Mormon in a Biblical Culture." Journal of Mormon
History 7 (1980):3-21.
TIMOTHY L. SMITH
Livre de Mormon
Économie et technologie
Auteur : Peterson, Daniel C.
Le Livre
de Mormon donne des renseignements sur trois peuples américains préhispaniques. Bien que
ses auteurs ne donnent pas une image détaillée de la culture économique et matérielle
de leurs sociétés, de nombreux détails accessoires sont préservés dans le récit.
Dans beaucoup de cas, bien que pas dans tous, l'archéologie confirme les détails
généraux. Les problèmes que lon a encore à faire entrer le Livre de Mormon dans
son cadre ancien présumé sont dus sans aucun doute à la rareté des informations
fournies dans le livre lui-même et au caractère incomplet des données archéologiques.
Tester ce que le Livre de Mormon dit au sujet de la culture matérielle précolombienne
est plus difficile quon pourrait le croire au premier abord. Par exemple, c'est un
fait historiquement bien établi que les techniques artisanales peuvent se perdre ; on ne
peut donc pas considérer sans risque de se tromper que les technologies mentionnées pour
les populations limitées du Livre de Mormon ont survécu après la destruction des
Néphites. On ne peut pas non plus considérer que lon a réussi à transférer les
technologies du Vieux Monde dans le Nouveau. Beaucoup dartisanats devaient être
inconnus des petits groupes de colons, et même parmi les techniques qui ont été
transportées de lautre côté de la mer, beaucoup ont pu ne pas savérer
utiles ou adaptables dans le nouvel environnement. On ne peut même pas avoir la certitude
que les techniques attestées dans les premières parties du Livre de Mormon ont survécu
dans l'histoire ultérieure au sein du livre lui-même.
L'économie des peuples du Livre de Mormon paraît, dans l'ensemble, avoir été
relativement simple. Bien que beaucoup de Néphites et de Jarédites aient vécu dans des
villes de taille modeste (un fait dont la plausibilité a été augmentée par les
recherches récentes), leurs sociétés étaient basées sur lagriculture. Le
commerce est mentionné pour certaines époques, mais il était entravé par des guerres
fréquentes. Dans les périodes rarement mentionnées de liberté de déplacements, les
barrières aux échanges commerciaux tombaient et les Lamanites et les Néphites
prospéraient comme on pouvait le prévoir (par exemple, Hél. 6:7-9).
En dépit de la base agraire de l'économie, la richesse se manifestait sous forme de
troupeaux de gros et de petit bétail, de vêtements coûteux, dor, dargent et
de « choses précieuses » plutôt que de terres (Jcb. 2:12-13 ; Én. 1:21 ; Jm. 1:8 ;
Mos. 9:12 ; Al. 1:6, 29 ;17:25;32:2; Ét. 10:12). L'idéologie des principaux peuples du
Livre de Mormon a sans aucun doute contribué à ce phénomène : Ils se considéraient
comme un reste juste obligé dabandonner ses demeures confortables et de partir dans
le désert à cause de ses convictions religieuses. Puisque des populations entières
semblent s'être déplacées souvent, les terres ne devaient pas être une source stable
de richesse (2 Né.. 5:5-11 ; Om. 12-13, 27-30 ; Mos. 9 ;18:34-35 ; 22; 24:16-25 ; Al. 27
; 35:6-14 ; 63:4-10 ; Hél. 2:11 ; 3:3-12 ; 4:5-6, 19 ; 3 Né. 3:21-4 :1 ; 7:1-2).
Idéalement, la richesse devait être partagée avec les pauvres et pour le bien commun,
mais ce que lon observe le plus souvent, ce sont les contrastes marqués entre
riches et pauvres.
L'agriculture dans le Livre de Mormon portait sur le bétail et la culture. Par exemple,
au cinquième siècle av. J.-C., le peuple néphite « laboura la terre, et cultiva toutes
sortes de grains, et de fruits, et éleva de nombreux troupeaux, et des troupeaux de
toutes sortes de bétail de toute espèce, et des chèvres, et des chèvres sauvages, et
aussi beaucoup de chevaux » (Én. 1:21). Au deuxième siècle av. J.-C., le peuple de
Zénif cultive le maïs, le blé, l'orge, le « néas » et le « shéum » (Mos. 9:9 ;
cf. Al. 11:7). Le maïs était et est laliment de base du régime alimentaire de la
plupart des populations indigènes d'Amérique. Certains des autres points énumérés
restent moins sûrs. Ce nest quen 1982 que lon a publié des éléments
de preuve démontrant la présence de cultures dorge précolombiennes dans le
Nouveau Monde (Sorenson, 1985, p. 184). Le « néas » n'est pas identifiable ; mais le
mot « shéum » semble apparenté au vieux she-um akkadien, un grain probablement du type
orge (voir Personnel de F.A.R.M.S., « Weights and Measures »).
La mention dans le Livre de Mormon de chevaux en Amérique précolombienne a donné lieu
à beaucoup de critiques et lon ne dispose à ce jour daucune réponse
définitive à cette question. Les données linguistiques suggèrent que le « cheval »
du Livre de Mormon ne doit pas forcément désigner l'equus, mais pourrait désigner un
autre quadrupède pouvant être monté par lhomme, comme le donne à penser l'art
mésoaméricain (Sorenson, 1985, p. 295). Il existe, en outre, des données
archéologiques auxquelles on na pas prêté grande attention qui tendent à montrer
que dans certaines régions le cheval du pléistocène américain a pu survivre jusque
dans les temps du Livre de Mormon (Update, juin 1984).
La plupart des transports se faisaient manifestement à dos dhomme ; dans les deux
contextes où le Livre de Mormon mentionne des « chars » il s'avère que leur
utilisation a été très limitée (Al. 18:9-12 ;20:6; 3 Né. 3:22). Les chars ne sont
jamais mentionnés dans un contexte militaire. La roue nest mentionnée nulle part
dans le Livre de Mormon (sauf dans une citation d'Ésaïe). Cela veut dire quon ne
sait pas ce que pouvaient être les « chars » néphites. On nous dit que les Néphites
utilisaient des « routes » et des « grandes routes » (3 Né.. 6:8). Certains saints
des derniers jours pensent quil doit sagir là des systèmes routiers
considérablement attestés du Mexique antique. Des « bateaux » de forme inconnue ont
été utilisés au milieu du premier siècle av. J.-C. pour faire du cabotage dans « la
mer de louest » (Al. 63:6) et pour transporter le bois de construction vers le nord
(Hél. 3:10) et il semble évident que les voyages maritimes étaient parfois importants
(Hél. 3:14). Le texte mentionne aussi les perles fines comme articles coûteux (4 Né.
1:24).
Il est question de « soie » et de « fin lin retors » (par exemple dans Al. 1:29 ; Ét.
10:24) en même temps que du tissu simple (de coton ?). Il est peu probable que la « soie
» ait été produite par des vers à soie comme en Chine, mais des tissus du même genre
étaient connus, du moins en Mésoamérique. Par exemple, au Guatemala on se servait de la
fibre de la plante d'ananas blanc, et chez les Aztèques de poils de lapin pour faire des
tissus semblables à la soie. Bien que le lin n'ait apparemment pas été connu en
Amérique avant l'arrivée des Espagnols (le linge était fait de lin dans le Vieux
Monde), plusieurs tissus dorigine végétale ayant des caractéristiques semblables
sont bien attestés en Amérique antique (Update, nov. 1988).
Quand on lit le Livre de Mormon ou n'importe quel autre texte provenant d'une culture
étrangère ou antique, il faut veiller à éviter de se méprendre sur ce qui est inconnu
sur la base de ce qui est connu. Par exemple, on dit que les Néphites se servaient
d « argent » mais comme les Israélites du temps de Léhi ne savaient pas battre
monnaie, « largent » néphite nétait probablement pas sous forme de
pièces..
Alma 11 décrit un système bien intégré de mesures de capacité pour matières sèches
et dunités de métal pesé; certains analystes ont fait remarquer que le système
esquissé est étonnamment simple, efficace et rationnel (Smith). Dans sa configuration
mathématique binaire et son utilisation d'orge et d'argent comme moyens monétaires de
base, le système néphite rappelle les systèmes semblables connus en Égypte et dans les
lois babyloniennes d'Eshnunna (personnel de F.A.R.M.S., « Weights and Measures » ;
Update, mars 1987).
Les Néphites ne parlent de fabrication darmes en « acier » et en « fer » que
pendant leurs quelques premières générations (2 Né. 5:15 ; Jm. 1:8); le fer nest
mentionné que comme un métal ornemental « précieux » du temps de Mosiah (Mos. 11:8).
On ne sait pas au juste ce que ces termes signifient à l'origine. De l» acier »
et du « fer » et d'autres métaux jarédites sont mentionnés deux fois mais ne sont pas
décrits (Ét. 7:9 ;10:23). Les armes du soldat ordinaire étaient nettement plus simples
: des pierres, des massues, des lances et l'arc et la flèche (par exemple, Al. 49:18-22).
La simplicité relative de la société dans le Livre de Mormon n'implique pas une absence
dévolution selon les normes antiques. Par exemple, il semblerait que l'instruction
n'ait pas été rare parmi les Néphites ou les Jarédites. Les dirigeants fondateurs des
migrations étaient à coup sûr instruits et il est dit des Néphites, au milieu de leur
histoire, quils avaient produit « beaucoup de livres, et beaucoup dannales de
toute espèce » (Hél. 3:15). Par contre, les Lamanites et les Mulékites tenaient moins
bien leurs annales (Om. 1:17-18 ; Mos. 24:4-6 ; Hél. 3:15). Les Jarédites et les
Néphites tenaient leurs annales les plus sacrées sur des plaques de métal presque
impérissables, bien que certains de leurs livres aient été écrits sur des supports
inflammables (Al. 14:8). Les plaques que Joseph Smith avait en sa possession, et que lui
et d'autres témoins oculaires contemporains ont décrites, semblent tout à fait relever
de la compétence des métallurgistes préhispaniques (Putnam ; Sorenson, 1985, pp.
278-288) et il y a, pour la façon dont elles ont été enterrées, de riches précédents
dans le Vieux Monde (Wright).
Livre de Mormon
Éditions (1830-1981)
Auteur : Skousen, Royal
Les deux
grands objectifs de chaque édition du Livre de Mormon ont été (1) de reproduire
fidèlement le texte et (2) de rendre le texte accessible au lecteur. Lobjectif de
la fidélité au texte a amené les vérificateurs ultérieurs à retourner aux éditions
plus anciennes et, là où ils étaient accessibles, au manuscrit original et à celui de
l'imprimeur (voir Livre de Mormon Manuscrits). Lobjectif de l'accessibilité
a conduit à une certaine modernisation et à une certaine standardisation du texte
lui-même et à lajout daides au lecteur (texte introductif, division en
versets, notes de bas de page, sommaires de chapitre, dates, guide de prononciation et
index).
Quatre éditions ont été publiées du vivant de Joseph Smith : 1. 1830 : 5.000
exemplaires édités par E. B. Grandin à Palmyra (New York). Dune manière
générale, la première édition est une copie fidèle du manuscrit de l'imprimeur (bien
qu'à un moment donné, ce soit le manuscrit original plutôt que celui de l'imprimeur qui
ait été utilisé pour la composition). Pour lessentiel, cette édition reproduit
ce que John H. Gilbert, le compositeur, considérait comme des « erreurs grammaticales
». Gilbert a ajouté la ponctuation et déterminé la division en paragraphes pour la
première édition. Dans la préface, Joseph Smith explique la perte du livre de Léhi,
116 pages du manuscrit (voir Manuscrit, 116 pages perdues). Les témoignages des trois et
des huit témoins sont placés à la fin du livre. Dans cette édition et toutes les
autres éditions primitives, il ny a pas de division en versets.
2. 1837: 3.000 ou 5.000 exemplaires publiés par Parley P. Pratt et John Goodson à
Kirtland (Ohio). Pour cette édition, des centaines de changements grammaticaux et
quelques corrections ont été apportés au texte. L'édition de 1830 et le manuscrit de
l'imprimeur ont été utilisés comme base pour cette édition.
3. 1840 : 2.000 exemplaires publiés pour Ebenezer Robinson et Don Carlos Smith (par
Shepard et Stearns, Cincinnati, Ohio) à Nauvoo. Joseph Smith a comparé le texte imprimé
au manuscrit original et a découvert un certain nombre d'erreurs commises lorsque le
manuscrit de l'imprimeur a été copié de l'original. L'édition de 1840 rétablit donc
certaines des formulations du manuscrit originel.
4. 1841 : 4.050 (5.000 prévus au contrat) publiés pour Brigham Young, Heber C. Kimball
et Parley P. Pratt (par J. Tompkins, Liverpool, Angleterre). Cette première édition
européenne a été imprimée avec la permission de Joseph Smith ; elle est
essentiellement une réimpression de l'édition de 1837 avec lorthographe
britannique.
Deux autres éditions britanniques, lune de 1849 (publiée par Orson Pratt) et
l'autre de 1852 (publiée par Franklin D. Richards) comportent des changements mineurs du
texte. Dans l'édition de 1852, Richards a ajouté des numéros aux paragraphes pour aider
à trouver les passages, créant de ce fait la première division en versets, quoique
primitive, du Livre de Mormon.
Trois autres éditions importantes comportent des changements majeurs de format ainsi que
des modifications mineures : 1. 1879: Publiée par Orson Pratt. Les grands changements
dans le format du texte consistent en la division des longs chapitres du texte original,
un véritable système de versets (qui a été suivi dans toutes les éditions suivantes
de lÉglise) et des notes de bas de page (essentiellement des références
scripturaires).
2. 1920: Publié par James E. Talmage. Autres changements : introduction, doubles
colonnes, sommaires de chapitres et de nouvelles notes de bas de page. Une partie des
retouches mineures que lon trouve dans cette édition se trouvaient déjà dans les
éditions de 1905 et de 1911, aussi sous la direction rédactionnelle de Talmage.
3. 1981: Publiée par un comité dirigé par des membres du Collège des Douze. Cette
édition est un remodelage important de l'édition de 1920 : Le texte paraît de nouveau
en deux colonnes, mais contient une nouvelle introduction, de nouveaux sommaires de
chapitre et de nouvelles notes de bas de page. Une vingtaine derreurs textuelles
importantes qui sétaient glissées dans le manuscrit de l'imprimeur sont corrigées
grâce à un retour au manuscrit originel. D'autres corrections ont été faites suite à
une comparaison avec le manuscrit de l'imprimeur et l'édition de Nauvoo de 1840.
L'Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jour (RLDS) a également
sa propre tradition textuelle. Avant 1874, les RLDS utilisaient une édition du Livre de
Mormon publiée par James O. Wright (1858, New York), fondamentalement une réimpression
de l'édition de Nauvoo de 1840. Les première et deuxième éditions RLDS (1874, Plano,
Illinois et 1892, Lamoni, Iowa) suivaient le texte de 1840 et avaient leur propre système
de division en versets. À la différence des éditions ultérieures de lÉglise,
toutes les éditions des RLDS ont maintenu les chapitres plus longs originaux.
En 1903 les RLDS ont obtenu le manuscrit de l'imprimeur et l'ont utilisé pour créer leur
troisième édition (1908, Lamoni, Iowa). Le texte de l'édition de 1908 rétablit
beaucoup de formulations qui se trouvent dans ce manuscrit, mais, dune manière
générale, ne touche pas aux changements grammaticaux apportés dans l'édition de
Kirtland de 1837. Cette édition comporte aussi une nouvelle division en versets, qui est
restée sans changement dans toutes les éditions RLDS suivantes. En 1966, les RLDS ont
publié un texte complètement modernisé du Livre de Mormon. On peut se procurer les
éditions de 1908 (avec des retouches mineures) et de 1966, mais seule l'édition de 1908
est autorisée pour utilisation dans l'Église réorganisée.
Un texte critique du Livre de Mormon a été publié en 1984-1987 par la Foundation for
Ancient Research and Mormon Studies. C'est le premier texte publié du Livre de Mormon qui
montre l'histoire précise de nombreuses variantes textuelles. Bien que cette étude
textuelle des éditions et des manuscrits du Livre de Mormon soit inachevée et
préliminaire, elle est utile comme aperçu général de l'histoire textuelle du Livre de
Mormon.
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Gold Plates and Printer's Ink." Ensign, 6 (Sept. 1976),
pp.71-76.
Heater, Shirley R. "Gold Plates, Foolscap, & Printer's Ink; Part II: Editions of
the Book of Mormon." Zarahemla Record 37-38 (1987), pp. 2-15.
Larson, Stanley R. "A Study of Some Textual Variations in the Book of Mormon
Comparing the Original and the Printer's Manuscripts and the 1830, the 1837, and the 1840
Editions." Mémoire de maîtrise, université Brigham Young, 1974.
Matthews, Robert J. "The New Publication of the Standard Works 1979, 1981." BYU
Studies 22 (1982), pp. 387-424.
Skousen, Royal. "Towards a Critical Edition of the Book of Mormon." BYU Studies
30 (1990), pp. 41-69.
Stocks, Hugh G. "The Book of Mormon, 1830-1879: A Publishing History." Mémoire
de maîtrise, UCLA, 1979.
Stocks, Hugh G. "The Book of Mormon in English, 1870-1920: A Publishing History and
Analytical Bibliography." Thèse de doctorat., UCLA, 1986.
ROYAL SKOUSEN
Livre
de Mormon Enseignements et pratiques en matière de religion
Auteur : Welch, John W.
La majeure
partie du Livre de Mormon traite dun groupe d'Israélites qui était guidé par des
prophètes, qui avait la doctrine et les ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ, mais
qui a pratiqué la loi de Moïse jusqu'à lavènement du Christ. Après sa
résurrection, Jésus est apparu à certains d'entre eux et a organisé son Église et,
pendant quatre générations, ils ont vécu dans la paix et le bonheur. Beaucoup de
détails sur les enseignements et les pratiques religieuses de ces gens sont donnés dans
le Livre de Mormon. Les saints des derniers jours croient que ces enseignements chrétiens
sont applicables dans le monde daujourd'hui, parce que la doctrine éternelle de
Dieu fait autant force de loi sur une génération que sur la suivante et parce que le
contenu du Livre de Mormon a été sélectionné et préservé par des prophètes qui
avaient le monde moderne à l'esprit. On trouve aussi ces enseignements dans les
révélations qui ont fondé les pratiques et les ordonnances des saints des derniers
jours contemporains.
Dans 3 Néphi et Moroni, des documents enregistrés par des témoins oculaires conservent
beaucoup de paroles de Jésus ressuscité et donnent les points de doctrine, les alliances
et les ordonnances de base de son Église. En voici les points principaux :
1. Jésus a défini sa doctrine. Les hommes doivent « se repentir et
croire en
moi
et être baptisés en mon nom, et devenir semblables à un petit enfant
.
c'est ma doctrine » (3 Né. 11:32, 38-39). La promesse est donnée que Dieu visitera ces
personnes « de feu et du Saint-Esprit » (3 Né. 11:35).
2. Jésus a commandé au peuple de se faire baptiser par immersion et a donné les paroles
de la prière baptismale (3 Né. 11:26-27). Seuls ceux qui étaient « responsables et
capables de commettre le péché » étaient baptisés (Mro. 8:9-15 ; cf. 6:3).
3. Jésus a ordonné douze disciples et leur a donné l'autorité de baptiser (3 Né.
11:21-22). Moroni 2:2 conserve les mots que Jésus a prononcés quand il a posé les mains
sur ces disciples et leur a donné le pouvoir de conférer le Saint-Esprit (3 Né.
18:36-37). Les paroles utilisées par les disciples lors dordinations ultérieures
de prêtres et dinstructeurs se trouvent dans Moroni 3:1-4.
4. Les prières de la Sainte-Cène se trouvent dans Moroni 4-5. Les mots de ces prières
dérivent des expressions à la première personne que Jésus a prononcées quand il a
administré la Sainte-Cène dans 3 Néphi 18:6-11.
5. L'Église néphite se réunissait souvent « pour jeûner et pour prier, et pour se
parler lun à lautre du bien-être de leur âme, et
pour prendre le pain
et le vin en souvenir du Seigneur Jésus » (Mro. 6:5-6).
6. Ces chrétiens renouvelaient régulièrement leur alliance de garder les commandements
que Jésus leur avait donnés : par exemple, de navoir ni querelles, ni colère, ni
dérision, doffrir le sacrifice d'un cur brisé et d'un esprit contrit, de
respecter la loi de chasteté dans la pensée et dans les actes, daimer leurs
ennemis, de donner de leurs biens aux pauvres, daccomplir des actes de charité en
secret, de prier seuls et avec les autres, de ne servir que Dieu, pas les choses du monde
et de sefforcer dêtre rendus parfaits comme Dieu et Jésus (3 Né. 11-14 ;
voir le sermon sur la montagne). Ils avaient la promesse que l'esprit de Jésus resterait
avec eux et qu'ils seraient ressuscités au dernier jour.
7. Cette Église était dirigée par Néphi 3, lun des douze disciples choisis par
Jésus et envoyés pour prêcher les choses qu'ils l'avaient entendu dire et l'avaient vu
faire (3 Né. 27:1). Le peuple a reçu cette exhortation : « Prêtez attention aux
paroles de ces douze » (3 Né. 12:1).
8. Sur lordre du Seigneur, l'Église a reçu le nom de Jésus-Christ et les membres
ont invoqué le Père au nom du Christ en toutes choses (3 Né. 27:8-9 ; voir Nom de
l'Église).
9. Les disciples ont guéri les malades et accompli des miracles au nom de Jésus (4 Né.
1:5 ; voir Malades Bénédiction des).
10. Ils ont suivi lexemple de Jésus et ont prié, révéré et loué Dieu, demandé
le pardon et prié pour que la volonté de Dieu se fasse (3 Né. 13:9-13 ; 19:16-35). Le
peuple a reçu le commandement : « Priez
dans vos familles » (3 Né. 18:21 ; voir
Prière en famille).
11. « Ils avaient tout en commun, tous agissant avec justice lun envers
lautre
cest pourquoi il n'y avait ni riches ni pauvres » (3 Né. 26:19
; 4 Né. 1:3 ; voir Consécration : Loi de consécration).
12. Comme Jésus lavait commandé, ses disciples étaient stricts à garder
l'iniquité hors de leurs communautés et de leurs synagogues, « trois témoins de
l'Église » étant requis pour excommunier les contrevenants ; néanmoins, tous étaient
aidés, et ceux qui se repentaient sincèrement étaient pardonnés (3 Né. 18:28-32 ;
Mro. 6:7-8 ; voir Discipline Procédure).
Pendant les siècles qui précédèrent le Christ, les prophètes néphites avaient
enseigné la plénitude de l'Évangile et avaient préparé le peuple à la venue de
Jésus-Christ. En ce qui concerne les points mentionnés ci-dessus, comparez les
antécédents suivants dans l'histoire néphite. Certains peuvent remonter à l'Israël
antique, d'autres ont été introduits à diverses occasions par l'inspiration ou la
révélation :
1. La doctrine du Christ la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le baptême
et la purification du péché par le feu du Saint-Esprit est enseignée dans le
Livre de Mormon dès le temps de Néphi 1 (2 Né. 31). Les prophètes néphites parlaient
souvent du « plan de rédemption » ou, comme Alma l'appelait : « le grand plan du
bonheur » (Al. 42:8). Ils attendaient lavènement de Dieu lui-même sur la terre
pour racheter l'humanité de son état perdu et déchu. Ils savaient qu'il expierait la
transgression d'Adam et tous les péchés de ceux qui ne différeraient pas le jour de
leur repentir (voir Al. 34:33) et que toute l'humanité ressusciterait physiquement et
serait ensuite jugée selon la justice et la miséricorde de Dieu (Al. 40-42).
2. Des baptêmes dalliance ont été accomplis dès le début des annales, notamment
par Alma 1 aux eaux de Mormon (Mos. 18). Sa prière baptismale demandait la sanctification
du cur, tandis que celui qui contractait lalliance promettait de servir Dieu
« même jusqu'à la mort » pour se voir accorder la vie éternelle par la rédemption du
Christ (Mos. 18:12-13). Le groupe d'Alma resta intact même après son, installation chez
les autres Néphites et les Néphites qui sétaient soumis au baptême « comme il
[avait baptisé] ses frères dans les eaux de Mormon » appartinrent à cette Église
(Mos. 25:18).
3. Des siècles avant le temps du Christ, des prêtres et des instructeurs néphites
furent consacrés (2 Né. 5:26), désignés (Mos. 6:3 ; Al. 45:22-23) ou ordonnés par
limposition des mains (Al. 6:1 ; cf. No. 27:23). Ils veillaient sur l'Église,
incitaient le peuple à se rappeler ses alliances (Mos. 6:3), prêchaient la loi et la
venue du Fils de Dieu (Al. 16:18-19) et offraient les premiers-nés de leurs troupeaux «
afin doffrir des sacrifices et des holocaustes, selon la loi de Moïse » (Mos. 2:3
; cf. De. 15:19-23), qu'ils savaient être un symbole du Christ (2 Né. 11:4). Les
Néphites et les Lamanites avaient des temples, le premier étant construit « à la
manière du temple de Salomon » (2 Né. 5:16). L'autel était un lieu de culte où le
peuple se réunissait, « veillant et priant continuellement, afin dêtre
délivré[s] de Satan, et de la mort, et de la destruction » (Al. 15:17). Les prêtres
néphites enseignaient aussi dans les synagogues ou lieux de réunion et idéalement
personne nétait exclu (2 Né. 26:26 ; Al. 32:2-12). Parce qu'ils détenaient la
Prêtrise de Melchisédek (Al. 13:6-19), ils pouvaient fonctionner dans les ordonnances de
la Prêtrise dAaron bien que nétant pas Lévites. Les prêtres néphites
étaient ordonnés de telle manière que « le peuple pût ainsi attendre le Fils de Dieu,
[lordination étant] une figure de son ordre » (Al. 13:16).
4. La terminologie de lalliance employée par le roi Benjamin (v. 124 av. J.-C.)
était semblable à la celle des prières de la Sainte-Cène néphite. Le peuple de
Benjamin témoignait qu'il était disposé à toujours garder les commandements de Dieu,
prenait sur lui le nom du Christ et promettait de « [se souvenir] de toujours retenir le
nom écrit dans [leur] cur » (Mos. 5:5-12 ; cf. No. 6:27).
5. Les Néphites se réunissaient pour jeûner et prier pour avoir des bénédictions
spirituelles (Mos. 27:22 ; Hél. 3:35). En outre, comme leurs ancêtres israélites, ils
jeûnaient lors du deuil pour les morts (Hél. 9:10 ; cf. 2 S. 3:35).
6. Les renouvellements d'alliances faisaient de longue date partie de la Loi de Moïse,
conformément à laquelle tous les hommes, femmes et enfants étaient tenus de se réunir
autour du temple à des moments désignés pour entendre la loi de Dieu et sengager
de nouveau à la respecter (De. 31:10-13 ; cf. Mosiah 2:5). La loi religieuse néphite du
temps d'Alma 2 interdisait la sorcellerie, le culte des idoles, l'oisiveté, le babillage,
l'envie, les querelles, le port de vêtements coûteux, lorgueil, le mensonge, la
duperie, la méchanceté, les moqueries, le vol, le brigandage, la fornication,
l'adultère, le meurtre et toutes les espèces de méchanceté (Al. 1:32 ; 16:18). En
outre, Néphi 2 mettait en garde contre loppression des pauvres, le refus de
nourriture aux affamés, le sacrilège, le refus de reconnaître l'esprit de prophétie et
la désertion vers les Lamanites (Hél. 4:12).
7. Les justes parmi les Néphites étaient habitués à être dirigés par des prophètes,
des rois inspirés, des grands prêtres et des grands juges. Ces dirigeants tenaient les
annales sacrées qui étaient fréquemment citées dans les observances religieuses
néphites. Les institutions de la prophétie néphite changeaient de temps en temps :
certains prophètes étaient également des rois ; des prophètes secondaires
travaillaient sous le roi Benjamin (Pa. 1:17-18) ; d'autres, comme Abinadi, étaient des
voix solitaires appelant au repentir. Néanmoins ceux de leurs messages qui nous sont
parvenus étaient constants et précis : ils prêchaient l'Évangile et la venue du Christ
et ils savaient que quand il viendrait il ordonnerait douze dirigeants autorisés tant à
lEst (1 Né. 1:10 ; 11:29) que dans l'Ouest (1 Né. 12:7-10).
8. Le nom de Jésus-Christ fut révélé aux premiers prophètes néphites (2 Né. 10:3 ;
25:19) et ensuite les Néphites prièrent et agirent au nom de Jésus-Christ (2 Né. 32:9
; Jcb. 4:6). Alma 1 appelait ses disciples « l'Église du Christ » (Mos. 18:17).
9. Comme les prophètes israélites, les prophètes néphites faisaient des miracles au
nom du Seigneur. Comme Élie (1 R. 17), par exemple, Néphi 2 ferma les cieux et causa une
famine (Hél. 11:4) et Néphi 3 ressuscita les morts et guérit les malades (3 Né.
7:19-22).
10. Les Néphites veillaient et priaient continuellement (Al. 15:17). Il leur était
conseillé de prier trois fois par jour, matin, midi et soir, pour la miséricorde, pour
être délivrés de la puissance du diable, pour la prospérité et pour le bien-être de
leurs familles (Al. 34:18-25 ; cf. Ps. 55:17). Ils enseignaient que pour être efficace,
la prière devait saccompagner dactes charitables (Al. 34:26-29), qui sont
nécessaires pour conserver le pardon des péchés (Mos. 4:26).
11. Concernant la richesse et les possessions, beaucoup des premiers prophètes du Livre
de Mormon condamnaient la perversion quétait la recherche du pouvoir et de la
richesse. Le cycle qui menait de la prospérité à lorgueil, à la méchanceté et
ensuite à la catastrophe se répétait souvent, faisant écho à des formules
caractéristiques du Deutéronome. Les justes parmi les Néphites faisaient alliance de
donner libéralement aux pauvres et de supporter les fardeaux les uns des autres.
12. Typiquement, ceux qui contractaient l'alliance requise étaient « comptés » parmi
les Néphites. S'ils transgressaient, leurs noms étaient « effacés »,
vraisemblablement retirés dune liste (Mos. 5:11 ; 6:1). Des procédures
détaillées pour excommunier les transgresseurs furent créées par Alma 1, qui avait
reçu du roi Mosiah 2 lautorité de juger les membres de l'Église. Le pardon devait
être accordé « toutes les fois que [le] peuple se repentira[it] » (Mos. 26:29-30).
Des enseignements et des pratiques de ce type ont spécifiquement préparé la voie à la
venue personnelle de Jésus-Christ après sa résurrection. En dépit
dannées de préparation, la réaction immédiate d'une partie de la multitude
néphite aux premières paroles du Christ ressuscité fut quand même de se demander « ce
qu'il voulait concernant la loi de Moïse » (3 Né. 15:2). Malgré le fait que les
prophètes avaient expliqué depuis longtemps la fonction limitée de la loi, elle
continua à faire partie intégrante et sacrée de leur vie jusqu'à ce qu'elle fût
accomplie par Jésus (par exemple, 2 Né. 25:24-25 ; Al. 30:3 ; 3 Né. 1:24). Quand Jésus
parla, il devint évident que les vieilles choses « étaient devenues nouvelles » (3
Né. 15:2).
La diversité des expériences religieuses du Livre de Mormon ressort aussi du grand
nombre des communautés religieuses quil mentionne dans des situations variables. En
dehors des cercles néphites orthodoxes (dont le succès variait de temps en temps), il y
avait le culte royal extravagant du roi Noé et de ses prêtres du temple (Mos. 11) ; une
église rivale fausse à Zarahemla constituée par Néhor (Al. 1) ; des centres de culte
chez les Lamanites (Al. 23:2) ; le méchant et agnostique Korihor (Al. 30) ; une
étonnante chaire de prière aristocratique et apostate (une plate-forme élevée recevant
un seul adorateur à la fois) des Zoramites (Al. 31:13-14) et des combinaisons ou
sociétés secrètes avec des adhérents assermentés convaincus résolus à assassiner et
à obtenir du gain (3 Né. 3:9). Des missionnaires tels quAlma 2, Ammon et Néphi 2,
firent des efforts fréquents pour convertir les personnes appartenant à ces groupes à
lÉvangile de Jésus-Christ et pour les organiser en Églises et en communautés
justes. Il arrivait que les convertis deviennent plus justes que tous leurs contemporains.
Même parmi les justes, il y avait des niveaux variables de compréhension et de
connaissance, parce que les mystères de Dieu étaient donnés par Dieu et par ses
prophètes selon la diligence des auditeurs (Al. 12:9-11).
Beaucoup de points doctrinaux et didées pratiques remplissent les pages du Livre de
Mormon. En voici quelques-uns : Alma 2 explique que Jésus a souffert « afin quil
sache, selon la chair, comment secourir son peuple » (Al. 7:12). Alma 2 décrit comment
on peut nourrir la foi pour quelle devienne connaissance (Al. 32). Benjamin définit
le péché comme une « rébellion contre Dieu » (Mos. 2:36-37) et propose de belles
perspectives davenir à tous ceux qui « se rende[nt] aux persuasions de
l'Esprit-Saint et
se dépouille[nt] de l'homme naturel » (Mos. 3:19). Alma 2
décrit la situation des esprits après la mort quand ils retournent à Dieu, « qui leur
a donné la vie » (Al. 40:11). Jacob parle de manière émouvante de la nudité de ceux
qui sont impénitents, qui resteront souillés devant le jugement de Dieu (2 Né. 9:14).
Benjamin exalte « l'état béni et bienheureux » des justes qui goûtent l'amour et la
bonté de Dieu (Mos. 2:41 ; 4:11). Et Léhi énonce le but de l'existence : « Les hommes
sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Le Livre de Mormon enseigne l'unique chemin du
bonheur éternel à laide de nombreuses images, instructions et exemples inspirants.
Beaucoup denseignements prophétiques du Livre de Mormon se sont déjà accomplis
(par exemple, 1 Né. 13 ; 2 Né. 3 ; Hél. 14), mais plusieurs concernent toujours le
futur. Une raison pour laquelle certains furent intrigués quand Jésus déclara
quil avait accompli la loi et les prophètes était que beaucoup de prophéties
d'Ésaïe, de Néphi 1 et d'autres restaient en suspens : en particulier, les Néphites
n'avaient pas encore été réunis à un peuple d'Israël racheté. Jésus expliqua : «
Je ne détruis pas ce qui a été dit concernant les choses qui sont à venir » (3 Né.
15:7). Doivent encore saccomplir dans la perspective prophétique du Livre de
Mormon, les promesses que les branches de l'Israël dispersé seront rassemblées dans le
Christ et combineront leurs annales en une seule (2 Né. 29:13-14), que les restes des
descendants de Léhi seront considérablement renforcés dans le Seigneur (2 Né. 30:3-6 ;
3 Né. 21:7-13), et quune grande division se produira : les justes édifieront une
nouvelle Jérusalem sur le continent américain (3 Né. 21:23 ; Éther 13:1-9), tandis que
les méchants seront détruits (1 Né. 30:10). « Alors, dit Jésus, le pouvoir du ciel
descendra parmi eux, et je serai aussi au milieu » (3 Né. 21:25). [Voir aussi
Jésus-Christ dans les Écritures : Jésus-Christ dans le Livre de Mormon.]
Bibliographie
La plupart des écrits doctrinaux des saints des derniers jours se rapportent au Livre de
Mormon sur des sujets déterminés, mais aucune analyse complète de l'expérience
religieuse néphite en tant que telle n'a été écrite.
Voir généralement Sidney B. Sperry, Book of Mormon Compendium, Salt Lake City, 1968, et
Rodney Turner, "The Three Nephite Churches of Christ" dans The Keystone
Scripture, dir. de publ. P. Cheesman, pp. 100-126 (Provo, Utah, 1988).
On trouvera le point de vue d'un anthropologue sur les institutions et les pratiques
religieuses néphites dans John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of
Mormon, Salt Lake City, 1985.
JOHN W. WELCH
Livre de Mormon et Proche-Orient
Auteur : Nibley, Hugh W.
Selon le
Livre de Mormon, les Jarédites, les Néphites et les « Mulékites » (voir Mulek)
émigrèrent du Proche-Orient vers le continent américain dans l'Antiquité, une
affirmation qui a été contestée. Les spécialistes du Livre de Mormon reconnaissent
volontiers qu'il n'existe actuellement aucune preuve directe et concrète qui confirme les
liens avec le Proche-Orient antique indiqués dans le livre, mais on peut citer des
indices en grande partie externes et indirects qui imposent le respect pour
les affirmations du Livre de Mormon en ce qui concerne son enracinement dans le
Proche-Orient antique (CWHN 8:65-72). Quelques exemples donneront une idée de la nature
et de la force de ces liens, en particulier parce que Joseph Smith, le traducteur du Livre
de Mormon, naurait pu trouver aucun de ces détails dans aucune des sources qui
existaient au début du XIXe siècle (voir Livre de Mormon Traduction de Joseph
Smith).
1. Léhi (v. 600 av. J.-C.) était un homme juste et de bonne naissance de la tribu de
Manassé, qui vivait à ou près de Jérusalem. Il voyageait beaucoup, avait une riche
propriété à la campagne et sy connaissait en beaux ouvrages en métal. Sa famille
était fortement influencée par la culture égyptienne contemporaine. À une époque où
les tensions allaient croissant à Jérusalem (les édiles tenaient des réunions
secrètes la nuit), il était pour le parti de la réforme religieuse de Jérémie, alors
que les membres de sa famille étaient déchirés par les options politiques. Faisant
partie des nombreux prophètes qui annonçaient le malheur sur le pays, visionnaire, il
fut forcé de se sauver avec sa famille, craignant dêtre poursuivi par les troupes
d'un certain Laban, haut fonctionnaire militaire de la ville. Des documents importants
dont Léhi avait besoin étaient conservés chez Laban (1 Né. 1-5 ; CWHN 6:46-131 ;
8:534-535). Une situation qui a des parallèles étroits avec celle de Lakisch à
lépoque, comme la décrivent les documents contemporains découverts en 1934-1935
(H. Torczyner, The Lachish Letters, 2 vols., Oxford, 1938 ; cf. CWHN 8:380-406). Les
lettres de Bar Kochba, découvertes en 1965-1966, racontent la manière dont les riches
fuyaient Jérusalem dans des circonstances semblables au cours des siècles précédents
et postérieurs (Y. Yadin, Bar Kokhba, chapitres 10 et 16, Jérusalem, 1971 ; Cf, CWHN
8:274-288).
2. La fuite de Léhi fait penser à la décision que prirent plus tard les membres de la
secte qui se retira dans le désert près de la mer Morte, les deux groupes visant à «
garder les commandements du Seigneur » (cf. 1 Né. 4:33-37 ; Rouleau de la Guerre [1QM]
x. 7-8). Parmi les sectaires du désert, tous les volontaires prêtaient serment par
alliance (Rouleau de la Guerre [1QM] vii. 5-6). Dans le cas de Néphi 1, fils de Léhi, il
est accusé davoir « pris sur lui d'être notre gouverneur et notre
instructeur
Il dit que le Seigneur a parlé avec lui
[pour] nous entraîner
dans quelque désert étrange » (1 Né. 16:37-38). Plus tard, dans le Nouveau Monde,
Néphi, puis Mosiah 1 et ensuite Alma 1 (vers 150 av. J.-C.) emmèneront dautres
adeptes, par exemple, le dernier cité, dans un lieu darbres près des « eaux de
Mormon » (2 Né. 5:10-11 ; Om. 1:12-13 ; Mos. 18). L'organisation et les pratiques mises
sur pied par Alma sont semblables à celles des communautés du Vieux Monde : serment,
baptême, un prêtre pour cinquante membres, des instructeurs ou inspecteurs itinérants,
un jour spécial pour l'assemblée, tous travaillent et partagent de la même façon,
appelés « enfants de Dieu », tous se réclament dun Maître prééminent et ainsi
de suite (Mos. 18 ; 25). Les parallèles avec les communautés des manuscrits de la mer
Morte sont frappants, jusquaux colonies rivales de la mer Morte menées par le Faux
Maître (CWHN 6:135-144, 157-167, 183-193 ; 7:264-270 ; 8:289-327).
3. « Et mon père demeurait sous une tente » (1 Né. 2:15). Mentionnée quatorze fois
dans 1 Néphi, la tente du cheik est le centre de tout. Quand les fils de Léhi reviennent
sains et saufs de Jérusalem après s'être enfuis devant les hommes de Laban et s'être
cachés dans des cavernes, « ils se réjouirent
et offrirent des sacrifices
[sur] un autel de pierres
et rendirent grâces » (1 Né. 2:7 ;5:9). Prenant des «
semences de toutes sortes » pour un séjour prolongé « dans les parties plus fertiles
du désert », ils chassent en cours de route, ne faisant « pas beaucoup de feu »,
vivant de viande crue, parfois guidés par un « Liahona », une boule dairain «
dune exécution habile » avec deux flèches de divination qui montrent le chemin.
Un campement de longue durée a lieu « à lendroit que nous avions appelé Shazer
» (cf. arabe shajer, arbres ou lieu darbres) ; et ils enterrent Ismaël à Nahom,
où ses filles pleurent et réprimandent Léhi (1 Né. 16 ; cf. larabe Nahm,
gémissements ou soupirs collectifs, réprimande). Léhi décrit de manière vivante un
sayl, une crue subite « deau souillée » sortant dun oued ou du lit
dun cours deau qui peut balayer un camp (1 Né. 8:13, 32 ; 12:16), un
événement courant dans la région où il voyageait. À leur première « rivière d'eau
», Léhi récite un « qasida », une vieille forme de poésie de désert, à ses fils
Laman et Lémuel, les exhortant à être semblables au cours deau et à la vallée
dans le respect des commandements de Dieu (1 Né. 2). Il décrit la terreur de ceux qui
dans « un brouillard de ténèbres
perdirent leur chemin, de sorte quils
séloignèrent et se perdirent. » Il voit « un grand et spacieux édifice »
semblant se dresser haut « en lair
rempli de gens
et leur façon de
shabiller était très raffinée » (1 Né. 8; cf. les « gratte-ciel » de l'Arabie
méridionale, par exemple, la ville de Shibam). Le bâtiment tombe dans tout son orgueil
comme le château fabuleux de Ghumdan. Il y a de nombreuses autres images du désert (CWHN
5:43-92).
4. Parmi des récits dune certaine longueur, Moroni 1 (vers 75 av. J.-C.), menant un
soulèvement contre un oppresseur, « sen alla parmi le peuple, agitant la partie
déchirée de son vêtement » pour montrer ce qui était écrit dessus (Al. 46:19-20). Le
héros perse légendaire Kawe fait la même chose avec son vêtement. Le peuple de Moroni
« accourut
déchirant ses vêtements
comme alliance [disant]
[Dieu]
peut nous jeter aux pieds de nos ennemis
pour être foulés aux pieds » (Al.
46:21-22). Déchirer et piétiner les vêtements étaient des pratiques antiques (CWHN
6:216-218 ; 7:198-202 ; 8:92-95). L'inscription sur létendard, « en souvenir de
notre Dieu, de notre religion, et de notre liberté, et de notre paix, de nos épouses, et
de nos enfants » (Al. 46:12), ressemble aux étendards et aux trompettes des armées dans
le Rouleau de la Guerre ([IQM] iii. 1 iv.2). Avant la bataille, Moroni va devant l'armée
et consacre le pays situé du côté du sud du pays de Désolation comme « pays de choix,
et terre de liberté » (Al. 46:17). Dans le Rouleau de la Guerre ([1QM] vii.8 et suiv.)
le grand prêtre va pareillement devant l'armée et consacre le pays de l'ennemi à la
destruction et celui d'Israël au salut (CWHN 6:213-216). Moroni compare son
vêtement-étendard déchiré à la tunique de Joseph, dont la moitié a été préservée
et dont lautre sest décomposée : « Souvenons-nous des paroles de Jacob
avant sa mort
Comme ce reste [de la tunique] a été préservé, de même un reste
de [Joseph] sera préservé. » Cest ainsi que Jacob a connu simultanément la
tristesse et la joie (Al. 46:24-25). Une histoire presque identique est racontée par
Tha'labi, savant du dixième siècle, collectionneur des traditions des réfugiés juifs
en Perse (CWHN 6:209-221 ; 8:249, 280-281).
5. Il y a, dans le Livre de Mormon, une description détaillée d'un couronnement qui
na de parallèles que dans les sources non bibliques antiques, particulièrement la
description par Nathan haBablil du couronnement du Prince de la Captivité. La version du
Livre de Mormon dans Mos. 2-6 (vers 125 av. J.-C.) est un compte rendu classique du «
Rite de l'année » antique, un rite bien attesté : (a) Le peuple se réunit au temple,
(b) apportant des prémices et des offrandes (Mos. 2:3-4) ; (c) il campe par familles,
toutes les ouvertures des tentes faisant face au temple ; (d) une tour spéciale est
érigée, (e) du haut de laquelle le roi s'adresse au peuple, (f) lui dévoilant « les
mystères » (le vrai souverain est Dieu, etc.) ; (g) tous acceptent l'alliance dans une
grande acclamation ; (h) c'est l'anniversaire universel, tous naissent de nouveau ; (i)
ils reçoivent un nouveau nom, sont dûment scellés et enregistrés dans un recensement
national ; (j) il y a une musique chorale émouvante (cf. Mos. 2:28 ; 5:2-5), (k) ils
festoient par familles (cf. Mos. 2:5) et rentrent chez eux (CWHN 6:205-310). Ce schéma
nest reconnu que depuis les années 1930.
6. Les indications littéraires des liens entre le Vieux Monde et le Livre de Mormon sont
centrées sur les influences égyptiennes, ce qui nécessite un traitement spécial. Le
colophon d'ouverture de l'autobiographie de Néphi dans le Livre de Mormon est
caractéristique : « Moi Néphi
je les fais de ma propre main » (1 Né. 1:1, 3).
Les caractères de lécrit originel du Livre de Mormon ressemblent très fort au
méroïtique, « un égyptien reformé » utilisé par une colonie égyptienne établie à
la même période dans le cours supérieur du Nil (voir la Transcription Anthon ; langue
du Livre de Mormon). Parmi les noms propres du Livre de Mormon il y a Ammon (le nom le
plus commun tant dans lÉgypte de la XXVIe Dynastie [664-525 av. J.-C.] que dans le
Livre de Mormon) ; Alma, dont on sest longtemps moqué pour son utilisation comme
nom d'homme (que lon trouve maintenant dans les lettres de Bar Kochba dans
lexpression « Alma, fils de Juda ») ; Aha, général néphite (cf.
légyptien aha, « guerrier ») ; Paankhi (nom royal important de la période
égyptienne récente [525-332 av. J.-C.]) ; Hermounts, région de bêtes sauvages (cf.
légyptien Hermonthis, dieu des lieux sauvages) ; Laman et Lémuel, « noms jumeaux
» généralement donnés aux fils aînés (cf. Qabil et Habil, Harout et Marout) ; Léhi,
nom propre (trouvé sur un tesson de poterie antique à Ebion Guézer vers 1938) ; Manti,
forme du dieu égyptien Month ; Korihor (cf. légyptien Herhor, Horihor) ; et
Giddianhi (cf. légyptien Djhwti-ankhi, « Thoth est ma vie »), etc. (CWNH 5:25-34
; 6:281-292 ; 7:149-152, 168-172 ; 8:281-282 ; voir Livre de Mormon Noms).
7. L'authenticité des Plaques d'or sur lesquelles le Livre de Mormon était gravé a
souvent été mise en doute jusqu'à la découverte des plaques de Darius en 1938. Depuis
lors, on a trouvé beaucoup d'autres exemples d'écrits sacrés et historiques sur des
plaques métalliques (C. Wright dans By Study and Also by Faith, 2:273-334, dir. de publ.
J. Lundquist et S. Ricks, Salt Lake City, 1990). Les plaques dairain (de bronze)
rappellent le rouleau de cuivre des manuscrits de la mer Morte, le métal étant employé
pour préserver les informations particulièrement précieuses, à savoir les cachettes
des trésors manuscrits, argent, ustensiles sacrés cachés à l'ennemi. Il
est commandé aux Néphites : « [ils] cacheront leurs trésors lorsquils fuiront
devant leurs ennemis » mais si ces trésors sont employés par la suite à des fins
privées, « parce qu'ils ne les cacheront pas pour [Dieu], maudits soient-ils et aussi
leurs trésors » (Hél. 13:19-20 ; CWHN 5:105-107 ; 6:21-28 : 7:56-57, 220-221, 272-274).
8. Contrairement aux autres cultures du livre, les Jarédites conservent les techniques
guerrières des steppes de l'Asie sur « ce pays du nord » (Ét. 1, 3-6). Originaires du
centre de dispersion bien connu des grandes migrations dAsie occidentale, ils ont
accepté tous les volontaires pour une migration massive (Ét. 1:41-42). Parcourant l'Asie
centrale, ils traversent les mers peu profondes dans des barques (Ét. 2:5-6). Ces grandes
mers intérieures étaient ce qui restait de la dernière période glaciaire (CWHN
5:183-185, 194-196). Arrivés à la « grande mer » (probablement le Pacifique), ils
construisent des bateaux munis de ponts fermés et dextrémités pointues, « comme
l'arche de Noé » (Ét. 6:7), ressemblant fort aux « magours » préhistoriques de la
Mésopotamie. Les huit bateaux sont éclairés par des pierres lumineuses, comme
létait l'arche de Noé selon le Talmud palestinien, les pierres mentionnées dans
le Talmud et ailleurs étant produites par un processus particulier décrit dans les
légendes antiques. Ces dispositions étaient nécessaires en raison du « vent
furieux
[qui] ne cessa jamais de souffler » (Ét. 6:5, 8). À ce propos, il y a
beaucoup de récits anciens sur le « Déluge de vent » des vents terribles et
soutenus pendant tout un temps qui suivirent le Déluge et détruisirent la Tour
(CWHN 5:359-379 ; 6:329-334 ; 7:208-210).
9. La société du livre d'Éther est celle « du milieu épique » ou de « l'âge
héroïque », un produit du bouleversement du monde et des migrations forcées (cf.
descriptions dans H. M. Chadwick, The Growth of Literature, 3 vols., Cambridge,
1932-1940). Sur les plaines illimitées, la fidélité doit être garantie par des
serments, qui sont violés parce que les individus recherchent toujours plus de puissance
et de gain. Les fils ou les frères des rois se rebellent pour former de nouvelles armées
et de nouveaux empires, assignant parfois le roi et sa famille à résidence à vie, tout
en « détournant » des partisans à coups de cadeaux et de terres à la manière
féodale. La splendeur royale sédifie sur le travail effectué en prison ; il y a
des complots et des contre complots, des querelles et des vendettas. La guerre se joue
comme un jeu d'échecs, avec des moments et des endroits fixés pour la bataille et des
défis à coups de trompette et de messagers, le tout aboutissant au duel personnel des
souverains, le gagnant semparant de tout. Cela conduit à des guerres
d'extermination et à une désintégration sociale totale, « chacun avec sa bande
combattant pour ce qu'il désirait » (Ét. 7-15 ; CWHN 5:231-237, 285-307).
10. Des éléments du matriarcat archaïque sont apportés du Vieux Monde par les peuples
du Livre de Mormon (Ét. 8:9-10). Par exemple, une reine jarédite complote de mettre un
jeune successeur sur le trône par traîtrise ou un duel et puis le supplante par un
autre, tout en gardant les choses en main comme léternelle Grande Mère antique
dans une cour royale (cf. CWHN 5:210-213). La déesse-mère apparaît apparemment aussi
chez les Néphites dans un endroit de culte (Siron), où la prostituée Isabel et ses
disciples reçoivent la visite dune foule dadeptes (Al. 39:3-4, 11) ; Isabel
était le nom de la grande hiérodule des Phéniciens (CWHN 8:542).
Livre de Mormon Études
Auteur : Ricks, Stephen D.
Depuis la
publication du Livre de Mormon en 1830, on a publié un nombre considérable
décrits qui lanalysent, le défendent et l'attaquent. Les études de ce
document complexe ont abordé la question de diverses manières, parce que le livre
lui-même invite à un approfondissement minutieux et récompense les recherches patientes
et réfléchies.
Pour la plupart des saints des derniers jours le but premier de l'étude des Écritures
n'est pas de se prouver à eux-mêmes la véracité des documents scripturaires ils
les acceptent déjà mais dacquérir de la sagesse et la compréhension des
enseignements de ces Écritures sacrées et dappliquer à la vie quotidienne les
principes de l'Évangile quils y ont appris. Cependant, à cause de lorigine
du Livre de Mormon, beaucoup de gens ont également exploré les composants secondaires de
ce document : son vocabulaire, son style, les faits quil avance, ses thèmes
principaux et ses nuances subtiles.
Les recherches dans le Livre de Mormon ont généralement suivi les mêmes formes que la
recherche biblique. Dans les deux domaines, les écrits vont des textes narratifs aux
commentaires doctrinaux, historiques, géographiques, textuels, littéraires et
comparatifs. Mais il y a également plusieurs différences marquées. Par exemple, à la
différence des auteurs de la Bible, les prophètes, les compilateurs et les abréviateurs
du Livre de Mormon donnent souvent de manière explicite les dates auxquelles ils ont
travaillé, les buts de leurs écrits et les sources dans lesquelles ils ont puisé,
clarifiant ainsi beaucoup de questions relatives à la rédaction et à
linterprétation ; en outre, les études scientifiques et archéologiques du Livre
de Mormon sont plus limitées que dans la recherche biblique parce que le texte le plus
ancien qui existe est la traduction anglaise de 1829 faite par Joseph Smith et que
lemplacement exact des concentrations de population du Livre de Mormon est inconnu.
Néanmoins, un grand nombre d'analyses internes et comparatives a été fait. Les travaux
les plus notables sont ceux des personnes suivantes.
ALEXANDER CAMPBELL. Fondateur des Disciples du Christ et collègue de Sidney Rigdon avant
que celui-ci ne se convertisse au mormonisme, Alexander Campbell (1788-1866) a rédigé
une réponse au Livre de Mormon qu'il a publiée le 7 février 1831 dans son périodique
le Millennial Harbinger (réimprimé sous forme dune brochure intitulée Delusions).
Il y conteste l'idée que le Livre de Mormon ait été écrit par des prophètes antiques
multiples et attaque la personnalité de Joseph Smith. Pour lui, le livre est
luvre du seul Joseph Smith, écrit uniquement par lui et « certainement
conçu dans un seul crâne » (p. 13). Il affirme que le livre représente simplement les
réflexions de Joseph Smith sur les polémiques sociales, politiques et religieuses de son
temps : « le baptême des petits enfants, lordination, la Trinité, la
régénération, le repentir, la justification, la chute de l'homme, l'Expiation, la
transsubstantiation, le jeûne, le châtiment, le gouvernement de l'Église,
lexpérience religieuse, l'appel au ministère, la résurrection générale, le
châtiment éternel, qui peut baptiser et même la question de la franc-maçonnerie, le
gouvernement républicain et les droits de l'homme » (p. 13). Il affirme aussi que le
Livre de Mormon se méprend sur lhistoire israélite et juive (du fait quil
décrit les Néphites comme étant chrétiens des centaines d'années avant la naissance
du Christ) et quil est écrit dans une grammaire anglaise épouvantable. Il qualifie
Joseph Smith de « filou ignorant et effronté » (p. 11 ; voir aussi Publications
antimormones). Delusions est important parmi les études du Livre de Mormon parce
quà bien des égards il détermine le programme de la plupart des détracteurs
ultérieurs du Livre de Mormon (par exemple, que le livre découle de, ou correspond à
diverses tendances existant au début du dix-neuvième siècle dans le nord de
létat de New York). Plus tard, cependant, Campbell changera dattitude et
adoptera la théorie Spaulding-Rigdon, selon laquelle Sidney Rigdon aurait volé un
exemplaire d'un manuscrit écrit par Solomon Spaulding, en aurait élaboré ce qui allait
devenir le Livre de Mormon, qu'il transmit à Joseph Smith vers la fin des années 1820,
prétendant plus tard avoir rencontré Joseph pour la première fois en 1830 (voir
Manuscrit Spaulding).
ORSON PRATT. Dans Divine Authenticity of the Book of Mormon (1850-1851), une série de six
brochures, Orson Pratt (1811-1881), membre du Collège des douze apôtres, rassemble les
idées des premiers saints des derniers jours sur le Livre de Mormon. Il argumente, pour
des raisons logiques, en faveur de l'authenticité divine du Livre de Mormon, affronte les
critiques quon en fait et présente les éléments en faveur de sa véracité en
sappuyant fortement sur les preuves bibliques et historiques. Il ne traite pas
directement du contenu du Livre de Mormon, mais des idées des autres églises qui les
empêchent daccepter ou même dexaminer sérieusement le Livre de Mormon.
Les trois premières brochures traitent de la nature de la révélation, avançant des
arguments étayant laffirmation de Pratt que la communication continue de la part de
Dieu est nécessaire et scripturaire. Les trois dernières brochures signalent les
nombreux témoins qui ont reçu des visions célestes confirmant les affirmations de
Joseph Smith (voir Livre de Mormon Témoins) et déclarent que la divinité du
Livre de Mormon est confirmée par les nombreux miracles, semblables à ceux que lon
trouve dans la Bible, vécus par les saints des derniers jours. Enfin, il fait appel aux
éléments prophétiques en faveur du Livre de Mormon, tirés de Daniel et d'Ésaïe. Dans
un discours prononcé en 1872, Pratt propose une géographie pour le Livre de Mormon qui a
considérablement influencé la pensée des saints (voir Livre de Mormon
Géographie).
GEORGE REYNOLDS ET JANNE M. SJODAHL. Pendant le dix-neuvième siècle, la plupart des
défenses du Livre de Mormon et des attaques contre lui ont été basées principalement
sur la raison, sur lexamen de lenvironnement contemporain du livre ou sur la
Bible. Mais George Reynolds (1842-1909) et Janne M. Sjodahl (1853-1939), dans leur
Commentary on the Book of Mormon en sept volumes (réédité 1955-1961), ont étudié la
plausibilité des affirmations du Livre de Mormon en examinant des éléments de preuve
externes à caractère historique, culturel, linguistique ou religieux du Vieux Monde et
du Nouveau. Bien que leurs exemples et leurs explications soient souvent insuffisamment
documentés et soient parfois erronés, cet ouvrage a été le premier grand effort fait
pour étudier les contextes culturels et historiques du Livre de Mormon (c.-à-d., pour
placer le livre dans un contexte historique en faisant intervenir la documentation
correspondante en provenance du monde antique).
Alors que dans The Story of the Book of Mormon, un précédent ouvrage, Reynolds
sétait montré daccord avec Orson Pratt sur la géographie du Livre de
Mormon, dans leur Commentary,Sjodahl et lui donnent peu de place à la géographie et
sintéressent surtout à élaborer une carte, ayant une cohérence interne, de tous
les emplacements du Livre de Mormon, sans essayer de les faire correspondre à des
emplacements modernes (Reynolds, pp. 19, 49, 301-330 ; Reynolds et Sjodahl, vol. 1, pp.
Ix-xi). Reynolds sera par la suite lauteur de près de trois cents articles et de
plusieurs ouvrages de référence sur le Livre de Mormon. Sjodahl publiera An Introduction
to the Study of the Book of Mormon comportant une grande variété de théories
culturelles et linguistiques.
B. H. ROBERTS. Parmi les auteurs mormons les plus influents de son temps, B. H. Roberts
(1857-1933) a beaucoup écrit sur toutes sortes de sujets relatifs à lÉglise, dont
le Livre de Mormon. Comme Reynolds et Sjodahl, il sintéresse non seulement aux
implications théologiques du Livre de Mormon mais également à son cadre historique,
géographique et culturel (1909, vol. 2, pp. 143-144, 162, 347-458 ; Vol. 3, pp. 3-92).
Roberts n'avait pas peur de poser des questions difficiles et parfois sans réponse
pour lui au sujet du Livre de Mormon, mais il affirmera jusquà la fin de sa
vie sa foi au livre (1985, pp. 61-148 ; J. Welch, Ensign 16, mars 1986, pp. 58-62).
FRANCIS KIRKHAM. Dans son étude en deux volumes A New Witness for Christ in America
(1942), Francis Kirkham (1877-1972) examine les faits historiques des années 1820
concernant la parution du Livre de Mormon. Il montre que les témoignages de Joseph Smith
et de ses amis sont cohérents et fidèles à eux-mêmes, alors que ceux de ses ennemis
sont fréquemment contradictoires et incohérents. Il étaie soigneusement sa
démonstration que les autres explications de l'origine du Livre de Mormon ont parfois
changé ou ont été abandonnées. Tout en favorisant la conception traditionnelle de
lorigine du Livre de Mormon, il permet à tout le monde de sexprimer, avec peu
de commentaires. Il présente généreusement les documents primaires, publiés ou non,
provenant des bibliothèques et des archives de partout aux États-Unis.
Lutilisation quil a faite du plus grand éventail de sources primaires
existantes a créé une nouvelle façon de travailler dans l'étude des origines du Livre
de Mormon.
Le deuxième tome de A New Witness for Christ in America de Kirkham (1951) examine les
autres explications de lorigine du Livre de Mormon. Concernant l'affirmation que
Joseph Smith a écrit le livre lui-même, il présente les déclarations de personnes qui
connaissaient bien Joseph, avec des points de vue représentant les deux côtés de la
question de savoir s'il était capable d'écrire un tel livre. Il avance aussi
dabondants arguments pour montrer que l'hypothèse Spaulding est bourrée de
problèmes. La théorie ne fournit que les éléments les plus indirects et les plus
douteux concernant le vol du manuscrit par Rigdon et son transfert à Joseph Smith à
linsu de tous. Bien que, ces quelques dernières décennies la théorie Spaulding ne
soit plus retenue comme explication du Livre de Mormon, on la ressort encore de temps en
temps.
HUGH W. NIBLEY. Dans son grand nombre décrits sur le Livre de Mormon, rédigés sur
une période dune quarantaine dannées, Hugh W. Nibley (1910-2005) a adopté
plusieurs méthodes, principalement la mise en contexte historique sur la base des
affirmations internes du Livre de Mormon considéré comme annales dun peuple venu
du Proche-Orient antique, mais examinant aussi l'authenticité du livre sur la base des
données internes uniquement et voyant dans l'effondrement fatal de grandes civilisations
un avertissement menaçant pour les hommes daujourd'hui.
Dans Léhi dans le Désert (1949-1952), après avoir passé en revue les critères du
grand archéologue américain William F. Albright pour déterminer la plausibilité
historique des récits antiques, Nibley pose ces questions sur l'histoire de Léhi : «
Reflète-t-elle correctement lhorizon culturel et les idées et les pratiques
religieuses et sociales de lépoque ? A-t-elle un cadre historique et
géographique authentique? La mise en scène est-elle mythique, tout à fait imaginaire ou
improbable par son extravagance? Sa couleur locale est-elle correcte et ses noms propres
sont-ils convaincants? » (CWHN 5:4). La façon correcte daborder le Livre de
Mormon, selon Nibley, est simplement de donner au livre le bénéfice du doute, lui
accordant qu'il est ce quil prétend être (les annales antiques historiquement
authentiques d'un peuple provenant de l'Israël ancien) et examinant ensuite les données
internes du livre lui-même (les noms, les idées culturelles et religieuses) en les
comparant à ce que lon sait du Proche-Orient antique. Quand on fait ceci, il se
dégage une image qui correspond de manière saisissante à ce quon peut savoir du
Proche-Orient antique. La plupart des exemples de Nibley viennent des Arabes, des
Égyptiens et des Israélites.
Avec beaucoup d'esprit et d'érudition, Nibley argumente contre les autres explications du
Livre de Mormon. Par exemple, en traitant de la théorie environnementale de Thomas O'Dea
que le livre est de toute évidence un ouvrage américain, Nibley considère que les
sentiments américains qui sont censés imprégner luvre devraient être plus
précis et mieux ressortir (CWHN 8:185-86). À laide de parades habiles et dans un
style vigoureux, Nibley va de lavant dans ses études sur le Livre de Mormon,
tantôt défendant certains points du livre, tantôt passant à l'offensive contre ceux
qui l'attaquent, enrichissant toujours la compréhension qua le lecteur de son
cadre. En tant qu'enseignant, conférencier et auteur, Nibley a exercé une très grande
influence sur les études faites plus tard sur le Livre de Mormon.
JOHN L. SORENSON. John L. Sorenson (1924-) examine le texte du Livre de Mormon en
consacrant son attention à la Méso-Amérique pour mieux comprendre le cadre
géographique, anthropologique et culturel des peuples du livre. Il analyse soigneusement
les données méso-américaines, en particulier la géographie, les conditions
climatiques, le mode de vie et la guerre, ainsi que les restes archéologiques dans Un
environnement pour le Livre de Mormon dans lAmérique ancienne, afin de créer une
matrice plausible et cohérente pour la compréhension du livre. En ce qui concerne la
géographie du Livre de Mormon, Sorenson conclut que les événements rapportés dans le
Livre de Mormon se sont produits dans une région assez restreinte du sud du Mexique et du
Guatemala : Létroite bande de terre est listhme de Tehuantepec. La mer de
lest est le Golfe du Mexique ou son composant, le Golfe de Campeche. La mer de
louest est locéan Pacifique à louest du Mexique et du Guatemala. Le
pays situé du côté du sud comprend la partie du Mexique située à lest et au sud
de listhme de Tehuantepec
Le pays situé du côté du nord consiste pour une
partie du Mexique à louest et au nord de l'isthme de Tehuantepec
Le champ de
bataille final où les peuples jarédite et néphite ont péri se trouvait autour des
monts Tuxtla dans la partie centrale et méridionale de Veracruz [pp. 46-47].
Un environnement pour le Livre de Mormon dans lAmérique ancienne a placé l'étude
du cadre américain antique du Livre de Mormon sur un niveau scientifique comme aucun des
ouvrages qui lont précédé (voir Livre de Mormon Géographie).
ORIENTATIONS ACTUELLES DES ÉTUDES SUR LE LIVRE DE MORMON. Une grande partie du travail
spécialisé sur le Livre de Mormon a été consacrée à une compréhension plus
complète de sa richesse théologique ou sest occupée de mettre en pratique le
principe énoncé par le livre d « appliqu[er] toutes les Écritures à nous » (1
Né. 19:23). Certaines des publications récentes du Religious Studies Center à
luniversité Brigham Young se sont concentrées sur divers aspects théologiques du
Livre de Mormon et sur la recherche dapplications du livre à la vie (par exemple,
les essais de divers auteurs dans Cheesman, dans McConkie et Millet, et dans Nyman et
Tate).
Sous limpulsion de Nibley, de Sorenson et d'autres, plusieurs études récentes sur
le livre se sont occupées daméliorer la compréhension de ses racines dans le
Vieux Monde et dans son cadre américain. Les recherches et les publications de la
Fondation pour les Recherches dans lAntiquité et les Études mormones (F.A.R.M.S.),
de la Société pour l'archéologie historique ancienne (SEHA) et de l'Institut de
Recherche archéologique se sont tout particulièrement concentrées sur le contexte
historique et géographique du Livre de Mormon.
Dans certains cercles, lun des grands points focaux de létude actuelle du
Livre de Mormon est son historicité. Alors que, par le passé, les positions vis-à-vis
du Livre de Mormon se répartissaient en gros entre ceux qui l'acceptaient comme un
document antique historiquement authentique et inspiré et ceux qui le rejetaient à ces
deux points de vue, plusieurs angles dapproche différents sont apparus.
Selon lun des points de vue, une position qui existait déjà avant sa publication,
le Livre de Mormon est une invention délibérée de Joseph Smith. Les tenants de cette
thèse ne voient aucune inspiration dans le livre ni aucune valeur historique, tout en
voulant bien lui accorder une certaine valeur religieuse en tant quénoncé des
sentiments religieux de Joseph Smith. La philosophie qui sous-tend cette conception peut
être le rejet doctrinaire de toute intervention divine dans les affaires des hommes ou le
rejet spécifique des affirmations de Joseph Smith concernant ses expériences avec le
divin. Ceux qui entretiennent ce point de vue peuvent accepter soit la théorie Spaulding,
soit, plus communément, diverses explications environnementales du contenu du livre (voir
View of the Hebrews). Une explication environnementaliste qui a suscité, il y a quelque
temps, un certain intérêt tant parmi les croyants que les non-croyants est basée sur la
soi-disant « conception magique du monde » qui aurait imprégné l'environnement dans
lequel Joseph Smith a grandi. Cependant, ce point de vue a été fortement critiqué et
na pas rencontré un grand succès.
Une autre conception du Livre de Mormon accepte son inspiration mais rejette son
authenticité historique, le considérant comme inspiré dans un certain sens mais pas
comme un produit de l'Antiquité et venant plutôt de la plume de Joseph Smith.
Une troisième vision des choses accepte des parties du Livre de Mormon comme antiques,
mais voit dans d'autres parties du livre des expansions inspirées sur le texte. Cette
conception a souffert du fait que concéder quune partie quelconque du livre est
authentiquement antique (et au-delà de la capacité de Joseph Smith dy parvenir par
la recherche), cest reconnaître que le Livre de Mormon est ce quil prétend
être et ce qui est traditionnellement affirmé à son sujet, à savoir qu'il est antique.
Sil est vrai que ces idées ont été formulées par certains membres de la
communauté mormone, la majorité des saints des derniers jours qui étudient le Livre de
Mormon acceptent la conception traditionnelle de son authenticité divine et l'étudient
à la fois comme document antique et comme un traité pour lépoque moderne, ce qui
fortifie leur appréciation pour le livre et le profit quils en retirent.
Bibliography
On trouvera des bibliographies dans les numéros annuels de la Review of Books on the Book
of Mormon et John W. Welch, Gary P. Gillum et DeeAnn Hofer, Comprehensive Bibliography of
the Book of Mormon, F.A.R.M.S. Report, Provo, Utah, 1982. Pour les essais sur Pratt,
Reynolds, Roberts, Kirkham, Sperry et Nibley, voir les articles dans lEnsign,
1984-1986.
Bush, Lester E., Jr. "The Spalding Theory Then and Now", Dialogue 10, Automne
1977, pp. 40-69.
Cheesman, Paul R. , dir. De publ. The Book of Mormon: The Keystone Scripture. Provo, Utah,
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Clark, John. "A Key for Evaluating Nephite Geographies" (critique de F. Richard
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Nibley, Hugh. Lehi in the Desert/The World of the Jaredites/There Were Jaredites; An
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Nyman, Monte S. et Charles D. Tate, dir. de publ. The Book of Mormon: First Nephi, The
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Reynolds, Noel B., dir. de pub. Book of Mormon Authorship: New Light on Ancient Origins.
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Sjodahl, Janne M. An Introduction to the Study of the Book of Mormon. Salt Lake City,
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Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968.
STEPHEN D. RICKS
Livre de Mormon Géographie
Auteur : Clark, John E.
Bien que
le Livre de Mormon soit principalement un document religieux des Néphites, des Lamanites
et des Jarédites, on trouve assez de détails géographiques dans le récit pour
permettre la reconstitution dau moins une géographie rudimentaire des pays du Livre
de Mormon. Dans le sens technique du terme « géographie » (par exemple, physique,
économique, culturelle ou politique), aucune géographie du Livre de Mormon n'a encore
été écrite. La plupart des saints des derniers jours qui écrivent des géographies ont
à l'esprit lune des deux activités suivantes ou les deux : premièrement, la
reconstitution interne de la taille et de la configuration relatives des pays du Livre de
Mormon sur la base des affirmations ou des allusions du texte ; deuxièmement, des
tentatives de faire correspondre la géographie interne à un endroit dAmérique du
Nord ou du Sud. Nous traitons ici de trois questions concernant la géographie du Livre de
Mormon : (1) Comment peut-on reconstituer une géographie du Livre de Mormon ? (2) À quoi
la géographie du Livre de Mormon ressemble-t-elle ? (3) Quels endroits hypothétiques
a-t-on proposés pour les pays du Livre de Mormon ?
RECONSTITUTION DE LA GÉOGRAPHIE INTERNE DU LIVRE DE MORMON. Bien que les dirigeants de
lÉglise prennent officiellement et uniformément leurs distances par rapport aux
questions relatives à la géographie du Livre de Mormon pour concentrer l'attention sur
le message spirituel du livre, les supputations privées et les recherches spécialisées
dans ce domaine ont été abondantes. En se basant sur les indices fournis par le texte,
amateurs et savants ont formulé plus de soixante géographies possibles. Les désaccords
entre eux proviennent de différences dans (1) l'interprétation des passages
scripturaires et des déclarations des Autorités générales ; (2) de la manière de
procéder pour harmoniser les renseignements donnés par les Écritures ; (3) les
hypothèses de départ concernant le texte et l'identification traditionnelle dans
lÉglise de certains lieux mentionnés (particulièrement la colline Cumorah et «
létroite bande de terre » qui jouent un rôle important dans le texte) ; et (4)
les préférences personnelles et la formation professionnelle.
Ceux qui croient que la reconstitution d'une géographie du Livre de Mormon est possible
doivent d'abord régler les problèmes habituels d'interprétation des textes historiques.
Il faut attribuer un poids différent à divers passages en fonction de la quantité et de
la précision des renseignements fournis. Beaucoup de villes du Livre de Mormon ne peuvent
pas être situées parce que lon ne dispose pas de renseignements suffisants ; cela
vaut particulièrement pour les villes lamanites et jarédites. Le Livre de Mormon est
essentiellement un document néphite et la plupart des éléments géographiques
mentionnés sont en territoire néphite.
Sur la base des données fournies par le texte, on peut localiser approximativement les
unes par rapport aux autres diverses caractéristiques naturelles et certaines villes. Les
distances dans le Livre de Mormon sont données en termes du temps requis pour voyager
d'un endroit à l'autre. Les meilleurs renseignements pour reconstituer la géographie
interne viennent des récits des guerres entre Néphites et Lamanites pendant le premier
siècle av. J.-C., avec des données plus limitées provenant des voyages missionnaires
néphites. Les distances parcourues peuvent être évaluées dans une certaine mesure en
tenant compte, là où cest possible, de la nature du terrain (par exemple,
montagnes plutôt que plaines) et de la vitesse relative (par exemple, la marche d'une
armée par rapport à un déplacement avec des enfants ou des animaux). La géographie
interne élémentaire présentée ci-dessous est basée sur une interprétation des
distances évaluées de cette façon et de directions basées sur le texte.
GÉOGRAPHIE INTERNE DU LIVRE DE MORMON. De nombreuses tentatives ont été faites pour
créer des plans représentant les géographies physiques et politiques décrites dans le
texte, mais ceci exige beaucoup dhypothèses supplémentaires et est difficile à
faire sans donner limpression que les localisations sont précises alors
quelles sont en réalité approximatives (Sorenson, 1991). La description
présentée ci-dessous de la taille et de la configuration des pays du Livre de Mormon et
de lemplacement des concentrations de population résume les données les moins
ambiguës.
Les pays du Livre de Mormon étaient plus longs du nord au sud que d'est en ouest. Ils se
composaient de deux entités territoriales reliées par un isthme (« une étroite bande
de terre ») flanqué d'une « mer de lest » et d'une « mer de louest »
(Al. 22:27, 32). Le pays situé au nord de létroite bande de terre était appelé
« le pays situé du côté du nord » et celui du sud « le pays situé du côté du sud
» (Al. 22:32). Le récit jarédite se situe entièrement dans le pays situé du côté du
nord (Om. 1:22 ; Ét. 10:21), mais nous navons pas suffisamment de détails pour
situer leurs villes les unes par rapport aux autres. Dautre part, la majeure partie
du récit néphite sest déroulée dans le pays situé du côté du sud. Les récits
de voyage dans le pays situé du côté du sud indiquent que les Néphites et les
Lamanites occupaient une région quil était possible de parcourir du nord au sud
lors dun voyage normal en une trentaine de jours.
Le pays situé du côté du sud était divisé par « une bande étroite de désert » qui
allait de la « mer de lest » à la « mer de louest » (Al. 22:27). Les
Néphites occupaient le territoire au nord de ce désert et les Lamanites, celui du sud.
Sidon, le seul cours deau dont le nom soit donné, coulait vers le nord entre les
déserts de lest et de louest et prenait sa source dans la bande étroite de
désert (Al. 22:29). Le Sidon se déversait probablement dans la mer de l'est si lon
se base sur la description du désert de lest comme étant une zone côtière
plutôt large, mais son embouchure nest indiquée nulle part.
On peut déduire du texte lemplacement de quelques villes néphites importantes.
Zarahemla était la capitale néphite au premier siècle av. J.-C. La partie du pays
situé du côté du sud occupée par les Néphites était appelée « le pays de Zarahemla
» (Hél. 1:18). La ville de Néphi, la colonie néphite originelle, avait entre-temps
été occupée par les Lamanites et était parfois lune de leurs capitales pour le
pays situé au sud de létroit désert qui servait de séparation (Al. 47:20). Si
lon se base sur le récit de migration d'Alma 1, la distance entre les villes de
Zarahemla et de Néphi peut être estimée à environ vingt-deux jours de voyage pour un
groupe comprenant des enfants et des troupeaux, la plupart du temps par terrain montagneux
(cf. Mos. 23:3 ; 24:20, 25).
La distance de Zarahemla à la bande étroite était probablement inférieure à celle
séparant Zarahemla et Néphi. La concentration de population principale près de
létroite bande de terre était la ville dAbondance, située près de la mer
de lest (Al. 52:17-23). Cette ville située dans les terres basses était le verrou
qui commandait l'accès au pays situé du côté du nord en venant du côté de la mer de
lest.
L'emplacement relatif de la colline Cumorah est très ténu du fait que le temps de voyage
dAbondance, ou de létroite bande de terre, jusquà Cumorah nest
indiqué nulle part. Cumorah était près de la mer de lest dans le pays situé du
côté du nord et les indications limitées dont nous disposons donnent à penser
quelle nétait probablement pas à beaucoup de jours de voyage de
létroite bande de terre (Mos. 8:8 ; Ét. 9:3). Il est également probable que la
partie du pays situé du côté du nord occupée par les Jarédites était plus petite que
le pays néphite-lamanite au sud.
Les pays du Livre de Mormon comportaient des déserts montagneux, des plaines côtières,
des vallées, un grand fleuve, un lac de montagne et des marécages dans les terres
basses. La région connaissait apparemment aussi des éruptions volcaniques et des
tremblements de terre occasionnels (3 Né. 8:5-18). Culturellement, le Livre de Mormon
décrit un peuple urbanisé et agricole connaissant la métallurgie (Hél. 6:11),
lécriture (1 Né. 1:1-3), des calendriers, lunaires et solaires (2 Né. 5:28 ; Om.
1:21), des animaux domestiques (2 Né. 5:11), divers grains (1 Né. 8:1), lor,
largent, les perles et « des vêtements somptueux » (Al. 1:29 ; 4 Né. 1:24). Sur
la base de ces critères, beaucoup de savants considèrent actuellement le nord de
l'Amérique Centrale et le sud du Mexique (la Mésoamérique) comme lendroit le plus
susceptible dêtre les pays du Livre de Mormon. Cependant, ce point de vue est
privé et ne représente pas la position officielle de l'Église.
LOCALISATION PRÉSUMÉE DES PAYS DU LIVRE DE MORMON. Deux questions valent dêtre
étudiées en ce qui concerne les correspondances externes possibles de la géographie du
Livre de Mormon. Quelle est la position officielle de l'Église et que pensent
généralement ses membres ?
Au début de l'histoire de lÉglise, l'opinion la plus courante parmi les membres et
les dirigeants de lÉglise était que les pays du Livre de Mormon englobaient toute
lAmérique du Nord et du Sud, bien que certains aient entretenu pendant un certain
temps une autre conception plus limitée. La position officielle de l'Église est que les
événements relatés dans le Livre de Mormon se sont produits quelque part en Amérique,
mais que l'endroit spécifique n'a pas été révélé. Cette position s'applique aux
géographies internes et aux correspondances externes. Aucune géographie interne n'a
encore été proposée ou approuvée par l'Église et aucune des géographies internes ou
externes proposées par différents membres (y compris celle proposée ci-dessus) n'a
reçu l'approbation. Les efforts faits par les membres dans cette direction ne sont ni
encouragés ni découragés. Pour employer les termes de John A. Widtsoe, un apôtre : «
Toutes les études de ce genre sont légitimes, mais les conclusions qui en sont tirées,
bien qu'elles puissent être correctes, doivent être considérées tout au plus comme des
conjectures intelligentes » (vol. 3, p. 93).
Trois déclarations parfois attribuées au prophète Joseph Smith sont souvent citées
comme preuve d'une position officielle de lÉglise. Une déclaration de 1836 affirme
que « Léhi et son groupe
ont débarqué sur le continent de l'Amérique du Sud, au
Chili, à trente degrés de latitude sud » (Richards, Little, p. 272). Ce point de vue
était accepté par Orson Pratt et a été imprimé dans les notes de bas de page de
l'édition de 1879 du Livre de Mormon, mais il ny a pas de preuves suffisantes pour
l'attribuer formellement à Joseph Smith (« Did Lehi Land in Chili ? »; cf. Roberts,
vol. 3, pp. 501-503, et Widtsoe, vol. 3, pp. 93-98).
En 1842, un éditorial dans le journal de lÉglise affirmait que « Léhi
a
débarqué un peu au sud de l'isthme de Darien [Panama] » (T&S 3 [15 septembre 1842],
pp. 921-922). Ceci déplacerait l'emplacement du débarquement de Léhi denviron
5.000 kilomètres au nord de celui proposé au Chili. À ce moment-là, cétait
Joseph Smith qui avait la responsabilité de la rédaction du périodique, mais on ne sait
pas si cest lui qui est à lorigine de cette déclaration ni même si elle
représente son opinion. Deux semaines plus tard, un autre éditorial paraissait dans le
Times and Seasons, qui constituait en fait une critique du livre Incidents of Travel in
Central America, Chiapas and Yucatan, de John Lloyd Stephens. C'était le premier livre
accessible en anglais contenant des descriptions et des dessins détaillés des ruines
maya antiques. Des extraits en furent reproduits dans le Times and Seasons avec le
commentaire que « ce ne serait pas une mauvaise idée de comparer les villes ruinées de
M. Stephens à celles du Livre de Mormon : la lumière sattache à la lumière et
les faits sont étayés par les faits. La vérité ne nuit à personne » (T&S 3 [1er
oct. 1842], p. 927).
Dans les déclarations faites depuis lors, les dirigeants de lÉglise ont
généralement refusé de donner un avis quelconque sur les questions de géographie du
Livre de Mormon. Quand on lui a demandé dexaminer une carte montrant le lieu de
débarquement supposé du groupe de Léhi, le président Joseph F. Smith a déclaré que
le « Seigneur ne l'avait pas encore révélé » (Cannon, p. 160 n.). En 1929, Anthony W.
Ivins, conseiller dans la Première Présidence, a ajouté : « On na encore jamais
rien proposé qui règle de manière définitive cette question [de la géographie du
Livre de Mormon]
Nous attendons simplement de découvrir la vérité » (CR, avr.
1929, p. 16). Bien que lÉglise n'ait pas pris de position officielle en ce qui
concerne la localisation des lieux géographiques, les autorités ne découragent pas les
efforts privés de traiter le sujet (Cannon).
L'éditorialiste non identifié du Times and Seasons semble avoir favorisé l'Amérique
Centrale moderne comme cadre des événements du Livre de Mormon. Comme nous lavons
dit, les géographies récentes de certains membres de lÉglise sont en faveur de
cette identification, mais d'autres considèrent que cest le nord de lÉtat de
New York ou l'Amérique du Sud qui sont le cadre correct. La diversité des avis reste
considérable parmi des membres de lÉglise concernant la géographie du Livre de
Mormon ; cependant, la plupart de ceux qui ont étudié le problème conviennent que les
centaines de références géographiques du Livre de Mormon sont remarquablement
cohérentes, même si les spécialistes ne peuvent pas toujours se mettre daccord
sur des endroits précis.
Parmi les nombreuses géographies externes proposées pour le Livre de Mormon, aucune n'a
été confirmée positivement et sans équivoque par larchéologie. Chose plus
fondamentale, il n'y a aucun accord sur le point de savoir si pareille identification
incontestable est possible ou, si cétait le cas, quelle forme une « preuve »
devrait revêtir ; ce qui nest pas clair non plus, cest ce qui constituerait
une « falsification » ou une « réfutation » de diverses géographies proposées. Tant
que ces problèmes de méthodologie nauront pas été résolus, toutes les
géographies internes et externes, y compris leurs tests archéologiques supposés, ne
pourraient être considérés tout au plus que comme des conjectures intelligentes.
Bibliographie
Allen, Joseph L. Exploring the Lands of the Book of Mormon. Orem, Utah, 1989.
Cannon, George Q. "Book of Mormon Geography." Juvenile Instructor 25 (1er janv.
1890), pp. 18-19; reimpr., Instructor 73 (avr. 1938), pp. 159-160.
Clark, John E. "A Key for Evaluating Nephite Geographies." Review of Books on
the Book of Mormon 1 (1989), pp. 20-70.
Hauck, F. Richard. Deciphering the Geography of the Book of Mormon. Salt Lake City, 1988.
Palmer, David A. In Search of Cumorah: New Evidences for the Book of Mormon from Ancient
Mexico. Bountiful, Utah, 1981.
Richards, F., and J. Little, eds. Compendium of the Doctrines of the Gospel, éd. rév.
Salt Lake City, 1925.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, 3 vols. Salt Lake City, 1909.
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1985.
Sorenson, John L. A Hundred and Fifty Years of Book of Mormon Geographies: A History of
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1987.
Washburn, J. Nile. Book of Mormon Lands and Times. Salt Lake City, 1974.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, 3 vols. Salt Lake City, 1951.
JOHN E. CLARK
Livre de Mormon,
gouvernement et histoire juridique dans
Auteur : Reynolds, Noel B.
Étant
donné que le Livre de Mormon se concentre sur des thèmes religieux, les informations sur
les institutions politiques et juridiques napparaissent quen toile de fond par
rapport au récit religieux. Néanmoins, il est évident que plusieurs institutions
politiques caractérisaient les sociétés néphite, lamanite et jarédite.
Les Néphites furent gouvernés par des rois héréditaires de v. 550 à 91 av. J.-C.,
quand le gouvernement passa au règne des juges. Après la venue du Christ, deux siècles
de paix sous le gouvernement de son Église furent suivis de la désintégration de la
société en unités tribales et finalement de la destruction des Néphites.
Dès le commencement, le système juridique néphite fut basé sur la loi de Moïse telle
quelle était écrite dans les Écritures, telle quelle était probablement
pratiquée par Israël au septième siècle av. J.-C., et telle quelle fut modifiée
(légèrement) au cours des années jusqu'à lavènement de Jésus-Christ. Comme les
prophètes néphites lavaient longtemps prédit (2 Né. 25:24), Jésus accomplit la
loi de Moïse. Après son avènement, la loi néphite fut constituée des commandements du
Christ.
GOUVERNEMENT. Après avoir emmené sa famille et quelques autres hors de Jérusalem, Léhi
établit sa colonie sur le continent américain comme une branche d'Israël dans une
nouvelle terre promise, mais son organisation était instable en elle-même, parce
quelle semble n'avoir donné aucun principe clair pour résoudre les conflits
politiques. Les sept groupes de lignées créés à la mort de Léhi et mentionnés de
manière constante dans le Livre de Mormon étaient les Néphites, les Jacobites, les
Joséphites, les Zoramites, les Lamanites, les Lémuélites et les Ismaélites (Jcb. 1:13
; 4 Né. 1:36-38 ; Mrm. 1:8 ; Welch, 1989, p. 69). Quand ce système se révéla incapable
de maintenir la paix, Néphi 1 emmena les quatre premiers de ces groupes de familles, qui
croyaient aux révélations de Dieu, fonda une nouvelle ville et accepta le poste de roi
néphite par acclamation populaire. Les trois autres groupes élaborèrent par la suite un
système monarchique, avec un roi lamanite recevant le tribut d'autres rois vassaux
ismaélites, lamanites et lémuélites.
Cette scission originelle constitua le thème politique de base dune grande partie
de l'histoire néphite et lamanite. Laman et Lémuel étaient les fils aînés de Léhi,
et ils revendiquaient naturellement le droit de régner. Mais ce fut Néphi, un frère
cadet, qui fut choisi par le Seigneur pour être leur gouverneur et leur instructeur (1
Né. 2:22) et le récit fait par Néphi de ces débuts a été écrit en partie pour
justifier son appel comme gouverneur (Reynolds). Le conflit sur le droit de régner
continua, fournissant une grande partie de la base rhétorique pour les guerres
récurrentes entre les Lamanites et les Néphites des centaines d'années plus tard.
Cest probablement à cause de la controverse qua suscité
létablissement de la royauté néphite que son idéologie a été claire dès les
temps les plus reculés. Les rois néphites étaient acclamés par le peuple (2 Né.
5:18). Ils avaient un temple comme centre religieux (2 Né. 5:16) et veillaient à
conserver les symboles vénérables dune royauté divinement désignée
quétaient l'épée de Laban, le Liahona et les annales antiques (2 Né. 5:12-14 ;
cf. Ricks).
Seuls le premier roi néphite (Néphi 1) et les trois derniers rois (Mosiah 1, Benjamin et
Mosiah 2) sont appelés par leur nom dans le Livre de Mormon. Ces quatre rois
remplissaient les fonctions de chefs militaires et de prophètes et travaillaient en
collaboration étroite avec d'autres prophètes pour rappeler au peuple ses obligations
vis-à-vis de Dieu et les uns envers les autres. Par exemple, dans son discours final à
son peuple, le roi Benjamin fait rapport au peuple dune révélation de Dieu et lui
fait contracter l'alliance de prendre sur lui le nom du Christ et de garder les
commandements de Dieu et du roi.
Certains rois néphites étaient impies. Noé, roi d'un sous-groupe néphite (le peuple de
Zénif), exploita les faiblesses du système néphite, assurant son entretien et celui de
son conseil de prêtres corrompus dans une vie de débauche par les travaux du peuple. Les
doutes concernant linstitution de la royauté devinrent aigus quand
loppression exercée par Noé fut rapportée au groupe principal des Néphites. Le
roi Mosiah 2, quand ses fils refusèrent la monarchie, résolut la crise de succession en
proposant de remplacer la royauté par un système de juges inférieurs et supérieurs.
Cette forme de gouvernement fut acceptée par le peuple en 91 av. J.-C. (Mosiah 29) et
dura, malgré plusieurs crises et corruptions, pendant approximativement cent ans. Bien
que le poste de grand juge continuât à avoir la prééminence militaire et religieuse et
fût fréquemment passée de père en fils, il différait de la royauté en ce que les
juges supérieurs pouvaient être jugés par les juges inférieurs s'ils violaient la loi
ou opprimaient le peuple (Mosiah 29:29).
Alma 2 devint le premier grand juge et a fut simultanément grand prêtre, gouverneur et
capitaine en chef militaire. Comme ces postes exigeaient l'approbation du peuple, qui
avait rejeté la monarchie, les détracteurs ont eu tendance à confondre le système
néphite avec la démocratie des États-Unis. Il ny avait cependant pas de
législature représentative, qui est linstitution essentielle de l'idéologie
républicaine américaine. En outre, les postes principaux passaient habituellement du
père au fils, sans élections (Bushman, pp. 14-17) ; on nous dit bien souvent que « la
voix du peuple » autorisait ou confirmait les nominations aux postes de direction et les
autres actes civiques ou politiques.
Il apparaît que pendant les deux premiers siècles après lavènement du Christ,
les Néphites fonctionnèrent sous un système ecclésiastique sans juges ni rois, avec
des tribunaux constitués seulement des anciens de lÉglise (4 Né. 1:1-23 ; Mro.
6:7). Avec l'apostasie et l'effondrement de l'Église néphite, aucune institution civile
n'était plus en place pour préserver la loi et l'ordre. Les tentatives d'organiser et de
gérer les affaires publiques par le retour au système tribal et, plus tard, au
gouvernement par les militaires, n'empêchèrent pas la destruction finale de la
civilisation.
Le Livre de Mormon fait également une brève histoire des Jarédites, une civilisation
beaucoup plus ancienne, qui commença à lépoque de la grande Tour et fut
monarchique de bout en bout. Les rois jarédites semblent avoir été des autocrates et la
succession était plus souvent déterminée par l'aventurisme politique et militaire que
par des procédures légales.
LÉGISLATION. Jusqu'à la venue du Christ, les Néphites et les Lamanites convertis
respectèrent strictement la loi de Moïse telle qu'ils la connaissaient et la
comprenaient (2 Né. 5:10 ; 25:24-26 ; Jm. 1:5 ; Jcb. 4:4-5 ; Al. 25:15 ; 30:3 ; Hél.
13:1 ; 3 Né. 1:24-25). Conservée sur les plaques d'airain, la loi de Moïse était la
base de leur droit pénal et de leur code civil, aussi bien que des règles de pureté,
des sacrifices au temple et de lobservances des fêtes néphites ; ils savaient,
cependant, que la loi de Moïse serait remplacée lors de la future ère messianique (2
Né. 25:24-27).
Des publications récentes (Welch, 1984, 1987, 1988, 1989, 1990) ont mis au jour une
grande panoplie de renseignements juridiques dans le texte du Livre de Mormon. Les aspects
procéduraux et administratifs de la loi néphite évoluèrent d'un siècle à l'autre,
alors que la substance de la loi coutumière changeait très peu. Les dirigeants néphites
semblent avoir considéré toute nouvelle législation comme présomptueuse et
généralement mauvaise (Mosiah 29:23) et tout changement non autorisé de la loi de Dieu
comme blasphématoire (Jacob 7:7). Leurs lois religieuses comportaient de nombreuses
dispositions et protections humanitaires pour les personnes, pour leur liberté religieuse
et leurs biens. Ces règles étaient basées sur un principe fort d'égalité juridique
(Al. 1:32 ; 16:18 ; Hél. 4:12).
Lors de deux incidents au début de lhistoire, Jacob, frère de Néphi 1, fut
impliqué dans des polémiques au sujet de la loi. La première concernait le droit
revendiqué par certains Néphites d'avoir des concubines (Jcb. 2:23-3:11), et la seconde
se produisit quand Shérem accusa Jacob de profaner la loi de Moïse (Jcb. 7:7).
Le procès d'Abinadi (Mosiah 11-17) indique que, au moins dans le cas de Noé, le roi
avait pouvoir sur les questions politiques mais se faisait conseiller sur les sujets
religieux par une assemblée de prêtres : Des chefs daccusation furent lancés
contre Abinadi pour avoir maudit le souverain, porté un faux témoignage, fait une fausse
prophétie et avoir blasphémé (Mos. 12:9-10, 14 ; 17:7-8, 12). Les sanctions légales
dans le Livre de Mormon étaient souvent conçues de manière à correspondre à la nature
du délit ; ainsi, Abinadi fut brûlé pour avoir insulté le roi dont il avait dit que la
vie serait estimée comme un vêtement dans une fournaise (Mosiah 12:3 ; 17:3).
Lorsque les Néphites abandonnèrent la monarchie, Mosiah 2 institua une réforme
importante de la procédure néphite. Un système de juges et d'autres officiers fut
institué ; les juges inférieurs étaient jugés par un juge supérieur (Mos. 29:28) ;
les juges étaient payés pendant le temps passé au service du public (Al. 11:3) ; un
système normalisé de poids et mesures fut institué (Al. 11:4-19) ; l'esclavage fut
formellement interdit (Al. 27:9) et les débiteurs défaillants risquaient l'exil (Al.
11:2). Il y avait des officiers (Al. 11:2) et des avocats qui aidaient, mais leurs
fonctions officielles ne sont pas claires. Il semble que seuls les citoyens ordinaires
avaient le pouvoir dintenter des procès (sinon les juges en auraient intenté un à
Néphi 2 dans Hél. 8:1).
Le procès de Néhor fut un précédent important, fixant la juridiction plénière et de
première instance du grand juge (Al. 1:1-15). Il apparaît quen vertu de Mosiah 29,
les juges supérieurs nétaient censés juger que si les juges inférieurs portaient
un faux jugement. Mais dans le procès de Néhor, Alma 2 sempara directement de
laffaire, augmentant le pouvoir du grand juge.
La réforme protégeait aussi la liberté de croyance, mais certains comportements publics
étaient punis (Al. 1:17-18 ; 30:9-11). Le cas de Korihor fixa la règle que certaines
formes de parole (blasphème, incitation du peuple à pécher) étaient punissables en
vertu de la loi néphite, même après la réforme de Mosiah.
Pendant tout ce temps, la loi néphite sous-jacente restait la loi de Moïse interprétée
à la lumière de la connaissance de l'Évangile. Les décrets publics interdisaient
régulièrement le meurtre, le pillage, le vol, l'adultère et toute iniquité (Mos. 2:13
; Al. 23:3). Le meurtre était défini comme le fait de « tuer délibérément » (2 Né.
9:35), ce qui excluait les cas où lon ne se mettait pas à laffût (sur le
meurtre de Laban par Néphi, cf. Ex. 21:13-14 et 1 Né. 4:6-18). Le vol était
habituellement une infraction mineure, mais le brigandage était un crime capital (Hél.
11:28) ordinairement commis par des étrangers organisés et des brigands violents et
politiquement motivés, qui étaient traités par les forces militaires (comme ils
létaient typiquement dans le Proche-Orient antique).
Il est évident que lon observait systématiquement les principes techniques de la
loi de Moïse dans la civilisation néphite. Par exemple, la résolution juridique d'un
meurtre sans témoins dans le cas de Séantum dans Hélaman 9 prouve que les Néphites
reconnaissaient une exception technique à la règle interdisant de témoigner contre
soi-même comme le firent plus tard les juristes juifs, comme quand la divination
détectait un corpus delicti (Welch, février 1990). L'exécution de Zemnarihah par les
Néphites préfigurait un point obscur attesté plus tard dans la loi juive qui exigeait
que l'arbre auquel un criminel avait été pendu soit abattu (3 Né. 4:28 ; Welch, 1984).
Le cas de l'exemption des Ammonites du service militaire donne à penser que la
compréhension rabbinique de Deutéronome 20 à cet égard était probablement identique
à celle des Néphites (Welch, 1990, pp. 63-65).
On peut aussi déduire de preuves indirectes que les Néphites observaient les lois
rituelles traditionnelles des fêtes israélites. Un exemple pourrait être l'assemblée
du peuple de Benjamin dans des tentes autour du temple et de la tour du haut de laquelle
il parle. Il y a des choses dans le récit qui sont semblables aux fêtes du nouvel an
entourant la fête des tabernacles et le jour des expiations (Tvedtnes, dans Lundquist et
Ricks, By Study and Also by Faith, Salt Lake City, 1990, 2:197-237).
Avec lavènement du Christ ressuscité, rapporté dans 3 Néphi, la loi de Moïse
fut accomplie et reçut un sens nouveau. Les dix commandements étaient toujours
dapplication sous une nouvelle forme (3 Né. 12) ; « les observances et les
ordonnances » de la loi devinrent périmées (4 Né. 1:12), mais pas la « loi » ni les
« commandements » comme Jésus les avait reformulés dans 3 Néphi 12-14.
Bibliographie
Bushman, Richard L. "The Book of Mormon and the American Revolution." BYU
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Welch, John W. "Lehi's Last Will and Testament: A Legal Approach." Dans The Book
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Mormon, dir. de publ. S. Ricks et W. Hamblin, pp. 46-102. Salt Lake City, 1990.
NOEL B. REYNOLDS
Livre de Mormon
Histoire de la guerre dans
Auteur : Hamblin, William J.
Une grande
partie du Livre de Mormon traite de conflits militaires. Dans des récits divers,
instructifs et moralement édifiants, le Livre de Mormon rapporte une grande variété de
coutumes, de techniques et de tactiques militaires semblables à celles que lon
trouve dans beaucoup de sociétés pré-modernes (avant 1600-1700 apr. J.-C.),
particulièrement certaines croyances et conventions typiquement israélites adaptées à
la région de la Méso-Amérique.
Le Livre de Mormon enseigne que la guerre est le résultat de l'iniquité. Des guerres et
des destructions sabattent sur les Néphites à cause des querelles, des meurtres,
de l'idolâtrie, des fornications et des abominations « qui existaient parmi eux »,
tandis que ceux qui étaient « fidèles à garder les commandements du Seigneur furent
délivrés en tout temps » de la captivité, de la mort ou de l'incrédulité (Al.
50:21-22).
Le Livre de Mormon condamne implicitement les guerres d'agression. Jusqu'à leur calamité
finale, tous les objectifs militaires néphites étaient strictement défensifs. Tous les
Néphites de sexe masculins qui étaient aptes avaient lobligation formelle et
sacrée de défendre leurs familles, leur pays et leurs libertés religieuses (Al. 43:47 ;
46:12), mais seulement quand Dieu le leur commandait (voir Guerre et paix).
GUERRE. Dans le Livre de Mormon, hormis les convertis ammonites qui ont fait serment de ne
plus jamais verser le sang et la période remarquable de paix qui suit la visite du
Christ, les conflits armés à différents niveaux d'intensité sont un phénomène
presque constant. Plusieurs prophètes et héros du Livre de Mormon sont des militaires
qui combattent pour défendre leur peuple, témoins des réalités sinistres de la guerre
dans l'histoire antique.
La religion et la guerre ont des liens étroits dans le Livre de Mormon. Certains
éléments du principe de la « guerre sainte » israélite sy retrouvent, comme
l'idée importante dans lantiquité que le succès à la guerre était dû
fondamentalement à la volonté de Dieu et à la justice du peuple (Al. 2:28 ; 44:4-5 ;
50:21 ; 56:47 ; 57:36 ; 58:33 ; Mrm. 2:26). Les armées néphites consultaient les
prophètes avant d'aller au combat (Al. 16:5 ; 43:23-24 ; 3 Né. 3:19) contractaient des
alliances avec Dieu avant la bataille. À une certaine occasion, les soldats néphites
font le serment solennel dobéir aux commandements de Dieu et de combattre
vaillamment pour la cause de la justice, jetant leurs vêtements par terre aux pieds de
leur chef et invitant Dieu à les jeter de la même façon aux pieds de leurs ennemis
s'ils violent leur serment (Al. 46:22 ; cf. 53:17). Dans lhistoire des jeunes
guerriers dHélaman on peut voir un code de pureté pour les guerriers (Al. 56-58).
Comme cétait le cas dans toutes les situations pré-modernes, la guerre dans le
Livre de Mormon était étroitement liée à l'environnement et à l'écologie naturels :
temps, altitude, terrain, approvisionnements en nourriture, caractère saisonnier et
cycles agricoles. La géographie détermine dans une certaine mesure la stratégie et les
tactiques (Sorenson, 1985, pp. 239-276). Le moment favorable pour les campagnes militaires
dans le Livre de Mormon semble avoir été entre les onzième et quatrième mois, que
lon a comparé au fait que les actions militaires avaient souvent lieu pendant les
mois frais et secs succédant à la moisson, soit à partir de novembre jusquen
avril en Méso-Amérique (voir Alma 16:1 ; 49:1 ; 52:1 ; 56:27 ; Ricks et Hamblin, pp.
445-477).
Les animaux, utilisés comme bêtes de somme ou montés pour aller au combat, n'étaient
de toute évidence ni très disponibles ni dusage pratique dans le monde néphite :
le Livre de Mormon ne mentionne jamais lutilisation dun animal à des fins
militaires.
Du point de vue de la technique, les soldats néphites se battaient, dune façon ou
dune autre, avec des armes de jet ou de corps à corps et portaient fréquemment une
armure. Ils se servaient de la métallurgie pour faire les armes et les armures et du
génie pour dresser des fortifications. Dans le Livre de Mormon, Néphi enseigne à son
peuple à faire des épées sur le modèle de l'épée de Laban (2 Né. 5:14-15). Les
innovations décrites comportent une prolifération des fortifications (que lon
croyait jadis inexistantes dans lAmérique antique) et des armures néphites au
premier siècle av. J.-C. (Al. 43:19 ; 48), bientôt copiées par les Lamanites (Al.
49:24). On a fait remarquer que les armes (épées, cimeterres, arcs et flèches) et les
armures (plastrons de cuirasse, boucliers, écus et casques [le mot casque a été
utilisé dans la version française à cause de la difficulté de rendre langlais «
headplate », littéralement « plaque de tête »]) mentionnés dans le Livre de Mormon
sont comparables à ceux qui ont été trouvés en Méso-Amérique ; les cottes de
mailles, les casques, les chars de combat, la cavalerie et les machines de siège
complexes sont absents dans le Livre de Mormon et en Méso-Amérique, en dépit de leur
importance dans les descriptions bibliques (Ricks et Hamblin, pp. 329-424).
La capacité de recruter, déquiper, de former, dalimenter et de déplacer de
grands groupes de soldats représentait une entreprise importante pour ces sociétés, les
poussant souvent au-delà de leurs limites et contribuant de ce fait à leur effondrement
final. Comme lillustre l'histoire de Moroni 1 et de Pahoran, la guerre exerçait une
pression sociale et économique terrible sur la société néphite (Al. 58-61). La taille
des armées néphites coïncidait avec la croissance démographique générale : Les
armées comptaient des milliers dhommes au premier siècle av. J.-C. et des dizaines
de milliers au quatrième siècle apr. J.-C.
Il apparaît que l'organisation militaire dans le Livre de Mormon était aristocratique et
dominée par une élite héréditaire hautement entraînée. Ainsi, par exemple, des chefs
militaires tels que Moroni 1, son fils Moronihah et Mormon deviennent chacun capitaine en
chef à un jeune âge (Al. 43:17 ; 62:39 ; Mrm. 2:1).
Les armées du Livre de Mormon étaient organisées selon un système décimal de
centaines, de milliers et de dix mille, comme cétait typiquement le cas dans
lIsraël ancien et dans beaucoup d'autres organisations militaires antiques.
Le livre d'Alma fait dune manière vivante et réaliste le récit des sombres
réalités, des tensions et des souffrances de la guerre (CWHN 7:291-333). Les
préparatifs pour la guerre étaient complexes : il y est souvent question
d'approvisionnements, de marches et de contre-marches. La main d'uvre était
recrutée dans les rangs des citoyens ordinaires ; les soldats devaient être équipés et
organisés pour les marches et la tactique et mobilisés à des endroits centraux.
Certaines batailles étaient menées à des moments et dans des endroits arrangés au
préalable, comme quand Mormon rencontre les Lamanites à Cumorah (Mrm. 6:2 ; cf. 3 Né.
3:8). Mais une grande partie du temps on a affaire à de la guérilla ou à des attaques
surprise : Les brigands de Gadianton ont lhabitude de piller les villes,
déviter les conflits ouverts, lancent des exigences terroristes et assassinent
secrètement les autorités gouvernementales.
Les opérations proprement dites sur le champ de bataille ne représentent habituellement
quune petite partie d'une campagne. Les éclaireurs et les espions partaient en
reconnaissance pour trouver de la nourriture, des pistes et l'endroit où se trouvaient
les troupes ennemies. Les plans de bataille étaient généralement faits peu avant la
rencontre avec l'ennemi et ils avaient fréquemment la forme d'un conseil, comme celui
tenu par Moroni dans Alma 52:19.
Quand le combat lui-même commençait, il savérait sans aucun doute quil
était difficile de contrôler l'armée. Les soldats combattaient généralement dans des
unités distinguées par des bannières tenues par un officier. Létendard de
Moroni, ou « titre de la liberté », a apparemment rempli de telles fonctions (Al.
43:26, 30 ; 46:19-21, 36).
Dans la mesure où lon peut le déterminer, les attaques commençaient
traditionnellement par un échange de missiles visant à blesser et à démoraliser
l'ennemi ; venait ensuite le combat en corps à corps. La bataille décrite dans Alma 49
fait une bonne description des duels darchers précédant des mêlées en corps à
corps. Quand la panique commençait à se répandre dans les rangs, l'effondrement complet
pouvait être soudain et dévastateur. La mort du roi ou du commandant menait
habituellement à la défaite ou à la reddition immédiate, comme cela se passe dans Alma
49:25. La mort d'un roi lamanite pendant la nuit précédant la nouvelle année se
révéla particulièrement démoralisante (Al. 52:1-2). La plupart des pertes se
produisaient pendant la fuite et la poursuite après la désintégration des unités
principales ; il y a, dans le Livre de Mormon, plusieurs exemples de déroute, de fuite et
de destruction d'une armée (par exemple, Alma 52:28 ; 62:31).
Des lois et un comportement coutumier géraient également les relations militaires et la
diplomatie. Les serments militaires étaient pris très au sérieux. Les serments de
fidélité de la part des troupes et les serments de reddition des prisonniers sont
mentionnés fréquemment dans le Livre de Mormon et les traités étaient principalement
conclus avec des serments de non-agression (Al. 44:6-10, 20 ; 50:36 ; 62:16 ; 3 Né.
5:4-5). Légalement, les brigands étaient considérés comme des cibles militaires au
contraire des contrevenants ordinaires (Hél. 11:28). Parmi les autres éléments de loi
martiale dans le Livre de Mormon il y a la suspension des processus juridiques ordinaires
et le transfert de l'autorité légale aux officiers militaires commandants (Al. 46:34),
les restrictions aux déplacements, les avertissements avant le commencement des
hostilités (3 Né. 3 ; cf. De. 20:10-13), l'octroi extraordinaire de l'exemption
militaire à condition que les exemptés fournissent des approvisionnements et un appui
(Al. 27:24 ; cf. De. 20:8 ; Talmud babylonien, Sotah 43a-44a) et des exigences de
traitement humanitaire pour les captifs et les femmes.
GUERRES. On peut distinguer quatre-vingt-cinq conflits armés dans le Livre de Mormon
(Ricks et Hamblin, pp. 463-474). Certains sont de brèves escarmouches, d'autres, de
longues campagnes. Certains sont des guerres civiles, d'autres sont interethniques. Les
causes des guerres varient et les alliances fluctuent en conséquence. Les guerres
principales sont les suivantes :
Dans les premiers conflits tribaux (v. 550-200 av. J.-C.), les conflits sociaux, religieux
et culturels donnent lieu à des agressions lamanites répétées après que les Néphites
se sont séparés des Lamanites. Les Néphites ne s'épanouissent pas dans ces
circonstances et, pour échapper à d'autres attaques, ils finissent par quitter le pays
de Néphi et se dirigent vers le nord jusquà Zarahemla.
Le fils du roi Laman (v. 160-150 av. J.-C.), envieux de la prospérité néphite et
irrité contre eux parce quils avaient pris les annales (particulièrement les
plaques dairain, Mosiah 10:16), attaque le peuple de Zénif (des Néphites qui sont
revenus au pays de Néphi) et le peuple de Benjamin (Néphites et Mulékites au pays de
Zarahemla). Suite à ces campagnes, Zénif devient vassal des Lamanites. La victoire de
Benjamin unit plus fermement le pays de Zarahemla sous son règne (Pa. ; Mosiah 9-10).
La guerre d'Amlici (87 av. J.-C.) est une guerre civile à Zarahemla, déclenchée par le
remplacement de la fonction royale à celle de juge et par l'exécution de Néhor. Amlici,
partisan de Néhor, milite en faveur du retour à la royauté. Cette guerre civile est la
première fois, à notre connaissance, que des dissidents néphites s'allient à des
Lamanites ; elle débouche sur une paix instable (Al. 2-3).
La destruction soudaine d'Ammonihah (81 av. J.-C.), un centre des partisans récalcitrants
de Néhor, est déclenchée par la colère lamanite envers certains Néphites qui ont
amené certains Lamanites à en tuer d'autres (Al. 16 ;24-25).
Le passage des Ammonites (77 av. J.-C.) du territoire lamanite au pays de Jershon pour
rejoindre les Néphites conduit à une invasion lamanite majeure des terres néphites (Al.
28).
Trois ans après, beaucoup de Zoramites pauvres sont convertis par les Néphites et
passent d'Antionum (la capitale zoramite) à Jershon (pays donné aux Ammonites par les
Néphites avec des garanties de protection). La perte de cette main duvre va
provoquer l'attaque des Zoramites alliés aux Lamanites et d'autres contre les Néphites
(Al. 43-44). De nouvelles formes d'armure introduites par les Néphites caractérisent
cette guerre.
Pendant cette décennie turbulente, un homme politiquement ambitieux appelé Amalickiah,
avec des alliés lamanites, va chercher à rétablir une royauté à Zarahemla après la
disparition d'Alma 2. Amalickiah est battu (72 av. J.-C.), mais il jure de revenir et de
tuer Moroni 1 (Al. 46-50). Il sensuit une campagne de sept ans (67-61 av. J.-C.),
avec des combats dans deux arènes, une au sud-ouest de Zarahemla et l'autre sur le bord
de mer au nord de Zarahemla. Les villes périphériques tombent et la capitale est
infestée de conflits civils. À la longue, les Néphites remporteront une victoire
coûteuse (Al. 51-62).
Lors de la courte guerre de Tubaloth (51 av. J.-C.), Tubaloth, fils d'Ammoron, et
Coriantumr (un descendant du roi Zarahemla) semparent du pays de Zarahemla, mais ne
peuvent pas le conserver, pendant le chaos politique qui suit la rébellion de Paanchi
après la mort du grand juge Pahoran (Hél. 1). Suite à cela, les brigands de Gadianton
parviennent au pouvoir et certains Néphites commencent à émigrer vers le nord.
La guerre de Moronihah (38, 35-30 av. J.-C.) suit la nomination de Néphi 2 comme grand
juge (Hél. 4). Les dissidents néphites, de concert avec les Lamanites, occupent la
moitié des terres néphites et Néphi 2 démissionne du siège du jugement.
Les guerres de Gadianton et de Kishkumen (26-19 av. J.-C.) commencent par
lassassinat de deux grands juges consécutifs, Cézoram et son fils ; la cupidité
et les luttes pour le pouvoir suscitent des conflits avec les brigands de Gadianton autour
de Zarahemla. Les Lamanites s'unissent aux Néphites contre ces brigands jusqu'à ce
quune famine, appelée du ciel par le prophète Néphi 2, apporte une victoire
néphite temporaire (Hél. 6-11).
Giddianhi et Zemnarihah (13-22 apr. J.-C.) lancent des campagnes menaçantes contre les
quelques Néphites et Lamanites justes qui restent et ont uni leurs forces à ce
moment-là (3 Né. 2-4). À court dapprovisionnements, les brigands de Gadianton
deviennent plus visibles et plus agressifs ; ils revendiquent des droits sur les terres et
sur le gouvernement néphites. La coalition des Néphites et des Lamanites finit par
battre les brigands.
Les guerres néphites finales (322, 327-328, 346-350 apr. J.-C.) commencent après
quune croissance de population et une infestation de brigands causent un conflit
frontalier, et les Néphites sont refoulés jusquà une étroite bande de terre. Les
Néphites fortifient la ville de Sem et parviennent à obtenir un traité de paix de dix
ans (Mrm. 1-2), mais ils finissent par contre-attaquer dans le sud. Une grande
méchanceté existe des deux côtés (Mrm 6 ; Mro. 9), jusqu'à ce que sur un champ de
bataille convenu davance, les Néphites affrontent les Lamanites et soient
annihilés (v. 385 apr. J.-C.).
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles beaucoup de chapitres du Livre de Mormon traitent
de guerre.
1. L'inévitabilité de la guerre était un souci fondamental dans pratiquement toutes les
civilisations antiques. Les ressources économiques disponibles étaient souvent en grande
partie consacrées à entretenir une force militaire ; la conquête est un facteur
important dans la transformation et le développement des sociétés du Livre de Mormon
comme elle la été dans la croissance de la plupart des civilisations du monde.
2. Le Livre de Mormon est un document religieux, et pour le peuple du Livre de Mormon,
comme pour presque toutes les cultures antiques, la guerre est fondamentalement sacrale.
On la fait dans un mélange complexe d'idéologie et de rituel religieux.
3. Mormon, qui a compilé et abrégé le Livre de Mormon, était lui-même un commandant
militaire. Beaucoup de dirigeants politiques et religieux du Livre de Mormon étaient
étroitement associés si pas identiques à leurs commandants ou élites militaires.
4. Ces récits faisaient passer des messages religieux importants. Les guerres dans
l'histoire néphite vérifient les paroles de leurs prophètes tels qu'Abinadi et Samuel
le Lamanite (Mrm. 1:19). Les guerres étaient les instruments du jugement de Dieu (Mrm.
4:5) et de la délivrance accordée par Dieu (Al. 56:46-56). Elles sont, en fin de compte,
un témoin contraignant mettant en garde les hommes daujourd'hui contre le danger
dêtre victimes du même sort que les Néphites et les Jarédites ont fini par
sinfliger à eux-mêmes (Mrm. 9:31 ; Ét. 2:11-12).
Bibliographie
De Vaux, Roland. Ancient Israel. New York, 1965.
Hillam, Ray. "The Gadianton Robbers and Protracted War." BYU Studies 15, 1975,
pp. 215-224.
Ricks, Stephen D., et William J. Hamblin, dir. De publ. Warfare in the Book of Mormon.
Salt Lake City, 1990. (On trouvera une bibliographie supplémentaire aux pages 22-24.)
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon, pp. 239-276. Salt
Lake City, 1985.
WILLIAM J. HAMBLIN
Livre de Mormon Langue
Auteur : Stubbs, Brian Darrel
La langue
du Livre de Mormon présente les caractéristiques typiques d'une traduction d'un texte
provenant du Proche-Orient antique aussi bien que la marque de langlais du XIXe
siècle et le style de la King James Version (KJV) de la Bible. Que la langue du Livre de
Mormon ressemble à celle de la KJV semble tout naturel puisque du temps du prophète
Joseph Smith, la KJV était le livre le plus lu en Amérique et constituait la langue
religieuse standard de la plupart des anglophones (voir CWHN 8:212-18). En outre, le Livre
de Mormon a certaines affinités avec la KJV : les deux contiennent des uvres de
prophètes anciens d'Israël aussi bien que des récits d'une partie du ministère de
Jésus-Christ, les deux sont des traductions en anglais et les deux doivent devenir « un
» dans la main de Dieu comme recueils de sa parole à ses enfants (Éz. 37:16-17 ; 1 Né.
13:41 ; D&A 42:12).
LANGUES UTILISÉES PAR LES NÉPHITES. Les déclarations que lon trouve dans le Livre
de Mormon ont engendré des conceptions différentes en ce qui concerne la langue dans
laquelle le livre a été écrit à l'origine. Vers 600 av. J.-C., Néphi 1, le premier
auteur du Livre de Mormon, quelquun qui avait passé sa jeunesse à Jérusalem,
écrit : « Je fais [les petites plaques de Néphi] dans la langue de mon père,
consistant en la science des Juifs et la langue des Égyptiens » (1 Né. 1:2). Mille ans
plus tard, Moroni 2, le dernier prophète néphite, remarque au sujet des plaques de
Mormon que « nous avons écrit ces annales
dans les caractères qui sont appelés
parmi nous l'égyptien reformé, transmis et altérés par nous, selon notre manière de
parler. Et si nos plaques [feuilles en métal] avaient été suffisamment grandes, nous
aurions écrit en hébreu ; mais lhébreu a été altéré aussi par nous
Mais le Seigneur sait
quaucun autre peuple ne connaît notre langue » (Mrm.
9:32-34). À la lumière de ces deux passages, il est évident que ceux qui tenaient les
annales néphites connaissaient lhébreu et un peu dégyptien. On ne sait pas
si Néphi, Mormon ou Moroni écrivaient de l'hébreu en caractères égyptiens modifiés
ou gravaient leurs plaques en langue égyptienne et en caractères égyptiens ou si Néphi
a écrit dans une langue et Mormon et Moroni, qui ont vécu quelque neuf cents ans plus
tard, dans une autre. La mention de « caractères » appelés égyptien réformé tend à
confirmer l'hypothèse de lhébreu en caractères égyptiens. Bien que
lobservation de Néphi (1 Né. 1:2) contrecarre un peu cette idée, la déclaration
est ambiguë et peu concluante pour les deux thèses.
Les auteurs néphites semblent avoir modelé leur écriture sur les plaques dairain,
un document contenant les textes bibliques composés avant 600 av. J.-C., qui était en la
possession des descendants de Joseph d'Égypte (1 Né. 5:11-16). Certaines parties au
moins de ce document étaient écrites en égyptien, puisque la connaissance de « la
langue des Égyptiens » a permis à Léhi, père de Néphi, de « lire ces inscriptions
» (Mos. 1:2-4). Mais on ne peut encore une fois pas dire si c'était de légyptien
ou de l'hébreu écrit en égyptien. L'égyptien était employé couramment du temps de
Léhi, mais parce que les écrits poétiques sont déformés dans la traduction, parce que
les écrits prophétiques étaient généralement considérés comme sacrés et parce que
l'hébreu était la langue des Israélites au VIIe siècle av. J.-C., il aurait été
étonnant que lon ait traduit, dès ce moment-là, de lhébreu en une langue
étrangère, les écrits d'Ésaïe et de Jérémie dont une partie substantielle se
trouvait sur les plaques dairain (1 Né. 5:13 ; 19:23). Ainsi donc, des parties
hébraïques écrites en hébreu, des parties égyptiennes en égyptien et des parties
hébraïques en égyptien sont toutes des possibilités. Si les plaques d'airain ont été
créées tandis que les Israélites étaient toujours en Égypte, les parties les plus
anciennes (p.ex. les prophéties de Joseph en Égypte) ont pu être écrites en égyptien
et les parties plus tardives (par exemple, les paroles de Jérémie) en hébreu.
Pour ce qui est de la composition du Livre de Mormon, Mrm. 9:33 indique que l'espace
limité sur les plaques d'or imposait lutilisation de caractères égyptiens plutôt
que l'hébreu. Du temps de Léhi, l'hébreu et l'égyptien sécrivaient uniquement
avec les consonnes. À la différence de l'hébreu, l'égyptien avait des signes
représentant deux voire même trois consonnes. Lutilisation de tels caractères,
surtout sous forme modifiée, devait faire gagner de la place.
Les caractères ont été transmis et modifiés selon la façon de parler des Néphites
(Mrm. 9:32). Ce commentaire donne à penser que les générations postérieures de
Néphites au moins ont utilisé des caractères égyptiens pour écrire leur langue
parlée contemporaine, une forme altérée d'hébreu. Il est extrêmement peu probable
quun peuple isolé de tout contact simultané avec les deux langues ait pu conserver
le bilinguisme dans ces deux langues sur une période de mille ans. Donc, si les
caractères égyptiens ont été modifiés à mesure que la langue vivante changeait, cela
veut dire que les Néphites utilisaient probablement de tels caractères pour écrire leur
langue parlée, qui était essentiellement lhébreu.
Bien qu'une partie du groupe de Léhi qui a quitté Jérusalem ait pu parler
légyptien, laptitude à lire les inscriptions figurant sur les plaques
d'airain devait leur permettre de « lire ces inscriptions gravées » (Mos. 1:4). Mais il
est tout à fait improbable que la colonie de Léhi ait pu conserver pendant mille ans
l'égyptien parlé comme deuxième langue sans le fusionner avec lhébreu ou le
perdre. Par conséquent, le fait que les Néphites avaient « altéré » les caractères
égyptiens selon leur « manière de parler » renforce la probabilité qu'ils écrivaient
l'hébreu avec des caractères égyptiens. En outre, la langue de Moroni (v. 400 apr.
J.-C.) était sans doute suffisamment différente de celle de Léhi (v. 600 av. J.-C.)
pour que la lecture de la langue de Léhi exige autant détude du temps de Moroni
quil nen faut à ceux qui parlent langlais moderne pour comprendre le
vieil anglais.
LANGUE DES INDIGÈNES AMÉRICAINS. Étant donné que lépoque de Moroni se situe
presque à égale distance entre celle de Léhi et la nôtre, il pourrait être utile
dexaminer notre bout de cette ligne du temps. L'image vague que nous proposent les
passages du texte pourrait être rendue plus précise par lexamen des langues
amérindiennes. La profondeur de champ du latin aux langues romanes modernes nest
que légèrement moindre que de celle de Léhi à lépoque actuelle. Les
ressemblances entre les langues romanes sont abondantes et évidentes. Bien que certains
professionnels aient fait allusion à des similitudes, aucune étude n'a encore convaincu
les savants quil y ait des liens entre le Proche-Orient et lune quelconque des
langues américaines précolombiennes.
Il y a pourtant une étude qui promet de démontrer des liens avec la famille des langues
uto-aztèques (Stubbs, 1988). Bien que d'autres groupes de langues proposent des pistes
suggestives, luto-aztèque présente plus de sept cents ressemblances avec l'hébreu
dans des structures phonologiques, morphologiques et sémantiques cadrant avec les
méthodes linguistiques modernes. Si une poignée de mots égyptiens sont identifiables,
ils sont minimes si on les compare à leurs correspondants hébreux.
HÉBRAÏSMES DANS LE LIVRE DE MORMON. On a trouvé beaucoup de structures typiques de
lhébreu dans le Livre de Mormon, bien que plusieurs soient également
caractéristiques d'autres langues du Proche-Orient. Par exemple, laccusatif
interne, littérairement superflu en anglais, est utilisé en hébreu pour marquer
linsistance : « Ils tremblent de tremblement » (Ps. 14:5, texte hébreu, [trad.
Chouraqui en français]). Des structures semblables apparaissent dans le Livre de Mormon :
« craindre extrêmement de crainte » (Alma 18:5 [traduction littérale de langlais
; ce genre de forme est impossible en français]), autre traduction possible du même
accusatif interne (cf. 1 Né. 3:2 ; 8:2; Én. 1:13).
L'hébreu utilise comme adverbes des locutions prépositives plus fréquemment que des
adverbes, un trait typique de la langue du Livre de Mormon : « avec précipitation » (3
Né. 21:29) au lieu de « rapidement » et « avec joie » (2 Né. 28:28) au lieu de «
joyeusement ».
Tvedtnes relève un exemple possible d'accord hébreu : « Ce peuple est un peuple libre
» (Alma 30:24). En anglais « people » est habituellement considérés grammaticalement
comme un pluriel, mais en hébreu il est souvent singulier. Cette expression dans Alma a
pu être dépourvue de verbe, mais elle a également pu contenir le pronom de la
troisième personne du singulier /hou/ placé entre les deux groupes nominaux ou à
l'extrémité comme démonstratif anaphorique jouant le rôle de verbe copule. Les langues
indiennes uto-aztèques ont également le mot /hou/, qui est un pronom de la troisième
personne du singulier dans quelques langues mais un verbe « être » dans d'autres.
En anglais, la possession se rend par deux constructions « the mans house » et «
the house of the man», mais lhébreu ne connaît que cette dernière construction.
Labsence de « cas possessif » dans le [texte anglais du] Livre de Mormon
correspond bien à une traduction de la construction hébraïque. De plus, la construction
avec « de » est courante pour les rapports adjectivaux en hébreu. On retrouve ceci dans
le [texte anglais du] Livre de Mormon qui utilise uniformément des expressions telles que
« plates of brass » [plaques dairain] (1 Né. 3:12) au lieu de « brass plates »
et « walls of stone » [murs de pierre] (Alma 48:8) plutôt que « stone walls ».
La structure de la phrase et les mécanismes de combinaison des propositions en hébreu
diffèrent de ce qui se pratique en anglais. Les longs chapelets de propositions
subordonnées et dexpressions verbales tels que ceux dHél. 1:16-17 et de Mos.
2:20-21 et 7:21-22, sont acceptables en hébreu, mais peu orthodoxes et déconseillés en
anglais : « Vous êtes tous témoins
que Zénif, qui fut fait roi
était
animé dun zèle excessif
il fut trompé par
[le] roi Laman, qui conclut
un traité
et céda [diverses villes]
et le pays alentour et tout cela
il le fit dans lunique but de réduire ce peuple
en servitude » (Mos.
7:21-22).
Les expressions fréquentes comme « de devant » et « de la main de » représentent des
traductions plutôt littérales de l'hébreu. Par exemple, « il s'enfuit [de] devant eux
» [anglais : he fled from before them] (Mos. 17:4) au lieu du plus typiquement anglais «
he fled from them » est une illustration dune préposition composée hébraïque
courante /millifne/.
Si beaucoup de mots et de noms qui se trouvent dans le Livre de Mormon ont des
équivalents exacts dans la Bible hébraïque, certains autres présentent des
caractéristiques sémitiques, bien que leur orthographe ne corresponde pas toujours à
des formes hébraïques connues. Par exemple, « Rabbanah » avec le sens de « grand roi
» (Al. 18:13) peut avoir des affinités avec la racine hébraïque /rbb/, signifiant «
être grand ou beaucoup ». « Raméumptom » (Al. 31:21), signifiant « sainte chaire »,
contient des structures consonantiques suggérant les racines /rmm/ramah/, « être haut
» et/tmm/tam/tom/, « être complet, parfait, saint ». Le /p/entre le /m/ et le /t/
découle de manière linguistiquement naturelle d'une bilabiale /m/ couplée à une
occlusive /t/, comme le /p/ dans /assomption/, de /assumer + tion/ et le /b/ dans
l'espagnol /hombre/ du latin /homere/.
Les affirmations selon lesquelles Joseph Smith aurait composé le Livre de Mormon en
imitant tout simplement langlais de la King James, en utilisant des noms bibliques
et en en inventant d'autres, démontrent une insensibilité typique à légard de
son caractère linguistique. On a cru que des noms tels que « Alma » étaient des
inventions farfelues. Or, la découverte du nom « Alma » dans un texte juif (deuxième
siècle apr. J.-C.), les sept cents ressemblances relevées entre l'hébreu et
luto-aztèque, des structures telles que le chiasme et les nombreuses autres
structures littéraires relevées dans les études faites depuis 1830 sunissent pour
faire de linvention du livre un problème insoluble pour n'importe quel contemporain
de Joseph Smith. [Voir aussi Livre de Mormon auteurs ; Livre de Mormon
littérature ; Livre de Mormon Noms ; Livre de Mormon Source au
Proche-Orient ; Livre de Mormon Traduction par Joseph Smith.]
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y. "Ancient Near Eastern Background of the Book of Mormon."
F.A.R.M.S. Reprint. Provo, Utah, 1982.
Nibley, Hugh. Lehi in the Desert and the World of the Jaredites. CWHN 5.
Nibley, Hugh. An Approach to the Book of Mormon. CWHN 6.
Sperry, Sidney B. "The Book of Mormon as Translation English." IE 38 (Mar.
1935): 141,187-188.
Sperry, Sidney B. "Hebrew Idioms in the Book of Mormon." IE 57 (Oct. 1954): 703,
728-729.
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968. Stubbs, Brian D.
"A Creolized Base in Uto-Aztecan." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1988.
Tvedtnes, John A. "Hebraisms in the Book of Mormon: A Preliminary Survey." BYU
Studies 11 (Autumn 1970), pp. 50-60.
BRIAN D. STUBBS
Livre de Mormon Littérature
Auteur : Rust, Richard Dilworth
Bien que
minimisé comme littérature à cause de son langage clair et simple, le Livre de Mormon
présente une grande variété de formes littéraires, notamment de la poésie hébraïque
complexe, des récits mémorables, des sermons à la rhétorique efficace, des lettres
diverses, de l'allégorie, du langage figuré, de la symbolique et de la littérature de
sagesse. Ces dernières années, ces aspects de la traduction anglaise de Joseph Smith de
1829 ont été de plus en plus appréciés, particulièrement par comparaison avec les
formes bibliques et les autres formes antiques de littérature.
Il y a beaucoup de raisons d'étudier le Livre de Mormon en tant que littérature. Au lieu
d'être « informe », comme le prétend un détracteur (Bernard DeVoto, American Mercury
19, 1930, p. 5), le Livre de Mormon est à la fois cohérent et soigneusement écrit
(quoique pas ostensiblement). Il raconte « une histoire compacte au rythme rapide qui
entrelace des dizaines dintrigues avec une fertilité d'invention inépuisable et
une cohérence extraordinaire, qui ne se laisse jamais surprendre par un faux pas ou une
contradiction » (CWHN 7:138).
En dépit de son vocabulaire restreint d'environ 2.225 mots racine en anglais, le livre
distille beaucoup d'expérience humaine et de contact avec le divin. Il présente
habilement ses thèmes à laide dimages simples et cependant profondes, de
discours directs et cependant complexes et de structures évidentes et cependant
élaborées. Lire le Livre de Mormon en tant que littérature, cest découvrir
comment ces techniques littéraires sont utilisées pour transmettre les messages de son
contenu. Si lon fait attention à la forme, au langage figuré et aux techniques
rhétoriques, on acquiert une sensibilité plus grande pour la structure du texte et de
l'appréciation pour le travail des divers auteurs. Le but explicite du Livre de Mormon
est de montrer aux Lamanites, un reste de la maison d'Israël, les alliances faites avec
leurs pères et de convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ (voir le Livre de
Mormon : Page de titre du Livre de Mormon). Mormon a choisi les matériaux et a donné au
livre une forme littéraire permettant de présenter ces messages dune manière
émouvante et mémorable.
Si la discipline permettant de dégager et d'évaluer les composants littéraires du Livre
de Mormon est très jeune et ne supplante pas la lecture spirituelle du texte, ceux qui
analysent le livre sous cet angle constatent que cest un travail
dimmédiateté qui montre autant quil raconte comme cest habituellement
le cas dans la grande littérature. Il ne répond plus à la définition de Mark Twain
qu'un classique est essentiellement un livre dont tout le monde parle mais que personne ne
lit ; cest au contraire un ouvrage qui « vient à bout de vous avant que vous ne
veniez à bout de lui » (J. Welch, « "Study, Faith, and the Book of Mormon », BYU
1987-88 Devotional and Fireside Speeches, p. 148, Provo, Utah, 1988). On voit de plus en
plus en lui un ouvrage sans pareil qui révèle et exprime admirablement et
irrésistiblement lessence de la condition humaine.
POÉSIE. Intégrée au récit du Livre de Mormon, la poésie donne les meilleurs exemples
du lien fondamental qui existe entre la forme et le contenu dans le livre. Quand on
analyse les nombreuses paroles inspirées du Seigneur, des anges et des prophètes selon
les formes antiques de versification, on perçoit plus aisément leur signification. Ces
formes sont celles des lignes, la symétrie, le parallélisme et les structures
chiastiques, comme définis par Adele Berlin (The Dynamics of Biblical Parallelism,
Bloomington, Ind., 1985) et par Wilford Watson (Classical Hebrew Poetry, Sheffield, 1984).
Les textes du Livre de Mormon passent avec beaucoup de naturel de la narration à la
poésie, comme dans ce passage conçu pour exprimer une intensification :
« Mais voici, l'Esprit m'a dit ceci: Crie à ce peuple, disant:
Repentez-vous, et préparez le chemin du Seigneur, et marchez dans ses sentiers, qui sont
droits; car voici, le royaume des cieux est proche, et le Fils de Dieu vient sur la
surface de la terre » [Alma 7:9].
Certains ont critiqué le style du Livre de Mormon quils déclarent verbeux et
redondant, mais dans la plupart des cas ces répétitions sont à leur place et efficaces.
Par exemple, les parallélismes, qui abondent dans le Livre de Mormon, remplissent
diverses fonctions. Ils soulignent les notions par la répétition et permettent des
contrastes fortement marqués. Il y a un parallélisme synonyme typique dans 2 Néphi 9:52
:
« Priez-le continuellement le jour,
et rendez grâces à son saint nom la nuit. »
Le discours de Néphi, qui vise ses frères obstinés, contient un parallélisme fortement
antithétique :
« Vous êtes prompts à commettre l'iniquité,
mais lents à vous souvenir du Seigneur, votre Dieu. [1 Né. 17:45.]
On trouve aussi plusieurs beaux exemples de chiasmes (un schéma a-b-b-a) dans le Livre de
Mormon. Dans le psaume de Néphi (2 Né. 4:15-35), les premiers appels à l'âme et au
cur saccompagnent de négations, alors que léquivalent miroir qui suit
utilise le cur et l'âme assortis daffirmations fortes, ce qui rend les
contrastes littérairement efficaces et paroxysmiques :
« Éveille-toi, mon âme! Ne languis plus dans le péché.
Réjouis-toi, ô mon cur, et n'accorde plus de place à l'ennemi de mon âme.
Ne t'irrite plus à cause de mes ennemis.
N'affaiblis plus mes forces à cause de mes afflictions.
Réjouis-toi, ô mon cur, et invoque le Seigneur, et dis:
Ô Seigneur, je te louerai à jamais; oui, mon âme se réjouira à cause de toi, mon
Dieu, rocher de mon salut. » [2 Né. 4:28-30.]
On repère facilement d'autres exemples précis de chiasmes étendus (a-b-c-c-b-a) dans
Mos. 5:10-12 et Al. 36:1-30 et 41:13-15. Cette forme littéraire dans Alma 36 attire
efficacement lattention sur le passage central du chapitre (Alma 36:17-18) ; dans
Alma 41, elle fait très bien passer la notion même de justice distributive exprimée
dans le passage (cf. Lé. 24:13-23, qui utilise de même le chiasme pour faire passer une
notion semblable de justice).
Une autre figure appelée a fortiori est utilisée pour communiquer une impression
exagérée de multitude, comme dans Al. 60:22, où un « parallélisme de nombre » est
encadré de manière chiastique par une expression paraissant deux fois :
« Oui, resterez-vous assis dans l'oisiveté
pendant que vous êtes entourés de milliers de gens,
oui, et de dizaines de milliers,
qui sont aussi assis dans l'oisiveté ? »
On peut analyser des dizaines de passages du Livre de Mormon comme poésie. Cela va des
brefs poèmes du désert de Léhi (1 Né. 2:9-10, une forme dans laquelle Hugh Nibley voit
une quasida arabe) [CWHN 6:270-275] aux longs sermons de Jacob, d'Abinadi et de Jésus
ressuscité (2 Né. 6-10 ; Mos. 12-16 et 3 Né. 27).
TEXTES NARRATIFS. Dans le Livre de Mormon, les textes narratifs sont souvent rendus
vivants par des conflits vigoureux et des dialogues passionnés ou des récits personnels.
Néphi relate ses actes héroïques pour se procurer les plaques d'airain de Laban ; Jacob
résiste aux accusations fausses de Shérem, sur qui le jugement du Seigneur tombe ; Ammon
combat les pillards aux eaux de Sébus et gagne la confiance du roi Lamoni ; Amulek doit
affronter l'avocat beau parleur Zeezrom ; Alma 2 et Amulek sont protégés tandis que
leurs accusateurs sont écrasés par leffondrement des murs de la prison ; le
capitaine Moroni 1 s'engage dans une épreuve de force avec le chef lamanite Zérahemnah ;
Amalickiah monte au pouvoir par la trahison et la malveillance ; un prophète postérieur
appelé Néphi 2 révèle à une foule incroyante le meurtre de son grand juge par le
propre frère de celui-ci ; et les deux derniers rois jarédites combattent jusquà
la destruction mutuelle de leurs peuples.
Vu dans son ensemble, le Livre de Mormon est un récit épique de l'histoire de la nation
néphite. Dune grande envergure, avec un héros éponyme, il présente une action
impliquant de longs et laborieux voyages et des actes héroïques, avec la participation
active dêtres surnaturels. À cette histoire millénaire de la fondation, de
lépanouissement et de la destruction des Néphites est intégrée une épopée
condensée de la naissance et de la chute des Jarédites, qui les ont précédés dans le
genre et dans le temps. (Pour son milieu épique, voir CWHN 5:285-394.) Le point culminant
du livre est le récit spectaculaire de la visite de Jésus ressuscité à une assemblée
de Néphites justes.
SERMONS ET DISCOURS. Le discours prophétique est une forme littéraire dominante dans le
Livre de Mormon. Des discours tels que celui du roi Benjamin (Mos. 1-6), le défi lancé
par Alma 2 au peuple de Zarahemla (Al. 5), et les enseignements de Mormon sur la foi,
l'espérance et la charité (Mro. 7) sont travaillés avec art et font passer leurs
objectifs religieux avec une grande efficacité rhétorique. Le discours public de Samuel
le Lamanite (Hél. 13-15) est un discours de jugement prophétique classique. Quand on
prend la critique rhétorique pour guide, on peut voir comment le discours rituel de
Benjamin vise d'abord à persuader lauditoire de réaffirmer un point de vue actuel
et emprunte ensuite la rhétorique délibérative « qui vise à pousser à une décision
concernant une action future, souvent dans un futur très immédiat » (Kennedy, New
Testament interpretation Through Rhetorical Criticism [1984], p. 36). Le discours du roi
Benjamin est également chiastique dans son ensemble et dans plusieurs de ses parties
(Welch, pp. 202-205).
LETTRES. Les huit épîtres du Livre de Mormon ont le ton de la conversation, révélant
les personnalités respectives de leurs auteurs. Ces lettres sont du capitaine Moroni 1
(Al. 54:5-14 ; 60:1-36), dAmmoron (Al. 54:16-24), dHélaman 1 (Al.
56:2-58:41), de Pahoran (Al. 61:2-21), de Giddianhi (3 Né. 3:2-10) et de Mormon (Mro.
8:2-30 ; 9:1-26).
ALLÉGORIE, MÉTAPHORE, LANGAGE FIGURÉ ET TYPOLOGIE. Ces formes sont également
répandues dans le Livre de Mormon. L'allégorie de Zénos sur l'olivier (Jcb. 5) intègre
de manière vivante des dizaines de détails horticoles pendant qu'elle dépeint
l'histoire des relations de Dieu avec Israël. On trouve une malédiction comparative
frappante, qui a des parallèles dans le Proche-Orient, quand Abinadi, en sa qualité de
prophète, lance sa dénonciation : La vie du roi Noé sera « comme un vêtement dans une
fournaise de feu
comme une tige, comme une tige desséchée du champ, qui est
renversée par les bêtes et foulée aux pieds » (Mos. 12:10-11).
Une métaphore étendue efficace, cest celle que fait Alma quand il compare la
parole de Dieu à une semence plantée dans le cur, qui grandit ensuite pour devenir
un arbre de vie plein de fruits (Al. 32:28-43). En développant cette métaphore, Alma
utilise un exemple saisissant de synesthésie : Une fois que la parole leur éclaire
lesprit, ses auditeurs peuvent savoir que c'est vrai : « Vous avez goûté cette
lumière » (Al. 32:35).
La répétition darchétypes tels que l'arbre, la rivière, les ténèbres et le feu
confirme de manière très réaliste que Léhi comprenait bien qu'il y a une « opposition
en toutes choses » (2 Né. 2:11) et cette opposition sera salutaire pour les justes.
Le Livre de Mormon insiste, sans toujours la développer, sur linterprétation
figurée des paroles données par Dieu et des personnes ou des événements dirigés par
Dieu. « Tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde
est une figure [du Christ] » (2 Né. 11:4) ; toutes les observances et ordonnances de la
loi de Moïse « étaient des figures de choses à venir » (Mos. 13:31) ; et le Liahona,
ou compas, était considéré comme un symbole : « Car tout aussi sûrement que ce
directeur a amené nos pères, lorsqu'ils ont suivi sa direction, à la terre promise, de
même les paroles du Christ, si nous suivons leur direction, nous transporteront au-delà
de cette vallée de tristesse dans une terre de promission bien meilleure » (Al. 37:45).
Dans sa grande structure typologique, le Livre de Mormon répond bien aux sept phases de
la révélation élaborées par Northrop Frye : création, révolution ou exode, loi,
sagesse, prophétie, évangile et apocalypse (The Great Code: The Bible and Literature,
New York, 1982).
LITTÉRATURE DE SAGESSE. Les dictons des sages qui ont été transmis sont parsemés dans
tout le Livre de Mormon, particulièrement dans les recommandations faites par les pères
à leurs fils. Alma conseille : « Oh! souviens-toi, mon fils, et apprends la sagesse dans
ta jeunesse; oui, apprends dans ta jeunesse à garder les commandements de Dieu » (Al.
37:35 ; voir aussi 38:9-15). Benjamin dit : « Et voici, je vous dis ces choses afin que
vous appreniez la sagesse; afin que vous appreniez que lorsque vous êtes au service de
vos semblables, vous êtes simplement au service de votre Dieu » (Mos. 2:17). Un
aphorisme mémorable est donné par Léhi : « Adam tomba pour que les hommes fussent ; et
les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Les saints des derniers jours
répètent souvent des formules percutantes telles que « Les insensés se moquent, mais
ils se lamenteront » (Ét. 12:26) et « la méchanceté n'a jamais été le bonheur »
(Al. 41:10).
LITTÉRATURE APOCALYPTIQUE. La vision de 1 Né. 11-15 (VIe siècle av. J.-C.) est
comparable par sa forme à la littérature apocalyptique ancienne. Elle contient une
vision, est donnée sous forme de dialogue, comporte un médiateur ou un accompagnateur
appartenant à lautre monde, contient un commandement décrire, traite de
létat desprit du bénéficiaire, prophétise des persécutions, prédit les
transformations cosmiques et a une place dans l'au-delà en tant que son axe spatial.
Lévolution juive postérieure avec une angélologie complexe, une numérologie
mystique et du symbolisme est absente.
STYLE ET TON. Les auteurs du Livre de Mormon montrent un souci intense pour le style et le
ton. Alma voudrait pouvoir « parler avec la trompette de Dieu, d'une voix qui fait
trembler la terre » et cependant il se rend compte quil est « un homme, et
[quil] pèche dans [s]on souhait; car [il] devrai[t se] contenter des choses que le
Seigneur [lui] a assignées » (Al. 29:1-3). Moroni 2 exprime son impuissance à écrire :
« Seigneur, les Gentils se moqueront de ces choses à cause de notre faiblesse à
écrire
. Tu as aussi rendu nos paroles puissantes et grandes au point que nous ne
pouvons les écrire; c'est pourquoi, lorsque nous écrivons, nous voyons notre faiblesse
et trébuchons à cause de l'arrangement de nos paroles » (Ét. 12:23-25 ; cf. 2 Né.
33:1). Pourtant les mots écrits par Moroni ne sont pas faibles. Dans des cadences
dune force croissante il déclare hardiment :
« Ô souillures, hypocrites, instructeurs, qui vous vendez pour ce qui se corrompra,
pourquoi avez-vous souillé la sainte Église de Dieu? Pourquoi avez-vous honte de prendre
sur vous le nom du Christ?
qui peut résister aux uvres du Seigneur? Qui peut
nier ses paroles? Qui s'élèvera contre la toute-puissance du Seigneur? Qui méprisera
les uvres du Seigneur? Qui méprisera les enfants du Christ? Voici, vous tous qui
méprisez les uvres du Seigneur, car vous serez dans l'étonnement et vous périrez
» [Mrm. 8:38,9:26].
Les styles utilisés par les différents auteurs du Livre de Mormon passent du tout simple
au sublime. Le ton va des condamnations virulentes de Moroni aux supplications les plus
humbles de Jésus : « Voici, le bras de ma miséricorde est étendu vers vous, et celui
qui viendra, je le recevrai » (3 Né. 9:14).
Jésus est un modèle de communication, qui, rapporte Moroni, « ma parlé de ces
choses avec une humilité évidente, comme un homme parle à un autre, dans ma propre
langue; et je n'en ai écrit que quelques-unes à cause de ma faiblesse à écrire »
(Ét. 12:39-40). Deux notions de ce rapport sont répétées dans tout le Livre de Mormon
: un discours clair et lincapacité d'écrire sur certaines choses. « Je vous ai
parlé clairement », dit Néphi, « afin que vous ne puissiez vous méprendre » (2 Né.
25:28). « Mon âme fait ses délices de la clarté », poursuit-il, « car c'est de cette
manière que le Seigneur Dieu agit parmi les enfants des hommes » (2 Né. 31:3). Pourtant
Néphi met aussi ses délices dans les paroles dÉsaïe, qui « ne sont pas claires
pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie » (2 Né. 25:4). Contenant aussi bien du langage clair que des termes voilés,
le Livre de Mormon est un livre spirituellement et littérairement puissant qui est direct
et pourtant complexe, simple et pourtant profond.
Bibliographie
England, Eugene. "A Second Witness for the Logos: The Book of Momon and Contemporary
Literary Criticism." Dans By Study and Also by Faith, 2 vols., dir. de publ. J.
Lundquist et S. Ricks, Vol. 2 pp. 91-125. Salt Lake City, 1990.
Jorgensen, Bruce W., Richard Dilworth Rust et George S. Tate. Essays on typology dans
Literature of Belief, dir. de publ. Neal E. Lambert. Provo, Utah, 1981.
Nichols, Robert E., Jr. "Beowulf and Nephi: A Literary View of the Book of
Mormon" Dialogue 4 (Autumn 1969), pp.40-47.
Parry, Donald W. "Hebrew Literary Patterns in the Book of Mormon" Ensign 19
(Oct. 1989), pp. 58-61.
Rust, Richard Dilworth. "Book of Mormon Poetry" New Era (Mar. 1983), pp. 46-50
Welch, John W. "Chiasmus in the Book of Mormon." Dans Chiasmus in Antiquity,
dir. de publ. J. Welch, pp. 198-210. Hildesheim, 1981.
RICHARD DILWORTH RUST
DONALD W. PARRY
Livre de Mormon Manuscrits
Auteur : Skousen, Royal
Les
versions imprimées du Livre de Mormon proviennent de deux manuscrits. Le premier, appelé
le manuscrit original (O), a été écrit par au moins trois secrétaires pendant que
Joseph Smith traduisait et dictait. Le secrétaire le plus important a été Oliver
Cowdery. Ce manuscrit a été commencé au plus tard en avril 1829 et a été terminé en
juin 1829.
Une copie de l'original a ensuite été faite par Oliver Cowdery et deux autres
secrétaires. Cette copie est appelée le manuscrit de l'imprimeur (P), parce que
cest celle qui a été normalement utilisée pour la composition de la première
édition (1830) du Livre de Mormon. Elle a été commencée en juillet 1829 et finie au
début de 1830.
Le manuscrit de l'imprimeur n'est pas une copie exacte du manuscrit original. Il y a en
moyenne trois changements par page du manuscrit original. Ces changements semblent être
des erreurs de copie normales ; il ny a quasiment aucune indication de modification
délibérée. La plupart des changements sont mineurs et une sur cinq environ cause une
différence perceptible dans la signification. Comme elles étaient toutes relativement
mineures, la plupart des erreurs ainsi introduites dans le texte sont restées dans les
éditions imprimées du Livre de Mormon et n'ont pas été détectées ni corrigées sauf
par référence au manuscrit original. Une vingtaine de ces erreurs ont été corrigées
dans l'édition de 1981.
Le compositeur de l'édition de 1830 a ajouté la ponctuation, la division en paragraphes
et d'autres marques dimpression sur un tiers environ des pages du manuscrit de
l'imprimeur. Ces mêmes marques apparaissent sur un fragment de l'original, indiquant
qu'il a été utilisé au moins une fois dans la composition de l'édition de 1830.
En vue de la deuxième édition (1837), des centaines de changements grammaticaux et
quelques corrections de texte ont été apportés dans P. Après la publication de cette
édition, P a été conservé par Oliver Cowdery. Après sa mort en 1850, son beau-frère,
David Whitmer, a conservé P jusqu'à sa mort en 1888. En 1903, le petit-fils de Whitmer a
vendu P à l'Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui le
possède aujourd'hui. Il existe dans sa totalité excepté deux lignes au bas de la
première feuille.
Le manuscrit original n'a pas été consulté pour les corrections de l'édition de 1837.
Cependant, pour l'édition de 1840, Joseph Smith a utilisé O pour rétablir certains de
ses termes originaux. En octobre 1841, Joseph Smith a placé O dans la pierre angulaire de
la Nauvoo House. Plus de quarante ans plus tard, Lewis Bidamon, second mari d'Emma Smith,
a ouvert la pierre angulaire et a constaté que les infiltrations d'eau avaient détruit
la majeure partie d'O. Les pages restantes ont été distribuées à diverses personnes au
cours des années 1880.
Il reste aujourd'hui approximativement 25 pour cent du texte d'O : 1 Néphi 2
jusquà 2 Néphi 1 avec des lacunes, Alma 22 à Hélaman 3 avec des lacunes, et
quelques autres fragments. Toutes les pages authentiques dO sauf une et tous les
fragments authentiques se trouvent dans les archives du département historique de
lEglise ; une demi feuille (de 1 Néphi 14) appartient à l'université d'Utah.
Livre de Mormon Noms
Auteur : Hoskisson, Paul Y.
Le Livre
de Mormon contient 337 noms propres et 21 formes analogues basées sur des noms propres.
Dans ce calcul sont compris des noms que lon ne qualifierait normalement pas de noms
propres, comme les espèces animales, s'ils apparaissent comme translittérations dans le
texte anglais et pas comme traductions. Réciproquement, les noms propres qui apparaissent
seulement sous forme de traduction ne sont pas inclus, comme Abondance et Désolation. Sur
ces 337 noms propres, 188 ne se trouvent que dans le Livre de Mormon, tandis que 149 sont
communs au Livre de Mormon et à la Bible. Si les passages textuels communs au Livre de
Mormon et à la Bible sont exclus, 53 noms apparaissent dans les deux livres.
La solution pratique serait de diviser la liste des noms du Livre de Mormon en trois
groupes parce qu'il mentionne (1) les Jarédites, (2) la communauté fondée par Léhi
(quon pourrait appeler « Léhites ») et (3) le peuple désigné sous le nom de
peuple de Zarahemla (quon pourrait appeler « Mulékites »), qui ont tous
contribué à l'histoire du Livre de Mormon et donc à la liste de noms propres (voir
Livre de Mormon Peuples). Si lon peut faire cette répartition avec une
certaine exactitude pour des noms jarédites, il n'est pas facile de maintenir la
distinction entre Léhites et Mulékites, parce qu'une partie des Léhites sest unie
à un moment donné avant 130 av. J.-C. aux Mulékites ; on ne sait pratiquement rien des
noms mulékites davant ce moment-là. Pour le moment, les noms léhites et
mulékites doivent être traités ensemble. Étant donné ce regroupement des noms du
Livre de Mormon, 142 des 188 noms propres au Livre de Mormon sont léhites-mulékites, 41
sont jarédites et 5 sont communs aux deux groupes.
Il reste encore beaucoup de travail préliminaire à effectuer sur les noms du Livre de
Mormon. Le système de translittération du texte anglais doit être clarifié : est-ce
que le j du texte indique seulement le phonème néphite /y/ ou peut-il également
représenter le /h/ dans le nom « Job » comme cest le cas une fois dans la KJV ?
Une analyse critique fiable du texte est nécessaire : quelle est la gamme des
orthographes possibles de Cumorah qui pourraient indiquer des valeurs phonémiques ? Les
phénomènes linguistiques nécessitent une explication : il n'y a pas de noms appartenant
exclusivement au Livre de Mormon qui commencent par /b/, mais plusieurs commencent par
/p/. Q et x napparaissent dans aucun nom du Livre de Mormon. V, w et y
napparaissent dans aucun nom appartenant exclusivement au Livre de Mormon. D, f et u
ne commencent aucun nom appartenant exclusivement au Livre de Mormon.
Les noms léhites-mulékites montrent souvent une très grande affinité avec les langues
sémitiques (CWHN 6:281-94). Par exemple, Abish et Abinadi ressemblent à ab, père, des
noms en hébreu ; Alma apparaît dans une lettre de Bar Kochba (v. 130 apr. J.-C.)
trouvée dans le désert de Judée ; Mulek pourrait être un diminutif du mlk sémitique
occidental, signifiant roi ; Omni et Limhi semblent avoir la même morphologie que Omri et
Zimri dans lAncien Testament ; Jershon est remarquablement proche d'une forme de nom
de la racine hébraïque yrs (voir ci-dessous). Certains noms léhites-mulékites
ressemblent davantage à l'égyptien : Ammon, Korihor, Pahoran et Paanchi (CWHN 5:25-34).
Les noms jarédites ne présentent aucune affinité linguistique uniformément évidente.
Comme les noms propres de la plupart des langues, ceux du Livre de Mormon avaient
probablement des significations sémantiques pour les peuples du Livre de Mormon. Ces
significations ressortent clairement de plusieurs cas où le Livre de Mormon fournit la
traduction dun nom propre. Par exemple, Irréantum signifie « de nombreuses eaux »
(1 Né. 17:5), et Rabbanah est interprété comme voulant dire « roi puissant ou grand
roi » (Al. 18:13). Le plus grand de tous les obstacles à la compréhension des
possibilités sémantiques des noms propres du Livre de Mormon reste labsence du
texte néphite dorigine. Les translittérations du texte anglais ne permettent que
des conjectures et des approximations quant à la nature des noms et de leur plage
sémantique possible. En outre, si lon veut quelles aient une valeur
quelconque, de telles suppositions doivent être basées sur une connaissance des origines
linguistiques possibles des noms, comme lhébreu et légyptien de l'âge du
fer pour les noms léhites et mulékites.
Les noms propres du Livre de Mormon peuvent fournir des informations au sujet du texte et
de la/les langue/s employés pour le composer. Une fois quon les étudie en
employant la méthodologie qui convient, ces noms témoignent de l'origine ancienne du
Livre de Mormon. Par exemple, Jershon est le toponyme dun pays donné par les
Néphites à un groupe de Lamanites comme terre dhéritage ; sur la base de la
correspondance habituelle dans la KJV entre j et le phonème hébreu /y/, le Jershon du
Livre de Mormon pourrait correspondre à la racine hébraïque yrs signifiant « hériter
», ce qui donnerait un jeu de mots approprié dans Al. 27:22 : « et ce pays de Jershon
est le pays que nous donnerons en héritage à nos frères. » De même, Alma, un nom du
Livre de Mormon qui, utilisé pour un homme, pourrait sembler maladroit, est maintenant
attesté dans deux documents hébreux du IIe siècle apr. J.-C., de lépoque de Bar
Kochba (Yadin, p. 176) et milite donc pour une présence hébraïque forte et continue
parmi les peuples du Livre de Mormon.
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y. "An Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study
of the Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by Faith, dir. de
publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol.2, pp. 126-35. Salt Lake City, 1990.
Tvedtnes, John A. "A Phonemic Analysis of Nephite and Jaredite Proper Names."
F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1977.
Yadin, Y. Bar Kokhba, p. 176. Jerusalem, 1971.
PAUL Y. HOSKISSON
Livre de Mormon Personnalités
[Les expériences, pensées, sentiments et personnalités de plusieurs individus sont mis
en évidence dans le Livre de Mormon. Jésus-Christ est au centre du livre ; voir
Jésus-Christ dans les Écritures : Jésus-Christ dans le Livre de Mormon.
Le prophète fondateur est Léhi. On trouvera des articles à son sujet et au sujet des
membres de sa famille dans Léhi, Laman, Néphi 1, Jacob, fils de Léhi et Ismaël. Pour
ce qui est de Sariah, épouse de Léhi, et des autres femmes du Livre de Mormon, voir
Femmes dans le Livre de Mormon.
Le dernier roi néphite (153-90 av. J.-C.) est Mosiah 2. On trouvera des articles sur son
grand-père, son père et son frère dans Mosiah 1, Benjamin, Hélaman 1. De 90 av. J.-C.
à 321 apr. J.-C., les annales néphites ont été tenues par des descendants d'Alma 1 ;
voir Alma 1 , Alma 2, Hélaman 2, Hélaman 3, Néphi 2, Néphi 3, Néphi 4. Les derniers
prophètes, chefs militaires et historiens néphites sont Mormon et son fils, Moroni 2,
baptisé du nom d'un précédent capitaine en chef, Moroni 1.
Quatre autres prophètes ont une place importante dans le Livre de Mormon ; voir Abinadi,
Amulek, Samuel le Lamanite et Frère de Jared. Les prophètes du Vieux Monde cités dans
le Livre de Mormon sont Ézias, Ésaïe, Joseph, Moïse, Néum, Zénock et Zénos.
Concernant les divers groupes de personnes du Livre de Mormon, voir Livre de Mormon
Peuples, Jarédites, Lamanites, Mulek et Néphites. Voir aussi Livre de Mormon
Noms.]
Livre de Mormon Peuples
Auteur : Sorenson, John L.
Quinze
groupes distincts de peuples au moins sont mentionnés dans le Livre de Mormon. Quatre
(Néphites, Lamanites, Jarédites et le peuple de Zarahemla [Mulékites]) ont joué un
rôle de premier plan ; cinq sont secondaires et six autres tertiaires.
LES NÉPHITES. Le noyau de ce groupe est constitué des descendants directs de Néphi 1,
fils du père fondateur Léhi. La direction politique dans l'aile néphite de la colonie
« navait été conféré[e] quà ceux qui étaient descendants de Néphi »
(Mos. 25:13). Ce ne sont pas seulement les premiers rois et juges mais même Mormon, le
dernier commandant militaire des Néphites, qui se qualifient à cet égard (il note de
manière explicite qu'il est « pur descendant de Léhi » [3 Né. 5:20] et « descendant
de Néphi » [Mrm. 1:5]).
Dans un sens plus large, « Néphites » est le nom donné à tous ceux qui sont
gouvernés par un souverain néphite, comme dans Jcb. 1:13 : « Ceux qui n'étaient pas
Lamanites était Néphites ; néanmoins, ils étaient appelés [quand cétait
spécifié selon le lignage] Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites,
Lémuélites et Ismaélites. » Il est intéressant de noter que les groupes sans liens
ancestraux directs peuvent se retrouver sous légide sociopolitique néphite. Ainsi,
« tout le peuple de Zarahemla était compté avec les Néphites » (Mos. 25:13). Ce
processus d'amalgame politique a, dans beaucoup de cas, une connotation de parenté comme
quand un groupe de Lamanites convertis « prirent sur eux le nom de Néphi, afin
dêtre appelés les enfants de Néphi et dêtre comptés parmi ceux qui
étaient appelés Néphites » (Mos. 25:12). L'expression « peuple néphite » ou «
peuple de Néphi » dans des passages tels que Al. 54:14 et Hél. 1:1 suggère une
structure sociale dans laquelle des populations probablement diverses (« le peuple »)
sont dominées par une élite (« les Néphites »).
Être Néphite peut également impliquer un ensemble de croyances et de pratiques
religieuses (Al. 48:9-10 ; 4 Né. 1:36-37) aussi bien que la participation à une
tradition culturelle (Én. 1:21 ; Hél. 3:16). On pouvait apparemment distinguer la
plupart des Néphites des Lamanites (Jcb. 3:5 ; Al. 55:4, 8 ; 3 Né. 2:15).
L'unité socioculturelle et politique quimplique l'utilisation du titre général «
Néphites » est démentie par le contexte historique qui révèle une longue série de «
dissensions » par rapport au gouvernement néphite, des groupes importants allant
périodiquement rejoindre les Lamanites (Al. 31:8 ;43:13 ; Hél. 1:15).
Le Livre de Mormon, lhistoire à orientation religieuse dune lignée, est
avant tout un compte rendu tenu par des Néphites, lesquels en sont les acteurs
principaux. Étant donné que le récit a été écrit du point de vue de ce peuple (en
réalité, de ses dirigeants), tous les autres groupes sont compris et représentés comme
les voient les élites néphites. Il ny a, dans les annales néphites, que des
fragments qui indiquent directement le point de vue d'autres groupes ou même
dhommes du peuple néphite.
LES LAMANITES. Ce nom est, lui aussi, appliqué de plusieurs manières. Les descendants
directs de Laman, fils aîné de Léhi, constituent, en termes généraux, l'ossature des
Lamanites (Jcb. 1:13-14 ; 4 Né. 1:38-39). Les « Lémuélites » et les « Ismaélites
», qui se sont alliés aux descendants de Laman en matière de croyance et de
comportement, sont également appelés Lamanites (Jcb. 1:13-14). Cest aussi le cas
de « tous les dissidents des Néphites » (Al. 47:35). Cette terminologie est employée
dans les annales néphites, bien qu'on ne puisse pas être sûr que tous les dissidents
sappliquaient le terme à eux-mêmes. Cependant, lun de ces dissidents au
moins, Ammoron, un Zoramite, se vante : « Je suis un fier Lamanite » (Al. 54:24).
Les souverains dans le système lamanite semblent avoir eu plus de difficultés que les
souverains néphites à unir les groupes composant leur société sous un même régime
(Al. 17:27-35 ; 20:4, 7, 9, 14-15 ; 47:1-3). On a limpression quils comptent
plus sur le charisme ou sur la contrainte que sur une tradition commune, des idéaux ou un
appareil de fonctionnaires. Nous ne savons pas sil existait une règle selon
laquelle les rois lamanites devaient être descendants de Laman. Au début du deuxième
siècle av. J.-C., deux rois lamanites successifs sappelaient Laman (Mos. 7:21 ;
24:3) ; étant donné que cest un chroniqueur de culture néphite qui interprète
cette désignation de lautre côté dune frontière culturelle, il est
possible que « Laman » ait vraiment été un titre de fonction, de la même manière que
les rois néphites portaient le titre « Néphi » (Jcb. 1:9-11). Cependant, plus tard,
Lamoni, souverain lamanite local, est décrit comme « un descendant d'Ismaël », pas de
Laman (Al. 17:21) et son père, roi de tout le pays de Néphi (patrie originelle des
Néphites prise et occupée par les Lamanites pendant une grande partie du reste de
lhistoire du Livre de Mormon), devait avoir la même ascendance. De toute évidence,
s'il y avait une règle que les descendants de Laman héritent du trône, elle
nétait pas appliquée systématiquement. De plus, Amalickiah et son frère, tous
deux dissidents néphites, vont obtenir le trône lamanite et prétendre à la
légitimité (Al. 47:35 ; 52:3).
Il est dit à plusieurs reprises que les Lamanites sont beaucoup plus nombreux que les
Néphites (Jm 1:6 ; Mos. 25:3 ; Hél. 4:25), un fait qui pourrait sembler contredire la
description que font deux les Néphites au commencement quand ils les traitent de
chasseurs sauvages, ce qui nécessite normalement beaucoup plus de territoire par personne
quil nen faut aux fermiers (Én. 1:20 ; Jm 1:6). L'expression « peuple des
Lamanites » (Al. 23:9-12) peut indiquer que des élites lamanites dominaient une
paysannerie disparate.
Les quelques aperçus directs que l'histoire néphite nous donne des Lamanites indiquent
un niveau bien au-delà dune culture « sauvage », bien quinférieure à la
« civilisation » attribuée aux Néphites. Leur sophistication était peut-être due un
peu à l'influence des dissidents néphites parmi eux (voir Mos. 24:3-7). Apparemment
certains Lamanites se sont montrés prompts à apprendre auprès de cette source ; de
plus, ceux qui se convertissent à la religion prophétique enseignée par les
missionnaires néphites sont habituellement décrits comme exemplaires (Al. 23:5-7 ; 56 ;
Hél. 6:1).
LE PEUPLE DE ZARAHEMLA (MULÉKITES). Au troisième siècle av. J.-C., quand le dirigeant
néphite Mosiah 1 et son peuple descendent du pays de Néphi jusquau fleuve Sidon,
« ils découvrirent un peuple qui sappelait le peuple de Zarahemla » (Om. 1:13-14)
parce que leur souverain porte ce nom. Ces gens descendent d'un groupe qui a fui la
conquête babylonienne de Jérusalem en 586 av. J.-C., et dont faisait partie Mulek, un
fils du roi juif Sédécias. Cest pour cela que les saints des derniers jours
appellent souvent Mulékites les descendants de ce groupe, bien que le Livre de Mormon
n'emploie jamais le terme. Au moment où les Néphites le découvrent vers 200 av. J.-C.,
ce peuple est « extrêmement nombreux » bien que culturellement dégénéré à cause de
l'analphabétisme et de la guerre (Om. 1:16-17). Le récit néphite dit que
lensemble de la population accueillit Mosiah comme roi.
Mosiah apprend que le peuple de Zarahemla a découvert le dernier survivant connu des
Jarédites peu avant sa mort. Grâce à cela ou par des survivants non mentionnés, des
éléments de la culture jarédite semblent avoir été apportés aux Néphites par le
peuple de Zarahemla (CWHN 5:238-247). Le fait que le peuple de Zarahemla parle une langue
inintelligible pour les Néphites est une indication complémentaire dun mélange
ethnique plus diversifié que le laisse entendre le court récit, qui suppose une origine
purement juive.
Les Mulékites sont peu mentionnés par la suite, probablement parce qu'ils ont été
complètement amalgamés dans une société néphite éclectique (Mos. 25:13). Il
nempêche quen 51 av. J.-C. encore, un homme affilié aux Lamanites, qui est
un descendant du roi Zarahemla, attaque la capitale néphite et sen empare
brièvement (Hél. 1:15-34)
LES JARÉDITES. Le peuple le plus ancien mentionné dans le Livre de Mormon provient de la
Mésopotamie, de la « grande tour » mentionnée dans Genèse 11. Cest de là qu'un
groupe de probablement huit familles a voyagé jusquen l'Amérique sous la direction
divine.
Lhistoire existante est un résumé, fait par Moroni 2, le dernier gardien des
annales néphites, d'une histoire écrite sur des plaques d'or par Éther, dernier
prophète jarédite, vers la moitié du premier millénaire av. J.-C. Composée et
retravaillée par Éther, Moroni 2 et Mosiah 2 (Mos. 28:11-17) et tributaire du manque de
place, lhistoire ne fait quun récit squelettique couvrant plus de deux
millénaires d'histoire jarédite. La majeure partie ne concerne quune des huit
lignées, celle de Jared, la lignée régnante à laquelle appartenait Éther, doù
le nom Jarédites (voir Livre de Mormon Plaques et annales).
Une tradition culturelle florissante finit par se développer (Ét. 10:21-27), bien que le
maintien d'une population viable semble parfois navoir pas été une mince affaire
(Ét. 9:30-34 ;11 :6-7). À la fin, ce sont des millions qui sont déclarés victimes des
guerres d'extermination dont Éther, le prophète, est témoin (Ét. 15:2). Le peuple de
Zarahemla trouvera un unique survivant, Coriantumr, le dernier roi, peu avant 200 av.
J.-C., bien qu'il soit plausible que plusieurs groupes isolés aient aussi pu survivre
pour fusionner, à linsu des historiens, avec les successeurs mulékites et
lamanites.
GROUPES SECONDAIRES. Les sept mêmes lignées mentionnées parmi les descendants de Léhi
vers le commencement des annales néphites le sont de nouveau 900 ans plus tard (Jcb. 1:13
; Mrm. 1:8). Chacune a été baptisée du nom d'un ancêtre de la première génération
et se compose vraisemblablement de ses descendants. Parmi les Néphites il y en a quatre :
les Néphites proprement dits, les Jacobites, les Joséphites et les Zoramites. Au sein de
la faction lamanite, les Lémuélites et les Ismaélites se sont joints aux descendants
proprement dits de Laman. Cette division disparaît après lapparition du Christ à
Abondance (il n'y avait ni « Lamanites, ni aucune sorte d-ites » [4 Né. 1:17]),
mais cette descendance ne sera pas oubliée, parce que les vieilles lignées vont
réapparaître plus tard (4 Né. 1:20, 36-37). Ce qui a pu se produire, cest que
certaines fonctions publiques que les groupes avaient remplies ont été reprises pendant
plusieurs générations par l'Église chrétienne, dont ils étaient tous devenus membres.
Si lon se base sur ce qui se pratiquait dans les systèmes sociaux des nations du
même genre, il est possible que l'appartenance à lun de ces sept groupes
gouvernait les choix matrimoniaux et les droits en matière de succession et peut-être la
résidence (Al. 31:3). Les Lémuélites avaient de toute évidence leur propre ville (Al.
23:12-13) et cest la descendance qui a déterminé lendroit où les Néphites
et le peuple de Zarahemla se sont assis lors de lassemblée politico-religieuse de
Mosiah 2 (Mos. 25:4 ; cf. 25:21-23). Ces fonctions ont également pu être remplies par
des groupes autres que les sept lignées.
Les sept lignées peuvent être qualifiées de « tribus », comme dans 3 Né. 7:2-4.
Juste avant les catastrophes naturelles qui vont marquer la crucifixion de Jésus-Christ,
l'unité sociale néphite s'effondre, et ils « se séparèrent les uns des autres en
tribus, chaque homme selon sa famille, et sa parenté, et ses amis
cest
pourquoi leurs tribus devinrent extrêmement grandes » (3 Né. 7:2-4).
Les Jacobites sont toujours cités les premiers parmi les trois peuples secondaires chez
les Néphites. Ils sont descendants de Jacob, frère cadet de Néphi. On ne nous dit rien
sur ce groupe, si ce nest qu'il est considéré, politiquement et culturellement,
comme néphite. Puisque Jacob lui-même est prêtre principal sous le règne de son frère
Néphi, et puisque cest lui et ses descendants qui tiennent les annales religieuses
commencées par Néphi, il est possible que les Jacobites, en tant que lignée, aient eu
certaines responsabilités sacerdotales.
Les Joséphites sont, semble-t-il, descendants de Joseph, frère cadet de Néphi. Le texte
est silencieux sur les caractéristiques distinctives du groupe.
Les Zoramites descendent de Zoram, le serviteur de Laban qui a accepté sous la contrainte
de se joindre au groupe de Léhi après le meurtre de Laban à Jérusalem (1 Né.
4:31-37). Tant à la fin quau début du récit (Jcb. 1:13 et 4 Né. 1:36), les
Zoramites sont comptés parallèlement aux descendants de Néphi, bien que vers 75 av.
J.-C., certains d'entre eux au moins aient fait dissidence pendant un certain temps et se
soient joints à l'alliance lamanite (Al. 43:4). Étant donné quon les a alors
nommés «
capitaines en chef » des armées lamanites (Al. 48:5), il est possible
quils aient précédemment joué un rôle militaire officiel chez les Néphites. Une
raison de leur scission davec les Néphites est évidemment le souvenir de ce qui
est arrivé à leur ancêtre fondateur : Ammoron, dissident néphite et roi des Lamanites
au premier siècle av. J.-C., rappelle : « Je suis
un descendant de Zoram, que tes
pères ont enrôlé de force et ont fait sortir de Jérusalem » (Al. 54:23).
Pendant leur dissidence, leur culte, caractérisé comme idolâtre et pourtant adressé à
un Dieu d'esprit, a lieu dans des « synagogues » doù les riches ont chassé les
pauvres (Al. 31:1, 9-11 ; 32:5). Leurs pratiques se sont écartées de la manière
dagir des Néphite et de la loi de Moïse (Al. 31:9-12). Peu de temps après les
signes marquant la naissance du Christ et presque huit ans après la mention la plus
ancienne de leur séparation davec les Néphites, ces Zoramites sont toujours
dissidents et incitent, à laide de « mensonges » et de « paroles flatteuses »
(3 Né. 1:29), les Néphites naïfs à se joindre aux brigands de Gadianton. Pourtant deux
siècles plus tard ils seront de retour dans la bergerie néphite (4 Né. 1:36).
La liste des peuples secondaires parmi les Lamanites commence par les Lémuélites. Ils
sont vraisemblablement la postérité de Lémuel, deuxième fils de Léhi. On ne nous dit
rien du groupe en tant quentité séparée à part les listes habituelles des
ennemis des Néphites (Jcb. 1:13-14 ; Mrm. 1:8-9), bien qu'une « ville de Lémuel » soit
mentionnée dans Al. 23:12.
Les Ismaélites sont descendants du beau-père de Néphi et de ses frères (1 Né. 7:2-5).
On ne nous dit nulle part pourquoi les fils d'Ismaël (1 Né. 7:6) n'ont pas fondé des
lignées à eux. Comme pour les autres groupes secondaires, nous navons pas grand
chose permettant de les caractériser. À un moment donné, ils vont occuper un pays dit
d'Ismaël au sein du pays de Néphi, où lun deux, Lamoni, est roi (Al.
17:21).
Dune façon ou d'une autre, à lépoque d'Ammon et de ses collègues
missionnaires (premier siècle av. J.-C.), les Ismaélites sont au pouvoir dans tout le
pays de Néphi ainsi que sur certains royaumes qui le composent. (Dans Al. 20:9, le grand
roi laisse entendre que les frères de Lamoni sont, eux aussi, des souverains.) Pourtant
le roi revient avec la sempiternelle plainte lamanite que dans la première génération
Néphi a privé ses pères du droit de régner (Al. 20:13). Cest, de toute
évidence, un Lamanite culturellement loyal, même sil fait partie dune
lignée mineure.
L'information finale que nous avons sur les Ismaélites et les Lémuélites est leur
présence dans les armées combinées luttant contre les Néphites du temps de Mormon
(Mrm. 1:8). On peut supposer que leurs contingents ont été impliqués dans le massacre
final des Néphites à Cumorah.
GROUPES TERTIAIRES. Six autres groupes se qualifient comme peuples, même s'ils ne
montrent pas la puissance des sept lignées.
Les premiers décrits sont le peuple de Zénif (Zénifites). Zénif, un Néphite, un
demi-siècle environ après que Mosiah a découvert le peuple et le pays de Zarahemla,
emmène, hors de Zarahemla, un groupe de gens qui désirent vivement recoloniser « le
pays de Néphi, ou pays du premier héritage de nos pères » (Mos. 9:1). Accueillis au
début par les Lamanites locaux, ils se retrouvent avec le temps forcés de payer un
impôt élevé à leurs suzerains. Une longue section sur eux dans le livre de Mosiah
(Mos. 9-24) relate leurs expériences temporelles et spirituelles dramatiques sur trois
générations jusqu'à ce qu'ils réussissent à s'échapper et à retourner à Zarahemla.
Là, ils redeviennent Néphites, bien que conservant peut-être une certaine autonomie
résidentielle et religieuse en tant que l'une des « sept Églises » (Mos. 25:23).
Deux groupes se sont détachés du peuple de Zénif. Le peuple d'Alma 1 est constitué de
réfugiés religieux qui ont cru aux paroles du prophète Abinadi et ont fui l'oppression
et la méchanceté existant sous le roi Noé, deuxième roi zénifite (Mos. 18, 23-24). Au
nombre de quelques centaines, ils conservent un statut social et politique indépendant
pendant moins de vingt-cinq ans avant d'échapper à la domination lamanite et de
retourner en territoire néphite, où ils fondent l « Église de Dieu » à
Zarahemla (Mos. 25:18), mais ne tardent pas à disparaître du récit en tant que groupe
identifiable.
Le deuxième fragment zénifite commence quand les prêtres du roi Noé, dirigés par
Amulon, senfuient dans le désert pour éviter de se faire exécuter par leurs
sujets rebelles. Au cours de leur fuite, ils enlèvent des femmes lamanites et les
prennent pour femmes, fondant ainsi les Amulonites dans un pays où ils créent leur
propre version de la culture néphite (Mos. 24:1). Avec le temps, ils vont adopter
lordre religieux de Néhor (voir ci-dessous), usurper la direction politique et
militaire et « exciter » les Lamanites pour quils attaquent les Néphites (Al.
21:4 ; 24:1-2 ; 25:1-5). Eux et les Amalékites (voir ci-dessous) aident les Lamanites à
construire une ville appelée Jérusalem dans le pays de Néphi. À en juger par les
brèves déclarations des Néphites (Mos. 12-13 ; Al. 21:5-10), les Amulonites et les
Amalékites se considèrent comme les défenseurs d'un système de croyances basé sur
lAncien Testament, ce qui explique certainement le nom quils donnent à leur
ville.
Un des groupes de dissidents néphites les plus anciens, ce sont les Amlicites.
Lambitieux Amlici, disciple de Néhor, se réclamant vraisemblablement dune
naissance noble (Al. 51:8), rassemble un grand nombre de partisans et défie le système
néphite innovateur du règne des juges institué par Mosiah 2 ; Amlici veut être roi.
Quand son projet est contrecarré par « la voix du peuple », il complote une attaque
coordonnée avec les Lamanites grâce à laquelle il réussit presque à semparer de
Zarahemla, la capitale néphite. Les forces loyalistes commandées par Alma 2 finissent
par détruire ou disperser l'ennemi (Al. 2:1-31). Amlici est tué, mais on ne sait pas
quel sort sera réservé à ses forces. Il est vraisemblable que certains de leurs
éléments auront accompagné l'armée lamanite battue au pays de Néphi. Le nom Amlicite
n'est plus utilisé après cela.
Un autre groupe de dissidents néphites, les Amalékites, vit au pays de Néphi (Al.
21:2-3 ; 43:13). Leur origine n'est expliquée nulle part. Cependant, si lon se base
sur les noms et les dates, il est possible qu'ils aient constitué le reste amlicite
précédemment mentionné, leur nouveau nom étant peut-être une « lamanitisation » de
l'original. [ Voir aussi, « Les ennemis dAlma », dans
http://idumea.org/Etudes/Ecritures/LM/Ennemi_Alma.htm ] Ils sont mieux armés que les
Lamanites ordinaires (Al. 43:20) et, comme certains Zoramites, sont désignés comme chefs
militaires dans l'armée lamanite en raison de leurs « dispositions plus méchantes et
plus meurtrières » (Al. 43:6). Les annales des missionnaires néphites nous apprennent
qu'ils croient en un Dieu (Al. 22:7). Bon nombre d'entre eux, comme les Amlicites,
appartiennent à l'ordre religieux de Néhor et construisent des sanctuaires ou des
synagogues où ils rendent le culte (Al. 21:4, 6). Comme les Amulonites, ils refusent
absolument daccepter la religion orthodoxe néphite (Al. 23:14). Au lieu de cela,
ils croient que Dieu sauvera tout le monde. Entre leur première et leur dernière
mention, il ne sécoule que quinze ans.
Pendant une mission de quatorze ans au pays de Néphi, les missionnaires néphites Ammon
et ses frères font beaucoup de convertis lamanites (Al. 17-26). Lamoni, un roi lamanite
qui fait partie de ces convertis, donne aux convertis lamanites le nom
d'Anti-Néphi-Léhis. Ces gens se distinguent singulièrement par leur engagement ferme
vis-à-vis de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment les commandements du Sauveur
daimer ses ennemis et de ne pas résister au méchant (3 Né. 12:39, 44 ; Mt. 5:39,
44). Ammon affirme que ces gens surpassent les Néphites pour ce qui est de lamour
chrétien (Al. 26:33). Après leur conversion, dit le Livre de Mormon, ils « n'avaient
plus le désir de faire le mal » (Al. 19:33) et « ne combattirent plus Dieu, ni aucun de
leurs frères » (Al. 23:7). Ayant précédemment versé le sang humain, ils font
alliance, en tant que peuple, de ne plus jamais ôter la vie à un être humain (Al. 24:6)
et enterrent même toutes leurs armes (Al. 24:17). Ils ne veulent pas se défendre quand
ils sont attaqués par les Lamanites et 1.005 d'entre eux se font tuer (Al. 24:22). Ammon
exhorte les Anti-Néphi-Léhis vulnérables à senfuir en territoire néphite. Chez
les Néphites, on va les appeler peuple d'Ammon (ou Ammonites ; voir Al. 56:57). Ils
aboutissent dans un lieu séparé en pays néphite, le pays de Jershon (Al. 27:26). Plus
tard, ils vont sinstaller en masse au pays de Mélek (Al. 35:13), où les
rejoindront de temps en temps d'autres réfugiés lamanites.
Quelques années plus tard, désirant aider les armées néphites à défendre le pays,
mais ne souhaitant pas rompre son alliance (Al. 53:13), le peuple d'Ammon envoie 2.000 de
ses fils volontaires comme soldats, puisque ceux-ci n'ont pas, comme lui, contracté
lalliance de la non-violence. Ces « deux mille jeunes soldats » (Al. 53:22) seront
connus comme fils dHélaman, leur chef néphite et auront beaucoup de succès au
combat (Al. 56:56). Bien que tous aient été blessés, aucun ne sera jamais tué, une
bénédiction remarquable attribuée « au pouvoir miraculeux de Dieu, à cause de leur
foi extrême » (Al. 57:26 ; cf. 56:47).
Selon Hél. 3:11, une génération plus tard, certains du peuple d'Ammon vont émigrer au
« pays situé du côté du nord ». C'est la dernière fois quon parle deux
dans le Livre de Mormon.
AUTRES GROUPES. Parmi les autres groupes mentionnés dans le Livre de Mormon, il y a les
combinaisons secrètes ou « brigands » très répandues. Pourtant ces groupes ne se
qualifient pas comme « peuples » mais comme associations, auxquelles les gens peuvent se
joindre ou quils peuvent quitter de leur propre gré.
Un autre groupe, l « ordre de Néhor », est un culte centré sur les idées que
les prêtres doivent être payés et que Dieu rachètera tout le monde. Ce n'est pas
vraiment un « peuple » au sens technique : le terme implique une continuité biologique
quune secte ne possède pas.
Les habitants des différentes villes sont parfois appelés peuples. Il est certain que
des croyances et des coutumes locales les distinguaient les uns des autres, mais nous ne
disposons pas de détails suffisants pour décrire des unités à cette échelle.
Bibliographie
Nibley, Hugh W. Lehi in the Desert; The World of the Jaredites; There Were Jaredites. CWHN
5. Salt Lake City, 1988.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Welch, John W. "Lehi's Last Will and Testament: A Legal Approach." Dans The Book
of Mormon: Second Nephi, The Doctrinal Structure, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp.
61-82. Provo, Utah, 1989.
JOHN L. SORENSON
Livre de Mormon Plaques et
annales
Auteur : Hardy, Grant R.
Le Livre
de Mormon est un texte complexe avec une histoire compliquée. C'est principalement
labrégé de plusieurs documents plus anciens fait par son rédacteur en chef et
homonyme, Mormon. Tous ces documents sont qualifiés de « plaques » parce qu'ils ont
été gravés sur de fines feuilles de métal. Mormon sest servi de divers documents
sources dans sa compilation, ce qui est à lorigine de transitions brusques et de
disjonctions chronologiques qui peuvent perturber le lecteur. Cependant, quand on connaît
bien l'histoire du texte, elles sont cohérentes et ont du sens. Les diverses plaques et
annales mentionnées dans le Livre de Mormon et utilisées pour le composer sont (1) les
plaques dairain, (2) les annales de Léhi, (3) les grandes plaques de Néphi 1, (4)
les petites plaques de Néphi, (5) les plaques de Mormon et (6) les vingt-quatre plaques
d'or dÉther.
LES PLAQUES D'OR. Les plaques d'or que le prophète Joseph Smith a reçues et traduites
sont les plaques de Mormon sur lesquels celui-ci et son fils Moroni 2 avaient fait leur
abrégé. Mormon, un prophète et chef militaire qui a vécu à la fin de l'ère néphite
(v. 385 apr. J.-C.), était lavant-dernier gardien des annales des prophètes et
souverains néphites précédents. Il avait en particulier les grandes plaques de Néphi,
qui étaient la chronique néphite officielle et quil reçut le commandement de
continuer (Mrm. 1:4). Il fit plus tard ses propres plaques de Mormon, sur lesquelles il
compila un abrégé des grandes plaques de Néphi (Pa. 1:3-5 ; 3 Né. 5:9-10), qui
couvrent 985 ans d'histoire néphite, depuis le temps de Léhi jusquau sien. Les
grandes plaques puisaient dans des annales encore plus anciennes et dans les écrits de
divers prophètes et contenaient fréquemment diverses sources telles que lettres,
bénédictions, discours et mémoires.
Après avoir fait son abrégé jusquau règne du roi Benjamin inclus (v. 130 av.
J.-C.), Mormon découvrit les petites plaques de Néphi, une histoire séparée de la
même période de temps focalisée sur les événements spirituels de ces années et
citant considérablement les plaques dairain. Poussé par linspiration à
ajouter les petites plaques de Néphi à ses propres annales, Mormon inséra une brève
explication de ce double récit des débuts de l'histoire néphite (Pa. 1:2-9).
Mormon continua son abrégé, choisissant parmi les grandes plaques, paraphrasant et
ajoutant souvent ses propres commentaires, poursuivant le récit jusquà son
époque. Prévoyant sa mort, il passa les plaques à son fils Moroni. Pendant les quelques
décennies suivantes, Moroni erra en solitaire, faisant des ajouts aux annales de son
père, notamment deux chapitres maintenant inclus dans un livre précédemment abrégé
par son père (Mrm. 7-8) et lhistoire des Jarédites qu'il avait abrégée des
vingt-quatre plaques d'or dÉther. Il copia aussi une grande vision des derniers
jours qui avait été écrite par lun des premiers prophètes jarédites, le frère
de Jared, et quil avait été commandé à Moroni de sceller (Ét. 4:4-5). Il ajouta
aussi de brèves notes sur des rituels de lÉglise (Mro. 1-6), un sermon et deux
lettres de son père (Mro. 7-9), et une exhortation aux futurs lecteurs (Mro. 10).
Finalement, Moroni prit cette collection quelque peu hétérogène dannales
les plaques de Mormon, les petites plaques de Néphi, son abrégé des plaques
dÉther et la partie scellée contenant la vision du frère de Jared et les
enterra. Quelque 1.400 ans plus tard, en 1823, Moroni, alors ressuscité, apparut au
prophète Joseph Smith et révéla l'endroit où se trouvaient ces annales. Les plaques de
Mormon, qui, à lexception de la partie scellée, ont été traduites par après par
Joseph Smith, sont appelées aujourd'hui les plaques d'or.
Cependant, le Livre de Mormon anglais actuel n'est pas simplement la traduction de toutes
ces plaques d'or. Joseph Smith et Martin Harris commencèrent par traduire les plaques de
Mormon et quand ils furent parvenus au règne du roi Benjamin, ils avaient 116 pages de
traduction. Harris emprunta ces pages pour les montrer à sa femme, puis les perdit, et on
ne les retrouva jamais (voir Manuscrit, 116 pages perdues). Il fut commandé à Joseph de
ne pas retraduire ces pages (D&A 10:30-46), mais de leur substituer la traduction des
petites plaques parallèles de Néphi comprenant les livres de 1 Néphi, 2 Néphi, Jacob,
Énos, Jarom et Omni. Le Livre de Mormon actuel ne contient donc que le deuxième récit
du début de l'histoire néphite.
Vient ensuite la traduction du reste des plaques de Mormon, abrégé des grandes plaques
de Néphi, qui comporte les livres de Mosiah, d'Alma, dHélaman, de 3 Néphi, de 4
Néphi et de Mormon (dont les deux derniers chapitres ont été écrits par Moroni). Ils
sont suivis de labrégé de l'histoire jarédite (le livre dÉther) par Moroni
et de ses notes de clôture (le livre de Moroni). Joseph Smith reçut le commandement de
ne pas traduire la vision scellée du frère de Jared, qui constituait apparemment une
partie substantielle des plaques d'or (Ludlow, p. 320). Bien que Joseph Smith nait
traduit que les plaques d'or, lui et ses associés ont vu beaucoup d'autres annales (JD
19:38 ; Millennial Star 40, 1878, pp. 771-772).
LES PLAQUES DAIRAIN. On sait maintenant que beaucoup d'anciens du monde
méditerranéen écrivaient sur des plaques en métal. « Quand le document était
dimportance majeure, on se servait de plaques de cuivre, de bronze ou même de
métaux précieux au lieu des tablettes habituelles de bois, de plomb ou d'argile » (CWHN
5:119 ; voir aussi H.C. Wright, dans Journal of Library History 16, 1981, pp. 48-70).
Lun de ces documents sur métal était dans la possession d'un certain Laban, un
dirigeant de Jérusalem en 600 av. J.-C. On ne sait pas doù Laban tenait ces
plaques ni comment il les avait obtenues à l'origine. Plusieurs théories ont été
avancées, notamment la possibilité que les plaques dairain provenaient du temps de
Joseph d'Égypte (Ludlow, p. 56). Le Livre de Mormon dit que Laban et son père avaient
hérité des annales et les conservaient parce qu'ils étaient descendants de ce Joseph (1
Né. 5:16).
Ce que le Livre de Mormon dit, cest comment le prophète Léhi a obtenu la
possession des plaques dairain. Après avoir fui Jérusalem, Léhi reçut de Dieu le
commandement de renvoyer ses fils à la ville pour se procurer les plaques auprès de
Laban. Quand il les reçut, il constata qu'elles contenaient les cinq livres de Moïse,
les annales des Juifs depuis le commencement jusquau règne de Sédécias, les
prophéties des saints prophètes au cours de cette même période (y compris certaines
des prophéties de Jérémie) et la généalogie des pères de Léhi (1 Né. 3-5).
Néphi et les chefs spirituels successifs tenaient les plaques dairain en haute
estime. Elles furent transmises par les prophètes principaux depuis Néphi jusquà
Mormon et comme elles étaient écrites sous une forme adaptée de l'égyptien (voir Livre
de Mormon Langue), ceux qui les tenaient apprenaient à lire cette langue (Mos.
1:2-4). Les plaques dairain furent les écritures de base de la nation néphite et
pendant des siècles leurs prophètes les lurent, les citèrent dans leurs sermons et en
utilisèrent des extraits pour enrichir leurs propres écrits. Par exemple, quand le
prophète Abinadi cite les dix commandements dans une controverse avec les prêtres de
Noé, sa connaissance des dix commandements est due, au moins indirectement, aux plaques
dairain (Mos. 12-13). Comme Mosiah 2 le dit : « Car il naurait pas été
possible à notre père, Léhi, de se souvenir de toutes ces choses, pour les enseigner à
ses enfants, sil ny avait pas eu laide de ces plaques » (Mos. 1:4).
Les annales du Livre de Mormon, en particulier les petites plaques de Néphi, citent de
temps en temps en long et en large les plaques dairain et ces citations contiennent
vingt et un chapitres complets d'Ésaïe. Bien que la traduction de ces citations suive
généralement la formulation de la King James Version de la Bible, il y a beaucoup de
différences importantes, qui peuvent indiquer l'existence de sources textuelles plus
anciennes (Tvedtnes, pp. 165-177). Il ressort également des citations scripturaires du
Livre de Mormon que les plaques dairain contenaient davantage des écrits des
prophètes hébreux que lAncien Testament actuel. Par exemple, le Livre de Mormon
mentionne des prophéties de Joseph d'Égypte qui ne se trouvent pas dans la Bible, ainsi
que des écrits de Zénos, de Zénock, de Néum et d'Ézias, des prophètes qui ne sont
pas mentionnés dans lAncien Testament.
LES ANNALES DE LÉHI. Malheureusement, labrégé fait par Mormon des annales de
Léhi est le texte traduit dans les 116 pages de manuscrit qui ont été perdues et par
conséquent il n'est pas disponible dans le Livre de Mormon actuel. Léhi a écrit un
récit de sa vie et de ses expériences spirituelles qui fut inclus dans les grandes
plaques de Néphi (1 Né. 19:1). Mormon a abrégé ces annales dans ses plaques et Joseph
Smith les a traduites, mais comme elles ont été perdues par Martin Harris, on nen
sait quasiment rien maintenant excepté ce que lon peut déduire des allusions
faites dans d'autres textes (Brown, pp. 25-32 ; voir aussi la préface de la première
édition [1830] du Livre de Mormon). Quand ils citent les paroles de Léhi, Néphi et
Jacob semblent citer ce texte aujourdhui perdu et les huit premiers chapitres de 1
Néphi (une partie des petites plaques) au moins semblent être basés sur les annales de
Léhi. D'autres passages des petites plaques pourraient aussi provenir de ces annales.
LES GRANDES PLAQUES DE NÉPHI. Néphi commença les grandes plaques peu après son
arrivée dans le Nouveau Monde. Elles furent la chronique continue officielle des
Néphites depuis le moment où ils quittèrent Jérusalem (v. 600 av. J.-C.) jusqu'à leur
destruction (385 apr. J.-C.). Apparemment les grandes plaques étaient divisées en
livres, chacun portant le nom de son auteur principal. Ces plaques « contenaient le
récit complet de l'histoire [du people de Néphi] (1 Né. 9:2, 4 ; 2 Né. 4:14 ;
Jcb. 1:2-3), la généalogie de Léhi (1 Né. 19:2) et la plus grande partie
des enseignements de Jésus-Christ ressuscité à la nation néphite (3 Né. 26:7) »
(Ludlow, p. 57). Commencées comme histoire fondamentalement profane, elles devinrent plus
tard un document mixte, mélangeant mille ans d'histoire et d'expériences religieuses
néphites.
Les grandes plaques mettent laccent sur les alliances faites avec la maison
d'Israël et citent des prophéties messianiques des prophètes du Vieux Monde que
lon ne trouve pas dans lAncien Testament. Cette information a été extraite
des plaques dairain apportées par la colonie de Léhi de Jérusalem. Elles
rapportent aussi des guerres et des querelles et contiennent de la correspondance entre
chefs militaires et des informations sur divers voyages missionnaires. Les interventions
et la puissance miraculeuse de Dieu imprègnent cette histoire. Les sermons enregistrés
du roi Benjamin, dAbinadi, et dAlma 2 sont une indication de la compréhension
profonde que ces hommes avaient de l'Évangile de Jésus-Christ et de leur foi en son
avènement prédit. Ces plaques contiennent un récit du ministère du Christ et des
enseignements quil a donnés après sa résurrection aux habitants du monde
américain (3 Né. 11-28).
Les grandes plaques de Néphi furent transmises de roi en roi jusqu'à ce qu'elles
parviennent à Mosiah 2. Il y ajouta des annales telles que celles de Zénif et d'Alma 1,
puis il les donna à Alma 2. Les plaques passèrent ensuite par une lignée de prophètes
jusqu'à lépoque d'Ammaron au début du quatrième siècle apr. J.-C. Ammaron
choisit Mormon, qui était encore enfant, pour continuer les annales quand il serait mûr.
Mormon écrivit les événements de son temps sur les grandes plaques puis les utilisa
comme source pour son abrégé, lequel fut plus tard enterré dans la colline Cumorah.
Joseph Smith ne reçut pas les grandes plaques, mais le Livre de Mormon laisse entendre
quelles pourraient un jour être publiées au monde (3 Né. 26:6-10).
LES PETITES PLAQUES DE NÉPHI. Une vingtaine dannées après avoir commencé les
grandes plaques, Néphi reçut le commandement de faire un autre jeu. Ce deuxième jeu
devait être réservé au récit du ministère de son peuple (1 Né. 9 ; 2 Né. 5:28-33).
Elles devaient contenir les choses considérées comme étant les plus précieuses : «
une prédication qui était sacrée, ou une révélation qui était grande, ou de la
prophétie » (Jcb. 1:2-4).
Les petites plaques ont été tenues pendant plus de quatre siècles, un peu moins que la
moitié du temps couvert par les grandes plaques, par neuf auteurs :
Néphi, Jacob, Énos, Jarom, Omni, Amaron, Chémish, Abinadom, et Amaléki. Tous ces
auteurs étaient les fils ou les frères de leurs prédécesseurs. Bien que ces plaques
contiennent les écrits de plusieurs personnes sur une longue période de temps, 80 pour
cent du texte ont été écrits par Néphi, le premier auteur, et les 12 pour cent
restants par son frère Jacob.
Mormon annexa les petites plaques à ses annales quand il remit les plaques de Mormon à
son fils Moroni parce que leur témoignage du Christ lui plaisait et parce qu'il était
poussé par l'Esprit du Seigneur à les inclure « dans un but sage » (Pa. 1:3-7).
Cependant, étant donné que les petites plaques couvraient la période historique déjà
gravée dans son abrégé des annales de Léhi (à savoir, de Léhi au règne du roi
Benjamin) et que le livre de Mosiah commençait par la fin du règne du roi Benjamin,
Mormon estima nécessaire d'écrire une brève explication pour montrer comment les
petites plaques de Néphi se rattachaient au livre de Mosiah. Il intitula cette
explication « Paroles de Mormon ».
Bien que conscients de la nécessité de fournir un récit historique, les auteurs des
petites plaques avaient pour but principal de parler du Christ, de prêcher le Christ, et
de prophétiser sur le Christ (2 Né. 25:26). Préoccupé denseigner à son peuple
les alliances et les promesses faites à lIsraël antique, Néphi tira ces
enseignements de prophètes plus anciens dont les textes se trouvaient sur les plaques
dairain. Il cita copieusement le prophète Ésaïe (2 Né. 12-24 ; cf. És. 2-14)
puis en fit un commentaire, prédisant lavenir des Juifs, des Lamanites et des
Gentils et prophétisant sur beaucoup de choses qui se produiraient dans les derniers
jours (2 Né. 25-30).
Jacob poursuivit la méthode de son frère en enregistrant ses propres sermons et une
longue citation d'une prophétie de Zénos et son explication. Les écrits des auteurs
ultérieurs des petites plaques sont beaucoup plus brefs et moins préoccupés de
questions spirituelles.
Amaléki note dans ses écrits que les petites plaques étaient pleines et il les confia
au roi Benjamin (Om. 1:25, 30), qui posséda ainsi les grandes et les petites plaques de
Néphi aussi bien que les plaques dairain. Tous ces jeux de plaques furent transmis
de génération en génération jusqu'à ce qu'ils fussent confiés à Mormon.
LES PLAQUES DE MORMON. Après avoir reçu les plaques, Mormon fit un nouveau jeu sur
lequel il grava son abrégé des grandes plaques de Néphi (3 Né. 5:10-11). C'est cet
abrégé, avec quelques ajouts de Moroni, fils de Mormon, qui constitue les plaques d'or
données à Joseph Smith. Il les décrit comme suit : Ces annales étaient gravées sur
des plaques qui avaient l'apparence de l'or, chaque plaque avait quinze centimètres de
large et vingt centimètres de long et nétait pas tout à fait aussi épaisse que
du fer blanc ordinaire. Elles étaient remplies dinscriptions gravées, en
caractères égyptiens et reliées en un volume, comme les feuilles d'un livre, trois
anneaux traversant le tout. Le volume avait quelque chose comme quinze centimètres
d'épaisseur à peu près, dont une partie était scellée. Les caractères de la partie
non scellée étaient petits et admirablement gravés [Jessee, p. 214].
Les descriptions rapportées par d'autres témoins ajoutent des détails qui donnent à
penser que les plaques étaient constituées dun alliage d'or (probablement du
tumbaga) et qu'elles pesaient environ vingt-deux kilos (Putnam, pp. 788-789, 829-831).
Chaque plaque était aussi épaisse que du parchemin ou du papier épais.
La majeure partie du temps, Mormon tirait ses renseignements des grandes plaques de
Néphi. Une grande partie du récit historique du Livre de Mormon semble être une
paraphrase de sa part dannales plus anciennes, mais de temps en temps des documents
à la première personne sont insérés dans le texte. Par exemple, dans Mos. 9 et 10, le
récit contient subitement une histoire à la première personne de Zénif (apparemment un
document plus ancien que Mormon a simplement copié) et puis, au chapitre 11, la
paraphrase de Mormon reprend. En outre, beaucoup de sermons, de bénédictions et de
lettres semblent avoir été reproduits tels quels.
Néanmoins, certains passages peuvent être attribués à coup sûr à Mormon :
labrégé de ses contributions aux grandes plaques (Mrm. 1-7), son sermon et ses
lettres enregistrés par Moroni (Mro. 7-9) et les commentaires explicatifs qu'il insère
dans son récit. Il sidentifie dans certaines de ces interpolations (Pa. ; 3 Né.
5:8-26 ; 26:6-12 ; 28:24 ; 4 Né. 1:23), mais il semble probable que les fréquents
commentaires introduits par « et ainsi nous voyons » sont aussi de Mormon essayant de
mettre laccent sur les sujets ayant une importance spirituelle particulière pour
ses lecteurs (par exemple, Al. 24:19, 27; 50:19-23 ; Hél. 3:27-30 ;12:1-2).
LES VINGT-QUATRE PLAQUES D'OR D'ÉTHER. Ces vingt-quatre plaques d'or étaient des annales
des anciens Jarédites, habitants de lAmérique avant les Néphites. Ce peuple en
particulier avait quitté la tour de Babel au moment de la confusion des langues. Leurs
dirigeants prophètes furent conduits jusquà l'océan où ils construisirent huit
barques étranges. Celles-ci furent poussées par le vent à travers les eaux
jusquen Amérique, où les Jarédites devinrent une grande et puissante nation.
Après de nombreux siècles, la méchanceté et les guerres débouchèrent sur une guerre
dextermination finale. Pendant cette guerre finale, Éther, un prophète de Dieu,
écrivit leur histoire et leurs expériences spirituelles sur vingt-quatre plaques d'or,
peut-être en se basant sur des annales jarédites plus anciennes (voir J. Welch, «
Preliminary Comments on the Sources behind the Book of Éther », dans F.A.R.M.S.
Manuscript Collection, pp. 3-7. Provo, Utah, 1986).
Après avoir été témoin de la destruction de son peuple, Éther cacha les vingt-quatre
plaques d'or. De nombreuses années plus tard, (v. 121 av. J.-C.), elles furent
découvertes par une petite expédition dexploration néphite et données à Mosiah
2, roi prophète, qui les traduisit en langue néphite à laide de pierres de voyant
(Mos. 8:8-9 ; 28:11-16). Beaucoup plus tard (v. 400 apr. J.-C.), Moroni abrégea cette
histoire des Jarédites comme son père Mormon en avait eu lintention, se
concentrant sur les questions spirituelles et ajoutant des commentaires inspirés. Moroni
inclut cet abrégé, maintenant connu sous le nom de livre d'Éther, à ce que son père
et lui avaient déjà écrit. (Les vingt-quatre plaques d'or dÉther n'étaient pas
parmi les plaques reçues par Joseph Smith.)
CARACTÉRISTIQUES DE L'INTERVENTION RÉDACTIONNELLE DE MORMON. Le Livre de Mormon est fort
compliqué. Le résumé ci-dessus des plaques et d'autres annales dont est tiré le livre
provient d'un certain nombre de commentaires dispersés mais cohérents inclus dans le
texte actuel. Le récit lui-même est souvent complexe. Par exemple, dans Mos. 1-25,
Mormon relate lhistoire de trois groupes et sous-groupes distincts
principalement les peuples de Mosiah, de Limhi et dAlma avec leur histoire et
leurs interactions respectives entre eux et avec les Lamanites (voir Livre de Mormon
Peuples). L'histoire aurait pu être tout à fait embrouillée, parce quelle
saute d'un peuple à l'autre et fait des sauts dans les deux sens dans le temps, mais
Mormon est resté remarquablement clair. Al. 17-26 est un long retour en arrière
racontant lhistoire de plusieurs missionnaires à l'occasion de leurs retrouvailles
avec de vieux amis et Al. 43-63 relate l'histoire d'une guerre avec les Lamanites sans
sembrouiller dans des événements qui se passent sur deux fronts.
Le récit de Mormon aurait pu être beaucoup plus complexe. Il souligne qu'il présente
moins d'un centième de la documentation dont il dispose (par exemple, Pa. 1:5; 3 Né.
26:6-7). En outre, ses sources donnent lhistoire dune seule lignée familiale,
celle de Léhi et de ses descendants, et n'englobe pas tous les événements du monde
américain antique (Sorenson, 1985, pp. 50-56). Mormon simplifie encore ses annales en
continuant la pratique de Jacob de fusionner des peuples divers en deux groupes principaux
: « Or, ceux qui n'étaient pas Lamanites étaient Néphites; néanmoins, ils étaient
appelés Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et
Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai dorénavant plus par ces noms, mais
j'appellerai Lamanites ceux qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et ceux qui
sont amicaux envers Néphi, je les appellerai Néphites, ou peuple de Néphi, selon les
règnes des rois. » [Jcb. 1:13-14 ; voir également Mrm. 1:8-9].
Le choix des textes à inclure dans le vaste projet rédactionnel qui a produit le Livre
de Mormon devait reposer sur une politique bien précise. Mormon est tout à fait
explicite quant au but de son abrégé. Comme Néphi, il écrit une histoire pour conduire
les gens au Christ, et il écrit spécifiquement pour les hommes du futur (2 Né. 25:23 ;
Mrm. 7). Les plaques de Mormon ont été créées pour paraître dans les derniers jours.
Ce qui intéresse Mormon, cest faire ressortir les principes qui seront les plus
utiles à de telles personnes et son travail soigneux de rédaction et ses passages
introduits par « ainsi » et « ainsi nous voyons que » visent tous à faciliter
lidentification et la compréhension des leçons morales.
En conclusion, Mormon a pris très au sérieux son travail dhistorien et
dabréviateur. Il reçut de Dieu le commandement de faire ses annales (page de titre
du Livre de Mormon ; 3 Né. 26:12). Par ailleurs, la société néphite avait une
tradition forte de l'importance des documents écrits et c'était l'un des critères par
lesquels ils se distinguaient de la majorité mulékite (Om. 1:14-19). De plus, les
diverses plaques semblent avoir été transmises d'un prophète ou roi à l'autre à titre
de reliques sacrées et de symboles d'autorité (Mos. 28:20 ; 3 Né. 1:2). En outre, les
Néphites procédaient à un échange cérémoniel de documents quand différentes
branches de la famille étaient réunies (Mos. 8:1-5 ; 22:14). La chose la plus importante
était que les Néphites savaient qu'ils seraient tenus pour responsables et jugés en
fonction de ce qui était écrit dans les annales, comme le seront tous les hommes (2 Né.
25:21-22 ; 33:10-15 ; Mrm. 8:12).
Livre de Mormon Témoins
Auteur : Anderson, Richard Lloyd
À partir
de la première édition de 1830, le Livre de Mormon a généralement contenu deux groupes
de témoignages : le « Témoignage de trois témoins » et le « Témoignage de huit
témoins ». Quand Joseph Smith est entré en possession des plaques d'or, il lui a été
dit de ne les montrer à personne. Pendant que la traduction avançait, lui et ceux qui
l'aidaient ont appris, dans les pages du livre et par révélation supplémentaire, que
trois témoins spéciaux sauraient, par la puissance de Dieu, « que ces choses sont
vraies » et que plusieurs en plus de lui-même verraient les plaques et témoigneraient
de leur existence (Ét. 5:2-4 ; 2 Né. 27:12-13 ; D&A 5:11-13). Les témoignages des
témoins affirment que ces choses se sont produites.
Les témoins étaient des hommes connus pour leur honnêteté et leur sérieux. Chacun des
trois témoins fut par la suite excommunié de l'Église (deux dentre eux y
retournèrent), mais aucun deux ne renia ni ne rétracta jamais son témoignage
publié. Chacun deux réaffirma à chaque occasion la véracité de son témoignage
et la réalité de ce qu'il avait vu et éprouvé.
Une révélation de juin 1829 confirma qu'Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris
seraient les trois témoins (D&A 17). Peu de temps après, ils se retiraient avec
Joseph Smith dans les bois près de Fayette (New York) et prièrent pour avoir la
manifestation divine promise. Le « Témoignage de trois témoins » résume l'événement
surnaturel qui suivit quand un ange apparut et leur montra les plaques et les inscriptions
et quils entendirent le Seigneur déclarer que le Livre de Mormon « a été traduit
par le don et le pouvoir de Dieu ». Ils dirent que la même voix divine leur « a
commandé den rendre témoignage ».
La mère de Joseph Smith raconta plus tard le grand soulagement de Joseph de ne plus être
le témoin unique des expériences divines du Rétablissement (voir Loi des témoins). Le
fait que d'autres aient également vu un ange et devraient « témoigner de la véracité
de ce que j'ai dit car ils savent maintenant eux-mêmes » le soulagea d'un grand fardeau
(manuscrit préliminaire de Lucy Smith, archives de lÉglise).
Peu après, à la ferme des Smith à New York, huit autres furent autorisés à voir et à
manipuler les plaques : Christian Whitmer, Jacob Whitmer, Peter Whitmer, fils, John
Whitmer, Hiram Page, Joseph Smith, père, Hyrum Smith et Samuel H. Smith. Leur «
Témoignage de huit témoins », signé, déclare que Joseph Smith a montré à ces huit
hommes les plaques en métal, qu'ils les ont « soupesées » tout en tournant les «
feuilles » une à une, et quils ont examiné les inscriptions, qui étaient «
dune exécution habile ». Cinq de ces huit témoins restèrent fermement dans
l'Église ; John Whitmer fut excommunié en 1838 et son frère Jacob Whitmer et son
beau-frère Hiram Page devinrent alors non pratiquants.
La plupart de ces onze témoins étaient membres des grandes familles Smith et Whitmer,
des familles qui avaient aidé à garder et à traduire les annales antiques. On ne
sétonnera pas que d'autres membres de ces familles aient signalé un contact
indirect avec les plaques et la traduction. Le jeune William Smith aida un jour son frère
Joseph à porter les plaques enveloppées dans un sarrau. Emma Smith, femme de Joseph,
palpa les plaques flexibles pendant qu'elle époussetait autour des annales couvertes
dun tissu sur la table de traduction de son mari. La maman Whitmer (femme de Peter
Whitmer, père), accablée de corvées quotidiennes à s'occuper de sa famille et des
visiteurs travaillant à la traduction, vit les plaques que lui montra un messager
céleste pour lui assurer que luvre était de Dieu.
Martin Harris, un fermier prospère de Palmyra (New York), qui avait longtemps cherché
une religion qui accomplissait les prophéties bibliques, aida à la traduction avant son
expérience comme témoin. En 1828, il passa deux mois à écrire pendant que Joseph Smith
dictait la première grande section de la traduction du Livre de Mormon, 116 pages
manuscrites. Après avoir perdu ces pages, Martin nécrivit plus pour le prophète,
mais il finança plus tard la publication du livre.
Oliver Cowdery fut le secrétaire principal pour le Livre de Mormon. Instituteur, il
apprit lexistence des plaques d'or et de la traduction tandis quil était en
pension chez les parents de Joseph Smith près de Palmyra (New York). Au début d'avril
1829, Oliver se rendit à pied de chez les Smith jusquà Harmony (Pennsylvanie), où
Joseph Smith traduisait. En route, il rendit visite à son ami David Whitmer, qui se prit,
lui aussi, dun intérêt intense pour la nouvelle Écriture. Quand les persécutions
augmentèrent à Harmony, David arriva comme on le lui avait demandé et déménagea
Joseph et Oliver jusque dans sa ferme familiale près de Fayette (à plus de 150
kilomètres de là), vers le 1er juin.
Joseph Smith parla plus tard des supplications insistantes de Harris, de Whitmer et de
Cowdery lorsquils apprirent que trois personnes seraient autorisées à voir les
plaques. La révélation de juin 1829 confirma qu'ils seraient les trois Témoins et
qu'ils devraient alors témoigner tant par leur connaissance de première main que par «
le pouvoir de Dieu » afin que « mon serviteur, Joseph Smith, fils, ne soit pas détruit
» (D&A 17:3-4). Sur les quelque deux cents interviews enregistrées avec les trois
témoins, un pourcentage important met laccent sur l'intensité spirituelle des
témoins quand ils décrivaient l'ange et les plaques. À eux seuls, la réputation et les
affirmations du prophète étaient vulnérables, mais le témoignage dautres
témoins honorables et formels, qui faisaient part dune expérience divine,
apportaient de la crédibilité.
L'autobiographie de Lucy Smith rapporte limmense gratitude des trois témoins quand
ils revinrent à la maison des Whitmer après avoir connu cette expérience. Cest la
propre histoire de Joseph Smith qui donne les détails les plus complets de l'événement
: des prières répétées suivies d'une vision donnée simultanément au prophète, à
Cowdery et à Whitmer, et peu après une vision presque identique vécue par le prophète
avec Harris. Selon Joseph, la gloire intense de Dieu enveloppa les environs naturels, et
dans cette lumière divine l'ange apparut, exposa soigneusement les plaques, recommanda
expressément à David Whitmer le seul des trois à ne pas revenir finalement dans
lÉglise à persévérer jusquà la fin et la voix de Dieu déclara le
livre divin (HC 1:54-56).
Au début de 1838, des désaccords sur les règles de lÉglise furent à
lorigine du mécontentement et de l'excommunication de chacun des trois témoins, et
ils se séparèrent ; Cowdery mourut en 1850, Harris en 1875 et Whitmer en 1888. Sa vie
durant, chacun des témoins répondit sans hésiter aux questions concernant son
expérience directe de l'ange et des plaques. Ne se basant manifestement pas sur le récit
de Joseph Smith, qui ne fut écrit quau cours des mois qui suivirent leur
excommunication, chacun deux parla spontanément et indépendamment et cependant les
détails saccordaient entre eux et avec l'histoire de Joseph Smith.
L'aliénation des témoins par rapport à l'Église découla en grande partie de conflits
concernant l'autorité. Ayant reçu une révélation, les trois témoins estimaient qu'ils
avaient une part égale à celle de Joseph Smith dans les expériences fondatrices et leur
certitude davoir eu une vision dans le passé contribua à leur inflexibilité
vis-à-vis de futures révélations. Ils prirent le parti des détracteurs du prophète
qui réagirent négativement lors de la faillite de la Kirtland Safety Society (voir
Kirtland Économie) et ils sopposèrent au leadership doctrinal et
administratif vigoureux de Joseph Smith. Après leur excommunication, chacun eut un
sentiment de rejet profond, ce qui eut pour résultat prévisible de dures critiques à
légard des dirigeants de lÉglise. Même dans ces circonstances, chacun des
trois témoins continua à défendre vigoureusement l'authenticité de son témoignage
publié. Aucun deux n'exprima le moindre doute vis-à-vis de ce dont ils avaient
témoigné. Oliver Cowdery et Martin Harris revinrent à l'Église à la fin de leur vie ;
David Whitmer resta religieusement indépendant, mais défendit agressivement le Livre de
Mormon jusquau bout.
Les sceptiques ont écarté le « Témoignage de trois témoins » en limputant à
de la connivence ou de la tromperie. Or, chacun des trois fut un membre respecté et
indépendant dune société qui nétait pas mormone et fut actif dans sa
communauté. Leur vie, pleinement documentée, démontre clairement leur honnêteté et
leur intelligence. David Whitmer réagit à diverses reprises contre les accusations de
possibilité d « illumination ». Il répondit à un sceptique : « Cest
évident que nous étions dans l'esprit quand nous avons eu la vision
mais nous
étions dans le corps également et tout était aussi naturel pour nous quà
nimporte quel autre moment » (Anderson, p. 87). On peut aller jusquà dire
que leur aliénation ultérieure les rend bien plus crédibles comme témoins, parce
quaucune connivence naurait pu résister aux années passées loin de
lÉglise et les uns des autres.
Les témoignages des trois et des huit témoins équilibrent le surnaturel et le naturel,
lun mettant laccent sur l'ange et la voix céleste, l'autre sur l'existence
d'un document tangible sur des plaques d'or. Jusquà la fin de sa vie, chacun des
trois a déclaré qu'il avait vu les plaques, et chacun des huit a insisté sur le fait
qu'il les avait manipulées. La plupart des huit témoins et les trois témoins ont
réitéré leur témoignage du Livre de Mormon juste avant de mourir. Avec Joseph Smith
ils accomplissent la prophétie de Néphi : « Ils témoigneront de la vérité du livre
et des choses qui sy trouvent » (2 Né. 27:12).
Bibliographie
Les apports des trois témoins à la traduction du Livre de Mormon sont détaillés dans
Lucy Mack Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet and His Progenitors for
Many Generations, Liverpool, 1853, réimprimé en 1902 à Salt Lake City sous le titre
History of Joseph Smith by his Mother Lucy Mack Smith. On trouve les souvenirs de Joseph
Smith concernant les événements de 1829 dans Dean C. Jessee, dir. de publ., The Papers
of Joseph Smith, vol. 1, Salt Lake City, 1989 (voir les transcriptions de
lavant-projet de 1839 et de lhistoire manuscrite de 1839). Voir aussi la
History of the Church publiée par Joseph Smith.
Pour les témoignages des témoins et leur vie en dehors de lÉglise, voir Richard
Lloyd Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, éd. corr., Salt Lake City,
1989. Les documents primaires concernant leurs témoignages apparaissent dans Preston
Nibley, Witnesses of the Book of Mormon, éd. corr. Salt Lake City, 1953. On trouvera des
notices biographiques dans Andrew Jenson, Latter-day Saints Biographical Encyclopedia,
vol. 1, Salt Lake City, 1901. Le profil de la plupart des témoins se trouve aussi dans
Lyndon Cook, Revelations of the Prophet Joseph Smith, Salt Lake City, 1985.
Livre de Mormon
Traduction de Joseph Smith
Auteurs : Rathbone, Tim et Welch, John W.
Comme il
le dit lui-même, le Livre de Mormon est la traduction d'un livre antique ; pourtant
Joseph Smith ne connaissait aucune langue ancienne lorsqu'il a dicté ce texte à ses
secrétaires. Plusieurs de ses proches collaborateurs et lui ont témoigné que la
traduction a été faite « par le don et le pouvoir de Dieu » (HC 1:315 ; voir aussi
D&A 1:29 ; 20:8).
On ne sait pas grand chose du processus de traduction proprement dit. On ne peut glaner
que peu de détails dans les commentaires faits par les secrétaires et les proches
collaborateurs de Joseph. Seul Joseph Smith connaissait le processus réel et il a refusé
de le décrire en public. À une conférence de lÉglise en 1831, Hyrum Smith invita
le prophète à expliquer plus complètement comment le Livre de Mormon avait paru. Joseph
Smith répondit quil « nétait pas prévu de raconter au monde tous les
détails de la parution du Livre de Mormon ; et
il ne sindiquait pas
quil relate ces choses » (HC 1:220).
On sait cependant beaucoup de choses sur la période et les lieux où le travail de
traduction a eu lieu. Les événements sont racontés par plusieurs témoins oculaires
indépendants. Joseph Smith obtint les plaques d'or sur la colline Cumorah, dans
létat de New York, au petit matin du 22 septembre 1827. Pour éviter le
harcèlement local et les émeutiers, il alla sinstaller, en décembre 1827, à
Harmony, en Pennsylvanie. Là il copia et traduisit certains des caractères des plaques,
avec sa femme Emma et son beau-frère Reuben Hale comme secrétaires. En 1856, Emma
raconta que Joseph lui dictait la traduction mot à mot, épelait les noms propres et
corrigeait les erreurs quelle commettait en écrivant alors même quil ne
pouvait pas voir ce qu'elle avait écrit. À un moment donné au cours de la traduction,
Joseph eut la surprise d'apprendre que Jérusalem était entourée de murailles (E. C.
Briggs, « Interview with David Whitmer », Saints Herald 31, 21 juin 1884, pp.
396-397). Plus tard, lors dune autre interview, on demanda à Emma si Joseph
utilisait des livres ou des notes pendant quil dictait. Elle répondit : « Ni
lun ni lautre » et comme son intervieweur insistait, elle ajouta : « S'il
avait eu quoi que ce soit de la sorte il naurait pas pu me le cacher »
(Saints Herald, 26, 1er octobre 1879, p. 290).
Martin Harris se rendit à Harmony en février 1828 et, peu de temps après, emporta une
transcription et une traduction de certains des caractères à New York City, où il les
montra au professeur Charles Anthon au Columbia College (voir Anthon
Transcription). Il revint entièrement convaincu que Joseph disait la vérité et, du 12
avril au 14 juin 1828, fit fonction de secrétaire pendant que Joseph Smith traduisait le
livre de Léhi.
Le 15 juin 1828, le fils aîné de Joseph et d'Emma naquit mais mourut quelques heures
plus tard. Vers le 15 juillet, Joseph apprit que Martin Harris avait perdu les 116 pages
qu'ils avaient traduites (voir Manuscrit 116 pages perdues), après quoi l'ange
Moroni reprit provisoirement les plaques et les interprètes à Joseph, qui fut
réprimandé mais assuré par le Seigneur que luvre continuerait (D&A
3:15-16).
Le 22 septembre 1828, les plaques et les outils de traduction furent rendus à Joseph
Smith et au cours de cet hiver il traduisit « encore quelques pages » (D&A 5:30). Le
travail avança lentement jusqu'au 5 avril 1829, quand Oliver Cowdery, un instituteur qui
avait vu le Seigneur et les plaques dans une vision (PWJS, p. 8), arriva à Harmony et
offrit ses services à Joseph. Pratiquement tout le texte anglais du Livre de Mormon fut
alors traduit entre le 7 avril et la dernière semaine de juin, soit moins de soixante
jours ouvrables.
La dictée se déroula sans heurts. Il ressort des parties encore existantes du manuscrit
original que Joseph dictait environ une douzaine de mots à la fois. Oliver redisait ces
mots à haute voix pour vérification, ensuite ils continuaient. Emma ajouta plus tard
qu'après un repas ou une nuit de repos, Joseph commençait sans rien relire là où il
sétait précédemment arrêté (Saints Herald 26, 1er octobre 1879, p. 290).
Aucun temps n'était consacré à faire de la recherche, à vérifier la logique interne
ou à réécrire le texte. En 1834 Oliver écrivit : « Ce furent là des jours
inoubliables ! Cela éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir
être là à écouter le son dune voix parlant sous l'inspiration du ciel. Jour
après jour, je continuai, sans interruption, à écrire lhistoire
telle
quelle tombait de ses lèvres, tandis qu'il traduisait » (Messenger and Advocate 1,
octobre 1834, p. 14).
Pendant les mois davril, mai et juin 1829, beaucoup d'événements se produisirent
en même temps que la traduction du Livre de Mormon. À la date du 15 mai, le récit du
ministère du Christ dans 3 Néphi était traduit. Ce texte mentionne explicitement la
nécessité d'être baptisé par lautorité appropriée et ce commandement inspira
Joseph Smith et Oliver Cowdery à prier, ce qui conduisit au rétablissement de la
Prêtrise dAaron, le 15 mai (JSH 1:68-74) et, peu de temps après, à celui de
l ;a Prêtrise de Melchisédek (voir Prêtrise d'Aaron Rétablissement ; Prêtrise
de Melchisédek Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Il fallut aussi
consacrer du temps à des voyages jusquà Colesville (New York), située à
cinquante kilomètres de là, pour aller chercher des provisions et aussi pour gagner de
l'argent afin dacheter du papier, pour obtenir le copyright fédéral le 11 juin
1829, pour baptiser Samuel et Hyrum Smith, pour prêcher à plusieurs personnes
intéressées et, pendant la première semaine de juin, pour déménager et
sinstaller à la ferme de Peter Whitmer, à Fayette (New York), à cent cinquante
kilomètres de là, où les quelque cent cinquante dernières pages furent traduites, avec
la collaboration de certains des Whitmer comme secrétaires. Le travail fut terminé avant
la fin du mois de juin, et à ce moment-là, il fut permis aux trois et aux huit témoins
de voir les plaques (voir Livre de Mormon Témoins).
La plupart des données dont nous disposons soutiennent l'idée que Joseph et Oliver
commencèrent leur travail en avril 1829 par le discours de Benjamin (Mosiah 1-6),
traduisirent jusquà la fin du livre de Moroni en mai, puis traduisirent la page de
titre et finalement les petites plaques de Néphi (1 Néphi-Omni) et les Paroles de Mormon
avant la fin de juin (Welch et Rathbone). Le texte de la page de titre, « la dernière
feuille » des plaques de Mormon (HC 1:71), fut utilisé comme description du livre sur le
formulaire de copyright introduit le 11 juin 1829.
Beaucoup de facteurs, y compris des sources divines de connaissance et les efforts
spirituels et le vocabulaire personnel de Joseph ont apparemment joué un rôle dans
lélaboration du texte anglais du Livre de Mormon. Certains récits mettent
laccent sur le facteur divin. Des années plus tard, David Whitmer déclara que les
mots apparaissaient à Joseph sur quelque chose qui ressemblait à un morceau de parchemin
et qu'il lisait les mots à haute voix à son secrétaire (An Address to All Believers in
Christ, 1887, p. 12). D'autres récits disent que des efforts humains étaient également
requis. Quand Oliver Cowdery essaya de traduire en avril 1829, le Seigneur lui dit : « Tu
dois l'étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si cest juste »
(D&A 9:8). Selon David Whitmer, Joseph ne pouvait traduire que quand il était humble
et fidèle. Un matin quelque chose était allé de travers dans la maison ; Joseph ne put
traduire une seule syllabe jusqu'à ce qu'il fût allé dans un verger, eût prié et se
fût réconcilié avec Emma (CHC 1:131). La capacité de Joseph de traduire augmenta
apparemment à mesure que le travail avançait.
La plupart des comptes rendus déclarent que pendant toute lentreprise Joseph
utilisa les « interprètes néphites » ou alors, par facilité, il se servait dune
pierre de voyant (voir CHC 1:128-30). Les deux instruments étaient parfois appelés par
d'autres l'Urim et le Thummim. On rapporte quen 1830, Oliver Cowdery témoigna
devant un tribunal que ces outils permettaient à Joseph « de lire en anglais les
caractères égyptiens réformés qui étaient gravés sur les plaques » (Benton,
Evangelical Magazine and Gospel Advocate 2, 9 avril 1831, p. 15). Dans une interview de
1891, William Smith dit que quand son frère Joseph utilisait les « interprètes » (qui
étaient comme un arc argenté tordu en forme de huit avec deux pierres entre les bords de
l'arc reliées par une tige à un plastron de cuirasse), cela lui laissait les mains
libres pour tenir les plaques. Dautres rapports tardifs mentionnent divers autres
détails, mais on ne peut pas les confirmer ou les infirmer historiquement.
Pour ce qui est de la nature de la traduction anglaise, sa langue est sans ambiguïté et
directe. Joseph a dit un jour que le livre a été « traduit dans notre langue » (EPJS,
p. 17 ; cf. D&A 1:24). Dans plusieurs chapitres, pour de bonnes et utiles raisons,
cela signifiait que la langue respectait l'idiome de la King James Version de
lépoque (voir CWHN 8:212-216 ; Welch, 1990, pp. 134-163). Cela voulait aussi dire
que le manuscrit allait contenir des fautes d'orthographe humaines et des singularités
grammaticales, impliquant que s'il avait été traduit au cours dune autre décennie
sa phraséologie et le vocabulaire auraient pu être légèrement différents.
En même temps, des preuves indirectes dans le texte anglais donnent à penser que la
traduction était très précise. Par exemple, les traductions indépendantes et
identiques de 1 Néphi 1:8 et Alma 36:22 (citant avec précision vingt et un des mots de
Léhi dans 1 Néphi 1:8 [19 dans la traduction française]) sont typiques de la précision
interne manifestée dans ce document long et complexe. Par ailleurs, plusieurs termes
stéréotypés, hébraïsmes, indices stylistiques révélateurs de lintervention de
plusieurs auteurs, une diversité de parallélismes et de chiasmes étendus (voir Livre de
Mormon Auteurs ; Livre de Mormon Littérature), ainsi que certains noms
propres sémitiques et quelques variantes textuelles, pas du tout évidents dans la King
James Bible, corroborent laffirmation que la traduction était fidèle à un texte
cohérent sous-jacent.
Naturellement, il est rarement possible de traduire exactement, mot à mot, la même gamme
de significations d'une langue à lautre et par conséquent les avis ont varié au
sujet de la nature de la correspondance du texte antique avec la traduction anglaise. Une
citation de David Whitmer lui fait dire que « il arrivait souvent quun seul
caractère fasse deux lignes de manuscrit tandis que d'autres ne faisaient quun mot
ou deux mots » (Deseret News, 10 novembre 1881). On ne peut cependant pas établir le
rapport linguistique entre la traduction anglaise et les caractères des plaques sans
consulter l'original néphite, qui a été rendu en 1829 à l'ange Moroni (voir Moroni
Visites de).
Bibliographie
Roberts, B. H. "Translation of the Book of Mormon." IE 9 (avril 1906), pp.
706-736.
Ricks, Stephen D. "Joseph Smith's Means and Methods of Translating the Book of
Mormon." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1984.
Welch, John W. "How Long Did It Take Joseph Smith to Translate the Book of
Mormon?" Ensign 18 (janvier 1988), p. 46.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount, pp. 130-163. Salt
Lake City, 1990.
Welch, John W., et Tim Rathbone. "The Translation of the Book of Mormon: Basic
Historical Information." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
JOHN W. WELCH
TIM RATHBONE
Loi
[Quatre articles traitent de divers aspects des croyances et des expériences des saints
des derniers jours par rapport à la loi. Deux des articles sont groupés ci-dessous:
Loi: Aperçu
Loi: Loi divine et éternelle
LAperçu traite du concept mormon de la loi en général et de la loi divine et
éternelle en particulier. Loi divine et éternelle récapitule et décrit les mentions
dans les Écritures modernes du rôle central de la loi en ce qui concerne Dieu.
Larticle Loi de la Nature traite de labsence dune tradition élaborée
dune loi morale naturelle chez les saints des derniers jours et décrit leurs
efforts limités pour fournir une explication raisonnable aux lois de la nature telles que
les décrivent les sciences naturelles. Loi constitutionnelle résume le respect des
saints pour la loi civile en général et les lois constitutionnelles américaines en
particulier.
Lexpérience des saints des derniers jours et de lÉglise devant les tribunaux
est rapportée dans Histoire juridique et judiciaire. Les traditions et lexpérience
juridiques du Livre de Mormon sont décrites dans Livre de Mormon, Gouvernement et
histoire juridique dans le. Concernant les idées des saints sur des aspects spécifiques
de la loi civile, voir aussi Église et État; Devoirs civiques; Droits civiques;
Constitution des États-Unis dAmérique; Liberté; Politique: Enseignements
politiques. On trouvera des renseignements sur dautres sujets en rapport avec la loi
dans Justice et miséricorde; Loi de Moïse; Témoins, loi des. Les commandements et les
principes de lÉvangile sont souvent qualifiés de «lois»; sur ces sujets, voir
des rubriques telles que Commandements; Consécration: Loi de consécration; Obéissance.]
Loi: Aperçu
Auteur: WELCH, JOHN S.
Il y a
trois types de lois: les lois spirituelles ou divines, les lois de la nature et les lois
civiles. Les saints des derniers jours sont profondément et uniformément axés sur la
loi parce que les lois, quelles soient spirituelles, physiques ou civiles, sont les
règles qui définissent lexistence et guident laction. Ils sattendent
à ce quen obéissant aux lois ils reçoivent des bénédictions et des récompenses
et à ce quen cas de violation des lois se produisent la souffrance, les privations
et même le châtiment.
Lattitude fondamentale des saints vis-à-vis de la loi et de la jurisprudence est
façonnée principalement par les révélations contenues dans les Doctrine et Alliances
et par les explications données par les présidents de lÉglise. Dieu est, par
définition, un Dieu dordre: «Voici, ma maison est une maison dordre, dit le
Seigneur Dieu, et pas une maison de confusion» (D&A 132:8). Dieu et la loi sont
inséparables, parce que sil ny a pas de loi, il ny a pas de péché; et
sil ny a pas de péché, il ny a pas de justice, «et si ces choses ne
sont pas, il ny a pas de Dieu» (2 Né. 2:13). La loi émane de Dieu par le Christ.
Jésus a dit: «Je suis la loi et la lumière» (3 Né. 15:9) et la parole de Dieu est sa
loi (D&A 132:12).
Dans une révélation de 1832, Joseph Smith a appris que la loi est une manifestation
omniprésente de la lumière et de la puissance de Dieu: «La lumière qui est en
tout
est la loi par laquelle tout est gouverné» (D&A 88:12-13). À propos de
la loi spirituelle et de la loi naturelle, il nexiste aucun espace ou relation où
la loi soit inexistante. «Il y a beaucoup de royaumes; car il nest pas
despace dans lequel il ny ait pas de royaume
Et à tout royaume est
donnée une loi; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions»
(D&A 88:37-38).
Il y a autant de lois quil y a de royaumes, qui reflètent plus ou moins de lumière
et de vérité. Certaines lois sont supérieures, dautres inférieures. Le Royaume
de Dieu fonctionne selon des lois supérieures correspondant à la position exaltée de
Dieu, alors que la terre, toute la condition mortelle et les autres royaumes appartiennent
à des sphères inférieures et fonctionnent donc sous des lois différentes. Le degré de
gloire quune personne ou une chose peut supporter dépend du niveau de loi
quil ou elle peut supporter (D&A 88:22-25).
Les lois inférieures sont englobées dans les lois supérieures. Si le peuple garde les
lois de Dieu, il «na pas besoin denfreindre les lois du pays» (D&A
58:21). De même, quand la loi de Moïse a été accomplie par Jésus-Christ, elle a été
engloutie en lui.
Lexistence est un processus par lequel on apprend progressivement à obéir à la
loi supérieure. Lobéissance et la soumission à la loi sont considérées comme un
signe de progrès, de maturité et de compréhension, et une obéissance plus grande à la
loi produit une plus grande liberté (D&A 98:5) et les bénédictions qui vont de pair
(D&A 130:20-21).
Les principes du libre arbitre et de la responsabilité fonctionnent à tous les niveaux:
les gens peuvent choisir les lois auxquelles ils vont obéir et celles quils vont
ignorer, mais Dieu les tiendra pour responsables et les récompensera en conséquence
(D&A 82:4). Ceci nest pas considéré comme menace; le but de la loi nest
pas de forcer ou de punir mais de guider et dassurer une structure.
Dans la sphère divine ou spirituelle, la loi nest pas le produit dune
recherche philosophique ou théorique de ce qui est juste ou bon. Elle émane de la
Divinité et est révélée par Jésus-Christ et ses prophètes.
Les lois spirituelles données par Dieu à lhumanité sont généralement appelées
commandements et sont constituées dinterdits, dobligations et de
prescriptions. Les commandements sont uniformément associés aux bénédictions promises
en cas dobéissance fidèle. Ainsi, les saints des derniers jours se décrivent
comme un peuple de lalliance qui peut être récompensé maintenant, et dans
lau-delà, pour sa fidélité. Beaucoup de ces alliances sont bilatérales,
cest-à-dire que les membres prennent lengagement personnel dans diverses
ordonnances officielles de se conformer à certains commandements.
On considère généralement que les lois spirituelles ou les commandements de Dieu ont
été décrétés à bon escient par un Père céleste aimant, qui désire réaliser
lexaltation de ses enfants desprit. Ainsi, «il y a une loi, irrévocablement
décrétée dans les cieux avant la fondation de ce monde, sur laquelle reposent toutes
les bénédictions» (D&A 130:20). Les saints des derniers jours croient que Dieu sait
ou stipule tous les types dactes et de retenues requis de tous les hommes pour
atteindre cet état éternel béni dexaltation et quil a révélé ces
exigences à lhumanité par ses serviteurs. Aucune loi donnée de Dieu nest
temporelle (D&A 29:34).
Le caractère «irrévocable» évoqué dans la citation ci-dessus a une connotation de
permanence et dimmuabilité. Puisque Dieu ne peut pas mentir, les commandements et
les promesses contenus dans ses alliances avec le peuple ne seront pas révoqués, bien
quil puisse le faire pour un commandement bien déterminé pour ceux qui
désobéissent (D&A 56:3-6). Les principes fondamentaux ne sont pas conjoncturels et
ne fluctuent pas avec les notions changeantes de la moralité ou de la théologie en
dehors de lÉglise. Le président de lÉglise est un prophète de Dieu qui
reçoit des révélations et linspiration pour interpréter et appliquer ces
principes de base pendant que les circonstances humaines changent.
Selon le principe du libre arbitre, Dieu commande, mais il ne contraint pas. Aucun
mécanisme terrestre nexiste qui impose lapplication des lois de Dieu. Le
prophète enseigne aux membres des principes corrects et ils sont censés se gouverner
eux-mêmes. Luvre missionnaire et léducation des membres de
lÉglise se font de telle sorte que les gens puissent choisir en connaissance de
cause. On leur enseigne quun choix fait en connaissance de cause a pour résultat
soit une bénédiction (immédiate ou différée) soit une conséquence indésirable
(immédiate ou différée). Lignorance de la loi est considérée comme une excuse
légitime. À cause de lexpiation de Jésus-Christ, le repentir nest pas
exigé de ceux «qui ont péché par ignorance» ou «qui sont morts sans connaître la
volonté de Dieu à leur sujet» (Mosiah 3:11), même si le fait de ne pas respecter le
commandement peut avoir comme conséquence la perte des bénédictions qui découleraient
de la conduite appropriée. Dans la plupart des cas, les violateurs de la loi divine
peuvent échapper au châtiment lié à loffense par le repentir, les exigences de
la justice ayant été satisfaites par lexpiation du Christ dans lintérêt de
tous (voir Justice et miséricorde).
Bibliographie
Firmage, Edwin B., et Christopher L. Blakesley. "J. Reuben Clark, Jr.: Law and
International Order." BYU Studies 13, printemps 1973, pp. 273-346.
Garrard, LaMar E. "God, Natural Law, and the Doctrine and Covenants." Dans
Doctrines for Exaltation, pp. 55-76. Salt Lake City, 1989.
JOHN S. WELCH
Loi: Loi divine et éternelle
Auteurs: PARKER, DOUGLAS H. et HAWKINS, KARL S.
La
révélation moderne souligne lexistence et le caractère indispensable de la loi.
La relation entre la loi divine et les autres espèces de loi na pas été traitée
de manière systématique dans la pensée mormone comme elle la été dans la
théologie chrétienne traditionnelle (par exemple, la Somme théologique de Thomas
dAquin). Mais on peut déduire, des Écritures modernes et des sources apparentées,
des observations distinctives au sujet de la loi divine et de la loi éternelle.
Thomas dAquin distingue quatre catégories de loi: (1) la loi éternelle, qui
coexiste avec la volonté divine et avec le but et le plan globaux de Dieu; (2) la loi
naturelle, qui concerne la participation appropriée de lhumanité à la loi
éternelle mais se découvre par la raison sans laide de la révélation ni de la
promulgation; (3) la loi positive divine, qui fait aussi partie de la loi éternelle, qui
a trait aux sacrements et aux ordonnances nécessaires à laccomplissement du but
surnaturel de lhumanité communiqué par la révélation; et (4) la loi positive
créée par lhomme, qui régit les affaires de lhumanité dont ne traite pas
expressément la loi de Dieu (par exemple, les lois qui régissent des choses telles que
les sociétés commerciales, les titres, les actes, les testaments et les dépôts) ou qui
imposent la loi naturelle par le pouvoir de lÉtat.
Les sources chez les saints affirment des lois correspondant en gros à chacun de ces
quatre types. Mais à la différence des théologies juive et chrétienne traditionnelles,
qui situent Dieu en dehors de la nature et antérieurement à elle, la théologie des
saints situe Dieu au sein de la nature.
Les lois «divines» sont instituées par Dieu pour régir ses créations et ses royaumes
et pour prescrire le comportement de sa postérité. Une telle loi, selon les termes des
catégories de Thomas dAquin, serait une loi positive divine (c.-à-d., une loi
existant en vertu du fait quelle est posée en principe ou décrétée par Dieu).
Certains saints des derniers jours croient que la loi «éternelle» est une loi
auto-existante, sans auteur, que Dieu lui-même honore et administre parce que cest
la condition de sa perfection et de son état divin. Il convient de noter que les
adjectifs «divin» et «éternel» nont pas dusage fixe dans les écrits
(voir Temps et éternité).
Les Écritures et autres sources modernes ne disent pas explicitement que la loi
éternelle existe indépendamment ou coéternellement avec Dieu. Toutefois, cette
caractéristique de la loi éternelle est parfois déduite de deux concepts qui trouvent
un appui dans les Écritures et dautres sources chez les saints:
1. Dieu est régi (lié) par la loi. Les Écritures disent que «Dieu cesserait
dêtre Dieu» sil devait permettre à la miséricorde de détruire la justice
ou à la justice de lemporter sur la miséricorde ou au plan de rédemption de
saccomplir à des conditions injustes (Al. 42:13). Les Écritures disent en outre:
«Moi, le Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis» (D&A 82:10), ce
qui implique que Dieu, par nature et par définition, et non par une coercition externe,
est juste et digne de confiance. Certains auteurs de lÉglise ont dit que «[Dieu]
lui-même gouverne et est gouverné par la loi» (MD, p. 432) et que «le Seigneur agit en
accord avec la loi naturelle» (DS 2:27). Ils parlent de même de «lois supérieures»
qui expliquent la providence et les miracles.
2. Lintelligence et la vérité nont pas été créées; elles sont
coéternelles avec Dieu. «L'intelligence, ou la lumière de la vérité, n'a été ni
créée ni faite et ne peut assurément pas l'être. Toute vérité est indépendante dans
la sphère dans laquelle Dieu l'a placée, libre d'agir par elle-même; et il en va de
même pour toute intelligence; sinon il n'y a pas d'existence» (D&A 93:29-30). Joseph
Smith sest étendu sur cet enseignement dans son discours sur King Follett, disant
que «nous en déduisons
que Dieu avait des matériaux pour organiser le monde à
partir du chaos
. Lélément existait depuis que Dieu existait. Les principes
de lélément
nont jamais eu de commencement et ne peuvent avoir de
fin
Lesprit ou intelligence que lhomme possède est [coéternel avec]
Dieu lui-même» (EPJS, pp. 284-286). Si la vérité et lintelligence nont pas
été créées par Dieu et sont coéternelles avec lui, il se peut quelles soient
ordonnées par et fonctionnent selon des lois ou des principes éternels qui sont
auto-existants. Cest ce quon peut déduire de lexpression de Joseph
Smith: «lois des principes éternels et existant par eux-mêmes» (EPJS, p. 145).
Conformément aux lois éternelles, Dieu façonne et décrète des lois éternelles qui
fonctionnent dans les mondes quil crée et qui fixent les règles de conduite
quil faut observer pour obtenir la bénédiction promise pour lobéissance à
cette loi. Joseph Smith a enseigné que «[Dieu] a été le premier Auteur de la loi ou de
son principe pour lhumanité» (EPJS, p. 41).
Les Écritures modernes soulignent la nature omniprésente de la loi divine: «[Dieu] a
donné une loi à toutes choses, par laquelle elles se meuvent en leurs temps et leurs
saisons» (D&A 88:42). «Cest là la lumière du Christ
qui sort de la
présence de Dieu pour remplir l'immensité de l'espace la lumière qui est en
tout, qui donne la vie à tout, qui est la loi par laquelle tout est gouverné, oui, la
puissance de Dieu, qui est assis sur son trône» (D&A 88:7, 12-13).
Ces mêmes sources donnent cependant à penser que la loi divine fonctionne dans le
domaine dont elle relève en elle-même ou auquel Dieu laffecte et a donc des
limites ou des bornes: «Tous les royaumes ont reçu une loi. Et il y a beaucoup de
royaumes; car il n'est pas d'espace dans lequel il n'y ait pas de royaume; et il n'y a pas
de royaume dans lequel il n'y ait pas d'espace, que ce soit un grand ou un petit royaume.
Et à tout royaume est donnée une loi; et à toute loi il y a certaines limites et
certaines conditions» (D&A 88:36-38).
Les références ci-dessus ont apparemment trait à la loi descriptive, cest-à-dire
à la loi divine qui agit directement sur les ordres physiques et biologiques ou à
travers eux (voir Nature, Loi de).
Dautres lois de Dieu sont normatives. Elles ont trait à la volonté libre de
lhomme, définissant les normes et les règles de conduite nécessaires au salut et
à lentente sociale. Les saints des derniers jours adhèrent aux commandements
normatifs de Dieu qui se trouvent dans les dix commandements et le sermon sur la montagne.
La révélation moderne confirme également que les bénédictions et le salut découlent
de lapplication des lois divines: «Il y a une loi, irrévocablement décrétée
dans les cieux avant la fondation de ce monde, sur laquelle reposent toutes les
bénédictions; et lorsque nous obtenons une bénédiction quelconque de Dieu, c'est par
l'obéissance à cette loi sur laquelle elle repose» (D&A 130:20-21). «Et ceux qui
ne sont pas sanctifiés par la loi que je vous ai donnée, c'est-à-dire la loi du Christ,
doivent hériter un autre royaume, un royaume terrestre ou un royaume téleste» (D&A
88:21).
De ces lois ou commandements normatifs de Dieu, les enseignements des saints tendent à
souligner les caractéristiques suivantes: (1) lampleur des lois divines révélées
à lhumanité peut varier dune dispensation à lautre, selon les besoins
et la situation de lhumanité comme Dieu le décrète; (2) ils sont donnés par
lintermédiaire de ses prophètes et interprétés par eux; (3) ils sont
relativement concis, mais «doux» ou bienveillants, donnés pour favoriser le bonheur
quil a conçu pour ses enfants (EPJS, pp. 206-207); et (4) ils sont efficaces pour
lhumanité comme lharmonie de Dieu avec la loi éternelle était et est
efficace pour lui, et ils réaliseront lexaltation de ses enfants justes.
Bibliographie
DAquin, Thomas. Somme théologique 1266-1273, trad. En anglais des Pères de la
province dominicaine anglaise. Londres, 1915.
Widtsoe, John A. A Rational Theology. Salt Lake City, 1952.
CARL S. HAWKINS
DOUGLAS H. PARKER
Loi de la Nature
Auteur: MIDGLEY, LOUIS C.
Létude
rationnelle de la nature (physis) était, pour les philosophes grecs, la manière de
connaître la réalité. À lorigine on distinguait radicalement le naturel de la
loi (nomos), qui ne faisait que distinguer les conventions purement humaines. Ainsi, par
exemple, il est naturel que les humains parlent, mais il nest pas naturel de parler
grec. Par conséquent, ces philosophes ne considéraient pas au départ la loi comme
naturelle, même sil était naturel que les humains soient régis par de telles
conventions. Plus tard, on commença à relier les termes «nature» et «loi» pour
décrire un âge dor prépolitique sans règles, contrats, propriété ou mariage.
Comprise de cette façon, «la loi naturelle» après le déclin de lâge dor,
ne fournit pas le modèle de la loi civile, mais désigna plutôt un domaine accessible à
la raison qui dépasse le monde. Les théologiens catholiques ont fini par emprunter
lexpression «loi naturelle» à la philosophie païenne pour servir de base à une
éthique sociale structurée. Thomas dAquin, dans sa restructuration
aristotélicienne du christianisme, distingue quatre niveaux de loi: éternel, divin,
naturel et humain. La loi éternelle, volonté de Dieu et structure de la réalité,
affirme-t-il, est connue à la fois par la révélation en tant que loi divine et par la
raison en tant que loi naturelle, et la loi humaine doit sefforcer de refléter la
loi naturelle.
Bien que les saints des derniers jours se livrent parfois à des suppositions sur les
raisons de la loi positive donnée par la révélation divine ainsi que sur le sens moral
de lhumanité (voir Éthique), il ny a pas de loi morale naturelle qui soit
clairement définie dans le canon de lÉglise. Certains pensent quon pourrait
dégager de lÉcriture léquivalent général dune loi morale naturelle.
Mais la théologie, fondée sur la spéculation philosophique, est habituellement
considérée comme concurrente de la révélation divine. Pareille spéculation demeure
expérimentale et incertaine. Par conséquent, on ne parle guère de loi morale naturelle
chez les saints des derniers jours.
Les Écritures modernes, plutôt que de se reposer sur les notions dune loi morale
naturelle, parlent de commandements, de prescriptions et dordonnances de Dieu, de la
volonté de Dieu et de ses plans et de ses buts, de lordonnancement du monde
(notamment ses bornes et ses limites) de loi donnée par Dieu et ainsi de suite. Les lois
mentionnées dans les Écritures semblent plutôt être des exemples de loi positive
divine, bien quelles ne soient pas arbitraires, puisque en tant que prescriptions
morales elles forment les conditions de lalliance contractée dans lespoir que
des bénédictions découleront de lobéissance à Dieu. Les commandements de Dieu
sont censés être basés sur des raisons qui ne sont pas entièrement accessibles à la
recherche ou à linterprétation humaine.
Il y a, cependant, un autre courant de pensée chez les saints des derniers jours, un
courant qui affirme ce quon pourrait appeler les «lois de la nature» où ce terme
désigne les régularités trouvées par les sciences. Ces lois sont considérées comme
descriptives, pas normatives. On les conçoit ou bien comme mises en place par Dieu ou
comme ayant une existence indépendante de la volonté de Dieu et par conséquent
fonctionnant comme des conditions quil faut gérer lorsque lhomme élabore des
plans en coopération avec Dieu. Beaucoup de saints des derniers jours, particulièrement
ceux qui sont formés dans les sciences naturelles, entretiennent cette conception, mais
elle na pas été exposée systématiquement ni intégrée aux enseignements des
Écritures.
Cest le don prophétique qui met à disposition les conditions de lalliance
avec Dieu et ces alliances saccompagnent de bénédictions et de malédictions. Les
saints des derniers jours mettent donc laccent sur lobéissance à ce qui
revient à être une loi positive divine et pas aux exigences de la nature telles que les
connaît la raison humaine.
Bibliographie
dEntreves, A. P. Natural Law. London, 1951.
Madsen, Truman G. "Joseph Smith and the Problems of Ethics." Dans Perspectives
in Mormon Ethics, dir. de publ. Donald E. Hill, pp. 29-48. Salt Lake City, 1983.
LOUIS C. MIDGLEY
Loi de ladoption
Auteur: BLOXHAM, V. BEN
La maison dIsraël, dans une perspective spirituelle et éternelle, finira par
inclure tous ceux qui sont les vrais disciples de Jésus-Christ. Bien que ceux qui sont de
la lignée directe par le sang de la maison dIsraël soient, dun point de vue
généalogique, les brebis du troupeau de Dieu, ils doivent remplir toutes les conditions
spirituelles dun disciple. Ceux qui ne sont pas du sang dIsraël peuvent
devenir Israël par ladoption (cf. Ro. 8:14; Ga. 3:7, 29; 4:5-7; Mt. 3:9; TJS Lu.
3:8; Abr. 2:10) grâce aux principes et aux ordonnances de lÉvangile: la foi au
Seigneur Jésus-Christ, le repentir par rapport aux péchés, le baptême deau et la
réception du Saint-Esprit et la persévérance jusquà la fin.
Dans un sens plus large, tout le monde doit être adopté dans la famille de Dieu pour
jouir de la plénitude de ses bénédictions dans le monde à venir. Fils unique du Père
dans la chair, Jésus est le seul héritier naturel et donc le seul qui, de par sa
naissance, ait droit au royaume de son Père. Si dautres veulent se qualifier pour
être cohéritiers avec le Christ dans le royaume de son Père, ils doivent être
totalement adoptés par Dieu.
Le processus dadoption est, pour employer les termes du prophète Joseph Smith,
«une création nouvelle du Saint-Esprit» (EPJS, p. 117). Comme résumé dans les
Doctrine et Alliances, les gens qui contractent lalliance et «magnifient leur
appel» «sont sanctifiés par lEsprit à tel point que leur corps est renouvelé.
Et ils deviennent les fils de Moïse et dAaron, la postérité dAbraham,
lÉglise et le royaume, et les élus de Dieu» (D&A 84:33-34).
Bibliographie
Irving, Gordon. "The Law of Adoption: One Phase in the Development of Mormon Concept
of Salvation, 1830-1900." BYU Studies 14, printemps 1974, pp. 291-314.
V. BEN BLOXHAM
Loi de Moïse
Auteurs: FALK, ZEEV W. et PARKER, DOUGLAS H.
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances exposent des idées caractéristiques au
sujet de la loi de Moïse et de son rapport avec le Christ et avec laccomplissement
du salut individuel. LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
enseigne que cette loi a été donnée par Dieu à Moïse, quelle faisait partie
dune alliance particulière dobéissance et de faveur entre Dieu et son
peuple, quelle symbolisait et préfigurait les choses à venir et quelle avait
été accomplie dans lexpiation de Jésus-Christ.
La loi de Moïse se comprend mieux au sens large. Elle se compose d«ordonnances»,
de «lois», de «prescriptions» et de «commandements». Le Livre de Mormon les
mentionne aussi avec divers «observances», «sacrifices» et «holocaustes». Nulle part
dans lÉcriture son ampleur, sa profondeur, sa diversité et sa définition ne sont
rendues complètement explicites. Sur de tels sujets, on peut tirer des renseignements du
Pentateuque lui-même (la Torah) et des sciences de la Bible, mais on ne peut que faire
des conjectures sur ce que signifiaient ces termes pour les auteurs du Livre de Mormon.
Une définition étroite confinerait la loi de Moïse à un ensemble dinterdits et
dimpératifs exposés dans des unités littéraires séparées et sans rapport entre
elles dans les cinq premiers livres de la Bible. Cette façon de voir ne permet guère de
parler de «loi biblique» puisque ces dispositions ne sont pas rattachées entre elles
comme unité par la Torah elle-même. Les codes et les séries dispersés incluent le Code
de lAlliance (Ex. 20:23-23:19), la Loi deutéronomique (De. 12-26), le Code de
Sainteté (Lé. 17-26), les lois de pureté (Lé. 11-15), les rituels de fête (De. 16),
les règlements concernant les sacrifices (No. 28-29) et les dix commandements (Ex.
20:2-17; De. 5:6-21). Certains savants bibliques concluent que «cétaient par le
passé des unités indépendantes, ayant leur existence propre, chacune ayant son propre
but et sa propre sphère de validité, et ayant été transmise au départ
individuellement pour elle-même» (North, p. 7), mais les saints des derniers jours
acceptent généralement telles quelles les déclarations de la Bible qui en attribuent
lorigine à Moïse, mais lÉglise na pris aucune position officielle au
sujet de la collection et de la transmission de ces textes légaux dans le Pentateuque.
Les scribes et les copistes ont évidemment apporté des changements après le temps de
Moïse (par exemple, comparez Moï. 1-5 et Ge. 1-6).
Quelque chose qui complique encore la question de ce que lon entendait par le terme
«Loi de Moïse» dans le Livre de Mormon est le fait que les «cinq livres de Moïse»
que les Néphites possédaient antidatent la rédaction et la canonisation du Pentateuque
par Esdras (444 av. J.-C.). Les passages cités (par exemple, Mosiah 13:12-24) indiquent
cependant que les lois néphites étaient essentiellement semblables aux textes bibliques
que les Juifs et les chrétiens ont aujourdhui.
Dès le troisième siècle apr. J.-C., la conception juive était que les commandements
sélevaient à 613. On dit que Rabbi Simlai aurait déclaré que «613 commandements
ont été révélés à Moïse au Sinaï, 365 étant des interdictions dont le nombre
équivalait aux jours solaires, et 248 étaient des prescriptions correspondant en nombre
aux membres [sic] du corps humain» (Encyclopedia Judaica 5:760, citant Talmud Bavli,
Makkot 23b). Un tiers environ de ces commandements sont périmés depuis longtemps, comme
ceux qui ont trait au tabernacle et à la conquête de Canaan. Dautres concernaient
des classes spéciales, telles que les naziréens, les juges, le roi ou le grand prêtre,
des circonstances qui se produisaient rarement. À lexclusion de ces derniers, une
centaine sappliquent à lensemble de la population et vont du spirituellement
sublime au trivial. Parmi les exemples de commandements éternellement pertinents de la
loi de Moïse, il y a les dix commandements et ceux qui concernent lamour de Dieu,
le culte de Dieu, lamour du prochain, lamour de létranger, la charité
envers les pauvres, lhonnêteté dans les relations, la renonciation à la vengeance
et à la rancune. Les autres commandements couvrent un kaléidoscope de sujets quotidiens,
notamment le respect des maisons et des champs, les droits de succession, le payement des
salaires, lagriculture, lélevage et les aliments interdits. Les savants juifs
les classifient comme commandements vis-à-vis de Dieu et comme commandements vis-à-vis
de ses semblables (Mishnah Yoma 8:9).
Deux autres définitions devraient être mentionnées. Lune delles fait
remonter la Loi de Moïse au Pentateuque. Vers le temps du Christ, les auteurs du Nouveau
Testament appelaient parfois le Pentateuque «la loi» (Luc 24:44; Ga. 4:21), même si le
mot «torah» avait un sens plus large (c.-à-d., «enseignements») et que le Pentateuque
contient de la poésie et des récits en plus des commandements, et que certains passages
sadressent à toutes les personnes et à toutes les nations (Ge. 9:1-7).
Lautre définit la Loi comme théologiquement synonyme de la croyance doctrinale,
erronée ou pas, que le salut dépend du respect des commandements, distinguant ainsi la
loi de la grâce, ce qui pour beaucoup de chrétiens élimine la tâche de devoir faire le
tri des lois mosaïques qui sont toujours en vigueur.
Rejoignant à certains égards et sécartant à dautres des conceptions juives
ou chrétiennes traditionnelles, les traits principaux des croyances des saints au sujet
de la Loi de Moïse sont les suivants:
1. Jésus-Christ était Jéhovah, le Dieu de lAncien Testament qui a donné la Loi
à Moïse (3 Né. 15:5; EPJS, p. 222). Jésus, parlant après son expiation et sa
résurrection, dit: «La loi qui fut donnée à Moïse est accomplie. Voici, je suis celui
qui a donné la loi, et je suis celui qui a fait alliance avec mon peuple d'Israël» (3
Né. 15:4-9).
2. La loi tout entière a été, à plusieurs égards, accomplie, complétée, supplantée
et vivifiée par Jésus-Christ. Jésus a dit: «en moi elle a été toute accomplie» (3
Né. 12:17-18). Ses «vérités dÉvangile grandes et éternelles» (MD, p. 398)
sont applicables par Jésus-Christ à toutes les dispensations, car il continue à
révéler sa volonté à des prophètes «comme Moïse» (2 Né. 3:9-11).
3. Les saints des derniers jours croient que la Loi de Moïse a été donnée aux
Israélites comme Évangile préparatoire pour être un pédagogue pour les conduire au
Christ et à la plénitude de son Évangile (Ga. 3:24; cf. Jacob 4:5; Al. 34:14).
Lautorité dagir au nom de Dieu est incorporée dans deux prêtrises, celle de
Melchisédek, la plus haute, qui englobe toute autorité divinement déléguée et
sétend jusquà la plénitude de la loi de lÉvangile, et celle
dAaron, la moindre, qui ne porte que sur les choses inférieures comme la loi des
commandements charnels et du baptême (D&A 84:26-27). Tandis que Moïse et ses
prédécesseurs avaient la prêtrise supérieure et la plénitude de lÉvangile du
Christ, qui devaient toutes deux être données aux enfants dIsraël, mais «ils
s'endurcirent le cur et ne purent supporter sa présence [de Dieu]; c'est pourquoi,
le Seigneur, dans sa colère
prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte
Prêtrise; et la moindre prêtrise continua» (D&A 84:23-24; voir Hé. 3:16-19; Mos.
3:14; EPJS, p. 44).
4. Le peuple du Livre de Mormon a apporté la loi de Moïse avec lui de Jérusalem.
Malgré le fait quil se soit efforcé de lobserver strictement jusquà
lavènement du Christ (par exemple, 2 Né. 5:10; Al. 30:3), il croyait au Christ et
savait que le salut ne venait pas de la Loi seule, mais par le Christ (2 Né. 25:23-24) et
comprenait que la loi serait supplantée par le Messie (Mos. 13:27-28; 2 Né. 25:23-25).
5. Pour les saints des derniers jours, tout est donné de Dieu à lhomme comme type
et préfiguration des actes rédempteurs et expiatoires du Christ (2 Né. 11:4; Mos.
13:31). Ainsi, la Loi de Moïse symbolise divers aspects de lexpiation du Christ.
6. La conclusion dalliances, les promesses et lobéissance aux commandements
font partie de la plénitude de lÉvangile du Christ: «Grâce au sacrifice
expiatoire du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux lois et aux
ordonnances de lÉvangile» (3e A de F). Pour les saints des derniers jours et pour
ce qui est de lobservance juive de la loi de Moïse, la grâce, la foi et les
uvres sont toutes essentielles au salut: «Cest par la grâce que nous sommes
sauvés, après tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23). Aucun mortel ne peut
obéir parfaitement à la loi. Par la loi seule, personne ne sera sauvé. La grâce de
Dieu compense le déficit. LÉglise ne souscrit pas à la notion dune grâce
indépendante sans aucun rapport avec les instructions et les attentes exigées de
lhomme. Elle a des commandements concernant le régime alimentaire (voir Parole de
Sagesse), la pudeur et la chasteté, aussi bien que beaucoup dordonnances telles que
le baptême, limposition des mains, les ablutions et lonction. Si lhomme
était parfait, le salut viendrait de là; on marcherait parfaitement à la manière du
Seigneur. Puisque lhomme est mortel et imparfait, Dieu dans son amour fait
connaître la voie que ses enfants devraient suivre et donne la grâce «après tout ce
quils peuvent faire».
Bibliographie
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Falk, Ze'ev. Hebrew Law in Biblical Times. Jerusalem, 1964.
Jackson, Kent P. "The Law of Moses and the Atonement of Christ." In Studies in
Scripture, Vol. 3, pp. 153-72. Salt Lake City, 1985.
Noth, Martin. The Laws in the Pentateuch and Other Studies. Edinburgh, 1966.
Patrick, Dale. Old Testament Law. Atlanta, 1985.
DOUGLAS H. PARKER
ZE'EV W. FALK
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