Écritures
Auteurs: DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.
Bien que le mot «Écritures» désigne habituellement des documents écrits, dans les
sources mormones il se définit aussi comme «tout ce quils [les représentants de
Dieu] diront sous linspiration du Saint-Esprit» (D&A 68:2-4; cf. 1:38; 2 Pi.
2:21; 2 Ti. 3:16). Cette compréhension plus large du terme est à la fois un principe
global et une définition fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de
linspiration.
Le corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux que celui du canon
protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le Livre de Mormon (531 pages, édition
anglaise de 1981), les Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle de
Grand Prix (61 pages, édition de 1981). Dès le départ, lengagement des saints des
derniers jours vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative de formuler
et de standardiser immédiatement leur enseignement par rapport aux cultures environnantes
ont fait deux un peuple «livresque». Par contraste, dans le judaïsme, le
christianisme et lIslam, le processus de compilation et de fixation des écrits
sacrées comme «canoniques» a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans
chaque cas le processus a eu comme conséquence un canon fermé.
Les saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la parole de Dieu «dans la
mesure où elle est traduite correctement» (8e A de F). Ils reconnaissent que bien que
les messages de lÉcriture soient dorigine et dimpulsion divines, les
paroles dans lesquels elles sont formulées sont dorigine humaine (cf. Mrm. 8:16-17;
Ét. 12:23-27). La page de titre du Livre de Mormon dit: «Sil y a des fautes, ce
sont les erreurs des hommes.» Pour certains, de telles affirmations renforcent plutôt
que daffaiblir leur respect pour la révélation véritable (Stendahl, p. 100).
Cette prise de position évite à la fois la doctrine de linerrance verbale et le
point de vue naturaliste que la Bible est un document entièrement humain et vieillissant
en plus.
Les Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées douvrages canoniques.
Le mot «canon» est rarement utilisé, en partie parce quil suggère la finitude,
lachèvement, la clôture. En principe et en fait, des ajouts aussi bien que des
clarifications et des traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux ouvrages
canoniques dans le double processus de la présentation par les dirigeants vivants et, en
accord avec la loi du consentement commun, lacceptation par les membres de
lÉglise. De cette façon, les saints des derniers jours sengagent par
alliance à les considérer comme Écriture. Lajout aux Doctrine et Alliances
dune révélation au sujet du royaume céleste reçue par Joseph Smith et dune
vision de la rédemption des morts reçue par Joseph F. Smith en sont des exemples
modernes (D&A 137, 138).
Le caractère perpétuel de lÉcriture, un corpus sans cesse augmenté par des
témoins vivants dans un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et un symbole
de luniversalité de la foi des saints (Davies, p. 61). Pareille position fait
contraste avec la conception minimaliste («un seul canon suffit»). Les Samaritains, par
exemple, naccordaient le statut dÉcriture quau seul Pentateuque. Pour
les saints des derniers jours, lÉcriture nest pas une «révélation
définitive». Il ny a pas de «cercle de la foi» non extensible. Il ny a
aucun texte sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue, interdise laddition
dautres textes sacrés. Aucun document ou recueil ne suffit en lui-même pour la
rédemption, pour le salut, pour léclaircissement complet ou pour le
perfectionnement de lâme.
Deux principes se dégagent quand il sagit de définir ce qui doit être considéré
comme Écriture. Dabord, on ne sait si un autre parle avec lautorité du
Saint-Esprit que grâce à linfluence du Saint-Esprit. Cest ainsi quen
dernière analyse, cest au lecteur et à lauditeur quincombe la
responsabilité de prouver le statut scripturaire dun document (cf. Brigham Young,
JD 7:2). Les saints des derniers jours enseignent que tous ont droit à cette assurance et
à ce témoignage. En second lieu, le président de lÉglise et ceux qui lui sont
associés comme prophètes, voyants et révélateurs ont reçu une dotation et une
juridiction spirituelles spéciales. Seul le président parle ou écrit pour
lÉglise et à lÉglise dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de
la même manière mais seulement dans leur office et appel propre. De plus, «un prophète
nest pas toujours prophète; uniquement quand il agit comme tel» (HC 5:265; 2:302;
EPJS, p. 224). Ceux qui sont officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont, selon
la terminologie des saints, «les oracles vivants» et «là où les oracles de Dieu ne
sont pas, le royaume de Dieu nest pas» (WJS, p. 156). Seul le président de
lÉglise a la responsabilité et la charge dexercer toutes les clefs de la
présentation et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces pratiques sont
établis pour sauvegarder la sainteté et veiller à lapplication des paroles et des
écrits inspirés, tant passés que présents.
Au-dessus de lautorité du document écrit se trouve lautorité du prophète
vivant et, au-delà de lui, lautorité suprême du Seigneur lui-même. «Vous pouvez
étreindre la Bible tout contre vous, a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par
la foi en elle, obtenir la révélation pour vous-même, la Bible ne vous profitera
guère» (Osborne). De plus, «La meilleure manière dobtenir la vérité et la
sagesse nest pas de la demander à des livres, mais daller trouver Dieu dans
la prière et dobtenir lenseignement divin» (EPJS, p. 154). Brigham Young a
affirmé: «Je préfère avoir les oracles vivants que tout ce qui est écrit dans les
livres» (cité dans CR, oct. 1897, pp. 22-23). Mais les oracles vivants et les laïcs
responsables ne sont pas, dans la théorie ou dans la tradition, complètement
indépendants de lécrit. B. H. Roberts, historien de seconde génération faisant
autorité et Autorité générale, a écrit à propos du corpus de lÉcriture: Il
fixe de manière permanente les vérités générales que Dieu a révélées. Il
préserve, pour tous les temps et pour toutes les générations des hommes, le grand cadre
du plan de salut: lÉvangile. Il y a des vérités qui ne sont pas affectées par
les circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui sont toujours les mêmes,
aussi souvent quelles soient révélées, des vérités qui sont élémentaires,
permanentes, fixées, dont on ne doit ni ne peut sécarter sans risquer la
condamnation. La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de Dieu des traditions
vaines et insensées, qui, tandis quelles dérivent le long du fleuve du temps, sont
sujettes à des changements par déformation, par ajouts ou soustractions ou par le jeu
capricieux de la fantaisie desprits fantasques auxquels on ne peut pas se fier. Elle
constitue un critère grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent
sinstruire, sévaluer et se corriger. Elle met à la portée du peuple le
pouvoir de confirmer les paroles et le ministère des oracles vivants, et dajouter
ainsi la foi à la foi et la connaissance à la connaissance [IE 3, mai 1900, pp.
576-577].
Par contraste, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes par des rabbins ou des
savants comme gardiens et interprètes de lÉcriture a été poussé à
lextrême: «Même sils [les sages] te disent que la gauche est la droite et
que la droite est la gauche, écoute ce quils disent» (Midrash Siphre sur De.
17:10-11; cf. Talmud de Jérusalem, traité Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à
lerreur, même les erreurs de la communauté, cétait que même les erreurs
commises dans les décisions de la loi faisaient force de loi. Dans un cas spectaculaire,
Rabbi Eliezer prétendit quune voix céleste avait sanctionné son opinion
minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la Torah, ou texte
dÉcriture, est non dans le ciel mais sur la terre et que cétait
lopinion de la majorité qui devait lemporter (voir aussi Davies, Paul and
Rabbinical Judaism, 1980, pp 374, 212n). Dans le christianisme traditionnel, les conseils
ecclésiastiques se sont parfois arrogé des prérogatives semblables.
Dans leur doctrine concernant les Écritures, les saints des derniers jours ont réduit
ces tensions et dautres encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique
et le judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite et la loi orale) ou, comme dans
les traditions chrétiennes romaine et orientale, entre lhéritage biblique et les
affirmations de la tradition et des credo ou, comme dans le protestantisme, entre
lintention originale associée à lesprit de lÉcriture et
laffirmation que linterprétation personnelle est valide.
Lidée dun canon ouvert a signifié historiquement une certaine ouverture à
dautres sources historiques, apocryphes et pseudépigraphiques. LÉcriture
moderne assure aux saints des derniers jours que des documents importants vont encore
venir au jour (cf. 2 Né. 29:10-14; 9e A de F). Les Apocryphes de lAncien Testament
contiennent beaucoup de choses «qui sont vraies» mais également beaucoup
dinterpolations (D&A 91). «À ceux qui le désirent, il devrait être donné
par lEsprit de discerner le vrai du faux» (HC 1:363). Par analogie, dautres
documents récemment récupérés (par exemple, les manuscrits de la mer Morte, la
bibliothèque de Nag Hammadi et les inscriptions et les fragments qui y ont trait) sont
considérés comme instructifs, bien que non canoniques. Dans certains cas, leurs
enseignements précèdent et font écho à des documents scripturaires authentiques.
Limportance des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire de
lÉcriture a été soulignée de plusieurs manières dans lÉglise: une école
des prophètes a été organisée dans les tout débuts de lÉglise, où lon
étudiait lhébreu, le grec et lallemand en tant quaides bibliques; on
se servait des traductions alternatives de la Bible, notamment les révisions de la
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS); on préférait officiellement la King James
Version en raison de son style littéraire et de son accessibilité à dautres
groupes chrétiens, et dautres; on se servait de diverses éditions des Écritures
bibliques et modernes, y compris des textes critiques, des dictionnaires bibliques et on
faisait une utilisation sélective des efforts naissants des sciences bibliques mondiales
(voir Erudition bibique).
Il y a toute une constellation de significations qui accompagne la notion de parole
vivante venant de la voix dun prophète vivant. De plus, la voix vivante est
généralement plus riche que nimporte quel écrit, qui est tout au plus une
synthèse à décrypter. Cest pour cela que Joseph Smith disait quon ne
devrait jamais croire quune lettre puisse dire ce qui pourrait être dit de vive
voix. «Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée que soit votre position,
vous ne pouvez pas toucher le cur de lhomme quand vous êtes absent autant que
quand vous êtes présent» (Womans Exponent 3, 1er avril 1875, p. 162). Les risques
de malentendus sont sensiblement accrus quand on na que le texte.
Dans lhistoire du canon, diverses étapes ou périodes ont été témoins
dexégèses, dexpansions ainsi que de gloses et daltérations
stylistiques qui changent également le contenu. On peut avancer largument
quau cours des siècles ce processus a contribué à lamélioration et à la
force des textes, mais on peut également affirmer quil y a eu des écarts, de la
dilution et de la corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment que les
deux processus ont joué. «Des traducteurs ignorants, les copistes négligents ou des
prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup derreurs» (EPJS, pp.
264-265). Dautre part, la Bible et dautres textes sont conservés dune
manière impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir et condamner. Pour
leur part, les saints des derniers jours font finalement confiance à linspiration
de lEsprit.
Les saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser ainsi. Par exemple, H. J.
Schoeps montre que la critique juive des idées du temple et du sacrifice a été
modifiée quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61). Et au fil des siècles, les
changements ont souvent éloigné plutôt que rapproché dun affinement des normes
et des pratiques chrétiennes originales.
Le pouvoir de révélation des Écritures dépend en partie de sa faculté
dadaptation. Le Seigneur dit à propos des Écritures modernes et, implicitement, de
toutes les Écritures antérieures: «Ces commandements sont de moi et ont été donnés
à mes serviteurs dans leur faiblesse, selon leur langage, afin quils les
comprennent» (D&A 1:24).
Le sens évident a également été un principe directeur dans lexégèse des
saints. «Mon âme met ses délices dans la clarté», dit le prophète du Livre de Mormon
Néphi 1 (2 Né. 31:3). Rien ne peut lemporter sur la signification évidente du
texte (cf. traité talmudique Shabbath 63a). Cette position nest ni un refus de voir
les significations subtiles et sous-jacentes du texte ni un a priori théologique
permettant des excès allégoriques, comme dans les enseignements de certains rabbins et
de certains érudits chrétiens dautrefois. On ne peut pas superposer les
significations plus profondes à un texte dÉcriture; on doit les trouver avec
laide divine dans lintention et lesprit de lauteur original (cf. 2
Pi. 1:20-21). Malgré toute leur complexité et toute leur diversité, les Écritures sont
rédigées en une langue ordinaire; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre de
Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.
Dans la pratique, les saints des derniers jours considèrent certains autres textes avec
un respect spécial, basé sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure
dautorité. Par exemple, des prières fixes sont indiquées pour le baptême et pour
la Sainte-Cène (voir Prière de baptême; Prière). Les autres textes et paroles faisant
autorité avec des niveaux différents dautorité sont les messages de
la Première Présidence, les ordonnances et les alliances du temple, les bénédictions
patriarcales, le livre de cantiques, les manuels pour la prêtrise et les organisations
auxiliaires et les manuels pour enseigner dans les diverses organisations de paroisse.
Cest une unité de la foi, souvent considérée comme remarquable, qui découle de
cette ouverture sans pareille à davantage de révélations et du système de freins et de
contrepoids de lÉglise. La participation des laïcs de lÉglise, qui
nécessite le partage des responsabilités, et la loi du consentement commun fonctionnent
ensemble lors du processus de présentation, de confirmation et dacceptation des
paroles inspirées.
Pour les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les Écritures à
lhistoire scientifique, à la sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de
principes fondamentaux, de commandements et dappareil juridique, à des paraboles
pleines de charme, à des noms ésotériques et cachés avec des liens mystiques qui
auraient un pouvoir et une vie propres. Les Écritures sont le résultat dun
déversement den haut dont la signification et lapplication actuelles à une
personne donnée nécessitent une étude soigneuse et linspiration directe.
Martin Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la Torah comme un monde fermé,
écrit: «Pour vous, Dieu est quelquun qui a créé dans le passé et ne crée plus;
mais pour nous, Dieu est celui qui renouvelle chaque jour luvre de la
création. Pour vous, Dieu est quelquun qui sest révélé dans le
passé et ne se révèle plus; mais pour nous il parle depuis le buisson ardent du
présent
dans les révélations du fond de notre cur plus grandes que
les paroles» (p. 204). Cette déclaration exprime une grande partie de lesprit de
la façon dont les saints des derniers jours abordent les Écritures. La signification et
la force se dressent contre le «durcissement» des traditions et favorisent la confiance
dans le témoignage vivant de lEsprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les
Écritures en tant que «vérité actuelle».
Bibliographie
Buber, Martin. Great Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck.
Clinton, Mass., 1963.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders Words Entitled to Claim of
Scripture?" Church News, 31 juillet 1954, pp. 9-11.
Davies, W. D. "Reflections on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79,
1986, pp. 44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and Gentiles, dir. de publ. G. W.
E. Nicklesburg et George W. MacRae, S.V., pp. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D. Juvenile Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of
Mormon." Dans Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W., et David J. Whittaker. "Mormonisms Open Canon: Some Historical
Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah,
1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G. MADSEN
Écritures: Autorité des
Écritures
Auteur: JACKSON, KENT P.
Pour les
saints des derniers jours, la notion dÉcriture entraîne deux définitions
complémentaires, une définition générale, qui englobe toute révélation de Dieu comme
étant «Écriture», et une vision plus restreinte, qui ninclut que les ouvrages
canoniques comme «Écriture». Les deux catégories font autorité puisque les deux sont
considérées comme venant de Dieu.
La première définition utilise le mot «Écriture» comme synonyme de termes tels que
«inspirée» ou «divinement révélée». Pour ce qui concerne ceux qui ont été
appelés et ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, cest une révélation des
Doctrine et Alliances qui fournit la base: «Tout ce quils diront sous
linspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera
lavis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le
pouvoir de Dieu pour le salut» (D&A 68:4). Dans cette lumière, les saints des
derniers jours tiennent en haute estime les paroles des dirigeants de lÉglise à
tous les niveaux. Font particulièrement autorité les déclarations officielles de la
Première Présidence et du Collège des douze apôtres qui sont soutenus par les membres
de lÉglise comme «prophètes, voyants et révélateurs». Leurs écrits et leurs
discours en particulier ceux de conférence générale sont cités
fréquemment comme guides pour la vie et comme interprétation autorisée en matière de
doctrine. Les déclarations publiées par la Première Présidence représentent la
position et la politique officielles de lÉglise.
Joseph Smith a enseigné que «un prophète nest pas toujours prophète; uniquement
quand il agit comme tel» (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes nont
force dÉcriture que quand elles sont prononcées sous linfluence du
Saint-Esprit. Les saints des derniers jours reconnaissent volontiers cette influence
divine dans les enseignements et les conseils des dirigeants et considèrent que
cest une bénédiction dêtre instruits par eux. Ils considèrent cette
direction inspirée comme étant «Écriture» au sens général du terme et
sefforcent dy faire coïncider leur vie.
La conception plus restrictive de ce qui constitue lÉcriture ne comprend que ce qui
est appelé «les Écritures» cest-à-dire les quatre ouvrages canoniques: la
Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix. Ils
constituent le corpus canonisé, faisant autorité des Écritures révélées par rapport
auquel tout le reste est évalué. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné: «Mes
paroles et les enseignements de nimporte quel autre membre de lÉglise, grand
ou petit, sils ne cadrent pas avec les révélations, nous ne devons pas les
accepter
Nous avons accepté les quatre ouvrages canoniques comme critères ou
balances que nous utilisons pour mesurer les doctrines de tous les hommes» (DS3, p. 183).
Bien que lÉglise considère ses Écritures comme un canon dans un sens strict, elle
ne considère pas celui-ci comme fermé. La doctrine de la révélation continue est
lune des croyances fondamentales de lÉglise. Comme la dit Joseph Smith,
«nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce quil révèle maintenant, et
nous croyons quil révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes
concernant le royaume de Dieu» (9e A de F). Tout en acceptant «tout ce que Dieu a
révélé», que ce soit canonisé dans les Écritures ou pas, les saints des derniers
jours croient également que la révélation continue à éclairer leurs dirigeants. De
plus, elle sattend à des directives divines supplémentaires parce que Dieu
«révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes». Ces futures révélations
seront Écriture, selon la définition générale, et il est probable que certaines
dentre elles seront ajoutées en temps voulu aux Écritures.
Bibliographie
Jackson, Kent P. "Latter-day Saints: A Dynamic Scriptural Process." Dans The
Holy Book in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny and R. Taylor, pp. 63-83.
Columbia, S.C., 1985.
Jackson, Kent P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans The
Bible and Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, pp. 163-91. Atlanta, Ga., 1988.
Talmage, James E. AF, pp. 291-387.
KENT P. JACKSON
Écriture: Paroles des
prophètes vivants
Auteur: ANDERSON, A. GARY
Tout
message qui vient de Dieu à lhomme par le pouvoir du Saint-Esprit est Écriture
pour celui qui le reçoit, que ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682; cf. 2
Né. 32:3). Paul a écrit à Timothée que «Toute Écriture est inspirée de Dieu, et
utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice» (2
Ti. 3:16). De plus, toute personne peut recevoir des révélations personnelles pour son
profit personnel. Néanmoins, Dieu a toujours désigné des prophètes pour parler pour
lui, ce qui est à lorigine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé comme
porte-parole de Moïse, le Seigneur dit: «Il parlera pour toi au peuple; il te servira de
bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu» (Ex. 4:15-16).
Les membres de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours croient en la
révélation continue, particulièrement aux prophètes qui dirigent lÉglise. Ce
point de doctrine a été annoncé dans une révélation reçue par le prophète Joseph
Smith en novembre 1831: «Et tout ce qu'ils [les serviteurs de Dieu] diront sous
l'inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du
Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour
le salut» (D&A 68:4). Les paroles inspirées du prophète et président de
lÉglise ont été et peuvent à lavenir être ajoutées aux ouvrages
canoniques par le consentement commun de lÉglise.
Les saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence et le Collège des
douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs. Puisque le prophète et
président de lÉglise est soutenu comme prophète, voyant, et révélateur, il est
le porte-parole officiel qui parle au nom du Seigneur à lÉglise (D&A 21:4-5;
28:2). Ces autres prophètes, voyants et révélateurs ont le droit, le pouvoir et
lautorité de déclarer la volonté de Dieu à son peuple, mais dépendent de
lautorité du président (D&A 132:7).
Les paroles inspirées du président de lÉglise ont force de loi sur les membres de
lÉglise, quelles soient acceptées officiellement comme élément du canon
écrit ou pas. Les paroles inspirées du prophète vivant remplacent et deviennent plus
importantes pour des saints des derniers jours que le canon écrit ou les déclarations
prophétiques antérieures (D&A 5:10). Le salut et lexaltation des membres de
lÉglise dépendent de leur acceptation de cette inspiration divine par le prophète
vivant, qui vient comme une voix davertissement au monde (D&A 1:4-5).
Ce point de doctrine apparaît dans lAncien Testament. Par exemple, les gens
nauraient pu être sauvés du déluge quen écoutant la voix de Dieu par son
prophète Noé. De même, il était attendu des Israélites quils acceptent et
obéissent de manière responsable aux paroles de Moïse comme si le Seigneur lui-même
les avait prononcées (De. 18:18-22). Le Seigneur a également enseigné que
«Lorsquil y aura parmi vous un prophète, cest dans une vision que moi,
lÉternel, je me révélerai à lui, cest dans un songe que je lui parlerai»
(No. 12:6).
On peut trouver linsistance des premiers chrétiens sur «la voix vivante» dans les
écritures de Papias (v. 130 apr. J.-C.): «Sil arrivait à quelquun de venir
qui avait été réellement disciple des anciens, je minformais sur les discours des
anciens, de ce quAndré ou Pierre disaient ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean
ou Matthieu ou tout autre des disciples du Seigneur
. Car je pensais que ce qui
était dans les livres ne me profitait pas autant que les paroles dune voix vivante
et durable» (Eusèbe, Histoire ecclésiastique 3.39.4).
Les saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu déclare, «que ce
soit par [sa] propre voix ou par la voix de [ses] serviteurs, cest la même chose»
(D&A 1:38). Dautre part, les prophètes ont droit à leur opinion personnelle,
par conséquent tout ce quils disent nest pas considéré comme une
déclaration ou une interprétation officielle dÉcriture. Ce nest que quand
ils sont inspirés à parler à lÉglise par le Saint-Esprit quils parlent
Écriture. Pour que lauditeur détermine si un prophète parle en tant que tel, le
pouvoir du Saint-Esprit doit lui témoigner que le message est divinement inspiré. Le
Saint-Esprit est donné à tous pour connaître la vérité de toutes choses (Mro. 10:5).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "Fourteen Fundamentals in Following the Prophet." BYU
Speeches of the Year, 1977 -80, pp. 26-30. 26 févr. 1980.
Département dEducation de lÉglise. Teachings of the Living Prophets, pp.
6-22. Salt Lake City, 1982.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of
Scripture?" Church News, 31 juillet 1954, pp. 9-11.
Horton, George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, pp. 2-11. Salt Lake City, 1989.
A. GARY ANDERSON
Écritures: Écritures à venir
Auteur: CLOWARD, ROBERT A.
Les saints
des derniers jours croient que Dieu «révélera encore beaucoup de choses grandes et
importantes» (9e A de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu continue à
«déverser la connaissance du haut des cieux sur [leur] tête» (D&A 121:33). On
sattend à ce que les révélations à venir incluent à la fois des vérités
antiques rétablies et de nouvelles vérités dévoilées.
Les Écritures prédisent spécifiquement le rétablissement de beaucoup de livres qui
feront connaître les choses claires et précieuses ôtées du monde (1 Né. 13:39-40).
Celles-ci comprennent le livre dHénoc (D&A 107:57), un récit complémentaire
des événements qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration (D&A
63:20-21), la totalité du livre de Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1
Né. 14:18-27; Ét. 4:16; D&A 93:6, 18), la partie scellée du Livre de Mormon, y
compris la vision du frère de Jared (2 Né. 27:7-11; Ét. 3:25-27; 4:7), les plaques
dairain (Alma 37:4-5; voir aussi Plaques et Annales du Livre de Mormon), un compte
rendu plus complet des enseignements de Jésus-Christ aux Néphites (3 Né. 26:6-11) et
les annales des tribus perdues dIsraël (2 Né. 29:12-13).
Nous ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront au-delà de la croyance
générale que dautres révélations viendront au temps voulu par le Seigneur
lorsque les hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront prêts à les recevoir
(2 Né. 28:30; Ét. 4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde na
vu que le commencement du grand rétablissement doctrinal et scripturaire par lequel la
volonté de Dieu réunira «toutes choses en Christ» (Ép. 1:10). Les annales célestes
et terrestres de toutes les dispensations doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et
«rien ne sera retenu» (D&A 121:28).
Bibliographie
Maxwell, Neal A. "God Will Yet Reveal." Ensign 16, nov. 1986, pp. 52-59.
McConkie, Bruce R. "The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith
Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet, pp. 1-22. Provo, Utah, 1985.
ROBERT A. CLOWARD
Écriture, interprétation
dans lÉcriture
Auteur: THOMAS, CATHERINE
La clef de
linterprétation des passages scripturaires se situe souvent dans le corps même de
lÉcriture. Par exemple, certains passages de lAncien Testament reçoivent un
commentaire et une interprétation dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ enseignait
fréquemment à laide de lAncien Testament, donnant non seulement une
interprétation, comme dans lincident où David doit manger les pains de proposition
du temple (1 S. 21:1-6) pour justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de
blé le jour du sabbat (Mc. 2:23-26), mais soulignant souvent aussi que les Écritures
témoignent quil était le Messie (Lu. 4:18-21; Jn. 5:39). Les Écritures
supplémentaires que les saints des derniers jours acceptent le Livre de Mormon,
les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix citent et interprètent aussi
la Bible. En fait, beaucoup dentre les interprétations les plus claires de la
doctrine proviennent des révélations modernes ou des Écritures rétablies.
Dans la Perle de Grand Prix, le livre de Moïse et le livre dAbraham détaillent le
récit de la Création donné par la Genèse de lAncien Testament (Moï. 2-3; Abr.
4-5), affirment le libre arbitre de lhomme (Moï. 3:17; 7:32), éclaircissent la
chute dAdam (Moï. 4; Abr. 5) et expliquent par conséquent la nécessité dun
Rédempteur (Moï. 6:59; cf. 4:1-2; 5:7-8). En outre, ces deux livres ajoutent des
informations sur les prétentions de Satan et le fait que cest le Christ qui a été
choisi dans le monde prémortel (Moï. 4:1-4; Abr. 3:27-28) où tous les esprits de
lhumanité ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie prémortelle).
Dans Joseph SmithMatthieu, le prophète Joseph Smith reçoit des éclaircissements
sur les commentaires du Sauveur dans Matthieu 24 concernant les événements qui doivent
précéder la chute de Jérusalem et ceux qui doivent précéder la venue de Jésus dans
les derniers jours. Selon Joseph SmithHistoire, Moroni 2 lui cite Malachie 4:6
différemment de la version de lAncien Testament, suggérant que lexpression
«les pères» se rapporte aux Patriarches, particulièrement à Abraham, avec qui Dieu
fit des alliances concernant la postérité dAbraham, qui porterait les ordonnances
de la prêtrise au monde pour lexaltation de la famille humaine (JSH 1:39;
D&A 27:9-10).
Le Livre de Mormon éclaircit beaucoup décrits des prophètes de lAncien
Testament. Le prophète Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21) et fait ensuite un
commentaire clair sur les points principaux de ces chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant
que les Néphites sont un reste de lIsraël dispersé, qui serait par la suite
rassemblé avec laide des Gentils. Dans un autre exemple, vers 148 av. J.-C., le
prophète néphite Abinadi identifie «lhomme de douleur» dÉsaïe 53 comme
étant Jésus-Christ (Mos. 15:2-5) et amplifie les commentaires dÉsaïe sur
lexpiation du Messie (Mos. 14-15).
Le Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne (Mt. 5-7). Dans un sermon
semblable donné sur le continent américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité dit:
«Bénis sont les pauvres en esprit qui viennent à moi» (3 Né. 12:3; italiques
ajoutés). Ces mots supplémentaires, plus le contexte dans lequel le discours de Jésus
est donné, indiquent quon doit aller au Sauveur par le baptême et par la justice
pour recevoir les bénédictions promises dans les béatitudes.
Les Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur plusieurs points obscurs du
livre de lApocalypse qui concernent des événements des derniers jours, tels que le
rassemblement dIsraël et le fait quil va recevoir les ordonnances de la
prêtrise (D&A 77:8-9, 11). On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et
86 des éclaircissements sur des passages bibliques traitant des signes des derniers jours
qui précéderont lavènement de Jésus. Tandis quil méditait sur 1 Pierre
3:18-20, le président Joseph F. Smith reçut une vision de la rédemption des morts
(maintenant D&A 138) qui éclaircissait et étendait luvre rédemptrice du
Sauveur au monde desprit après sa crucifixion.
Le prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations modernes en réponse aux
questions découlant de son travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS).
Par exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou la damnation mentionnée
dans Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney Rigdon reçurent la révélation sur les degrés de
gloire dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a noté plusieurs cas où, tout en
réfléchissant à un passage dÉcriture (par exemple, Ja. 1:5, une invitation à
demander au Seigneur la sagesse), il a prié et a reçu du Seigneur des Écritures
supplémentaires qui rendaient le premier plus de clair ou en confirmait la réalité
(JSH 1:11-20). Pendant quil traduisait les plaques du Livre de Mormon, Joseph
Smith et Oliver Cowdery prièrent après avoir lu un passage qui avait trait au baptême.
En réponse à cela, Jean-Baptiste vint avec de lautorité et des instructions sur
le baptême (JSH 1:68-72). Après leur baptême, le prophète écrivit quils
étaient remplis du Saint-Esprit: «Notre esprit étant maintenant éclairé, nous
commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable
signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une
manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous
n'avions même jamais pensé auparavant» (JSH 1:74).
Néphi dit quil est essentiel davoir lesprit de prophétie pour saisir
le sens correct des Écritures. Il mentionne en particulier Ésaïe, «car, si les paroles
d'Ésaïe ne sont pas claires pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui
sont remplis de l'esprit de prophétie» (2 Né. 25:4). Aux chapitres 25-30, Néphi donne
une explication prophétique des enseignements dÉsaïe.
La révélation moderne et les Écritures rétablies offrent des interprétations
indispensables de la Bible, aidant les saints des derniers jours à la comprendre plus
complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient emporté la «clef de la connaissance»
ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu. 11:53), causant de ce fait la
confusion dans linterprétation des Écritures. Le Seigneur a dit: «Parce que vous
avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles; et vous ne
devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage
Je parlerai aux
Juifs, et ils l'écriront; et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront; et je
parlerai aussi aux autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles
l'écriront; et je parlerai aussi à toutes les nations de la terre, et elles
l'écriront
et ma parole sera aussi rassemblée en une seule» (2 Né 29:10, 12, 14;
cf. Éz. 37:16-20). Les saints des derniers jours interprètent la Bible à la lumière de
lÉcriture rétablie et de la révélation moderne parce que celles-ci ont rétabli
la clef perdue de la connaissance.
Bibliographie
Gileadi, Avraham. "Isaiah: Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah
and the Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie, Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a Symposium on
the New Testament, Département dEducation de lEglise, pp. 1-7. Salt Lake
City, 1984.
Rust, Richard Dilworth. All Things Which Have Been Given of God
Are the
Typifying of Him: Typology in the Book of Mormon." Dans Literature of Belief,
dir. de publ. N. Lambert. Provo, Utah, 1981.
CATHERINE THOMAS
Éducation
[Cette rubrique traite des sujets suivants: Éducation : Positionnement vis-à-vis de
l'éducation. Éducation : Niveau atteint Voir aussi Académies ; Université Brigham
Young ; Département déducation de lÉglise (DEE) ; Histoire intellectuelle ;
Écoles; Histoire sociale et culturelle.]
Éducation : Positionnement vis-à-vis de
l'éducation
Auteur : GARDNER, DAVID P.
Les
Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que joue la connaissance dans
les enseignements de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours : «
Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation ou
est digne de louange. » (13e A de F). À propos de lintérêt des saints pour les
études et l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je doute quil existe une
organisation qui oriente plus complètement son peuple vers une éducation de plus en plus
poussée que l'Église mormone. Le programme éducatif de l'Église est aujourd'hui le
prolongement cohérent des théories promulguées par ses fondateurs »(Bennion, p. 2).
Les idées et les pratiques de l'Église sont directement issues de certaines
révélations reçues par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la
connaissance et le rôle vital que joue dans le développement spirituel, moral et
intellectuel de l'humanité. Par exemple: « Il est impossible à un homme d'être sauvé
dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de sa nature et de son rôle éternels. « La gloire
de Dieu cest intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité »
(D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe d'intelligence nous atteignions dans cette
vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son
obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de connaissance et d'intelligence
qu'un autre, elle en sera avantagée dautant dans le monde à venir » (D&A
130:18-19). « La connaissances sauve lhomme. Et dans le monde des esprits, nul ne
peut être exalté autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un passage
fréquemment cité du Livre de Mormon dit : «Être instruit est une bonne chose si on
écoute les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En juin 1831, Joseph Smith reçut
une révélation concernant « le choix et la rédaction de livres pour les écoles de
lÉglise » (D&A 55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes
missions d'éducation dans l'Église :
« Et je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la doctrine du
royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez
instruits plus parfaitement de la théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de
l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il est opportun que vous
compreniez ; des choses qui se trouvent dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des
choses qui ont été, des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des
choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à l'étranger; des guerres et
des perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une
connaissance des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés en tout »[D&A
88:77-80].
L'Église a été édifiée sur la conviction que la progression éternelle dépend
dune vie vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et laïque.
« En effet, la nécessité dapprendre est probablement le thème le plus
fréquemment répété des révélations modernes » (L. Arrington, «The Founding of the
L.D.S. Institutes of Religion », Dialogue 2, été 1967, p. 137).
Joseph Smith et bon nombre des premiers pionniers mormons étaient issus du milieu
puritain de la Nouvelle-Angleterre, avec sa vénération pour la connaissance et
l'instruction (Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la perfectibilité de
l'homme et sa capacité d'évoluer vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels
toujours plus élevés. En outre, dans cette philosophie, toutes les espèces de
connaissance sont utiles dans la tentative de l'homme de se réaliser dans ce monde et
dans l'au-delà. « C'est l'application de la connaissance pour le bien-être spirituel de
l'homme qui constitue l'idéal mormon de l'éducation » (Bennion, p. 125). Cest
pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne voyaient guère de points de discorde
entre l'instruction laïque et religieuse correcte. Vaste dans sa portée et spirituelle
dans son l'intention, la philosophie de léducation chez les saints a tendance à
fusionner le profane et le religieux, parce que, dans le contexte mormon, les deux font
partie d'une trame unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).
En 1833, Joseph Smith fonda la première entreprise éducative de l'Église, l'école des
prophètes, à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à l'étude de l'histoire, des
sciences politiques, des langues (dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie.
Son but principal était de préparer les dirigeants de lÉglise à magnifier leur
appel missionnaire davertir tout le monde et de témoigner de l'Évangile (D&A
88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple d'études pour adultes qui fut suivi « au
Missouri, en Illinois et en Utah, où les parents rejoignirent leurs enfants dans la
recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).
En 1840, Joseph Smith demanda l'incorporation de la ville de Nauvoo (Illinois) et avec
elle l'autorité pour fonder une université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité
pour « fonder et organiser un établissement d'enseignement dans les limites de la ville
pour l'enseignement des arts, des sciences et des professions érudites, qui sera appelé
Université de la ville de Nauvoo » (cité dans Salisbury, p. 269).
La première année académique à Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut
probablement lune des premières universités municipales des États-Unis (Rich, p.
10). C'était, en tous cas, une entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme
comprenait des langues (allemand, français, latin, grec et hébreu), des mathématiques,
de la chimie et de la géologie, de la littérature et de lhistoire, mais « les
éléments dappréciation sont trop maigres pour quon puisse en dégager le
niveau de lenseignement dispensé. Il était probablement supérieur au niveau
secondaire moyen de lépoque. Le personnel enseignant était dun haut niveau
et était en effet un groupe plutôt remarquable pour une ville de la frontière »
(Bennion, p. 25).
Le meurtre de Joseph Smith en 1844 mit brutalement fin au rêve de l'université de la
ville de Nauvoo et déclencha le difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les
difficultés, l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda aux saints
demporter, dans leur émigration, « au moins un exemplaire de chaque traité
précieux sur l'éducation chaque livre, carte, schéma ou diagramme qui peut
contenir une matière intéressante, utile et attrayante, pour attirer l'attention des
enfants et les amener à aimer apprendre à lire ; et aussi toutes les variétés
historiques, mathématiques, philosophiques, géographiques, géologiques, astronomiques,
scientifiques, pratiques et tous les autres écrits, cartes, etc., utiles et
intéressants, à présenter au greffier général de lÉglise, lorsqu'ils
arriveront à leur destination, où lon peut glaner des sujets importants et
intéressants pour compiler les ouvrages les plus précieux sur toutes les sciences et
tous les sujets au profit de la génération montante » [MS 10, 1848, p. 85].
La charte de l'université de la ville de Nauvoo a servi de base pour l'université de
Deseret (maintenant l'université d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt Lake
City. « Léducation » a-t-il dit un jour au conseil dadministration de cette
école, « est le pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir correctement dans
luvre du monde et le pouvoir d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il
disait : « Un bon enseignant est un des membres les plus essentiels de la société »
(JD 10:225).
En 1851, la législature territoriale accorda une charte prévoyant « la création et la
réglementation des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant quelques années, la lutte
pour la survie éclipsa les efforts pour mettre en place un système officiel
d'éducation. Les premières écoles d'Utah furent privées, payées par les parents ou
par des étudiants adultes et les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon
les besoins locaux, les intérêts et les ressources (Rich, p. 13, 17 et 18). La
fréquentation augmentait et diminuait avec les saisons et les exigences d'une société
agricole dans laquelle la main duvre était rare et précieuse. Les programmes
variaient également et dépendaient souvent des compétences ou des centres
dintérêt de l'enseignant ; certaines écoles proposaient les branches
traditionnelles, d'autres des activités plus pratiques telles que la menuiserie ou la
maçonnerie. L'existence de ces écoles de frontière était toujours précaire et leur
fonctionnement intermittent (Rich, p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente
et souvent émouvante du désir déducation des pionniers mormons, parce
quelles exigeaient le sacrifice considérable dun temps et de ressources
limités.
La philosophie de l'éducation de Brigham Young était pratique et pragmatique, mais il
n'était pas opposé, comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ; il estimait
tout simplement quon y tenait trop dans l'environnement éducatif de son époque
(Bennion, p. 107). « Léducation va-t-elle vous nourrir et vous vêtir, vous garder
au chaud par une froide journée ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout.
Faut-il pour autant discréditer léduction ? Non. À quoi sert-elle ? À nous
cultiver, à nous instruire de tous les arts et sciences, de l'histoire du monde, des lois
des nations, à nous permettre de comprendre les lois et les principes de la vie et la
façon dont nous pouvons être utiles de notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que «
tous les arts et toutes les sciences connus et étudiés par les enfants des hommes sont
inclus dans l'Évangile » (JD 12:257).
La philosophie du président Young en matière déducation fut renforcée par Karl
G. Maeser, un pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et émigra en 1860 à
Salt Lake City. En 1876, Brigham Young nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham Young
à Provo (voir Académies). « Cest cet éducateur allemand qui fut en grande partie
à lorigine du mouvement des académies et de la direction que prit la politique de
l'Église en matière d'éducation » (Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation
était marquée par la conviction que « la connaissance doit être soutenue par des
qualités morales correspondantes. La formation de la personnalité dépend de la nature
de la formation morale qui accompagne la progression intellectuelle » (Maeser, p. 43).
Pour lui, la religion était « le principe fondamental de l'éducation » et en était «
le moteur le plus efficace » (Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité
influent et largement diffusé, mettait clairement en évidence le fait que les fonctions
essentielles de l'éducation étaient de préparer les gens pour la vie pratique dans la
famille et dans le pays et de leur inculquer les principes fondamentaux du développement
spirituel.
Dans les premiers temps des pionniers, la plupart des écoles du Territoire de l'Utah
étaient des écoles de l'Église et la religion faisait partie intégrante du programme
des cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah et l'adoption de
la Loi Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet d'interdire l'enseignement de la
religion dans les écoles publiques, l'Église chercha dautres moyens d'assurer un
enseignement spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église parraina des cours
spéciaux de religion organisés dans les églises de quartier pour les enfants du premier
au neuvième degré dans un mouvement qui fut « le premier effort des mormons pour
compléter (mais pas pour remplacer) léducation laïque » ; ce fut « la première
expérience de l'Amérique pour assurer une formation religieuse distincte en semaine pour
les enfants de l'école publique » (Quinn, p. 379).
Cette entreprise déboucha sur le département déducation de l'Église, qui se
compose de plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un programme d'éducation
religieuse quotidienne donné dans un bâtiment construit près de l'école pour le
neuvième au douzième degré, qui prévoit l'étude du Livre de Mormon, de lAncien
Testament, du Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de lÉglise.
Deuxièmement, des instituts de religion avoisinant les campus desservent les étudiants
inscrits dans les programmes postsecondaires en proposant des cours de religion,
habituellement organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de
luniversité. En troisième lieu, l'Église parraine quatre établissements
d'enseignement supérieur : luniversité Brigham Young à Provo, Utah,
luniversité Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii, le Ricks College à Rexburg,
Idaho, et le LDS business College à Salt Lake City. En outre, au Mexique et dans le
Pacifique, l'Église gère sept écoles primaires, treize facultés universitaires et neuf
écoles secondaires qui assurent une formation tant laïque que religieuse.
En 1988-1989, le département déducation de l'Église couvrait 90 pays ou
territoires et desservait environ 250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants
dinstitut, 37 600 étudiants dans les universités et les collèges de l'Église et
9 300 étudiants dans d'autres écoles de l'Église. Le département emploie plus de 4 100
employés à temps plein et à temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés
à enseigner dans les programmes de séminaire et d'institut.
En somme, l'attitude de l'Église vis-à-vis de léducation est spéciale à
plusieurs égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le degré auquel ses membres,
les adultes aussi bien que les enfants, participent aux nombreuses activités éducatives
de l'Église : « Notre peuple croit en l'éducation : lacquisition de connaissances
et la culture de l'esprit. L'Église elle-même est en fait une institution éducative.
Par tradition, nous sommes un peuple épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666).
Deuxièmement, elle considère l'éducation comme une composante essentielle de la vie
religieuse : « Toute vie est centrée sur certaines idées fondamentales... Le fait que
[Dieu] a promis dautres révélations est pour moi une invitation à garder
lesprit ouvert et à être prêt à suivre partout où ma recherche de la vérité
peut me conduire » (Brown, 1969, p. 11). En troisième lieu, elle entretient la
conviction profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce quelle fait
avancer le libre arbitre et la progression de l'homme ici-bas et dans le monde à venir :
« La science créatrice et la religion révélée trouvent leur expression la plus
complète et la plus vraie dans un climat de liberté... Nayez pas peur des idées
nouvelles, car elles sont comme un tremplin vers le progrès. Vous devez, bien sûr,
respecter les opinions des autres mais nayez pas peur de marquer votre désaccord
si vous êtes informé » (Brown, 1958, p. 2-3). Quatrièmement, elle insiste sur
le fait que linstruction laïque et linstruction spirituelle ne
sopposent pas mais saccordent entre elles : les saints des derniers jours ne
mettent pas l'accent sur « l'éducation spirituelle de l'homme au détriment de son
éducation intellectuelle et physique... Il ne sagit pas destimer moins
l'éducation intellectuelle et physique, mais destimer davantage l'éducation
spirituelle » (Roberts, p. 122-123). « La connaissance profane doit être désirée »
comme un outil entre les mains des justes, mais « la connaissance spirituelle est une
nécessité » (S. Kimball, Faith Precedes the Miracle, p. 280).
Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn. Mormonism and Education. Salt Lake City, 1939.
Brown, Hugh B. An Eternal Quest Freedom of the Mind. BYU Speeches of
the Year, 13 mai 1969.
Brown, Hugh B. What Is Man and What He May Become, BYU Speeches of the Year,
25 mars 1958.
Clark, J. Reuben, Jr. The Charted Course of the Church in Education. Provo,
Utah, 1936.
Clark, Marden J. « On the Mormon Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p.
11-19.
Gardner, David P. et Jeffrey R. Holland. « Education in Zion : Intellectual Inquiry and
Revealed Truth ». Sunstone 6, janv. févr. 1981, p. 59-61.
Kimball, Spencer W. Second Century Address. BYU Studies, été 1976, p.
445-457.
Maeser, Karl G. School and Fireside. Utah, 1898.
Nibley, Hugh W. « Educating the Saints » et « Zeal Without Knowledge. Dans Nibley
on the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 229-277. Provo, Utah, 1978.
Quinn, D. Michael. « Utahs Educational Innovation : LDS Religious Classes,
1890-1929 ». Utah Historical Quarterly 43, 1975, p. 379-389.
Rich, Wendell O. Distinctive Teachings of the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake
City, 1962.
Roberts, B. H. « The Mormon Point of View in Education ». IE 2, déc. 1898, p. 119-126.
Salisbury, H. S. History of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day
Saints. 15 juillet 1922, p. 257-281.
Widtsoe, John A. The Returning Soldier. IE 47, nov. 1944, p. 666, 701-702.
Young Brigham, Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt Lake
City, 1968.
DAVID P. GARDNER
Éducation : Niveau atteint
Auteur : BELL, TERRELL H.
Les saints
des derniers jours ont atteint un niveau déducation nettement plus élevé que la
population des États-Unis dans son ensemble. Contrairement à la norme pour les autres
confessions religieuses, les membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours qui ont obtenu des diplômes universitaires avancés sont plus susceptibles d'être
profondément impliqués dans les pratiques religieuses et lactivité dans
l'Église, tant d'un point de vue personnel que dans les services rendus dans leur
Église.
Ces phénomènes peuvent être le résultat de l'accent doctrinal mis sur la connaissance
et l'éducation qui est si répandu dans l'Église. On enseigne aux saints des derniers
jours dès l'enfance qu'ils doivent lire et méditer les Écritures (voir Étude des
Écritures). La priorité élevée accordée à l'éducation dans la vie de la plupart des
saints des derniers jours a ses racines dans des écritures bien déterminées de la
Bible, du Livre de Mormon, des Doctrine et Alliances et de la Perle de Grand Prix, qui
assurent aux saints que «être instruit est une bonne chose si on écoute les
recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29).
On enseigne aux saints des derniers jours que ce qu'ils apprennent dans cette vie ira avec
eux dans l'éternité (D&A 130:18 -19), que toute la vérité et toute la connaissance
sont accessibles et que chacun peut les obtenir. Ce sont des dons de Dieu, mais chacun
doit en être digne par ses efforts diligents pour apprendre. De la naissance à la mort,
les membres de l'Église entendent du haut de la chaire, apprennent dans les réunions de
l'Église et lisent dans les Écritures que chaque individu doit apprendre et progresser
dans ses talents et ses aptitudes. Un jeune mormon qui se plaindrait de ne rien trouver
d'intéressant ou de difficile à faire sentendrait promptement répliquer
quil na quà lire les Écritures, étudier de grands livres et suivre le
commandement de s'améliorer. Il devrait le faire non seulement pour aujourd'hui et pour
demain, mais aussi pour l'éternité, puisque ce que nous apprenons est une possession qui
ne nous quitte jamais. On enseigne aux saints que, s'ils ne peuvent pas emporter leurs
richesses ou leurs biens terrestres dans l'au-delà, par contre tout ce qu'ils apprennent
sera une possession éternelle.
La création d'écoles et détablissements denseignement supérieur est une
priorité depuis la fondation de l'Église. Trois ans seulement après l'organisation de
l'Église en 1830, Joseph Smith, le prophète, créait l'école des prophètes à Kirtland
(Ohio). Sept mois seulement après l'arrivée des pionniers dans la vallée du grand lac
Salé, une université était créée (voir Université de Deseret). Tout au long de
l'histoire de l'Église, des écoles ont été créées dans l'Ohio, au Missouri, en
Illinois et en Utah et dans pratiquement tous les autres endroits où les saints se sont
installés.
En Utah, où une grande majorité de la population est membre de l'Église, les lycéens
répondent aux préceptes scripturaires qui insistent sur l'importance des études en
s'inscrivant en grand nombre à des « advanced placement courses » [cours de niveau
universitaire] qui permettent dobtenir des « crédits » une fois que lon est
à luniversité. Selon le rapport annuel publié en 1989 par le Department of
Education des États-Unis, lUtah était classé premier des cinquante états pour le
pourcentage des lycéens de terminale qui avaient suivi des « advanced placement courses
» (U.S. Department of Education State Education Performance Chart, 1989), malgré le fait
que l'Utah se classe parmi les états qui dépensent le moins en moyenne par élève.
Un autre facteur qui motive les jeunes saints des derniers jours pour être admissibles
aux crédits universitaires tandis quils sont toujours au lycée est la forte
attente dans la plupart des familles qu'ils feront une mission pour l'Église. Du fait que
les études universitaires vont être interrompues pour le service missionnaire, une
partie du temps qui naura pas pu être consacré aux études universitaires peut
être récupérée grâce à la participation intensive aux programmes de placement
avancé proposés au lycée.
La motivation pour atteindre des niveaux plus élevés d'études s'étend au-delà de la
famille et des Écritures. Les réalisations remarquables et les événements marquants
dans le domaine des études sont signalés en chaire aux réunions de l'Église où les
dirigeants locaux attirent lattention sur les prouesses accomplies à
luniversité. Le Deseret News, le quotidien publié par l'Église, participe à ce
mouvement en parrainant un programme annuel intitulé « Sterling Scholars » [érudits de
haut niveau], qui publie les réalisations exceptionnelles des étudiants dans les écoles
secondaires publiques. Ce programme mentionne les meilleurs élèves dans divers domaines
d'études au niveau secondaire, avec, comme point culminant, des photos et des notices
biographiques sur les demi-finalistes et les finalistes.
Du fait de limportance quils accordent aux études, les saints des derniers
jours font plus détudes que la population des États-Unis dans son ensemble
(Albrecht et Heaton, p. 49). Alors que 53,5 % des mormons de sexe masculin et 44,3 % des
mormones ont au moins une scolarité au-delà de l'école secondaire, 36,5 % seulement des
hommes et 27,7 % des femmes dans lensemble de la population américaine ont fait des
études dans un quelconque établissement denseignement supérieur.
Albrecht et Heaton ont également constaté que ce niveau traditionnellement élevé de
scolarité parmi les saints des derniers jours n'a pas provoqué de diminution dans leur
engagement religieux. Les données du sondage national publiées par le centre de
recherches religieuses de Princeton (1982) indiquent le résultat contraire concernant
l'impact de l'enseignement supérieur pour la nation dans son ensemble : plus le niveau de
scolarité atteint est élevé, plus le niveau de zèle religieux est bas. Les données
obtenues par le Centre de Princeton montrent qu'il est généralement assez difficile pour
les personnes qui ont une culture universitaire dentretenir une vision du monde qui
soit à la fois religieuse et érudite. Mais, selon les recherches d'Albrecht et Heaton
(1984, p. 43-57), les intellectuels mormons ont été moins souvent pris dans ce dilemme.
Dans ces études le sentiment religieux était mesuré en fonction des dons financiers,
des services rendus et de lassistance aux réunions de lÉglise.
Bibliographie
Albrecht, Stan L., et Tim B. Heaton. "Secularization, Higher Education, and
Religiosity". Review of Religious Research 26, sept. 1984, p. 43-58.
Princeton Religious Research Center. Religion in America. Princeton, N.J., 1982.
United States Department of Education. State Education Statistics: Student Performance
Chart. Washington, D.C., 1989.
TERRELL H. BELL
Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
Auteur: PORTER, BRUCE DOUGLAS
Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est le nom officiel de
lÉglise fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la direction du
prophète Joseph Smith. On lappelle communément Église mormone à cause de sa
croyance au Livre de Mormon et les membres sont souvent appelés mormons ou saints des
derniers jours. Créée officiellement, à lorigine, avec six membres,
lÉglise a grandi pour devenir une organisation internationale qui compte des
millions de membres dans beaucoup de pays du monde.
De 1830 à 1838, les membres de lÉglise lappelaient «Église des saints des
derniers jours» ou «Église du Christ». Le 26 avril 1838, le titre officiel de
lÉglise a été donné par révélation: «Car cest là le nom que portera
mon Église dans les derniers jours, cest-à-dire lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours» (D&A 115:4).
Chaque partie de ce nom est importante. «Église de Jésus-Christ» indique que
Jésus-Christ se tient à la tête de lÉglise et que son Évangile, ses
enseignements et son autorité divine constituent les fondements de lÉglise. Le
terme «saints» a le même sens que le mot utilisé dans le Nouveau Testament pour
désigner un membre du groupe de lalliance (Ac. 9:13, 32, 41; Ro. 1:7; Phil. 1:1;
voir Saints des derniers jours). Il na rien à voir avec le sens que lui donnent les
traditions catholique ou orthodoxe. Le terme «des derniers jours» indique que
lÉglise a été rétablie dans la dernière ère de lhistoire humaine
précédant lavènement du Christ et distingue également lÉglise actuelle de
lorganisation «des premiers jours» fondée par le Christ pendant son ministère
terrestre en Palestine. LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est
un rétablissement divin de lÉglise originelle de Jésus-Christ et la gardienne
désignée de sa doctrine, de son autorité et de sa mission divine (voir Organisation:
Organisation contemporaine).
LÉglise est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée par
laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses enfants. Pour le président
Spencer W. Kimball, lÉglise a trois objectifs principaux pour aider les gens à
aller au Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La première est de
proclamer lÉvangile à toute lhumanité. LÉglise le fait grâce à une
grande armée de missionnaires, ainsi que par les efforts de ses membres. La deuxième est
de perfectionner les saints, ce qui veut dire leur enseigner lÉvangile du Christ,
administrer les ordonnances essentielles du salut et les aider dans un processus de
repentir, de service et de préparation pour la vie éternelle, qui durera toute une vie.
La troisième mission de lÉglise est de racheter les morts, permettant à des
générations de défunts, qui nont eu aucune occasion daccepter
lÉvangile dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et les ordonnances
du salut. Cette uvre se fait grâce à des ordonnances accomplies par procuration
dans les temples de lÉglise. Pour ce faire, lÉglise invite ses membres à
faire leur histoire familiale. Plus tard, les présidents de lÉglise pourront
modifier ces missions ou y ajouter selon les directives ou linspiration du Seigneur.
LÉglise est également une société de croyants qui crée un cadre permettant un
effort coopératif, un soutien mutuel et une aide temporelle quand cest nécessaire.
Les liens de lamour entre les saints sont une condition essentielle à
laccomplissement des buts de lÉglise et sont identifiés dans les Écritures
comme étant un signe de la véritable Église de Dieu (Jn. 13:35; voir Signes de la
véritable Église). Les saints des derniers jours se considèrent comme le «peuple de
lalliance» du Seigneur, héritiers de lalliance antique entre Dieu et Abraham
et, par naissance ou adoption, membres de la maison dIsraël. LÉglise est
linstrument par lequel Dieu rassemble les tribus dispersées dIsraël dans les
derniers jours selon ses promesses à Abraham et à dautres prophètes bibliques.
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se distingue de plusieurs
manières fondamentales des autres églises chrétiennes. La plupart de ces différences
proviennent de la croyance essentielle de lÉglise en la révélation continue.
Ainsi, les saints des derniers jours acceptent la sainte Bible comme étant la parole de
Dieu et ils acceptent aussi le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de
Grand Prix comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent lappel des
prophètes et des apôtres modernes, en de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des
saints concernant la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité de
lautorité dans la prêtrise et linterprétation des prophéties scripturaires
diffère également à divers égards de celle des branches catholique, orthodoxe ou
protestante du christianisme. Les saints des derniers jours mettent laccent sur la
liberté et la tolérance religieuses. LÉglise ne participe pas aux activités
cuméniques officielles; elle tient cependant à coopérer avec dautres
organismes religieux, civils et éducatifs à lavancement dobjectifs éthiques
et sociaux communs (voir Relations interconfessionnelles).
LÉglise est gouvernée par lautorité de la prêtrise. Le terme
«prêtrise», chez les saints des derniers jours, désigne non seulement lensemble
des hommes qui détiennent des postes ecclésiastiques dans lÉglise, mais
également lautorité ou le pouvoir proprement dit qui leur a été donné par
ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans la prêtrise, une Prêtrise
dAaron, et une prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Tous les membres
masculins dignes de lÉglise à partir de douze ans sont ordonnés à la prêtrise,
détenant normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la Prêtrise
dAaron et ensuite des offices dans la Prêtrise de Melchisédek. Les offices de la
Prêtrise dAaron sont: diacre, instructeur, prêtre et évêque. Les offices de la
Prêtrise de Melchisédek sont ancien, grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.
LÉglise se considère comme organisée selon le modèle de base de lÉglise
du Christ du premier siècle et conformément à une série de révélations données à
Joseph Smith (D&A 20 et 107; 6e A de F). Les présidents successifs de lÉglise
ont affiné lorganisation pour répondre aux besoins et aux exigences dune
organisation internationale en expansion mais nont pas changé la structure
fondamentale de lÉglise telle quorganisée à lorigine. LÉglise
est sous la direction dun président, qui a généralement deux conseillers; à eux
trois, ils constituent la Première Présidence de lÉglise.
Le deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze apôtres, se compose de douze hommes
appelés à être les «témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier»
(D&A 107:23). Le Collège des Douze détient collectivement, de manière latente, la
même autorité de prêtrise que le président de lÉglise et, en cas de décès de
celui-ci, est le corps constitué qui gouverne lÉglise et installe un nouveau
président. Les membres de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres sont
considérés et soutenus par la voix des saints des derniers jours comme prophètes,
voyants et révélateurs, recevant la révélation directe de Jésus-Christ. Ces frères
sont aidés par les membres des collèges des soixante-dix et par lépiscopat
président.
Les collèges des soixante-dix, chacun composé dun nombre dhommes pouvant
aller jusquà soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de luvre
missionnaire et dirigent également les activités de lÉglise dans des régions
géographiques sous la direction des Douze. Lépiscopat président est responsable
des affaires temporelles de lÉglise, notamment les finances, les registres et les
bâtiments et de la gestion du programme du service dentraide de lÉglise.
Tous ces hommes sont considérés par les saints des derniers jours comme Autorités
générales parce que leur autorité sétend sur lÉglise entière. Le siège
social et les bureaux administratifs centraux de lÉglise sont situés à Salt Lake
City (Utah).
Le président de lÉglise reçoit la révélation de Dieu qui a trait à toute
lÉglise, mais tous les dirigeants et membres ont droit à linspiration dans
le domaine dont ils sont responsables et concernant leur vie personnelle. Ce principe de
la révélation contribue à susciter lunité et un but commun dans lÉglise
et en fait comme un organisme vivant, le «corps du Christ» (1 Co. 12:12-28; Col. 1:18).
Les Autorités générales président lÉglise dans le monde entier, supervisant
ceux qui administrent les unités géographiques appelées paroisses, pieux, régions et
interrégions. Un pieu est un groupe de paroisses, une région est un groupe de pieux et
une interrégion est un groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de saints
comptant habituellement de deux cents à six cents membres. Les paroisses sont
habituellement organisées selon des frontières géographiques et tous les membres vivant
dans ces limites appartiennent à la même paroisse. Une paroisse est dirigée par un
évêque qui remplit habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé
dentre les membres de lassemblée; sous la direction de lévêque, les
offices dans la paroisse sont normalement confiés aux membres de celle-ci. Un ensemble de
paroisses, habituellement pas plus de dix, constitue un pieu, dirigé par un président de
pieu, également appelé dentre les membres du pieu. Le terme «pieu» a été
donné par révélation (D&A 101:21) et est lié à la terminologie de lAncien
Testament désignant Sion comme une grande tente maintenue par des cordes et des pieux ou
des piquets (És. 33:20; 54:2). Dans les régions où la population de lÉglise est
trop petite pour que des paroisses et des pieux soient organisés, elle est administrée
par des missions, des districts et des branches. Bien que la fonction principale des
missions soit de proclamer lÉvangile, dans certaines régions du monde, elles
administrent également de plus petites unités de lÉglise appelées districts, qui
se composent de branches habituellement constituées de moins de deux cents membres. Il
peut également y avoir des branches dans les pieux si les unités sont trop petites pour
constituer une paroisse.
Dans les paroisses et les branches de lÉglise, il y a des organisations auxiliaires
spécialisées dont le but est de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein
de lÉglise. Elles fournissent un appui important aux collèges de la prêtrise. La
plus grande dentre elles est la Société de Secours, lorganisation des femmes
créée en 1842 sous la direction du prophète Joseph Smith. Elle assure
lenrichissement culturel, social et spirituel des femmes de lÉglise et rend
également des services compatissants aux familles dans le besoin, doù le nom
Société de Secours.
Les autres auxiliaires de lÉglise sont la Primaire, responsable de
lenseignement des enfants de moins de douze ans, lorganisation des Jeunes
Gens, pour les garçons de douze à dix-huit ans, lorganisation des Jeunes Filles
pour les filles du même groupe dâge et lorganisation de lÉcole du
Dimanche, qui gère lenseignement dominical de la doctrine de lÉvangile aux
jeunes et aux adultes.
Les officiers et les instructeurs locaux de lÉglise ne reçoivent aucune
rémunération. Aucune formation officielle nest exigée pour détenir des postes
dans lÉglise et il ny a aucune espèce de carrière sacerdotale (voir
Participation et direction laïques). Une personne reçoit un appel, une invitation
officielle, à remplir un poste déterminé par les autorités de lÉglise
responsables de lunité de lÉglise concernée; ces appels se font sous
linspiration divine.
Des offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les membres de la paroisse
se réunissent chaque dimanche pour un service général de culte appelé réunion de
Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et distribuée, les affaires de paroisse sont
traitées, on chante des cantiques et des membres de lassemblée font des discours
inspirants sur des sujets dÉvangile. Les membres se réunissent aussi chaque
dimanche en groupes plus restreints de prêtrise ou dorganisations auxiliaires. En
tout, les réunions officielles du dimanche peuvent durer jusquà trois heures. Les
communautés de saints des derniers jours participent à tout un mode de vie et une
famille typique est susceptible de passer plusieurs heures chaque semaine à des
activités, des réunions et du service en rapport avec lÉglise (voir Réunions
principales de lÉglise). Les conférences régulières de paroisse, de pieu, de
région, dinterrégion et générales assurent la continuité et lintégration
dans lensemble de la communauté de lÉglise.
Les saints des derniers jours considèrent la famille comme lunité de base de
lÉglise et de la société et mettent laccent sur la sainteté du mariage et
limportance des liens familiaux. Les mormons croient que le mariage et les relations
familiales peuvent continuer au-delà de cette vie dans les éternités, que les hommes et
les femmes sont égaux aux yeux de Dieu et que les bénédictions de lÉvangile
tournent autour de la famille.
Dans le passé, les observateurs ont pu considérer lÉglise comme étant
essentiellement un phénomène propre à lOuest des États-Unis ou du moins comme
une église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante pour cent des membres
vivaient en dehors des États-Unis. La croissance internationale de lÉglise a été
rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement en Amérique
latine, dans le Pacifique sud, en Australie et dans des régions de lAsie et de
lAfrique. Cette croissance a sans doute été le plus grand défi que lÉglise
a dû relever ces dernières décennies. À la fin de 1990, presque 50.000 membres
faisaient une mission dun à trois ans, la majorité dentre eux en dehors des
États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu expert dans beaucoup de langues, donne une
dimension cosmopolite à lÉglise contemporaine.
Parlant au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours comme «la seule Église vraie et vivante sur toute la
surface de la terre et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais» (D&A 1:30).
BRUCE DOUGLAS PORTER
Église et État
Auteur : Durham, W. Cole
Les saints des derniers jours croient que la séparation de l'Église et de l'État est
essentielle dans les sociétés modernes avant larrivée du millénium. Les
Écritures modernes enseignent que les lois civiles ne doivent pas singérer dans
les pratiques religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas manipuler les
gouvernements à leur profit. De nombreux enseignements chez les saints mettent l'accent
sur le rôle des gouvernements dans la protection de la liberté de conscience
individuelle. L'Église est active dans des pays ayant différents types de gouvernement
et encourage ses membres à participer à la vie publique et à respecter les lois du pays
(voir Devoirs civiques). Les pratiques des saints avaient tendance à être plus
intégrationnistes et plus théocratiques dans les premiers temps disolation en Utah
et sont devenues plus séparatistes au vingtième siècle.
Le discours au sein de l'Église sur les questions relatives à l'Église et l'État se
situe au moins à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les relations Église-État
historiques et contemporaines et (2) dans les discussions sur les paramètres idéaux,
tels qu'ils existeront au millénium, quand « le Christ régnera personnellement sur la
terre » (10e art. de foi) ou dans le Royaume céleste.
Les principes du libre arbitre et de la liberté de conscience, qui sont fondamentaux dans
la relation Église-État, sappliquent aux deux plans du discours. Cependant, les
implications institutionnelles de ces principes sont différentes dans les deux contextes.
Dans le monde actuel, où les croyants sont soumis aux imperfections du gouvernement
humain, la séparation de l'Église et de l'État est indispensable à la protection de la
liberté religieuse. En revanche, sur le plan idéal, les saints des derniers jours
sattendent à des institutions théocratiques plus intégrées ou à ce que Joseph
Smith a appelé des institutions « théodémocratiques » (T & S 5, 15 avril 1844, p.
510), tant à cause de la légitimité inhérente du règne divin que parce que ceux qui
participeront aux sociétés millénaires ou célestes accepteront volontiers ce genre de
gouvernement. Néanmoins, les prophètes mormons ont toujours enseigné que même dans la
société millénaire la liberté de conscience sera respectée. Par exemple, Brigham
Young a déclaré : « Au cours du Millénium les hommes auront droit à leur propre
croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64). L'Église ne préconise pas la théocratie pour
le monde prémillénaire. Elle dit à ses membres dêtre « soumis aux pouvoirs qui
existent jusqu'à ce que règne celui dont cest le droit de régner" (D&A
58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ vienne.
Entre-temps, plusieurs principes sont d'application. Comme nous le disions plus haut,
l'idée fondamentale est que les êtres humains ont le libre arbitre et un certain nombre
de droits humains inhérents, notamment « la liberté de conscience » (D&A 134:2).
L'Église déclare : « Nous croyons que la religion est instituée par Dieu, et que les
hommes sont responsables
devant lui seul, de l'exercice de leur religion, à moins
que leurs opinions religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et les libertés
d'autrui
que les magistrats civils doivent réprimer le crime, mais ne doivent
jamais contraindre la conscience ; punir les délits, mais ne jamais supprimer la liberté
de l'âme » (D&A 134:4). Cette reconnaissance de la liberté de conscience inclut une
volonté de tolérance, comme le souligne le onzième article de foi de l'Église : «
Nous affirmons avoir le droit d'adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de
notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes: qu'ils adorent comme
ils veulent, où ils veulent ou ce qu'ils veulent. »
Un corollaire de la liberté de conscience, c'est que les lois humaines n'ont pas le droit
« de s'immiscer en prescrivant des règles de culte pour enchaîner la conscience des
hommes, ni de dicter des formes de dévotion publique ou privée » (D&A 134:4). Ce
principe de non-ingérence de l'État dans les affaires religieuses implique quil
proscrit non seulement toute atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute
atteinte à l'autonomie de l'Église en tant quinstitution poursuivant sa mission
religieuse. La position de l'Église à cet égard a reçu laval de la Cour suprême
des États-Unis dans Corporation de l'évêque président de l'Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours et al. c. Amos et al. (483 US 327, 1987) et est conforme à
la conception internationale de la liberté religieuse (par exemple, le Principe 16 du
Document de clôture de la réunion de Vienne de la Conférence sur la sécurité et la
coopération en Europe, 1989). Conformément à cette position, l'Église croit
quelle doit conserver une indépendance stricte pour elle-même et pour les
institutions qui lui sont affiliées, comme les écoles et les universités gérées par
elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou subvention directe provenant de sources
gouvernementales à cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la gestion que cela
pourrait entraîner.
L'Église tient également à la séparation de l'Église et de l'État du point de vue
religieux. «Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler l'influence religieuse au
gouvernement civil, de sorte qu'une organisation religieuse est favorisée et qu'une autre
se voit entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se voient dénier
personnellement leurs droits de citoyens. » (D&A 134:9). Cela ne signifie pas que
l'Église ne peut pas prendre position sur des questions morales ou autres
lorsquelle est motivée religieusement à le faire ou que des valeurs religieuses
risquent dêtre mises à lécart de la vie publique ; cela ne signifie pas non
plus que l'Église ne peut pas avoir une influence indirecte sur l'État suite aux efforts
quelle fait pour enseigner des principes religieux et pour apporter une contribution
positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire, cest qu'il ne convient
pas quune organisation religieuse manipule les rouages du pouvoir civil pour
sassurer des avantages pour elle-même ou des inconvénients pour les autres.
L'Église ne se considère pas comme une organisation de ce monde. Elle utilise les
structures juridiques, telles que les sociétés ou autres organisations qui sont à sa
disposition dans divers pays pour régler ses affaires temporelles et elle se conforme à
toutes les exigences légales que cela implique, mais son autorité spirituelle ne dépend
daucune institution profane. Les saints des derniers jours croient que leur Église
est établie et guidée par Dieu par lintermédiaire dun prophète et
dapôtres qui détiennent les clés et l'autorité de la prêtrise requises pour
enseigner les vérités de l'Évangile et pour officier dans les ordonnances nécessaires
au salut et à l'exaltation.
L'Église enseigne l'importance du gouvernement et encourage ses membres à respecter la
loi du pays où ils vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes imparfaits,
mais ils jouent un rôle important en ce quils préservent lordre et
quils assurent un contexte stable au sein duquel les individus peuvent chercher la
vérité et s'efforcer de vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les autorités
gouvernementales sont responsables devant Dieu «de leurs actes
tant pour la
promulgation de lois que pour leur application pour le bien et la sécurité de la
société » (D&A 134:1; cf. 124:49-50).
Lapplication dans l'histoire des principes qui précèdent a connu plusieurs phases.
Dans la phase la plus ancienne, l'Église était essentiellement un petit groupe religieux
persécuté cherchant la liberté religieuse et un endroit pour s'installer, tout d'abord
dans l'ouest de létat de New York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois.
Pendant une grande partie de cette période, l'Église s'est fortement appuyée sur sa
propre organisation pour gérer sa structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis
certains chevauchements entre lÉglise et lÉtat. Vers la fin de la période
de Nauvoo, Joseph Smith organisa le Conseil des cinquante, qui devait fournir un cadre
potentiel au sein duquel le règne millénaire de Christ pourrait être organisé.
Pendant l'exode de Nauvoo jusquau Grand Bassin, qui eut lieu au milieu du XIXe
siècle, lorganisation sociale, politique et économique fut gérée par l'Église,
puisquil nexistait aucune autre organisation efficace. Les dirigeants de
l'Église travaillèrent à la création dinstitutions gouvernementales distinctes,
d'abord sous la forme d'un État de Deseret, puis dans le Territoire d'Utah et à la
poursuite des efforts pour que l'Utah obtienne le statut dÉtat. Cependant, durant
une grande partie du XIXe siècle, le gouvernement fédéral en particulier se révéla
être une force hostile plutôt qu'une force neutre dans la collectivité. Cela renforça
la tendance dans l'Église à gérer la société par ses propres moyens. Le rêve
dédifier Sion contribua aussi à la tendance à passer par l'Église.
Lorsque le manifeste mit officiellement fin au mariage plural en 1890 et que lUtah
fut devenu un État en 1896, les tensions entre l'Église et les institutions de l'État
se tassèrent progressivement et la confiance réciproque grandit. Cest pourquoi, au
cours du XXe siècle, l'Église a poursuivi plus systématiquement une politique de
séparation et a été libre de mettre laccent sur sa mission essentiellement
spirituelle. Elle existe maintenant dans plus de cent pays et cette internationalisation a
encore renforcé l'idée que la mission essentielle de l'Église peut saccomplir
dans un large éventail de systèmes juridiques et politiques tant qu'il y a une
séparation suffisante de l'Église et de l'État pour protéger efficacement la liberté
religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses membres une constellation
de valeurs que la plupart des gouvernements considèrent comme bienvenues : la stabilité
familiale, lhonnêteté, le travail, le refus de la drogue, la loyauté envers le
pays et l'obéissance à la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au pluralisme
religieux partout où elle se trouve, elle contribue simultanément à la stabilité
sociale et à l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi Devoirs civiques ; Lois
constitutionnelles ; Histoire juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire
politique ; Politique : enseignements politiques.]
Bibliographie
Firmage, Edwin Brown et Richard Collin Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen, Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse de doctorat,
Université de Chicago, 1938.
Mangrum, Richard Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the
Constitution." BYU Studies 27, été 1987, p. 119-137.
Melville, J. Keith. "Theory and Practice of Church and State During the Brigham Young
Era." BYU Studies 3, automne 1960, p. 33-55.
Taylor, John. The Government of God. Liverpool, 1852.
W. COLE DURHAM, JR.
Élie
[À cause du rôle quil doit jouer selon la prophétie (Mal. 4:5-6), Élie est
devenu un sujet de traditions et de légendes comme lexplique larticle Élie:
Sources antiques. De plus, comme lexprimé larticle Élie: Sources de
lÉglise, les enseignements modernes éclairent le rôle actuel dÉlie aussi
bien que laccomplissement de lattente prophétique qui lui est associée.]
Élie: Sources de lÉglise
Auteur: DAY, FRANKLIN D.
Lors
dune manifestation divine accordée le soir du 21 septembre 1823 au jeune Joseph
Smith, lange Moroni cita Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités
dÉlie dans les derniers jours. La version de Moroni, qui diffère du texte biblique
actuel, décrit et éclaircit le rôle prophétisé dÉlie:
«Voici, je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie, le prophète, avant que le
jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cur
des enfants les promesses faites aux pères, et le cur des enfants se tournera vers
leurs pères; s'il n'en était pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée à sa
venue» [JSH 1:38-39; D&A 2].
La prophétie de Malachie prévoyait quÉlie jouerait un rôle important «avant que
le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable» (Mal. 4:5). Élie était doté
du pouvoir de la prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi Achab
quaucune pluie ne tomberait sur la terre (1 R. 17:1). En conséquence, les cieux
furent scellés et lIsraël antique connut, pendant trois ans et demi, une période
de sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé au ciel sur un char de feu, sa
mission terrestre semblait terminée. Mais le pouvoir de scellement quil exerçait
ne faisait que marquer le commencement de sa responsabilité concernant ce pouvoir
éternel de la prêtrise.
À la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé, cest-à-dire quil connut une
sorte de changement par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort (voir
Êtres enlevés). Les saints des derniers jours concluent quune raison importante de
lenlèvement dÉlie était de lui permettre de revenir sur terre pour
conférer des clefs dautorité aux trois principaux apôtres avant la crucifixion et
la résurrection de Jésus (voir Montagne de la Transfiguration). Puisque les esprits ne
peuvent pas imposer les mains aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie ne
pouvaient pas revenir comme êtres ressuscités parce que Jésus devait être le premier
à ressusciter (Packer, p. 109; cf. EPJS, p. 153), la nécessité de lenlèvement
dÉlie et de Moïse est évidente. Sur la montagne de la Transfiguration (Mt.
17:1-9), Élie rétablit spécifiquement les clefs de prêtrise du scellement, le pouvoir
qui lie et valide dans les cieux toutes les ordonnances accomplies sur la terre (cf. EPJS,
p. 273).
Le 3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le
temple récemment terminé de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment était
venu où la prophétie de Malachie devait saccomplir. Il conféra les clefs de
scellement de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 110:13-16). Ce
rétablissement était nécessaire pour que les ordonnances de scellement et les alliances
de Dieu puissent être administrées en justice sur la terre (DS 2:116). Joseph Smith
expliqua:
«Lesprit, le pouvoir et lappel dÉlie cest que vous avez le
pouvoir de détenir les clefs des révélations, des ordonnances, des oracles, des
pouvoirs et des dotations de la plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du royaume
de Dieu sur la terre et de recevoir, dobtenir et daccomplir toutes les
ordonnances appartenant au royaume de Dieu
Ce que vous scellez sur la terre, par les
clefs dÉlie, est scellé au ciel; et cest là le pouvoir dÉlie»
[EPJS, p. 273].
Par le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes peuvent être scellés
lun à lautre dans le mariage pour toute léternité dans un des temples
de Dieu. En outre, les enfants peuvent être scellés pour toujours à leurs parents.
Ainsi lorganisation familiale continue éternellement (Sperry, p. 139).
Parce que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de lÉvangile ni
loccasion de recevoir les ordonnances de la prêtrise, la mission moderne
dÉlie permet de faire accomplir ces ordonnances de scellement par procuration sur
la terre pour ceux qui sont morts, donnant ainsi à tous la possibilité dêtre
sauvés (cf. DS 2:117-118). Le prophète Joseph Smith a proposé lexplication
suivante:
«Lesprit dÉlie doit venir, lÉvangile doit être rétabli
et les
saints monter comme sauveurs sur le mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs
sur le mont de Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs fonts baptismaux
et en savançant et en recevant toutes les ordonnances, les baptêmes, les
confirmations, les ablutions, les onctions, les ordinations et les pouvoirs de scellement
sur leur tête en faveur de tous leurs ancêtres qui sont morts, et en les rachetant
et cest en cela que se trouve la chaîne qui lie le cur des pères aux enfants
et les enfants aux pères, ce qui accomplit la mission dÉlie» [EPJS, p. 267].
Quand ils parlent de lesprit dÉlie (voir Élie, Esprit d), les saints
des derniers jours veulent dire au moins deux choses. Dabord, la promesse du salut
faite aux pères a été renouvelée à lÉglise moderne (JSH 1:38-39; D&A
27:9-10). En second lieu, le cur des hommes et des femmes sest
considérablement tourné vers leurs pères comme le prouve laugmentation
spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques généalogiques, ainsi que
dorganisations de recherche généalogique ou dhistoire familiale diverses
dans une grande partie du monde. Lesprit dÉlie a motivé des milliers de
personnes à faire des investissements considérables en argent et en temps pour
découvrir les documents des ancêtres de leur famille et pour réunir ces documents pour
former une histoire familiale (DS 2:122-126; voir Généalogie, Histoire familiale). En
plus des nombreux centres dhistoire familiale, lÉglise a construit beaucoup
de temples où les ordonnances salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent être
accomplies pour les vivants et les morts (voir Salut des morts).
Bibliographie
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:100-128. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John A. "Elijah, The Tishbite." Utah Genealogical and Historical
Magazine 27, avril 1936, pp. 53-60.
FRANKLIN D. DAY
Élie: Sources antiques
Auteur: WERBLOWSKY, R.J. ZVI
Élie,
dans la tradition juive, était un prophète israélite qui était actif dans le royaume
du nord pendant les règnes du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s.
av. J.-C.). Son nom est peut-être un surnom: Eli-yahu (YHWH, ou Jéhovah, est Dieu),
exprimant sa mission première comme prophète: le culte exclusif et pur de YHWH et
lopposition intransigeante au culte cananéen païen de Baal. Ses activités sont
décrites dans 1 Rois 17-2 Rois 2, et expliquent quil soit devenu dans la tradition
juive le symbole du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut son point culminant
dramatique dans son affrontement sur le mont Carmel avec les prêtres de Baal après une
longue période de sécheresse dont Élie avait prophétisé quelle viendrait comme
châtiment pour le culte idolâtre de Baal. (Lordre monastique catholique des
Carmélites, prenant pour modèle la vie ascétique dÉlie dans le désert, le
considère comme son père spirituel.) Contrairement aux prophètes «littéraires»
postérieurs, Élie est également décrit comme faiseur de miracles, mais il a en commun
avec eux la forte insistance sur la justice sociale, comme le prouve son autre grand
différend avec le roi et la reine à propos de la vigne de Naboth (1 R. 21) que le couple
royal convoitait.
Selon le récit biblique, Élie ne connut pas une mort ordinaire mais fut enlevé au ciel
dans un tourbillon par un char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent, à la
différence des autres prophètes, un grand nombre de légendes et de croyances sont
apparues à son sujet. On dit quil revient fréquemment sur terre, habituellement
déguisé en paysan, en mendiant ou même en païen incognito pour aider ceux qui sont
dans la détresse ou en danger, disparaissant aussi soudainement quil est apparu. On
dispose une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie à chaque célébration de la
pâque. On croit aussi quil est présent à chaque cérémonie de circoncision et
une chaise spéciale («la chaise dÉlie») pour sa présence invisible est placée
à côté de celle du parrain qui tient le bébé masculin. Cette croyance particulière
peut être due à deux facteurs: le statut angélique dÉlie (puisquil est
monté au ciel) et le fait que le prophète Malachie lappelle «le messager de
lalliance» (Mal. 3:1). Dans lusage juif, le terme berith («alliance»)
signifie plus spécifiquement «lalliance de la circoncision» (cf. Ge. 17:9-10).
Élie joue également un rôle important dans le mysticisme juif où il apparaît comme
messager céleste révélant des mystères divins.
Mais il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects, cest le
rôle eschatologique dÉlie dans la tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle
sest développé, cest quelque chose de difficile à reconstituer, mais dès
le temps de Malachie, lun des derniers prophètes de lAncien Testament,
certaines de ces croyances semblent avoir déjà existé: «Voici, je vous enverrai Élie,
le prophète, avant que le jour de lÉternel arrive, ce jour grand et redoutable»
(Mal. 4:5). Élie a graduellement assumé le rôle de précurseur du Messie et de messager
annonçant sa venue. Certains des contemporains de Jésus (cf. Mt. 16:13-14) semblent
avoir pensé quil pouvait être Élie (Mt. 11:14; 17:10-13) dune manière qui
suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur et héraut du Messie, était Élie,
cest-à-dire quil sacquittait de sa fonction eschatologique. Les écrits
apocryphes postérieurs (par exemple, lApocalypse dÉlie) rattachent à Élie
les «révélations» concernant les dernières choses quils rapportent. Des
éléments des traditions et des légendes juives sur Élie ont également été adoptés
et développés de différentes manières par lIslam.
Bibliographie
"Elijah." Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis Ginzberg, Legends
of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression. Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, pp. 133-135
(sous «Elijah»). On peut trouver un très bon résumé dans M.J. Stiassny, "Le
Prophète Élie dans le Judaïsme", dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines,
vol. 2, 1956, pp. 199-255.
Pour les traditions islamiques, voir «Ilyas» et «Al-Khadir» dans Encyclopaedia of
Islam.
R.J. ZVI WERBLOWSKY
Élie, Esprit d
Auteur : FINLAYSON, MARY
Pour les
membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, l'esprit d'Élie est
l'esprit de la parenté et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le souci
de découvrir les membres de la famille ancestrale par lhistoire familiale et
daccomplir en leur faveur des baptêmes par procuration, des dotations au temple et
des ordonnances de scellement (HC 6:252). Ceci est considéré comme
laccomplissement de la prophétie de Malachie que dans les derniers jours Élie
«ramènera le cur [en hébreu, la partie la plus intime, comme lâme, les
affections] des pères à leurs enfants, et le cur des enfants à leurs pères»
(Mal. 4:5-6).
L'apparition d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple
de Kirtland a renouvelé cet esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans
l'impulsion que lon ressent à trouver et à chérir les membres de la famille et
les liens familiaux passés et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie est
l'esprit d'amour qui pourra finalement vaincre toutes les aliénations de la famille
humaine. Alors le pouvoir de la prêtrise pourra lier les générations entre elles dans
des relations familiales éternelles et «sceller les enfants aux pères et les pères aux
enfants» dans l'Évangile de Jésus-Christ (WJS, P. 329).
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. "Elijah the Prophet and His Mission." Utah Genealogical
and Historical Magazine 12, janvier 1921, pp. 1-20.
MARY FINLAYSON
Élohim
Auteur: MESERVY, KEITH H.
Élohim (Dieu; dieux; Père céleste) est la forme plurielle du nom eloah (comparer
avec larabe Allah) dans la bible hébraïque, où elle est employée 2.570 fois par
rapport à 57 fois pour le singulier. Mais comme un commentateur la noté, la raison
pour laquelle cette «forme plurielle pour désigner Dieu est employée na pas
encore été expliquée dune manière satisfaisante» (Botterweck, vol. 1, p. 272).
UTILISATION AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque comme nom commun
identifiant le Dieu dIsraël: «Au commencement, Dieu [elohim] créa [verbe
singulier] les cieux et la terre» (Ge. 1:1). Il était également souvent employé
parallèlement à Jéhovah, nom propre du Dieu dIsraël: «Jacob dit: Dieu [elohim]
de mon père Abraham
Éternel [Jéhovah] qui mas dit: Retourne dans ton pays»
(Ge. 32:9; voir aussi Jéhovah, Jésus-Christ).
Les saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens plus restrictif comme
nom propre et titre pour désigner le Père céleste (voir le Dieu le Père). La Première
Présidence de lÉglise a écrit: «Dieu, le Père éternel, que nous désignons
sous le nom-titre exalté Élohim, est le Père littéral de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ et des esprits du genre humain» (MFP 5:26; voir aussi les Exposés
doctrinaux de la Première Présidence, «Le Père et le Fils» dans les annexes du vol.
4).
UTILISATION AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim comme forme
plurielle pour désigner les dieux de nations autres quIsraël. En de telles
occasions, les verbes et les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également au
pluriel. «Tu nauras pas dautres dieux devant ma face» (Ex. 20:3; ici
«autres» est un adjectif au pluriel).
Il arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans son sens pluriel comme
nom commun désignant la pluralité des dieux que lon sait exister (EPJS, pp.
300-303). Cependant, en dépit de leur croyance quil existe beaucoup de seigneurs et
de dieux en plus dÉlohim, de Jéhovah et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils
suivent lexemple de Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste (Mt. 19:17;
1 Co. 8:4-6).
Bibliographie
Botterweck, G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. «Elohim». Dans Theological
Dictionary of the Old Testament, éd. rév., vol. 1, pp. 267-284. Grand Rapids, Mich.,
1977.
KEITH H. MESERVY
Éphraïm
Auteur: SMITH, BRIAN L.
Éphraïm était le fils de Joseph et dAsenath et le frère cadet de Manassé (Ge.
41:50-52). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à son père, Jacob, pour une
bénédiction, Éphraïm reçut la bénédiction du droit daînesse au lieu de
Manassé (Ge. 48:13-20), lun des écarts que lon trouve dans la Bible par
rapport à la coutume daccorder au fils aîné les droits spéciaux qui lui
revenaient par droit de primogéniture. Le Seigneur continua à reconnaître la
bénédiction dÉphraïm des siècles plus tard quand il dit: «Je suis un père
pour Israël, et Éphraïm est mon premier-né» (Jé. 31:9; cf. 1 Ch. 5:1-2). Les
descendants dÉphraïm continueront à exercer un rôle important. Le Livre de
Mormon rapporte que le Joseph dautrefois «a obtenu du Seigneur la promesse que, du
fruit de ses reins, le Seigneur Dieu susciterait une branche juste à la maison d'Israël,
non pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être néanmoins gardée en
mémoire dans les alliances du Seigneur» (2 Né 3:5). De plus, «un voyant de choix»
sortirait des descendants de Joseph, voyant qui allait «accomplir, pour le fruit [des
reins de Joseph], ses frères, une uvre qui aura une grande valeur pour eux, à
savoir, de les faire parvenir à la connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites
avec tes pères» (2 Né. 3:7). Beaucoup de saints des derniers jours croient quils
sont de la branche dÉphraïm sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né. 3:5-16;
D&A 133:30-34) et que le prophète Joseph Smith est le «voyant de choix» (3 Né.
3:6).
En raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux siècles, les
descendants dÉphraïm ont été dispersés parmi les nations des Gentils, avec des
membres des autres tribus, à partir de la chute du royaume dIsraël v. 722 av.
J.-C. (2 R. 17:5-6; voir aussi Israël: Dispersion dIsraël ; Israël: Tribus
perdues dIsraël).
Dans les derniers jours, les descendants dÉphraïm ont la bénédiction et la
responsabilité de porter le message du rétablissement de lÉvangile au monde et de
rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6). «Nous croyons au rassemblement littéral
d'Israël et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la nouvelle
Jérusalem) sera bâtie sur le continent américain» (10e A de F; cf. De. 4:27-31; 28;
29; 30; 3 Né. 20-21). Le 3 avril 1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement
dIsraël au prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A 110:11).
Beaucoup de descendants dÉphraïm sont rassemblés dabord, parce quils
ont la responsabilité de préparer la voie au rassemblement des autres tribus (D&A
113). «Et ils [dautres des tribus dIsraël] apporteront leurs riches trésors
aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs
Et là, ils tomberont et seront couronnés
de gloire en Sion, par les mains des serviteurs du Seigneur, c'est-à-dire les enfants
d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie éternelle» (D&A 133:30-33;
voir aussi Israël: Rassemblement dIsraël).
Un des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est le Livre de Mormon,
également connu parmi des saints des derniers jours comme étant le bois de Joseph ou
bois dÉphraïm (Éz. 37:15-19; 2 Né. 3:12; D&A 27:5). Il doit jouer le rôle
important de convaincre les Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie
et que Dieu se souvient de son peuple de lalliance (voir Livre de Mormon: Page de
titre du Livre de Mormon).
Pour les saints des derniers jours, lidentification de la lignée dune
personne dans lIsraël de lalliance moderne se fait sous les mains de
patriarches inspirés lors de bénédictions patriarcales qui déclarent le lignage. John
A. Widtsoe, un apôtre, a dit: «En donnant une bénédiction, le patriarche peut
déclarer notre lignage, cest-à-dire que nous sommes dIsraël, donc de la
famille dAbraham et dune tribu spécifique de Jacob. Dans la grande majorité
des cas, les saints des derniers jours sont de la tribu dÉphraïm, la tribu à
laquelle a été confiée la direction de luvre des derniers jours. Peu
importe que ce lignage soit par le sang ou par adoption» (p. 73; cf. Abr. 2:10).
Les bénédictions patriarcales de la plupart des saints des derniers jours disent
quils sont descendants littéraux par le sang dAbraham et dIsraël. Ceux
qui ne sont pas descendants littéraux sont adoptés dans la famille dAbraham quand
ils reçoivent le baptême et la confirmation (voir Loi de ladoption). Ils ont alors
tous les droits des héritiers (EPJS, pp. 117-119). Cette doctrine de ladoption
était comprise des prophètes et des apôtres dautrefois (par exemple, Ro. 11; 1
Né. 10:14; Jcb. 5; cf. D&A 84:33-34).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness of the Articles of Faith, pp. 541-575. Salt Lake City,
1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, pp. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
Épiscopat président
Auteur: DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID
Lépiscopat président se compose de trois hommes, lévêque président et ses
deux conseillers, qui constituent lun des conseils présidents de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Ces Autorités générales, qui détiennent
chacune le titre dévêque, remplissent leurs fonctions sous la supervision directe
de la Première Présidence. Depuis sa formation, lépiscopat président a été
responsable de beaucoup daffaires temporelles de lÉglise. Parmi celles-ci, la
responsabilité de recevoir, distribuer et comptabiliser la dîme, les offrandes et les
contributions des membres; la gestion des programmes pour aider les pauvres et les
nécessiteux; la conception, la construction et lentretien des lieux de culte et
lapurement et le transfert des certificats de membre (voir Évêque, Histoire de
loffice; Contributions financières; Tenue des registres; Entraide). Les hommes
choisis pour être évêques présidents ont été connus pour leur compétence en
matière de gestion ainsi que pour leur engagement religieux. Historiquement,
lépiscopat président a présidé la Prêtrise dAaron. En tant
quAutorités générales, les membres de lépiscopat président parlent
régulièrement aux conférences générales, sadressant souvent expressément aux
jeunes hommes de lÉglise.
Lévêque président est choisi par la Première Présidence et puis approuvé par
le Collège des douze apôtres. Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont
également approuvés par la Première Présidence et le Collège des Douze. Tous sont
ensuite soutenus par les membres de lÉglise. Lévêque président et ses
conseillers sont mis à part et investis par la Première Présidence et reçoivent les
clefs et lautorité de prêtrise pour agir dans leurs fonctions respectives. Au
début, les évêques présidents détenaient leur office à vie, mais au XXe siècle ils
ont été relevés et remplacés selon que les circonstances et les besoins de
lÉglise lont dicté.
Le 4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé Edward Partridge comme premier
évêque de l Église. Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer la
réception, la vérification et laffectation des biens consacrés et des dons reçus
par lÉglise (voir Consécration: Loi de consécration; Dons de jeûne; Dîme). Il
devait prendre soin des pauvres et des nécessiteux et stocker les produits excédentaires
pour les besoins futurs de lÉglise. Après lappel de lévêque
Partridge, il fut révélé à Joseph Smith que dautres évêques seraient choisis.
Le 4 décembre 1831, Newel K. Whitney fut également appelé, par révélation (D&A
72:8), pour remplir les fonctions dévêque. Les deux évêques avaient une
juridiction différente, Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils avaient
tous les deux une juridiction générale, mais ils supervisaient également les dons et le
soin des pauvres dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K. Whitney
fut désigné comme premier évêque président.
Pendant toute lhistoire de lÉglise, la Première Présidence a confié aux
épiscopats présidents des responsabilités étendues mais variables auprès de la
Prêtrise dAaron et des jeunes de lÉglise. En 1873, le président Brigham
Young chargea lépiscopat président dorganiser dans la Prêtrise dAaron
des collèges complets de prêtres, dinstructeurs et de diacres dans toute
lÉglise. En 1876, il expliqua que le poste dévêque président était celui
de président général de la Prêtrise dAaron. En 1937, lépiscopat
président se vit confier la responsabilité de la Société damélioration mutuelle
des jeunes gens et en 1946, celle de la Société damélioration mutuelle des jeunes
filles. Ces programmes étaient conçus de manière à assurer un équilibre entre
létude religieuse, lart de vivre en société, la conscience de la
collectivité et lépanouissement physique pour les jeunes saints des derniers jours
(voir Jeunes Gens; Jeunes Filles). Depuis 1977, la Première Présidence administre
directement les programmes de la Prêtrise dAaron par lintermédiaire
dune présidence des Jeunes Gens appelée dentre les collèges des
soixante-dix.
Avant 1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller, le remplaçant de
Partridge, étaient évêques généraux de lÉglise. Après 1847, les évêques
présidents et leurs mandats ont été Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter
(1851-1883), William B. Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q.
Cannon (1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin (1952-1961), Jean H.
Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown (1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994), Merrill
J. Bateman (1994-1995) et H. David Burton (1995-).
Jusquaux années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux pieux,
donnaient des sessions de formation pour les évêques aux conférences générales et
publiaient des bulletins et de la documentation de formation pour les évêques et les
collèges locaux de la prêtrise. À lheure actuelle, lépiscopat président
ne supervise plus directement dautres évêques ni ne préside des paroisses locales
de lÉglise.
Comme le stipulent les Écritures, lépiscopat président, la Première Présidence
et le Collège des douze apôtres constituent le Conseil pour laffectation des
dîmes (D&A 120). Ce conseil contrôle la réception des dîmes et vérifie les
dépenses. Il se réunit périodiquement pour examiner les questions ayant une importance
financière et pour autoriser les budgets pour les organisations et les départements de
lÉglise (voir Finances de lÉglise). Les membres de lépiscopat
président, désignés par la Première Présidence, font partie, en outre, de divers
autres comités et conseils administratifs, exécutifs et directeurs, tels que le Comité
daffectations, le Comité général des services dentraide, le Conseil
exécutif de la prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de lhistoire familiale
et le Conseil exécutif missionnaire (voir Organisation: Organisation contemporaine).
En 1977, une restructuration importante en matière dorganisation a eu lieu dans
lÉglise sous la direction de la Première Présidence. Avec la croissance
importante du nombre des membres de lÉglise, lépiscopat président
sest vu confier des responsabilités beaucoup plus étendues dans le domaine de
ladministration temporelle dans le monde entier. Sous la direction de
lépiscopat président, des directeurs pour les affaires temporelles ont été
envoyés dans un certain nombre dendroits internationaux pour diriger la gestion de
la construction des églises et les temples, celle des certificats de membre et la
préparation et la distribution des Écritures et dautres documents pour le
programme détudes. La direction des départements centraux responsables des
opérations temporelles a également été confiée à lépiscopat président.
Depuis lors, celui-ci nomme les directeurs administratifs pour les divers départements
qui soutiennent les activités des directeurs des affaires temporelles, comprenant les
finances et les registres, la LDS Foundation, les services dimprimerie, la
distribution du matériel du programme détudes, les achats, la traduction des
Écritures et des cours du programme détudes, la confection de vêtements du
temple, le transport, les systèmes informatiques et la communication, la sécurité, les
investissements, les temples et les chantiers spéciaux de construction et de
transformation, les acquisitions et les ventes immobilières, la construction
déglises, la production et la manutention de lentraide, les LDS Social
Services et la gestion des propriétés.
En 1986, la Première Présidence a appelé des présidences dinterrégion pour
superviser les activités ecclésiastiques dans des régions géographiques déterminées
dans le monde. Ces présidences dinterrégion assurent actuellement la supervision
directe des directeurs des affaires temporelles dans les secteurs internationaux, de
lentraide et des bâtiments aux États-Unis et au Canada. Lépiscopat
président, ainsi que les départements centraux, assurent la formation,
lévaluation, la planification des effectifs, lappui technique et la
conception des programmes pour aider les présidences dinterrégion dans leur rôle.
Bibliographie
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century, pp. 140, 270, 297, 406-407, 420.
Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Ages, pp. 321-331. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév., pp. 277-279. Salt Lake
City, 1954.
H. DAVID BURTON
WM. GIBB DYER, JR
Ésaïe
[Laccent que les Écritures modernes mettent sur les paroles dÉsaïe rend
nécessaire un traitement de ses écrits sous quatre titres:
Ésaïe: Paternité littéraire
Ésaïe: Textes dans le Livre de Mormon
Ésaïe: Interprétations dans les Écritures modernes
Ésaïe: Commentaires sur Ésaïe
Larticle «Ésaïe: Paternité littéraire» traite de la thèse quà la
lumière de lexistence dun texte dÉsaïe en la possession de peuples du
Livre de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre dÉsaïe na quun seul
auteur. Larticle «Ésaïe: Textes dans le Livre de Mormon» traite de ce que
lon peut apprendre sur lhistoire du texte du livre dÉsaïe grâce aux
passages conservés dans le Livre de Mormon. Une grande partie du texte dÉsaïe qui
est conservée et commentée dans les Écritures modernes concerne les derniers jours, un
sujet repris dans larticle «Ésaïe: Interprétations dans les Écritures
modernes». Lintérêt pour Ésaïe qui en est résulté chez les saints a donné
lieu à un certain nombre détudes qui sont traitées dans larticle «Ésaïe:
Commentaires sur Ésaïe».]
Ésaïe: Paternité littéraire
Auteur: LUDLOW, VICTOR L.
De tous les écrits de lAncien Testament, cest le message dÉsaïe qui a
la priorité chez les saints des derniers jours. Cette focalisation découle
principalement de lutilisation intensive dÉsaïe dans le Livre de Mormon.
Secondairement, le chapitre 11 dÉsaïe a été cité à Joseph Smith au cours
dune vision tout au début de son expérience comme prophète (JSH 1:40) et
fait lobjet dune section des Doctrine et Alliances (D&A 113). En outre,
Jésus-Christ a donné des révélations sur les paroles dÉsaïe en instruisant les
saints, et les prophètes et les apôtres modernes les ont fréquemment citées et
commentées.
Traditionnellement, le livre dÉsaïe a été attribué à un prophète vivant dans
le royaume de Juda entre 740 et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle,
plusieurs savants ont contesté cette idée en affirmant que les chapitres 40-66 ont été
écrits par une ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à cause
de mentions expresses dévénements qui se sont produits après la mort
dÉsaïe. Ce point de vue imprègne maintenant beaucoup de commentaires de la Bible
et a conduit à la thèse de lexistence dun deuxième prophète-auteur que
lon appelle généralement dans les milieux érudits le «Deutéro-Ésaïe». Il
existe, en effet, maintenant une grande variété de théories concernant la date et la
paternité littéraire dÉsaïe. Cependant, la croyance des saints en la
révélation et au pouvoir de voyance des prophètes, avec, en outre, les citations
dÉsaïe dans le Livre de Mormon et lexhortation de celui-ci détudier
ses écrits, ont renforcé chez les saints des derniers jours le point de vue traditionnel
au sujet de la date et de la paternité dÉsaïe et ce, de la manière suivante.
Dabord, alors que certains savants estiment que les prophètes ne pouvaient pas voir
le futur et que, par conséquent, les derniers chapitres dÉsaïe doivent avoir
été écrits après lépoque de celui-ci (par exemple, És. 45 au sujet de Cyrus),
les saints des derniers jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et
prophétiser à son sujet. Aux chapitres 40-66, Ésaïe prophétise sur le futur, tout
comme lapôtre Jean dans Apocalypse 4-22 et le prophète Néphi 1 dans 2 Néphi
25-30.
En second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa famille ont quitté Jérusalem
vers 600 av. J.-C. et ont emporté des écrits sacrés sur des plaques dairain
contenant une grande partie de lAncien Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13;
19:22-23). Les prophètes du Livre de Mormon enseignaient à laide des annales des
plaques dairain, non seulement les chapitres 1-39, que les savants attribuent
habituellement au prophète Ésaïe du VIIIe siècle av. J.-C., mais également les
chapitres postérieurs, ce que lon appelle le Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les
chapitres 48-54 dÉsaïe sont tous cités dans le Livre de Mormon, certains passages
plusieurs fois (1 Né. 20-21; 2 Né. 6:16-8:25; Mos. 12:21-24; 14; 15:29-31; 3 Né.
16:18-20; 20:32-45; 22). Par conséquent, lexistence dun texte pratiquement
complet dÉsaïe vers la fin du VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le Livre
de Mormon, annule les arguments en faveur de lidée dune pluralité
dauteurs postérieurs, que ces arguments soient historiques, théologiques ou
littéraires.
Enfin, il existe dautres témoins importants de lexistence dun seul
auteur pour Ésaïe, tout particulièrement Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15; 15:7-9; Lu.
4:17-19; 3 Né. 16, 20-22). En effet, après avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né.
16:18-20; 20:32-45) et répété Ésaïe 54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ
ressuscité recommande à ses disciples du Livre de Mormon détudier les paroles
dÉsaïe et ajoute: «Je vous donne le commandement de sonder diligemment ces
choses; car grandes sont les paroles d'Ésaïe. Car, assurément, il a parlé de tout ce
qui concerne mon peuple qui est de la maison d'Israël» (3 Né. 23:1-2).
Depuis les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne sont pour la
paternité unique dÉsaïe. La Septante, les manuscrits de la mer Morte et
dautres textes antiques ne fournissent aucune indication dune multiplicité
dauteurs. Les saints des derniers jours acceptent ce que dit Jésus ressuscité, à
savoir quÉsaïe était un voyant et un révélateur dont les prophéties, telles
quon les trouve tout au long de son livre, finiront toutes par saccomplir (3
Né. 23:1-3). Cest en particulier parce que Jésus attribue Ésaïe 52 et 54 au
prophète dautrefois que les saints des derniers jours ont conclu que le livre
dÉsaïe est louvrage inspiré dÉsaïe, fils dAmots, le prophète
du VIIIe siècle.
Bibliographie
Adams, Larry L., et Alvin C. Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship
Problem". BYU Studies 15, automne 1974, pp. 95-102.
Anderson, Francis I. "Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p.
2.
Gileadi, Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah. Thèse de doctorat,
université Brigham Young, 1981.
Kissane, E. J. The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande, 1941, 1943.
Ludlow, Victor L. Isaiah: Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John A. "Isaiah Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the
Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward J. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR L. LUDLOW
Ésaïe: Textes dans le Livre de
Mormon
Auteur: DAVIES, LEGRANDE
Les textes dÉsaïe cités dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls
textes existants dÉsaïe qui nont aucune source linguistique «originale» à
laquelle la traduction puisse être textuellement comparée. Ces textes anglais datent de
la traduction et de la publication initiale du Livre de Mormon (1829).
Ces textes dÉsaïe ont été cités et paraphrasés par beaucoup de prophètes du
Livre de Mormon qui avaient une copie dÉsaïe sur les plaques dairain. Les
tentatives de déterminer lauthenticité de ces textes dÉsaïe dans le Livre
de Mormon en les comparant aux textes hébreu, grec et latin dÉsaïe ne manquent
pas dintérêt, mais de tels efforts sont discutables parce que lon ne dispose
pas des textes antiques qui sont à la base de la traduction dÉsaïe du Livre de
Mormon pour pouvoir les étudier. On peut cependant apprendre beaucoup de choses en
comparant les nombreuses versions et traductions anciennes dÉsaïe aux textes
dÉsaïe dans le Livre de Mormon. Ce genre de comparaisons a pour résultat de faire
dÉsaïe dans le Livre de Mormon un véritable objet de recension.
Les passages dÉsaïe dans le Livre de Mormon contiennent beaucoup de ressemblances
avec ceux de la traduction de la Bible, ce qui semblerait indiquer que les deux partagent
une origine massorétique hébraïque. Cependant, beaucoup dautres particularités
des textes du Livre de Mormon impliquent une origine liée à des textes semblables à
ceux dont la Septante grecque et la Vulgate latine dérivent. Ces variantes particulières
sont suffisamment importantes pour que lon ne puisse reléguer les textes
dÉsaïe du Livre de Mormon au rang dune simple copie de la King James
Version. Les textes dÉsaïe que lon trouve dans la traduction anglaise du
Livre de Mormon possèdent un caractère distinctif qui indique une origine textuelle
propre. La question importante nest pas: «Les textes dÉsaïe dans le Livre
de Mormon sont-ils authentiques?» La question est plutôt: «Trouve-t-on dans les textes
dÉsaïe du Livre de Mormon la preuve de la présence de variantes en plus des
textes normalement reconnus?» Ne devraient-ils pas être considérés comme aussi valides
que, par exemple, les textes dÉsaïe de la mer Morte?
Lune des critiques principales à légard des textes dÉsaïe du Livre
de Mormon est quils contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible
en sont venus à appeler le «Proto-Ésaïe» et le «Deutéro-Ésaïe». Il est évident
que les textes dÉsaïe du Livre de Mormon contiennent des données qui vont à
lencontre des théories modernes sur la paternité multiple du livre dÉsaïe
(voir Ésaïe: Paternité littéraire); car si lon accepte les origines des passages
dÉsaïe dans le Livre de Mormon comme le disent ses auteurs, cela veut dire que,
dès 600 av. J.-C., le livre dÉsaïe était essentiellement ce quil est
aujourdhui. La valeur principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de
permettre de dégager des thèmes et des structures de langage spéciaux,
cest-à-dire de permettre une meilleure compréhension du message, pas de
déterminer qui est lauteur. Loption la plus viable et certainement la plus
productive pour déterminer lorigine des textes dÉsaïe dans le Livre de
Mormon est donc un examen interne.
Le Livre de Mormon dit que dans «la première année du règne de Sédécias, roi de
Juda» (1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses frères récupérèrent à Jérusalem des
«annales» écrites par leurs ancêtres sur des plaques dairain (1 Né. 3-4),
quils emportèrent en Amérique. Elles contenaient les prophéties dÉsaïe (1
Né. 19:22-23; cf. 5:13). Tous les textes dÉsaïe dans le Livre de Mormon sont des
citations de ces annales, excepté peut-être les passages cités par Jésus ressuscité
(cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce soit en citant directement ou en paraphrasant, les
prophètes du Livre de Mormon essayaient de faire deux choses: «persuader [les gens] de
croire au Seigneur, leur Rédempteur» (1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu pour
son peuple, comme le note le prophète Ésaïe (par exemple, 2 Né. 25:7; Hél. 8:18-20; 3
Né. 23:1-2). Ces éléments donnent une qualité singulière aux textes dÉsaïe du
Livre de Mormon, parce quils préservent presque exclusivement les textes concernant
le salut et les principes sauveurs et ignorent les passages historiques dÉsaïe.
Les préoccupations des prophètes du Livre de Mormon étaient doctrinales et les passages
étaient utilisés pour exposer leur témoignage. De plus, les passages qui concernent le
salut dans les derniers chapitres dÉsaïe sont présentés pour prouver que Jésus
était le Messie promis (cf. Mos. 13:33-15:31, qui cite És. 53; 52:7, 8-10). Alors que
les spécialistes de la Bible au XIXe siècle affirmaient que la notion de «Messie
sauveur» était apparue après lexil babylonien (587-538 av. J.-C.) et que par
conséquent les derniers chapitres dÉsaïe doivent être datés de la fin du VIe
siècle ou plus tard, les textes du Livre de Mormon sapent manifestement cette théorie.
Des changements mineurs ont été apportés aux textes dÉsaïe du Livre de Mormon
depuis la publication de louvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes
ont essayé de corriger les fautes dimpression originelles et de rendre le texte
dÉsaïe de lédition actuelle «conforme aux manuscrits anglais antérieurs
à la publication et aux premières éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le
prophète» («Brève explication concernant le Livre de Mormon» édition anglaise de
1981 du Livre de Mormon). Aucun de ces changements na été conséquent.
Bibliographie
Eissfeldt, Otto. The Old Testament: An Introduction, pp. 303-346. New York, 1965.
Nibley, Hugh. Since Cumorah, pp. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes, John A. The Isaiah Variants in the Book of Mormon". F.A.R.M.S. Paper.
Provo, Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES
TABLEAU DES CITATIONS DÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre de Mormon
Ésaïe
1 Né. 20-21
48-49
1 Né. 22:6
49:22
1 Né. 22:8
49:22-23; 29:14
1 Né. 22:10-11
52:10
2 Né. 6:6b-7
49:22-23
2 Né. 6:15
29:6
2 Né. 6:16-8:25
49:24-52:2
2 Né. 9:50-51
55:1-2
2 Né. 12-24
2-14
2 Né. 25:17 (mélangé) 11:11 et 29:14
2 Né. 26:15-16, 18
29:3-5
2 Né. 26:25
55:1
2 Né. 27:2-5
29:6-10
2 Né. 27:6-9
29:4, 11
2 Né. 27:15-19
29:11-12
2 Né. 27:25-35
29:13-24
2 Né. 28:9b
29:15
2 Né. 28:14b
29:13b
2 Né. 28:16a
29:21
2 Né. 28:30a
28:10, 13
2 Né. 28:3
29:12-13
2 Né. 29:1
29:14, 11:11
2 Né. 30:9, 12-15
11:4-9
Mosiah 12:21-24
52:7-10
Mosiah 14:1-12
53
Mosiah 15:10
53:10
Mosiah 15:14-18
52:7
Mosiah 15:29-31
52:8-10
3 Né. 16:18-20
52:8-10
3 Né. 20:32-35
52:8-10
3 Né. 20:36-46
52:1-3, 6-7, 11-15
3 Né. 21:8b
52:15b
3 Né. 21:29
52:12
3 Né. 22:1b-17
54
Mro. 10:31
52:1-2; 54:2
Ésaïe:
Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur: NYMAN, MONTE S.
Ésaïe était lun des prophètes-auteurs les plus importants de lAncien
Testament. Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures modernes des
saints, confirment cette évaluation et contiennent des commentaires abondants sur ses
écrits. Le Livre de Mormon cite 425 versets du livre dÉsaïe et en paraphrase
beaucoup dautres, tirés des plaques dairain, annales apportées en Amérique
par le prophète Léhi et sa famille (v. 600 av. J.-C.). Les citations dÉsaïe dans
le Livre de Mormon sont accompagnées des interprétations des prophètes néphites et de
Jésus-Christ ressuscité. Les Doctrine et Alliances contiennent de même des citations et
des paraphrases dÉsaïe, dont beaucoup éclairent le cadre et la pertinence de
laccomplissement de ses prophéties.
LE LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent explicitement les écrits
dÉsaïe et les commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes
néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent abondamment et expliquent les
significations dÉsaïe, Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites
(34 apr. J.-C.), commande à ses auditeurs «de sonder diligemment ces choses; car grandes
sont les paroles d'Ésaïe» (3 Né. 23:1). La plupart des citations dÉsaïe dans
le Livre de Mormon concernent deux thèmes: (1) le témoignage que Jésus-Christ viendrait
au monde pour le sauver (1 Né. 19:23; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations selon
lesquelles même si le Seigneur dispersait Israël, il le rassemblerait et le
rétablirait, accomplissant les alliances quil avait faites avec Abraham et Israël
(2 Né. 6:5; cf. 9:1-2).
Pour ce qui est de la maison dIsraël, la citation la plus ancienne dÉsaïe
par Néphi (chaps. 48-49) souligne deux types de dispersion: celle de grosses parties des
tribus dIsraël et celle de petits groupes parmi les nations de la terre (1 Né.
22:3-5; cf. És. 49:1-13). Les deux sortes dIsraélites dispersés seraient nourris
temporellement et spirituellement parmi les Gentils. Laide temporelle aux
Israélites conduirait ceux-ci à une dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie.
Les soins spirituels se feraient grâce à «une uvre merveilleuse» qui
rassemblerait Israël hors de lobscurité et des ténèbres et lamènerait à
connaître son Rédempteur (1 Né. 22:6-12).
Néphi présente sa plus longue citation dÉsaïe 2-14 (2 Né. 12-24) comme étant
un troisième témoin du Rédempteur dIsraël. Néphi, son frère Jacob et Ésaïe
avaient chacun vu le Rédempteur (sous laspect du Jésus-Christ prémortel) face à
face (2 Né. 11:2-3; cf. 2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi (1 Né. 11:13-20)
éclaircit les paroles dÉsaïe annonçant lavènement du Christ (cf. 2 Né.
17:14; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14; 9:6-7]).
Le commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit ce qui devait arriver aux Juifs (2 Né.
25:9-21; cf. És. 3:1-15; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né. 25:22-26:11; cf. És.
29:1-4) et parmi les Gentils (2 Né. 26:12-28:32; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par
révélation que quand le Livre de Mormon paraîtrait chez les Gentils, les églises
seraient remplies dorgueil et dérudition, des combinaisons secrètes
régneraient et les supercheries de prêtres seraient florissantes (2 Né. 26:14-33; cf.
És. 3:16-4:1; 2 Né. 13:16-14:1). En revanche, il vit que de belles branches
dIsraël seraient purifiées et grandiraient tant en Sion quà Jérusalem et
quelles seraient protégées par le Seigneur (És. 4:2-6; 2 Né. 14:2-6). Amplifiant
la prophétie dÉsaïe, Néphi prophétisa que les Gentils qui se repentaient
seraient comptés avec la maison dIsraël et deviendraient héritiers des
bénédictions promises (2 Né. 30:1-3). Il affirma que son propre peuple recevrait de
nouveau lÉvangile de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable (2
Né. 30:4-6). Il prédit le rassemblement des Juifs à Jérusalem quand ils commenceraient
à croire au Christ et deviendraient aussi un peuple agréable (2 Né. 30:7).
Le prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes avaient parlé de la
venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans
une des explications les plus lucides du ministère et de lexpiation du Christ,
Abinadi explique que le chapitre 53 dÉsaïe souligne que «Dieu lui-même descendra
parmi les enfants des hommes et rachètera son peuple» et que, grâce à sa rédemption,
il tiendrait «entre eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui
leur iniquité et leurs transgressions
et ayant satisfait aux exigences de la
justice [de Dieu]» (Mos. 15:1-9).
Pendant sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus ressuscité cite,
parmi ses principaux textes, Ésaïe 52 et 54. Il déclare que quand les paroles
dÉsaïe saccompliront, les alliances faites avec la maison dIsraël
seront accomplies (3 Né. 20:11-12). LÉvangile sera enseigné aux Juifs dans les
lieux où ils sont dispersés et, après quils lauront accepté, ils
retourneront à Jérusalem et instruiront leur propre peuple (3 Né. 20:29-35; cf. És.
52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un signe que le retour des Juifs à Jérusalem
indiquera que le rétablissement aura déjà commencé chez dautres Israélites en
Sion, en Amérique (3 Né. 21:1-7; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au
serviteur « défiguré » dÉsaïe 52:13-15, il parle de «luvre
merveilleuse» du serviteur. Si le serviteur défiguré est clairement Jésus dans sa
condition mortelle (Mos. 15:1-9), les paroles dÉsaïe constituent une double
prophétie parce que Jésus ressuscité dit quelle désigne également un serviteur
dans les derniers jours. Les saints des derniers jours croient que ce serviteur est le
prophète Joseph Smith et que luvre merveilleuse mentionnée était la
parution du Livre de Mormon et le rétablissement de lÉvangile (3 Né. 21:8-11).
Tout en amplifiant les paroles dÉsaïe, Jésus prédit lédification de la
nouvelle Jérusalem sur le continent américain par un reste de la maison dIsraël
avec laide de Gentils convertis (3 Né. 21:22-25; cf. 20:22). LÉvangile doit
être prêché parmi les divers groupes de la maison dIsraël, notamment les
Lamanites et les tribus perdues (3 Né. 21:26).
LES DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et appliquer les
prophéties dÉsaïe, les Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix
citations ou paraphrases dÉsaïe. Deux thèmes dominent: lÉvangile sera
rétabli et Israël sera rassemblé». Par exemple, luvre prodigieuse et
miraculeuse mentionnée dans Ésaïe 29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A
6:1); Luvre «étrange» de Dieu (És. 28:21) est le rétablissement de
lÉglise et de ses ordonnances du temple (D&A 95:4); les «bonnes nouvelles»
publiées «sur les montagnes» (És. 52:7) consistent en la prédication de
lÉvangile à toutes les nations (D&A 19:29) et le retour des tribus de Jacob de
parmi les nations (És. 49:6) signifie le retour dIsraël dispersé dans ses terres
promises (D&A 133:26-33).
Les autres thèmes sont lédification de la Sion des derniers jours et de ses pieux
(És. 54:1-2; D&A 82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És. 52:1-2; D&A
113:7-10), la confirmation que Jésus est le seul Sauveur du monde (És. 43:11; D&A
76:1) et des détails de sa seconde venue (És. 63:3-6; 64:1-5; D&A 133:37-52). Enfin
beaucoup dévénements attendus sont interprétés comme étant des événements
millénaires (És. 65; D&A 101:30-31).
Bibliographie
Ludlow, Victor L. Isaiah: Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S. Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S. NYMAN
TABLEAU DES CITATIONS DÉSAÏE DANS LES DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes suivantes proposent un échantillonnage de passages dÉsaïe qui sont
cités, paraphrasés ou interprétés dans les Doctrine et Alliances.
Ésaïe
Doctrine et Alliances
1:27
6:1
1:18
45:10; 50:10-12
1:19
64:34
2:2-31
33:12-13
4:5
45:63-75; 84:5
4:6
115:6
5:1-7
101:43-62
8:16
88:84; 133:72
11:1-5
113:1-4
11:4
19:15
11:10
113:5-6
11:16
133:26-29
13:1
133:14
13:10
29:14; 34:9; 45:42;
88:87;
133:49
13:13
21:6; 35:24
14:12
76:26
24:5
1:15
24:20
49:23; 88:87
25:6
58:8
28:10
98:12; 128:21
28:15, 18
45:31; 5:19; 97:23
28:21
95:4; 101:95
29:14
4:1; 6:1; 11:1; 12:1; 14:1; 18:44; 76:9
32:2
21:13
34:5
38:22
35:1-2
49:24-25; 117:7
35:3
81:5
35:7-10
133:27-33
35:10
45:71; 66:11
40:3
33:10; 45:9; 65:1; 84:28
40:4
88:66
40:5
49:23; 133:22
40:6
101:23 124:7-8
40:31
89:20; 124:99
42:7
128:22
43:11
76:1
45:17
35:25; 38:33
45:23
76:110; 88:104
49:1
1:1
49:2
6:2; 11:2; 12:2; 14:2; 15:2; 16:2; 33:1; 86:9
49:6
86:11
49:22
45:9; 115:5
50:2-3
35:8; 133:66-69
50:11
133:70
51:9-11
101:18
52:18
2:14; 113:7-8
52:2
113:9-10
52:7
19:29; 31:3; 113:10
52:8
39:13; 84:98-99; 133:10
52:10
113:10; 133:3
52:1
138:42; 133:5
52:12
49:27; 58:56; 101:68, 72; 133:15
52:15
101:94
54:2
82:14; 133:9
54:17
71:9; 109:25
55:6
88:62-63
59:17
27:15-18
60:1-4
64:41-42
60:2
112:23
60:22
133:58
61:11
28:22
62:4
133:23-24
62:10
45:9; 115:5
63:1-21
33:46-48
63:3-6
76:107; 88:106; 133:50-52
63:7-9
133:52-53
64:1-2
34:8; 133:40-42
64:3-5
76:10; 133:43-45
65:17
29:23
65:20
63:51; 101:30
65:21-22
101:101
66:1
38:17
66:24
76:44
Ésaïe: Commentaires sur Ésaïe
Auteur: MADSEN, ANN N.
Le livre dÉsaïe est lun des ouvrages prophétiques les plus souvent cités
dans les Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon quittèrent
Jérusalem, ils emportèrent des annales sur des plaques dairain qui contenaient
beaucoup de livres de lAncien Testament antérieurs à 600 av. J.-C., notamment
Ésaïe. Très vite dans leurs récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent
considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus ressuscité exhortera ses auditeurs
dAmérique à sonder diligemment les paroles dÉsaïe, car «grandes sont les
paroles dÉsaïe» (3 Né. 23:1).
Les saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties dÉsaïe
saccomplir dans les événements contemporains. Quand il apparaît, les 21-22
septembre 1823, au prophète Joseph Smith, lange Moroni cite Ésaïe 11 et dit
quil est «sur le point de saccomplir» (JSH 1:40). Ésaïe 29 est
également considéré comme une prophétie annonçant la parution du Livre de Mormon. Les
enseignements de Joseph Smith contiennent beaucoup dallusions à Ésaïe,
particulièrement en ce qui concerne les derniers jours précédant lavènement du
Christ. En plus, Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et Alliances (par exemple,
45:10; 50:10-12; 64:34-35; 133) et dans certains cas des interprétations sont ajoutées
(par exemple, D&A 113).
Plusieurs livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché à aider les
membres de lÉglise et dautres à comprendre les paroles dÉsaïe.
Certains de ces commentaires sadressaient à un auditoire érudit, dautres ont
été écrits pour les lecteurs ordinaires.
En 1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur Ésaïe dans les dix premiers
chapitres de son livre The Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but principal
était de proposer des commentaires sous langle des saints des derniers jours,
notamment les idées de Joseph Smith, et danalyser le livre entier dÉsaïe du
point de vue historique et philologique. Il y a inclus linterprétation de divers
passages donnée par le Livre de Mormon et un traitement en faveur dune paternité
unique. Il a également utilisé la Septante et sa maîtrise de lhébreu pour
expliquer et parfois retraduire des passages. Bien que ce soit la plus ancienne étude du
genre, elle reste un classique de son espèce.
En 1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah (Provo, Utah), une
nouvelle traduction du texte hébreu avec des clefs interprétatives pour les lecteurs
ordinaires. Le livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone. En 1988, il a
publié un deuxième volume, The Book of Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa
précédente traduction et une introduction augmentée contenant quatre clefs
interprétatives quil a tirées du Livre de Mormon. Cet ouvrage note les lectures
alternatives dans le texte dÉsaïe des manuscrits de la mer Morte et la Septante.
Deux volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great Are the Words of
Isaiah (Salt Lake City) à titre de commentaire et de guide détude. Lapport
le plus distinctif du livre est un ensemble de mentions dÉsaïe dans les écrits de
Joseph Smith, le Nouveau Testament, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les
Autorités générales de lÉglise. En 1982, Victor L. Ludlow a écrit Isaiah:
Prophet, Seer, and Poet (Salt Lake City). Les éléments importants sont son commentaire
chapitre par chapitre, ses propositions dinterprétations multiples de certains
passages du texte, des cartes et des notes historiques utiles et des commentaires
doctrinaux mormons utilisant diverses traductions du texte.
Dautres livres ont été écrits pour un auditoire mormon non spécialisé. The
Living Message of Isaiah, de L. LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses
lecteurs à apprécier les prophéties dÉsaïe. Son apport distinctif est son
annexe sur louvrage apocryphe LAscension dÉsaïe.
En 1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times (Salt Lake City) avec
lintention daider un auditoire de saints à comprendre Ésaïe comme
quelquun qui a vu lépoque moderne et en a parlé.
Mark E. Petersen est la seule Autorité générale à avoir écrit un livre sur Ésaïe,
Isaiah for Today (Salt Lake City, 1981). Son but était daider un auditoire non
spécialisé à rattacher les prophéties dÉsaïe aux événements actuels.
ANN N. MADSEN
Esprit
Auteur: JENSEN, JAY E.
L'existence dêtres d'esprit bons et mauvais est un point de doctrine important dans
la théologie des saints. L'esprit est une matière organisée intelligente, qui existe
par lui-même et est régi par des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont
eu une existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des saints sur ce sujet
découlent des écrits bibliques et modernes et des enseignements des prophètes modernes.
La révélation moderne déclare que «tout esprit est matière, mais il est plus raffiné
ou plus pur» que les matériaux physiques de la vie terrestre (D&A 131:7-8). Le
prophète Joseph Smith explique:
«Il y a une différence très sensible entre le corps et lesprit; le corps est
censé être de la matière organisée et beaucoup considèrent que lesprit est
immatériel, sans substance. Nous ne sommes pas daccord avec cette dernière
opi¬nion et disons que lesprit est une substance, quil est matériel, mais
que cest une matière plus pure, plus souple et plus raffinée que le corps,
quelle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément
du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la
résurrection» [EPJS, p. 167].
Bien que le Seigneur ait révélé beaucoup de choses dans les Écritures anciennes et
modernes sur la matière d'esprit et les êtres d'esprit, il reste beaucoup
dinconnues, particulièrement la pleine signification de termes tels que
«intelligence», «lumière» et «vérité», qui sont utilisés dans les révélations
en rapport avec le mot «esprit». La matière d'esprit est identifiée à
lintelligence ou la lumière de la vérité (D&A 93:29). Joseph Smith enseignait
que les éléments n'ont pas été créés ni faits, mais peuvent être organisés pour
donner un être desprit. Cet esprit, intelligence ou lumière a toujours existé,
étant coéternel avec Dieu. Il peut se mouvoir et être mû; il peut être organisé,
mais il ne peut pas être détruit. Les esprits existent deux-mêmes et «tous les
esprits que Dieu a jamais envoyés dans le monde peuvent se développer» (EPJS, p. 287),
voulant dire quils sont capables de progresser et de mûrir intellectuellement et
que «il n'y a jamais de moment où l'esprit est trop vieux pour sapprocher de
Dieu» (EPJS, p. 154).
Il ressort de la doctrine que l'esprit humain est la postérité littérale de parents
exaltés rendus parfaits, dun Père et dune Mère célestes (cf. No. 16:22;
Hé. 12:9). Dieu a instauré un plan de salut par lequel ses enfants d'esprit peuvent
avancer et devenir comme lui (voir Conseil dans les cieux). Paul dit que les hommes sont
de la race de Dieu (Ac. 17:28). Hommes et femmes ont tous vécu avec Dieu en tant
qu'enfants personnels et individuels d'esprit dans une vie prémortelle avant de naître
dans un corps physique. De même, l'existence spirituelle personnelle et individuelle de
chacun se prolonge au-delà de la mort du corps mortel.
Jésus-Christ était l'aîné de tous les enfants d'esprit de Dieu et est donc le frère
aîné du reste de l'humanité (voir Jésus-Christ: Premier-né dans l'esprit). Grâce à
sa foi, il fut permis au frère de Jared (vers 2200 av. J.-C.), de voir le corps d'esprit
prémortel du Seigneur. Celui-ci lui expliqua: «Vois-tu que vous êtes créés à mon
image? Oui, tous les hommes ont été créés au commencement à mon image. Voici, ce
corps, que tu vois maintenant, est le corps de mon esprit
et j'apparaîtrai à mon
peuple dans la chair comme je t'apparais dans l'esprit» (Éther 3:15-16). Puisque les
esprits sont la progéniture de Parents célestes, ils sont à leur image et à leur
ressemblance, hommes et femmes (Ge. 1:26-27; Moï. 3:4-7; Abr. 3:18-23).
Hénoc eut la vision des esprits de tous les hommes et femmes qui avaient vécu ou qui
allaient encore vivre sur la terre et qui avaient dabord été créés comme esprits
dans les cieux (Moï. 6:28; 7:38-40, 57). Abraham vit également les esprits prémortels
de l'humanité et remarqua qu'ils différaient en intelligence et en obéissance (Abr.
3:18-19). Il y avait parmi eux beaucoup de nobles et de grands dont Dieu dit quil
ferait des gouverneurs et des dirigeants dans son royaume. Il fut dit à Abraham qu'il
était l'un deux et quil avait été choisi avant sa naissance (Abr. 3:22-23).
Beaucoup furent préordonnés pour accomplir certaines tâches quand ils seraient sur la
terre (voir Préordination). Dans l'état prémortel, les esprits reçurent leurs
premières leçons dans l'Évangile et dans luvre de Dieu qu'ils allaient
accomplir sur la terre (D&A 138:55-56; cf. Jé. 1:5; Ép. 1:3-4; Tit. 1:2). Beaucoup
de ces êtres desprit furent appelés et préparés dès la fondation du monde à
cause de leur foi et de leurs bonnes uvres, pour détenir la prêtrise et enseigner
l'Évangile et les commandements de Dieu dans la condition mortelle (Alma 13:1-6).
Le libre arbitre est Inhérent à leur nature intelligente et ils sont capables de faire
des choix. Les Écritures enseignent que les esprits sont capables davoir toutes les
émotions, toutes les passions et toutes les expériences intellectuelles qui existent
chez les mortels, notamment l'amour, la colère, la haine, l'envie, la connaissance,
l'obéissance, la rébellion, la jalousie, le repentir, la fidélité, l'activité, la
pensée et la compréhension. Utilisant leur libre arbitre, certains des enfants de Dieu
se rebellèrent dans la vie prémortelle et il sensuivit une guerre dans les cieux.
Les esprits rebelles suivirent Lucifer et furent précipités avec lui sur la terre et
devinrent des démons ou des esprits mauvais, qui nallaient jamais recevoir de corps
physique sur terre (Moï. 4:1-4; D&A 76:25-27; cf. Ap. 12:4, 7-9; D&A 29:36).
Satan et ses disciples restent des êtres d'esprit faits à l'image de Dieu mais sont
toujours rebelles et mauvais. Ils désirent avoir un corps mortel. Le prophète Joseph
Smith explique: «Le grand principe du bonheur consiste à avoir un corps. Le diable
na pas de corps, et cest en cela que réside son châtiment. Il est heu¬reux
quand il peut obtenir la tente de lhomme, et lorsquil fut chassé par le
Sauveur, il demanda à entrer dans le troupeau de pourceaux, montrant quil
préférait le corps dun pourceau à ne pas en avoir du tout» (EPJS, p. 145; cf. p.
240).
La révélation moderne n'a pas identifié ni éclairci la nature des séraphins ou des
chérubins mentionnés dans la Bible (Ge. 3:24; Es. 6:2) ni si ce sont des êtres d'esprit
ou simplement des représentations symboliques. Certains esprits sont des messagers du
Seigneur et servent les mortels (Hé. 1:14; D&A 129), mais les esprits qui les servent
ne peuvent pas remplir toutes les fonctions des anges qui ont un corps ressuscité (EPJS,
pp. 153, 262).
Un être desprit qui n'est jamais entré dans la condition mortelle est dans un
état «non incarné». Un esprit qui se trouve dans un corps mortel est dans un état
«incarné» et le corps et l'esprit constituent l'âme (D&A 88:15). La mort est la
séparation du corps physique mortel davec l'esprit (Ja. 2:26), après quoi l'esprit
vit dans un état «désincarné» dans le monde d'esprit postmortel, tandis que le corps
physique mortel, privé de vie, se décompose dans la tombe. Dans le monde postmortel,
l'esprit attend dêtre «réincarné» dans la résurrection, qui est la réunion
définitive de l'esprit et du corps (Al. 11:44-45). Toute personne qui se trouve dans la
condition mortelle vient du monde d'esprit et tous finiront par mourir et ensuite
ressusciter.
La révélation moderne enseigne que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des êtres
ressuscités et exaltés, ce qui veut dire quils ont un corps glorifié de chair et
dos (D&A 130:22). L'homme existe «pour avoir la joie» (2 Né. 2:25) et les
révélations enseignent qu'on ne peut connaître de plénitude de joie que dans
létat ressuscité lorsque l'esprit et le corps sont inséparablement unis (D&A
93:33-34). Par conséquent, l'existence en tant quesprit seulement, que ce soit dans
le monde desprit prémortel ou dans le monde d'esprit postmortel, a ses limites. Les
esprits des morts qui connaissent le plan de Dieu et la valeur du corps physique sont
impatients de ressusciter (D&A 45:17; 138:50). Pour avoir rejeté le plan du salut de
Dieu, Lucifer et ses disciples se sont vu refuser à jamais la possibilité davoir
un corps physique et sont donc limités ou restreints dans leur progression. Le Seigneur a
déclaré: «Là où je suis ils ne peuvent venir, car ils n'ont aucun pouvoir» (D&A
29:29).
La création d'esprit ne concerne pas le seul genre humain, mais tous les êtres vivants.
Les Écritures modernes enseignent que l'esprit humain est à limage de ce qui est
physique, comme cela a été démontré dans le cas de l'esprit de Jésus-Christ, qui
apparut au frère de Jared, comme mentionné plus haut. Ainsi, «l'esprit de l'homme [est]
à limage de sa personne, de même que lesprit de la bête et de toute autre
création de Dieu» (D&A 77:2; voir aussi Animaux). Moïse écrit que chaque plante
des champs, chaque herbe, en fait chaque chose, a été créée «dans le ciel» avant
dêtre naturellement sur la face de la terre (Moï. 3:5-7). [Voir aussi Premier
état; Enfer; Corps d'esprit; Prison d'esprit.]
Bibliographie
«Le Père et le Fils: Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze.»
AF, pp. 60-68. Salt Lake City, 1963.
Millet, Robert L., et Joseph F. McConkie. The Life Beyond. Salt Lake City, 1986.
"The Origin of Man", An official declaration dans MFP 4:200-206.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon: Jacob Through
the Words of Mormon, To Learn with Joy, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp. 1-31.
Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph. Enseignements du Prophète Joseph Smith, dir. de publ. Joseph Fielding
Smith, pp. 163-173. Traduction française.
Top, Brent, L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
JAY E. JENSEN
Évangile
de Jésus-Christ
[Cette rubrique présente deux sujets: Évangile de Jésus-Christ: L'Évangile dans
lenseignement de l'Église. Évangile de Jésus-Christ: Considérations
étymologiques sur «Évangile». Le premier article décrit la conception que les saints
des derniers jours ont de l'Évangile de Jésus-Christ, l'enseignement fondamental de
l'Église tel quil est présenté dans les Écritures et dans les enseignements des
prophètes modernes. Le deuxième explore l'histoire complexe de ce terme et ses
significations possibles, en particulier à lépoque du Nouveau Testament en grec. ]
Évangile
de Jésus-Christ: L'Évangile dans l'enseignement de lÉglise
Jésus-Christ,
ses apôtres et ses prophètes ont à diverses reprises annoncé «la bonne nouvelle» ou
«Évangile» que lon peut être sauvé en allant au Christ. Le Père est l'auteur
de l'Évangile, mais celui-ci est appelé Évangile de Jésus-Christ parce que, en accord
avec le plan du Père, cest l'expiation du Christ qui rend l'Évangile actif dans la
vie des hommes. L'Évangile du Christ est le seul véritable Évangile et «il n'y aura
aucun autre nom donné, ni aucune autre voie ni moyen par lesquels le salut puisse
parvenir aux enfants des hommes, si ce n'est dans et par le nom du Christ, le Seigneur
Omnipotent» (Mos. 3:17; cf. Ac. 4:12).
Quoique les saints des derniers jours utilisent le terme «Évangile» de plusieurs
manières, dont les utilisations chrétiennes traditionnelles, le Livre de Mormon et les
autres Écritures modernes le définissent avec précision comme le moyen par lequel une
personne peut aller au Christ. Dans tous ces passages scripturaires, l'Évangile ou
doctrine du Christ enseigne que le salut est accessible, par lintermédiaire de ses
serviteurs autorisés, à tous ceux qui (1) croient au Christ, (2) se repentent de leurs
péchés, (3) sont baptisés dans l'eau en témoignage de leur volonté de prendre son nom
sur eux et de garder ses commandements, (4) reçoivent le Saint-Esprit par
limposition des mains et (5) persévèrent jusqu'à la fin. Tous ceux qui obéissent
à ces commandements, reçoivent le baptême de feu et du Saint-Esprit et persévèrent
avec foi, espérance et charité seront trouvés innocents au dernier jour et entreront
dans le royaume des cieux (Al. 7:14-16, 24-25; Hé. 6:1-2).
LE PLAN DE SALUT. Le président Brigham Young a enseigné que «lÉvangile du Fils
de Dieu qui a été révélé est un plan ou un système de lois et dordonnances,
grâce auquel les habitants de cette terre sont assurés de pouvoir retourner en la
présence du Père et du Fils sous condition dobéissance stricte» (JD, 13:233).
L'Évangile de Jésus-Christ est une partie cruciale du plan de salut (ou plan de
rédemption), qui donne à tous les hommes le moyen d'obtenir la vie éternelle. À cause
de la chute d'Adam, dont les effets se sont étendus par héritage à toute
lhumanité, tous sont sujets à la mort physique et à la mort spirituelle (2 Né.
9:4-12; D&A 29:39-45; 1 Co. 15:12-22) et ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. Dieu, le
Père aimant de tous les esprits, a déclaré que son uvre et sa gloire sont de
«réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme» (Moï. 1:39). Dans ce but, il
a donné un Sauveur, Jésus-Christ, qui, à cause de son amour parfait, de sa pureté et
du fait quil est le Fils unique du Père dans la chair, était à la fois disposé
et capable de soffrir en sacrifice pour les péchés du monde (Jn. 3:16). Par son
expiation, le Christ a racheté inconditionnellement tous les hommes, femmes et enfants
des deux morts occasionnées par la transgression d'Adam et Ève et les rachètera
également de leurs propres péchés, sils acceptent son Évangile et y obéissent
(Moï. 6:62; D&A 20:17-25; 76:40-53).
ÉLÉMENTS DE BASE. Les révélations modernes disent que le Livre de Mormon contient «la
plénitude de l'Évangile» (D&A 20:9; 27:5; 42:12). De tous les ouvrages canoniques,
cest le Livre de Mormon qui contient l'exposé le plus détaillé de l'Évangile.
Dans trois passages distincts, les éléments de base de l'Évangile sont expliqués par
un prophète ou par Jésus lui-même (2 Né. 31:2-32:6; 3 Né. 11:31-41; 27:13-21). Chacun
de ces passages est encadré par l'affirmation que «c'est ma doctrine» ou «c'est mon
Évangile.» Les révélations données au prophète Joseph Smith confirment dans le
moindre détail ces déclarations du Livre de Mormon sur l'Évangile (voir D&A
18:17-23; 19:29-31; 20:25-29).
Ces textes fondamentaux répètent plusieurs fois, avec de légères variantes, les
éléments de base du message de l'Évangile. Joseph Smith les appelle en résumé «les
premiers principes et ordonnances de l'Évangile» (4e A de F).
1. La Foi. L'enseignement de lÉglise fait de la foi en
Jésus-Christ le premier principe de l'Évangile. La primauté de la foi est double. La
personne qui accepte l'Évangile doit commencer par la foi en Jésus-Christ et croire
quil a le pouvoir de sauver les hommes de leurs péchés. Sans la foi, personne ne
serait fortement motivé à se repentir et à vivre le reste des principes de l'Évangile.
La foi est également à la base des autres éléments de l'Évangile en ce sens que
chacun deux dépend considérablement dactes de foi. Dans ce sens, Néphi 1
compare la pratique de l'Évangile à lentrée dans un chemin étroit et resserré
qui conduit à la vie éternelle. La porte par laquelle on peut entrer dans ce chemin est
le repentir et le baptême. Avec l'inspiration du Saint-Esprit, on peut suivre le chemin
en faisant preuve de foi et en persévérant jusqu'à la fin. Ainsi, la foi en
Jésus-Christ est un lien entre ce qu'on fait pour franchir la porte et ce quon doit
faire ensuite. On ne peut franchir la porte en se repentant et en faisant les alliances du
baptême «que par la parole du Christ, avec une foi ferme en lui, vous reposant
entièrement sur les mérites de celui qui est puissant à sauver» (2 Né. 31:19). Après
être entré sur ce chemin étroit et resserré, on ne peut atteindre le salut quen
avançant «résolument, avec constance [foi] dans le Christ
vous faisant un festin
de la parole du Christ» (2 Né. 31:20), ce qui inclut les choses que le Saint-Esprit nous
dit de faire (2 Né. 32:3, 5).
2. Le Repentir. Le caractère essentiel de la foi est souligné par la façon dont
l'Évangile est présenté dans le Livre de Mormon où la foi est habituellement
mentionnée au centre et l'appel au repentir au début. Les individus doivent abandonner
leurs péchés et offrir le «sacrifice [d]un cur brisé et [d]un esprit
contrit». Ceci exige du pécheur quil descende dans les profondeurs de l'humilité
et devienne «comme un petit enfant» (3 Né. 9:20-22).
3. Le Baptême. L'Évangile souligne la nécessité absolue du baptême pour ceux qui sont
responsables et capables de pécher. Comme le repentir, le baptême est aussi un
commandement et les candidats au salut doivent être baptisés afin d'obéir au
commandement (voir 2 Né. 31:6-7).
Cette ordonnance essentielle est un témoignage au Père que la personne repentante a fait
alliance avec Dieu de garder ses commandements et a pris sur elle le nom du Christ. La foi
en Jésus-Christ, le repentir et le baptême sont la porte par laquelle on entre dans le
chemin qui conduit à la vie éternelle (2 Né. 31:13-15). Comme les enfants en bas âge
sont incapables de pécher ou de contracter de telles alliances, il est commandé aux
parents de les préparer pour le baptême avant qu'ils atteignent huit ans, l'âge de
responsabilité fixé par la révélation (D&A 68:25-28; voir Baptême des petits
enfants).
4. Le Saint-Esprit. Tandis que le baptême d'eau symbolise la purification et le passage
de la mort à la vie, la purification ou rémission proprement dite des péchés découle
de lobéissance comme don de Dieu «par le feu et par le Saint-Esprit» (2 Né.
31:17; Mt. 3:11), par lequel la personne naît de Dieu, étant devenu une «nouvelle
créature» (Mos. 27:24-26; 1 Pi. 1:23). Cette expérience spirituelle est un témoignage
du Père et du Fils que le sacrifice du pénitent a été accepté. Après que Jésus eut
instruit les Néphites et quils eurent été baptisés, «le Saint-Esprit tomba sur
eux et ils furent remplis du Saint-Esprit et de feu» (3 Né. 19:13; cf. Ac. 2:4).
Le don du Saint-Esprit, conféré par l'imposition des mains par quelquun ayant
l'autorité, contient la promesse que «si vous voulez entrer par le chemin et recevoir le
Saint-Esprit, il vous montrera tout ce que vous devez faire» (2 Né. 32:5). Ce don est un
compagnon constant par lequel l'individu reçoit directement «les paroles du Christ»
pour guider sa vie, en plus des enseignements inspirés des dirigeants de lÉglise
(2 Né. 32:3; voir aussi Jn. 14:26; 16:13).
5. Persévérer jusqu'à la fin. «Persévérer jusqu'à la fin» est l'expression
scripturaire qui décrit le reste de la vie du membre de l'Église du Christ qui a adopté
les premiers principes de l'Évangile et a franchi la porte qui conduit à la vie
éternelle. Une fois sur ce chemin étroit et resserré, le membre doit avancer
résolument avec foi et continuer dans l'obéissance à tous les commandements de Dieu. La
foi est liée à l'espérance et à la charité. Le fait de recevoir la rémission des
péchés produit lespérance du salut. C'est plus qu'un désir et cela donne un
sentiment d'assurance. Ce genre despérance devient sans cesse plus lumineux sous
laction du Saint-Esprit si lon est constamment obéissant (Ét. 12:4). La
charité, «l'amour pur du Christ», est une caractéristique de ceux qui obéissent aux
commandements (Mro. 7:3-4, 47). Ce genre de personnes reproduit auprès des autres le
même genre d'amour pur qu'il reçoit du Seigneur.
6. Le Salut. En plus de recevoir des bénédictions quotidiennes, Jésus-Christ promet que
ceux qui se conforment à tous les principes et ordonnances recevront la vie éternelle.
Comme révélé au prophète Joseph Smith, le salut nécessite quon devienne
héritier de la plénitude du royaume céleste (D&A 76:50-70).
Tous les ouvrages canoniques de lÉglise contiennent des énoncés clairs de
l'Évangile de Jésus-Christ (voir D&A 10:63-70; 11:9-24; 19:29-32; 20:37; 33:10-13;
39:6; 68:25; Moï. 5:14-15, 58; 6:50-53). Les saints des derniers jours trouvent le même
concept dans beaucoup de passages du Nouveau Testament (Mt. 3:11; 24:13-14; Ac. 2:38;
19:4-6; Ro. 1:16), bien que quil ny ait souvent que quelques-uns des six
éléments principaux qui soient spécifiquement mentionnés dans un passage donné. C'est
également vrai du Livre de Mormon. Par exemple, la promesse que «ceux qui croient en lui
seront sauvés» (2 Né. 2:9) peut être comprise comme un mérisme (abréviation d'une
formule qui ne conserve que le premier et le dernier élément) qui appelle implicitement
chacun des six composants même sils ne sont pas mentionnés explicitement. Un autre
mérisme dit que la vie éternelle, cest croire en Jésus et persévérer jusqu'à
la fin (2 Né. 33:4; cf. v. 9).
AUTRES SIGNIFICATIONS. Bien que l'accent soit mis sur les vérités nécessaires au salut,
l'utilisation du terme «Évangile» chez les saints des derniers jours ne se limite pas
à la définition scripturaire. Les saints appellent habituellement «Évangile»
lensemble de leurs croyances religieuses. Selon linterprétation la plus
large, toute vérité ayant Dieu pour origine peut être incluse dans l'Évangile. Le
président Joseph F. Smith a dit: «Au sens théologique du terme, l'Évangile signifie
plus que simplement la bonne nouvelle avec la joie qui laccompagne dans lâme
des hommes, parce quil englobe tous les principes de la vérité éternelle. Il n'y
a pas de principe fondamental ou de vérité, où que ce soit dans l'univers, qui ne soit
englobé dans l'Évangile de Jésus-Christ et il ne se limite pas aux premiers principes
simples, tels que la foi en Dieu, le repentir du péché, le baptême pour la rémission
des péchés et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, bien que ceux-ci
soient absolument essentiels au salut et à l'exaltation dans le royaume de Dieu» [pp.
85-86].
Malgré cet éventail de significations liées à l'Évangile, comme lexplique le
président Smith, les vérités salvatrices englobées dans les premiers principes sont
indispensables et doivent être respectées si lon veut obtenir le salut. Cest
sur elles que l'Église concentre ses enseignements et ses pratiques. Les saints des
derniers jours sont strictement tenus de parler des principes fondamentaux, des premiers
principes de l'Évangile, aux autres pour que tous aient une chance égale d'obtenir le
salut. Les efforts missionnaires des membres et des missionnaires à plein temps ont pour
but dinviter les autres à aller au Christ par l'obéissance aux principes et aux
ordonnances de l'Évangile.
Le président Ezra Taft Benson a de même expliqué que «l'Évangile peut être
considéré sous deux perspectives. Au sens le plus large, l'Évangile englobe toute la
vérité, toute la lumière, toute la connaissance révélées à l'humanité. Dans un
sens plus restrictif, l'Évangile signifie la doctrine de la Chute
[et de]
l'Expiation». Pour clarifier le sens restrictif, il explique: Quand le Sauveur parlait de
son Évangile, il voulait dire
les lois, les alliances et les ordonnances auxquelles
les hommes doivent satisfaire pour assurer leur salut. Il voulait dire la foi au Seigneur
Jésus-Christ, le repentir de tous les péchés, le baptême par immersion par une
personne autorisée pour la rémission de nos péchés et la réception du don du
Saint-Esprit, et finalement être vaillant jusqu'à la fin de ses jours dans son
témoignage de Jésus. C'est là l'Évangile que Jésus a prêché» [p. 30].
Ceux qui meurent sans entendre l'Évangile tandis quils étaient dans la condition
mortelle recevront cette occasion dans le monde d'esprit. Les ordonnances nécessaires du
baptême et de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit seront accomplies en
faveur des morts dans les temples modernes par les membres vivants. Les défunts
décideront par eux-mêmes daccepter ou de rejeter les ordonnances accomplies en
leur faveur (voir Salut des morts).
LA NATURE ÉTERNELLE DE L'ÉVANGILE. Les saints des derniers jours croient que l'Évangile
a toujours existé et continuera à exister à toute éternité. Le prophète Joseph Smith
a dit : «Le grand Jéhovah envisagea lensemble des événements liés à la terre,
relatifs au plan de salut avant qu'elle ne prenne son départ dans l'existence ou même
avant que les étoiles du matin éclatent en chants de joie» (EPJS, p. 177). La
nature éternelle de l'Évangile a également été soulignée par le président John
Taylor, qui a déclaré que «l'Évangile est un principe vivant, permanent, éternel et
immuable qui a existé à égalité avec Dieu et existera toujours, aussi longtemps que le
temps et l'éternité dureront, partout où il est développé et rendu manifeste» (p.
88).
Les Écritures modernes expliquent qu'après que le Seigneur eut enseigné le plan du
salut et l'Évangile à Adam et Ève (Moï. 5:4-11), Adam «fut enlevé par l'Esprit du
Seigneur» dans l'eau où il fut baptisé. Après son baptême, «lEsprit du
Seigneur descendit sur lui, et c'est ainsi qu'il naquit de l'Esprit» (Moï. 6:48-68). En
décrivant plus tard cette expérience, Hénoc explique que Dieu appela Adam de sa propre
voix, lui enseignant le même Évangile que celui exposé dans les autres Écritures: «Si
tu veux te tourner vers moi, écouter ma voix, croire, te repentir de toutes tes
transgressions et être baptisé dans l'eau, au nom de mon Fils unique, qui est plein de
grâce et de vérité, lequel est Jésus-Christ, le seul nom qui sera donné sous le ciel
par lequel le salut sera donné aux enfants des hommes, tu recevras le don du
Saint-Esprit» [Moï. 6:52].
LÉcriture moderne rapporte qu'Adam et Ève enseignèrent lÉvangile à leurs
enfants, mais que Satan vint parmi eux et persuada certains de l'aimer plus que Dieu
(Moï. 5:13; voir Démons). Ainsi en a-t-il été des descendants d'Adam et Ève et, dans
cette situation, le Seigneur invita les hommes de partout à croire au Fils et à se
repentir de leurs péchés afin dêtre sauvés. Ce message d'Évangile était «un
ferme décret» envoyé «dans le monde jusqu'à la fin de celui-ci» et fut prêché dès
le commencement par des anges, par la voix de Dieu et par le Saint-Esprit (Moï. 5:12-15,
58-59).
Les saints des derniers jours comprennent l'histoire du monde en termes de périodes de
fidélité et d'apostasie. Bien qu'il y ait eu beaucoup de périodes où l'Évangile de
Jésus-Christ a été perdu sur la terre, il a été à plusieurs reprises rétabli par
des prophètes envoyés pour annoncer de nouvelles dispensations de l'Évangile.
L'Évangile a été donné à des générations successives et conservera éternellement
son efficacité. Le rétablissement de la plénitude de l'Évangile avec Joseph Smith
lance la «dernière dispensation» ou dispensation de la plénitude des temps et il a
été promis que l'Évangile ne sera plus jamais enlevé de la terre. L'Évangile de
Jésus-Christ continue à être le seul moyen donné sous le ciel par lequel les hommes et
les femmes puissent aller vers leur Sauveur et être sauvés et est la norme selon
laquelle tous les hommes seront jugés (voir Jugement dernier).
Évangile
de Jésus-Christ: Considérations étymologiques sur «Évangile»
Auteur: REYNOLDS, NOEL B.
Le mot
«Évangile» dérive du grec euaggelion (latin, evangelium) ou «bonne nouvelle». Le
terme est utilisé dans le Nouveau Testament principalement pour désigner le message du
salut par Jésus-Christ, souvent désigné par le nom «Évangile de Jésus-Christ» (Marc
1:1), «Évangile de Dieu» (Mc. 1:14) ou «bonne nouvelle du royaume de Dieu» (Lu. 8:1).
L'Évangile, dans le Nouveau Testament, est la «bonne nouvelle» pour tous les hommes que
s'ils vont au Christ et gardent ses commandements, ils seront sauvés (Mt. 7:21; Mc.
16:15-16). Paul utilise davantage euaggelion que les autres auteurs du Nouveau Testament,
adoptant aussi bien la forme nominale que la forme verbale du terme grec. La pratique
dappeler «évangiles» les récits écrits de la vie et du ministère de Jésus,
est apparue parmi les chrétiens au premier siècle et était dusage courant dès le
deuxième.
Bien que les Écritures modernes aient une notion plus définie de l'Évangile, leur
enseignement est conforté par les réflexions des savants sur létymologie possible
du terme tel quutilisé dans le Nouveau Testament. On y trouve des formes verbales
et des noms dérivés dont le sens premier est la remise de messages, en particulier de
bonnes nouvelles la victoire au combat en étant un exemple courant. Ce sens est
étendu dans Ésaïe par application au héraut qui annonce le retour des exilés à
Jérusalem, proclamant la bonne nouvelle de la prospérité et de l'affranchissement ainsi
que de la royauté de Jéhovah (És. 52:7; voir Friedrich, p. 708).
En grec, euaggelion comportait les idées de libération vis-à-vis des ennemis et
d'affranchissement par rapport aux puissances démoniaques. Il pouvait désigner les
oracles ou plus exactement leur accomplissement. Ce faisceau de significations a fait
deuaggelion un terme approprié pour les auteurs du Nouveau Testament qui voyaient
dans l'Évangile le moyen par lequel les hommes peuvent échapper aux puissances mauvaises
de ce monde et laccomplissement des prophéties antiques concernant un Messie à
venir.
Lutilisation religieuse d'euaggelion avant lépoque chrétienne était commune
aux cultes impériaux populaires dans lesquels le culte des empereurs grecs et romains
était censé apporter la richesse et le pouvoir sous diverses formes. Quand les
chrétiens ont commencé à sen servir, ils ont dû le faire avec ironie, forçant
les auditeurs et les lecteurs à comparer César sur son trône au Christ sur la croix et
à faire le choix correspondant entre la recherche universelle du pouvoir et de la
richesse (les avantages matériels) de ce monde et la voie singulière de la foi, du
repentir et de l'Esprit enseignée par Jésus. Cette comparaison implicite devient
explicite quand trois évangiles du Nouveau Testament font dire à Jésus quil faut
rendre «à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (Mc. 12:17; cf.
Mt. 22:21 et Lu. 20:25). Paul utilise la même ironie quand il qualifie l'Évangile de
mystère (voir Friedrich, pp. 712, 723-25; Ép. 6:19). Ce qui a déçu certains chez
Jésus comme Messie cétait justement qu'il n'était pas le genre de sauveur que
lon adorait dans le culte des empereurs.
Le Livre de Mormon utilise les termes «Évangile» et «doctrine» l'un pour l'autre,
d'une manière qui correspond à l'usage du Nouveau Testament, du moins dans la mesure où
tous les deux impliquent des communications qui peuvent être ramenées à des
déclarations verbales (voir Doctrine). Le terme «doctrine» (didaskalia) dans le Nouveau
Testament signifie «enseignement» et désigne soit la doctrine du Christ, soit les
enseignements vains du peuple ou des démons. De même, les auteurs du Livre de Mormon
utilisent «Évangile» et «doctrine» pour désigner un enseignement qui peut être
ramené à un ensemble de déclarations ou «points
de doctrine» (1 Né. 15:14;
Hél. 11:22).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Collins, Raymond F. "Gospel." Encyclopedia of Religion, Vol. 6, pp. 79-82. New
York, 1987.
Friedrich, Gerhard. "Euaggelizomai, Euaggelion,
" Dans Theological
Dictionary of the New Testament, Gerhard Kittel, dir. de publ., Vol. 2, pp. 707-737. Grand
Rapids, Mich., 1964.
Nibley, Hugh. "Prophets and Glad Tidings." dans CWHN 3:259-267.
Piper, O. A. "Gospel," Dans Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, pp.
442-48. Nashville, Tenn., 1962.
Roberts, B. H. The Gospel: An Exposition of Its First Principles and Man's Relationship to
Deity. Salt Lake City, 1966.
Smith, Joseph F. GD, pp. 85-86, 95-106.
Talmage, James E. AF, pp. 52-170.
Taylor, John. Gospel Kingdom, Salt Lake City, 1964.
Yarn, David H., Jr. The Gospel: God, Man, and Truth. Salt Lake City, 1965.
NOEL B. REYNOLDS
Évangile,
Plénitude de
Auteur : Farnsworth, Dean B.
L'expression « plénitude de l'Évangile » désigne la totalité de la doctrine de la
rédemption démontrée et enseignée dans le ministère et la vie de Jésus-Christ. Elle
« se compose des lois, des ordonnances, de la doctrine, des pouvoirs et de
lautorité nécessaires pour permettre aux hommes d'acquérir la plénitude du salut
» (MD, p. 333).
Plénitude est un terme parfois utilisé dans les Écritures pour décrire le Christ
lui-même, tant en ce qui concerne sa situation comme Fils de Dieu quen ce qui
concerne ce qu'il a offert à l'humanité. Jean, en témoignant du Sauveur, a dit : «
et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » (Jean 1:16).
Recevoir la plénitude de ce que le Sauveur a offert, cest l'accepter comme étant
celui qui a rendu le salut possible pour tous grâce à lExpiation et suivre ses
enseignements. Ainsi, pour connaître une plénitude de joie il faut observer les
commandements de Dieu (D&A 93:27).
Le Christ lui-même a déclaré la plénitude de son Évangile : « Car je suis descendu
du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui ma envoyé
La volonté de mon Père, cest que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie
éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:38-40).
Les saints des derniers jours croient que chaque prophète, de quelque dispensation que ce
soit, a prophétisé sur le Christ. Mais l'expression plénitude de l'Évangile implique
quil y a eu des périodes où l'Évangile n'était pas sur la terre dans sa
plénitude, soit dans la doctrine, soit dans les ordonnances. En 1820, un messager
céleste a décrit le Livre de Mormon à Joseph Smith comme « donnant lhistoire des
anciens habitants de ce continent » et « contena[n]t la plénitude de l'Évangile
éternel, telle quelle avait été donnée par le Sauveur » (JS H 1:34).
Le président Ezra Taft Benson explique : « Le Livre de Mormon contient la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:9). Cela ne signifie pas quil contient
chaque enseignement, chaque point de doctrine jamais révélé. Ce que cela signifie,
cest que, dans le Livre de Mormon, nous trouverons la plénitude des points de
doctrine qui sont nécessaires à notre salut. Et ils sont enseignés clairement et
simplement pour que même les enfants puissent apprendre les voies du salut et de
l'exaltation » (Benson, p. 18-19).
Néphi 1, un prophète du Livre de Mormon vivant des siècles avant la venue du Christ, a
dit que la plénitude de l'Évangile ne serait pas toujours sur la terre. Dans une vision
du ministère futur du Seigneur, il a vu que certaines parties de l'Évangile seraient
modifiées et trafiquées. Néphi a écrit à propos de la Bible : « Lorsqu'il sortit de
la bouche d'un Juif, il contenait la plénitude de l'Évangile du Seigneur dont les douze
apôtres rendent témoignage. » Mais les hommes ont enlevé de la Bible « beaucoup de
parties qui sont claires et extrêmement précieuses; et il y a aussi beaucoup d'alliances
du Seigneur [quils ont] ôtées », ce qui a entraîné la perte de l'Évangile (cf.
1 Néphi 13:24-29).
Les saints des derniers jours croient que cette apostasie et la corruption des Écritures
ont nécessité un rétablissement ultérieur de la plénitude de l'Évangile par
lintermédiaire de prophètes appelés par Dieu. Ce rétablissement a commencé avec
la première vision de Joseph Smith, le prophète, en 1820, et s'est poursuivi avec des
révélations ultérieures, notamment les Écritures modernes et l'autorité de la
prêtrise, qui restent aujourd'hui dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours. [Voir aussi Rétablissement de toutes choses ; Rétablissement de l'Évangile de
Jésus-Christ.]
Bibliographie
Ezra Taft Benson. A Witness and a Warning. Salt Lake City, 1988.
DEAN B. FARNSWORTH
Évangile, Premiers principes de
Auteur : Hafen, Marie Kartchner
Les premiers
principes et ordonnances de l'Évangile sont « premièrement la foi au Seigneur
Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la
rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit
» (4e A de F). Le Sauveur ressuscité a enseigné que ces principes constituent son «
Évangile »: « Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre, et venez à moi, et
soyez baptisées en mon nom, afin d'être sanctifiées par la réception du Saint-Esprit,
afin de vous tenir sans tache devant moi au dernier jour. En vérité, en vérité, je
vous le dis, c'est là mon Évangile » (3 Néphi 27:20-21 ; cf. Actes 2:37-38). Ces
quatre principes préparent les hommes à entrer dans le « sentier étroit et resserré
qui conduit à la vie éternelle » (2 Néphi 31:17-18).
Tout d'abord, la foi en Jésus Christ commence souvent par le désir de croire (Alma
32:26-28), qui peut être suscité quand on entend ou lit des témoignages vrais du Christ
et de son expiation rendus par dautres personnes. On nourrit la foi par
lobéissance patiente aux commandements de Dieu. La foi grandit ensuite selon un
processus qui comprend le repentir, le baptême pour la rémission des péchés, une
confiance accrue dans le Christ et finalement une nature semblable à celle du Christ
(Hafen, p. 141-200).
Le repentir implique (1) la prise de conscience de sa culpabilité ; (2) une tristesse et
une souffrance selon Dieu ; (3) la confession pour être soulagé des effets nuisibles du
péché ; (4) la réparation, dans la mesure du possible ; (5) le remplacement du péché
par lobéissance aux commandements de Dieu ; et (6) lacceptation du sacrifice
expiatoire du Christ. Grâce à l'Expiation, si on se repent, la miséricorde du Christ
satisfait aux exigences de la justice.
Le baptême, troisième principe et première ordonnance essentielle, est le fruit du
repentir et est requis de tous ceux qui veulent être sauvés dans le royaume de Dieu
(Jean 3:3-5 ; cf. 2 Néphi 9:23). Le baptême a plusieurs objectifs. C'est un lavage, une
purification symbolique des péchés et il est nécessaire pour pouvoir entrer dans
l'Église. Lorsqu'il est suivi de la réception du Saint-Esprit, c'est la porte ouverte à
la sanctification personnelle (Moroni 6:1-4). La méthode prescrite du baptême est par
immersion dans l'eau par un prêtre de la Prêtrise d'Aaron ou par un détenteur de la
Prêtrise de Melchisédek. « Le symbolisme du rite nest conservé sous aucune autre
forme » (AF, p. 137).
Quand on « naît de l'Esprit » ou que lon reçoit le don du Saint-Esprit, on
obtient le droit à l'aide, aux conseils et au réconfort constants du Saint-Esprit. « La
tâche spéciale du Saint-Esprit est d'éclairer et d'ennoblir l'esprit, de purifier et de
sanctifier l'âme, d'inciter aux bonnes uvres et de révéler les choses de Dieu »
(AF, p. 167). Quand on lui demanda en quoi l'Église différait des autres religions de
l'époque, Joseph Smith répondit : « Nous différons par le mode de baptême et le don
du Saint-Esprit... [et] que toutes les autres considérations [les différences avec les
autres églises] étaient contenues dans le don du Saint-Esprit » (HC 4:42). Le don du
Saint-Esprit est conféré par limposition des mains par un détenteur de la
Prêtrise de Melchisédek.
Résumant le processus partant de la foi et du repentir pour aboutir à la sanctification,
le prophète Mormon, du Livre de Mormon, a déclaré : « Les prémices du repentir, c'est
le baptême; et le baptême vient par la foi pour accomplir les commandements; et
l'accomplissement des commandements apporte le pardon des péchés; et le pardon des
péchés apporte la douceur et l'humilité de cur; et à cause de la douceur et de
l'humilité de cur vient la visitation du Saint-Esprit, lequel Consolateur remplit
d'espérance et d'amour parfait, amour qui subsiste, par la diligence dans la prière,
jusqu'à ce que vienne la fin, lorsque tous les saints demeureront avec Dieu » (Moroni
8:25-26).
Ces quatre principes et ordonnances de l'Évangile sont les « premiers » parce qu'ils
lancent et activent le processus dévolution depuis la nouvelle naissance
spirituelle jusquà laccession à une nature divine.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Lifes Experiences. Salt
Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, Salt Lake City, 1969.
MARIE KARTCHNER HAFEN
Ève
Auteur : Campbell, Beverly
Les saints des derniers jours honorent Ève, première femme de la création terrestre,
compagne d'Adam et mère et matriarche du genre humain, comme l'une des personnes les plus
importantes, les plus vertueuses et les plus héroïques de toute la famille humaine. Le
don suprême d'Ève à l'humanité, la possibilité de vivre sur cette terre, découle de
la décision quelle a prise de devenir mortelle.
Ève, Adam, Abraham et dautres étaient parmi les nobles et les grands impliqués
dans la création de la terre (Abr 3:22-24; cf. McConkie, p. 59). Dieu la préordonna et
lappela Ève, « la mère de tous les vivants » ; dans le jardin d'Éden, Adam
lappela Ève, ce qui reflète cet appel (Moïse 4:26). Elle fut créée
spirituellement et physiquement de la même manière quAdam (MD, p. 242). Dieu leur
donna le nom dAdam et « à l'image de son corps, il créa lhomme et la femme
» (Moïse 6:9).
Ève et Adam rencontrèrent un dilemme dans leurs efforts pour obéir aux commandements de
Dieu. Ils ne pouvaient pas garder le commandement principal davoir des enfants tant
qu'ils restaient non mortels dans le jardin (2 Néphi 2:22-23). L'interdiction de manger
de l'arbre de la connaissance du bien et du mal était toutefois nuancée par les mots «
néanmoins, tu peux choisir par toi-même »(Moïse 3:16-17), et la conséquence
expressément indiquée était quils deviendraient mortels.
Satan était là pour tenter Adam et Ève, tout comme il allait essayer den faire
échouer d'autres dans leur mission divine: « Et [il] essaya aussi de séduire Ève, car
il ne connaissait pas la pensée de Dieu, c'est pourquoi il essaya de détruire le monde
» (Moïse 4:6 ; cf. Mt 4:3-11 ; Moïse 1:12-22; JSH 1:15-16). Ève avait le choix
entre la facilité égoïste et affronter avec désintéressement les tribulations et la
mort (Widtsoe, p. 193). Comme le réclamait son appel, elle comprit qu'il ny avait
aucun autre moyen et choisit délibérément la condition mortelle pour faire avancer le
dessein de Dieu et faire venir des enfants au monde.
L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours affirme quen prenant du
fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Ève, aussi bien quAdam, a
agi d'une manière agréable à Dieu et en accord avec le plan prévu par lui (voir Chute
d'Adam). Brigham Young explique : « Le Seigneur savait qu'ils agiraient ainsi et il avait
prévu qu'ils le feraient » (JD 10:103). « Nous ne devrions en aucun cas en vouloir à
Ève, en aucune façon » (JD 13:145). Adam et Ève « ont relevé un grand défi... Ils
ont choisi judicieusement conformément à la loi céleste de l'amour pour les autres »
(Widtsoe, p. 194). Par la suite, dans lune des plus anciennes déclarations que
lon trouve dans les Écritures, Ève résumera le Plan du Salut en parlant de la
joie réservée à l'humanité dans l'éternité: « Sans notre transgression, nous
naurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et mal, la
joie de notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui obéissent
» (Moïse 5:10-11).
Des parents célestes aimants ont préparé Ève et Adam à leur rôle dans la condition
mortelle. Après la Chute, Dieu donna à Adam et Ève la loi du sacrifice afin qu'ils
puissent obtenir le pardon des péchés commis dans la condition mortelle (Moïse 5:5). Il
mit une inimitié (une horreur du mal) entre la postérité d'Ève et Satan et ses
disciples (Moïse 4:21). Dieu accorda à Ève le pouvoir dêtre mère et lui
révéla le difficile travail de l'accouchement (Genèse 3:16-17)."
Adam et Ève étaient mari et femme. Tandis quils étaient dans le jardin, Dieu les
avait scellés en un mariage éternel (Genèse 2:22-24). Dieu dit à Ève : « Tes désirs
se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi » (3:16). Le président Spencer W.
Kimball a expliqué que le mot hébreu traduit par « dominera » pourrait être mieux
compris comme voulant dire « présidera, parce que c'est ce qu'il fait »
(Ensign, mars 1976, p. 72), et le mari ne préside que quand il le fait dans la justice
(voir Famille : Enseignements sur la famille). Dans le même ordre didées, Dieu
présenta Ève à Adam en des termes qui sont rendus en français par l'expression « une
aide semblable à lui », indiquant légalité entre les deux.
Le Seigneur lui-même fit des vêtements de peaux et revêtit Adam et Ève (Moïse 4:27).
Ève donna à Adam des fils et des filles. Elle travailla avec lui. Ils prièrent le
Seigneur et entendirent sa voix (Moïse 5:4-5). Ils révélèrent tout à leurs enfants et
leur apprirent à lire, à écrire et à tenir les annales des souvenirs de la famille
(Moïse 5:12 ; 6:5-6).
Ève « participe avec Adam à tout son ministère, [et] héritera conjointement avec lui
de toutes les bénédictions attachées à son état suprême d'exaltation" (MD, p.
242). Le président Joseph F. Smith la vit en vision en 1918 : parmi les grands et les
puissants dans lassemblée céleste des justes, il vit « notre glorieuse mère Ève
avec beaucoup de ses filles fidèles qui avaient vécu au cours des siècles et adoré le
Dieu vrai et vivant » (D&A 138:39).
La chute d'Ève et dAdam est profondément significative : ils ont ouvert la voie de
la condition mortelle à l'humanité tout entière et ils se sont assujettis à mort afin
de permettre une progression continue vers la vie éternelle. Notre mère Ève a donné à
ses filles et à ses fils un héritage d'honneur, car elle a agi avec sagesse, amour et un
sacrifice désintéressé.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Eve and the Fall." Dans Woman, p. 57-68. Salt Lake City,
1979.
Nibley, Hugh W. "Patriarchy and Matriarchy." CWHN 1:87-114.
Smith, Joseph Fielding. "Was the Fall of Adam Necessary?" Answers to Gospel
Questions, Vol. 4, p. 79-83. Salt Lake City, 1963.
Widtsoe, John A. "Was the "Fall' Inevitable?" Evidences and
Reconciliations, p. 192-195. Salt Lake City, 1987.
BEVERLY CAMPBELL
Ézéchiel, prophéties d
Auteur: MESERVY, KEITH H.
Les prophéties d'Ézéchiel (593-v. 570 av. J.-C.) intéressent les saints des derniers
jours parce qu'elles contiennent des informations uniques sur des aspects de
luvre salvatrice de Dieu pour ses enfants, telles que les responsabilités de
la sentinelle ou dirigeant (chap. 3, 33), la nature du libre arbitre et de la
responsabilité personnels (chap. 18), la miséricorde et le pardon (chap. 18) et les
relations de l'alliance de Dieu avec Israël et Juda (chap. 34-39). Quand ils étudient le
livre dÉzéchiel, la plupart des saints des derniers jours se concentrent sur les
chapitres 34-48 parce qu'ils jettent de la lumière sur luvre de Dieu dans les
derniers jours, notamment sur le retour d'Israël dans ses terres, le retour du pays à
une pleine productivité, la reconstruction du temple pour servir de résidence à Dieu et
la parution dannales importantes qu'ils identifient à la Bible et au Livre de
Mormon.
Au chapitre 34, Ézéchiel décrit la dispersion des Israélites parmi les nations de la
terre comme une défaillance des dirigeants: les «bergers» dIsraël avaient
exploité les «brebis» au lieu den prendre soin (voir Israël: Dispersion
d'Israël). En conséquence, le Seigneur deviendra le Berger pour chercher les brebis
perdues et pour les rassembler «des diverses contrées
dans leur pays» (34:11,
13). Enfin un David moderne deviendra leur dirigeant (34:24), laridité du pays sera
surmontée (36:8-11), la mer Morte sera poissonneuse (47:1, 7-10) et Israël, comme les
nations, saura que le Seigneur est avec lui et «[il saura] que je suis lÉternel»
(34:23-28, 30).
Les chapitres 35-36 décrivent les tensions qui apparaîtront quand les Israélites de
retour trouveront leur pays habité par d'autres qui le réclameront comme le leur (35:10,
12, 15; 36:2-5). Le Seigneur a cependant promis qu'il diviserait la terre «par le sort»
parmi les Israélites de retour pour leur héritage, assurant en même temps à tous les
non-Israélites vivant parmi eux qu'eux aussi se verraient accorder un «héritage
parmi les enfants d'Israël» (47:22 [13-23]).
Le Seigneur insiste sur le caractère littéral de ce rassemblement (37:1-14). Comme dans
la Résurrection, les Israélites dispersés, comme des ossements desséchés, pourraient
quand même espérer être réunis une fois de plus dans leur propre pays en un seul
corps, avec les muscles et la chair, le souffle et l'esprit. La Résurrection est donc une
métaphore du rassemblement aussi bien que le moyen par lequel cela se fera, comme promis
par le Seigneur: «J'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô
mon peuple, et je vous ramènerai dans le pays d'Israël» (37:12).
Une fois que les Israélites se seront réunis et seront devenus prospères, ils vivront
paisiblement dans «des habitations sans murailles», «tranquilles», «en sécurité»,
«nayant ni verrous ni portes» (38:11). Cest alors quils seront
attaqués par Gog, dont le but est de piller leur terre prospère. Dans les batailles qui
sensuivront, le Seigneur raffinera Israël tout en faisant tomber le jugement les
nations, aussi bien celles qui attaquent Israël que celles qui vivent dans des pays
lointains (cf. És. 4:4; Za. 12:2-3; 14:2-3; So. 3:8; Éz. 39:2-4, 6, 11, 21-24).
Jérusalem sera reconstruite comme centre divin, le temple de Dieu sera érigé au milieu
deux (chap. 40-47), et il y résidera de sorte que Jérusalem sera appelée
«sainte, parce que le Seigneur y sera» (TJS Éz. 48:35).
Dans ce contexte de rassemblement, Ézéchiel parle de la réunion des «bois» de Juda et
dÉphraïm (c.-à-d., Israël), une réunion qui signale non seulement le
commencement du rassemblement d'Israël (Éz. 37:15-22; cf. 3 Né. 20:46; 21:1-3, 7-13)
mais également le moyen par lequel le rassemblement ultime, celui qui ramène les peuples
à Dieu, se fera (cf. 1 Né. 22:12; 2 Né. 6:11).
Les saints des derniers jours voient dans les annales de Juda la Bible et dans celles
dÉphraïm le Livre de Mormon (D&A 27:5). Ils considèrent que quand le Livre de
Mormon a été traduit et publié, il est devenu possible dunir les deux documents.
Et puisque le but explicite du Livre de Mormon est de convaincre «Juif et Gentil que
Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations» (page de
titre du Livre de Mormon), ils voient dans cette union des témoignages le moyen principal
par lequel Israël sera ramené à Dieu (voir Livre de Mormon, Prophéties bibliques
concernant).
Bibliographie
Meservy, Keith H. "Ezekiel's Sticks and the Gathering of Israel." Ensign 17,
févr. 1987, pp. 4-13.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets, pp. 218-237. Salt Lake City, 1952.
KEITH H. MESERVY
Famille
[Cette rubrique se compose de deux articles: Famille: Enseignements au sujet de la
famille. Famille: Vie de famille
Le premier article présente les enseignements principaux au sujet de la famille qui
tendent à mettre les saints des derniers jours à part des autres et se concentre sur les
Écritures modernes et sur les enseignements des dirigeants de lÉglise. Le
deuxième article donne une explication substantielle de la manière dont la famille fait
ensemble son expérience de membre de lÉglise, notamment du fait que les programmes
de lÉglise sont principalement axés sur la famille. Celle-ci est au centre de la
théologie, de la religion, de la société et de la culture des saints. En plus des
articles ci-dessous, voir Enfants, Paternité, Mariage, Maternité, et Mère en Israël.
Concernant les règles et pratiques spécifiques de lÉglise à propos de la
famille, voir Maltraitance, Conjoint et Enfant; Adoption denfants; Contrôle des
naissances; Divorce; Soirée familiale; et Prière en famille.]
Famille: Enseignements au
sujet de la famille
Auteur: BRADFORD, REED H.
L'unité
de base de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est la famille: «Le
foyer est la base d'une vie juste et aucun autre instrument ne peut prendre sa place ni
accomplir ses fonctions essentielles» (McKay, préface). Cest au sein de la famille
que les gens connaissent la plupart des plus grandes joies et des plus grands chagrins de
la vie. Les relations familiales de chaque personne sur terre sont d'importance cardinale,
et de tous organismes sociaux créés pour les êtres humains, seule la famille est
conçue pour continuer dans la vie suivante.
LES FAMILLES SUR TERRE SONT LE PROLONGEMENT DE LA FAMILLE DE DIEU. Selon le concept de la
famille entretenu par les saints, toute personne est un enfant de parents célestes aussi
bien que de parents mortels. Chacun individu a été créé spirituellement et
physiquement à l'image de Dieu et du Christ (Moï. 2:27; 3:5). La Première Présidence a
déclaré : «Tous les hommes, toutes les femmes sont à la ressemblance du Père et de la
Mère universels, et sont littéralement les fils et les filles de la Divinité» (MFP
4:203). Tout le monde, avant de venir sur cette terre, a vécu avec notre Père et notre
Mère célestes, et tout le monde a été aimé et instruit par eux en tant que membre de
leur famille éternelle (voir Vie prémortelle). La naissance unit l'esprit à un corps
physique de sorte qu'ensemble ils puissent recevoir «une plénitude de joie» (D&A
93:33; cf. 2 Né. 2:25).
LE MARIAGE EST ORDONNÉ DE DIEU. « Quiconque interdit de se marier n'est pas mandaté par
Dieu, car le mariage est institué par Dieu pour l'homme» (D&A 49:15). Le mariage
sanctionné par Dieu donne à lhomme et à la femme l'occasion d'accomplir leur
potentiel divin. «Dans le Seigneur, la femme nest point sans lhomme, ni
lhomme sans la femme» (1 Co. 11:11). Maris et femmes sont uniques par certains
côtés et libres de développer leurs dons éternels, et cependant étant égaux aux yeux
de leurs parents célestes, ils sont un dans les buts divins qu'ils poursuivent, dans leur
dévotion aux principes et aux ordonnances éternels, dans leur obéissance au Seigneur et
dans leur amour divin l'un pour l'autre. Quand un homme et une femme qui ont été
scellés lun à lautre dans un temple sont unis spirituellement, mentalement,
émotionnellement et physiquement, assumant la pleine responsabilité de s'entretenir
mutuellement, ils sont vraiment mariés. Ensemble ils sefforcent dimiter le
prototype du foyer céleste dont ils viennent. L'Église leur enseigne à se compléter,
à se soutenir et à senrichir lun lautre.
LA FAMILLE PEUT DEVENIR UNE CELLULE ÉTERNELLE. Les membres dignes peuvent être scellés
par le pouvoir de la prêtrise pour le temps et l'éternité dans un saint temple soit
quand ils se marient soit après le mariage. Au moment de leur scellement au temple, le
mari et la femme entrent dans «un ordre de la prêtrise [appelé] la nouvelle alliance
éternelle du mariage» (D&A 131:1-4). Sans dignité ni autorité, un mariage ne peut
pas durer éternellement et est «sans efficacité, vertu ou force dans et après la
résurrection des morts» (D&A 132:7). Si un mari et sa femme sont fidèles à leur
mariage au temple, ils continueront comme co-créateurs dans le royaume céleste de Dieu
à toute éternité. Ils administreront les affaires de leur famille dans l'unité avec
les conseils du Saint-Esprit. Concernant les membres de l'Église non nés dans de tels
foyers ou non mariés dans cette vie sans que cela ne soit de leur faute, le président
Spencer W. Kimball a enseigné que ceux «qui auraient fait le nécessaire sils en
avaient eu loccasion appropriée recevront toutes ces bénédictions dans le monde
à venir» (Kimball, p. 295).
LE POUVOIR DE CRÉER LA VIE EST UN DON DE DIEU. Parce que le pouvoir de procréation vient
de Dieu, la pureté sexuelle est spirituelle et mentale, aussi bien que physique et
émotionnelle (voir Sexualité). Jésus a dit : «Quiconque regarde une femme pour la
convoiter a déjà commis l'adultère dans son cur. Voici, je vous donne le
commandement de ne permettre à aucune de ces choses d'entrer dans votre cur» (3
Né. 12:28-29). La chasteté est sacrée (cf. Jcb. 2:28).
LA PROCRÉATION EST UN COMMANDEMENT DE DIEU. Par l'expérience sexuelle, le mari et la
femme enrichissent leur mariage et créent des corps physiques pour que des esprits
viennent sur terre réaliser les buts divins. Les saints des derniers jours
sefforcent de créer une vie au foyer consacrée à atteindre ces buts. Cest
à la fois une joie et une responsabilité pour les parents de faire venir des esprits
célestes dans ce monde. Adam et Ève reçurent le commandement : «Soyez féconds,
multipliez» (Ge. 1:22). La révélation moderne a donné les mêmes instructions. On
enseigne aux membres de lÉglise à ne pas retarder et à ne pas refuser d'avoir des
enfants pour des raisons égoïstes ou matérialistes. Pour ce qui est de la question de
savoir combien d'enfants un couple aura, de l'espacement des enfants et de la régulation
des naissances, les saints des derniers jours sont censés faire usage de leur libre
arbitre et de choisir, comme mari et femme, une façon de faire qui soit conforme aux
principes divins en recherchant la confirmation du Saint-Esprit.
LES PARENTS ONT LA RESPONSABILITÉ D'ENSEIGNER L'ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST À LEURS
ENFANTS. «S'il y a des parents qui ont des enfants
qui ne leur enseignent pas à
comprendre la doctrine du repentir, de la foi au Christ, le Fils du Dieu vivant, du
baptême et du don du Saint-Esprit
le péché sera sur la tête des parents
Et
ils enseigneront aussi à leurs enfants à prier et à marcher en droiture devant le
Seigneur» (D&A 68:25, 28). Les parents sont exhortés à être des exemples pour
leurs enfants, conscients de ce que ceux-ci sont également leurs frères et surs
d'esprit.
UN ENVIRONNEMENT D'AMOUR EST NÉCESSAIRE POUR ÉLEVER DES ENFANTS. L'esprit d'un foyer
juste est lamour. Le Seigneur a dit : «Vous vivrez ensemble dans l'amour» (D&A
42:45), lamour des parents célestes, du Seigneur Jésus-Christ et du Saint-Esprit;
du mari et de la femme et des parents pour les enfants, des enfants pour les parents et
des enfants les uns pour les autres.
FAIRE DU FOYER UN LIEU DE PAIX ET DE JOIE DEMANDE DES EFFORTS. Les efforts consentis pour
créer un foyer de paix exigent une planification, des prières et une collaboration
constantes. L'Église encourage les familles à organiser des soirées familiales
hebdomadaires, où tous les membres de la famille étudient les principes et les
ordonnances éternels de l'Évangile et font ensemble des choses qui leur apportent de la
joie. Deux présidents de lÉglise ont dit : «Luvre du Seigneur la plus
importante que vous ferez jamais sera celle que vous faites dans les murs de votre
maison» (Lee, p. 7), et «Aucun autre succès ne peut compenser l'échec au foyer»
(McKay, p. iii).
LES MEMBRES DUNE FAMILLE QUI SONT DIGNES SATTENDENT AVEC FOI ET ESPÉRANCE À
LÉTERNITÉ DE LEURS RELATIONS FAMILIALES. Les familles terrestres, avec leurs
ancêtres et leurs descendants comptent bien vivre à nouveau en tant que familles au sens
large avec les proches qui sont morts. Elles deviennent ceux «qui ont accepté le
témoignage de Jésus, ont cru en son nom
et sont scellés par le Saint-Esprit de
promesse que le Père répand sur tous ceux qui sont justes et fidèles» (D&A 76:51,
53).
LES JUSTES SONT BÉNIS. Toutes les personnes justes qui conservent leur dignité, leur
amour et leur fidélité personnels, ont la promesse des richesses de l'éternité, dont
la bénédiction finale dêtre scellées à d'autres membres de la famille qui se
qualifient également pour les bénédictions célestes.
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. God, Family, Country : Our Three Great Loyalties, pp. 167-273. Salt
Lake City, 1974.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball,
Salt Lake City, 1982.
Lee, Harold B. Strengthening the Home (brochure) Salt Lake City, 1973.
McConkie, Oscar W. Jr. LDS Concept of the Family, Journal of the Collegium
Aesculapium 2, juillet 1984, pp. 46-51.
McKay, David O. Family Home Èvening Manual. Salt Lake City, 1965.
White, O. Kendall Jr. « Ideology of the Family in Nineteenth-Century Mormonism ».
Sociological Spectrum 6, 1986, pp. 289-306.
REED H. BRADFORD
Famille: Vie de famille
Auteur: THOMAS, DARWIN L.
DÉMOGRAPHIE
FAMILIALE. L'insistance inhérente sur la famille à la théologie des saints des derniers
jours sexprime dans des schémas démographiques qui sont différents chez les
saints par comparaison avec lensemble de la population. D'abord, le taux de
fertilité chez les saints a toujours été plus haut que la moyenne nationale. L'Utah a
traditionnellement le taux de fertilité le plus élevé de tous les états de l'Union à
cause du pourcentage élevé de saints des derniers jours dans l'état (approximativement
70%).
Les recherches prouvent que le fait que la famille est plus grande que la moyenne chez les
saints des derniers jours nest pas dû à leur répugnance à utiliser diverses
méthodes de régulation des naissances. Les recherches de Heaton et Calkin (1983)
prouvent que dans un échantillon national il y a autant de chances pour quils
utilisent des méthodes modernes de régulation des naissances que le reste du pays. Mais
pour les saints des derniers jours, les contraceptifs ne sont souvent utilisés qu'après
que les enfants aient été élevés et sont utilisés moins fréquemment afin de pouvoir
obtenir la famille plus nombreuse désirée. Heaton conclut que le fait que les familles
sont plus grandes chez les saints des derniers jours est lié au fait que les saints
croient quil est important davoir des enfants, quils font partie
dun groupe de référence de saints des derniers jours et quils sont
socialisés dans un contexte qui favorise la procréation denfants (1988, p. 112).
Dans la population en général, quand la taille de la famille augmente, la discipline
coercitive augmente aussi. Les relations familiales affectueuses diminuent. Mais les
recherches effectuées chez les saints des derniers jours révèlent une tendance inverse,
les familles plus nombreuses signalant des relations d'affection accrues (Thomas, 1983, p.
274).
Les saints des derniers jours révèlent systématiquement un taux dexpériences
sexuelles prénuptiales, de grossesses d'adolescentes et d'expériences sexuelles
extra-conjugales inférieur à la moyenne nationale (Heaton, 1988). Cependant, les
recherches faites par Smith (1976) prouvent que les saints non pratiquants évoluaient
vers une attitude et un comportement sexuels plus libéraux pendant les années 1970,
alors même que les saints des derniers jours pratiquants ne montraient aucune évolution
vers une attitude ou un comportement plus libéraux. Les pourcentages ne signalant aucune
activité sexuelle prénuptiale chez les saints des derniers jours pratiquants ont en fait
augmenté entre 1950 et 1972, passant de 95% à 98% pour les hommes et de 96% à 98% pour
les femmes (pp. 79-81).
Les données actuelles montrent qu'un pourcentage plus élevé de saints des derniers
jours se marieront que dans lensemble de la population. Ils se marient aussi plus
jeunes, ont un taux de divorce moindre et sont plus nombreux à se remarier après un
divorce que lensemble de la population (Heaton, 1988, pp. 110-111).
En ce qui concerne le divorce, il est clair que les saints des derniers jours les plus
religieusement engagés ont un taux de divorce considérablement inférieur à celui des
membres de lÉglise non pratiquants ou non engagés, en dépit du fait que l'Utah
est lun des états des montagnes de lOuest qui ont généralement un taux
moyen de divorce plus élevé que la moyenne nationale (Thomas, 1983, p. 277). Les
recherches de Heaton et de Goodman (1985) montrent que parmi les saints des derniers jours
fréquentant régulièrement léglise, 10% des hommes et 15% des femmes passent par
le divorce, pour 21% des hommes et 26% des femmes qui nassistent pas
régulièrement. En outre, parmi les hommes ayant contracté un mariage au temple, 5,4%
divorcent par rapport aux 27,8% de ceux qui ne sont pas mariés au temple. Pour les femmes
mariées au temple, 6,5 divorcent par rapport aux 32,7% des femmes non mariées au temple.
LE RÔLE DE LA FAMILLE ET L'ÉGLISE. Du fait que toutes les organisations de
lÉglise insistent sur la famille, depuis la Primaire jusquaux collèges de la
prêtrise, le mari et la femme deviennent les points de contact principaux entre la
famille et l'Église. La participation de l'épouse à la vie de l'Église se situera
très probablement dans les activités de la Primaire et de la Société de Secours. Le
contact du mari avec l'Église peut se situer dans presque n'importe quelle organisation
excepté la Société de Secours, qui est limitée aux femmes.
L'Église étant organisée autour d'une prêtrise masculine laïque, les maris
remplissent plus de postes de direction que les femmes. En outre, la réorganisation des
procédures et des fonctions de lÉglise entreprise sous la politique générale de
«coordination de la prêtrise» a remis laccent sur le rôle du père de présider
les conseils de famille, considérés comme faisant partie du système des conseils qui
doit gérer l'Église et qui sétend jusquau conseil de la Première
Présidence. La famille est considérée comme lunité la plus fondamentale de
l'Église et tous les programmes de lÉglise sont conçus pour fortifier la famille.
Étant donné le rôle de la prêtrise dans le gouvernement de lÉglise, aussi bien
que les enseignements au sujet de la famille, les saints des derniers jours sont
généralement considérés comme encourageant la répartition traditionnelle du travail
en fonction des sexes dans la famille, tout en mettant laccent sur l'autorité du
père par la lignée de la prêtrise. Quand les chercheurs ont demandé qui devait remplir
diverses fonctions dans la famille, les saints des derniers jours ont eu tendance à se
situer haut sur léchelle des croyances traditionnelles concernant qui doit faire
quoi dans une famille (Brinkerhoff et Mackie, 1988). Cependant, dans les recherches dans
lesquelles on demande aux maris et aux femmes ce qu'ils font réellement dans la prise de
décision dans la famille ou comment ils sacquittent de divers devoirs (que
lon considérait traditionnellement comme revenant au mari ou à la femme), les
saints des derniers jours se situent systématiquement haut sur léchelle
égalitaire (Thomas, 1983; Brinkerhoff et Mackie, 1983, 1988). Il ny a pas
dexplication satisfaisante à ces schémas quelque peu paradoxaux.
Lexplication habituelle, à savoir que les pressions égalitaires de lensemble
de la société changent le comportement des maris et des femmes de lÉglise n'est
pas convaincante à la lumière de ces résultats de recherches récentes. Wuthnow
conseille à ceux qui étudient l'influence religieuse de conserver un scepticisme sain à
légard de toute description de la religion «comme une force au service du
conservatisme social» (1973, p. 128). Son conseil semble particulièrement
dapplication à cette question de lattitude et des croyances des saints.
En outre, alors que le père chez les saints des derniers jours reçoit la responsabilité
de diriger la famille, il est attendu de lui quil le fasse dune manière qui
aide chaque membre de la famille à se développer et à sépanouir. Les croyances
des saints soulignent également la nature égalitaire des rapports hommes-femmes. La
doctrine de lÉglise enseigne qu'il y a une Mère dans les cieux aussi bien qu'un
Père, que le fait quÈve ait mangé du fruit défendu a fait avancer le Plan du
salut de Dieu (voir Chute d'Adam), que les femmes doivent accomplir certaines ordonnances
essentielles de la prêtrise dans le temple et que lordre le plus élevé de la
prêtrise et les bénédictions complètes de l'exaltation ne sont accessibles quaux
couples mariés; ni l'un ni l'autre ne peuvent entrer dans l'exaltation sans lautre.
Ce rapport égalitaire entre les hommes et les femmes est symbolisé dans la façon dont
les saints représentent les relations entre Adam et Ève après leur expulsion du jardin
d'Éden. Les deux doivent gagner leur pain à la sueur de leur front et «Ève, sa femme,
travaillait également avec lui» (Moï. 5:1). Il est commandé aux deux doffrir des
sacrifices et ils enseignent tout cela à leurs enfants (Moï. 5:5, 12). Ève se lamente
avec Adam de la méchanceté de leurs enfants et ils prient le Seigneur ensemble (Moï.
5:13-16). Après avoir reçu des informations de Dieu, Ève instruit à son tour Adam de
quelques points de base de l'Évangile (Moï. 5:11).
Un autre accent égalitaire apparaît dans les cérémonies et les ordonnances du temple.
Sil ny avait pas de femmes pour accomplir les ordonnances sacrées de la
prêtrise dans le temple, les ordonnances salvatrices les plus élevées qui doivent se
faire sur terre par les hommes et les femmes ne pourraient pas être accomplies. C'est
symbolique des rapports hommes-femmes en général. Seuls ils restent incomplets tandis
que l'homme et la femme unis réalisent leur potentiel divin le plus élevé.
CROYANCES DES PARENTS ET COMPORTEMENT EN FAMILLE. L'engagement vis-à-vis de la famille
est considéré comme crucial aussi bien pour le mari que pour la femme, bien que celle-ci
ait normalement la responsabilité principale de la gestion du foyer et de
léducation des enfants. Thomas (1988) a étudié un échantillonnage de parents de
lÉglise et a démontré que la mesure dans laquelle maris et femmes partageaient
leurs devoirs dans léducation des enfants était le deuxième élément de
satisfaction dans le mariage. Une recherche plus récente (Thomas et Cornwall, 1990) a
montré que c'est la satisfaction matrimoniale de la femme qui est en rapport étroit avec
le partage de léducation des enfants, alors que la satisfaction matrimoniale du
mari est indépendante du partage de léducation des enfants. Cette constatation
corrobore un schéma général de longue date dans les recherches sur la famille qui
prouve que ce qui se passe dans la vie de famille est plus essentiel à la définition que
la femme donne de la satisfaction que celle que le mari en donne. Cela montre aussi que
les maris dans lÉglise doivent se rendre compte que leur participation accrue aux
soins à donner aux enfants sera l'une des meilleures contributions qu'ils peuvent
apporter à la satisfaction matrimoniale de leur femme. En outre, les familles qui se
situent haut sur léchelle de l'observance religieuse au foyer (prière en famille,
lecture des Écritures et conseil de famille) signalent aussi le plus haut niveau
déducation partagée des enfants.
Dans des résultats apparentés, le fait que le couple ait été marié dans le temple
était le meilleur indicateur que la famille sacquitterait de son observance
religieuse au foyer. Ces données soutiennent la conclusion que le mariage au temple est
lié aux comportements familiaux qui incluent plus d'activités religieuses au foyer, une
participation accrue du mari à léducation partagée des enfants et par conséquent
une satisfaction matrimoniale accrue.
L'accent mis sur la famille chez les saints des derniers jours peut souvent déboucher sur
davantage de relations avec les membres de la famille au sens large. L'Église encourage
les familles à sorganiser à travers les générations pour stimuler
lhistoire familiale et luvre généalogique considérées comme
essentielles au bien-être de la famille dans l'éternité. On discute souvent de cette
uvre lors des réunions de famille. Il nexiste cependant pas de bonnes
recherches comparatives pour savoir dans quelle mesure les familles de lÉglise
diffèrent des autres familles ou leur ressemblent en matière d'interaction avec la
famille au sens large.
L'ÉGLISE ET LE FONCTIONNEMENT DE LA FAMILLE. Ces réalités démographiques signifient
que généralement les familles de lÉglise sont plus grandes, ont plus de chances
déviter le divorce, se caractérisent par leur engagement religieux et des
activités centrées sur l'éducation des enfants et ont besoin de grandes ressources
financières. Outre quils doivent pourvoir aux besoins financiers de la famille,
gérer le ménage et élever les enfants, les adultes ont habituellement un ou plusieurs
appels dans l'Église qui peuvent exiger beaucoup de temps au service d'autrui. Et,
puisque le nombre de femmes de lÉglise qui sont employées en dehors de la maison
est pratiquement égal à la moyenne nationale aux États-Unis (voir Mason, p. 103;
Heaton, 1986, pp. 184, 190), donner la priorité absolue au foyer est un défi véritable.
Quand les enfants grandissent, les parents sont encouragés à les inclure dans les
tâches ménagères, afin que les qualifications et le comportement qui en résulteront
puissent contribuer à la qualité de la vie de famille, aussi bien que les préparer à
avoir de lassurance et de la compétence dans le monde extérieur à la famille. Les
dirigeants de lÉglise sont encouragés à réduire au minimum le temps queux
et les autres membres consacrent à leurs appels et à protéger le temps pour la famille
des intrusions constantes de lextérieur.
Parfois, laccent mis par les activités de lÉglise sur la famille à deux
parents va à lencontre de la vérité que tous les membres ne
sont pas à une étape de la vie où ils peuvent élever des enfants avec un conjoint
dévoué. Ceux qui ne se sont jamais mariés, sont divorcés, sont veufs, sont des parents
seuls ou sont mariés avec une personne qui nest pas membre de lÉglise sont
toujours dans des paroisses de lÉglise et, idéalement, ils sont inclus dans la
communauté des saints. Les collèges de la prêtrise et la Société de Secours ont la
responsabilité dintégrer ces familles aux activités de la paroisse ainsi que de
veiller aux besoins spéciaux. Et, quand les membres dune famille quelconque se
retrouvent dans des activités telles que la consommation de drogue, le divorce ou la
violence dans la famille, l'Église prévoit que les dirigeants fournissent un réseau
d'appui émotionnel, de prévention et de réadaptation.
Bibliographie
Bahr, Howard M.; S. J. Condie et K. L. Goodman. Life in Large Families. Washington, D.C.,
1982.
Brinkerhoff, Merlin B. et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender
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Heaton, Tim B. "The Demography of Utah Mormons". Dans Utah in Demographic
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1986.
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Lee, Harold B. Strengthening the Home. Salt Lake City, 1973 (brochure).
Mason, Jerry. "Family Economics." ln Utah in Demographic Perspective, dir. de
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Smith, W. E. "Mormon Sex Standards on College Campuses, or Deal Us Out of the Sexual
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Thomas, Darwin L. "Future Prospects for Religion and Family Studies: the Mormon
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Id. et Marie Cornwall. "The Religion and Family Interface: Theoretical and Empirical
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Wuthnow, R. "Religious Commitment and Conservatism: ln Search of an Elusive
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Belmont, Calif. , 1973.
DARWIN L. THOMAS
Féminisme
Auteur : Richards, Mary Stovall
Le
féminisme est la croyance philosophique qui prône l'égalité entre femmes et hommes et
cherche à supprimer les inégalités et à réparer les injustices commises contre les
femmes. Loin d'être une idéologie monolithique, la théorie féministe englobe une
variété de vues sur la nature des femmes et plaide en faveur d'une vision plurielle du
monde qui considère comme tout aussi importantes les expérience des femmes de toutes
races et de toutes classes.
Aux États-Unis, le « féminisme » est un terme générique qui englobe une coalition
des femmes et des hommes qui ont en commun leur dévouement à la cause des droits des
femmes, mais qui diffèrent souvent dans les détails relatifs aux objectifs et à la
tactique. Les valeurs personnelles, religieuses et politiques influent toutes sur les
réformes et les mesures pour lesquelles le ou la féministe va opter.
La doctrine de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours converge dans
certains domaines avec les idéaux du féminisme et diffère dans d'autres. Elle insiste
sur l'égalité spirituelle absolue des femmes et des hommes, proclamant que « tous sont
pareils pour Dieu », « noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes?» (2
Néphi 26:33; Galates 3:28). Les dons de l'Esprit sont accordés de manière égale aux
hommes et aux femmes?: «?Et maintenant, il communique sa parole par des anges aux hommes,
oui, non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes?» (Alma 32:23). Les principes des
saints des derniers jours sont, sans équivoque aucune, en faveur du développement de
tout le potentiel de chaque personne sans distinction de sexe.
L'égalité de tous les êtres humains devant le message du Christ est à ce point central
que, durant son ministère terrestre, le Christ a rejeté ouvertement les interdits
culturels qui reléguaient les femmes à un statut d'infériorité spirituelle et
politique. Il reconnaissait lintelligence des femmes?; il les instruisait
directement (Luc 10:38-42) ; il sest présenté à une femme comme étant le Messie,
première affirmation de ce genre que lon trouve dans le Nouveau Testament (Jean
4:26) ; il a guéri des femmes (Matthieu 15:22-28) et a ressuscité une femme d'entre les
morts (Luc 8:49-56). Après sa résurrection, il est dabord apparu à une femme à
qui il a demandé dinformer ses apôtres de ce merveilleux événement (Jean
20:11-18), alors que, selon la loi juive, les femmes nétaient pas considérées
comme étant des témoins juridiquement compétents.
Cette égalité des femmes et des hommes est basée sur le modèle céleste de parents
célestes, Père et Mère, qui ont en commun « tout pouvoir » et à qui «?tout
est soumis?» (D&A 132:20) et qui invitent leurs enfants à imiter leur exemple
d'amour et d'unité parfaits et à devenir comme eux. On enseigne aux mormons que le
pouvoir juste détenu par les parents célestes et partagé avec leurs enfants n'est
jamais coercitif mais se caractérise « par la persuasion, par la longanimité, par la
gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (D&A 121:41). Sil est vrai
que les implications de ces croyances globales sont toujours sujettes à la mise en
application par chacun, hommes et femmes dans lÉglise ont trouvé dans ces points
de doctrine des sources de force spirituelle, et notamment le désir d'en savoir plus sur
notre Mère céleste.
Néanmoins, la doctrine mormone est en désaccord avec plusieurs versions du féminisme,
dont celles qui mettent laccent sur une autonomie féminine excluant les hommes.
Parce que la doctrine de l'Église souligne la nécessité de surmonter les différences
et de créer une unité céleste entre mari et femme pour atteindre l'exaltation (cf. 1
Corinthiens 11:11), la critique féministe radicale à légard de la famille,
quelle considère comme une institution répressive à légard de la femme et
dont elle réclame le remplacement trouve peu décho chez les saints des derniers
jours. Si certaines familles peuvent être répressives et dysfonctionnelles, la plupart
des saints des derniers jours croient que le défaut n'est pas inhérent à la structure.
En fait, la famille est considérée comme étant la source de la plus grande uvre
et de la plus grande joie tant pour les femmes que pour les hommes, pas seulement sur
terre mais aussi dans l'éternité.
Bibliographie
Beecher, Maureen Ursenbach, et Lavina Fielding Anderson, dir. de publ. Sisters in Spirit:
Mormon Women in Historical and Cultural Perspective. Urbana, Ill., 1987.
Dialogue 6, été 1971, et 14, hiver 1981. Les deux numéros présentent un certain nombre
darticles sur les femmes dans lÉglise.
Donovan, Josephine. Feminist Theory: The Intellectual Traditions of American Feminism. New
York, 1985.
MARY STOVALL RICHARDS
Femmes dans le Livre de Mormon
Auteurs: BOWEN, DONNA LEE et WILLIAMS, CAMILLE S.
On peut
tirer certaines conclusions générales concernant les femmes du Livre de Mormon à partir
des passages fragmentaires du livre sur le mariage, la famille et l'organisation
religieuse. Six femmes sont mentionnées par leur nom: Sariah, Isabel, Abish, Ève, Sara
et Marie. Puisque aucune femme n'est mentionnée comme dirigeante religieuse ou militaire
et un petit nombre seulement comme dirigeantes politiques, il apparaît que les hommes
détenaient quasiment tous les postes de direction dans cette société. En outre, comme
il a été écrit principalement pour rappeler à de futurs lecteurs la bonté de Dieu et
pour les persuader de croire au Christ, le Livre de Mormon ne contient aucun livre de loi
et peu dhistoire intellectuelle ou sociale traitant de la combinaison des pratiques
familiales et religieuses. Il est cependant raisonnable de supposer que ces peuples ont
commencé avec beaucoup de coutumes semblables à celles de leurs cultures sémitiques
héréditaires et que leurs pratiques ont changé quelque peu au cours des années.
Le mariage et lenfantement, investis dune importance et de responsabilités
religieuses, étaient un fait de la société néphite (1 Né. 7:1; Mos. 4:14-15; 4 Né.
1:11). Le mariage était peut-être arrangé dans les groupes ethniques (1 Né. 16:7; Al.
17:24) et limités à lextérieur de certains groupes (Al. 3:8). La polygamie et le
concubinage étaient interdits et dédaignés; la monogamie était de règle sauf si le
Seigneur voulait se «susciter une postérité» (Jcb. 2:27-30).
Il était attendu des maris et des femmes quils soient fidèles lun à
lautre (Jcb. 3:7). Il y a un cas qui prouve qu'une épouse avait de la valeur même
si elle était incapable de concevoir. Le roi jarédite Coriantum, qui était un juste,
reste avec son épouse stérile jusqu'à sa mort à l'âge de 102 ans. Il épouse alors
une jeune servante et engendre des fils et des filles (Ét. 9:23-24). Il est de même
considéré comme un signe de grande méchanceté que les prêtres du roi Noé abandonnent
leurs familles. Tandis qu'ils se cachent, ils enlèvent vingt-quatre femmes lamanites pour
les épouser. Mais quand les Lamanites de leur tribu découvrent et veulent tuer les
prêtres plusieurs années après, ces femmes plaident fidèlement pour que leurs maris
aient la vie sauve (Mos. 23:33).
Les hommes étaient censés entretenir leurs épouses et leurs enfants, de même que les
veuves et les enfants des hommes tués à la guerre (Mos. 21:17). Les hommes devaient
prier pour leur ménage (Al.34:21) et beaucoup prenaient les armes pour défendre leurs
familles.
Les deux parents se préoccupaient de leur progéniture (1 Né. 5:1-7; 8:37). Léhi bénit
ses petites-filles et petits-fils et leur fait des recommandations (2 Né. 4:3-9). On
enseignait aux enfants à honorer leurs père et mère. Hélaman lAncien et ses
2.000 jeunes guerriers attribuent à leurs mères ammonites le mérite de leur avoir
inculqué la foi que «sils ne doutaient pas, Dieu les délivrerait» (Al. 56:47).
Dans la vie religieuse, les femmes participaient aux assemblées au temple (Jcb. 2:7; Mos.
2:5-8), instruisaient leurs enfants concernant Dieu (Al. 56:46-47) et offraient des
sacrifices (1 Né. 5:9). De toute évidence, elles nétaient pas exclues du culte ni
isolées au cours de celui-ci (2 Né. 26:28-33); il ny a aucune indication non plus
qu'elles aient été considérées comme rituellement impures pendant la menstruation.
LÉvangile enseigné par les Néphites et par le Christ dans le Livre de Mormon
sadresse à tous, quels que soient le sexe, l'âge ou lorigine (2 Né. 26:33;
Mos. 27:25; Al. 11:44; 32:23; 3 Né. 17:25). Le baptême était offert à tous les hommes
et femmes qui croyaient (Mos. 18:16; Mro. 9:10). Les femmes faisaient preuve dune
foi profonde et étaient mises à l'épreuve par de grands sacrifices. À Ammonihah, des
femmes sont brûlées vives avec leurs enfants pour avoir refusé de renoncer à leur foi
au Christ (Al.14:7-11). Apparemment le liahona répondait à la foi et à la diligence
collectives du groupe entier, hommes et femmes (1 Né. 16:28).
Pendant les années passées dans le désert, les femmes léhites travaillèrent dur et
étaient fortes, mais on ne sait rien de leurs activités, à part la grossesse et
l'accouchement. Le filage est le seul travail explicitement attribué aux femmes (Mos.
10:5; Hél. 6:13). La danse chez les femmes est associée aux loisirs et parfois à la
méchanceté (1 Né. 18:9; Mos. 20:1; Ét. 8:10-11). Les prostituées échangeaient leurs
faveurs contre leur entretien (Mos. 11:14).
Politiquement, les femmes avaient des droits de succession au trône chez les Lamanites,
parce que quand Amalickiah assassine un roi lamanite, le règne passe à la reine,
qu'Amalickiah épouse alors pour obtenir le trône (Al. 47:32-35). Dans des crises
extrêmes les femmes prenaient les armes à la guerre aux côtés de leurs maris (Al.
54:12; 55:17; Ét. 15:15).
On ne constate pas d'attribution de tâches dans la famille ou dans lensemble de
léconomie le commerce, les semailles et les moissons et lentretien des
animaux. Il est certain que les cycles de colonisation, d'agriculture, d'urbanisation, de
guerre, de destruction et de renouveau, aussi bien que les différents systèmes de
croyances ont affecté la façon de vivre des familles et la manière de travailler.
Les femmes du Livre de Mormon Sariah, Abish et Isabel peuvent être considérées non
seulement comme des figures historiques mais également comme des archétypes
respectivement de la mère juste, de la servante pieuse et de létrangère attirante
mais sexuellement impure.
Sariah est la mère fidèle des nations néphite et lamanite. Elle quitte une maison
confortable près de Jérusalem avec Léhi et leur famille pour subir les rigueurs de la
traversée du désert et de l'océan, donnant naissance à deux autres fils, Jacob et
Joseph, à un âge avancé tandis quils sont dans le désert (1 Né. 18:7, 17-19).
Elle se plaint de Léhi quand elle pense que leurs fils sont morts, mais affirme son appel
et la puissance de Dieu quand ils reviennent sains et saufs (1 Né. 5:2-8). Avec Léhi
elle offre un sacrifice dactions de grâces. Elle est mère de six fils et dau
moins deux filles (2 Né. 5:6).
Abish, convertie lamanite dune foi exceptionnelle, servante de la reine du roi
Lamoni, reconnaît que cest la puissance de Dieu qui a accablé le roi, la reine et
Ammon quand ils tombent à terre sans connaissance; elle rassemble le peuple pour
quil soit témoin de l'événement, puis elle touche la reine pour la relever quand
la confusion de la foule se transforme en querelle. Beaucoup vont croire au témoignage de
la reine revenue à elle, qui relève alors le roi, lequel va également témoigner de
Jésus (Al. 19:16-36).
Isabel, selon Alma le Jeune (Al. 39:3-4), est une prostituée qui en séduit beaucoup,
dont Corianton, fils d'Alma, qui pendant un certain temps abandonne le ministère pour
aller après elle (Al. 39:3).
Les trois autres femmes qui ont un nom sont des figures bibliques: Ève (par exemple, 2
Né. 2:15-20; cf. plusieurs mentions de «nos premiers parents», par exemple 2 Né. 9:9),
Sara (2 Né. 8:2) et Marie, mère de Jésus (par exemple, Mos. 3:8). Ève est mentionnée
dans le contexte d'une explication de la doctrine de la chute d'Adam, précurseur du salut
de l'humanité. Sara est reconnue comme mère fidèle des nations. Marie est qualifiée de
«vierge d'une très grande beauté et plus belle que toutes les autres vierges» (1 Né.
11:15).
Il y a, dans le Livre de Mormon, d'autres femmes qui ne sont connues que par les actes
quelles posent: la femme de Néphi 1, une fille d'Ismaël, essaie dadoucir des
curs mauvais par ses larmes (1 Né. 7:19; 18:19); la femme d'Ismaël et trois de
leurs filles soutiennent Néphi (1 Né. 7:6); une servante se sauve du camp de Morianton
après avoir été violemment battue par lui, pour avertir Moroni 1 des plans de son
maître rebelle (Al. 50:30-31); une fille de Jared ourdit un complot pour regagner le
royaume pour son père par la séduction, la violence et la duperie (Ét. 8-9); deux
reines lamanites sont converties par les fils de Mosiah 2 (Al. 19:29-30; 22:19-24).
Peut-être que, comme dans certaines cultures sémitiques daujourd'hui, la manière
officielle ou plus polie de désigner une femme était-elle non dutiliser son nom,
mais de décrire sa place dans la famille, comme «la fille de Jared». Les autres femmes
désignées de cette façon sont la femme d'Ismaël, les filles d'Ismaël, la fille
aînée d'Ismaël, femme de Zoram, les filles de Léhi et les surs de Néphi, la
fille de Lamoni et les filles impénitentes de Coriantumr.
Le comportement et le traitement des femmes étaient considérés comme un indice de
santé sociale et spirituelle. Beaucoup dallusions aux femmes concernent leurs
souffrances pendant la guerre, la captivité et les vicissitudes. Néphi et ses frères
mesurent la difficulté de leurs voyages en termes de souffrances de leurs femmes, bien
que Néphi souligne que les femmes sont rendues fortes comme les hommes, alors que ses
frères décrivent les souffrances de leurs épouses comme pires que la mort (1 Né. 17:1,
20). Jacob établit un vif contraste entre l'infidélité masculine et la tendresse des
femmes (Jcb. 2-3); il décrit l'immoralité comme étant la cause de l'effondrement de la
famille et de la société. L'inhumanité et la dépravation des civilisations mourantes
sont également décrites en termes de souffrances de la part des femmes: les Lamanites
font manger aux femmes et aux enfants la chair de leurs maris et pères morts (Mro. 9:8);
les femmes néphites sont sacrifiées aux idoles (Mrm. 4:15, 21); les Néphites violent
les femmes lamanites capturées, les torturent à mort et ensuite mangent leur chair comme
marque de leur courage (Mro. 9:9-10).
Une grande partie des images impliquant les femmes du Livre de Mormon correspond à celles
de la Bible. Par exemple, le Christ compare ses efforts pour rassembler les repentis à
une mère poule rassemblant ses poussins sous ses ailes. Comme dans Proverbes 3:13-20, la
sagesse est féminine (Mos. 8:20), de même que la miséricorde (Al. 42:24). Il arrive que
des images féminines soient appliquées au Seigneur, comme dans le cas de limage de
la mère allaitant son enfant utilisée pour dire que le Seigneur console et se rappelle
les enfants de son alliance (1 Né. 21:15).
Dans un sens, la femme est l'image du peuple de Dieu. Le langage figuré biblique faisant
de Dieu lépoux et de son peuple lépouse se poursuit dans le Livre de Mormon,
essentiellement dans les écrits d'Ésaïe. Israël décadent est décrit comme dépourvu
d'hommes honorables, du fait quils considèrent les femmes comme des objets sexuels
décoratifs (2 Né. 13:16-26; És. 3:16-26). Quand le peuple de Dieu lui devient
infidèle, il est qualifié de «prostituée de toute la terre» (2 Né. 10:16). Quand il
appelle son peuple au repentir, le Seigneur pose la question rhétorique : «T'ai-je
répudié
Où est la lettre de divorce par laquelle j'ai répudié votre mère?» (2
Né. 7:1; És. 50:1). Les images de la mère trop faible pour nourrir son enfant et de la
femme enceinte si proche de laccouchement quelle ne peut pas fuir la
destruction servent à motiver les Néphites à se repentir (Hél. 15:1-2); la femme dont
les enfants sont perdus est l'image de la désolation (1 Né. 21:20-21). Ceux qui
acceptent le «mariage» avec le Seigneur éprouveront une joie aussi abondante que celle
d'une femme stérile qui devient mère de beaucoup denfants et le Seigneur console
son peuple en disant: «Car ton créateur est ton époux: le Seigneur des armées est son
nom
Dans un instant de colère, je t'avais un moment dérobé ma face, mais avec un
amour éternel j'aurai compassion de toi, dit ton Rédempteur, le Seigneur» (3 Né. 22:1,
5-8; Es. 54:1, 5-8).
Bibliographie
Spencer, Marjorie Meads. «My Book of Mormon Sisters». Ensign 7, sept. 1977, pp. 66-71.
DONNA LEE BOWEN et CAMILLE S. WILLIAMS
Femmes, rôle des:
Évolution historique et sociologique
Auteur: BECK, MARTHA NIBLEY
Les
croyances des saints créent une identité féminine très particulière qui encourage les
femmes à développer leurs capacités dindividus potentiellement divins, tout en
affirmant que les activités les plus importantes pour les hommes et les femmes sont
centrées sur la création et lentretien de relations familiales.
Le potentiel éternel des femmes a toujours été basé sur le canon doctrinal, qui est
resté essentiellement inchangé depuis que lÉglise a été organisée. Cependant,
le rôle temporel des femmes a pris différentes formes selon les situations auxquelles
lÉglise a dû faire face à divers moments de son histoire. À travers toutes les
périodes historiques, lapplication aux circonstances pragmatiques de la perspective
théologique à légard des femmes a signifié que les membres féminins de
lÉglise ont toujours joué un rôle central qui a assuré le succès du mormonisme
comme religion et comme société.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE FORMATRICE DE LÉGLISE (1830-1847). Comme le font
typiquement la plupart des adhérents des religions nouvellement créées qui cherchent
leur place, les premiers saints des derniers jours réagissaient aux tensions en donnant
à la vie de tous les jours une orientation intensément spirituelle. Bien que
lautorité pour administrer la plupart des ordonnances et pour présider la plupart
des assemblées ait été limitée à une prêtrise masculine, les dons de lEsprit
nétaient pas considérés comme appartenant aux hommes uniquement. Les femmes
recevaient la révélation personnelle, guérissaient les malades, prophétisaient les
événements futurs et accomplissaient diverses autres actions qui nécessitaient des dons
spirituels. La foi de ces femmes et leur capacité de développer des qualités
spirituelles furent essentielles pour maintenir lÉglise en vie pendant ses
premières années difficiles. Elles votaient sur les affaires de lÉglise, aidaient
aux cérémonies du temple et contribuaient aux activités dentraide. En tant que
groupe, les femmes obtinrent une identité ecclésiastique par la création de la
Société de Secours, que le prophète Joseph Smith considérait comme partie intégrante
et essentielle de lÉglise. De plus, les femmes fournissaient une grande partie du
travail physique, soignaient les malades et les blessés, aidèrent à la création
dune succession de nouvelles communautés et soccupaient des besoins des
membres dont les familles avaient affronté des difficultés.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION (1847-1920). Lémigration à
grande échelle des saints des derniers jours hors du Midwest des États-Unis vers la
région peu peuplée du Grand Bassin de lOuest marqua le commencement de la
consolidation de la religion mormone. Séparés de la civilisation anglo-américaine
dominante par des centaines de kilomètres de territoire hostile et non colonisé, les
saints des derniers jours pouvaient créer leur communauté selon les directives dictées
par leur religion. Parmi les pratiques sociales qui devinrent importantes après la
migration vers lOuest et qui eurent un impact important sur la vie des femmes, il y
eut le mariage plural et laffectation des hommes adultes à de longues tournées
comme missionnaires de lÉglise. Une femme dont le mari divisait son temps entre des
épouses multiples et/ou le service missionnaire était souvent obligée de pourvoir toute
seule au soutien matériel et émotionnel de ses enfants et delle-même.
La croissance de la population et sa socialisation dans lÉglise furent des facteurs
importants de la consolidation et du renforcement de lorganisation de lÉglise
et une grande partie de cette responsabilité incomba aux femmes. À cause de
labsence de leurs maris, les femmes étendirent leur rôle en tant que «mères en
Sion» dans des domaines qui nétaient généralement pas liés à la domesticité
féminine du XIXe siècle. Le président Brigham Young encouragea léducation des
filles et des garçons dans «les us et coutumes des royaumes et des nations éloignés,
avec leurs lois, leur religion, leur localisation géographique
leur climat, leurs
productions naturelles, lampleur de leur commerce et la nature de leur organisation
politique» (JD 9:188-89; Widtsoe, p. 211). Il proposa également que les femmes
«tiennent des registres et vendent des marchandises» (JD 12:374-75; Widtsoe, p. 218), et
les exhorta «à voter
parce que les femmes sont les personnalités qui dominent
lurne électorale» (JD 1:218; Widtsoe, p. 367). Certaines femmes de lÉglise
participèrent à des actions politiques relatives à leur sexe, comme le montre le fait
quelles furent la deuxième population féminine, après celle du Wyoming, à voter
lors dune élection nationale.
Les exhortations du président Young montrent une conception de la responsabilité
féminine tirée aussi bien de la croyance que les femmes et les hommes sont éligibles
pour la même «progression éternelle» que de la dépendance de lÉglise
dUtah de lépoque vis-à-vis du maintien dune population féminine
capable et inventive. La réponse des femmes à la nécessité de développer de larges
capacités pratiques et à un dévouement intense à la famille forgea une image des
femmes mormones qui résultait de facteurs pratiques aussi bien que religieux au cours de
cette période.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE DEXPANSION (1920 à nos jours). Pendant tout le
début des années 1900, lidéal des convertis sassemblant en Utah de tous les
coins du globe pour édifier une «Sion» isolée se transforma graduellement en la
volonté détablir lÉglise dans beaucoup de différents pays et cultures. Ce
changement, accompagné de lintrusion de colons non membres en «pays mormon»,
obligea lÉglise à affronter le problème social de lintégration de ses
membres à des sociétés non mormones. Lun de ces problèmes fut la délimitation
et la formulation de la position des femmes de lÉglise; cependant, le rôle des
femmes nétait pas un sujet qui suscitait beaucoup de polémique.
La place centrale de la famille dans la culture et la doctrine des saints sadaptait
facilement à lidéal victorien populaire du XIXe siècle du rôle hautement, pour
ne pas dire exclusivement, domestique des femmes. La nécessité de consolider
lÉglise en tant que communauté et en tant quorganisation fut remplacée par
le désir de former une population stable qui pourrait sadapter confortablement dans
les cultures ambiantes, en particulier la culture des États-Unis.
Jusquà la dernière moitié du XXe siècle, le rôle traditionnel des femmes opposa
peu dobstacles à la réalisation de ce but. Comme lindustrialisation poussait
progressivement la sphère des hommes américains hors de la maison, et celle des femmes
de plus en plus dedans, la plupart des saints des derniers jours suivirent simplement le
modèle de la société profane. Conformément à sa doctrine centrée sur la famille,
lÉglise soutint aisément lidéal des femmes ménagères, épouses et mères.
Le succès du féminisme dans les années 1970 présenta aux femmes de lÉglise un
ensemble complexe dattentes et de priorités qui se faisaient concurrence. Les
analyses profanes opposaient la réalisation des buts personnels ou lavancement de
la personne au dévouement à la famille; les croyances des saints définissent les deux
comme inextricablement entrelacés.
Le décalage entre les croyances religieuses des saints et la base théorique de la
société profane met les femmes de lÉglise daujourdhui devant un
ensemble de dilemmes en ce qui concerne leur rôle. Dune part, la doctrine de
lÉglise et les exemples historiques dautres femmes de lÉglise leur ont
inculqué la double croyance quelles doivent développer leurs capacités
personnelles et quelles doivent centrer leur vie sur leur famille. Dautre
part, comme toutes les femmes, elles agissent dans le contexte social général de
systèmes juridiques, politiques et économiques dans lesquels ces deux idéaux sont
parfois considérés comme sexcluant mutuellement.
Bibliographie
Arrington, Leonard J., et Davis Bitton. "Marriage and Family Patterns." Dans The
Mormon Experience: A History of the Latter-day Saints, pp. 185-205. New York, 1979.
Beecher, Maureen et Lavinia F. Anderson, dir. de publ.. Sisters in Spirit: Mormon Women in
Historical and Cultural Perspective. Chicago, 1987.
LeCheminant, Ileen Ann Waspe. "The Status of Women in the Philosophy of Mormonism,
1830-1845." Thèse de maîtrise, Brigham Young University, 1942.
Shipps, Jan. Mormonism: The Story of a New Religious Tradition. Chicago, 1985.
Young, Brigham. The Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, pp.
194-218. Salt Lake City, 1977.
MARTHA NIBLEY BECK
Femmes,
rôle des: Les principes de lÉvangile et le rôle des femmes
Auteurs: SMITH, BARBARA B. et THOMAS, SHIRLEY W.
Le rôle
actuel des femmes dans la société mormone est singulier dans la mesure où il est le
reflet des enseignements et de la doctrine de lÉglise. Lun des plus
fondamentaux de ceux-ci est le libre arbitre individuel ou le droit de choisir.
Conformément à ce point de doctrine, le rôle dune femme varie selon sa situation
et les choix quelle fait dans le contexte des croyances de lÉglise; elle peut
remplir plusieurs rôles simultanément.
Lune des fonctions des femmes est lattention constante aux besoins des autres
non seulement la famille mais tous ceux qui sont à la portée de leur aide. La
plupart soignent personnellement en période de maladie, de décès ou dautres
crises de la vie, mais souvent elles agissent dans un effort concerté avec dautres
membres de la Société de Secours. «Porter les fardeaux les uns des autres, afin qu'ils
soient légers» (Mos. 18:8) est un principe et une attente liés à lessence même
de lappartenance dune femme à lÉglise (voir Baptême; Fraternité).
Le fait de soccuper de ceux qui sont dans le besoin amène souvent les femmes à
élaborer de meilleures manières de gérer les problèmes et dacquérir des
qualifications spécialisées. Au début de lhistoire de lÉglise, les femmes
devinrent infirmières, sages-femmes et médecins; certaines fondèrent des hôpitaux et
des services pédiatriques, tandis que dautres créaient des écoles pour les jeunes
(voir Deseret Hospital, Maternité et pédiatrie). Elles créèrent également des
industries locales, entretinrent des cultures prospères de la soie et mirent sur pied un
grand programme densilage de blé (voir Entraide).
La communauté des saints des derniers jours dans les montagnes de lOuest,
peut-être à cause de la polygamie, peut-être parce que les hommes étaient souvent
partis en mission, accordait une indépendance peu commune aux femmes et une
interdépendance parmi les épouses polygames. Ces conditions fournirent à la fois
limpulsion et la possibilité aux femmes dacquérir une éducation et une
formation rares chez les femmes de leur temps. Aujourdhui, et ce nest pas
moins typique, les femmes de lÉglise continuent à aider «à promouvoir et à
établir la cause de Sion» (D&A 6:6). Elles prennent soin des pauvres et des malades,
font des missions de prosélytisme, dentraide et humanitaires et instruisent les
enfants et les jeunes, réalisant leur contribution au bien-être temporel et spirituel
des saints.
Le rôle de compagne est celui qui est le plus souvent attribué aux femmes de
lÉglise. Adam «commença à cultiver la terre» et «Ève, sa femme travailla
aussi avec lui» (Moï. 5:1). Le président Spencer W. Kimball a fait remarquer que les
femmes sont «partenaires à part entière» avec les hommes (Kimball, p. 42). Cette
compagnie ne se limite pas au partenariat du mari et de la femme mais comprend les femmes
qui uvrent en coopération avec les hommes (par exemple, la prêtrise et la
Société de Secours) pour accomplir luvre de lÉglise. Depuis le
début, «les femmes de lÉglise votent côte à côte avec les hommes sur toutes
les questions proposées au vote des membres de lÉglise
une idée
progressiste en 1830 quand aucune femme et peu dhommes votaient dans les églises et
où peu de femmes jouissaient des droits politiques» (History of the Relief Society p.
102).
À la base de ce rôle de compagne il y a légalité inhérente des hommes et des
femmes suggérée par le récit de la Création: «À l'image de son corps, il créa
l'homme et la femme, il les bénit» (Moï. 6:9). Les dons spirituels, les promesses et
les bénédictions du Seigneur sont donnés à ceux qui se qualifient, quel que soit leur
sexe. La réception des dons spirituels est fonction de lobéissance, pas du sexe
(D&A 46:9-25).
Bruce R. McConkie du Conseil des Douze a souligné légalité des hommes et des
femmes dans les choses de lesprit:
«Pour ce qui est des choses spirituelles, comme ce qui concerne tous les dons de
lEsprit, la réception de révélations, lacquisition dun témoignage et
la réception de visions, pour tout ce qui touche au divin et à la sainteté et qui se
réalise en conséquence de la justice personnelle dans toutes ces choses hommes et
femmes se trouvent en situation
dégalité devant le Seigneur» [Ensign 9,
juin 1979, p. 61].
Les ordonnances du temple sont une autre preuve que «dans le Seigneur, la femme
nest point sans lhomme, ni lhomme sans la femme» (1 Co. 11:11).
«Il faut remarquer que les bénédictions les plus élevées qui y sont accessibles [dans
le temple] ne sont conférées que conjointement à un homme et à une femme. Ni lun
ni lautre ne peut les recevoir seul. Dans lÉglise du Christ, la femme
nest pas une adjonction à mais une partenaire égale à lhomme» [Widtsoe, p.
373].
Les femmes et les hommes, bien que jouissant dun statut égal, remplissent certains
rôles séparés et différents dans luvre de lÉglise. Aux hommes est
donnée la responsabilité de détenir la prêtrise avec de nombreux devoirs prescrits. Le
rôle des femmes est défini avec moins de précision, bien quétant non moins
réel. Selon Neal A. Maxwell, du Collège des Douze:
«Nous savons tellement peu de choses sur les raisons de la répartition des devoirs entre
femmes et hommes aussi bien quentre mères et prêtrise. Ils ont été définis par
Dieu à une autre époque et à un autre endroit. Nous sommes habitués à nous concentrer
sur les hommes de Dieu parce quils ont la ligne de prêtrise et de leadership. Mais
en parallèle avec cette ligne dautorité, il y a un véritable courant
dinfluence constructive, reflet des femmes remarquables qui ont existé à toutes
les époques et dans toutes les dispensations, y compris la nôtre» [Maxwell, p. 94].
Exerçant une influence bénéfique, les femmes remplissent une foule de tâches dans
lÉglise: elles président, dirigent et constituent le personnel des organisations
pour les femmes (Société de Secours), les Jeunes Filles (jeunes filles) et les enfants
(Primaire) aux niveaux paroisse, pieu et général; elles donnent les cours de doctrine de
lÉvangile pour les adultes, les jeunes et les enfants; elles dirigent les
churs et les uvres théâtrales; elles officient dans les cérémonies de
temple; elles sont membres des comités dentraide à tous les niveaux de
lÉglise et elles organisent des manifestations culturelles et récréatives
auxquelles tous les membres participent.
Les femmes de lÉglise accomplissent également des rôles sociaux en tant que
médecins, avocats, professeurs, spécialistes en économie domestique, administrateurs,
enseignantes, auteurs, secrétaires, artistes et femmes daffaires. En plus, beaucoup
ont des fonctions dans la collectivité, la politique et le bénévolat. Conformément à
la croyance des saints que lendroit où les parents font le plus de bien est dans
leur propre foyer et quaucune autre activité ne doit avoir la préséance sur leurs
préoccupations pour la famille, les membres sont invités à prendre des décisions
essentielles en ce qui concerne leur effet sur la famille. Cette priorité de la famille
influence inévitablement les attentes en ce qui concerne le rôle des femmes, notamment
celui de mère, dépouse, de ménagère et denseignante. On leur apprend dès
leur jeunesse à se préparer au mariage et au ménage aussi bien quà un métier.
Camilla Kimball, épouse de Spencer W. Kimball, a conseillé à chaque fille et à chaque
femme: «Qualifiez-vous dans deux métiers: celui de ménagère et celui de vous préparer
un gagne-pain en dehors de la maison pour le cas où la situation lexigerait. Une
femme mariée peut devenir veuve sans avertissement
. Elle peut donc se trouver dans
la nécessité de gagner elle-même sa vie et dentretenir ses enfants dépendants»
(Ensign 7, mars 1977, p. 59).
Depuis longtemps, les dirigeants de lÉglise exhortent les femmes, aussi bien à
titre individuel quen tant que groupe, à faire toutes les études quelles
peuvent, à consacrer leur «temps à écrire et à apprendre beaucoup» (D&A 25:8).
Les femmes ont été encouragées à faire des études non seulement pour leur propre
épanouissement mais également parce que cela contribue à les aider à faire du foyer un
lieu dinstruction et de raffinement et pour son importance dans la vie des enfants.
Même si la formation et léducation peuvent ouvrir beaucoup de perspectives de
carrière pour les femmes, le rôle de mère est dominant pour celles qui ont de jeunes
enfants et elles sont invitées à utiliser leur formation au profit de leurs enfants.
LÉglise na pas dopposition de principe à ce que les femmes travaillent
en dehors de la maison et reconnaît leurs apports dans la vie de la société. Marvin J.
Ashton du Collège des Douze a expliqué que «la femme doit se sentir libre daller
sur le marché du travail et au service de la collectivité que ce soit comme salariée ou
comme bénévole si elle le souhaite, quand sa situation familiale lui permet de le faire
sans que cela empiète sur elle» (Ashton, p. 93). Il est clair que certaines mères sont
obligées de travailler pour entretenir leurs enfants, mais on espère quautant que
possible, les mères avec des enfants dans la maison feront de la maison leur carrière
prioritaire.
Toutes les femmes sont des filles de la «glorieuse mère Ève» (D&A 138:39) qui, en
tant que «mère de tous les vivants» (Moï. 4:26), a laissé un legs qui est
lhéritage de toute femme. Ce rôle dépasse le soin de la famille immédiate. Il
décrit une nature et une attitude qui sont fondamentales pour toutes les femmes. Le
président Harold B. Lee a exprimé ceci quand il sest adressé aux femmes de
lÉglise assemblées au Tabernacle: «Vous, mères de lÉglise
.» (voir
Mère en Israël). Toute femme, quel que soit son statut familial, appel ou métier joue
le rôle de quelquun qui éduque, encourage, console; qui donne de lamour et
qui protège et préserve la famille.
Bibliographie
Ashton, Marvin J. "Woman's Role in the Community." Dans Woman. Salt Lake City,
1979.
History of the Relief Society, 1842-1966. Salt Lake City, 1966.
Kimball, Spencer W. "Privileges and Responsibilities of Sisters." New Era 9,
janvier 1979, p. 42.
Maxwell, Neal A. "The Women of God." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
Widtsoe, John A. "The "Mormon' Women." Relief Society Magazine 30,
juin-juillet 1943, pp. 372-375.
BARBARA B. SMITH
SHIRLEY W. THOMAS
Finances de l'Église
Auteurs : EDGLEY, RICHARD et EDLING, WILFORD G.
La force financière de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours découle
principalement de l'engagement de ses membres vis-à-vis du principe scripturaire de la
dîme et d'autres formes de contributions et de service volontaires. La collecte et les
dépenses de tous les fonds sont soigneusement gérées dans le monde entier selon des
procédures standard et sous la supervision directe de la Première Présidence. L'Église
a également des investissements et des réserves financières limités dans le cadre de
sa stratégie générale pour alimenter des programmes ecclésiastiques de plus en plus
étendus. La gestion de tous les fonds est régulièrement apurée conformément à des
pratiques financières éprouvées.
Les saints des derniers jours prennent au sérieux le commandement de payer la dîme et
les promesses faites par le Seigneur dans l'Ancien Testament :
«Un homme trompetil Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi
t'avonsnous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la
malédiction, et vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez à la maison du
trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ;
mettezmoi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si
je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la
bénédiction en abondance» [Mal. 3:8-10].
Cette loi des finances pour l'Église de Dieu a été réitérée dans les Écritures
modernes. En 1838, le Seigneur a souligné cette loi importante dans une révélation
donnée au prophète Joseph Smith et a défini la dîme comme étant «annuellement un
dixième de tous leurs revenus» (D&A 119:4).
Les années précédant le début du XXe siècle furent financièrement pénibles pour la
jeune église en difficulté à cause de la dépression des années 1890 et de la
confiscation des fonds de l'Église pendant la longue campagne du gouvernement fédéral
contre la polygamie. En mai 1899, Lorenzo Snow, président de l'Église, se rendit,
malgré son grand âge, de Salt Lake City à St-George (Utah) pour réconforter les
membres dont les terres subissaient une sécheresse catastrophique. Les cours deau
et les puits étaient asséchés et ils étaient menacés de famine. Pendant cette visite,
le président Snow fut inspiré dévoquer les paroles de Malachie et de promettre
aux saints, dans leur situation de grand dénuement, que s'ils payaient une dîme
honnête, les «écluses des cieux souvriraient». Les saints lécoutèrent,
la pluie vint et la population fut bénie (Cowan, pp. 15-18).
À partir de cet événement, le principe de la dîme connut une importance renouvelée
dans toute l'Église. Les membres réagirent avec un engagement et une foi accrus et, en
quelques années, l'Église fut financièrement saine et lest restée depuis. Par la
foi et les sacrifices de ses membres, l'Église a pu faire face à une croissance mondiale
régulière. Les saints des derniers jours considèrent le paiement de la dîme comme une
bénédiction et parlent souvent des bénédictions spirituelles et financières qui ont
découlé de l'obéissance à cette loi.
En plus de payer la dîme, les membres peuvent contribuer à plusieurs fonds spécialement
conçus (voir Contributions financières). Le premier dimanche de chaque mois, les membres
jeûnent deux repas et donnent, au minimum, l'équivalent en argent de deux repas au fonds
doffrandes de jeûne utilisé exclusivement pour aider les pauvres et les
nécessiteux. Le soutien des missionnaires est avant tout une responsabilité familiale.
Depuis le 1er janvier 1991, le coût mensuel pour les missionnaires et leurs familles a
été normalisé dans le monde entier aux dépenses mensuelles moyennes des missionnaires.
Cependant, les membres sont également invités à contribuer pour aider les missionnaires
qui ont des finances insuffisantes.
GESTION FINANCIÈRE. La collecte et lutilisation des fonds se pratiquent selon des
procédés de gestion de trésorerie éprouvés. La dîme est donnée à la paroisse ou à
la branche locale et est remise à ladministration de l'Église qui a reçu
compétence en la matière. Les bureaux interrégionaux et régionaux de par le monde
collectent et dépensent les fonds selon les directives des officiers présidents au
siège de lÉglise.
Les fonds du don de jeûne sont recueillis dans les paroisses où ils sont d'abord
utilisés pour prendre soin des nécessiteux de la paroisse. Lexcédent des dons de
jeûne dont on na pas besoin localement est envoyé au siège de lÉglise ou
aux bureaux interrégionaux. Tous les déficits causés par le soin des pauvres dans
l'unité locale sont comblés par les dons de jeûne excédentaires des fonds généraux.
Cest ce qui permet à lévêque local de répondre aux besoins de sa paroisse
en matière d'entraide.
Le 8 juillet 1838, le prophète Joseph Smith reçut une révélation précisant la
méthode à suivre pour lutilisation de la dîme reçue par l'Église : «En
vérité, ainsi dit le Seigneur, le temps est maintenant venu où leur affectation [des
dîmes] sera décidée par un conseil composé de la Première Présidence de mon Église,
de l'évêque et de son conseil, et de mon grand conseil» (D&A 120:1).
Plus tard fut créé le Conseil dAffectation des dîmes, comprenant la Première
Présidence de l'Église, le Collège des douze apôtres et l'Épiscopat président. Ce
conseil se réunit régulièrement et supervise les dépenses de tous les fonds de
lÉglise dans le monde entier. Il approuve les budgets et la stratégie financière
et définit la politique financière.
Deux sous-comités du Conseil dAffectation des dîmes sont le Comité du Budget et
le Comité dAllocations. Les deux comités comprennent la Première Présidence, des
membres choisis du Collège des douze apôtres et les membres de l'Épiscopat président.
Le Bureau du Budget de lÉglise fournit un appui en personnel à la Première
Présidence et donne lorientation administrative générale à la préparation du
budget annuel de lÉglise. Au début de chaque cycle budgétaire annuel, des
directives concernant le budget sont données aux chefs de service des départements
administratifs de lÉglise, aux bureaux internationaux, aux missions, aux temples et
à d'autres unités. Cest en fonction de ces directives que les budgets sont
élaborés aux niveaux de responsabilité les plus bas et scrupuleusement passés en revue
par les divers niveaux de gestion et de conseils. Le Comité du Budget se réunit
périodiquement pour faire un passage en revue approfondi du budget et pour formuler des
recommandations en matière de budget au Conseil dAffectation des dîmes.
Le Comité dAllocations se réunit chaque semaine. Toutes les demandes de dépense
dans le monde entier, à lexception du petit nombre qui ont été déléguées à un
niveau inférieur d'administration par le Conseil dAffectation des dîmes, sont
examinées, vérifiées pour s'assurer que la demande se situe dans le budget et
reçoivent leur allocation. Les dépenses qui ont été déléguées font lobjet
dun rapport au comité.
CONTRÔLES FINANCIERS. Les contrôles financiers sont administrés par l'utilisation
dune politique financière, d'une mise au budget, dune structure
d'organisation et daudits réguliers et complets. La politique financière
principale vient du Conseil dAffectation des dîmes. Des directives de politique et
de procédure financières supplémentaires sont publiées par le Département des
finances et des registres, lequel, sous la direction de la Première Présidence et de
l'Épiscopat président, est responsable des aspects gestion/contrôle de la comptabilité
de la trésorerie, de la taxation et de la gestion des risques.
L'Église a un Comité d'audit composé d'hommes d'affaires expérimentés qui ne sont pas
associés à l'Église comme employés ou Autorités générales. Ce comité fait
directement rapport à la Première Présidence de l'Église et travaille en collaboration
étroite avec le Département des finances et des registres et avec le Département des
apurements pour garantir le respect strict des principes moraux et des règles et des
procédures financières rigides. Le Département dapurement fait, lui aussi,
directement rapport à la Première Présidence de l'Église et conserve ainsi son
indépendance par rapport à tous les autres départements. Son personnel
dexperts-comptables agréés exécute des audits continus des systèmes financiers,
opérationnels et informatiques pour les départements de lÉglise et les autres
organisations gérées par lÉglise. Des réactions à tous les audits sont exigées
et un suivi est assuré.
PARTICIPATION ET INVESTISSEMENTS DANS LES ENTREPRISES. La Première Présidence a créé
dautres conseils et comités pour superviser la gestion des investissements et des
réserves de l'Église (voir Entreprises: Participation de lÉglise dans les
entreprises). Chacun de ces comités essentiels est présidé par un membre de la
Première Présidence ou par une autre Autorité générale désignée.
Le Comité de la politique d'investissement est présidé par la Première Présidence et
inclut le président du Conseil des Douze, d'autres membres des Douze désignés et
l'épiscopat président. Son but est de définir la politique et la stratégie
d'investissement et de passer en revue les décisions principales d'investissement.
La Deseret Management Corporation (DMC) est une société avec son propre conseil
d'administration. DMC fonctionne comme un holding pour la plupart des entreprises
commerciales appartenant à l'Église. Ces compagnies payent tous les impôts dont doivent
sacquitter les sociétés commerciales. Certains biens sont également détenus pour
des raisons autres que l'investissement. En plus de protéger les environs des
propriétés sacrées, ces investissements peuvent être maintenus pour soutenir les
efforts ecclésiastiques de l'Église.
L'Église détient toujours quelques propriétés créées à lorigine pour soutenir
le commerce dans les communautés des saints (voir Histoire économique de
lÉglise). Cependant, suite à une évaluation de ces avoirs et de leurs
contributions à sa mission, l'Église en a liquidé beaucoup.
Bibliographie
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Doxey, Roy W. Tithing: The Lord's Law. Salt Lake City, 1976.
RICHARD EDGLEY et WILFORD G. EDLING
Foi en Jésus-Christ
Auteur : Brinley, Douglas E.
La foi en
Jésus Christ est le premier principe de l'Évangile de Jésus-Christ (4e A de F). Celui
qui a cette foi croit qu'il est le Fils vivant de Dieu, a confiance en sa bonté et en sa
puissance, se repent de ses péchés et suit ses directives. La foi au Seigneur
Jésus-Christ naît quand on entend son Évangile (Romains 10:17). Par la foi, on entre
par la porte du repentir et du baptême et on reçoit le don du Saint-Esprit, qui mène au
mode de vie voulu par le Christ (2 Néphi 31:9, 17-18). Ceux qui répondent sont «
vivants dans le Christ à cause de [leur] foi » (2 Néphi 25:25). Parce que la voie de
Dieu est la seule voie qui mène au salut, « il est impossible de lui être
agréable" sans la foi (Hébreux 11:6). La foi doit précéder les miracles, les
signes, les dons de l'Esprit et la justice, car « sil n'y a pas de foi... Dieu ne
peut faire aucun miracle » (Éther 12:12). Le prophète Moroni 2 dans le Livre de Mormon
résume ces points :
« Le Seigneur Dieu prépare le chemin pour que le reste des hommes ait foi au Christ,
pour que le Saint-Esprit ait place dans leur cur, selon son pouvoir; et c'est de
cette manière que le Père accomplit les alliances qu'il a faites avec les enfants des
hommes. Et le Christ a dit: Si vous avez foi en moi, vous aurez le pouvoir de faire tout
ce qui est utile en moi. Et il a dit: Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre,
et venez à moi, et soyez baptisées en mon nom, et ayez foi en moi, afin que vous soyez
sauvées » [Moroni 7:32-34].
Bien que dans lusage courant on parle davoir foi dans les gens, les principes
ou les choses, dans son sens éternel, la foi existe en Jésus-Christ, et uniquement en
lui. Il ne suffit pas d'avoir foi en n'importe quoi : elle soit être axée sur « le seul
vrai Dieu et celui quil a envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). Avoir la foi
signifie avoir pleinement confiance que Jésus-Christ seul peut sauver l'humanité du
péché et de la finalité de la mort. Par sa grâce, « vous êtes sauvés, par le moyen
de la foi » (Éphésiens 2:8). Si « Christ nest pas ressuscité
votre
foi
est vaine » et « vous êtes encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15:14,
17). Faire confiance aux pouvoirs de ce monde, cest placer sa « confiance dans le
bras de la chair » et, en fait, rejeter le Christ et son Évangile (2 Néphi 4:34).
Paul explique : « Or la foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une
démonstration de celles quon ne voit pas » (Hébreux 11:1). Les mortels doivent
vivre par la foi, étant donné que les réalités divines sont voilées à leurs sens
physiques. Les vérités invisibles de l'Évangile sont rendues manifestes par l'Esprit
Saint et sont visibles dans la vie des gens qui vivent par la foi, suivant les indications
quotidiennes de cet Esprit. Bien que la plupart des mortels n'aient pas vu les réalités
spirituelles au-delà de ce monde physique, ils peuvent accepter de telles idées dans la
foi, sur la base de témoignages spirituels personnels et ce qui a été écrit par les
témoins spéciaux des temps anciens et modernes que Dieu a appelés et qui ont vécu
personnellement ces réalités.
La vraie foi est la croyance plus l'action. La foi implique non seulement
lassentiment mental ou le fait de savoir que lon croit mais aussi sa mise en
uvre. La croyance en des choses spirituelles et profanes pousse les gens à agir. Ne
pas mettre en application les enseignements et les commandements du Christ cest
faire preuve d'absence de foi en lui. La foi en Jésus-Christ oblige les gens à agir au
nom du Christ, à suivre son exemple, à faire ses uvres. Jésus a dit : « Ceux qui
me disent : Seigneur, Seigneur ! nentreront pas tous dans le royaume des cieux ;
mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu
7:21; italiques ajoutés). Jacques souligne en outre que « la foi : si elle na pas
les uvres, elle est morte en elle-même. Mais quelquun dira : Toi, tu as la
foi ; et moi, jai les uvres. Montre-moi ta foi sans les uvres, et moi,
je te montrerai la foi par mes uvres » (Jacques 2:17-18; Voir aussi Grâce).
La justice conduit à une plus grande foi, tandis que le péché et la méchanceté
diminuent la foi. « Le juste vivra par sa foi » (Habacuc 2:4). Quand on viole les
commandements de Dieu, on subit une perte de l'Esprit du Seigneur et une perte de la foi,
car la foi en Jésus-Christ est incompatible avec la désobéissance. Le prophète Alma 2
du Livre de Mormon caractérise les paroles du Christ comme une semence qui est testée
quand on la sème dans son cur et quon la nourrit. Si lon désire voir
la semence grandir, on doit lui laisser de la place et la nourrir avec sa foi. Si c'est
une bonne semence, elle va gonfler et pousser, et on saura quelle est bonne. Par
contre, si lon néglige la semence, elle va dépérir. Mais si lon «
nourri[t] la parole... par [sa] foi, avec grande diligence », elle deviendra un arbre de
vie et on goûtera son fruit, qui est la vie éternelle (Alma 32:26-43).
La foi peut être nourrie et renouvelée par l'étude des Écritures, la prière et des
uvres compatibles avec les commandements de l'Évangile. Parce que ceux qui agissent
selon leur foi, se repentent et sont baptisés reçoivent la rémission des péchés, ils
ont des raisons d'espérer en la vie éternelle (Moroni 7:41). Avec cet espoir, leur foi
en Jésus-Christ inspire davantage les gens à se servir les uns les autres dans la
charité, tout comme le Christ laurait fait (Moroni 7:44), car « le but du
commandement, cest la charité
dune foi sincère » (1 Timothée 1:5).
« La charité est l'amour pur du Christ, et elle subsiste à jamais » (Moroni 7:47).
Ainsi, la foi, ou la « constance dans le Christ », permet aux hommes de persévérer
jusqu'à la fin en continuant dans la foi et la charité (2 Néphi 31:20; 1 Timothée
2:15; D&A 20:29). La vraie foi est durable et conduit à l'assurance que les efforts
que lon fait ne sont pas passés inaperçus et que Dieu est satisfait de
lattitude que lon a et de leffort que lon fait pour mettre en
application les principes de l'Évangile de Jésus-Christ dans sa vie personnelle.
Si Alma a expliqué comment la foi mène à la connaissance, les commentaires faits dans
lÉglise moderne font aussi remarquer comment certains types de connaissance
fortifient la foi (MD, p. 261-267). La connaissance que Dieu existe, la compréhension
correcte de sa personnalité et lassurance qu'il approuve notre conduite peuvent
aider notre foi à « devenir parfaite et féconde, abondant en justice » (« Lectures on
Faith », p. 65-66).
Le rétablissement de l'Évangile dans les temps modernes a été déclenché par un acte
de foi de la part du jeune Joseph Smith. En lisant la Bible, il a été frappé par
l'encouragement de Jacques à tous ceux qui manquent de sagesse à demander « avec foi,
sans douter » (Jacques 1:6). Les visions quil a reçues en réponse à ses prières
(voir Visions de Joseph Smith) sont la preuve que les prières sont « exaucées selon
[sa] foi » (Mosiah 27:14). Si Dieu prend plaisir à bénir ses enfants, il lui faut «
dabord
éprouver leur foi... alors les choses qui sont plus grandes leur
seront manifestées » (3 Néphi 26:9). Mais il ny aura « de témoignage qu'après
la mise à l'épreuve de votre foi » (Éther 12:6), ou : « sans la foi, tu ne peux rien
faire » (D&A 8:10 ). « Les signes viennent par la foi, non par la volonté des
hommes » (D&A 63:10).
Parce que la foi implique que le Saint-Esprit guide les gens, elle les mène par une main
invisible à « l'unité de la foi » (Éphésiens 4:13). Par la force des autres et une
confiance accrue dans la façon de faire du Seigneur, la foi constitue un bouclier contre
l'adversaire (Éphésiens 6:16). De même, la foi a été décrite comme faisant partie de
notre armure, agissant comme une « cuirasse de la foi et de la charité » (1
Thessaloniciens 5:8) pour protéger les fidèles contre le mal.
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 65-69. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle. Salt Lake City, 1973.
Lectures on Faith. Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir.
de publ. L. Dahl et C. Tate, p. 29-104. Provo, Utah, 1990.
DOUGLAS E. BRINLEY
Fondamentalistes
Lexpression « fondamentalisme mormon » désigne les croyances et les pratiques de
groupes schismatiques contemporains qui prétendent suivre tous les enseignements de
Joseph Smith, le prophète. Ils se disent souvent croyants en la « plénitude de
lÉvangile », ce qui, selon eux, doit inclure le mariage plural et parfois
lordre uni.
Le mouvement fondamentaliste a commencé après la publication du Manifeste de 1890, qui
déclarait publiquement la fin officielle du mariage plural dans lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les années 1890 à 1904 furent, pour
certains, une période de confusion concernant lapplication et létendue de
linterdiction de nouveaux mariages pluraux dans lÉglise. Par exemple, du fait
que le Manifeste parlait de mariages allant « à lencontre des lois du pays »,
certains estimaient que linterdiction ne sappliquait pas à lextérieur
des États-Unis. Pour cette raison, le Manifeste fut, en 1904, proclamé officiellement et
publiquement dapplication mondiale.
À la suite de cette deuxième proclamation, des fondamentalistes récalcitrants
continuèrent daffirmer que Dieu exige de tous les « vrais » croyants quils
respectent le principe de la polygamie sans tenir compte des décisions de lÉglise.
Cette insistance a séparé les fondamentalistes du mormonisme traditionnel. Dans les
années 1820, Lorin C. Woolley, de Centerville (Utah), prétendit que Dieu lavait
autorisé à perpétuer le mariage plural, disant quil avait reçu cette
connaissance en 1886, dans sa jeunesse, par le ministère de Jésus-Christ, de John Taylor
et de Joseph Smith. Cette affirmation ne fit que renforcer lopposition entre les
fondamentalistes et lÉglise.
Certains fondamentalistes des années 1920 rejetèrent les prétentions de Woolley à
lautorité et partirent de leur côté. Charles Kingston sinstalla à
Bountiful (Utah) et y fonda une communauté du type ordre uni qui existe encore sous la
forme dune société relativement fermée. Alma Dayer LeBaron alla sinstaller
à Mesa (Arizona) puis à Juarez (Mexique) et jeta les bases de lÉglise du
Premier-né de la Plénitude des Temps et de ramifications telles que lÉglise de
lAgneau de Dieu. Au fil des années, dautres fondamentalistes sont apparus
avec des prétentions religieuses diverses.
En dépit de ces défections, la majorité des fondamentalistes sont restés un groupe
organisé, obtenant un nombre dadhérents réduit mais constant. Au milieu des
années 1930, une colonie dordre uni fut fondée dans une localité isolée près de
la frontière entre lUtah et lArizona appelée Short Creek, aujourdhui
Colorado City (Arizona). Les propriétés étaient détenues par des administrateurs
appelés lEffort Uni. Cette colonie est devenue un havre pour beaucoup de
fondamentalistes, bien que la majorité de leurs partisans résident toujours dans la
région de Salt Lake City.
Au milieu des années 1940, les forces de police de lUtah et de lArizona
lancèrent un raid contre la communauté de Short Creek et brisèrent les familles
polygames, mettant les maris en prison et les enfants dans des familles daccueil.
Les dirigeants fondamentalistes restèrent en prison jusquau 24 septembre 1945
(cinquante-cinquième anniversaire du Manifeste de Woodruff) quand ils publièrent une
déclaration publique indiquant leur intention de cesser dignorer la loi du pays.
Ils retournèrent auprès de leurs familles et sabstinrent un certain temps de
violer la loi.
Quelques années plus tard se produisit un schisme majeur dans le groupe de Colorado City
au sujet de la question de lautorité de la prêtrise et du droit de gouverner.
Joseph Musser (le dirigeant ostensible du groupe), Rulon Allred, ses frères et quelques
autres se détachèrent et fondèrent leur propre groupe qui atteint maintenant les deux
mille membres par des conversions et des naissances et sappelle aujourdhui les
Frères apostoliques Unis. En 1976, Rulon Allred, alors dirigeant du groupe, fut
assassiné, manifestement par une épouse plurale dErvil LeBaron, de lÉglise
de lAgneau de Dieu. Owen Allred remplaça son frère à la tête du groupe. Le
groupe de Colorado City se réorganisa avec Leroy Johnson comme chef et était, en 1990,
un des plus grands groupes fondamentalistes, avec des milliers de membres. À la mort de
Johnson (25 novembre 1986 à Hilldale, Utah), il y eut une lutte pour le pouvoir ; les
schismes continuent au sein du groupe de Colorado City pour des questions dautorité
et de droits de propriété.
Les fondamentalistes affirment croire aux quatre ouvrages canoniques, à lhistoire
des débuts de lÉglise et aux prophètes du Rétablissement jusque et y compris
John Taylor. La doctrine fondamentaliste, en ce qui concerne la présidence de la
prêtrise, découle dune interprétation particulière de la section 84 des Doctrine
et Alliances, laquelle, prétendent-ils, parle dun conseil de prêtrise ou
hiérarchie de sept hommes désignés comme apôtres « grands prêtres ». Diverses
prétentions à la succession ont conduit aux schismes actuels dans ces groupes. Beaucoup
de fondamentalistes indépendants croient que les prétentions à lautorité des
deux groupes principaux sont infondées ; par conséquent ils croient et vivent
séparément de ces groupes.
Le lien qui unit tous les fondamentalistes est leur croyance que lÉglise a changé,
alors quelle nen avait pas le droit, des points de doctrine et des pratiques.
Un fondamentaliste indépendant a publié un livre où il fait la liste de
quatre-vingt-quinze soi-disant changements, imitant ainsi les quatre-vingt-quinze thèses
de Martin Luther. Parmi ces critiques, il y a notamment labrogation du mariage
plural, labandon de lordre uni, la prétendue perte de la révélation à
lÉglise depuis 1890, la soi-disant perte des clefs de la prêtrise due à
labandon de la pratique du mariage plural, la répudiation supposée de la « vraie
» connaissance de la Divinité, des changements de méthode dans luvre
missionnaire (le fait de ne pas prêcher sans bourse ni sac), la corruption des vêtements
et des ordonnances du temple, larrêt du rassemblement dIsraël en Utah, le
changement de la façon de conférer la prêtrise et le fait que lon permet à tous
les hommes dignes de détenir la prêtrise quelle que soit la race.
Bibliographie
Anderson, J. Max. The Polygamy Story : Fiction and Fact. Salt Lake City, 1977.
Kraut, Ogden. Ninety-Five Theses. Dugway, Utah, n. d.
Truth Magazine, Salt Lake City, 1935-1956.
J. MAX. ANDERSON
Franc-maçonnerie
à Nauvoo
Auteur: GODFREY, KENNETH W.
L'introduction de la franc-maçonnerie à Nauvoo eut des implications politiques et
religieuses. Quand il se rendit à Nauvoo le 15 mars 1842 pour y installer la loge
maçonnique, Abraham Jonas, Grand Maître de lIllinois inaugura une période de
difficultés avec les autres francs-maçons de l'Illinois et présenta à Nauvoo un rituel
antique ayant une certaine ressemblance avec les ordonnances du temple (voir
Franc-maçonnerie, la, et le temple).
La procédure maçonnique habituelle exige quune loge existante patronne chaque
nouvelle loge proposée. Au début de lété de 1841, plusieurs saints des derniers
jours qui étaient francs-maçons, notamment Lucius N. Scovil, personnage-clef dans la
franc-maçonnerie de Nauvoo, demandèrent à la loge Bodley n° 1, à Quincy (Illinois),
de proposer que la Grande Loge d'Illinois nomme certaines personnes comme officiers d'une
loge à Nauvoo. Faisant remarquer que les personnes mentionnées étaient inconnues à
Quincy comme francs-maçons, la loge renvoya la lettre avec des instructions sur ce
quil convenait de faire.
Moins qu'un an plus tard, Nauvoo avait une loge sans le patronage normal. Apparemment le
Grand Maître Jonas avait écarté la règle et accordé à Nauvoo «une dispense
spéciale» pour sorganiser. Il fit aussi Joseph Smith et son conseiller, Sidney
Rigdon, «francs-maçons à vue». Certains croient que Jonas était disposé à agir
ainsi parce qu'il voyait le vote mormon croissant soutenir ses propres ambitions
politiques (voir Politique à Nauvoo). Si ce geste lui valut la faveur de certains saints
des derniers jours, il lui mit à dos d'autres francs-maçons. Joseph Smith avait des
raisons despérer que les saints pourraient tirer bénéfice du réseau d'amitié et
de soutien qui est normalement le fait de cette organisation fraternelle, mais au lieu de
cela, la loge de Nauvoo ne fit que causer des frictions.
Jonas publia dans son journal, Columbia Advocate, le récit de l'installation, le 15 mars,
de la loge de Nauvoo. «Jamais de ma vie je nai vu une assemblée mieux habillée ou
plus ordonnée et plus polie», écrivit-il (HC 4:565-66). Pendant la cérémonie
d'installation, tenue dans le bosquet près de l'emplacement du temple, Joseph Smith
officia comme Grand Aumônier. Ce soir-là, les francs-maçons étant rassemblés dans son
bureau, le prophète reçut le premier degré de la franc-maçonnerie. Les francs-maçons
de Nauvoo commencèrent alors les réunions matinales hebdomadaires.
En août 1842, la loge Bodley n° 1 protesta contre l'octroi d'une dispense à la loge de
Nauvoo, ce qui eut pour résultat la suspension provisoire des activités. Une enquête
fit apparaître que quelque trois cents saints des derniers jours étaient devenus
francs-maçons pendant la brève existence de la loge, mais ne découvrit aucune
irrégularité justifiant sa dissolution. La Grande Loge non seulement autorisa le
rétablissement de la loge de Nauvoo mais accorda plus tard des dispenses pour d'autres
loges voisines composées principalement de saints des derniers jours. Finalement près de
1.500 saints devinrent associés à la franc-maçonnerie d'Illinois, notamment beaucoup de
membres des conseils dirigeants de la prêtrise de l'Église et cela à une époque
où le nombre total de francs-maçons non mormons des loges d'Illinois atteignait à peine
150.
Rivaux de longue date de Nauvoo pour l'ascendant politique et économique, les
francs-maçons voisins craignaient la domination mormone de la franc-maçonnerie et y
résistèrent. Accusant la Loge de Nauvoo de voter pour plus d'un candidat à la fois, de
recevoir les candidats dans la fraternité sur la base qu'ils se corrigeraient à l'avenir
et de faire Joseph Smith Maître Maçon à vue, les ennemis imposèrent une enquête en
octobre 1843. La Grande Loge convoqua les officiels de Nauvoo à Jacksonville (Illinois).
Armés des livres et des papiers pertinents, Lucius Scovil et Henry G. Sherwood
répondirent aux allégations. Tout en faisant rapport que tout semblait être en règle,
le comité examinateur exprima la crainte qu'il pourrait y avoir quelque chose de pas
correct et recommanda une suspension d'un an. À ce moment-là, le Grand Maître Jonas,
dans un discours passionné, déclara que les livres de la Loge de Nauvoo étaient les
mieux tenus quil eût jamais vus et exprima sa conviction que sil ny
avait pas le fait que la Loge de Nauvoo était composée de mormons, elle serait la plus
haute loge de l'état. Un comité fut nommé pour faire une enquête approfondie à
Nauvoo. Le comité ne signala aucun méfait; néanmoins la Loge de Nauvoo fut de nouveau
suspendue. L'injonction fut retirée plus tard, mais la Loge de Nauvoo continua à être
privée du soutien des autres francs-maçons.
En avril 1844, la Loge de Nauvoo dédia une nouvelle salle maçonnique. Entre-temps, la
loge avait été scindée de la Grande Loge et un franc-maçon d'Illinois avait été
expulsé de sa loge pour avoir assisté à la dédicace. La Loge de Nauvoo continua ses
activités dans le bâtiment nouvellement construit jusqu'au 10 avril 1845, quand Brigham
Young recommanda à Lucius Scovil de suspendre le travail des francs-maçons à Nauvoo. Il
ny eut que quelques réunions supplémentaires avant le départ des saints des
derniers jours en 1846 pour le Grand Bassin.
Joseph Smith neut quune participation minime à la franc-maçonnerie et,
autant que lon sache, nassista que trois fois aux réunions de la loge
maçonnique de Nauvoo. Néanmoins, les francs-maçons mormons affirmèrent quil
maîtrisait ses ordres, sa doctrine et ses principes et quil comprenait le
symbolisme allégorique de ses instructions.
La plupart des spécialistes qui ont examiné soigneusement la loge maçonnique de Nauvoo
conviennent quelle fut plutôt victime que coupable. Tous conviennent que ce furent
les sentiments anti-mormons généralisés et la haine intense des saints des derniers
jours que leur vouaient leurs rivaux locaux, et non les irrégularités ou la mauvaise
conduite qui causèrent la polémique concernent la loge maçonnique de Nauvoo.
Bibliographie
Hogan, Mervin B. "Mormonism and Freemasonry: The Illinois Episode". Dans Little
Masonic Library, dir. de publ. Silas H. Shepherd, Lionel Vibert et Roscoe Pound, Vol. 2,
pp. 267-326. Richmond, Va., 1977.
Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake
City, 1934.
McGavin, E. Cecil. Mormonism and Masonry. Salt Lake City, 1954.
KENNETH W. GODFREY
Franc-maçonnerie, et le temple
Auteur : GODFREY, KENNETH W.
Ceux qui
étudient et le mormonisme et la franc-maçonnerie ont réfléchi aux rapports possibles
entre le rite maçonnique et la cérémonie du temple. Bien que certains prétendent que
Joseph Smith a emprunté des éléments à la franc-maçonnerie quand il a élaboré la
cérémonie du temple, la Dotation est plus proche des Écritures modernes
(particulièrement du livre d'Abraham et du livre de Moïse) et des rituels antiques que
de la franc-maçonnerie. Les saints des derniers jours considèrent les ordonnances comme
le rétablissement révélé de cérémonies antiques du temple et quelles sont
seulement accessoirement apparentées à la franc-maçonnerie. Les deux ne sont cependant
pas antithétiques ni ne se menacent réciproquement et aucune des deux institutions ne
soppose aux recherches concernant les origines antiques de leurs deux cérémonies.
Il y avait beaucoup de cérémonies sacrées dans le monde antique. Modifiés au cours des
siècles, ces rituels ont existé sous une certaine forme chez les anciens Égyptiens, les
chrétiens coptes, les Israélites et les francs-maçons et dans les liturgies catholique
et protestante. Ils ont comme éléments communs le port de vêtements spéciaux, des
termes ritualistes, la présentation théâtralisée de thèmes archétypaux, des
instructions et l'utilisation de gestes symboliques. Un thème commun à beaucoup
que lon trouve dans le Livre des Morts égyptien, les Textes égyptiens des
Pyramides et les cercles de prière coptes, par exemple est le voyage de l'homme à
travers la vie et ses efforts, après la mort, pour passer avec succès devant les
sentinelles gardant l'accès au bonheur éternel avec les dieux. Bien que ces cérémonies
varient considérablement, les points importants quelles ont en commun soulèvent la
possibilité d'une source commune lointaine.
Les textes égyptiens des pyramides, par exemple, comportent six thèmes principaux : (1)
linsistance sur lexistence dun document écrit originel derrière les
rites ; (2) la purification (notamment lonction, la lustration et
lhabillement) ; (3) la création (textes de résurrection et de réveil) ; (4) le
jardin (comprenant les motifs de larbre et du repas rituel) ; (5) le voyage
(protection, passeur et textes osiriens) ; et (6) lascension (notamment victoire,
couronnement, admission dans la compagnie céleste et textes de Horus). Comme ces
anciennes cérémonies, la dotation du temple chez les saints des derniers jours présente
des aspects de ces thèmes en termes figuratifs. Elle aussi présente, non pas une image
de la réalité immédiate, mais un modèle montrant le schéma de la vie humaine sur
terre et le plan divin dont elle fait partie.
Les cérémonies maçonniques sont également allégoriques, représentant les étapes de
la vie : la jeunesse, lâge adulte et la vieillesse chacune avec les fardeaux
et les difficultés qui laccompagnent, suivies de la mort et de l'immortalité
espérée. Il n'y a pas daccord universel sur le point de savoir quand la
franc-maçonnerie a commencé. Certains historiens font remonter l'origine de l'ordre à
Salomon, à Hénoc ou même à Adam. D'autres affirment que même si une partie du
symbolisme maçonnique peut être ancien, la franc-maçonnerie en tant quinstitution
a commencé au Moyen-Âge ou plus tard.
Bien que dans notre dispensation la Dotation chez les saints date de Kirtland et de Nauvoo
(voir Temple de Kirtland ; Temple de Nauvoo), les saints des derniers jours croient que
les ordonnances du temple sont aussi anciennes que l'homme et que lessentiel de
l'Évangile de Jésus-Christ, notamment son rituel et ses enseignements nécessaires, a
été révélé pour la première fois à Adam. Ces principes et ordonnances salvateurs
ont été plus tard révélés à Seth, à Noé, à Melchisédek, à Abraham et à chaque
prophète à qui la prêtrise a été donnée, notamment à Pierre. Les saints des
derniers jours croient que les ordonnances accomplies dans les temples modernes
reproduisent aujourd'hui des rituels qui faisaient partie des enseignements de Dieu dès
le commencement.
Pour le prophète Joseph Smith, la Dotation chez les saints et la franc-maçonnerie
découlent en partie de la même source antique. Ainsi, certains francs-maçons de Nauvoo
pensaient que la Dotation était le rétablissement d'un rituel qui nétait
conservé quimparfaitement dans la franc-maçonnerie et considéraient Joseph Smith
comme maître des principes et du symbolisme allégorique sous-jacents (Heber C. Kimball
à Parley P. Pratt, 17 juin 1842, archives de l'Église). La philosophie et les
enseignements principaux de la franc-maçonnerie ne sont pas fondamentalement
incompatibles avec l'enseignement, la théologie et la doctrine des saints des derniers
jours. Les uns et les autres mettent laccent sur la moralité, le sacrifice, la
consécration et le service, et condamnent l'égoïsme, le péché et la cupidité. En
outre, le but du rituel maçonnique est denseigner de rendre la vérité
accessible pour que l'homme puisse la suivre.
Les ressemblances entre les deux rituels sont limitées à une petite proportion d'actions
et de mots ; en fait, certains trouvent que la Dotation des saints des derniers jours a
plus de similitudes avec les Textes des Pyramides et les documents coptes qu'avec la
franc-maçonnerie. Même là où les deux rituels partagent le symbolisme, le contenu des
significations est différent. En plus des thèmes de la création et de la vie, une
ressemblance est que lun et lautre demandent que les participants fassent des
alliances. Cependant, seule la Dotation rattache les alliances à des bénédictions
éternelles et à Jésus-Christ. La cérémonie maçonnique ne met pas laccent sur
la prêtrise ni sur la nécessité d'être mandaté par Dieu pour le représenter. La
participation active de Dieu dans le monde et dans la vie des hommes est distinctement un
motif du temple. Tandis que les francs-maçons croient en un Dieu non défini et
impersonnel, tout dans la Dotation chez les saints émane de Dieu ou est dirigé vers Dieu
qui est un personnage et le Père éternel de l'homme. La Dotation vise les éternités et
les vies éternelles, mais la franc-maçonnerie est terre à terre, imprégnée de
légendes humaines et de lespérance de quelque chose de mieux.
La franc-maçonnerie est une société fraternelle et dans son rituel toutes les
promesses, tous les serments et conventions se font entre les membres. Dans la Dotation du
temple toutes les alliances sont entre l'individu et Dieu. Dans la franc-maçonnerie, la
mise à lépreuve, lévaluation, la pénalisation ou la condamnation sont en
accord avec les règles de la fraternité ou les votes des membres. Dans la Dotation, Dieu
seul est le juge. Dans la franc-maçonnerie, le rang et les promotions ont une grande
importance, alors que dans les rites du temple il n'y a aucune distinction : tous les
participants sont égaux devant Dieu. Le conflit entre le bien et le mal, notamment le
rôle de Satan, est essentiel et est représenté de manière frappante dans la Dotation,
mais est essentiellement absent dans les rites maçonniques. Les cérémonies du temple
mettent laccent sur le salut pour les morts par les ordonnances par procuration,
comme le baptême pour les morts ; rien dans le rituel maçonnique ne prévoit que des
représentants agissent au nom des morts. Les femmes participent à tous les aspects des
rites du temple; bien que la franc-maçonnerie ait des auxiliaires pour les femmes, le
rituel maçonnique les exclut. L'inclusion des femmes dans la Dotation met laccent
sur ce qui est sans doute la différence la plus fondamentale entre les deux rites : Les
rites du temple chez les saints unissent maris et femmes et leurs enfants en des familles
éternelles (voir Vies éternelles, Accroissement éternel ; Mariage). Les scellements
chez les saints des derniers jours seraient complètement déplacés dans le contexte des
cérémonies maçonniques.
Ainsi, les saints des derniers jours considèrent leurs ordonnances du temple comme
fondamentalement différentes des rituels maçonniques et autres et voient dans les
ressemblances des restes d'un original antique.
Bibliographie
Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake
City, 1934.
Madsen, Truman G., dir. de publ. The Temple in Antiquity. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. The Message of the Joseph Smith Papyri: An Egyptian Endowment. Salt Lake
City, 1975.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Shepherd, Silas H., Lionel Vibert et Roscoe Pound, dir. de publ. Little Masonic Library, 5
vols. Richmond, Va., 1977, sp. Mervin B. Hogan, "Mormonism and Freemasonry: The
Illinois Episode," Vol. 2, pp. 267-326.
KENNETH W. GODFREY
Grâce
Auteur: HAFEN, BRUCE C.
Lun des sujets les plus controversés de la théologie chrétienne est le point de
savoir si le salut est le don gratuit dune grâce imméritée ou si on le gagne par
de bonnes uvres. La déclaration de Paul que «lhomme est justifié par la
foi, sans les uvres de la loi» (Ro. 3:28) est fréquemment citée à lappui
du premier point de vue, tandis que lon cite souvent la déclaration de Jacques que
la «foi sans les uvres est morte» (Ja. 2:20) en faveur de lautre. La
révélation moderne, selon laquelle le salut nécessite et la grâce et les uvres,
est une réconciliation de bon sens de ces prises de position contradictoires.
C.S. Lewis a écrit à propos de ce conflit: «Pour moi, cest comme si lon
demandait quelle est la branche dune paire de ciseaux qui est la plus nécessaire»
(p. 129). Et d'une manière ou d'une autre presque toutes les confessions chrétiennes
acceptent finalement le besoin de grâce et d'uvres, mais les divergences en
matière de signification et d'importance parmi les diverses traditions doctrinales
demeurent substantielles.
Pour ce qui est de linteraction entre la grâce et les uvres, la doctrine de
lÉglise a une conception qui lui est propre non seulement en ce qui concerne ces
notions mais aussi en ce qui concerne la nature de l'homme, la chute d'Adam, l'Expiation
et le processus du salut. En même temps, le point de vue des saints contient des idées
qui sont semblables aux éléments de base de certaines autres traditions. Par exemple, le
précepte de lÉglise qui veut que des oeuvres telles que les ordonnances soient
accomplies par l'autorité appropriée de la prêtrise ressemble à l'enseignement
catholique que la grâce passe obligatoirement par ses sacrements. Dautre part,
laccent mis par les saints sur le caractère indispensable de la foi personnelle et
du repentir dans une relation directe avec Dieu fait écho aux enseignements protestants
traditionnels. La position de lÉglise «n'est pas un éclectisme commode, mais le
retour [par le Rétablissement] à une compréhension du Nouveau Testament qui réconcilie
Paul et Jacques» (Madsen, p. 175).
On pourrait penser que l'accent que l'Église met sur la responsabilité personnelle et la
nécessité d'une obéissance obtenue par de la discipline de soi diminue le rôle de la
grâce du Christ; cependant, pour des saints des derniers jours, l'obéissance nest
quune branche de la paire de ciseaux. Lensemble de la théologie de
lÉglise reproduit également la thèse principale du Livre de Mormon que sans la
grâce il ny a pas de salut: «Car nous savons que c'est par grâce que nous sommes
sauvés, après tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23). La source de cette grâce
est le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ: «La miséricorde est accordée à cause de
l'expiation» (Alma 42:23).
Les enseignements de la théologie chrétienne depuis le Moyen-Age sont enracinés dans la
croyance que, principalement à cause des effets de la Chute et du péché originel, la
nature humaine est intrinsèquement mauvaise. Dans les traditions catholique et
protestante, seule la grâce de Dieu peut vaincre ce mal naturel. Divers auteurs
chrétiens ont débattu de la mesure dans laquelle l'octroi de la grâce surmonte
complètement la nature perverse de l'homme. Au cinquième siècle, reflet de sa lutte
personnelle contre ce qu'il considérait être sa nature intrinsèquement mauvaise,
Augustin voyait dans la grâce le seul moyen déchapper au mal que constituaient les
plaisirs terrestres et à l'influence de la «cité [profane] de l'homme». Au treizième
siècle, Thomas dAquin était plus optimiste, reconnaissant la blessure grave
provoquée par le péché originel, mais défendant aussi le potentiel naturel de l'homme
de faire le bien.
Au début du seizième siècle, Martin Luther, suite à sa lecture de Paul et en réaction
à la vente des indulgences, conclut que la foi, don unilatéral de Dieu à des individus
choisis, était la vraie source de la grâce et, en conséquence, de la justification
devant Dieu. Luther mit ainsi (peut-être involontairement) fin au contrôle de l'Église
médiévale sur la grâce, libérant de ce fait la force politique de la réforme
protestante. Pour Luther, leffort individuel de lhomme ne peut en aucune
façon «gagner» ou faire autrement partie de la justice infusée par la grâce. Même
les bonnes oeuvres démontrées par une vie d'obéissance à Dieu ne sont que les effets
visibles de la grâce. Cette idée a plus tard influencé le développement de l'éthique
puritaine. Jean Calvin, le contemporain de Luther, élabora une doctrine complète de la
prédestination basée sur l'idée de Luther que Dieu choisit unilatéralement ceux à qui
il accorde les dons de la foi et de la grâce.
La réponse catholique au défi de Luther rejeta la prédestination et réaffirma que la
grâce passe par les sacrements de lÉglise et que la grâce ne peut pas écarter
totalement le libre arbitre humain. En même temps, la pensée catholique soulignait la
préséance de l'initiative de Dieu. La «grâce prévenante» agit sur la volonté
humaine avant qu'on se tourne vers Dieu; cependant, une fois touché par la grâce, on est
toujours libre de coopérer ou pas. L'interaction entre la grâce divine et la liberté
humaine n'est pas totalement claire; cependant, la grâce augmente quand on obéit aux
commandements de Dieu et la grâce élève les bonnes oeuvres naturelles de lhomme
à des actes de la valeur surnaturelle dans un processus de régénération spirituelle.
Ces dernières années, certains théologiens protestants se sont attaqués à
lidée que laccent mis exclusivement sur la grâce en dehors de tout mérite
détruit le sens de la responsabilité personnelle. Dietrich Bonhoeffer, par exemple, a
condamné l'idée «de la grâce bon marché» qui suppose à tort que parce que «la
facture a été payée à l'avance
on peut tout avoir pour rien» (The Cost of
Discipleship, 1963, p. 45). John MacArthur sinquiétait de ce que l'évangélisme
contemporain promet aux pécheurs qu'ils «peuvent avoir la vie éternelle tout en
continuant à vivre dans la rébellion contre Dieu» (The Gospel According to Jesus, 1988,
pp. 15-16). Et Paul Holmer a écrit que mettre laccent sur les dangers des
uvres «nest pas indiqué si les auditeurs nessaient même pas! La
plupart des auditeurs à léglise ne risquent pas beaucoup darriver au ciel
par leur travail» («Law and Gospel Re-examined» Theology Today 10, 1953-1954, p. 474).
Certains saints des derniers jours se sont également préoccupés des limites que
lon simpose quand on se range dun côté seulement dans la controverse
concernant la grâce et les uvres, tout comme ils partagent les préoccupations
catholiques concernant une doctrine de la grâce qui sape la nature fondamentale du libre
arbitre. Pour les saints des derniers jours, les écrits de Paul sur l'insuffisance des
uvres et «des uvres de la loi» (Ro. 3:27-28) concernent principalement
l'insuffisance des uvres rituelles de la loi de Moïse, «qui avait été
remplacées par les exigences supérieures de l'Évangile [de Jésus-Christ]»; ainsi,
Paul considérait à juste titre que «les formes et les cérémonies extérieures» de la
loi de Moïse étaient «des oeuvres non essentielles» (AF, p. 146). Comme le prophète
Abinadi le dit dans le Livre de Mormon (v. 150 av. J.-C.), «le salut ne vient pas par la
loi seule; et s'il n'y avait pas l'expiation, que Dieu lui-même fera pour les péchés et
les iniquités de son peuple, il devrait périr, malgré la loi de Moïse» (Mos. 13:28).
Dans un sens plus large, lattachement des saints au rôle primordial de la grâce,
tout en soulignant parallèlement l'autonomie, provient d'une vision doctrinale
particulière de la nature et du destin de l'homme. Comme le fait remarquer John
Dillenberger, spécialiste de la Réforme, «en mettant laccent sur les
possibilités humaines, le mormonisme a mis les choses au point, non pas en renonçant à
la place centrale de la grâce mais en insistant sur le fait que [les vrais] pouvoirs de
l'humanité
reflètent l'état réel de l'humanité en tant que telle
Le
mormonisme a rendu compréhensible ce qui était devenu un problème insoluble au sein de
l'évangélisme: comment réconcilier le nouveau pouvoir de l'humanité avec les idées
négatives héritées concernant l'humanité, sans abandonner la nécessité de la
grâce.» De cette façon, conclut Dillenberger, «cest peut-être le
mormonisme
qui est la théologie américaine authentique, parce que l'autonomie des
groupes revivalistes fondamentalistes faisait un contraste marqué avec la notion de
misère de l'humanité dont ils avaient hérité» (p. 179).
Dans les enseignements de lÉglise, la chute d'Adam rend la rédemption du Christ
nécessaire, mais pas parce que la Chute en elle-même a rendu l'homme mauvais. À cause
de la transgression, Adam et Ève ont été expulsés d'Éden vers un monde sujet à la
mort et aux influences mauvaises. Cependant, le Seigneur a révélé à Adam, à son
entrée dans la condition mortelle, que «le Fils de Dieu a expié la faute originelle»;
les enfants d'Adam n'étaient donc pas mauvais, mais étaient «purs dès la fondation du
monde» (Moï. 6:54). Ainsi, «L'esprit de tout homme était innocent au commencement; et
Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance,
innocents devant Dieu.» (D&A 93:38).
Lorsque les descendants d'Adam et Ève deviennent ensuite responsables de leurs propres
péchés à lâge de huit ans, tous goûtent au péché suite à leur propre libre
choix. «Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (Ro. 3:23).
Quelquun que ses expériences successives conduisent à aimer «Satan plus que
Dieu» (Moï. 5:28) finit par devenir «charnel, sensuel et diabolique» (Moï. 5:13;
6:49) de nature. Par contre, celui qui accepte consciemment la grâce du Christ via
l'Expiation par la foi, le repentir et le baptême, cède aux «persuasions de
l'Esprit-Saint, et
se dépouille de l'homme naturel, et [devient] un saint par
l'expiation du Christ, le Seigneur» (Mos. 3:19). De cette façon, cest l'individu
qui prend l'initiative daccepter la grâce mise à sa disposition par l'Expiation,
faisant preuve de foi en étant disposé à croire (voir Alma 32:27). Ce désir est
souvent allumé quand on entend d'autres personnes rendre témoignage du Christ. Quand
cette parole du Christ est semée et puis nourrie par linteraction de l'obéissance
avec la grâce, comme résumé ci-dessous, l'individu peut «devenir un saint» de nature,
jouissant de ce fait de la vie éternelle (cest-à-dire une vie semblable à celle
de Dieu).
La grâce est ainsi la source de trois catégories de bénédictions liées au salut de
l'humanité. D'abord, beaucoup de bénédictions de la grâce sont inconditionnelles, des
dons gratuits et immérités n'exigeant aucune action individuelle. La grâce de Dieu,
dans ce sens, est un facteur de la Création, de la Chute, de l'Expiation et du plan de
salut. En particulier en ce qui concerne la Chute, et en dépit de la mort et des autres
conditions résultant de la transgression d'Adam, la grâce du Christ a expié le péché
originel et assure la résurrection de toute l'humanité: «Nous croyons que les hommes
seront punis pour leurs propres péchés et non pour la transgression d'Adam» (2e A de
F).
En second lieu, le Sauveur a également expié de manière conditionnelle les péchés
personnels. L'application de la grâce aux péchés personnels est conditionnelle parce
qu'elle nest accessible que quand un individu se repent, ce qui peut être une forme
exigeante d'uvres. De ce fait, la miséricorde peut satisfaire aux exigences de la
justice sans que la miséricorde ni la justice ne se dépouillent mutuellement. Le
repentir personnel est donc une condition nécessaire au salut, mais il n'est pas
suffisant par lui-même pour assurer le salut (voir Justice et miséricorde). En outre, on
doit accepter les ordonnances du baptême et de limposition des mains pour recevoir
le don du Saint-Esprit, par lequel on naît de nouveau en tant qu'enfant d'esprit du
Christ et peut être un jour sanctifié (cf. D&A 76:51-52; voir aussi Évangile de
Jésus-Christ).
Troisièmement, après avoir reçu l'Évangile de foi, de repentir et de baptême pour la
rémission des péchés, se reposant «entièrement sur les mérites de celui qui est
puissant à sauver», tout ce quon a fait, cest entrer «par la porte» sur
«le chemin étroit et resserré qui mène à la vie éternelle» (2 Né. 31:17-20). Dans
cette étape du développement spirituel, qui se situe après le baptême, on doit faire
de son mieux, dautres efforts, pour «persévérer jusqu'à la fin» (2 Né. 31:20).
Ces efforts consistent à obéir aux commandements du Seigneur et à recevoir les
ordonnances supérieures accomplies dans les temples et poursuivre le processus du
repentir «pour conserver le pardon de vos péchés» (Mosiah 4:12).
Dans les enseignements de Martin Luther, ces uvres de justice ne sont pas le
résultat dune l'initiative personnelle mais sont les effets spontanés de la grâce
interne que lon a reçue, intégralement les fruits de l'arbre généreux. En
revanche, dans la doctrine de lÉglise, «les hommes doivent uvrer avec zèle
à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de
justice. Car ils ont en eux le pouvoir d'agir par eux-mêmes.» (D&A 58:27-28). En
même temps, les hommes nont pas la capacité dacquérir une nature
chrétienne par leurs propres efforts. Les attributs qui permettent laccès à la
perfection, tels que l'espérance et la charité sont finalement accordés «à tous ceux
qui sont de vrais disciples de
Jésus-Christ» (Mro. 7:48) par la grâce via son
expiation. Cette relation interactive entre les pouvoirs humains et divins dans la
théologie des saints des derniers jours dérive à la fois de l'importance quelle
attache au libre arbitre et de son optimisme à légard des «fruits de l'Esprit»
(Ga. 5:22-25) parmi ceux qui sont vraiment convertis, «ceux qui m'aiment et gardent tous
mes commandements, et
celui qui cherche à faire ainsi» (D&A 46:9).
Dieu accorde de manière conditionnelle ces expressions supplémentaires de la grâce qui
donnent accès à la perfection, comme il confère la grâce qui permet le pardon du
péché. Elles sont données «après tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23)
c'est-à-dire en plus de nos meilleurs efforts. Dune manière générale, cette
condition est moins liée à lobéissance à des commandements particuliers qu'à
notre personnalité spirituelle fondamentale, comme «la douceur et lhumilité de
cur» (Mro. 8:26) et la possession d «un cur brisé et un esprit
contrit» (Ps. 51:17; 3 Né. 9:20; Hafen, chap. 9). Ou, comme Moroni lécrit à la
fin du Livre de Mormon: «Si vous vous refusez toute impiété et aimez Dieu de tout votre
pouvoir, de toute votre pensée et de toute votre force, alors sa grâce vous suffit, afin
que par sa grâce vous soyez parfaits dans le Christ
alors vous êtes sanctifiés
dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ» (Mro.
10:32-33).
Bibliographie
Dillenberger, John. "Grace and Works in Martin Luther and Joseph Smith." Dans
Reflections on Mormonism: Judaeo-Christian Parallels, dir. de publ. Truman G. Madsen.
Provo, Utah, 1978.
Hafen, Bruce C. The Broken Heart: Applying the Atonement to Life's Experiences. Salt Lake
City, 1989.
Holmer, Paul L. "Law and Gospel Re-examined." Theology Today 10, 1953-1954, p.
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Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians: Let's Talk! Urbana, Ill.,
1986.
Lewis, C. S. Mere Christianity. New York, 1943.
Madsen, Truman G. Reflections on Mormonism, p. 175. Provo, Utah, 1978.
McDonald, William, dir. de publ. "Grace." Dans New Catholic Encyclopedia, Vol.
6. New York, 1967.
Millet, Robert L. By Grace Are We Saved. Salt Lake City, 1989.
Rahner, Karl, dir. de publ. The Teaching of the Catholic Church. Regensburg, Allemagne,
1965.
BRUCE C. HAFEN
Grande et abominable Église
Auteur : WRIGHT, DENNIS A.
Lexpression «grande et abominable église», qui apparaît dans une vision
apocalyptique reçue au sixième siècle av. J.-C. par le prophète Néphi 1 dans le Livre
de Mormon (1 Né. 13:6), désigne l'église du diable et les saints des derniers jours y
voient léquivalent de «la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux»
décrite dans Apocalypse 17:1. Jacob, frère de Néphi, voit dans cette «grande
prostituée de toute la terre» tous ceux qui sont contre Dieu et qui luttent contre Sion
à toutes les époques (2 Né. 10:16). Néphi ne fait pas de récit détaillé de tout
qu'il a vu dans la vision, car cette responsabilité était réservée à Jean, l'apôtre,
qui devait recevoir la même vision; néanmoins, Néphi mentionne plusieurs fois son
contenu et ses enseignements en utilisant diverses images et expressions (1 Né. 13:4-9,
26-27, 34; 14:1-4, 9-17).
Comme Jean, Néphi et Jacob décrivent les persécutions que les méchants infligeront au
peuple de Dieu, en particulier dans les derniers jours. L'ange qui explique la vision à
Néphi souligne que cette grande et abominable église ôtera de la Bible et «de
l'Évangile de l'Agneau beaucoup de parties qui sont claires et extrêmement précieuses;
et il y a aussi beaucoup d'alliances du Seigneur qu'elle [ôtera]» (1 Né. 13:26),
faisant «trébucher» les hommes et donnant à Satan un «grand pouvoir» sur eux (1 Né.
13:29; D&A 86:3; Robinson, «Early Christianity», p. 188). Bien que beaucoup de
protestants, suivant l'exemple de Martin Luther, aient rattaché cette force mauvaise
décrite dans Apocalypse 17 à l'Église catholique, ces Écritures modernes et
néotestamentaires mettent plutôt laccent sur des agents d'apostasie plus anciens
dans les traditions juives et chrétiennes (voir A. Clarke, Clarkes Commentary, vol.
6, pp. 1036-1038, Nashville, Tenn., 1977).
Quand il parle symboliquement plutôt qu'historiquement, Néphi identifie tous les ennemis
des saints à l'église du diable (1 Né. 14:9-10; 2 Né. 10:16). Ce sont ceux qui, dans
tous les pays et à toutes les époques, désirent «obtenir du gain, et
du pouvoir
sur la chair, et
devenir populaires aux yeux du monde
qui recherchent les
convoitises de la chair et les choses du monde et à commettre toutes sortes
d'iniquités» (1 Né. 22:23). Parmi les autres termes scripturaires liés à la grande et
abominable église, il y a «Babylone» et la «grande prostituée» (Ap. 17:5; 1 Né.
22:13; D&A 1:16). Des images d'orgueil, de cupidité et d'abandon d'alliances sont
associées à ces termes, tout au contraire de l'Église de Dieu. Les Écritures
avertissent régulièrement les hommes de fuir l'église du mal et de se réfugier dans
l'Église de Dieu (Jé. 51:6; Ap. 18:4; 1 Né. 20:20; D&A 133:14; voir aussi P.
Minear, «Babylon» dans Interpreter's Dictionary of the Bible, 1:338, Nashville, Tenn.,
1962). L'image donnée par le Livre de Mormon d'une grande et abominable église complète
les images bibliques de Babylone et de la prostituée.
Le destin de la grande et abominable église est décrit dans les Écritures anciennes et
modernes (Jé. 51:37; Ap. 18:21; 1 Né. 14:15-16; 22:14; D&A 1:16): Même si les
nations de la terre se rassemblent contre lui, la rédemption est promise au «peuple de
l'alliance du Seigneur, qui a été dispersé sur toute la face de la terre» même
sil faut quun pouvoir descende des cieux, comme si cétait par le feu (1
Né. 14:14; 22:17). Quand Jésus-Christ reviendra, il réclamera les siens et rejettera
ceux qui se sont opposés à lui (Ma. 4:1-3; 2 Th. 2:6-10; 1 Né. 22:23-26; voir
Jésus-Christ : Seconde venue de Jésus-Christ). Lorsque le Sauveur instaurera son règne
millénaire, grande sera la chute de Babylone, la prostituée, et de la grande et
abominable église (Ap. 18; 2 Né. 28:18), parce que tout genou fléchira et toute langue
confessera, avec reconnaissance, que Jésus est le Christ (És. 45:23; Mos. 27:31).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. "The Passing of the Primitive Church: Forty Variations on an
Unpopular Theme". Dans CWHN 4:168-208.
Nibley, Hugh W. "Prophecy in the Book of Mormon: The Three Periods". Dans CWHN
7:410-435.
Robinson, Stephen E. "Warring Against the Saints of God". Ensign 18, janv. 1988,
pp. 34-39.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14". Dans The Book of
Mormon: First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp.
177-191. Provo, Utah, 1988.
DENNIS A. WRIGHT
Hébreux, épître aux
Auteur: DRAPER, RICHARD D.
Beaucoup de passages de cette lettre du Nouveau Testament ont une importance particulière
pour les saints des derniers jours. Lors des conférences générales de l'Église, les
passages les plus souvent cités dans lépître aux Hébreux sont ceux qui
concernent la Divinité (Hé. 1:1-3; 12:9; 13:8), la souffrance obéissante de Jésus
(Hé. 2:14-18; 4:15-16; 5:8-9; voir aussi Jésus-Christ, Expiation de), la prêtrise
éternelle de Jésus-Christ (Hé. 7-8), la nécessité dêtre appelé de Dieu pour
détenir la prêtrise (Hé. 5:1-4), la nature de la vraie foi, qui motive les hommes à
agir selon la justice (Hé. 11), tendre «à ce qui est parfait» (Hé. 6:1) et
persévérer jusqu'à la fin (Hé. 12:4-11). Ces thèmes sont les piliers essentiels de
l'Évangile de Jésus-Christ.
Le point principal au cur de l'épître est que Jésus-Christ est le «souverain
sacrificateur [éternel], qui sest assis à la droite du trône de la majesté
divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle» de Dieu
(Hé. 8:1-2). Ce thème est développé dans toute l'épître, montrant comment le salut
éternel nous est apporté grâce à la grandeur, à la validité et à la suprématie de
Jésus-Christ. Lépître sadresse aux Juifs convertis à l'Église chrétienne
primitive, qui ont déjà compris les premiers principes de l'Évangile et ont reçu ses
ordonnances de base (Hé. 6:1-4). Étape par étape, elle sefforce systématiquement
de les persuader «de se raccrocher à leur foi» (Buchanan, p. 266), de garder l'alliance
et de réaliser l'espérance incomparable et les promesses irrévocables que Dieu leur a
données grâce au sacrifice de Jésus-Christ. Avec son explication de l'Expiation en
termes de prêtrise, de serments, dalliances et dimages du temple, cette
épître tout entière vibre au diapason des concepts et des pratiques des saints
modernes.
Le chapitre 1 commence en déclarant hardiment que Jésus est le seul médiateur entre
Dieu et tous les êtres humains; il est supérieur aux prophètes et aux anges et les
remplace. Personnalité séparée et distincte dans la Divinité, il est le Dieu de la
Création et la révélation parfaite de la Divinité pour toujours. Il est,
spirituellement et physiquement, lempreinte de la personne de son Père; lui seul a
payé pour les péchés de l'humanité et est assis à la droite de Dieu le Père (Hé.
1:1-3). Le Père a introduit le Sauveur (qui était son «premier-né» dans l'existence
prémortelle) «dans le monde» (Hé. 1:6; cf. D&A 93:21; 1 Né. 11:18). En tant que
premier-né, Jésus est l'héritier de toutes choses (Hé. 1:2) et ceux qui sont fidèles
deviennent cohéritiers avec lui (voir Héritiers).
Le chapitre 2 invite fortement à écouter la parole de Dieu donnée par Jésus-Christ
(Hé. 2:1-4). Lautre monde est entièrement assujetti au Christ (Hé. 2:5-10). Dieu
la rendu de peu inférieur «à Dieu». Parce que Dieu est le Père de tous, même
le Christ lui est soumis. Le Christ ne le cède quau Père, et pourtant il est le
frère d'esprit de l'humanité (Hé. 2:17). Comme ses frères et ses surs dans la
condition mortelle, il a connu la tentation, mais contrairement à eux, il na jamais
péché (Hé. 2:18; 4:15-16). Par ce quil a souffert, il a appris l'obéissance et a
acquis de la compassion pour tous les enfants de Dieu.
Le chapitre 3 recommande aux hommes de contempler la grandeur du Seigneur et de s'engager
vis-à-vis de lui. L'obéissance absolue montrée par le Sauveur à son Père montre le
chemin. Cest aujourdhui quil faut sengager. L'Évangile n'est pas
toujours accessible à l'humanité, il est donc nécessaire de faire alliance
«aujourdhui» de peur de connaître le sort des Israélites rebelles et de mourir
dans le désert de leur propre vie (Hé. 3:7-17; cf. Jos. 24:14-25; Jcb. 6:5-7; D&A
64:23-25).
Le chapitre 4, empruntant partiellement au symbolisme du temple israélite, invite les
saints à entrer dans le repos du Seigneur (Hé. 4:1, 11). On y parvient en croyant, en ne
sendurcissant pas le cur, en travaillant, en étant à découvert devant Dieu,
en se reposant sur la compassion de Jésus, le souverain sacrificateur, et en
sapprochant avec assurance du trône de la grâce de Dieu afin dobtenir
miséricorde en temps de besoin (Hé. 4:7, 11, 13, 15, 16).
Le chapitre 5 explique comment Jésus a obtenu son autorité dagir comme souverain
sacrificateur d'Israël. Il ne sest pas attribué cette dignité. Comme dans le cas
dAaron, Dieu l'a choisi et lui a conféré l'autorité comme «sacrificateur pour
toujours, selon l'ordre de Melchisédek» (Hé. 5:6; Ps. 110:4).
Le chapitre 6 invite tous les membres de l'Église à «saisir lespérance» de la
perfection et de la vie éternelle, qui leur a été offerte par un serment et une
alliance immuables (Hé. 6:1, 13-20; voir aussi Prêtrise, Serment et alliance de la). La
diligence à servir le Christ apporte la pleine assurance de promesses extraordinaires,
comme Dieu a fait alliance avec Abraham et lui a promis un accroissement éternel (Hé.
6:13-14; cf. D&A 132:30). Cette espérance, rendue possible dans le Christ, est une
ancre pour l'âme, puisque Dieu ne peut pas mentir. Toutefois, ceux qui ont une fois
goûté la bonne parole de Dieu et ont eu part au Saint-Esprit et qui tombent et
«crucifient pour leur part le Fils de Dieu», commettent un péché si grave qu'ils ne
peuvent être renouvelés et amenés à la repentance (Hé. 6:6-10).
Les promesses que Dieu a faites à Abraham sont offertes à tous ceux qui vont au Christ:
Jésus était prêtre selon l'ordre de Melchisédek, qui était le prêtre qui a béni
Abraham, dans les reins duquel était Lévi. La supériorité de la Prêtrise de
Melchisédek du Christ par rapport à la prêtrise lévitique et à la loi de Moïse est
détaillée au chapitre 7. Melchisédek était un symbole du Christ. Sa prêtrise était
plus permanente que la prêtrise lévitique, qui était limitée aux lignées par le sang
et n'était pas donnée avec un serment et dont les prêtres ne continuaient pas à cause
de la mort et qui avaient besoin dun renouvellement quotidien (Hé. 7:3, 21, 23,
27). Par contre, l'ordre de Melchisédek de la prêtrise était dirigé par Jésus-Christ,
qui, à la différence du souverain sacrificateur dans la loi de Moïse le jour annuel des
expiations (Lé. 16:4), n'avait pas besoin «d'offrir de sacrifice pour ses propres
péchés, parce quil n'avait pas de péché» (TJS Hé. 7:26). Sa prêtrise était
« aparabatos », ce qui veut dire «permanente, immuable et incomparable» (Hé. 7:24).
Aucune autre prêtrise ne lui succédera. Ce sera pour toujours le pouvoir permanent du
salut et des vies éternelles dans l'Église du Christ (EPJS, pp. 132, 260).
En tant que souverain sacrificateur, Jésus s'est offert comme sacrifice expiatoire
éternel et est devenu le médiateur de cette nouvelle alliance plus excellente (Hé.
8:6), mettant la loi de Dieu dans le cur de son peuple (Hé. 8:10; 10:16). La
vieille loi (de Moïse), avec ses observances et ses sacrifices, était accomplie. Par la
nouvelle alliance, Dieu promettait de ne plus se rappeler les péchés de ceux qui se
repentaient (Hé. 10:17) et chaque saint était invité à sengager sur «une route
nouvelle et vivante» par le sang du Christ (Hé. 10:15-20). Ceux qui étaient disposés
à le faire avec patience et foi seraient justifiés et recevraient la promesse (Hé.
10:35-38).
Le chapitre 11 se concentre sur la foi et ses effets extérieurs sur la vie des héros
spirituels d'Israël. La foi est la substance ou la justification ou l'assurance réelle
(hypostase) et la preuve ou démonstration (elenchos) de choses quon ne voit pas,
qui sont vraies (Hé. 11:1; Al. 32:21). La vraie foi se manifeste nécessairement dans des
uvres de justice. Le chapitre 12 exhorte donc les fidèles à supporter les
réprimandes et les corrections de Dieu, qui est le Père de leur esprit. En héritant des
bénédictions de l'éternité comme fils du Dieu vivant, ses saints sont en mesure
daller à la nouvelle montagne de Sion, la Jérusalem céleste, étant rendus
parfaits, une assemblée de «premiers-nés» (prototokon), ayant hérité de tout avec le
Premier-né.
Le chapitre 13 conclut en recommandant que «le mariage soit honoré» et en conseillant
à tous: «persévérez dans l'amour fraternel», «ne vous livrez pas à lamour de
largent» et soyez fidèles à Jésus seul «en portant son opprobre, car nous
navons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à
venir» (Hé. 13:1, 4-5, 13-14). Ceux qui entrent dans ce saint ordre et en gardent les
alliances se préparent pour la vie éternelle et l'accomplissement de la prière «que le
Dieu de paix, qui a ramené dentre les morts le grand pasteur des brebis, par le
sang dune alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende capables de toute
bonne uvre pour l'accomplissement de sa volonté» (Hé. 13:20-21).
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Buchanan, George W. To the Hebrews. Garden City, N.Y., 1972.
Gentry, Leland H. "Let Us Go On unto Perfection: Paul's Message in the Book of
Hebrews". Dans Sidney B. Sperry Symposium, pp. 135-144. Provo, Utah, 1983.
RICHARD D. DRAPER
Hélaman 1
Auteur: Thorne, Melvin J.
Le premier Hélaman mentionné dans le Livre de Mormon (v. 130 av. J.-C.) est l'un des
trois fils de Benjamin, roi des Néphites et du peuple de Zarahemla. Il nest
mentionné quune fois à propos des efforts de son père pour l'instruire, lui et
ses frères, Mosiah 2 et Hélorum. Benjamin leur enseigna la langue de leurs pères et les
prophéties prononcées par eux, «afin qu'ils devinssent ainsi des hommes pleins de
jugement» (Mosiah 1:2).
MELVIN J. THORNE
Hélaman 2
Auteur: Cheesman, Paul R.
Hélaman 2 (v. 100-57 av. J.-C.) est un commandant et un prophète militaire remarquable
du Livre de Mormon. Fils aîné d'Alma le Jeune, il est le frère de Shiblon et de
Corianton (Al. 31:7) et père dHélaman 3. Il devient grand prêtre (Al. 46:38) et
est connu pour son enseignement du repentir à son peuple.
Pendant sa jeunesse, il reste en arrière pendant la mission de son père et de ses
frères chez les Zoramites (Al. 31:7), apparemment pour gérer les affaires domestiques et
ecclésiastiques en l'absence d'Alma. Plus tard, son père lui donne une bénédiction
spéciale, qui est souvent citée parmi les saints des derniers jours, l'exhortant à
garder les commandements de Dieu et lui promettant que, s'il le fait, il prospérera dans
le pays (Al. 36:30; 37:13). Son père lui commande aussi de continuer les annales de son
peuple et lui confie la garde sacrée des annales néphites, des plaques dairain,
des vingt-quatre plaques des Jarédites, des interprètes et du liahona, c'est-à-dire le
compas divin qui a conduit la famille de Léhi à la nouvelle terre promise en Amérique
(Al. 37:1-47). Avant la mort de son père, Hélaman mettra par écrit la prophétie de
celui-ci concernant la destruction finale du peuple néphite (45:9-14).
Bien que simplement connu pour avoir été l'un des «grands prêtres de l'Église» (Al.
46:6), il est manifestement le prêtre en chef parce que «Hélaman et ses frères»
(45:22-23; 46:1, 6; 62:45) ou «Hélaman et les grands prêtres» (46:38) accomplissent
toujours les fonctions ecclésiastiques; aucun autre grand prêtre président n'est cité.
Quand Hélaman et ses frères tentent «d'établir de nouveau l'Église dans tout le
pays» (45:22) après une guerre prolongée avec les Lamanites (43-44), leur action
déclenche une agitation populaire menée par Amalickiah, ce qui va précipiter les
Néphites dans une de leurs guerres les plus dévastatrices.
Pendant la jeunesse dHélaman, un grand nombre de convertis lamanites, appelés
Ammonites (voir Livre de Mormon, Peuples du), vont sinstaller dans le territoire
néphite de Jershon (Al. 27). Ils sengagent par serment à ne plus jamais ôter la
vie à qui que ce soit (Al. 24:17-18). Plus tard, quand d'autres Lamanites attaquent leurs
protecteurs néphites, les Ammonites proposent de rompre leur serment afin d'aider
l'armée néphite à défendre leurs familles et leurs terres. Ce sont «Hélaman et ses
frères» qui vont les persuader de ne pas rompre leur alliance. Ils accueillent cependant
2.060 jeunes Ammonites, qui ne sont pas tenus par le serment de leurs parents, qui se
proposent pour combattre pour la cause néphite et choisissent Hélaman pour les diriger
(53:10-22). En acceptant leur proposition, il devient à la fois chef militaire et père
spirituel, une observation que lon trouve dans la longue lettre dHélaman à
son commandant Moroni 1 (Al. 56-58). Hélaman conduit ses «jeunes soldats» (53:22) dans
de nombreuses batailles, mais aucun deux nest tué, bien que tous aient reçu
des blessures (56:56; 57:25; 58:39). Ces jeunes hommes attribuent à Dieu leur protection
et rendent hommage à leurs mères qui les ont formés dans la foi (56:47). Pendant sa
campagne militaire comme chef de ces jeunes hommes, Hélaman remporte victoire sur
victoire, capturant souvent des ennemis sans effusion de sang. Manifestant une
ingéniosité et une personnalité extraordinaires, il reconnaît toujours les
bénédictions de Dieu dans ses succès (56:19; 57:35; 58:33).
Après la guerre, Hélaman retournera chez lui et passera les années qui lui restent à
régler les affaires de l'Église, convainquant «beaucoup de gens de leur méchanceté,
ce qui les amena à se repentir de leurs péchés et à être baptisés pour le Seigneur,
leur Dieu» (Al. 62:45). Une ère de paix résulte de ses efforts finaux. Il meurt en 57
av. J.-C.
PAUL R. CHEESMAN
Hélaman 3
Auteur: BAKER, CHRISTINE PURVES
Hélaman 3, fils de Hélaman 2, est le gardien des annales et le grand juge du pays de
Zarahemla pendant les quatorze années qui précèdent sa mort en 39 av. J.-C. On ne sait
pas grand-chose de ses affaires personnelles. Son oncle, Shiblon, lui confie la charge des
documents historiques en 53 av. J.-C. (Al. 63:11-13), et le livre dHélaman dans le
Livre de Mormon porte son nom.
Après l'assassinat du grand juge Pacumeni en 50 av. J.-C., Hélaman est élu par le
peuple à cette fonction, qui est la plus haute du pays. Un complot contre lui est
découvert plus tard et Kishkumen, l'assassin potentiel, est mortellement blessé. La
bande dassassins, menée par Gadianton, s'enfuit dans le désert. Mormon écrit à
propos de Gadianton : «À la fin de ce livre [le Livre de Mormon], vous verrez que ce
Gadianton se révéla être la chute
du peuple de Néphi» (Hél. 2:13; voir aussi
Combinaisons secrètes).
Pendant la période de trois ans de 48 à 46 av. J.-C., un nombre substantiel de personnes
quitte Zarahemla à cause de dissensions non spécifiées, et va «dans le pays situé du
côté du nord» (Hél. 3:3). Cette émigration est si importante quune fraction
seulement de son impact pourra être mentionnée dans les annales de Mormon (Hél. 3:14).
En dépit des dissensions, de l'émigration et de la guerre, «Hélaman occupa le siège
du jugement avec justice et équité; oui, il s'appliqua à garder les lois, et les
ordonnances, et les commandements de Dieu; et il fit continuellement ce qui était droit
aux yeux de Dieu; et il marcha dans les voies de son père, de sorte qu'il prospéra dans
le pays» (3:20). Pendant son mandat, des dizaines de milliers de personnes sont
baptisées dans l'Église au grand étonnement des grands prêtres et des instructeurs
(3:24-25). Par la force de sa personnalité, Hélaman maintiendra la paix pendant
deux-tiers de sa carrière politique.
Quand il meurt, Hélaman laisse les responsabilités spirituelles et les annales sacrées
entre les mains de son fils, Néphi 2 (Hél. 3:37; 5:5-14; 16:25).
Hénoc
[Cette rubrique traite en trois parties dHénoc, de ses visions, de sa manière de
diriger comme prophète et de son importance.]
Hénoc: Sources de lÉglise
Auteur: EAMES, RULON D.
Hénoc a
une place importante dans les Écritures et la tradition des saints des derniers jours
comme prophète, voyant et bâtisseur de Sion. La Bible dit que «Hénoc marcha avec Dieu;
puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit» (Ge. 5:21-24). Dans les révélations
données à Joseph Smith il y a beaucoup dinformations supplémentaires sur Hénoc,
sur sa connaissance de lexpiation sanctifiante du Christ, les visions il a eues du
futur du monde, les messages quil a proclamés, la méchanceté à laquelle il
sest opposé, les miracles quil a accomplis, les ordonnances de la prêtrise
quil a accomplies et les promesses quil a reçues du Seigneur Jésus-Christ
prémortel (voir Livre de Moïse). Hénoc et sa ville de Sion sont des symboles puissants
parmi les saints des derniers jours, affirmant quil est possible de parvenir à une
justice suprême sur terre comme au ciel.
MOÏSE 6-7 DANS LA PERLE DE GRAND PRIX. Hénoc était le septième dans une chaîne de
patriarches remontant jusquà Adam (Moï. 6:10-22). Énosch, petit-fils dAdam,
sétait enfui avec «le reste du peuple de Dieu» dun pays méchant appelé
Schulon dans «une terre de promission» quÉnosch baptisa du nom de son fils,
Kénan (6:17). Le texte implique que Hénoc naquit dans ce «pays de justice» (6:41).
Suivant lexemple dAdam et Ève, le père dHénoc lui enseigna «toutes
les voies de Dieu» (6:21, 41; cf. 5:12).
Alors quil nétait «quun jeune garçon» (bien quil eût
probablement plus de 65 ans, Moï. 6:25, 31), Hénoc fut appelé à prêcher le repentir
aux méchants: «L'Esprit de Dieu descendit du ciel et demeura sur lui» (6:26-30). Comme
dautres prophètes, il ne se sentait absolument pas à la hauteur de la tâche:
«Tout le peuple me hait, car je suis lent à m'exprimer» (6:31-34; cf. 1:25-26; Ex.
4:10-12; Jé. 1:4-10; És. 6:1-10). Le Seigneur dit à Hénoc de se mettre de
largile sur les yeux et de les laver, sur quoi il eut une vision des «esprits que
Dieu avait créés; et
des choses qui n'étaient pas visibles à l'il
naturel» (Moï. 6:35-36). Le mot «voyant» sapplique donc à lui.
Il alla alors prêcher dans les collines et sur les hauts lieux, mais le peuple sen
offensa et le considéra comme «un homme sauvage» (6:37-38). Un homme du nom de Mahijah
eut la hardiesse de demander à Hénoc qui il était et doù il venait. Hénoc
expliqua alors sa vision du ciel et sa compréhension de la chute dAdam; il enseigna
quaprès la chute, les humains étaient devenus charnels et diaboliques en adorant
Satan, mais montra comment, selon le Plan de Salut, ils pouvaient se repentir et devenir
des «fils de Dieu» par le sang de Jésus-Christ, le Fils unique de lHomme de
Sainteté (6:42-7:1).
Poursuivant son ministère, Hénoc parla dune autre vision quil avait reçue
dans laquelle il se tenait sur une montagne et voyait le Seigneur face à face. Le
Seigneur lui montra les jugements sous forme de guerres et la stérilité qui
sabattraient sur les méchants et lui commanda de nouveau de prêcher le repentir et
le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (7:2-11).
Hénoc amena un grand nombre de convertis à lÉvangile de Jésus-Christ, mais son
succès nalla pas sans rencontrer une opposition féroce (7:12-13). Les ennemis des
justes se mobilisèrent contre eux. Le récit scripturaire décrit des miracles dune
puissance extraordinaire. Selon les termes dHénoc: «la terre trembla, et les
montagnes s'enfuirent
et les rivières d'eau furent détournées de leurs cours»
(7:13). Frappés de crainte, les ennemis dHénoc et les géants de la terre se
tinrent au loin et «le Seigneur vint demeurer avec son peuple, et ils demeurèrent dans
la justice» (7:16).
Sous la direction inspirée dHénoc, les fidèles parvinrent à une unité de
cur et desprit extraordinaire. Lobéissance aimante aux lois du Christ
fut maintenue; un état dégalité économique fut atteint et «il ny avait
pas de pauvres» parmi eux (7:18). Lunité spirituelle du peuple dHénoc prit
des dimensions physiques par la construction dune ville «qui fut appelée la Ville
de la Sainteté, SION» (7:19). Leur vie était basée sur «l'ordre de celui qui était
sans commencement de jours ni fin d'années [Jésus-Christ]» (6:67) et «selon
lordre de lalliance que Dieu avait faite avec Hénoc» (TJS, Ge. 14:27). Cette
communauté unique mûrit pendant 365 ans, après quoi elle fut reçue au ciel.
Accomplissant son alliance de préserver la lignée dHénoc sur la terre, le
Seigneur y laissa Metuschélah et Lémec, le fils et le petit-fils dHénoc (Moï.
8:2, 5). Noé, fils de Lémec naquit quatre ans après que la ville dHénoc eut
été enlevée au ciel.
Dans une troisième vision, Hénoc vit «tous les habitants de la terre» (7:21). Dans
cette révélation panoramique, il fut témoin de la méchanceté et de la violence de
lépoque de Noé; il vit Satan rire, une grande chaîne à la main, et le Seigneur
pleurer sur ses créations parce que lhumanité avait rejeté Dieu et était devenue
«sans affection» (7:33). Il vit le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ (7:47-48) et
reçut la promesse «qu'il se trouverait toujours un reste de sa postérité parmi toutes
les nations» (7:52). Finalement, il vit la joyeuse réunion de sa ville avec une Sion
moderne bâtie en prévision de lavènement de Jésus (7:63-67).
Selon le récit biblique, Hénoc vécut 365 ans (Ge. 5:23); selon le livre de Moïse, 430
ans (8:1; c.-à-d., 365 plus 65, qui était lâge dHénoc quand il engendra
Metuschélah et fut ordonné).
DOCTRINE ET ALLIANCES 76, 84, 107. Laccession rapide dHénoc à la maturité
spirituelle ressort du fait quil reçut la prêtrise avant son père et son
grand-père. La prêtrise détenue par Hénoc est décrite dans plusieurs passages des
Doctrine et Alliances. Il fut ordonné à lâge vingt-cinq ans de la main
dAdam. Sa prêtrise était «selon le plus saint ordre de Dieu», détenant «la
clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance de Dieu» (D&A
84:15-19). Les Écritures confirment que Hénoc «vit le Seigneur, marcha avec lui et fut
continuellement devant sa face» (D&A 107:48-49). Quelque chose qui montre bien la
place éternelle dHénoc dans la prêtrise, cest que les héritiers du royaume
céleste sont décrits comme «prêtres du Très-Haut, selon l'ordre de Melchisédek, qui
était selon l'ordre d'Hénoc, qui était selon l'ordre du Fils unique» (D&A 76:57).
Hénoc reçut deux bénédictions dAdam: une quand il fut ordonné à la prêtrise,
lautre 240 ans plus tard lors du conseil dAdam-ondi-Ahman, qui semble être
davantage une bénédiction publique (D&A 107:48, 53). Tous les patriarches dans le
lignage héréditaire dHénoc étaient présents à cette réunion finale de la
postérité juste dAdam, et Adam prophétisa lavenir de ses descendants
«jusquà la dernière génération» (107:56). Ces prophéties furent écrites dans
le livre dHénoc.
HÉNOC ET LES SAINTS DES DERNIERS JOURS. Les saints des derniers jours croient que la
justice dHénoc était basée sur les mêmes principes de lÉvangile qui
sappliquent dans toutes les dispensations et éternellement. Pour cette raison, les
saints des derniers jours se sentent une parenté spirituelle avec Hénoc et avec son
peuple: La Sion dHénoc représente tous les idéaux spirituels auxquels les saints
des derniers jours travaillent. Appelé à édifier une Sion moderne, le prophète et
voyant Joseph Smith utilisa le nom Hénoc comme lun des noms de code pour se
désigner lui-même dans les premières éditions des Doctrine et Alliances. Un système
économique conçu pour favoriser légalité matérielle et spirituelle dans
lÉglise, lOrdre dHénoc (voir Ordres unis), fut mis en application à
diverses reprises dans lhistoire de lÉglise. Les membres de lÉglise
aspirent au jour où les justes édifieront la contre-partie de la Ville de la Sainteté
dHénoc, la nouvelle Jérusalem, au comté de Jackson, dans le Missouri. Les
missionnaires prêchent le repentir dans le monde entier, parce que la terre doit être
purifiée par le feu, comme elle la été par le déluge qui a suivi le ministère
dHénoc. Les membres de lÉglise sattendent au retour de la ville
dHénoc den haut pour se réunir avec la Sion den bas (Moï. 7:58),
quand la terre se reposera sous le règne millénaire de Jésus-Christ.
Bibliographie
Maxwell, Neal A. Of One Heart: The Glory of the City of Énoch. Salt Lake City, 1975.
Millet, Robert L. "Énoch and His City (Moses 6, 7)". Dans Studies in Scripture,
Vol. 2, pp. 131-44. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh W. Énoch the Prophet. Dans CWHN 2.
Ricks, Stephen D. "The Narrative Call Pattern in the Prophetic Commission of Énoch
(Moses 6)". BYU Studies 26, automne 1986, pp. 97-105.
RULON D. EAMES
Hénoc: Sources antiques
Auteur: CHARLESWORTH, JAMES H.
Selon Ge.
5:22-25, «Hénoc, après la naissance de Metuschélah, marcha avec Dieu trois cents ans;
et il engendra des fils et des filles. Tous les jours d'Hénoc furent de trois cent
soixantecinq ans. Hénoc marcha avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu le
prit.» (Segond).
Hénoc, père de Metuschélah et arrière-grand-père de Noé, était honoré par Juifs et
chrétiens pour les raisons suivantes: (1) Genèse 5 dit quil vécut 365 ans, un
nombre attrayant pour les Juifs qui plaidaient pour que le culte soit aligné sur le
calendrier solaire (1 Énoch). (2) Il «marcha avec Dieu» et fut donc agréable à Dieu
et était parfait (Sagesse de Salomon 4:13). (3) il ne mourut pas «Dieu le prit»
et par conséquent il reviendrait du ciel (1 Énoch 14:21-24) pour concrétiser les
promesses de Dieu à son peuple. (4) Il était le «septième» (sept est un chiffre
parfait) après Adam (Ge. 5; 1 Énoch 93:3; Jude 14). «Un ange» dit de lui quil
est «le fils de lhomme» (1 Énoch 71:14). Lui seul a tout vu (1 Énoch 19). Il
réprimandera les anges déchus (1 Énoch 14), révélera tout (1 Énoch 91), intercédera
pour les humains (1 Énoch 15:2) et introduira la paix éternelle dans le monde à venir,
comme indiqué à la création, puisque la justice ne labandonne jamais (1 Énoch
71:14-17).
LIVRES DÉNOCH. Il est clair que les premiers Juifs et chrétiens honoraient les
livres dÉnoch. Les extraits les plus anciens de ces derniers se trouvent dans ce
qui sappelle maintenant 1 Énoch (éthiopien). Selon les estimations de la plupart
des experts daujourdhui, tous les documents préservés dans 1 Énoch sont
juifs et antidatent la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C. Dans lordre
chronologique probable, ces livres dÉnoch sont les suivants: Le Livre de
lAstronomie (1 Énoch 72-82) décrit le mouvement du soleil, la réception de sa
lumière par la lune (73:7, 78:10) et le calendrier solaire divinement ordonné. Le Livre
des Veilleurs (1 Énoch 1-36) est un ouvrage composite comprenant les Paraboles
dÉnoch (1-5), les Veilleurs (6-16) et les Voyages dÉnoch (17-19 et 20-36);
le but principal de cette compilation est dexpliquer que le mal est entré dans ce
monde à cause de la chute des anges (cf. Ge. 6). Le Livre des Songes visionnaires (1
Énoch 83-90) contient une vision du déluge (83-84) et une Apocalypse animale (85-90),
qui décrit lhistoire du monde depuis avant le déluge jusquà
lapparition dune «grande corne», qui est probablement Juda Maccabée.
LÉpître dÉnoch (1 Énoch 91-105; 106-107 provient probablement du livre de
Noé, un livre perdu, et 108 est une addition postérieure) vise les pécheurs riches
(94:8-9; 95:3; 96:4-8; 97:8-10), contient un examen plus ancien de lhistoire
(lApocalypse des Semaines, 1 Énoch 93:1-10, et 91:11-17, qui est mal placée) et
exhorte les justes à persévérer dans leur espérance (104), à marcher dans la voie de
la justice et à éviter la voie de la méchanceté. Les Similitudes dÉnoch (1
Énoch 36-71) sont lun des documents théologiques les plus brillants du judaïsme
davant la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C.; elles décrivent
lapparition future du Messie, le Juste, lÉlu et Fils de lhomme et ont
tendance à les fusionner en une seule personne qui savère finalement être Énoch.
Apparenté aux livres dÉnoch il y a le Livre des Géants, qui est conservé dans
des fragments qumraniques qui datent du premier siècle av. J.-C.
2 Énoch est lun des écrits juifs les plus difficiles à dater et à comprendre
parce quil nest parvenu jusquà nous que dans des manuscrits slaves
médiévaux. Il était cher aux Bogomils, qui étaient formés par des sources juives
antiques mais qui créèrent ou refaçonnèrent aussi des documents antiques. Beaucoup de
savants font remonter 2 Énoch à un Juif qui vivait avant 100 apr. J.-C. Après une
introduction dans laquelle il informe ses fils de son assomption imminente, Énoch décrit
son ascension à travers les sept cieux (3-21). Ensuite le Seigneur révèle des secrets
à Énoch (22-38), qui exhorte ses fils (39-66) et est enlevé au ciel le plus élevé
(67; le chap. 68 nexiste que dans la révision longue). Lapocalypse termine
sur une description de la naissance miraculeuse de Melchisédek de Sophanima, qui est
morte. Il est alors emporté au paradis par larchange Michel et reviendra à la fin
des temps pour être le chef des prêtres (69-73).
3 Énoch sous sa forme actuelle est un ouvrage juif médiéval; mais il se peut quil
remonte à un document plus ancien et il est certain quil conserve des traditions
très anciennes. Les quarante-huit chapitres de 3 Énoch contiennent des informations
cosmologiques, particulièrement concernant le monde céleste du trône et du char de
Dieu. Larchange Metatron informe le voyant Ismaël quil est Énoch, qui a
été transformé en ange.
LA FIN DÉNOCH. Malgré le fait que lauteur de Jude (verset 9) cite 1 Énoch
comme prophétie et que léglise éthiopienne a canonisé le livre et célébré de
nombreux autres ouvrages qui linterprètent, les livres dÉnoch ont fini par
perdre la faveur du judaïsme et du christianisme traditionnels. Avec la compilation de la
Michna par Rabbi Juda vers 200 apr. J.-C. et la tendance à dénigrer
lapocalypticisme, Énoch tomba en disgrâce. Ce furent Hillel et son école qui
furent la norme du rabbinisme. Avec la clôture du canon chrétien, à cause de
lapparition du Saint Empire Romain au quatrième siècle, les livres dÉnoch
furent stigmatisés comme extracanoniques et la vénération jadis accordée au sage
scribe Énoch fut transférée ou réservée à Jésus-Christ.
Bibliographie
Black, M., avec J. C. VanderKam. The Book of Énoch or I Énoch: A New English Edition.
Leiden, 1985.
Charles, R. H. The Book of Énoch or 1 Énoch. Oxford, 1912.
Charlesworth, J. H. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City, N.Y., 1983,
1985. (Contient des introductions, des traductions et des notes sur 1 Énoch, 2 Énoch et
3 Énoch).
Knibb, M., avec E. Ullendorff. The Ethiopic Book of Énoch: A New Edition in the Light of
the Aramaic Dead Sea Fragments, 2 vols. Oxford, 1978.
Milik, J. T., avec M. Black. The Books of Énoch: Aramaic Fragments of Qumr-n Cave 4.
Oxford, 1976.
VanderKam, J. C. Énoch and the Growth of an Apocalyptic Tradition. Washington, D.C.,
1984.
JAMES H. CHARLESWORTH
Hénoc: Livre dHénoc
Auteur: CHURCH, LEWIS R.
Le livre dHénoc est lun des écrits antiques que les saints des derniers
jours sattendent à recevoir un jour (voir Écritures: Écritures à venir). Ce
livre ne doit pas être confondu avec les livres pseudépigraphiques dÉnoch, qui
néanmoins ont suscité lintérêt de certains saints des derniers jours depuis au
moins 1840 (Pratt, p. 61). Dans Doctrine et Alliances 107:53-57, il est fait mention
dune réunion de la postérité juste dAdam tenue à Adam-ondi-Ahman trois ans
avant la mort dAdam. Linfluence du Saint-Esprit se manifesta avec puissance en
prophétie pendant quAdam bénissait sa postérité. Ces versets donnent un précis
de ce qui sest produit, mais bien dautres choses «furent écrites dans le
livre d'Hénoc, et il en sera témoigné en temps voulu» (D&A 107:57). Parlant de ce
livre en décembre 1877, Orson Pratt dit: «Je pense que quand nous recevrons cela, nous
connaîtrons beaucoup de choses sur les antédiluviens dont nous savons actuellement si
peu de choses» (JD 19:218). Un extrait de la prophétie dHénoc fut révélé et
publié dans le livre de Moïse (chap. 6-7), le dernier chapitre étant publié dans The
Evening and The Morning Star daoût 1832 (HC 1:130-131).
Bibliographie
Pratt, Parley P. "The Apocryphal Book of Énoch." MS 1, juillet 1840, p. 61.
LEWIS R. CHURCH
Histoire de lÉglise
Cette
rubrique traite de lhistoire de lÉglise au cours des six périodes suivantes:
Histoire de lÉglise: 1820-1831, Antécédents, fondation, période de New York.
Histoire de lÉglise: 1831-1844, Périodes dOhio, du Missouri et de Nauvoo.
Histoire de lÉglise: 1844-1877, Périodes de lexode et du début de
lUtah. Histoire de lÉglise: 1878-1898, Fin de la Période pionnière
dUtah. Histoire de lÉglise: 1898-1945, Transitions: Période du début du XXe
siècle. Histoire de lÉglise: 1945-1990, Période de lère internationale
suivant la Deuxième Guerre mondiale. En outre, plusieurs autres articles traitent de
lHistoire de lÉglise à la lumière de disciplines ou dapproches
historiques spécifiques: voir Doctrine: Signification, source et histoire de la doctrine;
Histoire économique de lÉglise; Histoire intellectuelle; Histoire juridique et
judiciaire de lÉglise; Politique: Histoire politique; Histoire sociale et
culturelle; et Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Les sources bibliographiques relatives à toutes ces périodes sont: B. Allen et Glen M.
Leonard, The Story of the Latter-day Saints, Salt Lake City, 1976; Leonard J. Arrington et
Davis Bitton, The Mormon Experience, New York, 1979; Département dÉducation de
lÉglise, Histoire de lÉglise dans la Plénitude des Temps, Salt Lake City,
1989; et Joseph Fielding Smith, LEssentiel de lHistoire de lÉglise,
Salt Lake City, 1950.
Histoire de lÉglise:
1820-1831, Antécédents, fondation, période de New York
Auteurs: BUSHMAN, RICHARD L. et PORTER, LARRY C.
[On
trouvera dautres articles sur les événements principaux de la première période
de lhistoire de lÉglise dans Première Vision; Moroni, Visitations de;
diverses rubriques reprises sous Livre de Mormon; les articles sur le rétablissement de
la Prêtrise dAaron et de la Prêtrise de Melchisédek et sur lorganisation de
lÉglise, 1830. On peut trouver les premières données biographiques dans les
articles sur les Ancêtres de la famille Smith, Smith, Joseph, Smith, Emma Hale et
plusieurs autres membres de la famille Smith, en plus de Harris, Martin, de Cowdery,
Oliver, de Whitmer, David et de Rigdon, Sidney. La liste des emplacements et des
communautés des saints de cette période se trouve sous New York, premières
localisations de saints des derniers jours.]
La création de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours commence
dans les années 1820 par des événements qui se produisent principalement dans
létat de New York. Le prophète Joseph Smith reçoit sa première vision en 1820,
obtient les plaques dor du Livre de Mormon sur la colline Cumorah en 1827, reçoit
lautorité de la prêtrise en 1829 et organise officiellement lÉglise le 6
avril 1830. Avant que celle-ci ne quitte New York pour lOhio au début de 1831, elle
aura été organisée et sa direction de base aura été clairement établie.
Dans ses années formatrices, lÉglise naissante va surtout apprendre à compter sur
la révélation pour la diriger. Joseph Smith, qui est jeune et peu instruit, ne prétend
pas élaborer la doctrine de la nouvelle Église tout seul. Des révélations directes de
Dieu le conduisent pas à pas. Lidée sans doute la plus révolutionnaire dans
lÉglise est sa croyance en une révélation chrétienne au-delà de la Bible. Les
saints des derniers jours nont jamais douté de linspiration de la Bible; elle
a été un principe essentiel dès le commencement (voir Bible: Croyance des saints des
derniers jours en la Bible). Leur expérience va cependant les amener à se rendre compte
que Dieu a aussi parlé à des prophètes qui nétaient pas repris dans ce canon
conventionnel dÉcriture: cest le Livre de Mormon qui va le leur montrer (2
Né. 29:10-14) et ils vont entendre Joseph Smith parler avec la même autorité que les
apôtres et les prophètes bibliques. En conséquence, les saints des derniers jours vont
commencer à concevoir autrement la révélation et le principe de la révélation
continue va considérablement déranger les autres chrétiens, mais, dès le commencement,
rien ne sera plus fondamental pour lÉglise.
Lhistoire de lÉglise commence par la famille de Joseph Smith, père, et de
Lucy Mack Smith, parents du prophète (voir Famille Smith), qui, avec des milliers
dautres habitants de la Nouvelle-Angleterre se répandent dans létat de New
York au début du dix-neuvième siècle à la recherche de meilleures terres. Ils
apportent leur intensité religieuse calviniste, mais avec une ardeur modifiée par les
nouvelles conditions de vie de lAmérique républicaine et pluraliste. Ils ont
longtemps recherché sans succès une religion sur laquelle ils pouvaient compter. Le
nombre croissant de confessions chrétiennes et une foule de nouvelles influences
intellectuelles provenant des Lumières font quil est plus difficile dadopter
une foi religieuse que quand le congrégationalisme prédominait en Nouvelle-Angleterre.
Joseph Smith commence sa recherche du salut par la question de savoir quelle église est
la vraie. Cette question simpose probablement à lui à cause de lincertitude
de ses parents et de la multiplicité des églises presbytérienne, baptiste,
méthodiste, quaker dans son propre village.
Au début du printemps de 1820, poussé par des réveils religieux évangéliques, Joseph
Smith demande à Dieu de lui indiquer la vraie religion. Bien que nayant que
quatorze ans, il a confiance en la promesse biblique quil pourra obtenir une
réponse (Ja. 1:5). Il va dans les bois près de chez lui, se met à genoux et prie. Dans
ses récits de lévénement, il témoigne que la réponse quil reçoit
létonne. Dieu le Père et Jésus-Christ apparaissent et lui disent de ne se joindre
à aucune des églises existantes. Il reçoit lassurance que Dieu lagrée,
sentend dire beaucoup de choses quil ne peut pas mettre par écrit, après
quoi la vision prend fin, le laissant accablé. Les saints des derniers jours considèrent
cette révélation du Père et du Fils comme lévénement qui inaugure le
rétablissement de lÉvangile.
Pendant trois ans et demi, Joseph ne reçoit aucune autre communication des cieux. Se
demandant sil ne sest pas disqualifié pour cause dindignité, Joseph se
livre à la prière le soir du 21 septembre 1823, quand, à son grand étonnement, un ange
lui apparaît dans la chambre et annonce quil est Moroni et quil vient avec
des instructions de Dieu. Il lui parle dannales écrites sur des plaques dor
donnant lhistoire des anciens habitants de lAmérique. Le Sauveur ressuscité,
Jésus-Christ, était apparu à ces gens et leur avait donné la plénitude de
lÉvangile. Lange ajoute que les plaques ont été enterrées dans une colline
près de chez Joseph. Au cours de la nuit, il revient à trois reprises, remettant le
même message de base et ajoutant chaque fois dautres informations. Bien
quépuisé, Joseph se rend le lendemain à la colline et trouvé les plaques
déposées dans une boîte en pierre juste au-dessous de la surface du sol, mais il ne lui
est pas permis de les retirer. Lange apparaît de nouveau et lui dit quil doit
revenir le même jour, le 22 septembre, lannée suivante. Pendant les quatre années
qui suivent, Joseph va scrupuleusement retourner à cet endroit. Le 22 septembre 1827, il
est finalement autorisé à prendre possession des plaques (voir Moroni, Visitations de).
Les événements de lintervalle de quatre ans entre 1823 et 1827 vont sans aucun
doute aider Joseph Smith à mûrir en vue des responsabilités et des difficultés
quil va rencontrer plus tard. Certains indices font penser que son père se livrait
à la chasse aux trésors, une activité courante parmi les fermiers pauvres de la
Nouvelle-Angleterre qui espéraient découvrir, grâce à la magie, de largent
enterré, et Joseph devra se dégager des idées erronées de cette superstition.
Lange dit à Joseph quune des raisons pour lesquelles il a dû attendre pour
recevoir les plaques dor est que son esprit sest attardé sur leur valeur
monétaire (PWJS, p. 7). En novembre 1825, Joseph et son père travaillent brièvement
avec un homme appelé Josiah Stowell de South Bainbridge (New York) qui croit quun
trésor espagnol se trouve à Harmony (Pennsylvanie), près du fleuve Susquehannah.
Lentreprise ne donne rien et les Smith prennent graduellement leurs distances par
rapport aux fouilles de leurs voisins à la recherche dargent, pour se concentrer
sur la mission religieuse décrite par lange. Conséquence heureuse des travaux
entrepris à Harmony, Joseph y rencontre Emma Hale (voir Smith, Emma Hale) et
lépouse le 18 janvier 1827. Entre-temps, Alvin, son frère aîné, décède; Joseph
se fait arrêter en 1826 comme «glass looker» en vertu dune loi new-yorkaise qui
rend illégal «le fait de dire la bonne aventure ou lendroit où lon peut
trouver des objets perdus ou volés» (voir la définition légale de «Disorderly
Persons» The Justices Manual, Albany, New York, 1829, p. 144; voir aussi Smith,
Joseph: Procès de Joseph Smith); et ses parents perdent leur ferme parce quils
narrivent pas à effectuer le dernier paiement sur leur hypothèque. Ces malheurs,
ainsi que dautres expériences, vont approfondir et fortifier le jeune homme qui
apprend à discerner le bien du mal et à supporter lopposition.
Une fois que Joseph a obtenu les plaques en 1827, les voisins curieux et parfois
malveillants de Manchester et de Palmyra le mettent dans limpossibilité de
commencer le travail de traduction. Ils fouillent de fond en comble la maison et la grange
des Smith et ce nest quen déplaçant et en cachant constamment les plaques
quil réussit à assurer leur sécurité. Il lui a été strictement défendu de les
montrer à qui que ce soit, mais cela ne satisfait pas les chercheurs de curiosités.
Alva, le frère dEmma, propose son aide; il transporte le couple avec ses affaires
et les plaques cachées dans un tonneau à Harmony, en Pennsylvanie, à deux
cents kilomètres de là, où le père dEmma habite. Joseph obtient de son
beau-père, Isaac Hale, un terrain et une petite maison. Cest là que la traduction
va commencer (voir Livre de Mormon Traduction par Joseph Smith).
Martin Harris, un voisin de Palmyra bien disposé, va sintéresser suffisamment aux
plaques pour rendre visite à Joseph à Harmony. Avec les plaques, Joseph a reçu un
instrument appelé interprètes, ou urim et thummim, qui va lui permettre de traduire les
caractères gravés sur les plaques métalliques. Joseph copie quelques caractères que
Martin va porter à des linguistes à Albany et à New York pour vérifier le travail de
Joseph. Il y a une certaine confusion au sujet de ce qui sest passé lors de ces
entretiens, mais il ne fait pas de doute que Martin Harris a été satisfait (voir
Transcription Anthon). Quand il revient à Harmony, il se propose pour écrire sous la
dictée pendant que Joseph traduit. Entre le 12 avril et le 14 juin 1828, ils vont à eux
deux remplir 116 pages de manuscrit. Cest à ce moment-là que Harris, qui subit les
doutes de sa femme au sujet de lexistence des plaques, demande la permission de lui
montrer le manuscrit ainsi quà quatre autres membres de la famille. Joseph Smith
cède à contre-cur. Plusieurs semaines se passent sans aucune nouvelle de Martin.
Joseph décide alors de se rendre chez ses parents à Manchester (New York) pour lui
demander des comptes. Martin, désespéré, lui avoue quil ne retrouve pas le
manuscrit. Cédant aux instances de son entourage, il a montré le manuscrit aux voisins
contrairement à ce qui avait été convenu et quelquun la volé (voir
Manuscrit, 116 pages perdues).
À loccasion de cette crise, Joseph reçoit, par lurim et le thummim, une
révélation dans laquelle le Seigneur le réprimande vertement. Il le tient plus que
Martin pour responsable de la perte du manuscrit. «Tu naurais pas dû craindre
lhomme plus que Dieu», lui dit-il (D&A 3:7). Martin ne transcrira plus pour
Joseph, et à partir de ce moment-là jusquau printemps de 1829, Joseph avance peu
dans la traduction. En avril, Oliver Cowdery, un jeune instituteur qui a pris pension chez
les Smith à Manchester, entend parler du Livre de Mormon. Ayant lui-même reçu une
vision du Seigneur et des plaques, il est persuadé que luvre est divine et se
propose pour remplir les fonctions de secrétaire (PWJS, p. 8). À partir du 7 avril 1829,
Joseph et Oliver, vont travailler ensemble presque constamment jusquà ce que la
traduction soit finie en juin, un peu plus de deux mois plus tard.
Au cours de la traduction dune partie de 3 Néphi, qui décrit la façon de
baptiser, Joseph et Oliver se demandent sils nont pas besoin, eux aussi, de
baptême. Comme il en a pris lhabitude, Joseph demande des instructions à Dieu. Le
15 mai 1829, alors que Oliver et lui sont occupés à prier, un messager céleste leur
apparaît. Il se présente comme étant Jean-Baptiste et leur confère la Prêtrise
dAaron, qui leur donne lautorité de baptiser (voir Prêtrise dAaron:
Rétablissement). Avec cette nouvelle autorité et sous la direction de lange, les
deux hommes se baptisent mutuellement dans la Susquehannah. Cette révélation crée un
principe important dans lÉglise, à savoir que des ordonnances divines telles que
le baptême ne peuvent être accomplies que par les personnes qui ont reçu
lautorité dans la prêtrise par ordination. Jean-Baptiste dit à Joseph et à
Oliver quils recevront plus tard une seconde prêtrise, une prêtrise supérieure
appelée Prêtrise de Melchisédek. Plus tard, Pierre, Jacques et Jean leur apparaissent
au bord de la Susquehannah, quelque part entre Harmony et Colesville (New York) et les
ordonnent apôtres (voir Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de
Melchisédek).
Arrivée la fin mai 1829, lopposition religieuse contre Joseph sest
développée à Harmony et Oliver et lui vont avoir besoin dun endroit plus calme
pour travailler. Oliver écrit à un ami, David Whitmer, qui accepte de les installer dans
la ferme familiale à Fayette (New York). Emma les y rejoint peu après. Le copyright du
Livre de Mormon est obtenu le 11 juin 1829 et la traduction est bientôt terminée. Au
moment où ils finissent le livre, Joseph Smith apprend par la révélation que
dautres seront autorisés à voir les plaques dor. Le Livre de Mormon
lui-même promet des témoins et les associés de Joseph sont avides de savoir qui va
avoir ce privilège. Martin Harris, David Whitmer et Oliver Cowdery sont choisis;
lange Moroni leur montre les plaques et ils entendent la voix de Dieu leur déclarer
que louvrage a été traduit par le pouvoir de Dieu. Quelques jours plus tard, à
Manchester, Joseph Smith reçoit lautorisation de montrer les plaques à huit autres
hommes. Ils vont les examiner de manière approfondie et les soupeser. Les déclarations
de ces deux groupes de témoins seront imprimées sur les dernières pages de
lédition de 1830 du Livre de Mormon et apparaissent sur les premières pages de
toutes les éditions récentes (voir Témoins du Livre de Mormon).
La recherche dun imprimeur disposé à publier le Livre de Mormon savère
laborieuse. Les gens de Palmyra, qui se méfient de Joseph Smith, se coalisent pour
intimider limprimeur local, Egbert B. Grandin, en menaçant de ne pas en acheter
dexemplaires. Dautres, comme Lucy Harris, lépouse de Martin, contestent
les mobiles financiers de Joseph. Après être allé jusquà Rochester pour entrer
en contact avec des imprimeurs, Joseph persuade Grandin daccepter le travail. La
garantie de Martin Harris a raison des hésitations de Grandin. Le 25 août 1829, Harris
hypothèque sa ferme, sengageant à payer $3.000 pour 5.000 exemplaires. Joseph et
Martin espèrent vendre assez dexemplaires pour lever au moins $3.000, mais Martin
finira par devoir vendre 60 hectares pour tenir son engagement. La composition commence en
août 1829 et les exemplaires terminés sont disponibles le 26 mars 1830.
La publication du Livre de Mormon est laboutissement du travail qui occupe Joseph
Smith depuis quil a reçu les plaques en 1827. Entre-temps, les révélations
quil reçoit linforment que la traduction du Livre de Mormon nest pas la
fin de sa mission divine. Il doit aussi organiser une église. Samuel Smith avait été
baptisé à Harmony fin mai 1829; Hyrum Smith, David et Peter Whitmer, fils, et
dautres avaient été baptisés en juin dans le lac Seneca. Ils avaient commencé à
se réunir et ils avaient enseigné et avaient essayé de persuader tous ceux qui
demandaient des renseignements. Le 6 avril 1830, chez Peter Whitmer, père, à Fayette
(New York), Joseph Smith organise lÉglise de Jésus-Christ (voir Organisation de
lÉglise, 1830; Nom de lÉglise). Six hommes sinscrivent comme membres
en la présence de plus de cinquante personnes. Le groupe soutient deux officiers comme
dirigeants de lÉglise, Joseph Smith comme premier ancien et Oliver Cowdery comme
deuxième ancien. Joseph reçoit aussi les titres de voyant, de traducteur et de
prophète. En outre, une révélation prévoit lordination danciens, de
prêtres, dinstructeurs et de diacres comme prêtrise laïque (voir Doctrine et
Alliances: Sections 20-22). Certaines des personnes laïques présentes lors de
lorganisation sont ordonnées ce jour-là et, dès le départ, lÉglise ne
prend aucune disposition pour créer un clergé spécial (voir Participation des laïcs et
direction).
Trois groupes de croyants sont organisés en branches de lÉglise débutante peu
après son organisation: un à Fayette, un autre à Manchester dans la vieille maison des
Smith et un troisième à Colesville, dans le sud de létat de New York, près de la
ferme de Josiah Stowell (dans la circonscription de South Bainbridge, comté de Chenango),
ancien employeur et partisan loyal de Joseph. Les membres de la famille de Joseph Knight,
qui ont fourni à Joseph et à ses collaborateurs de la nourriture et des vêtements
pendant la traduction, habitent à Colesville et constituent le noyau de la branche.
Joseph et Emma retournent dans leur maison de Harmony, mais se réunissent avec les trois
branches lors de conférences trimestrielles prescrites tenues à la ferme de Peter
Whitmer en juin et en septembre 1830.
Pendant lété de 1830, les ennuis commencent. À deux reprises, Joseph est
convoqué devant les tribunaux pour trouble de lordre public. Les deux fois il est
acquitté. Mais ce qui perturbe davantage Joseph, cest que certains de ses propres
disciples mettent en cause son autorité et prétendent à leurs propres révélations et
à leurs propres prérogatives. Hiram Page, mari de Catherine Whitmer et ordonné
instructeur en juin 1830, écrit une série de révélations quil prétend venir de
Dieu. Bien quencore jeune et inexpérimenté, Joseph se rend compte de la confusion
et du danger que présente un grand nombre de voix essayant de parler avec autorité. À
la conférence de septembre à Fayette, Joseph reçoit une révélation qui détermine
quune seule personne, approuvée par le consentement commun, doit recevoir des
commandements et des révélations pour lÉglise entière (D&A 20:65; 28:1-3,
11-13). Hiram Page na pas cette autorisation. Après avoir entendu Joseph, la
conférence le confirme comme révélateur unique pour lÉglise (D&A 28:2; D.
Cannon et L. Cook, dir. de publ., Far West Record, Salt Lake City, 1983, p. 3). Ce
principe qui veut que la révélation pour toute lÉglise vienne de lhomme
soutenu comme prophète est, aujourdhui encore, la pratique de lÉglise.
Dans les six mois qui suivent lorganisation de lÉglise, des convertis
sajoutent en petit nombre. Samuel, frère de Joseph Smith, sen va avec des
exemplaires du Livre de Mormon à donner à ceux que cela intéresse. Joseph Smith, père,
rend visite à ses frères, surs et parents dans le comté de St Lawrence (New
York), où la plupart dentre eux habitent, pour leur dire ce qui est arrivé. Ces
expéditions donneront plus tard des conversions, mais très peu au moment même. Parley
P. Pratt, un fermier de lOhio, croit que Dieu la conduit à la maison de Hyrum
Smith, frère de Joseph, pour quil puisse sinformer sur le Livre de Mormon.
Lentreprise missionnaire la plus réussie de lépoque est lancée en septembre
et octobre 1830, quand Oliver Cowdery, Peter Whitmer, fils, Parley Pratt et Ziba Peterson
sont appelés à instruire les Indiens (voir Mission lamanite de 1830-1831). Le Livre de
Mormon présente un intérêt particulier pour les Indiens américains parce que
cest un document religieux de lAmérique antique, et les quatre sont chargés
de porter ce message aux Indiens qui sont occupés à sassembler dans le territoire
à louest du Missouri. La mission va cependant être notable autant pour ce qui se
passe en cours de route que pour la prédication aux Indiens. Après avoir quitté New
York, les missionnaires sarrêtent dans la région de Mentor-Kirtland dans le
nord-est de lOhio près de lancienne ferme de Pratt. Avant de devenir membre
de lÉglise, Pratt avait fait partie du mouvement campbellite, qui était en train
de devenir lÉglise des Disciples du Christ. Ce groupe croit quil faut
adhérer rigoureusement aux enseignements et aux pratiques de lÉglise du Nouveau
Testament, éliminant tous les ajouts postérieurs. Les enseignements de Joseph Smith
séduisent beaucoup dentre eux parce que sa doctrine contient pour eux le
rétablissement pur du vrai christianisme. Quelque 130 personnes vont se convertir, dont
le prédicateur campbellite principal de la région, Sidney Rigdon. En quelques semaines,
les quatre missionnaires vont presque doubler le nombre des membres de lÉglise. Ils
poursuivent leur chemin cet hiver-là vers le territoire indien, endurant de grandes
souffrances au cours de leur long voyage à pied de St Louis à travers le Missouri. Dans
louest du Missouri, ils vont trouver une région dans laquelle lÉglise
commencera bientôt à sinstaller. Ils enseignent aussi chez les Delaware et les
Shawnee jusquà ce que les autorités gouvernementales leur ordonnent de cesser à
cause dune interdiction de faire du prosélytisme auprès des tribus.
Peu après le départ des missionnaires de lOhio pour lOuest en décembre
1830, Sidney Rigdon part pour New York, accompagné dEdward Partridge. Ils apportent
la nouvelle des conversions en Ohio et insistent auprès de Joseph Smith et des membres
pour quils aillent sinstaller là-bas. Joseph est disposé à prendre la
suggestion au sérieux à cause des révélations quil a reçues au sujet du
rassemblement de lÉglise (D&A 37:1-4; 38:31-33). En effet, pendant le reste du
siècle, les convertis à lÉglise vont se réunir dans un lieu de rassemblement
central, dabord en Ohio, puis au Missouri, en Illinois et finalement en Utah. Une
autre révélation traite de lavènement de Jésus-Christ et des destructions qui
vont sabattre sur le monde avant que cet événement ne se produise. Elle dit
quavant ces tribulations, le peuple de Dieu sera «rassemblé en un seul endroit à
la surface de ce pays» (D&A 29:8). Une autre révélation parle dune ville de
Sion qui doit être construite quelque part dans lOuest (D&A 28:9). Ces
allusions amènent les membres de lÉglise à se rendre compte quils ne vont
pas demeurer longtemps à New York.
Quand une révélation arrive en décembre 1830 (D&A 37) leur disant de partir pour
lOhio, la plupart lacceptent. À une conférence tenue le 2 janvier 1831, des
directives et une révélation supplémentaire (D&A 38) sont données pour le
déménagement. Le prophète, Emma et quelques autres partent les premiers et arrivent à
Kirtland le 1er février 1831 pour préparer larrivée des autres. La branche de
Colesville, sous Newel Knight, la branche de Fayette, sous la mère du prophète et Thomas
Marsh et la branche de Manchester, sous Martin Harris, se rendent en Ohio en des convois
distinct pendant avril et mai 1831. À la mi-mai, pratiquement tous les mormons de New
York des branches citées sont à Kirtland.
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr., Eyewitness Accounts of the Restoration, éd. rév. Salt Lake City
1986.
Bushman, Richard L., Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana, Ill., 1984.
Madsen, Truman G., éd. invité, BYU Studies 9, printemps 1969, pp. 235-404 (numéro
entièrement consacré aux origines des saints des derniers jours à New York).
Porter, Larry C., «A Study of the Origins of The Church of Jesus Christ of Latter-day
Saints in the States of New York and Pennsylvania, 1816-1831», thèse de doctorat
université Brigham Young, 1971.
Smith, Lucy Mack, History of Joseph Smith, dir. de publ. Preston Nibley, Salt Lake City,
1958.
Whittaker, David J., Sources on Mormon Origins in New York and Pennsylvania,
Mormon History Association Newsletter n° 43, mars 1980, pp. 8-12.
Histoire de lÉglise:
1831-1844, Périodes de lOhio, du Missouri et de Nauvoo
Auteurs: BACKMAN, MILTON V., Jr. et ESPLIN, RONALD K.
[Cet
article se concentre dabord sur lÉglise dans le nord-est de lOhio, où
Kirtland est le siège de lÉglise, et dans louest du Missouri. À partir de
1839, lattention se porte sur louest de lIllinois où Nauvoo devient le
nouveau siège. On trouvera dans Conflit au Missouri un traitement sur les difficultés
qui ont été à lorigine des violences et finalement de lexpulsion hors du
Missouri.
Cet article décrit lévolution de lorganisation et de la doctrine et examine
les tensions et les conflits entre les saints et leurs voisins, et au sein de
lÉglise elle-même. Beaucoup dentre eux sont le résultat de la tentative de
créer une communauté sacrale étroitement unifiée répondant à la révélation
continue au sein dune société souvent hostile à ces buts. Le prophète Joseph
Smith, dont le martyre met fin à cette période, en est une figure dominante; voir les
rubriques sous Smith, Joseph, et Visions de Joseph Smith. Le Rassemblement et les Temples
sont les préoccupations principales; voir Temple de Kirtland et Temple de Nauvoo.]
En octobre 1830, quatre missionnaires en route pour prêcher aux Indiens à louest
du Missouri (voir Mission lamanite de 1830-1831) présentent lÉvangile rétabli aux
communautés du nord-est de lOhio. Avant de reprendre leur voyage, ils baptisent
quelque 130 convertis, organisent les nouveaux membres en petites «branches» et nomment
des dirigeants pour chaque groupe. Trente-cinq de ces membres habitent à Kirtland (Ohio),
localité située directement à lest de ce qui est aujourdhui le Cleveland
métropolitain.
Sidney Rigdon, prédicateur restaurationiste de cet endroit devient membre de
lÉglise en novembre 1830 et informe Joseph Smith du succès des missionnaires. À
la suite de cela, le prophète consulte le Seigneur et reçoit des révélations (D&A
37:3; 38:32) appelant les convertis de lÉglise récemment organisée à New York à
se rassembler en Ohio. Sa famille et lui sont à Kirtland dès le début de février 1831
et quelque deux cents saints de New York lauront suivi quand arrive lété,
faisant du nord-est de lOhio le premier lieu de rassemblement des saints.
La plupart des saints de New York et beaucoup des premiers convertis de lOhio ne
vont pas rester en Ohio. Pendant lété de 1831, Joseph Smith se rend à la
frontière du Missouri et désigne Independence (comté de Jackson, Missouri) comme
deuxième lieu de rassemblement. Les saints des derniers jours sattendent à ce
quune ville sainte, une nouvelle Jérusalem, soit fondée dans une nouvelle Sion
nord-américaine, une ville de refuge contre les tribulations qui vont affliger les
méchants dans les derniers jours (D&A 29:7-9; 45:65-71; 57:1-3). Sidney Rigdon
consacre le pays pour le rassemblement et Joseph Smith précise lemplacement exact
où un temple sera construit, et, après en avoir nommé divers autres pour superviser le
rassemblement en Sion, retourne en Ohio.
À Hiram (Ohio), un village dagriculteurs situé à une cinquantaine de kilomètres
au sud de Kirtland, Joseph Smith travaille à sa traduction inspirée de la Bible (voir
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), une entreprise qui va assurer son
écolage. La nécessité dans laquelle il se trouve de demander, dans lesprit de la
prière, des éclaircissements sur certains passages et certains points de doctrine va
fréquemment susciter de nouvelles révélations et apporter une nouvelle compréhension.
Après avoir été battus et enduits de goudron et de plumes par des émeutiers en mars
1832, le prophète et Sidney Rigdon, qui lui sert de secrétaire, vont sinstaller
avec leurs familles à Kirtland.
Les deux lieux de rassemblement du début des années 1830 auront chacun eu un but
différent. Bien que les saints des derniers jours émigrent vers la frontière du
Missouri pour poser les fondements dune nouvelle Sion, le siège administratif de
lÉglise, responsable de la direction du programme missionnaire et de la
construction du premier temple, reste en Ohio. Il y a une certaine concurrence entre les
deux centres, les deux ayant besoin de ressources et de membres et les deux voulant la
présence du prophète Joseph Smith. Mais, comme lexplique la révélation, les buts
des deux sont complémentaires: la «dotation den haut» promise associée au temple
de Kirtland est un préalable au succès en Sion (D&A 105:9-13, 33). Joseph Smith
résidera à Kirtland jusquen 1838, restant en contact avec les membres du Missouri
par courrier et messager, et sy rendant cinq fois pour instruire les membres de
lÉglise en ce qui concerne la politique, les programmes et la croyance.
Au comté de Jackson, les saints des derniers jours publient deux périodiques, The
Evening and The Morning Star et The Upper Missouri Advertiser, et essayent de mettre sur
pied un ordre économique unique basé sur la consécration et laffectation
dintendances sur des propriétés et dautres actifs, suivant les directives
données par révélation à Joseph Smith (voir Missouri: Les Communautés de saints des
derniers jours dans les comtés de Jackson et de Clay). Les désaccords au sujet des
exigences juridiques et légoïsme individuel vont entraver la mise en uvre du
système, mais lobstacle de base est que les saints ont trop peu de capital et très
peu à consacrer. Malgré tout, certains participants sont inspirés par les idées
fondatrices et les idéaux qui sous-tendent leffort vont laisser un legs important
(voir Ordres unis).
Bien quémigrant dans louest du Missouri pour construire une ville de paix et
de refuge, les saints des derniers jours rencontrent une forte hostilité. Les colons
déjà installés considèrent ces nouveaux venus comme une menace à leur propre manière
de vivre. Les Missouriens se plaignent que les mormons cherchent à influencer les
esclaves, que leur mode de vie «de lEst» est incompatible avec la frontière du
Missouri, quils sont une menace économique et politique, que leur amitié pour les
Indiens menace la sécurité de la région et quils ont des croyances religieuses
peu orthodoxes. Ces accusations révèlent un conflit culturel important entre les saints
immigrés et les «vieux» colons. Limmigration rapide des saints des derniers jours
dans le comté de Jackson intensifie les tensions, ce qui va donner lieu à des
affrontements.
Des violences sétant produites pendant lété de 1833, le gouverneur Daniel
Dunklin envoie une milice locale dans la région pour rétablir la paix. Pensant que la
milice va protéger tous les colons, les saints des derniers jours rendent leurs armes à
cette force militaire. Mais les autres Missouriens ne seront pas désarmés, laissant les
membres de lÉglise sans défense. Au début de novembre 1833, les émeutiers
chassent plus de mille saints des derniers jours du comté de Jackson, les forçant à
abandonner leurs maisons et leurs fermes. La plupart dentre eux traversent le fleuve
Missouri pour se réfugier au comté de Clay.
Entre novembre 1833 et lété de 1836, le comté de Clay va être le lieu de
rassemblement principal des saints des derniers jours au Missouri. Pendant ces années,
les membres de lÉglise vont essayer sans succès dobtenir réparation pour la
perte de leurs propriétés du comté de Jackson. Ils vont aussi demander la protection du
gouvernement pour une tentative de retour à leurs terres. En 1834, croyant que le
gouverneur Dunklin a accepté daccorder laide de la milice de létat
pour seconder leurs propres efforts, les membres de lÉglise réunissent une petite
force paramilitaire venant dOhio et dailleurs pour accompagner les réfugiés
du Missouri lors de leur retour au comté de Jackson. Le camp de Sion, nom donné à
lexpédition, nobtiendra pas lappui du gouverneur et se dissoudra en
juin plutôt que de provoquer un conflit armé.
Bien quayant échoué dans son but premier, le camp de Sion aura un effet profond
sur beaucoup de ses participants et aura son importance sur le long terme. Pour la
plupart, la marche forcée dOhio au Missouri, plus de 1300 kilomètres par une
chaleur humide, aura été le défi physique le plus difficile de leur vie. Cela fera
encore plus mal à certains de se rendre compte que, malgré cette épreuve, ils
nauront pas aidé les saints du Missouri à retourner dans leurs terres. Ils vont
critiquer le leadership de Joseph Smith et lexpérience contribuera plus tard à
leur dissidence. Mais pour beaucoup de participants, le camp de Sion aura été une
occasion sans pareille de vivre jour et nuit avec le prophète du Seigneur
réminiscence de lIsraël antique sous Moïse. Lexpérience va les unir à
Joseph et les uns aux autres et cest du creuset du camp de Sion que vont sortir
beaucoup de dirigeants futurs de lÉglise. Les deux réactions représentent des
conceptions divergentes de la façon dont un prophète doit diriger et de la façon dont
une société basée sur la révélation et la prêtrise doit être organisée des
divergences qui vont sexacerber plus tard à Kirtland.
La révélation qui dissout le camp de Sion réoriente lattention sur lOhio et
sur la nécessité de terminer sans retard le temple de Kirtland (D&A 105). Avant de
retourner en Ohio, Joseph Smith organise un pieu au Missouri et nomme une présidence et
un grand conseil, léquivalent de ce quil a fait à Kirtland le mois de
février précédent. Bientôt, plusieurs dirigeants de lÉglise du Missouri vont
partir pour Kirtland pour aider à la construction du temple.
Tous les intéressés savent que le séjour des saints au comté de Clay est provisoire.
Le retour au comté de Jackson étant maintenant peu probable, la pression monte pour
quils trouvent un autre endroit. Exhortés par les dirigeants de la communauté à
partir avant que les violences néclatent, la plupart des saints des derniers jours
vont émigrer vers le nord et créer à Far West un nouveau siège de lÉglise dans
lOuest. Répondant à ce mouvement de milliers de saints des derniers jours vers le
nord-ouest inhabité du Missouri, le gouvernement du Missouri va créer, vers la fin de
1836, deux nouveaux comtés, Caldwell et Daviess (voir Missouri: Communautés de saints
des derniers jours dans les comtés de Caldwell et de Daviess). Comme la plupart des
saints des derniers jours sinstallent à Caldwell, on va lappeler le comté
mormon.
Joseph Smith enseignera plus tard quun des premiers buts du rassemblement des
fidèles à nimporte quelle époque est de construire une maison du Seigneur où
pourront être révélées les ordonnances de son temple. Pendant que la construction du
temple progresse, la population des saints à Kirtland va passer dune centaine
dâmes en 1832 à plus de 1.500 en 1836. Les saints des derniers jours arrivent de
la Nouvelle Angleterre, de New York et dailleurs pour aider à la construction de la
maison du Seigneur, dans laquelle, leur a-t-il été promis dès janvier 1831, ils seront
dotés du pouvoir den haut (D&A 38:32).
En mars 1836, le temple de Kirtland est achevé et consacré et, pendant les mois qui
précèdent et suivent la consécration, les saints vont jouir dune période de
Pentecôte peu commune. Dans le temple, une semaine après sa consécration, les clefs de
la prêtrise vont être conférées à Joseph Smith et à Oliver Cowdery lors de
visitations de Moïse, Élias et Élie. Les bénédictions et les instructions reçues
dans le temple sont particulièrement importantes pour les missionnaires (voir Missions),
dont les voyages de prosélytisme au départ de Kirtland pendant les années 1830
sétendent du Canada au sud américain et, en 1837, aux îles Britanniques, outre
une uvre missionnaire intensive en Ohio.
Tandis que son siège reste à Kirtland, lÉglise va connaître un développement
doctrinal et administratif majeur. Un certain nombre parmi les révélations les plus
importantes des Doctrine et Alliances vont été données dans les régions de Kirtland et
de Hiram, notamment la vision de la résurrection et des trois degrés de gloire (D&A
76), la loi de consécration et dintendance (D&A 42), la Parole de Sagesse,
parfois appelée la loi de santé du Seigneur (D&A 89), des révélations sur la
prêtrise et sur son organisation (D&A 84, 107) et la venue du millénium (D&A 1,
29, 88, 133). Beaucoup de ces révélations constituent la réponse aux questions
soulevées par la traduction de la Bible faite par Joseph Smith. Joseph Smith reçoit
aussi une révélation concernant le mariage plural (D&A 132), mais elle ne sera mise
par écrit quen 1843. Le livre dAbraham, qui ne sera publié quen 1842,
résulte de lacquisition par le prophète en 1835 dune collection de momies et
de papyrus venus dÉgypte.
Comme la croissance nécessite un développement de lorganisation, une série de
révélations commande la création de dirigeants locaux et généraux de lÉglise.
Il sagit de loffice dévêque en 1831, de la Première Présidence de
lÉglise en 1832 et dun grand conseil permanent en 1834. En février 1835, le
Collège des douze apôtres et le collège des soixante-dix sont organisés, choisis
principalement parmi les vétérans du camp de Sion. Les deux collèges ont la
responsabilité du prosélytisme. Bien quil soit dit que les Douze viennent en
second par rapport à la Présidence, leurs tâches immédiates sont de diriger
luvre des soixante-dix et de superviser lÉglise à lextérieur de
ses pieux organisés.
La révélation commande aussi aux dirigeants de lÉglise détudier
abondamment dans beaucoup de domaines de la connaissance en vue de leur ministère et
ordonne quune école des prophètes soit organisée dans ce but (D&A 88:77-80,
118-141). Lattitude et les impératifs exprimés dans la révélation vont exercer
une grande influence non seulement dans la création de cette première école patronnée
par lÉglise mais aussi dans lattitude de lÉglise vis-à-vis des
études et de léducation pendant toute son histoire.
La publication de The Evening and The Morning Star, interrompue au Missouri par
lexpulsion hors du comté de Jackson, va reprendre pendant près dun an à
Kirtland. Le Latter Day Saints Messenger and Advocate, successeur du Star, sera le
premier périodique de lÉglise à publier certaines des lettres dOliver
Cowdery traitant de lhistoire de Joseph Smith. Les Doctrine et Alliances, contenant
beaucoup de révélations données à Joseph Smith, sont publiées en 1835 à Kirtland.
La promulgation de nouveaux points de doctrine et la création dune hiérarchie dans
lÉglise vont offenser certains saints des derniers jours qui préfèrent la foi
moins compliquée quils avaient embrassée dans la petite enfance de lÉglise.
Ceux qui ne partagent pas la vision du prophète Joseph Smith dune nouvelle
société organisée sous la prêtrise vont aussi être perturbés par le nombre accru de
directives que les dirigeants de lÉglise donnent aux membres dans les questions
temporelles et par la participation importante du prophète aux affaires économiques.
Leffondrement dune Société de Sécurité de Kirtland non dotée dune
charte patronnée par les dirigeants de lÉglise va contribuer à pousser le
mécontentement à son maximum (voir Économie à Kirtland). Des procès vont être
intentés à Joseph Smith, des menaces vont être proférées contre sa vie et contre
celle de ses partisans les plus vigoureux et un certain nombre de membres en vue dans
lÉglise vont apostasier. Au milieu de cette agitation, le prophète va envoyer
certains de ses partisans les plus fidèles en mission dans les îles Britanniques. Là,
en moins dun an, ils feront plus de 1.500 convertis et jetteront les bases pour que
des milliers dautres les suivent (voir Missions des Douze dans les îles
Britanniques).
En 1837, les saints des derniers jours dépassent en nombre les autres résidants de la
circonscription de Kirtland. Cette année-là, des candidats mormons sont élus à tous
les principaux offices de la ville sauf celui dagent de police. Beaucoup de membres
de lÉglise de Kirtland sont relativement pauvres et vivent dans des groupes de
petites maisons provisoires. Certains non-mormons sirritent de cet afflux de pauvres
et dune direction de lÉglise qui leur semble antidémocratique et donc
anti-américaine. Des rivalités économiques et politiques apparaissent, accompagnées de
menaces et dactes de violence. La pression monte à lextérieur pour que les
mormons quittent Kirtland au moment même où de violentes dissensions internes assaillent
lÉglise. En janvier 1838, Joseph Smith, Sidney Rigdon et dautres dirigeants
de lÉglise dont la vie est menacée fuient vers louest du Missouri, suivis
graduellement par la plupart des résidants de Kirtland et du voisinages qui sont membres
de lÉglise.
En 1837-1838, lémigration des saints vers louest du Missouri augmente
rapidement. Cette croissance déclenche une agitation accrue parmi les voisins qui
craignent une domination économique et politique de la part des mormons et qui voient
dans lafflux une menace contre leur mode de vie. Les griefs qui ont été exprimés
en 1833 par les citoyens du comté de Jackson vont se répéter et samplifier. Les
rumeurs et les accusations deviennent la base dactes dintolérance. Certains
insistent sur le fait que puisque le comté de Caldwell a été créé pour les mormons,
les saints des derniers jours ne doivent pas sinstaller en dehors des frontières de
ce comté.
Laffrontement décisif est déclenché par une bataille qui éclate quand des voyous
essaient dempêcher les saints de voter à Gallatin (comté de Daviess). Des
rapports exagérés sur cette mêlée provoquent une agitation qui ne cesse de grandir et
mènent à la formation de groupes démeutiers décidés à chasser tous les mormons
du comté de Daviess. Les émeutiers menacent aussi les saints des derniers jours habitant
à DeWitt (comté de Carroll) jusquà ce que, le 11 octobre 1838, ils soient forcés
dabandonner leurs maisons et leurs fermes. Pendant quils sont en route vers le
bastion mormon de Far West, les réfugiés sont continuellement harcelés et plusieurs
meurent.
Le gouverneur Lilburn Boggs ayant rejeté les demandes de protéger les saints de DeWitt,
les dirigeants de lÉglise mobilisent la milice du comté de Caldwell et se
préparent à se protéger. Certains membres des Danites, organisés à lorigine
pour aider au développement de la communauté mormone, se livrent à des activités
paramilitaires, brûlant notamment le siège des émeutiers à Gallatin et à Millport qui
les avaient menacés de destruction. Entre-temps, une milice locale force les saints des
derniers jours à abandonner leurs fermes dans le comté de Ray et menacent de tuer des
membres de lÉglise accusés dêtre des espions. Pour essayer dempêcher
que la menace ne soit exécutée, une unité de la milice du comté mormon de Caldwell
affronte, le 25 octobre, celle de Ray à la Crooked River. Des hommes sont tués de part
et dautre et de folles rumeurs parlant de raids mormons jettent de lhuile sur
le feu dans la contrée. Le 27 octobre, sans aucun examen des accusations et des
contre-accusations, le gouverneur Boggs accuse les membres de lÉglise dêtre
à lorigine des hostilités et commande à la milice de létat
dexterminer les Mormons ou de les chasser de létat (voir Ordre
dextermination). Trois jours plus tard, le massacre de Hauns Mill, au cours
duquel plus de deux cents miliciens attaquent une colonie minuscule de saints des derniers
jours et en tuent froidement dix-sept, rend évidente la probabilité que lordre de
Boggs sera exécuté littéralement.
Face à des forces de milice écrasantes, les saints des derniers jours se rendent à Far
West et acceptent de quitter létat. Quelque 10.000 membres de lÉglise sont
forcés de quitter le Missouri, la plupart en hiver et au milieu dune hostilité
intense. Prenant la direction de lest, ils vont traverser le fleuve Mississippi vers
lIllinois. Après avoir subi dimmenses pertes de propriété et certaines
pertes en vies humaines, la plupart atteignent, au début de 1839, Quincy et dautres
localités de louest de lIllinois dont les résidants offrent aide et abri.
Entre-temps, les dirigeants de lÉglise au Missouri sont arrêtés et accusés de
trahison. La plupart seront rapidement libérés, mais dix seront emprisonnés sans
procès pendant lhiver de 1838-1839, certains à la prison de Richmond et
dautres à la prison de Liberty. Pendant la demie année de son séjour à la prison
de Liberty, le prophète Joseph va mettre sur papier certains des écrits inspirés les
plus pénétrants et les plus éloquents de sa carrière (D&A 121-23), et il en
sortira en avril 1839 avec une compréhension claire de ce quil doit faire pour
terminer sa mission dune manière satisfaisante et bien décidé à faire ce
quil faut pour cela.
Les saints prennent des dispositions pour acheter des terres pour un nouveau lieu de
rassemblement des deux côtés dune courbe du fleuve Mississippi au nord de Quincy.
Nauvoo va remplacer le hameau de Commerce et devenir le siège de lÉglise. Beaucoup
de membres sinstallent aussi de lautre côté du fleuve dans le comté de Lee,
en Iowa.
Tourmentés par la malaria, les saints de la région de Nauvoo vont chercher à faire face
à de plus grands problèmes en même temps quils en sont encore à se démener pour
créer une communauté viable après le désastre du Missouri. Essayant dobtenir
réparation pour les pertes du Missouri, le président Joseph Smith va rendre visite aux
dirigeants politiques nationaux à Washington, D.C, mais laccent mis sur les droits
des états exclut laide fédérale. En dépit de la maladie et de la pauvreté, neuf
membres du Collège des douze apôtres remplissent un appel à faire du prosélytisme dans
les îles Britanniques. Ils arrivent en Angleterre au début de 1840 et pendant les quinze
mois qui vont suivre ils vont voir près de 5.000 convertis se joindre aux quelque 1.500
quils ont trouvés à leur arrivée. Lannée suivante, Orson Hyde, un apôtre,
visite Jérusalem et consacre la Palestine au rassemblement des Juifs (voir Israël:
Rassemblement dIsraël).
En Angleterre, les Douze créent le Latter Day Saints Millennial Star et publient un
livre de cantiques et une deuxième édition du Livre de Mormon, fondant par la même
occasion ce qui va devenir un centre important de publications mormones pendant le
demi-siècle qui va suivre. Les Douze lancent en 1840 lémigration des convertis
britanniques vers lAmérique et pendant les six années suivantes, près de 5.000
personnes émigrent vers Nauvoo (voir Immigration et émigration). Sous la direction de
Brigham Young, le Collège des Douze devient une force administrative efficace pendant
cette mission. Quand ils retournent à Nauvoo, ils reçoivent de nouvelles
responsabilités. En août 1841, Joseph Smith annonce que les Douze se tiennent maintenant
«à côté de la Première Présidence» et leur juridiction est étendue de manière à
comprendre la supervision des pieux de lÉglise aussi bien que des régions de
mission.
Drainant les marécages et accueillant un nombre de plus en plus important de colons, les
saints de Nauvoo créent une communauté prospère qui finira par compter presque 12.000
âmes, rivalisant avec Chicago pour être la plus grande ville de lIllinois. La
construction et la croissance alimentent léconomie, la vie culturelle prospère et
les saints mettent sur pied la communauté religieuse la plus importante de leur brève
histoire. Ayant appris par expérience quils ne peuvent pas compter sur la bonne
volonté des autres pour les protéger, ils recherchent des garanties institutionnelles.
Dans les chartes de Nauvoo, le gouvernement de létat dIllinois assure les
protections que constituent lautonomie locale, un système judiciaire municipal et
une milice urbaine. Décidés à ne plus jamais être sans défense comme ils lont
été au Missouri, ils font de leur Légion agréée de Nauvoo la plus grande milice de
lIllinois.
Joseph Smith va se trouver, comme cela narrive quasiment jamais, dans une situation
de pouvoir politique aussi bien quecclésiastique, remplissant à divers moments les
fonctions de conseiller municipal, de maire, de général commandant de la Légion de
Nauvoo et de rédacteur du principal journal local, le Times and Seasons. Ces postes lui
laissent toute latitude pour fonder une société sacrale et pour accomplir les choses
quil considère comme les plus essentielles à sa mission.
Après avoir reçu, en 1836, des clefs supplémentaires de la prêtrise dans le temple de
Kirtland, Joseph Smith désire vivement voir arriver le jour où il pourra remplir ses
responsabilités en ce qui concerne le temple et donner des enseignements et des
ordonnances supplémentaires aux saints. Quand il sort de la prison de Liberty, il est
convaincu que le temps qui lui reste pour le faire est court et que Nauvoo sera sa
dernière occasion. Dès que les saints se sont regroupés et sont en sécurité dans leur
nouvelle demeure, il commence à exposer un ensemble denseignements,
dordonnances et de schémas dorganisation supplémentaires dont
beaucoup ont trait au temple qui vont éloigner les saints encore plus de leurs
propres idées précédentes et des croyances de leurs voisins. Ce processus commence par
une révélation importante en janvier 1841 (D&A 124) qui, entre autres, lance la
construction du temple de Nauvoo et va continuer pendant plus de trois ans. En avril 1844,
juste trois mois avant sa mort, le processus est complet.
À Nauvoo, Joseph Smith fait des exposés sur la nature de la Divinité et sur
lorigine et la destinée du genre humain, mettant laccent sur la notion de
progression éternelle dans le contexte du plan du salut (voir Discours sur King Follett).
Enseignant que le salut est accessible à tous, il introduit les ordonnances par
procuration pour les personnes décédées, notamment le baptême pour les morts. Malgré
le fait quil rencontre une certaine résistance à la nouveauté en matière de
doctrine et de pratique, poussé quil est par le pressentiment quil doit
éviter tout retard, le Prophète commence en 1841-1842 à introduire le mariage plural et
les ordonnances sacrées du temple (voir Dotation) en privé à un petit nombre
dassociés de confiance, dont les membres du Collège des Douze, qui devront plus
tard les enseigner aux membres de lÉglise dignes une fois le temple achevé.
Parmi les nouveautés les plus importantes dans le domaine de lorganisation à
Nauvoo, il y a la fondation, en mars 1842, de la Société de Secours, une organisation de
bienfaisance sociale et religieuse pour les femmes (voir Société de Secours à Nauvoo).
La Société de Secours donne aux femmes une structure qui va faciliter les uvres
caritatives et la fraternité entre femmes. Chose plus importante encore, elle va mettre
les femmes en relation étroite avec lorganisation de la prêtrise et contribuer à
les préparer aux futures expériences du temple. Les premières paroisses de
lÉglise sont fondées à Nauvoo et des responsabilités supplémentaires sont
définies pour les évêques. Le conseil des cinquante sera le dernier élément
dorganisation créé par Joseph Smith. Bien quil ait joué un rôle pratique
utile pendant plusieurs années après son organisation en mars 1844, sa plus grande
importance est quil fournit un modèle de gouvernement pour le futur royaume de Dieu
sur terre.
Depuis le temple jusquau conseil des cinquante, les membres du Collège des douze
apôtres vont se tenir aux côtés du Prophète comme ses conseillers et ses assistants
les plus proches. Prévoyant le jour où les saints pourraient avoir besoin dun
asile plus sûr dans lisolement de lOuest, Joseph Smith, en février 1844,
charge les Douze de mener une expédition pour trouver un tel endroit (voir Émigration
vers lOuest: Planification et prophétie), mais met, peu après, le projet en
attente. Il veut dabord quils aillent dans lEst pour une mission plus
politique. Quand les démarches auprès des candidats à la présidence lors des
élections nationales présidentielles proches ne révèlent personne qui soit disposé à
défendre les droits des mormons, le prophète Joseph Smith lance sa propre campagne
présidentielle, élaborant un programme électoral pour faire connaître ses idées et
sexprimer au nom de son peuple. Pendant leur prosélytisme dété habituel,
les Douze et dautres partisans vont se rendre dans lEst, combinant
prédication et campagne électorale. Avant leur départ, vers le 26 mars 1844, Joseph
Smith leur donne ses dernières instructions. Il déclare quil leur a maintenant
donné toutes les clefs de la prêtrise quil possède et quil est de leur
responsabilité dassumer la charge du royaume tandis que lui se reposera. Il sera
assassiné avant leur retour de lEst.
Bien que Nauvoo grandisse rapidement, les travaux sur ses projets de construction les plus
ambitieux, le temple de Nauvoo et lhôtel de la Maison de Nauvoo, traînent, en
partie à cause du manque de capitaux. Lespoir de faire de Nauvoo un centre
industriel ne se réalisera pas pour la même raison (voir Nauvoo, Économie). Mais le
succès continu du prosélytisme et lafflux dimmigrés combinés avec la
solidarité et le courage au travail des saints des derniers jours vont transformer Nauvoo
en un concurrent redoutable sur les plans économique et politique par rapport aux autres
villes du comté de Hancock.
Les voisins de Nauvoo qui lui étaient hostiles ont aussi dautres sujets de se
plaindre. Lorganisation théocratique de la communauté des saints, avec son unité
de but manifeste et son autonomie locale, suscite le ressentiment. La tendance des saints
des derniers jours à voter en bloc pour les candidats locaux et de létat qui sont
le plus susceptibles de les favoriser va leur aliéner aussi bien les whigs que les
démocrates (voir Nauvoo, Politique). La puissante milice de Nauvoo provoque lenvie
et la méfiance. Le fait que le système juridique de la ville protège Joseph Smith des
poursuites judiciaires le fait accuser de se mettre hors de portée de la loi.
Comme cet état de choses augmente lhostilité des adversaires de lÉglise,
Thomas Sharp, rédacteur dun journal de la localité voisine de Warsaw, fait de son
Warsaw Signal la voix de ces préoccupations et entreprend une croisade sputenue contre
Joseph Smith et Nauvoo. Au printemps de 1844, plusieurs anciens compagnons mécontents
prennent fait et cause pour les antimormons pour monter une offensive contre le prophète
dans Nauvoo même. Ils publient un journal, le Nauvoo Expositor, qui attaque
lÉglise et lance des accusations incendiaires contre Joseph Smith. Le conseil
municipal de Nauvoo décrète le journal danger public et commande au shérif de le
détruire, une mesure qui cause la fureur des ennemis du prophète et sert de base à son
arrestation. Le 27 juin 1844, Joseph et son frère Hyrum sont assassinés à la prison de
Carthage, chef-lieu du comté, pendant quils attendent dêtre jugés (voir
Prison de Carthage; Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Le prophète Joseph Smith a jeté les fondements doctrinaux et les bases de
lorganisation de lÉglise moderne et a préparé Brigham Young et le Collège
des douze apôtres à construire sur la base quil a créée (voir Succession à la
présidence). Son ministère et sa mission sont terminés.
Bibliographie
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Underwood, Grant, Millenarianism and the Early Mormon Mind. Journal of Mormon
History 9, 1982, pp. 41-51.
Histoire de lÉglise:
1844-1877, périodes de lexode et du début de lUtah
Auteurs: ARRINGTON, LEONARD J. et MAY, DEAN L.
[Après
une esquisse des événements qui se sont produits à Nauvoo, après le martyre de Joseph
Smith, cet article suit lexode de Nauvoo vers lOuest. Il se concentre ensuite
principalement sur les faits politiques et économiques liés à la création dune
nouvelle communauté dans le Grand Bassin sous la direction de Brigham Young. Il examine
aussi lorganisation de lÉglise, le mariage plural et la construction de
temples.
Pour comprendre la vie quotidienne et ce que cela signifiait être saint des derniers
jours pendant cette période, voir Vie pionnière et Culte et Histoire sociale et
culturelle. On trouvera de plus amples détails sur la direction et lorganisation de
lÉglise dans Organisation: Histoire de lorganisation et de
ladministration, Organisations auxiliaires, École du Dimanche, Association de
retranchement, Jeunes Gens. Pour lexode: Émigration vers lOuest:
Planification et prophétie; Piste pionnière mormone; Sites historiques; Council Bluffs
(Kanesville), Iowa; Iowa, Communautés de saints en; Monument «Voici le lieu». Pour
lévolution de la communauté mormone, consulter: Agriculture; Histoire économique
de lÉglise; Économie pionnière; Immigration et émigration; Convois de charrettes
à bras; Planification de ville; Alphabet de Deseret; Université de Deseret; Indiens
américains; et les articles sur les colonies pionnières dans Arizona, Colonies
pionnières en; Californie, Colonies pionnières en; Colorado, Colonies pionnières au;
Idaho, Colonies pionnières en; Nevada, Colonies pionnières au; Nouveau-Mexique, Colonies
pionnières au; Wyoming, Colonies pionnières au; voir aussi Politique: Histoire politique
et Suffrage des femmes.]
Le martyre de Joseph et de Hyrum Smith, le 27 juin 1844, provoque une crise majeure.
Conséquence immédiate de la perte de leur prophète fondateur, beaucoup de saints des
derniers jours, choqués, connaissent une crise de la foi: Quelquun peut-il prendre
sa place? Le Seigneur va-t-il continuer à être avec lÉglise ? Tout le monde ne
voit pas non plus directement qui doit diriger: Sera-ce Sidney Rigdon, conseiller de
Joseph Smith dans la Première Présidence ? Le Collège des douze apôtres, dirigé par
Brigham Young ? Quelquun dautre ? Celui qui héritera de la direction de
lÉglise devra affronter la tâche de résoudre les tensions existant dans
lÉglise et les adversaires puissants de lextérieur.
Au moment de lassassinat, la plupart des membres du Collège des Douze sont en
mission dans lEst des États-Unis. Sidney Rigdon, qui a quitté Nauvoo pour
Pittsburgh juste avant le martyre, revient le 3 août et prétend prendre la direction en
tant que «Tuteur». Trois jours plus tard plusieurs des Douze, dont Brigham Young,
arrivent juste à temps pour une réunion tenue le 8 août déjà convoquée pour décider
de la tutelle. Rigdon parle le premier, avançant ses prétentions. Il est suivi de
Brigham Young, qui affirme que cest la responsabilité des Douze de diriger
lÉglise en labsence de Joseph et dédifier sur les fondements
quil a posés. La grande majorité votera pour soutenir les Douze. Beaucoup
affirmeront que Brigham Young a été transfiguré devant eux, parlant avec la voix du
prophète décédé et ayant son apparence et sa façon dêtre.
Le vote du 8 août règle définitivement la question de la succession: personne
dautre na pu prétendre de manière convaincante avoir lautorité ou la
pleine confiance du Prophète. Le vote soutient le Collège des Douze, avec Brigham Young
à sa tête, en tant que dirigeants de lÉglise, mais cela ne va pas déboucher
immédiatement sur une nouvelle Première Présidence; cela viendra plus tard, après que
les Douze auront terminé le temple de Nauvoo et trouvé une nouvelle patrie pour
lÉglise dans lOuest, responsabilités dont ils estiment quils doivent
sacquitter en tant que collège. Le vote ne satisfera pas non plus ceux qui aspirent
à une façon dêtre des saints des derniers jours mais sans les innovations de
Nauvoo quils considèrent comme douteuses et que les Douze vont conserver des
choses telles que laccent mis sur le temple, les nouveaux points de doctrine dont le
mariage plural et lunité des affaires temporelles et ecclésiastiques sous la
prêtrise. Certaines de ces personnes vont brièvement en suivre dautres qui se
proclament dirigeants, mais beaucoup vont simplement séloigner. Des années plus
tard, certains se grouperont pour former lÉglise réorganisée de Jésus-Christ des
saints des derniers jours avec une orientation tout à fait différente de celle de Joseph
Smith à Nauvoo ou des Douze dans le Grand Bassin (voir Groupes schismatiques).
Les priorités des Douze sont de terminer le temple de Nauvoo tout en se préparant en
privé à lexode vers lOuest (voir Émigration vers lOuest:
Planification et prophétie) quils se sont engagés à retarder jusquà ce que
les saints aient reçu les ordonnances du temple. Les saints vont tellement se rallier
derrière le temple que la pierre angulaire sera mise en place en mai 1845 et
lédifice sera prêt pour les ordonnances en décembre. En fin de compte, près de
6.000 hommes et femmes recevront les ordonnances du temple avant de partir pour
lOuest. Au printemps de 1845, lachèvement du temple étant proche, les
dirigeants de lÉglise commencent les préparatifs pour partir dans lOuest. En
septembre, peu de temps après que des violences démeutiers éclatent contre les
colonies périphériques autour de Nauvoo, les Douze annoncent publiquement que les saints
vont tous partir.
Brigham Young est soutenu dans ces efforts par huit des Douze, ceux-là mêmes qui ont
uvré à létranger sous sa direction en 1840-1841, et par les membres du
Conseil des cinquante. Organisé en mars 1844 par Joseph Smith, le Conseil de cinquante a
participé à deux activités majeures avant sa mort: des négociations secrètes avec la
République du Texas pour y créer éventuellement des colonies et une campagne publique
pour soutenir la candidature de Joseph Smith à la présidence des États-Unis. Plus de
soixante-quinze pour cent des membres survivants du Conseil original des cinquante
soutiendront Brigham Young, mais William Smith, John E. Page, Lyman Wight, tous apôtres,
et William Marks, le président de pieu de Nauvoo, feront dissidence et naccepteront
jamais le temple ni lexode vers le Grand Bassin et ses implications. Le Conseil des
cinquante, quant à lui, aidera à organiser lexode hors de Nauvoo et, au début de
lUtah, contribuera à fonder une théocratie économique et politique.
Lexode commence en février 1846, avant que de nouvelles hostilités
néclatent. Pendant tout le printemps et lété, un flot de chariots traverse
les prairies de lIowa. Les saints des derniers jours ne sont pas encore installés
en Iowa quand un officier militaire des États-Unis arrive le 26 juin avec une demande
pour que 500 volontaires participent à la campagne contre le Mexique. Bien que parfois
considéré comme une oppression imposée aux mormons réfugiés par le gouvernement des
États-Unis, lappel est en réalité le résultat de négociations secrètes avec
James Polk, président des États-Unis (voir Bataillon mormon). Sil est vrai que le
bataillon leur enlève 500 hommes valides, il va apporter $70.000 bien nécessaires qui
seront utilisés pour aider les familles des hommes et pour financer le programme
général de lexode.
Comme lévacuation de Nauvoo et la traversée de lIowa ont occupé la plus
grande partie de la saison pendant laquelle on peut voyager, les saints se préparent à
passer lhiver sur les bords du fleuve Missouri. Ils créent des colonies provisoires
à Winter Quarters, sur la rive occidentale du fleuve, aujourdhui Florence, dans le
Nebraska, banlieue dOmaha, et sur la rive est à Kanesville, renommée plus tard
Council Bluffs, en Iowa. Les préparatifs de la grande migration vers les bassins
intérieurs de lAmérique du Nord vont sy poursuivre. Le 14 janvier 1847,
Brigham Young annonce une révélation selon laquelle les saints doivent sorganiser
«en compagnies [de cent, de cinquante et de dix], avec lalliance et la promesse de
garder tous les commandements
du Seigneur, notre Dieu» (D&A 136:2-3). Le 5
avril 1847, il emmène le premier convoi de pionniers au départ de Winter Quarters.
Après un voyage de trois mois, les éclaireurs entrent dans la vallée du Grand Lac
Salé. Trois jours plus tard, le 24 juillet 1847 (voir Fête des pionniers), Brigham Young
entre dans la vallée. Le 28 juillet, il indique un emplacement pour un temple et annonce
aux 157 pionniers que «cest le bon endroit», voulant dire que lui et les saints
ont prévu un long séjour à proximité du Grand Lac Salé.
Après son retour dUtah à Winter Quarters en octobre 1847, Brigham Young pose aux
apôtres la question de la réorganisation de la Première Présidence. Bien
quaucune révélation écrite nautorise explicitement les Douze à
réorganiser la présidence, beaucoup considèrent que ce droit est implicite dans la
révélation de 1835 concernant lautorité de ce collège par rapport à la
Première Présidence (D&A 107:21-24). Les Douze soutiennent Brigham Young comme
président de lÉglise, avec Heber C. Kimball et Willard Richards comme conseillers,
mesure ratifiée plus tard ce mois-là par les membres de lÉglise lors dune
conférence spéciale à Kanesville et lannée suivante à Salt Lake City.
En Utah, Brigham Young se met en devoir de réaliser le rêve de Joseph Smith de créer un
refuge permanent pour les saints. Cela comprend la création dun état politique
dans lequel lÉglise jouera un rôle dominant. La nature théocratique de ce
gouvernement ressort du fait quun grand conseil de lÉglise, présidé par
John Smith, oncle de Joseph Smith, gérera à la fois les affaires religieuses et civiles
dans la vallée du lac Salé depuis lautomne de 1847 jusquau retour de Brigham
Young dans la vallée en septembre 1848, quand les Douze et le Conseil des cinquante
assumeront la direction.
Au cours des derniers mois de 1848, le Conseil des cinquante commence les discussions en
vue de la mise sur pied dun gouvernement plus permanent. Prévoyant que le Grand
Bassin deviendra un territoire des États-Unis, le Conseil examine les mérites respectifs
dune demande au Congrès pour obtenir le statut de territoire ou celui détat.
Il opte dabord pour le territoire mais peu après, en juillet 1849, se basant sur
les précédents au Texas et en Californie, il demande à devenir un état et commence à
organiser létat provisoire de Deseret (voir Deseret, état de). Brigham Young est
élu gouverneur et dautres autorités de lÉglise constituent lexécutif
et le judiciaire et une grande partie du législatif. Le gouvernement se réunit en
décembre 1849, et létat de Deseret va fonctionner comme état autonome au sein du
domaine national jusquau 28 mars 1851, date à laquelle il va être officiellement
dissous et remplacé par le Territoire dUtah, qui avait déjà été créé dans le
cadre du Compromis national de 1850 (voir aussi État dUtah).
Les frontières de létat de Deseret sont vastes, englobant tout lUtah actuel,
la majeure partie du Nevada et de lArizona, plus dun tiers de la Californie et
des parties de lOregon, de lIdaho, du Wyoming, du Colorado, et du
Nouveau-Mexique. Pour assurer le contrôle de ce territoire, Brigham Young va entreprendre
un programme vigoureux de colonisation, qui, avant sa mort en 1877, aura créé près de
400 colonies, et un système énergique de prosélytisme, en particulier dans les îles
Britanniques et en Scandinavie, avec des milliers de convertis, dont presque 90.000 vont
émigrer en Utah avant la fin du siècle. LÉglise favorise, organise et gère cette
immigration. Pour le profit de ceux qui sinon nauraient pas le moyen de se payer le
voyage, lÉglise crée le Fonds perpétuel dÉmigration. Créée en 1850 par
lÉtat de Deseret, pendant les trente-sept années qui vont suivre, la Compagnie du
Fonds perpétuel dÉmigration va lever des fonds et utiliser les ressources de
lÉglise pour aider quelque 26.000 émigrants dEurope à atteindre les
montagnes de lOuest.
Cest avec lÉtat de Deseret que lÉglise se sera rapprochée le plus de
son but de réaliser le modèle théocratique précédemment conçu par Joseph Smith. Les
autorités de lÉglise remplissent des postes civils importants. Quand les juges
désignés par le gouvernement fédéral auront quitté le territoire en 1851, les
tribunaux des successions, avec des évêques comme juges, auront juridiction dans le
civil et le pénal. La volonté derrière tout cela est que linfluence des saints
sur la vie politique du territoire élimine les persécutions qui se sont maintes fois
produites. Bien plus tard, le succès même de cette société théocratique va créer des
conflits moins violents mais finalement plus dangereux avec la société américaine (voir
Politique: Histoire politique).
Une pratique inséparable du sempiternel conflit avec le gouvernement fédéral sera celle
du mariage plural. Bien que la polygamie ait été pratiquée en privé avant
lexode, les dirigeants de lÉglise en auront retardé laveu public
jusquen 1852. En août de cette année-là, à une conférence spéciale de
lÉglise à Salt Lake City, Orson Pratt, un apôtre, annoncera officiellement le
mariage plural comme point de doctrine et de pratique de lÉglise. Une longue
révélation sur le mariage pour léternité et sur la pluralité des épouses,
dictée par Joseph Smith le 12 juillet 1843, sera publiée après cette annonce (D&A
132). Considérant que cest une obligation religieuse que les frères fidèles
épousent plus dune femme, les saints des derniers jours croient que la polygamie
est protégée par la garantie constitutionnelle de la liberté religieuse. Il ny a,
à lépoque, aucune loi fédérale contre la polygamie, et lincorporation
territoriale de lÉglise lui permet de «célébrer des mariages compatibles avec
les révélations de Jésus-Christ» (Arrington et Quinn, p. 261). Dans certaines
localités, jusquà vingt à vingt-cinq pour cent de la population des saints
finiront par vivre dans des ménages polygames, la plupart des hommes qui ont pratiqué la
polygamie ayant une à quatre épouses plurales.
Pendant les quelques premières années, la vie dans leur nouveau refuge dans lOuest
semble précaire. Un hiver doux en 1847-1848 est suivi de gelées printanières et
dun été décourageant. Ensuite la sécheresse endommage et une invasion de
sauterelles dévore une bonne partie des cultures. Beaucoup croient quils
nauront sauvé un reste de leurs cultures que grâce à lintervention
miraculeuse dun grand nombre de mouettes qui descendent sur les champs et dévorent
les sauterelles (voir Mouettes, miracle des). Cependant, après lhiver difficile de
1848-1849, les pionniers pourront faire, la plupart des années, des récoltes suffisantes
pour tenir lhiver suivant. Une aubaine inattendue se présente en 1849 quand des
centaines de voyageurs en route pour les gisements dor de la Californie passent par
lUtah et sempressent déchanger des produits manufacturés rares, des
animaux épuisés et même de la farine contre les produits locaux. Entre-temps, les
premières colonies sont suffisamment bien installées pour que puisse commencer la
colonisation dans toute la région des montagnes Rocheuses.
Les saints vont fonder des dizaines de colonies, au début surtout dans ce qui est
maintenant lUtah. La première zone colonisée est une région centrale
sétendant au nord et au sud du siège de lÉglise à Salt Lake City le long
du bord occidental des montagnes. Les colonies suivantes vont se trouver dans les vallées
plus hautes de montagne de la région, telles que les vallées de Cache et de Heber.
Presque en même temps, dautres colonies vont être fondées dans des régions plus
éloignées en réponse à des besoins particuliers comme la fondation dune
industrie métallurgique (Parowan, janvier 1851, Cedar City, novembre 1851), la création
de stations le long des itinéraires dimmigration (San Bernardino, 1851, achat de
Fort Bridger, 1855), les missions auprès des Indiens (fort Lemhi dans lIdaho
actuel, Las Vegas, Nevada, Fort Supply en 1853, dans le Wyoming actuel et la mission
dElk Mountain dans le centre-est de lUtah, le tout en 1855), la culture de
plantes de climat chaud, comme le coton et le sucre (St-George, 1861) ou, plus tard, la
recherche dun refuge pour les familles polygames.
Le motif le plus commun pour la colonisation est la nécessité de trouver des terres pour
une population croissante de fermiers, un besoin qui sera à lorigine de la
colonisation de la plupart des emplacements favorables en Utah dès 1880 aussi bien que
dautres dans le nord de lArizona, le sud-ouest du Colorado, le nord-ouest du
Nouveau-Mexique, louest du Wyoming et le sud-est de lIdaho. On ouvre souvent
de nouvelles régions par un «appel en mission» (voir Appels), ce qui signifie que des
colons installés sont invités à entreprendre une mission patronnée par lÉglise
pour fonder une colonie. Une fois la colonie mère établie, les régions voisines sont
colonisées spontanément par les jeunes devenus adultes à la recherche de terres à
cultiver.
La fondation dun empire dans lOuest ne va pas se faire sans conflits ni
difficultés. Une période de sécheresse prolongée en 1855 va être suivie dune
invasion catastrophique de sauterelles. Linsécurité ainsi créée va sans doute
alimenter les flammes de la réforme de 1856-1857, une période de remise en question
intense et dengagement renouvelé. Les sermons enflammés et parfois immodérés de
la Réforme intensifieront les inquiétudes des pionniers quand, au début de 1857, sur la
foi de rapports exagérés selon lesquels les mormons sont en rébellion, James Buchanan,
président des États-Unis commande secrètement lenvoi dune armée de 2.500
soldats fédéraux en Utah. Agissant sans avoir fait denquête, Buchanan relève
Brigham Young de ses fonctions de gouverneur, poste auquel Young avait été redésigné,
même après lannonce, en 1852, de la polygamie. Malheureusement, Buchanan fait tout
en secret, interrompant même le courrier à destination de lUtah pour donner aux
troupes lavantage de la surprise.
Quand il reçoit la confirmation confidentielle de la décision du gouvernement, Brigham
Young commande à tous les missionnaires de retourner en Utah, fait fermer les missions et
abandonner les colonies les plus isolées. Habitués aux persécutions de la part des
milices détat, les saints des derniers jours voient dans lavance des forces
armées vers lUtah le prélude au pillage, au viol et au massacre. Pendant
quils se préparaient à la résistance armée, une hystérie de guerre balaie le
territoire.
Lorsque quelle approche de Fort Bridger, lavant-garde de lexpédition
dUtah se heurte aux saints qui lui opposent la politique de la «terre brûlée».
Les raids mormons saisissent et brûlent les convois fédéraux dapprovisionnement
et détruisent le fourrage devant les troupes en marche. Larrivée opportune de
fortes chutes de neige embourbe larmée pour lhiver, donnant aux médiateurs,
et particulièrement à Thomas L. Kane, du temps pour une conciliation. Pendant ce temps,
le président Young ordonne labandon des colonies du nord de lUtah et organise
«lExode vers le Sud». Sils doivent quitter leur refuge, les saints des
derniers jours laisseront le Grand Bassin aussi désertique quils lont
trouvé. Les négociations réussissent avant le printemps, juste au moment où
larmée se remet en mouvement. Alfred Cumming est installé comme gouverneur et, le
12 juin 1858, Brigham Young accepte le pardon pour sa soi-disant rébellion. Quinze jours
plus tard, le général Albert Sidney Johnston fait traverser à ses troupes une Salt Lake
City abandonnée et dresse un Camp Floyd isolé à soixante-cinq kilomètres au sud-ouest.
La guerre dUtah va être qualifiée, à juste titre, de gaffe de Buchanan.
Lhystérie de guerre aura pour conséquence désastreuse le massacre de Mountain
Meadows de septembre 1857, pour lequel les dirigeants locaux du sud de lUtah
sunissent aux Indiens pour massacrer un convoi de colons en route pour la
Californie. Il est prouvé que lordre de Brigham Young était de laisser les
voyageurs passer en paix, mais sa recommandation va arriver trop tard pour empêcher le
massacre et les autorités locales vont faire croire à une attaque par les Indiens.
Répondant aux accusations que des blancs sont impliqués, le président Young invite le
nouveau gouverneur à enquêter, mais celui-ci considère que si des blancs sont
impliqués, ils bénéficieront du pardon en vertu de lamnistie générale accordée
en 1858. Par la suite, quand de plus amples renseignements se feront jour, certains des
principaux protagonistes seront excommuniés de lÉglise et lun deux,
John D. Lee, sera condamné par un tribunal fédéral et exécuté.
Bien que préoccupé par la guerre de Sécession, le gouvernement fédéral
sintéresse néanmoins au Territoire dUtah. En 1862, Fort Douglas est créé
à lextrémité est de Salt Lake City, sous la direction de Patrick Edward Connor,
un anti-mormon virulent. Connor et ses troupes sont chargés de garder les itinéraires de
transport, mais ils publient aussi le Union Vedette, une publication agressivement
anti-mormone, encouragent les exploitations minières et favorisent limmigration de
non-mormons dans le Territoire. En 1863, les troupes de Connor attaquent un groupe
dIndiens Shoshones du nord sur la Bear River, dans le nord de la Cache Valley, tuant
quelque 250 hommes, femmes et enfants.
La décennie suivant la guerre dUtah est une ère dexpansion générale pour
lÉglise. En 1862, le Congrès décrète une loi interdisant la polygamie dans les
territoires et dissolvant lÉglise, mais elle ne sera pas appliquée avant Reynolds
contre les États-Unis en 1879. Les immigrants de lÉglise continuent darriver
par milliers et Brigham Young continue dimplanter des colonies pour les recevoir.
Mais lafflux régulier de non-mormons en Utah et la construction dun chemin de
fer transcontinental annoncent de futurs défis à la domination par les mormons de leur
empire du Grand Bassin.
Lachèvement du chemin de fer transcontinental saccompagne à la fois de
possibilités nouvelles et de problèmes. Brigham Young sattend depuis longtemps à
la fin de lisolement physique et, par certains côtés, lencourage. En 1852 et
en 1854, les saints demandent au Congrès quun chemin de fer transcontinental passe
par lUtah. Il simplifierait limmigration et permettrait aux dirigeants de
lÉglise détablir des liaisons ferroviaires reliant beaucoup de colonies
éloignées à Salt Lake City. Le 1er juillet 1862, quand le Pacific Railroad Act est
promulgué, le président Young souscrit pour $10.000 dactions auprès de la Union
Pacific Railroad Company nouvellement organisée, dont il devient lun des directeurs
en 1865.
Si le chemin de fer permet aux immigrants de lÉglise datteindre plus
facilement lUtah, il encourage aussi limmigration de non-mormons. La fin de
lisolement menace également lindépendance économique et politique de
lUtah. Pour renforcer léconomie locale et retarder la création dun
milieu daffaires non-mormon puissant, les autorités de lÉglise ont longtemps
lutté pour décourager limportation de produits manufacturés venus de lEst
des États-Unis. Elles vont maintenant lancer une campagne énergique pour décourager
lachat de produits de luxe importés, notamment le thé, le café, lalcool et
le tabac et réinsister sur la révélation de 1833 donnée à Joseph Smith déconseillant
lutilisation de ces produits (voir Parole de Sagesse).
En dépit de lopposition opiniâtre de Brigham Young au développement de
lextraction de métaux précieux en Utah, lapproche du chemin de fer relance
lenthousiasme pour lexploitation des richesses minières de lUtah. Sous
la direction de plusieurs hommes daffaires et intellectuels en vue de lÉglise
tels que William Godbe, Edward W. Tullidge et Eli B. Kelsey, un «Nouveau Mouvement» se
développe dans lÉglise contre ce quils appellent «lautocratie de la
prêtrise». Ces hommes écrivent des articles persuasifs dans le Utah Magazine,
recommandant lexploitation des ressources minières de lUtah afin de maintenir
lindustrie sous le contrôle local (et donc mormon). Brigham Young, qui prévoit un
résultat différent, dénonce les «Godbeites», les accusant dinciter à la
domination «gentile» de lUtah. Par la suite, Godbe, dont le manque
dorthodoxie doctrinale pose un problème supplémentaire, est excommunié. Bien
quayant rejeté la solution godbeite, Brigham Young reconnaît les réalités de la
nouvelle situation économique et lance une série de programmes pour renforcer la
solidarité spirituelle et lindépendance économique.
Une partie du programme de Brigham Young comprend lorganisation de lÉcole des
Prophètes en 1867. LÉcole des Prophètes originelle avait été fondée en 1833
par Joseph Smith pour donner un enseignement aux adultes et pour se préparer pour le
temple. Dans lorganisation dUtah, les discussions sur la théologie
saccompagnent de ladoption dun programme économique. Les Écoles des
Prophètes enseignant aux propriétaires fonciers les méthodes pour sassurer des
titres de propriété, sollicitent des contributions en main duvre et en fonds
pour financer des chemins de fer secondaires, créent des coopératives de vente et de
fabrication locales, poussent à la diminution des salaires pour permettre une plus grande
exportation des marchandises dUtah, organisent le boycott des établissements des
gentils hostiles et exigent des membres quils sengagent à observer la Parole
de Sagesse. Les Écoles passent aussi des contrats avec les chemins de fer de lUnion
Pacific et du Central Pacific pour créer linfrastructure de la ligne
transcontinentale en Utah, limitant ainsi lafflux de travailleurs non-mormons et
apportant des revenus en argent liquide aux saints des derniers jours. Au bout de quelques
années, avec le changement de la situation économique, ces organisations vont
graduellement disparaître.
Ce qui va être plus permanent que les Écoles des Prophètes, ce sont les organisations
que Brigham Young crée pour les femmes et les jeunes de lÉglise. Entre la
renaissance de la Société de Secours en 1867 et la mort de Brigham Young une décennie
plus tard, la présidente générale, Eliza R. Snow, aidant les évêques à constituer
les organisations locales, la société se répand dans toutes les colonies de
lÉglise du Grand Bassin. En plus de ses buts charitables, la Société de Secours
travaille avec les Écoles des Prophètes pour encourager lindustrie locale et
déconseiller lachat des importations. Parmi les réalisations principales de la
Société de Secours, il y a le commencement dun programme de stockage du blé, le
lancement de la culture de la soie, la fondation du Womans Exponent, la construction
de salles pour la Société de Secours dans la plupart des colonies, la mise sur pied
dun magasin de distribution pour les industries locales et lappui
impressionnant de la formation médicale des femmes (voir Maternité et soins de santé
des enfants). Les dirigeantes de la Société de Secours participent aussi activement à
la campagne pour le suffrage des femmes et en Utah les femmes vont être les secondes
après les femmes du Wyoming à recevoir le droit de vote.
En 1869, Brigham Young crée, pour les jeunes filles, une organisation portant le nom peu
maniable de «Département des jeunes demoiselles de lAssociation coopérative de
retranchement». Il exhorte les jeunes filles à éviter toute extravagance et à «cesser
daccorder [leur] clientèle au négociant qui envoie [leur] argent hors du
Territoire pour de beaux vêtements faits dans lEst» (Susa Young Gates, History of
the Young Ladies Mutual Improvement Association of the Church, p. 9 [Salt Lake City,
1911]). La Société damélioration mutuelle des Jeunes Filles, comme on
lappellera plus tard, va devenir une organisation soccupant principalement
dactivités culturelles, sociales et religieuses (voir Jeunes Filles; Association de
retranchement).
Après lachèvement du chemin de fer transcontinental en 1869, lUnion Pacific
et le Central Pacific ne respectent pas leurs engagements contractuels concernant
linfrastructure. Les pertes pour léconomie mormone sont massives: $500.000 en
liquide et des pertes cumulées encore plus grandes pour les sous-traitants, les
commerçants et les ouvriers. Pour essayer de compenser ces pertes, les dirigeants de
lÉglise financent des chemins de fer dans le territoire en utilisant le fer, le
matériel de construction et le matériel roulant pour une valeur dun demi million
de dollars dont la Union Pacific en faillite sétait servi pour payer ses
obligations. Ces chemins de fer apporteront du profit en Utah, mais leur succès ne
soulagera pas complètement lamertume que les saints auront ressentie à
légard des revers causés par le chemin de fer transcontinental.
En plus dintensifier son appel à pratiquer lindustrie locale et à boycotter
les marchands non-mormons au moment où le chemin de fer se rapproche de lUtah,
Brigham Young met sur pied un système coopératif de vente. En octobre 1868, il organise
la Zions Cooperative Mercantile Institution (ZCMI) pour «apporter des marchandises
ici et les vendre aussi bon marché quil est possible de le faire et que les
bénéfices soient répartis parmi lensemble du peuple» (Arden Olsen, History of
the Mormon Mercantile Cooperation in Utah, p. 80 [thèse de doctorat, université de
Californie, Berkeley, 1935]). Largement soutenu, le nouveau grand magasin va devenir une
entreprise profitable qui reste le plus grand détaillant de Salt Lake City. Des
succursales sont créées dans beaucoup de localités, de même que dautres
coopératives: tanneries, meuneries, laiteries, boucheries, banques, usines
sidérurgiques, scieries, fabriques de laine et usines de coton. Tout cela va aider les
saints à retarder dune décennie la mainmise «extérieure» que larrivée du
chemin de fer présage.
Le succès remarquable du Mouvement Coopératif va inspirer à Brigham Young lidée
quune renaissance de «lOrdre uni dHénoc», longtemps son but, pourrait
maintenant être réalisable. Inauguré par Brigham Young pendant lhiver de
1873-1874, le Mouvement de lOrdre est inspiré par le désir dimiter les
tentatives de vivre la loi de consécration dans les années 1830 et par le succès de la
coopérative de Brigham City. Sous la direction de Lorenzo Snow, Brigham City était
devenue autonome à quatre-vingt-cinq pour cent, effectuant pratiquement toute
lagriculture, la construction, la fabrication et le commerce dans la région
environnante. Presque toute la population était employée dans les divers départements
de la coopérative et était rémunérée par des produits plutôt que par de
largent liquide. La Coopérative de Brigham City avait eu tant de succès
quelle navait quasiment pas été affectée été par la panique financière
de 1873.
Brigham Young lance donc le mouvement de lOrdre Uni et plus de 200 ordres sont
créés dans tout lUtah, le sud de lIdaho, le nord de lArizona et le
Nevada. Du fait quil laisse le fonctionnement de ces ordres entre des mains locales,
plusieurs types différents apparaissent. Certains, comme Orderville, dans le sud de
lUtah, sont presque totalement communaux. Dans les villes plus grandes, où les
ordres communaux fortement structurés sont impossibles, les diverses paroisses financent
différentes entreprises coopératives, telles que des fermes ou des usines et échangent
ensuite les produits. Les manifestations de lOrdre Uni dHénoc varient, mais
elles représentent un effort véritable du peuple pour devenir «un» comme le
commandaient les premières révélations. Comme dans le cas de presque toutes les
entreprises volontaires de cette nature, ces ordres vont finir par se dissoudre en raison
de tensions internes et de pressions externes. Le mouvement lui-même prend fin en 1877,
bien que quelques ordres, comme celui dOrderville, continuent pendant une décennie
encore.
Avant sa mort en 1877, Brigham Young aura vu la réalisation dune de ses aspirations
les plus sacrées: lachèvement dun temple en Utah. Toute limportance
des temples et de leurs ordonnances remonte à la période de Nauvoo, quand Joseph Smith a
introduit le baptême pour les morts, le mariage pour léternité et un ensemble
dinstructions religieuses et dalliances appelé dotation. Depuis
labandon du temple de Nauvoo en 1846, Brigham Young rêve dun temple dans
lOuest. En arrivant dans la vallée, il consacre, à Salt Lake City, un terrain pour
un temple, mais il faudra quarante ans pour terminer cet imposant édifice. En attendant,
une Maison des dotations provisoire, construite en 1855, fournira un endroit pour les
ordonnances sacrées. Après avoir décidé de construire un édifice moins imposant dans
le sud, Brigham Young consacrera le temple de St-George, achevé le 6 avril 1877. Pendant
la décennie qui suivra sa mort, deux temples supplémentaires seront construits en Utah
(Logan et Manti) avant que le temple de Salt Lake City ne soit finalement consacré en
1893.
Après la consécration du temple de St-George, Brigham Young lance une réorganisation
massive de lÉglise, principalement au niveau local, clarifiant et redéfinissant,
par la même occasion, les responsabilités de la prêtrise. Toutes les paroisses et tous
les pieux sont touchés et la plupart reçoivent de nouveaux dirigeants.
Quand il meurt, le 29 août 1877, Brigham Young a amené les saints des derniers jours à
un point culminant de croissance dans leur retraite et leur royaume de montagne. Ses
dernières paroles, «Joseph ! Joseph ! Joseph !» sont appropriées pour quelquun
qui a vécu sa vie, comme il le disait souvent, en tant quapôtre de Jésus-Christ
et de Joseph Smith. À sa façon parfois inflexible, Brigham Young aura travaillé pendant
plus de quarante ans pour atteindre les buts de Joseph Smith. Les saints sont parvenus à
un pouvoir économique et politique unifié, même sils vont bientôt être forcés
de se plier face à une pression fédérale persistante. Chose plus importante encore, en
affrontant courageusement leurs difficultés et en poursuivant leurs rêves dans le
désert, ils sont devenus un peuple fort, solidaire et plein de foi. Attaché à
lidéal évangélique quel quen soit le coût, il laissera un héritage qui
continue à inspirer les saints des derniers jours du monde entier.
Bibliographie
Ouvrages généraux sur cette période: Leonard J. Arrington, Brigham Young, American
Moses, New York, 1985 et Great Basin Kingdom, Cambridge, Mass., 1958; Eugene E. Campbell,
Establishing Zion: The Mormon Church in the American West, 1847-1869, Salt Lake City,
1988; Dean L. May, Utah: A Peoples History, Salt Lake City, 1987 et un bref compte
rendu dans Leonard J. Arrington et D. Michael Quinn, The Latter-day Saints in the
Far West, 1847-1900, dans F. Mark McKiernan, Alma R. Blair et Paul M. Edwards, dir.
de publ., The Restoration Movement: Essays in Mormon History, Lawrence, Kans., 1973, pp.
257-270.
En plus de nombreux articles sur le sujet dans le Journal of Mormon History, BYU Studies,
Dialogue, Sunstone et le Utah Historical Quarterly, voir: Richard E. Bennett, Mormons at
the Missouri 1846-1852, Norman, Okla., 1987, pour la période débouchant sur la
colonisation de lUtah; Wallace Stegner, The Gathering of Zion, New York, 1964,
récit classique de migration vers lUtah; Leonard J. Arrington, Feramorz Y. Fox et
Dean L. May, Building the City of God: Community and Cooperation Among the Mormons, Salt
Lake City, 1976, qui se concentre sur le communautarisme; et Norman F. Furniss, The Mormon
Conflict, 1850-1859, New Haven, Conn., 1960, la meilleure étude sur la Guerre
dUtah.
Histoire de lÉglise:
1878-1898, Fin de la période pionnière dUtah
Auteurs: SESSIONS, GENE A. et HARTLEY, WILLIAM G.
[Cet
article traite de la période de tension et dadaptation qui suit la mort de Brigham
Young, période au cours de laquelle lÉglise doit affronter une forte pression
visant à lobliger à se conformer aux murs américaines contemporaines.
Après présentation dune vue densemble de la période, larticle traite
des changements dorganisation, des programmes économiques, de la création de
nouvelles colonies de saints des derniers jours et de luvre missionnaire, puis
se concentre sur le conflit au sujet de la polygamie, aboutissant au Manifeste de 1890 qui
annonce la fin officielle du mariage plural. Le Manifeste est suivi de la question de
lautonomie de lUtah (voir Utah lÉtat d), de lextension du
prosélytisme, des tentatives de consolider léducation religieuse (voir Académies)
et dune participation plus limitée de lÉglise à la vie économique (voir
Économie pionnière).
Pour comprendre la vie quotidienne et ce que signifie être saint des derniers jours
pendant cette période, voir Vie pionnière et Histoire sociale et culturelle et
cultuelle. Pour des renseignements supplémentaires sur la colonisation de nouvelles
régions par lÉglise, voir les rubriques sur les colonies pionnières dans Mexique
et Amérique Centrale, lÉglise au, Canada, lÉglise au, et Arizona, colonies
pionnières en, Colorado, colonies pionnières au, Idaho, colonies pionnières au, Nevada,
colonies pionnières au, Nouveau-Mexique, colonies pionnières au, et Wyoming, colonies
pionnières au. Sur les événements relatifs au mariage plural, voir: Histoire juridique
et judiciaire de lÉglise; Législation contre la polygamie; Reynolds contre les
États-Unis; et Manifeste de 1890.]
Pendant la période de croissance, de problèmes graves et de changements marquants de
1878-1898, lÉglise affronte de nombreuses difficultés sous les présidents de
lÉglise John Taylor et Wilford Woodruff. La décision de la Cour suprême en 1879,
confirmant la législation contre la polygamie introduit une décennie dune
application de plus en plus féroce de lois de plus en plus dures. Face à la persécution
par le gouvernement et dans une tentative dobtenir lautonomie en accédant au
rang détat, lÉglise prend des mesures pour mettre fin à la pratique du
mariage plural et pour abandonner son contrôle jadis ferme de la politique et de
léconomie du Territoire dUtah. Dans les années 1890, le Territoire
dUtah et ses résidants mormons prennent le chemin de «laméricanisation».
Bien que cette période soit caractérisée par son affrontement prolongé avec le
gouvernement fédéral, elle lest aussi de manière frappante par la croissance. La
population de lÉglise double (de 115.065 à 229.428), de même que le nombre de
pieux (20 à 40) et de paroisses (252 à 516). Les colonies de saints vont jusquau
Mexique et au Canada. Les efforts missionnaires augmentent et le nombre de missions
saccroît (de 8 à 20). Lactivité des collèges de la prêtrise devient plus
ordonnée et plus normalisée. Les Autorités générales assistent régulièrement aux
conférences trimestrielles de pieu et aux conférences de paroisse. Les organisations
auxiliaires se généralisent dans les pieux et les paroisses, et des présidences et des
bureaux généraux dauxiliaires sont désignés. LÉglise termine aussi trois
temples, portant le total en Utah à quatre.
Après la mort du président Young en août 1877, le Collège des douze apôtres
norganise pas immédiatement une nouvelle Première Présidence. John Taylor
préside lÉglise comme président des Douze jusquen octobre 1880. Sous sa
direction, les Douze achèvent la réorganisation des paroisses et des pieux commencée
par le président Young.
Ils étendent aussi les organisations auxiliaires. En 1880, ils choisissent trois des
leurs (Wilford Woodruff, Joseph F. Smith et Moses Thatcher) pour former une surintendance
générale de la Société damélioration mutuelle des Jeunes Gens (SAMJG; voir
Jeunes Gens) et pour superviser de nouveaux bureaux ou comités centraux de la SAMJG
créés dabord pour les comtés et plus tard pour les pieux. LAssociation de
Retranchement des Demoiselles devient en 1878 la Société damélioration mutuelle
des Jeunes Filles (SAMJF) avec la création de bureaux dans les pieux à partir de cette
année et le début, en 1880, dune organisation dans toute lÉglise avec
Elmina S. Taylor comme présidente (voir Jeunes Filles). La Primaire, une nouvelle
organisation pour le profit des enfants, est lancée en 1878 à Farmington (Utah). Après
que dautres paroisses ont copié le programme, une Primaire est créée en 1880 au
niveau de lÉglise, dirigée par Louie B. Felt. Eliza R. Snow, présidente de la
Société de Secours, continue à diriger luvre de toutes les femmes dans
lÉglise, qui comprend maintenant la SAMJF et la Primaire. George Q. Cannon, de la
Première Présidence, reste, tout au long de cette période, surintendant général des
Écoles du Dimanche. Les Écoles du Dimanche, la Société de Secours, et la SAM sont
organisées dans les îles Britanniques et en Scandinavie à partir de la fin des années
1870 et du début des années 188.
Les complications juridiques entourant la succession du domaine de Brigham Young
deviennent un gros problème pour les Douze. Lorsque la législation fédérale avait
sévèrement limité les avoirs fonciers de lÉglise, le président Young avait
été à la tête dun mélange compliqué de biens personnels et de propriétés de
lÉglise. En 1879, ses héritiers et lÉglise finiront par régler la question
par compromis en dehors des tribunaux.
En 1880, son cinquantième anniversaire, lÉglise proclame une année de jubilé,
modelée sur une coutume hébraïque antique, pour soulager les pauvres. Elle efface des
livres pour $802.000 de dettes auprès du Fonds perpétuel dÉmigration, la moitié
du total encore dû. En plus de distribuer du bétail et des moutons aux nécessiteux, les
autorités remettent aux pauvres dignes la moitié de leur dîme impayée. La Société de
Secours prête aussi près de 1250 tonnes de blé provenant de ses réserves pour aider
les fermiers touchés par la sécheresse.
Après avoir dirigé lÉglise pendant trois ans, John Taylor et les Douze
réorganisent, en octobre 1880, une Première Présidence: John Taylor, président de
lÉglise, avec George Q. Cannon et Joseph F. Smith, qui avaient précédemment fait
partie de la Première Présidence sous Brigham Young, comme conseillers.
Les révélations données au président Taylor en 1882 et 1883 conduisent à une
réorganisation des soixante-dix. Pour la première fois, les soixante-seize collèges
locaux sont organisés sur une base géographique, inscrivant tous les soixante-dix dans
leurs limites respectives. En outre, entre 1884 et 1888, vingt-cinq nouveaux collèges
sont créés. Cette réorganisation redonne une vitalité aux soixante-dix, et le nombre
de soixante-dix qui remplissent une mission à plein temps augmente directement après la
mise en application du changement.
Cette période voit aussi une augmentation des publications liées à lÉglise. Deux
nouveaux magazines desservent les jeunes: The Contributor (1879-1896) pour les jeunes gens
et The Young Womans Journal (1889-1929) pour les jeunes filles. Le Morgenstjernen
(1882-1885), une publication historique en danois, continue en anglais sous le titre The
Historical Record (1886-1890). LÉcole du Dimanche publie son premier cahier de
musique (1884) et le Livre de Mormon paraît pour la première fois dans une traduction
suédoise (1878). En 1880, lÉglise accepte par vote la Perle de Grand Prix comme
Écriture, ce qui lui donne le quatrième de ses ouvrages canoniques. Elle publie aussi,
en 1879, des éditions du Livre de Mormon et des Doctrine et Alliances, avec les divisions
en chapitres et versets, les correspondances et les notes dOrson Pratt.
Le président Taylor met aussi en application un nouveau programme économique. Moins
rigidement structuré que les ordres unis précédents, il assure léquilibre entre
lentreprise privée et la planification économique de groupe. La Chambre centrale
de Commerce de Sion stimule lactivité économique coopérative en favorisant le
commerce, en cherchant de nouveaux marchés, en fournissant des informations aux fermiers
et aux fabricants, en empêchant une concurrence nuisible à lindustrie locale et
parfois en réglementant les salaires et les prix. Les chambres de commerce de pieu
travaillent en coordination avec lagence centrale. Malheureusement, en 1885, les
croisades antimormones vont forcer ces chambres de commerce à se dissoudre. Edward
Hunter, pionnier et évêque président, qui est en fonction depuis les années 1850,
décède en 1883 et est remplacé en 1884 par William B. Preston.
Pendant les années 1880, la Société de Secours continue à élaborer des programmes qui
ont commencé dans les années 1870: entreposage de blé, entretien des salles de
Société de Secours et des magasins de distribution de paroisse, gère des programmes de
formation dinfirmières et dobstétrique, supervise les organisations pour les
enfants et les jeunes filles, veille au bien-être spirituel des femmes de lÉglise
et améliore le soin permanent des pauvres. Les nouveautés sont louverture, en
1882, de lhôpital de Deseret, deuxième hôpital dUtah, le premier géré par
lÉglise. La mort de dEliza R. Snow en 1887 marque la fin dune ère pour
la Société de Secours; en 1888, Zina Diantha H. Young la remplace comme présidente.
Malgré des problèmes graves, les dirigeants de lÉglise tiennent toujours à
apporter les bénédictions des temples à un plus grand nombre de saints. Pour ajouter à
lunique temple en fonctionnement à St-George, John Taylor consacre, le 17 mai 1884,
le temple de Logan, deuxième en Utah. Construit principalement à laide de dons en
argent, en matériaux et en main duvre, il va coûter $800.000 environ. Un
troisième temple, à Manti (Utah), construit pour un coût de près de $1 million, est
consacré en 1888 par Lorenzo Snow, membre du Collège des Douze. Les travaux continuent
aussi sur le grand temple de Salt Lake City, commencé en 1853, mais achevé seulement en
1893.
La colonisation se poursuit. Entre 1876 et 1879, pas moins de cent nouvelles colonies sont
créées en dehors de lUtah et plus de vingt à lintérieur du Territoire. Les
colonies de saints en Arizona augmentent rapidement. Les pieux créés en 1878 et 1879 à
proximité de la Little Colorado River sont absorbés, en 1887, par les pieux nouvellement
créés de St-Johns et de Snowflake. Entre-temps, le long des Gila et Salt Rivers, les
pieux de St-Joseph et de Maricopa sont créés 1883. De nouvelles colonies de saints
apparaissent au Nevada, dans lest de lUtah, où le pieu dEmery est
créé en 1882 et dans le sud-est de lUtah et les régions voisines du Colorado et
du Nouveau-Mexique, où le pieu de San Juan est créé en 1883. Beaucoup de convertis
venus des états du sud sinstallent dans la San Luis Valley, dans le centre-sud du
Colorado et, en 1883, leurs colonies deviennent le pieu de San Luis.
Les poursuites judiciaires en matière de polygamie amènent les dirigeants de
lÉglise à fonder des colonies au Mexique et au Canada, hors de portée des lois
des États-Unis. Après la visite du président Taylor en 1885 au Mexique, des centaines
de saints vont affluer au Chihuahua et créer des villages dans une région que lon
appelle encore aujourdhui «les colonies mormones» du Mexique (voir Mexique,
colonies pionnières au). Ces colonies font dabord partie de la mission mexicaine.
En une décennie, plus de 3.000 saints vont sy installer, dautres colonies
vont être fondées et en décembre 1895, le pieu de Juarez est créé pour diriger les
saints dans les colonies mexicaines.
Sur instructions du président Taylor, Charles Ora Card, président du pieu de Cache,
découvre en 1886 un lieu de refuge dans le sud de lAlberta pour les colons de
lÉglise (voir Canada, colonies pionnières des saints au). Le printemps suivant,
des colons venus dUtah fondent Cardston, à vingt-deux kilomètres au nord de la
frontière des États-Unis. Des colonies apparaissent tout près à Aetna (1888) et à
Mountain View (1893). En juin 1895, le pieu dAlberta devient le premier pieu
organisé en dehors des États-Unis (à lexception du pieu de Salt Lake City, alors
situé en territoire mexicain).
Luvre missionnaire connaît un succès impressionnant et apporte des
problèmes frustrants. Entre 1879 et 1889, lÉglise gère, au Mexique, une petite
mission qui connaît quelque 242 convertis. En Nouvelle-Zélande, une branche est
organisée en 1883 chez les Maoris. En 1884, Jacob Spori ouvre la mission turque, qui
comprend la Palestine. Le nombre des missionnaires à destination de lEurope
augmente. Le rassemblement de convertis européens en Utah continue en dépit de la
publicité anti-mormone qui incité les autorités américaines à demander aux
gouvernements européens dempêcher les mormons démigrer. Aucune suite ne
sera donnée à cette demande.
Après lorganisation dune mission des États du Sud en 1875, les conversions
donnent de temps en temps lieu à des violences. Les missionnaires sont chassés de
certaines localités et, en 1879, des émeutiers de Géorgie tuent Joseph Standing. En
1884, à Cane Creek, au Tennessee, des émeutiers assassinent deux missionnaires et deux
résidants qui manifestent de lintérêt pour lÉglise.
Voulant voir leur histoire racontée équitablement, les dirigeants de lÉglise
fournissent des renseignements considérables à lhistorien californien Hubert Howe
Bancroft. La History of Utah de Bancroft (1889) est lune des premières histoires
écrites par un véritable historien non mormon à traiter lÉglise avec
impartialité.
En 1879, la Cour suprême confirme le caractère constitutionnel de la loi contre la
Bigamie de 1862, affirmant lillégalité du mariage plural (voir Reynolds contre les
États-Unis). De nouvelles lois sont passées, les poursuites deviennent plus acharnées
et les maris et pères polygames se retrouvent devant quatre choix: abandonner leurs
familles, entrer dans la clandestinité, affronter les poursuites judiciaires ou quitter
les États-Unis. En dépit de cette crise, le président Taylor, déclarant que quand les
lois de lhomme et celles de Dieu sont en conflit, il obéit à Dieu, refuse
dabandonner ses propres familles plurales ou de dire aux autres frères
dabandonner les leurs. Les attaques contre la polygamie, souvent menées par des
organisations religieuses, viennent de toutes parts. Quand les groupes nationaux de femmes
insistent auprès du président Rutherford B. Hayes pour quil poursuive les
polygames de lUtah, 2.000 femmes de lÉglise signent une résolution affirmant
que le mariage plural est une pratique religieuse protégée en vertu de la Constitution.
Lhostilité entre les saints et les gentils couve au niveau national et en Utah. La
pression publique amène le Congrès à passer en 1882 la loi Edmunds, qui impose
jusquà cinq ans demprisonnement et $500 damende pour polygamie et
jusquà six mois et $300 damende pour cohabitation illégale (voir Lois contre
la polygamie). Les personnes pratiquant la polygamie ou la cohabitation illégale perdent
leurs droits civiques, ne pouvant faire partie dun jury, détenir une fonction
publique et voter. La loi crée un conseil de cinq commissaires pour gérer
lenregistrement des électeurs et les élections. Elle déclare légitimes les
enfants nés des polygames avant le 1er janvier 1883 et donne au président le pouvoir
daccorder des amnisties à sa discrétion.
La Commission dUtah commence son travail en 1882 en déclarant que quiconque a
jamais pratiqué le mariage plural, même avant la loi de 1862 contre la bigamie, ne peut
pas voter. Comme la commission exige des électeurs de faire un «serment-test» jurant
quils ne violent pas la loi, dans lannée la loi va priver de leurs droits
plus de 12.000 saints des derniers jours. Mais en 1885, la Cour suprême des États-Unis
décidera que ce serment-test est anticonstitutionnel.
La croisade judiciaire contre des polygames va gravement perturber la société de
lÉglise en Utah, en Idaho et en Arizona. Les polygames et leurs familles vont
beaucoup en souffrir, de même que lÉglise comme organisation. Des maris et des
pères sinon respectueux des lois et certaines épouses et certains enfants
se réfugient dans une «clandestinité» mormone, se déplaçant fréquemment dun
endroit à lautre pour échapper aux federal marshalls pourchassant les «cohabs».
Les saints créent des cachettes secrètes dans les maisons, les granges et les champs,
des codes pour savertir mutuellement et des guetteurs à laffût des
marshalls. Les «deps» (deputy marshalls, officiers de police adjoints) fédéraux se
déguisent en marchands ambulants ou en recenseurs et engagent leurs propres guetteurs
pour interroger les enfants et les voisins et pour violer la vie privée des foyers. Des
récompenses sont offertes pour chaque cohab capturé. Les familles souffrent, en
particulier les épouses livrées à elles-mêmes pour entretenir les cultures tandis que
leurs maris se cachent. Les épouses qui refusent de témoigner contre leurs maris sont
incarcérées. Hommes, femmes et enfants connaissent de longues périodes de privation et
de peur.
En Utah, entre 1884 et 1893, 939 saints iront en prison sur des accusations relatives à
la polygamie. En Idaho et en Arizona les saints sont poursuivis avec la même férocité.
Quand les prisons de lArizona sont pleines, les cohabs sont envoyés dans un
pénitencier de Detroit. Un Utahan, Edward M. Dalton, est tué par un adjoint lancé à sa
poursuite, ce qui aigrit les saints contre le gouvernement. Ce sera aussi le cas suite à
une décision de la Cour suprême des États-Unis quun homme qui a cessé de vivre
avec son épouse mais qui lui a fourni nourriture et abri est coupable de cohabitation.
La croisade perturbe considérablement les activités normales de lÉglise. Le
président Taylor évite de se faire arrêter en voyageant. Dans son dernier sermon
public, il condamne ce quil qualifie doutrage judiciaire, après quoi il entre
dans la clandestinité. Plusieurs apôtres vont en exil, faisant des missions spéciales
dans des régions isolées de lOuest, au Mexique, au Canada et à Hawaï. Plusieurs
autres font une mission en Europe et auprès des Amérindiens. Beaucoup de présidents de
pieu et dévêques essaient de même déviter larrestation.
Entre 1884 et 1887, des conférences générales sont tenues à Provo, à Logan et à
Coalville plutôt quà Salt Lake City, pour aider les participants à éviter
larrestation. Peu dAutorités générales sont présentes. Franklin D.
Richards, un apôtre qui ne risque pas larrestation parce que son épouse plurale
est morte, préside certaines des conférences. Les épîtres générales du président
Taylor et du président Cannon donnent des directives aux conférences.
Le président Taylor dirige lÉglise par lettre. Pendant plus de deux ans, il va
rester dans la clandestinité, séparé de la plus grande partie de sa famille et de ses
amis. Il meurt caché à Kaysville (Utah), le 25 juillet 1887, après avoir été
Autorité générale pendant près de quarante-neuf ans. À sa mort, les marshalls
fédéraux auront fait des descentes dans presque toutes les colonies dUtah, des
centaines de saints se seront réfugiés au Mexique ou au Canada et presque tous les
dirigeants auront dû se cacher. À son enterrement à Salt Lake City, on lhonorera
comme double martyre dont le sang a été versé à la prison de Carthage avec Joseph et
Hyrum Smith et qui est ensuite mort en exil à cause de la persécution du gouvernement.
Une fois de plus, le Conseil des Douze, dirigé par Wilford Woodruff, le doyen des
apôtres, va prendre le gouvernail de lÉglise et en orienter le cours, en grande
partie depuis la clandestinité jusquà ce quil organise une nouvelle
Première Présidence à la conférence générale davril 1889. Wilford Woodruff
devient président de lÉglise et George Q. Cannon et Joseph F. Smith sont ses
conseillers. Ce sera la dernière fois que les Douze auront postposé la réorganisation
de la Première Présidence à la mort du président. En décembre 1892, le président
Woodruff, déclarant quun retard prolongé nest pas agréable au Seigneur,
invite Lorenzo Snow, le doyen des apôtres, à réorganiser immédiatement à sa mort.
Les dirigeants politiques nationaux, voyant que lÉglise ne se plie pas à la loi,
le Congrès décrète en 1887 une mesure plus radicale, la loi Edmunds-Tucker, qui vise à
détruire lÉglise en tant quentité politique et économique afin de forcer
les saints à abandonner le mariage plural. La loi dissout lÉglise en tant
quentité juridique, exige la confiscation de toute propriété dépassant $50.000,
dissout la Compagnie du Fonds perpétuel dÉmigration et en réclame la propriété,
et met fin à la Légion de Nauvoo (milice territoriale). Pour faciliter les poursuites,
la loi exige la présence obligatoire des témoins aux procès et confirme quil est
légal de forcer les épouses à témoigner contre leurs maris. Les juges de validation du
comté, qui procèdent à la constitution des jurys, doivent être nommés par le
président des États-Unis. Des fonctionnaires désignés par le fédéral prennent la
direction des écoles. Des tribunaux de validation certifient tous les mariages. Le
décret déshérite tous les enfants nés des mariages pluraux un an ou plus après le
passage de la loi. Le suffrage des femmes est aboli et un nouveau serment-test est
élaboré. Personne ne pourra voter, faire partie dun jury ou exercer un mandat
public sans signer un serment de soutien des lois contre la polygamie.
Les représentants fédéraux de la loi sefforcent avec zèle darrêter et
emprisonner les dirigeants de lÉglise. Le président Woodruff reste dans la
clandestinité près de St-George (Utah), dirigeant lÉglise par courrier et par
réunions privées. George Q. Cannon, premier conseiller du président Woodruff, est
arrêté en février 1886, obtient sa libération sous caution, puis disparaît dans la
clandestinité jusquen 1888 quand il se rend à un juge plus clément. Il passe 175
jours en prison et paie une amende de $450. Les visites étant permises en prison, il peut
gérer beaucoup daffaires de lÉglise et daffaires personnelles. Il
supervise les Écoles du Dimanche et finit décrire une biographie de Joseph Smith.
Sa présence donne du courage aux autres cohabs de la prison. Les saints des derniers
jours considèrent ces prisonniers comme des martyrs et leur offrent une réception de
gala quand ils sont libérés.
Les arrestations sont un problème, mais ce qui fait le plus de tort à lÉglise,
cest son incapacité dacquérir et dutiliser des fonds pour promouvoir
son uvre et la perte des droits politiques. Pour protéger de la confiscation des
biens personnels fonciers pour une valeur de $3 millions, lÉglise demande à des
membres éminents de prendre en charge la propriété de certains biens à titre
dadministrateurs. Des associations sans but lucratif se créent pour détenir les
propriétés, notamment les trois temples de lUtah. Des associations de paroisse et
de pieu reprennent les églises, les maisons de dîme et le bétail locaux de
lÉglise. Beaucoup de pieux créent des académies avec la dîme que lÉglise
leur confie.
Les receveurs fédéraux confisquent pour environ $800.000 de propriétés non confiées
à des privés ou à des associations et ensuite rendent à lÉglise certaines
propriétés à titre locatif, comme le Temple Block à Salt Lake City. Les dirigeants de
lÉglise mettront à lépreuve le caractère constitutionnel des
confiscations, mais en 1890 la Cour suprême confirmera la nouvelle loi par un vote de 5
contre 4. La destruction économique de lÉglise paraît certaine.
Cette croisade économique va de pair avec un assaut politique. Toutes les femmes, des
milliers de saints masculins et tous les immigrants convertis ayant perdu leurs droits
civiques, les politiciens anti-mormons prennent le contrôle des gouvernements
dOgden et de Salt Lake City. En Idaho, pratiquement tous les membres de
lÉglise ont perdu leurs droits civiques par un serment-test exigeant deux
quils disent sous serment quils ne croient pas ou nappartiennent pas à
une église qui croit au mariage plural. Quand la Cour suprême confirme en 1890 le
serment-test de lIdaho, les anti-mormons présentent au Congrès le projet de loi
Cullom-Struble qui veut ôter leurs droits civiques à tous les saints des derniers jours
de partout (voir Histoire juridique et judiciaire de lÉglise).
Économiquement paralysée, ses membres privés de leurs droits politiques, lÉglise
se trouve devant des perspectives davenir catastrophiques si elle ne met pas fin à
sa pratique du mariage plural. Le président Woodruff consulte les dirigeants et prie avec
ferveur pour savoir quoi faire. Après réception dune révélation divine, il
publie, le 24 septembre 1890, le Manifeste qui annonce la fin officielle du mariage
plural. «Le Seigneur, par la vision et la révélation, ma montré très exactement
ce qui se produirait si nous narrêtions pas cette pratique, dira plus tard le
président Woodruff. Il ma dit exactement quoi faire, et ce que serait le résultat
si nous ne le faisions pas» (Deseret Evening News, 14 nov. 1891). Le Manifeste affirme
que lÉglise a mis fin à lenseignement du mariage plural et ne permet pas de
nouveaux mariages pluraux. Le président Woodruff déclare quil se soumet aux lois
du pays et invite les membres de lÉglise à faire de même. À la conférence
générale du 6 octobre 1890, lÉglise accepte le Manifeste. Celui-ci sera intégré
aux Doctrine et Alliances en 1908.
Parlant pour la Première Présidence, George Q. Cannon explique quune révélation
de 1841 est dapplication en 1890; elle donnait pour instructions aux membres de
lÉglise que quand des «ennemis tombent sur eux et les empêchent daccomplir
cette uvre, voici, il me convient de ne plus la requérir de la part de ces
hommes, mais daccepter leurs offrandes» (D&A 124:49). La plupart des saints
accepteront la nouvelle directive, mais pas facilement et pas tous. En effet, un nombre
limité de nouveaux mariages pluraux vont se faire au cours de la décennie suivante
jusquà ce que les dirigeants de lÉglise déclarent que quiconque persiste
dans cette pratique risque lexcommunication.
Avec la publication du Manifeste, les hostilités sapaisent et lÉglise écrit
une nouvelle ère de coopération. Il sera généralement admis que les maris ne seront
pas tenus de répudier leurs épouses plurales et leurs enfants, et les procureurs locaux
deviendront très cléments quand il sagira de punir ceux qui sont accusés de
polygamie. Benjamin Harrison, président des Etats-Unis, qui, en 1891, visite lUtah
et serre la main au président Woodruff, accorde, en 1893, une amnistie limitée aux
saints suivie dune amnistie générale accordée, en 1894, par Grover Cleveland.
Après le Manifeste et les amnisties, les Autorités générales vont reprendre leurs
fonctions administratives normales.
Voulant obtenir le statut détat pour lUtah, les dirigeants de lÉglise
invitent les saints dUtah à se joindre aux partis politiques nationaux et à
devenir démocrates ou républicains. Un Congrès républicain passe, en 1894, une loi
dhabilitation que le président démocrate Grover Cleveland signe. LUtah
écrit une nouvelle constitution qui interdit le mariage plural et assure la séparation
de lÉglise et de lÉtat. Le 4 janvier 1896, lUtah devient un état,
presque cinquante ans après que Brigham Young a réclamé ce statut (voir Utah en tant
quétat).
En 1896, les Autorités générales acceptent un «Manifeste politique» stipulant
quaucune delles ne se présentera pour un poste élu sans lapprobation
préalable des autorités présidentes de lÉglise. Quand Moses Thatcher, un
apôtre, refuse de signer le document, il est relevé du Collège des Douze.
Pendant les années 1890, le nombre de missionnaires de lÉglise va presque tripler.
Dans le Pacifique, luvre missionnaire pénètre à Samoa en 1888 et au Tonga
en 1891. En 1898, la mission australasienne est divisée en mission australienne et
mission de Nouvelle-Zélande. Certains saints hawaïens émigrent en Utah et créent une
colonie à Iosepa, dans louest de lUtah. Luvre missionnaire
reprend en Californie en 1892 et dans lEst des États-Unis en 1893. Le prosélytisme
continue en Europe, bien que lémigration en provenance de là diminue de 50% dans
les années 1890 par rapport aux années 1880. Dans les années 1890, lÉglise, bien
ancrée en Amérique et occupant la plupart des bonnes terres dans lOuest, demande
que lémigration prenne fin et que les convertis doutre-mer édifient des
pieux dans leur patrie plutôt que de se rassembler en Sion.
La loi Edmunds-Tucker renforce les écoles dÉtat, qui excluent lenseignement
de la religion. En réaction, lÉglise commence à donner des cours de religion
après école dans les églises et fonde des académies ou des lycées dans les colonies
plus importantes. Entre 1888 et 1891 on ouvre trente et une académies de lÉglise
en Utah, en Idaho, en Arizona, au Canada et au Mexique.
Les années 1890 voient les femmes de lÉglise étendre leur action et démontrer
leurs droits politiques. Continuant leur affiliation aux mouvements des femmes dans
lEst, elles deviennent membres du Conseil national des femmes et trouvent auprès de
leurs collègues de lEst des alliées importantes dans leur combat contre la
privation des droits civiques. Les efforts soutenus par la Société de Secours pour
obtenir le droit de vote ont pour résultat que le suffrage des femmes est garanti dans la
Constitution de lÉtat dUtah de 1895.
Après quarante ans, la construction du temple de Salt Lake City est terminée et le
temple est consacré en avril 1893. Après de brèves portes ouvertes le 5 avril,
première occasion donnée aux non-membres de visiter un temple, lédifice sacré
est consacré le 6 avril, quarante ans après la pose de la pierre angulaire. Le service
de consécration sera répété entre le 6 avril et le 18 mai et comprend cinq sessions
réservées aux enfants en dessous de lâge du baptême; quelque 75.000 saints des
derniers jours seront présents. Ensuite les membres de lÉglise nentreront
dans le temple que pour accomplir des ordonnances pour les vivants et les morts.
Lannée suivante, le président Woodruff annonce par révélation que les groupes de
familles nont plus besoin dêtre scellés par adoption à des dirigeants
éminents de la prêtrise (voir Loi de ladoption), mais quils doivent être
scellés par lignage en remontant aussi loin que possible dans le temps. En conséquence,
les membres vont commencer à faire leur généalogie et à accomplir des ordonnances de
scellement pour leurs ancêtres sur plusieurs générations. LÉglise crée la
Société généalogique dUtah pour aider des chercheurs.
En 1893, le Chur du Tabernacle de Salt Lake City, pendant quil fait une grande
tournée, chante à lExposition universelle de Chicago et remporte le deuxième prix
dans un concours important. La Première Présidence entière accompagne le chur, ce
qui est la première fois quun président de lÉglise se rend dans lEst
depuis lémigration vers lOuest presque cinquante ans plus tôt. Cette
représentation inaugure une nouvelle image publique de lÉglise, bien que cette
même année lÉglise se voie refuser une représentation au Parlement mondial des
Religions, également réuni à Chicago.
Il y aura dautres événements importants sous la direction de Wilford Woodruff: en
novembre 1896, le jour de jeûne mensuel de lÉglise passe du premier jeudi au
premier dimanche du mois, une pratique qui existe encore aujourdhui; en 1897, la
coutume du rebaptême prend fin. La même année, Wilford Woodruff, lui-même pionnier de
1847, préside la commémoration par toute lÉglise de lentrée dans la
vallée du lac Salé cinquante ans auparavant. Salt Lake City organise des célébrations
avec des défilés, des programmes, et linauguration dun monument à Brigham
Young.
Pendant les années 1890, lÉglise et lUtah entrent, économiquement aussi
bien que politiquement, dans la société américaine. Beaucoup dentreprises
coopératives deviennent privées et la plupart des commerces patronnés par
lÉglise sont vendus ou se lancent dans la concurrence en tant quentreprises
productrices de revenus. Mais lintégration dans léconomie nationale ne se
fait pas sans douleur. La précédente confiscation des propriétés et la diminution du
paiement de la dîme provoquées par la croisade contre la polygamie ont fait beaucoup de
mal à lÉglise, de même que la dépression nationale de 1893. Les dirigeants sont
forcés demprunter massivement aux financiers de lEst pour payer les dettes et
satisfaire aux obligations et en 1898 les dettes de lÉglise dépassent $1.250.000.
Cependant, en dépit de la dette et dune dépression nationale, lÉglise
favorise et investit dans des industries de base telles que la fabrication de sucre de
betteraves, lénergie hydroélectrique et un choix dentreprises minières et
de transport pour étendre la base économique du Grand Bassin et profiter aux
collectivités des saints des derniers jours (Voir Histoire économique de
lÉglise).
Avec la fin des mariages pluraux et le fait que lUtah devient un état et entre dans
le système général américain en matière de politique et de finances, les saints des
derniers jours entrent de plein pied dans une nouvelle ère. Quelque chose qui donne une
idée du changement est la réponse de lÉglise à la guerre hispano-américaine de
1898: la Première Présidence invite les jeunes gens de lÉglise à soutenir
leffort national, démontrant ainsi le patriotisme et la loyauté des saints.
Wilford Woodruff décède le 2 septembre 1898, à San Francisco, à lâge de
quatre-vingt-onze ans. Selon ses instructions, une nouvelle Première Présidence est
immédiatement désignée, Lorenzo Snow devenant le cinquième président de
lÉglise.
Bibliographie
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition: A History of the Latter-day Saints,
1890-1930. Urbana et Chicago, 1985.
Arrington, Leonard J. Great Basin Kingdom: An Economic History of the Latter-day Saints,
1830-1900. Lincoln, Neb., 1966.
Larson, Gustive O. The Americanization of Utah for Statehood. San Marino,
Calif, 1971.
Lyman, Edward Leo. Political Deliverance: The Mormon Quest for Utah Statehood. Urbana et
Chicago, 1986.
Roberts, B. H. A Comprehensive History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints,
Century 1. Vol 6. Provo, Utah, 1965 (réimpression).
Histoire de lÉglise:
1898-1945, Transitions: Période du début du vingtième siècle
Auteurs: SADLER, RICHARD W. et WALKER, RONALD W.
[Au moment
où souvre le nouveau siècle, les finances de lÉglise souffrent des
séquelles de la croisade fédérale contre la polygamie et le public doute que sa
proclamation récente de la cessation du mariage plural soit vraiment entrée en vigueur.
Après avoir traité de lévolution dans ces deux domaines, cet article examine
lintégration des saints des derniers jours dans la société américaine, notamment
la position de lÉglise sur la guerre et la paix. Il passe aussi en revue les
efforts de systématisation qui accompagnent la croissance régulière tout au long de
cette période.
En plus des correspondances qui se trouvent dans le texte, les articles généraux sur le
sujet sont: Organisation: Histoire de lorganisation et de ladministration et
Histoire économique de lÉglise. Une fête du Centenaire accompagne le centième
anniversaire de lÉglise en 1930. Lorenzo Snow, Joseph F. Smith et Heber J. Grant
sont les présidents de lÉglise pendant cette période.]
LÉglise aborde le vingtième siècle en état de siège et dans lisolement.
Lexpérience des saints jusquici est constituée dune fondation,
dun exode vers lOuest américain isolé, de la création à cet endroit
dun royaume spirituel et temporel de Dieu et daffrontements avec une société
américaine peu compréhensive et souvent hostile. Pourtant lannée 1898 est une
plaque tournante. Après la mort de Wilford Woodruff en septembre, Lorenzo Snow
(1898-1901) lui succède et entreprend une série de changements visant à produire un
renouveau et une redéfinition. Avec ses successeurs, Joseph F. Smith (1901-1918) et Heber
J. Grant (1918-1945), il réagit aux changements radicaux de la première moitié du
vingtième siècle et sefforce de préserver les vieilles valeurs dans un monde en
mutation rapide. Il en résulte quau milieu du siècle lÉglise est acceptée
et intégrée dans la société américaine, et quelle est plus vigoureuse et plus
vivante que personne sauf ses défenseurs les plus vigoureux aurait pu le prévoir un
demi-siècle plus tôt.
Les finances constituent le problème le plus urgent. La croisade contre la polygamie
(voir Législation contre la polygamie) a gravement détérioré les revenus et les
capitaux, dabord par lincarcération des dirigeants qui gèrent normalement
les dons et en second lieu par la saisie et la mauvaise gestion des biens de
lÉglise. La panique de 1893 et la dépression qui en est résultée ont encore
aggravé la situation. Espérant fournir de lemploi et stimuler léconomie
locale, les dirigeants ont emprunté de largent pour financer des travaux publics et
des entreprises commerciales. Le président Snow met rapidement fin à cette pratique. Son
administration sabre dans les dépenses, vend les biens non essentiels et exhorte les
disciples fidèles à augmenter leurs contributions financières.
Il annonce de manière spectaculaire cette nouvelle politique lors dune tournée de
prédication dans le sud de lUtah. En mai 1899, parlant aux membres assemblés à
St-George, il promet que sils se conforment fidèlement au code de la dîme, un code
de lÉglise qui existe de longue date, ils en seront bénis et que cela libérera en
même temps lÉglise de ses dettes. Une année après la campagne du président Snow
en faveur de la dîme, les revenus de lÉglise auront doublé. Les dirigeants
invitent aussi à faire des dons en argent liquide au lieu de denrées en nature et
instituent des procédures systématiques de dépenses et dapurement. Grâce à ces
réformes, le président Smith pourra annoncer, dès 1907, que lÉglise est enfin
sortie de dettes. Les recettes annuelles de dîme sélèvent à $1,8 millions, alors
quen 1898 la dette de lÉglise était de $1.25 millions. De plus,
lÉglise a des propriétés pour plus de $10 millions. LÉglise naura
plus jamais recours au déficit budgétaire, même pendant la grande Dépression.
Les réformes du président Snow nexcluent pas la détention de biens
dinvestissement ni ladministration dentreprises par des dirigeants et
des directeurs de lÉglise (voir Histoire économique de lÉglise). Certaines
entreprises, comme le Deseret Telegraph, la Utah Light and Railway Company et le Saltair
Resort au Grand Lac Salé seront privatisées, mais lÉglise investira
particulièrement dans les entreprises qui font progresser ses buts sociaux ou
institutionnels. Elle conserve le Deseret News et, au début des années 1920, les
dirigeants créent lune des premières stations radio du pays, qui deviendra plus
tard radio KSL. Le Salt Lake Theater, le théâtre pionnier, est rendu à lÉglise
pour donner des spectacles autorisés mais ce sera pour fermer au début de la
Dépression par manque de rentrées et à cause de ce que les dirigeants de lÉglise
considèrent comme un déclin des valeurs théâtrales.
Sinspirant du précédent de la maison de Nauvoo, on construit lhôtel Utah de
Salt Lake City pour détourner les touristes des hôteliers non mormons hostiles et pour
améliorer limage de lÉglise. La Beneficial Life Insurance Company fournit
des assurances bon marché. La Utah Sugar Company, transformée en Utah-Idaho Sugar
Company, continue à fournir aux fermiers locaux un marché pour leur récolte la plus
importante en argent liquide, tandis que la Zions Cooperative Mercantile Institution
(ZCMI) et la Zions Savings Bank & Trust fournissent au public des services de la
vente au détail et des services bancaires concurrentiels. Cette politique altruiste
dinvestissement est également pratiquée à un niveau plus vaste. Les dirigeants de
lÉglise font partie du conseil dadministration dautres sociétés
importantes pour la région.
Ces investissements et les préoccupations sociales quils expriment remontent à
lidéal pionnier de préoccupation pour le bien-être de la collectivité. Ce
nest dailleurs par le seul reste du passé. Le mariage plural continue à
être un problème perturbant pour les saints des derniers jours et attire
lattention de tout le pays sur lÉglise, en particulier pendant les mandats
des présidents Snow et Smith. Si beaucoup de membres ont pu croire que le Manifeste de
1890 a mis fin au mariage plural, dautres interprètent la déclaration comme un
simple transfert de la responsabilité de sa pratique de lÉglise à
lindividu. En conséquence, de 1890 à 1904 certains mariages pluraux vont
continuer, quoique à un niveau considérablement réduit. De plus, si certains maris
cessent de vivre avec leurs épouses plurales, la plupart estiment avoir lobligation
morale et spirituelle de continuer de soccuper de leurs familles.
Cette confusion et cette ambiguïté débordent sur la politique. En 1898, B.H. Roberts,
membre du premier conseil des soixante-dix, et mari de trois épouses, est élu à la
chambre des représentants des États-Unis. La Salt Lake Ministerial Association
[association de pasteurs] et des organisations semblables dans dautres endroits vont
se servir de lélection de Roberts pour concentrer lattention sur la poursuite
du mariage plural, accusant lÉglise de ne pas respecter les accords qui ont permis
à lUtah de devenir un état. Des pétitions anti-Roberts contenant sept millions de
signatures inondent le Congrès et la Chambre finit par lui refuser son siège.
Plus grave encore est le cas de Reed Smoot. Lélection en 1903 de Smoot, membre
monogame du Collège des douze apôtres au Sénat des États-Unis provoque une fois de
plus un tollé national. La commission sénatoriale sur les privilèges et les élections
commence en 1904 des audiences sur Smoot (voir Smoot Audiences), mais le Congrès
se concentre plus souvent sur lÉglise elle-même. Est-ce que lÉglise et
lÉtat sont vraiment séparés en Utah ? LÉglise contrôle-t-elle la conduite
de ses membres ? Incite-t-elle à la polygamie et à la cohabitation polygame ? Pendant
lenquête, qui va durer deux ans, Joseph F. Smith et dautres dirigeants vont
témoigner devant le comité. Dautres, comme Matthias F. Cowley et John W. Taylor,
soupçonnés daccomplir des mariages pluraux depuis le Manifeste, refusent. Pour
mettre fin à la polémique et démontrer la bonne volonté de lÉglise de faire de
la question une affaire de discipline, le président Smith annonce un «Second Manifeste»
qui interdit formellement tout futur mariage plural. Il exige aussi la démission de
Cowley et de Taylor du Conseil des Douze. En 1907, le Sénat, suite à un vote serré,
permet à Smoot de conserver son siège.
Le mariage plural ne va quand même pas disparaître entièrement, même devant la
politique maintenant résolue du président Smith et plus tard du président Grant. Les
frères Cowley et Taylor, par exemple, vont subir une action disciplinaire supplémentaire
pour poursuite des mariages pluraux, le premier en étant «disqualifié» tandis que
Taylor, après avoir pris une épouse plurale supplémentaire, sera excommunié. Leur
conduite est semblable à celle dun nombre de plus en plus important danciens
Mormons au vingtième siècle. Qualifiés de fondamentalistes, ils préfèrent accepter
lexcommunication automatique plutôt que dabandonner le mariage plural ou de
renoncer à dautres pratiques du dix-neuvième siècle. À la différence de la
généralité des saints des derniers jours, qui sont renforcés dans leur croyance en la
révélation donnée aux prophètes du jour et abordent donc les temps nouveaux dune
manière nouvelle, les Fondamentalistes affrontent le monde moderne en regardant en
arrière.
La question du mariage plural ne disparaît pas non plus dans la presse populaire. Pendant
la première décennie du vingtième siècle et même plus tard, lÉglise va être
harcelée publiquement par les journalistes à scandale et les adversaires politiques en
Utah. Les journaux, les périodiques et le cinéma, tant en Europe quaux Etats-Unis,
vont faire du sensationnel (souvent romancé) avec la polygamie, décrire les dirigeants
de lÉglise comme des autocrates et traiter lÉglise dantiaméricaine et
antichrétienne (voir Publications antimormones; Stéréotypes sur les saints des derniers
jours). Les vieilles accusations datrocités commises par les Danites et
dexpiation par le sang refont surface. En Utah, lassaut est mené par deux
anciens sénateurs américains, Frank J. Cannon et Thomas Kearns, qui se servent du Salt
Lake Tribune pour lancer des attaques virulentes contre Smoot et lÉglise et pour
soutenir lAmerican Party. Ce parti politique antimormon éphémère dominera le
gouvernement de Salt Lake City de 1905 à 1911.
LÉglise va essayer daffronter ce barrage dinsultes malgré la violence
de lopposition. Les premiers efforts vont consister à transformer le Saltair Resort
et le Temple Square de Salt Lake City en centres pour visiteurs. Avec les orgues et le
Chur du Tabernacle mormon comme attractions, ce dernier site va, dès 1905, recevoir
annuellement 200.000 visiteurs. À partir de ce moment-là, le nombre de visiteurs va
augmenter rapidement. Quand cest possible, les dirigeants publient des réfutations
dans les journaux à sensation. En outre une réfutation systématique sera lue en 1911
pendant la conférence générale de lÉglise. La réplique la plus compétente et
la plus durable viendra de B.H. Roberts. De 1909 à 1915, il publie une série
darticles sur lhistoire mormone dans le périodique Americana. Ils seront plus
tard rassemblés pour constituer les six tomes de la Comprehensive History of the Church
de Roberts.
De plus en plus, des hommes et des femmes extérieurs à lÉglise vont aussi
défendre les saints des derniers jours. Déjà en 1900, C. C. Goodwin, ancien rédacteur
du journal antimormon Salt Lake Tribune et détracteur de longue date, qualifie
franchement les mormons defficaces, prospères et généralement agréables.
Léminent sociologue Richard T. Ely fait léloge de la vie de groupe des
saints. Morris R. Werner publie une biographie de Brigham Young où lon ne retrouve
pas les stéréotypes et lhostilité antérieurs. Ces ouvrages qui rompent avec les
habitudes vont être suivis dautres. À la fin des années 1920, le président Grant
peut concéder que lon peut mettre dans les médias quasiment tout ce que
lÉglise pourrait demander. En fait, le magazine Time met le président Grant en
couverture, tandis que les studios de Hollywood font des films aussi favorables que Union
Pacific et Brigham Young.
Le changement dattitude du public est dû en partie à lintégration des
membres de lÉglise dans la société américaine. Les saints des derniers jours du
dix-neuvième siècle avaient étendu leurs colonies agricoles dans tout lOuest
montagneux et même au Canada et au Mexique (voir Colonisation), mais leurs communautés
agraires étaient souvent des enclaves provinciales très unies. Par contre, du fait de
lémigration des saints vers lextérieur au vingtième siècle, les membres de
lÉglise vont maintenant fréquenter leurs concitoyens américains en milieu urbain.
Pendant les années 1920, par exemple, le pourcentage de saints des derniers jours vivant
dans lIntermountain West diminue tandis que celui des saints vivant sur la côte
occidentale américaine augmente. En 1923 est créé le pieu de Los Angeles, premier pieu
moderne en dehors de la zone culturelle mormone traditionnelle. Entre 1919 et 1927, le
nombre de saints des derniers jours en Californie augmente de moins de 2.000 à plus de
20.000. La dispersion de lÉglise au vingtième siècle commence tout dabord
par la migration dun grands nombre vers la Côte ouest, ensuite et de plus en plus
vers lEst et le Midwest.
Le contact direct avec les voisins diminue les barrières culturelles, religieuses et
même émotionnelles, permettant aux mormons et aux non-mormons de mieux
sapprécier. Le nombre de plus en plus important dAméricains prospères qui
sont aussi saints des derniers jours ou nés en Utah accélère le processus. Maud Adams
connaît un immense succès en incarnant Peter Pan dans un spectacle à grand succès. Les
inventions de Philo T. Farnsworth sont à lorigine de la télévision. Cyrus Dallin
et Mahonri Young se distinguent dans les arts.
Les saints des derniers jours sont particulièrement attirés vers les affaires publiques.
Edgar B. Brossard devient membre et puis président de la Commission tarifaire des
États-Unis. J. Reuben Clark, Jr., parvient aux échelons supérieurs de la bureaucratie
du Département dÉtat et termine sa carrière au gouvernement comme ambassadeur au
Mexique. Pendant le New Deal, Marriner S. Eccles est président du système de la Réserve
fédérale. James H. Moyle est adjoint du Secrétaire au Trésor de 1917 à 1921, tandis
que William Spry est commissaire aux terres publiques de 1921 à 1929. Heber M. Wells est
trésorier du US Shipping Board. Richard W. Young devient commissaire des États-Unis aux
Philippines et reviendra de la Première Guerre mondiale en tant que premier général de
larmée régulière que compte lUtah. Pour les membres dune minorité
religieuse jadis persécutée, chaque succès personnel de ce genre est le signe que
lÉglise est de plus en plus acceptée et que son prestige saccroît. Les
«gens du dehors» deviennent des «gens du dedans».
Deux membres de lÉglise ont une influence disproportionnée dans la création de la
nouvelle image de lÉglise. Lun deux est Reed Smoot. Distant, mais
honnête et tout à fait inlassable dans son dévouement aux devoirs du gouvernement et
aux intérêts de lÉglise, Smoot restera trente ans au sénat. Président du
puissant Comité des finances du sénat, il exerce une influence majeure dans la politique
économique américaine. Plus que nimporte quel autre saint des derniers jours dans
les services publics, il personnifie lÉglise, apaisant les doutes au sujet de son
patriotisme et de son intégrité par sa personnalité et sa présence.
Lautre est le président Heber J. Grant. Il est dans les affaires par goût et
cest son premier métier. Ses manières simples et son sens des affaires charment
une époque vouée à lesprit dentreprise. Les non-mormons apprécient tout
particulièrement ses discours. Quand il termine une allocution devant le San Francisco
Commonwealth Club, il est applaudi par des cris de «Encore ! Encore !» Quand il parle à
la deuxième conférence de lagriculture, de lindustrie et de la Science de
Dearborn, les «Chemurgicians» lui font à deux reprises une ovation. Son ministère de
relations publiques est plus que faire des discours. Il organise des tournées du
Chur du Tabernacle. Il fait personnellement visiter Salt Lake City à des
personnalités de renommée nationale dans les affaires et la politique et cultive leur
amitié. Il rend visite à la Maison Blanche aux présidents des États-Unis Warren G.
Harding, Calvin Coolidge, Herbert Hoover et Franklin D. Roosevelt. Si le président Grant
est respecté par son propre peuple, les non-mormons laiment et lidéalisent
aussi.
La croissance vigoureuse de lÉglise pendant cette période témoigne de ce que son
image est plus positive. La population va plus que tripler pendant le demi-siècle; les
totaux des années 1900 à 1945 passent de 268.331 à 979.454. Avant 1898 lÉglise
avait organisé 37 pieux (16 seront supprimés); en 1945, 116 autres auront été
ajoutés. Le nombre de missionnaires de lÉglise change et augmente en conséquence,
rajeunissant, attirant plus de célibataires et, après 1898, comprenant un nombre
croissant de jeunes filles. À la fin du siècle, on appelle moins de 900 missionnaires
par an; en 1940, il y en aura 2.117.
Luvre missionnaire continue à être une préoccupation importante. La
nouvelle mission la plus ambitieuse est le Japon, ouvert en 1901 par des missionnaires
dirigés par Heber J. Grant, alors apôtre. Trois ans plus tard, la mission mexicaine est
rouverte. Les années 1920 vont voir plus de 11.000 convertis de langue allemande.
Néanmoins cest des régions dexpression anglaise que viennent la plupart des
convertis: de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis et cest la mission des
états du Sud qui a le plus de succès. Malheureusement, là comme ailleurs, les
missionnaires sont soumis à des actes de violence physique. Au début du siècle, le
nombre annuel de baptêmes de convertis était de 3.786; un demi-siècle plus tard, il
atteint 7.877.
LÉglise cherche à rendre son prosélytisme plus efficace. Au lieu dêtre
envoyés sans «bourse ni sac», la plupart des missionnaires sont maintenant soutenus
financièrement par leur famille ou leur assemblée locale. Des cours de formation des
missionnaires sont organisés dans les académies et les universités de lÉglise.
Au milieu des années 1920, on inaugure un «Foyer de mission» à Salt Lake City pour les
surs et les anciens qui partent. Les missionnaires y reçoivent pendant quinze jours
des leçons sur le régime alimentaire, lhygiène, les bonnes manières et surtout
les techniques missionnaires et la doctrine de lÉglise. La période produit aussi
de nouvelles brochures missionnaires. Charles W. Penrose écrit une série intitulée
Rayons de Lumière vivifiante, James Talmage écrit La grande Apostasie et Ben E. Rich
écrit Une Discussion amicale. Pour conserver lesprit de son héritage et pour aider
à raconter son histoire, lÉglise achète des sites importants pour les débuts de
son histoire (voir Sites historiques): la prison de Carthage en Illinois (1903), où
Joseph Smith et son frère Hyrum ont été tués, une partie de lemplacement du
temple dIndependence (Missouri) (1904), le lieu de naissance de Joseph Smith à
Sharon (Vermont) (1905-1907) et la ferme des Smith à Manchester (New York) (1907). À
chacun de ces endroits, lÉglise construira par la suite un centre pour visiteurs.
Ce qui caractérise sans doute plus lépoque que lexpansion, cest la
consolidation interne. La succession de Lorenzo Snow à la présidence est symptomatique.
Pour la première fois, laccession du doyen des apôtres au poste de président de
lÉglise se fait en quelques jours au lieu des interrègnes denviron trois ans
du passé (voir Succession à la présidence). Conscient de la complexité croissante de
lÉglise, le président Snow exhorte les Autorités générales à consacrer leur
temps plein à leur ministère. En 1941, il ne sagit plus simplement dune
question defficacité de la direction, mais dexpansion. «La croissance rapide
de lÉglise ces derniers temps, la création dun nombre toujours plus grand de
paroisses et de pieux
[et] la nécessité constamment pressante daugmenter le
nombre et lefficacité de nos missions», remarque la Première Présidence en 1941,
«ont donné lieu à un service apostolique de la plus grande magnitude» (CR davr.
1941, pp. 94-95). En réponse à ces nouvelles exigences, cinq hommes sont nommés
Assistants des Douze. Contrairement aux officiers à court terme qui continuent à occuper
la plupart des postes de lÉglise, les officiers «généraux» de lÉglise,
une trentaine, sont maintenant rétribués et accomplissent un ministère à temps plein
pour le reste de leur vie.
Le gouvernement de la prêtrise va aussi changer. La première moitié du siècle assiste
à une décentralisation graduelle de la prise de décision, les dirigeants de pieu et les
dirigeants locaux recevant une autorité accrue. Léglise réduit la taille des
pieux pour les rendre plus fonctionnels et met davantage laccent sur
«lenseignement de paroisse» (voir Enseignement au foyer). Avec des districts plus
petits et un nombre plus grand de garçons et dhommes affectés à
lenseignement, le pourcentage des familles recevant des visites mensuelles passe de
20% en 1911 à 70% une décennie plus tard. Finalement, et cest un changement
important par rapport à la pratique pionnière, les membres sont invités à porter les
conflits profanes devant les tribunaux civils et pénaux plutôt que devant les tribunaux
de lÉglise. Jadis le moyen de trancher les problèmes sociaux et économiques, les
tribunaux de lÉglise soccupent maintenant exclusivement de discipline
religieuse.
Les collèges de la prêtrise sont renforcés. Les réunions de prêtrise se tiennent
maintenant chaque semaine et la qualité des réunions est améliorée grâce à des
manuels de cours créés au niveau central. En 1906, Joseph F. Smith élabore un programme
davancement progressif dans la prêtrise pour les jeunes gens. Sous condition de
dignité, les jeunes gens reçoivent lordination à loffice de diacre à
lâge de douze ans, dinstructeur à quinze et de prêtre trois ans plus tard.
De leur côté, les hommes dignes reçoivent loffice dancien et de grand
prêtre, ce qui change la pratique du dix-neuvième siècle de nommer une majorité de
soixante-dix parmi les adultes. En 1910, les collèges de grands prêtres et de
soixante-dix sont réalignés pour coïncider avec les frontières de pieu, ce qui permet
aux autorités locales dexercer une meilleure direction.
La tendance à la consolidation se manifeste aussi dans les organisations auxiliaires de
lÉglise. Les programmes des jeunes, précédemment informels, divers et
administrés localement, cèdent de plus en plus la place à des programmes de groupes
dâge centralisés et à des programmes détudes unifiés. La Primaire des
enfants ne dessert plus les jeunes plus âgés, tandis que la Société
damélioration mutuelle des Jeunes Gens (SAMJG) et sa contre-partie chez les jeunes
filles (SAMJF) comprend lles adolescents à partir de douze ans (voir Jeunes Gens; Jeunes
Filles). On utilise dabord les programmes nationaux des Boy Scouts et des Campeuses
pour les jeunes membres de la SAM (voir Supervision), mais on ne tardera pas à abandonner
ce dernier programme en faveur dun programme interne. Les programmes
dactivité prennent de plus en plus dimportance. Maintenant que lÉcole
du Dimanche et les collèges de prêtrise donnent une formation doctrinale, la SAM se
tourne de plus en plus vers la danse, le théâtre, la musique et le sport. Le siège de
lÉglise crée un magazine pour chaque auxiliaire: La Primaire a le Childrens
Friend (1902) lÉcole du Dimanche, le Juvenile Instructor (1900), qui deviendra
lInstructor (1929). La SAMJG a lImprovement Era (1897), la SAMJF le Young
Womans Journal (1889); en 1929, les deux fusionnent et lImprovement Era
devient la publication des deux. Les articles, les cours et les
programmes sont périodiquement passés en revue et coordonnés. Par exemple, un Comité
général de coordination de lÉglise et le Comité consultatif social
sunissent pour publier un rapport crucial et de grande envergure en 1921 (voir
Coordination de ladministration de lÉglise).
La Société de Secours connaît ces mêmes tendances. Ses trois premières présidentes
du vingtième siècle, c à d Zina D. H. Young (1888-1901), Bathsheba W. Smith (1901-1910)
et Emmeline B. Wells (1910-1921), se souvenaient toutes de lorganisation de Nauvoo.
Pour elles, les réunions des femmes devaient être spontanées, spirituellement actives
et conçues localement. Mais le nouveau siècle va redéfinir leur vision. En 1901,
quelques plans de leçons sont créés provisoirement. Douze ans après, avec la
recommandation dun comité de coordination de lÉglise, les dirigeantes de la
Société de Secours vont adopter un programme détudes uniforme prescrit. Elles
mettent aussi en application un jour uniforme de réunion (le mardi), des registres et un
message mensuel pour les instructrices visiteuses qui font des visites mensuelles dans les
foyers. En 1915, un magazine officiel de la Société de Secours remplace le
semi-indépendant Womans Exponent, qui était lorgane de la
Société de Secours depuis 1872. Bien que la Première Présidence approuve au début la
poursuite de la pratique de la guérison par la prière par les femmes, souvent entreprise
de matière impromptue lors des réunions, celle-ci va diminuer et sera abolie au milieu
du siècle. Autre signe de centralisation sous la direction de la prêtrise, la Société
de Secours est abritée dans le Bishops Building et reçoit de plus en plus ses
directives de lépiscopat président plutôt que de la Première Présidence. Bien
que la Société de Secours ait précédemment joué un rôle dans lélaboration et
la supervision de la Primaire et de la SAMJG, cette supervision des auxiliaires des
enfants et des jeunes prend fin.
Clarissa S. Williams (1921-1928), Louise Y. Robison (1928-1939) et Amy Brown Lyman
(1940-1945), présidentes successives de la Société de Secours, collaborent à ces
changements. Parlant pour le modernisme et lefficacité, elles et leurs comités
consultatifs abandonnent des tâches du passé telles que lindustrie locale, la
culture de la soie et la vente au détail par magasin de distribution, en faveur de
laction au sein de la collectivité, de luvre sociale «scientifique»
ou professionnellement qualifiée, des campagnes contre lalcool, le tabac et la
délinquance et, pendant la grande Dépression, le secours public. Ce dernier effort est
crucial. «Dans la mesure où les organisations de Société de Secours dans les paroisses
fonctionnent en coopération avec les collèges de la prêtrise et les épiscopats»,
déclare Harold B. Lee, qui dirige les efforts dentraide de lÉglise, «il y
a, dans cette même mesure, un programme de sécurité [entraide] dans cette paroisse»
(Relief Society Magazine 24, 1e mars 1937, p. 143). Ces efforts répondent à
lidéal féminin mormon du début du vingtième siècle. Les femmes doivent
encourager, adoucir et aider. Tandis que les dirigeantes des femmes continuent à jouer un
rôle actif au Conseil national et international des femmes, les femmes ordinaires sont
moins actives dans les rôles politiques, sociaux et professionnels que dans le ménage.
Plusieurs problèmes doctrinaux sont réglés, autre indication que la systématisation
est en cours. À partir des premières années de ladministration de Lorenzo Snow,
les autorités de lÉglise débattent du point de savoir avec quelle rigueur la
Parole de Sagesse, la révélation de 1833 sur la santé, doit être respectée. En 1921,
on tranche la question en faisant de labstinence dalcool, de tabac, de thé et
de café lune des conditions dadmission dans les temples. Pendant les trois
premières décennies du siècle, le code de santé va inciter la plupart des saints des
derniers jours à soutenir la Prohibition au niveau local, de létat et national.
En 1909, la Première Présidence publie une déclaration visant à clarifier la position
de lÉglise sur lévolution. La déclaration ne traite pas de la façon dont
la création a eu lieu, mais soutient que «Adam était le premier homme et quil a
été créé à limage de Dieu.» Mais le sujet continue à poser problème. Avec la
question de la haute critique biblique, elle va causer, en 1911, la démission de trois
professeurs de luniversité Brigham Young et, deux décennies plus tard, à des
discussions privées intensives parmi des dirigeants de lÉglise.
En 1916, la Première Présidence et le Collège des Douze publient un deuxième exposé
doctrinal important intitulé «le Père et le Fils». Apparemment occasionné par des
pamphlets antimormons accusant les dirigeants de lÉglise de conférer la divinité
à Adam, la déclaration définit les rôles respectifs des deux premiers membres de la
Divinité. Peu avant sa mort, Joseph F. Smith reçoit une vision de luvre
missionnaire et de lexistence spirituelle dans lau-delà, qui sera par la
suite incluse en tant que section 138 dans les Doctrine et Alliances. En plus des sujets
spécifiques, la doctrine et lhistoire générales de lÉglise reçoivent un
traitement systématique, souvent pour la première fois, par des ouvrages tels que
Doctrine de lÉvangile, du président Smith, Les Articles de Foi et Jésus le
Christ, de James E. Talmage les trois tomes de New Witnesses for God de B.H. Roberts.
Comme sa population est toujours essentiellement américaine, lÉglise est
particulièrement affectée par les événements qui se produisent pendant cette période
aux États-Unis. Presque dès le début, ladministration du président Grant
connaît des temps difficiles. Lagriculture et lexploitation minière, deux
des industries principales de lUtah, seffondrent dans les années 1920 et
particulièrement dans les années 1930 pendant la grande Dépression. Le président Grant
économise soigneusement les finances de lÉglise, réduisant les dépenses et les
projets de construction. Utilisant ses contacts avec le commerce et les dirigeants
politiques du pays, il maintient à flot les principales entreprises appartenant à
lUtah et à lÉglise. Il se préoccupe aussi du saint individuel. Après une
préparation soigneuse, il annonce en 1936 le programme dentraide de lÉglise
(voir Services dentraide), qui essaie dobtenir lautonomie et les moyens
de subsistance pour les nécessiteux en fournissant aussi bien du travail que les denrées
nécessaires.
En dépit des temps difficiles, lÉglise maintient ses fonctions premières. Juste
avant laffaissement économique, elle construit un bâtiment imposant de quatre
étages à Salt Lake City. Des temples sont construits à Hawaï (1919), à Cardston
(Alberta, Canada) (1923) et à Mesa, en Arizona (1927). Léducation retient aussi
lattention. Entre 1875 et 1911, lÉglise crée trente-quatre académies
polyvalentes. Cependant, au fil des années, la détresse financière et
lacceptation croissante de linstruction publique produisent des changements et
beaucoup dacadémies ferment ou sont reprises par lÉtat (voir aussi
Éducation). LÉglise ne va cependant pas abandonner entièrement son rôle
éducatif. Un programme de séminaire hors école pour les lycéens est lancé en 1912
(voir Séminaires), et pendant les années 1920, des instituts de religion sont créés à
lintention des étudiants duniversité, le premier à luniversité
dIdaho.
Les guerres du vingtième siècle montrent le chemin que lÉglise a parcouru par
rapport à laliénation et à lisolement du dix-neuvième siècle. Les saints
des derniers jours soutiennent leffort de guerre lors de la guerre
hispano-américaine et lintervention des États-Unis dans les deux guerres mondiales
du vingtième siècle. Lors de la première, la Première Présidence publie une
déclaration affirmant la loyauté des saints des derniers jours et télégraphie aux
dirigeants locaux pour inviter à lenrôlement. LUtah sera lun des
premiers états à atteindre son contingent initial. La participation à la Première
Guerre mondiale sera encore plus substantielle. Incertaine, au départ, du rôle qui lui
incombe, lÉglise àva finalement aider les Utahans à donner plus que la quote-part
financière réclamée par le gouvernement pour létat. En septembre 1918,
lUtah aura plus de 18.000 hommes sous les armes, dont près de la moitié
volontaires. La participation à la Seconde Guerre mondiale sera plus réservée,
peut-être à cause des appréhensions privées du président Grant et de son conseiller
J. Reuben Clark à propos de la politique du New Deal. Néanmoins, en avril 1942, 6% de
toute la population de lÉglise en Amérique sera sous les drapeaux ou dans les
industries liées à la défense; dautres sengageront au Canada, en
Grande-Bretagne et en Allemagne.
Bien que chacun des conflits connaisse certains courants pacifistes et même de
lopposition, la tendance générale est de reconnaître la nécessité de faire
preuve de loyauté envers le gouvernement constitué. «LÉglise est et doit être
contre la guerre», déclare la Première Présidence en avril 1942. Pourtant quand «la
loi constitutionnelle
appelle les hommes de lÉglise au service armé du pays
auquel ils doivent leur allégeance, leur devoir civique suprême exige quils
donnent suite à cet appel» (CR, pp. 88-97; voir Guerre et paix).
Bien quil soit difficile dévaluer la vie religieuse, les statistiques donnent
une idée de limpact de lÉglise sur la vie quotidienne de son peuple.
Lassistance aux réunions révèle une croissance vigoureuse tout au long de cette
époque. En 1920, lassistance hebdomadaire moyenne à la réunion de Sainte-Cène
est de 16%; en 1930, 19%; en 1940, 23% et en 1950, 25%. Symptomatique de lidéal
familial de lÉglise, le taux des naissances chez les saints dépasse la moyenne
nationale, de même que le taux des mariages. Il ne fait aucun doute que le code de santé
de lÉglise se reflète dans le fait quen 1945 le taux de mortalité des
saints est à peu près la moitié de la moyenne nationale.
Une étude plus précise des statistiques révèle que dans les premières décennies du
vingtième siècle le nombre de naissances par famille de saints diminue, que lâge
au moment du mariage augmente et que le taux des divorces reflète souvent la tendance
nationale à la traîne mais allant dans la même direction que la tendance
nationale, comme si lassimilation était simplement incomplète (voir Statistiques
démographiques).
Le demi-siècle aura apporté lintégration sociale, culturelle et politique, la
croissance et la consolidation, et des programmes qui ont redéfini et ont appliqué de
nouveau des idéaux plus anciens de lÉglise. Mais lépoque révèle aussi des
indications que les membres de lÉglise ne sont pas immunisés contre de grands
courants tels que la laïcisation et même le matérialisme. Pour lobservateur, au
milieu du siècle, les questions de base sont toujours là: LÉglise pourra-t-elle
préserver ses valeurs et son énergie traditionnelles? Ou son entrée dans le monde
moderne coûtera-t-elle au mouvement son identité et sa mission ?
Bibliographie
Survols de la période :
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition: A History of the Latter-day Saints,
1890-1930. Urbana et Chicago, 1985.
Allen, JamesB. et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City,
1976.
Arrington, Leonard J. et Davis Bitton. The Mormon Experience. New York, 1979.
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Département dÉducation de lÉglise. Histoire de lÉglise dans la
Plénitude des temps. Salt Lake City, 1989.
Roberts, B. H. A Comprehensive History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints.
Salt Lake City, 1930.
Programmes, politique et enseignements de lÉglise durant cette période:
Alexander, Thomas G. Between Revivalism and the Soicial Gospel: The Latter-day
Saints Social Advisory Committee, 1916-1922. BYU Studies 23, Hiver 1983, pp. 19-39.
Id., The Reconstruction of Mormon Doctrine: From Joseph Smith to Progressive
Theology. Sunstone 5, juillet-août 1980, pp. 24-33.
Id., « To Maintain Harmony : Adjusting to External and Internal Stress,
1890-1930 ». Dialogue 15, Hiver 1982, pp. 44-58.
Hartley, William G. The Priesthood Reform Movement, 1908-1922. BYU Studies 13,
Hiver 1973, pp. 137-156.
Hefner, Loretta L. « This Decade Was Different : Relief Societys Social Services
Department, 1919-1929 ». Dialogue 15, Automne 1982, pp. 64-73.
Histoire de lÉglise:
1945-1990, période internationale suivant la Deuxième Guerre mondiale
Auteurs: ALLEN, JAMES B. et COWAN, RICHARD O.
[Depuis la
Deuxième Guerre mondiale, lÉglise connaît une croissance internationale
rapide
quelle doit gérer. Après avoir résumé le renouveau de
laprès-guerre et laccroissement du nombre de membres qui laccompagne,
larticle examine plus particulièrement les adaptations qui vont de pair avec la
croissance et linternationalisation. En passant en revue lévolution récente,
il donne une introduction à lÉglise contemporaine.
On trouvera des renseignements supplémentaires sur la croissance de lÉglise
pendant cette période dans Statistiques démographiques et les articles sur
lÉglise dans: Afrique, lÉglise en; Asie, lÉglise en: Asie de
lEst; Asie, lÉglise en: Asie du Sud et du Sud-est; Australie, lÉglise
en; Îles Britanniques, lÉglise dans les; Canada, lÉglise au; Europe,
lÉglise en; Hawaï; Mexique et lAmérique Centrale, lÉglise au;
Proche-Orient, lÉglise au; Nouvelle-Zélande, lÉglise en; Océanie,
lÉglise en; Scandinavie, lÉglise en; Amérique du Sud, lÉglise en:
Brésil; Amérique du Sud, lÉglise en: LAmérique du Sud, Nord; Amérique du
Sud, lÉglise en: Amérique du Sud, Sud; et Antilles, lÉglise dans les. Pour
lévolution dans lorganisation et la manière de faire les choses, voir
Organisation: Histoire de lorganisation et de ladministration; Organisation:
Organisation contemporaine. Consultez aussi les biographies de ceux qui ont été
présidents de lÉglise au cours de cette période: George Albert Smith (1945-1951),
David O. McKay (1951-1970), Joseph Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973),
Spencer W. Kimball (1973-1985) et Ezra Taft Benson (1985-1992).]
Pendant toute sa vie et son ministère, le message principal de George Albert Smith sera
un message damour. Il nest donc que naturel que ce soit au cours de son
administration que des marchandises soient envoyées dAmérique en Europe pour
soulager les souffrances des saints après la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement
ceux dune Allemagne dévastée par la guerre. En 1946, Ezra Taft
Benson, du Conseil des douze apôtres, fait rouvrir la mission européenne et y dirige les
secours de lÉglise. Il trouve des branches désorganisées, des églises détruites
et beaucoup de membres sans abri. La plupart ont tout perdu et partout il y a un besoin
pressant de nourriture et de vêtements. Le service dentraide de lÉglise va
devenir un facteur important de la remise à flot de beaucoup de saints aussi bien que de
certains non-membres.
Puisque la guerre a tout remis à plus tard, depuis luvre missionnaire
jusquà la construction de bâtiments, il va falloir remettre partout les programmes
de lÉglise sur pied et leur redonner de la vigueur. Le nombre des missionnaires est
rapidement reconstitué et des centaines déglises sont construites. La moitié de
toutes chapelles en service au milieu des années 1950 sont érigées au cours des années
suivant la Deuxième Guerre mondiale, une période où plus de la moitié de toutes les
dépenses de lÉglise va à des chantiers de construction.
UNE ÉGLISE DEVENUE INTERNATIONALE. La fin de la Deuxième Guerre mondiale marque
laube dune ère nouvelle dans lhistoire de lÉglise dont un thème
dominant est la croissance internationale. En 1947, la population de lÉglise
atteint le million, et en 1990 le total est de plus de sept millions. La croissance est
particulièrement forte le long de la Côte Ouest de lAmérique, en Amérique latine
et, après 1978, en Afrique. En 1950, lÉglise a 180 pieux organisés, dont près de
la moitié en Utah; en 1990, il y a 1.700 pieux, dont moins dun quart sont en Utah.
En 1950, lÉglise est organisée dans moins de 50 pays ou territoires, mais en 1990,
elle est passée à 128. En 1950, moins de 8% de lÉglise vit en dehors des
États-Unis et du Canada, mais quarante ans après, le chiffre est
dapproximativement 35%. Pendant la même période, le nombre de missionnaires passe
de 6.000 à 40.000 et le nombre de temples passe de huit, dont un seulement en dehors des
États-Unis, à quarante-quatre, dont vingt-trois en dehors des États-Unis.
Cette croissance remarquable est le résultat defforts renouvelés pour accomplir la
révélation donnée à Joseph Smith «que le royaume
devienne une grande montagne
et remplisse toute la terre» (D&A 109:72). Au début de son administration, le
président David O. McKay, le premier à voyager autant comme président de
lÉglise, visite les missions dEurope, dAmérique latine, dAfrique
et du Pacifique Sud, consacrant deux emplacements de temples en Europe et annonçant
quun temple sera construit en Nouvelle-Zélande. En 1955, il déclare que
lÉglise doit «faire tous les efforts raisonnables et réalisables pour mettre à
la portée des membres dans ces missions éloignées toutes les possibilités éducatives
et spirituelles quelle a à offrir» (CR avr. 1955, p. 25). Construire des temples,
augmenter le nombre de missions, organiser des pieux dans le monde entier, persuader les
saints dédifier Sion dans leur pays plutôt que démigrer en Amérique et
enfin remettre la direction de lÉglise entre les mains de la population locale de
chaque pays, voilà toutes les mesures importantes quil faudra prendre pour
atteindre ce but. En outre, on va mettre de plus en plus laccent sur lappel de
missionnaires locaux qui, dans certaines régions, remplaceront essentiellement les
missionnaires américains.
La croissance ne se produira cependant pas sans problèmes, dont le moindre nest pas
de décider quels sont les pratiques, les enseignements et les programmes qui constituent
vraiment lessence de lÉvangile et quels sont ceux qui sont le reflet de la
culture américaine dans laquelle lÉglise sest développée. Pour ouvrir les
yeux des membres, des Américains en particulier, sur la nécessité de définir
lÉvangile en termes de principes universels, les dirigeants de lÉglise vont
sexprimer avec une fréquence croissante. En 1971, par exemple, Bruce R. McConkie
rappellera à certains saints américains quà lépoque du Nouveau Testament,
même les apôtres étaient tellement endoctrinés dans lidée que le plan du salut
se limitait à un peuple particulier quils ont eu du mal à le porter aux païens,
et il appliquera la leçon à lÉglise moderne. Il invitera les saints américains
à dépasser leurs idées reçues, même sil y aura «en chemin des luttes et
certaines difficultés, certains préjugés et certaines incertitudes». Les autres
peuples, fera-t-il remarquer, «ont dautres antécédents que nous, ce qui na
aucune importance pour le Seigneur
. Avoir des coutumes sociales différentes
nest pas plus étonnant que parler des langues différentes
Et le Seigneur
connaît toutes les langues» (Palmer, pp 143, 147). En 1987, Boyd K. Packer rappellera à
un groupe de dirigeants de lÉglise: «Nous ne pouvons pas entrer [dans divers pays]
avec une église dUtah de 1947 ! Il se peut que nous ne soyons pas prêts à porter
lÉvangile parce que nous ne sommes pas prêts à porter (et quils ne sont pas
prêts à recevoir) toutes les choses que nous avons emballées avec lui comme bagages
supplémentaires» (tel que cité dans Dialogue 21, automne 1988, p. 97). Le but est
dennoblir des gens appartenant à des cultures et ayant des perspectives diverses
pour quils trouvent plus complètement la vraie fraternité au sein des limites
spirituelles communes de lÉglise.
En 1974, le président Spencer W. Kimball invite les membres à «allonger la foulée» en
portant lÉvangile à toute la terre. Il les exhorte à prier que les barrières
soient levées. Il désigne David M. Kennedy, anciens secrétaire au trésor et
ambassadeur extraordinaire, comme représentant international de lÉglise pour
travailler avec les gouvernements à résoudre les problèmes qui ont gêné les
activités de lÉglise. En 1977, lÉglise est légalement reconnue en Pologne
et en 1985, un temple est consacré en République démocratique allemande. Les
révolutions politiques spectaculaires de 1989-1990 ouvrent dautres pays du Bloc de
lEst et conduisent au commencement de luvre missionnaire de
lÉglise en Union Soviétique.
Lun des changements radicaux du vingtième siècle est la révélation reçue par le
président Spencer W. Kimball en juin 1978, accordant les bénédictions de la prêtrise
à tous les membres masculins dignes. Résultat dune prière longue et fervente, la
révélation signifie que «le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les
hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise
sans
considération de race ou de couleur» (voir Doctrine et Alliances: Déclaration
officielle - 2). Tout de suite, des noirs dignes sont scellés dans les temples et
beaucoup recevront des affectations comme missionnaires et dirigeants. Au Ghana et au
Nigeria, où les noirs plaidaient depuis des années pour létablissement de
lÉglise, celle-ci se développe rapidement, mais elle sétend aussi dans
dautres régions qui comptent de grandes populations noires. La première Autorité
générale noire, Helvécio Martins, du Brésil, sera soutenu à la conférence générale
de lÉglise en avril 1990.
CHANGEMENTS ADMINISTRATIFS. Les changements administratifs nombreux répondent aussi aux
besoins dune Église en pleine croissance. En 1967, les pieux sont organisés en
régions. À partir de 1975, plusieurs régions sont organisées en interrégions et en
1984, des présidences dinterrégion, chacune constituée de trois Autorités
générales, se voient confier la responsabilité des pieux dans le monde entier.
En 1975, le président Kimball annoncé lorganisation du premier collège des
soixante-dix, dont les membres sont Autorités générales de lÉglise, à savoir
les anciens Assistants des Douze. En 1989, le deuxième collège des soixante-dix est
organisé; ces Autorités générales sont appelées pour trois à cinq ans. En 1978
commence la pratique délever les membres des soixante-dix à léméritat pour
des raisons de santé ou dâge, et lannée suivante le patriarche de
lÉglise accède aussi à léméritat.
Les Autorités générales prennent aussi des mesures pour coordonner plus efficacement
les programmes de lÉglise et, à partir de 1961, mettent davantage laccent
sur la «coordination de la prêtrise» (voir Prêtrise; Coordination de
ladministration de lÉglise). Sous la présidence de Harold B. Lee, des
comités au siège de lÉglise planifient, élaborent et révisent les programmes
détudes et les activités pour toutes les organisations ou groupes dâge. Ils
définissent plus soigneusement les rôles propres à chaque organisation et éliminent
les doubles emplois. Les dirigeants se concentrent sur le foyer, endroit le plus efficace
pour enseigner et appliquer les principes de lÉvangile. Laccent est remis sur
la soirée familiale et, à partir de 1965, on publie des manuels attrayants fournissant
des aides aux leçons.
Au début des années 1970, il y a aussi un regroupement des responsabilités
administratives au siège de lÉglise. Les organismes sont groupés en plusieurs
grands départements, chacun sous la juridiction dune ou plusieurs Autorités
générales, la gestion générale des opérations étant assurée au jour le jour par des
professionnels à temps plein. Par exemple, lentraide, les services sociaux et les
programmes de santé sont regroupés pour former le Département dEntraide. Le
symbole visible de ce regroupement est le nouveau bâtiment des bureaux de lÉglise
de vingt-huit étages à Salt Lake City, réunissant la plupart des unités
administratives. En 1970, les fonctions de la Prêtrise dAaron et de la Société
damélioration mutuelle des Jeunes Gens sont combinées (voir Jeunes Gens). En 1971,
le programme des publications est regroupé (voir Magazines). Les magazines en
dautres langues que langlais sont unifiés en 1967 et leur contenu
standardisé à lexception des sujets locaux (voir Magazines internationaux).
Dautres changements se produisent du fait que la croissance internationale rapide
augmente le nombre des voyages et la charge administrative des dirigeants de
lÉglise. Dans les années 1970, les présidents de pieu sont autorisés à «mettre
à part» les missionnaires à plein temps (voir Mise à part), ordonner les évêques et
les patriarches et consacrer les églises. Les Autorités générales se réunissent moins
fréquemment en conférence avec les pieux mais, à partir de 1971, lÉglise
commence à tenir des «conférences interrégionales» où une délégation
dAutorités générales rencontre les saints rassemblés dune région
géographique. En 1979, le nombre des conférences de pieu par an est réduit de quatre à
deux, et dans les années 1980 des conférences régionales ou des multirégionales
remplacent les conférences interrégionales (voir Conférences).
LÉDUCATION DANS LÉGLISE. Entre 1950 et 1990, le nombre total
dinscriptions aux programmes éducatifs de lÉglise passe de 38.400 à 442.500
(voir Département déducation de lÉglise (DEE)). Les inscriptions à temps
plein à luniversité Brigham Young montent en flèche de 5.400 en 1950 à presque
25.000 en 1975, le maximum possible. Plutôt que de consacrer des montants toujours plus
élevés aux études supérieures, lÉglise emploie de plus en plus les fonds à
satisfaire les besoins plus fondamentaux liés à la croissance mondiale. Lexpansion
principale dans lenrôlement se produit dans le domaine de léducation
religieuse. Depuis le début du vingtième siècle, les étudiants des localités à
prédominance mormone suivaient des cours de séminaire «hors école» dans des
bâtiments contigus à leur école secondaire. Dans les années 1950, en commençant en
Californie, le séminaire «matinal» va se tenir dans des bâtiments de lÉglise
près des écoles secondaires publiques. Après 1968, dans les régions où les membres
sont encore plus dispersés, les jeunes vont recevoir de quoi faire le «séminaire
détude à domicile». LÉglise augmente aussi le nombre dinstituts de
religion placés à côté des campus universitaires. En 1990, il y a des programmes de
séminaire ou dinstitut dans soixante-quatorze pays ou territoires.
LÉglise accorde aussi une attention particulière à la vie religieuse des
étudiants duniversité. En 1956, le premier pieu estudiantin, avec douze paroisses,
est organisé sur le campus de luniversité Brigham Young. Cela rend accessibles des
services de lÉglise qui répondent directement aux besoins des étudiants et qui
donnent de plus nombreuses occasions dassurer une direction. Le plan sétendra
à dautres endroits où il y a assez détudiants pour le justifier.
Lidée est dassurer une plus grande croissance spirituelle, et dans des
domaines statistiquement mesurables comme le mariage au temple et lassistance aux
réunions, les paroisses estudiantines viennent en tête dans lÉglise.
Dans certaines régions du Pacifique et de lAmérique latine, des régions où la
croissance de lÉglise est particulièrement rapide et où linstruction
publique est limitée, lÉglise en revient à son ancienne pratique de fonder des
écoles pour linstruction religieuse et dassurer un enseignement
élémentaire. Elle fonde quarante écoles primaires et secondaires au Mexique et crée
une faculté de premier cycle à la périphérie de Mexico. Lorsque de meilleurs
établissements denseignement public apparaîtront, lÉglise fermera beaucoup
de ces écoles.
PROGRAMME DE CONSTRUCTION. Les nouvelles assemblées ont besoin de nouveaux bâtiments.
Même si deux ou trois paroisses se partagent la plupart des bâtiments, lÉglise se
trouve dans la nécessité de construire plus dune nouvelle église par jour. Les
coûts potentiels sont énormes et dans beaucoup de régions les saints locaux ne sont pas
en mesure de lever leur quote-part.
Une solution apparaît quand lÉglise se trouve devant une pénurie de
main-duvre pendant quelle bâtit des bâtiments scolaires dans le
Pacifique Sud. À partir de 1950, elle appelle des jeunes gens en tant que «missionnaires
bâtisseurs» pour faire don de leur main duvre pendant deux ans. Tandis
quils construisent des bâtiments à un coût beaucoup moindre, les constructeurs
expérimentés leur enseignent des techniques de construction; les missionnaires
bâtisseurs apprennent aussi auprès des constructeurs expérimentés des compétences
commercialisables. Dans les années 1950 et 1960, les missionnaires bâtisseurs
construisent des écoles et des chapelles dans le Pacifique Sud, lAmérique latine,
lEurope et ailleurs. Plus tard, pour réduire au minimum les coûts de construction
et dentretien, le département des constructions élaborera une série de plans
standardisés qui peuvent être adaptés à différents endroits et agrandis si
nécessaire.
Bien que les fonds généraux de lÉglise aident à la construction et à
lentretien des églises, il est attendu des assemblées locales quelles
contribuent non seulement en main duvre, mais aussi une partie importante de
largent nécessaire, cela en plus du paiement de la dîme et des offrandes
habituelles. Pour soulager le fardeau financier pesant sur les assemblées locales, la
part supportée par les saints locaux diminue graduellement jusquà ce quen
1989, les contributions locales ne soient plus requises.
À partir des années 1980, les nouvelles églises sont généralement plus petites et
parfois plus austères que les plus anciennes, mais cela permet à lÉglise de
construire des centaines déglises par an et surtout de fournir des lieux de
réunion bien nécessaires dans les régions en voie de développement. Cest aussi
un mouvement vers légalité. Largent qui aurait pu être consacré à la
construction de bâtiments plus coûteux dans des régions riches est plutôt utilisé
pour fournir des lieux confortables pour le culte dans toute lÉglise.
LA TECHNOLOGIE ET LÉGLISE MODERNE. LÉglise cherche activement à maîtriser
les découvertes étonnantes de la technologie moderne pour améliorer ses capacités
administratives et pour mieux diffuser son message spirituel. Depuis quelle a
installé, en 1962, son premier ordinateur au Département financier, elle se sert de
cette technologie dinnombrables façons, notamment dans la conception
architecturale, un système automatisé de certificats de membre, une comptabilité
automatisée, le traitement des dossiers des missionnaires, la tenue des registres au
niveau général et local, et en fournissant des ressources pour la recherche historique
et généalogique.
Il nest pas dactivité de lÉglise qui ait ressenti limpact de la
technologie moderne autant que luvre généalogique. Comme la population de
lÉglise augmente, le besoin de moyens plus efficaces pour recueillir et traiter les
noms pour luvre du temple saccroît également. Le Département
généalogique (maintenant Département dhistoire familiale) microfilme les
registres détat civil de partout dans le monde, les rendant disponibles dans sa
bibliothèque de Salt Lake City (voir Bibliothèque dhistoire familiale) et dans des
centaines de centres dhistoire familiale dans le monde entier. Dans les années
1960, le Département généalogique commence aussi à utiliser lordinateur pour
organiser les noms obtenus à partir de ces documents. Depuis 1978, des membres de
lÉglise désignés pour cela consacrent quatre heures ou plus de service
hebdomadaire à «extraire» des renseignements des microfilms pour luvre du
temple. Le Département dhistoire familiale crée aussi le PAF (Personal Ancestral
File), un programme généalogique automatisé couramment utilisé et commence à rendre
les données généalogiques principales disponibles sur des disques laser.
La technologie touche encore le temple autrement. Le cinéma et la technologie de la
vidéo permettent de présenter plus efficacement les instructions du temple. Ceci pouvant
se faire dans une seule salle au lieu de lancienne série de quatre salles, les
temples peuvent être construits plus petits et leur construction peut ainsi être moins
coûteuse, ce qui va permettre à plus de membres dans le monde entier davoir un
temple près de chez eux. La nouvelle technologie permet aussi de présenter les
ordonnances simultanément en plusieurs langues si besoin est.
Leffet de la télévision sur les communications de lÉglise et son image
publique est spectaculaire, lui aussi. Les conférences générales de lÉglise sont
dabord diffusées en 1949 sur KSL Television à Salt Lake City et dès le milieu des
années 1960, une ou plusieurs sessions de chaque conférence sont télévisées partout
aux États-Unis. Dans les années 1980, lÉglise élabore un système de
communication par satellite relié aux centres de pieu dans le monde entier, de sorte que
les saints des derniers jours vont pouvoir regarder la conférence et les autres
programmes créés par lÉglise.
LUVRE MISSIONNAIRE. En 1990, plus des deux-tiers de la croissance annuelle de
lÉglise viennent des baptêmes de convertis. Quelque 30.000 des plus de 40.000
missionnaires à plein temps sont des jeunes gens de dix-neuf à vingt et un ans; des
femmes célibataires de vingt et un ans ou plus et des couples ayant atteint lâge
de la retraite constituent la majeure partie du reste.
Une attention considérable est apportée à lamélioration des techniques et des
capacités missionnaires. Après beaucoup dexpérimentation, un plan systématique
basé sur une série de leçons est officiellement adopté dans les années 1950. Après
beaucoup daméliorations et de modifications, en 1990, le plan se concentre moins
sur la mémorisation de la part des missionnaires et plus sur leur capacité de compter
sur lEsprit dans la présentation du canevas mis à leur disposition.
Les missionnaires reçoivent aussi une formation plus efficace, particulièrement dans les
langues. En 1963, une mission de formation linguistique, plus tard connue sous le nom de
centre de formation des missionnaires est créée près de luniversité Brigham
Young et cinq ans plus tard un programme semblable souvre près de
luniversité de lÉglise à Hawaï (voir Université Brigham Young: Campus de
luniversité Brigham Young Hawaï). En 1990, les missionnaires reçoivent une
formation linguistique et missionnaire intensive dans quatorze centres de formation des
missionnaires de par le monde, quoique 75% environ dentre eux aillent au centre de
Provo.
Les innovations dans le programme missionnaire comprennent une incitation à plus
dactivités en dehors du prosélytisme et de service chrétien. En 1971, par
exemple, les «missionnaires des services de santé» commencent à enseigner lABC
de lalimentation, de lhygiène et de la prévention des maladies,
particulièrement dans les pays en voie de développement. En 1990, tous les missionnaires
sont invités à passer deux à quatre heures par semaine au service de la collectivité,
en plus du prosélytisme. En outre, les couples missionnaires dâge mûr sont
souvent affectés à des services non missionnaires tels que les services de santé et
lentraide, la formation des dirigeants, le personnel des centres pour visiteurs
dautres activités de relations publiques, laide aux personnes se présentant
dans les divers centres dhistoire familiale de lÉglise, les missions de
service au temple et les missions denseignement.
QUESTIONS DINTÉRÊT PUBLIC ET DE SOCIÉTÉ. Bien que lÉglise ait essayé de
prendre ses distances par rapport à toute participation directe à la politique, les
dirigeants de lÉglise prennent néanmoins de temps en temps officiellement position
sur les questions de moralité. La Première Présidence déplore publiquement
linvasion croissante de la pornographie, la pratique répandue du contrôle des
naissances, lavortement et le déclin général de la moralité, notamment le nombre
croissant des divorces et limportance de plus en plus grande de
lhomosexualité. En 1968, lÉglise simplique directement dans le
processus politique de lUtah en sopposant ouvertement à la vente de boissons
alcoolisées. Elle fait aussi des déclarations publiques en faveur des lois sur la
fermeture le dimanche et les lois des états sur le droit au travail et contre les
loteries détat (voir Jeux de hasard).
Au milieu du conflit intense sur les droits civiques qui caractérise les États-Unis dans
les années 1960, la Première Présidence demande ouvertement «légalité civique
complète pour tous les enfants de Dieu» et invite expressément les saints des derniers
jours à travailler pour les droits civiques des noirs. Dans les années 1970, quand la
polémique concernant les droits de la femmes sintensifie en Amérique, la Première
Présidence prend publiquement position en faveur de légalité complète des femmes
devant la loi mais, en même temps, soppose publiquement au Equal Rights Amendment
(lamendement sur légalité des droits) quelle considère comme opposé
à la famille. La Première Présidence se préoccupe aussi vivement de la moralité de la
course aux armements nucléaires et la dénonce officiellement en 1980 et de nouveau en
1981 (voir Guerre et paix).
Contrairement à ce qui sest passé au début du vingtième siècle quand la plupart
des saints des derniers jours vivaient essentiellement en milieu rural, depuis le milieu
du siècle, la plupart vivent dans des centres urbains. Le mode de vie effréné des
grandes villes crée des tensions émotionnelles supplémentaires et un éventail
dattractions et de tentations a tendance à écarteler la famille. En réaction à
ces besoins et à dautres, lÉglise institue une série de programmes sociaux.
Depuis 1919, la Société de Secours gère une agence dadoption et propose des
foyers daccueil pour les enfants défavorisés. Elle va être étendue. Le service
de placement des étudiants indiens, créé dans les années 1950 sous la présidence de
Spencer W. Kimball, offre à des milliers de petits Amérindiens lavantage
daller dans de bonnes écoles tout en vivant dans lenvironnement sain de
familles de lÉglise. Un programme «de guidance de jeunes» conseille les familles
dans le besoin. Ces trois programmes, qui sont tenus par la loi demployer les
travailleurs sociaux professionnels autorisés, sont fusionnés en 1969 pour former le
Département des services sociaux de lÉglise. Ce département patronne aussi des
camps de jour pour jeunes, des programmes pour les membres en prison et de la consultance
pour ceux qui abusent de lalcool ou de la drogue.
Les dirigeants de lÉglise commencent aussi à se préoccuper davantage des besoins
spéciaux des célibataires. Quils soient divorcés, veufs ou ne se sont tout
simplement jamais mariés, leurs besoins sociaux et spirituels ne sont souvent pas
satisfaits par les activités traditionnelles de lÉglise orientées vers le couple
et la famille. Dans les années 1970, des programmes spéciaux pour les jeunes adultes
seuls aussi bien que pour les personnes seules plus âgées sont créés sous les auspices
de la prêtrise et de la Société de Secours. Sous le patronage de conseils autonomes de
paroisse, de pieu et de région, ils vont à des bals et à dautres activités
culturelles et ont de meilleures occasions de faire la connaissance dautres membres
de leur âge qui partagent leurs intérêts. En outre, des paroisses pour jeunes adultes
sont organisées, dabord dans le pieu dÉmigration à Salt Lake City, et puis
dans dautres régions.
RETOUR AUX FONDEMENTS. Un des appels de clairon du président Ezra Taft Benson aux saints
dans les années 1980 est le retour aux valeurs traditionnelles. Il invite en particulier
à létude régulière du Livre de Mormon comme moyen de fortifier la foi au Christ
et davoir un guide pour affronter les difficultés du jour. Mais son appel
nest quune des manifestations des efforts que font les dirigeants modernes de
lÉglise pour répondre aux problèmes sans cesse plus complexes du monde et pour
conduire les saints dans un retour aux fondements.
En 1972, le cours des adultes, celui de Doctrine de lÉvangile à lÉcole du
Dimanche, entreprend létude systématique des ouvrages canoniques. Les Écritures
sont les seuls manuels et elles doivent être étudiées successivement au cours
dune période de huit ans (de quatre ans par la suite). Bientôt tous les programmes
détudes de lÉglise sont rattachés aux Écritures. Pour soutenir le
programme détudes et inciter à létude individuelle des Écritures, les
dirigeants de lÉglise procèdent à la publication de nouvelles éditions des
ouvrages canoniques, chacun muni de renvois aux autres. La publication par lÉglise,
en 1979, de la King James Version de la Bible contient une annexe importante de 800 pages
qui comprend un dictionnaire de la Bible, un guide par sujet de toutes les Écritures, des
cartes et des extraits de la traduction de la Bible par Joseph Smith. En 1981, de
nouvelles éditions des autres ouvrages canoniques paraissent avec des aides
supplémentaires à létude.
Le thème du «retour aux fondements» trouve aussi un écho dans beaucoup dautres
changements de la politique et des programmes de lÉglise. En 1980, le système des
réunions de lÉglise est regroupé en un bloc unique de trois heures le dimanche en
remplacement du système traditionnel des réunions de prêtrise et dÉcole du
Dimanche le matin, de réunion de Sainte-Cène en fin daprès-midi ou en soirée et
de réunions des auxiliaires pendant la semaine (voir Réunions principales de
lÉglise). Cette mesure simplifie les problèmes de transport de beaucoup de
membres, mais les dirigeants de lÉglise soulignent que lobjectif central est
de laisser plus de temps aux familles pour étudier les Écritures ou se livrer ensemble
à dautres activités convenant au sabbat.
À partir de 1990 aux États-Unis et au Canada et de 1991 dans dautres régions du
monde, il nest plus demandé aux membres de faire des dons au budget de paroisse et
de pieu; tous les frais de fonctionnement des unités locales seront payés avec la dîme
et les offrandes. Ce système uniforme permet une plus grande égalité, réduisant
beaucoup de budgets de fonctionnement locaux tout en en augmentant dautres (voir
Finances de lÉglise; Contributions financières). En expliquant la nouvelle
politique, Boyd K. Packer, du Conseil des douze, qualifiera cela de «correction de
trajectoire» inspirée, un élément de leffort global pour en revenir aux
fondements (Ensign 10, mai 1990, pp. 89-91). La métaphore pourrait très bien être
appliquée à une grande partie de ce qui sest produit depuis 1945.
Dune manière générale, les membres de lÉglise acceptent bien ces
changements et y voient une occasion de progresser davantage spirituellement. En
conséquence, en 1990, lÉglise se prépare plus rapidement que jamais à
sadapter à des nationalités, à des groupes de langues et à des cultures divers.
Les dirigeants de lÉglise continuent à souligner les points de doctrine
traditionnels, mais les discours de conférence générale ont de plus en plus tendance à
définir ce quest un saint en termes de ce que M. Russell Ballard caractérise, en
avril 1990, comme étant des «choses petites et simples»: lamour, le service, le
foyer, la famille et le culte du Sauveur (Ensign 10, mai 1990, pp. 6-8). Ce sont là les
principes universels qui constituent lessence de ce que signifie être saint des
derniers jours.
Bibliographie
On a beaucoup écrit sur cette période dans les revues professionnelles. Quelques grands
traitements sont mentionnés dans lintroduction de cette section historique. Voir
aussi Spencer J. Palmer, The Expanding Church, Salt Lake City, 1978. On trouvera des
renseignements supplémentaires dans les bibliographies qui accompagnent les biographies
des présidents de lÉglise qui ont exercé leur mandat pendant cette période :
George Albert Smith, David O. McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W.
Kimball et Ezra Taft Benson.
Histoire familiale (Généalogie)
Auteur : Pratt, David H.
Les termes
« histoire familiale » et « généalogie » sont synonymes pour les saints des derniers
jours. Dallin H. Oaks, membre du collège des douze apôtres, a dit : « Le processus par
lequel nous déterminons notre place dans notre famille éternelle s'appelle généalogie.
La généalogie est lhistoire de la famille » (séminaire des représentants
régionaux, 3 avril 1987). Pour souligner le caractère familial de la généalogie, la
Première Présidence a changé, en 1987, le nom du Département généalogique en
Département d'Histoire familiale et le nom de la Bibliothèque généalogique en
Bibliothèque dHistoire familiale.
LIntérêt des saints des derniers jours pour l'histoire familiale repose sur les
points de doctrine fondamentaux que sont le salut, le libre arbitre et lexaltation.
Le plan de Dieu veut que toute personne ait la possibilité d'entendre l'Évangile de
Jésus-Christ et de recevoir les ordonnances salvatrices, peu importe où elle a vécu sur
terre. Si les gens ne sentendent pas prêcher l'Évangile dans cette vie par les
serviteurs autorisés du Seigneur, ils l'entendront dans le monde des esprits après la
mort. Les saints identifient leurs ancêtres et prennent les dispositions nécessaires
pour que le baptême et dautres ordonnances soient effectués par procuration,
c'est-à-dire quils font en sorte quune personne vivante représente le
défunt dans un temple. Ce n'est pas un élément facultatif dans la croyance des saints,
cest, au contraire, un commandement de Dieu. Comme Dallin Oaks la encore
expliqué : « Luvre généalogique nest pas un passe-temps pour nous.
Nous faisons l'histoire familiale afin de fournir les ordonnances du salut aux vivants et
aux morts"(1989, p. 6 ; voir aussi Salut des morts).
Les membres de l'Église ont été instruits en 1894 du rôle sacré de l'histoire
familiale lorsque le président Wilford Woodruff a déclaré : « Nous voulons que les
saints des derniers jours fassent dorénavant remonter leur généalogie aussi loin que
possible et soient scellés à leurs pères et mères. Faites sceller les enfants à leurs
parents et remontez cette chaîne autant que vous le pouvez... C'est la volonté du
Seigneur pour ce peuple » (p. 543 ; voir aussi Scellement). Le but de lhistoire
familiale, a expliqué le président Woodruff, est dobtenir des noms et des données
statistiques afin que les ordonnances du temple puissent être effectuées en faveur des
ancêtres décédés qui n'ont pas eu l'occasion d'entendre l'Évangile rétabli de leur
vivant. Il a enseigné à une autre occasion que « nous devons entrer dans ces temples
racheter nos morts pas seulement les morts de notre propre famille, mais les morts
de tout le monde d'esprit » (JD 21:192).
À la base de la doctrine du salut des morts se trouve lexercice du libre arbitre.
Lorsque les personnes meurent, leur esprit continue à vivre dans le monde postmortel et
est capable de faire des choix. Les saints des derniers jours accomplissent des baptêmes
pour les morts afin que ceux qui vivent en tant quesprits puissent décider
sils acceptent ou non le baptême dans la véritable Église de Jésus-Christ dans
le monde des esprits. S'ils n'acceptent pas le baptême, il est sans effet. Il en va de
même pour les autres ordonnances salvatrices que les membres accomplissent dans les
temples en faveur des morts.
Lamour est la motivation centrale de l'histoire familiale. Identifier les ancêtres
et accomplir les ordonnances salvatrices pour eux est une expression d'amour. C'est
l'esprit et le pouvoir d'Élie, qui a donné, en 1836, les clefs de ce pouvoir à Joseph
Smith dans le Temple de Kirtland pour « tourner le cur des pères vers les enfants,
et les enfants vers les pères » (D&A 110:15 ; voir aussi Malachie 4:5-6; JSH
1:39; D&A 2:2). Le désir de découvrir ses ancêtres et daccomplir toutes les
ordonnances du temple pour eux est parfois appelé l'esprit d'Élie (voir Élie, Esprit
d). Le président Joseph Fielding Smith a associé lhistoire familiale et
luvre du temple à lamour pour l'humanité en déclarant que travailler
en faveur des morts est « une uvre qui épanouit l'âme de l'homme, lui donne des
idées plus larges sur le bien-être de son prochain et implante dans son cur
lamour pour tous les enfants de notre Père céleste. Il n'y a pas duvre
égale à celle du temple pour les morts pour enseigner à lhomme à aimer son
prochain comme lui-même » (p. 3).
En réponse à l'enseignement du président Woodruff au sujet de leurs responsabilités en
matière dhistoire familiale, les saints des derniers jours ont créé en 1894 la
société généalogique dUtah à Salt Lake City. Au fil des années, la société,
par le biais de la Bibliothèque dHistoire Familiale et de son réseau mondial de
plus de 1 500 centres d'histoire familiale, est devenue un soutien majeur des efforts
consentis par lÉglise pour lenseignement de lhistoire familiale par des
informations sur la recherche (d'abord sous forme de livres et plus tard par microfilms
puis en disques compacts) et en mettant à disposition un personnel compétent pour aider
les chercheurs à identifier leurs ancêtres.
Lintérêt pour l'histoire familiale n'est pas limité aux saints des derniers
jours. Il y a eu une croissance remarquable de l'intérêt pour la généalogie et
l'histoire familiale depuis 1836, quand Élie a remis les clefs à Joseph Smith, le
prophète. Dans de nombreux pays, des milliers de personnes ont rejoint des sociétés
généalogiques et historiques et plus de la moitié des clients de la Bibliothèque
dHistoire familiale et de ses centres d'histoire familiale sont membres d'autres
religions. L'Église participe à des efforts de coopération avec des centaines de
sociétés généalogiques et dhistoire familiale, archives et bibliothèques pour
identifier les documents généalogiques et conserver les données qui sy trouvent
(voir Conférences mondiales sur les annales).
La technologie moderne a joué un rôle important dans les progrès de lhistoire
familiale dans la seconde moitié du XXe siècle. L'Église a mis au point un vaste
programme de microfilmage dans le monde entier. Depuis 1938, elle a fait du microfilmage
dans plus d'une centaine de pays et a accumulé plus de 1,3 milliards de clichés avec
quelque huit milliards de noms. Les documents microfilmés constituent la base dune
expansion fulgurante de la recherche généalogique. Ils ont permis une croissance rapide
des collections de la Bibliothèque dHistoire familiale et a permis à la fois la
distribution de renseignements généalogiques aux centres d'histoire familiale de
l'Église et les programmes d'extraction de noms qui ont permis l'automatisation
généralisée des renseignements généalogiques contenus dans le système informatique
de FamilySearch.
Il en résulte quil na jamais été aussi facile de faire de la recherche
généalogique. Grâce à FamilySearch, les clients de la Bibliothèque dHistoire
familiale et des centres d'histoire familiale ont accès aux 147 millions de noms qui se
trouvent dans l'Index généalogique International et au nombre croissant des 9,67
millions de noms raccordés par lignage dAncestral File. Les programmes
dextraction de noms convertissent les informations provenant de documents papier
(par exemple, le recensement fédéral américain de 1880 et le recensement britannique de
1881) et du fait que des gens de partout dans le monde apportent des renseignements à
Ancestral File, les programmes informatiques associés à FamilySearch peuvent simplifier
considérablement lidentification des ancêtres.
L'Église enseigne que les devoirs des membres en matière dhistoire familiale sont
triples. Tout d'abord, ils doivent acquérir le désir d'aider à racheter les morts. Une
fois quils ont acquis le témoignage du principe du salut des morts, ils sentent
quils ont la responsabilité personnelle dy aider. Ils se préoccupent
également de ceux dans le monde des esprits qui attendent que les ordonnances du temple
soient accomplies.
En second lieu, ils doivent déterminer ce qu'il faut faire. Chaque saint des derniers
jours peut faire quelque chose pour faire avancer lhistoire familiale. Dallin H.
Oaks conseille : « Nous ne devons pas essayer dobliger tout le monde à tout faire,
mais encourager chacun à faire quelque chose » (1989, p. 6). En conséquence, les saints
des derniers jours sont encouragés à participer à des activités liées au salut des
morts. Ce que lon fait et la quantité de ce que lon fait dépend des
capacités et de la situation de chacun, de ce que la famille peut avoir déjà accompli,
de linspiration personnelle venant de l'Esprit et des lignes directrices proposées
par les dirigeants de l'Église. Parmi les activités, il y a lidentification des
ancêtres et laccomplissement des ordonnances du temple en leur faveur, la
participation à des organisations familiales, au programme d'extraction des noms, la
tenue dun journal personnel, la rédaction dune histoire personnelle et
familiale et lacceptation dappels de l'Église au service dans le temple et
dans l'histoire familiale. Pour identifier les premières générations dancêtres,
il nest habituellement pas nécessaire de faire beaucoup de recherches à la
bibliothèque ou davoir recours à des outils de recherche avancés. Au début, les
recherches généalogiques consistent généralement à consulter les documents familiaux
connus (voir Journaux intimes), à se renseigner, soit oralement, soit par écrit, auprès
des membres de la famille, à chercher dans les archives publiques daccès facile
telles que les extraits dacte de naissance. Pour identifier les ancêtres au-delà
des quelques premières générations, il faut habituellement avoir recours aux
bibliothèques, aux outils informatiques disponibles dans des systèmes tels que
FamilySearch et laide de spécialistes. Les organisations familiales permettent aux
membres de mettre en commun les renseignements et les ressources pour promouvoir
lhistoire de la famille. Le Programme dextraction des Noms permet de convertir
les données qui se trouvent sur les copies microfilmées darchives sur papier
registres paroissiaux, recensements, etc. en un format informatique pour les
intégrer dans des fichiers de FamilySearch ou de fournir les noms nécessaires aux
temples.
Troisièmement, les membres doivent continuer à uvrer. Le travail du département
d'histoire familiale ne sera terminé que quand tous les noms seront enregistrés et
toutes les ordonnances accomplies.
Bibliographie
Come unto Christ Through Temple Ordinances and Covenants, 2e éd. Salt Lake City, 1988.
Greenwood, Val D. The Researcher's Guide to American Genealogy, 2e éd. Baltimore, 1990.
Instructions for Priesthood Leaders on Temple and Family History Work. Salt Lake City,
1990.
Oaks, Dallin H. "Family History: "In Wisdom and Order'." Ensign 19, juin
1989, p. 6-8.
Smith, Joseph Fielding. Church News, 24 octobre 1970, p. 3.
Woodruff, Wilford. Deseret Weekly, 21 avril 1894, p. 543.
DAVID H. PRATT
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